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LA PRISE DE PERPIGNAN PAR LE RN

Chronique d’une conquête annoncée

David Giband, Nicolas Lebourg, Dominique Sistach

ARPoS | « Pôle Sud »

2021/1 n° 54 | pages 91 à 109


ISSN 1262-1676
ISBN 9782918036328
DOI 10.3917/psud.054.0091
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-pole-sud-2021-1-page-91.htm
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LA PRISE DE PERPIGNAN PAR LE RN
CHRONIQUE D’UNE CONQUÊTE ANNONCÉE
David Giband
Professeur des universités
Université de Perpignan Via Domitia
giband@univ-perp.fr

Nicolas Lebourg
Chercheur
Université de Montpellier, CEPEL
nicolaslebourg@yahoo.fr

Dominique Sistach
Maître de conférences en droit public
Université de Perpignan Via Domitia
sistach@univ-perp.fr

__________________

RÉSUMÉ/ABSTRACT
Le succès électoral de Louis Aliot aux municipales de 2020 à Perpignan fait figure d’excep-
tion en raison de la taille de la ville, de la personnalité du candidat élu et des singularités de Per-
pignan. Régulièrement classée comme l’une des villes les plus pauvres de France métropolitaine,
marquée par d’importantes tensions sociales et par une ethnicisation prononcée de la vie sociale
et politique, Perpignan est une ville singulière. Toutefois, loin de se réduire au succès du Ras-
semblement national (RN) dans une grande ville du Sud de la France, l’élection de Louis Aliot
résulte davantage d’une combinaison de facteurs ancrés dans la trajectoire économique et sociale
de la ville, dans ses particularités politiques et partisanes tout autant que dans l’enracinement
du parti frontiste, ou encore dans le délitement des systèmes clientélistes et politiques locaux.
Résultat de dynamiques locales, l’élection de Louis Aliot invite à nuancer les effets d’une quel-
conque stratégie nationale et questionne la place du RN et de ses alliés (R. Meynard à Béziers)
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sur le littoral méditerranéen.
The electoral success of Louis Aliot in the 2020 municipal elections in Perpignan is exceptional
because of the size of the city, the personality of the winning candidate, and the unique qualities
of Perpignan. Regularly classified as one of the French poorest cities, marked by significant social
tensions and a pronounced ethnicization of social and political life, Perpignan is a singular city.
However, far from being simply the Rassemblement National’s (RN) success in a large city in sou-
thern France, Louis Aliot’s election is the result of a combination of diverse factors rooted in the
city’s economic and social trajectory, and in its political and partisan singularities, as much as in the
entrenchment of the RN or the disintegration of local clientelist and political systems. As the result of
local dynamics, Aliot's election invites one to reexamine the effects of a national strategy and questions
the place of the RN and its allies (R. Meynard in Béziers) on the Mediterranean coast.

__________________

MOTS-CLÉS/KEYWORDS
Perpignan, Rassemblement national, Louis Aliot, clientélisme, élections municipales
Perpignan, Rassemblement National, Louis Aliot, clientelism, municipal elections

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Pour le Rassemblement National (RN), les élections municipales de 2020
ont produit un résultat national somme toute mitigé si ce n’est décevant, le parti
frontiste réussissant à ne prendre que trois villes1. Parmi celles-ci, Perpignan fait
figure d’exception notable tant par sa taille (première ville de plus de 120 000
habitants à passer dans l’escarcelle du RN), par la personnalité du candidat élu
(Louis Aliot, ex-numéro 2 du parti) et en raison des singularités politiques, so-
ciales et identitaires de la ville. Disjointe d’une « vague populiste », l’élection de
Louis Aliot à Perpignan résulte davantage d’une combinaison de facteurs ancrés
dans la trajectoire économique et sociale de la ville, dans ses singularités politiques
et partisanes, tout autant que dans l’enracinement du parti frontiste, la stratégie
ancienne de notabilisation de Louis Aliot, le dépassement de la base électorale
lepéniste ou encore le délitement des systèmes clientélistes et politiques locaux.
Sur la base d’un marché politique local très spécifique (1), Louis Aliot a su non
pas représenter la « France périphérique » - celle plus ou moins réelle décrite au
travers des classes populaires exclues de la mondialisation et vivant dans les petites
villes et les territoires non métropolitains (Guilly, 2015) -, mais à agglomérer des
segments sociaux très divers (2), permettant ainsi à un parti périphérique aux
responsabilités locales de se saisir d’une préfecture.

SPÉCIFICITÉS DU MARCHÉ POLITIQUE


LOCAL
Figure 1. L'implantation locale du lepénisme
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Le FN a présenté sa première liste aux élections municipales à Perpignan en


1989. Dès l’origine, son niveau électoral est loin de s’expliquer par un effet cha-
rismatique de son président de l’époque, Jean-Marie Le Pen : la ville vote certes
1. Perpignan, Moissac et Bruay-La-Buissière.

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nettement plus FN que la moyenne nationale, mais ses candidats locaux implan-
tés y bénéficient d’une réelle plus-value. Le premier article de la presse nationale
envisageant que la municipalité puisse basculer entre les mains du FN remonte à
19932. Cet ancrage local s’est encore amélioré une fois que Louis Aliot en a pris le
leadership (2008). Cet enracinement a été l’objet d’un profond déni de l’essentiel
des têtes de liste des formations concurrentes en 2020, s’obstinant à considérer le
candidat comme un parachuté et le vote FN tel un vote de protestation. Les pro-
tagonistes ont récusé l’analyse au long terme pour se persuader que le scrutin serait
une redite de celui de 2014, où le désistement de la gauche avait permis au maire
sortant Jean-Marc Pujol (Les Républicains, LR) de vaincre avec 55,11% des suf-
frages. Le contexte de 2020 est, en effet, en partie similaire à celui de 2014 : le duel
en présence, la candidature contestée du maire sortant LR, une fragmentation
des listes à droite comme à gauche, la dénonciation du clientélisme municipal, le
constat du déclin économique et social de la ville et des sondages plaçant le RN en
tête du scrutin du premier tour. Toutefois, les ressorts de l’élection de Louis Aliot
tiennent aussi à une stratégie électorale payante et à une géographie électorale en
partie renouvelée. Si le candidat RN a fait campagne d’un train de sénateur, l’élec-
tion s’est aussi tenue dans un contexte d’érosion régulière depuis 2014 de l’élec-
torat de Jean-Marc Pujol et de perte constante d’assise sociale. En fait, les ressorts
de l’élection d’Aliot en 2020 sont d’abord à chercher dans la conjonction de trois
facteurs : une stratégie électorale payante de notabilisation d’un candidat « sans
étiquette », investissant autant le centre droit que la droite de l’ordre ; l’indifféren-
ciation du paysage politique local miné par un mercato politique permanent ; le
poids du clientélisme. La comparaison avec les élections précédentes (municipales,
présidentielle et législatives) confirme non seulement l’hypothèse du dépassement
de la base lepéniste significative d’une fusion des droites mais interroge aussi une
réalité électorale et politique longtemps construite sur des bases ethno-centrées.
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Tableau 1. Les résultats aux premier et second tours des municipales (2020)

