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DROIT TD n°2

Lors d’une manifestation, Mlle Bobby a pris une vidéo sur laquelle on voit des policiers identifiables et

l’a ensuite diffusé. Elle a été mise en cause dans une procédure pénale sur le fondement d’une loi du 2 août 2022.

Cette loi interdit la diffusion sur internet d’images permettant d’identifier des policiers ou des gendarmes.

Il convient d’analyser la contestation d’une loi déjà entrée en vigueur par une citoyenne (I).

I- Sur la contestation d’une loi entrée en vigueur par une citoyenne

Un citoyen peut-il contester une loi déjà entrée en vigueur ? Dans le cas où cela serait possible quelle

procédure adoptée ?

En droit, la norme suprême est la Constitution, toutes les normes inférieures doivent respecter la

Constitution et plus précisément ce qu’on appelle le bloc de constitutionnalité. Le bloc de constitutionnalité

comprend l'ensemble des textes et principes, qui ont une valeur constitutionnelle, et que les normes intérieures

doivent respecter. Si la loi ne respecte pas l'un des principes ou textes du bloc de constitutionnalité, cette loi ne

pourra exister dans l'ordre juridique. Le conseil constitutionnel pourra ainsi l’abroger dans le cadre du contrôle

de constitutionnalité. Au sein du bloc de constitutionnalité nous trouvons la Constitution de 1958, le Préambule

de la constitution de 1958, le Préambule de la Constitution de 1946, la Charte de l’environnement de 2004 et la

Déclarations des droits de l’homme de 1789. L’article 10 et 11 de la déclaration des droits de l’homme posent la

liberté d’expression et d’opinion. « Article 10. - Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses,

pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi » ; « Article 11. - La libre

communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut

donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la

Loi ». La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse définit les libertés et responsabilités de la presse

française. Elle impose un cadre légal à toute publication, ainsi qu’à l’affichage public, au colportage et à la vente

sur la voie publique. Son article 1 dispose que "l’imprimerie et la librairie sont libres". En France il existe un




système permettant de contester une loi contraire à la Constitution et donc au bloc de constitutionnalité, c’est le

contrôle de constitutionnalité. Le contrôle de constitutionnalité des lois est le contrôle par lequel le Conseil

constitutionnel vérifie que la loi adoptée par le Parlement est conforme au bloc de constitutionnalité. Il existe

deux types de contrôle de constitutionnalité: à priori, avant la promulgation de la loi, et, a posteriori, après la

promulgation de la loi. Contrairement au contrôle a priori, le contrôle a posteriori intervient après la

promulgation de la loi, dans le cadre d’une procédure particulière: la question prioritaire de constitutionnalité. La

question prioritaire de constitutionnalité est une procédure par laquelle, au cours d’un procès, un justiciable va

estimer qu'une loi est contraire aux droits et libertés protégés par la Constitution. Cette procédure est prévue à

l'article 61-1 de la Constitution . Pour que la QPC soit recevable, différentes conditions doivent être réunies: elle

doit être soulevé par écrit, la loi en cause doit être applicable au litige auquel est partie celui qui

soulève la QPC, la loi en cause ne doit pas avoir déjà été déclarée conforme à la Constitution par le Conseil

constitutionnel et la question posée doit être sérieuse ou nouvelle. Si les conditions sont remplies les juridictions

de première instance et d’appel transmettront la QPC à la Cour de cassation ou le Conseil d’État qui effectueront

un nouveaux filtrage. Si ces derniers considère que la QPC est recevable ils pourront la transmettre au Conseil

Constitutionnel qui déclarera conforme ou pas à la Constitution la disposition législative mis en cause.

En l’espèce, a l’occasion d’une manifestions une journaliste à filmer les forces de l’ordre afin de rendre

compte de la stratégie de maintien de l’ordre. Après avec capte et diffuse une séquence vidéo sur un site

informerions, cette dernière apprend qu’elle est mise en cause dans une procédure pénal au motif qu’elle a

transgressé la loi du 2 août 2022 relative à l’interdiction de la diffusion sur internet d’image permettant

d’identifier des policier ou des gendarmes, déjà entrée en vigueur au moment des faits. La journaliste estime que

cette loi est contraire aux libertés d’expression et de la presse.

Dès lors que la liberté de presse et d’expressions font partie intégrante de la Constitution , alors la

journaliste pourra se prévaloir d’un contrôle de constitutionnalité à postériori à travers une question prioritaire de

constitutionnalité à l’occasion d’un procès. Si cette QPC remplie toutes les conditions le Conseil Constitutionnel

pourra examiner la légalité de la disposition législative afin de la conserver ou l’abroger de l’ordre juridique.


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