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Mozart naît le 27 janvier 1756 à 8 heures du soir au numéro 9 de la Getreidegasse à

Salzbourg. Il est le fils de Léopold Mozart, musicien, compositeur et pédagogue


originaire d'Augsbourg, ville libre d'Empire, qui occupe alors la fonction de vice-
maître de chapelle à la cour du prince-archevêque de Salzbourg, et d'Anna Maria
Pertl, sa femme4, fille d'un fonctionnaire de la cour de Salzbourg.

Comme Trèves, Cologne ou Mayence, Salzbourg est une principauté ecclésiastique du


Saint-Empire, sous l'autorité d'un prince-archevêque, et rattachée au Cercle de
Bavière. Elle est alors une petite ville (10 000 habitants), sur un des itinéraires
joignant l'Empire et l'Italie, et tout entière centrée avec ses familles nobles,
ses bourgeois, ses petits fonctionnaires et ses artisans sur la cour du prince-
archevêque.

Souabe par son père, salzbourgeois par sa mère et sa naissance, Mozart ne se dira
jamais autrichien ou bavarois, mais toujours allemand.

Wolfgang est le cadet de sept enfants. Trois enfants sont morts en bas âge, avant
la naissance de sa sœur aînée Maria Anna (surnommée « Nannerl », née en 1751), et
deux autres sont encore morts de maladie entre la naissance de Nannerl et la
sienne5.

Wolfgang est baptisé le lendemain de sa naissance dans une chapelle de la


cathédrale Saint-Rupert de Salzbourg. Son acte de baptême porte les prénoms de
Joannes Chrysost[omus]n 1 Wolfgangusn 2 Theophilus. Theophilus, signifiant « aimé
de Dieu », a des équivalents, allemand (Gottlieb, prénom que son père lui attribue
un mois après sa naissance), italien et latin (Amedeo prénom adopté lors de son
voyage en Italie en décembre 1769)6.

Wolfgang se fera appeler généralement « Wolfgang Amadè Mozart », mais s’amuse tout
au long de sa vie à déguiser et à déformer ses différents noms en de Mozartini,
Gangflow (Wolfgang à l’envers), Trazom, etc.7. Mais les signatures de sa
correspondance ne comportent jamais le prénom Amadeus, qui ne sera employé qu'après
sa mort.

Mozart est un petit garçon émotif et tendre, joignant la plus attentive docilité à
une spontanéité primesautière, avide de tout apprendre (les mathématiques) et
racontant des histoires avec une imagination débordante. Il s'épanouit au sein d'un
foyer uni et aimant. Il joue avec sa sœur Nannerl, de peu son aînée et bonne
musicienne, et reçoit l'enseignement du remarquable pédagogue qu'est son père.

Dès l'âge de trois ans, il révèle des dons prodigieux pour la musique : il a
l'oreille absolue et certainement une mémoire eidétique8. Ses facultés déconcertent
son entourage et incitent son père à lui apprendre le clavecin dès sa cinquième
année. Le jeune Mozart apprend par la suite le violon, l'orgue et la composition.
Il sait déchiffrer une partition a prima vista et jouer en mesure avant même de
savoir lire, écrire ou compter. À l'âge de six ans (1762), il compose déjà ses
premières œuvres (menuets KV. 2, 4 et 5, allegro KV. 3 inscrits dans le Nannerl
Notenbuch, « cahier de musique pour Nannerl »)9.

Mozart ne reçoit pas d'autre éducation que celle donnée par son père. C'est
cependant moins au génie en herbe qu'au virtuose que sa famille prend garde.
Léopold a envie de faire connaître cet élève hors de pair et son maître, le prince-
archevêque, autorisera des tournées qui feront honneur à sa cour.

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Ascendance de Mozart

Le voyageur
Articles détaillés : Tournée européenne de la famille Mozart et Mozart en Italie.
Leopold, Wolfgang au clavecin et Maria Anna (dite Nannerl) Mozart en 1764.
Entre 1762 et 1766, le jeune Mozart entreprend le Grand Tour lors d'un long périple
musical avec son père, employé par le prince-archevêque Sigismond de Schrattenbach,
ainsi qu'avec sa sœur aînée Maria Anna, qu'il appelle Nannerl. Ils vont d'abord à
Munich, puis à Vienne, avant de s'engager, le 9 juin 1763, dans une longue tournée
en Europe, qui les emmène de nouveau à Munich, puis à Augsbourg, Mannheim,
Francfort, Bruxelles où il loge une nuit au château de Hasselbrouck, Paris,
Versailles, Londres, La Haye, Amsterdam, Dijon, Lyon, Genève12 et Lausanne.

Le jeune musicien émerveille les cours et les souverains, les dilettantes et les
curieux. Il est cajolé et récompensé, parfois en espèces, mais plus souvent en
bagues ou en montres, difficilement monnayables. On admire la simplicité naturelle
dont il fait preuve avec les princes. Pour mieux éprouver sa virtuosité, on lui
fait accomplir des prouesses comme jouer sur un clavier recouvert d'un drap. À
Londres, le naturaliste Daines Barrington tente de montrer que Wolfgang n'est
qu'une sorte de singe savant exhibé par son père devant la noblesse européenne et
qu'il s'agit d'une supercherie, mais les épreuves auxquelles il soumet l'enfant
révèlent qu'il est bien un prodige13.

