Vous êtes sur la page 1sur 11

Evaluation biochimique des états de dénutrition

chez l’homme : applications et perspectives


chez les carnivores domestiques
C. BESSON1, L. BRET-BENNIS2, P. VERWAERDE3 et N. PRIYMENKO4*

1 Docteur vétérinaire, 14 voie Romaine, Apt 114, 89000 Auxerre.


2 UP de biochimie, ENVT, 23 chemin des capelles, BP 87614, 31076 Toulouse cedex
3 UP d’anesthésie-réanimation, ENVT, 23 chemin des capelles, BP 87614, 31076 Toulouse cedex
4 UP d’alimentation et de botanique appliquée, ENVT, 23 chemin des capelles, BP 87614, 31076 Toulouse cedex

* Auteur chargé de la correspondance : E-mail : n.priymenko@envt.fr

RÉSUMÉ SUMMARY

L’évaluation de l’état nutritionnel d’un sujet permet de décider la mise en Biochemical evaluation of undernutrition states in humans : applica-
place d’une thérapie adaptée et de prévoir les risques de complications liées tions and perpectives in pets. By C. BESSON, L. BRET-BENNIS,
à la pathologie ou à la dénutrition. Comme les méthodes cliniques manquent P. VERWAERDE and N. PRIYMENKO.
de précision, plusieurs marqueurs biochimiques ont été développés en
médecine humaine. The aims of the nutritional status determination are to develop an effi-
Lors d’un état de dénutrition (déficit énergétique et/ou azoté) la synthèse cient therapy and to evaluate the risks of pathology or underfeeding-indu-
protidique est diminuée et cela conduit à une chute des concentrations de ced complications. Because clinical evaluation approximates underfeeding,
protéines circulantes dites “ constitutives ”. Une hypoalbuminémie reflète a biochemical approach is proposed in human medicine.
ainsi un risque accru de morbidité et de mortalité chez l’homme et chez le The denutrition linked to an energetic or nitrogen deficit decreases pro-
chien mais ce marqueur s’avère peu précoce et manque de sensibilité. Les tein synthesis, thus leading to lower the concentrations of “constitutive” cir-
variations de la thyroxine-binding prealbumin et surtout de la retinol-bin- culating proteins. Among them, hypoalbuminemia evidences an enhance-
ding protein, de la transferrine et de la fibronectine sont plus précoces et le ment of the morbidity and mortality risks in human and in dog, but this mar-
dosage de leurs concentrations plasmatiques permet d’évaluer l’état nutri- ker is not enough precocious and sensitive. Variations of thyroxin-binding
tionnel et d’assurer un suivi. Néanmoins, ces marqueurs ne sont pas spéci- prealbumin and especially retinol-binding protein, transferrine and fibro-
fiques de l’état nutritionnel et sont influencés par de nombreuses patholo- nectine are earlier and are more relevant both for diagnosing and for follo-
gies qui affectent leur synthèse directement ou indirectement (en promou- wing the nutritional status. Nevertheless, many pathological situations
vant la production de protéines de l’inflammation) ou leur élimination affect these markers by decreasing their synthesis directly or indirectly (the
(pertes rénales ou consommation de la fibronectine lors de coagulation inflammatory protein synthesis is enhanced) or by increasing their elimina-
intravasculaire disséminée). tion (through renal losses or consumption of fibronectin during dissemina-
En terme d’adaptation métabolique, la diminution des concentrations ted intravascular coagulation).
plasmatiques d’insulin-like growth factor de type I observée lors d’apports In response to an insufficient energetic and nitrogen supply, plasma insu-
énergétiques et azotés insuffisants, participe à la réduction de l’anabolisme lin-like growth factor I concentrations decrease, contributing to reduce ana-
(multiplication cellulaire, utilisation périphérique du glucose). Bien que la bolism (cellular proliferation, peripheral glucose utilization). In spite of the
spécificité de ce marqueur ne soit pas optimale (interférences avec des low specificity of this marker (renal and hepatic pathologies alter its
pathologies hépatiques et rénales), il a été préconisé chez l’homme dans le concentration), it is used to follow the nutritional status evolution in human
diagnostic et le suivi de l’état nutritionnel, en raison de sa précocité et de sa because of its sensitivity and its earliness. In the same way, the failure of
sensibilité. De même, une faible efficacité des systèmes antioxydants antioxidant defences together with the reduction of the lymphoid prolifera-
accompagnée d’une prolifération et d’une maturation lymphocytaire limi- tion and maturation induce an anergia of the immune response evidenced
tées engendre une hyporéactivité du système immunitaire détectée par les through some immunological tests. A mobilization of the muscular protein
tests d’immunocompétence. En outre, les réserves musculaires en protéines and energy stores occurs, leading to high urinary excretion of nitrogen com-
et en énergie sont mobilisées, conduisant à une élimination accrue des com- pounds and to increase of serum activities of enzymes from muscular ori-
posés azotés (créatinine, 3-méthylhistidine, L-carnitine) dans les urines et à gin, such as creatine kinase in the cat.
une augmentation des activité sériques de la créatine kinase, notamment In human medicine, some nutritional indices are calculated from these
chez le chat. biochemical markers and morphological parameters, and present a prognos-
Les index nutritionnels établis à partir de ces marqueurs biochimiques et tic value. Their application in veterinary medicine is quite delicate because
de paramètres morphologiques ont été proposés en médecine humaine en some markers cannot be directly assessed and because the equation coeffi-
raison de leur valeur pronostique. Leur application en médecine vétérinaire cients stay to be determined in dogs and cats.
reste délicate d’une part, parce qu’il n’existe pas toujours de méthode de
mesure directe de leur concentration et, d’autre part, les coefficients des Keywords : nutritional status - proteins - CK - IGF - nutri-
équations restent à déterminer chez les carnivores domestiques. tional index - human - domestic carnivores.
Mots-clés : état nutritionnel - protéines - IGF - CK -
homme - carnivores domestiques.

Introduction Les méthodes cliniques (anamnèse et historique médical,


examen clinique, notations d’état corporel) permettant
L’évaluation de l’état nutritionnel est un préliminaire d’évaluer l’état nutritionnel d’un chien ou d’un chat ont été
indispensable à la mise en place d’une thérapeutique nutri-
présentées dans un article précédent [5]. Ces méthodes faci-
tionnelle. Cette évaluation permet, d’une part, d’effectuer un
suivi du patient tout au long de l’hospitalisation et de sa lement réalisables en médecine vétérinaire, ne représentent
convalescence et, d’autre part, de détecter les patients ris- qu’une estimation relativement grossière de l’état nutrition-
quant de développer une malnutrition protidocalorique, et nel du patient et ne permettent pas de déceler rapidement une
qui ont ainsi des risques accrus de complications. perte protéique aiguë.

Revue Méd. Vét., 2006, 157, 4, 225-235


226 BESSON (C.) ET COLLABORATEUR

En médecine humaine, différents marqueurs de dénutrition phase aiguë de l’inflammation qui s’effectuent au détriment
(composés plasmatiques ou état d’immunocompétence) sont de la synthèse en protéines constitutives. Lors d’insuffisance
utilisés en pratique. Certains ont l’avantage d’être modifiés rénale, les concentrations circulantes des protéines chutent
précocement (somatomédines, thyroxine-binding prealbu- en raison d’une altération de la fonction de filtration glomé-
min (TBPA)) ou d’être spécifiques d’une perte protéique, en rulaire entraînant des pertes protidiques importantes.
particulier d’origine musculaire. Nous allons présenter les Chez l’homme, les protéines sériques les plus classique-
méthodes biochimiques d’évaluation de l’état nutritionnel ment utilisées comme marqueurs de nutrition sont l’albu-
utilisées chez l’homme, ce qui permettra de confirmer ou de mine, la TBPA, la protéine de transport du rétinol (RBP), la
proposer des marqueurs de dénutrition intéressants chez les transferrine et la fibronectine (tableau I).
carnivores domestiques, utilisables par le praticien vétéri-
naire. Pour cela, dans une première partie, sera envisagée
1.1 L’ALBUMINE
l’utilisation de certaines protéines circulantes comme mar-
queurs de dénutrition puis dans une seconde partie, nous Historiquement, l’albuminémie a été l’un des premiers
détaillerons les autres tests susceptibles de mesurer la paramètres biochimiques utilisé pour évaluer l’état nutrition-
réponse d’un organisme sous-alimenté et l’intensité du méta- nel des patients hospitalisés. En effet, l’albuminémie est cor-
bolisme musculaire qui participent à l’établissement des rélée à l’état nutritionnel chez l’homme et son dosage est
indices nutritionnels ayant une valeur pronostique. simple [4, 24]. Un diagnostic de dénutrition sévère est posé
chez l’homme quand l’albuminémie est inférieure à 20 g/l.
Les valeurs usuelles de l’albuminémie sont comprises entre
1. Les protéines circulantes 26 et 33 g/l chez le chien et entre 21 et 33 g/l chez le chat
comme marqueurs de dénutri- [31]. Dosée seule ou combinée à d’autres marqueurs (lors de
l’établissement des indices de pronostic nutritionnel ou de
tion risque nutritionnel), une hypoalbuminémie est fortement
Les protéines circulantes sont le reflet des réserves pro- associée à une augmentation du risque de morbidité et de
téiques globales (musculaires et viscérales). Leur synthèse mortalité [25]. Chez le chien, une albuminémie inférieure à
est influencée par l’apport alimentaire en acides aminés, par 20 g/l en période pré-opératoire est associée à une mauvaise
la disponibilité en énergie et en zinc, mais elle est aussi cicatrisation des plaies chirurgicales, au développement
affectée par certaines pathologies. Dans le cas des hépatopa- d’épanchements et à un risque accru d’infection [14, 35]. De
thies ou d’une réponse inflammatoire aiguë, on observe une plus, la baisse de la concentration en albumine circulante
augmentation des synthèses hépatiques des protéines de la limite la résistance à une perte de volémie (sang ou plasma),

