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PROGRAMMATION FINANCIERE
Marc Raffinot
Université Paris Dauphine
2006
Programmation financière M.Raffinot
5.1 INTRODUCTION
La traduction chiffrée des politiques économiques dans une approche de court terme
(un à trois ans) vise essentiellement à vérifier le respect des grands équilibres macro-
économiques. En général, l’impact des politiques à plus long terme (notamment à travers les
investissements publics, l’endettement, etc.) n’est pas vraiment pris en compte.
En France, des techniques ont été développées depuis la fin des années soixante au
sein de la Direction de la Prévision du ministère des Finances pour effectuer ce type de
travail. Il s’agissait essentiellement de réaliser un cadrage macroéconomique (prévision à
court terme) dans le cadre de l’élaboration du budget de l’État. C’est pourquoi cette pratique
est connue sous le nom de « budgets économiques ». Le budget économique se traduit par un
document annexé à la Loi de finances qui explicite les hypothèses sur lesquelles reposent les
prévisions de recettes publiques.
Depuis 1999, les programmes du FMI (et de la Banque mondiale) visent également de
manière explicite la réduction de la pauvreté. Nous examinerons quelques implications de cet
objectif sur la méthode de programmation financière. Mais cet aspect de la question est
beaucoup plus difficile à traiter que les questions d’équilibre budgétaire et de balance des
paiements. Le FMI et la Banque mondiale insistent de toutes façons sur le fait que la lutte
contre la pauvreté repose essentiellement sur une croissance saine. Ce qui signifie que le
respect des équilibres et l’avancement des réformes (libéralisation, privatisations, etc.) restent
primordiaux.
A partir des années quatre-vingt, les interventions du FMI dans les pays en
développement on conduit à un développement de la méthode préconisée par cette
organisation (la « programmation financière »), qui est d’origine plutôt monétariste.
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La principale différence entre les deux approches est que dans le premier cas, le PIB
en projection est calculé de manière endogène (il est déterminé par les composantes de la
demande finale, et résulte de l’ensemble des autres hypothèses faites), alors que dans
l’approche FMI, le PIB est exogène (il ne dépend pas des autres variables du modèle). La
politique monétaire ne peut avoir d’effets réels, elle n’agit que sur le niveau général des prix.
Dans les pays en développement, la réalité est souvent mixte. Dans certains secteurs,
la production ne peut augmenter à très court terme. C’est notamment le cas de la production
agricole, lorsque la récolte a été effectuée. Ce peut être aussi le cas dans d’autres secteurs, qui
constituent alors des goulets d’étranglement. C’est pourquoi l’application des budgets
économiques dans les pays en développement repose sur une distinction, et un traitement
différent, des secteurs d’offre (secteurs indépendants de la demande intérieure) et des secteurs
de demande (dont la production varie en fonction de la demande interne).
Les deux méthodes permettent de préciser le niveau des recettes futures de l’État, sur
la base d’une projection macro-économique cohérente. Cette façon de faire est en nette
rupture avec les méthodes traditionnelles d’élaboration des budgets de l’État. Dans la pratique
traditionnelle, on demande d’abord aux Régies financières (douanes, impôts, etc.) d’estimer
les recettes probables pour l’année suivante. Sur cette base, les dépenses sont ensuite
chiffrées, en tenant compte des besoins exprimés par les différents départements ministériels,
et après arbitrage éventuel du Chef du gouvernement.
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recettes publiques sont donc déduites de l’activité économique. Ceci permet d’évaluer le
déficit (ou l’excédent) du Tableau prévisionnel des opérations financières de l’État.
Tout ceci permet de comprendre que les méthodes macro-économiques ne sont pas
nécessairement plus fiables que les méthodes traditionnelles utilisées par les régies
financières. En particulier, l'approche macro-économique peut être prise en défaut :
Le FMI a été créé pour assurer la stabilité du système monétaire international, pour
faire en sorte que les liquidités internationales disponibles permettent la croissance continue
de l'économie mondiale – le tout dans un système de parités fixes mais ajustables. Il s'agit
donc essentiellement de s'assurer de l'équilibre des balances des paiements. L'intervention du
FMI était pensée dans un cadre libéral, pour lequel les déséquilibres de balance des paiements
en sauraient être que transitoires, compte tenu des forces de rééquilibrage qui s'exercent.
C'est pourquoi le FMI n'est pas conçu comme un organisme de financement, mais
comme un organisme de régulation, qui ne dispose que de moyens propres réduits, et qui
n'accordait jusqu'à la fin des années 70 que des concours à très court terme à des conditions
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Dans ce but, des instruments spécifiques ont été mis en place, car les instruments
traditionnels (accords stand by) supposaient un remboursement très rapide. En ce qui
concerne les pays à faible revenu, le FMI dispose depuis 1986 de la Facilité d’Ajustement
Structurel (FAS), peu à peu remplacée par la FASR (Facilité d’ajustement structurel
renforcée). Dans le second cas, le pays emprunteur a la possibilité de tirer des sommes plus
importantes, mais la conditionnalité est plus forte. Depuis 1999, la FASR est remplacée par la
Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC).
