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C’est avec mon inspiration la plus primordiale et la plus sincère que je veux rendre mérite à
tous ceux qui à leur manière m’ont soutenu durant mon mémoire.
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude au seigneur Dieu pour la vie, la santé, et toutes les
grâces reçues tout au long de cette année académique.
Mes remerciements les plus chaleureux s’adressent à Mme Boulila Neila pour ses précieux
apports qui ont enrichi mes pensées et pour leur contribution au bon déroulement et à
l’achèvement de ce mémoire.
Je tiens à remercier aussi tous les membres du jury qui ont bien voulu m’honorer par leur
présence et leur disponibilité pour l’examen de mon travail.
Je tiens à exprimer mes sentiments de gratitude et mes vifs remerciements à tous les
enseignants de l’Institut de Hautes Etudes Commerciales de Carthage qu’ils ont contribué
laborieusement à une formation de qualité tout le long de mon cursus universitaire au sein de
ce prestigieux institut.
Enfin, je tiens à remercier toutes les personnes qui m'ont conseillé et qui m’ont tant soutenu et
cru en moi.
Sommaire
Liste des abréviations...............................................................................................................vi
Liste des tableaux................................................................................................................... vii
Liste des figures.................................................................................................................... viii
Introduction générale.............................................................................................................. 1
Chapitre I : La norme IFRS 15 : Apports ............................................................................. 4
Section 1 : Etude comparative entre l’IAS 11 et la NCT 09 ...................................................... 6
Section 2 : Apports de la norme IFRS 15 en matière de comptabilisation des revenus ...........15
EF : Etats financiers
PT : Prix de transaction
SI : Système d’information
Tableau 6: Les méthodes à retenir pour estimer le prix de vente spécifique .......................... 31
Tableau 9: Identifications des différents biens et services au sein d'un contrat ...................... 47
Tableau 12: Effet de la valeur temps de l'argent dans les revenus .......................................... 52
Tableau 14: Une évaluation des principales sources de revenus du Groupe par rapport aux
exigences de la norme IFRS15 par rapport aux méthodes comptables précédentes ................ 67
Liste des figures
La comptabilité est une science sociale influencée par les circonstances économiques,
sociales et culturelles de chaque pays. D’ailleurs, ces circonstances expliquent pourquoi il
y a des différences des pratiques comptables entre les pays. Mais cette différence a toujours
pénalisé la libre circulation des capitaux à travers le monde. C’est pourquoi actuellement
on a tendance vers l’harmonisation des outils et normes comptables. D’ailleurs, nous
comptons aujourd’hui plus de 1501 pays qui imposent ou permettent l’utilisation des IFRS
alors qu’à la fin des années 1990, peu de sociétés utilisaient les IAS comme référentiel
unique.
En Tunisie, bien que le système comptable des entreprises tunisiennes de 1997 soit large
ment inspiré des normes internationales, actuellement et avec la récente évolution des
normes IFRS, les divergences ne cessent de se creuser au niveau de plusieurs normes et
dans la manière avec laquelle elles s’appliquent.
À titre d'exemple, la norme comptable Tunisienne NCT 09, « Contrats de construction »,
publiée en décembre 1996 est largement inspirée de l'IAS 11« Contrats de construction »,
et partage le même objectif qui est de prescrire le traitement comptable des produits et
coûts relatifs aux contrats de construction, ainsi que les règles d’affectation de ces produits
et coûts aux périodes au cours desquelles les travaux de construction sont exécutés. Ces
normes traitent notamment des difficultés liées aux contrats qui s’étalent sur plusieurs
exercices comptables, et surtout du rattachement des revenus avec leurs coûts
correspondants.
Ce problème se manifeste le plus souvent dans les secteurs d'activité avec un cycle de
production particulièrement long tel que les contrats de construction mais elle concerne
aussi toute entreprise engagée dans un contrat non achevé à la clôture de l’exercice. Étant
donnée la délicatesse de la comptabilisation des produits des activités ordinaires l'IASB a
publié une nouvelle norme, IFRS 15 « produits des activités ordinaires tirés de contrats
1 « Pocket Guide to IFRS Standards: the global financial reporting language »Paul Pacter 2017
1
conclus avec des clients », qui décrit un modèle unique pour la comptabilisation des
produits en provenance de contrats conclus avec des clients. Les nouvelles dispositions
d’IFRS 15 remplacent les dispositions en vigueur relatives à la comptabilisation du chiffre
d’affaires contenues dans plusieurs normes IFRS et interprétations connexes. Selon le
principe de base défini dans IFRS 15, une entité doit comptabiliser le chiffre d’affaires de
manière à traduire le transfert à un client du contrôle d’un bien ou d’un service pour le
montant auquel le vendeur s’attend à avoir droit.
À la lecture des dispositions de la nouvelle norme, il semblerait qu’elle se distingue
nettement de celle nationale et internationale jusque-là en vigueur. Par conséquent, le
profil de comptabilisation du chiffre d’affaires et des résultats de certaines entités opérant
dans le secteur de l’immobilier et de la construction pourrait subir des changements
importants notamment parce que la nouvelle norme est plus détaillée et plus prescriptive
que les dispositions des normes anciennes, et qu’elle prévoit à certains niveaux des
dispositions qui paraissent plus complexes.
2
Pour répondre aux objectifs fixés, nous allons dans un premier chapitre, présenter les
dispositions des normes nationales (NCT09) et internationales (IAS11) en mettant l’accent
sur les convergences et les divergences entre elles, ainsi que les spécificités du secteur de
l’immobilier selon l’IFRIC 15. La deuxième partie du chapitre sera consacrée aux apports
de la nouvelle norme IFRS 15 illustrée par des exemples qui nous permettent de mieux
comprendre ses particularités par rapport aux anciennes normes internationales qu’elle
remplace.
Dans un deuxième chapitre nous allons exposer les principaux impacts attendus suite à
l’adoption de la norme IFRS 15 sur le secteur de la construction et le secteur immobilier
en mettant l’emphase sur les divergences entre la nouvelle norme IFRS 15 et celles qui
sont applicables (IAS11 et NCT 09).
Et dans un troisième et dernier chapitre nous menons une étude d’impact sur un échantillon
d’entreprises opérant dans le secteur immobilier. Cette démarche nous permettra de mieux
saisir et quantifier son impact.
3
CHAPITRE I :
LA NORME IFRS 15 :
APPORTS
4
Introduction :
La publication de la nouvelle norme IFRS 15 "Produits des activités ordinaires tirés de contrats
conclus avec des clients" par l’IASB a pour but l’harmonisation et l’uniformisation du modèle
de comptabilisation des différents types de revenus. L’IFRS15 est venu pour remplacer les
anciennes normes IAS18 et IAS11 à partir du 1er janvier 2018.
En effet, jusqu'à la publication de la norme IFRS 15, des incohérences et des faiblesses dans les
normes de revenus ont souvent abouti à représenter des transactions semblables différemment,
ce qui a mené à la diversité dans les pratiques de reconnaissance de revenu.
Pour ces raisons, l'IFRS 15 a établi un cadre complet pour déterminer quand reconnaitre le
revenu et à quel montant il doit être comptabilisé. De ce fait, cette norme énonce un modèle
global unique pour la comptabilisation des produits des activités ordinaires tirés de contrats
conclus avec des clients.
Dans le cadre de la première section, nous exposons les principales dispositions des normes
anciennes régissant les contrats de construction, en insistant sur les points de convergence et
divergence avec un intérêt particulier aux dispositions d’IFRIC 15.
Dans la deuxième section, nous exposons dans un premier lieu le modèle préconisé par IFRS
15 accompagné par quelques exemples afin de mieux maîtriser les différentes étapes du modèle.
Dans un second lieu, nous nous intéresserons aux différentes composantes du coût des contrats
de construction.
5
Section 1 : Etude comparative entre l’IAS 11
et la NCT 09 :
1. Points de convergences :
Plusieurs points de convergence peuvent être relevés entre l’IAS 11 et la NCT 09 sur plusieurs
niveaux :
Objectif :
L’objectif des deux normes est de prescrire le traitement comptable des produits et coûts relatifs
aux contrats de construction, ainsi que les règles d'affectation de ces produits et coûts aux
périodes au cours desquelles les travaux de construction sont exécutés.
Un contrat à forfait est un contrat dans lequel l'entrepreneur accepte un contrat à prix
fixe ou une rémunération à taux fixe par unité de production.
Lorsqu’un contrat concerne plusieurs actifs la construction de chaque actif doit être traitée
comme un contrat de construction distinct lorsque :
6
1. Des propositions distinctes ont été présentées pour chaque actif.
2. Chaque actif fait l'objet d'une négociation séparée et l'entrepreneur peut rejeter une
partie.
3. Les produits et les coûts de chaque actif peuvent être identifiés.
Le regroupement des contrats de construction :
Un ensemble de contrat doit être traité comme un contrat de construction unique lorsque :
2. Les contrats font partie d'un projet unique dont la marge bénéficiaire est globale.
1. Soit l'actif présente une conception ou une technologie différente de l'actif visé
dans le contrat initial.
2. Soit le prix du bien est négocié indépendamment du prix fixé dans le contrat initial.
La mesure des revenus relatifs aux contrats de construction :
Principe :
7
La révision contractuelle des prix :
Généralement les contrats de construction sont assortis d'une clause de révision des
prix en fonction de l'évolution de certains indices de prix. On doit ajuster les
revenus en fonction de l'évolution des prix.
Le supplément des prix ou modification dans les travaux :
Dans le cas d'une nouvelle instruction donnée par le client : changement dans l'exécution
du contrat le montant des revenus sera ajusté en conséquence lorsqu'ils ont été
approuvés par le client.
Les réclamations :
Ce sont les sommes que l'entrepreneur demande au client au titre de
remboursement des coûts non inclus dans le contrat.
Les primes de performance :
Ce sont des suppléments versés à l'entrepreneur si les niveaux de performance
spécifiés sont atteints ou dépassés.
La mesure des coûts relatifs aux contrats de construction :
Principe :
Les coûts relatifs au contrat de construction comprennent le coût des matières
consommées et une juste part des coûts directs et indirects. Ils sont déterminés
conformément aux règles de détermination du coût d'acquisition et de production
selon la NCT 02 - stocks.
Les coûts imputables à l'activité liés aux contrats en général et qui peuvent être
affectés à ce contrat déterminé.
Les autres coûts qui peuvent être spécifiquement imputés au client selon les
termes du contrat.
Les coûts engagés préalablement à la signature du contrat :
Ne sont pas inclus dans le coût du contrat sauf si deux conditions sont réunies :
8
Si ces coûts sont passés en charges, ils ne peuvent être imputés au contrat au cours d'un
exercice ultérieur.
Ces coûts ne sont pas pris en compte pour le calcul du degré d'avancement.
9
Le degré d'avancement des travaux (DA) :
Le degré d’avancement consiste à ce que les revenus, les charges et le bénéfice soient
présentés proportionnellement aux travaux exécutés.
