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LE VIRTUEL : SITE POUR L'INCONSCIENT ?

Christian Flavigny

L’Esprit du temps | « Champ psychosomatique »

2001/2 no 22 | pages 111 à 131


ISSN 1266-5371
ISBN 2913062539
DOI 10.3917/cpsy.022.0111
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-champ-psychosomatique-2001-2-page-111.htm
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Le virtuel :
site pour l’inconscient ?
Christian Flavigny

E
n quoi le développement récent des connaissances sur la
catégorie, anciennement connue, du virtuel offre-t-il un
modèle heuristique pour comprendre la vie psychique ?
Telle est la question que nous allons explorer selon les deux
axes : métonymique, portant l’exploration de l’objet en une
genèse de l’image virtuelle ; métaphorique, établissant le sujet
en tant que virtuel.

L’EXPLORATION MÉTONYMIQUE : L’OBJET VIRTUEL

“C’est bien cette question de l’objet, en psychanalyse d’en-


fants, que nous devons placer, aujourd’hui, au centre de nos
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préoccupations” (Bleichmar, 2000). Mais quel objet ? La ques-
tion de sa réalité, dans la tradition de la relation d’objet, vient
à nouveau poser question : “on a pu dire à juste titre que la
théorie de la relation d’objet avait donné un nouvel essor au
point de vue du développement” (Widlöcher, 1979). Reprenons
ce modèle de l’allaitement, justement placé comme première
découverte d’objet : “dans l’exemple prototypique, ce modèle,
presque fictif, de l’allaitement, il n’y a pas coïncidence mais
bel et bien déplacement du lait au sein. “L’hallucination” n’est
donc pas un réel imaginé se substituant au réel, un aliment se
substituant à un autre aliment… L’hallucination primitive (si

Christian Flavigny, Pédopsychiatre, Psychanalyste, Hôpital de la Salpêtrière,


Dpt de psychanalyse du service de Psychiatrie Infanto-juvénile, 75013 Paris,
E.P.S. de Ville Evrard, 93332 Neuilly sur Marne

Champ Psychosomatique, 2001, n° 22, 111-131.


112 CHAMP PSYCHOSOMATIQUE

“hallucination” il y a) ne sera jamais désavouée par la réalité,


et elle ne peut pas l’être” (Laplanche, 1987, p. 78).
D’où la question : comment s’engage le processus aboutis-
sant à la représentation de l’objet ? François Gantheret répond :
“comment alors comprendre le hiatus entre auto-conservation
et sexualité? La réponse ne peut être que celle-ci : au cœur de
la représentation elle-même. Elle n’est pas représentation de
l’objet perdu, mais d’emblée d’un “substitut par déplacement”.
D’emblée sein fantasmatique. La représentation qui va servir
d’étalon dans la recherche d’une séparation du subjectif et de
l’objectif est un “pas tout à fait”, non pas dérivé par rapport à
l’expérience de satisfaction, mais dérive créant le bord dont elle
s’éloigne et qui lui donne sens (être détaché de ; être séparé de)”
(1984, p. 293).
La réponse est pertinente, conforme à ce qu’enseigne la
clinique : le modèle “photographique” du surgissement de la
représentation ne rend pas compte de l’émergence du sens ; en
même temps, demeure cette difficulté : comment, pourquoi
s’opère cette substitution signifiante ? Je veux ici formuler ma
réponse : l’émergence de l’image est à concevoir comme émer-
gence de l’image virtuelle. “A la différence des images
photographiques ou vidéographiques qui sont issues de l’in-
teraction de la lumière réelle avec des surfaces photosensibles,
ces images [virtuelles] s’incarnent abstraitement dans des
modèles mathématiques et des programmes informatiques […].
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Cette productivité des images de synthèse vient des langages
symboliques, libérés de la matérialité de la lumière” (Quéau,
1993, pp. 30-31). Le surgissement de l’image mentale peut dès
lors être théorisé selon ce modèle, dont les travaux récents sur
l’image de synthèse ont permis la connaissance : nous allons
les présenter en détail, afin de montrer comment ils offrent un
support heuristique pour la compréhension de la genèse de la
représentation psychique : ma présentation est délibérément
orientée vers une théorisation de l’objet, au sens psychanaly-
tique du terme, en tant qu’objet virtuel.
Notons d’abord que la production de l’image de synthèse
ne bouscule pas la notion de représentation : “il ne s’agit que de
représentation ; les peintures pariétales du magdalénien étaient,
elles aussi, des représentations” (Cadoz, 1994, p. 11) ; mais elle
la renouvelle, d’une part en apportant une donnée remarquable,
“le degré d’intégralité de la représentation” et d’autre part en
permettant l’interactivité avec l’image, qui fait que “si la
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ressemblance purement visuelle et la stéréoscopie peuvent nous


faire croire à la réalité, celles-ci étaient encore peu de choses par
rapport à cette circonstance essentielle qui est l’interaction,
c’est-à-dire la combinaison étroite de nos actes et de nos percep-
tions” (id, p. 22), autrement dit l’ébauche d’un repérage de
distinctions élémentaires, comme : présent/absent (“la substi-
tution des signifiants, d’abord en un système d’opposition de
présence et d’absence”, est une donnée première du travail du
signifiant [cf. Rosolato, 1985, p. 111]).
L’ordinateur illustre cette conception, ou plutôt les “deux
conditions nouvelles importantes [qu’il introduit] dans le
processus de représentation : la discrétisation et le calcul” (Cadoz,
p. 85). De quoi s’agit-il ? “La discrétisation, c’est la substitution
(donc il s’agit de représentation) d’un signal, par exemple, fait
d’une infinité de valeurs consécutives, qui peuvent être infini-
ment voisines les unes des autres, par un nombre fini de valeurs,
ne pouvant êtres prises que dans un nombre fini de possibilités”
(p. 85-87) ; première ébauche, donc, de représentation. Quant au
calcul, la particularité de l’ordinateur est de permettre que “les
éléments mêmes de la représentation interagissent entre eux,
matériellement, réellement [… et que donc] l’ordinateur repré-
sente avec des processus d’interaction” (p. 90).
D’où le caractère propre à l’image de synthèse, par rapport
à la représentation classique : “les images de synthèse ne sont
pas des images comme les autres. Elles sont essentiellement
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des représentations visibles de modèles conceptuels abstraits.
Elles nous donnent le moyen d’explorer de façon perceptible des
univers conceptuels. Les mondes virtuels ne font qu’accentuer
cette concrétisation des modèles abstraits […]. Les images de
synthèse sont essentiellement abstraites, bien qu’offrant un
aspect matériel visible” (Quéau, 1993, p. 29). Elles nous four-
nissent par conséquent un modèle heuristique de la formation
de l’image mentale chez l’enfant.
La différence entre l’image de synthèse et la modalité tradi-
tionnelle de la représentation tient à la matérialité formatrice
de l’image. En effet “seul le calcul numérique permet de créer
une image tridimensionnelle” (Jolivalt, 1995, p. 28). En quel
sens l’image virtuelle peut-elle être dite façonnée par le
nombre ? “Ce sont les nombres qui unissent substantiellement
la représentation intelligible (le modèle) et la représentation
sensible (les images). Ce sont donc eux qui forment la
“substance” de l’œuvre virtuelle. Mais cette appellation de
114 CHAMP PSYCHOSOMATIQUE