Résultats des élections municipales à Perpignan, premier tour (en %)

Forgues Ripoull Amiel Bolo


Aliot Pujol Langevine Grau Advenard
(Gauche (centre- (divers (divers
(RN) (LR) (EELV, PS) (LREM) (LO)
radicale) droit) droite) droite)

35,66 18,44 14,51 13,17 6,58 6 3,6 1,29 0,76

Résultats des élections municipales à Perpignan, second tour (en %)

Aliot Pujol

53,09% 46,9%

Taux de participation

1er tour : 39,73% 2nd tour : 47,23%

2. Le Monde, 5 juin 1993.

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Contrairement à ce qui a pu être affirmé parfois, l’abstention exceptionnelle
provoquée par la pandémie de Covid-19 lors du premier tour ne peut être tenue
pour responsable d’une surreprésentation du vote Aliot :
Figure 2 : Résultats croisés de la participation et des votes

En 2020, Louis Aliot reprend et affine la stratégie de campagne de 2014 mi-


sant sur la notabilisation d’un candidat sans étiquette à la tête d’une liste d’ouver-
ture. Non seulement, il se dégage du RN mais il se refuse à une « union des
droites » consistant à contourner le parti lepéniste en additionnant des sigles de
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soutiens de petites formations, comme avait pu le faire Robert Ménard en 2014
à Béziers. Se positionnant pendant toute la campagne sous l’image d’un notable
de centre-droit, il joue la carte de la personnalisation de sa candidature ; sa figure
de notable s’impose plus personnellement que sa liste ne comporte de notables
reconnus. On ne vote pas RN, mais « on vote pour Louis ». Sa liste fait d’ailleurs
la part belle à l’ouverture aux personnalités du monde socio-économique local
dont le numéro 3, André Bonet, est une des prises les plus importantes3. Certains
membres de sa liste viennent de vieilles familles de notables, constituant des ponts
de pénétration des classes aisées traditionnelles. Le tout se fait au travers d’une
campagne à bas bruit : pour la première fois, une campagne des municipales ne
voit pas le président du parti venir dans la capitale du Roussillon, où Marine Le
Pen avait tenu son dernier meeting d’avant le premier tour de la présidentielle
de 2017. Enfin, les thématiques ostensiblement FN sont écartées (pas de propos
sur l’immigration, sur l’islam ou sur la « kebabisation » de rues commerçantes4).
3. Président du Centre méditerranéen de littérature à Perpignan, secrétaire général des Prix Méditer-
ranée et Spiritualités d'aujourd’hui, et membre du Conseil supérieur de la langue française.
4. « Kebabisation » évoquée dans les tracts d’Aliot en 2014 mais pas en 2020.

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Les affiches de campagne (sans l’étiquette RN) présentent un candidat détendu
posant sans cravate devant le Castillet, emblème de la ville. Les entretiens avec la
presse vont jusqu’à mettre discrètement en scène sa séparation d’avec Marine Le
Pen (son ex-compagne) et la présentation d’une nouvelle compagne, artiste locale.
Cette image de notable est renforcée par l’usage de thématiques du centre-droit :
développement économique par le soutien aux énergies entrepreneuriales, attrac-
tivité de la ville, endettement municipal sans oublier les questions de la sécurité et
la dénonciation du clientélisme local. Finalement, cette campagne correspond à
la sociologie des segments sociaux trop faiblement mobilisés lors du vote de 2014
(Fourquet et alii, 2014). Deux secteurs minoritaires ont joué un rôle essentiel : les
classes aisées blanches et les classes populaires issues de l’immigration.
Figure 3. Scores de Louis Aliot aux élections municipales de 2014 et nombre
d'adhérents du FN dans des bureaux de vote classés par le prix du foncier
relevé sur les sites internet de transaction immobilière
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En 2014, les classes moyennes déclassées fournissent le gros des militants qui
ont bien un effet de normalisation de la présence du parti, dont le score s’avère
corrélé à leur taux de présence par bureau de vote (figure 3). Mais dans la caté-
gorie la plus aisée les choses divergent : si le bureau 52 ne compte aucun mili-
tant, « l’aliotisme » y a bien une solide base, quoiqu’avec une moindre marge de
progression que dans la classe moyenne. Le coût personnel d’un investissement
pour le FN était encore trop élevé pour les membres de la bourgeoisie, qui néan-
moins pouvaient exprimer leur accord dans le secret des urnes. En 2020, la liste
et la campagne libérale-conservatrice de fusion des droites de Louis Aliot ont joué
chez les CSP+ le rôle détenu par les militants dans les milieux moins fortunés.
En outre, en 2014, ce sont les électeurs liés aux mondes arabo-musulmans, par-

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ticulièrement ceux du Nord de la ville, qui avaient sauvé le maire sortant (figure
4). Résultat, pour la campagne 2020, les équipes de Jean-Marc Pujol ont tout
fait pour mobiliser les quartiers Nord, tandis que Louis Aliot a tout fait pour ne
pas leur faire peur, évitant soigneusement les thèmes identitaristes. Il a pu ainsi
mobiliser les quartiers blancs aisés et démobiliser l’opposition de l’électorat lié aux
mondes arabo-musulmans.
Figure 4 : Les élections de 2014 selon le pourcentage de prénoms arabo-musul-
mans dans la liste électorale des bureaux de vote

Durant sa campagne, Louis Aliot déploie un argumentaire en trois points.