Lorsque le degré d’avancement est déterminé en fonction des coûts engagés / total des
coûts :
Seuls les coûts correspondant aux travaux réalisés sont inclus parmi les coûts
engagés.
On exclut :
Les coûts de contrat qui portent sur une activité future au titre du contrat.
Les acomptes versés aux sous-traitants pour les travaux de sous-traitance à
exécuter.
Les coûts directs initiaux qui seront rapportés en charge au prorata des
revenus.
Le cas où le résultat d'un contrat de construction ne peut être estimé de façon
fiable :
Les revenus ne sont constatés que dans la limite des coûts engagés et jugés
récupérables.
Les autres coûts dont la récupération n'est pas probable sont constatés dans les charges
de l'exercice de leur payement.
La constatation des pertes :
Lorsque les coûts estimés sont supérieurs aux produits, l’entreprise doit constater une
perte par le biais d’une provision pour risques et charges.
Les changements d'estimation :
Le montant des revenus et des coûts peut différer d'un exercice à un autre sur la base
des informations disponibles que des faits futurs peuvent modifier.
Ce changement d'estimation doit être pris en compte dans l'exercice en cours et les
exercices ultérieurs s'ils sont concernés.
10
2. Points de divergences :
Les principaux points de divergence entre IAS 11 et NCT 09 qu'il convient de signaler :
11
Recevabilité incertaine d'un produit constaté :
L'entreprise doit indiquer dans ses états Une entreprise doit indiquer :
financiers : * Le montant des produits de l'exercice
* Les méthodes utilisées pour déterminer le * Les méthodes utilisées pour déterminer les
degré d'avancement des contrats en cours. produits
* Les méthodes utilisées pour l'évaluation des * Les méthodes utilisées pour déterminer le
pertes attendues et des coûts directs degré d’avancement.
imputables aux contrats. Une entreprise doit indiquer chacune des
* Les regroupements et les divisions de informations pour les contrats en cours :
contrats pour la détermination du résultat * Le montant total des coûts encourus et des
prévisionnel et leurs motifs. bénéfices comptabilisés (moins les pertes
comptabilisées)
* Le montant des avances reçues ; et
* Le montant des retenues
Une entreprise doit également présenter :
* Le montant brut dû par les clients pour les
travaux du contrat, en tant qu’actif.
* Le montant brut dû au client pour les
travaux du contrat, en tant que passif.
Une entreprise doit aussi fournir une
information sur tous les profits et pertes
éventuels selon l’IAS 10. »2
2
Source : procomptable
12
3. Spécificités du secteur de promotion immobilière (IFRIC 15) :
L’IFRIC 15 normalise les pratiques comptables d'un pays à l'autre pour la comptabilisation du
chiffre d'affaires par les promoteurs immobiliers lors de la vente d'unités, telles que des
appartements ou des maisons, « sur plan », c'est-à-dire avant la fin des travaux de construction.
13
2ème cas : IAS 18 est applicable :
Si IAS 18 est applicable, l’accord peut viser à fournir des services
de construction plutôt que des biens. Ce serait probablement le cas,
par exemple, si l'entité n'était pas obligée d'acquérir et de fournir
des matériaux de construction. Si l'entité est tenue de fournir des
services avec des matériaux de construction afin de s'acquitter de
son obligation contractuelle de remettre un bien immobilier à
l'acheteur, le contrat est comptabilisé en tant que vente de biens
selon IAS 18.
14
Section 2 : Apports de la norme IFRS 15 en
matière de comptabilisation des revenus
Les entités disposent d’un modèle en cinq étapes3 afin de déterminer le moment et le montant
de comptabilisation du revenu. Le modèle prévoit que le revenu sera comptabilisé lorsqu’une
entité transfère le contrôle des biens ou services à un client pour le montant qu’elle s’attend à
recevoir. En fonction de certains critères, le revenu est comptabilisé :
3
«IFRS 15 en cinq étapes» Deloitte 2015
15
Le remplacement de l'IAS 11 étant maintenant effectué, les entités devront se concentrer
sur l'analyse des accords conformément aux nouvelles indications de l'IFRS 15.
16
L'entreprise peut identifier les conditions de paiement prévues pour les
biens ou les services à fournir.
Le contrat a une substance commerciale.
Il est probable que l'entité recouvrera la contrepartie à laquelle elle a droit en
échange des biens ou des services qu'elle fournira au client.
Si un contrat remplit tous les critères au moment de sa signature, l’entité n’a pas à
réévaluer ces critères sauf indication d’un changement significatif dans les faits et
circonstances.
Les entités auront besoin de revoir en détail les clauses de tous leurs contrats et de
déterminer si un contrat existe sous la nouvelle norme, en considérant ce qui est
légalement exécutoire dans leurs juridictions.
Dans un accord de vente d'un bien immobilier, la société X évalue l'existence d'un
contrat, en considérant les facteurs suivants :
Les ressources financières disponibles de l’acheteur ;
L’engagement de l'acheteur vis à vis du contrat, qui peut être déterminé sur la base de
l'importance de la propriété pour les activités de l’acheteur ;
L’expérience passée du vendeur avec des contrats similaires et des acheteurs dans les
mêmes circonstances ;
Les intentions du vendeur pour faire exercer ses droits contractuels ;
Les conditions de règlement de cet arrangement.
Si X conclut qu'il n'est pas probable qu'elle recouvrera le montant qu'elle s'attendait à
recevoir, aucun revenu n'est comptabilisé. Sur la base des nouvelles dispositions
relatives aux encaissements réalisés avant que la définition d'un contrat soit remplie,
l'entité comptabilisera en dette tout montant éventuel reçu.
4
First impressions : édition 2016 – IFRS 15 Revenue ; KPMG
https://home.kpmg/content/dam/kpmg/pdf/2016/07/fr-IFRS-15-first-Impressions.pdf
17
a) Modification du contrat :
Une modification de contrat touche le prix ou l’étendue du contrat ou les deux. En effet,
elle doit créer des droits et obligations exécutoires nouveaux. Elle est soit rattachée au
contrat initial soit non. Une modification d’un contrat, approuvée par les deux parties, est
comptabilisée de manière distincte si elle ajoute des biens/services distincts au contrat
initiale (ou modifie ceux déjà existants) et que le prix additionnel reflète leur prix de vente
spécifique (après ajustement s’il y a lieu).
Dans le cas contraire, ces modifications doivent être rattachées au contrat initial (si les prix
prévus selon la modification et selon ce dernier sont interdépendants). En l’occurrence,
cette modification doit être comptabilisée :
Son objet change en raison de l’ajout de biens ou de services distincts (voir ci-
dessous).
Le changement de prix reflète le prix de vente spécifique des biens ou services pour
tenir compte du contexte propre au contrat modifié.
Dans cette situation, seuls les produits futurs sont touchés puisque l’entité continuera de
comptabiliser le contrat conclu avant les modifications comme auparavant.
18
Figure 2: Modification du contrat
5
First impressions : édition 2016 – IFRS 15 Revenue ; KPMG
https://home.kpmg/content/dam/kpmg/pdf/2016/07/fr-IFRS-15-first-Impressions.pdf
19
norme, aucun revenu ne sera comptabilisé jusqu’à ce que l’entité soit en mesure de
démontrer que la modification de contrat a été approuvée ou est légalement exécutoire (ce
qui pourrait ou non correspondre au moment où le client demande la modification de
plan).
Les sociétés doivent analyser s’il existe des différences entre les pratiques actuelles et les
dispositions relatives aux modifications de contrat dans la nouvelle norme. Elles pourront
en conclure que des changements sont nécessaires dans les systèmes et processus existant
pour être en mesure d’identifier à tout moment les modifications des contrats.
L’entité doit regrouper des contrats conclus en même temps ou presque en même temps
avec le même client (ou avec des parties liées à celui-ci) et les comptabiliser comme un
seul contrat si au moins une des conditions ci-dessous est remplie :
20
Actuellement, les entités se soucient généralement du recouvrement lors de la phase de
comptabilisation du revenu. Sous la nouvelle norme, les entités appliquent le modèle de
comptabilisation du revenu si, au début d’un contrat, il est probable qu’elles collecteront
le prix de la transaction qu’elles s’attendaient à recevoir. En faisant cette hypothèse, les
entités considèrent la capacité du client à régler le montant de la transaction quand il est
dû et son intention. Ce critère est prévu pour empêcher les entités d’appliquer le modèle
du revenu à des contrats problématiques et de reconnaître en même temps que le revenu a
une dépréciation importante. Pour la plupart des secteurs, cette question filtre sur la
recouvrabilité sera sans impact significatif par rapport à la pratique actuelle.
Aux fins de l’IFRS 15, il n’existe pas de contrat si chacune des parties a le droit exécutoire
de mettre fin à un contrat totalement inexécuté sans indemniser l’autre partie.
21
Le premier critère est déjà largement utilisé aujourd’hui. Le deuxième critère est un nouveau
concept qui impose aux entités de penser différemment. Par rapport à la pratique actuelle, il
peut conduire à séparer davantage de biens et services dans un contrat. À l'inverse, une entité
peut être amenée à regrouper des biens et services qui ont juste une valeur individuelle pour le
client aujourd’hui parce qu’ils sont très étroitement liés aux autres biens et services du contrat.
Sur le deuxième critère, IFRS 15 donne une liste d’indicateurs permettant d’identifier si un bien
ou un service est distinct des autres :
Illustration :
Un constructeur conclut avec un client un contrat portant sur la construction d’une usine.
Divers biens et services sont nécessaires tout au long du processus de construction.
Dans un projet de construction, les différents biens et services sont en général intégrés de telle
sorte que le client obtient une seule usine et que le contrat dans son intégralité est considéré
comme une seule obligation de prestation.
Dans le présent exemple, même si les services relatifs à l’électricité et à la plomberie sont
fournie par un sous-traitant (et donc ils peuvent exister de façon distincte), le constructeur
réalise néanmoins un travail d’intégration, car la nature de la promesse est la livraison de la
construction prévue dans le contrat.
22
La réponse est non. La sous-traitance ne devrait pas influer sur la question de savoir si le bien
ou le service est distinct. Comme les deux conditions relatives à un bien ou à un service distinct
(c.-à-d. qui peut exister de façon distincte et qui est distincte à l’intérieur du contrat) ne sont
pas remplies, le contrat dans son intégralité constitue une seule obligation de prestation.
Une série de biens ou services distincts essentiellement similaires et ayant les mêmes modalités
de transfert au client.
Actuellement, les textes US GAAP relatifs à la comptabilisation du revenu liée aux ventes de
logiciels indiquent que si les éléments restant à livrer sont essentiels à la fonctionnalité de
l’élément livré, alors le logiciel et les services liés sont traités comme une prestation unique. Il
n’est pas clair si les termes « fortement dépendant » et « très étroitement lié » de la nouvelle
norme ont le même sens que le terme « essentiel à la fonctionnalité » utilisé dans le référentiel
US GAAP actuel pour les ventes de logiciels.