CIVD : coagulation intravasculaire disséminée

TABLEAU I. — Utilisation des protéines circulantes comme marqueurs de dénutrition

Revue Méd. Vét., 2006, 157, 4, 225-235


BIOCHIMIE DES ÉTATS DE DÉNUTRITION CHEZ L’HOMME : APPLICATIONS CHEZ LES CARNIVORES 227

qui peut survenir lors d’hémorragies, lors de brûlures ou lors groupe de protéines auquel il faut inclure la carbamyl-phos-
de péritonite [15]. Expérimentalement, un animal hypoalbumi- phate-synthétase I (enzyme du cycle de l’urée) [50]. Le
némique (dont l’albuminémie est inférieure à 15 g/l) présente temps de demi-vie de la TBPA chez l’homme est court (2
des signes de choc hypovolémique après avoir perdu moitié jours) et demeure inconnu chez le chien ou le chat [47].
moins de sang qu’un chien normo-albuminémique [43]. Donc, chez l’homme, en réponse à un déficit énergétique ali-
Cependant, la mesure de l’albuminémie n’est pas spéci- mentaire, la concentration plasmatique en TBPA décroît plus
fique de l’état nutritionnel : d’autres facteurs de variations rapidement que l’albuminémie et reflète plus rapidement
peuvent survenir. Par exemple, l’état d’hydratation influence l’état nutritionnel d’un patient. Aussi, ce marqueur a été pro-
la concentration plasmatique en albumine : une déshydrata- posé dans le suivi de l’état nutritionnel. En effet, d’après
tion peut masquer une hypoalbuminémie. De même, une l’étude de BERNSTEIN et al. [4], une faible augmentation
réponse inflammatoire caractérisée par une augmentation de de la concentration plasmatique en TBPA chez un patient
la concentration en protéine C-réactive pourrait être à l’ori- préalablement dénutri a révélé une mauvaise réponse au sou-
gine de l’hypoalbuminémie observée le deuxième jour post- tien nutritionnel. La détermination de la concentration plas-
opératoire [45]. Chez un patient cancéreux, l’albuminémie matique en TBPA est donc vraisemblablement chez
reste faible tant que l’inflammation n’est pas résolue, même l’homme, non seulement un moyen d’évaluation de l’état
si un soutien nutritionnel est mis en place [32]. Certains états nutritionnel d’un patient, mais aussi un moyen de suivre la
pathologiques (comme un syndrome néphrotique, une insuf- réponse à une thérapie nutritionnelle [4, 24].
fisance cardiaque congestive, une maldigestion...), sont à Comme pour l’albuminémie, des variations des concentra-
l’origine de malnutrition mais induisent aussi directement tions plasmatiques en TBPA, qui ne sont pas directement
une hypoalbuminémie [47, 51]. Lorsque la perméabilité vas- imputables à un état de dénutrition, sont observées dans des
culaire est augmentée (choc septique, cachexie cancéreuse), maladies chroniques et seraient dues à une diminution de la
les protéines plasmatiques, dont l’albumine, quittent le sec- synthèse hépatique de TBPA (insuffisance hépatique, hyper-
teur vasculaire. Ainsi, les possibilités de redistribution de thyroïdie, réaction inflammatoire, chirurgie,...) ou à une aug-
l’albumine entre les secteurs vasculaires et extravasculaires mentation des pertes rénales (insuffisance rénale). Chez le
peuvent d’emblée induire une hypoalbuminémie (passage de chien ou le chat, le dosage de la concentration en TBPA plas-
la protéines du secteur vasculaire au secteur extravasculaire)
matique n’est pas réalisé car il n’existe pas de kits de dosages
ou au contraire, retarder l’apparition d’une hypoalbuminémie
homologues de cette protéine dans ces deux espèces. Or,
due à un défaut de synthèse ou à un excès de pertes urinaires
étant donné les variations interspécifiques des structures des
(passage de l’albumine du secteur extravasculaire au secteur
protéines de transport des hormones thyroïdiennes iodées, il
vasculaire). En outre, le temps de demi-vie relativement long
est indispensable de disposer d’anticorps spécifiquement
de cette protéine (20 jours chez l’homme, 8 chez le chien et 6
dirigés contre la TBPA canine (ou féline) pour développer un
chez le chat [16]) contribue également à différer l’installation
dosage massique de cette protéine.
d’un état hypoalbuminémique et conduit à considérer l’albu-
mine comme un marqueur peu précoce. Par conséquent, la
sensibilité de ce test biologique comme paramètre d’évalua- 1.3. LA RETINOL-BINDING PROTEIN (RBP)
tion de l’état nutritionnel est faible (elle est évaluée à 10% Chez l’homme, 95% environ de la RBP circulante trans-
lors d’un dosage isolé de l’albuminémie [1]) de même que sa porte les vitamines A et 95% de ces complexes RBP-vita-
spécificité, si bien qu’à court-terme l’albuminémie est consi- mine A sont eux-mêmes liés à la transthyrétine [8]. Aussi,
dérée comme un mauvais marqueur [32, 47]. dans cette espèce, la RBP est l’unique protéine spécifique de
transport du rétinol et participe à la régulation des concentra-
1.2. LA THYROXINE-BINDING PRÉALBUMINE (TBPA) tions plasmatiques de cette vitamine. De plus, une partie de
OU TRANSTHYRÉTINE la vitamine A est transportée sous forme de retinylesters liés
La TBPA ou transthyrétine est une protéine sérique qui aux lipoprotéines (VLDL, LDL et HDL) [42] et cette moda-
transporte les hormones thyroïdiennes iodées, essentielle- lité de transport serait plus importante chez le chien et le chat
ment la T4. Cette protéine se trouve libre, associée à la T4, que chez l’homme. La concentration plasmatique en RBP
ou associée à la retinol-binding protein (RBP) dans la circu- (incluant le fraction liée à la TBPA) est comprise entre 3,4 et
lation sanguine. On ignore si la fixation de la RBP sur la 9,2 µmol/l chez le chien et entre 0,28 et 2,8 µmol/l chez le
TBPA est susceptible de modifier les capacités de transport chat (dosages effectués par HPLC) [8]. Aussi, la concentra-
de la T4. Une transthyrétinémie inférieure à 110 mg/l tion plasmatique de la RBP est fortement influencée par l’ap-
indique un état de dénutrition, chez l’homme. Chez le chien, port en vitamine A dans la ration, indépendamment de tout
la concentration plasmatique en TBPA est comprise entre état de malnutrition. De plus, bien que la RBP et la TBPA
205-474 mg/l (dosage par immuno-électrophorèse) [33] et soient des protéines riches en tryptophane (acide aminé
cette protéine migre avec les β2-globulines lorsque l’on réa- essentiel dans la régulation de la synthèse protéique), leurs
lise une électrophorèse des protéines sériques [30]. Lors concentrations plasmatiques sont plus sensibles à un déficit
d’une restriction protéique sévère chez le rat, on observe une énergétique qu’à un déficit protéique [48]. La RBP a un
diminution de la transcription hépatique de certains gènes, temps de demi-vie court (12 heures chez l’homme), ce qui
notamment ceux codant pour l’albumine et la TBPA [50]. lui permettrait de répondre encore plus vite que l’albumine et
Cette diminution est “gène-spécifique” et intéresse tout un la TBPA à un état de dénutrition [24].