“substance” est alors seulement métaphorique. C’est par abus


de langage que l’on présente l’œuvre virtuelle comme consti-
tuée de nombres, comme substantiellement numérique”
(Quéau, 1993, p. 36) : le nombre permet plutôt l’émergence
liminale de l’abstraction dans la genèse de la représentation,
“la représentation, aussi vive soit-elle, est une abstraction, une
sélection parmi les données perceptuelles” (Rosolato, 1985, p.
77). En fait, “les nombres sont des intermédiaires. Ce sont de
véritables médiateurs entre les modèles et les images. Ils assu-
rent l’unique lien entre l’intelligible et le visible” (Quéau, 1993,
p. 60) : appliqué à la genèse de l’image mentale chez l’enfant,
ce lien peut être considéré comme l’émergence d’une pensée ;
ils “ne peuvent être autre chose que des modèles abstraits, mais
cette abstraction offre l’immense avantage de supporter et de
favoriser le calcul, la computation, ce que nous qualifions
aujourd’hui de simulation” (Quéau, 1986, p. 155) : on pourrait
situer à juste titre le travail en jeu des premiers nombres dans
le processus de symbolisation entrepris par l’enfant, au cœur
de l’émergence de la représentation (cf. Rosolato, 1985).
D’autant que la simulation est d’importance cruciale pour
rendre compte du développement de l’enfant. Le jeu de l’enfant
n’est-il pas précisément une simulation, un “faire semblant”
(simul = semblant)? Il ne s’agit pas, comme dans le simulacre
(exploité parfois sur le plan thérapeutique dans l’exploration
des fantasmes, par exemple dans le psychodrame psychanaly-
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tique), de mettre en travail, fût-ce par la caricature, une
représentation de la réalité (réalité psychique, s’entend) ; il s’agit
de la générer. Dans les processus de création d’image de
synthèse, “d’une part les images utilisées sont essentiellement
numériques puisqu’elles sont issues de modèles logico-mathé-
matiques, d’autre part, il ne s’agit plus à proprement parler de
représentations mais bien plutôt de simulations. Les images
tridimensionnelles “virtuelles” ne sont pas des représentations
analogiques d’une réalité déjà existante, ce sont des simula-
tions numériques de réalités nouvelles” (Quéau, 1993, p. 18).
Là s’introduit une différence subtile mais capitale : “la simula-
tion est l’art d’explorer un champ de possibilités à partir de lois
formelles. Avec la simulation il s’agit moins de représenter le
monde que de le recréer” (Quéau, 1986, p. 118). L’expérience
de la simulation a du coup la résonance des formulations winni-
cottiennes sur le jeu de l’enfant, elle permet de comprendre la
fomentation de l’image comme un processus signifiant : “avec
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la simulation on a affaire à un nouvel instrument d’écriture dont


on peut justement attendre qu’il rende compte de ce qui était
inatteignable, informulable avec les outils précédents. Les
systèmes d’écriture “classique” cherchent à saisir le monde
dans la précision du tracé, la finesse de l’observation. Ils cher-
chent à croquer le réel, à le cerner, avec sa part d’ombre et de
lumière. Avec la simulation on change d’optique. L’écriture
d’un système de simulation, d’un “simulateur”, vise à créer les
conditions de production d’un “petit monde en soi” […].
Simuler, c’est se placer comme démiurge, définissant l’en-
semble des lois nécessaires à l’établissement et au
fonctionnement d’un micro-univers, le plus souvent à structure
mathématique, et jouissant après sa conception d’une sorte d’au-
tonomie et de liberté intrinsèque de comportement” (id p. 116).
Les images virtuelles “ne sont pas d’abord des images, elles
sont d’abord du langage”, s’offrant à de premières digitalisa-
tions. Or “si l’image est une représentation analogique par
similitude, ressemblance, isomorphisme […] il ne s’agit pas
d’un simple substitut de la perception ; elle a une force d’évo-
cation venant d’autres images avec lesquelles elle s’articule en
réseaux ; mais elle est, parmi les percepts une sélection, qui met
en jeu d’initiales digitalisations, indispensables pour la mémo-
risation” (Rosolato, 1985, pp. 71-72).
Dès lors, l’expérimentation explore “la simulation [qui]
vient de faire son apparition dans notre civilisation jusqu’à
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présent dominée par le simulacre”, avec une différence capi-
tale : “la simulation n’est pas le simulacre de la réalité, elle la
crée” (Quéau, 1986, p. 235). L’image de synthèse nous permet
de comprendre une image qui soit expérience, non simple dupli-
cation d’une réalité existante : “une conséquence du caractère
langagier des images est la possibilité de créer un aller-retour
entre le modèle et l’image, entre le modèle intelligible et la
représentation sensible” (Quéau, 1993, p. 34), “le modèle et
l’image sont constitués l’un par l’autre. Il y a un aller-retour
permanent entre l’intelligibilité formelle du modèle et la percep-
tion sensible de l’image” (id, p. 86). “Il y a donc un dualisme
de la représentation. L’image propose une représentation
visible, le modèle une représentation intelligible” (id p. 100).
Du coup “avec l’ordinateur, on dispose à la fois du modèle et
du phénomène, de l’observation et de l’intellection” (Cadoz,
p. 91) : on dispose surtout d’une machine offrant une analogie
éclairante pour comprendre le processus en jeu pour l’enfant.
116 CHAMP PSYCHOSOMATIQUE

