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« UNIGOM »
DETERMINANTS DE LA STRUCTURE
FINANCIERE DES PETITE ET MOYENNE
ENTREPRISES DU TRANSPORT EN COMMUN DE
LA VILLE DE GOMA
NOVEMBRE 2023
i
DEDICACE
REMERCIEMENTS
Qu’il nous soit permis, de témoigner notre gratitude envers tous ceux qui nous ont permis
de réaliser ce travail
Premièrement, notre profonde gratitude s’adresse à l’Eternel Dieu Tout Puissant pour la
protection et son amour envers nous.
Nous remercions en particulier MONSIEUR LE Professeur Paul SENZIRA qui, malgré ses
multiples occupations, à accepter de diriger ce travail ; ses remarques et observations pertinentes
nous ont été très constructives. .
Nous exprimons notre gratitude à nos frères et sœurs Aimé BATENDE, Benjamin
BATENDE, Yvette BATENDE, Noëlla BATENDE, Divine BATENDE, Ghyslaine BATENDE et
Mariam ASSANI pour la communion vitale dans notre famille.
Nous ne pouvant pas terminer cette page sans adresser nos remerciements à nos chers
camarades : Husna, Marie, Prodige, Gladice, Miché, Prisca,
Que tous ceux qui nous ont aidée et dont leurs noms n’ont pas été cités ne nous tiennent
pas rigueur mais trouvent au travers de ce paragraphe notre gratitude.
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
0. INTRODUCTION GENERALE
De nombreuses théories (la théorie financière classique, la théorie des droits de propriété, la théorie
de l’agence, la théorie de la contingence, etc.) ont mis en relief les déterminants du comportement
financier des entreprises ; par exemple, les modifications de la structure financière par un
accroissement des dettes ont pour effet d’accroître la valeur perçue de la firme (Ross, 1977). Ce qui
revient à dire que plus la firme se signale par un endettement élevé, plus le marché lui attribue une
valeur élevée. Cela se justifie, entre autres, par le fait que la banque, avant d’accorder son concours
à une entreprise, procède à une analyse des activités et des flux de liquidité engendrés par cette
dernière. En lien avec cette expertise du banquier, la dette signale la bonne qualité de l’entreprise
(Ross, 1977).
2
Parmi les déterminants de la structure financière les plus récurrents dans la littérature, on peut
relever : la taille et l’âge, qui sont respectivement des indicateurs de l’envergure et de la maturité de
l’entreprise, le taux des actifs immobilisés, la rentabilité, le taux ou les opportunités de croissance,
et le risque économique. Dans le contexte africain, il convient également de tenir compte des effets
modérateurs des caractéristiques de l’entreprise et de son environnement en Afrique, où la grande
entreprise publique n’a pas joué son rôle stratégique dans la croissance économique, les PME du
secteur privé, en général, et les petites et moyennes industries (PMI), en particulier, constituent le
socle de la création de valeur. Ces entreprises, qui se remettent lentement des affres de la crise
économique de la décennie 1980-1990, représentent aujourd’hui une force sous-régionale[1]
incontestée. Elles opèrent dans un contexte de surliquidité des banques et de rationnement des
crédits aux PME-PMI. En principe, ces entreprises insolvables devraient éprouver d’énormes
difficultés à contracter de nouvelles dettes ; paradoxalement, elles y parviennent, et ce, de façon
régulière.
La présente étude ne porte que sur les PMEs qui sont enregistrées auprès des Petites et Moyennes
Entreprises, ce qui limite la portée de ces résultats et leur généralisation à l’ensemble des PME de
Goma. La mesure de certaines variables est discutable compte tenu de la structure opaque des PME.
Les études pouvant utilisées des variables financières issues des PMEs sont susceptibles de
compléter et d’enrichir les résultats de la présente étude.
A l'heure actuelle, le secteur de transport dans la ville de Goma reste porteur et permet d'envisager
de bonnes perspectives d'attraction des PME. Malheureusement, la question liée aux opportunités
et limitations de leur attraction dans un environnement économique pareil à celui qui prévaut en
République Démocratique du Congo en général et dans la Ville de Goma en particulier demeure
apparemment, à ce jour insuffisamment explorée.
Cette étude conclut que le risque, la rentabilité, la durée de la relation de clientèle, le coût financier,
le solde du crédit interentreprises, le secteur d’activité, l’âge et la croissance de la PME sont les
variables susceptibles d’expliquer la préférence pour les fonds propres. Ces résultats montrent que
les PME sont presque contraintes dans l’adoption de telle ou telle autre structure financière. Cela
demande que l’environnement des affaires et le cadre macroéconomique soient totalement assainis
en vue de réduire le niveau de risque que courent les PME. Il convient aussi de mettre à la disposition
des PME de ressources stables compatibles avec leur cycle d’exploitation. Ces résultats demandent
aussi aux dirigeants de PME d’adopter une attitude proactive en vue d’obtenir des informations sur
le financement disponible pour améliorer la rentabilité de leurs fonds propres.
Cette étude fournit un premier aperçu sur la structure financière des PME de Goma. Elle permet de
confirmer, pour certaines variables, la théorie du financement hiérarchique dans la ville de Goma.
0.2. PROBLEMATIQUE
Les PMEs occupent une place importante dans le tissu économique des pays du monde. Elles
contribuent d'une façon significative au développement, à la croissance et à la création des nouveaux
emplois. LERNER (1995) rapporte que la majorité des emplois créés aux États-Unis pendant la
période des années 1980, étaient l'œuvre des PMEs.
De même, BIRCH (1990) constate que ces PME (moins de 100 employés) ont contribué à la création
de quelques 16 millions d'emplois tout au long de la décennie 1980, tandis que les entreprises de
fortune 500 ont perdu 4 millions d'emplois sur la même décennie. Une tendance qui s'est confirmée
tout au long des années (D . DENIS, 1990).
En RDC, l'importance des PME dans l'économie congolaise se confirme statistiquement. Elles
représentent plus de 90% des entreprises congolaises, créent 50% des emplois, contribuent à hauteur
de 30% à la production nationale (Ministère des petites et moyennes entreprise-RDC,2016).
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Cependant, ces entreprises font face à des difficultés insupportables internes et externes dont le
recours à l'endettement est la difficulté la plus considérable. Cette problématique, rend la croissance
des PME congolaises très difficile, ce qui les pousse à se pencher sur la survie au lieu de l'innovation.
En effet, la gestion financière occupe une place prépondérante dans la gestion de l'entreprise en ce
sens qu'elle concerne la politique générale de l'entreprise. Sa naissance, sa croissance, son
autonomie et sa survie dépend du management en place. C'est pourquoi une sévère analyse des états
financiers ou compte annuel doit être menée. Cependant, la problématique de la gestion financière
de l'entreprise réside dans le difficile ajustement des ressources financières dont le coût est élevé et
des besoins en investissement et en fonctionnement de plus en plus énormes. Le diagnostic financier
aura pour objectifs d'apprécier les conditions de l'équilibre financier et de mesurer la rentabilité des
capitaux investis. Ce qui permettra d'évaluer le degré d'autonomie de l'entreprise (J.Y. LEGER,
1997).
En effet, deux mesures essentielles de politique financière affectent la structure du capital d'une
entreprise. D'une part, la politique d'endettement envisage la modification du niveau d'endettement
tout en maintenant les fonds propres inchangés. D'autres part, la politique de dividende modifie la
grandeur des fonds propres en agissant sur la rétention des bénéfices et cela à un niveau
d'endettement donné. Selon Robert COFFIN (1998) la capacité d'investissement d'une entreprise est
fortement liée à sa capacité d'endettement. Le commun des mortels affirme que l'endettement
présente pour la firme des caractéristiques paradoxales liées à l'incertitude de l'avenir. Comme
l'endettement étant l'obligation pour l'entreprise de s'acquitter des charges financières d'un montant
déterminé, la baisse de la rentabilité d'exploitation fait naître pour les actionnaires le risque de ne
pas obtenir les dividendes attendus. Si l'endettement devient plus en élevé le risque devient de plus
en plus important. Le montant des charges financières des emprunts n'étant pas lié au résultat
d'exploitation, la différence entre ce que rapportent les investissements financés par emprunt et ce
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que coûtent les capitaux d'emprunt profite aux actionnaires. Cet avantage est d'autant plus important
que le taux d'endettement est élevé.
0.3. HYPOTHÈSES
La théorie sur le financement des entreprises indique que les entreprises font un arbitrage entre fonds
propres et fonds empruntés et composent différemment leur structure financière. Les PME de la
République Démocratique du Congo en général et celles de Goma en particulier ne dérogent pas à
cette règle. Les PME de la ville de Goma sont confrontées à un problème de financement depuis
leur création jusqu’à leur exploitation effective. Dans cette perspective, certaines se contentent des
fonds propres alors que d’autres privilégient un structure financière mixte composée à la fois des
fonds empruntés et fonds propres. (Mohamed, 2009).
Dans le cadre de cette étude nous pensons que les facteurs explicatifs de préférence pour les fonds
propres des dirigeants de PME du secteur de transport dans la ville de Goma sont : le risque, le coût
financier, la rentabilité, la durée de la relation de clientèle avec la PME le solde du crédit
interentreprises, l’âge de la PME et la croissance de la PME. Les variables risque, coût financier,
rentabilité et croissance influencent positivement la préférence pour les fonds propres alors que les
autres ont un impact négatif sur la préférence pour une structure financière avec fonds propres
L'objectif principal de notre recherche est de dégager les déterminants de la structure financière des
PME de la ville de Goma.
Le choix de ce sujet a été motivé par le souci d'analyser de manière intrinsèque la problématique ci-
haut évoquée afin de mettre en lumière les principales implications quant aux politiques à mettre en
œuvre par les pouvoirs publics.
1. Sur le plan théorique, cette étude vient en complément aux études antérieures ayant analysé
les structures financières des petites et moyennes entreprises dans les pays en voie de
développement (DUBOIS,1985 : BOURDIEU et COLIN-SEDILLORT ,1993 ;
BARTHOLDY et MATEUS (2005). Dans cette dynamique, elle constitue donc une banque
de données pour les recherches futures ; étudiants, chercheurs, hommes politiques qui
s’intéressent aux voies et moyens pour remettre la République Démocratique du Congo sur
les rails de la croissance économique et du développement.
2. Sur le plan pratique, Les résultats qui ressortent de cette étude peuvent tant soi peu, attend
a envisagé de contribuer et d’optimise la croissance de PME du secteur de transport dans la
ville de Goma.
0.6. METHODOLOGIE
Pour le cas de notre travail, les données que nous allons utiliser sont des données secondaires
provenant de la Division provinciale des PME. Notre analyse des données a été rendue possible
grâce au recours des méthodes statistiques, analytiques et comparatives.
