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Economie industrielle CM

Economie industrielle (Université Jean-Moulin-Lyon-III)

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ECONOMIE INDUSTRIELLE

ECONOMIE INDUSTRIELLE

CHAPITRE 1 : LE DEVELOPPEMENT DE L’ECONOMIE


INDUSTRIELLE

L’économie industrielle se compose d’étudier les structures des


entreprises et des marchés et leur interaction. L’intérêt de cette
discipline est plus précisément de faire le lien entre les stratégies
des entreprises et l’évolution des structures de marché.
On va étudier la façon dont les entreprises se font concurrence
(compétition, comment je me positionne etc.) sur le marché. La
notion de concurrence est au cœur de l’économie industrielle.
En parallèle, l’économie industrielle va s’intéresser aussi à la
régulation des marchés parce que l’enjeu est sur l’efficacité
économique et sur le bien-être collectif.
L’économie industrielle va développer en levant l’hypothèse de la
concurrence pure et parfaite. Le démarrage de l’économie
industrielle sont les marchés imparfaits.
L’économie industrielle se veut empirique et pragmatique.
On va mettre l’accent sur la concurrence entre les firmes en
retenant des variables autre que le prix.

LE DOMAINE DE L’ECONOMIE INDUSTRIELLE

1) Définition et concepts fondamentaux


Quand on parle d’« industrielle » on parle de marché.
L’industrie correspond qu’à l’ensemble des entreprises qui
produisent des biens ou des services proches, plus ou moins
substituables, et qui se trouvent donc en concurrence sur le
marché.
L’économie industrielle a pour objet de fournir les outils qui
seront nécessaires d’une part aux entreprises (décideurs privés)
et d’autre part aux décideurs publics.

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 Le marché
La problématique de l’économie industrielle : définition et
délimitation de marché. Si on retient une définition étroite de
marché on dira « des biens appartiennent au même marché s’ils
sont parfaitement substituables ». Si le prix d’un augmente, le
consommateur se dirige vers l’autre produit moins cher. Des
biens substituables sont des biens homogènes.
Ce qui délimite le marché est bien la plus ou moins grande
substituabilité de biens, le degré de substituabilité de bien et
l’élasticité de la demande par rapport au prix.

En réalité on sait que les biens sont différents, même


légèrement, donc un marché correspond à un lieu où on échange
des biens substituables mais différentiables. Cela signifie que
bien le consommateur les considère comme différents, ils les
substituent si le prix d’un de ces biens augmente.

En pratique un marché est un ensemble de biens et de zones


géographiques qui exercèrent des contraintes concurrentielles
entre eux.

La concurrence parfaite est un modèle purement théorique mais


il est le modèle de référence parce que c’est la position optimale
pour tous.

 On lève l’hypothèse de l’atomicité et on se concentre sur


la concentration industrielle (fusions et acquisitions). Il y a
atomicité lorsqu’un agent du marché ne peut par sa seule
action exercer une influence sur les conditions du marché et
notamment le prix d’équilibre.
 On va rejeter l’hypothèse de libre entrée libre sortie et
on va travailler sur les barrières à l’entrée qui vont modifier
le comportement des entreprises.
 On va lever l’homogénéité et on va retenir la possibilité de
différentier le produit. Les produits se distinguent de plus en
plus les uns des autres, soit du fait de la publicité ou le
marque, soit du fait de la fabrication.

 L’entreprise
L’entreprise c’est l’acteur économique qui combine des facteurs
de production pour obtenir des biens ou des services. Dans un

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sens plus large l’entreprise devient une organisation, c’est-à-


dire un ensemble d’agents économiques qui sont reliés entre eux
par des contrats. Une entreprise est un concept juridique.
On va s’intéresser à la problématique de la gouvernance de
l’entreprise et plus particulièrement on va travailler sur la
relation entre les actionnaires et les gestionnaires des
entreprises. C’est l’INSEE qui classe les entreprises. Le tissu
industriel se décompose en branches, en filières et en
secteurs.

1. Le secteur d’activité regroupe toutes les entreprises qui


ont la même activité principale

Exemple : le secteur automobile français compte


principalement RENAULT et PSA

2. Une branche d’activité regroupe toutes les entreprises qui


fabriquent la même catégorie de produit. Une entreprise
n’appartient qu’à un seul secteur mais peut être classée
dans plusieurs branches suivant ses fabrications

Exemple : PSA = 3 branches : l’automobile, le petit


outillage, les cycles et motocycles.

3. Une filière est la chaine articulée d’activités


complémentaires qui part de la matière première et qui va
jusqu’au produit final, celui qui est mis à disposition du
client.

2) Développement de l’économie industrielle


L’économie industrielle s’est développée en opposition à la théorie
microéconomique dite « standard ». En effet, la théorie
néoclassique walrasienne du marché repose sur l’hypothèse de
concurrence pure et parfaite (CPP) qui permet d’obtenir d’une
part un équilibre simultané sur les trois marchés (marché des biens
et services, marché du travail et marché de la monnaie) et d’autre
part l’efficience allocative des marchés.
Mais la situation de concurrence pure et parfaite n’est pas une
caractéristique réelle des marchés mais une idéalisation. Les

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travaux en économie industrielle tentent de poser des hypothèses


capables de mieux traduire la réalité économique remettant en
cause cette vision réductrice.
Le père fondateur est Alfred Marshall, un néoclassique. Il est
l’économiste qui a étudié les transformations du système productif
suite à la révolution industrielle. Il est le premier qui s’intéresse à
l’organisation industrielle et nous va ramener les concepts de
rendement d’échelle et économie d’échelle.

Dans une approche chronologique on distingue trois vagues à ce


développement :
1) L’école de Harvard (1920-1960)
Ils n’ont que des intuitions. Ils vont travailler de façon
empirique (issue de ce qu’on observe sur le terrain). Ils vont
proposer le paradigme SCP : structure-comportement-
performance.
Ils pensent que la structure des marchés influence le
comportement des entreprises, ce qui détermine la
performance de ce marché.
La structure de marché est le nombre des firmes, la
concentration, les conditions technologiques, les conditions de
demande et la possibilité ou pas de s’installer sur le marché.
Le comportement représente les décisions stratégiques : la
première est le prix, mais aussi décisions d’investissement, la
publicité
La performance représente les profits, l’efficacité pour le
consommateur (le surplus) et plus globalement le bien-être
collectif.

2) L’école de Chicago (1960 – 1980)


Ils remettent en cause le paradigme SCP et ils vont dire : il y a
des interactions entre le comportement et la structure et plus
précisément ils considèrent que le comportement peut
influencer la structure de marché et que la performance peut
également influencer le comportement et la structure des
marchés.

3) La nouvelle économie industrielle (1980)


L’école post-Chicago. Ils vont donner des fondements à
l’économie industrielle en déterminant les outils. Ils vont
proposer une modernisation, c’est l’arrivée de la théorie des
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jeux qui leur permette de développer les outils. On va


introduire la modélisation. Comportement, structure et
performance s’influencent mutuellement.

LA CONCURRENCE ET LA POLITIQUE DE LA CONCURRENCE

Du côté de l’entreprise, travailler la concurrence c’est travailler la


position de marché de cette entreprise et déterminer si elle est
protégée ou pas et si elle a ou non pouvoir de marché.
Du côté de décideur publique la question qui se pose est celle de la
location efficace du marché, c’est-à-dire si le marché permet-il
l’efficacité économique et s’il est socialement acceptable. La
question est celle de la garantie de la concurrence sur le marché
et donc de la présence ou pas des autorités de régulation.

On considère que la concurrence est le meilleur état et on


questionne l’interventionnisme sur le marché.

1) Les différentes conceptions de la concurrence


La toute première idée de la concurrence c’est celle en
référence au système d’économie de marché. De façon
générale on oppose deux grands systèmes économiques :
l’économie de marché ou la planification. La concurrence
devient un mode d’organisation de l’économie de marché.
Puisque l’économies de marché fonctionne de façon
concurrentielle, il faut s’intéresser à la concurrence et la
préserver.
A l’intérieur de l’économie de marché il existe différentes
conceptions de la concurrence.

a. Conception structuraliste (néo-classiques ; post-néo-


classiques ; Harvard)
Les éléments qui constituent la structure d’un marché
permettent de qualifier la nature concurrentielle de ce
marché. Ces éléments sont : le nombre d’acteurs, les
caractéristiques du bien, les conditions d’entrées-
sorties, les techniques de production et les couts
associés.
La concurrence pure et parfaite est le modèle idéal qui
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maximise le bien-être collectif. Toute autre forme de


marché est inférieure à la concurrence pure et parfaite,
donc on lutte contre les imperfections de marché et la
concurrence imparfaite.

b. Conception de l’école de Chicago


La concurrence n’est pas une structure, elle est une
caractéristique de l’action des agents, elle est un
comportement. La problématique d’une politique de la
concurrence est entière puisque on ne peut plus définir
correctement ce qui est une concurrence.

c. Conception de la concurrence praticable


Les économistes tentent de dépasser l’approche
structuraliste en intégrant des réalités concrètes de
marché. On considère que la CPP ne sera jamais
atteinte car il existe des contraintes réelles de
marché. On peut identifier pour chaque marché la
meilleure structure possible. Il est possible d’identifier
concrètement des situations ou la concurrence ne joue
pas ou ne peut pas jouer. On connait des situations où
elle diminue (ententes, cartels). On est capable
d’identifier des situations ou la concurrence devient
déloyale. La politique de la concurrence visera donc à
contrôler les comportements, et les structures.

2) Les fondements et la mise en œuvre d’une politique de


la concurrence
Deux lois fondamentales :

a. Sherman Act 1890 : loi Anti-trust


C’est la lutte contre les ententes et la monopolisation des
activités
b. Clayton Act 1914

La politique de la concurrence peut avoir des objectifs


variables selon les époques.
Le premier objectif est celui de promouvoir la concurrence en
soi, parce qu’elle est le modèle idéal. La politique de la
concurrence vise à édicter des règles qui interdisent certaines
pratiques économiques.
Le deuxième objectif est de promouvoir l’efficacité
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économique et on passe à l’application des règles de raison.


La politique de la concurrence vise à analyser chaque cas, d’en
mesurer les effets économiques et de déterminer si elle est
efficace ou pas, donc si elle est illégale ou pas. Les
économistes vont défendre l’idée qu’il faut intervenir le moins
possible parce qu’ils vont montrer que les choix des
entreprises sont guidés par l’efficacité et que le marché peut
sélectionner les meilleures entreprises.

La politique de la concurrence dans l’union européenne est


une synthèse de ces deux objectifs : les autorités de la
concurrence vont contrôler les structures de marché, elles
vont intervenir ex-ante, elles vont contrôler les
comportements.

 Le contrôle des comportements : Contrôle des


accords et des ententes. Les ententes entre entreprises
sont illicites. Un autre comportement est l’abus de
position dominante.

 Le contrôle des structures : C’est un contrôle des


fusions et des acquisitions des entreprise. On va travailler
sur les effets économiques de fusions. Les autorités ont
une véritable méthode qui leur permet d’étudier chaque
cas de fusion avec des indicateurs qui leur permet de
conclure sur l’illégalité ou non d’une fusion. On voit aussi
les secteurs de libéralisation. L’analyse économique fera
référence aux monopoles naturels, les marchés
contestables et la concurrence potentielle.

