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Chapitre 2.

Le contrat de société et
l’immatriculation

Introduction
I. Éléments constitutifs du contrat de société
A. Des associés
B. Des apports
C. Une participation au résultat
D. L’affectio societatis

II. L’acquisition de la personnalité morale grâce à l'immatriculation


A. Les attributs de la personne morale
B. Processus administratif aboutissant à l’acquisition de la personnalité morale
C. La société en formation et la reprise des engagements

Introduction

Le contrat de société porte le nom de statuts.


Il est rédigé par les associés fondateurs de la société. Il est
nécessairement écrit sous seing privé (signature privée) ou acte
authentique (notaire) (l’acte authentique est obligatoire en cas d'apport
d'un immeuble). La signature des associés matérialise leur engagement
à participer à la société et vaut constitution de la société.

Les statuts précisent les données essentielles de la société :


– la forme juridique
– la durée (jamais supérieure à 99 ans, mais renouvelable)
– la dénomination sociale pour une société commerciale ou raison
sociale pour une société civile
– le siège social ( l ieu où se trouvent les organes de direction).
– l'objet social : l’activité
– le montant du capital social
– les apports de chaque associé et la répartition des titres
– le fonctionnement de la société


Les statuts peuvent comprendre des annexes tels le rapport du commissaire
aux apports, l’état des engagements

I.Éléments constitutifs du contrat de société


Pour créer une société, il faut des associés, qui effectuent des apports,
partagent le résultat et sont liés par un affectio societatis.
A. Des associés
Personnes physiques ou morales :
– qui ont la volonté de s'associer (affectio societatis)
– qui font un apport
– qui participent aux bénéfices (ou aux économies) et aux pertes

1) Nombre
Il est libre sauf
100 au maximum dans une SARL,
4 au minimum dans une SCA,
7 dans las SA cotées

2) Capacité
a-La capacité civile (c’est-à-dire l’aptitude à être sujet de droit est
requise pour être associé dans toute société)

Peuvent être associés


- Les mineurs non émancipés mais représentés par leur représentant légal
- les mineurs émancipés sans avoir besoin de représentation légale
Les majeurs sous curatelle assistés de leurs curateurs
les majeurs sous tutelle représentés par leurs tuteurs
les majeur sous sauvegarde de justice n’a pas besoin
d’autorisation particulière.
Remarque : la personne ayant fait l'objet d'une condamnation pourra être
associée sans formalité (sans pouvoir forcément être dirigeante).
b-Les SNC et les SCA (société en commandite par action) requièrent
en plus la capacité commerciale, car les associés acquièrent le statut
de commerçant. La capacité commerciale nécessite que l’associé
jouisse d’une certaine indépendance. Ainsi, ne peuvent pas être
associés dans ce type de société :
– Le mineur non émancipé
– Le majeur sous tutelle ou curatelle
– Les professions incompatibles telles les professions libérales
réglementées (expert-comptable , architectes, avocats, CAC),
les fonctionnaires, les officiers ministériels, les
parlementaires, …)
– Les personnes ayant l'interdiction d'exercer le commerce du
fait d’une peine complémentaire à une condamnation pénale
Mais le mineur émancipé ayant l'autorisation du juge du tutelle ou
du président du tribunal judiciaire à exercer des actes de commerce
ainsi que le majeur sous sauvegarde de justice le peuvent

B. Des apports
1) Trois types d’apport possibles
Un apport est le transfert de la propriété ou de la jouissance de biens
(disposition temporaire) ou d'industrie (force de travail et réseau) par les
associés à la société ; en contrepartie ils reçoivent des titres sociaux
(droits sociaux pour les SA, SAS et SARL) et actions dans le cas des
SAS et SAS.
Apport
Apport en
d’un bien
Apport Apport en nature
industrie
en
Numér
aire
Apport d’Argent : Apport d’un bien susceptible Mise à disposition, par
un
chèque, billet, d’une évaluation pécuniaire associé, de ses
connaissances
virement - bien meuble corporel techniques, son travail,
(tangible) : matériel, ses
services, son réseau de
marchandises, relations
fourgonnette
- bien meuble incorporel : Il est interdit dans les SA
ou pour les
actions, fonds de commerce, associés commanditaires
brevet de SCA
- bien immeuble : ne peut
être déplacé : terrain,
bâtiment
Il est autorisé quelle que soit la
forme juridique