La méthode statistique qui est d'ordre de décision, nous a permis de trier sur un nombre
d'éléments les informations chiffrées et établir la comparaison afin d'y dégager une différence. Cette
méthode nous a permis d'établir et de présenter les données de manière quantitative pour nous
faciliter en nous signifiant, laquelle des interprétations et formalisation des données recueillies est
meilleure. La méthode analytique, quant à elle, a prouvé son efficacité car elle a permis de ressortir
les informations contenues dans les données collectées au travers la définition de principales
caractéristiques statistiques des variables synthétiques. Et enfin, par la méthode comparative, nous
avons eu à comparer les différents déterminants de la structure financière des PME du secteur de
transport de la ville de Goma en les expliquant l'un après l'autre pour dégager les comportements
financiers des PME de la ville de Goma.
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Pour ce qui est de la collecté des données, les techniques documentaires et d'interview libre
ont été mises à profit. En effet, la première a permis d'exploiter les bases de données ainsi que les
rapports et autres documents ayant déjà abordé notre thème de recherche. La seconde a permis de
recueillir des opinions des chefs des PME pour s'imprégner de leurs décisions de financement.
Hormis l'introduction et la conclusion, cette étude s'organise en trois chapitres dont l'articulation
prend en compte l'ensemble des questions posées. Le premier chapitre s'efforce de définir les
prémisses théoriques à partir desquelles ce travail abordera les relations qui existent entre les
comportements de financement de l'entreprise et se déterminants traditionnels. Dans le deuxième
chapitre, nous montrerons la démarche méthodologique et analyserons l'environnement dans lequel
œuvrent les PME de la ville de Goma. Et le dernier chapitre quant à lui, fait la présentation, l'analyse
et l'interprétation des résultats. Nous présenterons dans ce chapitre, sous trois sections les
caractéristiques socioéconomiques de l'échantillon, l'analyse empirique des déterminants de la
structure financière et enfin la discussion des résultats.
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Ce chapitre essaie de s’articuler sur les sections principales, lesquelles ; la revue théorique et
évidences empiriques ayant trait à la structure financière des PMEs.
Dans ce point, nous passons en revue les controverses définitionnelles de la PME ainsi que l’analyse
de ses objectifs permettant ainsi de ressortir son importance socio-économique.
Qu’est-ce qui distingue une PME d’une entreprise de grande taille ? il n’existe pas de l’heure
actuelle un consensus entre les chercheurs dans ce domaine. En effet, une définition standard et
universelle de la PME a fait l’Object de nombreuses tentative et recherches mais a été néanmoins
rapidement abandonnée au profit des définitions propres à chaque pays.
L’une des études les plus connues dans ce domaine, a été réalisée dans le rapport Bolton. Edite dans
les années 70, ce travail avait pour objectif de trouve une explication derrière la diminution du
nombre des PME en grande Bretagne. Selon ce rapport trois critères essentiels pourraient être
utilisés pour déterminer une PME :
En outre, cette analyse a été plus tard enrichie par plusieurs approches qui essayaient de trouver les
caractéristiques essentielles qui pourraient différenciées PME. Il en ressort que deux familles de
critères sont utilisées pour décrire les PME : les critères quantitatifs et qualitatifs.
L’approche quantitative fait référence aux aspects représentatifs de la taille de l’entreprise. Les
indicateurs les plus couramment utilisés sont ceux qui touchent aux différentes composantes de
l’activité de l’entreprise. Ce sont généralement des données quantitatives relatives par exemple à
l’effectif global permanent, le chiffre d’affaires, l’endettement, le total bilan, la valeur ajoutée, le
capital social et la part de marche occupée par l’entreprise en question.
La deuxième famille des critères qui servent à définir les PME à un caractère descriptif de
l’entreprise et de son environnement social et économique. Cette approche se base sur des outils
théoriques et analytique qui mettent en avant la dimension humaine de l’entreprise. Selon cette
famille, l’aspect humain est considéré comme étant l’élément fondamental qui pourrait être utilise
pour décrire la PME.
En RDC, on désigne une PME par « Unité économique, dont la propriété revient à une ou plusieurs
personnes physiques ou morales et qui présente les traits suivants :
Le code des investissements de la RDC ressort la disposition particulière aux PME et son article 2,
alinéa 1, entend par PME « toute entité économique constituée soit sous forme d’entreprise
individuelle ou soit sous forme sociétaire » Dans le premier cas la priorité revient au personnes
physiques et le chef d’entreprise est tenu d’assurer lui-même la fonction de la gestion administrative
et financière tandis que dans l’un ou l’autre cas , le seuil de recevabilité est fixe au minimum à
l’équivalent de dix mille (10000) dollars américains.
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Les PME jouent un rôle essentiel en matière de création de richesse, de lutte contre le chômage et
la pauvreté, de développement régional, … Cette population d’entreprise représente plus de 80%
de tissu entrepreneurial national, contribue à 12% du PIB et œuvre quasiment dans l’informel car,
pour 2100 entreprises immatriculées dans le secteur formel en RD Congo, on dénombre
simultanément 10000 structures informelles. Numériquement importantes, la contribution socio-
économique des PME reste cependant largement en deca des potentialités que peuvent faire valoir
ce genre d’entreprise (C. KAUFMAN/OCDE,2021).
S’agissant des objectifs de la PME, notion qu’ils doivent dans sa mission, laquelle doit être
complétée par des orientations qui définissent l’approche globale et constituant le prélude a la
stratégie. F. KOUTOUZI (2021) distingue deux natures d’objectif que les actionnaires peuvent
poursuivre. D’une part, assurer les contrôles et la suivie de l’entreprise, la garantie de revenu régulier
ou d’un emploi pour certain nombre des familles des actionnaires indépendants de l’objectif de
maximisation de la valeur d’entreprise, certain actionnaire peuvent même refuser l’endettement pour
éviter de soumettre leur activité aux contrôles des banques. A quelques nuances près, ces réalités
sont en vogue à Goma. D’autre part assure le développement rapide de l’entreprise en privilégiant
les structures qui favorisent la croissance et la prise de risque. Pour la structure de propriété, cela
veut dire que les actionnaires sont prêts à ouvrir le capital de leurs entreprises pour lever les capitaux.
Nécessaire. D'autres, par contre, estiment que les PME auraient principalement pour objectif la
satisfaction de leurs clients pour un bon rapport qualité-prix et avec des délais des réactions courtes
ainsi que la proximité aux clients.
Les PME rencontrèrent des grandes difficultés pour disposer de service financier approprié et
adéquates. En effet, les enquêtes menées ont démontré que le rôle du système bancaire dans le
financement de ce type d'entreprise est très faible. Elles recourent généralement à leurs fonds
propres et aux secteurs financiers informels. Les modèles indiqués pour cette réalité sont notamment
: le modèle de STIGLITZ (J. STIGLITZ,1969) : rationnement des crédits et asymétrie d'information
ex post (quoique ne faisant pas l'objet de cette étude).
Encadrement ne font que renforcer les réticences des banques à financer cette population de PME.
Celle -ci se caractérise tout d'abord par la grande faiblesse de leurs fonds propres, ce qui constitue
une contrainte majeure de l'obtention de financement bancaire. Les personnes étrangères en raison
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En vue de réduire au mieux le niveau de risques que s'uniraient les banques et bien offrir des services
financiers aux PME, (DAMON et al, 1997) différencie deux types de contrôle qu'exerce les prêteurs
sur les emprunteurs :
Le contrôle en ante : est la procédure de sélection de l'emprunteur, dont le coût n’est supporté
que par les entreprises éligibles à un financement. Ce modèle limite la prise de risques du
prêteur, en excluant les entreprises faiblesses dotées au capital-réputation sur le marché du
crédit ;
Le contrôle ex post : est une analyse de la réalisation de l'activité, dont le coût est, en principe
supporté par l'emprunteur. L'intérêt de ce contrôle est d'inciter ce dernier à respecter ses
engagements.
Néanmoins, ces entreprises sont entreprises sont généralement confrontées à des contraintes
microéconomiques et macroéconomiques dans leur accès à la dette. De tels contraints conduisent à
nous interroger naturellement sur place des PME dans l'offre de crédits bancaires à long terme.
Pour les PME, le canal strict du crédit justifie la sensibilité financière de leur endettement sous les
trois hypothèses suivantes :
La dépendance des petites banques vis-à-vis des impulsions et des infections de l'autorité monétaire
la première hypothèse s'applique aux PME. Le rôle d'appui bancaire est particulièrement apparent
en phase de développement peut entraîner un recours plus intensif au financement bancaire. Le
conseil National du crédit et du titre, souligné, alors le rôle prépondérant à là De même,
l'observatoire des PME européennes, constaté que 80% des entreprises ont au moins une ligne de
crédit de 41%des lignes de crédits avec une seule banque. La dette bancaire est, donc primordial
dans le financement des PME plus que les grandes entreprises (J.R. GRAHAM et C.R. HARCERY,
2001).
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L'approche classique de la structure financière est fondée sur l'hypothèse que les prises de décisions
financières ont pour but de maximiser la richesse des actionnaires. A ce titre, les investisseurs sont
rationnels et ont les mêmes anticipations de bénéfices. De plus les frais financiers et le taux
d'imposition des firmes sont nuls.
Tenant compte de ces hypothèses, cette approche conclut qu'une firme peut maximiser sa valeur en
maximisant son endettement ou en opérant un choix judicieux entre dette et fonds propres. Pour
démontrer ce résultat, les partisans de l'approche classique se sont basés sur deux notions
fondamentales, à savoir, l'effet levier de l'endettement, et le coût du capital.
1. Effet de levier
L'effet levier de l'endettement est le phénomène qui, en raison du recours à l'endettement, amplifie
la rentabilité des fonds propres en sens positif ou négatif. Ainsi, du moment où la rentabilité
économique de l'actif de la firme excède le coût de la dette, ceci profite aux actionnaires. A l'inverse,
un écart négatif entre la rentabilité économique et le coût de la dette présente un désavantage aux
actionnaires.
2. Le coût du capital
Le coût du capital est le coût des ressources engagées par l'entreprise dans son activité. Il correspond
au coût moyen pondéré des dettes et des fonds propres. Le coefficient de pondération est égal à la
part relative des différents moyens de financement dans les financements de l'entreprise.
La thèse de neutralité de la structure financière remonter à MODIGLIANI et MILER (1958) qui ont
fondé leur approche sur l'hypothèse fondamentale de perfection des marchés financiers. Ils ont
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montré que le coût du capital et la valeur d'une firme sont indépendants de sa structure financière.
En effet, la valeur d'une firme est déterminée par les cash-flows qu'elle générer. Ces derniers sont
engendrés par des investissements et ne dépendent pas de la façon dont ils sont repartis. Ainsi, les
deux auteurs montrent que le taux de rentabilité requis d'une action d’une firme endettée est égal
aux taux de capitalisation du flux de revenu d'une entreprise de même risque, mais non endetté,
augmenté d'une prime égale à la différence entre ce taux de capitalisation et le coût de la dette,
multiplié par le ratio d'endettement de cette entreprise. Cette conclusion converge, sous certaines
conditions avec le résultat du modèle d’évaluation d’actif financier.