Les entités devront identifier tous les contrats comprenant de multiples biens ou services à
fournir, et identifier quels biens ou services devront être comptabilisés séparément selon le
nouveau modèle. Les entités auront sans doute besoin de définir des indicateurs leur permettant
d’évaluer le degré d’intégration, de personnalisation ou de corrélation nécessaire pour qu’un
contrat soit comptabilisé comme une obligation de prestation unique.
Pour les entités commerciales et les entités industrielles qui fabriquent des biens en série,
l'obligation de prestation est remplie à un moment précis.
En revanche, pour les entreprises de services et les entreprises industrielles fabriquant des biens
à la demande du client, l'exécution de la prestation s'étale sur la durée du service ou la durée de
fabrication du bien.
Pour qu’on peut considérer qu’une série de biens ou de services distincts qui sont
essentiellement les mêmes et fournis au client au même rythme il existe deux conditions à
remplir :
Une série de biens ou de services distincts est considérée comme une obligation de
prestation remplie progressivement (lorsqu’une des conditions suivantes est remplie) :
Le client reçoit et consomme simultanément les avantages procurés ;
23
La prestation de l’entreprise crée ou valorise un actif et le client obtient le
contrôle progressivement ;
La prestation de l’entreprise ne crée pas un actif que celle-ci pourrait utiliser
autrement et l’entreprise a un droit exécutoire à un paiement au titre de la
prestation effectuée.
L’évaluation de l’avancement des travaux se fait selon la même méthode utilisée dans
des contrats similaires.
Lorsqu'un tiers intervient dans la fourniture d'un bien ou d'un service, il importe de déterminer
s'il s'agit pour son propre compte ou comme mandataire :
Illustration :6
La société Y a signé un contrat pour la construction d’une maison, prestation qui comporte
un certain nombre de biens et services différents. En général, les biens devraient respecter
le critère 1, dans la mesure où le client pourrait tirer parti de chaque brique ou de chaque
fenêtre avec d’autres ressources facilement disponibles. Cependant, le critère 2 n’est pas
respecté pour chaque brique ou fenêtre, puisque la société Y intègre ces biens au sein d’un
ensemble de services combinés plus grand (la construction). Les biens et services rendus
dans le cadre de cette construction sont ainsi groupés et comptabilisés comme une
obligation de prestation unique.
6
First impressions : édition 2016 – IFRS 15 Revenue ; KPMG
https://home.kpmg/content/dam/kpmg/pdf/2016/07/fr-IFRS-15-first-Impressions.pdf
24
A contrario, la société Z a signé un contrat portant sur la concession d’une licence
d’exploitation d’un médicament et sa promotion conjointe dans une région donnée. La
licence pourrait être considérée comme une obligation de prestation puisque son
utilisation n’est pas fortement dépendante ni très étroitement liée à l‘activité de la
promotion conjointe. En effet, un tiers pourrait réaliser l’activité de promotion,
indépendamment de l’utilisation de la licence.
25
Pour estimer le prix de transaction dans un contrat qui comprend une contrepartie variable, une
entité utilise l’une des deux méthodes suivantes :
La méthode de la valeur attendue (la somme des montants pondérés par leur probabilité
d’occurrence) ;
La méthode du montant le plus probable, en retenant celle qui prédit le meilleur montant
de contrepartie auquel l’entité aura droit.
La méthode de la valeur attendue pourrait être appropriée dans des situations où une entité a
conclu un grand nombre de contrats similaires. La méthode du montant le plus probable pourrait
être approprié dans des situations où un contrat n’a que deux résultats possibles (p. ex. une
prime pour une livraison anticipée ou pas de prime du tout).
Une entité utilise la même méthode pour estimer le prix de transaction pendant toute la durée
du contrat.
Une entité qui s’attend à rembourser une partie de la contrepartie au client comptabilise comme
passif le montant de contrepartie qu’elle s’attend raisonnablement à rembourser.
L’entité met à jour le passif à rembourser à chaque date de clôture pour tenir compte des faits
et circonstances actuels.
Lorsque le prix comporte une partie variable, l'entité doit comptabiliser soit le montant le plus
probable, soit celui obtenu en pondérant chaque montant par sa probabilité. Cette méthode doit
être utilisée tout au long du contrat.
Si le montant de contrepartie tiré du contrat avec un client est variable, une entité doit évaluer
si le montant cumulatif des produits comptabilisé doit être limité. L’objectif de la limitation est
la comptabilisation par une entité des produits uniquement dans la mesure où il est fortement
probable qu’aucun renversement important (c’est-à-dire un ajustement à la baisse important)
ne surviendra lorsque l’incertitude relative à la contrepartie variable sera levée.
Le montant de contrepartie est très sensible à des facteurs qui échappent à l’influence
de l’entité ;
On ne s’attend pas à ce que l’incertitude soit levée avant une longue période ;
26
L’entité ne dispose que d’une expérience limitée en ce qui concerne des contrats
similaires ;
L’entité a comme pratique d’offrir un vaste éventail de concessions sur le prix ;
Il existe un nombre élevé de contreparties possibles selon le contrat et la fourchette est
large.
En vertu de l’IFRS 15, une entité doit refléter la valeur temps de l’argent
dans son estimation du prix de transaction si le contrat comprend une
composante de financement importante. L’ajustement du prix de transaction
pour la valeur temps de l’argent vise à refléter un montant pour le prix de
vente comme si le client avait payé au comptant pour les biens ou les services
au moment où ils sont fournis.
7 §69 IFRS 15 « Produits des activités ordinaires tirés de contrats avec des clients »
27
3.4 Contrepartie payable au client :
8 §70 IFRS 15 « Produits des activités ordinaires tirés de contrats avec des clients »
28
3.5 Risque de crédit du client :
En vertu de l’IAS 18 et de l’IAS 11, la recouvrabilité est une condition
à la comptabilisation, étant donné qu’une entité ne peut pas
comptabiliser de produits jusqu’à ce qu’il soit probable que les
avantages économiques lui reviendront. Sur ce point, l’IFRS 15 est
semblable puisque le modèle s’applique uniquement si le recouvrement
est probable. Lorsque l’entité a déterminé que le modèle de l’IFRS 15
s’applique, le prix de transaction est fondé sur le droit contractuel de
manière à ce que les pertes de crédit attendues ne soient pas traitées
comme une contrepartie variable aux fins de la comptabilisation des
produits (bien que l’on puisse s’attendre à l’octroi d’une concession sur
le prix dans le cas d’un client présentant un risque de crédit élevé).
L’IFRS 15 exige plutôt qu’une entité évalue les pertes de crédit en vertu
des normes sur les instruments financiers.
En vertu de l’IFRS 15, les pertes de crédit (initiales et ultérieures) sur
les actifs sur contrat et sur les créances doivent être présentées dans le
corps même de l’état du résultat global ou dans les notes, mais n’ont
pas besoin d’être adjacentes aux produits, tel qu’il était proposé dans
l’exposé-sondage de 2011.
29
lorsque le résultat de la condition est imprévisible), l’incidence pratique
sera probablement la même, c’est-à-dire que les produits sont
comptabilisés seulement lorsque l’incertitude est levée. Dans des
situations concernant des transactions similaires multiples, pour
lesquelles l’entité a une expérience pertinente et prévisible, nous
sommes d’avis que l’IFRS 15 pourrait mener à une comptabilisation
plus rapide dans certains cas.
9 §77 IFRS 15 « Produits des activités ordinaires tirés de contrats avec des clients »
30
Tableau 6: Les méthodes à retenir pour estimer le prix de vente spécifique
Méthode Description
Méthode de l'évaluation du marché avec Une entité évalue le marché sur lequel elle
ajustement vend les biens ou les services et estime le prix
que les clients sur ce marché seraient prêts à
payer pour ces biens ou services. Cette
méthode peut également comporter une
référence aux prix pratiqués par des
concurrents pour des biens ou services
similaires et, ajuster ces prix pour refléter les
coûts et les marges de l’entité.
Méthode du coût attendu plus marge Une entité peut déterminer les coûts qu’elle
prévoit engager pour satisfaire une obligation
de prestation et y ajoute une marge
raisonnable sur ce bien ou service.
31
4.1 Répartition des remises :
Si la somme des prix de vente spécifiques pour les biens ou services promis excède
la totalité de la contrepartie du contrat, l’entité considère l’excédent comme une
remise qui est répartie entre les différentes obligations de prestation sur la base des
prix de vente spécifiques relatifs.
Cependant, une entité n’affecte une remise qu’à quelques obligations de prestation
seulement si elle a des preuves observables concernant les obligations auxquelles se
rattache la totalité de la remise.
« Une entité doit affecter la totalité d’une remise à une ou plus, mais pas toutes, des
obligations de prestation distinctes prévues selon le contrat si les critères suivants
sont réunis :
10
§82 IFRS 15 « Produits des activités ordinaires tirés de contrats avec des clients »
32
Les modalités du paiement variable visent expressément les efforts
déployés par l’entité pour remplir cette obligation de prestation (ou un
bien ou service distinct) ou fournir un résultat spécifique ; et
L’affectation est conforme au montant de la contrepartie à laquelle l’entité
s’attend à avoir droit en échange des biens ou services promis. »
Si le prix de transaction estimé change, une entité répartit la modification entre les
obligations de prestation distinctes selon la même base de répartition que celle
appliquée lors de la passation du contrat (sous réserve d’indications particulières sur
les modifications de contrat). Les montants attribués à une obligation de prestation
remplie sont comptabilisés soit comme produits, soit en diminution des produits
dans la période au cours de laquelle la modification a lieu.
33
Un élément essentiel du modèle est que pour certaines obligations de prestation, le contrôle
est transféré progressivement, alors que pour d’autres, le contrôle est transféré à un
moment précis.
Le contrôle d'un bien ou d'un service est considéré comme transféré progressivement si
l’une des conditions suivantes est remplie :
34
Figure 5: Transfert progressif ou à un moment précis
11
"IFRS 15 Nouvelle norme sur la comptabilisation du chiffre d’affaires", Actualités techniques PwC 2014.
35
Tableau 7: Méthodes d'évaluation du degré d'avancement de la prestation d'obligation
Méthodes Description
Méthodes fondées sur les intrants Il peut être approprié de comptabiliser les
(produits comptabilisés sur la base des efforts ou produits de manière linéaire si les efforts ou les
des intrants déjà investis par rapport au total des intrants sont consommés uniformément
efforts ou des intrants que l’entité s’attend à pendant la période de prestation ;
utiliser pour remplir totalement l’obligation) Selon l’IFRS 15, une entité qui utilise une
méthode fondée sur les intrants, comme les
coûts engagés, doit ajuster l’évaluation du degré
d’avancement pour tenir compte de tout intrant
qui ne reflète pas la prestation, p. ex. les coûts
engagés qui :
36
Illustration :
Une société X spécialisée dans la construction de bateaux de luxe a conclu un contrat avec un
client pour la construction d’un Yacht selon des spécifications bien déterminées. Ce Yacht ne
sera livré au client qu’à la date de l’achèvement, où il peut l’utiliser. X reçoit un paiement
régulier pour les travaux qu’elle réalise mais si le client décide de ne pas satisfaire son
obligation jusqu’à la fin de la construction, le yacht peut être vendu à un autre client.
