Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
PROCEDURES COLLECTIVES
Enfin, il serait vain d’attendre de ce cours une vérité absolue. Il n’est qu’une
présentation nécessairement partiale du droit des procédures collectives. Il
est dès lors possible que certains développements heurtent d’autres
enseignements que recevront les étudiants. Cela doit les encourager à exercer
leur esprit critique et à se forger leur propre opinion : le but d’un cours
magistral n’est pas d’abreuver les étudiants de connaissances ni de leur
donner du « prêt à penser », mais de leur apprendre à réfléchir et à
développer leur propre analyse.
Il n’y a en droit aucune vérité ; il n’y a en droit que des arguments. Le bon
juriste est celui qui écoute et sait convaincre. L’art de la conviction suppose
toutefois la maîtrise de certaines notions fondamentales partagées par la
communauté des juristes. Les acquérir est l’objet de ce cours.
BON TRAVAIL !
Introduction
1. Contexte. Ce cours du« droit des entreprises en difficulté », souvent intitulé cours
du « droit des procédurescollectives »ou autrefois du « droit des faillites »regroupe
l’ensemble des dispositions qui régissent les défaillances d’entreprises. Les
expressions « droit des procédures collectives » et « droit des entreprises en
difficulté »sont équivalentes1 et se substituent à celle plus connue et plus
traditionnelle de « droit des faillites » qui puise, au contraire, ses origines dans le
droit romain le plus ancien.
Le droit des faillites, qui a toujours existé en droit français et rendu applicable dans
les Etats francophones d’Afrique, s’est construit par opposition à la déconfiture
civile. En effet, lorsqu’un commerçant ne paie pas ses dettes, il est mis en place une
procédure judiciaire de règlement collectif et égalitaire des créanciers. Au contraire,
en droit civil, si un particulier ne paie pas son créancier, celui-ci peut exercer des
poursuites en paiement, voire des procédures civiles d’exécution, mais « le paiement
demeure le prix de la course ». A la faillite, procédure organisée, s’oppose donc la
déconfiture civile, système de poursuite individuelle laissée à la diligence de chaque
créancier.
La réforme actuelle, sans reproduire exactement les textes qui l’ont inspirée, en a
repris la philosophie et les traits essentiels. Ses objectifs sont largement orientés
vers la prévention et le traitement des difficultés de l’entreprise dans le but
d’assurer sa sauvegarde et maintenir l’emploi, le désintéressement de ses créanciers
et dans une large mesure la punition de certaines de ses parties prenantes qui se
seraient rendues coupables des agissements jugés contraires à ces différents
objectifs.
1 La première (« Droit des procédures collectives ») désigne l’aspect procédural et la seconde (« Droit des
entreprises en difficulté ») met l’accent sur l’aspect substantiel. V. dans ce sens A. BOLZE, Les
procédures collectives et sûretés, éd. Dyna’sup, 2006, p.158.
2 La loi n° 85-98 du 25 janvier 1985 relative au redressement et à la liquidation judiciaires des
entreprises.
1
« Il n’est pas étonnant que le droit se préoccupe de la santé de l’entreprise et, s’il y a
lieu, propose des solutions spécifiques à la prévention ou au traitement de ses
difficultés »3. Il en est ainsi parce que la notion d’entreprise fait référence à « des
réalités économiques, juridiques, politiques et sociales, nationales ou internationales,
et bien que n’étant pas en soi un sujet de droit, elle en est un acteur central utilisateur
de ressources naturelles et de capitaux, créateur de richesse et pourvoyeur d’emplois,
et faisant désormais partie prenante à l’organisation de la société
contemporaine »4.L’entreprise est une entité économique et sociale qu’il faut
préserver.
Les entreprises sont des espèces commerciales, des individus du monde des affaires
qui, comme tout être vivant, naissent, vivent et meurent. Ellen’est pas n’importe
quelle espèce. L’entreprise est, comme l’écrit M. Octave GELINIER, «un système
complexe (hommes, techniques, etc.), doté d’une personnalité morale qui lui permet de
s’engager par contrat, doté d’un patrimoine qui gage sa parole, sans pouvoir de
contraindre le client à acheter car il y a concurrence, capable, pour répondre aux
besoins humains, de produire des richesses (biens et services) plus qu’il n’en
consomme, de s’adapter aux changements de l’environnement (notamment
concurrentiel), de survivre et de se développer, autonome et responsable, avec
possibilité de disparition »7.Il n’est donc pas étonnant que le droit se préoccupe de la
Redressement – Liquidation – Sanction, op. cit., 2010, n° 43, p. 40. Selon l’auteur, « le droit fiscal y voit
un centre de coûts et de profits, le droit de la concurrence un cadre de décisions stratégiques, le droit du
travail un espace de pouvoir, le sociologue un lieu de vie, etc. ».
6 Pierre DECHEIX et Marie-Laure CASENAVE DECHEIX, « Colloque de l’institut international de Droit
d’expression française (Libreville, Gabon, mai 1990) »,in Revue internationale de droit comparé, 1991, p.
682 ; [En ligne] : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ridc_0035-
3337_1991_num_43_3_2298. Consulté le 12/10/2010.
7 Octave GELINIER, « Entreprises patrimoniales et éthique », Académie des Sciences morales et
politiques, Séance du lundi 31 mai 1999 ; [En ligne] : http://www.asmp.fr. Consulté le 03/02/2012.
Selon l’INSEE, « L’entreprise est une entité économique, juridiquement autonome, organisée pour
produire des biens et des services pour le marché. Sont distinguées :
- l’entreprise individuelle (personne physique) qui ne possède pas de personnalité juridique
distincte de celle de la personne de son exploitant ;
- l’entreprise sociétaire, Société anonyme (SA) et Société à responsabilité limitée (SARL) ».
2
santé de l’entreprise et, s’il y a lieu, propose des solutions spécifiques à la
prévention ou au traitement de ses difficultés.
Des matières particulières fixent, sur des fondements précis, le cadre juridique
d’expression des intérêts de tous ordres au sein de l’entreprise. Aussi, le droit du
travail et celui de la sécurité sociale règlent-ils les rapports sociaux. La création des
sociétés commerciales, leur fonctionnement, leur transformation, fusion ou
disparition ainsi que les relations des différents acteurs au sein de la société
sontréglés par l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du
groupement d’intérêt économique ; les relations commerciales étant soutenues par
l’Acte uniforme relatif au droit commercial général.
Cette définition retenue par l’INSEE dans le Répertoire Sirène, ne tient pas compte de l’aspect de
l’entreprise qui est relatif à son environnement économique et aux différentes interactions existantes.
L’insuffisance dont souffre cette définition de l’INSEE est relevée dans « L’entreprise et son
environnement économique » ; [En ligne] :
http://profr.deboeck.com/resource/extra/9782804156503/COGEEN_-_Ch1.pdf. Consulté le
03/03/2012. Caractérisée principalement par sa structure, sa politique générale et ses différentes
fonctions, l’entreprise se définit donc dans toute sa complexité comme un système ouvert sur son
environnement.
8 Georges RIPERT et René ROBLOT, Traité de droit commercial, Tome 1-Volume 2, les sociétés
3
2. Concepts et domaine. Les procédures collectives constituent, en substance, le
traitement prescrit aux entreprises en difficulté. Ce sont l’ensemble des
mécanismes juridiques permettant de régler les difficultés financières et
économiques des entreprises. Ces procédures sont dites collectives en ce qu’elles
conduisent à réunir les créanciers en une masse, d’une part, et en ce qu’elles visent
à satisfaire collectivement les intérêts mis en péril par les difficultés de l’entreprise
débitrice, d’autre part. Au terme de la législation réformée en vigueur aujourd’hui, il
existe quatre types de procédures collectives (art. 1er, alinéa 1er, de l’AUPC) : les
procédures collectives préventives de conciliation etde règlement préventif, et les
procédures curatives de redressement judiciaire et de liquidation des biens. Les
buts poursuivis par le législateur à travers ces procédures sont : la préservation des
activités économiques et des niveaux d’emplois des entreprises débitrices, le
redressement rapide des entreprises viables et de liquidation de celles non viables
dans des conditions propres à maximiser la valeur des actifs des débiteurs pour
augmenter les montants recouvrés par les créanciers et d’établir un ordre précis de
paiement des créances garanties et non garanties (art. 1er, al. 1er, de l’AUPC).
9 Si l’on considère la cessation des paiements comme le critère de mise en route des procédures
collectives, le règlement préventif n’en constituerait pas un, stricto sensu. Il intervient en l’absence
même de la cessation des paiements. Dans ce sens, voy. Filiga Michel SAWADOGO, OHADA : Droit des
entreprises en difficulté, coll. Droit uniforme africain, Juriscope, Bruxelles, 2002, p. 2, n° 3. Mais
prenant en considération la finalité de toute procédure collective qui consiste en l’apurement du passif
d’un débiteur, on peut, avec raison, intégrer le règlement préventif dans les procédures collectives.
4
des difficultés de l’entreprise. Et à l’intérieur du système judiciaire, le Président du
tribunal compétent constitue le moteur de toutes les procédures. Ce n’est pourtant
pas qu’un règlement amiable serait exclu. Il est parfaitement envisageable que
débiteur et créanciers s’accordent pour rechercher et trouver une solution amiable
aux difficultés de l’entreprise. C’est même la réponse idéale. Mais il est souvent
difficile de réaliser un pareil accord compte tenu du caractère contradictoire des
intérêts en présence.
3. Histoire du droit. Les commerçants ont très tôt compris que le recours
individuel à l’encontre de l’un des leurs en difficulté était sans issue et impertinent.
Certes, celui qui avait failli à ses engagements était considéré comme un fraudeur
et devait subir une série de déchéance organisée sous la dénomination de la « faillite
». Particulièrement, on brisait symboliquement son étal, son banc commercial, d’où
la « banqueroute », « bancarotta ». Mais s’agissant de la liquidation du patrimoine du
failli, elle était organisée par l’ensemble des créanciers qui votait un accord de
règlement dénommé concordat. Celui-ci est une convention collective signée avec le
débiteur portant sur le règlement à moindre frais de leurs créances en évitant la
lourdeur d’une procédure de liquidation de biens. Une procédure collective de la
vente des biens du débiteur à l’initiative et au profit de ses créanciers pouvait être
ainsi organisée.
Le droit des faillites, qui a donc toujours existé en droit dans les Etats francophones
d’Afrique, s’est construit par opposition à la déconfiture civile. En effet, lorsqu’un
commerçant ne paie pas ses dettes, est mise en place une procédure judiciaire de
règlement collectif et égalitaire des créanciers. Au contraire, en droit civil, si un
particulier ne paie pas son créancier, celui-ci peut exercer des poursuites en
paiement, voire des procédures civiles d’exécution, mais « le paiement demeure le
prix de la course ». A la faillite, procédure organisée, s’oppose donc la déconfiture
civile, système de poursuite individuelle laissée à la diligence de chaque créancier.
5
Les excès nés du libre traitement des difficultés des entreprises par les
commerçants eux-mêmes ont conduit le législateur à intervenir progressivement
dans la matière de sorte à en faire une discipline particulière. Du droit de la faillite,
le législateur français est progressivement arrivé à consacrer celui des entreprises
en difficulté en procédant par refonte entière de la matière et en changeant
d’orientation quant à la finalité de la procédure. En France, cette évolution a connu
différentes étapes. Le Code de commerce de 1807 a repris les solutions du droit
corporatiste et imposé la présence du juge dont il renforce les prérogatives. Les
principaux objectifs sont le paiement des créanciers et la répression du débiteur.
Une loi du 4 mars 1889 vient alléger la situation de ce dernier. Cette évolution sera
poursuivie par le décret du 20 mai 1955 qui prit le critère de bonne ou mauvaise foi
pour frapper ou non d’indignité le débiteur par la procédure de faillite. Une réforme
intervient en France en 1967 (loi n° 67-563 du 13 juillet 1967 sur le règlement
judiciaire et la liquidation des biens, la faillite personnelle et les banqueroutes).
Cette réforme envisage deux procédures, le règlement judiciaire et la liquidation des
biens dont le choix repose sur des critères économiques et non moraux. Adoptant
une orientation préventive, l’ordonnance n°67-820 du 23 septembre 1967 envisage
de « faciliter le redressement économique et financier de certaines entreprises » en
instituant une procédure de suspension provisoire des poursuites applicables à
certaines entreprises en « situation financière difficile mais non irrémédiablement
compromise ».
A propos de ces procédures, il est à noter qu’au fur et à mesure que la situation
économique et financière de l’entreprise se dégrade, il y a un interventionnisme
progressif du juge dans la résolution des difficultés qu’elle rencontre.Selon le
Professeur DJOGBENOU, « l’intervention du législateur s’est notamment manifestée
par le rôle accru qu’il accorde au juge, le but étant la sauvegarde d’une unité du tissu
économique et la préservation du crédit par la protection des créanciers : les
procédures collectives finissent par devenir des procédures correctrices des
difficultés. On a cru voir ainsi surgir de véritables « juges managers », voire une «
magistrature économique ». C’est que dans ses différents visages (le tribunal dans sa
formation commerciale, le Président du tribunal, le juge-commissaire, le procureur de
la République) le juge, véritable médecin de l’entreprise, ausculte, prescrit, soigne et,
au pire des cas, constate le décès et en délivre l’attestation ».
6
disparaissent chaque année dans l’espace OHADA ne cesse d’augmenter. La
disparition atteint plusieurs secteurs économiques avec son cortège de
licenciements. Les exemples ne manquent pas : les compagnies aériennes Air
Afrique et Air Sénégal, la SOTOCO et le groupe SGGGau Togo, etc. Elle peut
entraîner, en conséquence, le dépeuplement de certaines régions. En général, il est
également relevé dans l’espace OHADA, plus d’entreprises liquidées que
redressées10.
D’un point de vue juridique, les contentieux des procédures collectives font appel à
des questions qui embrassent généralement plusieurs disciplines juridiques : droit
civil, droit pénal, droit de procédure civile, droit des contrats, droit des biens, droit
de l’environnement, etc. C’est souvent à l’occasion des décisions d’ouverture d’une
procédure collective que se soulèvent des questions intéressant ces diverses
disciplines juridiques. Le droit des procédures collectives fait généralement appel à
des solutions particulières et dérogatoires à celles des autres branches du droit.
5. Sources. Branche du droit des affaires, le droit des procédures collectives y tient
une place particulière. Compte tenue de son importance économique et sociale, le
législateur lui fournit ses ressources fondamentales. C’est donc, naturellement,
dans la loi que ses règles sont posées. En droit français, les sources principales
sont issues des réformes de 1984 et de 1985. Celles intervenues en 1994 renforcent
la nouvelle orientation. Désormais, ce droit porte, non sur la faillite, mais sur les
entreprises en difficultés qu’il entend traiter et espérer non leur règlement, mais
plutôt leur redressement. En Afrique francophone les efforts d’unification des règles
matérielles ont débouché sur la mise en vigueur de l’Acte uniforme OHADA portant
sur les procédures collectives d’apurement du passif (J.O. OHADA n° 7, 1erjuillet
1998, p. 1 et s.). La nouvelle législation a repris pour l’essentiel, les solutions
consacrées par les réformes intervenues en France. La doctrine, florissante, et la
jurisprudence importante finissent d’influencer cette matière qui intéresse
essentiellement le juriste d’affaire.
7
d’apurement du passif ne sont pas à confondre avec les sanctions qu’elles peuvent
générer11. On pourrait envisager d’appréhender la matière suivant ces deux volets.
C’est le choix qui nous convient d’effectuer. Il permet d’étudier, en premier lieu, la
prévention et le traitement des difficultés de l’entreprise (Première partie) puis, en
second lieu, les sanctions générées par les procédures collectives (Deuxième partie).
GLOSSAIRE :
Les expressions définies ici figurent à l’article 1-3 de l’AUPC. Aux fins du présent Acte
uniforme, les expressions suivantes s’entendent comme suit :
11 Celles-ci peuvent être civiles : c’est le cas de la faillite personnelle (art. 194 et s. AUPC) ; ou pénales :
c’est le cas de la banqueroute et des infractions assimilées (art. 226 et suivants AUPC).
8
« procédure collective étrangère principale » : une procédure collective étrangère
ouverte dans un État étranger où le débiteur a le centre de ses intérêts principaux, y
compris son siège, son centre d'exploitation, son principal établissement ou, le cas
échéant, sa résidence habituelle ;
« procédure collective principale » : une procédure collective ouverte conformément
au présent Acte uniforme sur le territoire d'un État partie où le débiteur a son principal
établissement ou, la personne morale, son siège ;
« procédure collective secondaire » : une procédure collective ouverte en application
du présent Acte uniforme sur le territoire d'un État partie où le débiteur n'a pas son
principal établissement ou la personne morale son siège, après l'ouverture d'une
procédure collective principale sur le territoire d'un État partie ;
« procédure collective territoriale » : une procédure collective ouverte,
conformément au présent Acte uniforme, sur le territoire d'un État partie où le débiteur
n'a pas son principal établissement ou la personne morale son siège tant que la
procédure collective principale n'est pas ouverte sur le territoire d'un État partie ;
« représentant étranger » : une personne ou un organe, désigné même à titre
provisoire, autorisé dans une procédure collective étrangère à administrer le
redressement ou la liquidation des biens ou des affaires du débiteur, ou à agir en tant
que représentant de la procédure collective étrangère ;
« salaires super privilégiés » : les rémunérations de toute nature, quelle que soit leur
appellation, qui, dans la limite de la fraction insaisissable définie par les lois et
règlements de chaque État partie, sont dues aux travailleurs et apprentis au titre des
douze (12) mois de travail précédant la décision d'ouverture d'une procédure collective
de redressement judiciaire ou de liquidation des biens.
9
Bibliographie
- BLAZY (R.) et COMBIER (J.), La défaillance d’entreprise : causes économiques,
traitement judiciaire et impact financier, INSEE, 1997.
- BOLZE (A.), Procédures collectives et sûretés, coll. Dyna’sup Droit, éd. Vuibert,
2006.
- BONNARD (J.), Droit des entreprises en difficulté, coll. Les fondamentaux 1152-
1392, Hachette, 3e éd., 2006.
- BOURDREAU (M.), Droit de l’entreprise en difficulté : prévention, règlement
amiable, redressement et liquidation judiciaires, éd. Gualino, 2002.
- BOUTHINON-DUMAS, Le banquier face à l’entreprise en difficulté, éd. Revue
Banque, 2008.
- BOYER (A.) et PORACCHIA (D.), La protection des salariés et le sauvetage de
l’entreprise : quête d’un équilibre, vol. 1, PU d’Aix-Marseille, 2006.
- BRILMAN (J.), Gestion de crise et redressement d’entreprises, Hommes et
techniques, 1986.
- CHAPUT (Y.), Droit de la prévention et du règlement amiable des difficultés des
entreprises, PUF, Coll. Droit fondamental, 1986.
- CHAPUT (Y.), Droit des entreprises en difficulté et faillite personnelle, Coll. Droit
fondamental, éd. PUF, 1996.
- CHAPUT (Y.), Droit du redressement et de la liquidation judiciaires des
entreprises, PUF, Coll. Droit fondamental, 1987.
- CHARVERIAT (A.) et MARTIN (S.), Défaillances d’entreprises, Régime juridique
des procédures collectives, éd. Francis Lefebvre, 1994.
- CHASSAGNON (Y.), L’intervention judiciaire dans les entreprises en difficulté,
éd. Larcier Tec x Doc, 1986.
- COQUELET (M.-L.), Entreprises en difficulté – Instruments de paiement et de
crédit, Coll. HyperCours, éd. Dalloz.
- CRUCIFIX (F.) et DERNI (A.), Symptômes de défaillances et stratégies de
redressement l’entreprise, éd. Maxima.
- DE BOISSIEU (C.) et CHAPUT (Y.), L’endettement, richesse de l’entreprise ?,
Coll. Creda, LexisnexisLitec, 2005.
- DESURVIRE (D.), Histoire de la banqueroute et faillite contemporaine, Coll.
Logiques juridiques, éd. Harmattan, 1992.
- DIDIER (P.), Droit commercial, T.5, L’entreprise en difficulté, Coll. Thémis, éd.
P.U.F., 1995.
- GOMEZ (J. R.), OHADA : Entreprises en difficulté – Lecture de l’acte uniforme
portant procédures collectives d’apurement du passif à la lumière du droit
français, Le droit en Afrique – Série Droit des affaires, éd. Bajag-Meri.
- GRESSE (C.), Les entreprises en difficulté, Economica, 1994.
- GUYON (Y.), Droit des entreprises en difficultés, Redressement judiciaire,
Faillite, t. 2, éd. Economica, 9eéditon, 2003.
- HAEHL (J.-P.), Les techniques de renflouement des entreprises en difficulté,
Librairies techniques, 1981.
- HOUIN (R.), Les grands arrêts de la jurisprudence commerciale, Sirey, 1962.
- ISSA-SAYEG (J.), POUGOUE (P.-G.), SAWADOGO (F. M.) (sous la direction de),
OHADA, Traité et Actes uniformes commentés et annotés, 3e éd., Juriscope,
2008.
- JACQUEMONT (A.), Droit des entreprises en difficulté, éd. Litec, 4e édition,
2006.
10
- JADAUD (B.), Droit commercial, Redressement ou liquidation judiciaires des
entreprises, Exercices pratiques, éd. Montchrestien, 3e édition, 1998.
- JEANTIN (M.), Droit des faillites et restructuration du capital, PUF, 1982.
- JEANTIN (M.), Droit des instruments de paiement et de crédit, Entreprises en
difficulté, Précis Dalloz, 4e édition, 1995.
- LE CANNU (P.), LUCHEUX (J.-M.), PITRON (M.) et SENECHAL (J.-P.),
Entreprises en difficulté, éd. Joly, 1994.
- LE CORE (P.-M.), Droit des entreprises en difficulté, éd. Dalloz, 2003.
- LE CORE (P.-M.), Droit et pratique des procédures collectives, éd. Dalloz, 2003.
- Le droit de l’entreprise et ses relations externes à la fin du XX e siècle. (Mélanges
en l’honneur de Claude CHAMPAUD), éd. L.G.D.J.
- LIENHARD (A.), Sauvegarde des entreprises en difficulté, éd. Delmas, 1 ère
édition, 2006.
- LIKILIMBA (G.-A.), Le soutien abusif d’une entreprise en difficulté : recherche
d’une approche globale, 2e éd., Litec, 2001.
- LUCAS (F.-X.) et LECUYER (H.) (Sous la direction de), La réforme des procédures
collectives. La loi de sauvegarde article par article, LGDJ, 2006.
- MANDESSI BELL (E.), Manuel des procédures collectives d’apurement du passif
des entreprises en difficulté en Afrique, Normes OHADA, Coll. Droit OHADA,
1999, FORM’ACTION, Douala.
- MANDESSI BELL (E.), Manuel pratique de gestion des entreprises en difficulté
dans les pays de la zone OHADA, Manuel à l’usage des entreprises en difficulté,
Coll. Droit Ohada, 2005.
- MARTIN (J.-F.) et (VALLENS J.-L.), Lamy Droit commercial, Redressement et
liquidation judiciaires, éd. Lamy.
- MARTIN (J.-F.) et LIENHARD (A.), Redressement et liquidation judiciaires :
prévention, règlement amiable, faillite personnelle, banqueroute, éd. Dalloz,
2003.
- PEROCHON (F.) et BONHOMME (R.), Les Entreprises en difficulté et les
Instruments de crédit et de paiement, éd. L.G.D.J., 7e édition, 2006.
- PETEL (Ph.), Procédures collectives, Coll. Cours, éd. Dalloz, 4e édition, 2005.
- PETEL (Ph.), Travaux dirigés de droit des entreprises en difficulté : vingt séries
d’études pratiques, éd. Litec, 1994.
- PEYRAMAURE (P.) et SARDET (P.), L’entreprise en difficulté : prévention,
restructuration et redressement, Dalloz, Delmas, 2006.
- RENAUT (M.-H.), Histoire du droit des affaires, coll. Mise au point, éd. Ellipses
marketing.
- RIPERT (G.) et ROBLOT (R.), par Philippe DELEBECQUE et Michel GERMAIN,
Traité de droit commercial, éd. L.G.D.J., t.2, 16e édition, 2000.
- ROUSSEL GALLE (Ph.), Réforme du droit des entreprises en difficulté, éd. Litec,
2005.
- SAINT-ALARY-HOUIN (C.), Droit des entreprises en difficulté, Coll. Domat, éd.
Montchrestien, 6e édition, 2009.
- SALGADO (M. B.), Droit des entreprises en difficulté, coll. Lexifac droit, éd.
Bréal, 2007.
- SAWADOGO (F. M.), Acte Uniforme portant Organisation des procédures
collectives d’apurement du passif – Commentaires, Coll. EDICEF, éd. FFA.
- SAWADOGO (F. M.), OHADA – Droit des entreprises en difficulté ; coll. Droit
uniforme africain, éd. Bruylant.
- VALLANSAN (J.), Difficultés des entreprises, Litec, 4e édition, 2006.
- VIDAL (D.), Droit des procédures collectives, éd. Gualino, 2006.
- YAO (K. N.), Guide des procédures collectives OHADA : Actes uniformes portant
organisation des procédures collectives d’apurement du passif, commenté et
11
complété de plus de 80 modèles d’actes, éd. Droit Afrique, Coll. YzasBakertilly,
2010.
- ZENNER (A.), La nouvelle loi (belge) sur la continuité des entreprises, coll. Les
Ateliers des Fucam, 2009.
Dans l’article 1er, l’AUPC révisé de 2015 affirme clairement la volonté du législateur
OHADA :
12
- définir les sanctions patrimoniales, professionnelles et pénales relatives à la
défaillance du débiteur, applicables aux dirigeants de toute entreprise débitrice et
aux personnes intervenant dans la gestion de la procédure ».