Hypothèses de la neutralité
- Les marchés des capitaux sont parfaits : l'information est gratuite, les investisseurs sont
rationnels, les transactions s’effectuent sans coût et les entreprises ont un accès illimité aux
ressources financières. Cette hypothèse implique que la politique d'investissement dépend
uniquement de la disponibilité d'investissement ayant une valeur actuelle nette positive ;
- Les investisseurs peuvent s'endetter au même taux que les firmes ;
- Il n'existe pas de coûts de faillite ;
- Les actifs sont divisibles et les entreprises ont le choix entre deux types d'actif : les
obligations sans risquer ou les capitaux propres risques. Seules les valeurs de marché sont
considérées ;
- Toutes les sociétés appartiennent à des classes de risque homogènes et que le taux d'intérêt
est constant dans chacune de ces classes ;
- Les entreprises distribuent l'intégralité de leur bénéfice, ce qui implique que le taux de
croissance des actifs est nul ;
- Il n'y a pas d'impôts.
Moyennant ces hypothèses, les auteurs affirment que la structure financière d'une firme n'affecte
pas sa valeur. Ainsi, les décisions d'investissement sont indépendantes des décisions de financement.
FAMA et MILER (1977) ont également confirmé ce résultat.
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La littérature financière s'est davantage enrichie par les travaux qui placent les asymétrique
d'information entre dirigeants et investisseurs au cœur de l'analyse du choix des modalités de
financement. Deux grandes théories se distinguent : la théorie du signal et la théorie des préférences
hiérarchisées de financement. Dans le modèle de signalisation, les dirigeants, mieux informés sur
les bénéfices futurs et les opportunités d'investissement, cherchent à signaler aux partenaires
extérieurs, notamment les actionnaires, les véritables caractéristiques de leur firme. Ross (S.A.
ROSS,1997) estimé que la dette est le meilleur mécanisme permettant de signaler les les
performances de l'entreprise aux investisseurs. La valeur de celle-ci est positivement corrélée avec
son niveau d'endettement. LELAND et PYLE (1977) enrichissent l'approche de signalisation en
avançant qu'une part élevée d'action détenus par les dirigeants signale une hausse des bénéfices
futurs anticipés. Ceci implique que la valeur d'une firme est positivement corrélée avec la part du
capital détenue par ses dirigeants.
La théorie des préférences hiérarchiques de financement affirme que l’entreprise suit une hiérarchie
de financement guidée par la richesse des anciens actionnaires et soutient que ;
- Les entreprises préfèrent le financement interne, du fait qu’il n’a pas d’asymétrie
d’information sur cette source de financement. L’entreprise est à la fois demandeur et offreur
de fonds ;
- Si le recours aux ressources externes s’impose, l’entreprise recourt à l’endettement classique
en priorité, ensuite émet des titres de créance à clauses optionnelles et enfin procède à une
augmentation de capital.
En marge des travaux cités, d’autres théories se sont développées pour éclairer davantage le
comportement des entreprises en matière de politique de financement. Il s’agit notamment de la
théorie des couts de transaction, de la théorie des options et plus récemment de la théorie de market
timing.
En fondant sa théorie sur un opportunisme et une rationalité des agents, (WILLIAMSON, 1988),
soutient que le choix d’une structure financière est influencé par la nature de l’actif financier à
financer. Plus le degré de spécificité de l’actif est élevé, plus il est convenable de le financer par
fonds propres afin de minimiser les couts de transaction. La théorie des options étudie les conflits
d’intérêts entre actionnaire-dirigeants et créanciers et permet d’analyser et d’améliorer la relation
contractuelle qui lie les actionnaires et les créanciers d’une firme. La valeur de celle-ci correspond
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à la somme de la valeur des actions, assimilés à des options d’achat sur les actifs de la firme, et de
celle des obligations. Une hausse du risque de la firme augmente la valeur de l’option d’achat et
donc la richesse des actionnaires au détriment de celle des celles obligations. La théorie de market
timing se réfère au climat du marché financier pour expliquer la structure financière des firmes.
Selon ce nouveau cadre d’analyse, les formes à choisir pour se financer dépendent des conditions
de marché. Les entreprises procèdent à des augmentations de capital si le climat boursier est
favorable et rachètent leurs titres ou s’endettent dans le cas inverse.
Les modèles théoriques cités admettent l’homogénéité de firmes et la disjonction entre le monde
réel et le monde financier. Dans ce contexte, le choix d’une structure financière est une décision
rationnelle, déterminée par certaines variables financières et indépendante de la structure de
production de la firme. La théorie des conventions de financement permet de
Dans ce qui suit, nous passons en revue les différentes théories sur la structure financière des
entreprises.
1. La notion de PME
Diverses définitions existent dans la littérature pour le sigle PME (Petites et Moyenne Entreprises).
Dans notre étude, nous retenons celle proposée par la commission européenne. Celle-ci s’est
efforcée d’analyser les différentes définitions de la PME pour en retirer les éléments principaux. De
son analyse, la Commission Européenne concluait en 1992 « qu’il ne serait pas opportun d’établir
une définition unique et rigide des PME ». Il faut retenir les critères, selon elle, les plus pertinents
en fonction du but poursuivi et du secteur concerné. Néanmoins, la commission estimait devoir faire
œuvre de coordination et de cohérence afin d’éviter les effets pervers d’une « prolifération
incontrôlée des définitions ». Dès sa création, l’observatoire européen constate qu’il n’existe aucune
définition standard, ni scientifiquement fondée utilisant un critère quantitatif de taille basé sur le
nombre de travailleurs. En effet, la commission a défini la notion de PME en 1996 dans le cadre
d’une recommandation. Selon la commission, sont considérées comme PME, les entreprises : -
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Les entreprises peuvent être classées selon plusieurs critères : Classification par secteur économique
(déterminé par leur activité principale) :
Dans les pays développés, c’est de loin le secteur le plus important en nombre d'actifs occupés. On
distingue le secteur tertiaire marchand du secteur tertiaire non marchand, ce dernier comprenant la
production de services non échangeables comme la justice, la sécurité, etc. Le secteur tertiaire, qui
représentait 28 % des emplois en 1913, est passé à 70%. Classification par taille et impact
économique Selon la définition de la Commission européenne, les entreprises sont classées comme:
Toute entreprise et chacun de ses établissements se voit attribuer par l'INSEE, lors de son inscription
au répertoire SIRENE, un code SIREN. L'Insee attribue aussi un code APE (Activité Principale
Exercée) qui caractérise son activité principale par référence à la nomenclature d'activités française
(NAF). Plus précisément, on distingue le code APEN pour l'entreprise et le code APET pour les
établissements. En France, SIREN (Système d’Identification du Répertoire des Entreprises) est un
code Insee unique qui sert à identifier une entreprise française. Il existe au sein d'un répertoire géré
par l'Insee : SIRENE. Le numéro SIREN est attribué aux entreprises françaises lors de leur
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immatriculation quelle que soit leur forme juridique. Il est national, invariable (composé de neuf
chiffre), non significatif et dure le temps de la vie de l'entreprise. Il sert de base pour le numéro
d'inscription au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS), pour le numéro d'inscription au
Répertoire des Métiers (RM) et pour le numéro d'opérateur sur le marché intracommunautaire
(TVA).
Fond propre : dans les fonds propres ils Ya : les capitaux propres, les autres fonds propres,
et les provisions pour risques et charge
Dettes financières à moyen et à long terme : emprunts bancaires
Dettes à court terme il est composé de :
- Dettes financières : concours bancaire courant, effet escompte non échus
- Dettes d’exploitation avances et acomptes clients, crédit fournisseur, autre dette,
produit constante d’avance
L’état actuel de l’analyse de la structure du capital recouvre une grande variété d’approches, mais
il n’existe pas une théorie universelle concernant le choix entre fonds propres et dettes, voire le
recours au marché financier (Myers, 2001 ; Harris et Raviv, 1991). Les différentes théories de la
structure optimale du capital dépendent des conditions économiques et des particularités financières
de la firme (Daskalakis et Psillaki, 2007).
d’un taux d’endettement optimal (ratio cible), mais privilégie l’existence d’une hiérarchie des
sources de financement établie sur l’hypothèse d’asymétrie d’information.
Concernant les PME, le taux d’imposition réduit dont bénéficient ces entreprises limite, jusqu’à un
certain point, la pratique d’une politique d’endettement conditionnée à la déductibilité des charges
d’intérêt (Ang, 1991)[1]. De plus, la réalisation des économies d’impôt liées à l’endettement est
influencée par la variabilité supérieure des investissements et le caractère plus incertain des
bénéfices réalisés par ce type d’entreprises (Pettit et Singer, 1985).
L’existence des coûts de faillite met en cause la relation de proportionnalité entre la valeur de
l’entreprise et l’avantage fiscal (Stiglitz, 1969). La confrontation des bénéfices fiscaux et des coûts
de faillite doit théoriquement aboutir à la détermination d’un niveau d’endettement optimal qui est
atteint lorsque les bénéfices marginaux liés à la déductibilité des charges financières égalisent les
coûts marginaux de faillite liés à l’augmentation de l’endettement.
De même, l’introduction de coûts d’agence permet de déterminer une structure optimale de capital
(Jensen et Meckling, 1976). Les intérêts des dirigeants de l’entreprise (mandants) ne coïncident pas
parfaitement avec ceux de ses partenaires (mandataires) et engendrent inévitablement des coûts
20
d’agence qui affectent le financement de l’entreprise. Ces coûts d’agence sont de trois types : les
coûts de contrôle ou de surveillance, les coûts de limitation et les coûts d’opportunité. Les conflits
d’intérêts entre les actionnaires et les créanciers résultent du fait qu’en cas de faillite, les créanciers
ont priorité sur les actionnaires. Un endettement optimal est atteint lorsque les coûts d’agence sont
minimaux. Concernant les PME, il n’y a pas ou très peu de coûts d’agence entre les dirigeants et
actionnaires parce que dans ces entreprises, les dirigeants sont probablement les propriétaires.
Cependant, les conflits d’agence entre les propriétaires et les prêteurs sont importants. Adam, Farber
et Michel (1989) de même que Colot et Michel (1996) affirment que le banquier ou le fournisseur
de capital-risque (le principal) contrôlent difficilement les agissements du dirigeant de la petite firme
(l’agent), surtout par manque de transparence des moyens d’information, et que cette situation
entraîne la croissance des coûts d’agence.
Le financement bancaire est la source de financement par emprunt la plus utilisée par les
entrepreneurs, surtout en ce qui concerne le crédit à court terme, et ce, dans la plupart des pays
industrialisés (St-Pierre, 1999). Toutefois, la relation banques-PME est caractérisée par l’existence
d’une méfiance réciproque. Les banques jugent souvent les projets présentés par les PME plus
risqués que ceux des grandes entreprises. Les PME estiment que les banques surévaluent le risque
de leurs projets et leur imposent des primes de risque trop élevées qui renchérissent le coût du crédit
(Dell’Ariccia et Marquez, 2004). Si les conflits d’agence interviennent entre les PME et les banques,
celles-ci ne prêtent que si les conséquences des asymétries d’information sont levées ; sinon,
l’équilibre du marché du crédit engendre un rationnement tel que, parmi les entreprises a priori
identiques, certaines obtiennent un crédit alors que d’autres n’en reçoivent pas même si elles sont
prêtes à payer un prix plus élevé (Stiglitz et Weiss, 1981). Stiglitz et Weiss (1981) avancent la notion
de sélection adverse, suivant laquelle plus les rendements escomptés d’un projet d’investissement
sont élevés, plus celui-ci est risqué. Des forts taux débiteurs peuvent donc favoriser l’adoption de
comportements téméraires de la part des emprunteurs et exercer une influence négative sur les
recettes anticipées des banquiers. La fixation d’un coût du crédit tel que les offres et demandes
s’égalisent ne constitue pas un comportement rationnel de la part des institutions financières
(Levratto, 1992). Cependant, les banques peuvent notamment réduire les conséquences des
asymétries d’information et inciter les entreprises à rembourser leur dette à l’échéance (Bruns et
Fletcher, 2008) en leur proposant des contrats révélateurs qui consistent à établir le degré de risque
de l’emprunteur potentiel au cours du temps ; ces contrats correspondent à des combinaisons
diverses entre le taux d’intérêt et le montant des garanties, visant à construire une relation de long
terme (Psillaki, 1998).