Dans une situation où le contrôle d’un actif (bien ou service) est transféré à un moment
précis, une entité comptabilise ses produits en évaluant le moment où le client obtient le
contrôle de l’actif.
Lors de l’évaluation, l’entité doit tenir compte des éléments indicatifs de contrôle, qui
comprennent notamment les suivants :
37
Figure 6: Eléments indicatifs d'un transfert de contrôle
6. Coûts du contrat :
La norme IFRS 15 distingue deux catégories de coûts occasionnés par contrat :
Les Coûts d’exécution d’un contrat ;
Coûts marginaux d’obtention du contrat.
Si les coûts engagés pour l’exécution d’un contrat avec un client sont couverts par
une autre norme (comme l’IAS 2 Stocks ou l’IAS 16 Immobilisations corporelles),
l’entité comptabilise ces coûts conformément à ces normes. Sinon, l’entité
comptabilise un actif au titre de ces coûts uniquement si toutes les conditions
présentées dans le tableau ci- contre sont remplies.
38
Tableau 8: Comptabilisation des coûts d’exécution d’un contrat
Les coûts sont comptabilisés à l’actif si les Les coûts sont directement liés à un contrat,
conditions suivantes sont remplies : notamment :
Les coûts de main-d’œuvre directe ;
Le coût des matières premières ;
Les affectations de coûts directement liés
au contrat ou aux activités contractuelles
(p. ex. les coûts de gestion et de
supervision du contrat et l’amortissement
du matériel et de l’outillage utilisés pour
l’exécution du contrat) ;
Les coûts explicitement facturables au
client ;
Les autres coûts engagés seulement parce
que l’entité a conclu le contrat (p. ex. les
paiements aux sous-traitants) ;
Les coûts procurent à l’entité des
ressources nouvelles ou accrues qui lui
serviront à remplir ses obligations de
prestation à l’avenir ;
L’entité s’attend à recouvrer les coûts.
Coûts à comptabiliser en charges lorsqu’ils Les frais généraux et administratifs qui ne
sont engagés : sont pas explicitement facturables au
client ;
Les coûts des pertes de matières, d’heures
de travail de main d’œuvre ou d’autres
ressources qui n’étaient pas prévues dans
le prix du contrat ;
Les coûts liés aux obligations de
prestation remplies ;
Les coûts liés aux obligations de
prestation restantes, mais que l’entité ne
peut distinguer de ceux qui sont liés aux
obligations de prestation remplies.
39
6.2 Coûts marginaux d’obtention du contrat :
Selon l’IFRS 15, l’entité comptabilise les coûts marginaux d’obtention d’un contrat
comme actif si elle s’attend à les recouvrer. Les coûts marginaux d’obtention d’un
contrat sont ceux que l’entité n’aurait pas engagés si elle n’avait pas obtenu le
contrat (p. ex. une commission de vente). Les coûts qui auraient été engagés, que le
contrat soit obtenu ou non doivent être comptabilisés en charges au moment où ils
sont engagés, à moins qu’ils ne soient explicitement facturables au client, que le
contrat soit obtenu ou non.
Par mesure de simplification, l’IFRS 15 permet que l’entité comptabilise les coûts
marginaux d’obtention d’un contrat en charges au moment où ils sont engagés si la
période d’amortissement de l’actif qu’elle aurait comptabilisé à leur égard n’excède
pas un an.
Selon l’IFRS 15, l’entité amortit les coûts du contrat comptabilisés à l’actif sur une
base systématique correspondant au rythme de fourniture des biens ou des services
auxquels ils sont liés. Si l’entité constate un changement important dans le rythme
de fourniture prévu, elle met à jour l’amortissement pour prendre en compte ce
changement d’estimation selon l’IAS 8.
L’entité doit comptabiliser une perte de valeur en résultat net si la valeur comptable
de l’actif excède le montant restant de contrepartie que l’entité s’attend à recevoir
en échange des biens ou services auxquels l’actif est lié, moins tous les coûts
directement liés au contrat qui ne sont pas encore comptabilisés. Pour déterminer le
montant de la contrepartie qu’elle s’attend à recevoir, l’entité ignore la limitation de
la contrepartie variable susmentionnée et tient compte des effets du risque de crédit
du client.
40
Les directives de l’IFRS 15 sur les coûts d’exécution d’un contrat sont semblables
à celles de l’IAS 11. Cependant, l’IFRS 15 s’applique à tous les contrats avec des
clients, pas seulement aux contrats de construction. Selon l’IAS 18, le traitement des
coûts d’un contrat est quelque peu contradictoire et dépend en partie de la mesure
dans laquelle le fournisseur de services applique les directives de l’IAS 11 (l’IAS18
stipule que « les dispositions figurant dans IAS 11 sont en général applicables à la
comptabilisation du produit et des charges y afférentes pour une transaction
impliquant une prestation de services »).
Les directives de l’IFRS 15 sur les coûts d’obtention d’un contrat semblent plus
restrictives que celles de l’IAS 11, mais s’appliquent toutefois à une plus vaste
gamme de contrats. Selon l’IFRS 15, les coûts engagés, que le contrat soit obtenu
ou non, doivent être comptabilisés en charges immédiatement, contrairement à
l’IAS 11 selon laquelle les coûts d’obtention d’un contrat sont compris dans les
coûts du contrat s’ils sont directement liés au contrat, s’ils peuvent être identifiés
séparément et évalués raisonnablement, et s’il est probable que le contrat soit
obtenu.
IFRS 15 pose comme principe fondamental que l’entité doit comptabiliser les produits des
activités ordinaires de manière à montrer quand les biens ou les services promis aux clients sont
12 « IFRS 15 Produits des activités ordinaires tirés de contrats avec des clients ». Alerte info financière IFRS.
CPA Canada 2014
41
fournis et le montant de contrepartie que l’entité s’attend à avoir droit en échange de ces biens
ou services. Ce principe fondamental est présenté sous forme d’un modèle en cinq étapes13 :
IFRS 15 ne vient pas juste modifier certaines règles des normes qu’elle remplace et en ajouter
d’autres, elle apporte aussi des modifications à d’autres normes IAS/IFRS qui faisaient
référence aux normes remplacées ou qui sont liées d’une façon ou d’une autre au revenu tels
que IFRS 3, IAS 16, 2, 40, 39, IFRIC 12.
IFRS 15 préconise la fourniture de beaucoup plus de détails dans les informations à fournir que
n’importe quel standard actuellement en pratique. En effet les obligations d’information se sont
considérablement accrues et ce afin de satisfaire à l’objectif de la norme.
Dans ce deuxième chapitre, nous avons exposé dans un premier lieu le modèle préconisé par
IFRS 15 accompagné par quelques illustrations afin de mieux maîtriser les différentes étapes
du modèle. Dans un second lieu, nous nous sommes intéressés aux différentes composantes du
coût des contrats de construction.
13 "IFRS 15, Produits des activités ordinaires tirés de contrats avec des clients". Faire la lumière sur le monde
IFRS. Deloitte 2014
42
CHAPITRE II :
Impacts attendus par l’adoption
de la norme IFRS 15
43
Introduction :
Les dispositions de la nouvelle norme sont sensiblement plus prescriptives que celles de
l’IAS18 et de l’IAS11 et des interprétations connexes, et elles touchent vraisemblablement
la majorité des entités, au moins dans une certaine mesure. La norme pourrait en outre
entraîner des modifications substantielles du calendrier de comptabilisation des produits
pour certaines entités.
Les entités devront évaluer la mesure dans laquelle le nouveau modèle et les obligations
d’informations accrues rendront nécessaires des modifications, parfois substantielles, des
processus, des systèmes informatiques et des contrôles internes.
Le profil de reconnaissance du revenu va considérablement changer pour certaines entités
entrainant la modification indispensable de leurs fonctions et systèmes afin de pouvoir
mettre en œuvre la transition aux nouveaux principes. Ces derniers remplaceront ainsi
plusieurs normes et interprétations. IFRS 15 apportera, en outre, un apport important lié
aux domaines avec lesquels elle est en interaction et entrant dans son champ d’application.
Toutes les nouveautés auxquelles feront face de nombreux secteurs14 auront des impacts
et des incidences fiscales et juridiques importantes.
Le chiffre d’affaires étant un indicateur clef de la performance de l’entreprise, l’impact de
l’entrée en vigueur de cette nouvelle norme doit faire l’objet d’analyses approfondies par
les groupes le plus tôt possible, l’objectif étant d’anticiper au mieux les implications
opérationnelles induites par IFRS 15.
14
"Une nouvelle norme mondiale sur la comptabilisation des produits, les répercussions pour le secteur de
l’immobilier». Grant Thornton. (2015).
44
La nouvelle norme IFRS 1515 peut avoir un impact plus ou moins important sur le profil
du chiffre d’affaires d’une entreprise en fonction des secteurs d’activités, et affecter
d’autres domaines opérationnels de l’entreprise.
Les nouveaux principes de traitement des revenus font appel au jugement professionnel
dans la détermination des méthodes à utiliser et les estimations à faire beaucoup plus que
les normes actuelles.
Dans ce deuxième chapitre, nous exposons dans un premier lieu une synthèse des
divergences entre IFRS 15 et les anciennes normes. Dans un second lieu, nous nous vous
présentons une analyse d’impact de l’IFRS 15 sur le secteur de la construction et le secteur
immobilier.
"IFRS 15 – Le nouveau profil du chiffre d’affaires Une approche intégrée pour de nouveaux enjeux ».
15
Deloitte 2015
45
Section 1 : Synthèse des divergences entre la
nouvelle norme IFRS 15 et celles qui sont
applicables (IAS 11 et NCT 09)
IFRS 15 vient remplacer IAS 18, IAS 11 et les interprétations liées SIC 31, IFRIC 13,
IFRIC 15 et IFRIC 18. Les nouveaux préceptes contiennent des similarités mais apportent
aussi des modifications aux anciennes normes utilisées actuellement dans la pratique.
Nous allons citer les changements importants apportés.
Dans cette section nous montrons les principales divergences entre la nouvelle norme IFRS
15 et l’ancienne norme IAS 11 sur deux niveaux :
Au début du contrat où nous présentons la différence entre les deux normes en termes
de la notion d’identification des biens et services ainsi qu’au moment de reconnaissance
des revenus.
Au cours du contrat où nous montrons la différence de traitement de la capitalisation
des coûts de contrat, l’effet de la valeur temps de l’argent et la modification des contrats.