Premièrement, il affirme la nécessité de changer l’image de la ville et de redynamiser
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une économie locale atone, dans un style dégageant un horizon positif (le slogan
est « l’Avenir en grand »). Il s’agit de s’approprier la thématique du décrochage per-
pignanais et du déclin socio-économique local tout en se posant comme victime
du centralisme et de l’establishment parisiens faisant de Perpignan « la grande
oubliée » (suppressions de dessertes aériennes, chaînon manquant pour la LGV
vers Montpellier). C’est aussi une façon d’établir le parallèle avec Béziers dont la
rénovation et la gestion sont données comme modèle, malgré les relations tumul-
tueuses entre Robert Ménard et Louis Aliot. Ce dernier se pose en défenseur du
petit commerce du centre-ville qui eût été abandonné par la mairie au bénéfice de
la grande distribution en périphérie. Le centre-ville est aussi l’objet de mesures so-
ciales : gratuité ciblée du stationnement automobile (les samedis et semaines com-
merciales, pour les étudiants et les foyers modestes), traitements de l’espace public
et de l’habitat insalubre. Ce positionnement (permettant de faire l’arc du centre
libéral-social au poujadisme) correspond à une maturation idéologique dans son
équipe. Gabriel Robin, un de ses attachés parlementaires, préconisait, dans un
ouvrage postérieur au mouvement des Gilets jaunes (Demeslay, Robin, 2019),
d’ouvrir le populisme à la modernité et au centre, soit une stratégie inverse de

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celle de Marine Le Pen adressant une vidéo aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon
dans l’entre-deux-tours pour rallier les exclus de la globalisation. Au plan symbo-
lique, « l’Avenir en grand » permet de se différencier de l’impression de routine
dégagée par l’équipe sortante (dont l’affiche du second tour offre pour promesse
et horizon la construction d’un parking de mille places). Deuxièmement, l’argu-
mentaire électoral de Louis Aliot repose largement sur la dénonciation du clien-
télisme local (de gauche comme de droite) qualifié de « système de connivence ».
Ce « rejet des clans » répond à une aspiration d’une partie de l’électorat et reprend
la rhétorique frontiste de la collusion droite/gauche. Mezza voce, le clientélisme
ethnicisé est ainsi présenté comme la cause de la faiblesse économique locale et de
l’insécurité. Troisièmement, la question sécuritaire est un des points saillants du
programme. Louis Aliot n’a de cesse de dénoncer, au rythme de l’actualité locale,
les règlements de comptes entre dealers dans les cités d’habitat social, d’évoquer la
sécurisation des abords des écoles gangrénés par les trafiquants, et d’affirmer qu’il
faut renforcer et réorganiser la police municipale. Certes, ce thème a toujours été
au centre des campagnes municipales FN : en 1989, le parti affirmait déjà qu’en
un an il ferait de Perpignan « la ville la plus sûre de France », promesse rabattue
à « six mois » en 1995. Mais en 2020, c’est un tract de quinze mesures pratiques
qui est édité, décrivant pour la première fois une méthode précise et un horizon
raisonnable. Elle peut s’appuyer sur une plus grande demande sociale qui avait
déjà pu bénéficier à la liste Aliot en 2014. Les données statistiques sur les actes
délictueux et criminels peuvent permettre de cerner une partie de la demande
locale en matière sécuritaire. Si on les observe depuis 2012 comparativement avec
celles de Béziers, on obtient le tableau suivant5 :
Tableau 2. indicateurs des crimes et délits à Perpignan et Béziers de 2012 à 2019
Vols Homicides Coups Vols
Total des faits Viols
sans violence dont tentatives et blessures violents
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Villes Perpignan Béziers Perpignan Béziers Perpignan Béziers Perpignan Béziers Perpignan Béziers Perpignan Béziers
2012 15439 9412 3795 2268 19 3 813 415 239 257 17 16
2013 14672 9253 4028 2466 7 5 774 403 574 205 36 21
2014 14849 9780 4029 2494 23 7 905 485 579 210 35 18
2015 12066 10035 3771 2504 10 4 867 491 551 261 38 25
2016 9672 9966 2346 2460 22 7 922 486 454 213 50 26
2017 10195 9947 3313 2443 45 5 952 608 386 202 59 18
2018 10468 8756 3459 1999 23 4 963 574 371 195 41 34
2019 10922 8825 3604 1959 36 9 1061 541 394 167 73 30
Evolution
-29% -6% -5% +14% +9% +200% +30,5% +34% +65% -35% +329% +87,5%
2012/2019

5. Nous avons formé nos indicateurs en regroupant pour Perpignan les chiffres du commissariat cen-
tral, de l’antenne de la Police judiciaire, et de la Police de l’air et des frontières, pour estimer qu’ils
constituaient ensemble un indicateur de la délinquance et de la criminalité dans la ville, pour Béziers
en prenant les données du commissariat. Nous avons ensuite rassemblé plusieurs items de la nomen-
clature en 107 éléments pour définir les catégories. « Vols sans violence » « Homicides dont tenta-
tives » correspond aux codes de l’index n°1 à 5 ; « coups et blessures » aux 6 et 7 ; « vols violents » aux
15 à 26 ; « vols sans violence » aux 31 à 43 ; « viols » aux 46 et 47. https://www.data.gouv.fr/fr/data-
sets/crimes-et-delits-enregistres-par-les-services-de-gendarmerie-et-de-police-depuis-2012/