CHAPITRE 2 : L’ENTREPRISE ET LES THEORIES DE LA FIRME

Le modèle standard de la théorie économique est le modèle


néoclassique, c’est-à-dire le modèle de la concurrence pure et
parfaite. Dans cette théorie dominante l’entreprise n’occupe qu’une
place marginale, en revanche elle est un acteur individuel, elle est
un individu économique supposé parfaitement rationnel mais il
n’est jamais question dans cette théorie standard de son
organisation interne.

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C’est une conception logique de la firme dans une théorie qui a


pour objectif l’étude de marché et des mécanismes de prix.

Cette théorie dominante va subsister jusqu’aux années 1970, il y a


des travaux sur l’entreprises mais ils sont mineurs e pas
suffisamment aboutis. Dans les années 1970 apparait une théorie
de la firme : une conception de l’entreprise qui étudie son
organisation interne.

L’APPROCHE TRADITIONNEL DE L’ENTREPRISE ET LE MODÈLE


ECONOMIQUE STANDARD

1. Le cadre d’analyse

Conception du libéralisme économique sur la liberté


d’installation dans le marché, sur des individus autonomes
capables de décider dont des individus rationnels. Le marché
coordonne toutes ses décisions autonomes et parfaitement
rationnelles, les marchés sont guidés par une main invisible.
Le cadre d’analyse est la concurrence pure et parfaite,
assurant l’optimum social et considéré comme la meilleure
structure de marché possible :

1. Le prix s’impose aux acteurs du marché. C’est un prix


d’équilibre qui égalise offre et demande
2. Le prix est égal au cout marginal
3. Au long terme, le prix est égal au cout moyen, ce qui rend
les profits nuls
4. Les rendements sont décroissants
5. La notion d’entreprise est liée à celle de technique/de
technologie, l’accès au marché se fait par la
technologie, qui détermine les couts de production.

La division du travail est source d’efficacité et qui augmente la


richesse des nations. La formalisation de cette conception
économique est réalisée par les néoclassiques : ce modèle
devient mathématisé, les individus sont parfaitement
informés, ils sont capables de procéder à un calcul de
maximisation sous contrainte, ils prennent donc toujours la
décision optimale et au niveau globale de l’économie, le bien-

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être est maximisé.

2. Le comportement de l’entreprise dans la théorie


standard
L’entreprise rationnelle cherche à maximiser son profit et sa
décision concerne la quantité et le prix. Il n’y a pas de pouvoir
de marché. Dans ce modèle il existe donc une firme
représentative de toutes les autres et cette firme est l’acteur
qui combine des facteurs de production pour obtenir
des biens (et elle n’est que ça). Dans cette théorie
l’entreprise n’est qu’une boite technique. L’entreprise est
définie par rapport à la technologie de production. C’est une
vision très réductive de l’entreprise.

Smith dit que l’être humaine est rationnel seulement dans les
décisions économiques. L’homme naturellement échange.
(Théorie des sentiments moraux, 1759).

LES NOUVELLES THEORIES DE LA FIRME

Une nouvelle approche de l’entreprise va émerger dans les années


1970 grâce à la redécouvert d’un article publié en 1937 de Ronald
Coase. Selon cette nouvelle approche la firme devient un système
de relations contractuelles entre des agents.
L’ensemble des organisations est conçu comme le résultat
d’accords entre individus.
Deux éléments nécessaires à cette analyse :

 Certains agents sont plus informés que d’autres et ils


peuvent entre tentés d’en tirer profit.

 Les individus n’ont qu’une rationalité limitée, ils ne sont


pas capables de procéder à un calcul économique
d’optimisation. Il est donc impossible de pouvoir tout calculer
même si on est rationnel. (Différence majeure avec la théorie
standard)

1. « La nature de la firme » - Coase 1937

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Prix Nobel en 1992.


Il soulève la question de la nature de la firme, c’est-à-dire qu’il
souhaite donner une définition à la firme (qu’est-ce une firme) et il
pose la question de l’existence de la firme (pourquoi les firmes
existent elles).

Selon lui la firme est un mode de coordination alternatif au


marché. Cela signifie que dans l’économie coexistent deux
modes de coordination : le marché et la firme.
 Le marché assure la coordination par un mécanisme de prix.
Sur le marché se passent des contrats commerciaux entre des
agents.

 La firme assure la coordination par des contrats de travail


(non plus des contrats commerciaux).
Coase nous dit : si le mécanisme de marché fonctionnait
correctement alors dans l’économie il n’y aura d’autre place pour
un autre mode de coordination et tous passerait par le marché.
La seule raison qui explique l’existence de la firme c’est l’apparition
des couts supplémentaires sur le marché. Lorsque les agents
économiques échangent sur le marché, il y apparait des couts liés à
ces échanges (couts de négociations, recherche de partenaire
commercial, couts d’information, etc.) Dans l’analyse traditionnelle
ces couts ne sont pas pris en compte.
Dans une firme en tant qu’organisation, ce sont des contrats de
travail qui sont signés. Un contrat de travail est un contrat
incomplet : généralement l’entreprise ne détermine à l’avance de
manière exhaustive tous ce que doit faire l’employé.
Dans un environnement qui peut évoluer il est difficile de
comprendre la réponse plus efficace. Le contrat est incomplet
(asymétrie d’information) mais il doit être suffisamment flexible.
Pour compléter le contrat qui est incomplet il y a l’autorité, le chef
d’entreprise qui vous impose ce que vous avez à faire. Ce qui
caractérise une firme est l’organisation hiérarchique, il existe
une relation d’autorité entre chef et employé.

Sur le marché la coordination se fait par une relation en termes de


prix, au sein de la firme la coordination passe par une relation
hiérarchique.

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Pour répondre à la question de la coexistence de ces deux modes


de coordination, Coase explique qu’il y a des couts à recourir à la
firme. Ce sont des couts d’organisation interne. Lorsque la relation
passe par la firme, ce sont des contrats de travail qui sont conclus
et cela signifie que l’entreprise intègre les activités et on va
parler d’internalisation.
Choix entre faire et faire faire.

Le problème que soulève Coase est que l’activité de management


se fait à rendement décroissant. Plus une entreprise augmente
sa taille et intègre des activités, plus il le coute de gérer les
ressources humaines. Il y a un désavantage lié à la firme qui
renvoie aux problématiques hiérarchiques dans des grandes firmes.
Il faut des connaissances de plus en plus importantes pour gérer
ses relations hiérarchiques.

Comparaison de ces deux modes de coordination : si le cout à


recourir au marché est supérieur au cout de l’organisation
interne de la firme, il vaut mieux passer par la firme. Si le
cout à recourir au marché est inférieur au cout de
l’organisation interne de la firme, il vaut mieux passer par
le marché.
Une firme a intérêt à intégrer les activités jusqu’à ce que la dernière
activité lui coute aussi chère que de recourir au marché.

On retient deux remarques majeures :


 La définition de la firme est limitée à une relation d’autorité
 Coase n’explique pas d’où vient le cout de transaction

2. La théorie des couts de transaction


On doit cette théorie à Williamson, apparait dans un article en
1971. L’objectif de Williamson est de donner une véritable définition
aux couts de transaction et donc de bâtir une vraie théorie de la
firme. Son approche consiste à passer d’une vision hiérarchique de
l’entreprise à une firme qui est un système de relations
contractuelles spécifiques entre des agents. Au cœur de
l’analyse il met la transaction. Il va expliquer que dans certains cas,

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selon le type de transaction, l’intégration d’activité sera efficace.


Il va répondre aux deux questions majeures que pose Coase :
1. Pourquoi certaines activités sont réunies dans la firme, plutôt
que d’être coordonnées par le marché ; qu’est-ce qui explique
le choix, et les limites de l’internalisation ?
2. Qu’est-ce qui caractérise fondamentalement la firme,
autrement dit, qu’est-ce qui différencie la coordination dans la
firme, et la coordination par le marché ?

On soulève deux hypothèses comportementales qui se


veulent réalistes :

 La rationalité limitée des agents


Les agents économiques ne sont pas parfaitement rationnel :
ils sont limités dans leur capacité cognitive. On ne peut pas
tout calculer et connaitre toutes les conséquences de nos
actes parce qu’on n’a pas les capacités. On n’a pas les
capacité neurologiques et nos capacités de langages sont
limitées. Les capacités de stockage et de traitement de
l’information de l’individu sont aussi limitées. L’individu ne
peut pas avoir la réponse optimale à toutes ces décisions et il
n’y a pas la réponse optimale ou efficace dans les contrats.
Donc la rationalité devient procédurale (limitée). Ce qui est
important c’est le processus de décision, que ce soit rationnel
dans la procédure.

Cette rationalité limitée est liée à l’incertitude. Tout cela


n’aurait aucune importance dans un environnement certain.
Les individus sont incapables de signer des contrats complets.
Toutes les éventualités ne peuvent pas être anticipées, on
peut se tromper. En plus, les agents économiques n’ont pas le
langage pour exprimer explicitement ce qu’on veut.

 L’opportunisme des agents économiques


Parfois l’individu cherche à faire évoluer les choses en sa
faveur au détriment des autres, donc les individus peuvent
être tentés de ne pas respecter le contrat. Le comportement
opportuniste peut être aussi de la rétention d’information mais
lorsque les contrats sont conclus entre des parties
autonomes et facilement remplaçables, l’opportunisme ne
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joue pas.
Par contre, à partir du moment dans le contrat il y a une
relation de dépendance et l’identité des contracteurs
est importante, alors l’opportunisme va commencer à jouer.
Il faut que les contrats soient des engagements crédibles. Les
contrats doivent reposer sur la crédibilité. Cela signifie que les
parties au contrat s’engagement à respecter les termes du
contrat. Il faut des relations de confiance.
Si le niveau d’incertitude autour de la transaction est faible, il y
aura peu de risque des difficultés contractuels, même si notre
rationalité est limitée-
Si la rationalité est limitée, il y a incertitude et opportunisme des
agents il y a peu de difficultés contractuelles si les agents
économiques sont dans une relation de indépendance : si la
réalisation de la transaction ne nécessite pas d’actif spécifique.
Si toutes ces caractéristiques sont réunies, il y aura des difficultés
contractuelles et c’est là que Williamson que propose une théorie
qui permet donc de distinguer les transactions qui peuvent être
organisés par les marchés et celles qui vont nécessiter une
intégration.
Rationalité limitée et opportunisme augmentent les couts de
transaction, en particulier de conception des contrats et de
contrôle.
L’élément qui permet de distinguer est la recherche d’économie
des couts de transaction.

Les agents économiques dans la réalité arrivent plus ou moins à


anticiper les problèmes auxquels ils doivent faire face et surtout la
rationalité limitée suppose qu’ils peuvent apprendre à le faire.
Lorsque les agents décident de contractualiser ils ont parfaitement
conscience de l’opportunisme et qu’il est parfois nécessaire d’avoir
des actifs spécifiques pour la transaction. Lorsqu’un agent prend sa
décision, elle s’explique comme la recherche d’une économie des
couts de transaction.