Ce processus s’appelle modélisation : l’enfant fomente son


monde, fomente le monde : “dans la plupart des cas classiques,
il n’y a pas de modélisation. Le téléphone et la télévision trans-
portent des représentations analogiques, le signal transmis étant
analogue au phénomène représenté. La mise en commun à
distance de représentations virtuelles rompt doublement avec
l’analogie” (Quéau, 1993, p. 18). “L’univers représenté est l’uni-
vers concret (humain, physique…) tel qu’il se présente à nos
sens et nos conduites naturels. Le monde fictif est de même
nature […]. La modélisation est une étape fondamentale de la
représentation. Elle prolonge les transmissions spatiale et
temporelle, mais elle opère une coupure définitive […]. La
modélisation est un moyen de passer du phénomène réalisé,
perçu ou mesuré, à une entité plus universelle […]. Par cette
nouvelle disposition (la modélisation), l’homme a pu entrer
dans un nouveau monde, celui d’objets qui n’existent pas, et
engager par-là même un processus de création. La modélisa-
tion est, dans une certaine mesure, une “présence du futur”
(Cadoz, pp. 92 à 98). Du coup, “l’image virtuelle ne pourra plus
se concevoir comme la reproduction d’une chose qui lui serait
antérieure […] elle cesse de se concevoir sous la forme de la
copie affiliée à un patron qui la devancerait et auquel elle se
soumettrait. L’image virtuelle n’a donc pas de dehors. Aucun
original ne lui préexiste. Elle n’est pas même un simulacre puis-
qu’elle se déprend de toute intention de simuler fût-ce en
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inversant ou en faussant les perspectives. L’image virtuelle doit
se concevoir bien mieux comme une création de réalité, une
production entièrement numérique qui cesse, par là même,
d’être indexée à un modèle indépendant de sa constitution”
(Martin, 1996, pp. 10-11). “S’additionnant à toutes les dispo-
sitions précédentes, l’introduction de l’interaction avec le
modèle est la nouveauté la plus fondamentale […]. Elle ajoute
aux représentations iconiques, une puissance de conviction sans
antécédent” (Cadoz, p. 98), parce qu’elle suscite “le sentiment
d’une immersion dans l’image” (Quéau, 1993, pp. 13-14)
source d’un intense pouvoir de “conviction de réalité”: “la situa-
tion est sans précédent : nous pouvons “entrer” dans nos
représentations” (Cadoz, p. 12), permettant que l’objet informe
“le sujet” (Rosolato, 1985, p. 111).
Plus encore, la connaissance du virtuel pose, dans les mêmes
termes, les questions qui furent posées par Freud à propos de la
réalité psychique : cette catégorie, tant discutée (par certains
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analystes mêmes) recoupe, par ses interrogations comme par sa


nécessité, celle plus récemment découverte de réalité virtuelle.
“La réalité psychique est une forme d’existence particulière
qu’il ne faut pas confondre avec la réalité matérielle” (Freud,
1900, p. 520), une forme d’existence aussi bancale en stricte
logique que nécessaire pour rendre compte de l’expérience
psychanalytique ; “construite sur l’opposition de ses deux
composantes, la formule “réalités virtuelles” est absurde”
(Cadoz, p. 8; [cette formule ne s’en impose pas moins comme
le titre retenu par cet auteur pour son ouvrage bien documenté
sur le sujet ]), “méthodologie née de l’informatique, de l’op-
tique et de la robotique”, elle permet de “découvrir un espace
qui se superpose au réel sans jamais interférer avec lui” (Jolivalt,
1995, p. 3).
Précisons : quelle est la relation du virtuel au réel, ou aux
réalités ? La réponse peut être proposée comme suit : le virtuel
est au réel ce que l’inconscient est au langage. Pas plus de réel
sans le virtuel que de langage sans l’inconscient ; et en même
temps “le “virtuel” nous propose une autre expérience du
“réel”” (Quéau, 1993, p. 15) tout autant que l’inconscient pour
le langage. Il vaut la peine de reprendre les résultats du fameux
débat que Laplanche et Leclaire entretinrent avec Politzer
(1981) : “L’inconscient, plus qu’un langage, est la condition
même du langage”, et se dessine “la perspective d’un incons-
cient structuré comme un certain langage primaire et corrélatif
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nécessaire du langage proprement dit”. Une “opposition facile
et trompeuse entre réel et virtuel” (Lévy, 1995, p. 13) serait
aussi factice que de cliver comme indépendants l’inconscient
et le langage.
Certes, “les réalités virtuelles ne sont pas des objets substan-
tiels, solides” (Quéau, 1993, p. 20) et “ce n’est pas le moindre
paradoxe des réalités artificielles et des mondes virtuels que
d’être intrinsèquement liés à la question du réel” (id, p. 41) ; il
faut percevoir “le paradoxe des mondes virtuels, leur caractère
essentiellement hybride, à la fois concrètement formés sur le
modèle des espaces réels, mais également structurés selon la
nature abstraite des contenus informationnels” (id, p. 47) : c’est
toute la fameuse discussion sur la formule lacanienne selon
laquelle “l’inconscient est structuré comme un langage” (cf.
Laplanche, 1987 b, p. 56). Et “les images virtuelles posent d’une
nouvelle manière de très anciennes questions sur la nature de
notre rapport au réel”, véritables pierres de touche de “notre
118 CHAMP PSYCHOSOMATIQUE

sentiment de la réalité” (Quéau, 1993 p. 9-10). Mais “en nous


transportant dans le virtuel nous ne quittons pas réellement le
réel”: tandis que “l’expérience analytique implique que
l’Inconscient ait une réalité qui ait prise sur le conflit et qui lui
donne prise” (Laplanche, 1981, p. 262). Le virtuel, comme l’in-
conscient, a un effet : l’un et l’autre sont effectifs ; préciser la
distinction entre virtuel et réel n’est pas plus aisé qu’entre
inconscient et langage (j’entends ici verbal et non verbal) :
qu’est-ce que le réel ? “Le réel garde toujours quelque chose
d’indicible, une complexité transcendante, qui nous résiste. La
réalité, précisément, c’est ce qui nous résiste” (Quéau , 1993,
p. 42). “Le réel, la substance, la chose, subsiste ou résiste”
(Lévy). Mais le virtuel ? “C’est semble-t-il, tout le contraire. Il
ne résiste pas” (Lévy). Et pourtant “on peut éventuellement
opposer la virtualité à l’actualité mais non pas à la réalité dont
le contraire désigne, en fait, la possibilité” (Martin, p. 22).
Comment dès lors définir le virtuel ? “Le virtuel n’est ni irréel
ni potentiel : le virtuel est dans l’ordre du réel” (Quéau, p. 26) ;
et cependant “la réalité virtuelle n’est pas un objet réel ; pour-
tant, on peut dire qu’elle existe, en tant qu’effet réel, ou bien
qu’il s’agit d’une réalité apparaissant sous forme de résultat”
(Jolivalt, p. 3). Ainsi le virtuel est effectif (en ce sens qu’il
produit des effets : de ce point de vue il a incidence dans le réel)
et immatériel (de ce point de vue “les images numériques ne
participent pas directement du réel” (Quéau, 1993, p. 19) ).
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L’effectivité du virtuel est exprimable ainsi : “le virtuel peut
être assimilé à un problème et l’actuel à une solution” (Lévy,
p. 56). “L’objet virtuel se comporte comme le modèle idéal de
l’objet réel” (Weissberg, 1989), comme une pensée émanant
de l’expérience. Le virtuel est inhérent au sens, mais il n’est,
pas plus que l’inconscient, un autre sens travaillant le sens, il
n’est pas un “texte sous le texte” (Laplanche y a insisté à propos
de l’inconscient) ; et de même que “l’inconscient est phéno-
mène de sens, mais sans aucune finalité de communication”
(Laplanche, 1981, p. 123), le virtuel est inhérent au sens sans
être sens lui-même ; de même que l’Inconscient, “plus qu’un
langage, est la condition même du langage” (Laplanche,
commentaire à Laplanche et Leclaire [1981]), le virtuel condi-
tionne le sens sans être sens par lui-même. Pour en finir avec
ces développements abstraits, notons un dernier point de rappro-
chement entre virtuel et inconscient, utile en prévision d’une
réflexion sur la notion de trace mnésique : c’est que la méta-
LE VIRTUEL : SITE POUR L’INCONSCIENT? 119