Le capital social est le gage des créanciers ; à la dissolution de la


société, il correspond à la dette de la société à rembourser aux
associés. Il est à noter que les créanciers sont remboursés, parfois au
détriment des associés, qui risquent de perdre leurs apports, que la
société soit à risque limitée ou non, si les ressources ne permettent pas
le remboursement du capital à la liquidation. Le capital social
représente la clé de répartition du pouvoir entre les associés : c’est ce
qu’on appelle la fonction politique de l’associé.
Le capital est librement fixé dans les statuts car il n’existe plus de
capital minimum dans les sociétés sauf dans le cas de la SA (37000 €)

2) Régime juridique des apports

L’apport doit être réel, non fictif (ex : un associé apporte un bien dont
il n’est pas propriétaire, un brevet périmé), sous peine d’être annulé.
L’absence d’apport ou des apports fictifs entraine la nullité du contrat
de société (art 1844-10 du code civil)

L’apport est obligatoire même dans les sociétés sans capital


minimum. Les associés ont l’obligation de souscrire intégralement
au capital lors de la signature des statuts. Cela signifie qu’ils
s’engagent à effectuer l’apport.

Puis vient la libération de l’apport, qui n’est qu’un simple différé de


règlement des apports en numéraire.
Ainsi, dans une SARL, l’apport en numéraire doit être libéré d'au
moins 1/5 à la souscription, le reste dans les 5 ans suivant
l'immatriculation au RCS. Dans les SA et SAS, le minimum est ½.
Dans les SNC et sociétés civiles, la loi n’impose pas de délai. Le dépôt
des apports s'effectue le plus souvent dans une banque ou à la caisse
des dépôts et consignations ou chez un notaire. Les fonds pourront
être utilisés après l'immatriculation de la société (pour être utilisés sur
le compte courant associés. Ce dernier se lit comme un prêt des
associés à la société. Les associés ont donc une créance sur la société).
Remarque : si la libération du capital constitue un différé de paiement utiles à
certains associés qui n’ont pas les moyens de payer intégralement, il est
préférable que cette libération soit faite à la clôture si la société souhaite
juridiquement bénéficier de la possibilité de distribuer des dividendes et
fiscalement bénéficier du taux réduit de l’impôt sur les sociétés (15%)

3) Remarques sur l’apport en nature

Si l'apport est en pleine propriété, la société devient propriétaire des


biens apportés par l'associé le jour où la société est immatriculée au
RCS (car pour détenir un patrimoine, il lui faut la personnalité
morale). L'opération est assimilée à une vente. Des formalités de
publicité peuvent être nécessaires : l’apport d'un immeuble doit faire
l'objet d'un acte notarié et d'une publicité au bureau des hypothèques ;
l'apport de droit de propriété industrielle (brevet, marque) doit être
enregistré à l'INPI.
Ex : une société aura le droit d'exploiter un brevet, de céder des
licences voire de vendre le brevet

Si l'apport est un bien en usufruit, l'associé ou un tiers conserve la


propriété du bien (nue- propriété - abusus), et il est apporté à la société
l'usus : le droit de l'utiliser et le fructus : le droit d'en percevoir les
fruits, c'est-à-dire les revenus qu'il procure, pour une durée
déterminée. Ex : une société aura le droit d'exploiter un brevet et de
céder des licences (louer)

Si l’apport est en nue-propriété : les apporteurs transfèrent le droit de


propriété des biens à la société. L’associé ou un tiers conserve l’usus
et le fructus y afférents. La société n’a ni le droit d’utiliser ces biens ni
de percevoir les bénéfices qu’ils procurent.
Ex : Transfert de la propriété du brevet, mais droit d’exploiter et de
céder des licences réservé à l’associé
Que l’apport soit en pleine propriété, en nue-propriété ou en usufruit,
dans tous les cas, l’apporteur reçoit la pleine propriété de ses titres
sociaux. Seul le nu propriétaire est associé
L’usufruitier n’a pas la qualité d’associé et n’a droit qu’aux
dividendes

Si l'apport est en jouissance, les biens sont mis à disposition de la société durant
une durée limitée. Aucun transfert de propriété n'est effectué et la société n'a pas à
supporter les risques inhérents à la détention du bien.

En cas d'apport en jouissance, il y a seulement apport du droit de jouissance du bien (l'usus) alors
qu'un apport en usufruit permet également à la société de jouir du bien mais également de profiter des
revenus de la chose (fructus).

