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Université Hassan II- Casablanca REI Série 2 HB

FSJES - Mohamméedia

Sujet 1

« [...] Un système de change fluctuant élimine complètement le problème de la


balance des paiements — exactement de la même manière que sur un marché libre
il ne peut y avoir de pénurie ou d'excédent, dans la mesure où les vendeurs
agressifs sont dans l'incapacité de trouver des acheteurs, et inversement. Le prix
peut connaître des fluctuations, mais ne peut entraîner de pénurie ou d'excédent
suffisamment fort pour provoquer une crise des échanges extérieurs. Les taux de
change fluctuants mettraient fin aux graves problèmes qui exigent que les
secrétaires d'État au Trésor et les gouverneurs se réunissent de plus en plus
souvent, pour tenter de mettre sur pied des réformes radicales. Ils mettraient
également un terme aux crises accidentelles qui obligent les hauts fonctionnaires à
courir frénétiquement d'une capitale à l'autre, aux appels téléphoniques au milieu
de la nuit entre les banques centrales qui, pour soutenir leurs monnaies
respectives, sont condamnées à aligner les prêts.»

Source : Milton Friedman, Inflation et systèmes monétaires, Calmann-Levy, 1976.

Répondez à l’ensemble des questions suivantes (sur la base de l’extrait de texte et


de vos propres connaissances) :

1. Le problème de la balance des paiements : de quoi s’agit-il ? A quels


événements en particulier cet auteur peut-il faire référence ?

Les problèmes dont parle le texte sont les excédents ou les déficits de la
balance des paiements courants.
Les monétaristes accordent plusieurs vertus au régime de change flottant. Il
compare les avantages de ce régime au système des prix dans le cadre d’un
marché obéissant aux règles de la concurrence parfaite. Dans un marché
concurrentiel, lorsque les prix sont fixés au bon niveau (sans intervention de
l’Etat), les écarts entre l’offre et la demande (pénurie ou excédent) sont
impossibles. En cas de pénurie (la demande >à l’offre) >>> augmentation
des prix qui finiront par revenir au prix d’équilibre. En cas d’excédent
(l’offre sera supérieure à la demande), les prix baissent et tendront vers le
prix d’équilibre.
Pour les monétaristes, le cours de change d’une monnaie est un prix et
jouera le même rôle en cas d’excédent ou de déficit de la balance
courantes.
Les écarts qui apparaissent au niveau de la balance courante (excédents ou
déficits) finissent par se résorber par la simple fluctuation du taux de change
de la monnaie nationale. Un déficit implique une dépréciation du cours de
change. Cette dernière encouragera les exportations et diminuera les
importations. Un excédent de la PB courants se traduira à terme par une
appréciation du cours de change de la monnaie et finira par diminuer les
exportations et augmentera les importations (l’excédent se résorbera
automatiquement) (pour plus de détail, voir le cours sur la courbe en J et
le cours sur les déterminants des cours de change par le solde de la BP
courant)

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Conclusion : les Banques centrales doivent opter pour un régime flottant, qui
jouera son rôle pour équilibrer les soldes de la BP sans intervention de leur
part.

2. Expliquer le mécanisme des crises de la balance des paiements


Les crises apparaissent lorsqu’une balance des paiements courants n’est plus
viable, c’est à dire que le déficit ne peut pas être financé par une entrée
normale de capitaux. Autrement dit, un pays, avec tous les flux financiers
nets qu’il reçoit de l’étranger + ses réserves de change, ne peut plus régler
ses dettes (commerciales, financières).
Dans le système monétaire international, et ce depuis 70 ans, les crises des
BP sont identifiées à l’incapacité d’un pays à payer ses dettes. Mais on a
jamais identifié à une crise de la BP des situations d’excédents.
Même si les accords de Breton Woods parlaient de l’ajustement dans les cas
de déficits ou d’excédents, l’ajustement a toujours été asymétrique, car
pesant exclusivement sur les pays en difficulté. C’est une vraie curiosité de
l’histoire !

3. Expliquer le dernier inconvénient des changes fixes cité dans cet extrait
(passage souligné).
Milton Friedman en libéral convaincu est contre toutes les tracasseries
administratives et les lourdeurs de l’Etat. Lorsqu’on est dans un régime de
change fixe, l’Etat doit se doter d’une administration pléthorique avec des
spécialistes, qui doivent surveiller si les cours de change sont au bon niveau
et intervenir dans le cas contraire. Avec le régime flottant on a plus besoin
de cette administration et ses lourdeurs, car le marché de change et ses
mécanismes donnera au cours de change sa vraie valeur en tenant compte
des données fondamentales de l’économie. Donc plus besoin d’intervention
des banques centrales (avec tout ce que cela peut couter), car
l’automatisme du marché fera ce travail et avec moins de coûts.