Williamson cherche à définir ce que sont les couts de transaction. Ils


sont couts de contrats qui se décomposent en couts de
négociation et de mise au point du contrat (ex ante) et en cout de
pilotage et du control du contrat (couts du suivi ex post).
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Le choix de la firme comme mode d’organisation s’explique par la


volonté de se protéger de comportements opportunistes.
Williamson va plus loin puisqu’il définit les caractéristiques qui sont
à la source de ces couts de transaction. Trois caractéristiques :
 Spécificité des actifs renvoie à la relation de dépendance
entre les agents qui existe lorsque la réalisation de la
transaction nécessite des actifs spécifiques, durables. Un actif
spécifique, durable est un actif que l’on ne peut pas redéployer
sans cout. (Cout irrécupérable).
La spécificité des actifs peut prendre 4 formes :

 La localisation (Je m’installe à coté de mon fournisseur)


 La caractéristique physique (machine difficilement
utilisable pour faire autre chose)
 La taille du marché (machine pas utilisable pour un autre
marché)
 Nécessité de connaissances spécialisés

L’idée de dépendance entre les acteurs favorise les


comportements opportunistes.

 Niveau d’incertitude qui entoure la transaction. Williamson


considère que certains événements exogènes (extérieurs)
n’auront pas de conséquence importante sur la transaction
dès lors il n’est pas nécessaire d’adapter le contrat. Il couterait
certainement plus cher de l’adapter que de ne pas le faire.
D’autres événements exogènes auront des conséquences très
importants sur la transaction et vont demander une adaptation
des contrats.

 Fréquence de la transaction
Plus la transaction se répète, plus on répète les possibilités de
comportement opportuniste et plus il devient rationnel
d’intégrer l’activité.
En conclusion, le critère de choix devient bien la recherche
d’économie de cout de transaction. A chaque transaction
correspond un arrangement qui économise les couts de transaction.

Compte tenu de ces caractéristiques des comportements et des


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transactions, il s'agit pour Williamson de trouver la forme


organisationnelle la plus adaptée, au sens où elle limite les coûts de
transaction. Ainsi pour Williamson, la firme est un système
contractuel particulier, un « arrangement institutionnel» caractérisé
par un principe hiérarchique qui permet à la direction de
l'entreprise de prendre les décisions en cas d'événements non
prévus par les contrats, et qui permet de limiter les risques liés à
l'opportunisme.

3. La théorie de l’agence
La théorie de l’agence repose sur le concept de relation
d’agence : il y a relation d’agence dès lors qu’une personne
engage par contrat une autre personne pour remplir en son nom
une mission qui nécessite une délégation de pouvoir. Celui qui
délègue le pouvoir est appelé le principal, celui à qui la mission est
confiée est l’agent. Le principal délègue à l’agent un pouvoir de
décision, une autorité.

Cette théorie est différente de la théorie des couts de transaction


car elle se situe dans le prolongement de la théorie standard et
notamment elle réintroduit l’hypothèse de rationalité parfaite
des agents. Ce veut dire que l’individu est capable de prendre la
décision optimale en toutes les circonstances. La coordination de
toutes ces décisions optimales individuelles amène à l’optimum
social. (Optimum de premier rang)
La théorie de l’agence s’appuie sur la théorie des droits de
propriété et donc sur la propriété privée. La théorie des droits de
propriété cherche à montrer comment ces droits agissent sur les
comportements individuels et plus largement comment ils agissent
sur l’efficacité du système économique global. Les agents sont
rationnels et accumulateurs (on accumule des actifs et du
patrimoine). Détenir un actif donne des droits : le droit d’utiliser
cet actif, le droit de louer cet actif et le droit de vendre cet actif.
Toute diminution de la propriété privée entraine une diminution de
la valeur de l’actif pour son propriétaire et, selon la théorie de
l’agence, l’entreprise est une structure particulière de droit de
propriété.

La relation d’agence a deux caractéristiques essentielles :


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1. Elle est une relation de délégation


2. Elle suppose une asymétrie d’information 
La délégation de pouvoir est associée à une information imparfaite.
Le principal (qui délègue) ne possède qu’une information limitée sur
les caractéristiques de l’agent et il ne peut observer le
comportement de l’agent que de façon imparfaite. L’agent devrait
exercer la mission en nom du principal. Le principal ne peut pas
connaitre parfaitement le niveau d’effort que va faire l’agent pour
remplir sa mission.
La relation d’agence met en relation deux catégories d’acteurs
dont les intérêts divergent. Le principal va chercher à inciter
l’agent à remplir au mieux sa mission et va l’inciter à maximiser son
propre bien-être du principal. Il faut trouver un contrat incitatif
(théorie des incitations). Il faut inciter l’agent à ne plus chercher
son bien-être à lui, mais à chercher le bien-être du principal. Il faut
déterminer le contrat incitatif optimal. Une relation d’agence est à
l’origine de trois types de couts d’agence :
1. Dépenses de contrôle et d’incitation engagées par le
principal.
Dans une entreprise l’incitation est la rémunération et le
système d’intéressement. Ce sont des couts engagés par le
principal pour orienter le comportement de l’agent.
2. Couts d’obligation 
Les dépenses que l’agent peut engager pour garantir que le
principal ne soit pas lésé ou pour garantir qu’il soit
dédommagé.
3. Perte résiduelle
L’écart entre le résultat des décisions de l’agent effectivement
prises et ce qu’aurait été ce résultat si l’agent avait
effectivement maximisé le bien-être du principal.
La théorie de l’agence permet de comprendre les structures de
gouvernance des sociétés par actions, c’est-à-dire les relations
entre les actionnaires et les dirigeants de la société. Cette relation
s’explique parce que les actionnaires n’ont pas toujours la
compétence pour gérer une entreprise, donc ils financent mais ils
donnent une délégation de gestion à un dirigeant. L’actionnaire de
son côté veut maximiser le profit pour maximiser les dividendes et
avoir les dividendes les plus élevées en fin d’année. De son côté, le
directeur général de la société va chercher à gérer l’entreprise et à
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maximiser son salaire d’où l’intéressement. Il apparait un conflit


d’intérêt qui peut être levée avec un système de rémunération des
dirigeants de société adapté.

Selon cette théorie l’entreprise devient un nœud de contrats qui


sont conclus entre ceux qui détiennent les facteurs de production et
ceux qui utilisent ces facteurs de production. Chaque relation
contractuelle qui constitue l’entreprise est une relation d’agence.
Les contrats optimaux sont ceux qui minimisent les couts
d’agence.
Trois conclusions fondamentales :
1. La firme n’a plus d’existence véritable, elle n’existe pas
en tant qu’organisation. Il suffit de comprendre les relations
contractuelles
2. Chaque facteur de production est la propriété de quelqu’un
dans une entreprise. La question de la propriété de la firme est
sans aucun objet. Il n’y a pas un propriétaire de la firme, il y a
des facteurs de production détenus par les
propriétaires qui décident de les mettre à disposition.
3. Il n’y a pas de différence entre la firme et le marché. La
firme est un ensemble de contrats conclus librement entre des
individus. Il n’y a pas d’autorité.

CHAPITRE 3 : LA CONCURRENCE ET LES BARRIÈRES À


L’ENTRÉE

Le point de départ de l’analyse de la concurrence c’est l’hypothèse


de libre entrée libre sortie de la théorie standard. Il s’agit
d’étudier l’influence de la libre entrée libre sortie sur le
comportement des entreprises et donc sur la nature concurrentielle
du marché. Lorsqu’il y a libre entrée libre sortie les firmes installées
sont soumises à une concurrence potentielle, c’est-à-dire la
concurrence exercée par les entreprises postulantes, celles qui
désirent s’installer. Cela signifie qu’il y a deux types de
concurrences :
1. Concurrence sur le marché (entre les entreprises installées)
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ECONOMIE INDUSTRIELLE

2. Concurrence pour le marché (concurrence pour accéder au


marché)
Les barrières à l’entrée constituent donc l’ensemble des éléments
qui permettent aux entreprises installées d’être protégées des
concurrents potentiels.
Sur un marché l’entrée peut être :
 Bloquée, il y a des barrières structurelles très élevées qui
empêchent les firmes postulantes de s’installer. Du coté des
firmes installées, elles n’ont pas à se soucier, à empêcher
l’entrée parce qu’elle est bloquée.
 Facilitée, l’entrée est possible sur un marché. Lorsque
l’entrée est possible, il y a deux comportements :
1. Puisque l’entrée est possible, les barrières sont faibles
mais il est peu pertinent que les firmes installées
cherchent à empêcher cette entrée. Cela signifie que les
stratégies que les firmes installées doivent prendre pour
les empêcher d’entrer et pour les décourager d’entrer ne
sont pas efficientes et sont trop couteuse par rapport au
bénéfice qu’on en tirerait. Dans ce cas les firmes
installées s’accommodent de l’entrée des firmes
postulantes. L’entrée est accommodée.
2. Les firmes installées souhaitent décourager et empêcher
les firmes postulantes d’entrer. Cela signifie qu’il est
possible de mettre en place des stratégies profitables
pour décourager les firmes postulantes d’entrer.
Distinction fondamentale entre la firme installée et firme
postulante : il y a une asymétrie de couts entre les deux.
 Firme installée
Elles sont déjà réalisée, on commence à réaliser des
économies d’échelle. Elles ont déjà noué des relations
spécifiques client-fournisseur, elles sont bien installées et
reconnues. Elles ont déjà des clients captifs (clients obligés à
acheter chez vous)
Les couts de transfert est une stratégie des firmes pour limiter la
concurrence.

LES BARRIÈRES À L’ENTRÉE

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ECONOMIE INDUSTRIELLE

Le concept de barrière à l’entrée est introduit en 1956 par Bain. La


notion de barrière à l’entrée n’est pas toujours facile à définir et
leur définition est souvent très flou.
Bain considère que les barrières à l’entrée sont tous les avantages
que possèdent les entreprises installées sur les entrants potentiels.
Plus précisément, ce sont les avantages qui permettent aux
firmes installées de pratiquer un prix qui permet un profit
positif sans inciter de nouvelles firmes à s’installer. Il ne
serait pas profitable pour des firmes postulantes de surmonter ces
obstacles et de s’installer.
On distingue trois types de barrières à l’entrée :
1. Barrières légales ou règlementaires
2. Barrières naturelles
3. Barrières stratégiques

1. Barrières légales ou règlementaires


Ce sont les barrières les plus visibles mais les plus contestées.
Elles concernent d’une part l’accès à une profession, à
l’exercice du métier (licences, autorisations, diplômes
particuliers). Elles peuvent concerner aussi des règlements
techniques, c’est-à-dire des normes sur un produit (brevets
etc.)

2. Barrières naturelles ou structurelles


Elles sont liées à la nature du produit ou au mode de
production du bien.
Il s’agit de barrières non délibérées.

La première barrière naturelle est l’avantage absolu en


matière de cout de production : les entreprises produisent
dans des conditions plus avantageuses que les concurrents
potentiels.
Exemple : On utilise une technique inconnue des autres, les
firmes installées peuvent s’approvisionner à des couts plus bas
que les firmes postulantes, les firmes installées peuvent se
financer à des taux d’intérêts plus bas etc.

La deuxième barrière naturelle sont les économies d’échelle


Elles sont considérées comme des barrières à l’entrée lorsque
pour produire de manière efficace la firme postulante est
obligée de produire à une échelle très importante. Produire à
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ECONOMIE INDUSTRIELLE

une échelle plus faible lui ferait supporter des couts supérieurs
à la firme installée. Il y a barrières à l’entrée car les firmes
postulantes ne sont pas assurées d’avoir une part de marché
suffisante pour exploiter ces économies d’échelle. Elles ne
peuvent pas écouler la marchandise à un prix compétitive.
Cela signifie que sur ces marchés existe une taille minimale
d’efficience. On ne peut pas produire moins.
Si une firme postulante entre avec la taille minimale, les firmes
installées vont réagir à la baisse des profits.
Si la firme postulante entre mais elle a une taille inférieure à la
taille minimale d’efficience, elle est désavantagée et elle ne
tiendra pas sa position sur le marché.