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En 2014, la liste Aliot avait probablement déjà bénéficié de la forte progression
des coups et blessures ainsi que des vols violents. Depuis, la baisse du total des
faits est certes nettement plus prononcée à Perpignan qu’à Béziers, mais la hausse
des atteintes aux personnes est patente, et a pu constituer un moteur essentiel du
vote de 2020 (tandis que le volontarisme sécuritaire de Robert Ménard à Béziers
n’oblitère pas que c’est dans le domaine des vols que se concentre l’essentiel de
la progression de l’ordre public). Dans les quartiers populaires de Perpignan, la
demande sécuritaire et le profil bas sur les questions identitaires ont pu conjoin-
tement nourrir la dynamique électorale. En janvier 2020, un sondage6 montrait
que la « sécurité des biens et des personnes » était un déterminant du vote pour
48% des habitants sondés, avec un summum atteint dans le secteur de la cité des
Oiseaux (61%), connaissant d’importants problèmes de sécurité en milieu pauvre
(dans le quartier prioritaire de la ville qui la contient, la médiane du revenu dis-
ponible par unité de consommation est de 13 595 euros en 2018 selon l’INSEE),
et, effectivement, le bureau de vote a donné 61,65% de ses suffrages à Louis Aliot
au second tour. Durant la campagne, le candidat divers-droite Olivier Amiel
comme la candidate écologiste Agnès Langevine nous confiaient que la sécurité
était le sujet omniprésent. Il était spontanément évoqué par les Perpignanais lors
des tournées de terrain, y compris dans les quartiers cosmopolites, et également
lorsque la tournée avait un thème tout autre.
L’élection de Louis Aliot doit ensuite beaucoup à la dévitalisation du front répu-
blicain au second tour. L’opposition au RN est morcelée et travaillée par d’inces-
santes et anciennes querelles souvent interpersonnelles à la base de ce qui apparaît
aux yeux de l’électorat comme une indifférenciation du paysage politique perpi-
gnanais. Depuis longtemps, le clivage gauche/droite a cédé la place à une sorte
de mercato politique permanent, les individus changeant d'étiquette au gré des
circonstances, dans un marché électoral marqué par une anomie idéologique. Paul
Alduy (maire de 1959 à 1993) est le premier à ouvrir la voie : exclu de la SFIO en
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1959 pour son engagement en faveur de l’Algérie française, il se rapproche des
gaullistes de gauche, avant de rejoindre dans un premier temps, la Convention des
institutions républicaines, puis le Parti socialiste après le congrès d’Epinay. Exclu
du PS en 1976, il rejoint l’UDF après avoir soutenu Valéry Giscard d’Estaing. Suite
à l’émergence électorale du FN, il affiche sa complicité avec Jean-Marie Le Pen,
qu’il accueille en mairie en 1985 – nombre d’élus perpignanais de droite ne se font
pas prier pour dire qu’ils sont d’accord avec le FN sur l’immigration, provoquant
ainsi un brouillage politique. Le parcours politique de Jean-Paul Alduy (maire de
1993 à 2009), passé par l’Organisation communiste internationale, l’UDI, l’UMP
et soutien de LREM, tout comme celui de Romain Grau (passé du PS à l’UMP
puis LREM) ont été largement utilisés par les frontistes comme la preuve d’une
volatilité politicienne qui signifierait un désintérêt des préoccupations pratiques
des habitants – à contre-courant des clichés, le parcours uniquement FN de Louis
Aliot devenait dès lors un gage d’honorabilité du candidat. Le dernier mandat
de Jean-Marc Pujol a été l’occasion d’une succession de conflits entre le maire et
6.https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2020/01/116976_Rapport_Ifop_LSDR_2020.01.03-
FK.pdf

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certains de ses adjoints débouchant sur des départs (Romain Grau) et des retraits
de mandat (Olivier Amiel et Isabelle De Noëll-Marchesan) qui ont donné lieu à
la constitution de deux listes en rivalité frontale avec celle du maire fractionnant
l’électorat de droite et du centre, déjà occupé par la liste rivale de Clotilde Rippoul
(ex-Modem, ex-catalaniste). En somme, l’offre unifiée du centre et la droite menée
par Jean-Paul Alduy de 1995 à 2009 s’est retrouvée fragmentée en cinq listes en
2020, dont trois étaient menées par d’anciens membres de l’UMP. À ce titre, la
liste « Pour Perpignan »7 est symptomatique d’une coalition agrégeant des colistiers
d’origine politique diverses dont certains en rupture avec le maire sortant, d’autres
transfuges du PS (dont l’époux de la présidente PS du conseil départemental), une
ex-socialiste et ex-Debout La France et un élu catalaniste. Après le premier tour,
Romain Grau appelle à faire barrage au RN, mais des membres de sa liste sou-
tiennent Louis Aliot, au motif qu’une perpétuation du « pujolisme » achèverait éco-
nomiquement la ville. La normalisation de l’ancien parti frontiste réside aussi dans
cette acceptation et dans cette volonté de « dégagisme » du dernier représentant de
l’alduyisme (Jean-Marc Pujol étant conseiller municipal depuis 1989).
À gauche, le paysage politique pâtit encore des résultats des municipales de
2014 et du faible score du candidat PS au premier tour (11%). La gauche arrive af-
faiblie et en ordre dispersé avec trois listes, elles aussi marquées par les tensions. Ces
dernières opposent la liste « Enfin l’écologie » (EELV et PS) à la liste « L’alternative !
Perpignan écologique et solidaire » (La France insoumise, le Parti communiste
français, Génération·s, le Nouveau Parti Anticapitaliste, la gauche républicaine in-
dépendantiste catalane) qui se partagent le même créneau du développement social
et environnemental. La campagne est ainsi l’occasion d’une guerre des tranchées
entre ces deux listes. « L’alternative ! » attaque régulièrement Agnès Langevine (tête
de liste d’« Enfin l’écologie ») sur le bilan social et environnemental de la région
Occitanie dont elle est vice-présidente. Quant aux tensions internes à ces deux
listes, elles sont légion entre, d’une part, le PS et EELV pour l’une, et le PCF et
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la FI pour l’autre. L’histoire de la liste « L’alternative ! » fait se succéder une série
d’alliances, de départs, d’échanges inamicaux, dont le point d’orgue est la décla-
ration de dissolution de la liste entre les deux tours par les seules têtes de liste de la
FI. Les résultats du premier tour ne dessinaient néanmoins que fort hypothétique-
ment la possibilité d’une victoire tant d’un front commun que de la gauche dans
une triangulaire. En effet, le vote Grau était morcelé géographiquement et faible,
hormis l’exception notable de Saint Jacques (47,39 % des suffrages). Le vote pour
les listes de gauche se concentrait dans certains quartiers populaires du centre-ville
et de la gare, qui accueillent une nouvelle et petite population de jeunes foyers issus
des classes moyennes. Le vote pour la liste EELV-PS se signalait aussi à La Lunette,
un quartier marqué par un renouvellement générationnel. Dans un contexte frag-
menté et traversé par des conflictualités nombreuses, le front républicain subit de
plein fouet les ralliements de plusieurs élus de liste LREM mais aussi le rejet de son
principe par Olivier Amiel (dissident UMP, originellement membre de la direction
du parti chevènementiste) et les membres de la France Insoumise de la liste « L’al-

7. UDI, LREM, mouvement Démocrate, Mouvement radical et Agir.

99
Pôle Sud 54
ternative ! ». La décision d’Agnès Langevine de retirer sa liste est vivement débattue
par la base des gauches, rêvant qu’une triangulaire puisse leur offrir la victoire.

