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Thème n° 1 :

SoubaSSemenTS ThéoriqueS
eT concepTuelS de
l’économie induSTrielle

Saïd CHAHI
2020-2021
economie induSTrielle

Discipline jeune;
Appareil analytique et conceptuel en permanente
évolution;
Positionnement méso-économique : problématique
à l’intersection entre la micro et la macroéconomie;
Champ disciplinaire théorique très varié;
Discipline riche et diversifiée.
économie induSTrielle :
concepTS eT genèSe
Expression qui montre que
l’histoire de la discipline
« économie date de l’époque où
induSTrielle » l’économie politique
commence à s’intéresser à
l’analyse des faits
industriels.
économie induSTrielle :
concepTS eT genèSe
Terme d’origine latine signifiant
« activité »;
Apparaît au XVème siècle en
induSTrie Europe occidentale;
 Désigne : tout savoir-faire
appliqué à une activité exercée
manuellement (manufactura) ou
grâce à l’usage des machines.
économie induSTrielle :
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 Pour adapter l’usage du terme à leurs
besoins;
 On retrouve l’usage du terme chez les
mercantilistes, chez les physiocrates et
implicaTion chez les économistes classiques;
deS  Jean-Baptiste Say (1767-1832) se
propose même de distinguer trois
économiSTeS grandes catégories d’industrie :
l’industrie agricole, l’industrie
manufacturière et l’industrie
commerciale.
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 Processus historique du XIXe siècle qui fait
basculer — de manière plus ou moins
rapide selon les pays et les régions — une
société à dominante agraire et artisanale
la vers une société commerciale et
industrielle;
révoluTion  Cette transformation, tirée par le boom
ferroviaire des années 1840, affecte
induSTrielle profondément l'agriculture, l'économie, le
droit, la politique, la société et
l'environnement.
économie induSTrielle :
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Une série d’inventions
mécaniques initiées
essentiellement en Angleterre;
la Génère des transformations
profondes dans les industries de
révoluTion transformation;
induSTrielle Ouvre irréversiblement la voie
devant le progrès du machinisme
et sa généralisation à presque
toutes les activités productives.
économie induSTrielle :
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Ce processus englobe :
 Une révolution agricole qui bouleverse les
techniques par l’introduction d’une série
d’innovations et la généralisation du
la machinisme;
 Une transition démographique qui
révoluTion caractérise le passage d’un régime
démographique traditionnel (natalité forte
induSTrielle et mortalité élevée) vers un régime
moderne (baisse de la natalité et de la
mortalité)
 Une transformation profonde sur le plan
industriel.
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• Paul Bairoch (Révolution industrielle et
sous-développement, 1963) considère la
révolution agricole comme endogène à la
révolution industrielle: l'augmentation de la
la productivité agricole par tête a permis de
réduire la part des travailleurs agricoles.
révoluTion Ces derniers étant mis au chômage se sont
rendus dans les villes et ont fourni à
induSTrielle l'industrie une importante main d'œuvre,
essentielle à son expansion;
• L'agriculture en évolution a aussi profité
d'une mécanisation croissante, qui s'est
traduite par des commandes industrielles.
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• L'ampleur des besoins financiers engendrés par la
Révolution industrielle pose rapidement la question
de l'accumulation primitive du capital et
consécutivement celle du financement par l'appel à

la l'épargne publique ou aux capitaux extérieurs;


• Au XIXe siècle la Révolution industrielle
requiert, comme dans les chemins de fer, une
révoluTion importante concentration de capitaux en vue de
financer des investissements de plus en plus
induSTrielle couteux;
• Une nouvelle forme juridique d'entreprise, la
société anonyme (SA) fait son apparition : elle
facilite les apports en capitaux de plusieurs
investisseurs et minimise les risques encourus.
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 La généralisation du machinisme se caractérisait
par une certaine lenteur puisqu’elle se déroula
(réSumé) pendant la deuxième moitié du XVIIIème et
tout le XIXème siècle ;

la  Il a fallu tout un siècle pour que la production


en volume de l’industrie détrône définitivement

révoluTion celle de l’agriculture;