phore la plus insistante pour décrire le virtuel est celle de l’écri-


ture et de l’inscription : “les images de synthèse forment en
quelque sorte une nouvelle “écriture […]. Il ne s’agit pas d’un
gadget de plus, d’une mode passagère, mais bien d’une révo-
lution scripturale profonde” (Quéau, 1993, p. 28), “il ne s’agit
pas avec le virtuel de remplacer le réel, mais plutôt de le repré-
senter […]. La nature profonde du virtuel est de l’ordre de
l’écriture” (id, p. 45). Ceci résulte du fait “qu’à la réduction et
à l’extension, l’ordinateur ajoute une nouvelle condition à la
représentation : la finitude. En réalité, cette condition n’est pas
nouvelle : c’est la première qu’imposent tous les langages et
les systèmes d’écriture” (Cadoz, p. 88). Ainsi la représentation
intégrale rendue possible par l’image virtuelle “a récupéré une
des propriétés essentielles de l’écriture : la représentation à
l’aide de signes élémentaires catégorisés et en nombre finis”
(id, p. 100). Dès lors il est possible de décrire la continuité des
moyens de la représentation, tout en appréciant les mutations
successives : d’abord “le graphisme, soit pour dessiner, soit
pour écrire […] ; l’invention de l’imprimerie, étape considé-
rable de la technologie de la communication, permettant aux
signes du langage non seulement de traverser le temps et
l’espace mais de se multiplier… ensuite les premières “tech-
nologies contemporaines” permettant la fixation puis la
transmission des phénomènes s’adressant directement à nos
sens : la photographie, le cinéma, la télévision […]. Une véri-
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table mutation a lieu aujourd’hui avec l’ordinateur. La machine
informatique a ceci d’exclusif qu’elle intervient à elle seule
dans les trois domaines, celui de l’action, celui de l’observa-
tion et de la connaissance du réel et celui de la communication”
(Cadoz, p. 72).
Revenons à nos préoccupations développementales : les
arguments précédents nous incitent à décrire l’émergence de
l’image en tant que virtuelle : elle se constitue d’emblée comme
signifiante. “L’image de synthèse, au lieu de se référer à une
existence préalable dont elle se contenterait d’enregistrer la
trace, se définit plutôt comme une production qui se suffit à
elle-même, totalement immanente à sa constitution propre”.
“Au lieu de reproduire l’apparence extérieure d’un objet, elle
en incarne définitivement la chair, sans aucune distance, visant
non plus seulement une réalité qui lui serait étrangère, mais,
davantage, un réel intérieur à sa modélisation numérique”
(Martin).
120 CHAMP PSYCHOSOMATIQUE

Tels sont les caractères de l’objet virtuel, “modèle idéal de


l’objet réel” (Weissberg, 1989, p. 16) ; telle est la dynamique du
virtuel, “création de réalité” (Martin), “interprétation du réel”
(Weissberg, p. 17) : “le virtuel ne remplace pas le réel, il aide à
lui donner sens” (id) ; telle est l’image virtuelle, non “pas repré-
sentations analogiques d’une réalité déjà existante, [mais]
simulations numériques de réalités nouvelles” (Quéau, 1993,
p. 18). Le virtuel est exploration, selon une dynamique de modé-
lisation (Cadoz, p. 95; Quéau, 1993, p. 17) et de simulation
(Cadoz, p. 91) dont la caractéristique est de ne pas dissocier le
modèle de son produit, de les connaître conjointement : le virtuel
fournit “une version sensible du modèle intelligible qui l’en-
gendre” (Quéau, 1993, p. 32), une “perception sensible des
modèles intelligibles” (id p. 22); “l’expérience sensible du
“virtuel” est fonctionnellement liée à sa compréhension “intel-
ligible”, et réciproquement. Le modèle et l’image sont
constitués l’un par l’autre. Il y a un aller-retour permanent entre
l’intelligibilité formelle du modèle et la perception sensible de
l’image. Autrement dit, le monde virtuel se modélise et se
comprend en s’expérimentant, tout autant qu’il se perçoit et se
donne à voir en se rendant intelligible” (id. p. 86). “Les images
ne doivent plus être considérées simplement dans ce qu’elles
donnent à voir, c’est-à-dire comme des “images” de quelques
chose. Ce sont avant tout des “phénomènes” permettant un
certain point de vue sur le modèle qui les rend “visibles” (id.
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p.132). Autant de caractères qui intéressent une théorie de la
trace, d’autant qu’il faut remarquer quatre points communs :
1) cette exploration ne fait pas intervenir de principe de contra-
diction : “la capacité de faire coexister virtuellement des réalités
contradictoires est peut-être l’une des propriétés les plus inté-
ressantes du virtuel” (id. p. 63) ; “si donc l’inconscient se
découvre à Freud comme non-contradictoire, ce n’est assuré-
ment pas au sens de la tautologie, de l’incompatibilité, du tiers
exclu, mais, au rebours, dans la coexistence, la juxtaposition
des contraires” (Valabrega, 1980, p. 192); 2) cette exploration
n’appelle pas non plus en préalable la définition d’une altérité :
“le soi et l’autre se mettent en boucle, l’intérieur et l’extérieur
passent continuellement à leur opposé, comme dans un anneau
de Mœbius” (Lévy, p. 91) ; c’est dans le virtuel que prend sa
pertinence cette référence (chère à Lacan) à l’anneau de
Mœbius, et ce “passage de l’intérieur à l’extérieur et de l’exté-
rieur à l’intérieur” (Lévy, p. 22) qui le caractérise, en notant que
LE VIRTUEL : SITE POUR L’INCONSCIENT? 121