QUAND LES PÉRIPHÉRIES S'AGGLOMÈRENT


Le déclassement nourrit le dégagisme. Lors du mouvement des Gilets jaunes,
les Perpignanais ont allumé des incendies sur l’autoroute tant du côté de la fron-
tière espagnole que dans le sens allant vers l’intérieur des terres. Serait-ce une
façon spontanée de proclamer que l’enclosure vaudrait protection ? Classée ré-
gulièrement par l’INSEE comme troisième ou quatrième ville la plus pauvre de
métropole (après Saint Denis, Roubaix et Béziers), Perpignan est la préfecture du
département avec le plus fort taux de chômage en 2020 (14%). Fondée sur l’agri-
culture, le négoce des fruits et légumes et le tourisme, sa base économique connaît
depuis le début des années 1980 une succession de difficultés et de crises. Celles-ci
tiennent d’abord à l’entrée dans la communauté européenne en 1986 de l’Espagne
et de l’Italie, et de la concurrence des produits agricoles de ces pays. Elles sont à
chercher ensuite dans les faiblesses intrinsèques d’un modèle touristique hérité
des années 1960. Ce tourisme de masse, vieillissant et daté, n’a pas su se rénover
et peine à affronter la concurrence voisine des stations espagnoles qui de sur-
croît n’utilisent que peu la main-d'œuvre transfrontalière. Enfin, l’économie des
Pyrénées orientales reste encore sous le sceau de ce que Henri Solans qualifia
d’économie de la rente (Solans, 1993) : les investissements se reportent non pas
sur les activités productives mais sur une logique de rente (immobilière et foncière
principalement) pénalisant le déploiement d’activités économiques productives et
favorisant le maintien d’une main d’œuvre précaire et sous qualifiée (dans le tou-
risme et les services à la personne). Si Louis Aliot a dénoncé l’abandon du territoire
par l’État et la Région, cette situation est aussi le résultat d’une sociologie interne.
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Investisseurs privés et représentants publics ont historiquement convergé dans un
projet de restriction du développement local. Il s’agit d’un contrôle et d’une limi-
tation politiques voulus par Paul Alduy pour restreindre autant le vote ouvrier que
le parachutage de notables qui le concurrencent, et ainsi, dépolitiser la vie locale
(Sistach, 2013-b) ; il s’agit surtout d’une limitation économique, voulue par les
classes aisées locales pour limiter la concurrence dans les différents domaines de
production - fréquemment d’ailleurs, la richesse produite ici est réinvestie ailleurs
en France ou à l’étranger, comme le montre l’économie sylvestre ou agricole (So-
lans, 1993 ; Marty, 2004a, 2013b). La photographie économique de la ville est
toujours significative de son enclavement marchand : 75,1 % des établissements
actifs se concentrent dans le secteur du commerce, des transports et des services.
49,2 % de l’emploi se retrouvent dans cette part du secteur tertiaire, avec pour seul
complément d’importance l’emploi public (41 %). Les entreprises sont à 72,5 %
des structures de moins de dix salariés. 68,3 % des entreprises emploient des sala-
riés de la sphère présentielle contre 31,4 % de la sphère productive8.
8. Insee, Flores (Fichier Localisé des Rémunérations et de l’Emploi Salarié) en géographie au pre-
mier janvier 2020.

100
Pôle Sud 54
Tableau 3. Les minimas sociaux (2017)
Pyrénées
(en %) Occitanie Perpignan
Orientales

Population à bas revenus (1) 22,35 29,29 43,63

Population à bas revenus dépendant à 100% 6,78 10,33 20,28


des prestations sociales (2)

Population couverte par le RSA socle non majoré 6,80 9,94 18,70

(1) Personnes vivant dans un foyer allocataire des Caf ou MSA, dont le revenu est inférieur au
seuil de bas revenus à 60% (1 052 euros par mois et par unité de consommation).
(2) Le taux de dépendance représente la part des prestations Caf ou MSA dans le revenu.

Par ailleurs, une des questions politiques centrales tient au rejet des pauvres par
une partie dominante de l’électorat. Perpignan n’est pas seulement une ville avec
des taux élevés de pauvreté (32 %), elle cumule les records en la matière. Comme
le souligne le tableau 3, 43,6 % de la population est à bas revenus, soit le double de
la moyenne régionale (22 %). Le taux de foyers bénéficiant des minimas sociaux
(18,7 %) est trois fois plus élevé que la moyenne régionale (6,8 %). On pourrait
multiplier les données de ce type ; toutes révèlent l’hyper-pauvreté de la ville : chô-
mage (en 2020 : 12,7 % pour la ville, 25,5 % pour l’hyper centre), foyers couverts
par la CMU (23,05 %), foyers monoparentaux (28,2 % en 2017), etc. Les quartiers
populaires dégradés du centre-ville et les cités d’habitat social cumulent des records
(jusqu’à plus de 95 % de chômeurs à la Cité Nouveau Logis Les Pins, zone d’habi-
tation gitane constituant le bureau de vote 605), la ville concentre d’ailleurs 67 %
des logements sociaux du département. Perpignan est fragilisée au point de voir des
pans entiers de ses activités laissés à l’économie souterraine : démultiplication des
épiceries vendant pour l’essentiel du tabac de contrebande ; trafic de stupéfiants, etc.
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Cette hyper pauvreté est associée à une dimension ethnique concentrée dans des
quartiers du centre et du Nord. Celle-ci concerne surtout les populations gitanes
(près de 10 000 habitants à Perpignan) et d’origine maghrébine, autant de groupes
stigmatisés dans l’imaginaire local comme les bénéficiaires de l’assistanat et du
clientélisme politique. Le vote des quartiers populaires s’est déplacé vers la périphérie
politique selon une logique ethnique. Quand on met en regard les cartes des votes
FN et LFI à l’élection présidentielle de 2017, on observe que ces deux forces se sont
partagées le leadership sur les quartiers populaires selon un critère ethnoculturel : à
Jean-Luc Mélenchon les cités ou quartiers comptant une population maghrébine
significative, à Marine Le Pen ceux (souvent situés à proximité des premiers) où la
population est modeste mais peu issue de l’immigration la plus récente (Fourquet
et alii, 2020). À cela s’ajoute le poids des apports migratoires internes à l’hexagone.
Chaque année, l’agglomération de Perpignan accueille environ 3500 nouveaux
entrants, principalement originaires de la partie nord du pays (Haut de France et
Île-De-France). Les données statistiques révèlent qu’un tiers de ces arrivants sont
des bénéficiaires du RSA, un tiers des retraités aux revenus modestes et un tiers
d’actifs. Ce flux de pauvreté renvoie l’image d’une ville et d’un département s’appa-