 La croissance de la production industrielle
induSTrielle pendant tout le XIXème siècle devait
s’accompagner d’un déclin progressif de la
population active dans l’agriculture;
économie induSTrielle :
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 La croissance de la production industrielle finit par
( générer le transfert de la population active agricole
vers l’industrie;
(réSumé)  La croissance de l’industrie a permis également
l’éclosion d’une nouvelle compartimentation de la

la population active entre les emplois agricoles, les


emplois industriels et les emplois tertiaires;

révoluTion  La croissance de la production industrielle finit en


dernier lieu par favoriser l’émergence de la grande

induSTrielle entreprise capitaliste au cours de la deuxième moitié


du XIXème siècle à travers la naissance des sociétés
par Actions (la société anonyme).
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 L’évolution et le développement de la grande
entreprise capitaliste devait déboucher sur le
développement de la concentration et, partant,
l’accroissement de la taille des entreprises
la spécialement en Allemagne et aux Etats-Unis;
 L’emploi spécialisé du vocable « industrie » par les
révoluTion économistes a donc pris du retard;

induSTrielle  Mais l’ensemble des transformations générées par


la RI ne cessait de nourrir progressivement la
réflexion des économistes et favoriser, en
définitive, l’émergence de l’économie industrielle.
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Industrie : « Ensemble des activités
économiques qui, à partir de la
transformation des matières premières ou de
matières ayant déjà subi une ou plusieurs
l’émergence transformations et de l'exploitation des
sources d'énergie, sont orientées vers la
de production à grande échelle de biens ou de
services. Elle véhicule implicitement l’idée
l’économie d’une certaine division du travail ainsi
induSTrielle que l'emploi de machines, et s’oriente
tendanciellement vers la production de
masse. »
économie induSTrielle :
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 La définition précédente suppose que
les activités industrielles soient assurées
par des firmes qui produisent des biens
ou des services proches et plus ou
l’émergence moins substituables, et qui s’affrontent
de sur un marché et se font donc
concurrence;
l’économie  Le fait que les biens et les services
induSTrielle produits soient substituables
commande que leur élasticité-prix
croisée soit élevée
élaSTiciTé-prix croiSée
Mesure la variation de la demande d’un bien A
suite à la variation du prix d’un bien B;

Formule :
∂QA
QA ∂QA PB
e QA/PB = =
∂PB QA ∂PB
PB
Illustrations (TD)
élaSTiciTé-prix croiSée
e QA/PB < 0 Biens complémentaires