“la métaphore du nœud nous paraît la plus propre à rendre


compte de l’enjeu des mondes virtuels. Ce qui se noue dans les
mondes virtuels, c’est un enchevêtrement de plus en plus fin
entre le réel et le virtuel, entre l’actuel et le potentiel, entre le
sensible et l’intelligible” (Quéau, 1993, p. 84) ; 3) dans cette
exploration n’a pas d’incidence la dimension du temps et celle
de l’espace : “le monde virtuel de la simulation se tient hors du
temps et de l’espace “réels” ; il est uchronique et utopique”
(Couchot, 1987, p. 92) ; “le temps de synthèse de la simulation
numérique, à l’instar du monde figuré par l’image de synthèse
qui n’existe pas dans un topos réel mais dans un espace symbo-
lique, utopique, est un temps qui n’appartient plus au chronos
réel ; c’est un temps uchronique” (Couchot, 1989, p. 120) ; “si
l’on admet un temps avant la distinction préconscient/incons-
cient, il faut bien se demander de quelle nature est ce temps”
(Laplanche, 1987 b, p. 94), je pense qu’il faut répondre : il est
par nature virtuel, c’est-à-dire uchronique (contradiction à
assumer comme le fait même du fonctionnement du processus
primaire qui précisément ne connaît pas la contradiction) ;
4) enfin le virtuel ne s’oppose pas au réel (duquel, nous l’avons
vu, il ressortit) mais plutôt à l’actuel ; or l’actuel est un concept
clé de la pratique analytique, le moment de sa vérité : l’actua-
lisation (dans le transfert) est, précisément, saisie, émergence
de l’inconscient. “En toute rigueur, virtuel et réel ne sont pas en
opposition” (Cadoz, p. 8), exactement, on l’a dit, comme incons-
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cient et langage, “le virtuel, rigoureusement défini, n’a que peu
d’affinités avec le faux, l’illusoire ou l’imaginaire. Le virtuel
n’est pas du tout l’opposé du réel” (Lévy, p. 10) ; “en toute
rigueur philosophique, le virtuel ne s’oppose pas au réel mais
à l’actuel : virtualité et actualité sont seulement deux manières
d’être différentes” (id., p. 13), comme on le dirait de la motion
pulsionnelle, selon qu’elle est inconsciente ou s’actualise en
séance ; “le virtuel n’est pas le contraire du réel, il s’oppose
plutôt à l’actuel, ce qui est accompli” (Couchot, 1987, p. 92).
Car c’est bien l’actualisation (dans le transfert) qui est au prin-
cipe du repérage psychanalytique, du dire de l’inconscient, de
l’émergence de l’infantile : la motion actualisée était précé-
demment à l’état virtuel.
122 CHAMP PSYCHOSOMATIQUE

L’HYPOTHÈSE MÉTAPHORIQUE : LE SUJET VIRTUEL

Mais une telle description demeure cantonnée à une étude


de “la relation d’objet”: celle-ci présuppose l’existence d’un
sujet ou la déduit de l’objet ; or il faut rendre compte de la défi-
nition d’un sujet, sans qu’elle soit seulement conséquence et
résultante d’une relation objectale : ce sujet est virtuel, en une
analogue catégorie du virtuel que celle valant pour l’objet. La
métaphore optique est la plus propice à la description du sujet
(chez Freud [1900, p. 518] ; chez Lacan, chez Valabrega [1980,
pp. 59-61]), et c’est l’optique qui a originellement isolé et
spécifié la catégorie du virtuel. Or la métaphore, qui porte le
signifiant (Rosolato, 1985, p. 27), implique le virtuel : symbo-
lisation et virtualisation sont deux opérations qu’il faut
considérer comme intrinsèquement liées, ou plutôt la seconde
premier temps indispensable et prélude à l’opération de la
première (voir aussi : Lacan, 1966, p. 557). Certes, la “formule
de la métaphore est improprement désignée : mieux vaut la dési-
gner comme “substitution signifiante”, celle-ci représentant
une des modalités les plus simplifiées de la symbolisation”
(Laplanche, 1981, p. 116) ; elle comporte qu’un signifiant tombe
“dans les dessous”: “c’est dans la mesure où le sort de ce signi-
fiant “S” se distingue d’une pure et simple suppression, que la
métaphore offre des ressources poétiques, créatrices de sens, à
la différence de la simple “définition de nom”” (Laplanche et
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Leclaire, 1961, p. 301). Le signifiant en question “est tombé au
rang de signifié, mais en même temps au rang de signifiant
latent” (id.) ; je vais dire : de signifiant virtuel. D’ailleurs, Lacan
use du terme : “Le matériel lié au conflit ancien est conservé
dans l’inconscient à titre de signifiant en puissance, de signifiant
virtuel, pour être pris dans le signifié du conflit actuel et lui
servir de langage, c’est-à-dire de symptôme” (1955-56, p. 136).
Nasio, exposant fidèlement la théorie de Lacan, reprend le terme
à son compte : “alors que le signifiant Un (S1) est repérable par
l’analyste, les autres (S2) avec lesquels il s’enchaîne ne le sont
pas. Ceux-ci sont des signifiants virtuels autrefois actualisés
ou pas encore actualisés (…). Que l’inconscient soit structuré
comme un langage veut dire que l’inconscient consiste dans ce
rapport formel entre un signifiant repérable et actuel et les autres
signifiants non repérables et virtuels” (1985). Le signifiant porte
une virtualité de sens ; non pas seulement au plan d’un signifiant
verbal, un signifiant renvoyant à la virtualité de sens d’un autre
LE VIRTUEL : SITE POUR L’INCONSCIENT? 123