101
Pôle Sud 54
rentant à une « côte d’azur du pauvre ». Le flux accentue le dualisme inégalitaire
de la cité, une nette partie des actifs arrivants relevant des classes aisées : le Mas
Llaro, bureau de vote des grandes villas sécurisées sur la route de la mer, comporte
ainsi plus de 60 % d’électeurs nés à l’extérieur du département. Nonobstant, dans
le débat public, la critique des pauvres s’est focalisée sur le thème de l’entretien élec-
toraliste de clientèles maghrébines et gitanes - selon un schéma que l’on retrouve
également à Marseille (Crépon et Lebourg, 2015). La dynamique Aliot s’est nourrie
du rejet d’un paysage politique local vu par beaucoup de Perpignanais comme la
lutte permanente entre deux systèmes clientélistes (celui de la gauche départemen-
tale et celui de la droite municipale). Vision en partie fausse, puisque l’effondrement
des systèmes clientélistes s’est fait au tournant des années 2000 (Giband, 2006),
mais la volonté affichée d’une partie de l’électorat de balayer ce tropisme perdure.
Ce sentiment de dégagisme est lié à deux dates : les émeutes de 2005 (qui ont vu en
mai 2005 s’affronter violemment populations gitane et maghrébine dans le centre-
ville) et 2008 (l’épisode de la fraude à la chaussette ; Maury, 2008). Or ces deux
évènements (marquant pour la société locale) constituent un impensé politique local
dont la portée n’a jamais fait l’objet à droite comme à gauche d’une analyse politique
rigoureuse. Ainsi, l’offre Aliot a répondu à une triple attente électorale : le rejet d’un
système clientéliste à bout de course, les attentes sécuritaires d’une ville où la petite
délinquance progresse, et une demande d’horizon social et économique (rejet de
l’assistanat, déclin du centre-ville, attractivité économique). Elle a ainsi pu réussir là
où échoue traditionnellement le RN : faire coïncider une idéologie interclassiste avec
une sociologie électorale du même type.
Si le constat d’un vote Aliot fédérant un électorat allant des populations gitanes
aux populations bourgeoises valait déjà pour les municipales de 2014 (Giband,
Lefebvre, 2016), l’analyse des résultats du second tour de 2020 par bureaux de vote
confirme ce constat et permet d’avancer d’autres éléments d’explication. Lorsque
l’on classe les bureaux de vote qui ont accordé plus de 50% de leur suffrage à Louis
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Aliot en fonction d’une typologie de l’habitat, plusieurs points ressortent.
Tout d’abord, la comparaison par nombre et type de quartiers des votes Aliot
et Pujol fait apparaître une plus grande diversité sociologique et géographique du
vote Aliot. Ce dernier fédère, en effet, un électorat large pour une gamme diver-
sifiée de quartiers (54 bureaux de vote sur 76, soit du centre-ville aux quartiers
pavillonnaires). Ensuite, deux grandes catégories de quartier ont joué un rôle mo-
teur au second tour. D’une part, les quartiers pavillonnaires des classes moyennes
et de la bourgeoisie se sont nettement mobilisés pour Aliot. Déjà marquée en
2014, la mobilisation des quartiers résidentiels de la bourgeoisie (situés à l’Est de
Perpignan) prend valeur de plébiscite. Avec 59,6 % des voix, les trois bureaux de
vote des quartiers aisés se sont sur-mobilisés dans l’entre-deux tours, et ce bien
plus qu’en 2014. Ainsi, le bureau de vote 711, Mas Llaro (principale concentration
de CSP+), s’est davantage mobilisé en 2020 (60,12 %) qu’en 2014 (50,12 %) et au
second tour qu’au premier (40,57 %). Sachant que ce bureau avait déjà donné sa
faveur au candidat FN en 2014, mais qu’il avait choisi François Fillon au premier
tour de 2017, puis Emmanuel Macron contre Marine Le Pen (qui n’avait sur-

102
Pôle Sud 54
passé son concurrent que dans un seul bureau sur toute la ville), et aux élections
européennes, avait opté pour la liste Renaissance de LREM, on a clairement ici
une droite bourgeoise, hostile à une société multi-ethnique absente de ce bureau
mais qu’elle perçoit dans l’agglomération, et qui récuse Marine Le Pen au nom
d’une compétence mesurée entre autres par sa compatibilité avec l’euro-libéra-
lisme. C’est cette bourgeoisie hostile au FN pour des motifs économiques et non
pour des mobiles égalitaires que le positionnement de fusion des droites est par-
venu à intégrer à l’assiette du vote Aliot.
Tableau 4. Le vote au second tour par types de quartier
Nombre de Nombre de
Moyenne Moyenne
bureaux de bureaux de
vote où Aliot du vote Aliot vote où Pujol du vote Pujol
est majoritaire (en %) est majoritaire (en %)
Quartiers en périphérie d’habitat social 10 57,34 12 58,1

Quartiers en périphérie de copropriétés dégradées 1 59,74 2 64,99

Quartiers pavillonnaire dominant 14 58,63 1 52,05

Quartiers CSP + 6 59,6 4 54,64

Quartiers copropriétés dominantes 5 54,19 3 53,16

Quartiers centre-ville 3 56,56

Quartier avec habitat social 1 61,65

Autres quartiers 10 53,53

Quartiers uniquement en copropriétés (Moulin à vent) 4 60,97

Total 54 22
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De même, les quartiers pavillonnaires des classes moyennes situés en périphérie
Sud (Catalyuna, Porte d’Espagne), Sud-Est (Las Cobas, Sant Vicens) et Nord de
la ville ont largement voté Aliot (58,63 %) avec des taux élevés dans certains sec-
teur résidentiels (Catalaluya : 66,21 %). Par ailleurs, les quartiers résidentiels mixtes
(logements pavillonnaires et collectifs) situés à proximité des grandes cités d’habitat
social (Haut Vernet, Saint Assiscle, Champ de Mars) et des copropriétés dégradées
(Baléares rois de Majorque) constituent un bloc décisif du vote Aliot (11 bureaux
de vote et 57,74 % pour Aliot). Ce vote, loin d’être surprenant, confirme ce qui a
été constaté dans d’autres villes. Toutefois, il prend ici une dimension singulière eu
égard à la surreprésentation des logements sociaux à Perpignan et à leur concentra-
tion dans quelques quartiers (environ 80% du parc perpignanais se situe au Nord
de la ville). Enfin, le vote du Moulin à Vent, quartier constitué de copropriétés, est
notable (60,97 %). Ce vaste quartier d’habitat collectif en tours et en barres de plus
de 11 000 habitants (localisé au Sud de la ville et construit dans les années 1960)
est un secteur stratégique et symbolique à plus d’un titre. Ancien bastion électoral
de l’alduysme et accueillant historiquement des classes moyennes pour partie pieds-
noires, il est marqué depuis près de 10 ans par un important renouvellement social

