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STÉRÉOCHIMIE.

STÉRÉOCHIMIE DES MOLÉCULES ORGANIQUES.


I : Isomérie.
1°) Définition.
Des composés qui ont la même formule brute, mais qui différent :
• par l’ordre ou la nature des liaisons qui relient les atomes entre eux,
• ou par la disposition des atomes dans l’espace,
sont appelés isomères.
L’isomérie est la relation qui existe entre deux isomères.

2°) Isomérie de constitution.


Isomérie de chaîne Isomérie de fonction. Isomérie de position.
Même formule brute, même
Même formule brute, mais une Même formule brute, mais chaîne carbonée, même fonc-
chaîne carbonée différente. avec des fonctions diffé- tions chimiques mais avec des
rentes. positions différentes.

¾ Propriétés physiques et chimiques des isomères de constitution.


Pour les isomères de fonction, l’ensemble des propriétés physiques et chimi-
ques sont très différentes.
Pour les isomères de chaîne ou de position, les propriétés chimiques sont as-
sez voisines, mais les propriétés physiques peuvent différer notablement.

3°) Stéréoisomérie.
¾ Dès 1870 environ, il est apparu qu’une formulation plane était insuffisante pour distinguer des
molécules, qui à priori correspondent à des édifices tridimensionnels. (L’atome de carbone té-
trédrique a été proposé par Le Bel et Van’t Hoff en 1874).
¾ La stéréochimie s’intéresse à la disposition des atomes d’une structure chimique dans l’espace.
Elle dérive de la théorie de la liaison chimique et son importance est considérable dans l’étude
des mécanismes réactionnels (c’est le domaine de la stéréochimie dynamique).
a) stéréoisomérie conformationnelle et stéréoisomérie configurationnelle.
Des isomères de même constitution sont appelés stéréoisomères
lorsqu’ils ne diffèrent que par la disposition de leurs atomes dans l’espace. On distingue :

Les isomères de conformation. Les isomères de configuration.


Les conformations d’une molécule sont La configuration d’une molécule de cons-
les différentes dispositions de ses atomes dans titution donnée est la disposition de ses atomes
l’espace qui ne se différencient que par dans l’espace, sans tenir compte des rota-
des rotations autour de liaisons simples. tions ou torsions autour des liaison sim-
ples.
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Les diverses conformations d’une molécule Une configuration donnée peut ainsi pré-
donnée ne sont pas séparables à tempéra- senter différentes conformations.
ture ambiante.
Deux isomères de configuration différente
On passe de l’une à l’autre par simple rotation,
sont séparables. Pour passer d’une configura-
ou torsion sans rupture de liaisons.
tion à une autre, il faut rompre des liaisons.

b) Énantiomérie ; diastéréo-isomérie.
¾ Chiralité d’une structure.
Une structure est dite chirale (prononcer
« kirale » si elle n’est pas superposable à
son image dans un miroir plan (on parle
d’image spéculaire).
Chiral ou chiralité vient du mot grec
« kheir » qui signifie « main »).
Une molécule non chirale est dite achirale.
Pour qu’une molécule soit chirale, il
Condition pratique de chiralité (néces-
faut qu’elle ait ni plan ni centre de sy-
saire mais non suffisante).
métrie.

¾ Carbone asymétrique (ou hétéroatome asymétrique).


Un atome asymétrique est lié tétraédri- Br
quement à quatre atomes ou groupes
F
d’atomes différents. H
Il est indiqué par un astérisque. Ex : C*. Cl

L’existence d’un atome asymétrique unique


est une condition suffisante de chiralité (un
atome asymétrique est pour cela dit chiral).

Il existe des structures chirales sans carbone


asymétrique, comme les molécules à bases
d’allènes (C == C == C).

a a a a
L’existence de plusieurs atomes asymé-
* * et c * *
triques n’est une condition ni nécessaire ni c b c

suffisante de chiralité. b c b b
molécule chirale molécule achirale

Parmi les stéréoisomères configurationnels, on distingue :

Les.énantiomères. Les diastéréo-isomères.