signifiant ; mais également sous forme d’atomisation de sens


dans le signifiant, au point où se produit une dislocation : “les
deux étages inférieurs qui constituent la chaîne inconsciente
[…] se séparent — au moins virtuellement en une lettre et un
sens” (Laplanche et Leclaire, p. 302 [je souligne]) : ce point de
dislocation ouvre le champ des virtualités, dont il est possible
de dire, comme de la chaîne inconsciente, qu’il est “pur sens,
[mais on peut aussi bien dire qu’il est] pur signifiant, pur non-
sens, ou bien ouvert à tous les sens” (id., p. 306) : ainsi se fonde
le signifiant, avec “la propriété insigne de représenter le sujet”
(Rosolato, 1985, p. 108), et, sous la barre, le jeu des virtualités
qui sont circulation de sens, renvoi de sens, le sens émergeant
précisément de cette circulation, de ces renvois. La virtualisa-
tion est le passage d’un signifiant sous la barre, avec les effets
de dislocation corrélatifs ; elle est maintien de la circulation de
sens sous la barre, établissant la distinction entre un signe et un
signifiant : dans une théorie linguistique, le lien signifiant/
signifié est un lien virtuel. Or les virtualités sont au sens ce que
l’inconscient est au langage : dans une théorie psychanalytique,
le signifiant est porteur d’une virtualité expressive d’un autre
signifiant, relative à “la possibilité pour le signifiant d’être dési-
gnifié, de perdre ce qu’il signifie, de perdre même toute
signification assignable, sans avoir pourtant perdu son pouvoir
de signifier à. Je parle aussi bien du signifiant non-verbal que
verbal et j’introduis ainsi un jalon vers ce que j’appelle le signi-
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fiant énigmatique” (1987 b, p. 48).
Il y a justification à formaliser la distinction virtuel/virtua-
lités en correspondance de celle classiquement établie entre
non-verbal et verbal, et leurs développements qui se sont impo-
sées dans la recherche psychanalytique : primaire/secondaire
(en notant d’ailleurs que “le processus primaire n’est primaire
que par fiction, exactement comme le narcissisme primaire
n’est, lui aussi, primaire que rétro activement” [Laplanche,
1981, p. 142] ; on peut à bon droit dire la même chose du virtuel
par rapport au réel, ou au sens) ; inconscient/préconscient-
conscient (en notant là encore que, comme pour le virtuel,
“intemporalité, absence de négation et de contradiction, conden-
sation, déplacement, tels sont les caractères spécifiques que
[avec Freud] nous pouvons nous attendre à trouver dans les
processus inconscients” [Laplanche et Leclaire, p. 293]). Le
virtuel est à la fois distinct et condition du réel, tout autant que
“ce qui conditionne le passage du processus primaire au
124 CHAMP PSYCHOSOMATIQUE

processus secondaire, c’est précisément la constitution et le


maintien de l’Inconscient comme domaine séparé.
L’inconscient, plus qu’un langage, est la condition même du
langage” (Laplanche, Commentaire à Laplanche et Leclaire,
1981, p. 263). Il y a un réalisme, ou plutôt une effectivité du
virtuel comme de l’Inconscient.
On distinguera donc le virtuel, comme pure différence
élémentaire, correspondant à ce que Rosolato théorise comme
signifiant de démarcation, non-verbal ; et les virtualités, au plan
d’un sens verbalement constitué ou au moins constituable,
correspondant au signifiant linguistique, verbal. Le désir, tel
que le définit Freud dès l’Interprétation des Rêves, est de nature
virtuelle, et se manifeste selon les deux registres, du virtuel
proprement dit, et des virtualités : virtuelle est la catégorie du
désir, condition de l’émergence de celui-ci. Le désir du petit
enfant reflète encore cette nature, il ne recourt pas pour émerger
à la sophistication des substitutions : “les rêves des jeunes
enfants sont souvent des réalisations naïves […]. On n’y trouve
pas d’énigmes, mais ils sont un argument inappréciable pour
prouver que l’essence du rêve est l’accomplissement d’un désir”
(1900, p. 117), [je proposerais d’ajouter : pour prouver la nature
virtuelle du désir telle qu’elle s’exprime dans le rêve de l’en-
fant ; que la virtualité est l’essence de son désir, et du désir en
général]. Freud, il est vrai, considérera, notamment du fait du
matériel apporté par Hans, l’émergence somme toute précoce
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du déguisement dans le rêve, et donc l’immixtion du sexuel
dans la pensée enfantine ; le désir, c’est alors la présence de l’in-
fantile dans l’enfance : “une étude plus attentive de l’âme de
l’enfant nous apprend qu’en réalité les tendances sexuelles,
sous leur forme infantile, jouent dans l’activité psychique de
l’enfant un rôle considérable et qui n’a été que trop méconnu”
(1900, p. 120 note 2) ; et ce désir est virtualité, virtualité de
“fraises” dont il y a eu privation durant la journée. “Ce n’est
qu’après”, comme dit Jacques Brel (dans la chanson : “Fils
de…”), que les choses se compliquent, et que le désir s’exprime
sous un mode travesti ; il y a chez l’enfant comme au niveau de
l’inconscient, une identité absolue de la pensée et de l’acte
(Laplanche, 1992, p. 171) qui caractérise le virtuel et porte
l’émergence du désir comme tel, qui le structure, le fait advenir :
il faut cette identité absolue pour que le désir prenne sens, il
faut aussi qu’il demeure virtuel, avant que plus tard “se
“négocie”, chez l’adulte, et sans doute différemment chez
LE VIRTUEL : SITE POUR L’INCONSCIENT? 125

chaque adulte, la culpabilité de l’intention criminelle, et celle


du crime effectivement perpétré” (id., p. 172), autrement dit
l’accès aux distinctions aristotéliciennes entre l’acte et la puis-
sance, qui profile, même sans la théoriser exactement, celles
entre accomplissement (l’acte) et le potentiel (la puissance), en
une émergence depuis le virtuel (que nous préciserons plus
tard).
Citant Castoriadis, Gantheret pose le problème : “sous leur
première forme, altérité, réalité, négation de sens ou sens négatif
ne sont que le déplaisir présentifié par cette ablation du sein
que subit la monade psychique”. Ainsi vient se dessiner une
“lisière de non-être virtuel (…)” à la frontière de la représenta-
tion” (1984, p. 157). La formulation de Castoriadis me semble
correspondre à la place qu’il convient, avec Rosolato, de donner
au déplaisir comme première manifestation faisant non-sens
(donc sens) et composant les signifiants de démarcation : ceux-
ci “issus d’une digitalisation d’un premier type, c’est-à-dire
d’une sélection par répétition perpétuelle qui met en jeu une
série d’oppositions progressivement explorées par l’enfant :
présence/absence, bon/mauvais surtout plaisir/déplaisir et
douleur” (1985, p. 30). L’autisme peut-être rumination inces-
sante et épuisante de ces premiers signifiants, inémergence
fut-elle liminale d’une trame virtuelle ?
L’éveil psychique est émergence du virtuel ; il est constitu-
tion progressive d’un système de souvenirs et de traces
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mnésiques que Laplanche, commentant le schéma freudien,
décrit formé de “plans virtuels correspondant à des images”
(1987 b, p. 37), je pense pouvoir aller jusqu’à dire : d’images
virtuelles. La présence du virtuel est ce qui caractérise le signi-
fiant (ce qui le distingue du signe) : que ce soit sous forme de
virtuel proprement dit (signifiants de démarcation) ou de virtua-
lités (signifiant verbal) ; l’image psychique est d’ailleurs par
nature virtuelle : “tout ce qui peut devenir objet de perception
interne est virtuel, un peu comme l’image produite par le
passage des rayons dans une longue-vue. Nous pouvons
comparer nos systèmes, qui ne sont point psychiques par eux-
mêmes et que notre perception psychique ne saurait atteindre,
aux lentilles qui projettent l’image…” (Freud, 1900, p. 518).
Le “lieu psychique” dont parle Freud (id. p. 455) est virtuel ; et
certaines propriétés fondamentales, constitutives de l’essence
du sujet, sont “comparables au statut existentiel de réalité et de
virtualité complémentaires” (Valabrega, 1980, p. 60) : nous
126 CHAMP PSYCHOSOMATIQUE