Les deux premières sont celles que l’on qualifie des mesures de prévention générale
des difficultés éventuelles qui menacent toute personne physique ou morale ayant
une activité économique. Le souci du législateur ici est, à l’évidence, d’agir alors
qu’il est encore temps d’intervenir avant que la situation économique et financière
du débiteur ne soient irrémédiablement compromises.
La troisième étape est celle de la concrétisation des difficultés ; elles sont effectives.
Le mal est réel et il faut le traiter. Pour cela, le législateur a prévu des mesures de
sauvetage et d’apurement du passif du débiteur au moyen d’un concordat de
redressement. Il s’agira pour le débiteur d’inviter tous ses créanciers aux fins de
déterminer ensemble, au travers d’un accord, les méthodes et les moyens de
résolution de la crise.
13
Chapitre 1 : Lesprocédures collectives de prévention des
difficultés : les procédures préventives de
conciliation et de règlement préventif
Les manifestations des difficultés de l’entreprise débutent le plus souvent par une
simple rupture du service de caisse qui peut aller en s’aggravant si aucune mesure
préventive de sauvetage n’est suffisamment prise à temps pour redresser la
barre.« La prévention est au cœur des préoccupations législatives »12.Lorsque les
difficultés de l’entreprise s’accentuent sans pour autant mettre en péril la
continuation de l’entreprise, il peut être procédé à une correction rapide de la
situation par des procédures préventives de conciliation et de règlement préventif.
Le législateur définit la procédure de conciliation à l’art. 2, alinéa 1er, de l’AUPC
comme « une procédure préventive, consensuelle et confidentielle, destinée à éviter la
cessation des paiements de l’entreprise débitrice afin d’effectuer, en tout et partie, sa
restructuration financière ou opérationnelle pour la sauvegarder », etla procédure de
règlement préventif est définie à l’alinéa 2 de l’art. 2 de l’AUPC comme « une
procédure collective destinée à éviter la cessation des paiements de l’entreprise
débitrice et à permettre l’apurement de son passif au moyen d’un concordat
préventif ».
L’idée est qu’une entreprise dont les difficultés sont réelles mais ne paraissent pas
irrémédiables peut encore être sauvée si les créanciers acceptent de consentir
quelques sacrifices (remises de dettes ou prolongation de délais). La liberté
contractuelle peut permettre à une entreprise en difficulté de se rapprocher de ses
créanciers et de solliciter un accord fixant les modalités de règlement du passif et
interdisant aux créanciers signataires de poursuivre le débiteur, qui en contrepartie
s’engage à respecter les obligations qu’il a contractées lors de la signature de
l’accord et notamment d’honorer ses dettes à des périodes déterminées. Cependant,
il reste que la recherche d’un accord amiable totalement abandonnée au bon vouloir
des parties n’est pas facile à obtenir ou à mettre en œuvre, cela pour trois raisons.
12Roussel-Galle (Ph.), « OHADA et difficultés des entreprises, Etude critique des conditions et effets de
l'ouverture de la procédure de règlement préventif », 1ère partie, in Revue jurisprudentielle commerciale,
2001, pp. 9-19 ; et 2e partie, pp. 62-69, p. 9.
14
Première raison : l’égalité entre les créanciers n’est pas garantie puisque chacun
va s’efforcer d’obtenir mieux que l’autre, et la moindre inexécution peut être
l’occasion de tout remettre en cause en invoquant la résolution de l’accord.
Troisième raison : la conclusion d’un accord peut prendre du temps et il est facile
d’imaginer que dans cet intervalle de temps une entreprise sûre d’obtenir un accord
avec ses créanciers veuille survivre artificiellement en ayant recours à des moyens
dilatoires et ruineux susceptibles d’aggraver sa situation.
Pour éviter tout cela, le législateur du 10 septembre 2015 a mis en place deux
procédures permettant de procéder à une correction rapide de la situation des
difficultés de l’entreprise si celles-ci s’accentuent sans pour autant mettre en péril
la continuation de l’entreprise : cesont les procédures préventives de conciliation et
de règlement préventif. Le législateur OHADA définit la procédure de conciliation
comme « une procédure préventive, consensuelle et confidentielle, destinée à éviter la
cessation des paiements de l’entreprise débitrice afin d’effectuer, en tout et partie, sa
restructuration financière ou opérationnelle pour la sauvegarder ». Cette
restructuration s’effectue par le biais de négociations privées et de la conclusion
d’un accord de conciliation négocié entre le débiteur et ses créanciers ou, au moins
ses principaux créanciers, grâce à l’appui d’un tiers neutre, impartial et
indépendant appelé conciliateur (art. 2, al. 1er, de l’AUPC). Il définit la procédure de
règlement préventif comme« une procédure destinée à éviter la cessation des
paiements de l’entreprise débitrice et à permettre l’apurement de son passif au moyen
d’un concordat préventif »13 (art. 2, al. 2e, de l’AUPC).
13 Si l’on considère la cessation des paiements comme le critère de mise en route des procédures
collectives, la conciliation, et, dans une large mesure, le règlement préventif n’en constitueraient pas
un, stricto sensu. Il intervient en l’absence même de la cessation des paiements. Dans ce sens, voy.
Filiga Michel SAWADOGO, OHADA : Droit des entreprises en difficulté, coll. Droit uniforme africain,
Juriscope, Bruxelles, 2002, p. 2, n° 3. Mais prenant en considération la finalité de toute procédure
collective qui consiste en l’apurement du passif d’un débiteur, on peut, avec raison, intégrer le
règlement préventif dans les procédures collectives.
15
reste la contrepartie que concède à l’entreprise débitriceles articles 5-12 et 9, al. 1er,
de l’AUPC : l’interruption ou l’interdiction de toute action en justice ou la
suspension ou l’interdiction des poursuites individuelles. Il convient de déterminer
les conditions d’accès à ces procédures de prévention (Section première) avant de se
fixer sur la procédure qui conduit chacune d’elles (Section II).
Cesont les articles 1-1, 5-1 et 6 de l’Acte uniforme portant organisation des
procédures collectives d’apurement du passif qui énoncent les conditions d’accès
aux procédures de prévention de conciliation et de règlement préventif. Parmi les
conditions d’ouverture, il est fait le départ entre celles qui sont liées à la situation
financière de l’entreprise, celles relatives à la forme sociale ainsi que celles relatives
à la perspective de règlement des difficultés. Aussi, convient-il d’isoler les conditions
liées à la personne du commerçant ou de l’entreprise débitrice des autres
conditions. Toutes ces conditions peuvent être classées en deux catégories : les
conditions de fond et les conditions de forme
Pour l’essentiel, ces conditions sont relatives au statut personnel des assujettis à
ces procédures(A) et la situation économique et financière de ceux-ci (B).
16
1- Les personnes physiques
Peuvent aussi demander le bénéfice des procédures de prévention des époux ou des
concubins qui exercent une exploitation en commun. On peut considérer que
chacun d’eux accomplit des actes de commerce de manière répétée. Deux
procédures devraient être ouvertes. Mais en cas de confusion de patrimoine, les
tribunaux organisent néanmoins une procédure unique.
Ce sont d’abord les personnes morales. Ce sont ensuite des personnes morales de
droit privé.
17
la personnalité morale, c’est-à-dire du jour de leur immatriculation au registre de
commerce et du crédit mobilier au jour de leur radiation. C’est ainsi que l’on
considère qu’une société dissoute, mais non encore liquidée puisse faire, en théorie,
l’objet d’une procédure collective, notamment des procédures de prévention. Mais
cette considération n’est cependant que théorique puisque l’un des
butsdesprocédures de préventionest la survie de la société. Or, cet aspect échappe à
la société dissoute.
C’est cette précision qui permet d’exclure des procédures collectives et des
procédures de préventionen particulier, les personnes morales de droit public.
Seules les personnes morales de droit privé peuvent demander l’ouverture
desprocédures de prévention. Celles-ci ne s’appliquent pas à l’Etat, aux collectivités
locales, aux régions ou aux départements, aux établissements publics, notamment
les universités publiques. Au cas où une personne morale de droit public serait en
cessation de paiement, son passif est pris en charge par l’Etat. Mais les entreprises
publiques ayant la forme d’une personne morale de droit privé y sont assujetties.
18
à titre particulier. Cela s’expliquerait par l’insaisissabilité de principe des biens des
personnes publiques. Mais c’est une approche qu’il faudra nuancer. Le processus
de décentralisation en cours dans la majorité des Etats membres de l’OHADA érige
les municipalités en personnes morales distinctes de celle de l’Etat. C’est ainsi que
le maire agit pour le compte de sa commune et que celle-ci, par l’organe du maire,
peut être poursuivi devant les juridictions civiles et commerciales. La commune
expose son patrimoine dans le cadre de ses relations avec les tiers. Mais il faut
néanmoins reconnaître, à cet égard, que le critère de service public pourrait heurter
l’admission d’une commune aux procédures collectives, notamment aux procédures
de prévention.
Cette procédure d’extension présente des intérêts pratiques. En effet, elle permet de
soumettre plusieurs sociétés d’un même groupe à la compétence d’un tribunal
unique et d’ouvrir une procédure collective même à l’égard de débiteurs qui n’ont
pas la qualité de commerçants ou qui n’ont pas cessé leur paiement. Elle permet
surtout de retenir une solution unique à travers une même procédure pour
plusieurs sociétés d’un même groupe ou, de manière générale, pour plusieurs
personnes physiques ou morales en raison de la confusion de leur patrimoine.
Les personnes visées à cet art. 1-1 de l’AUPC devront également remplir d’autres
conditions pour être éligibles aux procédures collectives, notamment aux
procéduresde prévention de conciliation et de règlement préventif.
19
toute personne qui « connaît une situation économique et financière difficile mais non
irrémédiablement compromise ». En d’autres termes, il s’agirait du débiteur in bonis
dont l’actif est susceptible de couvrir le passif mais qui connaît des difficultés
passagères de règlement. Elles consistent en ce que l’entreprise manque de liquidité
pour faire face à ses dépenses immédiates. C’est en raison de ce que, si ces
difficultés n’étaient pas levées, il finirait par être en état de cessation des paiements
que la mesure préventive lui est ouverte. Selon l’art. 5-1 de l’AUPC, il faut que le
débiteur ou l’entreprise débitrice connaisse des difficultés avérées ou préventives
mais qui ne sont pas encore en état de cessation des paiements.
20
A- L’auteur de la requête aux fins d’ouverture de la procédure de
conciliation
La question peut se poser de savoir qui est le débiteur. Le débiteur est la personne
physique exerçant une activité professionnelle indépendante, civile, commerciale,
artisanale ou agricole, à toute personne morale de droit privé. Il est également
l’organe de représentation légale de la personne morale (le Président directeur
général ou le Directeur général dans les sociétés anonymes, les Gérants dans les
autres sociétés comme les SARL, les SNC, les SCS, etc.). Il peut s’agir également du
Président de l’organe d’administration des associations, des groupements et des
fondations.
20) le cas échéant, les états financiers de synthèse comprenant le bilan, le compte
de résultat, un tableau financier des ressources et des emplois, l’état annexé et, en
tout état de cause, le montant du chiffre d’affaires et des bénéfices ou des pertes
des trois derniers exercices ;
30) un état de la trésorerie et un état chiffré des créances et des dettes avec
indication des dates d’échéance ;
50) une attestation émanant du débiteur par laquelle il déclare sur l’honneur ne pas
être en état de cessation des paiements et précise, en outre, qu’il n’est soumis à une
procédure de règlement préventif, de redressement judiciaire ou de liquidation des
biens qui ne serait pas clôturée ;
21
70) le cas échéant, un document indiquant les noms, prénoms et domicile des
créanciers qui se joignent à la demande du débiteur et le montant de leurs créances
et des éventuelles sûretés dont elles sont assorties.
A- L’auteur de la requête
Aux termes de l’art. 6 de l’AUPC, le règlement préventif est ouvert au débiteur qui,
sans être en état de cessation des paiements (c’est-à-dire l’état où le débiteur se
trouve dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif
disponible, à l'exclusion des situations où les réserves de crédit ou les délais de
paiement dont le débiteur bénéficie de la part de ses créanciers lui permettent de
faire face à son passif exigible), justifie des difficultés financières ou économiques
sérieuses. La juridiction compétente est saisie par une requête du débiteur ou par
une requête conjointe de ce dernier avec un ou plusieurs de ses créanciers, déposée
au greffe contre récépisséau greffe de ladite juridiction14.
L’ancien article 5 de l’AUPC exclut les créanciers qui n’auraient d’ailleurs aucun
intérêt à solliciter l’ouverture de la procédure du règlement préventif puisque l’une
des conséquences de cette procédure est le prononcé de la suspension des
poursuites. Il exclut également le Ministère public, qui pourtant dispose souvent
des informations sur les difficultés des entreprises. Le Président du tribunal ne
peut pas non plus se saisir d’office. Pour le Professeur SAWADOGO, « le débiteur
seul peut demander à la juridiction compétente d’ouvrir à son profit le règlement
préventif à cause du fait qu’il n’a pas encore cessé ses paiements. Les créanciers
n’ont de ce fait pas connaissance de ses difficultés ni d’intérêt direct à provoquer
l’ouverture de la procédure. Il n’en serait pas de même du Ministère public chargé de
la défense de l’intérêt général »15.Le nouvel Acte uniforme énonce, par contre, que le
débiteur peut saisir la juridiction compétente par une requête conjointe avec un ou
plusieurs de ses créanciers. Disposeront-ils des informations utiles pour le faire ?
Le feront-ils seulement sur les aveux de leur débiteur ?Et dans quel intérêt ?
B- Le contenu de la requête
14 Si le débiteur est défaillant, la loi peut mandater une autre personne. Peuvent être admises à
requérir l’ouverture de la procédure les sociétés mères en faveur de leurs filiales, et vice versa.
15Filiga Michel SAWADOGO, Commentaires de l’art. 5 de l’AUPC, OHADA, Traité et Actes uniformes
22
La requêtedoit exposer la situation économique et financière difficile de l’entreprise
ainsi que ses perspectives de redressement et d’apurement de son passif. Cela
répond à l’objectif visé par la procédure de règlement préventif : éviter la cessation
des paiements ou la cessation d’activité de l’entreprise et permettre l’apurement du
passif au moyen d’un concordat préventif. Le débiteur doit y indique les créances
pour lesquelles il demande la suspension des poursuites individuelles16. Le but
recherché est de solliciter du Président du tribunal qu’il prononce la suspension des
poursuites et engage les créanciers à conclure avec lui un concordat de règlement
préventif.
16 Pour le Professeur SAWADOGO, cela suppose que le débiteur connaît l’étendue de son passif et va
opérer une discrimination en fonction des caractéristiques de ses dettes : montant élevé ou faible,
exigibilité immédiate ou à terme, existence ou non d’une sûreté, importance du bien servant d’assiette
à la sûreté. V. Filiga Michel SAWADOGO, OHADA - Droit des entreprises en difficulté, op. cit., n° 70, p.
60.
23
procédure de règlement préventif, de redressement judiciaire ou de
liquidation des biens, qui ne serait pas clôturée et qu’il remplit les condition
de l’article ;
- l’inventaire des biens du débiteur avec indication des biens mobiliers soumis
à revendication par leurs propriétaires et de ceux affectés d’une clause de
réserve de propriété ou, à défaut, un inventaire provisoiresi la requête est
introduite par un débiteur répondant à la définition de la petite entreprise
conformément à l’article 1-3 ;
- s’il s’agit d’une personne morale, la liste des membres solidairement
responsables des dettes de celle-ci, avec indication de leurs noms, prénoms
et domiciles ainsi que des noms et adresses de ses dirigeants ;
- un projet de concordat.
Ces documents doivent être datés, signés et certifiés conformes et sincères par le
requérant, et dans le cas où l’un de ces documents ne peut être fourni, ou ne peut
l’être qu’incomplètement, la requête doit contenir les motifs de cet empêchement.
24
- avant l’expiration d’un délai de dix-huit mois à compter de la fin d’un
règlement préventif n’ayant pas abouti à un concordat préventif.
Ce projet de concordat doit faire mention des mesures et conditions envisagées pour
le redressement de l’entreprise17. Par exemple :
Il s’agit d’un véritable plan de redressement qui contient, pour l’essentiel, des
mesures tendant à la continuation de l’activité, à l’assainissement ou de
renflouement de l’entreprise.
17 Voir l’article 7 de l’AUPC. Pour le Professeur SAWADOGO, il s’agit d’une liste non exhaustive des
mesures d’assainissement ou de renflouement de l’entreprise et de règlement de son passif
susceptibles d’être proposées. Le délai relativement bref imposé pour le dépôt de l’offre ou proposition
de concordat semble réserver le règlement préventif aux entreprises bien structurées et qui savent ce
qu’elles veulent. Voir Filiga Michel SAWADOGO, L’Acte uniforme portant organisation des procédures
collectives d’apurement du passif, Programme de formation en ligne avec le soutien du fonds
francophone des inforoutes, www.ohada.com.
25
Après l’examen des conditions d’ouverture des procédures de prévention des
difficultés, il convient alors de se fixer sur le déroulement de chacune de leur
procédure.
A- L’ouverture de la procédure
26
justice et arrête ou interdit toute poursuite individuelle, tant sur les meubles que
les immeubles du débiteur, dans le but d’obtenir le paiement des créances qui en
font l’objet. L’accord interrompt, pour la même durée, les délais impartis aux
créanciers parties à l’accord à peine de déchéance ou de résolution des droits
afférents aux créances mentionnées par l’accord. Les personnes ayant consenti une
sûreté personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien en garantie et les coobligés
peuvent se prévaloir des dispositions de l’accord.
Aux termes des dispositions de l’art. 5-10, al. 1er, de l’AUPC, « A la requête de la
partie la plus diligente, l’accord signé peut être :
27
En cas d’impossibilité de parvenir à un accord, le conciliateur présente sans délai
un rapport écrit au Président. Celui-ci met fin à sa mission et à la conciliation,
après avoir entendu le débiteur.
Aux termes des dispositions de l’art. 5-11, en cas d’ouverture d’une procédure de
liquidation des biens postérieurement à la conclusion d’un accord de conciliation
homologué ou exequaturé par la juridiction ou l’autorité compétente, les personnes
qui avaient consenti dans l’accord un nouvel apport en trésorerie au débiteur en
vue d’assurer la poursuite de l’activité de l’entreprise débitrice et sa pérennité sont
payées au titre de privilège selon les rangs prévus par les articles 166 et 167
del’AUPC). De même, les personnes qui fournissent un nouveau bien ou service en
vue d’assurer la poursuite de l’entreprise débitrice et sa pérennité bénéficient du
même privilège pour le prix de ce bien ou de ce service. Mais les apports consentis
dans le cadre d’une augmentation du capital social du débiteur, de même que les
créances nées antérieurement à l’ouverture de la conciliation ne bénéficient pas de
ce privilège.
28
remises consentis ou susceptibles de l'être par les créanciers et toutes autres
mesures contenues dans le projet de concordat préventif.
Elle ne s'applique pas aux actions tendant à la reconnaissance des droits ou des
créances contestées, ni aux actions cambiaires dirigées contre les signataires
d'effets de commerce autres que le bénéficiaire de la suspension des poursuites
individuelles.
18Ce rapport doit être établi dans les trois (03) mois de la décision d'ouverture du règlement préventif,
ce délai pouvant être prorogé, à titre exceptionnel, une seule fois pour une durée d'un (01) mois, sur
décision spécialement motivée du président de la juridiction compétente à la demande de l'expert ou
du débiteur.
19La juridiction saisie doit se prononcer immédiatement ou au plus tard dans un délai de trente (30)
jours à compter de sa saisine. Le règlement préventif continue de produire ses effets, en particulier
concernant la suspension des poursuites individuelles des créanciers, jusqu'à ce que la juridiction
statue. Si celle-ci n'est pas saisie dans les conditions de l'alinéa 1er ou si elle ne se prononce pas dans
les trente (30) jours à compter de sa saisine, le règlement préventif prend fin de plein droit, les
créanciers recouvrant l'exercice de tous leurs droits et le débiteur recouvrant la pleine administration
de ses biens.
29
Les personnes physiques coobligées ou ayant consenti une sûreté personnelle ou
ayant affecté ou cédé un bien en garantie peuvent se prévaloir des dispositions du
présent article.
pas encore le règlement préventif bien qu’elle fait partie du processus qui y conduit. Voir dans ce sens
le Professeur SAWADOGO qui considère cela comme une erreur. V. Filiga Michel SAWADOGO, OHADA
- Droit des entreprises en difficulté, op. cit., n° 74, p. 65.
30
- payer, en tout ou en partie, les créances nées antérieurement à la décision de
suspension des poursuites individuelles et visées par celle-ci ;
- de faire un acte de disposition étranger à l’exploitation normale de l’entreprise ;
- de consentir une sûreté ;
- de désintéresser les cautions qui ont acquitté des créances nées antérieurement
à la décision de la suspension des poursuites individuelles.
Le législateur a ainsi prévu une série de mesures pour rassurer les créanciers qui
acceptent de conclure avec le débiteur un accord amiable qui pourrait l’aider à
surmonter les difficultés qu’il rencontre. Encore faudrait-il que cet accord soit
conclu et surtout que l’entreprise présente des perspectives de redressement. C’est
dans ce but que le législateur a prévu la nomination d’un expert par le Président de
la juridiction compétente.
Le juge nomme, dans la même décision, un expert qui devra lui soumettre, dans un
délai de deux mois, sauf prorogation, un rapport sur la situation économique et
financière de l’entreprise. Le délai de deux mois court à partir de la notification de
la décision de suspension des poursuites comportant nomination d’expert dans les
huit (8) jours qui suivent sa reddition. Le rapport est déposé, en deux exemplaires,
au greffe du tribunal dont l’un est transmis au président et le second au parquet.
L’expert désigné est informé de sa mission par lettre recommandée ou par tout
autre moyen laissant trace écrite du Président de la juridiction compétente ou du
débiteur dans le délai de huit (8) jours suivant la décision de suspension des
poursuites individuelles. Il est soumis aux dispositions des articles 41 et 42 de
l’AUPC24. L’expert ne doit donc être ni un parent ni un allié du débiteur jusqu’au
quatrième degré inclusivement. Cette règle a pour but d’empêcher qu’un proche
parent ou un allié du débiteur n’user de sa qualité d’expert pour le favoriser. Le
président de la juridiction compétente peut lui accorder dans sa décision de
désignation, une provision sur sa rémunération conformément à l'article 4-18.
Dès qu'il est informé de sa désignation, l'expert au règlement préventif atteste qu'il
remplit les conditions énoncées par les articles prévus pour les mandataires
judiciaires. A tout moment, durant le déroulement du règlement préventif, s'il lui
apparaît qu'il ne remplit plus ces conditions, il en informe sans délai le président de
la juridiction compétente, qui met fin à sa mission et nomme un remplaçant.
31
L’expert a pour mission principale d’établir un rapport sur la situation économique,
sociale et financière de l’entreprise. Ce rapport doit contenir le concordat préventif
proposé par le débiteur ou conclu entre lui et ses créanciers. Il entend le débiteur et
les créanciers et leur prête ses bons offices pour parvenir à la conclusion d’un
accord sur les modalités de redressement de l’entreprise et l’apurement de son
passif (art. 12-3 de l’AUPC). Il doit aussi signaler à la juridiction compétente les
manquements du débiteur aux interdictions (pour ces interdictions, voir l’art. 11 de
l’AUPC). Pour lui permettre de bien accomplir sa mission, il lui est reconnu un droit
à l’information large.
S'il lui apparaît que l'adoption d'un concordat préventif est impossible, l'expert au
règlement préventif en informe le président de la juridiction compétente. Après
l'avoir entendu ainsi que le débiteur et, s'il le juge utile, les créanciers ou certains
d'entre eux, le président de la juridiction compétente décide de poursuivre la
procédure ou d'y mettre fin.
Ce rapport doit être établi dans les trois (03) mois de la décision d'ouverture du
règlement préventif, ce délai pouvant être prorogé, à titre exceptionnel, une seule
32
fois pour une durée d'un (01) mois, sur décision spécialement motivée du président
de la juridiction compétente à la demande de l'expert ou du débiteur.
L'expert est tenu de respecter les délais prévus, sous peine d'engager sa
responsabilité auprès du débiteur ou des créanciers.
Le Président du tribunal compétent est au cœur de la procédure. C’est lui qui est
saisi par le débiteur pour arbitrer entre ses créanciers et lui, en vue de la
conclusion d’un accord de règlement de ses dettes appelé concordat préventif contre
le bénéfice d’un moratoire. L’exécution de cet accord est également placée sous le
contrôle du même juge. Le juge intervient alors aussi bien en amont qu’en aval du
processus.
Avec les bons offices de l’expert désigné, le débiteur procède à la négociation avec
ses créanciers aux fins de parvenir à la conclusion d’un accord. Si les mesures
proposées par le débiteur pour le redressement de son entreprise ou pour la sortie
de celle-ci des difficultés qu’elle rencontre sont acceptées par les créanciers, la
phase de l’homologation du concordat s’ouvre. Seulement, il peut arriver que le
33
débiteur ne parvienne pas à un accord avec ses créanciers25. Mais dans le cas où le
concordat préventif comporte une demande de délai n’excédant pas deux ans, la
juridiction compétente peut rendre ce délai opposable aux créanciers qui ont refusé
tout délai et toute remise sauf si ce délai met en péril l’entreprise de ces créanciers
(voir l’art. 15de l’AUPC). Il suffirait dans ce dernier cas que le créancier apporte la
preuve que le fait de ne pas recevoir le paiement est de nature à le conduire à la
cessation des paiements. Les créanciers de salaire, à cause du caractère alimentaire
de leurs créances, ne peuvent consentir aucune remise ni se voir imposer un délai
qu’ils n’ont consenti eux-mêmes. Durant le temps de la formation du concordat et
de son homologation, le débiteur continue de bénéficier de la suspension des
poursuites individuelles.