Des diastéréo-isomères sont des isomères de
Deux énantiomères sont images spécu-
configuration non énantiomères, Les struc-
laires l’une de l’autre Chacune des deux struc-
tures diastéréo-isomères pouvant être chirales
tures est donc chirale.
ou achirales.
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II : Isomérie conformationnelle.
1°) Conformations autour d’une liaison simple carbone – carbone.
¾ La conformation d’une molécule autour d’une liaison simple C—C est décrite en α

donnant l’angle de torsion α, entre deux groupes choisis sur chacun des deux ato-
mes (figure ci-contre).
¾ Les deux groupes sont choisis en appliquant les règles ci-dessous :

Si tous les atomes ou groupes portés par un atome de carbone sont différents,
Règle 1 on choisira dans cet ensemble le groupe le plus prioritaire selon les règles de
priorité C.I.P. (Cahn, Ingold, Prelog).

Si, dans l’ensemble des atomes ou groupes portés par un atome de carbone, un
Règle 2
seul est différent des autres, il sera choisi.

Si tous les atomes ou groupes portés par un atome de carbone sont identiques,
Règle 3
on choisira celui qui conduira au plus petit angle de torsion.

¾ Quatre conformations portent un nom particulier :

α = 0° (éclipsée) α = 60° (décalée) α = 120° (éclipsée) α = 180° (décalée)

synpériplanaire synclinale anticlinale antipériplanaire

¾ Aspect énergétique.
Il a fallu attendre 1935 pour que soit confirmée l’idée que la rotation affecte l’énergie de la mo-
lécule. La rotation n’est pas réellement libre : elle est possible, mais gênée.
Les variations de l’énergie potentielle de la molécule en fonction de l’angle α mettent en évi-
dence les différentes conformations de cette molécule.

On désigne par conformère une conformation correspondant à un mini-


mum (absolu ou relatif) d’énergie potentielle.
La hauteur de la barrière d’énergie (différence ΔE p = ( E p )max − ( E p )min ) est
telle que, aux températures ordinaires, du fait des chocs (agitation thermique),
une molécule peut prendre toutes les conformations possibles.
Typiquement ΔEp est de l’ordre de 5 à 10 kJ/mol.

La répartition des différentes conformations pour une structure en équilibre thermique à la


n ⎛ ( E − E2 ) ⎞
température T obéit à la statistique de Boltzmann : 1 = exp ⎜ − 1 ⎟.
n2 ⎝ RT ⎠
Les différences d’énergie sont dues aux interactions électrostatiques entre les groupes d’atomes
et aux effets de gêne stérique.

Les conformations éclipsées sont moins stables que les conformations dé-
calées car les interactions y sont les plus fortes (gêne stérique très faible, mais ré-
pulsions des e- des liaisons C—H).

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2°) Conformations de quelques composés acycliques.


a) La molécule d’éthane.
Géométrie de la molécule. Variations de Ep en fonction de l’angle de torsion θ.

dC − C = 154 pm
dC − H = 109 pm
n = CCH
HCH n = 109°

décalé n ⎛ 11700 ⎞
¾ A 298 K, la proportion de molécules vaut : d = exp ⎜ + ⎟ ≈ 112 .
éclipsé ne ⎝ 8.31× 298 ⎠
Il y a donc une très forte majorité de molécules proches de la conformation décalée.
⎛ ΔE p ⎞
¾ Si T , exp ⎜ − ⎟ → 1 : aux fortes températures, on assiste à une forte dispersion entre toutes
⎝ RT ⎠
les conformations.
¾ Si T , on trouve quasi exclusivement toutes les molécules en conformation décalée.

b) La molécule de butane.
Géométrie de la molécule. Variations de Ep en fonction de l’angle de torsion θ.

Les rotations sont étudiées


autour de l’axe C2 — C3.

Les conformations décalée


gauche, décalée droite et
anti constituent des confor-
mères du butane.

c) Le dibromo-1,2 éthane.

