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La normalisation et la réglementation
internationale
Lorsque le Traité de Rome est signé en 1957, instituant Les systèmes comptables diffèrent d’un pays à l’autre,
la Communauté économique européenne (CEE), les ce qui rend peu aisée la comparaison des informa-
entreprises nord-américaines s’implantent dans les tions financières entre les entreprises.
pays de la CEE afin de contourner les protections
douanières européennes. En outre, les multinationales procèdent à la consoli-
dation des comptes des sociétés qu’elles contrôlent.
C’est le début de l’essor des firmes multinationales.
Un système comptable unique, qui permettrait la
Dans les années 1970, les entreprises japonaises s’im- restitution d’une information financière directement
plantent sur le territoire américain, souhaitant elles comparable, apparaît comme nécessaire dans ce
aussi contourner les barrières douanières. monde globalisé.
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1. Un plan comptable pour l’Europe C. Une interaction permanente
continentale entre privé et public
Les pays d’Europe continentale se sont organi- Les pouvoirs publics, mais aussi des organismes
sés sur un système comptable au travers d’un plan privés comme l’IASB, sont en charge de la réalisation,
comptable. la promotion et l’adoption des normes internationales
comptables.
Si on prend l’exemple de la France, le plan comptable
est homologué par arrêté ministériel, ce qui lui donne D. Un cadre conceptuel qui permet
un caractère réglementaire. la cohérence
Le plan comptable est un document de caractère Le cadre conceptuel précise les principes généraux
réglementaire qui constitue la clé de voûte de la qui vont permettre la cohérence des normes, car ces
normalisation française. краеугольный камень dernières sont toutes en harmonie avec les principes
généraux élaborés.
Il contient les définitions et principes qui s’imposent à
toutes les entités tenues légalement de présenter des E. Les fruits des travaux
comptes. de la normalisation
De plus, le plan comptable fournit la liste de tous les Les travaux de normalisation ont permis des apports
comptes utilisables par une entité. essentiels relatifs aux postulats, aux conventions et
aux qualités.
2. Un cadre conceptuel pour les pays
anglo-saxons 1. Les postulats
Les pays anglo-saxons se sont, eux, dotés d’un cadre Ils portent sur les principes stables que sont notam-
conceptuel que l’on peut définir comme une structure ment la notion d’entité, le principe de continuité d’ex-
de référence théorique qui sert de support et de guide ploitation, la séparation des exercices, la permanence
à l’élaboration des normes comptables. des méthodes, etc.
2. Les conventions
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mieux comprendre qu’il constitue l’enjeu essentiel de table américain non seulement pour ses lacunes, mais
la normalisation internationale. aussi pour son incohérence interne.
B. Une normalisation déductive Pour y parvenir, un organisme, le FASB, est créé pour
élaborer les normes.
Le cadre conceptuel doit permettre de passer
d’une normalisation inductive à une normalisation 3. La naissance du cadre conceptuel
déductive. américain
L’intérêt du cadre conceptuel est de développer une Le FASB va ainsi produire les US GAAP (Generally
entreprise, par un raisonnement qui autorise des Accepted Accounting Principles), qui sont les normes
déductions capables de résoudre des cas qui ne trou- comptables du secteur privé.
veraient pas de réponse dans les normes détaillées
mises à disposition. Deux sortes de normes sont créées :
– les normes SFAC (sapements of financial accoun-
C. Les 3 rôles de la théorie ting councept), qui sont des normes de concept ;
comptable – les normes SFAS (statements of financial accoun-
ting standards), qui sont des normes techniques.
– Rôle pédagogique, car il s’agit de communiquer
clairement, sans ambiguïté, le contenu des normes Ainsi est né le cadre conceptuel américain.
à travers un raisonnement déductif s’appuyant sur
des principes généraux. E. Le cadre conceptuel de l’IASB
– Rôle normatif, car il s’agit de trouver une réponse 1. Définition
logique à un problème nouveau qui n’a donc pas
fait l’objet d’une norme ponctuelle jusqu’à l’émer- Il s’agit d’un cadre pour l’établissement et la présenta-
gence du problème. tion des états financiers pour toutes les entreprises, y
compris celles qui font partie du secteur public.