Revue Méd. Vét., 2006, 157, 4, 225-235


228 BESSON (C.) ET COLLABORATEUR

1.4. LA TRANSFERRINE PLASMATIQUE En effet, la fibronectine est présente sous forme libre dans
le plasma et dans les autres fluides corporels tels que les
La transferrine est une glycoprotéine de transport du fer épanchements. Elle est associée aux membranes basales et
(sous forme Fe3+) dont la demi-vie est d’environ 9 jours chez
est exprimée dans les membranes de différentes cellules
l’homme [24]. On évalue indirectement sa concentration
comme les fibroblastes, les fibres musculaires lisses, les cel-
plasmatique, en mesurant la capacité de la transferrine à fixer
lules endothéliales, les macrophages et les cellules tumo-
le fer (total iron binding capacity (TIBC)). En effet, la trans-
rales. Elle intervient principalement dans les mécanismes
ferrine possède deux sites de fixation de Fe3+ sur chacune
d’adhésion des cellules entre elles ou avec la matrice extra-
des extrémités globulaires. La fixation de Fe3+ sur chacun
cellulaire, dans l’organisation du cytosquelette, dans la pha-
des sites requiert celle d’un anion (bicarbonate) si bien que
gocytose, dans l’hémostase, et dans la transformation onco-
les interactions Fe3+-transferrine sont stabilisées par des pH
neutres ou alcalins. Suivant le nombre de cations Fe3+ pris en génique des cellules [20, 21]. Comme elle assure également
charge par les molécules de transferrine, on distingue la une fonction non spécifique d’opsonine, facilitant ainsi les
transferrine monoferrique (un seul site est occupé) et la mécanismes de phagocytose des bactéries et des débris cel-
transferrine diferrique (les deux sites sont occupés) [46]. lulaires par les cellules mononuclées (type macrophage), elle
Cette capacité est comprise entre 2,82 et 3,86 mg de fer par intervient dans la réparation tissulaire, la prévention des
litre de plasma, chez le chien, et entre 1,69 et 3,25 mg/l, chez embolisations vasculaires et des agrégats bactériens [19].
le chat [49]. L’évaluation de la concentration plasmatique en Indépendamment de l’aspect nutritionnel, sa concentration
transferrine (mg/l) est calculée chez l’homme grâce à l’équa- plasmatique diminue lors de choc, de brûlures, de trauma-
tion [7] : tismes, de processus néoplasiques ou lors d’infections qui
sont des situations fréquemment rencontrées chez l’animal
Transferrinémie (mg/l) = (8 x TIBC) - 430
hospitalisé [24, 40].
On peut également mesurer directement la concentration
de transferrine chez l’homme par dosage radioimmunolo- Les concentrations en fibronectine dans les épanchements
gique, car on dispose d’anticorps antitransferrine mais son semblent être significativement plus élevées lorsque ceux-ci
extension reste faible en raison du coût des réactifs. Chez les sont d’origine néoplasique [21]. De plus, une diminution de
autres espèces animales, ce dosage direct ne peut être réalisé la concentration plasmatique en fibronectine peut résulter
qu’à condition de disposer d’anticorps homologues dirigés d’une consommation locale de cette dernière et mettre en
spécifiquement contre la protéine de l’espèce considérée. évidence une situation de coagulation intravasculaire dissé-
minée [19]. Les variations des concentrations plasmatiques
La détermination conjointe de la concentration massique
de fibronectine en réponse à un déficit énergétique et à une
de la transferrine et de la TIBC permet de caractériser les
réalimentation sont plus rapidement observées que celles de
possibilités de transport du fer. Dans le cas de carences mar-
la transferrine ou de la RBP mais, dans de nombreuses cir-
tiales, la synthèse de la transferrine est augmentée ce qui se
traduit par l’élévation de la concentration circulante de la constances, il est difficile de relier ces fluctuations unique-
protéine mais, comme la quantité en fer de l’organisme est ment à un déficit énergétique et non à une des pathologies
réduite, la transferrine est essentiellement monoferrique. On précédemment citées. Ainsi, l’intérêt du dosage de cette pro-
a donc une concentration élevée de transferrine associée à téine dans le suivi nutritionnel paraît secondaire par rapport
une TIBC augmentée. A l’inverse, lors de surcharges en fer, à ses applications potentielles au diagnostic ou à ses effets
la concentration circulante de transferrine est normale, voire thérapeutiques (antioncogène, traitement d’une coagulation
abaissée et la TIBC est diminuée (la transferrine est prati- intravasculaire disséminée...) [19, 20].
quement saturée en Fe3+). L’intervalle des valeurs usuelles Parmi les paramètres précédemment cités, seule l’albumi-
chez l’homme est très large et l’intérêt de la mesure de la némie est déjà utilisé en médecine vétérinaire chez les chiens
transferrinémie pour le diagnostic d’une malnutrition modé- et les chats. Une albuminémie correcte, associée à un bon
rée est contesté [24]. Cependant, de même que l’albumine, sa état d’hydratation est significative d’un bon état nutritionnel
concentration plasmatique est incluse dans le calcul de cer- à moyen et long terme. Chez le chien hospitalisé, le temps de
tains indices pronostiques de mortalité et morbidité. demi-vie de l’albumine (8 jours) est suffisamment court pour
que l’on puisse, dans la plupart des cas, enregistrer une dimi-
1.5. LA FIBRONECTINE nution de l’albuminémie avant d’observer une dégradation
marquée de l’état nutritionnel [35]. Néanmoins, dans une
La fibronectine est une glycoprotéine multimérique, synthé-
situation de marasme connue, les variations importantes de
tisée principalement par les cellules endothéliales, les fibro-
poids sont plus fiables que les variations de l’albuminémie.
blastes et les macrophages. Son temps de demi-vie est de 4
heures chez l’homme [24]. La concentration plasmatique Chez l’homme, les dosages biochimiques présentés ci-des-
déterminée par une méthode immunoenzymatique est en sus sont mis en œuvre pour connaître les réserves en pro-
moyenne de 320 mg/l, chez le chien [21]. Etant donné les téines viscérales de l’organisme. Pourtant, on interprète en
communautés structurales entre la protéine humaine et les général ces résultats en terme de risque de complications
protéines animales, les kits de dosage développés chez plutôt qu’en fonction de l’état nutritionnel. Or, comme la
l’homme sont utilisables chez le chien et le chat et permettent maladie et la dénutrition sont étroitement corrélées, les com-
de déterminer les concentrations en fibronectine dans le plications sont autant liées à la sévérité de l’une ou de
plasma mais aussi dans les épanchements pleuraux et abdomi- l’autre. On peut donc associer aux dosages des protéines
naux [26, 27]. sériques, le dosage de marqueurs de l’inflammation pour