Ici, la conformation éclipsée α = 0 est


quasiment interdite, en raison de la taille
des atomes de brome (impénétrabilité des
sphères de Van der Waals).

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III : Isomérie configurationnelle.


1°) Activité optique d’une substance chirale.
¾ Lumière naturelle et lumière polarisée.
La lumière est une onde électromagnétique (O.E.M.) définie par les variations du champ élec-
l,l
tromagnétique {E B } et caractérisée par sa célérité c ou son vecteur d’onde l
k .
On établit que l’O.E.M. plane a une structure transverse, ce qui signifie que le plan d’onde dé-
l ,l
fini par {E B } est perpendiculaire à l
k (qui fixe la direction et le sens du rayon lumineux).
On appelle plan de polarisation de la lumière, le plan {l k , lE }. L’orientation de ce plan
dans l’espace au cours de la propagation de la lumière caractérise son état de polarisation.
En prticulier, si ce plan garde une direction fixe au cours du temps, l’onde est
dite polarisée rectilignement. La lumière naturelle est non polarisée.
¾ Polariseurs rectilignes.
Certains milieux transparents, appelés polaroïds, ont la propriété de ne laisser passer que les
ondes lumineuses vibrant suivant une direction de polarisation bien définie. A leur sortie, la lu-
mière est polarisée rectilignement. Il est possible « d’analyser » la direction de polarisation d’un po-
lariseur (P) à l’aide d’un deuxième polariseur rectiligne, appelé analyseur (A).
On montre que l’intensité de la lumière après (A) vérifie la loi dite de malus : I = I 0 cos 2 (θ ) ,
où θ est l’angle que font entre elles les directions privilégiées de (P) et de (A).

Si θ = ± 90°, (P) et (A) sont dits croisés tandis que


si θ = 0° ou 180°, (P) et (A) sont dits parallèles.

¾ Activité optique : mise en évidence expérimentale.


Certaines substances, dites « optiquement actives » possèdent la propriété de faire tourner d’un
angle α le plan de polarisation d’une lumière incidente qui traverse la substance.
On peut mesure cet angle à l’aide du montage décrit sur la figure ci-dessous : partant d’une po-
sition polariseur et analyseur croisés, on interpose entre (P) et (A) une cuve contenant une solution
active, comme par exemple du glucose. L’angle de rotation α est celui dont il a fallu faire tourner
l’analyseur pour rétablir l’extinction de lumière sur l’écran.

¾ On distingue les substances :


• Dextrogyres : l’observateur « voit » tourner l’analyseur (A) dans le sens des
aiguilles d’une montre, sens choisi pour α algébriquement positif.
• Levogyres : l’observateur « voit » tourner (A) dans le sens trigonométrique.
Selon le cas, le nom de la substance est accompagné du signe (+) ou (-)

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¾ Polarimétrie.
La mesure pratique de l’angle α se fait, selon le principe du
montage précédent, avec un appareil appelé polarimètre. Le plus
courant est le polarimètre de Laurent (figure ci-contre) :

¾ Le pouvoir rotatoire.
L’angle α dépend de :
• la longueur d’onde λ de la lumière incidente,
• la température T,
• la longueur A de la cuve traversée,
• la concentration C de la substance active,
selon la loi dite de Biot : α = [α 0 ]Tλ .A.C

Le coefficient de proportionnalité [α 0 ]λ , caractéristique de la substance est


T

appelé pouvoir rotatoire spécifique.


Il est en général tabulé à 293 K (20 °C) et λ = 589 nm (raie jaune du sodium).
⎛ ⎞
Dans le cas de plusieurs substances actives, la loi devient : α = ⎜ ∑ [α 0i ]Tλ .Ci ⎟ A .
⎝ i ⎠
¾ Relation avec la chiralité : principe de Pasteur.
Pasteur a énoncé le principe suivant pour interpréter l’activité optique d’une substance :

Toutes les molécules chirales sont des molécules de composés optiquement ac-
tifs et tous les composés optiquement actifs sont constitués de molécules chirales.
Il reste maintenant à relier cette propriété de chiralité à la structure de la molécule…

2°) La règle séquentielle de Cahn, Ingold et Prelog.