21
La théorie du signal peut également expliquer le poids de l’endettement dans le passif de certaines
entreprises. Cette théorie suppose que les agents internes à l’entreprise, plus informés que les agents
externes que sont principalement les banques dans le cas des PME, ont intérêt à transmettre une
partie de l’information à ces derniers par l’intermédiaire d’un signal afin d’accéder à la dette. Ross
(1977) préconise une solution de signalisation par le niveau de l’endettement de la firme :
l’entreprise qui a un niveau d’endettement plus élevé est présumée être de bonne qualité, et
entreprend des projets d’investissement rentables. Lelet et Pyle (1977) préconisent une solution de
signalisation reposant sur le degré d’implication du dirigeant lui-même dans le financement des
projets d’investissement ; cette implication révèle que le dirigeant est un bon manager et, en
conséquence, les créanciers ont la conviction que le projet envisagé par ce type de dirigeant est
rentable sinon ils n’auraient pas dû engager leurs fonds.
Il convient enfin d’ajouter que le ratio cible d’endettement optimal procède non d’un ajustement
instantané, correspondant à la théorie statique du compromis, mais d’une trajectoire qui caractérise
la théorie dynamique du compromis et conduit celle-ci à incorporer certains aspects de la théorie du
financement hiérarchique (Dufour et Molay, 2010).
La théorie du financement hiérarchique, ou pecking order theory (POT), développée par Myers et
Majluf (1984), est fondée sur l’asymétrie d’information qui existe entre les acteurs internes de
l’entreprise (propriétaires, dirigeants) et ses acteurs externes (bailleurs de fonds). Les dirigeants
adoptent une politique financière qui a pour but de minimiser les coûts associés à l’asymétrie
d’information et ils préfèrent le financement interne au financement externe. Selon cette théorie, le
dirigeant hiérarchise ses préférences selon la séquence suivante : l’autofinancement, la dette non
risquée, la dette risquée, l’augmentation du capital. Le respect de cette hiérarchie a pour avantages
d’éviter la réduction des prix des actions de l’entreprise, de limiter la distribution des dividendes
pour augmenter l’autofinancement, de réduire le coût du capital en limitant le plus possible le
recours aux emprunts. Les entreprises rentables ont donc plus de financement interne disponible.
Ang (1991) souligne que cette théorie peut être facilement appliquée au cas des PME, lesquelles
n’ont pas pour objectif de réaliser une structure financière optimale, mais dont les décisions de
financement visent à ordonner leurs préférences pour les financements internes par rapport aux
financements externes et pour la dette par rapport aux fonds propres. Nombre de PME souhaitent
emprunter quand les besoins de financement de leur investissement dépassent les flux de trésorerie
générés en interne, mais font souvent face dans leur relation de crédit à la sélection adverse et à des
22
coûts d’information. Ces coûts peuvent être nuls pour les fonds internes (autofinancement), mais
sont élevés dans le cas de l’émission de nouvelles actions, faisant que les coûts de la dette se trouvent
dans une position intermédiaire. L’objectif des dirigeants de PME est de maximiser leur propre
richesse tout en conservant leur indépendance vis-à-vis des acteurs externes ; c’est pourquoi les
fonds internes font l’objet en premier lieu de leur choix de financement. Si les fonds internes sont
insuffisants, ils préfèrent recourir à la dette plutôt qu’à l’augmentation du capital, car la dette a
l’avantage de réduire le degré de dépendance de l’entreprise à l’égard des autres apporteurs de
capitaux, ce qui leur permet de garder le contrôle et le pouvoir de décision.
La définition du financement hiérarchique fondé sur la séquence fonds propres dette non risquée
dette risquée ouverture du capital est discutée par Vasiliou, Eriotis et Daskalakis (2009) ; ils
signalent que la priorité à la mobilisation des ressources internes, si elle est avérée, n’implique pas
nécessairement que l’étape suivante corresponde à la dette. Il y aurait lieu de dissocier une étape
initiale de la POT (fonds propres) d’une seconde étape de la POT (dette ou ouverture du capital).
La POT a été argumentée au regard d’hypothèses relatives à l’âge et à la profitabilité des entreprises.
À l’appui de la POT, Berger et Udell (1990) font valoir que les PME recourent moins à
l’endettement au fur et à mesure que leur cycle de vie les conduit de la jeunesse à la maturité. Bulan
et Yan (2010) considèrent de même que la maturité permettrait aux entreprises d’accéder aux
marchés. Vanecker et Manigart (2010) suggèrent une « POT étendue » qui distingue entreprises
profitables (POT 1) et entreprises non profitables (POT 2) et qui peut s’appliquer aux entreprises à
potentiel élevé de croissance. Une version élargie de la POT tiendrait compte de la propriété du
capital en mettant l’accent sur l’appartenance des PME à un groupe, qui permet d’accroître la
capacité à mobiliser des ressources internes. Nous n’avons pas considéré ici le critère
d’indépendance des PME (Kremp et Philippon 2008).
Ayant centre et circonscrit le débat de la structure financière par rapport aux diverses controverses
théoriques, nous allons compléter notre analyse en recourant aux études et pratique empirique
d'ailleurs ce qui nous facilitera la mise à jour et nous permettra de cerner la méthodologie adaptée à
la présente étude.
Ainsi les résultats obtenus dans différentes études que nous avons parcourus concernant les
déterminants des variables d'endettement soulignent que les indicateurs de rentabilité semblent faire
l'objet d'un consensus assez large. La rentabilité de l'entreprise influence négativement et
23
Au sujet de la taille des entreprises, mesurée par l'effectif salariés ou par des indicateurs du bilan
(total du bilan, ventes, chiffre d'affaires, valeur ajoutée), les résultats obtenus divergent. Le plus
souvent influence positive (DUBOIS, 1985 ; BEDUE, 1997), la taille apparaît négativement reliée
à l'endettement des très grandes entreprises pour CARPENTIER et SURET (2000). Le résultat
obtenu par BIAIS, HILLION et MALECOT (1995) explique une partie de ces contradictions. Ces
auteurs montrent que la relation entre les prêts bancaires st la taille de l'entreprise évolue selon une
forme de U inversée : les firmes les plus petites et le plus grandes empruntent moins auprès des
banques que les firmes de taille moyenne.
En rapport avec le risque de défaut et la présence d'asymétrie d'information, les variables mesurant
l'importance des garanties au sein du bilan des entreprises (immobilisations corporelles, dépenses
salariales, actifs tangible) sont liées positivement aux ratios d'endettement mesurés (BOURDIEU et
COLIN -SEDILLOT, 1993 ; BIAIS et al...,1995 ; BEDUE, 1997). Des résultats similaires sont
obtenus pour les entreprises connaissant une croissance importante (mesurée par la variation du total
de l'actif, du chiffre d'affaires ou du taux d'investissement) entraînant un effort besoin de
financement (DUBOIS, 1985 ; BOURDIEU et COLIN -SEDILLOT, 1993)
Bien que moins nombreuses, des études empiriques récentes se sont intéressés à la structure
financière des PME. Au Portugal, BARTHOLDY et MATEUS (2005) mettre en évidence l'impact
de la déductibilité fiscale des charges d'intérêt sur la structure financière de PME non cotées.
SOGORB-MIRA (2005) conclut que la théorie du financement hiérarchisé est plus à même
d'expliquer la structure financière de PME espagnoles. HEYMAN et al. (2007) confirment le rôle
des asymétries d'information et des coûts d'agence de la dette sur la structure financière de PME
belges non cotées. Ainsi, les entreprises en forte croissance, les entreprises les plus rentables ou
celles possédant moins d'actif corporels présentent un endettement plus faible. DASKALAKIS et
PSILLAKI (2008) comparent et étudient les déterminants des structures financières de PME
françaises et grecques ils montrent la parenté entre ces structures et leur analyse statistique les
conduit à valider une représentation du type financement hiérarchisé quant au comportement
financier des entreprises étudiées. Plus récemment, DASKALAKIS et PSILLAKI (2009)
24
confirment leurs précédents résultats sur un ensemble de PME françaises, italiennes, grecques et
portugaise.
La littérature empirique consacrée à cette question est donc abondante. Les résultats sont contrastés
et ne permettant pas de dégager une interprétation que l'on pourrait qualifier de dominante. Il faut
ajouter que les conclusions des autres sont dans la majorité des cas caractérisées par une grande
prudence, le fait qu'une des deux interprétations apparaisse privilégiée au terme des investigations
statistiques ne conduit pas nécessairement à un rejet absolu de l'interprétation concurrente.
Toute la partie jusque-là traitée s'inscrivant dans le souci de pouvoir cerner les diverses astuces
théoriques d'autant d'auteurs et courant de pensée existent et apparentées à la structure financière
des entreprises (toutes catégories confondues, grandes ou petites) en vue d'une orientation
méthodologique approprié et qui, par la suite, est rapprocher au contexte de la ville de Goma. Le
deuxième chapitre étant consacré à l'approche méthodologique et environnement des PME de la
ville de Goma.
25
La ville connait un climat subéquatorial tempéré doux grâce aux vents qui soufflent sur le lac Kivu,
sur la ville et des volcans éteints ou en activité de karisimbi, sabinyo, nyiragongo et nyamulagira.
Le total pluviométrique annuel moyen est de 1207 mm reparti en 9 mois alors les températures
oscillent autour de 19,6°c et les saisons climatiques se subdivisent en deux temps saisonniers à
savoir une saison de e pluie qui commence vers la fin du mois d'août et s'étend jusqu'à la première
quinzaine du mois de mai et une plus courte saison sèche. Le sol est un sable noir très fertile ou
carrément des pierres noires issus des éruptions volcaniques. Le relief de la ville de GOMA est peu
accidenté et son altitude varie entre 140 m au bord du lac kivu et 2000m au point d'adjonction avec
la collectivité de BUKUMU.
La ville a un point le plus élevé, le Mont Goma. L'hydrographie de la ville de GOMA comprend
seulement le lac kivu, le lac vert et le lac Noir.31(31Archive Mairie de Goma)
La ville de GOMA exerce son autorité sur deux communes urbaines dénommées commune de
GOMA et commune de karisimbi, la dénomination et la délimitation des communes de la ville de
GOMA sont donnés par l'ordonnance loi N°89-127 du 22 Mai 1989.