Revue Méd. Vét., 2006, 157, 4, 225-235


BIOCHIMIE DES ÉTATS DE DÉNUTRITION CHEZ L’HOMME : APPLICATIONS CHEZ LES CARNIVORES 229

faciliter l’interprétation. Par exemple, la protéine C-réactive à l’IGFBP-3. Les peptides IGF agissent principalement par
est un marqueur d’inflammation aiguë et d’inflammation voie endocrine mais aussi de façon paracrine et autocrine.
chronique, à la différence de la glycoprotéine acide-β1 dont Leur action est ubiquitaire, car les récepteurs aux IGF (spé-
l’augmentation de la concentration plasmatique est spéci- cifiques ou associés au 6P-mannose) sont exprimés dans de
fique d’une inflammation chronique [13]. Ces protéines ainsi nombreux types cellulaires (lymphocytes, macrophages, cel-
que le fibrinogène, témoignent du déplacement des syn- lules épithéliales, ostéoblastes, cellules endothéliales...). Les
thèses hépatiques lors de stress : la synthèse des protéines IGFs (essentiellement IGF-I) stimulent la prolifération cellu-
fonctionnelles est diminuée au profit des protéines de la laire, et, secondairement, inhibent l’apoptose et induisent des
phase aiguë. effets métaboliques de type hypoglycémiant. L’activité de la
GH comme promoteur de la croissance est donc médiée
essentiellement par l’IGF-I. Chez l’homme et l’animal, les
2. Autres tests études sur la régulation nutritionnelle des IGFs sont limitées
Les autres tests possibles dans l’évaluation de l’état nutri- et concernent surtout IGF-I [37, 52] (tableau II).
tionnel consistent à mesurer les possibilités d’adaptation La régulation nutritionnelle de l’IGF-I chez l’homme
métabolique à un état de dénutrition, nécessaires pour limiter Chez l’homme, une diminution de la concentration sérique
les dépenses énergétiques et/ou azotées et pour restaurer un en IGF-I s’observe dans de nombreuses situations de dénu-
statut énergétique minimal indispensable au fonctionnement trition : marasme, kwashiorkor, anorexie mentale, infection
cellulaire. En effet, les activités anaboliques (multiplication par le VIH... Elle est corrélée à un retard de croissance chez
cellulaire, utilisation périphérique du glucose) partiellement l’enfant. Lors d’un jeûne, on observe des variations opposées
régulées par les somatomédines et l’intensité de la réponse des concentrations sériques d’IGF-I (qui diminue) et de GH
immunitaire sont réduites lors de dénutrition. A l’inverse, (qui augmente), ce qui correspondrait à l’apparition d’un état
l’utilisation des réserves musculaires en protéines (catabo- de résistance à la GH. Lors d’une réalimentation, deux fac-
lisme protidique) et en énergie est amplifiée. La participation teurs vont influencer la concentration circulante en IGF-I :
du tissu musculaire à ces processus d’adaptation métabo-
- l’apport énergétique : il existe un seuil d’apport énergé-
lique est caractérisée par une excrétion urinaire accrue de tique à franchir lors de la réalimentation pour pouvoir réta-
composés azotés comme la créatinine, la 3-méthyl-histidine blir la concentration plasmatique en IGF-I,
(3MH), la L-carnitine, et par une augmentation des activités
sériques des enzymes musculaires, notamment de la créatine - l’apport protéique : que ce soit lors de jeûne ou de réali-
kinase (CK) chez le chat. En outre, la détermination des mentation, la concentration en IGF-I est bien corrélée à
paramètres biochimiques précédemment évoqués associée à l’équilibre azoté et l’augmentation de sa production est pro-
portionnelle à la teneur en acides aminés essentiels de la
certains paramètres morphologiques est utilisée dans la
ration [52].
construction d’index nutritionnels ayant une valeur pronos-
tique. Comme la demi-vie de l’IGF-I est courte (12 à 15h chez
l’homme) et qu’elle n’est pas stockée, toute variation de sa
concentration circulante reflète directement la quantité
2.1 LES SOMATOMÉDINES OU INSULIN-LIKE
d’IGF-I synthétisée par l’organisme. De plus, il n’existe pas
GROWTH FACTOR (IGF) de variation nycthémérale des concentrations plasmatiques
Il existe chez l’homme deux “ Insulin-like Growth en IGF-I. Ainsi, une demi-vie brève, l’absence de variations
Factor ” (IGF) appelées IGF-I et IGF-II et six protéines de endogènes, et l’influence de l’alimentation sur les capacités
transport spécifiques numérotées IGFBP 1 à 6. Les IGF, dont de synthèse en IGF-I conduisent à proposer ce marqueur lors
la production est stimulée par l’hormone de croissance (GH de suivi nutritionnel. C’est aussi un marqueur d’un état de
pour “Growth Hormone”) synthétisée par l’antéhypophyse, dénutrition plus sensible que l’albumine, la transferrine et la
sont sécrétées par de nombreux organes (notamment le foie) fibronectine même si son utilisation est encore discutée. En
dès leur production et ne sont donc pas mises en réserve. effet, il n’existe pas encore de seuil de décision pour qualifier
Moins de 5% des IGF sont libres, la majeure partie étant liée un état de dénutrition sur la base des concentrations plasma-

TABLEAU II. — Les marqueurs de réduction des capacités métaboliques anaboliques.

Revue Méd. Vét., 2006, 157, 4, 225-235


230 BESSON (C.) ET COLLABORATEUR

tiques en IGF-I et l’intervalle de confiance des valeurs chat, il convient de présenter les variations de concentration
usuelles est large chez l’homme normalement nourri [52]. en IGF-I en pourcentage de la concentration habituelle
Cependant, comme beaucoup d’autres marqueurs, la pro- (dosée chez un chien ou un chat normalement alimenté de la
duction de l’IGF-I peut être modifiée par la maladie elle- même race ou du même poids). Cependant, l’intensité de la
même. Lors de pathologies hépatiques, sa synthèse et sa réponse au jeûne du système IGF/IGFBP chez le chien et
concentration plasmatique diminuent. Lors de pathologies surtout chez le chat est plus faible que chez l’homme ou le
rénales, l’altération de la filtration glomérulaire conduit à rat. En outre, chez les carnivores domestiques, des études
des pertes de protéines de haut poids moléculaire. En parti- complémentaires sont nécessaires afin d’évaluer les effets
culier, les complexes majoritaires IGF-I-IGFBP peuvent être sur la concentration d’IGF-I d’une restriction énergétique et
éliminés massivement dans les urines entraînant une diminu- d’une restriction protéique [27, 38]. Comme en médecine
tion de la concentration plasmatique d’IGF-I [52]. humaine, ce paramètre est probablement amené à se déve-
lopper en médecine vétérinaire.
Le système IGF/IGFBP chez les carnivores domes-
tiques
2.2 EVALUATION DU MÉTABOLISME MUSCULAIRE
Chez les carnivores domestiques, les variations du système
IGF/IGFBP en réponse aux changements nutritionnels sont à La plupart des éléments de ce paragraphe sont résumés sur
peu près similaires à celles observées chez l’homme et le rat. le tableau III.
Chez le chien et le chat, la principale protéine de transport est Les marqueurs du catabolisme
l’IGFBP-2 et l’état nutritionnel module fortement les
L’excrétion urinaire de créatinine, de 3MH et de carnitine
concentrations en IGF-I [17]. Lors d’un jeûne court (18h), ni
peuvent être étudiés pour mettre en évidence un état de cata-
la concentration en IGF-I ni la concentration en IGFBP
bolisme protéique. La créatinine qui résulte de la cyclisation
totale ne varient. En revanche, lors d’une restriction énergé-
par déshydratation de la créatine, a un niveau de production
tique (42,5% ou 56% du besoin d’entretien couvert), sans
constant et à peu près proportionnel à la masse musculaire du
restriction protéique, la concentration plasmatique d’ IGF-I
patient. Il existe en outre des fluctuations de la créatininurie
est significativement diminuée en quelques jours (2-3 jours),
liées à l’alimentation carnée, mais mineurs [51].
celle d’IGF-II inchangée et celle d’IGFBP-2 augmentée dans
une moindre proportion, chez le chien. Les concentrations se Le dosage de la créatininurie quotidienne est à la base d’un
normalisent rapidement en moins de 48h après réalimenta- index créatinine-taille qui se calcule selon l’équation :
tion [37, 38]. Néanmoins, comme les concentrations en IGF- (créatininurie sur 24h du patient/créatininurie idéale sur 24h)
I sont corrélées positivement avec le poids du chien et du x 100

TABLEAU III. — Les marqueurs du métabolisme musculaire employés pour l’évaluation de l’état nutritionnel.