La troisième barrière naturelle est la différenciation du


produit et plus exactement les barrières à l’entrée sont
constituées de toutes les dépenses nécessaires à la promotion
du bien et à la promotion de l’entreprise (publicité, marketing
etc.). Les dépenses publicitaires et de promotion permettent
de diminuer la possibilité de substituer le bien, donc elles
limitent l’entrée sur le marché. Les nouveaux entrants doivent
surmonter le handicap que répresente la fidélisation des
consommateurs à certaines marques.

3. Les barrières stratégiques


Elles représentent une réaction des entreprises installée à la
menace d’entrée des concurrents potentiels.
Les entreprises installées vont chercher à dissuader les firmes
postulantes de s’installer, l’objectif étant de maintenir leur
pouvoir de marché. Les firmes installées vont donc chercher à
rendre non-profitable l’entrée des firmes postulantes. Elles
peuvent le faire puisqu’il y a une asymétrie des couts.
(Dans certains cas les firmes installées laisseront entrer les
concurrents).
Toutes les stratégies qui vont entrainer l’augmentation des
couts d’entrée d’une firme postulante seront menées par les
firmes installées.
Ces stratégies peuvent concerner des dépenses de publicité,
des dépenses en recherche et développement, toutes les
dépenses visant à se faire une réputation d’agressivité, le
contrôle des fournisseurs et de l’approvisionnement en biens
intermédiaires et matières premières, le circuit de
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commercialisation etc.

CONCURRENCE POTENTIELLE ET COMPORTEMENT STRATÉGIQUE DES


ENTREPRISES

1. Concurrence potentielle

Les entreprises installées sont en situation de concurrence


effective sur le marché. Par opposition, les firmes postulantes
sont en situation de concurrence potentielle. On s’intéresse
aux relations qui existent entre firmes installées et firmes
postulantes dans un environnement concurrentiel qui n’est pas
encore effectif. Ce veut dire que l’existence de concurrents
potentiels va modifier la stratégie des firmes installées.
Lorsqu’il y a libre entrée dans un marché, lorsque l’entrée sur
un marché est possible, les concurrents potentiels peuvent
s’installer sur ce marché et leur décision dépend des profits
possibles, de la profitabilité de l’entrée.
Si les profits économiques (qui intègrent les couts
d’opportunité) sont positifs (prix supérieur au cout moyen) les
firmes postulants s’installent effectivement.
Quand des nouvelles entreprises s’installent sur le marché
l’offre total augmente, les nouveaux entrants vont récupérer
des parts de marché, les firmes installées vendent de moins et
moins cher, donc ça dégrade les profits parce que les
entreprises se partagent la même demande.
Les concurrents potentiels, ceux qui sont encore au dehors du
marché, continuent à observer le marché, ils observent que les
profits diminuent mais tant que le profits sont positifs ils
sont incités à s’installer, il y a une incitation à entrer. Le
processus s’arrête lorsque les profits sont nuls : il n’y a plus
aucune incitation à entrer dans le marché.

L’existence d’une concurrence potentielle et des nouveaux


entrants provoque la baisse des profits des firmes installées,
donc les firmes existantes peuvent avoir à empêcher les
nouvelles firmes d’entrer. Pour les empêcher d’entrer elles
vont retenir le critère de décision des firmes postulants (le
profit), donc les firmes installées peuvent avoir intérêt à
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ECONOMIE INDUSTRIELLE

volontairement diminuer leur profit pour que l’entrée soit


moins profitable et pour les empêcher d’entrer.
Les firmes installées vont chercher à modifier les anticipations
des firmes postulants pour les dissuader d’entrer et l’outil de
dissuasion est la menace.

Ce modèle de dissuasion avec pour outil la menace s’explique


en deux temps : dans un premier temps la firme installée
profère une menace et dans un deuxième temps la mise à
exécution de la menace dépend de la réaction du concurrent
potentiel à cette menace.

Une menace doit être efficace, c’est-à-dire qu’elle doit avoir


concrètement des effets négatifs sur le postulant et elle doit
être crédible, la firme postulante doit être persuadée que
cette menace sera mise à exécution au moment où elle entre.
La réalité c’est que mettre à exécution une menace est très
couteux pour une entreprise et les firmes installées préfèrent
ne pas les mettre à exécution. La seule façon pour une firme
installée de ne pas mettre à exécution une menace c’est
d’avoir une réputation d’agressivité solide.
Du côté de la firme postulante, entrer ou ne pas entrer sur un
marché va dépendre de ce qu’elle pense être la réaction de la
firme installée. La firme postulante va penser « si j’entre,
qu’est-ce qu’elle fait ? »

Globalement la stratégie des firmes installées vise à instaurer


des barrières à l’entrée. Cette stratégie des barrières à
l’entrée n’est rentable que si deux conditions sont remplies :

i. L’entreprise installées réalise des profits plus élevés


lorsqu’elle est seule sur le marché (monopole ou
oligopole) plutôt que s’il y a de nouveaux entrants.
(Condition évidente)
ii. Il faut que la stratégie modifie la profitabilité d’un nouvel
entrant s’il entre effectivement

L’existence d’une concurrence potentielle suffit à ce que des


firmes en place modifient leur comportement et leur stratégie.
Ce qui fait la nature concurrentielle d’un marché ce n’est pas

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le nombre d’entreprises mais la possibilité d’entrer ou pas.


La « libre entrée » devient l’élément plus important.

2. Les stratégies de prédation (ou prix prédateurs)

Une stratégie de prédation consiste à fixer un prix bas pour


éliminer le concurrent installé sur le marché et empêcher les
entrants potentiels de s’y installer. Ce prix bas est appelé un
prix prédateur. La stratégie consiste également à compenser
les pertes réalisées avec ce prix bas par des gains futurs liés
à une concurrence limitée et donc à des prix futurs plus
élevés.
Un prix prédateur est un prix qui est contraire à l’exercice de
la concurrence, donc ce sont des pratiques qui sont surveillées
et sanctionnées par les autorités de la concurrence.

Les stratégies de prédation sont à l’origine d’un paradoxe au


niveau théorique. En effet la théorie économique va expliquer
qu’être prédateur pour une entreprise est un comportement
irrationnel, pourtant dans la réalité économique les
entreprises le sont, elles sont prédatrices. La théorie
économique avance l’idée que la décision concernant le prix
peut relever de l’irrationalité. En réalité plusieurs éléments
vont déterminer le succès ou l’échec d’une stratégie de prix et
ces éléments vont amener à comprendre que la prédation
devient rationnelle.
Deux éléments sont à prendre en compte : l’incertitude et
l’asymétrie d’information, qui concerne les informations sur
les couts et la situation de marché. La prédation peut devenir
rationnelle en exploitant les asymétries d’information.

Un prix prédateur est un prix « anormalement bas » donc un


prix qui est difficile de détecter. Les autorités de la
concurrence sont soumises à une problématique de détention.
C’est la raison pour laquelle beaucoup d’économistes libéraux,
notamment l’école de Chicago, ont qualifié la prédation de
peu rationnel ou irrationnelle. Selon eux ce n’est pas une
stratégie viable (comment faire des profits ?) mais surtout ils
considèrent que cette stratégie est un « mythe » ou une
« légende ».
Ils disent que les firmes qui sont accusées de prédation le sont
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ECONOMIE INDUSTRIELLE

totalement à tort, qu’en réalité la prédation n’existe pas : en


effet sur le marché les firmes cherchent l’efficacité et la
compétitivité et forcement ils ont une répercussion sur les
autres firmes. Ils disent qu’en réalité elles sont accusées de
prédation par des entreprises concurrentes plus faibles, moins
performantes et incapables d’être aussi efficaces.

i. La prédation est une stratégie très couteuse puisque le


prix diminue en dessous du cout de production et cette
baisse de prix permet d’augmenter les ventes mais pour
ces ventes supplémentaires il faut produire des quantités
supplémentaires et lorsque la production augmente ça
fait augmenter les couts de production, donc on
augmente les pertes.
ii. Une stratégie de prédation n’est viable que si l’entreprise
prédatrice augmente son prix une fois que le concurrent
évincé. Le concurrent évincé peut conserver des
capacités productives et le réutiliser plus tard.
iii. L’entreprise prédatrice doit avoir les moyens financiers et
la solidité financière pour mener une telle stratégie
agressive. Or, si sur le temps ou l’entreprise prédatrice
diminue son prix les concurrents peuvent obtenir des
financements pour exister, la menace de prédation n’est
pas crédible.
iv. Il existe des moyens qui sont moins couteux pour
éliminer des concurrents, notamment les fusions et
acquisitions
Les économistes pensent également que la prédation n’est pas une
stratégie crédible et pour le prouver on se réfère à la théorie des
jeux non-coopératifs.
Le point de départ de la théorie des jeux non-coopératifs est le
dilemme du prisonnier, qui enseigne que l’équilibre obtenu n’est
pas optimal et n’est pas coopératif. On se rappelle aussi que les
choses se modifient lorsque le jeu est répété de façon infinie. Dans
ce cas-là, la coopération devient profitable.
Dans un jeu répété, l’équilibre de Nash parfait n’est plus la
prédation et donc l’agressivité mais la coopération, c’est-à-dire
l’accommodation à l’entrée : l’acceptation du concurrent qui
entre. La menace d’un prix prédateur n’est pas crédible parce que

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les entreprises savent que sur un temps infini ils auront intérêt à
accepter l’entrée.
La prédation n’est que l’argument des firmes peu ou pas
performantes pour accuser les plus efficaces du marché et
espérer qu’elles soient moins agressives, voire obtenir des
dommages
Pour ces économistes et libéraux la prédation est un mythe et n’est
que le résultat naturel d’une concurrence sur un marché. Dans
cette optique, les autorités de la concurrence n’ont pas besoin
d’intervenir sur le marché puisque la concurrence joue.
Ces économistes vantent les vertus de la concurrence : elle est un
processus de découverte des meilleures entreprises et des
meilleurs produits.
Ils expliquent qu’il y a plusieurs raisons qui incitent les entreprises à
pratiquer des prix bas :
i. Une entreprise veut faire connaitre son bien à un grand
nombre de consommateurs
ii. La demande peut baisser et donc il faut baisser le prix
iii. L’entreprise peut faire des économies de couts
iv. Certains produits ont besoin d’avoir une base installée
ou masse critique pour être efficaces. Il faut arriver à
une certaine quantité pour que le bien fonctionne e pour
qu’il soit utilisé par les consommateurs rentable. Donc on
peut être incité à baisser le prix pour réaliser une masse
critique.

Pourtant, d’autres économistes se sont penchés sur le


comportement de prédation comme une véritable stratégie et
notamment Jean Tirole.
Selon eux une entreprise qui détient des moyens financiers
n’hésitera pas à s’attaquer à des concurrents et à pratiquer une
guerre d’usure. Il y a guerre d’usure puisque résister à cette
stratégie est très couteux pour les concurrents.
Les entreprises installées vont chercher à augmenter leur prix une
fois le concurrent évincé est cela suppose des barrières à
l’entrée. Donc sur un marché s’il y a des barrières à l’entrée la
prédation devient profitable et d’autant plus si la réputation
d’agressivité est installée au final elle n’aura même plus besoin
d’engager la prédation. Le principal intérêt à être prédatrice c’est
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ECONOMIE INDUSTRIELLE

se construire une réputation d’agressivité.