Sujet 2
« Dès les années 1930, Rueff se montra un farouche opposant de l’étalon de
change-or (Eichengreen, 1996, 116). Selon lui, ce système permettait aux pays de la
monnaie de réserve de vivre au-dessus de leurs moyens puisqu’ils pouvaient
emprunter dans leur propre devise pour financer des déficits de balance des
paiements (...).Rueff inspira la critique de De Gaulle concernant « le privilège
exorbitant » de l’Amérique (...).
Ivo Maes, « La genèse du système monétaire international actuel », Reflets et perspectives de la vie économique
2010/4 (Tome XLIX), p. 17-27.DOI 10.3917/rpve.494.0017

1. Le texte parle du pouvoir exorbitant du dollar. De quel pouvoir il s’agit ?


Le pouvoir exorbitant du dollar apparait à deux niveaux :
- la règle du N-1 (voir cours enregistré n°4) : selon cette règle le pays qui
a une monnaie nationale et qui est aussi une monnaie internationale
n’avait aucun cours de change à défendre (ce sont les autres pays qui
doivent le faire) ce qui lui donne un pouvoir extraordinaire pour mener sa
politique monétaire en toute indépendance ;

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- Le deuxième pouvoir exorbitant s’explique par le fait que ce pays n’a
aucune obligation d’ajuster sa balance des paiements (asymétrie dans
l’ajustement), car tout déficit peut être réglé par sa propre monnaie (et
non en monnaie étrangère comme c’est le cas de tous les pays dont les
monnaies ne sont pas des monnaies internationales)

2. Comment le dollar a acquis ce pouvoir de monnaie internationale ?


- L’or a été choisi comme monnaie internationale lors des accords de B_W
(1944). Mais comme les américains avait plus des 2/3 du stock d’or
mondial, le dollar était aussi bon que l’or « as good as gold ». Les autres
pays, en partant de ce facteur objectif, ont commencé à accepter le
dollar dans les paiement internationaux (et comme avoir de réserve) et
réclamaient très rarement sa conversion en or (A titre d’exemple l’or ne
représentait pas plus de 44% des avoirs de réserve dans le monde ; les
devises représentaient 56 % des avoirs de réserves et dans ces 56% le
dollar à lui seul s’accaparait 80% des réserves de change) ;
- Le deuxième facteur est à chercher du côté des rapports de force qui
étaient largement favorables aux USA à la sortie de la 2éme guerre
mondiale (puissance économique, militaire et financière). Il y avait deux
plans qui s’affrontaient pour réformer le SMI lors de la conférence de B-
W, on a écarté le plan Britannique (une vraie réforme du système) et on
lui préféré le plan américain (moins bon mais plus favorable aux intérêts
des USA).

Sujet 3
Définissez brièvement ce qui suit :

Qu’est-ce qui distingue un investissement direct à l’étranger (IDE) d’un


investissement de portefeuille (IP) ?

Un investissement direct sont des flux financier réalisés pour créer, développer ou
maintenir une filiale à l’étranger ou pour exercer le contrôle ou une influence
significative sur la gestion d'une entreprise étrangère. La notion de contrôle est
importante pour définir ce type de mouvement des capitaux.

- Un investissement de portefeuille est l'acquisition d'obligations ou d'actions pour


un motif financier. Contrairement à l'investissement direct, l'investissement de
portefeuille en actions n'a pas pour but le contrôle de l'entreprise : il s'agit d'une
prise de participation minoritaire dans le capital d'une société.

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Le dilemme de Triffin

Robert Triffin est un économiste américain qui a parlé des limites du choix du
dollar comme monnaie internationale et ce depuis le début des années 50. Il a
expliqué dans une théorie qu’on qualifie de « dillemme de Triffin », le caratère
pervers du SMI de B-W qui avait choisi le dollar comme monnaie internationale
convertible en or (35 $= 1 once d’or) comme pilier de la stabilité monétaire
internationale. Pour Triffin, le SMI de B-W contenait en lui une contradiction qui
allait conduire à sa chute.
- Si les USA sont déficitaires, il y avait plus de dollars dans le monde. Donc
l’économie mondiale serait prospère et la croissance mondiale serait plus
forte. Mais plus de dollars signifiait aussi une grande disproportion entre
les dollars circulants dans le monde et les réserves d’or détenues par les
USA. Cela devait conduire inéluctablement à l’impossibilité pour les USA
de convertir leur dollar de l’extérieur en or>>>d’où risque d’explosion du
système (d’ailleurs ce qui est arrivé en 1971) ;
- Si par contre les USA sont excédentaires, il y avait moins de dollars dans
le monde, mais les américains pouvaient toujours garantir la
convertibilité du dollar (bon point pour la stabilité du SMI). Par contre le
grand perdant ce sera la croissance et la prospérité mondiales.

Donc il fallait choisir en les deux alternatives : soit la croissance


mondiale (et l’instabilité monétaire) soit la stabilité monétaire
internationale (au détriment de la prospérité). Le monde a choisi la
première solution, d’où l’instabilité du système jusqu’à nos jours.

Conclusion

Donc la solution pour échapper à ce dilemme consiste à choisir une


monnaie internationale neutre, c’est à dire une monnaie qui ne dépend
pas de l’état de santé d’un pays déterminé.

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