Le jeune Mozart démontre ses qualités exceptionnelles de virtuose non seulement au


clavecin, et plus tard au pianoforte, mais aussi au violon et à l'orgue.

Jamais un apprentissage aussi riche et divers n'a été offert à un jeune musicien.
Il rencontre deux musiciens qui vont le marquer définitivement : Johann Schobert à
Paris, et Johann Christian Bach, fils cadet de Jean-Sébastien Bach, à Londres. Ce
dernier lui fait découvrir le pianoforte, inventé au début du siècle, et l'opéra
italien ; il lui apprend également à construire une symphonie. C'est déjà la
moisson des premières œuvres : seize sonates pour violon et clavier, onze
symphonies et en 1767, à l'âge de onze ans, un premier opéra, Apollo et Hyacinthus
(K.38), une comédie latine destinée à être interprétée par les élèves du lycée
dépendant de l'université de Salzbourg.

De retour à Salzbourg, Mozart se rend régulièrement à Vienne, et, durant l'été


1768, compose deux autres opéras : Bastien et Bastienne et La finta semplice ; il
n'a alors que douze ans. L'année suivante, il a 13 ans, le prince-archevêque
Schrattenbach le nomme Konzertmeister (l'équivalent de premier violon). Onze plus
tard, il n'aura toujours pas monté en grade.

Mozart (au clavier) en 1770 avec le violoniste Thomas Linley, autre enfant prodige,
détail d'une toile anonyme du xviiie siècle (collection privée).
Son père obtient un congé sans solde ce qui lui permet de faire découvrir l'Italie
à son fils. De 1770 à 1773, il effectue trois voyages successifs en Italie :
Vérone, Florence, Rome, Naples, Bologne, Venise et surtout Milan. Alors qu'il
visite Rome, il entend le Miserere de Gregorio Allegri le mercredi de la Semaine
Sainte, le 11 avril 1770. Après une seule audition, il aurait parfaitement
retranscrit l'œuvre, morceau célèbre mais complexe, d'une durée d'un quart d'heure
et alors non publié. Une autre version de l'anecdote mentionne une seconde écoute
le Vendredi Saint, Mozart regardant cette fois sa transcription et y apportant
quelques modifications14.

Le pape Clément XIV le nomme chevalier dans l'ordre de l'Éperon d’or.

À Bologne, le père Martini, érudit illustre, l'initie au vieux style sévère et le


fait recevoir à l'Académie philharmonique qui n'admet en principe que des membres
âgés de plus de vingt ans. Mozart a alors quatorze ans et c'est la dernière haute
distinction qu'il recevra de sa vie.
En Italie, Mozart étudie l'opéra, genre musical dans lequel il excellera, mais
découvre surtout la bouffonnerie et le travestissement des masques, la concision
dense et la netteté du trait, le brio d'une vivacité jamais alourdie. La musique
italienne l'instruit moins qu'elle ne le révèle à lui-même en libérant son
tempérament des docilités de l'enfance. Il italianise en Amadeo le dernier de ses
prénoms, Gottlieb.

Les œuvres de cette période correspondent bien à cette découverte personnelle :


symphonies, musiques de chambre, un premier opera seria, Mitridate (1770), une
réussite formelle de virtuosité vocale, un oratorio, La Betulia liberata (1771,
composé à Salzbourg entre deux voyages), un spectacle de cérémonie, Ascanio in
Alba, un autre opera seria plus personnel, Lucio Silla (1772) qui ne reçoit qu'un
demi-succès.

Au service du prince-archevêque Colloredo (1773-1781)

Portrait de Mozart par Joseph Lange et, selon sa femme Constance, le plus
ressemblant à Mozart.
Le jeune Mozart qui a parcouru l'Europe n'a plus d'autre horizon que Salzbourg.
Cette perspective est rendue d'autant plus étouffante par l'avènement, le 22 juin
1772, du nouveau prince-archevêque Hieronymus von Colloredo-Mansfeld. Prince
éclairé et progressiste par certains côtés, le prince-archevêque Colloredo, à la
différence de son prédécesseur Schrattenbach, est entiché de la seule musique
italienne et bien décidé à mettre au pas les Mozart père et fils qu'il trouve
arrogants et trop souvent absents. Son nouvel employeur lui impose la forme des
pièces qu'il doit composer pour les cérémonies religieuses. À dix-sept ans, Mozart
a du mal à accepter ces contraintes, et ses relations avec le prince-archevêque
vont en se dégradant au cours des trois années qui suivent.

Mozart réagit à cette situation par une surabondance créatrice : son premier vrai
concerto pour piano, son premier quintette à cordes, trois symphonies dont la
première (K.183) des deux symphonies qu'il écrira en sol mineur, une partition pour
le drame de Thamos. Cette poussée créatrice marque le début de la première maturité
mozartienne. Une accentuation et une mobilité nouvelle dans l'expression des
sentiments se fait jour, parfois jusqu'au tragique le plus brutal. Avec un
dramatisme aigu et un art personnel pour combiner rythmes et mélodies, l'art du
jeune Mozart ne ressemble déjà plus à aucun autre.