(Voir tableau 9 : Identifications des différents biens et services au sein d'un contrat)
46
Tableau 9: Identifications des différents biens et services au sein d'un contrat
un contrat relatif à la construction d'un actif ou La promesse faite par l’entité de transférer le
d'un ensemble d'actifs qui sont étroitement liés bien ou le service au client est identifiable
ou indépendants est généralement l'unité de séparément des autres promesses contenues
compte pour la comptabilisation du contrat dans le contrat lorsque :
sauf dans des circonstances particulières (par
exemple, il y a des propositions ou des L’entité ne réalise pas un service
négociations séparées). d’intégration significatif du bien ou du
service avec d’autres biens et services
promis dans le contrat ;
La norme IAS 11 n'a pas d’indication spécifique pour identifier les biens et services
distincts au sein d'un contrat, alors que la norme IFRS 15 fournit une orientation plus
détaillée, en particulier, les nouvelles règles sur la façon dont le revenu est réparti entre les
différents éléments. Par conséquent les entités peuvent avoir à modifier leurs méthodes
comptables actuelles.
Les entreprises de construction ont souvent des contrats multiéléments et dans ce cas la
norme IFRS 15 peut avoir une incidence sur la question de savoir si certains éléments d'un
contrat sont comptabilisés séparément, ce qui peut avoir un impact significatif sur la
comptabilisation des revenus. (Par exemple, la nouvelle norme pourrait avoir un impact
47
d’une parcelle de terrain qui est vendue dans le cadre d'un contrat de construction d'un
bâtiment puisqu’elle est considérée comme constituant un bien distinct à comptabiliser
séparément). Cela peut également affecter l'identification des obligations de service
distinctes (et le moment de la comptabilisation des produits connexes) inclues dans un
contrat de construction couvrant la conception, les phases de construction et d'exploitation
d'un certain projet.
Les entités devraient faire preuve de jugement et documenter leurs conclusions que les
différents éléments du contrat de construction sont très liés entre eux, et qu'un service
d'intégration significatif est réalisé afin de comptabiliser le contrat comme une seule
obligation de prestation(OP). Si l'entité ne peut pas démontrer l'interrelation entre ces
éléments, il peut être nécessaire de comptabiliser les produits comme des OP multiples.
48
Tableau 10: Constatation des produits
Lorsque le résultat d'un contrat de Une entité doit comptabiliser les produits
construction peut être estimé de manière lorsque l'entité satisfait une obligation de
fiable, les recettes et coûts associés à ce prestation en transférant un bien ou service
contrat de construction doivent être promis (soit un actif) à un client. Un actif est
comptabilisés en produits et charges, transféré lorsque le client obtient le contrôle
respectivement, par référence au degré de cet actif.
d'avancement de l'activité du contrat à la fin Une entité transfert le contrôle d'un bien ou
de la période considérée. d'un service progressivement et, par
conséquent, satisfait à une obligation de
performance et constate ces revenus
progressivement, si au moins l'une des
conditions suivantes est remplie :
49
Le guide d'application de la norme IFRS 15 est beaucoup plus précis que celui auparavant
inclus dans la norme IAS 11, et certaines entités peuvent constater que les revenus
précédemment comptabilisés à un moment précis devraient maintenant être comptabilisé
progressivement, ou vice versa. Que le produit doit être comptabilisé progressivement ou
à un moment précis dépendra souvent d'une analyse minutieuse des termes spécifiques du
contrat.
Pour déterminer si les produits sont constatés à un moment donné ou au fil du temps, il est
important pour une entité de tenir compte des facteurs suivants :
Une évaluation minutieuse pour savoir si l'entité pourrait avoir une autre utilisation pour
l'actif en cours de construction et son droit d'être payé pour le travail effectué à ce jour.
Il est important de se concentrer sur les conditions contractuelles qui permettent au client
d'annuler, de restreindre ou significativement modifier le contrat, et si de telles
circonstances ont été soulevées, le vendeur aurait toujours le droit contractuellement à
une indemnité adéquate pour le travail effectué à ce jour.
L'évaluation de ces facteurs, et d'autres devront être réalisée dans le cadre des deux termes
du contrat.
Le contrôle constitue l’élément central de la norme IFRS 15. En effet, Le chiffre d’affaires
est comptabilisé lorsqu’une OP est remplie (ou à mesure qu’elle le soit). Par conséquent,
l’indicateur des risques et avantages liés à la propriété qui était l’élément prépondérant
d’IAS 11 ne devient qu’un simple indicateur de contrôle parmi d’autres.
50
Tableau 11: Capitalisation des coûts du contrat
En vertu de la norme IAS 11, En vertu de la norme IFRS 15,
Contrats de construction Produits des activités ordinaires tirés de
contrats avec des clients
Un entrepreneur peut avoir encouru des coûts Une entité doit comptabiliser comme un actif
qui se rapportent aux activités futures sur le les coûts supplémentaires de l'obtention d'un
contrat. De tels coûts sont comptabilisés en contrat avec un client si l'entité prévoit
tant qu'actif à condition qu'il soit probable recouvrer ces coûts. Les coûts
qu'ils seront recouvrés. Ces coûts supplémentaires de l'obtention d'un contrat
représentent un montant dû par le client et sont les coûts qu'une entité encourt pour
sont souvent classés en travaux en cours. obtenir un contrat avec un client qu'il ne
serait pas engagé si le contrat n'a pas été
obtenu (par exemple, une commission de
vente). Si les frais engagés dans la réalisation
d'un contrat avec un client ne sont pas dans le
cadre d'une autre norme (par exemple, IAS 2
Stocks, IAS 16, Immobilisations corporelles
et IAS 38 Immobilisations incorporelles),
une entité doit les comptabiliser entant qu'un
actif que si ces coûts répondent à tous les
critères suivants : (IFRS 15.95)
Les coûts sont directement liés à un
contrat (par exemple, les coûts liés aux
services à fournir au titre du
renouvellement d'un contrat existant
ou les coûts de la conception d'un actif
à transférer en vertu d'un contrat
spécifique qui n'a pas encore été
approuvé) ;
Les coûts procurent à l’entité des
ressources nouvelles ou accrues qui
lui serviront à remplir ses obligations
de prestation à l’avenir ;
les coûts devraient être récupérés.
En plus des indications normatives sur la constatation des produits, la nouvelle norme
introduit des critères spécifiques pour déterminer quand capitaliser certains coûts,
comment distinguer entre les coûts associés à l'obtention d'un contrat et les coûts associés
à l'exécution d'un contrat. Les coûts qui sont directement attribuables à l'exécution des
contrats avec les clients seront comptabilisés selon la nature des coûts encourus.
51
2. 2 Effet de la valeur temps de l'argent dans les revenus :
La norme IFRS 15 introduit des nouveautés et plus d'ampleur pour les arrangements de
financement et l'impact de la valeur temps de l'argent. Selon la nouvelle norme, la
composante de financement, si elle est importante, est comptabilisée séparément. Ceci est
valable pour les paiements d'avance, ainsi que de retard, mais sous réserve d'une exception
lorsque la période entre le paiement et le transfert des biens ou services est inférieure à
une année. Cette nouvelle orientation peut changer les pratiques comptables actuelles dans
certains cas.
52
2. 3 Modification des contrats :
La norme IAS 11 ne comprenait que des indications limitées sur la façon de tenir compte
des modifications des contrats. Par contre la norme IFRS 15 inclut des directives détaillées
pour savoir si une modification du contrat doit être comptabilisée prospectivement ou
rétrospectivement. Ces exigences peuvent entraîner un changement de pratique pour
certaines entités.
53
L'exigence de la nouvelle norme IFRS 15, pour les modifications des contrats qui doivent
être approuvées, semble être plus stricte qu'en vertu de la norme IAS 11. Cette nouvelle
exigence peut conduire à des recettes provenant de modifications de contrat reconnues
ultérieurement sous réserve des dispositions de la norme IFRS15 que ce qui n'a pas été le
cas pour IAS 11. Ce changement dans les exigences reflète l'approche générale de la norme
que l'entité compte pour les droits et obligations exécutoires découlant de contrats.
Dans de nombreux cas, un changement de l'étendue de la prestation peut être approuvé,
mais le changement de prix peut ne pas l'être. Dans ces cas, la mesure du chiffre d'affaires
sera régie par des orientations de la norme, ce qui signifie que même si l'approbation de la
modification a été obtenue, le changement de prix sera inclus dans les revenus seulement
quand il est « hautement probable » qu'il n’y aura pas de reprise significative des revenus
dans le futur.
54
Section 2 : L’impact de l’adoption de l’IFRS15
sur le secteur de la construction et le secteur
immobilier
Étant donné que l’IFRS 15 a pour sujet principal le traitement comptable des revenus d’une
entreprise, il semble évident que chaque entité, appliquant les normes IFRS sera concernée
par son adoption. Cependant, selon les circonstances, les caractéristiques des entreprises
et leurs pratiques comptables, il est probable que ces dernières soient impactées de façon
différente (Cloyd, 2015).
Les publications existantes sur le sujet mettent en évidence deux secteurs qui sembleraient
être les plus impactés par l’adoption de la nouvelle norme. Il s’agit des secteurs de
l’immobilier et de la construction.
Selon une analyse de Deloitte (2014), la comptabilisation des revenus changera pour
certaines entreprises immobilières, et particulièrement celles dont le cœur de métier
consiste dans le développement, la construction et l’ingénierie, ainsi que dans des activités
dont les revenus dépendent des performances réalisées. Ces caractéristiques sont
également propres au secteur de la construction, qui était auparavant soumis à la norme
IAS 11 Contrats de construction (Silvia, 2014).
55
actuelles IAS 18 et IAS 11 ainsi que la norme interprétative IFRIC 15 « Accords
de construction de biens immobiliers » (Grant Thornton, 2016).
a) Développement de propriété :
Timing de la comptabilisation :
Le manque de clarté des directives énoncées dans les normes actuelles complique la
comptabilisation du revenu dans le secteur immobilier. Il n’est pas évident de
déterminer si la construction des actifs immobiliers doit être prise en compte en tant
que service, et donc être comptabilisée en continu, ou en tant que vente d’un bien une
fois la construction complète, et donc comptabilisée à un moment donné (Deloitte,
2014).
56
À partir de 2018, les entreprises n’auront plus de difficulté pour déterminer quand
comptabiliser les revenus de leurs activités de construction. La norme établit clairement et
de façon spécifique les principes qui déterminent si le revenu doit être comptabilisé en
continu ou à un moment donné (cf. supra p. 22). Ces nouveaux critères diffèrent de ceux
établis dans l’IFRIC 15 et peuvent dès lors donner des résultats comptables différents (EY,
2015).
L’entité aura intérêt à analyser les termes du contrat qui autorisent le client à annuler,
écourter ou modifier le contrat. Si un de ces cas se présente, l’entreprise doit déterminer si
elle a droit à une compensation adéquate pour les travaux déjà effectués (Deloitte, 2014).
Le secteur immobilier est caractérisé par les contrats à éléments multiples. Par
conséquent, l’identification des différentes obligations de prestation constitue un 36
deuxième challenge et contraindra peut-être les entreprises à changer leurs politiques
comptables actuelles (BDO, 2014).