allons le voir, le psychisme a des fondements virtuels, seul le


corps ayant prétention à établir un réel (ou plutôt, puisque le
virtuel participe de la catégorie du réel : un matériel) du sujet :
“l’enfant observe celui-ci [l’adulte], sa mère et son entourage
plus avancé : il aboutit à une formulation virtuelle de son impuis-
sance, qui verbalisée deviendra une négation” (Rosolato, 1996,
p. 139) : cette formulation virtuelle est saisie du sens, la verba-
lisation son expression ; Rosolato insistant sur la façon dont
l’équation relative à l’inconnu prend alors une “forme néga-
tive”. Le sens est cette “langue, réelle ou virtuelle”, dont parle
Valabrega (1980, p. 81) comme référence tierce supportant le
concept de traduction. La saisie du sens est intention : “l’in-
tentionnalité, c’est le sens”, indique Valabrega (1980, p. 58) (à
quelques nuances près qu’il précise dans le cours de son
ouvrage) ; et l’intentionnalité, c’est une option dans le registre
des virtualités.
Résumons le point actuel de notre réflexion : qu’en est-il du
virtuel, du côté de la métaphore ? Nous avons décrit le surgis-
sement de l’objet selon l’organisation métonymique définissant
l’image virtuelle ; la métaphore implique “une substitution de
signifiants entre les chaînes”, d’où résulte “un effet de non-
sens” (“moment fondamental, parce qu’il assure la bascule et
l’ouverture du système établi” [Rosolato, 1985, p. 107]), et
“conjointement à ce non-sens la création d’un sens nouveau” ;
elle permet que les éléments de deuxième articulation (selon
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Martinet), reconnus comme non-porteurs de sens dans une
théorie linguistique, prennent place dans une théorie psycha-
nalytique comme virtuellement signifiants.
Il importe donc de soutenir la distinction entre le virtuel
(référant au signifiant non-verbal, de démarcation) et la virtua-
lité (signifiant verbal, linguistique), qui se distinguent comme
primaire et secondaire. Le non-sens, indique Rosolato, “met en
évidence, d’une manière intrinsèque, à l’intérieur du système,
la relation d’inconnu” (1985, p. 107) : or cette relation échappe
comme telle à l’enfant, elle lui demeure voilée, tout en consti-
tuant un aiguillon essentiel à l’éveil de sa vie psychique
(l’énigme interroge).Ainsi “la perte de l’objet premier (le sein)
ne donne lieu à une structuration signifiante stable et complète
qu’à travers l’expérience du désaveu de la différence des sexes
et son élaboration par la castration” (id., p. 113-114) : expé-
rience qu’engage l’enfance, structurée précisément selon le
mécanisme du désaveu. Les virtualités suscitent la perplexité
LE VIRTUEL : SITE POUR L’INCONSCIENT? 127

énigmatique, gérée par le désaveu ; “baiser”, “amour”, sont


autant de signifiants verbaux faisant questionnement pour l’en-
fant : l’incidence des signifiant analogiques, leur saturation
d’incidence sexuelle, leur valeur énigmatique de message n’en
sont que plus insistantes, dans l’espoir – entretenu par l’enfant
– d’y découvrir la clé de l’énigme.
Cette situation définit l’enfance, et d’ailleurs l’infantile avec
elle. L’enfance se fonde, en effet, dans la parole comme
virtuelle : c’est pour cela que le conflit œdipien, avec ses deux
versants sexuel et meurtrier prend cette valeur structurante du
désir enfantin/infantile. Le virtuel prend ici, au plan des repré-
sentations et du langage, le sens du sexuel-présexuel freudien ;
rappelons la description freudienne, par exemple selon la facette
meurtrière : “la représentation de la mort chez l’enfant n’a de
commun avec la nôtre que le nom. L’enfant n’imagine pas l’hor-
reur de la destruction, le froid de la tombe, l’épouvante du néant
sans fin, que l’adulte, comme le prouvent tous ses mythes sur
l’au-delà, supporte si mal. La crainte de la mort lui est étran-
gère, c’est pourquoi il joue avec ce mot effrayant et menace les
autres enfants” (1900, p. 221-222). L’énigme voile la finitude
en la drapant dans le seul signifiant dont dispose dès lors l’en-
fant, celui d’absence : “être mort signifie seulement être parti,
ne plus déranger les survivants. Il ne se demande pas si cette
absence résulte d’un voyage, de l’éloignement ou de la mort
[…]. De là vient que, lorsqu’un enfant souhaite l’absence d’un
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autre, il n’a aucune raison pour ne pas souhaiter sa mort […].
Comment comprendre qu’il souhaite la mort de parents qui lui
dispensent leur affection (…). Le rêve de la mort des parents a
le plus souvent pour objet celui des deux qui est du même sexe
que le rêveur (…) tout se passe, schématiquement, comme si une
prédilection sexuelle s’affirmait de bonne heure, de sorte que
le garçon verrait dans son père, la fille dans sa mère, un rival en
amour qu’il gagnerait à écarter” (id.). Bref : la parole par laquelle
l’enfant témoigne du vœu œdipien, est de nature virtuelle, le
vœu œdipien est une virtualité (et en tant que tel devient le désir
même) : le virtuel est ici à entendre selon la virtus propre au
conflit œdipien de l’enfant, cette sexualité vertueuse (virtus)
portant le vœu incestueux, cette pulsion mégalomaniaque
portant son sentiment de toute-puissance (la virtus comme tout-
pouvoir), non sans la note phallique propre à la sexualité
infantile (virtus, de vir = homme, vis = force virile). Cette nature
est essentielle pour que puisse précisément s’établir la struc-
128 CHAMP PSYCHOSOMATIQUE

