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Cours Introduction à l’Histoire de l’art moderne n°4

(30.3.2022)

DU RETABLE À LA PALA : 3 SIÈCLES D’EVOLUTION

Définition retable : structure fixe ou mobile composée d’un ou plusieurs


panneaux en bois articulés ou pas, placée autour de l’autel dans l’église

- Le quattrocento toscan développe le tableau d’autel avec une


attention pour la perspective

- La commande d’un retable est souvent faite par des commanditaires


fortunés, qui en offrant une œuvre du genre à leur église s’assurent
d’être enterrés dans l’église en question, mais le mécène peut
également être une institution religieuse ou une corporation 
L’artiste doit contenter tout le monde en représentant le saint voulu
par l’église, ainsi que le commanditaire de l’œuvre

- Un retable est souvent relié aux reliques de l’église dans laquelle il


se trouve  Représentation du saint de la relique sur le retable

I. LE RETABLE ROMAN OU DU TRECENTO ITALIEN

- Au niveau de la structure, le retable roman est souvent composé


d’un seul panneau rectangulaire avec un saint au centre et des
épisodes de la vie de ce saint sur les côtés et parfois avec une
ébauche de prédelle en bas

- Certains retables du trecento ont un toit triangulaire

RETABLE DE SAINT FRANCOIS D’ASSISE, GIOTTO (1297-


1299)

- Ce retable a été réalisé pour l’église Saint-François de Pise

- Il figure aujourd’hui au Louvre suite aux spoliations des troupes


napoléoniennes

- Ce retable représente un moment important de la vie de St-


François qui reçoit les stigmates du Christ en personne tandis qu’il
est en train de prier  Un saint en habit brun avec des stigmates
représente St-François

- Le fait de représenter une action de la vie des saints est une


nouveauté, comparé aux représentations statiques byzantines
antérieures

- La scène de droite de l’ébauche de prédelle, représente le


“serment aux oiseaux“ qui est un miracle de la vie de Saint François 
Les oiseaux sont représentés de façon très réaliste

- La scène au centre représente St-François agenouillé devant le


pape et d’autres évêques qui acceptent l’ordre monastique
franciscain

- La scène de gauche représente en partie Saint François qui


soutient une église et de l’autre côté, on voit le pape rêvant de St-
François qui restaure l’Église à gauche, dans le sens où il redonnerait
gloire à l’Église catholique en crise

II. LA POLYPTIQUE : RETABLE DU QUATTROCENTO


ITALIEN ET DU XV EME SIÈCLE EN FLANDRE

- Durant le quattrocento italien et au XVème siècle au nord de


l’Europe, les retables sont composés de plusieurs panneaux
rassemblés dans une même charpente qui porte le nom de polyptique
(diptyque = 2 panneaux, triptyque = 3 panneaux, etc.)

Diaporama numéro 10 : En violet est inscrit le vocabulaire architectural


des polyptiques et en vert est inscrit le vocabulaire iconographique

- En bas, on retrouve la prédelle qui est composée de plusieurs


panneaux sur un polyptique qui contient différentes scènes de la vie du
saint

- Au-dessus, on retrouve le registre principal parfois séparé par des


pilastres, qui représente souvent un saint (mais parfois aussi des
sujets religieux importants comme l’Annonciation, la Nativité,
l’Adoration des Mages, le Couronnement de la Vierge ou encore la
Crucifixion)

- Les pilastres comportent souvent des représentations de saints


secondaires ou d’anges
- Au sommet des registres principaux, on retrouve les
couronnements représentant souvent des figures d’ange ou
l’Annonciation

- Enfin, les décors sculptés sur la charpenterie du retable sont


appelés pinacles  Ce sont souvent les mêmes histoires de la vie
des saints qui sont représentées sur les retables, car les artistes
s’inspirent de sources similaires comme la Bible, le Psautier, mais
aussi la Légende Dorée de Jacques de Voragine qui narre la vie de 150
saints dans la chronologie de l’année liturgique