e QA/PB > 0 Biens substituables

e QA/PB = 0 Biens indépendants


économie induSTrielle :
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 L’économie industrielle : branche de
l’économie dédiée à l’étude de la
structure d’un marché et des agents qui
y opèrent en vue de comprendre son
l’émergence fonctionnement à travers l’éclairage
de porté sur leurs interactions;
 Cette étude suppose l’analyse des
l’économie comportements et stratégies des
induSTrielle entreprises et de la concurrence sur les
marchés.
économie induSTrielle :
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 L’économie industrielle s’est construite en
remettant en cause les hypothèses classiques
du modèle de la concurrence pure et
parfaite;
l’émergence  L’économie industrielle se focalise plutôt
sur l’étude des comportements des
de entreprises sur des marchés où la
l’économie concurrence est imparfaite;
 De tels marchés sont considérés comme
induSTrielle défaillants (market failure) puisque
l’équilibre concurrentiel à long terme n’y est
pas assuré.
économie induSTrielle :
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Les hypothèses de la Frank Knight, fondateur de l’Ecole de Chicago, énonça en 1921 dans son ouvrage
CPP Risk, Uncertainty and Profit les cinq conditions de la concurrence pure et parfaite :
 L’atomicité des agents (multitude d’offreurs et de demandeurs, tous de petite
dimension par rapport au marché) : hypothèse loin d’être observée en économie
industrielle (Concentration industrielle : présence de quelques firmes et, le cas
échéant, d’une seule firme dans le cas du monopole) ;
 La fluidité du marché (exprimée par la libre entrée et sortie) n’est pas non
plus observée ( différentes barrières à l’entrée lors de l’analyse de la structure du
marché ;
 L’homogénéité des produits (les mêmes caractéristiques pour les produits
sans différenciation entre les firmes) est également rejetée par l’économie
industrielle ( la différenciation opérée par les firmes en tant que comportement
concurrentiel) ;
 La transparence stipulée dans le modèle de la CPP est également rejetée par
Franck Knight l’économie industrielle (plutôt l’hypothèse d’une information imparfaite
caractérisant les marchés où l’analyse se déroule).
(1885-1972)  La libre circulation des facteurs de production (???).
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leS réflexionS deS pèreS fondaTeurS
Alfred Marshall  Partisan invétéré de l’approche empirique et de l’analyse des faits;
 S’est intéressé principalement à l’organisation industrielle
(Industrial Organization IO) en observant les transformations du
système productif engendrées par la Révolution industrielle;
 Apport analytique :
 Distinction CT/LT;
 Notion de courbe d’expérience : au fur et à mesure que
l’entreprise acquiert de l’expérience, elle arrive à produire
avec plus d’efficacité et donc avec un coût moyen
(1842-1924) tendanciellement décroissant (économies d’échelles,
fidélisation des clients, stabilisation des débouchés,
amélioration des prix-fournisseurs, etc.).
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Alfred Marshall  Marshall constate que la taille des firmes a tendance
progressivement à s’accroitre;
 Marshall se pose alors la question suivante : face à cet
accroissement tendanciel de la taille des firmes,
assistera-t-on à l’émergence du phénomène des
monopoles dans toutes les industries ?
 Marshall se propose alors d’étudier le monopole en
(1842-1924) choisissant un exemple qui est la distribution de gaz, en
se demandant si l’Etat doit intervenir ou non ?
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Alfred Marshall  La question posée par Marshall n’a jamais perdu de son actualité
et demeure encore de nos jours l’une des questions centrales de
l’économie industrielle;
 Marshall sera également le premier à analyser la dimension
territoriale de l’OI en introduisant le concept de district industriel;
 Le district industriel met l’accent sur l’importance de la
localisation géographique des industries à travers leurs relations
avec les firmes;
 Le concept repose sur l’idée de proximité des firmes dans la
(1842-1924) perspective de réaliser des économies externes locales (transport,
coordination, diffusion de l’innovation, etc.) et donc une plus
grande efficacité de l’OI.
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 Ont publié en 1932, L’entreprise moderne et
la propriété privée (The Modern Corporation
and Private Property, New York, Macmillan, Adolph BERLE Gardiner MEANS
1932);
 Contient une première analyse majeure de la
concentration industrielle;
 Idée centrale : le développement de la grande
société par actions et la dispersion de la
propriété entre un grand nombre
d’actionnaires tend à entraîner la séparation de
la propriété et du contrôle de l’entreprise;
 Présentent des statistiques montrant que la
moitié du capital américain appartient à moins (1895-1971) (1896-1988)
de 200 firmes dont la taille augmente encore;
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L’ouvrage de Berle et Means est important parce
qu’il offre un mode de théorisation de l’entreprise
marqué par trois traits: Adolph BERLE Gardiner MEANS
 les caractéristiques, le fonctionnement et le
comportement de la firme se comprennent en
considérant les rapports entre différents
groupes, aux intérêts propres: les actionnaires et
les managers, mais également les salariés et les
fournisseurs de crédits;
 une question centrale est celle de savoir qui
contrôle l’entreprise;
 le cadre institutionnel, en l’occurrence le
système de la société par actions et la (1896-1988)
constitution de marchés financiers, joue un rôle (1895-1971)
essentiel dans la structuration de la firme.
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 Contribution majeure : "La théorie de la concurrence Edward CHAMBERLIN
monopolistique" (The theory of monopolistic
competition), publié en 1933;
 Chamberlin est l’un des pionniers à analyser la
concurrence imparfaite à côté de Joan Robinson en
Angleterre;
 Selon Chamberlin l’imperfection de la concurrence est
liée à l’action volontaire des firmes qui cherchent à se
délimiter un domaine de marché en différenciant leurs
produits pour s’accaparer un segment de marché;
 Chamberlin arrive à montrer qu’il existe différentes
formes de différenciation et que chacune des formes
apporte un élément de monopole à la firme; (1899-1967)
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Cette différenciation permet Edward CHAMBERLIN