ture du sujet dans la parole, pour que la parole puisse prendre


possession du sujet comme porteur de désir. Virtuellement, toute
pensée du crime est le crime lui-même (cf. L’homme aux rats),
elle est donc déjà pleinement le sens, le désir du crime.
Mais d’un sujet tout autant virtuel que la parole qui l’énonce :
commentant son schéma L, Lacan précise que “le S, qui est là
en tant que figuration de la fonction du sujet, est purement
virtuel. Cette fonction est, si je puis dire, une nécessité de la
pensée, celle-là même qui est au principe de la théorie de la
connaissance, à savoir que nous ne pourrions rien concevoir
comme objet, que le sujet ne supporte. Mais comme analystes,
cette fonction, nous mettons précisément en question son exis-
tence réelle (…). Ce sujet, donc, qui est là dans notre schéma,
est en position de n’accéder que par artifice à la saisie de l’image
réelle qui se produit en i (a). Ceci parce qu’il n’est pas là, et que
ce n’est que par l’intermédiaire du miroir de l’Autre qu’il vient
à s’y placer (…). La position de S dans le champ de l’Autre,
c’est-à-dire dans le champ virtuel que développe l’Autre par sa
présence comme champ de réflexion, n’y est repérable qu’en
un point grand I, en tant que distinct de la place où i (a) se
projette” (1960-61, pp. 434-435). Et ce développement se
retrouve pleinement dans la description, justement classique,
que donne Lacan du stade du miroir : “série de gestes où [l’en-
fant] éprouve ludiquement la relation des mouvements assumés
de l’image à son environnement reflété, et de ce complexe
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virtuel à la réalité qu’il redouble, soit à son propre corps et aux
personnes (…) qui se tiennent à ses côtés” (1966 [1949], p. 93).
Toujours est-il que le virtuel est la catégorie où se fondent
1) l’objet : l’objet virtuel est l’objet du “trouver l’objet, c’est en
fait le retrouver” des Trois Essais de Freud ; 2) le sujet ; 3) le
désir, émergeant de la parole de l’enfant.
Nous avons là la réponse à la question suscitée par une
remarque de Freud : “nous sommes parvenus avec bonheur,
dans la psychologie de l’adulte, à distinguer les processus
animiques en conscients et inconscients et à décrire les deux en
termes clairs. Chez l’enfant, cette différenciation nous laisse
quasiment en panne. On est souvent embarrassé pour indiquer
ce qu’on voudrait qualifier de conscient et qualifier d’incons-
cient. Des processus qui sont devenus les processus dominants,
et qui doivent nécessairement d’après leur comportement ulté-
rieur être tenus pour l’équivalent des conscients, n’ont
cependant pas été conscients chez l’enfant. On peut aisément
LE VIRTUEL : SITE POUR L’INCONSCIENT? 129

comprendre pourquoi. Le conscient n’a pas encore chez l’en-


fant acquis tous ses caractères. Il est encore pris dans le
développement et ne possède pas vraiment la capacité de se
transposer en représentations langagières. La confusion, dont
nous avons par ailleurs l’habitude de nous rendre coupables,
entre ce phénomène qu’est le surgissement dans la conscience
sous forme de perception et l’appartenance à un système
psychique hypothétique, auquel nous devrions donner un nom
conventionnel quelconque, mais que nous appelons également
conscience (système Cs), cette confusion est inoffensive pour
la description psychologique de l’adulte, mais induit en erreur
lors de celle du petit enfant. L’introduction du “préconscient”
ne sert pas ici à grand chose, car le préconscient de l’enfant n’a
pas davantage à recouvrir celui de l’adulte. On se contentera
donc d’avoir reconnu clairement l’obscurité” (Freud, 1918 b,
pp. 101-102). Ma proposition se propose comme une contri-
bution à la question ici abordée avec sa prudence coutumière
par Freud : s’il est injustifié de parler d’inconscient à propos de
l’enfant, c’est parce que la catégorie même de conscient prête
déjà pour lui à discussion ; je rejoins la formulation engagée
par G. Pragier et S. Faure-Pragier (1995) : “le virtuel n’est qu’un
instrument qui n’est pas un modèle de l’inconscient mais plutôt
un effet”: je vois dans le virtuel la catégorie de la trace, marque
de l’altérité telle qu’elle resurgira en tant qu’inconsciente dans
la vie psychique, telle qu’elle est précisément inscrite au long
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de l’enfance ; je vois dans les virtualités, au plan des représen-
tations et du langage, la définition du sexuel-présexuel de
Freud : ce temps de l’enfance où le langage demeure nimbé
d’énigme, énigme gérée selon le processus psychique du
désaveu.
Telle est dès lors la définition qu’en définitive je propose de
l’enfance : le temps de la vie qui s’inscrit comme virtuel, qui
s’inscrit dans la parole (c’est-à-dire dans le sens) selon le
virtuel ; cette définition s’applique à la fois à l’enfance (entendue
comme période précédant, chronologiquement, la vie adulte,
dans une perspective disons historique) et à l’infantile (comme
concept causaliste, au sens démontré par la psychanalyse, déter-
minant la vie psychique).
130 CHAMP PSYCHOSOMATIQUE

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LE VIRTUEL : SITE POUR L’INCONSCIENT? 131

RÉSUMÉ

Le récent développement des connaissances sur la catégorie, ancienne-


ment connue en optique, du virtuel, suggère un modèle heuristique pour la
compréhension de la vie psychique, telle que l’approche la psychanalyse.
Selon l’axe métonymique, la découverte de l’objet émerge en une image
virtuelle ; selon l’axe métaphorique, la virtualisation d’un signifiant est le
premier temps de la symbolisation ; le sujet est virtuel, selon l’illustration
donnée par la métaphore optique. Les caractères communs au virtuel et à l’in-
conscient amènent à les rapprocher et à discuter leur situation respective ; la
distinction entre virtuel et virtualités est explorée comme celle différenciant
non verbal/verbal, primaire/secondaire, signifiant de démarcation/signifiant
linguistique.Au total le désir et la trace mnésique paraissent de nature virtuelle.

Mots-clés : Virtuel – Virtualités – Image mentale – Sujet – Trace mnésique.

SUMMARY

The recent development of knowledge within the field of the virtual (carly
known in optics) suggests an heuristic model for the comprehension of the
psychic life, as approached through psychoanalysis.According to metonymic
axys, the discovery of the object rise as a virtual image ; according to the meta-
phoric axis, the virtualisation of a signifier is the first time of symbolisation ;
the subject is virtual, according to the illustration given by the optic metaphor
(of the subject). The common caracters of both the virtual and the unconscious
lead to discuss their respective situations ; the distinction between virtual and
virtualities is explored as the distinction between non verbal/verbal,
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primary/secondary. Desire and memory-trace are virtual by nature.

Key-words : Virtual - Virtualities - Mental image - Subject - Memory


trace.

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