¾ La description de la configuration de certaines structures amène à classer les différents groupes
portés par un atome (très souvent un atome de carbone) appelé atome central.
¾ Ce classement est effectué au moyen d’un ensemble de conventions appelées règle séquen-
tielle, ou règles de priorité de Cahn, Ingold et Prelog (en abrégé règles C.I.P.). La rè-
gle séquentielle aboutit au classement des groupes portés par l’atome central par ordre de prio-
rité décroissante, du type a > b ( a prioritaire devant b).
¾ Classer des groupes par ordre de priorité décroissante n’a, évidemment, de sens que si tous les
groupes considérés sont différents.

Les atomes directement re- Exemple : le 3-méthyl pentan-2-ol


liés à l’atome central sont dits de
premier rang.

Les atomes liés ensuite à ces


atomes de premier rang sont dits
de deuxième rang et ainsi de suite.

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¾ Traitement des liaisons multiples.


Sauf pour l’atome d’hydrogène, chaque atome est considéré, pour les règles de priorité, comme
ayant quatre voisins, réels ou imaginés ; un doublet libre peut constituer l’un de ces voisins.
Une liaison multiple d’un
atome A de rang p avec un
autre atome B de rang p + 1
est considéré au rang p + 1
comme autant de liai-
sons simples entre cet
atome A et l’atome B ou des
atomes fictifs, appelés ses
répliques et notés entre
parenthèses.
¾ Pour un traitement complet des liaisons multiples :
Dans une liaison multiple entre
deux atomes A et B, on rattache à
chaque atome A ou B autant de ré-
pliques B ou A de l’autre atome
qu’il y a de liaisons entre A et B.
Ces répliques sont complétés cha-
que fois que cela est nécessaire par
les orbitales non engagées dans une
liaison, désignées par « atomes fan-
tômes » et symbolisées par « o ».
¾ ordre de classement sur un noyau aromatique.

Un noyau aromatique est écrit


sous forme mésomère présentant
le système conjugué le plus éten-
du possible et contenant le plus
petit nombre de charges ou
d’atomes porteurs d’électrons cé-
libataires.

¾ Les règles de priorité C.I.P.


Règle 1 : Exemples :
Br
ordre : Br > Cl > F > H
La priorité des atomes va dans le sens dé-
F
croissant de leur numéro atomique Z. H
Le classement exclut toute notion de taille des substi- Cl
r
tuants (par exemple : —CH2Cl > —C(CH3)3 ).
Si deux atomes de même espèce sont en Cl > CH2OH > CH3 > H.
compétition, celui qui porte le plus petit
nombre de fantômes a priorité.
Règle 2 : Exemple :
Pour deux atomes isotopes, l’atome de masse D > H.
14
molaire la plus élevée est prioritaire. C > 12C

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¾ Un exemple d’utilisation de la règle séquentielle :


Atomes de rang 1 : Cl > C,C > H
Priorités : 1 indétermination 4
Pour lever l’indétermination, il faut comparer les atomes de
rang 3 : Cl est prioritaire sur O.
D’où :
CH2CA CH2OHCH3
CA CH CH H
CH3 CH3OH

¾ Pour compléter d’éventuelles indéterminations, on ajoute les deux règles suivantes :


Règle 3 :
Les directions de développement de type Z (sur une double liaison) sont prioritai-
res sur celles de type E.
Règle 4 :
Un substituant de configuration absolue R est prioritaire sur un substituant de
configuration absolue S.
Pour deux substituants ne différant que par leur configuration absolue, les dispo-
sitions (R,R) ou (S,S) ont priorité sur les dispositions ((R,S) ou (S,R).

3°) Isomères configurationnels à un carbone asymétrique : énantiomérie.