aux firmes de pratiquer un prix


plus élevé, ce qui génère un
surprofit lié à la différenciation;
Ce surprofit est accepté par les
consommateurs car c’est le prix
à payer pour pouvoir avoir le
choix d’une variété de produits.
(1899-1967)
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 Est une économiste britannique et l'une des figures Joan ROBINSON (1903–1983)
importantes de l'École de Cambridge et du post-
keynésianisme;
 Le post-keynésianisme est un courant de pensée
économique développé à partir des années 1930 en
Angleterre et aux États-Unis. Il est actuellement surtout
présent aux États-Unis. Il se présente comme le courant le
plus proche des idées de Keynes;
 Les post-keynésiens reprennent ce qu'il y a de plus
radical chez Keynes (Keynes s'est démarqué nettement
des néoclassiques à travers notamment : l'incertitude
radicale, l'analyse macroéconomique circuitiste,
l'endogénéité de la monnaie... ); (1899-197)
 Il ne faut donc pas les confondre avec les néo-keynésiens,
qui effectuent une synthèse entre les approches
keynésienne et néo-classique (Joseph Stiglitz notamment).
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Il existe plusieurs écoles dites post-keynésiennes dont
principalement :
o Les keynésianistes de longue période comme Roy Forbes
Harrod et Evsey Domar;
o La macroéconomie kaleckienne qui part d'une synthèse entre
le marxisme et le keynésianisme. Elle a été initiée par les
travaux de Michal Kalecki;
o L'école de Cambridge ou post-cambridgiens. On y trouve des
économistes renommés comme Nicholas Kaldor, Joan
Robinson, Michal Kalecki, Piero Sraffa;
o Etc.;
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 Contribution majeure : en 1933 publia son livre Joan ROBINSON (1903–1983)
"L’Économie de la concurrence imparfaite" (The
Economics of Imperfect Competition);
 Son analyse se focalise, en concurrence imparfaite, sur les
entreprises qui ont tendance à rémunérer leurs facteurs de
production à une valeur inférieure à leur produit marginal
net;
 Joan Robinson va s’intéresser notamment au facteur
« Travail » et montrer qu’en concurrence imparfaite les
entreprises ont tendance à payer des salaires inférieurs au
produit marginal du travail;
(1899-197)
 Une telle situation relève de ce qu’elle appelle une
exploitation monopolistique de ce facteur de production
et permet aux firmes de réaliser des surprofits.
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 Contribution majeure : deux ouvrages « Une Joseph Aloïs Schumpeter
théorie de l’évolution économique » et « (1883- 1950 )
Capitalisme, socialisme et démocratie »;
 Son analyse consiste principalement à
renouveler la théorie de la croissance
économique ;
 Schumpeter place au cœur de l’évolution
économique l’entrepreneur innovateur ;
 L’entrepreneur innovateur : acteur central du
changement grâce à son esprit novateur et à son
rôle majeur dans la diffusion du progrès car il
crée de l’activité économique grâce à son
innovation.
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Schumpeter distingue 5 types d’innovation : Joseph Aloïs Schumpeter
(1883- 1950 )
 Production de nouveaux biens ;
 L’utilisation de nouvelles matières
premières ;
 L’utilisation de nouvelles formes
d’organisation du travail;
 L’utilisation de nouvelles méthodes de
production;
 L’émergence de nouveaux débouchés.
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Schumpeter met ainsi en évidence les effets positifs générés Joseph Aloïs Schumpeter
par l’innovation (externalités positives) : (1883- 1950 )
 A travers ses efforts innovateurs, un entrepreneur crée de
la compétence qui se trouve alors associée à un monopole
temporaire. Le principal instrument de création de ce
monopole est le brevet d’invention;
 En général une série d’imitation et de diffusion de la
technologie s’ensuit;
 En règle générale, pour Schumpeter, ces innovations
arrivent par grappes (Anglais : Grapes/Cluster) ;
 Ces grappes d’innovations sont, pour Schumpeter, le
moteur de l’évolution économique;
 Ces grappes d’innovations créent généralement un
phénomène de destruction créatrice.
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leS réflexionS deS pèreS fondaTeurS
 Les premières réflexions économiques sur les faits industriels sont
demeurées en fait peu systématiques pour pouvoir en faire les
soubassements d’une discipline à part entière développant sa propre
problématique autour d’une approche méthodologique clairement
identifiée;
 L’ensemble de ces réflexions a permis toutefois l’éclosion d’un débat riche
ininterrompu depuis la fin du XIXème siècle et devait déboucher
notamment sur la création de l’Association Economique Américaine
(American Economic Association) en 1885.;
 Au sein de cette association, les fondateurs étaient en majorité des
économistes américains influencés par l’Ecole Historique allemande qui
accordait le primat à une recherche économique appuyée par l’étude
historique et statistique de l’émergence des structures industrielles actuelles.
économie induSTrielle :
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Au Congrès annuel de l’AEA, Edward Mason
Edward Mason présenta en 1938 un (1899- 1992 )

