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Grecques
(1) Jeanmaire (H). Couroi et Couretes% Essai sur l'éducation spartiate et sur
les rites d'adolescence d&ns l'antiquité hellénique. Bibliothèque universitaire,
Lille, 1939. In-8°, 638 p.
d'adolescence, ne pouvait être reconnu en Grèce que s'il était identifié dans
l'humanité : autrement dit, il y avait lieu de revenir méthodiquement sur les
analogies présentées par des sociétés africaines, dont certaines avaient déjà été
appelées en témoignage dès 1913, mais dont l'intérêt documentaire est établi
maintenant dans un chapitre spécial. Ainsi orientée, la recherche devait être
poursuivie dans les différentes zones où le passé hellénique pouvait avoir laissé
des traces. Telle est la suite de considérations dont le présent essai est sorti.
Tout un chapitre, disons-nous, et assez long, est consacré à l'Afrique contem-
poraine, à ses « rites d'éphébie » et à ses « classes d'âges ». Il ne vient pas le
premier, bien entendu ; il ne vient, si l'on peut dire, que lorsque le problème
est» mûr. Le problème, c'est celui de la légitimité de la méthode comparative;
mais c'est aussi, ou plutôt c'est en même temps, celui des aires de civilisation :
il ne s'agit pas de comprendre un ensemble institutionnel en le situant à telle
ou telle étape d'un prétendu développement unilinéaire de l'humanité, mais d'y
reconnaître la caractéristique et comme le « facies » d'une de ces « cultures »»
qu'on voit s'étendre à certaines époques sur un vaste domaine géographique.
Les aires se trouvent définies par le fait que les modes d'organisation et de
pensée qui s'y attestent sont « trop particuliers pour a*oir pu germer spontané-
ment et sporadiquement dans des sociétés sans liens les unes avec les autres » ;
et d'autre part, elles correspondent - jeu de mots inévitable - à des eres . Ces
moments de civilisation ont pu se prolonger en certaines parties du domaine
primitif alors qu'ils ne laissaient ailleurs que des traces : c'est ainsi que l'Afrique
noire, relativement isolée, a conservé dans ses rites d'initiation, dans ses confré-
ries à masques et dans ses mystères un état de civilisation qui, dans la Grèce de
l'histoire, était déjà plus ou moins recouvert par d'autres strates.
Ce n'est pas d'emblée qu'on peut pénélrer dans ce passé. Mais l'étude du plus
ancien état social attesté peut y introduire. Il y a chez Homère deux termes
caractéristiques, de sens défini et en rapport étroit l'un avec l'autre : ceux de
couroi et de laos. Le premier désigne une classe d'âge par opposition aux géronies ,
celle des jeunes, et qui est vouée au métier des armes; le second désigne les
guerriers, qui constituent le seul élément actif de la société homérique, car le
mot dèmos, qui ne prendra que plus tard une acception politique, n'a qu'une
valeur territoriale. Les membres du laos sont entretenus par le roi dont ils sont,
pour emprunter une expression au moyen-âge, les « nourris ». Inféodation,
commensalité, compagnonnage sont des termes connexes qui peuvent également
s'appliquer ici : la société homérique apparaît comme une société militaire de
nature féodale - et d'ailleurs sans noblesse proprement dite. (Je résume ici,
au risque de le schématiser, un exposé qui vaut, dans l'ensemble, par une rigueur
philologique remarquable. Il va de soi que le témoignage homérique a besoin
d'être interprété, et M. J. s'en explique : il admet qu'il nous permet d'atteindre
à des coutumes et traditions sociales antérieures à la rédaction de Ylliade et de
VOdyssée, et il ne s'interdit pas de le mettre en rapport, à l'occasion, avec les
données les plus récemment acquises de la protohistoire. On pourrait souligner,
en ce sens, que le mot laos est étranger à l'ionien ancien et qu'il subsiste comme
une espèce de fossile dans la langue des aèdes. Naturellement, il y a la contre-
partie : bien des choses ont été brouillées ; et, par exemple, il faudrait recon-
naître que nous ne trouvons pas chez Homère, normalement, des investitures
proprement dites qui procéderaient du « roi »).
En abordant ce qui est la partie essentielle de l'ouvrage, on a un peu la sen-
sation d'un tournant brusque. 11 n'y a rien chez Homère qui indique ou suggère
un régime d'initiations - et peut-être aurait-il mieux valu donner la seconde