57
Une autre question que les sociétés devront se poser concerne la comptabilisation du
revenu des services réalisés pour la construction d’un bien immobilier. Elles devront
déterminer si elles comptabilisent le revenu au sein même du contrat ou dans un contrat
distinct (Deloitte, 2014).
Les contrats pour la vente d’un bien immobilier comprennent souvent des clauses qui
affecteront le montant à recevoir du vendeur. En effet, si le bâtiment est terminé avant
la date prévue, un bonus peut être versé ou, si les travaux prennent plus de temps que
prévu, des pénalités peuvent être demandées (BDO, 2014). Sous IFRS 15, comme le
seuil de probabilité de la partie variable a été relevé pour permettre sa comptabilisation,
il peut en résulter une imputation différée du revenu par rapport au traitement
comptable actuel (Grant Thornton, 2016).
Dans le secteur de l’immobilier, de nombreux coûts tels que les commissions de vente
et les frais de soumissions devront être capitalisés alors qu’ils étaient, jusqu’à présent,
directement enregistrés en charges (EY, 2015). Cela aura une conséquence sur les
profits de l’entreprise (Deloitte, 2014).
Les arrangements financiers avec les clients sont communs au sein du secteur et sont
caractérisés par une entrée de trésorerie qui ne correspond pas à la date de
comptabilisation du revenu (BDO, 2014). La norme IFRS 15 est bien plus stricte que
les normes actuelles à ce sujet. L’entité doit comptabiliser les éléments financiers de
l’arrangement, tels que les paiements en avance ou les arriérés, séparément du revenu
quand leurs montants sont significatifs. Lorsque l’arrangement financier et le revenu
sont comptabilisés lors de la même année comptable, l’entité peut les comptabiliser
sous un contrat unique (Deloitte, 2014).
Modifications de contrat :
Il est commun pour les contrats des entreprises immobilières de faire l’objet de
modifications. Les raisons en sont diverses ; il peut s’agit d’un changement dans
l’étendue du travail, du prix ou encore l’addition de services ou de biens (BDO, 2014).
58
b) Gestion d’actifs immobiliers :
Timing de comptabilisation :
Sous la norme IAS 11, les entités comptabilisaient automatiquement les revenus issus
d’un contrat de construction selon la méthode du degré d’avancement. La norme IFRS
15 présente quant à elle un cadre plus restrictif pour déterminer si les produits
provenant d’un contrat de construction seront à comptabiliser à un moment donné ou
de manière progressive. Les revenus doivent être comptabilisés à un point donné dans
le temps lorsque les critères pour une comptabilisation progressive ne sont pas
satisfaits
59
Bien que la méthode de comptabilisation progressive ne soit plus automatique, il est
peu probable que les entreprises de construction changent leur traitement comptable
habitue (Dodyck et al. 2014). En effet, l’IFRS 15 requiert qu’une entité comptabilise
le revenu lorsqu’il y a transfert de contrôle du bien ou service au client. Ce dernier
obtient généralement le contrôle des actifs à partir du moment où ils sont créés ou
améliorés. Ce qui change pour les entités est qu’elles devront évaluer plus strictement
les contrats sous les nouveaux critères d’IFRS 15.
Les contrats de construction offrent souvent des biens et des services multiples dans
leurs contrats avec les clients. Le contrat comprend l’actif à construire et les services
afférents. Ces deux obligations de performance sont dans la plupart des cas
interdépendantes et constituent donc une seule obligation de performance (Grant
Thornton, 2016). Cependant, certains éléments du contrat se révèlent plus compliqués
à comptabiliser tels qu’un projet de développement en plusieurs étapes, les services de
construction et les services personnalisés (KPMG, 2017).
La norme IAS 11 définit les critères pour comptabiliser les différents éléments du
contrat (IAS 11.8). Cependant, les contrats de construction sont souvent comptabilisés
en un seul et unique revenu étant donné que leurs différents éléments sont très souvent
corrélés (Cross, 2017). Dès lors, comme l’écrivent Dodyck et al. (2014), les entreprises
continueront à comptabiliser le revenu sous un contrat unique et peu d’impacts
significatifs sont à anticiper.
Le prix de transaction des contrats de construction comprend souvent une partie fixe
ainsi que des montants variables. Par conséquent, le prix de transaction peut varier à
la suite de réductions, rabais, remboursements, crédits, réductions de prix, avantages,
bonus de performance, sanctions ou autres faits semblables (Cross, 2017). La difficulté
réside dans l’identification de la partie variable du prix de transaction. Le changement
de norme peut conduire à une comptabilisation anticipée de cette partie dans les
situations où l’entreprise possède de nombreuses transactions similaires. Elle
déterminera alors le caractère probable de la partie variable sur la base de son
expérience (Allocco et al, 2014).
60
Modifications de contrats :
Pertes :
La norme IFRS 15 ne fournit pas de directives spécifiques quant aux pertes sur contrat.
Elles devront être comptabilisées sous un autre standard, à savoir l’IAS 37 Provisions
pour risques et charges, alors que l’IAS 11 enregistrait les pertes immédiatement en
charges (Von Eckardstein, 2015).
Il est fort probable que les entreprises doivent adapter leur système d’information afin
de rassembler et analyser des données supplémentaires exigées par la nouvelle norme
(Berchowitz et Whitehead, 2014). En effet, celle-ci oblige les entreprises à collecter
plus d’informations pour réaliser les estimations du revenu, mais aussi à les
communiquer dans les « disclosures » (KPMG, 2016). La norme IFRS 15 révolutionne
le traitement comptable des transactions économiques et il se pourrait dès lors que les
61
systèmes et les procédures actuels soient obsolètes. Par conséquent, il faudra
actualiser, voire créer de nouveaux processus. Par exemple, si l’entité applique la
norme selon la méthode rétrospective, elle devra probablement créer de nouveaux
systèmes, processus ou encore des contrôles internes afin de comptabiliser les revenus.
En outre, les sociétés devront potentiellement maintenir un système parallèle
d’enregistrements durant la période de transition (Cloyd, 2015).
La norme IFRS 15 requiert plus de jugement pour certains éléments de la norme. Ces
nouvelles estimations et jugements auront un impact sur le montant et le moment de
comptabilisation du revenu. L’entité aura le devoir de les revoir et les actualiser
épisodiquement, ce qui la conduira à réaliser d’éventuels ajustements des estimations
dans les états financiers pour les périodes ultérieures (KPMG, 2016 ; Berchowitz et
Whitehead, 2014).
De façon similaire aux systèmes d’informations, l’entité devra s’assurer que ses
processus comptables sont encore d’actualité et fonctionnels pour collecter la nouvelle
information et la documenter de manière appropriée. L’information sera collectée à la
source et proviendra, par exemple, des cadres dirigeants, des commerciaux, du service
marketing ou encore du développement commercial (KPMG, 2016). Il s’agit d’une
étape primordiale étant donné que les estimations et les jugements seront réalisés sur
la base de cette information, traitée par les processus comptables. De plus, l’entité doit
s’assurer que les systèmes de contrôle interne soient à jour afin de garantir
l’exhaustivité et la précision de cette information (Berchowitz et Whitehead, 2014).
Il est primordial que les entreprises communiquent le plus rapidement les impacts
attendus de la mise en œuvre de la nouvelle norme aux tierces parties. La première
62
information à leur communiquer est très certainement la méthode de transition que
l’entité a choisi d’appliquer (Berchowitz et Whitehead, 2014). Les investisseuses et
autres parties intéressées voudront comprendre l’impact de la norme sur l’activité
générale de l’entreprise, mais aussi les impacts qu’elle aura sur les résultats financiers,
les coûts de mise en œuvre engendrés, les potentiels changements des pratiques
commerciales, ainsi que la date d’adoption (KPMG, 2016).
Pour les entreprises qui subiront un impact important quant à la nouvelle méthode de
comptabilisation du revenu, ce changement aura aussi un impact sur les profits et, dès
lors, sur les impôts et la taxation. L’entité devra peut-être revoir ses délais de paiement
des impôts et des taxes ainsi que la comptabilisation des impôts différés. Les
entreprises peuvent faire appel à des conseillers juridiques afin de déterminer les
impacts auxquels s’attendre et d’adapter leur stratégie (Berchowitz et Whitehead,
2014).
63
CHAPITRE III :
Étude pratique de l'impact
attendu par l’IFRS 15
64
Introduction :
Le dernier chapitre de ce mémoire a pour objectif de confronter ce qui est écrit dans la partie
théorique aux observations de terrain. Nous chercherons à comprendre quels sont les impacts
anticipés par les entreprises sélectionnées et si ceux-ci correspondent à ceux présentés dans la
partie théorique. Nous réaliserons cette analyse à partir des observations récoltées.
Nous nous vous présentons une analyse d’impact de l’IFRS15 sur un échantillon d’entreprises
opérant dans le domaine de la construction et l’immobilier ainsi que deux cas d’applications
afin d’aider à comprendre les différents traitements.
Une étude est faite par le cabinet « Grant Thornton » afin de mesurer l’impact de l’adoption de
la norme IFRS 15 sur tous les secteurs d’activités. Cette étude est présentée dans l’article «
Disclosing the expected impact of IFRS 15 » publié en juin 2018. Dans le secteur de
l’immobilier et la construction, nous trouvons un échantillon de trois entreprises avec leurs
présentations ainsi que les mesures d’impact.
Notre étude de cas pratique est basée donc sur l’article cité ci-dessus et les rapports annuels des
cinq entreprises.
65
Section 1 : Analyse d’impact sur un échantillon
d’entreprises de construction
« Taylor Wimpey » est l’une des plus grandes entreprises de construction de logements
basée en Grande-Bretagne et se concentre sur la construction de maisons et de communautés
attrayantes et de haute qualité.
Taylor Wimpey a identifié certains domaines de différence dans IFRS 15, notamment le
traitement des opérations d’échange partiel, les frais d’introduction et l’évaluation des
progrès sur les contrats à long terme. Peu de détails sont fournis pour expliquer ces
différences et ils indiquent qu’aucun d’entre eux n’a d’impact significatif. Le traitement des
contrats d’échange partiel est différent de celui de l’entreprise « Persimmon Plc ».
Impact :
La norme IFRS 15est applicable au Groupe à partir du 1er janvier 2018. La norme définit
les exigences en matière de comptabilisation des produits des contrats avec des clients. La
norme utilise un modèle en 5 étapes pour répartir les revenus entre les promesses
individuelles, ou les obligations de performance, dans un contrat. Le moment de la
comptabilisation des produits et le nombre d’unités de certains contrats à long terme
peuvent être avancés.