– Rôle prédictif, car il s’agit de réduire les incerti-
tudes liées au contenu des nouvelles normes, ces 2. L’objectif des états financiers
dernières étant censées être en cohérence avec le
raisonnement issu du cadre conceptuel. Ils ont pour but de fournir des informations sur la santé
financière de l’entreprise ainsi que sur sa performance
D. Le cadre conceptuel américain à destination d’un large éventail d’utilisateurs, afin de
les aider dans leurs prises de décisions économiques.
1. Un système comptable contesté
Le cadre part du postulat de base que les utilisa-
Les scandales financiers dans les années 1960 ont teurs, dans leur diversité, ont néanmoins des intérêts
amené de nombreuses critiques sur le système comp- communs.
Méthode inductive Méthode déductive
-Explication issue d’un fait -Explication causale
-On part d’un fait, de données brutes,
matériels, observables, à comprendre. -On part d’une hypothèse à valider ou
pas
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3. La notion de performance plutôt que 1. La notion de juste valeur ou « fair value »
celle de résultat
La juste valeur est le montant pour lequel un actif
L’expression de performance remplace celle de résul- pourrait être échangé, ou la valeur pour laquelle
tat, car cette notion de résultat n’est pas adaptée à un passif s’éteint, entre des parties bien informées,
certaines entreprises, notamment celles du secteur consentantes et agissant dans des conditions de
public. concurrence normale.
La performance suppose l’efficacité et l’efficience La valeur juste s’oppose au principe du coût histo-
réunies. rique et au principe de prudence.
l’efficacité est d’arriver
à destination, et Efficacité La valeur juste est apparue dans le droit comptable
l’efficience est de
trouver le meilleur
L’efficacité est l’atteinte des objectifs fixés. américain dès 1953, et a été reprise par la suite par
chemin pour y arriver. toutes les normes américaines.
Efficience
L’efficience est l’atteinte des objectifs en utili- La valeur juste est donc l’une des méthodes d’évalua-
sant au mieux les ressources mises à disposition. tion retenue dans les normes internationales.
4. Les flux de trésorerie présents Cette valeur juste est autorisée par la 4e directive euro-
dans le cadre conceptuel de l’IASB péenne du 27 septembre 2001 pour l’évaluation des
instruments financiers.
Il est précisé que les états financiers doivent donner
une image fidèle de l’activité et du patrimoine de l’en- En revanche, le Code de commerce et le PCG (plan
treprise, ainsi que de la situation de la trésorerie, et comptable général) ignorent cette notion de juste
donc des flux de trésorerie. valeur.
Dans le cadre de l’accord de Norwalk du Pourtant, ce principe est présent dans la directive
18 novembre 2002, le FASB et l’IASB ont décidé en européenne du 26 juin 2013, mais les États membres
octobre 2004 de développer un cadre conceptuel sont autorisés à ne pas l’appliquer.
commun aux deux organisations. Cependant, des
difficultés existent et des principes appliqués depuis Cependant, même si on n’applique pas ce principe,
longtemps chez les Anglo-Saxons sont difficiles à il est préconisé dans l’annexe de présenter la réalité
mettre en œuvre en Europe continentale. financière d’une opération qui a été enregistrée en
privilégiant sa forme, c’est-à-dire sa nature juridique.
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La normalisation et la réglementation internationale
Cela permet de mettre en perspective la normalisa- Il a pour mission d’analyser et d’apporter des
tion internationale comme venant se superposer à la commentaires sur les projets de normes de l’IASB.
normalisation nationale pour peu à peu se confondre
et, peut être, dans un avenir plus ou moins lointain, 2. SARG (standards advice review group)
ne faire qu’un.
Il s’agit d’un comité d’examen des avis sur les normes
Mais il faut d’abord faire un détour par les sources comptables qui a été créé en 2006.
comptables européennes, car la normalisation
mondiale qui s’applique en France a d’abord été Il est destiné à assurer l’objectivité et le juste équilibre
approuvée par un règlement et/ou par une directive des avis de l’EFRAG. Il est pour cela composé d’ex-
européenne. perts indépendants et de représentants de haut niveau
d’organismes nationaux de normalisation.