Elles sont séparées l'une de l'autre par une artère principale allant de la petite barrière et traversant
la ligne régulière de la ville, en direction vers sake.
26
Sur le plan économique, la ville de GOMA dispose des diverses infrastructures qui participent à son
ouverture à d'autres provinces et villes du pays. Elle est dotée d'un aéroport international qui facilite
ses échanges avec d'autres provinces (Ex. KATANGA, KASAÏ, Ex. PROVINCE ORIENTALE,
SUD KIVU, MANIEMA, KINSHASA) et le reste du monde. Les échanges commerciaux sont aussi
intensifiés par la voie terrestre qui l'a relié à la République du Rwanda et aux centres commerciaux
BENI et BUTEMBO. Elle est aussi reliée à la ville de BUKAVU par la voie lacustre avec un port
au bord du lac KIVU. Les deux voies la relient également aux villages qui fournissent des vivres à
sa population.
Ces échanges intensifient la circulation des biens, des devises et des personnes dans la ville et
débouchent sur le développement du secteur informel. On rencontre ainsi des étalages partout, des
marchés illégaux, des Kiosques et des ateliers de réparation et de couture qui prolifèrent et
colporteurs qui circulent à travers la ville. On note aussi la prolifération des agences de
communication, des agences aériennes de fret et des agences de transfert d'argent, des banques, des
petites maisons de commerce (boutique), des super- marchés, des organisations locales dites de
développement, initiatives locales de développement (ILD), des organisations non
gouvernementales (ONG) et diverses associations. A ces structures s'ajoutent plusieurs entreprises
et stations de carburant. Comme toute autre économie, l'économie de la ville de GOMA est
constituée par trois secteurs : le secteur primaire, le secteur secondaire et le secteur tertiaire ou de
service.
Sur le plan social, la population de la ville de GOMA est caractérisée par le chômage et la
débrouillardise fait l'occupation de cette dernière car il faut reconnaître qu'il n'y a pas beaucoup
d'industries dans la ville pour créer de l'emploi à la population de la ville de GOMA.
Pour ce faire, le faible revenu de la population de GOMA entraine une grande partie des personnes
actives vers le secteur informel et au niveau des ménages, il entraine les jeunes gens à l'oisiveté par
manque des frais scolaires, ce qui augmente davantage les risques des bandes des inciviques appelés
(Maibobo).
Le revenu moyen mensuel du ménage est de 184,58$, le revenu moyen par personne par jour est de
0,66$ et le revenu par personne par an est de 237,6$. Vu ce revenu moyen par personne par jour on
27
peut dire que la population de GOMA vit en dessous de seuil de pauvreté fixé par la banque
mondiale à 1$ par jour par personne. Et en outre, le nombre moyen de personne par ménage non
travailleur est de 5,5 ; le nombre de travailleurs est de 1,3 ce qui conduit à un indice de la dépendance
de 4,2 (MOVIB et IPS/Nord-Kivu,2006)
2.1.3. Bref aperçu sur le secteur des PME dans la ville de GOMA
Les PME jouent un rôle fondamental dans les économies des pays en développement. En RDC, elles
participent activement à la croissance économique, occupent une place importante dans l'emploi
urbain et génèrent une part importante des revenus des ménages. Suivant les estimations, elles
représentent près de 90% du tissu économique du pays et emploient près de 70% de la population
active.
Bien que l'importance du secteur des PME en RDC soit incontestable, il est très difficile de mesurer
de façon précise son poids et sa taille, faute de données statistiques fiables et actualisées. L'une des
raisons est que la plupart de ces entreprises évoluent dans le secteur informel et ne sont donc pas
enregistrées. Le développement de ce segment est aussi rendu difficile par l'accès limite aux marchés
publics et au financement bancaire, dont les PME ont cruellement besoin.
Traditionnellement les banques ont toujours considéré les PME comme un segment potentiellement
risqué à cause de leur nature ;
Tous ces aspects augmentent significativement l'asymétrie de l'information entre les banques et les
PME et contribuent à limiter l'accès au financement.
28
Comme dans la plupart des pays en développement, les entreprises congolaises en générale et le
micro et petites entreprises en particuliers font face à d'importantes contraintes de financement.
En effet, elles n'ont souvent pas accès au financement externe, plus de 90% d'entrepreneurs ne
bénéficient pas d'un financement externe pour la constitution de leur entreprise, le démarrage de
leurs activités a été rendu possible par la constitution préalable d'une épargne pour un montant
équivalent aux besoins en capitaux propres et en fonds de roulement. S'il est déjà très difficile pour
les entreprises congolaises d'accéder au crédit bancaire pour financer des activités anciennes, il
devient presque impossible de recourir à cette source pour financer l'innovation.
Pour faire face à l'insuffisance des crédits bancaires, d'autres moyens de financement ont été
développés, il s'agit notamment du financement informel à travers les tontines et de la micro finance,
ces deux sources de financement constituent ce qu'il est convenu d'appeler << le système financier
décentralisé >>33 (33 Réseaux entreprenariat de l’AUF, Entreprenariat et innovation, 8ieme journée
scientifique de res de l’AUF)
A Goma les petites et moyennes entreprises sont des activités principales qui amènent à la ville de
Goma à créer l'emploi et à sa population d'être active en se procurant du bénéfice afin d'assurer une
survie de sa famille. C'est pourquoi les entreprises naissent du jour le jour, généralement ces petites
et moyennes entreprises sont individuelles ou familiales.
Elles fonctionnent dans divers secteurs d'activités tels que les boutiques, les quincailleries, les
pharmacies, les kiosques, les moulins, les garages, les ateliers de couture, les salons de coiffure, les
éditions, les boucheries, les secrétariats publics, les papeteries, les hôtels, les établissements, les
différents dépôts, les agences, etc.
FFOM est un acronyme d'origine américaine qui signifie Strenghts (Forces), Weaknesses
(Faiblesses), Opportunities (Opportunités), Threats (Menaces). Il a été créé dans les années 60 par
Albert Humphrey, un consultant américain en management. C'est un outil utilisé par plusieurs
institutions internationales, dans divers domaines pour diagnostiquer, décrire et étudier une
situation, un environnement, il permet de faire un résumé global et de bien hiérarchiser des éléments
facilitant la prise de bonne décision. C'est une matrice comportant deux lignes et deux colonnes. La
29
colonne de gauche (forces et opportunités) recueille la liste des éléments ayant une incidence
favorable sur l'objet ou l'environnement étudié tandis que celle de droite (faiblesses et menaces)
énumère des facteurs ayant une incidence négative ou défavorable.( A. DAYAN, Manuel de Gestion,
vol1, ellipse, Ed Marketing, SA 1999, p.147)
Quant aux lignes, celle de haut (forces et faiblesses) liste les éléments dits << internes >> c'est à
dire faisant partie de l'objet étudié, donc pouvant être pilotés et régulés. Enfin, la ligne du bas
(opportunités et menaces), présente les éléments << externes >> à l'objet étudié.
Les forces des PME de la République démocratique du Congo en général et celles de la ville de
Goma en particulier sont liées au fait qu'elles sont les cibles des décideurs politiques et des
partenaires techniques et financiers dans la mise en œuvre des politiques de développement
économique et social à cause de leur importance numérique, leur flexibilité et leur proximité du
niveau local. A cela s'ajoute, la modestie de leur taille qui permet une gestion plus efficace et plus
économe de leur personnel (souplesse et implication de la main d’œuvre). La capacité d'adaptation
à l'environnement économique et à valoriser les ressources locales sont autant de forces pour ces
types d'entreprises.
- La simplicité de la gestion ;
- La disponibilité de la main d'œuvre ; Les PME recours le plus souvent à la main d'œuvre locale
qui est toujours abondante, disponible et bon marché ;
- Le dynamisme ; devant divers problèmes ; les dirigeants de PME montrent un certain dynamisme
et multiplient des efforts pour les surmonter et maintenir leurs activités ;
- Faibles investissement ; les PME n'exigent pas des gros moyens pour leurs implantations.
Leurs faiblesses sont surtout liées à leur évolution, dans la plupart des cas, dans l'informel (non
tenue d'une comptabilité), à l'orientation stratégique choisie, à la non connaissance du cadre
réglementaire législatif, à la main d'œuvre non qualifiée, aux faibles capacités techniques financières
et managériales etc.
- L'atrophie de la fonction marketing : la plupart des gestionnaires des PME se préoccupent plus des
questions de production, de crédit, que du marché ;
- Insuffisance de respect des normes de qualité ; le non-respect des normes de qualité place les PME
à des positions peu compétitives par rapport aux produits importés ;
- Ignorance des textes juridiques : cette ignorance expose les PME à des tracasseries diverses et
pertes énormes en terme de temps et de l'argent ;
Les PME de la ville de Goma bénéficient d'importantes opportunités. La ville regorge d'énormes
potentialités pratiquement sur tous les secteurs (ressources minières, tourisme, agriculture, pêche,
infrastructures etc..). C'est une ville carrefour qui bénéficie d'une position stratégique dans les
affaires et d'un cadre de dialogue entre les secteurs public et privé. Toutefois, il faut signaler que le
développement, la croissance et la compétitivité des PME sont menacés par des éléments externes
tels que les politiques commerciales (accords de partenariat économique, les importations,
exportations), la crise énergétique dont souffre la République Démocratique du Congo depuis
plusieurs années, les chocs externes (pandémie, crise, guerre, changement climatique, le catastrophe
naturel à l'occurrence de la récente
Éruption volcanique), la méfiance des institutions financières à leur égard dans l'octroi du crédit, la
faible diversification de l'offre bancaire. Parmi les opportunités d'affaires en ville de Goma, on peut
citer ; le tourisme développé dans la région et parmi les menaces nous pouvons en citer les chocs
externes ( crise, guerre, aléas climatiques, pandémie) ; concurrence des produits importés ; le taux
d'imposition élevé ; infrastructures modernes ; ( autoroutes, aéroport); préférence des produits
étrangers au détriment des produits locaux ; transferts de technologies ; l'existence des structures
d'appui et faible diversification de l'offre bancaire ; la faiblesse du tissu de production ; la crise
énergétique.
31
Dans cette section nous présentons les techniques mises en œuvre afin de recueillir les éléments
nécessaires pour assoir les résultats de nos recherches, de la collecte des données jusqu'au traitement
et vérifications des hypothèses.
Les données ont été collectées sur base d’un questionnaire comprenant en tout treize questions adressées
aux gestionnaires et/ou responsables des PME. Certaines des questions étaient fermées ne laissant pas à
l'enquêté une marge de réponse mais permettent un accès direct et aisé à l'information voulue et d'autres
étaient ouvertes laissant ainsi une liberté d'expression à l'enquêté. Le questionnaire était subdivisé en trois
sections. La première se rapportait à l’identification de la PME. Spécifiquement, il s'agissait de dresser une
cartographie de la PME, en déclinant son âge, sa taille (effectif du personnel), et son type (familial ou
sociétaire). Certains auteurs qualifient ces éléments des « déterminants de l'opacité de la firme ». La deuxième
section cherchait à effectuer une description globale de la PME. Spécifiquement, nous avons focalisé
l'attention sur les variables ci-dessous: le niveau de croissance (évolution du chiffre d'affaires), la rentabilité,
le niveau des garanties, la durée de la relation de clientèle avec les institutions financières, le taux d'intérêt,
le solde du crédit interentreprises et le niveau de risque (fluctuation du résultat). Le logiciel EVEWS 3.1 a
été utilisé pour estimer le modèle logistique alors que le tableur Excel et le logiciel SPSS 16.0 ont été
mobilisés pour générer les statistiques descriptives.