B- La décision du tribunal
25 Voir TGI de Ouagadougou (BF), jugement n° 286 du 03 novembre 2004, requête de la société
Boulangerie 2000 aux fins de règlement préventif, Ohadata J-05-233, op. cit., [En
ligne] :http://www.ohada.com.En l’espèce, tous les créanciers ayant rejeté l’offre de concordat
préventif, le tribunal fut obligé d’annuler l’ordonnance de suspension des poursuites antérieurement
prise.
26Selon l’article 11-1« En cas d'ouverture d'une procédure de liquidation des biens postérieurement à
l'homologation du concordat préventif par la juridiction compétente dans les conditions prévues à l'article
15 ci-dessous, les personnes qui avaient consenti dans ce concordat un nouvel apport en trésorerie au
débiteur en vue d'assurer la poursuite de l'activité de l'entreprise débitrice et sa pérennité sont payées au
titre du privilège selon les rangs prévus par les articles 166 et 167 ci-dessous.
Les personnes qui fournissent dans les mêmes conditions, un nouveau bien ou service en vue d'assurer
la poursuite de l'activité de l'entreprise débitrice et sa pérennité bénéficient du même privilège pour le
prix de ce bien ou de ce service.
Cette disposition ne s'applique pas aux apports consentis dans le cadre d'une augmentation du capital
social du débiteur.
Les créanciers du débiteur ne peuvent en aucun cas bénéficier de ce privilège pour des créances nées
antérieurement à l'ouverture du règlement préventif ».
34
Cette disposition ne s’applique pas aux apports consentis dans le cadre d'une
augmentation du capital social du débiteur.
Si malgré les bons offices du président, les parties ne parviennent pas à trouver un
accord et dans le cas où le concordat préventif comporte seulement une demande
de délai n’excédant pas deux (02) ans, la juridiction compétente peut rendre ce délai
opposable aux créanciers qui ont refusé tout délai et toute remise sauf si ce délai
met en péril l’entreprise de ces créanciers.
L’accord entre le débiteur et ses créanciers ne produira tous ses effets que s’il est
homologué.
35
dans les mêmes conditions que celles prévues pour le concordat de redressement
judiciaire homologué. La juridiction compétente peut désigner l'expert au règlement
préventif en qualité de syndic.
Les créanciers munis d’un privilège général, d'un privilège mobilier spécial, d’un
gage, d’un nantissement ou d’une hypothèque ne perdent pas leurs garanties.
Toutefois, ils ne peuvent les réaliser qu’en cas d’annulation ou de résolution du
concordat préventif auquel ils ont consenti ou qui leur a été imposé.
La prescription demeure suspendue à l’égard de tous les créanciers qui, par l'effet
du concordat préventif, ne peuvent exercer leurs droits ou actions, y compris toute
mesure d’exécution extrajudiciaire.
Le concordat préventif suspend également, pour la même durée, les délais impartis
aux créanciers parties audit concordat à peine de déchéance ou de résolution des
droits afférents aux créances mentionnées par ledit concordat.
Dès que la décision homologuant le concordat préventif est passée en force de chose
jugée, le débiteur recouvre la liberté d’administration et de disposition de ses biens.
36
A défaut de retrait, par le débiteur, des papiers et effets remis par lui à l'expert,
celui-ci en est dépositaire pendant deux (02) ans à compter de son compte rendu.
Ils rendent compte par écrit, tous les trois (03) mois, au juge-commissaire du
déroulement des opérations et en informent le débiteur. Ce dernier dispose d'un
délai de quinze (15) jours pour formuler, s’il y a lieu, ses observations et
contestations.
37
Dans les trois (03) jours de la décision de la juridiction d’appel, le greffe de cette
juridiction en adresse un extrait au greffe de la juridiction du premier degré qui
procède à la publicité prescrite par l’article 17.
Aux termes des dispositions de l’art. 24-1, « Tout débiteur répondant à la définition
de la petite entreprise (c’est-à-dire toute entreprise individuelle, société ou autre
personne morale de droit privé dont le nombre de travailleurs est inférieur ou égal à
vingt (20), et dont le chiffre d'affaires n’excède pas cinquante millions (50.000.000) de
francs CFA, hors taxes, au cours des douze (12) mois précédant la saisine de la
juridiction compétente) peut demander l’application de la procédure de règlement
préventif simplifié ».
38
Conjointement à la requête prévue à l’article 6, le débiteur qui remplit les conditions
d’application du règlement préventif simplifié produit une déclaration sur l’honneur
l’attestant.
Si le projet de concordat préventif prévu à l'article 13 n’a pas été déposé par le
débiteur au moment de la demande d’ouverture, il est établi par ce dernier avec le
concours de l’expert au règlement préventif.
En tout état de cause, ce projet précise les éléments permettant d’établir la viabilité
financière et économique du débiteur.
39
Chapitre 2 : Lesprocédures collectives de traitement des
difficultés de l’entreprise : les procédures
curatives de redressement judiciaire et de
liquidation des biens
Il arrive, bien souvent, que les difficultés de l’entreprise soient telles que toute
prévention devienne impossible. Ces difficultés ne sont plus à craindre, c’est-à-dire
virtuelles. Elles sont réelles, c’est-à-dire actuelles. L’entreprise devient alors une
proie beaucoup plus facile à la merci des créanciers. Dans le souci de sauver
l’entreprise ou ses activités et/ou dans celui d’organiser un meilleur paiement des
créanciers, le législateur OHADA transforme le juge en une sorte de force
d’interposition entre l’entreprise en difficulté et ses créanciers. Aux termes des l’art.
2-2° de l’AUPC, « le redressement judiciaire est une procédure destinée à la
sauvegarde de l’entreprise et à l’apurement de son passif au moyen d’un concordat
de redressement » tandis que la liquidation des biens est définie par l’art. 2-3°
comme« une procédure qui a pour objet la réalisation de l’actif du débiteur pour
apurer son passif ».
Seules les entreprises débitrices qui ont cessé de payer leurs créanciers peuvent
relever des procédures collectives de traitement ou des procédures curatives de
traitement. D’après l’ancien art. 25 de l’AUPC, « Le débiteur qui est dans
l’impossibilité de faire face à son passif exigible avec son actif disponible doit faire
une déclaration de cessation des paiements aux fins d’obtenir l’ouverture d’une
procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens, quelle que soit la
40
nature de ses dettes ».Il faudra d’abord rechercher le contenu de la notion de
cessation des paiements (A) avant d’établir les fonctions qu’elle exerce (B).
La notion de cessation des paiements apparaît comme une notion comptable. Selon
l’ancien art. 25 de l’AUPC, elle résulte de l’impossibilité pour le débiteur de faire
face à son passif exigible avec son passif disponible. Le législateur OHADA,
s’inspirant de son homologue français la définit dans le nouvel Acte uniforme en
son art. 1-3 comme « L’état où le débiteur se trouve dans l’impossibilité de faire face
à son passif exigible avec son actif disponible, à l'exclusion des situations où les
réserves de crédit ou les délais de paiement dont le débiteur bénéficie de la part de
ses créanciers lui permettent de faire face à son passif exigible ».L’art. 25 du nouvel
Acte uniforme dispose que : « La procédure de redressement judiciaire ou de
liquidation des biens est ouverte à tout débiteur en état de cessation des paiements.
La cessation des paiements est l'état où le débiteur se trouve dans l'impossibilité de
faire face à son passif exigible avec son actif disponible, à l'exclusion des situations
où les réserves de crédit ou les délais de paiement dont le débiteur bénéficie de la
part de ses créanciers lui permettent de faire face à son passif exigible.
Le débiteur qui est en cessation des paiements doit faire une déclaration aux fins
d'obtenir l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des
biens quelle que soit la nature de ses dettes.
La déclaration de cessation des paiements doit être faite par le débiteur au plus tard
dans les trente (30) jours qui suivent la cessation des paiements et déposée au greffe
de la juridiction compétente contre récépissé.
Sans préjudice des dispositions de l'article 3327, le débiteur précise dans sa
déclaration s'il demande l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire ou de
liquidation des biens ».
27 L’art. 33 de l’AUPC dit que « La juridiction compétente qui constate la cessation des paiements
prononce soit l'ouverture de la procédure de redressement judiciaire, soit l'ouverture de la liquidation des
biens ».
28 Selon une opinion de la Cour de cassation française, rapportée par F.M. SAWADOGO inop. cit., p.
101 n° 113, pour conduire à la cessation des paiements, la dette ne doit pas être seulement exigible,
elle devra être exigé : « le passif à prendre en considération pour caractériser l’état de cessation des
paiements est le passif exigible et exigé, dès lors que le créancier est libre de faire crédit au débiteur ».
Cass. Com., 28 avril 1998, R.J.D.A., 1998, 773 et s.
41
procédures collectives si elle ne dispose pas de quoi régler son passif échu alors
même que ses ressources globales permettraient de payer les dettes.
1- L’actif disponible
2- Le passif exigible
Le passif est considéré comme exigible lorsqu’il n’a pas été payé, alors qu’il aurait
dû l’être. Pour que cette condition se réalise, la dette impayée doit être
particulièrement caractérisée, peu importe par ailleurs sa nature.
42
La dette doit être liquide, c’est-à-dire être évaluée en argent ou résulter d’un titre
qui contient cette évaluation.
La dette doit être également exigible, c'est-à-dire échue et, par conséquent,
susceptible d’exécution forcée. On ne peut donc pas faire grief à un débiteur de
refuser de payer une dette non échue. Mais la dette échue n’est plus exigible s’il
intervient un report d’échéance. Le délai de grâce accordé constitue un obstacle à
l’ouverture des procédures collectives judiciaires. De même, le passif rendu exigible
par le prononcé de la liquidation ne peut pas être pris en considération. Mais il ne
suffit pas que la dette soit exigible, il faut encore qu’elle soit exigée. La survenance
du terme ne suffit pas, à elle seule, à déclencher les procédures. Il faut que la
créance soit réclamée. Pour cela, le créancier doit mettre en demeure le débiteur.
C’est la mise en demeure qui permet de découvrir la défaillance du débiteur.
b- La nature de la dette
Suivant les termes de l’article 25 de l’Acte uniforme sur les procédures collectives
d’apurement du passif, la procédure de redressement judiciaire ou de liquidation
des biens est ouverte, « quelle que soit la nature de la dette ». On en déduit que la
dette dont le paiement est échu peut être de nature civile ou commerciale. Cette
formulation permet désormais de déclencher l’une ou l’autre de ces procédures à
l’occasion du non paiement d’une dette civile comme les impôts ou d’une dette
commerciale comme les redevances de la sécurité sociale.
L’état de cessation des paiements permet donc de prévenir les risques sérieux
d’insolvabilité. Elle autorise à mettre l’entreprise sous surveillance lorsqu’il est
permis d’espérer son redressement, ou envisager sa disparition lorsque sa situation
est irrémédiablement obérée. Dans tous les cas, elle déclenche un processus
judiciaire de protection de tous les intérêts en présence : ce sont les procédures de
redressement judiciaire ou de la liquidation des biens.
43
1- La preuve de la cessation des paiements
Elle peut être rapportée par tous moyens, y compris la voie électronique, les
témoignages et les présomptions lorsqu’il s’agit des dettes commerciales (art. 5 de
l’AUDCG29). Lorsque les dettes en cause sont de nature civile, la preuve doit se faire
selon les règles du droit civil, c’est-à-dire un écrit ou un autre procédé de preuve
parfaite.
Le tribunal doit constater l’état de cessation des paiements mais si le débiteur lui-
même a sollicité l’ouverture de la procédure, il ne pourra pas prétendre par la suite
que l’impossibilité de régler le passif n’a pas été constatée par le Juge.
Le Juge français estime la règle vaut même pour les juridictions d’appel. Ainsi, dans
un arrêt du 06 octobre 1992, la chambre commerciale de la Cour de cassation a pu
affirmer que doit être cassé, l’arrêt qui confirme le jugement de mis en
redressement judicaire alors qu’au moment où elle statue, la Cour d’appel a
constaté que la société n’était pas en arrêt des services de caisse.
La date de cessation des paiements est déterminée par le Tribunal. Cette date peut
être difficile à fixer lorsque les paiements interrompus ont été repris par la suite.
L’art. 34, al. 1er, de l’AUPC dispose que « La juridiction compétente doit fixer
provisoirement la date de cessation des paiements, faute de quoi celle-ci est réputée
avoir lieu à la date de la décision qui la constate ». La loi laisse au tribunal la faculté
de modifier la date initialement fixée en cours de procédure et de reporter
éventuellement en arrière.En effet, la date de cessation des paiements peut ne pas
29ART. 5 de l’AUDCG : « Les actes de commerce se prouvent par tous moyens même par voie électronique
à l'égard des commerçants.
Tout commencement de preuve par écrit autorise le commerçant à prouver par tous moyens contre un
non-commerçant ».
44
être celle indiquée par le débiteur ou même celle du jugement qui la constate mais
une date antérieure qui est fixée au maximum à une date antérieure de dix-huit
mois à partir du jour du jugement d’ouverture. Sauf cas de fraude, elle ne peut être
reportée à une date antérieure à la décision définitive ayant homologué le concordat
préventif (art. 34, al. 2, de l’AUPC).
La juridiction compétente qui modifie, dans les limites fixées à l’alinéa précédent, la
date de cessation des paiements par une décision postérieure à la décision
d'ouverture statue par une décision spécialement motivée.
Toute demande tendant à faire fixer la date de cessation des paiements à une autre
date que celle fixée par la décision d'ouverture ou une décision postérieure n’est pas
recevable après la convocation de l'assemblée concordataire prévue à l’article 122
ou après expiration d'un délai d'un an à compter de la décision prononçant la
liquidation des biens.
La période écoulée entre la date de cessation des paiements retenue par le Juge et
le jugement d’ouverture est la période suspecte. En effet, selon l’article 67, « la
période suspecte commence à compter de la date de la cessation des paiements et
prend fin à la date de la décision d'ouverture du redressement judiciaire ou de la
liquidation des biens ».
Pendant la période suspecte, tous les actes non conformes à la gestion normale de
l’entreprise et susceptibles de causer un préjudice aux autres créanciers sont
déclarés inopposables. Les articles 68 à 71 de l’AUPC traitent les inopposabilités de
la période suspecte. Les actes accomplis par le débiteur ou les dirigeants
d’entreprise pendant cette période sont suspects de fraude, et sont par voie de
conséquence, inopposables à la masse des créanciers. Ils sont considérés comme
portant atteinte à l’actif disponible de l’entreprise. Les anciens auteurs dénonçaient
« le caractère frauduleux des actes faits pendant cette période, qu’ils appelaient
proximumtempusdecoctionis »30.
Le syndic seul a la qualité pour agir en déclaration d’inopposabilité des actes faits
pendant la période suspecte devant la juridiction ayant prononcé l’ouverture de la
30 Georges RIPERT et René ROBLOT, Traité de Droit commercial, Tome 2, par Philippe DELEBECQUE
et Michel GERMAIN, op. cit., n° 3108, p. 1075.
45
procédure collective. Cette action peut être exercée jusqu’au dépôt de l’arrêté des
créances (art. 70 de l’AUPC). D’une manière générale, l’inopposabilité profite à la
masse des créanciers. Si l’inopposabilité atteint un paiement, l’accipiens devra
restituer la somme reçue. Il se retrouvera créancier antérieur. L’inopposabilité joue
rétroactivement, et le créancier devra déclarer ou produire sa créance au passif du
débiteur. S’il s’agit d’un contrat commutatif déséquilibré, le cocontractant doit
restituer le bien et produire au passif du débiteur pour la juste valeur de la
prestation fournie, ou il doit payer le complément du juste prix, si le contrat a été
exécuté. Mais si le contrat n’a pas été exécuté, il ne peut plus l’être.
L’acte à titre gratuit déclaré inopposable est privé d’effet s’il n’a pas été exécuté.
Dans le cas contraire, le bénéficiaire de la libéralité doit rapporter le bien dont la
propriété a été gratuitement transférée (art. 71 – 2°, al. 1er, de l’AUPC). En cas de
sous-aliénation à titre gratuit, le sous-acquéreur, même de bonne foi, est soumis à
l’inopposabilité et au rapport du bien ou au paiement de sa valeur à moins que le
bien ait disparu de son patrimoine par suite d’un cas de force majeure (art. 71 – 2°,
al. 2, de l’AUPC). En tout état de cause, le bénéficiaire principal de l’acte à titre
gratuit reste tenu du paiement de la valeur du bien si le sous-acquéreur ne peut ou
ne doit rapporter le bien (article 71 – 2°, al. 4, de l’AUPC).
Par contre, les actes à titre onéreux déclarés inopposables sont privés d’effets s’ils
n’ont pas été exécutés (art. 71 – 5°, al. 1er, de l’AUPC). S’il s’agit d’une aliénation
exécutée, l’acquéreur doit rapporter le bien et produire sa créance au passif du
débiteur. En cas de sous-aliénation à titre gratuit, le sous-acquéreur est tenu de
restituer le bien sans recours contre la masse alors que s’il y a eu sous-aliénation à
titre onéreux, le sous-acquéreur est tenu de rapporter le bien et de produire sa
créance au passif du débiteur si, au moment de l’acquisition du bien par lui, il avait
eu connaissance du caractère inopposable de l’acte de son auteur (art. 71 – 5°, al.
2, de l’AUPC). Si en cas de sous-aliénation à titre onéreux, le sous-acquéreur avait
connaissance de la cessation des paiements du débiteur, il sera soumis au rapport
ou au paiement de la valeur du bien acquis par lui (art. 71 – 2°, al. 3, de l’AUPC).
Aux termes des dispositions l’article 71-5°, alinéa 3, de l’AUPC, si le débiteur a reçu
tout ou partie de la prestation du cocontractant qui ne peut être restitué en nature,
le créancier doit produire sa créance pour la valeur de la prestation fournie.
Certaines inopposabilités sont de droit, et les autres facultatives.
L’article 68 de l’AUPC énumère les actes qui sont inopposables de droit à la masse
des créanciers. Il s’agit d’une série d’actes qui, selon MM. Georges RIPERT et René
ROBLOT, « ne peuvent pas ne pas être frauduleux s’ils ont été accomplis pendant la
période suspecte ». Il revient à la juridiction compétente seule de prononcer les
inopposabilités de droit. Pour ce faire, elle doit vérifier si l’acte visé entre dans
l’énumération de l’article 68, et s’il est effectivement accompli dans la période
suspecte.
46
Le législateur OHADA énumère limitativement les actes inopposables de droit à la
masse. Ce sont :
31 En France, l’admission des constitutions de dot au titre des actes à titre gratuit translatifs de
propriété a fait l’objet d’une jurisprudence fluctuante. D’abord, avant la loi du 13 juillet 1967, une
ancienne jurisprudence, favorable aux époux dotés, s’était affirmée à la fois sur l’exercice de l’action
paulienne et sur l’inopposabilité de la période suspecte. La constitution de dot était considérée comme
une donation dans les rapports entre le constituant et l’enfant doté, mais elle était traitée comme un
acte à titre onéreux dans les rapports du donateur et de ses créanciers. Ensuite, la loi de 1967 avait
renversé cette jurisprudence en considérant les constitutions de dot parmi les actes à titre gratuit,
inopposables à la masse. Enfin, tout comme le droit OHADA, la nouvelle loi ne fait aujourd’hui aucune
mention relativement aux constitutions de dot en période dite suspecte. Il reviendrait alors au juge
d’apprécier si la constitution de la dot revêt un caractère frauduleux, et est de nature à porter atteinte
à l’actif disponible de l’entreprise.
32Cass. civ., 28 février 1951, Gaz. Pal., 1951, 1, 247 ; 22 avril 1955, Bull. civ., I, n° 161.
33Cass. req., 29 décembre 1930, DH, 1931, 53 ; 5 février 1964, Gaz. Pal., 1964, 2, 93.
47
est dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible par son actif
disponible cache indubitablement l’intention de favoriser l’accipiens. Seul
le paiement des effets de commerce (lettre de change, billet à ordre ou
chèque) effectué depuis la cessation des paiements pour régler une dette
non échue échappe à cette règle. Mais, s’il est établi que le tireur d’une
lettre de change, ou le bénéficiaire d’un chèque ou le premier endosseur
du billet à ordre connaissait la cessation des paiements du tiré soit au
moment de l’émission, soit au moment du paiement de l’effet, la masse des
créanciers peut exercer à son égard une action en rapport ;
- les paiements de dettes échues opérées de façon anormale. En période dite
suspecte, le débiteur peut procéder au paiement de ses dettes arrivées à
échéance, encore faut-il qu’il le fasse par des moyens normaux. Est
normal, le paiement par lequel le débiteur remet au créancier les valeurs
qu’il lui doit. Par une interprétation a contrario de l’article 68-4°, les
paiements des dettes échues, effectués pendant la période suspecte seront
opposables à la masse des créanciers s’ils le sont en espèce, par effet de
commerce, virement, prélèvement, carte de paiement ou de crédit,
compensation légale, judiciaire ou conventionnelles de dettes ayant un
lien de connexité entre elles ou tout autre mode normal de paiement. La
liste des moyens normaux de paiement est loin d’être exhaustive. La
formule générale « tout autre mode normal de paiement » comprendrait
tous les procédés modernes de règlement ;
- les constitutions de sûretés réelles (sur les biens du débiteur) pour la
garantie de dettes antérieures. Pour éviter la rupture de l’égalité entre les
créanciers, le législateur OHADA, à la suite de son homologue français,
déclare inopposable de droit toute constitution de sûreté réelle pour la
garantie d’une dette antérieure. Le domaine de cette inopposabilité des
sûretés réelles consenties pour la garantie des dettes antérieures est bien
défini par le législateur. Il s’agit des sûretés conventionnelles, c’est-à-dire
l’hypothèque conventionnelle, le nantissement conventionnel et le gage.
Pourront aussi être inclus dans cette liste l’antichrèse34 et le warrant sur
les marchandises déposées dans un magasin général35. En droit positif
français, les inopposabilités des sûretés conventionnelles consenties en
période dite suspecte pour la garantie des dettes antérieures s’étendent à
toutes sortes de warrants : les warrants à domicile et le nantissement de
créances professionnelles de la loi du 2 janvier 1981. L’hypothèque qui
résulte de plein droit du jugement condamnant le débiteur (hypothèque
judiciaire) rentre aussi dans ce domaine de l’inopposabilité des sûretés
réelles consenties pour la garantie des dettes antérieures. La constitution
de sûreté est, bien sûr, indispensable pour la garantie des crédits
sollicités, mais une sûreté consentie ultérieurement après l’octroi des
crédits cache indiscutablement une intention de fraude ou une volonté de
favoriser le créancier bénéficiaire ;
48
- les mesures conservatoires. Il n’est pas question ici des saisies
conservatoires « dont l’avenir est, de toute façon, compromis par l’arrêt des
poursuites individuelles résultant du jugement d’ouverture »36. Mais, ces
inscriptions se rapportent aux hypothèques forcées judiciaires ou aux
nantissements forcés judiciaires qui sont destinés « à garantir une créance
non assortie de titre exécutoire et mise en péril »37.
Les actes qui peuvent être frappés d’inopposabilités facultatives s’ils sont accomplis
en période suspecte sont contrairement à ceux frappés d’inopposabilités de droit,
les actes qui ne revêtent aucun caractère anormal. Le fondement des
inopposabilités facultatives est l’article 69 de l’AUPC. Il s’agit ici d’une simple
faculté ou possibilité dont dispose la juridiction compétente de déclarer
inopposables à la masse des créanciers, sous certaines conditions, certains actes
qui en réalité, n’ont rien d’anormal.
Les inopposabilités facultatives sont prononcées toutes les fois que les conditions
des inopposabilités de droit ne sont pas réunies. Ainsi, l’Acte uniforme mentionne-t-
il deux séries d’inopposabilités facultatives : l’une concerne les actes à titre gratuit,
et l’autre les actes à titre onéreux. En principe, les actes à titre gratuit translatifs de
propriété mobilière et immobilière sont inopposables de droit s’ils sont accomplis
pendant la période dite suspecte. La suspicion de fraude qui entoure de tels actes
est tellement grande que le législateur donne à la juridiction compétente la
possibilité de remonter jusqu’à six mois avant la cessation des paiements pour les
déclarer (facultativement) inopposables à la masse des créanciers. Cette règle de
l’article 69-1-1° de l’AUPC reprend ainsi l’article 29, alinéa 3, de la loi française du
13 juillet 1967, et l’article 957 du Code sénégalais des obligations civiles et
commerciales.
36 Philippe PETEL, n° 374, cité par Jean René GOMEZ, OHADA – Entreprise en difficulté, lecture de
l’Acte uniforme de l’OHADA portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif à la
lumière du droit français,op. cit., n° 98, p. 128.
37 Joseph ISSA-SAYEGH, Commentaire introductif des hypothèques forcées judiciaires, inOHADA,
49
Les actes à titre onéreux facultativement inopposables à la masse des créanciers
sont de trois ordres. Il s’agit d’abord de la constitution de sûretés réelles mobilières
ou immobilières, consenties ou obtenues pour des dettes concomitantes lorsque
leur bénéficiaire a eu connaissance de la cessation des paiements du débiteur. Sont
ensuite visés, les actes à titre onéreux autres que ceux frappés d’inopposabilités de
droit. Enfin, les paiements volontaires des dettes échues peuvent être inopposables
à la masse des créanciers si ceux qui ont perçu ces paiements ont eu connaissance
de la cessation des paiements du débiteur. Les inopposabilités facultatives
relativement aux dettes échues concernent les paiements opérés par des procédés
normaux comme les paiements par des effets de commerce qui sont néanmoins
entachés de quelques injustices, d’où la possibilité d’exercer une action en rapport.