Tous ces éléments posent la problématique de la détection de la


prédation pour les autorités de la concurrence. Il sera toujours très
difficile de détecter un prix prédateur parce qu’un prix bas n’est pas
toujours une décision motivée par l’élimination du concurrent. C’est
difficile également de distinguer un prix prédateur d’un prix bas qui
résulte des pratiques concurrentielles qui sont donc profitables au
consommateur. Pour prouver la prédation il faut prouver que le prix
bas est anti-concurrentiel.
Depuis les années 2000 on constate des processus de dérégulation
et de libéralisation du marché donc les entreprises font face à une
concurrence plus importante et a une concurrence potentielle
beaucoup plus importante et pour maintenir leur position sur le
marché elles sont devenues plus agressives.
Détecter la prédation suppose d’analyser les courbes des couts des
entreprises qui sont suspectées d’être prédatrices. Les autorités de
la concurrence disposent des critères et elles vont se demander :
 La première question qu’elles se posent est de savoir si la
firme suspectée est en position dominante sur le marché. SI
c’est le cas, la prédation est possible. Une firme qui ne serait
pas en position dominante ne peut pas être suspectée de
prédation
 Dans un second temps les autorités de la concurrence
appliquent un critère des couts. Un prix prédateur est un
prix inférieur au cout variable moyen. Une entreprise qui
pratiquerait un prix inférieur au CVM doit justifier ce prix. Pour
un prix supérieur au CVM les autorités de la concurrence
considèrent que s’il y a pertes ce sont des pertes normales
mais les autorités de la concurrence recherchent quand même
des indices.
Le problème est l’information sur la structure des couts des
entreprises. Il est très difficile d’obtenir ces informations sur les
couts. Les entreprises ont tendance à sous-estimer leurs couts
variables et c’est pour ça que les autorités de la concurrence vont
s’appuyer sur une accumulation des indices.

3. La théorie des marchés contestables

La théorie des marchés contestables apparait dans un article de


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1982 écrit par Baumol. L’idée est la suivante : il existe des


situations de marché où une entreprise, même en position
dominante voire seule (monopole), ne pourra pas augmenter son
prix sous peine de voir entrer des nouvelles entreprises. Si c’est le
cas cette situation de marché est appelée marché contestable. La
concentration économique ne nous informe pas beaucoup sur la
structure du marché.
L’objectif de cette théorie est de montrer que le dégrée de
concurrence sur un marché n’est pas lié au nombre
d’entreprises présentes sur ce marché, donc cela contredit la
théorie standard selon laquelle l’atomicité garantit un prix
concurrentiel.
L’hypothèse d’atomicité n’est plus une condition nécessaire
d’obtention des prix concurrentiels
Donc la condition essentielle pour qu’un marché soit contestable
est la libre entrée et la libre sortie. Un marché est qualifié de
parfaitement contestable s’il est soumis au jeu normal de la
concurrence indépendamment du nombre d’entreprises présentes.
On se rappelle que si l’entrée est facile sur un marché cela signifie
que les firmes postulantes ne sont pas désavantagées par rapport
aux firmes installées. De façon simple, cela signifie qu’elles peuvent
s’installer sur le marché sans couts supplémentaires, donc ces
firmes postulantes sont capables d’évaluer si leur entrée est
profitable ou pas.

La libre sortie se définit aussi comme une sortie non couteuse et


cela signifie que tous les couts sont récupérables. (pas d’autres
couts que la dépréciation du capital utilisé). Sur un marché
contestable, une entreprise peut cesser sa production et quitter le
secteur sans supporter des couts irrécupérables Pour entrer sur un
marché il ne faut pas que les couts d’entrée soient irréversibles : si
les couts d’entrée ne sont pas irréversibles toute entreprise qui
s’est installée peut arrêter de produire et quitter le marché sans
subir des couts irrécupérables. A l’inverse, s’il existe des couts
irrécupérables les entreprises n’entrent pas et donc les couts
deviennent une barrière à l’entrée. Libre entrée et libre sortie sont
la même chose. La quasi-gratuité de la sortie conditionne
directement la liberté d’entrée.

Sur un marché contestable les entreprises postulantes entrent


librement si les profits sont positifs et elles peuvent sortir
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librement lorsque le prix baisse et le profit se dégrade ou lorsque


les firmes installées réagissent à leur entrée. Du coup sur un
marché contestable les firmes installées sont incitées à se
comporter comme s’il elles étaient effectivement en concurrence à
cause de la possibilité de la guerre commerciale que pourraient
mener des concurrents potentiels en mesure de pénétrer librement
sur le marché, d’y réaliser des profits si les prix sont plus élevés
que les couts marginaux et de se retirer tout aussi rapidement
« sans pertes » dès que les prix baissent ou les firmes en place
agacées par cette concurrence, commencent à contre-attaquer. La
simple menace d’entrée des concurrents potentiels les contraintes
à pratiquer un prix concurrentiel. Donc on peut avoir un prix
concurrentiel, tel qu’on le connait en concurrence, alors même que
ce marché est monopolistique du fait de la concurrence
potentielle. Un monopole peut être contestable. Ce n’est plus le
nombre des entreprises qui permet de qualifier la nature
concurrentielle ou non d’un marché. Sur un marché contestable les
autorités de la concurrence n’ont pas besoin d’intervenir. En effet,
cette intervention est liée à l’existence d’un éventuel pouvoir de
marché que les firmes pourraient exercer (un prix plus élevé).
Mais, si c’est le cas, il y a incitation à entrer, des nouvelles firmes
entrent. Cette situation ne peut pas durer sur le long terme puisque
quand on peut entrer le processus concurrentiel est à l’œuvre. Dans
la réalité le problème de cette théorie c’est qu’il est très difficile
d’identifier des marchés contestables. L’apport essentiel de
cette théorie est qu’elle est compatible avec toutes les structures
possibles de marché. Donc, les économistes à l’origine de cette
théorie ont introduit une nouvelle vision de la concurrence.

En revanche, cette théorie a quand même été critiquée :


 La théorie fait l’hypothèse que les firmes qui s’installent sur le
marché sont immédiatement opérationnelles. Elles
admettent la même structure de cout que les firmes installées.
 La théorie suppose aussi que les firmes postulantes savent
exactement le moment où elles doivent s’installer sur le
marché pour récupérer le profit. Cela signifie qu’elles ont une
visibilité parfaite du marché.
 La contestabilité du marché est liée à la menace d’entrée. Or,
il faut bien se rappeler que la menace d’entrée doit être
crédible. Il faut aussi que la menace d’entrée soit

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dissuasive. En effet, les entreprises installées doivent pouvoir


modifier leur comportement une fois l’entrée effectuée.
 La théorie prévoit que logiquement que toute nouvelle entrée
se substitue à la firme installée, qu’elle prend sa place. La
théorie met en avant que les firmes installées ne réagissent
pas.
Cette théorie des marché contestables a surtout été appliquée aux
monopoles publics. Elle a été appliquée au secteur de l’électricité
en Afrique et au secteur du transport aérien aux États-Unis.
1. Dans des nombreux pays en développement, le secteur de
l’électricité était traditionnellement organisé sous forme de
monopole public verticalement intégré. Ce type d’organisation
qui pouvait être justifiée au départ, a révélé un grand nombre
d’inefficacités : sureffectifs, faible productivité, mauvais
entretien des équipements, gaspillage. En plus, les monopoles
publics sont aussi caractérisés par une mauvaise situation
financière : tarifs maintenus artificiellement bas pour des
raisons sociales, arrières de paiement des administrations,
endettement. Cette situation a amené à se poser la question
de comment faire tomber les monopoles publics. La solution
peut être de rendre contestables certains marchés. Ceci
devrait permettre de faire appel à des capitaux privés pour
installer de nouvelles capacités efficaces et rentables ; de
privatiser certains segments de l’industrie. La suppression
des barrières à l’entrée est donc de nature à favoriser
l’émergence de nouvelles pressions concurrentielles
susceptibles de renforcer l’efficacité de l’industrie.

2. Exemple du système du transport aérien américain. En 1978 le


Congrès vota le « Airline Deregulation Act », à la suite duquel
la tarification, l’entrée et la sortie sont devenues le résultat du
jeu concurrentiel. L’application de la théorie de la
contestabilité devait inciter les firmes efficaces à tarifer au
cout marginal avec une pression permanente de la
concurrence potentielle.
La théorie des marchés contestables repose la question de
l’interventionnisme sur le marché et donc, si le marché est tel
que sa configuration (structure des couts, comportement des
entreprises) lui donne une nature contestable, les interventions

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de l’autorité de la concurrence ne se justifie pas. En revanche, si


les conditions de la contestabilité ne sont pas remplies,
l’intervention des autorités de la concurrence peut être
nécessaire et utile, mais la théorie des marché contestables
suppose une analyse avantage aux couts de cette intervention.

CHAPITRE 4 : LES INDUSTRIES DES RÉSEAUX ET LEUR


OUVERTURE À LA CONCURRENCE

Le terme « industrie de réseaux » recouvre toutes les activités qui


nécessitent l’utilisation d’un réseau pour fournir un bien ou un
service (électricité, gaz, télécommunications, poste). La
problématique de ces industries de réseau c’est que leurs
caractéristiques conduisent ces secteurs à ne pas pouvoir
fonctionner selon le modèle économique de la concurrence. On ne
peut pas avoir un secteur concurrentiel compte tenu de leurs
caractéristiques. Or, depuis une vingtaine d’année sous l’impulsion
de l’Union Européenne, les industries de réseau ont connu une forte
évolution en passant des structures monopolistiques à des régimes
plus ou moins concurrentiels et donc on a vu la libéralisation des
industries de réseau.

LES CARACTERISTIQUES DES INDUSTRIES DE RESEAU

1. Définition
Les industries de réseau renvoient à ce que l’on appelle les
« services en réseau ». Il existe deux types de réseaux :
 Les réseaux de communication
Le service est disponible dans les deux sens.

 Les réseaux de distribution (ou de diffusion)


Le service est en sens unique.

Entre les deux on a des réseaux hybrides, notamment le réseau


postal, qui est à la fois de communication et de distribution pour
certains services. Les industries de réseau ont pris une nouvelle
importance avec les nouvelles technologies de l’information et de la
communication. Il est apparu un nouveau type de service : le
service informationnel. De façon plus précise, la représentation d’un
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réseau se fait sous forme de couche et donc il y a la couche basse


du réseau, la couche intermédiaire et la couche haute du réseau. Ce
sont ces trois couches qui définissent un bien réseau.
 La couche basse du réseau est appelée le squelette. C’est
l’infrastructure physique, matérielle du réseau. Pour les
nouveaux services, c’est la structure immatérielle.
 La couche intermédiaire est appelée le système nerveux.
C’est tout le système de commande et de pilotage.
 La couche haute représente les services rendus à
l’utilisateur final.
Si je prends le réseau postal, la couche basse sont les agents, les
centres de tri. La couche intermédiaire c’est l’organisation de la
distribution, de la collette, du tri. La couche haute est le service
final.
On inclut aussi dans les biens réseaux ce que l’on appelle les biens
systèmes. Ces biens font appel à des composants qui sont
nécessaire pour rendre le service mais qui indépendamment les
unes des autres n’apportent pas d’utilité. Les biens systèmes sont
par exemples un lecteur et un DVD. Dans les biens systèmes en fait
le réseau c’est le club des utilisateurs.
2. Les spécificités des industries de réseau
Les spécificités des industries de réseau concernent les
caractéristiques de l’offre (coté producteur) et les caractéristiques
de la demande (coté consommateur). Dans les industries de réseau
il y a présence d’économies d’échelle du coté de l’offre. Du côté
de la demande il y a présence d’effet de réseau. Les deux
interagissent.