Notre population d'étude est constituée des PME du secteur de transport dans la ville de Goma.
Ainsi, considérant d'une part que les séries transversales doivent jouir de la loi des grands nombres
c'est à dire au-dessus de trente (Yao, 2005) pour la détermination de la taille de l'échantillon, nous
avons décidé de retenir une taille de 60 PME pour notre étude.
L'enquête s'est déroulée en ville de Goma, à la période allant du juillet à Aout 2023. Pour atteindre
la taille de notre échantillon, un lot de 60 protocoles a été donné aux différents responsables de PME
du secteur de transport de la ville de Goma. Pour ceux qui étaient disponible, nous avions utilisé le
protocole de questionnaire comme guide d’entretien afin de discuter ensemble sur notre thème de
recherche
32
Le modèle utilisé dans cette étude est largement inspiré de travaux de Mohamed (2009), Brighi et
Torluccio (2008) et Schafer et al. (2004) qui ont mené des études similaires en milieux urbains
respectivement en France, en Italie et Angleterre. Nous adoptons ces modèles et les adaptons
moyennant des ajustements au contexte de PME africaines en général et celles de Goma en
particulier
Il s’agit d’une variable qualitative décrivant la répartition des sources de financement de PME entre
fonds propres et fonds empruntés. Cette variable prend la valeur 1 si les fonds internes représentent
au moins 50% des ressources totales de la PME et 0 sinon. Cette variable est donc un proxy de la
préférence et/ou non des dirigeants des PME pour les fonds internes et donc l’indépendance et
l’autonomie de la PME
- La taille (TAIL) ; il n'est pas toujours évident de s'appuyer sur la littérature afin d'émettre une
hypothèse quant au signe attendu de l'influence de la variable taille sur l ‘endettement des PME. En
effet, la taille ne fait pas référence à une théorie bien précise, mais elle relève de la doctrine dans les
études empiriques sur l'endettement (Dubois, 1984). Selon Titman & Wessels (1995), les entreprises
de grande taille ont une faible probabilité de faillite car elles exercent des activités diversifiées ce
qui réduit la volatilité des cash-flow, contrairement aux entreprises de petite taille ( Lehmann &
Neuberger, 2001 ). D'un autre côté, la taille permet d'évaluer la solvabilité et d'apprécier la qualité
de l'information et donc, est un proxy de l'asymétrie d'information et des contraintes financières. En
relève dans la littérature que les problèmes de la production et de divulgation de l'information sont
plus importants pour les PME, par conséquent ont plus de difficultés à s'endetter ( Ang, 1992 ; Beck
& Demirgue - Kunt, 2006 ; Cleary, 2006 ). Dans le même sens, notre étude porte particulièrement
sur les PME, du secteur de transport. Des lors, nous nous attendons à ce que la relation entre la taille
et l'endettement soit négative. Certes, la majorité des études empiriques constatent une relation
positive entre la variable taille de l'entreprise et le niveau d'endettement ( Rajan et Zingles, 1995;
33
Booth et al, 2001; Graham, 2000; Hovakimiam, Opler et Titman, 2001 ; Fama et French, 2002;
Hakmaoui et Yerrou, 2012), d'autres constatent une relation négative ( Carpentier et Suret, 2000),
sans effet ( Fontaine et Njiokou, 1996) ou non significative ( Kremp et al, 1999 b). L'effet de cette
variable reste donc ambigu. La taille est mesurée par plusieurs indicateurs ; l'effectif permanent, la
valeur ajoutée, le total bilan et le chiffre d'affaires. Dans notre article, nous retenons la mesure la
plus fréquente à savoir l'effectif permanent, utilisée notamment par Omri & Bellouma ( 2008),
Bellone et al ( 2010 ), Silva ( 2011) et par Benkraiem & Miloudi ( 2014).
L’âge de la PME (AGE) : est une variable quantitative, elle correspond à l’intervalle de temps
situé entre l'année d’observation (2023) et la date de création de la PME. Il est exprimé en nombres
d’années d’existence de la PME. La relation entre l’âge et la structure financière est quelque peu
ambigüe. En référence aux arguments formulés par la théorie du financement hiérarchique et en
supposant que la capacité d’autofinancement de la PME est une fonction croissante de son âge, il
semble que les entreprises plus âgées recourraient moins à l’endettement et utiliseraient donc leur
marge d’autofinancement en cas de nécessité. Par contre, la théorie du compromis et la théorie de
l’agence présupposent l’existence d’une relation positive entre l’âge de de l’entreprise et le taux
d’endettement. En effet, les entreprises plus âgées auraient une meilleure réputation, fruit de leurs
performances antérieures et disposeraient donc d’un meilleur capital informationnel. Par
conséquent, ces entreprises seraient gérées par des propriétaires- dirigeants expérimentés et
maitrisant globalement les coûts et les opérations ; ce qui pourrait conduire indéniablement à la
réduction des coûts d’agence entre elles et les banques notamment par le biais d’un signal positif
sur la bonne qualité de leurs investissements potentiels.
Le secteur d’activité de la PME (SECTA): il s’agit d’une variable qualitative prenant la valeur 1 si
la PME œuvre principalement dans le secteur de transport et 0 si non. Cette codification est basée
sur la supposition selon laquelle certains secteurs d’activités (transport aérien et lacustre) exigeraient
des montants d’investissements élevés qu’ils ne seraient totalement financer par les ressources
internes des PME. Par conséquent, les PME présentes dans ces secteurs seraient plus disposées à
recourir aux financements extérieurs en vue de réaliser leurs projets d’investissement et profiter
donc d’un effet de levier. Par contre, on peut laisser supposer que l’entrée dans ces secteurs est
conditionnée par la détention d’un capital de départ suffisamment élevé que seules les PME
indépendantes et autonomes disposeraient. Le risque lié à ces activités et surtout le capital exigé par
ces types d’investissement prédisposeraient ces types d’entreprises au rationnement de crédit. Ce
qui expliquerait que leurs dirigeants préfèrent plutôt une structure constituée principalement des
capitaux propres.
34
Le type de propriété de la PME (TYPME): c’est une variable qualitative, elle capte la structure de
la propriété du capital. Cette variable prend la valeur 1 si la PME est de type familial et 0 si non.
La propension à l'usage des fonds internes ou externes diffère selon que celle-ci est du type familial
ou non. Dans une telle perspective, une PME familiale en vertu de la conservation de son autonomie
aura un capital composé presque exclusivement des fonds internes alors que le recours à
l'endettement serait envisagé pour l'autre. Son effet sur la préférence des fonds internes est positif,
en référence à l’attribut recherché.
Le risque de la PME (RSQ) : cette variable est utilisée pour approximer le niveau de fluctuation du
résultat de la PME. C’est une variable qualitative. Elle prend la valeur 1 si le résultat de la PME sur
les trois dernières années est positif et/ou stable et 0 si non. Le risque est considéré par plusieurs
auteurs comme variable pouvant expliquer le niveau d’endettement des PME (Titman et Wessels,
1988 ; Boussâa, 1998 et Ziane, 2004). En effet, une tendance baissière des résultats sur plusieurs
années est supposée réduire la faculté d’endettement, d’encourager un comportement plus
conservateur dans l’esprit des dirigeants et de promouvoir beaucoup plus le recours aux fonds
internes. Par contre, les entreprises ayant un taux de variation du résultat net positif sont moins
risquées, jouissent d’une bonne réputation auprès des institutions financières et peuvent recourir
facilement à l’endettement pour renforcer la rentabilité de leurs fonds propres. Les théories d’agence
et de l’asymétrie d’information préconisent une relation négative entre les risques et le financement
par fonds propres (Harris et Raviv, 1990 ; Ross, 1977) alors que la théorie du financement
hiérarchique établit une relation positive. Compte tenu du contexte de cette étude, nous retenons
une relation une relation positive.
La rentabilité de la PME (RENT): c’est une variable quantitative ; elle est mesurée par le rapport
entre le résultat d'exploitation (excèdent brut d’exploitation) et le capital engagé. La rentabilité de
l’entreprise exprime, en effet, la capacité de celle-ci à dégager des fonds internes. Des controverses
théoriques se manifestent quant à la prédiction des effets de cette variable sur le niveau
d’indépendance de l’entreprise. En effet, comme la rentabilité de l'entreprise reflète la qualité de
son management et donc la compétence des gestionnaires, les entreprises rentables accèderaient
facilement à l'endettement (relation négative) que d’autres, ce qui les dissuaderait de ne pas recourir
exclusivement aux fonds propres. Certes, l’argument contraire peut être aussi avancé. En effet, les
entreprises rentables sont plus aptes à dégager une grande capacité d’autofinancement. Dans
l’hypothèse où le profit n’est pas directement distribué aux actionnaires en termes de dividende (ce
qui est souvent le cas pour les PME), il viendrait s’ajouter aux capitaux propres renforçant ainsi
l’autonomie et l’indépendance de la PME. Ce qui l’empêcherait de recourir aux fonds empruntés,
35
les fonds propres étant suffisants pour financer le cycle d’exploitation et les nouveaux
investissements. Cette hypothèse est conforme à la théorie du financement hiérarchique qui postule
que les entreprises rentables préfèrent les ressources internes à la dette (Myers et Majluf, 1984).
Pareille hypothèse est donc plus soutenable dans un contexte de Goma où les capitaux externes
coutent chers et où les PME sont souvent rationnées dans leur demande de crédit, les PME préférant
se financer par elles-mêmes ( Mugangu, 2006) .
La croissance de la PME (CRO) : c’est une variable qualitative, elle est approximée à partir du
taux moyen d’évolution du Chiffre d’affaires de l’entreprise. Elle prendra la valeur 1 s'il y a eu un
accroissement positif et/ou stable du chiffre d'affaires sur les trois dernières années et 0 si non. La
relation entre la croissance et l’indépendance financière de la firme est ambigüe. Pour certains
auteurs (Chittenden et al, 1996), une croissance élevée et réalisée dans un environnement risqué et
concurrentiel pousserait l’entreprise à un comportement conservateur l’incitant ainsi à utiliser sa
capacité d’autofinancement et de recourir peu ou pas à l’endettement. Cependant, et sur base de la
théorie du financement hiérarchique, il est suffisamment démontré que les entreprises à forte
croissance se caractérisent souvent par un besoin de financement externe élevé, ce qui les inciterait
à user de façon intensive des financements bancaires (Chittenden et al, 1996). Comme la forte
croissance est un signal crédible envoyé aux banquiers, ces derniers seront donc moins enclins à
rationner le crédit pour ces types d’entreprises.