C'est à cette époque qu'il fait la connaissance, à Vienne, de son illustre aîné
Joseph Haydn, avec qui il entretiendra tout au long de sa vie une correspondance et
une amitié teintée d'admiration, réciproque. Mozart lui donnera le surnom
affectueux de « papa Haydn », resté aujourd'hui encore vivace. Joseph Haydn à
Léopold Mozart qui le rapporte :

« Je vous le dis devant Dieu, en honnête homme, votre fils est le plus grand
compositeur que je connaisse, en personne ou de nom, il a du goût, et en outre la
plus grande science de la composition. »

Wolfgang Amadeus Mozart à propos de Joseph Haydn :

« Lui seul a le secret de me faire rire et de me toucher au plus profond de mon


âme. »

En 1776, Mozart qui a alors vingt ans, décide de quitter Salzbourg. Mais le prince-
archevêque refuse de laisser partir son père et lui impose de démissionner de son
poste de maître de concert. Après une année de préparatifs, il part avec sa mère,
tout d'abord à Munich, où il n'obtient pas de poste, puis à Augsbourg, et enfin à
Mannheim, où il se lie d'amitié avec de nombreux musiciens au premier rang desquels
Christian Cannabich, dont il dira dans une lettre du 9 juillet 1778 qu'il était le
meilleur chef d'orchestre qu'il ait jamais connu15. Toutefois, ses démarches pour
obtenir un poste restent là encore infructueuses. C'est à Mannheim également qu'il
tombe éperdument amoureux de la cantatrice Aloysia Weber, ce qui suscite la colère
de son père, qui lui demande de ne pas oublier sa carrière. Couvert de dettes,
Mozart comprend qu'il doit reprendre ses recherches et part pour Paris, au mois de
mars 1778.

Maison où résida Mozart à Paris (8 rue du Sentier)

Signature de Wolfgang Amadeus Mozart au bas de l'acte de sépulture de sa mère Anna


Marie Pertl le 3 juillet 1778 dans le registre paroissial de l'église Saint-
Eustache à Paris.
À Paris, Mozart espère trouver de l'aide auprès de Friedrich Melchior Grimm, qui
s'était occupé de sa tournée lorsqu'il avait sept ans, mais sans succès ; l'homme
de lettres lui reprochant "un manque de savoir-faire pour se mettre en valeur".
Grimm met fin, déçu, au séjour de son jeune protégé. Mozart ne trouve pas non plus
de poste qui lui convienne, et a même du mal à se faire payer ses leçons d'un noble
qui le traite avec condescendance ; comportement des nobles en général qui marquera
Mozart.

Lors de ce séjour, sa mère Anna Maria tombe malade et meurt le 3 juillet 1778 rue
du Gros-Chenet (actuellement au 8 rue du Sentier, où se trouve une plaque
commémorative) à Paris. Elle est inhumée à Paris après une messe à l'église Saint-
Eustache, en présence de son fils qui signe le registre paroissial de cette églisen
3.

Mozart rentre alors à Salzbourg, où son père réussit à convaincre le prince-


archevêque de le reprendre à son service. Sur le trajet de son retour, il passe par
Munich, où vit la famille Weber. Mais Mozart apprend qu'Aloysia aime un autre
homme. Après tous ces événements malheureux, il arrive déprimé à Salzbourg le 29
janvier 1779. Il retrouve son ancien poste de Konzertmeister auquel Colloredo
ajoute la fonction d'organiste de la Cour, pour 450 florins par an.

Portrait appelé le « Mozart de Bologne », peint en 1777 à Salzbourg par un inconnu,


pour le père Martini, qui l'avait commandé pour sa galerie de portraits de
compositeursn 4. Léopold Mozart écrira à propos du portrait, dans une lettre
adressée au père Martini, datée du 22 décembre 1777 : « C'est une œuvre d'art de
valeur médiocre, mais je peux vous assurer que du point de vue de la ressemblance,
elle est parfaite. »n 5
En novembre 1780, il reçoit une commande pour l'opéra de Munich, où il se rend
comme son contrat l'y autorise. La création, le 29 janvier 1781, de Idomeneo, re di
Creta (Idoménée, roi de Crète), opera seria, est accueillie très favorablement par
le public. De retour à Salzbourg, Mozart doit suivre son employeur à Vienne, où le
prince-archevêque le traite publiquement, après des remarques du jeune musicien
jugées impertinentes, de « voyou » et de « crétin » avant de le congédier le 9 mai
178116.

Mozart s'installe alors dans la capitale autrichienne, dans la pension de Madame


Weber, comme compositeur indépendant.

Mozart visita trois fois la ville de Mayence jusqu'en 179017.

Vienne (1781-1791)
L'indépendance
Désormais débarrassé de l'autorité de son père et de son employeur, Mozart peut
enfin composer plus librement, mais doit établir sa notoriété à Vienne.
Le 24 décembre 1781, à l'invitation de l'empereur Joseph II, il participe devant la
cour à une joute musicale au pianoforte contre Muzio Clementi, célèbre virtuose du
clavier, tout juste arrivé à Vienne. Mozart a la préférence de l'empereur, Clementi
celle de la grande-duchesse Marie-Louise. Les deux pianistes improvisent sur des
thèmes imposés, déchiffrent à vue une partition autographe de Paisiello et jouent
des morceaux de leur composition. Mozart interprète des variations sur le thème de
Ah vous dirais-je maman !. L'empereur déclare la joute nulle et remet cinquante
ducats à chacun. Le pianiste Ludwig Berger se souviendra de Clementi lui disant en
1806 de Mozart : « Jamais jusqu'alors je n'avais entendu quelqu'un jouer avec
autant d'esprit et de grâce. J'ai été particulièrement impressionné par un adagio
et par plusieurs de ses variations extempore, dont l'empereur avait choisi le
thème, et que nous devions concevoir alternativement. »18

En 1782, Joseph II commande un opéra à Mozart. Ce sera Die Entführung aus dem
Serail (L'Enlèvement au sérail), en langue allemande, qui incitera Gluck,
compositeur et directeur des concerts publics à Vienne, à féliciter Mozart et sera
l'opéra de Mozart le plus joué à Vienne. Joseph II est enchanté, voilà l'opéra
allemand dont il rêve.