Rapport intitulé « Les politiques de


prix et de production des grandes
firmes »;
Pour la majeure partie des
économistes chercheurs en
économie industrielle, c’est ce
Rapport qui data l’émergence de la
discipline dans l’histoire;
économie induSTrielle :
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 Tout en définissant le cadre conceptuel de la Edward Mason
discipline, ce travail soulignait le caractère général de (1899- 1992 )
l’analyse propre à l’étude de la vie industrielle en
même temps qu’il rappelait la nécessité de prendre en
compte les caractéristiques historiques, sociales et
institutionnelles de l’environnement des systèmes
industriels;
 C’est à partir de cette date que l’on peut suivre
l’évolution de la discipline à travers la succession de
trois courants théoriques dont les débats ont
grandement contribué aussi bien à la configuration qu’à
l’enrichissement de cette discipline ayant récemment
intégré la science économique;
économie induSTrielle :
leS couranTS qui S’affronTenT
L’école de Harvard;
TroiS
couranTS L’école de Chicago;
principaux:
La nouvelle économie
industrielle.
économie induSTrielle :
leS couranTS qui S’affronTenT
 Caractérisée par la domination des approches empiriques
jusqu’à la fin des années 1960 ;
 Ce courant, de tendance libérale, cherchait à déterminer, à
partir de certaines caractéristiques des entreprises (telles que

L’École leurs tailles par exemple) s’il était possible de dégager des
inférences sur le caractère illégal de leurs comportements.;

de
 Adopte une démarche d’analyse empirique qui, à partir de
l’observation du fonctionnement favorable ou défavorable
du marché, se propose de construire des études de cas

Harvard :
(Informal stories);
 Dans leur démarche, le profit constitue une variable
centrale, un indicateur permettant d’apprécier autant le bien-
être des agents (entreprises et consommateurs) que celui du
marché;
économie induSTrielle :
leS couranTS qui S’affronTenT

