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Séminaire

Philosophie,

Béla Tarr, Satantango


politique
et cinéma
Jean-Louis Déotte,
Adolfo Vera et

 
Roman Dominguez
Mardi 25 octobre 2011, 10hr, MSH Paris Nord

Montage et démocratie : l’hypothèse du bal


Claude Lefort signala que la démocratie s’instituerait et se
maintiendrait dans la « dissolution des repères de la certitude », comme
indétermination dernière, du Pouvoir, de la Loi et du Savoir, amis aussi comme
puissance créatrice, affirmative de telle indétermination. Tandis que Jean-Luc
Nancy observe que la démocratie serait « le nom d’un régime de sens dont la vérité
ne peut être subsumée sous aucune instance ordonnatrice, ni religieuse, ni
politique, ni scientifique ni esthétique, mais qui engage entièrement “ l’homme ”
en tant que risque et chance de “ lui-même ”, “ danseur au-dessus de l’abîme ”
pour le dire de manière paradoxale et délibérée en termes nietzschéens » (Vérité de
la démocratie, pp. 59-61). Nous pensons qu’il se peut que la démocratie ne soit
même pas un régime, mais une technique, mieux une certaine opération technique
de distribution et d’apparition de forces, celles mêmes qui récusent et conjurent la
fixation du pouvoir, donc de l’arché (dans un double sens, comme commencement
du temps, de la mémoire, et comme commandement, comme loi ou principe d’un
certain ordre du temps).
D’où une certaine affinité entre la démocratie et le montage
cinématographique. Du moins si l’on considère que l’une des puissances du
montage n’est pas la construction des rapports ou des formes fixes, mais la
recherche des déformations du temps lui-même, ou mieux, la construction du
temps, de la durée, comme déformation des rapports. Lorsque cette déformation
prend une certaine consistance ou cohérence nous pouvons dire que nous avons
affaire avec le rythme. C’est comme rythme que la force affirmative du montage se
relierait avec la démocratie. Mieux : c’est comme rythme que le montage
annoncerait les voies d’un autre kratos (pouvoir corporel) du peuple, qui n’est pas
certainement celui de la démocratie comme régime. Là encore, nous pensons que
c’est dans la danse, telle qu’elle s’exprime dans les bals filmés (par exemple chez
Milos Forman et chez Béla Tarr) qu’on pourrait trouver telles voies, surtout à une
époque où la politique toute entière devient une affaire de montage.

Roman Dominguez, doctorant


Université Paris 8
« L’Éthique est
une optique »,
lit-on dans le livre

Tarkovski, Stalker
Totalité et infini
(1961) du philosophe
Emmanuel Levinas.
Comment interpréter

 
cette formule quand on
sait que l’auteur met en
avant la notion de visage qui n’apparaît pas, étant tout entier
« lieu » de l’Infini tranchant sur le phénomène ?   Pour que cet
Infini ne soit pas tyrannique, il faut qu’il se manif   este selon un
mode particulier : la trace. La trace est intermittente, elle fait
éclater le temps et bouleverse la conscience du sujet qui se
possède lui-même. C’est elle qui travaille au fond de la formule
citée – elle clignote ou scintille selon Levinas. On peut la
renverser. Cela donne : « l’optique est une éthique ». Inversion
rappelant un geste théorique du philosophe quant à la différence
ontologique heideggérienne. Permutation susceptible d’ouvrir le
texte sur les études cinématographiques, notamment en rapport
avec des cinéastes aussi différents que Tarkovski, Béla Tarr ou
Woody Allen. Solaris, Les harmonies Werckmeister ou Zelig sont
alors vus comme autant de jalons d’une éthique du cinéma.
Celle-ci précède l’engagement politique même s’il peut y trouver
un prolongement.

David Lengyel, doctorant


Université Paris 3

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