Mozart a fait la connaissance de la troisième fille de madame Weber, Constance, et


décide de l'épouser, sans attendre le consentement écrit de son père qui en sera
furieux. Le mariage est célébré à Vienne le 4 août 1782 à la cathédrale Saint-
Étienne.

Peu après, le baron van Swieten, directeur de la bibliothèque impériale, lui fait
découvrir deux compositeurs qui sont alors tombés dans l'oubli : Bach et Haendel.
Mozart, homme de théâtre, tout comme Haendel, admire les effets musicaux créés par
ce dernier pour accentuer le caractère dramatique de ses œuvres. Il est en outre
fasciné par l'art du contrepoint de Bach, qui influence directement sa Grande messe
en ut mineur KV. 427, et nombre de ses œuvres par la suite. La même année, il
commence une série de six quatuors dédiés à son ami Joseph Haydn, qui se terminera
en 1785.

Pétri des idées des Lumières, Mozart entre le 14 décembre 1784 en franc-maçonnerie
dans la loge Zur Wohltätigkeit (la Bienfaisance), et accède au grade de maître, le
13 janvier 178519. Très épris des idéaux de la maçonnerie qui diffusent cette
philosophie des Lumières, il écrit par la suite une douzaine d'œuvres pour ses
frères maçons, dont Die Maurerfreude (La Joie des maçons, K. 471) en février 1785,
la Maurerische Trauermusik (Musique funèbre maçonnique, K. 477) en novembre 1785,
et surtout, en 1791, La Flûte enchantée (dit « opéra maçonnique ») KV. 620, qui
serait une transcription de l'initiation à la franc-maçonnerie avec ses épreuves,
son maître de cérémonie, la répétition de thèmes avec trois notes et une musique
évoquant l'idéal maçonnique.

Article détaillé : Mozart et la franc-maçonnerie.


En 1786, Mozart fait la connaissance du librettiste Lorenzo da Ponte, « poète
impérial » à Vienne avec un rang directorial comparable à celui de Salieri
directeur musical du Théâtre d'opéra impérial et kappelmeister. Da Ponte, alors
bien en cour, contrairement à Mozart, convainc l'empereur d'autoriser la création
d'un opéra basé sur Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais, alors qu'il avait fait
auparavant interdire la pièce, jugée subversive. Mozart met en musique le livret de
Lorenzo da Ponte, et la première de Le nozze di Figaro (Les Noces de Figaro) a lieu
le 1er mai 1786 à Vienne. Son succès n'empêche pas son retrait rapide de l'affiche,
l’œuvre mécontentant la noblesse viennoise. Mozart part alors à Prague, où Le nozze
connaît un grand succès. En hommage à cette ville, il compose la Symphonie no 38 en
ré majeur.

Il reçoit alors du directeur du théâtre de Prague, ville qui lui a fait fête, la
commande d'un opéra pour la saison suivante. Mozart fait à nouveau appel à Lorenzo
da Ponte librettiste à succès, pour créer le livret de Don Giovanni. Il s'inspire
d'un opéra buffa italien de Gazzaniga produit à Venise sur un livret de Bertati
quelques mois auparavant20. Le 28 mai 1787, son père, Léopold, meurt. Il avait
rompu avec lui. Ce décès bouleverse Mozart, et va influencer la composition de son
opéra alors en chantier. Don Giovanni est créé au théâtre des États de Prague le 28
octobre 1787 avec un grand succès, mais qui ne se confirmera cependant pas à
Vienne. Mozart note Don Giovanni comme un opéra buffa, sans doute en raison du
genre d'opéra, dans son catalogue21, mais cet opéra sera publié et produit comme
dramma giocoso, mêlant le comique et le tragique.

Le 7 décembre 1787, Joseph II, satisfait de Mozart, le nomme musicien de la chambre


impériale et royale avec un traitement confortable de 800 florins par an. Il le
charge de la musique de danse. Mozart tentera en vain d'obtenir le poste de
Konzertmeister impérial, la fonction occupée par Gluck. À ce traitement, Mozart
ajoute ses cours privés donnés à la noblesse ou à la bourgeoisie de Vienne, le
fruit des concerts par souscription, qu'il organise et qu'il dirige et des
gratifications pour chacun de ses opéras. Des opéras qui ne connaissent pas un
grand succès selon Robbins Landon, la Cour et le public préférant l'opéra
napolitain de Paisiello et Martin y Soler notamment, bien qu'il s'inspire de ce
style dans la trilogie, mais à sa manière. C'est cette manière qui à cette époque
ravit les amateurs. Même Goethe qui admire Mozart, lui préfère Cimarosa.

Après la mort de son protecteur, l'empereur Joseph II, Léopold II lui succède. Ce
dernier ne semble pas apprécier Mozart, qui perd sa situation, puis les faveurs de
la noblesse, sans doute à cause du procès pour dettes intenté par le prince
Lichnowsky à l'issue d'un voyage effectué en commun.