Les quatre substituants a,b,c et d d’un atome de carbone
asymétrique sont classés par ordre de priorité décroissante suivant
la règle séquentielle de Cahn, Ingol et Prelog : a > b > c > d .
L’observateur regarde dans l’axe C*—d, le groupe le moins
prioritaire étant situé derrière C*.
Si le sens de rotation a → b → c est le sens trigonométrique di-
rect (sens inverse des aiguilles d’une montre), la configuration de
la molécule est dite S (pour « sinister », signifiant gauche en latin).
Si le sens de rotation a → b → c est le sens direct des aiguilles
d’une montre, la configuration est dite R (pour « rectus», signifiant
droite en latin).
La configuration de la molécule est indiquée en faisant précé-
der son nom de nomenclature par (R)— ou (S)—.
Exemples: (R)- 2- bromobutane ;
(S)- alanine ;
(S)- 3- méthylcyclohex-1-ène
cation (R) - butyleéthylméthylpropylphosphonium

¾ Les isomères de configuration pour des molécules à un seul carbone asymétrique sont des
énantiomères (l’un est l’image spéculaire de l’autre).
Un mélange des deux énantiomères en proportions égales (mélange équi-
molaire) est appelé mélange racémique.
La séparation des deux énantiomères d’un mélange racémique est appelée
résolution (ou dédoublement du racémique).

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Remarques :
Deux énantiomères ont des propriétés physiques « scalaires » identiques (même
point de fusion, ou ébullition, même masse volumique, …)
Deux énantiomères ont des propriétés chimiques identiques vis-à-vis de réactifs
chimiques non chiraux.
Les substances naturelles sont souvent chirales, et elles seulement correspon-
dent à un énantiomère pur. (Les substances synthétiques correspondent à un mé-
lange racémique)
La résolution d’un racémique ne peut se faire que par réaction avec un réactif chiral de
configuration donnée (donc un produit naturel !) qui conduit à la formation de deux diastéréo-
isomères, qui peuvent être ensuite séparés.
Il s’agit ensuite de libérer séparément chacun des énantiomères, par la réaction inverse. Le
choix du réactif résolvant est important car toutes les étapes doivent avoir d’excellents rendements.
¾ Configuration et propriétés chimiques.
De nombreux exemples montrent que les propriétés biochimiques d’une structure dépendent
de sa configuration (le goût ou l’odeur par exemple, les phéromones, les réactions en présence
d’enzymes). De même, les propriétés pharmaceutiques peuvent changer avec la configuration.

4°) Isomères configurationnels à deux carbones asymétriques.


On recherche la configuration absolue pour chacun des carbones asymétriques C* de la molé-
cule et on l’indique au début du nom de nomenclature, entre parenthèses suivies d’un tiret et en
séparant chaque couple d’indications de configuration (indice-lettre) par une virgule.
Exemples : le (2R, 4R) - hexane - 2,4 - diol.
Le (2R,3S) - 2 - chloro - 3 - bromobutane.
Après avoir prévu le nombre de maximal de stéréoisomères attendus, la méthode de recherche
consiste à partir d’une structure A, soit en représentation de Cram, soit en projection de
Newman, dont on détermine la configuration absolue.
On représente alors la molécule symétrique A’, image de la première dans un miroir plan : il
faut vérifier si elle est ou pas superposable à la précédente.
Si la réponse est non, ces deux structures forment un premier couple d’énantiomères.
Il suffit d’inverser deux substituants sur un seul des carbones asymétriques pour
obtenir une configuration B différente de A. Vérifier encore si l’image spéculaire B’ de B est iden-
tique ou non à B.
Les configurations absolues de A’, B et B’ sont ainsi facilement déduites de celle de A (une vé-
rification à posteriori n’est pas inutile !).
a) Cas où les substituants sur les deux C* sont différents.
Il existe 4 stéréoisomères chiraux.
* *
Considérons le 2 - chloro - 3 - butane : CH 3 − C HC A − C HBr − CH 3 .
2 3

Les quatre structures sont les configurations (2R, 3R) ; (2S, 3S) ; (2R, 3S) et (2S, 3R) :

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Entre ces quatre structures, il existe deux couples d’énantiomères, et


quatre couples de diastéréo-isomères :

Un mélange équimolaire des molécules (I) et (II) est racémique et n’a pas d’activité optique.
Idem pour un mélange des molécules (III) et (IV).

b) Cas où les substituants sur les deux C* sont identiques.


