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Nous proposons donc un aperçu des acteurs, des produits et des lieu de la gastronomie
française dans l'hyper-centre de Londres, avec l'acception de gastronomie dans le sens plein
de son terme : la cuisine avec des recettes, des règles, des références et une histoire.
Tableau 1 : quelques exemples de grands chefs français dans des restaurants londoniens
(ou tenant ces restaurants)
Nom du chef Date d'ouverture à Nom de l'établissement
Londres ou
d'arrivée dans
l'établissement
Parmi ces chefs, certains ont une vocation ancrée de très longue date Pascal Aussignac
avait choisi de devenir cuisinier dès l'âge de 9 ans. Après une formation au lycée hôtelier de
Bordeaux-Talence, il a travaillé chez Gérard Vié, au restaurant Les Trois Marches, à
Versailles. A 19 ans, il a été sous-chef du bistrot, Le Potager du Roi puis, il a travaillé pour le
restaurant Divellec (Paris 7è), Jacques Cagna, Alain Dutournier, Guy Savoy, le restaurant
Yvan ou encore Yafa Edery. Surtout, comme de nombreux chefs installés à Londres, il a
beaucoup voyagé et travaillé à l'étranger, en Floride ou à Beyrouth par exemple. Puis, grâce
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aux fonds de Vincent Labeyrie, il crée en 1998 le Club Gascon, restaurant relevant de la
bistronomie qui gagne une étoile Michelin en 2002. Il propose des plats du sud-ouest en
version tapas, ainsi qu'une carte avec douze foies gras différents, de l'entrée au dessert.
De leur côté, le chef Grégory Marchand a œuvré auprès de Jamie Olivier, Jean-
Christophe Slowik a commencé sa carrière à la Pyramide Fernand Point comme commis en
sommelerie. Quant à Thierry Tomasin, originaire de Gascogne, il est arrivé à Londres en
1991. Après avoir été commis serveur au Gavroche, deux étoiles au Michelin, il travaille
comme sommelier auprès de Michel Roux et est élu meilleur ouvrier de Grande-Bretagne en
1996. En 2007, il ouvre son propre restaurant, l'Angélus, dans un quartier proche de Notting
Hill.
Par ailleurs, d'autres chefs ou cuisiniers oeuvrent à la diffusion de la gastronomie
française même s'ils ne jouissent pas d'une réputation nationale ou internationale. Ils
représentent la gastronomie en permettant la diffusion de recettes régionales traditionnelles, la
mise en avant de régions françaises. Tels sont les cas de Bretons tenant des crêperies ou les
cuisiniers mettant en avant la cuisine régionale : Aurélie Lhote et Nadia Brahim, au bistroquet
Chez Elles proposent une cuisine traditionnelle roborative dans un restaurant qui ne désemplit
jamais. Au menu, soupe à l'oignon gratinée, onglet de bœuf, confit de canard et frites maison
et dos de cabillaud meunière. Ce sont ces produits et les recettes typiquement françaises qui
sont valorisés dans les restaurants londoniens dont les cuisines sont tenues par des Français.
2- La valorisation des produits régionaux et des produits locaux, signes pour tous les
cuisiniers de la gastronomie française par excellence
21-Différentes voies pour vanter la gastronomie française
Dans la très grande majorité des établissements, la valorisation de la gastronomie
française s'effectue de différentes façons qui sont régulièrement conjuguées. D'une façon
classique et attendue par certains clients, les chefs utilisent des produits dits nobles ou de
luxe : caviar (souvent du sud-ouest), foie gras. Ces produits sont systématiquement proposés
sur les cartes des chefs étoilés car ils symbolisent le luxe à la française et sont attendus par le
clientèle.
Affirmer la cuisine française revient par ailleurs à travailler des produits de saison et
des produits "locaux", synonymes de fraîcheur, provenant de la banlieue londonienne et de
l'ensemble du Royaume-Uni, labellisés ou non. J.C. Slowik revendique en effet l'utilisation de
produits locaux à hauteur de 80 à 85% à l'Absinthe. Tous les chefs ont tendance à indiquer la
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provenance de leurs produits français, certes, mais aussi anglais, pour insister sur le volet
local de leur approvisionnement : Grouse Burnside (Ecosse), morue d'Ecosse, homard de
Cornouailles…
Le label IGP n'est plus un des éléments déterminants dans la représentation de la
gastronomie française, mais il est souvent utilisé car l'indication de la provenance répond au
désir du client, plus ou moins conscient, de se rapprocher du terroir de production afin de faire
confiance au produit consommé. L'indication géographique reste un gage de qualité mais est
combinée avec d'autres moyens de valorisation. Enfin, offrir au client une carte des vins
élargie, des champagnes aux vins tranquilles, AOP ou simplement IGP est une façon de
souligner la gastronomie française.
Hélène Darroze dit ne pas adapter sa cuisine à la clientèle londonienne. Elle conserve ses noix
de St Jacques aux épices tandoori, le suprême de pigeonneau flambé au capucin, mais elle fait
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souvent référence au sud-ouest dans sa carte et cite les noms de producteurs auprès desquels
elle se fournit : "Foie gras Robert Dupérier–Landes", "Green Asparagus Christophe
Sauvecanne –Pertuis" ou "Duck Maison Burgaud–Challans". Ainsi, les références aux lieux
français sont multiples sur les cartes des restaurants français : Gascogne, pays basque, Lyon,
sud-ouest, vallée du Rhône.
Document 1 : carte des fromages au Club Gascon, Cellar Gascon : un moyen de valoriser
le patrimoine culinaire de la France
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