Évaluation des apports en nature


En principe, les associés déterminent librement la valeur des apports
en nature. Mais, il y a toujours un risque de surévaluation, raison pour
laquelle la loi oblige au recours à un Commissaire aux Apports pour
certaines sociétés et certains seuils :
 SA, SCA : CAA obligatoire (car peu d’intuitu personae et responsabilité
limitée) quel que soit le montant apporté
 SARL et SAS : CAA obligatoire mais les associés peuvent
décider à l'unanimité de ne pas recourir à un CAA si la
valeur d'aucun apport en nature ne dépasse 30 000 euros et
si la valeur totale des apports en nature n'excède pas la
moitié du capital social
Les associés ne sont pas liés par l'évaluation du CAA quand elle est
obligatoire, mais ils en sont responsables s'ils en choisissent, à
l'unanimité, une autre, plus élevée. Ils engagent notamment leur
responsabilité pénale pour délit de majoration frauduleuse des apports
en nature et éventuellement leur responsabilité civile pour les
dommages causés aux tiers.

Le CAA est nommé à l'unanimité des futurs associés ou à défaut par


le président du tribunal de commerce, à la demande du futur associé le
plus diligent.

Le rapport du CAA comprend la description des biens apportés, le


mode d’évaluation et l’affirmation de la correspondance entre la valeur
des titres à émettre et celle des apports. Le rapport sera annexé aux
statuts.
Dans les sociétés de personnes et les sociétés civiles, l'évaluation par un
CAA est facultative du fait de la responsabilité illimitée des associés.
4) L’apport en industrie
Il est rare car sa contrepartie est discutable ; on lui préfère le contrat de
de travail

Il doit être prévu dans les statuts


Il n’entre pas dans le calcul du montant du capital social, car sa valeur
est in saisissable.

Toutefois, l'apporteur bénéficie d'un droit de vote, d’un droit


d’information et reçoit des parts d'industrie qui donnent droit au
partage des bénéfices et obligent à contribuer aux pertes. Cette
répartition est sauf clause contraire, égale à celle de l'associé qui a le
moins apporté en numéraire ou en nature.

L’apport en industrie est lié à la personne qui apporte ses compétences.


Si l’associé se retire de la société, l’apport disparaît avec lui. Il n’y aura
pas droit au remboursement de l’apport en cas de dissolution. Ses parts
sont intransmissibles et incessibles.

Il est interdit dans les SA, SCA pour les associés commanditaires

La clause de variabilité du capital

Le capital présente deux caractères :


 La fixité. Son montant ne peut varier que sur décision des associés (sauf
hypothèse
d’une clause statutaire de variabilité du capital).
 L’intangibilité. Il est impossible aux associés de distribuer le capital.
Par exception au principe de fixité (nécessité d’un changement statutaire) et
d’intangibilité du capital (remboursement interdit), une société peut être
constituée avec un capital variable, c’est-à-dire susceptible d’augmenter ou de
diminuer constamment soit au moyen de versements effectués par les associés
présents ou par de nouveaux associés, soit par des reprises d’apports résultant du
retrait d’associés.

La clause de variation du capital doit comporter :


 un plafond au-delà duquel aucune variation libre ne peut intervenir ;
 un plancher en dessous duquel le capital ne peut être réduit.

Dans une SARL, le capital plancher ne peut être inférieur au dixième du capital
plafond.
La variabilité du capital est impossible dans une SA.

5) L’influence du régime matrimonial de l’associé sur le contrat de société : le


cas particulier de l’apport d’un bien commun par une personne mariée ou
pacsée
Une personne mariée ou pacsée est libre de devenir associé, dans n'importe quelle société
mais du fait des conséquences sur la patrimoine familial, l'apport est réglementé.
On distingue le bien propre : propriété d’une personne, acquis avant le mariage/pacs ou
provenant d’une succession, donation, ou biens personnels ; du bien commun : propriété des
deux époux/pacsés.

 Séparation de biens
Lorsque les époux ont fait un contrat de mariage (séparation de biens), chaque époux est
libre de disposer de ses biens comme il l’entend et d’en faire un apport en société. Il n’y a en
effet pas de biens communs.