Dans ce cas, l’une des configurations est achirale, car superposable à son image spéculaire.
Lorsqu’un composé possède deux atomes de carbone asymétriques identi-
quement substitués, il n’y a que trois stéréoisomères de configuration,
dont un couple d’énantiomères (R,R) et (S,S) et un composé chiral (R,S)
dit composé méso.
Prenons l’exemple de l’acide tartrique ou acide 2,3 – dihydroxybutane – 1,4 – dioïque :
* *
HO2C − C H (OH ) − C H (OH ) − CO2 H
2 3

(L’activité optique de ce composé a été découverte par Pasteur).


Les carbones C2 et C3 sont chiraux et, à priori, on peut toujours envisager les 4 isomères :

Mais, ici, les molécules III (2S, 3R) et IV (2R, 3S) sont identiques. Pour bien le voir, il suffit de
représenter ces structures en projection de Newman, dans une conformation éclipsée : on observe
alors un plan de symétrie perpendiculaire à l’axe de la liaison (C2 — C3)..
Remarque :
La substance constituée de molécules méso est inactive par nature sur la lu-
mière polarisée et non par compensation comme dans un racémique.

Cas d’une structure à n carbones asymétriques : il y a au maxi-


n
mum 2 stéréo-isomères de configuration (moins s’il existe des composés méso).

5°) Molécules comportant une double liaison : diastéréo-isomérie Z-E.


¾ Double liaison C = C.
Contrairement avec ce que l’on observe avec les liaisons simples, il faut fournir une énergie
importante (de l’ordre de 200 kJ/mol) pour obtenir la rotation d’une liaison double C = C.
Conséquence :
A température ambiante, la rotation autour d’une liaison C = C est empêchée,
ce qui implique une isomérie de configuration.

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Il s’agit ici d’une diastéréo-isomérie (liaison double plane).

¾ Configuration absolue Z – E.
Pour déterminer la configuration absolue d’un diastéréo-isomère d’une structure qui contient
une double liaison substituée, on applique les règles qui suivent :
Règle 1 : les deux groupes portés par chaque atome doublement lié sont classés par ordre de
priorité décroissante à l’aide de la règle séquentielle de Cahn, Ingold et Prelog.
Règle 2 : si les deux groupes les plus prioritaires sont d’un même côté de la double liaison,
le composé est dit Z (pour « zusammen » qui signifie ensemble en allemand).
Si les deux groupes les plus prioritaires sont de part et d’autre de la double liaison, le
composé est dit E (pour « entgegen » qui signifie en face).
Règle 3 : la configuration de la molécule est indiquée en faisant précéder son nom de nomencla-
ture par (Z) – ou (E) -.

Les isomères Z et E, parfois appelés isomères géométriques, se caractérisent


par des propriétés physiques, chimiques et biologiques différentes.
Exemples :
L’isomère (Z) du 1,2 – dichloroéthylène bout à 60 °C, l’isomère (E) à 48 °C : ceci en raison des
interactions intermoléculaires plus importantes entre molécules polaires (Z) qu’entre molécules apo-
laires (E).

Cl H Cl Cl

C C C C
H Cl H H

Isomère (E) : µ = 0 D Isomère (Z) : µ = 1,9 D

Il existe deux acides but-2-ène-1,4-dioïque Z et E, appelée respectivement acide maléique et


acide fumarique, qui ont des solubilités, des pKa différents et des réactivités chimiques différentes.

La forme de l’acide fumarique (E) est défavorable à l’élimination d’une molécule d’eau. Mais la
réaction devient possible à haute température.

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