L’École Joe Bain (1912-1991) Edward Mason (1899-1992)

de
Harvard :
principaux
repréSenTanTS
économie induSTrielle :
leS couranTS qui S’affronTenT
E. MASON
Enchainement de l’analyse :
Structure – Comportements - Performances;
Il revient essentiellement à Edward Mason
L’École de d’avoir systématisé cette démarche
H arvard: méthodologique connue sous la
dénomination : le triptyque SCP ;
Hypothèse de base : les comportements des
firmes et leurs performances sont largement
démarche déterminés par la structure du marché;
méThodologique
économie induSTrielle :
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J. BAIN Approfondissements de Joe Bain :
LES CONDITIONS
DE BASE STRUCTURES COMPORTEMENTS PERFORMANCES

OFFRE : DEMANDE : -Nombre -Stratégies de prix -Efficacité de la


-Taux de d’offreurs et de production
-Matières croissance de la demandeurs -Stratégiesde
premières demande -Efficacité de
différenciation
-Barrières à l’allocation des
-Durée de vie -Elasticités prix et l’entrée -Stratégies d’innovation ressources
des produits revenu et investissement en
-Structure des R&D -Evolution des parts
-Technologie -Caractéristiques coûts de marché des firmes
de production cycliques -Investissement en
L’École de
-Segmentation du marketing -Taux de profit et de
Harvard : -Règles -Possibilités de marché marge
juridiques substitution -Investissement en
démarche -Relations -Dépôts de brevets
capacité de production
méThodologique -Conditions de verticales
commercialisation -Evolution de l’emploi
économie induSTrielle :
leS couranTS qui S’affronTenT
Cette approche que l’on peut qualifier de structuraliste
a caractérisé l’économie industrielle américaine depuis
la genèse de la discipline….
L’École de
Harvard :
Structures Comportements Performances
Démarche
méthodologique

….jusqu’à la remise en cause de ses fondements par les


économistes se réclamant de l’Ecole de Chicago à
partir du début des années 1970.
économie induSTrielle :
leS couranTS qui S’affronTenT
 L'École de Chicago est une école de pensée
économique appartenant à la vision libérale de
l'économie;
 Elle est associée à la théorie néoclassique des prix, au
L’École de libre marché et au monétarisme ainsi qu'à une opposition
traditionnelle au keynésianisme;