§ 2 : Le jugement d’ouverture
Cette publicité est faite d’abord au RCCM et ensuite insérée par extrait au journal
officiel.
Selon l’art. 25 de l’AUPC, le débiteur qui est dans l’impossibilité de faire face à son
passif exigible avec son actif disponible doit faire une déclaration au greffe de la
juridiction compétente au plus tard dans les trente (30) jours qui suivent cette
cessation des paiements contre récépissé aux fins d’obtenir l’ouverture d’une
procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens : c’est la saisine
par déclaration du débiteur appelée couramment dépôt de bilan.
50
Cette déclaration doit être déposée au greffe du tribunal par le débiteur lui-même
ou par le représentant légal de la personne moral ou par toute autre personne
munie d’un mandat spécial.
Tous ces documents doivent être datés, signés et certifiés conformes et sincères par
le déclarant. L’objet de ces documents est d’informer le tribunal sur la situation de
l’entreprise.
L’article 27 de l’AUPC précise qu’en même temps que la déclaration et au plus tard
dans soixante (60) jours qui suivent le la décision d'ouverture du redressement
judiciaire, le débiteur doit déposer un projet de concordat. Ce projet de
concordatprécise les mesures et les conditions envisagées pour le redressement de
l’entreprise.
51
La déclaration de l’art. 25 est obligatoire et le débiteur qui s’abstient de le faire
pourra être poursuivi pour faillite personnelle. En effet, aux termes de l’art. 196-5,
à toute époque de la procédure, la juridiction compétente prononce la faillite
personnelle des personnes qui ont commis des actes de mauvaise foi ou des
imprudences inexcusables et qui ont enfreint gravement les règles et usages du
commerce, tels que définis par l’art. 197.
L’art. 197 présume actes de mauvaise foi la poursuite abusive d’une exploitation
déficitaire qui ne pourrait conduire l’entreprise qu’à la cessation des paiements.
L’art. 28 prévoit que la procédure collective peut être ouverte sur la demande d’un
créancier quelle que soit la nature de sa créance pourvu qu’elle soit certaine, liquide
et exigible.
3- La saisine d’office
1- Le choix de la procédure
52
procédure de redressement judiciaire l’entreprise en cessation des paiements mais
dont la situation n’est pas irrémédiablement compromise tandis que la procédure
de liquidation des biens serait ouverte aux seules entreprises dont la situation est
complètement obérée ou désespérée.
Cette disposition ne s'applique pas aux apports consentis dans le cadre d'une
augmentation du capital social du débiteur.
Parmi les organes nommés, il y a les organes judiciaires et les organes non
judiciaires. Les organes judiciaire sont la juridiction compétente, le juge
commissaire, et le ministère public. Les organes non judiciaires sont le syndic et les
contrôleurs.
a- La juridiction compétente
53
l’ont institué distinctement, le tribunal de commerce. Il s’agit de la juridiction du
lieu du siège social. La juridiction compétente a deux catégories de fonctions :
b- Le juge-commissaire
54
syndic. Il peut déterminer les conditions de continuation de l’entreprise, choisir le
mode de réalisation des immeubles ; détermine les clauses et conditions auxquelles
la vente aura lieu… Il ordonne, s’il y a lieu, la répartition des deniers entre les
créanciers, en fixe la quotité et veille à ce que tous les créanciers en soient avertis.
En cas de redressement judiciaire, il autorise le syndic à accomplir seul les actes
nécessaires à la sauvegarde du patrimoine de l’entreprise au cas où le débiteur ou
les dirigeants de la personne morale refusent d’y procéder. Il autorise les
licenciements envisagés. Il procède, parmi les créanciers, à la nomination de ceux
qui sont chargés de contrôler la procédure. Il peut également ordonner leur
révocation et pourvoir à leur remplacement.
c- Le ministère public
d- Le syndic
55
Lorsque, dans sa mission, le syndic commet une faute civile, il engage sa
responsabilité de même nature à l’égard du débiteur, de la masse des créanciers,
d’un créancier pris individuellement ou d’un tiers. Mais il peut engager sa
responsabilité pénale si la faute est de cette nature, en vertu du texte de l’article
243 de l’Acte uniforme.
e- Les contrôleurs
L’ouverture des procédures collectives stricto sensu produit des effets aussi bien à
l’égard du débiteur qu’à l’égard des créanciers.
L’art. 52, al. 1er, de l’AUPC dispose que « la décision qui prononce le redressement
judiciaire emporte, de plein droit, à partir de sa date, et jusqu’à l’homologation du
concordat ou la conversion du redressement judiciaire en liquidation des biens,
assistance obligatoire du débiteur pour tous les actes concernant l’administration et
la disposition de ses biens, sous peine d’inopposabilité de ces actes ». Et l’art. 53, al.
2e, de l’AUPC dispose que « La décision qui prononce la liquidation des biens emporte,
de plein droit, à partir de sa date, et jusqu’à la clôture de la procédure,
dessaisissement pour le débiteur de l’administration et de la disposition de ses biens
présents et de ceux qu’il peut acquérir à quelque titre que ce soit, sous peine
d’inopposabilité de tels actes, sauf s’il s’agit d’actes conservatoires ».
1- Le dessaisissement
L’effet le plus important des procédures collectives de traitement sur le débiteur est
le dessaisissement de ses biens. Le débiteur peut, toutefois, accomplir, valablement,
seul, les actes conservatoires et ceux de gestion courante entrant dans l’activité
habituelle de l’entreprise, conformément aux usages de la profession, à charge d’en
rendre compte au syndic (voir les art. 52, al. 2e, et 53, al. 2e, in fine, de l’AUPC).
56
remplace dans la gestion du patrimoine commercial. Le dessaisissement a alors un
effet puissant. En ce qui concerne le redressement judiciaire, le dessaisissement a
plutôt un effet relatif. Le syndic assiste le débiteur dans la gestion de ses biens.
Malgré ces effets, il convient de souligner que le dessaisissement ne frappe pas les
biens insaisissables ou alimentaires. Sur proposition du syndic, le juge-
commissaire pourra autoriser le débiteur à extraire les objets mobiliers nécessaires
à l’entretien de sa personne et de sa famille, ainsi que les objets mobiliers
nécessaires à l’activité professionnelle du débiteur ou à son entreprise lorsque la
continuation de l’activité est autorisée (art. 60 de l’AUPC). De même, le juge-
commissaire peut ordonner qu’un prélèvement soit effectué sur l’actif en guise de
secours alimentaires au profit du débiteur (art. 64 de l’AUPC).
Outre les biens, le dessaisissement s’applique aussi à tous les actes que le débiteur
peut passer. Le débiteur ne peut, en conséquence, consentir aucune aliénation, ni
passer aucun contrat, ni exercer d’actions en justice, ni procéder à aucun paiement
libératoire, même par compensation, sauf entre deux dettes connexes. Toutefois,
dès lors qu’elle est opposable à la masse, la compensation opère même si une des
dettes a pris naissance après le jugement déclaratif et surtout lorsque la condition
de connexité est satisfaite38. Le dessaisissement ne concerne pas non plus les
opérations antérieures au jugement déclaratif.
38 Cass. com., 6 mars 1961, RTD Com. 1962, p. 480, obs. HOUIN.
39Cass. 3eciv., 29 mai 1969, RTD Com. 1971, p. 479, obs. HOUIN.
40 Paris, 12 juillet 1988, D. 1989, somm. P. 10, obs. F. DERRIDA ; sur la possibilité d’interjeter appel à
57
droit attaché à la personne, le débiteur en liquidation judiciaire l’exerce seul »41. Elle
avait également estimé que l’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire
n’interdisait pas au débiteur l’exercice d’une « activité professionnelle ».
L’exercice d’une activité salariée est permis mais les salaires perçus par le débiteur
seront atteints par le dessaisissement, sous réserve de la fraction insaisissable : la
fraction saisissable sera affectée au désintéressement des créanciers de la
procédure à la suite d’une saisie-attribution sur salaire que devra pratiquer le
liquidateur. Le débiteur peut aussi agir seul en se constituant partie civile pour
établir la culpabilité de l’auteur d’un crime ou d’un délit, à condition qu’il
s’abstienne de solliciter une réparation civile42.Il peut interjeter appel contre le
jugement d’ouverture, contre le jugement refusant d’homologuer le concordat, ou
celle qui convertit le redressement judiciaire en liquidation des biens. Il peut
contester des créances.
Les actes accomplis seulpar le débiteuralors qu’il était dessaisi sont inopposables à
la masse des créanciers. Cette inopposabilité a un caractère plus général que celle
de la période suspecte puisqu’elle s’applique en principe à tous les actes et quelle
que soit la bonne et mauvaise foi du cocontractant. L’inopposabilité s’applique
même si le cocontractant a ignoré le jugement.
L’inopposabilité implique que celui qui a payé au débiteur doit payer une nouvelle
fois entre les mains du syndic ; celui qui a acheté un bien au débiteur et en a pris
livraison doit le rendre au syndic ; celui qui a été payé par le débiteur doit restituer
la somme perçue au syndic.
41Cass. com., 3 mai 2006, D. 2006, 2331, obs. F-X LUCAS et P.-M. LE CORRE ; JCP E 2006, 2348,
note J.-P. GARÇON. La Cour énonce que l’exercice de cette faculté par le seul débiteur en liquidation
judiciaire est sans préjudice de la mise en œuvre éventuelle par le liquidateur, en sa qualité de
représentant des créanciers, de l’action prévue par l’article 788 du Code civil. Cet article 788 dispose
que les créanciers de celui qui renonce au préjudice de leurs droits, peuvent se faire autoriser en
justice à accepter la succession du chef de leur débiteur, en son lieu et place. Dans ce cas, la
renonciation n’est annulée qu’en faveur des créanciers, et jusqu’à concurrence seulement de leurs
créances : elle ne l’est pas au profit de l’héritier qui a renoncé.
42Cass. crim., 16 décembre 1980, D.S. 1981, IR. 217, obs. DERRIDA.
58
L’inopposabilité a un caractère définitif à l’égard de la masse : le créancier qui a
méconnu les règles du dessaisissement est un créancier hors la masse. Ainsi, celui
qui a acheté un bien au débiteur, non seulement doit le rendre au syndic,
représentant la masse, mais en plus, il ne peut pas produire pour obtenir le
remboursement du prix payé au débiteur.
Lorsque l’entreprise est en liquidation des biens, le dirigeant perd les rênes de ses
affaires. Il est dessaisi et représenté par le syndic pour tous les actes exigés par son
activité professionnelle mais aussi personnelle. Le débiteur ne participe plus à la
gestion de l’entreprise. L’entreprise est gérée par le syndic, du moins s’il y a
continuation d’activité. Si le syndic refuse d’accomplir un acte ou d’exercer un droit
59
ou une action concernant le patrimoine du débiteur, celui-ci ou les dirigeants de la
personne morale ou les contrôleurs, s’il en a été nommé, peuvent l’y contraindre par
décision du juge-commissaire obtenue dans les conditions prévues par les articles
40 et 43 de l’AUPC (art. 53).
44 En cas d’ouverture de la procédure de liquidation des biens, le débiteur est, par contre, dessaisi de
l’administration et de la disposition de ses biens présents et de ceux qu’il peut acquérir à quelque titre
que ce soit. Il est pour cela représenté par le syndic.
60
Le débiteur est obligatoirement assisté pour deux séries d’actes : premièrement
pour tous les actes d’administration de ses biens et secondairement pour tous les
actes de disposition de ses biens. Toutefois, comme le syndic peut ne pas toujours
arriver à apprécier efficacement l’importance de certains actes, pourtant nécessaires
à la gestion quotidienne de l’entreprise, le législateur autorise dans certains cas le
débiteur à accomplir seul certains actes en dépit de la cogestion dans le but de
permettre à l’entreprise de continuer ses activités.
Les actes conservatoires sont des actes nécessaires à la conservation des droits de
l’entreprise contre les débiteurs de celle-ci, à la préservation de ses capacités de
production et à la sauvegarde du patrimoine du débiteur comme le renouvellement
des stocks, les mises en demeure, etc. De même, si le débiteur ou les dirigeants
refusent de faire un acte nécessaire à la sauvegarde du patrimoine du débiteur, le
syndic peut se faire autoriser à l’accomplir seul.
45 Jean René GOMEZ, OHADA – Entreprise en difficulté, lecture de l’Acte uniforme de l’OHADA portant
organisation des procédures collectives d’apurement du passif à la lumière du droit français,op. cit., n°
87, p. 116.
46Com., 6 février 2001, RJDA 2001, n° 708.
47Cass. civ. 1re, 23 septembre 2003, Act. proc. coll. 2003, n° 241.
48 Versailles, 13 juin 1996, RJDA 1996, n° 1533.
49Cass. soc, 30 mai 2001, Act. proc. coll. 2001, n° 203, obs. C. REGNAULT-MOUTIER.
61
l’entreprise50. Les actes de gestion courante doivent ainsi être des actes
indispensables au maintien de l’exploitation.
Comme les biens d’une personne morale sont facilement identifiables et comme
l’émiettement des pouvoirs de gestion des dirigeants ou leur éviction n’influence pas
de manière manifeste la survie de la personne morale, la cogestion de l’entreprise
ou la représentation du débiteur en cas d’ouverture des procédures collectives
semble ne présenter de portée aussi significative lorsque le débiteur est une
personne morale et surtout lorsqu’il s’agit d’une société pluripersonnelle.
L’option de la continuation des contrats en cours appartient au syndic, et, lui seul
peut l’exercer.Le droit d’option se définit comme « une prérogative juridique qui
permet à son titulaire de pouvoir, par un acte unilatéral de volonté, modifier une
62
situation juridique incertaine et cela suivant une alternative précise et prévisible »51.
Cette option du syndic doit en principe être exercée d’une manière expresse, et
surtout de sorte à ne pas maintenir le cocontractant dans l’expectative. En réalité,
le législateur n’impose aucun délai au syndic pour exercer cette option, et son
silence ou sa renonciation tacite ne signifie pas non plus résolution automatique du
contrat.
Ainsi, pour protéger le cocontractant, l’article 108, alinéa 3, de l’AUPC prévoit-il que
le contrat est résilié de plein droit après une mise en demeure adressée au syndic
qui est restée plus d’un mois sans réponse. Et si le syndic n’use pas de sa faculté
d’option ou de fournir la prestation promise dans le délai imparti par la mise en
demeure, son inexécution peut donner lieu, outre la résolution, à des dommages-
intérêts (art. 109, al. 1er, de l’AUPC).
La poursuite des contrats en cours est une condition essentielle du traitement des
difficultés de l’entreprise. Comme le dit si bien M. Antoine BOLZE, « le jugement
d’ouverture d’une procédure collective crée un sentiment d’anxiété chez les créanciers
qui estiment plus prudent de rompre toute activité avec le débiteur »52. Or, les
ruptures des différents contrats de l’entreprise ne pourraient qu’aggraver sa santé
économique et financière. Ainsi, le législateur OHADA, à la suite de son homologue
51 NAJJAR, Le droit d’option, contribution à l’étude du droit potestatif et de l’acte unilatéral, LGDJ, 1967,
préface P. RAYNAUD, n° 31, cité par Pierre-Michel LE CORRE et Emmanuelle LE CORRE-BROLY, Droit
du commerce et des affaires, Droit des entreprises en difficulté,op. cit., n° 167, p. 153.
52 Antoine BOLZE, Procédures collectives et sûretés, op. cit., p. 143.
63
français, trouve-t-il indispensable de maintenir ce mécanisme traditionnel des
procédures collectives dans le but d’assurer la survie de l’entreprise par la
continuation de ses activités.
Si en droit OHADA, seul le syndic dispose de cette faculté, en droit français, c’est
l’administrateur qui est le titulaire de l’option sur la continuation du contrat en
cours, et à défaut d’administrateur judiciaire, l’option appartient au débiteur qui
doit avoir l’avis conforme du mandataire judiciaire. Toujours en droit français, en
phase de liquidation judiciaire, le titulaire de cette option est le liquidateur, sauf si
un administrateur judiciaire est mis en place, auquel cas il est le titulaire de
l’option.
Cette règle traditionnelle de continuation des contrats en cours est une règle
dérogeant au principe civiliste selon lequel le cocontractant peut soulever
l’exception d’inexécution de l’autre partie pour refuser ses propres prestations.
Dans quel cas un contrat peut-il être considéré comme « un contrat en cours » ?
53 Com. 19 mai 2004, n° 01-16.900, NP, Rev. proc. coll. 2004, p. 224, n° 3, obs. Ph. ROUSSEL-GALLE.
64
Avant toute chose, il faut que le contrat en question soit « susceptible d’une
exécution d’obligations à la charge du cocontractant » ; autrement, « si le
cocontractant du débiteur n’a plus d’obligation à exécuter, le contrat ne peut plus être
considéré comme étant en cours »54. En outre, lorsque le contrat n’aura laissé que
« des obligations de garantie »55 ou des obligations non essentielles, le contrat ne
sera plus être considéré comme étant en cours.
Selon la jurisprudence française, « un contrat est dit en cours lorsque celui-ci est en
cours d’exécution au jour du jugement d’ouverture ». Cette définition inclut en
principe les contrats à exécution successive, tels que les contrats de bail, de
concession, de franchise ou de crédit-bail. Elle exclut corrélativement les contrats
en cours de formation au jour du jugement d’ouverture, les contrats arrivés à leur
terme à cette date, les contrats résolus ou résiliés soit à la suite d’un jugement
ayant force de chose jugée, soit en raison du jeu d’une clause résolutoire 56.
Un contrat est en réalité en cours s’il n’a pas encore été exécuté, c’est-à-dire si « la
prestation principale et caractéristique » n’a pas encore été fournie au débiteur au
jour du jugement d’ouverture. Par exemple, le contrat de vente serait en cours si
l’obligation de délivrance n’est pas intervenue au jour du jugement d’ouverture. De
même, une vente avec clause de réserve de propriété ne serait pas en cours si
l’obligation de délivrance est déjà intervenue au jour du jugement d’ouverture57.
Selon MM. RIPERT et ROBLOT, « un contrat est en cours lorsqu’il n’a pas épuisé ses
effets fondamentaux au jour du jugement et plus précisément dont la prestation
caractéristique n’est pas accomplie »58. D’après le critère de la Cour de cassation
française, le contrat est en cours « s’il laisse encore subsister ses effets essentiels à
la charge du cocontractant du débiteur au jour du jugement d’ouverture ». Elle a
CORRE et Emmanuelle LE CORRE-BROLY, Droit du commerce et des affaires, Droit des entreprises en
difficulté, op. cit., n° 163, p. 149.
56 Voir supra p. 274. Selon la jurisprudence française, la clause résolutoire « acquise avant le jugement
d’ouverture confère un droit acquis à celui qui en bénéficie » (voir Com. 21 janvier 1992, JCP E 1992, I,
136, obs. Ph. PETEL). Cependant, une clause résolutoire acquise en raison de la déclaration de
cessation des paiements, même avant le jugement d’ouverture, ne produira aucun effet (Com. 2 mars
1993, D. 1993, 572, note Ph. DEVESA).
57Cass. Com., 5 mai 2004, nos 01-17.201 et 01-17.590, D. 2004, AJ, 1525, obs. A. LIENHARD.
58 Georges RIPERT et René ROBLOT, Traité de Droit commercial, Tome 2, par Philippe DELEBECQUE
et Michel GERMAIN, op. cit., n° 3047, p. 1028. Voir aussi Cass. Com., 14 décembre 1993, Bull. civ.,
IV, n° 477.
65
précisé que le contrat de vente à terme est un contrat en cours, lorsque le transfert
de propriété ne s’est pas opéré, faute de paiement59.
Dans le même sens, le contrat de prêt serait par exemple en cours si, à l’ouverture
de la procédure, les fonds ne sont pas intégralement versés à l’emprunteur. Mais si
les fonds ont été complètement remis à l’emprunteur avant l’ouverture de la
procédure, le prêt est totalement libéré, et le prêteur n’aura qu’à déclarer sa créance
à la procédure60. Par ailleurs, cette règle peut aussi être appliquée aux concours
bancaires. Les concours bancaires sont très indispensables pour le sauvetage de
l’entreprise en difficulté. L’ouverture d’une procédure collective n’empêche donc pas
en principe la poursuite de ces concours, sauf si l’entreprise se trouve dans une
situation irrémédiablement compromise.
Aux termes des dispositions de l’alinéa 3 de l’article 108 de l’AUPC, le syndic peut,
par une décision expresse ou tacitement par la fourniture de la prestation promise,
exercer l’option de poursuivre les contrats en cours. Après avoir opté pour la
continuation du contrat en cours, le syndic peut décider de mettre fin au contrat à
exécution ou paiement échelonné dans le temps, s’il s’aperçoit qu’il ne dispose pas
ou ne dispose plus de fonds lui permettant d’assurer le paiement du terme suivant,
ou s’il se rend compte que le contrat dont la continuation est sollicitée n’est plus
indispensable pour l’exploitation.
59Cass. Com., 1er février 2000, Act. proc. coll. 2000/5, n° 52 ; D. 2000, act. jurispr. 144, obs. A.
LIENHARD.
60 Toulouse, 2e ch., 10 février 2000, Rev. proc. coll. 2002, p. 191, obs. Ph. ROUSSEL-GALLE.
61Filiga Michel SAWADOGO, OHADA –Droit des entreprises en difficulté,op. cit., n° 191, p. 182.
62 Georges RIPERT et René ROBLOT, Traité de Droit commercial, Tome 2, par Philippe DELEBECQUE
66
expression, le syndic doit tout faire pour éclairer le cocontractant que le contrat
sera continué. Dans ce cas, le législateur OHADA est très précis : la décision tacite
doit découler de la fourniture par le syndic de la prestation promise.
A titre d’exemple, le syndic qui continue à payer spontanément les loyers prévus au
contrat manifeste sa volonté non équivoque de continuer le contrat de bail 65.
Inversement, quelle que soit l’importance du contrat en cours, le syndic ne
prendrait pas la décision de le continuer s’il refuse de payer ou de fournir sa propre
prestation due. Cependant, son silence ne libère pas pour autant le cocontractant.
Que la continuation des contrats en cours émane soit d’une décision expresse ou
tacite, soit à la suite de l’exercice de l’option après une mise en demeure, sauf le cas
où le syndic obtiendrait du cocontractant du débiteur des délais de paiement, la
prestation fournie par celui-ci se règle au comptant si elle porte sur le paiement
d’une somme d’argent. De même, si le contrat est synallagmatique, et le syndic n’a
pas fourni la prestation promise, le cocontractant peut soulever l’exception
d’inexécution. Mais, si le cocontractant s’exécute sans avoir reçu la prestation
promise, il devient créancier de la masse.
67
dispositions de l’article 108, alinéa 2 in fine, de l’AUPC « Si l’autre partie s’exécute
sans avoir reçu la prestation promise, elle devient créancière de la masse ». Cette
solution du législateur OHADA est inspirée par la jurisprudence française
antérieure à 1985. Par ailleurs, le cocontractant ne peut pas compenser les
acomptes reçus pour des prestations non encore fournies par lui avec des
dommages-intérêts dus pour la résolution. La juridiction compétente saisie de
l’action en résolution contre le syndic peut toutefois prononcer la compensation
avec les sommes reçues pour des prestations non encore fournies ou l’autoriser à
différer la restitution de ces sommes jusqu’à ce qu’il ait été statué sur les
dommages-intérêts68.
Le cocontractant qui s’exécute sans avoir reçu de paiement dispose en retour d’une
certaine préférence aux dépens des créanciers antérieurs à l’ouverture de la
procédure, c’est-à-dire les créanciers « dans la masse ». La logique de cette solution
réside dans le fait qu’aucune personne n’aurait normalement accepté de continuer
ou d’engager une nouvelle relation contractuelle avec une entreprise en difficulté
économique et financière tout en sachant qu’il est fort probable qu’elle ne puisse
être payée.
L’article 72, al. 1er, de l’AUPC dispose que : « La décision d’ouverture constitue les
créanciers en une masse représentée par le syndic qui, seul, agit en son nom et dans
l’intérêt collectif et peut l’engager ». Les créanciers sont donc, par l’effet du jugement
d’ouverture, constitués en masse, c’est-à-dire en un groupement de personnes,
physiques ou morales. Cette masse est constituée par tous les créanciers dont la
créance est antérieure à la décision d’ouverture, même si l’exigibilité de cette
créance est fixée à une date postérieure à cette décision (art. 72, al. 2e, de l’AUPC).
68
Voir l’article 109, al. 2, de l’AUPC.
68
au journal officiel. La production est admise jusqu’au trentième jour qui suit la
deuxième insertion.
Le syndic avertit les créanciers connus, c’est-à-dire ceux dont les noms figurent au
bilan ou ceux dont les créances ont été inscrites. Cet avertissement intervient au
cas où, en dépit de la publication de la décision d’ouverture, ceux-ci ne se seraient
pas présentés.
Les droits de certains créanciers peuvent souffrir d’une révision par l’effet du
jugement d’ouverture. En effet, les droits de ces créanciers pourraient être frappés
d’inopposabilité s’ils avaient été consolidés pendant la période suspecte.
Toutefois, les créanciers bénéficiant de ces garanties peuvent prendre des mesures
conservatoires.
69
d’actifs. En cas d’ouverture de la procédure du redressement judiciaire, toutes ces
mesures ne sont prises que dans le cadre d’un concordat69. Le concordat de
redressement se présente comme un passage obligé pour parvenir au sauvetage de
l’entreprise en cas d’ouverture de la procédure du redressement judiciaire. Son rôle
est d’assurer la survie de l’entreprise par la présentation par le débiteur d’un plan
de règlement du passif et du redressement de l’entreprise. Il peut se poser la
question de la détermination de la nature juridique du concordat : est-ce un acte
unilatéral ou un contrat ?70
EBANGA, La nature juridique du concordat de redressement judiciaire dans le Droit des affaires
OHADA, Doctrine Ohadata D-08-23.pdf ; voir aussi Filiga Michel SAWADOGO, OHADA - Droit des
entreprises en difficulté,op. cit., n° 277, p. 269 et suiv.
