Les méthodologies communicatives proposent non seulement
d’apprendre à communiquer, mais aussi d’apprendre à apprendre. La première tache de tout enseignant est de développer chez l’apprenant la compétence d’apprendre. “Un bon enseignant n’est pas celui qui travaille beaucoup, mais celui qui fait bien travailler les élèves”1.
L’autonomie est la capacité de prendre en charge la responsabilité de ses
propres affaires, à savoir la capacité de prendre en charge son propre apprentissage. Cette capacité n’est pas innée, elle doit s’acquérir par des efforts permanents, systématiques et réfléchis. On peut affirmer qu’un apprenant est autonome s’il comprend qu’il est lui-même l’artisan de son apprentissage, s’il connaît bien ses motivations et ses objectifs, s’il réussit à sélectionner de toutes les méthodes proposées par l’enseignant celles qui conviennent le mieux à sa manière d’apprendre. L’autonomie suppose également que l’apprenant puisse proposer de nouvelles activités d’apprentissage. L’un des plus importants traits de l’autonomie est la capacité d’auto-évaluation.
Il est difficile de s’habituer à penser aux raisons pour lesquelles on
apprend et aux procédés qu’on utilise pour le faire. L’un des rôles les plus importants de l’enseignant est de soutenir l’apprenant dans ses efforts d’acquérir son autonomie. L’enseignant aide l’apprenant à devenir autonome s’il lui permet de manifester son originalité et son esprit critique : en d’autres mots, l’enseignant doit placer l’élève dans une telle position que celui-ci puisse prendre des risques en classe et des risques réels dans la communication hors de la classe.
L’élève doit se situer dans un processus de négociation permanente avec
l’enseignant, qui doit être guide et conseiller. L’enseignant trie parmi les matériels d’apprentissage, choisit ceux qui lui semblent les plus adéquats au rythme des apprenants, à l’étape de l’apprentissage, aux objectifs fixés. Mais, de temps en temps, il doit faire confiance aux apprenants et les laisser choisir eux- mêmes. L’attitude négociatrice est au cœur même du processus d’autonomie. “L’enseignant doit organiser cette attitude, la vertébrer, ne jamais oublier que 1 A. Prost (1985): Éloge des pédagogues, Seuil. la capacité d’autonomie est un savoir-faire qui s’acquiert peu à peu et qui n’a pas de raison d’être présent d’emblée chez n’importe qui. Pour le professeur, comme pour l’élève, l’autonomie est une capacité qui se construit”2. De petits exercices, de petites questions répétées avec régularité font merveille (par exemple : Qu’est-ce que vous pensez, pourquoi les auteurs du manuel nous ont- ils proposé ce texte ? ; Quel est l’exercice qui vous semble le plus intéressant et que nous devrions résoudre en premier?; D’après vous, à quoi sert cet exercice ?, Proposez un thème pour le devoir à la maison.; etc.) L’autonomisation est un processus, une conquête, une marche vers l’autonomie. L’autonomisation implique que les deux conditions suivantes soient satisfaites :
1. Que l’apprenant ait la capacité de prendre en charge son
apprentissage ; 2. Qu’une structure d’apprentissage existe dans laquelle le contrôle de l’apprentissage soit du ressort de l’apprenant, donc dans laquelle l’apprenant puisse exercer sa capacité de prise en charge. Seuls les savoirs acquis de manière autonome s’intériorisent et s’opposent à l’oubli immédiat. Il faut se rappeler que pouvoir communiquer dans une langue, c’est être capable de faire face aux situations inattendues, et même, paradoxalement, de les anticiper. L’enseignant doit constamment créer de nouveaux types d’interaction en jouant le rôle du clairvoyant qui prévoit même ce qui est imprévisible.