 Les caractéristiques de la demande et les effets de


réseau
Du côté de la demande les services en réseau génèrent des
externalités positives de réseau. Une externalité positive c’est
la conséquences positive de la décision d’un agent
économiques sur les autres agents économiques. Le marché
n’intègre pas ces effets positives mais ils existent. La
satisfaction retirée de l’utilisation d’un service en réseau
dépend positivement du nombre d’utilisateurs de ce service.
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L’effet de taille est tout d’abord direct. C’est plus important


dans les réseaux de communication mais aussi dans tout ce
qui concerne les données. Les effets sont aussi indirects. Les
effets indirects sont liés à la variété et à la qualité des services
ou des biens complémentaires que le fournisseur est incité à
proposer quand le nombre d’utilisateurs augmente. Le
fournisseur lui-même est incité à rendre plus qualitative son
offre pour rendre le réseau attractif. Pour les biens systèmes
les effets de réseau sont appelés les effets de club, par
référence au club des utilisateurs. Plus le club des utilisateurs
est important, plus l’offre sera intéressante. Pour les biens
durables il y a aussi des effets de club, par exemple le service
après-vente.

 Les caractéristiques de l’offre et des couts du réseau


Une spécificité des industries en réseau c’est la structure des
couts de production. Pour analyse la structure des couts on
distingue les couts des infrastructures et les couts variables de
production.

Un réseau repose sur des infrastructures souvent physiques


dont le cout est très élevé. Plus la dimension du réseau est
importante, plus sa couverture géographique est importante,
plus ces couts d’infrastructures sont élevés. Ces sont des couts
fixes d’installation. Une infrastructure de réseau est appelée
facilité essentielle. C’est donc une infrastructure
indispensable à la fourniture du bien ou du service final mais
elle ne peut pas être dupliquée. Donc, la présence
d’infrastructure ou de facilité essentielle limite la concurrence
dans les secteurs d’activité concernés. En effet, ces secteurs
d’activité présentent des caractéristiques de l’offre qui
permettent d’exploiter des économies d’échelle. Les
industries de réseau reposent sur des rendements d’échelle
croissants et sur des économies d’échelle. Forcément, ça
limite la concurrence. Dans ces secteurs, la structure naturelle
du marché est le monopole. Concrètement il y a
concentration d’entreprises et tendance à la monopolisation.
En revanche, lorsque la capacité du réseau est fixée, la
production se réalise à couts variables faibles. Une fois que
vous avez le réseau, le cout de produire et reproduire le
service est faible. Cela signifie que le cout marginal est faible,
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sauf lorsqu’on se rapproche de la capacité maximale.


Lorsqu’on se rapproche de la saturation, le cout marginal est
plus élevé. Les effets de réseau renvoient aussi à la
problématique des standards parce que les biens systèmes
« enferment le consommateur » et le rendent captif (effet
de lock-in). Si vous voulez changer de fournisseur vous vous
dirigez vers un autre bien, mais cela entraine un cout
supplémentaire. C’est une forme de compétition. Le succès ou
l’échec d’un réseau est lié à ça.
Donc, quand un nouvel utilisateur doit choisir un bien réseau, il va
regarder le prix d’accès au réseau mais il va aussi regarder la taille
du réseau. Très souvent le consommateur choisit le leader parce
qu’il va lui assurer le maximum. On maximise les effets de
réseau. Mais, comme il y a économie d’échelle, c’est celui qui a la
taille la plus importante du réseau qui a les couts les plus faibles et
qui donc peut proposer un prix plus bas. En fait, l’offre est
doublement attractive. Elle est attractive du côté du réseau et
parce que la présence d’économie d’échelle rend les prix attractifs.
Pour conclure, les effets de réseau (coté demande) et les
économies d’échelle (coté offre) sont à l’origine d’un effet de
rétroaction positive. Cela signifie qu’offre et demande
interagissent ensemble. Il y a un effet boule de neige. Le processus
de croissance du réseau s’auto entretient. Il y a forcément
concentration de l’offre et monopolisation.
On est dans une dynamique de monopolisation : si une entreprise
arrive à prendre un avantage sur les concurrents, cet avantage ne
peut que s’accentuer obligatoirement.
Généralement, un service en réseau est soit un succès soit un
échec et le service en réseau suit les dynamiques du diffusion.

Derrière le succès il y a le concept des anticipations au taux


réalisatrice. Le point de départ est la taille anticipée du réseau :
l’anticipation sur le nombre d’utilisateurs du réseau. Si l’individu
anticipe une taille faible, si l’anticipation est telle qu’on prévoit un
nombre d’utilisateurs limitée, alors la demande pour le service sera
également faible. En revanche, si on anticipe une taille importante,
la demande augmentera. Il existe donc une masse critique, un
seuil critique d’utilisateurs et une taille critique du réseau. Tant que
cette taille critique n’est pas atteinte, le réseau reste instable et il
peut revenir à zéro et être un échec. A partir de la taille critique, il

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devient de plus en plus intéressant pour le consommateur d’acheter


le bien et d’accéder au service. En fait la diffusion du service en
réseau se fait en trois temps :
1. Il y a une phase de lancement ou démarrage, cette phase
est en équilibre instable jusqu’à la taille critique
2. Phase d’expansion très rapide, avec les effets de réseaux et
les économies d’échelle elle est accélérée
3. Phase de saturation ou maturité, le réseau arrive à son
maximum
L’enjeu c’est d’attirer les premiers utilisateurs et de jouer sur les
anticipations.

LA LIBERALISATION DES INDUSTRIES DE RESEAU

Il y a deux éléments d’analyse qui ressortent :


1. La présence des effets de réseaux et la présence d’économie
d’échelle permettent de justifier l’apparition des monopoles.
Dans ces types d’industrie la concurrence est limitée et il y a
concentration des opérateurs et donc dynamique de
monopole.
2. Les activités concernées sont considérées comme étant
nécessaires aux citoyens. Cela a justifié l’apparition des
monopoles publiques pour fournir les services et les biens.
En termes économiques, ces biens ont des caractéristiques de
biens publiques et il semblerait qu’ils soient mieux fournis par la
puissance publique. Le problème est la question de savoir s’il y a
efficacité économique dans cette configuration et si les
consommateurs sont gagnants. Les consommateurs sont gagnants
s’il y a baisse de prix et s’il y a innovation. Le constat est que ces
monopoles publics n’ont pas permis l’efficience économique,
les activités étaient déficitaires, l y avait peu de modernisation des
équipements, donc on n’a pas de performance économique. La
question de la pérennité de la performance économique se pose.

Les industries sont confrontées à une double contrainte : il faut


assurer l’efficience économique et, compte tenu de la particularité
du bien fourni, il faut qu’elle dure. On se pose donc la question de la
libéralisation et de l’ouverture à la concurrence.

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Concrètement trois questions se posent :


1. Comment introduire efficacement de la concurrence efficace
dans ce type d’activité alors même que des monopoles ont
durés longtemps et l’on a considéré que le monopole public
était la structure idéale pour ces types d’activités ?
2. Est-ce que l’état se retire et on passe à la privatisation ?
3. S’il y a libéralisation, y-a-t-il remise en cause des services
publics ?

1. Le problème de l’accès au marché


Les caractéristiques d’offre et de demande favorisant l’apparition
des monopoles, il faut se demander dans quelle mesure la
libéralisation est possible, c’est à dire à quelle condition la
concurrence est viable. Étant données ses spécificités, l’accès au
marché devient l’enjeu essentiel du processus de libéralisation.
Concrètement derrière cette analyse il y a la problématique des
facilités essentielles. Une facilité essentielle est une
infrastructure ou en équipement indispensable pour fournir le
service mais il serait impossible de dupliquer cette infrastructure à
des couts raisonnables. Pour des raisons financières ou techniques
il n’est pas rationnel de les dupliquer. Donc l’entreprise qui détient
l’infrastructure essentielle (réseau ferré, aéroports) est en situation
de position dominante sur le marché puisqu’elle peut exploiter
l’infrastructure pour fournir le bien final. L’entreprise concernée est
souvent appelée opérateur historique parce qu’historiquement il
détient l’infrastructure et se trouve en situation de monopole. Dans
ces conditions, à moins de règlementer, il est impossible pour le
concurrent d’accéder au marché. Donc pour ouvrir à la
concurrence, une règlementation est indispensable. C’est assez
paradoxal parce que pour libéraliser il faut règlementer.
L’entreprise qui détient l’infrastructure essentielle dispose d’un
avantage décisif sur les nouveaux entrants.
La question qui se pose aussi est celle de l’abus de position
dominante. Il s’agit de toutes les pratiques d’exploitation des
facilités essentielles qui font échec ou qui empêchent une
concurrence efficace, c’est-à-dire qui éliminent des concurrents.
Une des missions principales du régulateur, qui veut libéraliser pour
retrouver l’efficacité, est de définir les modalités d’accès à d’autres
entreprises non propriétaires aux facilité essentielles. La régulation

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devient donc un droit d’accès.


L’abus de position dominante est constitué par un refus d’accès.
Donc, le principe qui est décidé par les autorités de la concurrence
c’est de permettre l’accès au tiers et, pour permettre l’accès au
tiers, le régulateur va imposer à l’opérateur historique la séparation
entre la facilité essentielle, c’est-à-dire son droit de propriété, et
l’exploitation, c’est-à-dire le service rendu au consommateur final.
2. L’ouverture à la concurrence
L’ouverture à la concurrence nécessite une régulation.
Dérèglementer ne signifie pas qu’il y a absence de régulation. Le
problème est celui de l’opérateur historique qui est un monopole et
qui détient les infrastructures indispensables. L’accès au marché se
fait par les infrastructures essentielles. Elles sont un passage
obligé. Généralement, l’opérateur historique reste propriétaire des
infrastructures. Ces facilités essentielles deviennent un avantage
stratégique pour l’opérateur historique et il peut soit en refuser
l’accès soit fixer des tarifs d’accès très élevées, ce qui lui permet de
maintenir sa position de monopole sur des services ouverts à la
concurrence. En union européenne les traités prévoyaient la
libéralisation de certains services. La règlementation peut consister
à obliger l’opérateur historique à permettre cet accès. La première
possibilité c’est de règlementer le prix d’accès. On ne laisse pas
l’opérateur historique fixer lui-même le prix d’accès
Il y a deux principes de tarification possibles :
1. Le premier porte sur les couts
Lorsqu’on retient le principe de l’orientation sur les couts il
s’agit de proposer aux propriétaires des facilités essentielles
un prix pour l’usage des infrastructure qui permet de couvrir
les couts d’exploitation de ces infrastructures et qui permet
de couvrir les couts liés au renouvellement des
infrastructures. Si le prix est trop bas, l’opérateur historique
n’entretiendra pas les infrastructures. Il n’y a pas d’incitation à
entretenir les infrastructures. Si on ne modernise pas le
infrastructures la qualité du bien final est remise en cause. Si
le prix fixé est trop élevé, ça décourage des nouveaux
entrants.