POLYPTYQUE DU COURONNEMENT DE LA VIERGE,


LORENZO MONACO (1414)

- C’est un grand retable comportant des pinacles et des pilastres aux


abords et représentant des saints

- Il s’agit d’une œuvre très prestigieuse pour son utilisation de bleu et


d’or un peu partout

- Lorenzo Monaco était un enlumineur camaldule que l’on reconnaît


par un habit blanc et une barbe  Provient d’un monastère camaldule
de Florence

- Sur le panneau central est représenté le Couronnement de la


Vierge au Paradis (présence des étoiles du Paradis en bas), entourée
de saints et en bas de la scène on retrouve 3 anges thuriféraires
(porteurs d’encens)  Il s’agit d’un polyptique et non d’un triptyque car
une seule scène est représentée

- Sur la prédelle, on voit 6 losanges quadrillés narrant la vie de Saint


Benoît, de Saint Bernard et de la Vierge  Ce thème du
Couronnement de la Vierge se répand surtout à cette période car le
culte de la Vierge est très populaire durant la Renaissance

- La composition est très encombrée de personnages mais est assez


plate en termes de profondeur et de perspective et les personnages
sont allongés avec des couleurs froides et éclatantes 
Représentation typique du gothique florentin
L’ADORATION DES MAGES, LORENZO MONACO (1420-
1422)

- Ce retable est considéré comme un chef d’œuvre du gothique


international

- La partie du haut a été rajoutée au XVème siècle et le retable a


surement perdu son prédelle  Ajout et suppression de parties
dans le temps

- Scène unique avec un usage réduit du fond d’or qui se démode et


elle représente l’Adoration des Mages avec Josef en bas de la Vierge

- Les 3 rois mages représentent souvent les 3 âges de la vie humaine


(jeunesse, âge mur, vieillesse)

- Le cortège qui suit les mages représente la diversité et l’altérité


humaine  Le gothique international favorise des représentations
exotisantes qui montrent l’importance des riches commerçants
florentins

- La scène est représentée avec une perspective archaïsante propre


à Giotto

- Au fond du retable, est représentée la scène de l’“Annonce au


berger“ dans des gris monochromes représentant la nuit

- Le paysage est assez imaginaire mais l’expression des


personnages et des animaux est plutôt réaliste

L’ADORATION DES MAGES, GENTILE DA FABRIANO


(1423)

- Ce retable a été commandé par un rival des Médicis en réponse à


l’Adoration des Mages de Monaco pour la chapelle de sa famille

- Ce retable est composé de deux pilastres sur les côtés avec un


prédelle dans sa partie inférieure

- Comme pour le retable de Monaco, da Fabriano a aussi représenté


des détails exotisants (singes, léopard, oiseaux, etc.)
- Ce retable à scène unique respecte une perspective de narration
propre au gothique international

POLYPTIQUE GUIDALOTTI, FRA ANGELICO (1438)

- Fra Angelico était un moine peintre dominicain

- Ce triptyque a aussi été dispersé et reconstruit au fil du temps

- Sur le panneau central est représenté la Vierge à l’enfant

- Sur le panneau latéral de gauche, on trouve San Domenico à


gauche et San Nicolà de Bari à sa droite

- Sur l’autre panneau latéral est représenté Saint Jean-Baptiste


toujours représenté avec une peau d’animal et avec un “bâton“, alors
qu’à sa droite Sainte-Catherine d’Alexandrie représentée très
élégante, jeune et avec une couronne

- Sur la prédelle, on retrouve des scènes de la vie de San Nicolà de


Bari

III. LA PALA D’ALTARE, FIN QUATTROCENTO, DEBUT


CINQUECENTO

- À cette période, la forme de retable évolue en Italie vers plus de


simplicité

- La pala est composée d’un unique panneau représentant une seule


scène, d’une prédelle souvent composée d’un seul compartiment et
au sommet, on retrouve une corniche (semi-circulaire = lunette,
triangulaire = fronton) avec un décor ou une scène secondaire