Revue Méd. Vét., 2006, 157, 4, 225-235


BIOCHIMIE DES ÉTATS DE DÉNUTRITION CHEZ L’HOMME : APPLICATIONS CHEZ LES CARNIVORES 231

la créatininurie idéale correspondant à l’excrétion de créa- en vue de leur dégradation par β-oxydation. Son excrétion
tinine dans les urines de 24h d’un jeune adulte ayant la même journalière urinaire augmente lors de jeûne et revient dans
taille que le patient et un poids idéal. les valeurs usuelles lors de réalimentation [39]. En effet, lors
Un résultat au moins égal à 80% signifie que le patient ne d’une situation de jeûne caractérisée par une hypoglycémie
présente pas de diminution de sa masse musculaire ; un ou par un défaut de couverture des besoins énergétiques, le
résultat compris entre 60 et 80% indique une perte muscu- métabolisme glucidique est accru (augmentation de la glyco-
laire modérée et un résultat inférieur à 60% caractérise une génolyse dans un premier temps, puis de la néoglucogenèse).
amyotrophie sévère. Néanmoins, plusieurs facteurs (l’âge, le Cette voie métabolique utilise différents types de précurseurs
sexe, le stress, le régime alimentaire) influencent les résul- non glucidiques, en particulier des acides α-aminés gluco-
tats. Chez les sujets âgés, l’altération progressive de la fonc- formateurs. Elle s’accompagne donc d’une amplification du
tion rénale entraîne une diminution de la créatininurie. Chez catabolisme des protéines et notamment des protéines mus-
les sujets stressés ou recevant des stéroïdes, les glucocorti- culaires. La fonte musculaire induite se caractérise alors par
coïdes induisent une diminution de la masse musculaire (due une diminution du nombre de cellules musculaires fonction-
à un catabolisme protidique augmenté) et donc de la produc- nelles et d’une intensification du catabolisme musculaire
tion de créatine. Les mâles dont la masse musculaire est en pouvant se traduire par une augmentation de l’excrétion uri-
général supérieure à celle des femelles et les animaux rece- naire de la L-carnitine.
vant un régime alimentaire riche en protéines ont une syn- Activité d’enzymes musculaires : créatine kinase (CK)
thèse accrue de créatinine conduisant à une élévation de la et autres
créatininurie. De plus, cet index n’est plus interprétable chez La CK est une enzyme intracellulaire cytoplasmique que
des patients insuffisants rénaux ou déshydratés puisque la l’on trouve principalement dans le myocarde, les muscles
diminution de la diurèse entraîne une diminution de la créa- squelettiques, le tissu nerveux, et en plus faible quantité dans
tininurie liée à l’état pathologique. Dans le cas d’insuffisance les tractus digestif, urogénital et la glande thyroïde. Elle
rénale chronique, le dosage concomitant de l’urémie dont catalyse de façon réversible la réaction :
l’augmentation modérée est proportionnelle à la réduction
ADP + créatine phosphate ATP + créatine
néphronique pourrait permettre d’effectuer une correction
théorique des variations de la créatininurie [51]. La créatine phosphate est une molécule riche en énergie et
s’obtient par phosphorylation de la créatine. La réaction
La 3MH est un acide α-aminé constitutif de l’actine et de inverse, à l’issu d’un travail physique, permet de régénérer
la myosine, issu de la dégradation des myofibrilles muscu- les concentrations intracellulaires en ATP. Une lyse muscu-
laires, qui n’est ni recyclé ni stocké et éliminé dans les laire peut être à l’origine de la libération de CK dans le tor-
urines. Par conséquent, les variations des concentrations rent circulatoire, mise en évidence par une augmentation de
plasmatiques de 3MH reflètent l’intensité du renouvellement l’activité enzymatique dans le sérum. Ce dosage constitue
musculaire. La mesure de son excrétion urinaire (réalisée par une aide au diagnostic de différentes maladies neuromuscu-
chromatographie liquide ou plus simplement par fluoromé- laires en médecine vétérinaire et des maladies du myocarde
trie) associée à la détermination de la créatininurie pourrait en médecine humaine [2, 18].
compléter l’évaluation du catabolisme musculaire. Ce
ANTONAS et al. [2] ont montré que, chez l’homme, l’ac-
dosage peut être réalisé sur les urines de 24 ou 72h, une
tivité de la CK sérique varie lors de la mise en place d’un
période plus longue assurant une meilleure appréciation du
soutien nutritionnel : elle est restaurée lorsqu’un équilibre
catabolisme musculaire. Le ratio 3MH urinaire/créatininurie
azoté positif est obtenu après alimentation parentérale. FAS-
a donc été exploré en médecine humaine en tant que mar-
CETTI et al. [18] ont observé une augmentation significative
queur du taux de renouvellement des protéines musculaires,
de l’activité plasmatique de la CK déterminée par spectro-
en vue de quantifier l’état catabolique du malade [3, 23, 55].
photométrie chez des chats spontanément anorexiques (2529
Aussi, ce rapport est maximal chez le nourrisson pour lequel
U/L) par rapport à l’activité mesurée chez des animaux
la masse musculaire est faible mais présente un renouvelle-
témoins (175 U/L). Cependant, aucune corrélation entre
ment très actif mais qui s’effondre lors de paralysie muscu- l’élévation de l’activité de la CK et la durée de l’anorexie n’a
laire [39]. Cependant, comme la 3MH est aussi un produit du été mise en évidence. De plus, lorsqu’une alimentation enté-
catabolisme des myofibrilles ingérées, la viande doit être rale assistée est mise en place au moyen d’une sonde naso-
exclue du régime du sujet testé trois jours avant le dosage, oesophagienne, l’activité de la CK diminue significative-
pour que la 3MH urinaire soit exclusivement d’origine endo- ment après 48h de soutien nutritionnel. Ainsi, chez le chat
gène. Ceci est difficilement envisageable chez l’homme anorexique, une augmentation de l’activité plasmatique de la
malade, hormis chez les nouveau-nés ou lors d’alimentation CK reflète probablement une augmentation de l’activité
parentérale [24]. Chez les carnivores, cette contrainte limite métabolique musculaire indépendamment de l’existence de
considérablement l’utilisation du dosage de la 3MH puisque myosite ou de lésions musculaires strictes. Une hyperbiliru-
l’exclusion du muscle dans le régime alimentaire d’un chat binémie peut conduire à des faux positifs, tandis qu’une
malade est quasiment impossible, à moins de distribuer suf- hémolyse et un prélèvement sanguin laborieux induisent la
fisamment d’acides aminés essentiels. lyse des érythrocytes dont la teneur en CK est non négli-
La L-carnitine assure le transfert des acides gras principa- geable et conduisent à une sur-estimation de l’activité plas-
lement à longue chaîne du cytoplasme à la matrice mito- matique de la CK [18]. La mise en évidence d’un bilan azoté
chondriale dans les tissus musculaires, cardiaques et nerveux négatif et/ou d’un catabolisme protéique augmenté conjoin-