Limite : art 215 du code civil : si le bien propre concerné par l’apport est le logement de famille
et ses meubles : l'accord du conjoint est requis

En cas de divorce, le conjoint de l’associé n’aura aucun droit relatif à la société.
 Communauté

Lorsque les époux sont mariés sous le régime de la communauté légale réduite aux acquêts1 :

 Les biens propres peuvent être apportés librement


 Dans les sociétés par actions : l’apport d’un bien commun est libre
 Dans les sociétés émettant des parts sociales (SNC, SCS, SARL, société civile),
l’apport en bien commun nécessite d’informer le conjoint ; Ce dernier pourra :

1
Les acquêts sont des biens acquis pendant le mariage par l'un des époux, qui deviennent communs, indivis.
Les biens communs sont limités à ceux acquis pendant le mariage.
o Renoncer à sa qualité d’associé. Il ne participe pas à la vie sociale mais il
touchera des dividendes (part des bénéfices) et le boni de liquidation, qui entreront
dans la communauté.
o Notifier son intention d’être co associé, pour la moitié des parts remises en
contrepartie de l'apport. Si la revendication est concomitante à l'apport, il devient
automatiquement associé. Si elle est postérieure à l'apport, il peut y avoir une
clause d'agrément, sans que l'autre époux ne puisse participer au vote. En cas de
refus, l'époux conserve son droit au boni et aux dividendes.

 Dans toutes les sociétés, l’apport du logement de famille et ses meubles, d’un
immeuble ou un fonds de commerce requiert l'accord du conjoint
 A défaut d'être averti ou d’avoir autorisé l’apport, le conjoint peut demander
l’annulation de l’apport dans les 2 ans de la découverte de l’apport ou de la dissolution
de la communauté.
 En cas de divorce : la communauté est dissoute. Dans une société par actions, le
conjoint obtiendra la moitié des actions ou la moitié de leur valeur. Dans une société de
personnes, le conjoint obtiendra la moitié de la valeur des parts, mais pas la moitié des
parts du fait du fort intuitu personae de ces sociétés.

 PACS

Pour PACS avant le 31/12/2006 Pour PACS conclus à compter du


1/1/2007
==> Régime de l’indivision, régime
presque équivalent à la communauté ===> régime équivalent à la séparation
légale réduite aux acquêts de biens, par défaut (possibilité
de choisir CLRA)
Attention ! Les pacsés n’ont aucun droit sur le logement familial bien propre de
l’autre conjoint
L'apport en bien propre est libre L'apport en bien propre est libre. En
Les biens acquis après le PACS sont cas de dissolution du PACS, le
conjoint n’aura pas de droit particulier.
présumés indivis/communs et leur
apport nécessitent l’accord préalable
du partenaire. En cas de dissolution du
PACS, le conjoint pourra prétendre à la
moitié de la valeur des titres.

C La participation aux résultats


Les associés s'engagent à partager le bénéfice réalisé ou à profiter de l’économie réalisée (le
fait d'éviter des dépenses : secrétariat en commun) mais aussi à contribuer aux pertes liées à
l’activité déficitaire.
La participation au résultat intervient au moment de l’approbation des comptes, au maximum
6 mois après la clôture des comptes (sauf société civile, pas de délai)
1) Le partage des bénéfices ou la réalisation d'économies
Le bénéfice correspond au résultat comptable positif de l'activité.
A la fin de chaque exercice, les associés se réunissent en AG et décident par un vote
l’affectation du résultat de la société. Il peut être mis en réserve (obligation légale et
statutaire), reporté ou réparti entre les associés.

La part du bénéfice qui est distribuée s'appelle dividende.


NB. Dans les SARL et sociétés par actions, les associés sont tenus de doter une partie du
bénéfice en réserve légale, à hauteur de 5% du bénéfice net réalisé et dans la limite de 10% du
montant du capital social.

L'économie : les sociétés peuvent avoir pour objet de permettre à leurs membres d’éviter ou
de réduire les dépenses. Ex : en créant une société civile de moyens, trois médecins
regroupent sur un seul lieu : la salle d’attente, l’accueil des patients, parfois des équipements
communs. Ils créent une société dont l’objectif est la recherche d’économie.
La répartition du bénéfice ou de l’économie est généralement proportionnelle à la part de
capital social, c'est à dire aux apports des associés. Mais les statuts peuvent prévoir une autre
répartition plus inégalitaire
Toutefois, il est interdit d'inscrire une clause léonine dans les statuts. Cette clause attribue la
totalité des bénéfices à un associé ou le prive des bénéfices. Cette clause est réputée non écrite
: on fait comme si elle n'est pas écrite dans les statuts. Mais elle n'entraîne pas la nullité du
contrat.

