Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Sylvain Tesson traduit son effet de surprise en décrivant l'animal de façon indéfinissable
comme « un forme inconnue » (l.4) inanimée qui va progressivement prendre vie et se
définir comme « quelque chose de simple, de vivant, de massif »(l.4)
formulé de manière métaphorique « elle portait [...] tibétain » (l.10) *comme si à elle seule
elle portait et résumait tout le paysage qui l'entourait
cette fusion symbiotique avec le paysage est confirmée par une longue énumération qui
la rapproche de tous les éléments depuis la terre « Elle avait [...] versants » (l.11-12) en
passant par l'eau et l'air décrits métaphoriquement comme des matières précieuses « la
neige [...] glaces » (l.13)
indices locatifs doublés d'une gradation croissante de la hauteur soulignent sa posture de
supériorité et sa stature imposante « elle…crêtes » (l.11) « elle...monde »(1.14)
C'est un animal en tout point surprenant qui nécessite la perspicacité de l'observateur, elle
manifeste un synthèse entre le microcosme et le macrocosme l'infiniment petit et l'infiniment
grand, au point de totalement bouleverser l'auteur
L'animal qui exerce sur lui une véritable fascination au point de changer son
regard et son rapport au monde
le nouveau regard porté sur le monde se traduit par un changement de point de vue « un
effet [...] cinématographique » (l.17)
le paysage n'est plus qu'un milieu, un décor en arrière plan qui lui sert de faire valoir
comme l'atteste l'effacement du cadre en gradation décroissante « le décor...se résorbait
» (l.18) « le paysage…apparition »(l.16) « elle était [...]s'annulait » (l.19)
« elle incarnait [...] grecque » (l.19-20) associant la panthère à une manifestation, une
épiphanie, un phénomène saisissant de la nature au sens antique du terme
le terme vision est répété avec insistance par l'auteur « le reçue » (l.21-22) il en parle
comme s'il s'agissait d'un présent d'un cadeau de la vie inestimable
La panthère lui donne une véritable leçon d'observation et il fait l'expérience d'une évolution
intérieure, d'une aventure spirituelle autant que géographique
CONCLUSION
Finalement l'intérêt de cet extrait est double:d'une part, il est bien question d'une célébration
de la beauté à l'état sauvage qu'il s'agisse des hauts plateaux tibétains, mais surtout de
l'animal qui y règne en maître:la panthère des neiges;mais d'autre part en parcourant les
sommets habités par cette présence difficilement visible , Tesson tisse un nouveau dialogue
avec la nature et prend davantage conscience de la place de l'homme, partagée avec
d'autres êtres vivants , dont il ne mesurait pas la présence ni l'existence, jusqu'à cette
rencontre décisive.
Nous comprenons, désormais, dans quelle mesure l'auteur vit un émerveillement et reçoit
une véritable leçon de vie lors cette première apparition de la panthère e n symbiose avec
les éléments. Tesson apprend, avec son lecteur, de la part de cet animal, qu'il est encore
possible de s'émerveiller, chaque jour, de la beauté du monde : encore faut-il prendre le
temps de poser sur lui un regard attentif et respectueux, ce qui est d'autant plus urgent, dans
un monde menacé par l'extinction des espèces.