66
En conséquence, cet impact sera négligeable sur la marge brute et n’aura aucun impact sur
la marge opérationnelle. Les frais de lancement sont actuellement déduits des produits mais,
en vertu de la nouvelle norme, ils seront comptabilisés dans le coût des ventes. Ces frais
sont sans importance pour le Groupe et n'auront aucune incidence sur la marge bénéficiaire
d'exploitation. Les éléments ci-dessus n’auront aucun effet sur les flux de trésorerie du
Groupe. »16
Une évaluation des principales sources de revenus du Groupe par rapport aux exigences de
la norme IFRS 15 par rapport aux méthodes comptables précédentes est présentée ci-
dessous :
Tableau 14: Une évaluation des principales sources de revenus du Groupe par rapport aux
exigences de la norme IFRS15 par rapport aux méthodes comptables précédentes
67
Partenariat logement contrats Le Groupe a déterminé que, Ces contrats étaient auparavant
à long terme lorsque les contrats avec les comptabilisés selon les normes IAS
associations de logement (HA) ou 11 et IFRIC 15«Contrats de
les conseils locaux prévoient que construction d’immeubles» et, à ce
des sommes sont perçues lors de titre, étaient comptabilisés au fil du
la fabrication des unités, le client temps lorsque certains jalons du
contrôle l’ensemble des travaux développement ont été atteints.
en cours pendant la construction Le calendrier de comptabilisation
de la maison. des produits n’a pas changé selon
Cela s'explique par le fait que IFRS 15. Les conditions de la vente
l'unité est construite selon les incluent l’obligation pour le client
spécifications convenues et que, d’effectuer des paiements
si le contrat est résilié par le échelonnés tout au long du contrat
client, le Groupe a alors droit au et, par conséquent, les produits
remboursement des coûts engagés devraient continuer à être
à ce jour. comptabilisés au fil du temps. »17
Par conséquent, les produits
provenant de ces contrats et les
coûts associés sont comptabilisés
en heures supplémentaires et les
factures sont émises en
conséquence. Les montants non
facturés sont présentés en tant
qu’actifs contractuels.
68
Figure 7: Impact de l'IFRS 15 sur les revenus de Taylor Wimpey
« Persimmon plc » est une société britannique de construction de logements dont le siège
est à New York. Il est construit sous des marques telles que Persimmon, Charles Church,
Westbury Partnerships et Space4.
69
Impact :
IFRS 15 a été appliquée par le Groupe à compter du 1er janvier 2018. Actuellement, le
Groupe comptabilise les produits à la juste valeur de la contrepartie reçue ou à recevoir lors
de l'achèvement légal d'une propriété résidentielle. Lors de l’application d’IFRS 15, les
produits tirés de la vente d’immeubles résidentiels continueront d’être comptabilisés de
manière cohérente et comprendront également la juste valeur de la contrepartie reçue ou à
recevoir lors de la vente d’immeubles partiellement échangés. Les produits liés à la vente
d’immeubles à échange partiel sont actuellement inclus en tant que réduction du coût des
ventes, l’achat et la vente d’immeubles à échange partiel étant comptabilisés comme un
mécanisme de vente.
L’application de la norme IFRS 15 entraînera une augmentation des produits et du coût des
ventes. Le bénéfice d'exploitation déclaré ne sera pas affecté, mais la marge d'exploitation
déclarée diminuera. Il n’y aurait aucun impact sur les flux de trésorerie du groupe. Si la
norme IFRS 15 était appliquée aux exercices clos les 31 décembre 2017 et 2016, le chiffre
d'affaires et le coût des ventes auraient été augmentés de 175,5 millions de livres sterling et
de 176,8 millions de livres sterling respectivement. Le bénéfice d'exploitation déclaré serait
resté à 955,1 millions de livres sterling en 2017 et à 770,5 millions de livres sterling en
2016. La marge d'exploitation déclarée pour 2017 aurait diminué de 27,9% à 26,5%, avec
une baisse en 2016 de 24,6% à 23,3%. »18
Elle se concentre sur la vente au détail de haute qualité et les bureaux à Londres.»
Impact :
« La nouvelle norme combine un certain nombre de normes antérieures, établissant un
modèle en cinq étapes pour la comptabilisation des produits et établir des principes pour la
communication d'informations utiles aux utilisateurs des états financiers sur la nature, le
70
calendrier et l’incertitude des produits et des flux de trésorerie découlant des contrats d’une
entité avec les clients. La nouvelle norme ne s'applique pas aux revenus de location, qui
entrent dans le champ d’application de la norme IAS 17, mais s’applique aux frais de
service. Les revenus, les frais de gestion et de performance et les cessions d'immeubles. Les
modifications introduites par IFRS 15 se traduiront par des changements qualitatifs minimes
apportés à la publication des revenus et n’a pas d’incidence quantitative sur les comptes
consolidés. »19
71
Section 2 : Cas d’application
Après avoir mené notre étude de cas pratique et présenté les cas réels d’impact de l’IFRS15 sur
les états financiers et le chiffre d’affaire des 3 entreprises qui ont commencé l’application de la
nouvelle norme, nous comptons creuser davantage dans l’étude de l’impact de cette norme en
présentant un cas d’application que nous avons conçu sur la base de plusieurs cas d’illustration
sur l’IFRS15.
1. Cas d’application :
Objectif :
Ce cas d'application que nous avons conçu traite comment le changement dans les termes
contractuels peut affecter considérablement les revenus d'une entreprise selon IFRS 15.
Enoncé :
La société X a conclu 2 contrats avec 2 clients différents (A et B). Les deux clients veulent
acheter des appartements presque identiques et sont d'accord avec un prix total de
100.000UM par appartement.
Lors de la signature du contrat : les clients paient une somme de 10.000UM chacun.
Durant l'exécution du contrat (1 an avant l'achèvement prévu) : les clients doivent
payer 50.000UM chacun.
Achèvement : À la fin de la construction, la propriété légale des appartements est
transférée aux clients et ils paient le montant restant soit 40.000UM chacun.
72
La période prévue pour la construction est de 2 ans à compter de la date de signature du
contrat. La société X a le droit de retenir les paiements de tout client dans le cas où un
client fait défaut aux termes contractuels avant son achèvement.
Les contrats avec les clients A et B ne sont pas identiques. D'autres clauses contractuelles
précisent que :
Aucun autre terme spécifique pour le contrat conclu avec le client A.
Le contrat avec le client B précise que la société X ne peut pas transférer ou vendre
l'appartement à un autre client, et en retour, le client B ne peut pas résilier le contrat.
TAF :
Proposez le traitement comptable approprié pour les deux contrats conclus selon IFRS 15.
Solution :
Selon la nouvelle norme revenu IFRS 15, le contrôle d'un bien ou d'un service est considéré
comme transféré progressivement si l’une des conditions suivantes est remplie :
Dans le cas du client A, le chiffre d'affaires serait reconnu à un moment précis, tandis que
les revenus du contrat B seront reconnus progressivement dans le temps.
Pour les deux premiers critères, le contrat prévoit que la propriété légale
d'appartements est transférée aux clients après deux ans (après avoir payé toute la
somme).
En ce qui concerne le troisième critère, la société X construit un appartement qui
peut être facilement vendu ou cédé à un autre client en cas de défaillance du client
A. Même lorsque cela serait empêché (par écrit spécifiquement dans le contrat), la
73
société X n'a pas le droit exécutoire de paiement pour l'avancement accompli à ce
jour. La société X ne gardera que les paiements échelonnés dans le cas de défaillance
du client même s'ils ne peuvent pas couvrir le coût engagé par l'entité pour le travail
accompli à ce jour. Donc ce critère n'est pas satisfait aussi.
Par conséquent, la société X reconnaîtrait le produit à un moment précis - c'est à dire
quand l'appartement est transféré au client A (à l'issue de l'année 2).
Pour les deux premiers critères, le contrat prévoit que la propriété légale d'appartements
est transférée aux clients après deux ans (après avoir payé toute la somme).
Pour le troisième critère, la société X ne peut pas diriger l'actif construit pour une
utilisation alternative, parce que le contrat conclu avec le client B ne permet pas la
cession ou le transfert de l'appartement à un autre client. En outre, la société X a droit
exécutoire au paiement pour l'avancement accompli à ce jour. Donc le troisième critère
est satisfait dans ce cas.
Par conséquent, dans ce cas, la société X comptabilise les revenus progressivement dans
le temps - et ce, à l'issue des deux ans de construction de l'appartement, en se basant sur
l'une des méthodes appropriées pour évaluer le degré d’avancement de l'obligation de
prestation accomplie par l'entité : méthodes fondées sur les extrants ou méthodes
fondées sur les intrants.
N'entrons pas dans les détails des méthodes proposées par la norme IFRS 15 (méthodes fondées
sur les extrants ou méthodes fondées sur les intrants). Pour simplifier les choses, supposons
qu’un an avant l'achèvement, la société X a engagé 45% du coût total estimé pour la
construction de l'appartement, et un an après, elle engage 55% du coût total estimé (durant la
deuxième année de construction).
Cet exemple illustre comment les changements dans les termes contractuels peuvent affecter
considérablement les revenus de l'entreprise.
La comparaison des profils de revenus tirés des deux contrats, aux termes de la norme IFRS 15,
se résume dans le tableau suivant :
74
Revenus tirés du contrat A Revenus tirés du contrat B
Année 1 0 UM 45.000 UM
Année 2 100.000 UM 55.000 UM
TOTAL 100.000 UM 100.000 UM
Le nouveau modèle d’IFRS 15 constitue un changement important par rapport aux anciennes
normes.
Bien qu’il offre un guide d’application plus détaillé, les entités devront faire preuve de
beaucoup de jugements professionnels dans l’application de ses exigences, en partie en raison
des estimations plus nombreuses. Cette norme offre un apport notable aux règles en pratique
maintenant. En d’autres termes, elle vient combler des lacunes et limites qui existent
actuellement dans le traitement des revenus.
Dans ce dernier chapitre, nous avons présenté une analyse d’impact de l’application de la
nouvelle norme sur un échantillon d’entreprises opérant dans le domaine de la construction et
de l’immobilier ainsi qu’un cas d’application afin de mieux assimiler les différentes nouvelles
notions prévues par l’IFRS15.
75
Conclusion générale :
Certaines entreprises, en exécution de contrats conclus avec des tiers, se trouvent dans la
nécessité d’appliquer les traitements recommandés par la norme NCT 09 « contrats de
construction » ou à l'échelle internationale IAS 11, vu la longueur de la durée d’exécution
des travaux convenus dans le contrat dans le cadre des activités marchandes, qui est
généralement répartie sur plus d'un exercice comptable.
Les modalités de comptabilisation du chiffre d'affaires des promoteurs immobiliers
concernant la vente de biens à l'unité en l'état futur d'achèvement n'étaient pas clairement
définies par la norme IAS 11 et son équivalente NCT 09. Les pratiques de comptabilisation
étaient donc très diverses, et se référaient soit à IAS 18 soit à IAS 11. L'interprétation
IFRIC 15, " Accords pour la construction d'un bien immobilier " devait harmoniser ces
pratiques, elle permet en effet de déterminer si un accord portant sur la construction d'un
bien immobilier entre dans le champ d'application de IAS 18 ou IAS 11, et la date à
laquelle le chiffre d'affaires doit être comptabilisé.