2) La contribution aux pertes


Quote-part qui incombe à chaque associé dans le montant des pertes sociales au moment
de la dissolution.
A la clôture de l’exercice, un déficit peut apparaître.
ex : les ventes ont moins rapporté que le paiement des salaires ou l'approvisionnement
en marchandises
Les pertes feront l’objet d’un report à nouveau au passif du bilan et peuvent
s’accumuler d’une année sur l’autre.
Elles ne seront partagées par les associés que lorsque la société prendra fin et qu’il
faudra liquider la société. En cours de vie de la société, les pertes n'ont pas de
conséquence sur le portefeuille des associés2
La quote-part des pertes incombant à chaque associé est calculée en proportion de son
apport, sauf clause contraire ; et dans la limite de l’apport si la responsabilité est limitée.

Est léonine la clause qui fait supporter le poids de la perte à un seul associé ou qui
exclue totalement un associé de la contribution.
Attention, à la liquidation, après avoir payé les créanciers sociaux, si l'actif est
insuffisant, les associés risquent de perdre leur apport si la responsabilité est limitée.
Dans les sociétés à responsabilité illimitée, la contribution aux pertes se combine avec
l'obligation aux dettes : les associés pourront être poursuivis au-delà de leur apport,
jusqu'à la ruine.
2sauf clause de contribution anticipée ou dans les SARL et SA en cas de perte de la
moitié du capital social

3) Distinguer contribution au résultat et obligation au passif (dettes sociales)

Dettes : obligations contractées par la société à l'égard des tiers


ex : des fournisseurs impayés, crédit non remboursé, import ou déclaration URSSAF non
honorés
Une société peut avoir des pertes (être déficitaire) mais avoir payé tous ses créanciers et ne
pas avoir de dettes.
En cas de dettes, c'est d'abord à la société de payer. Le créancier la met en demeure de payer.
Ce n'est que si la société fait défaut, que par une action subsidiaire, le créancier peut mettre
en demeure les associés de payer. Il les poursuivra sur leur patrimoine personnel si la
responsabilité est illimitée. Un associé peut être amené à payer pour tous les autres, quitte à
mener une action récursoire pour se faire ensuite rembourser par les autres associés, si la
responsabilité est solidaire. Si la responsabilité est conjointe, il ne paiera qu'en proportion de
ses apports (même principe que paiement des pertes dans une société à risque illimité).
La contribution aux dettes n'est pas modulable dans les statuts car c'est la responsabilité de la
société en premier lieu.

Contribution aux Obligations aux dettes


pertes
Définition
Personne visée
Moment du
paiement
Modalit
é de
paieme
nt
Risque sur
le patrimoine
personnel
Remarque : Un juge peut prononcer la nullité du contrat, en cas de défaut dans la formation
d'un contrat. Cela entraîne alors l’annulation du contrat de société, c’est à dire la dissolution
puis la liquidation de la société, mais sans effet rétroactif, pour protéger les tiers de bonne foi.
L'action en nullité se prescrit par 3 ans. Le législateur et le juge permettent la régularisation de
la cause de nullité afin d’éviter l’annulation du contrat de société.

II. L’acquisition de la personnalité morale grâce à l’immatriculation


Une fois les statuts signés et donc la société constituée, il est nécessaire de procéder à son
immatriculation afin qu’elle puisse acquérir la personnalité morale.

A. Les attributs de la personne morale


L’acquisition de la personnalité morale par la société, à la date de son immatriculation au RCS
lui confère certains attributs : nom, siège social, patrimoine, durée, capacité (d’ester en justice)
1. Remarques sur le Patrimoine
Le patrimoine social correspond à l’ensemble des droits (actif) et obligations (passif) d’une
société. C’est le bilan comptable qui va représenter la situation patrimoniale de la société à
une date donnée.
L'actif social se compose à la constitution de la société des biens apportés par les associés. Il
va s'accroître en cours du fonctionnement de la société par ses acquisitions (matériels,
marchandises, immeubles...) et les paiements effectués par la clientèle.
Le passif social, à la constitution de la société, comprend le capital social : la remise des
titres confère à l'associé un droit de créance sur la société du fait de son apport. Au cours de
son fonctionnement, la société va peut-être s'endetter (emprunts auprès d'une banque), son
passif va donc s'accroître.
2. Remarques sur la capacité juridique
La société a une capacité de jouissance : c'est à dire qu'elle est apte à être titulaire de droits et
d'obligations. Par exemple, elle est titulaire de droits réels, si elle est propriétaire des biens
apportés. Elle est également titulaire de droits personnels3 vis à vis de sa clientèle car en tant
que créancière, elle exige d'eux le paiement des biens ou services fournis.