71Filiga Michel SAWADOGO, OHADA - Droit des entreprises en difficulté,op. cit., n° 277, p. 270.
72 Jean René GOMEZ, OHADA – Entreprise en difficulté, lecture de l’Acte uniforme de l’OHADA portant
organisation des procédures collectives d’apurement du passif à la lumière du droit français,op. cit., n°
292, p. 322. Voir par exemple l’article 996 du Code des obligations civiles et commerciales du Sénégal.
70
Le projet du concordat doit être fait avant le jugement d’ouverture. C’est lorsque la
juridiction compétente considère que le projet est sérieux qu’elle ouvre la procédure
de redressement judiciaire. Dans les cas contraires (absence de dépôt des
propositions concordataires par le débiteur ou propositions non sérieuses, ou
encore retrait des propositions faites par le débiteur), la juridiction compétente
prononce l’ouverture de la liquidation des biens ou convertit le redressement
judiciaire en liquidation des biens. En vue de permettre au redressement envisagé
d’atteindre ses objectifs, le concordat est soumis à un processus spécifique
d’élaboration et de ratification. Il s’agit du vote par les créanciers et de
l’homologation du concordat par la juridiction compétente.
Dans les quinze (15) jours qui suivent l'expiration du délai prévu à l'article 88, le
juge-commissaire saisit le président de la juridiction compétente qui fait convoquer,
par avis insérés dans les journaux d'annonces légales de l'Etat Partie concerné et
par lettre au porteur contre récépissé ou par lettre recommandée avec demande
d'avis de réception ou par tout moyen laissant trace écrite adressés
individuellement par le greffier, les créanciers dont les créances ont été admises à
titre chirographaire, définitivement ou par provision. Lorsque le concordat de
redressement judiciaire comporte des offres de cession totale ou partielle d'actif, le
délai pour la convocation de l'assemblée concordataire est porté à un (01) mois.
La cession totale ou partielle d'actif peut concerner tout ou partie des biens
corporels ou incorporels, meubles ou immeubles. La cession d'entreprise ou
d'établissement est toute cession de biens susceptibles d'exploitation autonome
permettant d'assurer le maintien d'une activité économique, des emplois qui y sont
attachés et d'apurer le passif. Lorsque la cession totale ou partielle d'actif ou
d'entreprise ou d'établissement est envisagée dans le concordat de redressement
judiciaire, le syndic doit établir un état descriptif des biens meubles et immeubles
dont la cession est envisagée, la liste des emplois qui y sont attachés, les sûretés
réelles dont ils sont affectés et la quote-part de chaque bien dans le prix de cession.
Le rapport du syndic est remis signé à la juridiction compétente qui le reçoit après
avoir entendu le juge-commissaire en ses observations sur les caractères du
71
redressement judiciaire et sur l'admissibilité du concordat.Le ministère public est
entendu en ses conclusions orales ou écrites.
Les créanciers titulaires d'une sûreté réelle spéciale qui n'ont pas fait la déclaration
prévue à l'article 120 peuvent prendre part au vote sans renoncer à leur sûreté et
consentir des délais et remises différents de ceux proposés par le débiteur.
Les créanciers chirographaires et ceux munis de sûreté réelle n'ayant pas fait la
déclaration prévue à l'article 120 sont présumés accepter le concordat si, dûment
appelés, ils ne participant pas au vote de l'assemblée concordataire.
Si une (01) seule de ces deux (02) conditions est acquise, la délibération est
continuée à huitaine pour tout délai et sans autre formalité. Dans ce cas, les
créanciers présents ou régulièrement représentés ayant signé le procès-verbal de la
première assemblée, ne sont pas tenus d'assister à la seconde ; les résolutions par
eux prises et les adhésions données restent définitivement acquises.
72
offres concordataires ou par le syndic ou contre lesquels a été prononcée la faillite
personnelle ;
4°) le concordat offre des possibilités sérieuses de redressement de l'entreprise
débitrice, de règlement de son passif et des garanties suffisantes d'exécution ;
5°) les conditions prévues par l'article 33-1 sont remplies, si des personnes bénéficient
du privilège prévu par ce texte, et que les montants garantis sont expressément
mentionnés ».
Toutefois, les créanciers bénéficiant de sûretés réelles spéciales ne sont obligés que
par les délais et remises particuliers consentis par eux ; si le concordat comporte
des délais n'excédant pas deux (02) ans, ceux-ci peuvent leur être opposés si les
délais par eux consentis sont inférieurs.
Les travailleurs ne peuvent se voir imposer aucune remise ni délais excédant deux
(02) ans sans préjudice des dispositions de l'article 96.Les créanciers munis de
sûretés réelles ne perdent pas leurs garanties mais ne peuvent les réaliser qu'en cas
d'annulation ou de résolution du concordat de redressement auquel ils ont consenti
ou qui leur a été imposé, sans préjudice de leur droit d'agir contre un tiers afin de
préserver leurs droits.
Le concordat disparait soit avec sa complète exécution, soit avec son annulation ou
sa résolution. L’annulation intervient pour cause de dol alors que la résolution a
lieu, soit en cas d’inexécution par le débiteur de ses engagements, soit en raison de
ce que ce débiteur est frappé de l’interdiction d’exercer une activité commerciale,
ou, s’agissant d’une personne morale, lorsque les dirigeants sont frappés d’une
interdiction de gérer, de diriger ou d’administrer une entreprise. En cas de clause
de retour à meilleure fortune, le débiteur doit régler, même les créances frappées de
forclusion.
73
la procédure, le débiteur trouve des ressources et honore ses engagements. Le
syndic établit alors l’existence de ses ressources et assiste le débiteur dans le
règlement de ses créanciers. Dans tous les cas, lorsque, avant le terme de la
procédure, il n’existe plus de créance exigible, ou que des consignations aient été
effectuées à la caisse des dépôts et consignations pour régler, à terme, ses créances,
la juridiction compétente rend la décision de clôture pour extinction du passif.
Aux termes des dispositions de l’art. 141-1, « Tout débiteur répondant à la définition
de la petite entreprise visée à l'article 1-3, peut demander l'application de la
procédure de redressement judiciaire simplifié… ».
En même temps que la déclaration visée par les articles 25 à 26 ou, au plus tard,
dans les quarante-cinq (45) jours qui suivent celle-ci, le débiteur, avec le concours
du syndic, doit déposer un projet de concordat de redressement judiciaire.
Au moins quinze (15) jours avant que la juridiction compétente statue sur
l'homologation du projet de concordat, le syndic communique ledit projet aux
créanciers, par lettre au porteur contre récépissé ou par lettre recommandée avec
demande d'avis de réception ou par tout moyen laissant trace écrite.
74
Si le projet de concordat prévoit des remises de dettes, l'accord de chaque créancier
concerné est nécessaire. Il en va de même s'il prévoit des délais de paiement d'une
durée supérieure à deux (02) ans.Le défaut de réponse dans le délai de quinze (15)
jours à compter de la réception de la lettre du syndic vaut refus.
La liquidation des biens prépare la disparition de l’entreprise. Elle peut être ouverte,
ab initio, par le jugement d’ouverture, ou par conversion du redressement judiciaire.
Dans tous les cas, elle met les créanciers en état d’union (A), la clôture pouvant
intervenir pour insuffisance d’actif (B).
A- L’union
75
créanciers, le bien servant à la garantie. Mais il n’effectuera ce choix que si le bien
servant a une valeur substantiellement supérieure à la dette à l’égard de ce
créancier. Le créancier gagiste ou nanti reprendra cependant son initiative à la
poursuite individuelle, à charge d’en rendre compte au syndic, si, dans le délai de
trois mois à compter de la décision de la liquidation des biens, celui-ci n’a pas retiré
le gage ou le nantissement ou entrepris une procédure de réalisation appropriée.
L’ordre de paiement des créanciers est défini par l’article 166 s’il s’agit des
immeubles et par l’article 167 de l’AUPC en matière des meubles. En effet, d’après
l’article 166, « Les deniers provenant de la réalisation des immeubles sont distribués
dans l'ordre suivant :
1°) aux créanciers bénéficiant du privilège prévu par les articles 5-11,11-1 et 33-1 ci-
dessus ;
2°) aux créanciers des frais de justice engagés pour parvenir à la réalisation du bien
vendu et à la distribution du prix ;
3°) aux créanciers de salaires super privilégiés en proportion de la valeur de
l'immeuble par rapport à l'ensemble de l'actif ;
4°) aux créanciers titulaires d'une hypothèque conventionnelle ou forcée et aux
créanciers séparatistes inscrits dans le délai légal, chacun selon le rang de son
inscription au livre foncier ;
5°) aux créanciers de la masse tels que définis par l'article 117 ci-dessus ;
6°) aux créanciers munis d'un privilège général selon l'ordre établi par l'Acte uniforme
portant organisation des sûretés, à savoir, aux créanciers munis d'un privilège
général soumis à publicité, chacun selon le rang de son inscription au Registre du
commerce et du crédit mobilier, et aux créanciers munis d'un privilège général non
soumis à publicité selon l'ordre établi par l'article 180 de cet Acte uniforme ;
7°) aux créanciers chirographaires munis d'un titre exécutoire ;
8°) aux créanciers chirographaires non munis d'un titre exécutoire.
76
En cas d'insuffisance des deniers pour désintéresser totalement les créanciers de
l'une des catégories désignées aux 1°, 2°, 3°, 5°, 6°, 7° et 8° du présent article venant
à rang égal, ceux- ci concourent aux répartitions dans la proportion de leurs créances
totales, au marc le franc ».
L’article 167 dispose que « Sans préjudice de l'exercice d'un éventuel droit de
rétention ou d'un droit exclusif au paiement, les deniers provenant de la réalisation
des meubles sont distribués dans l'ordre suivant :
1°) aux créanciers bénéficiant du privilège prévu par les articles 5-11, 11-1 et 33-1 ci-
dessus ;
2°) aux créanciers des frais de justice engagés pour parvenir à la réalisation du bien
vendu et à la distribution elle-même du prix ;
3°) aux créanciers de frais engagés pour la conservation du bien du débiteur dans
l'intérêt du créancier dont les titres sont antérieurs en date ;
4°) aux créanciers de salaires super privilégiés en proportion de la valeur du meuble
par rapport à l'ensemble de l'actif ;
5°) aux créanciers garantis par un privilège général soumis à publicité, un gage, ou un
nantissement, chacun à la date de son opposabilité aux tiers ;
6°) aux créanciers munis d'un privilège mobilier spécial, chacun sur le meuble
supportant le privilège ;
7°) aux créanciers de la masse tels que définis par l'article 117 ci-dessus ;
8°) aux créanciers munis d'un privilège général selon l'ordre établi par l'Acte uniforme
portant organisation des sûretés ;
9°) aux créanciers chirographaires munis d'un titre exécutoire ;
10°) aux créanciers chirographaires non munis d'un titre exécutoire.
En cas d'insuffisance des deniers pour désintéresser totalement les créanciers de
l'une des catégories désignées aux 1°, 2°, 3°, 4°, 7°, 8°et 9° du présent article venant
à rang égal, ceux- ci concourent aux répartitions dans la proportion de leurs créances
totales, au marc le franc ».
Si le prix de vente d'un bien spécialement affecté à une sûreté est insuffisant à
payer la créance en principal et intérêts, le créancier titulaire de cette sûreté est
traité, pour le reliquat non payé de sa créance, comme un créancier chirographaire
(voir l’art. 168 de l’AUPC).
La décision qui clôture les opérations tranche les contestations éventuelles. L’union
est alors dissoute de plein droit ainsi que les organes de la procédure. Les
créanciers recouvrent leur droit de poursuite individuelle. La décision de clôture est
publiée au journal officiel, dans les journaux d’annonces légales et par toutes voies
appropriées. Mais la clôture de la procédure peut intervenir de manière prématurée,
pour insuffisance d’actif.
77
B- La clôture pour insuffisance d’actif
Aux termes des dispositions de l’art. 173 de l’AUPC « Si les fonds manquent pour
entreprendre ou terminer les opérations de la liquidation des biens, la juridiction
compétente, sur le rapport du Juge-commissaire peut, à quelque époque que ce soit,
prononcer, à la demande de tout intéressé ou même d’office, la clôture des opérations
pour insuffisance d’actif ». La clôture pour insuffisance d’actif intervient en effet si
les fonds manquent pour entreprendre et terminer les opérations de la liquidation.
Il semble bien que le législateur vise ici la situation d’extrême difficulté de
l’entreprise qui ne permet point à celle-ci de faire face même aux frais et dépens que
génère la liquidation. Sur les observations dans ce sens du syndic ou à la demande
de toute personne intéressée, la juridiction compétente prononce, à tout moment, la
clôture pour insuffisance d’actif.
Comme dans le cas précédent, la décision de clôture met fin aux opérations et aux
fonctions des organes désignés par le jugement de clôture.
Les créanciers recouvrent leur droit de poursuite individuelle. Leurs créances ayant
été admises, ils tiennent un titre exécutoire qu’ils peuvent mettre à exécution
lorsque, conformément à leur espérance, le débiteur recouvre une meilleure santé
financière. D’autant que lorsqu’il est postérieurement justifié que des fonds
nécessaire à la procédure ont été rassemblés ou consignés, la décision de clôture
pourra être rapportée à la demande du débiteur ou de toute personne intéressée.
On peut donc retenir que, dans le cas de la clôture pour insuffisance d’actif, la
décision n’est que provisoire.
Après l'ouverture d'une liquidation des biens, le syndic peut, dans les trente (30)
jours de sa désignation, rédiger et déposer un rapport auprès de la juridiction
compétente. La juridiction compétente peut, d'office, sur la base du rapport, faire
application de la procédure de liquidation des biens simplifiée après avoir entendu
ou dûment appelé le débiteur.
78
- la qualité de « petite entreprise » du débiteur conformément à la définition
de l'article 1-3;
- et l'absence d'actif immobilier.
Par dérogation aux dispositions de l'article 147 dans la décision faisant application
de la liquidation des biens simplifiée, la juridiction compétente détermine les biens
du débiteur pouvant faire l'objet d'une vente de gré à gré. Le syndic y procède dans
les quatre- vingt (90) jours suivant la publication de cette décision. A l'issue de cette
période, il est procédé à la vente aux enchères des biens subsistants.
Les biens non déterminés comme pouvant faire l'objet d'une vente de gré à gré dans
la décision d'application de la liquidation des biens simplifiée sont vendus aux
enchères sans délai.
Par dérogation aux dispositions de l'article 146, il est procédé à la vérification des
seules créances susceptibles de venir en rang utile dans les répartitions et des
créances salariales.
Le juge-commissaire statue sur les contestations par une décision qui fait l'objet
d'une notification par tout moyen permettant d'établir la réception effective par le
destinataire aux créanciers intéressés. Sa décision est insusceptible de recours. Le
syndic procède à la répartition conformément au projet ou, si ce dernier a été
contesté, à la décision rendue
Au plus tard cent vingt (120) jours après l'ouverture ou la décision prononçant la
liquidation des biens simplifiée, la juridiction compétente prononce la clôture de la
liquidation des biens, le débiteur entendu ou dûment appelé. La juridiction
compétente peut, par décision spécialement motivée, proroger la durée de la
procédure de liquidation des biens simplifiée pour une période qui ne peut excéder
soixante (60) jours.
79
A toute époque du déroulement de la liquidation de biens simplifiée, la juridiction
compétente peut décider, par décision spécialement motivée, de ne plus faire
application des dérogations prévues à la présente section.
80
PARTIE II : LES SANCTIONS
L’ouverture d’une procédure collective contre une entreprise en difficulté est, en
principe, sans incidence sur le sort de ses dirigeants, à moins que ces derniers
n’aient commis une faute. Le législateur communautaire a prévu trois catégories de
sanctions contre le dirigeant d’une personne morale soumise aux procédures
collectives : les sanctions patrimoniales, les sanctions extrapatrimoniales et les
sanctions pénales.
Ces sanctions revêtent trois caractères principaux. Elles ont, d’abord, un caractère
dissuasif car elles permettent d’empêcher la commission des faits incriminés.
Ensuite, elles ont un caractère punitif parce qu’elles permettent d’éliminer pour
l’avenir les coupables dans le but d’assainir l’environnement socio-économique
dans lequel les entreprises évoluent. Enfin, elles revêtent un « caractère
patrimonial »73 puisqu’elles contribuent, en cas du prononcé de comblement du
passif ou de l’extension de la procédure, au paiement des créanciers.
Il est à noter que le législateur OHADA a juste incriminé les faits punissables sans
déterminer les peines encourues. Les peines sont déterminées par les législations
nationalesde chaque Etat partie au Traité.
73 Voir Filiga Michel SAWADOGO, OHADA - Droit des entreprises en difficulté,op. cit., n° 5, pp. 3 et 4.
81
Chapitre 1 : Les sanctions patrimoniales
74 Voir Filiga Michel SAWADOGO, Droit des entreprises en difficulté,op. cit., note de bas de page n° 1,
n° 335, p. 317.
75 Jean René GOMEZ, OHADA – Entreprise en difficulté, lecture de l’Acte uniforme de l’OHADA portant
organisation des procédures collectives d’apurement du passif à la lumière du droit français,op. cit., n°
209, p. 254.
82
Aux termes des dispositions de l’article 183 de l’AUPC, lorsque le redressement
judiciaire ou la liquidation des biens d’une personne morale fait apparaître une
insuffisance d’actif, la juridiction compétente peut, en cas de faute de gestion ayant
contribué à cette insuffisance d’actif, décider, à la requête du syndic ou même
d’office, que les dettes de la personne morale seront supportées en tout ou en
partie, avec ou sans solidarité, par tous les dirigeants ou certains d’entre eux. Tout
comme une action en responsabilité de droit commun, l’action en comblement du
passif suppose une faute de gestion, un préjudice et un lien de causalité entre cette
faute de gestion et le préjudice subi.
§ 1 : La faute de gestion
cassé l’arrêt se fondant, pour condamner le dirigeant, sur la seule importance du passif, sans
s’expliquer sur les causes du déficit.
81 Ce sont par exemple la mauvaise tenue de comptabilité, les sureffectifs, la perte d’un marché et
l’absence de diversification de la clientèle, la poursuite d’une activité déficitaire dans l’intérêt des
dirigeants, les investissements excessifs et inadaptés, le procédé de la « chenille », c’est-à-dire le
procédé consistant en une émission de chèques tirés entre les sociétés d’un groupe pour se procurer
du crédit, la non déclaration de la cessation des paiements, la poursuite d’une activité déficitaire sans
avoir pris des mesures concrètes de restructuration en temps utile, etc. Voir pour plus de détails,
Corinne SAINT-ALARY-HOUIN, Droit des entreprises en difficulté,op. cit., n° 1265, p. 808 et suiv.
83
§ 2 : Le préjudice subi : une insuffisance d’actif
Les faits auxquels les juridictions tiennent compte pour admettre les poursuites
contre les dirigeants pour le comblement de l’insuffisance d’actif sont logiquement
les seuls faits antérieurs au jugement d’ouverture. Les dettes « nées postérieurement
au jugement n’entrent donc pas dans le passif pouvant entraîner la sanction du
comblement de l’insuffisance d’actif ; les frais proprement dits de procédure ne
rentrent pas dans la détermination de l’actif »84. Même si la preuve d’une faute de
gestion et l’insuffisance d’actif est rapportée, l’action en comblement du passif ne
peut être exercée contre un dirigeant qu’à la condition que soit établi un lien de
causalité entre cette faute de gestion et cette insuffisance d’actif.
84
L’action en comblement du passif relève exclusivement de la compétence de la
juridiction compétente qui a prononcé le redressement judiciaire ou la liquidation
des biens85. Cette action peut être introduite par le syndic, et l’assignation de celui-
ci doit être signifiée à chaque dirigeant mis en cause huit (8) jours au moins avant
l’audience ; elle peut également l’être d’office par la juridiction compétente pour
« pallier l’impéritie éventuelle des organes de la procédure et les collusions entre le
dirigeant et certains créanciers »86. Dans ce dernier cas, le Président de la juridiction
compétente fait convoquer les dirigeants, par acte extrajudiciaire, à la diligence du
greffier, toujours dans un délai de huit (8) jours. La juridiction compétente statue
dans les moindres délais, après avoir entendu le juge-commissaire en son rapport
et les dirigeants en audience non publique.
Cette action en comblement se prescrit par trois ans à compter de l’arrêté définitif
de l’état des créances. La prescription est suspendue pendant le temps que dure le
concordat de la personne morale et recommence à courir en cas de sa résolution ou
de son annulation. Toutefois, le syndic dispose à nouveau, d’un délai qui ne peut,
en aucun cas, être inférieur à un an87. Par ailleurs, la décision de comblement du
passif est soumise aux articles 36 et 37 de l’AUPC qui sont relatifs aux modalités de
la publication88. En effet, la publicité est faite en ce qui concerne les associés
responsables du passif ou les dirigeants d’une personne morale commerçante, sous
le numéro d’immatriculation de cette personne morale au RCCM. Si les dirigeants
sont eux-mêmes commerçants, la publication est faite au Journal officiel sous le
numéro personnel des dirigeants.
85
Voir l’article 184 de l’AUPC.
86
Yves GUYON, Droit des entreprises en difficulté, Redressement judiciaire, Faillite, op. cit., n° 1378.
87
Voir l’article 186 de l’AUPC.
88
Voir l’article 188 de l’AUPC.
89
Voir l’article 181 de l’AUPC. Voir également Corinne SAINT-ALARY-HOUIN, Droit des entreprises en difficulté,op.
cit., n° 1262, p. 807.
90 Pour le Professeur SAWADOGO, « l’expression « extension de la procédure collective au(x) dirigeant(s) »
peut induire en erreur car elle fait penser que la procédure ouverte à l’égard de la personne morale va
étendre ses effets aux dirigeants. Or, il ne s’agit pas d’une procédure unique : d’autres procédures
devront être prononcées. De plus, l’ouverture de ces dernières n’est pas automatique… ». Voir Filiga
Michel SAWADOGO, Droit des entreprises en difficulté,op. cit., n° 346, p. 326 et suiv.
85
était rendu applicable dans la plupart des Etats francophones d’Afrique avant la
Réforme de l’OHADA faisait déjà mention, à l’ancien article 437 du Code du
commerce français, de l’extension de la faillite d’une société commune à « toute
personne qui, sous le couvert de cette société masquant ses agissements, avait fait
des biens sociaux comme des siens propres ». Les articles 189 à 193 de l’AUPC sont
relatifs à l’extension des procédures collectives aux dirigeants des personnes
morales. C’est une mesure dissuasive qui vise les dirigeants qui, par leurs
agissements fautifs, auraient diminué l’actif ou aggravé le passif de l’entreprise.
L’article 189 de l’AUPC énumère quatre cas d’extension des procédures collectives
aux dirigeants. Cette extension peut être décidée même si le dirigeant n’est pas lui-
même en cessation des paiements. L’art.189 de l’AUPC dispose qu’en cas de
redressement judiciaire ou de liquidation des biens d’une personne morale, peut
être déclaré personnellement en redressement judiciaire ou en liquidation des
biens, tout dirigeant qui a, sans être en cessation des paiements lui-même :
86
qui lui est interdite ou pour porter atteinte aux droits de ses créanciers »96.
L’entreprise n’a, dans ce cas, pas d’existence propre. Elle est, par contre,
au service du dirigeant : elle est donc fictive;
organisation des procédures collectives d’apurement du passif à la lumière du droit français,op. cit., n°
221, p. 264.
87
législateur communautaire relativement à la saisine en cas d’extension des
procédures aux dirigeants, et surtout en raison de la finalité identique poursuivie
par ces deux sanctions patrimoniales de retenir les mêmes solutions en matière de
saisine ? Le Professeur SAWADOGO pense que « il eût été indiqué de prévoir des
dispositions procédurales communes au comblement du passif et à l’extension de la
procédure »100.
La décision qui prononce l’extension des procédures collectives aux dirigeants des
personnes morales, fait l’objet de publicité. Elle est, en effet, faite d’office, par le
greffier ou à défaut par le syndic au RCCM, dans un journal habilité à recevoir des
annonces légales et au journal officiel(art. 193 de l’AUPC).
100FiligaMichel SAWADOGO, Droit des entreprises en difficulté, op. cit, n° 351, p. 332.
101 Pour plus de détails sur ce point, voir Jean René GOMEZ, OHADA – Entreprise en difficulté, lecture
de l’Acte uniforme de l’OHADA portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif à
la lumière du droit français,op. cit., n° 222, p. 265.
88
Chapitre 2 : Les sanctions extrapatrimoniales et pénales
La loi française du 13 juillet 1967 portait une idée directrice : « éliminer les
entreprises économiquement condamnées sans cependant frapper d’infamie les
dirigeants qui ne l’ont pas mérité ». Le débiteur ou le chef d’entreprise ne subit pas
de sanction particulière du seul fait de l’ouverture d’une procédure collective contre
l’entreprise. Néanmoins, s’il a commis des fautes de gestion, il peut être frappé de
sanctions. Les dirigeants peuvent ainsi encourir des sanctions civiles dont la plus
grave est la faillite personnelle, c’est-à-dire une sanction se traduisant d’une part,
par l’interdiction de gérer toute entreprise commerciale et, d’autre part, par la
privation du droit de vote et l’interdiction d’exercer une fonction élective. Il peut
également s’exposer aux sanctions pénales, notamment à la banqueroute.
Seulement, toutes les sanctions que le débiteur peut encourir sont détachées du
sort de l’entreprise : c’est le corollaire de la distinction de l’homme de l’entreprise.