Revue Méd. Vét., 2006, 157, 4, 225-235


232 BESSON (C.) ET COLLABORATEUR

tement à une élévation de l’activité plasmatique de la CK, des systèmes anti-oxydants et une réduction de la synthèse
permettrait de déterminer plus spécifiquement le statut nutri- de certaines cytokines (IL-1, IL-6, TNFα, INFγ) [11, 54].
tionnel du sujet. Des carences spécifiques peuvent aussi être à l’origine de
Parallèlement à l’augmentation de l’activité plasmatique modifications des défenses immunitaires. Par exemple, un
de la CK chez les chats anorexiques, FASCETTI et al. [18] déficit en fer accroît le risque d’infection en diminuant le
ont aussi observé une augmentation des activités de l’aspar- métabolisme aérobie tissulaire et l’activité de certaines
tate amino-transférase (ASAT) et de la lactate déshydrogé- enzymes (superoxydes dismutases, catalases, peroxydases),
nase (LDH). Ces deux enzymes sont présentes dans les cel- avant l’apparition des signes cliniques de l’anémie. Une
lules musculaires et les hépatocytes. Lors de la dégradation carence en zinc peut provoquer une atrophie lymphoïde et
des protéines musculaires, il est probable que les activités de une diminution de l’hypersensibilité retardée (HSR) cutanée.
l’ASAT, de la LDH et de la CK augmentent conjointement. Enfin des carences en magnésium, en lipides ou en certaines
Lors d’hépatopathie on observe en plus une augmentation de vitamines (folate, pyridoxine, vitamines A et E) sont aussi
l’activité sérique de l’alanine amino-transférase (ALAT) parfois impliquées [11].
puisque cette enzyme est principalement concentrée dans les La malnutrition affecte donc presque toutes les facettes de
hépatocytes. la réponse immunitaire. Evaluer l’état d’immunocompétence
d’un patient peut donc avoir un intérêt pronostique et peut
Les principaux marqueurs biochimiques utilisés pour
permettre d’évaluer l’état nutritionnel (tableau II).
l’évaluation de l’état nutritionnel chez l’homme sont des
protéines circulantes (albumine, TBPA, RBP, transferrine et Les méthodes d’évaluation de l’immunocompétence
fibronectine), les IGFs ainsi que les témoins du métabolisme La réponse d’HSR cutanée vis-à-vis d’un, ou de plusieurs
musculaire (créatinine, 3MH et, à un moindre degré, L-car- antigènes, contre lesquels l’hôte a été préalablement sensibi-
nitine). Chez le chien et le chat, on a souvent recours à l’ex- lisé, se présente sous la forme d’un érythème accompagnant
trapolation de résultats déterminés chez l’homme mais des une induration. Même si de nombreux facteurs sont suscep-
études sont en cours, principalement sur les effets de la mal- tibles de modifier cette réponse (anesthésie récente, fièvre,
nutrition sur l’IGF-I (chien et chat) et sur la CK (chat). certains médicaments immunosupresseurs, pathologie
immunodépressive...), différentes études ont montré une cor-
2.3 L’ÉVALUATION DE L’IMMUNOCOMPÉTENCE rélation entre une HSR diminuée et des risques augmentés
d’infection ou de mortalité [6, 29, 34]. Cependant, une réac-
En raison des conséquences possibles d’un état de malnu- tion anormale n’est pas forcément spécifique d’une malnu-
trition sur la fonction immune (diminution de l’immunité des trition. Ce test a une valeur pronostique mais non diagnos-
muqueuses, de la maturation lymphocytaire et des systèmes tique : une anergie persistante ou l’évolution d’une HSR nor-
antioxydants), plusieurs méthodes permettant d’apprécier male à un état d’anergie est de mauvais pronostic chez
l’intensité de la réponse immunitaire peuvent être employées l’homme [24]. Chez le chat, l’HSR a été étudiée dans le
dans le cadre de l’évaluation d’un soutien nutritionnel. cadre de l’évaluation et du suivi de l’immunocompétence
Les conséquences de la malnutrition sur le système des chats FeLV et/ou FIV positifs, après injection intrader-
mique d’une association de virus félins vivants modifiés (i.e
immunitaire
les agents vaccinaux : calicivirus, virus de la rhinotrachéite
Lors de malnutrition protidocalorique, notamment chez et de la panleucopénie) [41, 44]. OTTO et al. [41], ont mon-
l’enfant, le risque de mortalité par infection est accru. Ceci tré que la réponse était maximale 72h après l’injection d’un
est particulièrement marqué lors de marasme ou de kwa- vaccin reconstitué non dilué (Felocell CVRND, laboratoire
shiorkor, mais une malnutrition modérée ou marginale est Norden) et lorsque l’injection intra-dermique de 0,1 ml de la
aussi un facteur non négligeable d’immunodépression. Tout solution reconstituée était réalisée au niveau de la face
d’abord, la malnutrition diminue l’efficacité des barrières externe du pavillon auriculaire.
immunologiques, cutanées ou muqueuses : le mucus (riche Chez le chat, un jeûne de quelques jours (même inférieur à
en glycoprotéines et en glycoprotéoglycanes) est modifié en 7 jours) est associé à une diminution du pourcentage des
quantité et en nature ce qui facilite l’attachement bactérien lymphocytes et de leur capacité proliférative, et à une dimi-
aux épithéliums [11, 54]. Lors de sous-nutrition, l’involution nution du ratio lymphocytaire CD4/CD8 [22]. On peut envi-
de la moelle osseuse entraîne une neutropénie et une diminu- sager d’inclure lors de l’évaluation de l’état nutritionnel, le
tion de l’afflux des neutrophiles sur le site lésionnel. Ainsi, comptage des lymphocytes, l’immunophénotypage (ratio
lors d’un trauma ou d’un stimulus inflammatoire, la mobili- CD4/CD8) et/ou la capacité de prolifération in vitro des lym-
sation des cellules phagocytaires et des neutrophiles est phocytes face à un agent mitogène. Chez l’homme, où les
retardée, ce qui limite la mise en place d’une immunité non valeurs usuelles sont de 2 à 3,5.109 lymphocytes/l, une mal-
spécifique. De plus, une involution lymphoïde (diminution nutrition moyenne induit une lymphopénie modérée (moins
de taille et de la quantité de cellules des organes lymphoïdes de 1,8.109 cellules/l) et une malnutrition sévère provoque
secondaires), une baisse de l’immunité à médiation cellulaire une lymphopénie intense (moins de 0,8.109 cellules/l) [24].
(nombre de lymphocytes T matures), plus importante que la Les valeurs usuelles sont comprises dans l’intervalle 1,5 à
baisse de l’immunité à médiation humorale (diminution des 5,2.109 lymphocytes/l chez le chien, et 1,3 à 9,1.109 lym-
immunoglobulines, notamment des IgA sécrétoires), est phocytes/l chez le chat (dans cette espèce, les valeurs
constatée [54]. D’autres facteurs interviennent dans l’immu- usuelles du ratio lymphocytaire CD4/CD8 sont de 1,2 à 2,6)
nodépression du patient dénutri, comme un affaiblissement [10, 22].

Revue Méd. Vét., 2006, 157, 4, 225-235


BIOCHIMIE DES ÉTATS DE DÉNUTRITION CHEZ L’HOMME : APPLICATIONS CHEZ LES CARNIVORES 233

Les tests d’évaluation de l’immunocompétence sont relati- L’interprétation du PINI est la suivante :
vement faciles à mettre en œuvre, mais peu spécifiques car - PINI < 1 le risque de complications est nul,
l’activité lymphocytaire peut être modifiée par de nom-
- entre [2-11] il existe un risque faible,
breuses causes autres qu’un état de malnutrition. Cependant,
l’exploration de l’immunocompétence dans le but d’évaluer - entre [12-20] le risque de complications est augmenté
la situation nutritionnelle d’un animal reste à développer. mais reste modéré,
- entre [21-30] le risque de complications devient impor-
tant,
2.4 LES INDICES DE L’ÉTAT NUTRITIONNEL
- PINI > 30, il existe un risque de décès.
De nombreux indices ont été mis au point pour dépister les
A l’heure actuelle, cet indice ne peut être utilisé ni chez le
patients à risque en s’appuyant sur le dosage de plusieurs
chien ni chez le chat puisque le dosage des concentrations
paramètres. Ces indices permettent de détecter les malades
massiques de certaines protéines ne sont pas disponibles
risquant de développer des complications liées à leur état
dans ces espèces (transferrine, glycoprotéine-α1, protéine C-
nutritionnel (ce sont ainsi des “ indices pronostics ”). Seuls
réactive).
les indices les plus souvent utilisés chez l’homme sont pré-
sentés. Bien qu’aucun d’entre eux ne soient encore directe- 2.4.3 Le “Nutrition Risk Index” (NRI)
ment applicables chez l’animal, ils pourraient néanmoins Le NRI [9] est un paramètre simple et facilement utilisable
servir de base au développement d’un ou plusieurs indices qui se calcule comme suit [13] :
spécifiques à la médecine vétérinaire. NRI = 1,519 x [Alb] + 41,7 x (poids actuel/poids habituel)
2.4.1 Le “Prognostic Nutritional Index” (PNI) Avec [Alb], la concentration plasmatique en albumine (en
Le PNI se calcule selon la formule suivante [9] : g/l).
PNI = 158 - 166 x [Alb] - 0,78 x ECT - 2 [Tfn] - 5,8 x HSR En ayant en mémoire les nombreux autres facteurs suscep-
tibles de modifier cet index, car induisant des variations du
Avec [Alb], la concentration plasmatique en albumine (en poids et de l’albuminémie (comme les états de déshydrata-
g/l) ; ECT, l’épaisseur cutanée tricipitale (en mm) ; [Tfn], la tion), on peut interpréter le NRI de la manière suivante :
concentration plasmatique en transferrine (en mg/l) ; HSR,
- NRI > 100 il n’y a pas de dénutrition,
l’HSR cutanée maximale notée en 3 classes (0 = anergie, 1 =
induration < 5 mm, 2 = induration au moins égale à 5 mm). - entre ]97,5-100] on conclut à une légère dénutrition,
Cet indice s’exprime en pourcentage et s’interprète de la - entre ]83,5-97,5] la dénutrition est modérée,
manière suivante : - NRI < 83,5 la dénutrition est considérée comme sévère.
- PNI ≥ 50% prédit un risque important de complications, Chez le chien et le chat on peut doser l’albumine plasma-
tique et connaître le poids habituel et le poids actuel, cepen-
- PNI compris entre [40-50%[ prédit un risque intermé-
dant les facteurs multiplicatifs utilisés chez l’homme (1,519
diaire,
et 41,7) ne sont probablement pas valables chez les carni-
- PNI < 40% correspond à un faible risque de complica- vores domestiques. Il faudrait donc mener dans ces deux
tions. espèces les mêmes études que chez l’homme pour détermi-
Cet indice a été validé chez les patients hospitalisés en chi- ner les coefficients qui leur sont propres, avant d’utiliser cet
rurgie [9], mais il est coûteux et difficilement applicable en index.
pratique courante chez l’homme [25].
2.4.2 Le “Prognostic Inflammatory and Nutritional Conclusion
Index” (PINI)
Chez l’homme, différents moyens biochimiques sont utili-
Le PINI se calcule à partir de la concentration plasmatique sables pour évaluer l’état nutritionnel bien qu’aucune
de protéines qui reflètent soit, l’inflammation (protéine C- méthode ne fasse l’unanimité. En revanche, chez le chien et
réactive, glycoprotéine-α1 et fibrinogène), soit, le métabo- le chat, seuls les dosages des concentrations plasmatiques de
lisme protéique (albumine, transferrine et préalbumine) l’albumine, de l’IGF-I, des activités sériques de la CK chez
selon la formule [28] : le chat, ainsi que le comptage des lymphocytes sanguins per-
[GPA] x [PCR] [fibrinogène] x [PCR] mettent d’enrichir les observations issues de l’examen cli-
PINI = = nique. Ainsi, chez les carnivores domestiques, l’examen cli-
nique et la notation d’état corporel restent les facteurs les
[Alb] x [Palb] [Tfn] x [Palb]
plus pertinents à examiner pour déterminer un état de dénu-
Avec [GPA], la concentration plasmatique en glycopro- trition. Chez l’homme, où les deux approches cliniques et
téine-α1 (en mg/l) ; [PCR], la concentration plasmatique en biochimiques sont possibles, l’étude menée par LUPO et al.
protéine C-réactive (en mg/l) ; [Alb], la concentration plas- [36] a conclu à une concordance de 77% entre l’évaluation
matique en albumine (en g/l) ; [Palb], la concentration plas- clinique de l’état nutritionnel de 64 patients réalisée par trois
matique en préalbumine (en mg/l) ; [fibrinogène], la concen- chirurgiens et l’évaluation biochimique calculée à l’aide des
tration plasmatique en fibrinogène (en mg/l) ; [Tfn], la valeurs du cholestérol, de l’albumine et de la transferrine
concentration plasmatique en transferrine (en mg/l). plasmatiques. De même, CONSTANS et al. [12] ont montré