2. Le deuxième porte à la fois sur les couts et sur la


demande
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Le prix dans ce cas-là se relie aux couts d’opportunité. Le prix


tiendrait compte du cout d’usage mais aussi du manque à
gagner que subit l’opérateur historique à cause de la
concurrence, c’est-à-dire la baisse de profit parce qu’il y a des
nouveaux entrants sur le marché. L’idée derrière ce principe
de tarification est que puisque l’opérateur historique est
couvert de ces pertes liées à la concurrence, il n’a pas de
raison de s’opposer à la libéralisation puisqu’il est
dédommagé.
Dans les deux cas il faut des informations sur les couts et sur la
demande qui sont rarement disponibles. La plupart des pays ont
quand même préféré la tarification basée sur les couts.

Réglementer l’accès c’est aussi remettre en cause les droits de


propriété de l’opérateur historique. La séparation entre facilité
essentielle et activité concurrentielle peut être une simple
séparation comptable. L’opérateur historique est obligé de fournir
des comptes séparés. Mais le régulateur peut aller jusqu’à une
séparation physique et à partir de ce moment-là il y a une
indépendance entre la gestion de la facilité essentielle et la gestion
de l’activité concurrentielle. La séparation physique en France a été
retenue par le transport ferroviaire et par l’électricité.
L’objectif était de limiter les abus de position dominante.
L’opérateur historique peut refuser l’accès et peut mettre en places
des conditions d’accès discriminatoires, avec par exemple des tarifs
non justifiés. Cela signifie que l’opérateur historique n’est plus libre
d’utiliser l’ensemble de ses actifs comme il le souhait. Cela
correspond à une diminution de ces droits de propriété. Il se
retrouve donc contraint dans sa politique tarifaire.

Cette analyse est aussi valable lorsque les infrastructures


essentielles n’appartiennent à aucun opérateur sur le marché. En
effet, les facilités essentielles sont considérées comme des
ressources rares, cela signifie qu’il y a des contraintes de
capacité et de fait l’accès à ces ressources rare est source de
rivalité. Donc, les entreprises deviennent des candidats à l’accès à
la ressource rare. Et là la régulation consiste à sélectionner des
entreprises qui vont pouvoir accéder au marché. Les pouvoirs
publics mettent en place des procédures d’attribution. De façon
plus générale, l’intervention des autorités de la concurrence est
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aussi préventive. Elle est préventive sur le contrôle des


structures et sur le contrôle des comportements.
En ce qui concerne le contrôle des structures les autorités de la
concurrence vont surveiller les fusions dans les secteurs d’activité
concernés et en ce qui concerne les contrôle des comportements
elles vont surveiller les ententes et les accords possible entre les
entreprises.

CHAPITRE 5 : ENTENTES ET POLITIQUES DE LA


CONCURRENCE

Dans les chapitres précédents on a vu que les firmes par leurs


stratégies tentaient de conforter et d’améliorer leur part de marché.
Les stratégies choisies consistent à éliminer les concurrents et à
dissuader les postulants de s’installer sur le marché. (barrières
stratégiques). Ces stratégies-là peuvent être qualifiés de non-
coopératives. Les entreprises peuvent aussi être tentées de se
comporter de manière coopérative.

Smith, en 1976, déclare que les chefs d’entreprises se réunissent


pour comploter en vue d’augmenter le prix. Selon lui, la loi doit
décourager ce type de pratiques. On parle d’ententes ou d’accords
collusifs.
Une des stratégies de coopération c’est l’entente. Une entente
entre entreprises est un accord explicite ou tacite qui a pour
conséquence de limiter la concurrence sur le marché. Les ententes
sont interdites dans le traité de Rome (art. 85) en Europe et dans
le Sherman Act aux États-Unis évidemment et pour cela elles sont
souvent secrets. Lorsque les entreprises forment un accord elles
vont pouvoir exercer un pouvoir de marché et donc le prix est plus
élevé que s’il y avait une situation concurrentielle entre ces
entreprises.
Les accords de collusion peuvent être explicits ou tacites.
Une entente explicite renvoie à un accord entre entreprises qui se
sont rencontrées, la forme la plus explicite est le cartel.
Une entente tacite renvoie à une entente qui est le résultat qui
émerge naturellement du comportement des entreprises. Cela
signifie que le marché est caractérisé par un prix d’entente sans
qu’il y ait eu d’accord préalable entre entreprises.

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ECONOMIE INDUSTRIELLE

COMPORTEMENT STRATEGIQUE ET ENTENTES SUR LE MARCHÉ

1. Formes et modalités d’organisation des ententes


Lorsqu’on parle d’entente on fait référence à des ententes
horizontales restrictives : les ententes qui concernent des
entreprises produisant des mêmes biens ou des mêmes services.
Leur objectif est de limiter la concurrence pour exercer un pouvoir
de marché. Donc, le prix du marché est plus élevé que la « norme
concurrentielle ».
L’entente peut porter :
 Sur la fixation d’un prix
 Sur la fixation des quantités (quotas) pour limiter l’offre
 Sur la répartition du marché soit d’un point de vue
géographique ou soit par la clientèle
D'un point de vue économique la notion d’entente prend tout son
sens sur le marché oligopolistique qui sont caractérisées par un
nombre limité d’entreprises et par une taille importante. Si le
nombre de concurrents est très important l’entente devient
impraticable car elle génère des couts de transaction très élevés.
Malgré les gains potentiels de l’entente, les couts générés par la
mise en place de l’entente sont trop élevés parce que l’entente soit
rentable.
Plus concrètement, en monopole les profits sont élevés et le prix
est supérieur au cout marginal (on fait une marge sur le cout). En
oligopole, même si les profits sont plus faibles, le prix peut être
supérieur au cout marginal et il apparait un surplus positif coté
consommateur, donc les entreprises sont incitées à s’entendre pour
récupérer ce surplus et se partager le gain.

Lorsque l’entente est explicite, les entreprises se rencontrent


réellement pour communiquer de façon secrète. En théorie
économique c’est l’application de la théorie des jeux coopératifs et,
du côté de l’autorité de la concurrence, elles sont condamnables et
totalement illégales. Les entreprises sont sanctionnées
financièrement lorsque l’entente est révélée.
Dans le cas de l’entente tacite, « l’accord » entre entreprises est le
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résultat d’un jeu non coopératif qui se répète. La décision d’une


entreprise à des conséquences sur ses concurrents, il y a donc des
possible représailles de la part des concurrents et cette menace de
représailles remette en cause la décision et la dynamique du jeu
amène à un équilibre non coopératif mais qui est un équilibre
d’entente. Il vaut mieux éviter la rivalité et d’agresser l’autre. Du
point de vue de la théorie économique, on est sur des jeux non
coopératifs répétés avec anticipation et menace de représailles.
Pour les autorités de la concurrence ces comportements sont
condamnables.

Sur le marché il peut y avoir aussi un parallélisme de


comportements. Ce parallélisme des comportements n’est pas
condamnable pour les autorités de la concurrence. Il est licite de se
comporter de façon parallèle sans qu’il y ait une entente.

2. Intérêts et limites de l’entente


Les ententes sont interdites, donc elles deviennent informelles et
secrètes. On se demande pourquoi les entreprises ne s’entendent
pas. On cherche à savoir pourquoi il n’est pas si simple de
s’entendre. On pose comme comportement normal qu’on veut
s’entendre.
Deux questions se posent :
1. Pourquoi tous les marchés oligopolistiques ne sont-ils pas
caractérisés par des ententes alors même que c’est profitable
aux entreprises ?
2. Lorsqu’elle existe, est-ce que l’entente est durable ? Comme
elles sont interdites, va se poser la question de la stabilité de
l’entente.
De façon simple, une entente peut prendre fin parce que les couts
et la technologie se modifient, donc elle n’est plus profitable
comme elle l’était, parce que des nouvelles entreprises entrent sur
le marché, parce que les autorités de la concurrence l’ont dévoilée,
et parce que les entreprises concernées ne la respectent pas et
trichent. Il y a sur le marché une incitation collective très forte à la
formation d’entente mais les chances de succès sont incertaines et
limitées car les ententes sont instables intrinsèquement.

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ECONOMIE INDUSTRIELLE

Finalement, ce qui caractérise une entente est son instabilité. Il y a


des incitations collectives très fortes à former une entente. Elles ont
intérêt à s’entendre parce qu’elles peuvent espérer par l’entente
des profits plus importants. Le problème c’est que les chances
de succès d’une entente sont limitées et totalement incertaines
parce qu’elles sont instables. C’est une double instabilité : une
instabilité interne et une instabilité externe.
 Instabilité externe  elle est exercée par l’entreprise qui
sont en dehors de l’entente qui vont continuer à être en
rivalité avec celles faisant partie de l’entente. Elle est exercée
aussi par les firmes postulantes qui pourraient potentiellement
s’installer, ce qui crée une pression sur l’entente.
 Instabilité interne  elle provient de la difficulté à
s’entendre et à se mettre d’accord, même si est de façon
implicite. Intrinsèquement, chaque accord est fragile. Elle est
aussi liée à la difficulté de faire respecter une entente, d’où
des ententes qui ont du mal à durer.
On se pose deux questions de la part de l’entreprise :
1. Est-il possible de rendre l’entente stable ? Si on retrouve de la
stabilité elle dure ?
2. Est-il possible d’utiliser ce caractère instable ?
La question de l’instabilité/stabilité et du retour à la stabilité de
l’entente se traite au niveau de l’analyse économique et aussi d’un
point de vue empirique.
La question de l’utilisation de l’instabilité va plutôt nous amener à
une analyse juridique.
Le point de départ de notre analyse économique c’est de
configuration de marché sur lesquels il existe un nombre restreint
d’entreprise. La question de l’entente ou de la rivalité s’analyse
dans un cadre de marché oligopolistique : un nombre restreint
d’entreprise sur le marché généralement de grande taille.

 Sur ces types de marchés il est possible pour les entreprises


d’exercer un pouvoir de marché
 L’équilibre du marché est moins efficace qu’un équilibre
parfaitement concurrentiel
 Il y a deux comportements stratégiques dans un oligopole :
soit on est en compétition et en rivalité, soit on coopère, ce qui
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ECONOMIE INDUSTRIELLE

se traduit par un monopole sur le marché pour maximiser le


profit collectif.
 Les modèles économiques qui nous ont permis de comprendre
les comportements sont le modèle de Cournot pour la
concurrence en quantité et le modèle de Bertrand pour la
concurrence en prix. Pour le duopole de Bertrand, chaque
entreprise sait qu’elle peut capter la demande si elle baisse un
peu son prix. La limite est un prix égal au cout marginal. Mais,
comme chaque entreprise fait le même raisonnement,
l’équilibre de Bertrand est le prix égal au cout marginal. Cet
équilibre est non-coopératif.
Du côté du duopole de Cournot on a la concurrence en
quantité : chaque entreprise considérant la quantité produite
par l’autre comme étant donné, il y a une anticipation. Les
entreprises sont soumises à un arbitrage entre quantité et prix
et à un effet prix qui est moins importante que dans un
monopole. L’équilibre de Cournot est tel que le prix est
supérieur à un prix de concurrence pure et parfaite mais est
inférieur à un prix de monopole. Cet équilibre est non-
coopératif.
 L’équilibre est non-coopératif parce qu’il y a instabilité.
Le cadre d’analyse est l’oligopole avec les deux modèles, et on
travaille ces comportements à l’aide de la théorie des jeux et le
démarrage de notre analyse est le dilemme du prisonnier.
On utilise le jeu du dilemme du prisonnier où la stratégie dominante
c’est la non-coopération. L’équilibre de Nash est la rivalité, la non-
coopération. L’équilibre est sous-optimal socialement. Sur les
marchés oligopolistiques les firmes auraient intérêt à s’entendre,
mais l’équilibre est non-coopératif. Il faut qu’on puisse comparer les
gains et les pertes, l’application de la rationalité individuelle les
pousse à ne pas coopérer.
Lorsqu’on compare les gains pour prendre une décision stratégique,
on compare les gains de l’entente à un prix concurrentiel sachant
que ce prix concurrentiel n’est pas celui de la concurrence pure et
parfaite.