Les difficultés, la maladie et la fin prématurée

Cénotaphe non officiel de Mozart dans le cimetière St Marx à Vienne : la stèle est
une colonne brisée symbolisant la mort, une statue d'ange éploré s'appuyant à son
socle22. Ce cénotaphe se trouve dans le cimetière dans lequel Mozart fut inhumé ce
6 décembre 1791 à l'emplacement supposé de la fosse commune.

Cénotaphe officiel de Mozart dans le cimetière central de Vienne : une statue en


bronze représente la muse de la musique. Cette stèle était à l'origine dans le
cimetière St Marx (véritable lieu de sépulture de Mozart), elle fut mise ici dans
le carré des musiciens au centre entourée des vraies sépultures des autres génies
viennois : Beethoven, Schubert, Brahms, Gluck, Johann Strauss II...
Durant les dernières années de sa vie, Mozart est souvent malade et chroniquement
endetté, ceci malgré de nombreux succès très bien rétribués, car il mène grand
train de vie. Il compose beaucoup : sonates, concertos, symphonies, opéras (dont
Così fan tutte, sa dernière collaboration avec Lorenzo da Ponte). L'année 1790, qui
voit le décès de l'empereur Joseph II (son successeur Léopold II n'est pas
favorable aux francs-maçons) et le départ de Joseph Haydn pour Londres, est peu
productive23.

En 1791, Emanuel Schikaneder, franc-maçon comme lui, mais d'une autre loge,
directeur d'un petit théâtre populaire de la banlieue de Vienne, le Freihaustheater
auf der Wieden, sollicite sa participation à un opéra populaire en allemand. Il en
écrit le livret, et Mozart écrit la musique de son avant-dernier opéra, Die
Zauberflöte (La Flûte enchantée).

Sa création le 30 septembre 1791, dans le théâtre privé de Schikaneder, est un


triomphe. Ce dernier a prévu de mettre en scène plusieurs opéras populaires de
langue allemande inspirés de Lulu, ou La Flûte enchantée et les Garçons judicieux,
tirés du recueil de contes intitulé Dschinnistan, de Wieland et Johann August
Liebeskind (1786-1789). Le livret de La Flûte enchantée (Die Zauberflöte)
représente un opéra féérique, mi-chanté, mi-parlé. D'après des recherches
récentes24, les airs de l'opéra émaneraient de compositeurs divers collaborant avec
Schikaneder et pas seulement de Mozart, mais toute la musique aurait été attribuée
à ce dernier. Il s'agirait donc d'une production collective25 qui se serait
poursuivie dans un autre opéra féérique Der Stein der Wiese. La Flûte enchantée
passe pour avoir créé un « style d'opéra allemand complètement formé fondé sur
l'étrange mélange et d'humour vernaculaire qui caractérise le texte26. »

En juillet, un inconnu lui aurait commandé un Requiem (KV. 626), qui devait rester
anonyme. On sait aujourd'hui qu'il était commandité par le comte Franz von Walsegg,
et on suppose que celui-ci souhaitait soit faire deviner à ses amis le nom de
l'auteur, soit s'en attribuer la paternité. On a retrouvé le contrat entre le comte
et Mozart selon le Dictionnaire Dermoncourt.

Mozart, affaibli par la maladie et les privations, doit, en outre, faire face à une
surcharge de travail, car il a reçu (début août) la commande d'un opéra (La
Clemenza di Tito, KV. 621) pour le couronnement du roi de Bohême Léopold II, qu'il
doit composer21 en trois semaines. L'opéra est mal accueilli, l'impératrice
qualifie l’œuvre « porcheria tedesca » et de « musique très mauvaise » ; quant à la
cour, elle lui est hostile dès le départ (elle avait « une aversion fortement
préconçue pour la composition de Mozart ») et n'aimait que l'opéra italien27.

Mort
Mozart meurt le 5 décembre 1791, cinq minutes avant une heure du matin28, à l'âge
de trente-cinq ans, sans avoir pu achever ce Requiem (qui sera terminé à la demande
de Constance par trois de ses élèves, Franz Xavier Süssmayer, Joseph Eybler,
Freystadler et probablement l'abbé Stadler d'après Robbins Landon29). Les raisons
de sa mort restent inconnues. Il était alors fiévreux, le corps gonflé et alité.
L'état de santé de Mozart au cours de sa vie et au moment de sa mort ont fait
l'objet de nombreuses publications30 et près de cent quarante causes possibles ont
ainsi été citées par Lucien Karhausen, chercheur et psychiatre germanique31 :
grippe, hémorragie cérébrale, trichinose, obésité, syndrome maniaco-dépressif,
fièvre rhumatismale aiguë par streptocoque32, empoisonnement au mercure par Salieri
jaloux (hypothèse peu vraisemblable33), par les francs-maçons furieux de voir leurs
rites révélés dans La Flûte enchantée (hypothèse peu crédible car la Franc-
maçonnerie éditait une gazette librement distribuée et n'était pas secrète à
Vienne), ou par prise de la « liqueur de Van Swieten »34, hypothèse également peu
vraisemblable et très peu évoquée qui met en cause Van Swieten père, médecin et ami
de l'empereur François Ier d'Autriche. Pour Robbins Landon, les deux hypothèses
vraisemblables sont que Mozart est mort « d'une fièvre rhumatismale ou selon un
autre diagnostic d'une insuffisance rénale »35.