A. L’approbation politique
des normes IFRS 3. L’ARC (accounting regulatory committee)
Ainsi, les normes IFRS ont été rendues obligatoires C’est un organe consultatif qui a pour fonction de
pour les comptes consolidés de toutes les sociétés faciliter une application harmonisée des directives
cotées européennes par le règlement IFRS 2005 adop- comptables. Pour cela, il procède à une concertation
té le 19 juillet 2002. régulière sur les problèmes concrets que pose la mise
en œuvre des normes.
Ce règlement permet, sur option, d’appliquer les
normes IFRS aux comptes consolidés des sociétés non
cotées mais aussi aux comptes individuels de toutes
les sociétés, cotées ou non.
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V. Les sources françaises VI. Les sources comptables
L’article 55 de la Constitution française mentionne
internationales
que les traités internationaux ont une suprématie sur A. L’IASB (ex-IASC)
les lois internes. Les règlements européens sont donc
directement applicables. Le règlement de 2002, dit En 1973 a été fondé l’IASC (International Accounting
IFRS 2005, rend obligatoire les normes IFRS. Standards Committee).
A. L’autorité des normes Cet organisme privé basé à Londres a été fondé par les
comptables (ANC) instituts comptables de 9 pays (dont la France).
La normalisation occupe désormais une place En 2001, l’IASC s’est réformé pour devenir l’IASB
centrale dans la comptabilité, à tel point que la France dirigé par IASCF, et est devenu au 1er décembre 2016
s’est dotée d’une autorité des normes comptables l’IFRS Foundation.
pour répondre à ces nouveaux besoins.
B. Les organismes de l’IASB
L’autorité des normes comptables a été créée par
l’ordonnance du 22 janvier 2009 par la fusion du L’IASB se compose de plusieurs organismes, chacun
CNC (Conseil national de la comptabilité) et du CRC ayant un rôle précis :
(Comité de la réglementation comptable). – une instance de supervisions : le Monitoring
Board ;
secteur PRIVE L’ANC est donc le régulateur comptable français en – un conseil de surveillance : l’IFRS Foundation ;
charge de la normalisation. – le conseil exécutif : l’IASB ;
– un comité permanent d’interprétation : l’IFRS
L’ANC fonctionne avec un collège qui comprend Interpretation Committee ;
16 membres et qui constitue l’organe de décision – un comité consultatif de normalisation : l’IFRS
chargé d’adopter les règlements. Le collège est aidé Advisory Council ;
par plusieurs commissions. – un forum consultatif technique des normes comp-
tables : l’ASAF Accounting Standards Advisory
AMF Forum.
Parmi les membres qui composent le collège
de l’ANC, il y a un représentant de l’autorité des marchés C. Le Monitoring Board
financiers (AMF).
L’AMF, organisme créé en 2003, apporte son aide dans 1. Rôle
la normalisation relative aux marchés financiers aux
niveaux français et européen. C’est une instance de supervision de l’IFRS
Foundation.
B. Le Conseil de normalisation
des comptes publics (CNOCP) 2. Composition
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La normalisation et la réglementation internationale
Il soumet à l’IASB, par le biais l’IFRS Foundation, les Il est composé de 14 membres qui regroupent des
sujets d’actualité relatifs à l’information financière qui régulateurs, des auditeurs, des industriels et des
doivent être traités rapidement. banquiers selon une répartition géographique :
– 4 membres pour l’Europe ;
Il contrôle les modalités de financement de l’IASB, – 4 membres pour l’Amérique ;
modalités qui ont été conclues par les Trustees. – 4 membres pour l’Asie et l’Océanie ;
– 1 membre pour l’Afrique ;
D. L’IFRS Foundation – 1 membre toutes zones.
1. Rôle 3. Responsabilités
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G. IFRS Advisory Council (ex-SAC) 3. Responsabilités
VII. Récapitulatif
Tableau n°1 Normalisation comptable