En droit OHADA, lorsque la faute du chef d’entreprise est prouvée, celui-ci peut
encourir, outre les sanctions patrimoniales, des déchéances, des interdictions voire
des sanctions pénales. Les déchéances et les interdictions désignent la faillite
personnelle qui écarte les débiteurs et les dirigeants immoraux de la vie civique,
politique et des affaires.
102 Jean Baptiste COLBERT fut le contrôleur général des finances de 1665 à 1683 et secrétaire d’Etat
de la maison du Roi et secrétaire d’Etat de la Marine de 1669 à 1683.
103 Il est à noter que le prononcé de la faillite personnelle n’est pas automatique à l’ouverture de la
procédure.
89
« l’Acte uniforme de l’OHADA n’a pas retenu le démembrement de la faillite
personnelle sous la forme d’une interdiction professionnelle ponctuelle »104.
La faillite personnelle est une sanction professionnelle sévère. Les effets de la faillite
personnelle sont prévus par les articles 199 et 203 de l’AUPC. Elle emporte, en effet,
de plein droit interdiction générale de faire le commerce et notamment de diriger, de
gérer, d’administrer, de contrôler (directement ou indirectement) une entreprise
commerciale à forme individuelle ou toute personne morale (de droit privé ou de
droit public) ayant une activité économique. Elle emporte aussi interdiction
d’exercer une fonction publique élective et d’être électeur pour ladite fonction
publique. Aux termes des dispositions de l’article 1037 du Code des obligations
civiles et commerciales du Sénégal, cette déchéance vise les élections des députés,
des conseillers généraux, des conseillers municipaux, aux Tribunaux de commerce,
aux chambres de commerce et d’industrie et aux conseils de prud’hommes. Le failli
ne peut, en outre, exercer aucune fonction, administrative, judiciaire ou de
représentation professionnelle. Il ne peut, par exemple, donner des consultations ou
rédiger pour autrui des actes sous seing privé ou être officier ministériel 105. Il sera,
en outre, privé de porter les décorations les plus honorifiques. La faillite personnelle
des dirigeants des personnes morales les prive du droit de vote dans les assemblées
de ces personnes morales contre lesquelles est ouverte une procédure collective. Ce
droit est exercé par un mandataire désigné par le juge-commissaire à cet effet à la
requête du syndic (art. 199 de l’AUPC).
104Filiga Michel SAWADOGO, Note sous l’art. 203 de l’AUPC, OHADA, Traité et Actes uniformes
commentés et annotés, op. cit. p. 938.
105 Jean René GOMEZ, OHADA – Entreprise en difficulté, lecture de l’Acte uniforme de l’OHADA portant
organisation des procédures collectives d’apurement du passif à la lumière du droit français,op. cit., n°
238, p. 275.
106 Jean René GOMEZ, OHADA – Entreprise en difficulté, lecture de l’Acte uniforme de l’OHADA portant
organisation des procédures collectives d’apurement du passif à la lumière du droit français,op. cit., n°
224, p. 267.
107 Yves CHAPUT, Droit des entreprises en difficulté et faillite personnelle, P.U.F., Droit fondamental,
90
ou de fait soumises aux procédures collectives. L’Acte uniforme fait la distinction
entre les cas de la faillite personnelle obligatoire (§ 1) et ceux de la faillite
facultative111 (§ 2).
Les articles 196 et 197 de l’AUPC énumèrent les cas de la faillite personnelle
obligatoire. Selon les dispositions de l’article 196, la faillite personnelle obligatoire
est prononcée à toute époque de la procédure contre les personnes qui ont :
- exercé une activité commerciale dans leur intérêt personnel, soit par
personne interposée, soit sous couvert d’une personne morale masquant
leurs agissements ;
- usé du crédit ou des biens d’une personne morale comme des leurs
propres ;
L’article 197 de l’AUPC apporte des précisions en énumérant les actes présumés de
mauvaise foi, imprudences inexcusables ou infractions graves aux règles et usages
du commerce. Sont présumés actes de mauvaise foi, imprudences inexcusables ou
infractions graves aux règles et usages du commerce :
111 Voir dans ce sens Filiga Michel SAWADOGO, Droit des entreprises en difficulté,op. cit., n° 359, p.
338. Voir aussi Jean René GOMEZ, OHADA – Entreprise en difficulté, lecture de l’Acte uniforme de
l’OHADA portant organisation des procédures collectives d’apurement du passif à la lumière du droit
français,op. cit., n° 227, p. 269.
91
- les achats pour revendre au-dessous du cours dans l’intention de retarder
la constatation de la cessation des paiements ou l’emploi, dans la même
intention, de moyens ruineux pour se procurer des fonds ;
Aux termes des dispositions de l’article 198 de l’AUPC, la juridiction compétente qui
ouvre la procédure de redressement judiciaire ou de liquidation des biens peut, en
toute liberté, à toute époque de la procédure, prononcer la faillite personnelle des
dirigeants qui :
- ont commis des fautes graves autres que celles visées à l’article 197 de
l’AUPC qui entraînent le prononcé de la faillite personnelle obligatoire, ou
ont fait preuve d’une incompétence manifeste ;
- n’ont pas déclaré, dans les trente (30) jours, la cessation des paiements
de la personne morale ;
Aux termes des articles 200 et 201 de l’AUPC, lorsqu’il a connaissance des faits
susceptibles de justifier la faillite personnelle, le syndic en informe immédiatement
le représentant du Ministère public et le juge-commissaire à qui il fait rapport dans
les trois (3) jours. Le juge-commissaire adresse ce rapport au Président de la
juridiction compétente. A défaut d’un tel rapport du syndic, le juge-commissaire
peut faire lui-même rapport au Président de la juridiction compétente. Dès qu’il est
saisi du rapport du syndic ou du juge-commissaire, la juridiction compétente siège
en audience non publique en présence du syndic dûment appelé par le greffier par
lettre recommandée ou tout moyen laissant trace écrite. Le débiteur ou les
dirigeants de la personne morale cités à comparaître à jour fixe, huit (8) jours au
moins à l’avance, par acte extrajudiciaire, à la diligence du greffier, doivent
comparaître en personne ou, en cas d’empêchement justifié, se faire représenter par
une personne habilitée à cet effet. Si le débiteur ou les dirigeants sociaux ne se
présentent pas ou ne sont pas représentés, la juridiction compétente les cite à
nouveau à comparaître, dans les mêmes formes et délais ; en cas d’itératif défaut, la
juridiction compétente statue contradictoirement à leur égard.
92
Deux types de recours peuvent être exercés contre les décisions prononçant la
faillite personnelle : l’opposition et l’appel. L’opposition, lorsqu’elle est recevable, est
formée contre les décisions rendues en matière de faillite personnelle, par
déclaration au greffe dans un délai de quinze (15) jours à compter de la signification
de la décision. Le débiteur ou les dirigeants des personnes morales ou leurs
représentants sont cités à comparaître (art. 220 de l’AUPC). Il est statué sur
l’opposition dans le mois. L’appel, lorsqu’il est recevable pour une décision rendue
en matière de faillite personnelle, est formé dans le délai de quinze (15) jours à
compter du prononcé de la décision. L’appel est jugé, sur pièces, par la juridiction
d’appel, dans le mois. La décision d’appel est exécutoire sur minute (art. 221 de
l’AUPC). En matière de faillite personnelle, l’appel peut être interjeté à la requête du
débiteur ou des dirigeants adressée au Président de la juridiction d’appel, ou à la
requête du représentant du Ministère public, dans le délai de quinze (15) jours à
compter de l’avis qui lui a été adressé dans les trois (3) jours par le greffier de la
juridiction ayant rendu la décision. En vertu de l’article 225 de l’AUPC, le greffier de
la juridiction d’appel adresse, dans tous les cas, expédition de la décision d’appel au
greffe de la juridiction compétente pour mention en marge de la décision et pour
accomplissement, le cas échéant, des mesures de publicité.
Selon l’article 202 de l’AUPC, les décisions prononçant la faillite personnelle sont
mentionnées :
- par extraits dans un journal habilité à recevoir des annonces légales dans
le ressort de la juridiction ayant statué et dans un journal officiel, à la
diligence du greffier.
Par ailleurs, la faillite personnelle peut être prononcée par la juridiction compétente
pour une durée qui ne peut être inférieure à trois (3) ans et supérieure à dix (10)
ans. Au terme fixé par le Tribunal, les déchéances, les incapacités et les
interdictions résultant de la faillite personnelle cessent de plein droit, sans qu’un
jugement soit nécessaire. La faillite personnelle prend fin à l’expiration de sa durée.
Elle peut, en outre, prendre fin par la réhabilitation du failli.
93
être de plein droit s’il justifie qu’il a acquitté toutes les dettes de la personne
morale, alors même qu’un concordat particulier lui aurait été consenti (art. 204, al.
2, de l’AUPC). Enfin, toute personne qui a obtenu des créanciers un concordat
particulier et qui a payé intégralement les dividendes promis, ou toute personne qui
justifie de la remise entière de sa dette par ses créanciers ou par leur consentement
unanime à sa réhabilitation, peut être facultativement réhabilitée si sa probité est
reconnue. Ces cas de réhabilitation ne sont pas automatiques, mais ils sont laissés
à l’appréciation de la juridiction compétente qui apprécie la probité du débiteur. En
vertu de l’article 205, al. 2, de l’AUPC, peuvent être aussi réhabilités les dirigeants
des personnes morales :
La demande de réhabilitation fait l’objet d’un avis donné par lettre recommandée
avec accusé de réception ou par tout moyen laissant trace écrite, adressé par les
soins du greffier aux créanciers admis ou reconnus, afin de leur permettre, s’ils
n’ont pas intégralement été payés, de faire oppositions114, le cas échéant, à la
demande de réhabilitation présentée par le débiteur. Après l’expiration du délai
d’un mois accordé au syndic pour déposer son rapport, et aux créanciers pour faire
112 Pour le Professeur SAWADOGO, « tout comme le décès n’est pas un obstacle à l’ouverture de la
procédure collective, il n’empêche pas la réhabilitation ; mais en raison du caractère personnel et quasi
pénal de la faillite personnelle, le décès est un obstacle à son prononcé ». Voir Filiga Michel
SAWADOGO, Droit des entreprises en difficulté,op. cit., n° 366, p. 344.
113 Voir l’article 208 de l’AUPC.
114 L’opposition doit être faite dans un délai d’un mois à partir la date de réception de l’avis.
L’opposition à la réhabilitation peut être faite par simple déclaration au greffe appuyée des pièces
justificatives. Le créancier opposant peut également intervenir dans la procédure de réhabilitation par
requête présentée au Président de la juridiction compétente et signifiée au débiteur (voir l’art. 210 de
l’AUPC).
94
opposition à la réhabilitation du débiteur, le résultat des enquêtes et rapports
prescrits ainsi que les oppositions formées par les créanciers est communiqué au
représentant du Ministère public saisi de la demande qui les transmet à la
juridiction compétente avec ses réquisitions écrites. La juridiction compétente
appelle, s’il y a lieu, le débiteur et les opposants et les entend contradictoirement en
audience non publique. Cette procédure de réhabilitation est dispensée de timbre et
d’enregistrement. L’objectif poursuivi par le législateur est de ne plus mettre de
lourds frais supplémentaires à la charge du débiteur demandeur en réhabilitation
qui vient de sortir d’une situation difficile.
Section 2 : La banqueroute
115 Le droit de la faillite est d’origine italienne. En effet, le droit de la faillite puise ses origines dans le
droit romain le plus ancien. Ce droit s’est progressivement construit jusqu’à l’émergence d’un véritable
droit des entreprises qui se caractérise aujourd’hui par la nécessité de sauver les entreprises qui
connaissent des difficultés sérieuses pour assurer le paiement de leurs dettes.
116 Yves CHAPUT, Le surendettement : traitement juridique et sauvegarde de l’entreprise, in
l’endettement – richesse de l’entreprise ?de Christian De BOISSIEU et Yves CHAPUT, op. cit., p. 90.
95
qualité de commerçant) et les associés des sociétés commerciales ayant la qualité de
commerçant ou qui sont tenus indéfiniment et solidairement des dettes sociales117,
et dont la poursuite nécessite, en principe, l’ouverture préalable d’une procédure
collective. Toutefois, dans la plupart des Etats parties, c’est le Tribunal
correctionnel qui est la juridiction répressive compétente en matière de
banqueroute et des infractions assimilées. Le prononcé du délit de banqueroute
contre toute personne physique commerçante nécessite préalablement la cessation
des paiements de celle-ci. Cependant, le Juge pénal peut condamner le dirigeant
d’une entreprise pour banqueroute simple ou frauduleuse malgré l’absence de
procédure collective ouverte par la juridiction compétente, et même si la cessation
des paiements n’a pas été constatée dans les conditions prévues pour l’ouverture de
ladite procédure (Voir l’article 236 de l’AUPC). Cet article 236 de l’AUPC consacre
ainsi « la faillite de fait »118.
§ 1 : La banqueroute simple
commentés et annotés, op. cit. p. 946. Pour l’auteur, cela paraît difficile à justifier, même en
considérant l’autonomie du droit pénal.
96
- a une comptabilité incomplète ou irrégulièrement tenue ou s’il n’a tenu
aucune comptabilité conforme aux règles comptables et aux usages
reconnus de la profession eu égard à l’importance de l’entreprise ;
- a été déclaré deux fois en état de cessation des paiements dans un délai
de cinq ans, si ces procédures ont été clôturées pour insuffisance
d’actif.
§ 2 : La banqueroute frauduleuse
- a soustrait sa comptabilité ;
- soit dans ses écritures, soit par des actes publics ou des engagements
sous seing privé, soit dans son bilan, s’est frauduleusement reconnue
débitrice de sommes qu’elle ne devait pas ;
119Voir dans ce sens Filiga Michel SAWADOGO, Droit des entreprises en difficulté,op. cit., n° 373, p.
351. L’auteur parle à ce propos de « l’inattention ». Nous espérons que cette erreur ou inattention sera
97
l’article 229-2 2° renvoie à l’article 11 de l’AUPC qui interdit, sans autorisation
motivée du Président de la juridiction compétente, l’accomplissement de certains
actes au cours de la procédure de règlement préventif. De même, l’article 233 de
l’AUPC, qui est relatif aux infractions assimilées à la banqueroute frauduleuse et
qui reprend cet article 229-2, fait clairement mention de « règlement préventif ». Cet
article retient, en effet, qu’est également coupable de banqueroute frauduleuse,
toute personne physique commerçante qui, à l’occasion d’une procédure de
règlement préventif :
corrigée lors de la prochaine révision de l’Acte uniforme portant organisation des procédures
collectives d’apurement du passif dont le projet est déjà en cours.
98
physiques représentantes permanentes des personnes morales dirigeantes, des
personnes morales soumises aux procédures collectives qui ont, en cette qualité, et
de mauvaise foi :
99
B- Les infractions assimilées à la banqueroute frauduleuse
120 L’article 230 vise, d’une part, les personnes physiques dirigeantes de droit ou de fait de personnes
morales assujetties aux procédures collectives et, d’autre part, les personnes physiques représentantes
permanentes de personnes morales dirigeantes, des personnes morales assujetties aux procédures
collectives.
100
Si le syndic exerce l’action en banqueroute c’est au nom de la masse des créanciers
(constituée dès la décision d’ouverture) qu’il représente. Est-il encore nécessaire
qu’un créancier intervienne à titre individuel dans une poursuite en banqueroute
intentée par le syndic au nom de ces créanciers ? Pour le Professeur SAWADOGO,
« il n’y a pas de difficulté, comme le prévoit l’Acte uniforme, à ce qu’un créancier
puisse intervenir à titre individuel dans une poursuite en banqueroute intentée par le
syndic au nom de la masse »121. Seulement, il nous semble que l’intervention du
créancier dans la poursuite en banqueroute est sans intérêt réel. L’article 239 in
limine de l’AUPC semble d’ailleurs décourager la poursuite intentée par un créancier
en mettant à sa charge les frais s’il y a relaxe. En réalité, qui autre que le syndic, le
« chef d’orchestre »122 de la procédure, pourra mieux apprécier les faits constitutifs
du délit de banqueroute ?
Même si la cessation des paiements n’a pas été constatée dans les conditions
prévues pour l’ouverture des procédures collectives, une condamnation pour
banqueroute simple ou frauduleuse ou pour délit assimilé à la banqueroute simple
ou frauduleuse peut être prononcée (article 236 de l’AUPC). Il s’agit là d’une
consécration de la « faillite de fait » qui a disparu dans le droit français des
entreprises en difficulté qui tend à la dépénalisation des procédures.
Le souhait du législateur communautaire est d’alléger, tant que faire se peut, les
charges ou les créances contre la masse. Il est implicitement guidé par la volonté de
dégager suffisamment de fonds pour le sauvetage de l’entreprise123. L’article 237,
alinéa 1er, de l’AUPC dispose que les frais de poursuite intentée par le représentant
du Ministère public ne peuvent être mis à la charge de la masse. S’il y a
condamnation, le Trésor public ne peut exercer son recours en recouvrement des
frais contre le débiteur qu’après l’exécution du concordat en cas de redressement
judiciaire ou après la clôture de l’union en cas de liquidation des biens.
Si la poursuite est intentée par le syndic au nom de la masse, les frais sont
supportés par la masse, s’il y a relaxe. S’il y a condamnation, les frais sont
supportés par le Trésor public, mais celui-ci peut exercer le recours contre le
débiteur après l’exécution du concordat en cas de redressement judiciaire ou après
la clôture de l’union en cas de liquidation des biens (l’article 238 de l’AUPC).
121Filiga Michel SAWADOGO, Droit des entreprises en difficulté,op. cit., n° 377, p. 354.
122 DERRIDA, GODE et SORTAIS, Droit de redressement et de la liquidation judiciaire des entreprises,
Rec. Dalloz-Sirey, 2e éd., 1986, p. 28, cité par Filiga Michel SAWADOGO, Droit des entreprises en
difficulté,op. cit., n° 147, p. 142.
123 Voir dans ce sens Filiga Michel SAWADOGO, Droit des entreprises en difficulté,idem, n° 378, p. 354.
101
Les frais de poursuite intentée par un créancier sont supportés par lui s’il y a relaxe
et, s’il y a condamnation, ils sont supportés par le Trésor public sauf recours de
celui-ci contre le débiteur après l’exécution du concordat en cas de redressement
judiciaire ou après la clôture de l’union en cas de liquidation des biens (l’article 239
de l’AUPC).
Aux termes de l’article 240-1° de l’AUPC, les personnes convaincues d’avoir, dans
l’intérêt du débiteur, soustrait, recelé ou dissimulé tout ou partie de ses biens
meubles ou immeubles, le tout sans préjudice des dispositions pénales relatives à
la complicité, sont punies des peines de la banqueroute frauduleuse.
Le but visé par le législateur est la protection de l’actif du débiteur soumis à une
procédure collective par la punition des personnes qui ont détourné ou tenté de
détourner directement ou indirectement ou frauduleusement les biens cet actif qui
est le gage commun de tous les créanciers. Le texte vise, en général, les personnes
qui organisent l’insolvabilité de l’entreprise en difficulté en l’appauvrissant ou en
tentant de l’appauvrir.
124L’article 205 de la loi française de 1985 punit des peines de l’abus de confiance (art. 314-1 du C.
pén.) les personnes se rendant coupables de tels agissements frauduleux.
102
Pour ces différentes infractions prévues aux articles 240 et 241 de l’AUPC, même
s’il y a relaxe à cause, par exemple, de la non réunion des éléments constitutifs de
l’infraction, le juge doit statuer non seulement sur les dommages-intérêts qui
seraient demandés, mais aussi sur la réintégration, dans le patrimoine du débiteur,
des biens, droits ou actions soustraits (art. 243 de l’AUPC). Il transparaît à travers
cet article que l’objectif du législateur n’est pas simplement de punir, mais
également de reconstituer le patrimoine de l’entreprise en difficulté afin d’assurer
efficacement son redressement.
L’article 243 punit des peines prévues par le droit pénal en vigueur dans chaque
Etat partie pour les infractions commises par une personne faisant appel au public
au préjudice d’un loueur, dépositaire, mandataire, constituant de nantissement,
prêteur à usage ou maître d’ouvrage, tout syndic d’une procédure collective qui :
125 L’article 51 de l’AUPC interdit au syndic et à tous ceux qui ont participé à l’administration de toute
procédure collective, d’acquérir personnellement, soit directement, soit indirectement, à l’amiable ou
par vente de justice, tout ou partie de l’actif mobilier ou immobilier du débiteur en état de règlement
préventif, redressement judiciaire ou liquidation des biens.
126 Voir Filiga Michel SAWADOGO, Droit des entreprises en difficulté, op. cit, n° 380, p. 356. En outre,
le Professeur Yves GUYON estime utile de rappeler que « la procédure est organisée dans l’intérêt de
l’entreprise et des créanciers et non dans celui des auxiliaires de justice ». Voir Yves GUYON, Droit des
affaires, t. 2 : Droit des entreprises en difficultés,op. cit., n° 1419.
127 Le Code des obligations civiles et commerciales du Sénégal, à la suite du Code de commerce
103
révocation d’un syndic ou administrateur nommé à la suite de l’ouverture d’une
procédure pour ses attitudes contraires au sauvetage de l’entreprise. La Cour
d’appel avait rejeté cette action en contestation de l’administrateur tout en
admettant au contraire la révocation de celui-ci. Elle avait relevé que « il est
constant que certains actes de l’administrateur au concordat causent un préjudice
au débiteur concordataire et aux créanciers qu’il est censé représenter ; qu’en effet,
alors que les honoraires de l’administrateur au concordat devraient être payés sur
six (6) ans, celui-ci a préféré se payer en une seule fois ; qu’après avoir vendu le
stock de produits de la pharmacie, il a préféré se payer lui-même au lieu de payer
les salariés et les fournisseurs ; que ces faits compromettent l’exécution du
concordat ; que d’ailleurs la gestion de l’administrateur n’a eu d’autre effet que la
fermeture de la pharmacie »128.
L’Acte uniforme punit des peines prévues par le droit pénal en vigueur dans chaque
Etat partie pour les infractions commises au préjudice d’un incapable, le créancier
qui a stipulé avec le débiteur ou avec toutes les personnes, des avantages
particuliers à raison de son vote dans les délibérations de la masse, ou qui fait un
traité particulier duquel il résulterait en sa faveur un avantage à la charge de l’actif
du débiteur à partir du jour de la décision d’ouverture de la procédure collective.
Cette incrimination est destinée à punir le créancier qui porterait atteinte au
principe de l’égalité des créanciers.
128 Ouagadougou, Civ. Com., n° 33, 1er avril 1994, décision inédite, inFiliga Michel SAWADOGO,
L’accès à la justice en Afrique francophone, op. cit., p. 200.
129 Corinne SAINT-ALARY-HOUIN, Droit des entreprises en difficulté,op. cit., n° 1250, p. 793.
104
Annexe
Les travaux dirigés présentés ci-après ont été rédigés à l’aide du cours, mais
également des références bibliographiques citées.
Les fiches de travaux dirigés se composent de sujets que nous allons ensemble
corriger dans la semaine prévue pour les travaux dirigés. Il s’agit de dissertations,
de cas pratiques et de commentaires de décisions de justice et d’articles qui sont les
exercices les plus communément réalisés en travaux dirigés et donnés aux examens
à partir de la première année en droit civil. Y sont reproduites des décisions, parfois
anciennes et donc plus difficilement accessibles, qui ont marqué la matière et qu’il
faut connaître.
L’assistance aux séances de travaux dirigés est obligatoire. Il est vrai qu’en
assistant aux cours, l’étudiant verra la matière s’animer et qu’il pourra comprendre
certaines notions élémentaires grâce aux exemples qui y seront développés, mais ce
n’est qu’en participant aux TD que l’étudiant maîtrisera la technique du
commentaire d’arrêt, de cas pratique et de dissertation, et approfondira les thèmes
abordés dans l’amphithéâtre.
1
Travaux dirigés : Entreprises en difficulté
Cours : …
TD : ….
SEANCE n° 1
Le TD n’est pas une redite du cours ou un tout nouveau cours. Le TD n’est pas une
séance au cours de laquelle le ou la chargé(e) de TD doit faire le résumé ou l’exposé
du cours. Le cours doit donc être étudié, su et approfondi par l’Etudiant avant
chaque séance. Vous devez assister au TD en apportant les textes de l’Acte
uniforme portant procédures collectives d’apurement du passif qui sont utiles
pour la séance.
Apprendre n’est pas survoler une fois ses notes de cours. Il faut reprendre ses notes
en établissant un plan très détaillé de la partie du cours étudié, à l’aide du plan de
cours et d’un manuel. Il faut être capable de retenir ce plan détaillé en comprenant
comment les parties s’enchaînent : la compréhension de la logique des
développements permet de retenir le détail des règles et non l’inverse. Apprendre
2
par cœur au kilomètre sans comprendre l’ordonnancement général de ce que l’on
récite ne sert à rien. Toutefois, il faut vous résoudre à apprendre certaines règles
par cœur (par exemple certains textes courts du Code de commerce fondamentaux
comme celui relatif à la capacité ou celui portant sur la compétence d’attribution
des tribunaux de commerce), et à bien connaître avec précision les définitions qui
sont données en cours et donc à consulter les références de textes (notamment le
Code de commerce), de jurisprudence et doctrine indiquées en cours.
Dans un premier temps, on doit reprendre les notes prises en cours avec un
dictionnaire de vocabulaire juridique grâce auquel on peut établir un glossaire de la
matière étudiée : aucun mot technique expliqué en cours et utilisé en TD ne doit
rester flou dans votre tête. Apprendre le cours, c’est, d’une part, comprendre les
enchaînements du raisonnement qui ont été exposés en cours et, d’autre part,
connaître le détail des règles analysées.