Chicago :  Son nom vient du département d'économie de


l'Université de Chicago dont la majorité des professeurs et
élèves se rattachent à cette école de pensée (Milton
Friedman, Georges Stigler, Richard Posner, Ronald Coase,
Robert Lucas, ..);
 Courant composé des détracteurs de l’approche S-C-P
qui lui ont adressé des critiques virulentes, à leur tête les
économistes Milton Friedman et Georges Stigler;
l’école de chicago
Milton  « Prix Nobel » d’économie en 1976 pour ses travaux sur l'analyse de la
FRIEDMAN consommation, l'histoire monétaire et la démonstration de la complexité
des politiques de stabilisation;
 En 1953, il s’attaque à la démarche méthodologique des économistes de
l’Ecole de Harvard en se proclamant partisan d’une nouvelle
méthodologie dont l’essence est d’évaluer la scientificité des théories à
partir de leurs prédictions et non du réalisme de leurs hypothèses;
 Il attaque la notion de concurrence monopolistique de Chamberlin qu’il
(1912-2006) juge sans intérêt puisqu’elle est, selon lui, incapable d'analyser nombre de
problèmes importants;
 Friedman : « la théorie de la concurrence monopolistique est à mi-
chemin entre la théorie de la firme et de celle de l'équilibre général, elle
ne permet d'embrasser ni l'une ni l'autre »;
l’école de chicago
George Joseph STIGLER  « Prix Nobel » d'économie en 1982 « pour ses
études fondatrices des structures industrielles, du
fonctionnement des marchés, et des causes et effets
de la régulation publique;
 Il reçoit son PhD à l'université de Chicago en 1938,
sous la direction de Frank Knight, théoricien du
risque et de l'incertitude et l'un des fondateurs de
l’Ecole de Chicago;
 Stigler est connu pour avoir développé une théorie
(1911-1991) économique de la réglementation, également
connue sous le terme de théorie de la capture ou
économie positive de la réglementation;
l’école de chicago
George Joseph STIGLER  Cette théorie décrit comment des groupes
d'intérêts et des acteurs politiques, vont
utiliser les moyens de réglementation et le
pouvoir coercitif des États pour orienter les
lois et les règles dans des directions qui les
favorisent;
 Le problème est donc le suivant : l'autorité
réglementaire étant soumise à l'influence des
(1911-1991) groupes de pression, elle n'est plus garante
de l'intérêt général;
l’école de chicago
George J. STIGLER  Pour Stigler, la réglementation doit s'analyser comme la production d'un
service de redistribution politique, offert par les décideurs politiques et les
fonctionnaires, et demandé par les entrepreneurs et associations
d'entreprises;
 Les acteurs étant rationnels, les offreurs maximisent leur chance de
réélection, ou essaient d'obtenir par la suite des postes dans les industries
qu'ils ont sous leur tutelle;
 Quant aux demandeurs de service, ils recherchent les privilèges de
monopole que la réglementation engendre nécessairement, notamment vis-
à-vis de leurs concurrents étrangers.
(1911-1991)
 Pour limiter l'action des groupes de pression (lobbies ou associations), les
partisans de l'économie positive de la réglementation proposent de
soustraire à l'État son statut de régulateur des activités productives.
leS criTiqueS adreSSéeS à l’école de
harvard
l’Ecole de Chicago reproche à l’école de Harvard :
 La linéarité de l’approche SCP;
 Le fait d’ignorer les effets de rétroaction (feedback effect) notamment entre les
comportements et la structure ou encore entre les performances et cette dernière;
 Contrairement à Mason pour qui les comportements se réduisent à un simple filtre
entre les structures et les performances, les comportementalistes soulignent dans leur
analyse le caractère central des comportements dans la réorientation, par effet de
feed-back, des structures des marchés;
 Cependant, le point central qui oppose les deux écoles reste lié à la tendance
favorable de l’Ecole de Harvard à la régulation publique sans laquelle la concurrence
au sein des marchés serait sacrifiée, ce qui consoliderait le pouvoir de marché des
grandes firmes et faciliterait leur position monopolistique au détriment des
consommateurs.
leS criTiqueS adreSSéeS à l’école de
harvard
 L’Ecole de Chicago rejette en bloc les recommandations de ses adversaires
de Harvard quant à leur position très favorable à la régulation publique des
marchés pour la sauvegarde de la concurrence;
 L’Ecole de Chicago rappelle que l'action du régulateur public prend toujours
du retard en raison du temps nécessaire pour prendre la mesure de la
situation et du temps nécessaire pour que les mesures aient des effets;
 En outre, le régulateur public, contrairement à ce que croient les partisans de
l’intervention publique, n’a en général aucune connaissance approfondie des
marchés et ses interventions sont généralement biaisées;
 L'action gouvernementale serait donc in fine néfaste, affaiblissant la
concurrence alors qu'elle est déjà à l’œuvre ou, dans le cas inverse, favorisant
la concentration dans des marchés où la concurrence devrait être promue.
leS criTiqueS adreSSéeS à l’école de
harvard
 Si l’on admet que l’un des objectifs de l’éco industrielle est de déterminer la
structure de marché la plus efficace, l’Ecole de Chicago souligne alors la
grande difficulté inhérente à l’évaluation des performances puisque l’analyste
se trouve devant un grand nombre d’indicateurs, ce qui rend obligatoirement
toute tentative d’évaluation de l’efficacité d’une industrie risquée;
 Plus précisément, l’Ecole de Chicago oppose à ce sujet deux types
d’efficacité :
 l’efficacité statique qui se propose de mesurer le surplus social, c'est-à-dire
l’efficacité de l’allocation des ressources sur le plan social;
 l’efficacité dynamique qui se focalise plutôt sur l’efficacité de la création des
ressources.
leS criTiqueS adreSSéeS à l’école de
harvard
Conclusion : La création des ressources requiert en
général de la part des firmes une capacité particulière
d’innovation qui doit les accompagner dans la durée, ce
qui, selon les économistes de l’Ecole de Chicago passe
dans diverses situations par l’instauration de structures
monopolistiques et/ou de stratégies de collusion pour la
recherche de capacités d’investissement efficaces,
contrairement à ce que laisse entendre la thèse de leurs
adversaires de Harvard.
la nouvelle économie induSTrielle