Dans ce cadre la nouvelle norme IFRS 15 vient remplacer les anciennes normes afin
d’éclaircir toute ambiguïté. Le traitement principal proposé par la nouvelle norme est que
les entités devront identifier les obligations de performance contenues dans les contrats
avec les clients et qu’elles constateront les revenus correspondants lorsque ces obligations
de prestation sont remplies par le transfert du contrôle des biens ou des services promis.
Ces revenus seront comptabilisés pour la part de prix de transaction revenant à chaque OP.
En conséquence, diverses entités vont être affectées à des degrés différents. C’est pourquoi
les entités devront analyser IFRS 15 et évaluer jusqu’à quel niveau leur organisation
devrait être adaptée afin de répondre efficacement à ses exigences et réussir la transition.
La norme présente un nouveau traitement uniforme à tous les contrats quel que soit le type
de revenu qu’ils engendrent. De plus, elle exige de fournir des informations qualitatives et
quantitatives détaillées aux utilisateurs. IFRS 15 est déjà réputée être très descriptive.
76
D’ailleurs, elle analyse chaque étape et donne des directives sur certains cas particuliers
que peut rencontrer une entité.
Les changements potentiels apportés à la reconnaissance du chiffre d'affaires vont être
importants pour certaines entités et dépasseront largement le volet comptable.
La nouvelle norme IFRS 15 a soulevé des inquiétudes dans le secteur de la construction
vis-à-vis de l'aptitude à reconnaître les revenus provenant des activités de construction
progressivement qui serait réduite ou supprimée complètement. En conséquence, les
entrepreneurs trouveront souvent que l'application de la nouvelle norme à un contrat de
construction classique, se traduit par une comptabilisation des résultats des revenus
globalement similaires à la méthode actuelle du degré d'avancement.
Les nouveaux principes de traitement des revenus font appel au jugement professionnel
dans la détermination des méthodes à utiliser et les estimations à faire beaucoup plus que
les normes actuelles.
Cette norme s’appuie sur la notion de transfert du contrôle, et non plus des risques et
avantages, pour reconnaître le chiffre d’affaires. Elle impose de découper les contrats en
obligations de prestation distinctes, qui pourront avoir leur propre marge et leur propre
rythme de reconnaissance du chiffre d’affaires.
Dans le cadre de notre démarche pratique, nous avons présenté une étude pratique basée
sur l’analyse de l’article « Disclosing the expected impact of IFRS 15 » publié par le
cabinet Grant Thornton en juin 2018 et les rapports annuels d’un échantillon de trois
entreprises opérant dans le secteur de construction et de l’immobilier. A côté de cela, nous
avons conçu un cas d’application afin de mieux assimiler les différentes nouvelles notions
prévues par la nouvelle norme.
Cette étude pratique nous a permis d’aboutir à un nombre de conclusions. D’abord, nous
avons montré que ces entreprises ont été affectées avec des degrés différents en fonction
de la nature de leurs activités au sein du secteur de l’immobilier et la construction.
A cet effet, notre étude pourrait être utile et constituer une base de réflexion pour
l’estimation des impacts réels pour toute entreprise qui opère dans le secteur de
l’immobilier et la construction et qui commence à appliquer IFRS 15.
Cette étude présente toutefois une limite liée au nombre d’entreprises étudiées. Dans
quelques années, la même étude pourrait être refaite sur un échantillon d’entreprises plus
grandes et un intervalle de temps plus large.
77
Bibliographie
Ouvrage :
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avec des clients". Alerte info financière IFRS.
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conclus avec des clients – Êtes-vous prêts ?".
Pocket guide to IFRS standards : the global Financial reporting language
Deloitte (2014) Bulletin d’information IFRS
Deloitte. (2014). "IFRS 15, Produits des activités ordinaires tirés de contrats
avec des clients". Faire la lumière sur le monde IFRS.
Deloitte. (2015). "IFRS 15 – Le nouveau profil du chiffre d’affaires Une
approche intégrée pour de nouveaux enjeux".
Deloitte. (2015) "IFRS 15 en cinq étapes"
Grant Thornton. (2014). "Bulletin de nouvelles sur les IFRS". Numéro spécial –
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des produits, les répercussions pour le secteur de l’immobilier".
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78
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Qui de neuf un an après la publication de la nouvelle norme sur le chiffre
d’affaires ?". Conférence IMA France.
KPMG. (2014). "La nouvelle norme mondiale sur le revenu. Quel impact sur
votre compte de résultat ?". Numéro spécial IFRS en Bref.
KPMG. (2014). "First Impressions : Produits des activités ordinaires issus des
contrats clients".
KPMG. (2014). "La comptabilisation du revenu change Quel impact pour votre
activité ?".
KPMG. (2014). "Transition vers la nouvelle norme Revenu, Quelle est la
meilleure option pour votre entreprise ?".
KPMG. (2014). "Produits des activités ordinaires tirés de contrats avec des
clients".
Mazars. (2014). "La nouvelle norme IFRS 15 sur la comptabilisation du chiffre
d’affaires Secteur du BTP et de la Promotion immobilière".
Bourgoin, C. (2015). " Le principe de l’économie de marché repose en effet sur
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qui se présentent.", PWC Disclose, Gros plan sur la gestion des risques, 47-53.
PWC. (2014). "IFRS 15 Nouvelle norme sur la comptabilisation du chiffre
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Rapports :
Normes de l’IASB :
79
IFRS 15 Produits des activités ordinaires tirés de contrat avec des clients
Thèses et mémoires :
Sites web :
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https://www.tustex.com/actualites-economiques/tunisie-adoption-ou-adaptation-
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adaptation-des-normes-ifrs-et-leur-impact-sur-lesnormes-ifrs-et-leur-impact-sur-les
http://www.focusifrs.com/menu_gauche/normes_et_interpretations/textes_des_no
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_et_%20interpretations/ias_18_produits_des_activites_ordinaires
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80
https://www.pwc.fr/fr/expertises/ifrs-et-regles-francaises/ifrs15.html
https://www.pwc.fr/fr/assets/files/pdf/2015/03/webcast_actualites_techniques_ifrs
15_ 3-07-14.pdf
https://home.kpmg/content/dam/kpmg/pdf/2014/10/First-Impressions-O-201409-
Impacts-on-the-construction-industry-of-the-new-revenue-standard.pdf
https://home.kpmg/content/dam/kpmg/pdf/2016/07/fr-IFRS-15-first-
Impressions.pdf
81
Table des matières
Sommaire .................................................................................................................................v
Liste des abréviations…...........................................................................................................vi
Liste des tableaux....................................................................................................................vii
Liste des figures.................................................................................................................... viii
Introduction générale ............................................................................................................... 1
Chapitre I : La norme IFRS 15 : Apports ............................................................................. 4
Introduction .......................................................................................................................... 5
Section 1 : Etude comparative entre l’IAS 11 et la NCT 09 .............................................. 6
1. Points de convergences ................................................... Error! Bookmark not defined.
2. Points de divergences .................................................................................................... 11
3. Spécificités du secteur de promotion immobilière (IFRIC 15) ....................................... 13
3.1. Conditions d’application de la norme IAS 18 ou IAS 11 .................................... 13
3.2. Date de comptabilisation du chiffre d’affaire ....................................................... 13
3.3. Impact de l’IFRIC 15 ............................................................................................ 14
Section 2 : Apports de la norme IFRS 15 en matière de comptabilisation des revenus 15
1. Première étape : Identification du contrat avec le client ............................................... 16
a) Modification du contrat ...................................................................................... 18
2. Deuxième étape : Identification des obligations de prestation ...................................... 21
3. Troisième étape : Détermination du prix du contrat ....................................................... 25
3.1. Contrepartie variable et sa limitation .................................................................. 25
3.2. Valeur temps de l’argent ...................................................................................... 27
3.3. Contrepartie non monétaire .................................................................................. 27
3.4. Contrepartie payable au client .............................................................................. 28
3.5. Risque de crédit du client ..................................................................................... 29
3.6. Incertitude quant au prix de transaction ............................................................... 29
4. Quatrième étape : Répartition du prix de transaction entre les différentes OP .............. 30
4.1. Répartition des remises ......................................................................................... 32
82
4.2. Répartition de la contrepartie variable .................................................................. 32
4.3. Modification du prix de transaction estimé ........................................................... 33
5. Cinquième étape : Comptabilisation de revenu ............................................................ 33
5.1. Contrôle transféré progressivement ..................................................................... 34
5.2. Contrôle transféré à un moment précis ................................................................ 37
6. Coûts du contrat .......................................................................................................... 38
6.1. Coûts d’exécution d’un contrat ........................................................................... 38
6.2. Coûts marginaux d’obtention du contrat ............................................................. 40
6.3. Amortissement et dépréciation ............................................................................ 40
Conclusion du premier chapitre ......................................................................................... 41
Chapitre II : Impacts attendus par l’adoption de la norme IFRS 15 ............................. 43
Introduction ....................................................................................................................... 44
Section 1 : Synthèse des divergences entre la nouvelle norme IFRS 15 et celles qui sont
applicables (IAS 11 et NCT 09) ............................................................................................. 46
1. Jugements critiques au commencement du contrat ..................................................... 46
1.1. Identification des différents biens et services au sein d'un contrat ...................... 46
1.2. Constatation des produits ................................................................................... 48
2. Jugements critiques au cours du contrat ....................................................................... 50
2.1. Capitalisation des coûts du contrat ..................................................................... 50
2.2. Effet de la valeur temps de l'argent dans les revenus ........................................... 52
2.3. Modification des contrats ..................................................................................... 53
Section 2 : L’impact de l’adoption de l’IFRS15 sur le secteur de la construction et le
secteur immobilier ................................................................................................................. 55
1. Analyse des impacts attendus et des secteurs d’activité affectés ............................... 55
1.1. Secteur immobilier ............................................................................................. 55
a) Développement de propriété ................................................................................ 56
b) Gestion d’actifs immobiliers ............................................................................... 59
1.2. Secteur de la construction ................................................................................... 59
1.3. Impacts non comptables ..................................................................................... 61
Conclusion du deuxième chapitre ....................................................................................... 63
Chapitre III : Étude pratique de l'impact attendu par l’IFRS 15 .................................. 64
Introduction ....................................................................................................................... 65
Section 1 : Analyse d’impact sur un échantillon d’entreprises de construction .......... 66
1. Cas de l’entreprise 1 : Taylor Wimpey ....................................................................... 66
83
2. Cas de l’entreprise 2 : Persimmom plc ......................................................................... 69
3. Cas de l’entreprise 3 : British Land Company ............................................................. 70
Section 2 : Cas d’application ............................................................................................ 72
1. Cas d’application ........................................................................................................ 72
Conclusion du troisième chapitre ....................................................................................... 75
Conclusion générale ............................................................................................................. 76
Bibliographie ........................................................................................................................ 78
84