Dans un second temps, il faut se reporter au moins à l’un des manuels cités dans
la bibliographie ou au Répertoire commercial Dalloz. Il est indispensable de
maîtriser la recherche par ces bases de données et la plupart des références
données en cours et dans les séances de TD sont référencées sur le site dalloz. Pour
réussir en TD et à l’examen, ce travail de préparation est obligatoire : le cours
donne les grandes lignes et indique les pistes à suivre pour l’approfondissement.
Chaque fiche de TD vous soumet des exercices qui sont tous obligatoires. Pour
chaque exercice à préparer, certains documents complémentaires seront reproduits
ainsi que des « conseils de lecture ».
3
l’Etudiant. Si vous n’êtes pas trop inspiré le jour de l’épreuve, définissez
simplement le thème sur lequel porte la décision à commenter. Mais
attention aux formules vaseuses et surtout fantaisistes car les juristes n’ont
souvent pas la réputation de les apprécier ;
- une phrase de présentation de la décision : il s’agit ici de situer la décision à
commenter en donnant le thème sur lequel porte la décision, l’auteur de la
décision, la date à laquelle la décision a été rendue ;
- un exposé des faits : un résumé logique et chronologique des faits qui se
dégagent de la décision. L’exposé des faits doit faire voir le litige ;
- une présentation de la procédure, c’est-à-dire un exposé chronologique des
juridictions qui ont eu à trancher le litige ;
- une présentation des prétentions et argumentations des parties. Il faut
toujours commencer par les prétentions de la partie qui a saisi pour la
première fois le juge ;
- une présentation de la solution des juridictions antérieures ;
- un énoncé du problème juridique. Il faut souligner ici que transformer la
solution de la décision en question de droit ou dégager la solution et
imaginer la question à laquelle le juge a répondu est une mauvaise méthode
car les juges ne répondent pas toujours à toutes les prétentions. En le
faisant, ce serait comme si vous avez fermé la vanne et vous posez la
question en considérant uniquement les prétentions d’une seule partie. La
réponse à ces genres de problèmes juridiques est soit « oui catégorique » ou
« non catégorique », ce qui n’est pas bien. On doit pouvoir répondre à un bon
problème juridique par « oui mais » ou par « non mais ». Pour trouver une
bonne question de droit, il faut soit résumer et transformer les faits sous
forme interrogative, soit il faut confronter les prétentions et argumentations
des parties ou les thèses en présence.
2- Un développement : Commenter c’est expliquer, analyser et critiquer la
solution de la décision à commenter.
Dans le cas pratique, on vous soumet des faits qui soulèvent des questions
juridiques. Vous devez dégager de ces faits les questions de droit posées et
répondre par une analyse juridique motivée qui fait appel aux connaissances
que vous aurez révisées dans le cours et approfondies en suivant la méthode
rappelée ci-dessus. Le cas pratique est donc un exercice fondamental
d’argumentation juridique.
Le but du cas pratique est double. D’abord, et avant tout, il permet de mettre en
application des connaissances. Donc, sans connaissances, pas de possibilité de
répondre aux questions posées car il ne s’agit pas de formuler des réponses qui
s’apparentent à des discussions de comptoir de café, du pseudo bon sens ou,
encore, qui vous paraissent « justes ». Il s’agit de raisonner en droit, selon les règles
applicables.
4
Ensuite, le cas pratique doit permettre d’exercer vos qualités de rédaction qui sont
essentielles pour tout juriste, quels que soient les modalités et le domaine d’exercice
de son activité. La forme est donc primordiale également.
Pour répondre à chaque question, il faut que l’on retrouve la structure suivante qui
met en évidence un va et vient entre la règle applicable et l’application aux faits de
l’espèce :
- quelle est la question de droit posée. Par exemple (en reprenant la question
de Mme Sagal) comment est déterminée la compétence d’attribution du
Tribunal de commerce ?
- quelles sont les règles applicables ? Vous devez exposer dans l’ordre, en
suivant la hiérarchie des normes : la loi (Code commerce notamment, en
citant correctement et précisément les dispositions concernées), les usages,
la jurisprudence (en citant précisément des arrêts en donnant au moins
l’année de la décision) et éventuellement la doctrine qui permet d’éclairer les
sources.
- comment ces règles s’appliquent-elles à l’espèce ? Il ne s’agit pas de recopier
alors l’énoncé mais de vérifier si les conditions d’application des règles citées
sont réunies. Chaque affirmation doit être motivée au regard de la règle
dégagée.
Il arrive que la réponse ne puisse pas être ferme et tranchée en raison des
hésitations sur l’interprétation jurisprudentielle de telle ou telle règle. Dans ce cas,
c’est évidemment la partie « application à l’espèce » et la discussion qui seront
importantes. Dans l’exercice universitaire du cas pratique, le sens de la réponse est
parfois indifférent ; il est évident que dans la « vie réelle », les questions sont
souvent orientées dans un sens ou dans un autre dans l’intérêt de la personne
représentée : il sera alors nécessaire de trouver tous les arguments dans un sens
déterminé. Dans le cadre du TD, ce qui est primordial est d’avoir compris et exposé
tous les sens possibles de la réponse si des hésitations sont soulevées.
Sur la forme : Il n’y a pas de forme imposée en plan avec partie et sous-parties
comme dans une dissertation ou un commentaire. Il vaut mieux traiter les
questions dans l’ordre (qui obéit à une logique) en reprenant leur numérotation. La
structure évoquée ci-dessus ne doit pas apparaître formellement (« règles
applicables », « application ») mais se dégager de la fluidité de la rédaction. Il est
donc nécessaire de faire des paragraphes clairs pour montrer les étapes du
5
raisonnement, en se pensant votre lecteur est un non juriste. Tout doit être écrit
mais seulement ce qui est nécessaire. En d’autres termes, il ne s’agit pas de faire
une dissertation en plaquant toutes vos connaissances sur la question (il faut
sélectionner les connaissances utiles pour le cas). L’exposé des règles est tout aussi
important que son application à l’espèce qui ne doit pas être un recopiage de
l’énoncé mais une démonstration.
Tout texte de loi (notamment les articles de l’Acte uniforme portant organisation des
procédures collectives d’apurement du passif) doit être cité avec précision (et
éventuellement tout arrêt également). Quand on cite un arrêt au soutien de son
raisonnement, il faut connaître le sens et la portée de l’arrêt (il faut donner les faits,
le point de droit et la solution) car cela ne sert à rien de retenir des dates par cœur
(jour, mois, année) pour citer des arrêts au kilomètre. Mieux vaut n’en citer qu’un
mais l’exploiter sur le fond, que d’en citer 20 dont on ne connaît que les dates.
Nota Bene : Le style est pris en compte (ainsi que la syntaxe et l’orthographe de
base). C’est en relisant le cours, en lisant des manuels, des commentaires, etc. que
l’on s’imprègne du style et de la terminologie juridiques. Il ne sera pas admis que des
mots techniques soient mal orthographiés (par exemple commerçant, fonds de
commerce, achalandage, clause compromissoire, artisan ou au féminin, artisane). Il
faut travailler avec un dictionnaire ordinaire, un art de conjuguer et un lexique ou
vocabulaire juridique. Aucun travail écrit rendu (et cela vaut pour l’examen) ne doit
comporter d’abréviations. Tout doit être rédigé, ce qui interdit des présentations sous
forme de tirets ou autres signes car les exercices traités en droit ne doivent pas être
présentés sous forme de plan de cours ou des notes à votre usage.
6
APPLICATION
Note introductive
Les procédures collectives sont ouvertes à deux grandes familles de débiteurs. C’est
l’article 2-1, l’alinéa 2, de l’AUPC qui énumère les personnes relevant du règlement
préventif. Cet article dispose que : « Le règlement préventif est applicable à toute
personne physique ou morale commerçante ou à toute personne morale de droit privé
non commerçante, à toute entreprise publique ayant la forme d’une personne morale
de droit privé qui, quelle que soit la nature de ses dettes, connaît une situation
économique et financière difficile mais non irrémédiablement compromise ». En
outre,les personnes assujetties à la procédure de règlement préventif ne doivent pas
être en cessation de paiement. L’article 261, al. 2, de l’AUPC dispose bien qu’il s’agit
de toute personne qui « connaît une situation économique et financière difficile mais
non irrémédiablement compromise ».
Chambre commerciale
Audience publique du mercredi 26 mai 2010
N° de pourvoi: 09-10178
Attendu que pour confirmer la décision, le jugement retient que Mme X..., gérante
de la société Eglantine conseil, a été placée en liquidation judiciaire, par un
jugement du 24 septembre 2007, et est donc inéligible à la procédure de
surendettement civil ;
7
Mme X..., sa gérante, le juge de l'exécution a dénaturé les termes clairs et précis de
cette décision et violé le texte susvisé ;
8
Travaux dirigés : Entreprises en difficulté
Cours : …
TD : …
SEANCE n° 2
Cas pratique 1 :
Cas pratique 2 :
1) Après avoir identifié la ou les questions que vous devez lui poser, vous lui
indiquerez la procédure à suivre.
2) Un conciliateur été désigné et les négociations avec les principaux
créanciers sont bien engagées. Cependant, le Trésor se refuse à tout effort
et poursuit la SARL en paiement des cotisations échues. Que faire ?
3) Le gérant de la SARL s’est porté caution solidaire pour le remboursement
d’un emprunt accordé en 2016 à la SARL par la banque le Crédit du Sud.
Il vous demande de lui indiquer quel sera son sort après la conclusion de
l’accord ?
4) Enfin, il veut connaître les conséquences d’une inexécution par la SARL
de l’accord conclu, notamment dans l’hypothèse où elle ne pourrait plus
honorer les échéances convenues.
9
SEANCE n° 3
Note introductive
Bibliographie : A consulter
10
Travaux dirigés : Entreprises en difficulté
Cours : …
TD : …
SEANCE n° 4
Note introductive
Il peut arriver que les tentatives de prévention des difficultés des entreprises ne
donnent pas les résultats escomptés et que l’entreprise se retrouve corrélativement
en état de cessation des paiements. Cette notion de cessation des paiements est
celle qui permet de distinguer la procédure de règlement préventif des procédures
de redressement judiciaire et de la liquidation des biens. Elle constitue la condition
économique d’ouverture de ces deux dernières procédures de traitement.
Bibliographie : A consulter
Sujet n° 1 :
Commentez cette décision de la C.C.J.A., 3ème Chambre, arrêt n° 22du
06 décembre 2011. Affaire : La Compagnie Cotonnière Ivoirienne
C/. T et G.
Vu les dispositions des articles 13 et 14 du Traité relatif à l’harmonisation
du droit des affaires en Afrique ;
Vu le Règlement de procédure de la Cour Commune de Justice et
d’Arbitrage ;
Vu l’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives
d’apurement du passif ;
11
Attendu qu’il ressort des pièces du dossier de la procédure que la Compagnie
Cotonnière Ivoirienne (en abrégé CCI), société anonyme spécialisée dans
l’importation, l’exportation et le négoce de coton, a connu une exploitation
normale jusqu’en 2004 puis a commencé à éprouver des difficultés dues
essentiellement à la conjoncture économique internationale et
nationale impactant négativement le secteur du coton ;
Que face à cette situation, elle a présenté une requête aux fins de règlement
préventif au Président du Tribunal de première instance d’Abidjan, qui, au
vu des documents produits, a rendu l’ordonnance n° 1088/2006 du 24 mars
2006 décidant de la suspension des poursuites individuelles et de la
désignation de l’expert ANON SEKA pour faire un rapport sur la situation
économique et financière de la société et ses perspectives de redressement ;
Que dans son rapport, l’expert désigné relève que les comptes de la société
LCCI font apparaître des besoins financiers importants qui ne peuvent pas
être couverts par un financement adapté aux possibilités de la société et que
l’actif réalisable et disponible, soustraction faite des stocks, s’élève à la
somme de 31 456 896 095 F CFA contre un passif exigible de
57 580 255 578 F CFA, soit un écart négatif de 26 123 259 483 F CFA ; qu’il
en déduit que la société CCI se trouvant dans l’impossibilité de faire face à
son passif exigible avec son actif disponible est en état de cessation des
paiements et que le plan de restructuration présenté et les perspectives de
redressement reposant essentiellement sur des promesses de soutien
financier de l’Etat ivoirien ne peuvent être le fondement d’un concordat
sérieux justifiant la continuation de l’exploitation ;
Que par jugement n° 2213 du 22 septembre 2006, le Tribunal de Première
Instance d’Abidjan-Plateau a prononcé la liquidation des biens de la CCI ;
Que suite à l’appel interjeté contre ce jugement par la CCI, la Cour d’appel
d’Abidjan a confirmé le jugement du Tribunal de Première Instance
d’Abidjan-Plateau par son Arrêt n° 1216 du 30 novembre 2006 contre lequel
a été formé le présent pourvoi et le dispositif est ci-dessus énoncé ;
Attendu qu’au soutien de son pourvoi, la CCI invoque deux moyens tirés
respectivement de la violation des articles 25 et 33 de l’Acte uniforme portant
organisation des procédures collectives d’apurement du passif ;
Sur les deux moyens réunis
Attendu que la CCI fait valoir, au soutien des moyens tirés de la violation
des articles 25 et 33 de l’Acte uniforme portant organisation des procédures
collectives d’apurement du passif, que l’argumentation de l’arrêt confirmatif
de la Cour d’appel d’Abidjan suivant laquelle «… la CCI était en état de
cessation de paiement au moment de solliciter le règlement préventif et que
ses allégations selon lesquelles l’Etat de Côte d’Ivoire entend procéder à la
restructuration du secteur du coton et prendre en charge une partie de la dette
des opérateurs du secteur ne sont étayées par aucun commencement de
preuve de sorte que la proposition par elle faite n’est pas sérieuse et fragilise
son plan de sauvetage», n’est point pertinente et que son offre concordataire,
en plus d’être parfaitement ambitieuse et réalisable est protectrice des
intérêts des créanciers tout en présentant un intérêt économique
indéniable ;
Qu’en se fondant essentiellement, voire uniquement, sur le rapport de
l’expert ANON SEKA qui n’a pas tenu compte des perspectives de
12
redressement avec notamment le soutien financier de l’Etat et la mise en
place d’un plan de restructuration de la filière, la Cour d’appel d’Abidjan, ne
s’est pas conformée à l’objectif de sauvegarde de l’entreprise que vise la
législation OHADA sur les procédures collectif d’apurement du passif ;
Mais, attendu qu’aux termes des dispositions combinées des articles 25 et
33 de l’Acte uniforme portant organisation des procédures collectives
d’apurement du passif que le débiteur qui est dans l'impossibilité de faire
face à son passif exigible avec son actif disponible doit faire une déclaration
de cessation des paiements aux fins d'obtenir l'ouverture d'une procédure de
redressement judiciaire ou de liquidation des biens, quelle que soit la nature
de ses dettes, et que la juridiction compétente qui constate la cessation des
paiements prononce le redressement judiciaire s'il lui apparaît que le
débiteur a proposé un concordat sérieux ou, dans le cas contraire, prononce
la liquidation des biens ;
Que la Cour d’appel par son arrêt confirmatif du jugement d’instance qui
s’est fondé sur les conclusions de l’expert désigné qui a constaté que la CCI,
en état de cessation des paiements, avait un passif exigible supérieur à son
actif réalisable et disponible de plus de 26 milliards de francs CFA, de sorte
qu’elle est dans l’impossibilité de faire face à son passif exigible et qu’en
plus, le plan de restructuration présenté ne peut être réalisé faute de
ressources financières, a fait une saine application des dispositions des
articles 25 et 33 dudit Acte uniforme ;
D’où il suit que les moyens ne sont pas fondés et doivent être rejetés ;
PAR CES MOTIFS
Rejette le pourvoi formé par la Compagnie Cotonnière Ivoirienne.
Sujet n° 2 :
Objet de l’exercice : Commentaire
SEANCE n° 5
Note introductive
L’ouverture des procédures collectives produit des effets aussi bien à l’égard du
débiteur qu’à l’égard des créanciers. Cette séance de TD est l’occasion de relever
tous les effets de l’ouverture d’une procédure collective.
Bibliographie : A consulter
Sujet n° 1 :
14
Sujet n° 2 :
Sujet n° 3 :
15
Travaux dirigés : Entreprises en difficulté
Cours : …
TD : …
SEANCE n° 6
Bibliographie : A consulter
Le débiteur qui a cessé ses paiements est dans une situation fragile et peut être
tenté de faire n’importe quoi, de faire échapper certains biens. Il y a donc une
période pendant laquelle les actes conclus par le débiteur vont être étudié au cas
par cas, c’est la période suspecte.
16
nullité d’actes accomplis pendant la période suspecte ; qu’en accueillant
pourtant, en l’espèce, une telle action intentée le 29 janvier 2010 par le
liquidateur de M. X..., la cour d’appel a violé l’article L. 632-4 du code de
commerce, dans sa rédaction issue de l’ordonnance n 2008-1345 du 18
décembre 2008 ;
Mais attendu qu’aux termes des articles L. 632-4, L. 641-4 et L. 641-14 du
code de commerce, dans leur rédaction issue de l’ordonnance du 18
décembre 2008, le liquidateur exerce les fonctions dévolues au mandataire
judiciaire, lequel a qualité pour agir en nullité d’un acte accompli en période
suspecte ; que le moyen n’est pas fondé ;
Et sur le moyen, pris en ses deuxièmes, troisième et quatrième branches :
Attendu que Mme X... et la SCI font le même grief à l’arrêt, alors, selon le
moyen :
1°/ que la nullité facultative d’un apport réalisé en période suspecte ne peut
être prononcée que si le bénéficiaire de cet apport a eu connaissance de la
cessation des paiements ; qu’en se fondant sur le seul fait que la SCI, dont
elle a relevé qu’elle était bénéficiaire de l’apport, était « l’émanation des deux
conjoints et associés », motifs impropres à établir que cette SCI avait
personnellement connaissance de la cessation des paiements de Monsieur
X..., la cour d’appel a privé sa décision de base légale au regard de l’article L.
632-2 du code de commerce ;
2°/ que la nullité facultative d’un acte réalisé en période suspecte suppose
une connaissance des parties à cet acte de la cessation des paiements ;
qu’en se bornant, en l’espèce, à relever que l’accumulation des dettes
impayées notamment vis à vis de l’URSSAF et des impôts ne pouvait être
ignorée de Mme X..., signataire d’un acte mentionnant les sûretés inscrites
en garantie des dettes impayées de l’exploitation de son conjoint, laquelle
n’invoquait l’existence d’aucun bien ni revenu qui aurait constitué un actif
disponible, de sorte qu’elle ne pouvait ignorer que l’immeuble était le seul
bien susceptible de répondre aux engagements professionnels de M. X..., la
cour d’appel, qui a statué par des motifs impropres à caractériser qu’au jour
de la signature de l’acte argué de nullité, Mme X... savait que son époux ne
pouvait pas faire face à son passif exigible avec son actif disponible, a privé
sa décision de base légale au regard de l’article L. 632-2 du code de
commerce ;
3°/ que le prononcé d’une nullité qui n’est que facultative pour le juge
suppose que celui-ci motive sa décision d’annuler l’acte ; qu’en se bornant à
déduire la nullité de l’apport consenti à la SCI du seul fait que les conditions
de la nullité facultative soient réunies, sans motiver sa décision de
prononcer une telle nullité, dont les conséquences particulièrement graves
étaient mises en exergue par les conclusions des exposants, la cour d’appel a
privé sa décision de base légale au regard de l’article L. 632-2 du code de
commerce ;
Mais attendu que l’arrêt relève que l’accumulation des dettes impayées en
particulier vis-à-vis de l’URSSAF et des impôts à partir de 2007 ne pouvait
être ignorée de Mme X..., signataire des statuts concrétisant son accord et
mentionnant ces diverses sûretés inscrites en garantie des dettes impayées
de l’exploitation de son conjoint ; qu’il retient encore que Mme X..., qui
n’invoque l’existence d’aucun bien ni revenu qui aurait constitué un actif
17
disponible, ne pouvait ignorer que l’immeuble était le seul bien susceptible
de répondre des engagements professionnels de M. X... et que l’apport a eu
pour but de soustraire l’immeuble à la procédure collective et aux poursuites
de ses créanciers ; qu’ayant ainsi caractérisé la connaissance qu’avaient
Mme X... et la SCI, dont M. et Mme X... étaient les seuls associés, de
l’impossibilité pour M. X... de faire face à son passif exigible avec son actif
disponible, la cour d’appel a retenu à bon droit que l’article L. 632-2 du code
de commerce était applicable à l’apport litigieux ; que le moyen n’est pas
fondé ;
Et attendu que les autres griefs ne seraient pas de nature à permettre
l’admission du pourvoi ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi ;
Condamne Mme X... et la SCI Enes aux dépens ;
Vu l’article 700 du code de procédure civile, rejette leur demande ;
Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, chambre commerciale, financière
et économique, et prononcé par le président en son audience publique du
premier avril deux mille quatorze.
18
Travaux dirigés : Entreprises en difficulté
Cours : …
TD : …
SEANCE n° 7
Objet de l’exercice :
On ne veut pas étouffer l’entreprise, elle doit continuer à vivre. Certains contrats
peuvent devenir trop lourds. L’entreprise peut avoir intérêt à les rompre. En
principe, un contrat conclu valablement va continuer à exister mais c’est une
simple faculté. La règle fondamentale est posée par l’article 108 de l’AUPC : le
monopole de cette décision est accordé au syndic (à l’administrateur en droit
français). Il décide si le contrat va continuer ou non. En droit français, quand il n’y
a pas d’administrateur, c’est le dirigeant de l’entreprise qui a la possibilité de
décider. En droit OHADA, si le syndic ne décide pas, il peut être contraint à exercer
l’option.
S’agissant du domaine de l’option, il est à noter qu’il faut être en présence d’un
contrat en cours d’exécution au jour du jugement d’ouverture (hypothèse des
contrats à exécution successive, à exécution instantanée mais l’exécution n’a pas
encore eut lieu). D’après la jurisprudence, un contrat dont les obligations
essentielles n’ont pas encore été exécutées est un contrat dont l’exécution n’a pas
encore eut lieu (transfert de propriété et paiement du prix). Cette règle est valable
pour tous les contrats (entre deux personnes, administratifs…), elle est d’ordre
public (pas de stipulation prévoyant que l’option pour les contrats en cours ne
s’applique pas). Le cocontractant peut clarifier la situation en adressant une mise
en demeure pour savoir si mes relations contractuelles vont continuer (pour savoir
ce qui va se passer). Cette mise ne demeure n’est jamais obligatoire. S’il le fait, il
s’adresse au syndic (à l’administrateur ou au dirigeant en droit français).
19
complet du prix ;
Qu’à la suite de la mise en redressement judiciaire, le 1er avril 1999, de la société Aérosat,
qui avait absorbé la société Mécasat, et de l’adoption, le 29 septembre 1999, d’un plan de
cession au profit de la société Sai investissement, la société vendeuse a revendiqué la
machine par lettre du 19 octobre 1999 adressée à la SCP Laureau et Jeannerot,
commissaire à l’exécution du plan ; qu’elle a saisi le juge-commissaire d'une requête en
revendication, le 20 octobre 1999 ;
Attendu que pour condamner la SCP Laureau et Jeannerot, ès qualités, à restituer à la
société Brown et Sharpe la machine vendue, ainsi que les logiciels équipant cette machine,
et dire que cette décision était opposable à la société Sai investissement, l’arrêt retient que le
transfert de propriété de la machine n’ayant pas eu lieu à défaut de paiement du prix, le
contrat de vente était en cours au jour de l’ouverture du redressement judiciaire, et que, mis
en demeure le 10 septembre 1999, l’administrateur n’a pas opté pour la poursuite du
contrat de sorte que le contrat s’est trouvé résilié ; que l’arrêt retient encore que la requête
en revendication est recevable pour avoir été présentée dans le délai de trois mois ayant
commencé à courir à compter de la résiliation du contrat;
Attendu qu’en statuant ainsi, alors qu’un contrat de vente de biens mobiliers dont la
propriété est réservée et dont le prix n’est pas payé lors de l’ouverture de la procédure
collective n'est pas un contrat en cours au sens de l’article L. 621-28 du Code de commerce,
et que le délai de revendication a pour point de départ la publication du jugement
d’ouverture de la procédure collective, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;
PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE
20
A commenter : Cass. Com., 19 mai 2004
Sur le moyen unique :
Vu les articles 37, alinéa 1er, et 173 de la loi du 25 janvier 1985 devenus les
articles L. 621-28, alinéa 1er, et L. 623-4 du Code de commerce et l'article
61-1 du décret du 27 décembre 1985 ;
Attendu, selon l’arrêt déféré, que la SCI Messidor (la SCI), qui avait consenti
à la société La Brûlerie d’Adamville et à M. X... des baux commerciaux
portant sur des locaux situés dans un centre commercial, a été mise en
redressement judiciaire le 8 février 1995 ; que, par lettre du 29 juin 1995, M.