Le crédit interentreprises (CIE) : c’est une variable qualitative. Cette variable résulte de la
différence entre les montants bruts de la dette fournisseurs et ceux du crédit clients. Elle prend la
valeur 1 si ce solde est positif et 0 sinon. Cette variable est une approximation de la capacité de la
négociation de la PME lui permettant de nouer des relations profitables avec les autres partenaires
autres que les banquiers. La relation entre le crédit commercial et l’indépendance de la firme est
positive. En effet, plus la PME peut drainer une masse critique des fonds auprès des autres
entreprises en espèces ou en nature moins elle recouvrira au financement bancaire. Plus ce solde est
important, plus l'entreprise aura une forte propension à utiliser des fonds internes et s’en passer de
l’emprunt.
Les garanties offertes (GARO) : c’est une variable quantitative. Elle est mesurée par la proportion
des biens immobiliers présents dans le total des actifs des PME (Mohamed, 2009). En effet, la
plupart des institutions financières de Goma et d’ailleurs demandent des immeubles pour garantir
le crédit aux demandeurs potentiels de crédit. Ainsi, des PME disposant d’immeubles et autres actifs
susceptibles de servir de garantie demanderaient plus des crédits et privilégieraient peu ou pas le
recours exclusif aux fonds propres (Titman et Wessels, 1988). Une relation négative est attendue.
36
Le coût financier (COFIN) : c’est une variable quantitative. Elle est mesurée par le taux d’intérêt
en pourcentage exigé par les institutions financières. L’influence du taux d’intérêt sur la structure
financière est parfois positive. En effet, si les dirigeants de PME estiment que le coût auquel ils
peuvent accéder à l’argent des institutions financières est élevé comparativement à la rentabilité
interne espérée des projets à financer, ils refuseraient d’emprunter, s’ils sont de bonne foi. Par
contre, si on suppose que ces dirigeants sont très peu sensibles au taux d’intérêt et qu’ils ne sont
motivés que par l’accessibilité immédiate aux fonds, on peut donc envisager une relation négative
entre le taux d’intérêt et la préférence pour les fonds internes.
La durée du prêt et la relation avec la banque (DURBA): c’est une variable quantitative. Elle est
mesurée par l’échéance moyenne que les institutions financières accordent aux PME qui peuvent
contracter les prêts chez elles. En effet, des échéances de crédit qui sont longues et compatibles avec
le cycle d’exploitation de la PME inciteraient ces dernières à contracter le crédit car les conditions
d'accès leur sont favorables (Akonkwa, A, 2009). Par contre des échéances courtes sont trop
contraignantes et poussent les PME à compter sur leurs fonds propres.
Source ; Tableau confectionné sur base des éléments de la littérature et le contexte économico-
financier de Goma.
Après avoir défini la variable à expliquer et les différentes variables explicatives dans la présente
section, nous procéderons à la spécification de notre modèle économétrique afin de tester nos
hypothèses et interpréter les résultats. Conformément à la nature des variables de notre modèle
théorique, Le modèle utilisé dans cette étude est de la forme : Pi = Prob (yi =1/x) =F (βx), Où
F (βx) désigne une fonction de répartition ; β est un vecteur de paramètres (inconnus) associés au
vecteur x. Ce dernier désigne un vecteur de variables susceptibles d’influencer le niveau de
préférence des fonds propres par la firme. Ainsi notre modelé théorique se traduit comme suit:
Logit [Prob (FONI=1/x)] = βo +β1RENT +β2 CRO +β3 GARO +β4AGE +β5RISQ +β6CIE
+β7TAIL +β8COFI + β9 DURBA+β10TYPME+β11SECTA ± ε
Le dépouillement des fiches d'enquêtes a été réalisé à l'aide du logiciel Excel. Le traitement a débuté
par la saisie des réponses aux questions et la mise en place d'une base de données regroupant
l'ensemble des données collectées. Notre plan d'analyse des données a été statistique et nous a
permis de faire état des caractéristiques socio-économiques des répondants de notre échantillon dans
un premier lieu. Il s'agit plus précisément de produire des statistiques descriptives (proportion,
mesures de tendance centrale et mesure de dispersion), ou, en d'autres termes, d'une analyse uni-
variée qui a servi à décrire notre échantillon. Dans un second lieu, nous avons effectué une analyse
multi-variée à l'aide des techniques économétriques.
En résumé, à l'aide des techniques statistiques et économétriques précipitées, nous avons été en
mesure de répondre à notre problématique de recherche. Nous avons donc été capables de
déterminer les caractéristiques qui mettent au clair les déterminants de la structure financière des
PME dans le secteur de transport en ville de Goma.
Nos analyses ont été facilitées à l'aide des logiciels Ms Excel et evews 3.1
39
Nous présentons d’abord les caractéristiques des PME enquêtes et ensuite nous donnerons les
résultats relatifs aux facteurs à même d’expliquer la structure financière de la PME du secteur de
transport à Goma.
Les caractéristiques des PME se rapportent à la propriété du capital, à l’âge des PME, taille, niveau
de garanties, la rentabilité, la durée de la relation de la clientèle, le coût de financement, etc.
principales variables explicatives retenues dans cette étude.
Les informations relatives à la propriété du capital montrent que 38 % des PME enquêtées sont du
type associatif ou coopératif contre 62 % du type privé ou familial
Ces résultats montrent que 81,6% des PME enquêtées reconnaissent que les fonds internes
représentent au moins 50% de leur structure financière. Seules 18,4 % des PME ont reconnu que les
fonds empruntés étaient prépondérants dans le financement de leurs activités.
Il ressort de ce tableau que 3,33% de PME enquêtés ont une ancienneté inferieur a 2 ans, 11,67%
ont une ancienneté compris entre 3 et 6 ans, 25% leur ancienneté est compris entre 7 et 10ns tandis
que 60% des PME fonctionne depuis plus de 10 ans.
Tableau no5 : Répartition des PME enquêtées selon la taille en effectif employés
Les informations se rapportant à la taille des PME indiquent que 50% de ces dernières emploient
entre 11 et 20 personnes, 33,3% ont un effectif compris entre 6 et 10 personnes, 1,67% ont un effectif
inferieur à 5 personnes et seul 15% des PME ont un effectif employé supérieur à 20.
41
Les données se rapportant aux garanties disponibles montrent que les actifs facilement mobilisables
pour sécuriser un crédit sont supérieurs à 50 % du total des actifs des PME pour 67%. Ces actifs
mobilisables représentent moins de 50% de l’actif des PME œuvrant dans le secteur de transport en
ville de Goma pour 33% des PME enquêtés.
Tableau no7 : Répartition des PME enquêtées selon leur durée de relation, avec les institutions
financière
Les informations se rapportant à la relation de clientèle PME-Banque/IMF montrent que 56,7% des
PME sous analyse fréquentent les institutions financières depuis plus de 11 ans. 35% des PME
côtoient les banques/IMF depuis plus de 4 à 10ans
Tableau no8 : Répartition des PME visitées selon la demande de crédit au près d’une
institution financière
De ce tableau, il ressort que sel 46,7% des PME enquêtés ont fait recourt au crédit d’une institution
financière et 58,7% comptent soit sur les fonds propres et sur les préteurs informels et cercles
familiaux et amicaux pour financer leurs activités
Tableau o9 : Répartition des PME enquêtées selon l’accès au crédit des préteurs individuel
Constatons que 60 % des PME enquêtées ont reconnu avoir fait usage des crédits commerciaux ou
issus des préteurs individuels et de la finance informelle et 40% des entreprises enquêté n’en fait
pas recours.
Tableau no10 : Repartions des PME enquêtées selon l’évolution du chiffre d’affaire
Les données issues des enquêtes révèlent que les PME affrontent un environnement difficile
exerçant un impact négatif sur les activités. En effet, 48,3% des PME ont reconnu que leur chiffre
d’affaires a connu une évolution positive ou s’est stabilisé durant les trois dernières années alors
que 51,7% des PME ont été soumises à une évolution négative de leur chiffre d’affaire. L’évolution
négative est due soit aux aléas de la guerre ou soit de gestion, soit aux normes restrictives subies par
les PME de la part du Gouvernement en matière d’exercice des affaires.
Toutefois, notons que malgré la conjoncture désastreuse dans laquelle les PME exercent leurs
activités, certaines, soit 65 % PME ont constaté une évolution à la hausse sinon stable de leurs
profits au cours de trois derniers exercices passés contre 35% qui l’ont jugé défavorable et donc en
baisse.
Tableau no12 : Répartition des PME visitées selon l’appréciation de la rentabilité de l’activité
Les informations relatives à la rentabilité des PME indiquent que 66,7% des PME sous analyse sont
rentables; ce qui revient à affirmer que malgré les conditions drastiques dans lesquelles se déploient
à Goma, elles restent tout de même rentables.
Ce tableau indique que 85% des PME sous analyse œuvre dans le transport terrestre, 8,3% dans le
transport lacustre et 6,7% dans le transport aérien.
3.2. Facteurs influençant le choix de la structure financière dans les PME de Goma
Le modèle de base contenait 11 variables explicatives. Après régression, nous obtenons un modèle
quelque peu simplifié contenant 9 variables, les variables garanties offertes et taille de la PME étant
totalement exclues. 4 variables sur les 9 exhibent les signes attendus (le risque, le coût du
financement bancaire et la durée de la relation avec les institutions financières). La variable solde
du crédit commercial ressort avec un signe négatif alors qu’on attendait d’elle une influence
négative. Pour les autres variables (secteur d’activité, croissance, âge, rentabilité) pour lesquelles il
nous était difficile de préciser le sens de la relation avec la structure financière, l’ambigüité a été
44
levée en faveur d’une influence négative. Le tableau ci-après nous donne de plus amples
informations.
C - 1,213920 0,0086
Total obs. 60
En vu de nous assurer de la qualité du modèle à prédire le niveau de préférence pour les fonds
propres, nous avons recouru à la table de prédiction. Dans ce cas, il s’agissait de mesurer l’aptitude
45
Observé
Prédit D=0 16 5 21
D=1 6 33 39
Total 22 38 60
Correct 17 33 50
Les résultats ici du tableau ci-haut indiquent que le modèle utilisé prédit correctement 50
observations sur les 60 retenues, soit un taux de prédiction correcte de 83,3%, ce qui confirme la
grande capacité du modèle à capter le phénomène et conduit à son acceptabilité. Ces résultats
montrent que la probabilité pour que les fonds internes des PME du secteur de transport de la ville
de Goma représentent au moins 50% de leurs ressources totales est fixée à 83,3% [(Probabilité
(FONI=1) = 0,8333)].