Revue Méd. Vét., 2006, 157, 4, 225-235


234 BESSON (C.) ET COLLABORATEUR

que les mesures anthropométriques utilisées seules (poids, 18. — FASCETTI A.J., GLENNA E.M., NEAL MAULDIN G. :
Correlation between serum creatine kinase activities and anorexia in
taille, plis cutanés, circonférence du bras) permettaient de cats. J. Vet. Int. Med., 1997, 11, 9-13.
faire la différence entre un groupe de patients dénutris et un 19. — FELDMAN B.F., THOMSON D.B. : Fibronectin : its diagnostic and
groupe témoin. Enfin, pour WINDSOR et al. [53], aucun therapeutic implications. J. Am. Anim. Hosp. Assoc., 1983, 19, 1027-
1030.
indicateur biochimique de risque parmi ceux disponibles au 20. — FELDMAN B.F., THOMSON D.B., O’NEILL S. : Plasma fibronec-
jour de leur étude (1988) n’égale un examen clinique appro- tin concentrations in dogs with disseminated intravascular coagula-
fondi : une perte de poids n’est un indicateur de complica- tion. Am. J. Vet. Res., 1985, 45, 1171-1174.
21. — FELDMAN B.F., BRUMMERSTEDT E., STEIN LARSEN L.,
tions post-chirurgicales que si elle est associée à un affaiblis- LARSEN S. : Plasma fibronectin concentration associated with
sement des fonctions physiologiques (fatigabilité, problèmes various types of canine neoplasia. Am. J. Vet. Res., 1988, 49, 1017-
hépatiques, musculaires ou respiratoires). Il est donc pro- 1019.
22. — FREITAG K.A., SAKER K.E., THOMAS E., KALNITSKY J. :
bable que, chez l’animal, l’examen clinique et l’évaluation
Acute starvation and subsequent refeeding affect lymphocyte subsets
de l’état corporel (par les “Body Condition Score” ou les and proliferation in cats. J. Nutr., 2000, 130, 2444-2449.
indices de masse corporelle) suffisent pour déceler ou antici- 23. — FÜRST P., BERGSTRÖM J., LILJEDAHL S.O. : Nutritional assess-
per une situation de malnutrition lors de l’hospitalisation, les ment in severe trauma. Report of the Second Ross Conference in
Medical Research, Ross Laboratories. Columbus, O.H, 1982.
paramètres biochimiques ne venant qu’en complément. De 24. — HAIDER M., HAIDER S.Q. : Assessment of protein-calorie malnu-
plus, des études supplémentaires sont indispensables pour trition. Clin. Chem., 1984, 30, 1286-1299.
définir des indices de pronostic utilisables chez les carni- 25. — HEBUTERNE X., SCHNEIDER S. : Dépistage et valeur pronos-
tique de la dénutrition en milieu hospitalier. Ann. Med. Interne, 2000,
vores domestiques. 151, 557-562.
26. — HIRSCHBERGER J., PUSCH S. : Fibronectin concentrations in
pleural and abdominal effusions in dogs and cats. J. Vet. Int. Med.,
Bibliographie 1996, 10, 321-325.
27. — HIRSCHBERGER J., PUSCH S., LOESCH U., KRAFT W. :
1. — ANDERSON C.F., MOXNESS K., MEISTER J., BURRIT M.F. : Validation of a commercial human fibronectin assay for use in dogs
The sensitivity and specificity of nutrition related variables in rela- and cats. Aust. Vet. J., 1996, 73, 196-197.
tionship to the duration of hospital stay and the rate of complications. 28. — INGENBLEEK Y., CARPENTIER Y.A. : A prognostic inflamma-
Mayo Clin. Proc., 1984, 59, 477-483. tory and nutritional index scoring critically ill patients. J. Vit. Nutr.
2. — ANTONAS K.N., CURTAS M.S., MEGUID M.M. : Use of serum Res., 1985, 55, 91-101.
CPK-MM to monitor response to nutritional intervention in catabo- 29. — JENSEN T.G., ENGLERT D.M., DUDRICK S.J., JOHNSTON
lic surgical patients. J. Surg. Res., 1987, 42, 219-226. D.A. : Delayed hypersensitivity skin testing: response rates in a sur-
3. — BALLARD F.J., TOMAS F.M. : 3-Methylhistidine as a measure of gical population. J. Am. Diet. Assoc., 1983, 82, 17-23.
skeletal muscle protein breakdown in human subjects : the case for 30. — KANEKO J.J. : Chap.5. Serum proteins and the dysproteinemia. In :
its continued use. Clin. Sci., 1983, 65, 209-215. KANEKO, J.J., HARVEY, J.W., BRUSS M.L. (eds.) : Clinical bio-
4. — BERNSTEIN L.H., LEUKHARDT-FAIRFIELD C.J., PLEBAN W., chemistry of domestic animals, 5th edition, Academic press, San
RUDOLPH R. : Usefulness of data on albumin and prealbumin Diego, California, 1997, 117-137.
concentrations in determining effectiveness of nutritional support. 31. — KANEKO J.J., HARVEY J.W., BRUSS M.L. : Appendixes. In :
Clin. Chem., 1989, 35, 271-274. KANEKO, J.J., HARVEY, J.W., BRUSS M.L. (eds.) : Clinical bio-
5. — BESSON C., VERWAERDE P., BRET-BENNIS L., PRIYMENKO chemistry of domestic animals, 5th edition, Academic press, San
N. : L’évaluation clinique de l’état nutritionnel chez les carnivores Diego, California, 1997, 885-906.
domestiques. Rev. Med. Vet., 2005, 156, 269-274. 32. — KLEIN S. : The myth of serum albumin as a measure of nutritional
6. — BISTRIAN B.R., BLACKBURN G.L., SCRIMSHAW N.S., FLATT status. Gastroenterology, 1990, 99, 1845-1846.
J.P. : Cellular immunity in semi-starved states in hospitalized adults. 33. — LARSSON M., PETTERSSON T. : Purification and partial characte-
Am. J. Clin. Nutr., 1975, 28, 1148-1155. rization of thyroid hormon binding proteins in canine serum.
7. — BLACKBURN G.L., BISTRIAN B.R., MAINI B.S., SCHLAMM Domest. Anim. Endocrinol., 1987, 4, 215-229.
H.T. SMITH, M.F. : Nutritional and metabolic assessment of the hos- 34. — LAW D.K., DUDRICK S.J., ABDOU N.I. : Immunocompetence of
pitalized patient. J. Parent. Ent. Nutr., 1977, 1, 11-22. patients with protein-calorie malnutrition. The effect of nutritional
8. — BURRI B.J., NEIDLINGER T.R., ZWICK H. : Comparison of the repletion. Ann. Intern. Med., 1973, 79, 1202-1210.
properties and concentrations of the isoforms of retinol-binding pro- 35. — LEWIS L.D., MORRIS M.L., HAND M.S. : Chap.5. Anorexie, ina-
tein in animals and human beings. Am. J. Vet. Res., 1993, 54, 1213- nition et nutrition en phase critique. In : LEWIS L.D., MORRIS
1220. M.L., HAND M.S. (eds.) : Alimentation clinique des petits animaux,
9. — BUZBY G.P., MULLEN J.L., MATTHEWS D.C. : Prognostic nutri- 3ème édition, Mark Morris Associates, Topeka, Kansas, 1988, 5.1-
tional index in gastrointestinal surgery. Am. J. Surg., 1980, 139, 160- 5.44.
167. 36. — LUPO L., PANNARALE O., ALTOMARE D., MEMEO V.,
10. — CARNEVALE J.M., CHAPMAN G., KALLFELZ F.A., MEGUID RUBINO M. : Reliability of clinical judgement in evaluation of the
M.M. : Nutritional assessment : guidelines to selecting patients for nutritional status of surgical patients. Br. J. Surg., 1993, 80, 1553-
nutritional support. Comp. Cont. Ed. Pract. Vet., 1991, 13, 255-261. 1556.
11. — CHANDRA R.K. : Immunodeficiency in undernutrition and overnu- 37. — MAXWELL A., BUTTERWICK R., YATEMAN M., BATT R.M.,
trition. Nutr. Rev., 1981, 39, 225-231. COTTERILL A., CAMACHO-HUBNER C. : Nutritional modula-
12. — CONSTANS T., GUILMOT J.L., CHOUTET P., LOUBRIEU G., tion of canine insulin-like growth factors and their binding proteins.
GARRIGUE M.A., COUET C., LAMISSE F. : Evaluation anthropo- J. Endocrinol., 1998, 158, 77-85.
métrique et biologique de 44 patients présentant une malnutrition 38. — MAXWELL A., BUTTERWICK R., BATT R.M., CAMACHO-
protéino-énergétique. Rev. Med. Interne, 1985, 6, 19-26. HUBNER C. : Serum insulin-like growth factor (IGF)-1 concentra-
13. — CORISH C.A., KENNEDY N.P. : Protein-energy undernutrition in tions are reduced by short-term dietary restriction and restored by
hospital in-patients. Br. J. Nutr., 2000, 83, 575-591. refeeding in domestic cats (Felis catus). J. Nutr., 1999, 129, 1879-
14. — CROWE D.T. : Nutritional support for the seriously ill or injured 1884.
patient: an overview. J. Vet. Emerg. Crit. Care, 1985, 1, 1-7. 39. — METAIS P., AGNERAY J., FERARD G., FRUCHART J.C., JAR-
15. — CROWE D.T. : Understanding the nutritional needs of critically ill or DILLIER J.C., REVOL A., SIEST G., STAHL A. : Chap. 12.
injured patients. Vet. Med., 1988, 83, 1224-1249. Biochimie clinique et environnement. In : METAIS P., AGNERAY
16. — DIXON F.J., MAURER P.H., DECHMILLER M.P. : Half-lives of J., FERARD G., FRUCHART J.C., JARDILLIER J.C., REVOL A.,
homologous serum albumins in several species. Proc. Soc. Exp. Biol. SIEST G., STAHL A. (eds.) : Biochimie clinique. 3. Biochimie fonc-
Med., 1953, 83, 287-288. tionnelle. SIMEP, Paris, 1988, 552-618.
17. — EIGENMANN J.E., deBRUIJNE J.J., FROESCH E.R. : Insulin-like 40. — O’NEILL S.L., FELDMAN B.F., BOOTHBY J.T. : Measurement of
growth factor-I and growth hormone in canine starvation. Acta canine plasma fibronectin by rocket immunoelectrophoresis. Am. J.
Endocrinol., 1985, 108, 161-166. Vet. Res., 1985, 46, 1175-1177.