La légende, reprise dans le film Amadeus de Miloš Forman (film inspiré du célèbre
ouvrage sur Mozart de Hildesheimer) qui veut que Mozart ait composé ce Requiem en
prémonition de sa mort prochaine relève plus de l'imagerie romantique que de la
réalité. Mozart reçoit un enterrement de troisième classe, usuel pour la
bourgeoisie moyenne à cette époque. Sa femme Constance laisse Gottfried van
Swieten, ami et mécène du compositeur, organiser les funérailles : le service
funèbre se déroule, sans messe ni musique36, dans la chapelle du Crucifix, une
chapelle latérale de la cathédrale Saint-Étienne de Vienne37. Le 6 décembre 1791 le
corbillard conduit la dépouille à la tombée de la nuit au cimetière Saint Marx,
dans la banlieue de Vienne, dans un des seize caveaux d'un « tombeau communautaire
simple », conformément aux règles d'inhumation viennoises, dit un seul auteur. Il
fut en fait enterré, de l'avis général des ouvrages de référence, dans une fosse
commune ordinaire; une fosse pouvant contenir seize corps avec des couches de terre
par rangées de quatre selon le Dictionnaire Mozart36, au tarif le moins cher, 8
florins et 36 kreutzers, comme la majorité des classes moyennes2. Être enterré dans
une fosse commune anonymen 6 n'avait rien d'inhabituel. L'Empereur avait imposé une
loi en ce sens, pour éviter que les Viennois ne se rendent aux cimetières pour
rendre hommage à leurs morts et ramènent en ville des maladies.
Mozart n'eut pas de croix, ce qui a choqué à l'époque les admirateurs du
compositeur. Une légende non fondée veut que Joseph Rothmayer, un des fossoyeurs,
note l'emplacement du corps en entourant le linceul d’un fil de fer et, lors du
remembrement du cimetière en 1801, récupère le crâne supposé de Mozart pour le
confier à un anatomiste viennois, qui en fera don au Mozarteum de Salzbourg et sera
l'objet d'études anatomo-pathologiques38. Des analyses ADN récentes n'ont pas pu
authentifier le crâne comme étant celui de Mozart. Si ni la famille ni les amis —
sauf Salieri, Süssmayer, Deiber et van Swieten franc-maçon comme Mozart, cinq
personnes en tout — n'accompagnent le cercueil à son inhumation, cela pourrait être
en raison d'un décret impérial qui interdisait aux convois funèbres l'accès aux
faubourgs en raison d'épidémies, dont le choléra39. Il est établi que devant
l'inaction de la veuve de Mozart, plusieurs personnes ont ensuite cherché à
retrouver ses restes dans le cimetière, en vain, les fosses communes étant
régulièrement remaniées pour accueillir de nouveaux corps.

Il faut ajouter pour mieux comprendre la situation de la fin de vie de Wolfgang


Amadeus Mozart, que, probablement joueur, très seul en raison de son caractère
difficile, « demeuré enfant » selon sa sœur Nannerl, condamné par la Cour de Basse-
Autriche à Vienne le 12 novembre 1791 et saisi pour une dette de 1 435 florins 32
kreuzers, à la demande du prince Karl von Lichnowski40, pourtant son ami, il est
décédé ruiné, quoique disposant d'un traitement confortable de musicien impérial de
800 florins par an, depuis 1787 grâce à la bienveillance de Joseph II. Le souverain
appréciait Mozart, mais toutefois préférait, comme le public, les Italiens. Mozart
ne connut pas le grand succès de son temps pour cette raison, à la différence de
Gluck qui bénéficia en 1787, quelques années plus tôt, d'obsèques solennelles et
d'un enterrement dans une belle tombe avec une pierre distinctive à son nom, le
tout Vienne musical étant présent. À Salzbourg, Léopold Mozart, père de Wolfgang,
et Michael Haydn, frère du grand Haydn et ami de Mozart, ont été l'objet d'obsèques
plus relevées avec tombe individuelle et cortège officiel. On peut donc
s'interroger sur la personnalité de Mozart et son probable rejet par l'aristocratie
comme le fait le musicologue Robbins Landon au xxe siècle. D'autres musiciens que
lui ont eu droit en effet à un traitement différent pour leurs obsèques, y compris
avant 1791. Robbins Landon a recherché les raisons pour lesquelles Mozart n'avait
pas été accepté par la société de Vienne, voire rejeté ; peut-être, dit-il, parce
qu'il affichait ostensiblement son appartenance aux loges, alors qu'après 1789, le
point de vue de l'aristocratie change à cet égard.

Il y a aussi la condamnation à une peine de prison et sa saisie pour dettes, à la


demande d'un prince actif à Vienne, découverte assez récemment par Robbins Landon,
et la manière dont Mozart traite la noblesse, qu'il déteste (Correspondance), dans
plusieurs de ses opéras. « Mozart était lui-même son pire ennemi » écrit Robbins
Landon41.

Un service commémoratif a lieu à Prague le 14 décembre, cette fois devant des


milliers de personnes. Emanuel Schikaneder en organise un préalablement le 10
décembre 1791 à Vienne, au cours duquel le début du Requiem (Introït et Kyrie)
pourrait avoir été chanté, la partie composée par Mozart lui-même42.