Huit variables sur les neufs sont statistiquement significatives au seuil de 10%. Il s’agit de :
rentabilité, risque, type de PME et coût du financement bancaire, la croissance de la PME, la durée
de la relation avec les institutions financières, l’âge et le solde de crédit entreprise et le secteur
d’activité. Les quatre premières influencent positivement la préférence pour les fonds propres alors
que les quatre dernières l’affectent négativement
caractérisés par une tendance baissière sur plusieurs exercices sont considérées comme trop risquées
par les préteurs potentiels. L’instabilité et la baisse des résultats financiers sont des signaux négatifs
envoyés par les gestionnaires des PME aux institutions financières, qui d’ailleurs sélectionnent les
emprunteurs potentiels sur base de leur business plan en leur demandant souvent de présenter les
bilans de trois derniers exercices. L’instabilité des résultats est un proxy de l’environnement risqué
dans lequel se déploie la PME mais aussi de la compétence ou non des managers. Cela étant, les
firmes dont les résultats sont instables et en baisse sur plusieurs années sont objet de la méfiance
des banques et des IMF, car ces dernières estiment qu’elles seront à coût sûr incapables de
rembourser les intérêts et le principal. Pour survivre, ces PME sont donc obligées de ne compter
sur leurs fonds propres, ces fonds propres restent les seuls moyens ultimes et indiqués pour assurer
la continuité de l’exploitation d’une telle entreprise. Ce résultat est similaire à celui trouvé par
Mohamed (2009) sur le marché français qui a trouvé une relation positive et non significative entre
risque et la préférence pour les fonds propres. Selon cet auteur, les PME soumises au risque
préfèrent se financer par elles- mêmes.
La variable coût financier « COFI » supporté par la PME est significative au seuil de 1% et
positivement corrélée avec le niveau de préférence des fonds internes. Ces résultats indiquent que
les gestionnaires des PME sous étude s’adressent peu ou pas aux institutions financières pour
demander un crédit car ils estiment que les taux d’intérêts auxquels ces fonds sont disponibles sont
très élevés. En effet, le taux d’intérêt moyen est estimé à 5 % par mois, soit 60 % l’an contre une
rentabilité moyenne estimée à 46 %. Par conséquent, les emprunteurs potentiels de bonne foi auront
difficile à contracter des crédits financiers dont les coûts sont largement supérieurs à la rentabilité
des investissements à financer. Dans l’hypothèse où certains gestionnaires accèdent aux crédits des
banques et des IMF, les échéances moyennes sont aussi courtes et ne répondent pas souvent au cycle
d’exploitation des PME. Les coûts des fonds empruntés et la courte échéance plongent parfois les
gestionnaires qui ont reçu le crédit dans de graves difficultés remboursement et menacent
dangereusement leur survie. Les taux d’intérêt élevés incitent donc les gestionnaires des PME à
opter un comportement conservateur vis-à-vis des fonds empruntés recourant principalement à
l’autofinancement et/ou réseaux familiaux pour financer leur exploitation. Brighi et Torluccio
(2008) ont abouti à un résultat contraire dans le cadre des PME italiennes. Cela semble se justifier
par le fait que les taux d’intérêt dans la plupart des pays développés et les autres conditions d’octroi
de crédit sont quelque souples (échéance longue par exemple). Ce qui pourrait inciter les PME a à
recourir au crédit bancaire et à renforcer en cas de réussite, la rentabilité de leur fonds propres.
47
La variable secteur d’activité « SECTA » est significative au seuil de 10% et est négativement
corrélée avec le niveau de préférence des fonds internes. Le besoin financier des PME est fonction
de leur secteur d’activités. En effet, les PME œuvrant dans les secteurs de transport lacustre et
aérien sont caractérisées par une complexité de leurs opérations. Cette complexité est directement
liée à la valeur des engins qu’elles emploient. Effet, ces types de PME emploient plus des fonds que
d’autres car ses engins coûtent plus chers. Ces types de PME ont aussi besoin de réunir une certaine
taille en vue d’espérer prospérer dans des secteurs souvent soumis à une concurrence ample. Cela
nécessite de disposer donc de gros moyens dès le début que les propriétaires dirigeants ne peuvent
mobiliser par leurs propres ressources ou ceux des amis. Dans cette perspective , ils sont donc
obligés de recourir aux financement des banques ou des IMF pour démarrer une entreprise ou
renforcer leur investissement antérieur . La facilité de ces PME à recourir aux fonds externes est
justifiée aussi par l’importance de ces matériels dans ces types d’entreprises. Ces immobilisations
49
représentent plus de 80% de l’actif total de ces entreprises, ce qui constitue des garanties disponibles
à même d’être mobilisées comme garantie pour les crédits futurs. Bref, les PME du secteur de
transport seraient plus incitées à faire un mixage des fonds, les fonds empruntés l’emportant souvent
sur les fonds propres et cela en vertu de l’importance de l’investissement à réaliser.
La variable âge « AGE » de la PME est significative au seuil de 10% et est négativement corrélée
avec le niveau de préférence des fonds internes « FONI». Ces résultats sont en conformité avec la
théorie du financement par compris et la théorie d’agence. En effet, les entreprises les plus âgées
jouissent d’une meilleure réputation et d’une plus grande expérience. Ces deux caractéristiques sont
susceptibles de conduire à la réduction des coûts d’agence grâce à un signal positif ; ce qui
encourageraient les institutions financières à leur accorder le crédit sans la moindre suspicion. Ainsi,
les entreprises anciennes maitrisent leur secteur d’activité, ont un meilleur accès aux ressources et
se sont constitués des réseaux. Ainsi, elles ont plus d’informations sur l’offre des financements
(banques et IMF) et peuvent accéder facilement au crédit que les jeunes. Ces résultats sont en
contraction avec ceux trouvés par Bachiseze (2009) dans une étude exploratoire consacrée à la
multibancarité des PME dans la ville de Bukavu. Ses résultats établissent une relation significative
et négative entre l’âge de la PME et son taux d’endettement (l’inverse pour les fonds internes). Ses
résultats sont conformes à la théorie du financement hiérarchique stipulant que plus l’entreprise est
âgée, plus sa capacité d’autofinancement augmente et moins elle est dans l’obligation de se financer
par les fonds empruntés.
La variable croissance « CRO » est significative au seuil de 10% et est positivement corrélée avec
le niveau des fonds internes. Ce résultat est le reflet de la rationalité des dirigeants mais aussi de
l’environnement risqué dans lequel les PME se déploient à Goma. En effet, les PME qui sont les
plus performantes et qui aspirent et/ou réalisent une croissance accrue préfèrent compter sur elles –
mêmes pour financer les nouveaux investissements. Cela s’explique par le fait que la croissance de
la PME est compatible avec l’augmentation de sa taille et de sa rentabilité. L’augmentation de la
taille implique une diminution des coûts et conduit à la compétitivité des firmes dans un
environnement caractérisé par une vive concurrence. La diminution de coûts induira une diminution
des prix, ce que par ricochet augmentera la part de marché et le profit de la PME. Les profits non
distribués se soldent en autofinancement et suffisent parfois, pour des PME familiales éprises
d’indépendance ou autonomie, à financer les besoins actuels et futurs exigés par l’exploitation. Bref,
les PME les plus performantes et qui aspirent à une croissance accrue sont les plus autonomes. Un
résultat similaire a été obtenu par Cirishungu (2001) qui a conduit une étude sur la structure
financière des PME à Kinshasa.
50
51
CONCLUSION
Les résultats de cette étude confirment que l’âge, le secteur d’activité, la rentabilité, le risque, le
solde du crédit commercial, la croissance, le coût de financement et la durée de la relation avec les
institutions financières sont susceptibles d’expliquer la structure financière des PME dans le secteur
de transport à Goma.
Il ressort de cette étude que plus la PME est ancienne, plus elle développe son capital informationnel
et plus elle est capable d’accéder aux produits financiers des Banques/IMF. Ce qui la dissuaderait à
ne pas utiliser exclusivement les fonds propres pour financer son exploitation. Les résultats révèlent
que les PME œuvrant dans les secteurs de transport (aerien et lacustre) sont presque forcées à
recourir à l’endettement. Cela s’explique par le fait que l’entrée dans ce secteur exige des gros
investissements en vue d’atteindre la taille optimale que seuls les fonds propres des propriétaires
dirigeants ne sont pas capables de financer dans la totalité .
Les résultats de cette étude montrent que les PME qui réalisent une croissance forte et donc un
chiffre d’affaires croissant dans un universel risqué et très concurrentiel sont obligées de compter
sur elles –mêmes pour financer leur croissance. Ainsi elles réinvestissent les profits de l’exploitation
dans leurs activités et s’en passent du crédit bancaire caractérisé souvent par des conditions difficiles
d’accès (taux d’intérêt élevé). Les PME risquées, c’est-à-dire celles connaissant une évolution
négative de leur résultat au fil du temps adoptent le même comportement. Elles ne font usage que
des fonds internes car elles obtiendraient difficilement le crédit bancaire compte tenu du risque
qu’’elles représentent.
Les résultats de cette étude prouvent que les PME du secteur de transport a Goma se contentent de
leur fonds propres et refusent de s’endetter à cause des taux d’intérêts souvent très élevés s’élevant
au-dessus de la rentabilité moyenne espérant par les dirigeants. Les PME de bonne foi se méfient
du crédit bancaire et optent pour un financement exclusif par fonds propres. Les résultats de cette
étude montrent que le crédit commercial est un indicateur de qualité de la PME. En effet, les PME
qui ont eu à contracter ce type de crédit sont plus disposées à demander de crédit bancaire et de
constituer ainsi une structure financière composée conjointement des fonds empruntés et des fonds
propres. La relation de partenariat PME-Banque est aussi un facteur qui découragerait les PME à
recourir exclusivement aux fonds propres. En effet, plus la PME et la banque s’engagent dans une
relation de long terme moins la firme sera victime du rationnement de crédit. Dans cette perspective,
la PME optera pour une structure financière composée des fonds propres et des fonds empruntés.
52
Cette étude montre que les PME de Goma sont presque obligées de recourir aux fonds propres en
fonction des risques qu’elles courent et du coût des fonds empruntés qu’elle doivent supportés. La
solution à ces problèmes passe par l’assainissement du cadre macroéconomique et de
l’environnement des affaires dans lequel se déploient les PME. Dans cette perspective, il faudra
restaurer la confiance des agents économiques dans le secteur financier mais aussi donner de bonnes
incitations aux banques et IMF. Il faudra donc aider les IMF et les banques à obtenir des fonds de
long terme et moins chers afin qu’elles puissent mieux répondre aux besoins spécifiques des PME.
La multiplication des possibilités de crédit pour les PME fera baisser sans nul doute le taux d’intérêt
et les incitera à ne plus recourir exclusivement aux fonds propres.
Bien que cette étude ait abouti à des résultats probants et robustes sur le plan scientifique, requiert
certaines limites. Les investigations n’ont porté que sur une taille d’échantillon réduite. Ce qui limite
la portée des résultats et leur généralisation à l’ensemble des PME du secteur de transport à Goma.
Nous n’avons pas eu accès aux données comptables et aux états financiers des PME pour des
raisons de confidentialité, les PME de Goma étant caractérisées par une opacité informationnelle
accrue. Par conséquent, certaines variables (risque, la croissance, etc.) ont été captées par des
mesures subjectives réduisant ainsi le niveau de précision recherchée. Des recherches futures
pourraient compléter et seraient focaliser fondamentalement sur les facteurs incitant les PME du
secteur de transport en ville de Goma à solliciter les crédits financiers.
53
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