Revue Méd. Vét., 2006, 157, 4, 225-235


BIOCHIMIE DES ÉTATS DE DÉNUTRITION CHEZ L’HOMME : APPLICATIONS CHEZ LES CARNIVORES 235

41. — OTTO C.M., BROWN C.A., LINDL P.A., DAWE D.L. : Delayed Rapid turnover transport proteins: an index of subclinical protein-
hypersensitivity testing as a clinical measure of cell-mediated immu- calorie malnutrition. Lancet, 1979, 4, 230-232.
nity in the cat. Vet. Immunol. Immunopathol., 1993, 38, 91-102. 49. — SMITH J.E. : Chap 9. Iron metabolism and its disorders. In :
42. — RAILA J., BUCHHOLZ I., AUPPERLE H., RAILA G., SCHOON KANEKO J.J., HARVEY J.W., BRUSS M.L. (eds.) : Clinical bio-
H.A., SCHWEIGERT F.J. : The distribution of vitamin A and chemistry of domestic animals, 5th edition, Academic press, 1997,
Retinol-binding-protein in the blood plasma, urine, liver, and kid- 223-237.
neys of carnivores. Vet. Res., 2000, 31, 541-551. 50. — STRAUS D.S., MARTEN N.W., HAYDEN J.M., BURKE E.J. :
43. — RAVDIN I.S. : Effect of hypoproteinemia on susceptibility of shock Protein restriction specifically decreases the abundance of serum
resulting from hemorrhage. Arch. Surg., 1944, 48, 491-494. albumin and transthyretin nuclear transcripts in rat liver. J. Nutr.,
44. — REMILLARD R.L., ARMSTRONG P.J., DAVENPORT D.J. : 1994, 124, 1041-1051.
Chap.12. Assisted feeding in hospitalized patients : enteral and 51. — TEASLEY K.M. : Chap.106. Assessment, prevalence and clinical
parenteral nutrition. In : HAND M.S., THATCHER C.D., REMIL-
significance of malnutrition. In : DIPIRO J.T., TALBERT R.L.,
LARD RL. ROUDEBUSH P. (eds.) : Small Animal Clinical
HAYES P.E., YEE G.C., POSEY L.M. (ed.) : Pharmacotherapy: a
Nutrition. 4th edition. Mark Morris Associates, Topeka, Kansas,
pathophysiologic approach, Elsevier, New-York, 1989, 1571-1585.
2000, 351-390.
45. — REYNOLDS J.V., KANWAR S., WELSH F.K.S., WINDSOR A.C.J, 52. — THISSEN J.P., KETELSLEGERS J.M., UNDERWOOD L.E. :
MURCHAN P., BARCLAY G.R., GUILLOU P.J. : Does the route of Nutritional regulation of the Insulin-like Growth Factors. Endocr.
feeding modify gut barrier function and clinical outcome in patients Rev., 1994, 15, 80-101.
after major upper gastrointestinal surgery ? J. Parent. Ent. Nutr., 53. — WINDSOR J.A., HILL G.L. : Weight loss with physiologic impaire-
1997, 21, 196-201. ment. A basic indicator of surgical risk. Ann. Surg., 1988, 207, 290-
46. — ROUSSEAUX J. : Biochimie médicale. Le métabolisme du fer. Mars 296.
2004. [http://w3med.univ-lille2.fr/pedagogie/contenu/discipl/bio- 54. — WOODWARD B. : Protein, calories, and immune defenses. Nutr.
chimie/p2meta-fer.pdf] Rev., 1998, 56, S84-S92.
47. — SHENKIN A. : Impact of disease on markers of macronutrient status. 55. — YOUNG V.R., MUNRO H.N. : N-methylhistidine (3-methylhisti-
Proc. Nutr. Soc., 1997, 56, 433-441. dine) and muscle protein turnover: an overview. Fed. Proc., 1978, 37,
48. — SHETTY P.S., JUNG R.T., WATRASIEWICZ K.E., JAMES W.P.T. : 2291-2300.

Revue Méd. Vét., 2006, 157, 4, 225-235

Vous aimerez peut-être aussi