- À la toute fin du cinquecento, la pala est composée plus que d’un


seul panneau avec une scène unique

PALA DU COURONNEMENT DE LA VIERGE, FRA


ANGELICO (1430)

- Ce retable peut être considéré comme une “pala de transition“ 


Fra Angelico est connu pour avoir donné cette forme de “pala“ aux
retables
- Cette pala a sûrement été conçue pour un couvent dominicain car
la prédelle représente la vie de Saint-Dominique

- L’œuvre ne présente toujours pas de perspective stricte  Mélange


de style gothique et de Renaissance

- Cette pala comporte beaucoup de couleurs chatoyantes avec


même des escaliers de marbre différent

PALA DE SAN ZENO, ANDREA MONTEGNA (1460)

- Cette pala a été commandée par l’abbé pour le maître autel de son
église  L’abbé-commanditaire reçoit une part des bénéfices du
monastère et a le droit de vivre en dehors de ce dernier

- Montegna était un artiste de cour, car il a travaillé pour des riches


privés

- Ce modèle de pala est encore transitoire puisqu’on a un registre


principal en 3 parties, tout comme la prédelle

- Sur le panneau central, on retrouve une Vierge en Majesté avec des


anges

- Sur le panneau latéral gauche, on voit St-Pierre, St-Paul, St-Jean et


St-Zéno

- Sur le panneau de droite, St-Benoît, St-Laurent, St-Grégoire et St-


Jean-Baptiste  On a 3 panneaux distincts mais qui comportent
des scènes dans le même lieu

- La lunette est richement ornementée par des végétaux

- Œuvre humaniste car on retrouve des représentations de livre

- Les pilastres décorés montrent le goût de Montegna pour la


sculpture

LA VIERGE DE LA VICTOIRE, ANDREA MONTEGNA (1495-


1496)
- Ce tableau a été commandé par Gonzague pour célébrer la victoire
contre le roi de France et le commanditaire est représenté au pied de
la Vierge qui lui confère une sorte de bénédiction de la main 
Croisement entre une œuvre profane et religieuse, notamment pour
le décor de jardin idéal de la scène

MADONE DE MONTEFELTRE, PIERO DELLA FRANCESCA


(1427)

- Œuvre commandée par le duc d’Urbino appelé Montefeltro

- La scène représente la Vierge à l’enfant couché en train de


converser avec des saints (tout à gauche on retrouve Saint-Jean-
Baptiste, Saint-Bernardin, puis Saint-Jérôme et à droite de l’image on
voit Saint-François et Saint-Jean évangéliste) et des anges qui
entourent la Madone

- Le commanditaire est représenté en armure à droite de l’image

- Piero della Francesca est un spécialiste de la perspective qui ici est


centrée sur la figure de la Vierge  Première pala avec un décor
architectural et les couleurs froides rappellant le monde profane est
également une nouveauté

- L’œuf suspendu au plafond du chœur insiste sur l’effet de


profondeur et peut rappeler la conception immaculée de l’enfant par la
Vierge

RETABLE D’ISSENHEIM, MATTHIAS GRÜNEWALD (1512-


1517)

- Cette œuvre immense est consacrée à St-Antoine et a été réalisée


dans un couvent antonin proche d’Issenheim

- La partie sculptée du retable a été réalisée par un autre artiste

- Le retable peut prendre trois compositions

1) Le retable fermé était présenté lors des jours sans grande


importance liturgique  La scène représente la crucifixion et Saint-
Jean-Baptiste avec Saint-Sébastien à gauche de l’image et Saint-
Antoine abbé à droite
2) La première ouverture était présentée lors des jours de fête (Noël,
épiphanie, etc.)  Représente les scènes de l’Annonciation, de la
Nativité et de la Résurrection

3) La deuxième ouverture

- On sait que Grünewald était fortuné et était probablement


protestant et luthérien  Luther voulait que les images divines ne
soient plus relais de superstitions comme chez les catholiques et les
représentations doivent communiquer des émotions comme la
souffrance du Christ sur la croix

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