Toutefois, elle n'a pas réellement de capacité d'exercice, c'est à dire d'aptitude à mettre en
œuvre ses droits et ses obligations. La société est nécessairement représentée pour exercer
ses droits et obligations, par une (ou plusieurs) personne(s) physique(s) : son (ou ses)
représentant(s) légaux. Les associés leur donnent le pouvoir de diriger pour le compte de la
société et en son nom.

B.Processus administratif aboutissant à l’acquisition de la personnalité morale


Trois formalités de publicité sont à accomplir pour acquérir la personnalité morale : JAL,
RCS, BODACC.

1. Insertion d'un avis de constitution de société dans un Journal d'Annonces


Légales
Une fois les statuts signés, la société est constituée. Un avis de constitution doit être inséré
dans un JAL du département du siège social (c’est un quotidien, par ex : La nouvelle
République), par le représentant légal. Il n’y a pas de délai mais la rapidité permettra
d’accélérer l’immatriculation de la société. L'avis doit contenir les principaux éléments
d'identification de la société, l'identité des associés si la responsabilité est illimitée et l'identité
des dirigeants

3
Un droit réel est un pouvoir direct et immédiat sur une chose. Un droit personnel est le droit
qu’a une personne (créancier) d’exiger d’une autre personne (débiteur) quelque chose.
2. Demande d'immatriculation au RCS
Un dossier de demande d'immatriculation (Mo) est constitué et déposé
soit directement au greffe du TC, soit auprès du CFE (centre de
formalités des entreprises) qui va prendre en charge la suite des
démarches administratives : transmission au greffe du tribunal de
commerce et à l'ensemble des administrations concernées (URSAFF,
Impôts, INSEE).
Aucun délai n'est exigé pour le dépôt des documents. A la réception
du dossier, le greffe vérifie la régularité de la constitution de la
société. Il procède ensuite à l’immatriculation au RCS de la société
dans le délai franc d’un jour ouvrable à dater de la réception de la
demande. Il remet alors l’extrait KBIS au représentant légal,
(extrait de naissance de la société) qui justifie l’immatriculation de
la société au RCS et lui confère la personnalité morale.
Le RCS affecte un numéro d’immatriculation (donné par l'INSEE) qui
doit figurer sur les factures, les commandes, les tarifs, la
documentation publicitaire et la correspondance ; à défaut, une
amende peut être prononcée (maximum 750 euros)

3. Insertion au BODACC
Dans les 8 jours qui suivent l’immatriculation, le greffier doit faire
paraître une insertion au bulletin officiel des annonces civiles et
commerciales (BODACC) contenant les caractéristiques de la société
C. La société en formation et la reprise des engagements
1. Définition
Un certain délai s'écoule entre le moment où les associés ont constitué
la société (signature des statuts), décident de l’immatriculer et le
moment où elle est immatriculée. Pendant cette période, la société est
dite en formation. Elle n'a pas encore la personnalité morale.
Pendant cette période, des actes préparatoires, permettant le
commencement de l’exploitation peuvent tout de même être conclus
(ex : signature d’un bail, achat de matériel), par les fondateurs de la
société, mais ils en seront personnellement responsables, en cas de
litige.
La période prend fin au moment où la société est immatriculée,
acquiert la personnalité morale. Elle pourra alors « reprendre les
actes », passés pour son compte.

2. Conséquence des actes pris par une société en formation


Les personnes qui ont agi au nom d’une société en formation avant
qu’elle ait acquis la personnalité morale, sont responsables des actes
accomplis (fondateurs, associés ou mandataires signataires des actes)

Les actes conclus avant l’immatriculation peuvent être repris par la


société immatriculée dans trois cas :
– la liste de ces actes contractés avant la signature des statuts a été
annexée aux statuts
« état des actes annexé aux statuts ». La signature des statuts emporte
l'accord des
associés pour la reprise des actes après immatriculation
– les actes ont été conclus entre la signature des statuts et
l’immatriculation, en vertu d’un mandat spécial donné à une
personne par les associés « mandat spécial »
– les associés ont pris la décision de reprendre ces actes, en
assemblée générale ordinaire, à la majorité des associés « vote
de reprise », après l'immatriculation au RCS

Dans ce cas, la société devient responsable des actes accomplis pour le


compte de la société en formation (listés dans les statuts, réalisés sur
mandat ou ayant fait l’objet d’un vote pour être repris). La reprise a un
effet rétroactif : les engagements sont réputés être pris dès l’origine de
la société.

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