 Sous quelles conditions l’entente peut-elle devenir


stable ?
Comment faire en sorte que la coopération devient la stratégie
dominante ? L’entente n’est pas un équilibre stable : chaque
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entreprise est incitée individuellement à dévier de l’entente, à ne


pas coopérer. Il faut faire en sorte que l’entente devient l’équilibre
stable, c’est-à-dire l’équilibre de Nash.
Dans le cadre des ententes, il est très difficile de parvenir à un
accord sachant que chacun va chercher son intérêt individuel et
surtout il est très difficile d’une part de repérer celui qui ne coopère
pas et il est très difficile de punir et sanctionner celui qui a dévié.
Juridiquement, il est impossible de faire exécuter un accord de
coopération. Donc les accords doivent être auto-exécutoires car il
n’y a aucun moyen juridique de faire respecter un accord. Il faut
faire en sorte donc que les entreprises ne dévient pas.
Le seul moyen pour que l’entente devienne une stratégie
dominante et stable, il faut que la déviation soit non-profitable. Il
faut donc modifier les gains des joueurs. S’ils existent des
représailles, des sanctions sous-entendues, à l’encontre des
entreprises qui ne jouent pas la coopération, on peut retrouver une
certaine stabilité puisque les profits des entreprises, lorsqu’elles
trahissent, sont modifiés. Il devient plus couteux de trahir.
Une autre possibilité de retrouver la stabilité c’est lorsque les
interactions stratégiques se répètent dans le temps (théorie des
jeux répétés). En effet, dans ce cas-là, ce sont les profits inter
temporels qui entrent dans la décision des entreprises et non pas
les profits d’une seule fois. On regarde les profits dans le temps.
Lorsqu’on estime des profits futurs, le profit d’entente dans le
temps peut être supérieur au profit de trahison.
Le problème c’est que sur plusieurs périodes, lorsque les
interactions se répètent, les entreprises peuvent être dissuadée de
tricher, de ne pas respecter l’entente. Tout dépend si le jeu se
répète un nombre fini de fois ou un nombre infini de fois.
Si le jeu se répète un nombre fini de fois, l’équilibre du dilemme du
prisonnier va s’imposer, donc la rivalité, parce qu’à la dernière
période la déviation est inévitable, comme c’est la dernière fois
qu’on joue et on est tenté de maximiser le profit. Que le jeu se joue
un fois ou un nombre fini de fois, c’est l’équilibre non-coopératif qui
s’impose de la première période.

En revanche, lorsque les interactions stratégiques se répètent sur


un temps infini, chaque entreprise peut penser qu’il y a des grandes
chances qu’il y ait une période supplémentaire. Donc il y a toujours
une bonne incitation à continuer à coopérer. Dans le temps, elles

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ECONOMIE INDUSTRIELLE

peuvent être dissuadées de jouer la rivalité et de dévier. Chaque


entreprise peut penser qu’elle a intérêt à coopérer et à maintenir
cette coopération.
Par contre, si les autres entreprises ne coopèrent pas, il va devenir
profitable de tricher. On punit par la rivalité définitive. Dans ce cas-
là, on va parler de menace de représailles crédible. Une menace
d’une rivalité définitive, c’est-à-dire des prix faibles et des profits
bas, peut dissuader de dévier et donc maintenir la coopération
entre entreprises. L’analyse économique est valable sur une
entente implicite comme sur une entente explicite.

Supposons que les entreprises se sont mises d’accord et ont fixé un


prix. Ce prix devient un prix de monopole et elles se partagent ces
profits collectifs. A chaque période, chaque entreprise va anticiper
la stratégie de l’autre avant de décider son prix. Si elle anticipe que
l’autre va jouer un prix de monopole, elle ne change pas sa
stratégie, elle continue à coopérer et elles continuent toutes les
deux à se partager les profits.
En revanche, si l’une d’entre elles triche et ne coopère plus, alors
indéfiniment chaque entreprise va appliquer un prix de rivalité,
c’est-à-dire un prix plus faible. Là, cette menace de représailles
d’une rivalité qui va entrainer une baisse de profits pour chacune
doit être crédible, et si elle est crédible la coopération dévient la
stratégie dominante. Cette stratégie est un équilibre stable si la
menace est crédible.
Les entreprises qui sont rationnelles comparent les profits de
coopération ou de respect de l’entente et les profits de la tricherie.
Elles comparent le gain à court terme d’une déviation et la perte à
long terme de cette déviation. L’entente devient un équilibre de
Nash si le gain de court terme à dévier est inférieur à la perte à
long terme. Si les entreprises sont patientes et intègrent le temps il
y a un équilibre de Nash parfait avec entente. On parle donc
d’anticipation stratégique.

L’entente est un équilibre de Nash dans un jeu répété si aucune


entreprise n’a individuellement intérêt à dévier de cette entente,
étant donné que les autres respectent l’entente. L’entente est le
résultat d’un comportement individuel rationnel.

Dans une approche empirique, on remarque qu’il y a de plus en

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plus condamnations d’ententes en France en Europe. On considère


que seulement 15% des ententes sont suspectées et détectées.
Il ne faut pas oublier :
 Les politiques de la concurrence limitent les ententes
puisqu’elles sont interdites
 Si les entreprises entrent et sortent rapidement sur un
marché, elles n’auront aucun intérêt à coopérer, d’où
l’instabilité externe
 Il est très difficile d’observer les prix des firmes rivales. Il est
possible pour les entreprises de baisser leur prix de façon
sécrète. Les entreprises sont donc tentées de dévier de la
coopération.

3. Les facteurs et les conditions favorables à l’entente


Il s’agit des conditions favorables à la formation d’une entente et
favorables à la stabilité d’une entente.

1. Le nombre restreint d’entreprises sur le marché


S’il existe un nombre élevé d’entreprises sur le marché,
l’entente est difficile soit à former soit à stabiliser. L’incitation
à ne pas coopérer augment avec le nombre d’entreprises.
2. Symétrie entre entreprises
Notamment lorsque les structures de couts sont identiques et
des capacités financières proches. L’entente est plus facile et
plus stable. S’il y a des différences, l’entente peut prendre
avec le temps la forme de leadership et il sera difficile
d’imposer ses décisions au plus fort.
3. Les biens conservés est un bien homogène
Plus il est possible de différencier le bien, plus il est possible
pour les entreprises de ne pas coopérer en agissant sur les
caractéristiques du bien.
4. La faible élasticité prix de la demande
C’est le cas sur tous les marchés des biens intermédiaires.
5. La possibilité d’échanger des informations entre les
entreprises
On détecte plus facilement celui qui va dévier.
6. La présence de barrières à l’entrée
Il est plus facile de former une entente et de la stabilité parce

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qu’on limite l’instabilité externe. Cela limite la concurrence


potentielle.

LA POLITIQUE DE LA CONCURRENCE ET LA LUTTE CONTRE LES


ENTENTES

La lutte contre les ententes est l’un des objectifs prioritaires de


toute politique de la concurrence.
 Sherman Act de 1890 aux Etats-Unis
 Article 85 du Traité de Rome dans l’Union Européenne
 Article L420 du Code de commerce en France
En pratique, si les comportements déviants sont peu observables,
on n’a pas d’incitation à respecter l’accord. S’il y a peu d’échanges
d’informations, il n’y a pas d’incitation à coopérer. Du côté de
l’entreprise, la seule chose qu’elle peut observer c’est sa demande.
Si la demande d’une entreprise diminue, il y a deux possibilités :
soit c’est un phénomène général, c’est-à-dire une baisse de la
demande globale, soit sa demande baisse parce qu’une entreprise
rivale a capté une partie de ses clients, donc on est dans une
diminution de prix sécrète. L’entreprise peut soit punir, donc
l’entente prend fin et le marché redevient concurrentiel, soit ne pas
punir, donc l’autre est incitée à continuer à tricher chaque fois. La
réalité des marchés est telle que les entreprises se font
généralement la guerre de prix sur quelques périodes et elles
arrivent sur d’autres périodes à s’entendre et à stabiliser cette
entente.

Le fonctionnement naturel du marché peut parfois suffit à éradiquer


les ententes.
En revanche, lorsque les ententes durent, il faut une intervention
publique des autorités de la concurrence pour mettre fin à cette
entente.
1. Le cadre juridique de la la lutte contre les ententes
En Union Européenne, il existe une unité spéciale qui est chargée
de détecter les ententes. En effet, l’entente est l’une des pratiques
anti-concurrentielles la moins ambiguë et c’est aussi l’une des
pratiques la plus sanctionnée financièrement.
Les sanctions peuvent être aussi des peines d’emprisonnement.
Les sanctions dépendent de la durée de l’entente et de la gravité
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des faits. L’attaque au commerces européens alourdit la sanction


aggravante.
Les autorités de la concurrence considèrent aussi que la récidive
est aussi un facteur aggravant de même que l’absence de
coopération avec les autorités de la concurrence. Pour punir les
ententes, il faut pouvoir utiliser l’instabilité de l’entente et il faut
avant tout pouvoir évaluer les couts de l’entente. Plus précisément,
il faut pouvoir évaluer la différence de prix avec et sans entente. Il
faut pouvoir évaluer le prix qui se fixerait sur le marché si les
entreprises étaient en rivalité.
Les autorités de la concurrence estiment que les différences de prix
peuvent aller de 20% à 50% et on a même vu des hausses de prix
de 90% avec entente.

Du point de vue de l’analyse économique, cette huasse du prix due


à l’entente entraine un transfert de richesse, de surplus entre
acheteur et offreur. Les entreprises captent le surplus des
consommateurs. Puisque le prix est augmenté, certains
consommateurs sont pénalisés et exclus, le bien est devenu trop
cher, le surplus des consommateurs baisse et ceux qui achètent le
bien le paient plus cher.
Il est très difficile de pouvoir estimer les dommages économiques
d’une entente parce qu’il est difficile d’évaluer le prix de
concurrence et d’estimer la réaction des consommateurs. Et puis
surtout lutter contre les ententes a deux principales limites :
1. Les autorités de la concurrence n’ont ni les moyens financiers,
ni les moyens humains, ni les moyens matériels de surveiller
chaque marché et de poursuivre toutes les entreprises qui
sont suspectées
2. Les autorités de la concurrence ne peuvent observer
qu’imparfaitement les comportements des entreprises. Les
entreprises sont de plus en plus prudentes.
Les autorités de la concurrence doivent obtenir des preuves
matérielles pour prouver les ententes et les condamner, la preuve
économique n’a pas la valeur juridique. Elle sert à évaluer les
dommages. En réalité, les autorités de la concurrence peuvent
sanctionner une entente même si cette entente n’a pas d’effet sur
le marché. On sanctionne le comportement anti-concurrentiel en
soi. Les autorités de la concurrence vont jouer sur la nature de

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l’entente pour la sanctionner. La nature d’une entente c’est son


instabilité.

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