En son honneur est érigé un cénotaphe conçu en 1859 par le sculpteur Hanns Gasser :
une statue en bronze représente la muse de la musique assise sur un socle de
granit. Elle porte dans sa main droite une partition du Requiem et dans sa main
gauche, reposant sur une pile d'œuvres de Mozart, une couronne de laurier. Le
monument est vandalisé à plusieurs reprises (1868, 1879) et à la suite de la
fermeture du cimetière Sankt Marx en 1874, il est transféré en 1891 (l'année du
centenaire de la mort du compositeur) dans le cimetière central de Vienne pour
faire partie du « carré » des sépultures de grands musiciens comme Beethoven ou
Johann Strauss. Le groupement, actuellement à Sankt Marx, constitué d'un «génie
rêveur» appuyé à une colonne tronquée, est rajouté à la fin du xixe siècle par
Alexander Kugler, gardien de cimetière et admirateur du compositeur. Il entreprend
de manière non officielle de refaire connaître ce lieu abandonné, à partir de
sculptures récupérées sur des tombes voisines à l'abandon. Endommagé à la fin de la
Seconde Guerre mondiale, le monument funéraire de Sankt Marx est restauré en 1950
par le sculpteur Florian Josephu-Drouot43.

Famille

Constance Mozart,
portrait de Joseph Lange.
Mozart épousa Constance Weber (1763-1842) le 4 août 1782. Ils eurent six enfants en
près de neuf ans :

Raimund Leopold Mozart (17 juin 1783 - 19 août 1783) ;


Karl Thomas Mozart (21 septembre 1784 - 31 octobre 1858) ;
Johann Thomas Leopold Mozart (18 octobre 1786 - 15 novembre 1786) ;
Theresia Maria Anna Mozart (27 décembre 1787 - 29 juin 1788) ;
Anna Maria Mozart (mort-née le 16 novembre 1789) ;
Franz Xaver Wolfgang Mozart (26 juillet 1791 - 29 juillet 1844).
Seuls deux de ses six enfants, Karl Thomas et Franz Xaver Wolfgang, survécurent au-
delà la petite enfance.

Physique

Mozart en 1789, portrait de Dora Stock (Mozarteum de Salzbourg). Il est l'un des
rares portraits ressemblants du compositeur.
De nombreux portraits présumés de Mozart semblent avoir été effectués de seconde
main, probablement sans voir le musicien ou bien rétrospectivement, après la mort
du compositeur. Ils montrent des physionomies différentes et sont douteux, quant à
leur ressemblance. Le portrait peint vers 1782 par Joseph Lange, beau-frère de
Mozart et peintre amateur, était considéré par sa femme, Constance, comme étant «
de loin la meilleure image de lui »44. Mais le portrait de qualité le plus
ressemblant est un portrait en miniature réalisé par Dora Stock le 16 ou le 17
avril 1789 lors d'un séjour de Mozart, à Dresde. D'une grande finesse, il est
dessiné selon la technique de la carta tinta sur un carton préparé de couleur
ivoire. Il montre le compositeur en buste de profil à gauche. Le format ovale
réduit (76 x 60 mm) et le portrait de profil sont courants dans les portraits en
miniature de la fin du xviiie siècle. Ce portrait de 1789 est considéré comme le
dernier portrait connu de Mozart réalisé d'après le modèle vivant.

Dans son livre de mémoires Reminiscences, le ténor Michael Kelly décrit Mozart
comme un homme de petite taille (1,52 m, sa croissance ayant été probablement
freinée lors de sa tournée européenne exténuante qui le privait de sommeil et
d'hormone de croissance sécrétée la nuit45), pâle et maigre, la chevelure blonde,
le visage grêlé par la petite vérole. Vêtu de manière élégante, il se révèle un
grand séducteur46.

Dans son livre Les confessions de Constanze Mozart, la romancière Isabelle


Duquesnoy décrit Mozart comme blond (il a cessé de porter des perruques dès son
arrivée à Vienne), aux yeux bleus, le regard doux, myope, gaucher et affublé d'une
malformation congénitale à l'oreille. Sa femme sera accusée d'adultère, notamment
avec un élève de Mozart (Süssmayer), qui l'avait accompagnée en cure à Baden durant
une grossesse difficile ; les rumeurs cesseront lorsque l'enfant (Franz Xaver
Wolfgang Mozart) naîtra, porteur de cette même malformation.

Son œuvre
Style
Style galant et style savant
Mozart est, avec Haydn et Beethoven, l’un des principaux représentants du style
classique « viennois ». Cela ne suffit certes pas à le définir. Dans une époque
dominée par le style galant, Mozart réalise la synthèse des complexités
contrapuntiques propres au baroque tardif et des formes novatrices influencées
notamment par les fils Bach ou par Haydn. Si Mozart est considéré comme le meilleur
représentant du style classique, son style va toutefois bien au-delà : il est l’un
des plus personnels et des plus immédiatement reconnaissables à l’oreille.