103
Pôle Sud 54
et résidentiel. L’arrivée de populations modestes, souvent issues de l’immigration
maghrébine et des démolitions des cités d’habitat social du Vernet, donne lieu à un
discours sur le décrochage de ce quartier, ancien pivot de l’électorat de droite. La
dégradation d’une partie du quartier, le remplacement des copropriétaires âgés par
des locataires modestes issus des logements sociaux des quartiers nord, et une insé-
curité en hausse participent d’un net repli sur le vote Aliot déjà à l’œuvre en 2014.
Figure 5 : Le vote Aliot au second tour (2020)
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En définitive, le vote Aliot de 2020 se territorialise dans une triple périphérie
résidentielle (fig.5) : celle des quartiers aisés, des classes moyennes pavillonnaires
et des classes moyennes inquiètes du voisinage de cités HLM dites sensibles.
Ce vote d’une triple périphérie résidentielle ne s’est donc pas construit dans les
quartiers populaires par conséquence du rejet direct d’une société multiculturelle
locale mais davantage au travers de motivations prégnantes dans la rhétorique du
RN. Les habitants des quartiers pavillonnaires jugent ainsi les populations des
quartiers populaires comme responsables de l’insécurité, de l’assistanat, du gaspil-
lage financier des ressources publiques (la fiscalité locale est un leitmotiv de l’élec-
torat de ces quartiers), du chômage, ou encore de la mauvaise qualité supposée
des établissements scolaires de la ville (6 collèges sur 8 classés en REP et REP + ;
45% des élèves du secondaire sont scolarisés dans le privé). Ressort du vote de ces
quartiers, la peur du déclassement et du déclin qui a trouvé un écho chez Louis
Aliot évoquant « une ville en ultra périphérisation des grands axes nationaux et

104
Pôle Sud 54
européens et laissée à l’abandon »9. Le thème participe aussi de l’engagement de
la bourgeoisie de l’Est, nécessitant un candidat paraissant apte à déployer un élan
capable de défendre leurs intérêts, notamment fiscaux et résidentiels. Autour de
ces périphéries pavillonnaires aux profils divers, se construit un bloc électoral qui
prend valeur de fusion des droites. En retour, l’épuisement du système clientéliste
des quartiers populaires centraux (Saint Jacques pour le vote gitan) et du Sud de
la ville (Moulin à vent pour le vote pied-noir) qui ont longtemps joué en faveur
des équipes sortantes de la droite municipale, empêche la sur-mobilisation de ces
quartiers d’opérer en faveur de Jean-Marc Pujol.
Ce conglomérat a pu constituer une majorité malgré l’abstention due à la pandé-
mie de covid-19. On peut même suggérer que la liste de Louis Aliot a souffert d’une
abstention différenciée à son égard. En effet, l’électorat perpignanais se compose
pour moitié de personnes nées dans le département, pour l’autre d’électeurs nés
ailleurs. Or, leurs votes sont foncièrement divergents. À l’élection présidentielle de
2017, les bureaux de vote comptant plus de 60 % de « natifs » ont voté à 30 % pour
Marine Le Pen, et presque autant pour Jean-Luc Mélenchon, contre 11 % pour
François Fillon. À rebours, les bureaux à plus de 60 % composés d’électeurs « al-
lochtones », tel que le Mass Llaro, ont voté à 23 % pour François Fillon, devançant
Marine Le Pen. Aux européennes, cet électorat filloniste des quartiers bourgeois
a soutenu LREM, amenant à un profond dualisme : les bureaux à plus de 60 %
d’électeurs « autochtones » votant à 37,3 % RN et 12,3 % LREM, tandis que ceux
à plus de 60 % « allochtones » votaient à 26,9 % RN et 24,3 % LREM (Fourquet
et alii, 2020). Or si on classe les résultats des municipales selon le taux d’allochtones
dans les bureaux de vote de nombreuses leçons apparaissent (figures 6 et 7).
Figure 6 : Participation et vote Aliot au premier tour selon le taux d'allochtones
dans les bureaux de votes
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9. In interview France Bleue Roussillon du 6/03/20 : https://www.francebleu.fr/infos/elections/vi-


deo-moi-maire-de-perpignan-les-propositions-du-candidat-louis-aliot-1583502063

105
Pôle Sud 54
Figure 7. Participation et vote Aliot selon le taux d'allochtones dans les bureaux
de vote

La liste Aliot a d’abord souffert au premier tour d’une démobilisation de l’élec-


torat natif qui lui est favorable : la pandémie n’a pas gonflé le score comme vou-
laient se rassurer certains, au contraire elle l’a amenuisé. Mais si le redressement
de la participation des natifs au second tour a certes permis à Louis Aliot de
récupérer des stocks de voix, une partie de l’électorat libéral conservateur issu de
la métropole s’est plus amplement porté sur lui qu’antérieurement. Il y a bien eu
à Perpignan une fusion des droites tant idéologiquement que sociologiquement,
et électoralement.
A contrario, les quartiers comportant d’importantes proportions de minorités
ethniques sont aussi ceux comportant le moins grand nombre d’allochtones. Le
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système clientéliste, mis en place par Paul Alduy dans les années 1950 et fondé sur
le vote de groupes ethnique enchâssés dans des quartiers de la ville, s’est délité au
tournant des années 2000 – les émeutes de 2005 marquant de façon violente son
arrêt (Giband, 2006). Si l’on regarde de près le vote gitan, celui-ci se caractérise
surtout par sa volatilité au gré des promesses des candidats et fait plus figure de
mythe que de réalité opérationnelle et payante de la vie politique locale. Dans le
quartier Saint Jacques, principale zone de population gitane, le bureau de vote
803 place certes Louis Aliot en tête au second tour (55,22%) mais avec un taux
d’abstention de 71% pour un quartier qui avait au premier tour voté pour LREM
à 47,39%, et alors placé Louis Aliot en troisième position (14,69%). La leçon
majeure à en tirer est donc moins que « les Gitans votent RN », mais que les
zones historiques de soutien de la mairie alduyste (Moulin à Vent, Saint Jacques)
se sont désaffiliées. Le vote ethnique a surtout fonctionné au profit de Jean-Marc
Pujol dans les quartiers d’habitat social du Vernet où la peur du candidat RN
avait dressé un mur contre lui en 2014. Le phénomène est particulièrement patent
dans les cités d’habitat social du Vernet comme la cité Clodion Torcatis (79,55%),

106
Pôle Sud 54
celles du Champ de Mars (69,72%), les copropriétés dégradées de Baléares-Rois
de Majorque (65%) mais aussi dans des quartiers péricentraux qui ont bénéficié
des effets de la politique de renouvellement urbain (le quartier de la place de
Belgique par exemple avec 52% alors qu’y vivent plusieurs membres de la liste
Aliot et d’autres encartés). En définitive, ce sont les quartiers de la géographie
prioritaire de la politique de la ville qui ont le plus bénéficié des investissements
des PNRU successifs – ceux-ci marquant la réalité de l’action politique dans le
cadre quotidien.