Y..., administrateur, a « procédé à la résiliation des baux commerciaux à effet
au 31 juillet 1995, du fait de la situation actuelle du centre commercial qui
ne permet pas à la SCI d’exécuter les contrats de bail » ; que saisi par
l’administrateur devenu commissaire à l’exécution du plan de cession de la
SCI, le juge-commissaire a « prononcé » la résiliation des baux et fixé leur
date de résiliation au 31 juillet 1995 ; que le tribunal ayant confirmé cette
décision, la société La Brûlerie d’Adamville et M. X... ont relevé appel ;
Attendu que pour déclarer irrecevable l’appel formé par la société La Brûlerie
d’Adamville et M. X..., l’arrêt retient qu’il entre dans la compétence exclusive
du juge-commissaire de statuer sur les difficultés de la décision de
poursuivre ou non un contrat en cours et qu’il n’y a pas eu excès de pouvoir
du juge-commissaire approuvé par le tribunal en ce qu’il a mis fin aux baux
commerciaux liant la SCI à la société La Brûlerie d'Adamville et à M. X... ;
Attendu qu’en statuant ainsi, alors qu’en l’absence de mise en demeure par
le cocontractant, la renonciation de l’administrateur à la poursuite du
contrat n’entraîne pas la résiliation de plein droit de la convention à son
initiative mais confère au seul cocontractant le droit de la faire prononcer en
justice et qu’une telle demande n’entre pas dans les attributions du juge-
commissaire, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 7 juin
2001, entre les parties, par la cour d'appel de Lyon ; remet, en conséquence,
la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et,
pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Grenoble ;
21
commissaire, elle a soutenu que ce dernier devait prononcer la résiliation du marché, en
fixer la date et ouvrir le délai de déclaration supplémentaire prévu à l'article 66 du décret du
27 décembre 1985 ; que par ordonnance du 16 février 1999, le juge-commissaire a rejeté les
prétentions de la société Sipac ; que cette dernière a fait appel de cette décision ;
Attendu que la société Sipac fait grief à l'arrêt d'avoir rejeté sa demande de résiliation
judiciaire du marché du 5 mars 1997, constaté que la résiliation de ce marché était
intervenue le 9 juin 1998, et dit que le délai supplémentaire de déclaration de créance prévu
à l'article 66 du décret du 27 décembre 1985 était expiré depuis le 9 juillet 1998 alors, selon
le moyen,
1) que l'administrateur à un redressement judiciaire n'a pas le pouvoir de résilier de sa
propre initiative les contrats en cours que, dès lors, en retenant, pour débouter la SIPAC de
sa demande de résiliation judiciaire du contrat du 5 mars 1997 et constater que ce contrat
avait été résilié le 9 juin 1998, que celle-ci avait expressément reconnu avoir reçu à cette
date un courrier de résiliation de l'administrateur judiciaire de la société Bel daté du 2 juin
1998, la cour d'appel a violé l'article 37 de la loi du 25 janvier 1985 modifiée ;
2) qu'en rejetant la demande de la SIPAC tendant à ce que soit prononcée judiciairement la
résiliation du contrat du 5 mars 1997 et en constatant que la résiliation de ce contrat était
intervenue le 9 juin 1998, date de réception par la SIPAC de la lettre de l'administrateur
judiciaire indiquant qu'il n'entendait pas le poursuivre, tout en constatant que cette lettre
"n'est pas une décision prononçant une résiliation mais un simple acte d'information" du
cocontractant, ce dont il résultait qu'elle n'avait pas pu avoir pour effet d'entraîner la
résiliation du marché, la cour d'appel n'a pas tiré les conséquences légales de ses propres
constatations au regard de l'article 37 de la loi du 25 janvier 1985 modifiée qu'elle a ainsi de
nouveau violé ;
3) que le délai supplémentaire octroyé par le deuxième alinéa de l'article 66 du décret du 27
décembre 1985 modifié aux cocontractants mentionnés à l'article 37 de la loi du 25 janvier
1985 modifiée pour déclarer leur créance n'est ouvert qu'en cas de résiliation de plein droit
de la convention ou de notification d'une décision judiciaire la prononçant, de telle sorte que
la résiliation par l'administrateur judiciaire n'est pas de nature à produire un tel effet ; que,
dès lors, en relevant, pour refuser de prononcer à la demande de la SIPAC la résiliation de la
convention du 5 mars 1997 et la priver en conséquence de son droit à déclarer sa créance,
que cette société avait reconnu avoir reçu un courrier de résiliation émanant de
l'administrateur au redressement judiciaire de la société Bel, la cour d'appel a violé les
textes susvisés ;
4) qu'en considérant que « l'acte d'information » de la résiliation de la convention par
l'administrateur judiciaire « emporte la même conséquence qu'un défaut de réponse, à
savoir la résiliation de plein droit, sauf à lui donner effet à une date plus rapprochée », la
cour d'appel a créé un cas de résiliation de plein droit des conventions que l'article 37 de la
loi du 25 janvier 1985 modifiée ne prévoit pas, a ajouté à l'article 66 du décret du 27
décembre 1985 modifié un cas d'ouverture du délai supplémentaire de déclarations des
créances qu'il organise et a modifié en outre le point de départ qu'il fixe à ce délai qu'en
statuant de la sorte, elle a derechef violé les textes susvisés ;
5) que le jugement qui arrête un plan de cession n'opère que le transfert des contrats en
cours poursuivis par le repreneur et est sans influence sur les autres ; que, dès lors, en
considérant pour statuer comme elle l'a fait, que le jugement du 1er juillet 1998 arrêtant le
plan de cession de la société Bel n'avait pu que « confirmer » à la SIPAC "que son contrat
avait été régulièrement résilié", la cour d'appel a également violé l'article 86 de la loi du 25
janvier 1985 modifiée ;
6) que la résiliation d'une convention par accord implicite de l'administrateur judiciaire et
du cocontractant n'implique pas renonciation par ce dernier à sa créance en résultant et ne
peut en conséquence le priver de son droit d'obtenir une décision lui permettant de la
déclarer ;
que, dès lors, en retenant, pour refuser de prononcer à la demande de la SIPAC la résiliation
de la convention du 5 mars 1997, que celle-ci, en contractant avec un tiers, avait reconnu
plein et entier effet au courrier de l'administrateur au redressement judiciaire de la société
22
Bel résiliant la convention litigieuse, la cour d'appel a encore violé les articles 37 de la loi du
25 janvier 1985 modifiée et 66 du décret du 27 décembre 1985 modifié ;
Mais attendu que l'administrateur ayant été mis en demeure de se prononcer sur la
poursuite d'un contrat en cours, son refus exprès de poursuivre le contrat entraîne la
résiliation de plein droit de celui-ci, à la date de la réception par le cocontractant de ce
refus, si celle-ci intervient dans le délai d'un mois prévu à l'article 37 de la loi du 25 janvier
1985 devenu l'article L. 621-28 du Code de commerce ; qu'il n'y a pas lieu de faire
nécessairement constater cette résiliation par le juge-commissaire ; que le délai
supplémentaire, prévu à l'article 66 du décret du 27 décembre 1985, pour déclarer la
créance résultant de la résiliation court à compter de la réception de la réponse de
l'administrateur ;
Et attendu qu'ayant constaté qu'à la suite de la mise en demeure adressée le 28 mai 1998,
l'administrateur judiciaire avait indiqué à la société SIPAC, par courrier reçu le 9 juin 1998,
qu'il n'entendait pas poursuivre le contrat, la cour d'appel en a justement déduit,
abstraction faite des motifs surabondants critiqués par les cinquième et sixième branches
du moyen, que le contrat avait été résilié de plein droit le 9 juin 1998 sans qu'il y ait lieu de
prononcer sa résiliation et que la société SIPAC ayant déclaré sa créance le 7 janvier 1999,
elle se trouvait forclose ; que le moyen n'est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi ;
23
Travaux dirigés : Entreprises en difficulté
Cours : …
TD : …
SEANCE n° 8
Bibliographie : A consulter
24
Attendu que pour infirmer l'ordonnance du juge-commissaire et décider que la créance de la
BNP était éteinte comme ayant été déclarée irrégulièrement, l’arrêt après avoir constaté que
la déclaration de créance avait été signée par M. X..., préposé de la société Interbrew, retient
que M. X... ne représente pas légalement la société Interbrew seule titulaire du mandat et ne
justifie pas avoir reçu du président de cette société ou de son délégué le pouvoir de déclarer
la créance d’un tiers ;
Attendu qu'en se déterminant par de tels motifs, alors qu'elle avait constaté qu'était annexé
à la déclaration de créance un pouvoir donné le 30 avril 1999 à M. X... par M. A... agissant
lui-même en vertu d’une délégation consentie par M. B..., président et directeur général de
la société Interbrew, et qu’était produite aux débats la délégation de pouvoir dont bénéficiait
M. A..., la cour d’appel, qui n’a pas recherché si ces délégations de pouvoirs ne justifiaient
pas du pouvoir de déclarer les créances dont bénéficiait M. X..., n’a pas donné de base légale
à sa décision ;
PAR CES MOTIFS : CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 20
février 2002, entre les parties, par la cour d’appel de Riom ;
25
comportant une convention de fusion de comptes ; que le 19 juin 2001, AOM a été mise en
redressement judiciaire, puis a bénéficié le 27 juillet suivant d'un plan de cession ; que les
19 et 26 juin 2001, les quatre engagements ont été appelés par leurs bénéficiaires ; que la
banque, après s'être exécutée, a débité le compte courant d’AOM de la somme de 1 784 097
euros, puis, le 3 août 2001, a déclaré une créance incluant ce montant; que les
commissaires à l'exécution du plan d'AOM ont assigné la banque en remboursement de
ladite somme ;
Sur le premier moyen :
Attendu que la banque fait grief à l’arrêt de l’avoir condamnée à payer aux commissaires à
l’exécution du plan d’AOM une certaine somme alors, selon le moyen, qu’en vertu de l’article
2028 du code civil, la créance de recours personnel du garant naît de son paiement ; que
dès lors en l’espèce, en décidant que la créance du garant prenait naissance au jour de la
conclusion du contrat, et en privant la banque dont elle constatait qu’elle avait effectué des
paiements à titre de garant pendant la période d’observation, du bénéfice de l’article L. 621-
32 du code de commerce, la cour d'appel a violé les articles 2028 du code civil et L. 621-32
du code de commerce ;
Mais attendu que la cour d'appel, a exactement décidé que la créance de recours du garant
contre le donneur d'ordre prenait naissance à la date à laquelle l'engagement à première
demande autonome avait été souscrit ; que le moyen n'est pas fondé ;
Et sur le second moyen :
Attendu que la banque fait le même grief à l'arrêt alors, selon le moyen :
1 / qu'en vertu de l'article L. 621-28 du code de commerce, lorsqu’il opte pour la
continuation d'un contrat en cours, l'administrateur doit exécuter le contrat en son entier,
avec toutes les clauses ; qu'en l'espèce, en décidant que les administrateurs avaient pu
bloquer les débits du compte courant et transformer le compte courant en un compte
destiné à recevoir les paiements dont la société AOM était destinataire, la cour d’appel a
violé le texte susvisé ;
2 / qu'en tout état de cause, dans ses conclusions d'appel, la banque avait invoqué la lettre
recommandée avec accusé de réception du 12 janvier 2002 par laquelle les administrateurs
avaient procédé à la clôture du compte courant litigieux, ce dont elle déduisait que le
compte courant n'ayant été clôturé que le 12 janvier 2002, la compensation avait pu
s'opérer par inscription en compte avant cette date ; qu'en décidant que la renonciation des
administrateurs à la poursuite d'une partie du contrat était intervenue dès le 20 juin 2001,
sans s'expliquer sur la lettre du 12 janvier 2002 de clôture du compte courant, la cour
d'appel a privé sa décision de base légale au regard de l’article L. 621-28 du code de
commerce ;
3 / qu'en tout état de cause, la compensation de dettes connexes peut être invoquée après
l'ouverture de la procédure, dès lors que la créance a été déclarée, peu important que le
compte courant soit ou non poursuivi après l'ouverture de la procédure collective ; qu'en
l'espèce, à supposer que la créance de recours de la banque soit une créance antérieure, la
cour d'appel qui a constaté qu'il résultait de la convention de fusion de comptes que les
parties étaient convenues d'un compte courant, ne pouvait écarter la compensation, sans
rechercher, comme elle y était invitée, s'il n'y avait pas connexité entre les dettes litigieuses ;
qu’en n’effectuant pas cette recherche, la cour d'appel a privé sa décision de base légale au
regard des articles 1290 et 1134 du code civil ;
Mais attendu que le caractère autonome d’une garantie exclut la connexité entre la créance
du garant à l’encontre du débiteur et toute créance de celui-ci à l'encontre du garant; que le
moyen est inopérant ;
PAR CES MOTIFS : REJETTE le pourvoi ;
26
immobilière Lalande (la SCI) en paiement d'un solde d’honoraires ; qu'à la suite de la mise
en redressement judiciaire de la SCI, le tribunal a arrêté le plan de continuation ; qu'un
arrêt irrévocable du 28 juin 2000 ayant fixé la créance de M.Y... au passif du redressement
judiciaire de la SCI, ce dernier a assigné M.X..., en sa qualité d’associé de la SCI, en
paiement de la dette sociale à proportion des parts détenues par lui ; que le tribunal a
prononcé la résolution du plan de la SCI et sa mise en liquidation judiciaire ; qu'un
jugement a déclaré irrecevable la demande de M.Y..., qui l'a réitérée en soutenant que la
mise en liquidation judiciaire de la SCI suffisait à démontrer qu'il avait engagé des
poursuites l’encontre de celle-ci ;
Attendu que M.X… fait grief à l’arrêt d’avoir déclaré recevable la demande de M.Y…, alors
selon le moyen :
1° / qu'aux termes de l’article 1858 du code civil, les créanciers ne peuvent poursuivre le
paiement des dettes sociales contre un associé qu'après avoir préalablement poursuivi en
vain la personne morale ; que la cour d'appel qui, pour déclarer recevable l'action en
paiement de la dette de la SCI dirigée contre M.X..., s’est bornée à relever que l'arrêt du 28
juin 2000 condamnant la SCI au paiement était définitif et que celle-ci faisait l'objet d'une
procédure collective mais qui s'est abstenue de rechercher, comme elle y était invitée, si,
avant d'assigner en paiement M.X..., par acte du « 16 août 1996 », M.Y... avait fait, au
préalable, diligenter à l’égard de la SCI des mesures d'exécution qui s'étaient révélées vaines
a, en statuant ainsi, privé sa décision de base légale au regard du texte susvisé ;
2° / que, conformément à l'article 1858 du code civil, le créancier d'une société civile
déclarée en liquidation judiciaire ne peut poursuivre le paiement des dettes sociales contre
un associé qu'à la condition d'établir que le patrimoine de la société est insuffisant pour le
désintéresser ; que la cour d'appel qui, pour déclarer recevable l'action en paiement de la
dette de la SCI dirigée contre M.X..., s'est bornée à relever que la SCI faisait l'objet d'une
procédure de liquidation judiciaire et que M.Y... était créancier chirographaire mais qui s'est
abstenue de rechercher, comme elle y était invitée, si M.Y... avait, en vain, poursuivi la SCI
et si le patrimoine de celle-ci était insuffisant pour le désintéresser a, en statuant ainsi,
privé sa décision de base légale au regard du texte susvisé ;
Mais attendu qu’il résulte des dispositions de l’article 1858 du code civil que les créanciers
d’une société civile de droit commun ne peuvent poursuivre le paiement des dettes sociales
contre les associés, débiteurs subsidiaires du passif social envers les tiers, qu'après avoir
préalablement et vainement poursuivi la personne morale et que dans le cas où la société
est soumise à une procédure de liquidation judiciaire, la déclaration de la créance à la
procédure dispense le créancier d’établir que le patrimoine social est insuffisant pour le
désintéresser ; que l'action peut être régularisée si la créance a été régulièrement déclarée à
la procédure ;
qu'ayant relevé que la SCI avait été mise en liquidation judiciaire et dès lors qu'il n'était pas
contesté que la créance avait été déclarée à cette procédure, la cour d'appel en a exactement
déduit que les vaines poursuites à l’égard de la SCI étaient établies ;
D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;
Et attendu que le second moyen ne serait pas de nature à permettre l’admission du
pourvoi ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi ;
27
judiciaire de la société, alors, selon le pourvoi, que le jugement d’ouverture prend effet à
compter de sa date, c'est-à-dire dès la première heure du jour de son prononcé et que le
débiteur se trouve par conséquence dessaisi par la mission confiée aux mandataires de
justice ; qu’en l’espèce les juges ont dit que le jugement du 9 juillet 1991, rendu le même
jour que celui prononçant l’ouverture du redressement judiciaire de la société, était
opposable aux organes de la procédure car il aurait été rendu à l’encontre de la société alors
représentée par ses représentants légaux ; qu’ainsi, en méconnaissant la date de prise
d’effet du jugement d’ouverture de la procédure qui faisait que le 9 juillet 1991 la société
n’était pas valablement représentée par ses représentants légaux, les juges ont violé l’article
31 de la loi du 25 janvier 1985 et l’article 14, alinéa 2, du décret du 27 décembre 1985 ;
Mais attendu qu’après avoir relevé que les débats précédant le jugement rendu le 9 juillet
1991 avaient eu lieu le 4 juin 1991 et qu’à cette dernière date l’ouverture de la procédure de
redressement judiciaire de la société n'était pas encore intervenue, c’est à bon droit que la
cour d'appel a décidé que ce jugement, régulièrement rendu contre la société, était
opposable aux organes de son redressement judiciaire ; que le moyen n'est pas fondé ;
Mais sur le second moyen :
Vu l’article 33 de la loi du 25 janvier 1985 ;
Attendu que, pour accueillir la demande des époux X... et condamner la société aujourd’hui
représentée par son administrateur judiciaire à démolir et à enlever à ses frais la
construction édifiée par elle, l’arrêt retient, par motifs adoptés, que l’obligation de remise en
état inhérente à la résolution du contrat s’analyse en une prestation en nature de démolition
et retrait des ouvrages ouvrages édifiés, cette restitution de terrain en son état initial ne
tombant pas sous le coup de l’article 47 de la loi du 25 janvier 1985 ;
Attendu qu'en statuant ainsi, alors que toute obligation de faire se résout en dommages-
intérêts en cas d’inexécution par le débiteur et que, sous couvert de condamnation de la
société à procéder à la démolition et à l’enlèvement d’une construction, la demande des
époux X... ne tendait qu'au paiement d’une somme d'argent pour une cause antérieure à
l’ouverture de la procédure collective, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il a confirmé le jugement du 8 décembre 1992
ayant condamné la société Decock Delmotte, aujourd’hui représentée par son
administrateur judiciaire, à démolir et à enlever à ses frais la construction en cause édifiée
par elle, l’arrêt rendu le 3 juin 1994, entre les parties, par la cour d’appel de Versailles ;
remet, en conséquence, quant à ce, la cause et les parties dans l’état où elles se trouvaient
avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la d’appel d’Amiens.
Cass. Com., 6 juin 1995 (extrait)
Vu l'article 47 de la loi du 25 janvier 1985 ;
Attendu que pour confirmer l'ordonnance de référé en ce qu'elle avait enjoint à la société
FVMC d’exécuter son obligation de souscrire un cautionnement, l'arrêt retient que l'action
des consorts X... tendait « à obtenir l'exécution d'une obligation de faire et non pas le
paiement d'une créance » et que, dès lors, « sa poursuite ou sa recevabilité ne sauraient être
affectées par l'ouverture d'une procédure collective » ;
Attendu qu'en statuant ainsi, alors que l'action exercée par les consorts X... tendait, sous
couvert de l'exécution d'une obligation de faire, à obtenir de la société FVMC la souscription
d'un engagement de payer une somme d'argent au profit de la banque, la cour d'appel a
violé le texte susvisé ;
PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur la troisième branche du moyen en
tant qu'il est présenté par la société FVMC :
CASSE ET ANNULE
Cass. Com., 26 octobre 1999 (extrait)
Attendu qu’en statuant ainsi, alors que la résiliation étant demandée pour inexécution d'une
28
obligation de faire et non d’une obligation de payer une somme d’argent, l’instance ne
pouvait être arrêtée, ni par l’ouverture de la procédure collective de la société CSC, ni par
l’exercice de la faculté ouverte à l’administrateur d'exiger l’exécution des contrats en cours,
la cour d'appel a violé les textes susvisés ;
PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur les autres griefs :
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt rendu le 26 septembre 1996, entre
les parties, par la cour d'appel de Douai ; remet, en conséquence, la cause et les parties
dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant
la cour d’appel d’Amiens.
29
Travaux dirigés : Entreprises en difficulté
Cours : …
TD : …
SEANCE n° 9
30
Travaux dirigés : Entreprises en difficulté
Cours : …
TD : …
SEANCE n° 10
Bibliographie : A consulter
« Quels que soient les soins mis à prévenir, contenir et résoudre amiablement les difficultés, il
faudra encore se résoudre à organiser plus brutalement le destin de l’entreprise quand,
imperméable aux thérapeutiques douces et malgré elles, elle aura franchi le seul clinique de
la cessation des paiements. Alors s’imposera le choix entre la médecine (continuation de son
activité sous contrôle), la chirurgie (par imputation partielle ou cession globale) et
euthanasie (par liquidation judiciaire de ses biens) » a écrit M. Martin DIDIER. L’objectif de
la procédure de liquidation des biens est de réaliser les biens de l’entreprise dont la situation
est irrémédiablement compromise et désespérée et de distribuer les deniers entre les
créanciers constitués en une discipline collective. La présente séance de TD permettra d’avoir
une idée de ce qui se fait en pratique des affaires quand une entreprise est liquidée.
Cas pratique :
31
La réalisation des biens de cette société donne les résultats suivants :
32
Evaluation des connaissances
Le questionnaire à choix multiple
Le principe du QCM proposé ici : toutes les réponses peuvent être justes, toutes les
réponses peuvent être fausses, plusieurs réponses peuvent être justes ou fausses.
33
a- exécutoire de plein droit
b- exécutoire par provision
c- ni l’un ni l’autre
12- L’homologation de l’accord dans la procédure de conciliation est :
a- confidentielle
b- publiée
c- publiée seulement à la demande des signataires
Cas pratiques
Résolvez de manière détaillée et argumentée les cas suivants.
34
Cas pratiques
Résolvez de manière détaillée et argumentée les cas suivants.
Cas n° 1
MM. PACTA, SUNT et SERVANDA ont créé une entité de transformation des produits
agricoles en jus de fruits : « LES TROIBE » S.A.R.L. Cette société n’a pas été immatriculée et
a fonctionné ainsi de février 2009 à juin 2013. Dès le début de l’année 2013, elle était déjà
confrontée à des difficultés financières : refus d’honorer ses dettes, prorogation des délais de
paiement, émission des traitres de complaisance, etc.
Le tribunal saisi pour ouvrir la procédure collective contre la société « LES TROIBE » avait
décidé en août 2013 qu’il n’y avait pas de cessation des paiements. A l’issue de ce procès,
les trois associés avaient décidé de procéder à l’immatriculation de la société en septembre
2013 et de continuer la production en augmentant le capital. Ainsi deux nouveaux associés
firent leur entrée dans la société.
Celle-ci va passer un contrat de fourniture avec une maison de fruits qui lui livrera quatre
(4) tonnes de mangues en juin 2014. Compte tenu de la persistance de ses difficultés, le
tribunal saisi en septembre 2014 déclarera la société en cessation des paiements.
Avant le jugement déclaratif, une action en responsabilité civile avait été intentée contre la
société à la suite d’un accident causé par un de ses préposés et malgré l’ouverture de la
procédure collective, M. PACTA, gérant a continué à passer des contrats au nom de la
société à l’insu du syndic et à verser une prime spéciale à sa secrétaire. L’assemblée
générale des associés tenue en juillet 2013 a décidé de faire une remise de dette à M.
SERVANDA, associé-débiteur et de contribuer à hauteur de 20% à l’organisation du
baptême de la fille de M. PACTA. La BICIS avait accordé à la société un prêt de 10 millions
et le syndic a passé un certain nombre de contrats (contrats de vente, d’achat, de travail)
pour les besoins de la liquidation de l’entreprise.
Cas n° 2
35
Le frère aîné de Inparicausa, Meliorest, associé commandité dans une société en
commandite simple, spécialisée dans la vente de pneus de seconde main fait lui aussi l’objet
d’une action en cessation des paiements qui remonte au 2 février 2014 et cette action
aboutira à un jugement déclaratif le 13 mars 2015. Avant le prononcé du jugement,
Meliorest avait, 9 mois auparavant, manifesté sa bonne volonté de régler sa dette en
donnant en nantissement à son créancier certains de ses biens et en vendant en solde des
pneus de petite taille.
Cas pratiques
Résolvez de manière détaillée et argumentée les cas suivants.
Cas n° 1
La société VOLFI SA, spécialisée dans l’écoulement des produits chimiques dérivés,
rencontre des difficultés depuis la liquidation de la grande société TG CHIMIE qui était son
partenaire principal. La situation financière, telle que décrite par son dernier bilan s’illustre
comme suit : baisse des commandes et du chiffre d’affaires qui est passé de 725 millions de
F CFA à 395 millions de F CFA ; des pertes nettes de 75 millions par an pour les deux
dernières années pour un endettement de plus de 100 millions de F CFA (23 millions à
l’égard de la société Africaship ; 10 millions sur la BTCI ; 17 millions sur l’administration
des douanes ; 15 millions à l’égard de CIB informatique, etc.) ; baisse des capitaux propres
de l’ordre de 40% pour les deux dernières années. Grâce à un emprunt à la CORIS BANK de
l’ordre de 80 millions de F CFA, la société VOLFI SA maintient ses paiements alors que la
banque avait conscience que les capacités de remboursement de la société étaient loin
d’assurer le remboursement du prêt.
Cas n° 2
Monsieur Tafatafoi est président d’une association de spéléologie qui rencontre des difficultés
passagères suite à une mauvaise maîtrise des dépenses au cours d’un stage organisé au
gouffre de Défalé.
36
Les sujets proposés à l’épreuve orale
1- La politique de prévention des difficultés des entreprises.
2- Les droits des salariés dans les procédures collectives.
3- Le rôle du juge-commissaire dans les procédures collectives.
4- La situation du conjoint du débiteur marié sous le régime de la communauté.
des biens faisant l’objet d’une procédure collective.
5- La notion de cessation des paiements en droit OHADA.
6- Les droits du propriétaire d’un bien inclus dans une procédure collective.
7- Le sort des créances nées avant l’ouverture d’une procédure collective.
8- Le sort des créances nées après l’ouverture d’une procédure collective.
9- La cession de l’entreprise en difficulté.
10- La liquidation des biens simplifiée.
11- Le rôle du syndic.
12- La responsabilité pénale du chef d’entreprise.
37