Né dans une famille de musiciens, tôt habitué à voyager et à rencontrer des


instrumentistes et compositeurs d’horizons et nationalités différents, Mozart
devient dès l’enfance un imitateur de génie et s’approprie tout ce qu’il entend. Il
suit cette méthode tout au long de sa vie, notamment quand il s’agit de se
familiariser avec le contrepoint, ce « style savant » (ou « sévère ») si difficile
à assimiler à l’époque où on lui oppose le style galant dans lequel Mozart baigne
depuis l’enfance. Mozart commence par transcrire plusieurs fugues de Bach pour trio
à cordes, sur une commande de Van Swieten (KV. 404a), puis se consacre réellement à
composer des fugues, non sans difficultés : celle entamée pour le final de la
Sonate pour violon KV. 402 reste inachevée ; tandis que celles du Prélude et fugue
KV. 394 composé en 1782 ou de la Suite dans le style de Haendel KV 399 sont d’une
extrême complexité, qui traduit les difficultés rencontrées par Mozart dans l’étude
du contrepoint. Pourtant, celui-ci nourrit la Messe en ut mineur KV. 427 entamée à
la même époque. Dans les mois suivants, on retrouve des fugues pour vents (Sérénade
KV. 388), pour piano (Fugue en do mineur pour 2 pianos KV. 426, par la suite
transcrite pour orchestre dans l’Adagio et fugue KV. 546), et plus tard pour orgue
(KV. 594 et KV 608). Puis, dans les années suivantes, Mozart abandonne la simple
imitation, mais des œuvres bénéficient de ce travail : le final du Quatuor en sol
majeur (KV. 387) ou le final de la Symphonie « Jupiter » (KV. 551), deux mouvements
où la superposition des lignes atteint une maîtrise inégalée.

Un génie audacieux et diversifié

Le livret des Noces de Figaro pour la création à Prague, en 1786.


Il est impossible de définir Mozart par un genre précis. Opéra, symphonie,
concerto, musique de chambre, musique sacrée… Mozart est un touche-à-tout qui
s’approprie chaque genre, chaque forme, chaque instrument pour mieux le réinventer.
Si les traits principaux du style classique sont bien présents dans ses œuvres
(clarté de la structure et de ses articulations, équilibre de la formation,
harmonie simple), si son don inné pour la mélodie est une évidence, Mozart en joue
pour mieux faire ressortir tel motif, telle dissonance, surprendre par des audaces
peu prisées de ses contemporains : quelques œuvres, à l’époque confidentielles, en
portent la marque (comme la Fantaisie en ut mineur KV. 475 ou le Quatuor «
Dissonance » KV. 465, dont l’introduction justifie le nom).

Mozart n’était pas pour autant un révolutionnaire. Il est l’auteur d’une abondante
production de divertimenti, menuets et airs très conformes aux conventions de
l’époque, sans jamais se laisser enfermer dans un registre. Lorsqu’il compose ses
opéras, c’est chaque fois avec une alternance entre opéra buffa (Les Noces de
Figaro, Così fan tutte) inspirés de l'opéra napolitain qui connait alors un grand
succès et opéra seria (Idomeneo). Et son avant-dernier opéra rompt avec chacun de
ces deux styles puisqu’il s’agit d’un singspiel, une opérette allemande chargée de
symbolisme et, à vrai dire, inclassable : la Flûte enchantée qui prend place dans
une série d'opéras populaires créés par Schikaneder, directeur de troupe.

Cultivé, curieux, sans cesse à l’écoute des inventions musicales ou artistiques de


son époque, Mozart a su jusqu’au bout faire évoluer son style au gré des
découvertes. On sent facilement l’influence débutante du Sturm und Drang allemand
dans les dernières années mozartiennes (et pas seulement dans Don Giovanni ou dans
le Requiem inachevé, qui reprend des thèmes du remarquable requiem de Michael
Haydn, son ami). Le propre du génie mozartien est là : avoir su s’inspirer de ses
contemporains sans jamais suivre d’autre modèle que le sien propre. La conscience
de son génie lui donne une impertinence acérée qui fait partie de sa tournure
d'esprit foncièrement anti-conformiste47.

La force et la grâce, la puissance et l’émotion, le pathétique, l’humour,


l’élégance la plus exquise sont réunis dans son œuvre pour faire de Mozart le
compositeur le plus accompli de sa génération avec Haydn.

On peut dire de sa musique qu'elle a poussé la forme classique, la musique du


xviiie siècle, à son paroxysme, avant l'avènement du romantisme, son génie est
d'avoir mis toute la tendresse, toute la musicalité dans cette forme dite «
classique ».

Influence
Mozart a eu une grande influence sur l’histoire de la musique, et ce directement
auprès de ses contemporains. Il clôt une période plus qu'il en ouvre une autre.
Même son aîné, Haydn, ami et admirateur de Mozart, en subit l’influence dans ses
dernières symphonies et messes, et dans ses deux oratorios.

Les successeurs de Mozart n’y échappent pas : Beethoven, qui l'a rencontré en 1787,
et Schubert, davantage encore, qui grandit à Vienne quelques années après sa mort,
à l’époque même où le génie de Mozart est enfin unanimement reconnu. D’autres
compositeurs, moins à l’avant-garde du romantisme, restent plus proches de l’esprit
mozartien classique, notamment son élève Johann Nepomuk Hummel ou Louis Spohr. Les
opéras de Gioachino Rossini doivent à Mozart en tant qu'auteur d'opéras buffe
d'inspiration napolitaine, et ce n’est pas un hasard si l'italien choisit de mettre
en musique Le Barbier de Séville de Beaumarchais, premier volet des mésaventures de
Figaro ayant déjà fait l'objet d'un opéra de Paisiello (célèbre en son temps) que
Mozart a connu à Vienne. Enfin, Mendelssohn, Chopin, Brahms, et même Busoni
assument l’héritage de Mozart dans une grande partie de leurs œuvres, souvent à la
même hauteur que celui de Bach alors peu joué.

Le disque et les œuvres de fiction contribuent à faire de lui le plus populaire des
compositeurs classiques.

Catalogue Köchel (KV)

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