 Appelée également l’économie industrielle  Objectif : Analyser les conflits


« post-Chicago »; stratégiques pouvant naître entre les
 Se développe à partir des années 1980 firmes (la théorie des jeux dynamiques
non-coopératifs);
comme une discipline s’inscrivant dans une
perspective du renouveau, à la fois  Introduit des effets de rétroaction entre
théorique et méthodologique, de la les comportements et les structures
problématique centrale de l’économie puisque les structures sont considérées
industrielle; comme une fonction des comportements
 Sa démarche se veut d’abord pragmatique et des performances, ce qui permet
reposant sur une approche empirique de d’envisager des influences mutuelles
modélisation en même temps qu’elle fait entre structures, comportements et
usage de la théorie des jeux et de la théorie performances.
de l’information;
la nouvelle économie induSTrielle :
2 approcheS complémenTaireS

L’approche de la Business School L’approche de la Régulation


Se focalise principalement sur l’analyse S’intéresse principalement à l’étude
de la construction des stratégies des
firmes : de la concurrence :
 prix;  Droit de la concurrence;
 positionnement des produits;  Régulation des monopoles publics
 Concentrations; ou privés;
 Prises de participation;  Régulation des secteurs organisés
 Effets sur la concurrence, sur en réseaux ouverts à la
l’industrie, sur les consommateurs; concurrence;
 Etc.
 Etc.
L’économie industrielle française se caractérise par quatre
la nouvelle économie caractéristiques essentielles :
induSTrielle  Sa volonté de se démarquer de l’Industrial Organization auquel
elle reproche de promouvoir une approche typiquement
microéconomique dont les contraintes se mesurent principalement
La NEI est portée par le déterminisme qu’elle véhicule notamment au niveau des
relations entre les firmes : le triptyque S-C-P est remodelé pour
essentiellement de nos autoriser les effets de rétroaction notamment entre les
comportements et les structures ;
jours par l’économie  Sa préférence pour l’analyse des stratégies des acteurs et leurs
industrielle française avec articulations au sein du système industriel (stratégie de groupes,
relations verticales, sous-traitance, etc.) ;
notamment les travaux  Son choix en faveur d’une approche dite globalisante puisqu’elle
de Jean Tirole et Jean- cherche à intégrer l’ensemble des dimensions de la réalité
industrielle (technologies, forces syndicales, règles juridiques, etc.) ;
Jacques Laffont, en  Son choix franchement favorable à une analyse méso-économique
des systèmes productifs puisque ni l’approche macro ni celle micro
collaboration avec les ne peuvent satisfaire selon la NEI les exigences méthodologiques
des études requises : la perspective méso-économique, se situant à
économistes américains un niveau intermédiaire, prend appui sur l’industrie ou un
ensemble d’industries qui permettent d’analyser, pour les
Eric Maskin, Oliver Hart appréhender, les comportements des firmes et, partant, le devenir
de la réalité industrielle.
et Drew Fudenberg;
L'Institut d'économie Eric Maskin Oliver Hart
industrielle de l’université de
(Prix Nobel 2007) (Prix Nobel 2016)
Toulouse
Jean Tirole (Prix Nobel 2014)

Drew Fudenberg
Jean-Jacques Laffont

Massachussets Istitute of Technology (MIT) à Cambridge.

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