CONCLUSION : TRANSFORMER L’ESSAI ?


Si Louis Aliot a gagné, c’est qu’il a été perçu comme capable d’assurer l’équi-
libre entre une politique sécuritaire et une politique conservatrice sur le plan cultu-
rel mais libérale en matière économique et fiscale. Il a pu incarner une rupture ras-
surante. Ces élections témoignent non d’une union mais d’une fusion des droites
qui est tout à la fois idéologique, politique et sociale. Si la liste « sans-étiquette » de
2014 était un peu une stratigraphie cachée des extrêmes droites (on relevait parmi
les socio-professionnels non-FN un ancien d’Ordre Nouveau, un autre du Groupe
Union Défense, etc.), celle de 2020 est parvenue à se constituer avec des ralliements
significatifs. Louis Aliot a tourné le dos à la ligne « ni droite, ni gauche » pour agré-
ger un électorat s’étirant du centre-droit libéral à la base lepéniste en passant par la
droite bourgeoise et conservatrice ou encore les souverainistes.
La ville prise, qu’en faire ? Le premier défi était celui de la prise de contrôle
de la communauté urbaine. La communauté d’agglomération de Perpignan a été
créée en 2001, et intègre désormais 36 communes ; elle n’avait connu que deux
présidents : Jean-Paul Alduy et Jean-Marc Pujol. Il s’agit de la troisième plus grande
unité urbaine de la région Occitanie, derrière celles de Toulouse et de Montpel-
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lier, et devant celle de Nîmes. On trouve dans la couronne de petites communes
nombre de membres des classes moyennes et aisées qui ont fait sécession de Perpi-
gnan. Elle totalise 268 005 habitants en 2017. Candidat à la présidence de « Per-
pignan Méditerranée Métropole », le nouveau maire a été battu assez nettement,
n’imposant aucun ralliement à des élus majoritairement membres des Républi-
cains. C’est l’un d’entre eux, Robert Vila, maire de Saint-Estève (11 884 habitants),
qui a été élu président de la communauté urbaine début juillet 2020, en s’alliant
à un de ses concurrents du premier tour, le maire du Barcarès (5 915 habitants),
Alain Ferrand10. La victoire du RN a ainsi mené la ville-centre de la communauté,
représentant 45 % de sa population à elle-seule, à être rejetée à la périphérie poli-
tique, dans une paradoxale application de la dé-métropolisation prônée par Marine
Le Pen.
10. Depuis 1995 réélus dès le premier tour, Alain et Joëlle Ferrand sont alternativement maires de
leur ville, lorsque l’autre est inéligible. Aux municipales de 2020, le Barcarès a connu une situation
inédite puisque les deux époux étaient éligibles et se sont affrontées devant les électeurs. Premier
vice-président de la communauté urbaine de Perpignan en 2020 (qui, il est vrai a compté jusqu'à
42 vice-présidents), Alain Ferrand a été mis en examen 2021 pour "extorsion en bande organisée,
concussion et complicité de destruction de preuves".

107
Pôle Sud 54
En l’état, la coalition réalisée semble s’orienter vers un retour en modestie d’une
agglomération sans grand projet structurant, et à une gestion commune des affaires
courantes. Louis Aliot peut peser, dossier après dossier, puisqu’il dispose de 31
représentants communautaires sur les 88 conseillers. Au sein du conseil, plusieurs
élus de droite nous ont dit lors d’entretiens trouver dans leur adversaire politique
« un homme normal, avec qui il est facile de travailler », comme un écho de Jean-
Paul Alduy décrivant l’opposant au conseil municipal qu’il avait eu face à lui en
2008 : « quand Aliot prend la parole en conseil municipal, il est lisse. Il n'intervient
que sur des sujets où il peut marquer sa différence de manière très positive. Il n'est
pas dans une stratégie d'affrontement » (Lebourg et Beauregard, 2012).
Cet épisode a été suivi par l’embauche comme directeur de cabinet de Sté-
phane Babey, jusque-là membre de celui de la présidente PS du département, mais
antérieurement collaborateur de Jean-Paul Alduy. La dynamique Aliot cherche
donc à encore déstabiliser le biotope politique départemental, non sans piocher
des appuis dans l’alduysme tant décrié. Cette ouverture permet au nouveau maire
de balayer l’ensemble du spectre politique : dans les premières mesures prises par
la municipalité se trouve l’établissement d’un « permis de louer » (loi Alur), me-
sure qui, lors du scrutin, n’avait été défendue que par la liste de la gauche radicale.
La question sécuritaire est particulièrement investie : dès les premières semaines
de son mandat, deux postes de police ont été ouverts, deux brigades de nuit ont
été créées, 27 nouveaux agents ont été embauchés en 2021 et deux nouveaux
postes doivent être établis11.
Le fait que le département et la région soient tenus actuellement par la gauche
est une opportunité pour le maire de Perpignan d’approfondir sa fusion des
droites – malgré une vraie difficulté pratique sur l’essentiel des projets structu-
rants tels que la ligne LGV attendue depuis des décennies. Dans la perspective
des départementales, l’ancien président du tribunal de commerce de Perpignan,
numéro trois de la liste LREM qui avait choisi de soutenir Louis Aliot pour le se-
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cond tour, a lancé en janvier 2021 le Mouvement Démocratie Locale dans l’espoir
de continuer la pénétration des secteurs fragilisés de la droite. À l’échelle macro-
régionale enfin, se dessine la perspective d’un arc frontiste qui part de Perpignan
et rejoint Orange et la basse vallée du Rhône reliant un chapelet de villes petites
et moyennes tenues par des offres politiques qui, ailleurs, demeurent largement
extérieures aux exécutifs. À l’échelle partisane, la ligne interclassiste qui a gagné
à Perpignan devrait préoccuper le RN une fois qu’il fera le bilan de la campagne
présidentielle de 2022.

11. Ville de Perpignan, « Rapport d’orientation budgétaire 2021 », 4 février 2021, pp. 30-33.

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