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Le terme d'ajustement "structurel" utilisé pour désigner les politiques préconisées par
le FMI et la Banque Mondiale peut donc se révéler trompeur. Alors que dans la terminologie
française, l'action structurelle renvoie plutôt à des actions étatiques sur les structures
institutionnelles ou les conditions générales de la rentabilité des activités économiques,
l'ajustement "structurel" dans la terminologie Banque mondiale-FMI fait surtout référence à
une modification de la structure des prix. Il s'agit de faire en sorte que les prix deviennent des
indicateurs fiables, susceptibles de fournir aux producteurs des informations non biaisées sur
les disponibilités en ressources et les préférences des consommateurs. Cela implique que les
signaux venus du marché mondial soient intégrés à la prise de décision en matière de
production et d'investissement, et donc que le système de prix relatifs soit aussi proche que
possible de celui du marché mondial. Le moyen "idéal" pour parvenir à cet objectif serait que
les prix se forment sur des marchés concurrentiels, au sein d'une économie ouverte. Réduire
les obstacles à l'établissement d'une telle structure des prix relatifs, en identifiant les
"distorsions" et en éliminant leurs causes constitue le noyau central des politiques
d'ajustement structurel.
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A court terme, les deux optiques de stabilisation et d'ajustement ne sont pas facilement
compatibles. Le retour à l'équilibre budgétaire, par exemple, aura presque toujours un effet de
contraction sur l'économie. Que l'on diminue les dépenses publiques ou que l'on augmente les
recettes, le risque est grand de réduire l'activité et l'investissement dans le secteur privé. On
peut même ainsi compromettre l'équilibre du système financier, le rendant inapte à financer
une éventuelle reprise de la croissance. Inversement, une forte libéralisation de l'économie, et
notamment la réduction des droits de douane ou des prélèvements sur les exportations peut
accroître sensiblement le déficit budgétaire. Il importe donc, dans une optique d'ajustement,
de combiner ces mesures de stabilisation avec d'autres, spécifiquement destinées à relancer la
croissance, dans des secteurs où une croissance saine peut se produire.
Ceci est d’autant plus vrai que le cheminement qui permet un retour à terme à
l'équilibre extérieur sans arrêt de la croissance, suppose pendant un temps une croissance de
l'endettement incompatible avec la poursuite d'un financement extérieur de type bancaire
commercial. Le financement, à ce niveau, ne peut donc venir que d'organismes ayant un
horizon temporel plus lointain, et un souci plus global de la viabilité du système financier.
Dans les pays industrialisés, les problèmes d'ajustement (stabilisation) sont souvent
abordés à l'aide de modèles keynésiens. Ces approches n'ont pas été retenues dans le cadre de
l'élaboration des programmes d'ajustement structurel par les organisations internationales, qui
font référence essentiellement à un modèle standard, développé autour de l'approche dite
monétaire de la balance des paiements, mais complété également par d'autres apports,
notamment la théorie de l'absorption.
Il existe une vaste littérature théorique qui traite de l'"ajustement" des économies qui
connaissent des déséquilibres. Ces analyses visent ce que nous venons de désigner sous le
terme "stabilisation". Il s’agit de construire un cadre simplifié, dans lequel on cherchera à
préciser un modèle général formalisant les relations entre différents marchés. On part pour
cela en général du modèle keynésien schématisé par les relations IS-LM, mais replacées en
économie ouverte (modèle Mundell-Fleming). S'agissant de pays industrialisés, on fait
l'hypothèse que les exportations et les importations réagissent à la fois aux niveaux de revenus
(du pays considéré, du reste du monde), et de prix relatifs. En cas d'information imparfaite, on
cherche ensuite à définir quel ensemble de politiques économiques ("policy mix") serait le
mieux adapté pour résorber les déséquilibres.
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intégrer directement le rôle du taux de change, auquel est en principe dévolu un rôle
considérable dans les politiques d'ajustement. C'est pourquoi les aspects concernant les taux
de change et les stratégies d'ouverture font l'objet d'approches spécifiques.
• caractère exogène de l'offre de monnaie, conçue comme résultant d'une décision autonome
des autorités monétaires qui fixent le niveau de la composante interne de la base
monétaire.
Il en résulte que toute expansion du crédit intérieur se traduit par une diminution du
niveau des avoirs extérieurs nets. Si l'offre de monnaie est supérieure à ce que les agents
souhaitent détenir sous forme liquide, l'excédent sera utilisé pour acheter des biens (importés,
puisque la production, à court terme, est supposée fixe) ou pour faire des placements à
l'étranger (dans la mesure où le marché financier interne ne permet pas de réaliser de tels
placements). Dans une version plus complexe, on fait intervenir une demande accrue de biens
locaux du résultant de l'excès de monnaie, demande qui se traduirait par un processus
inflationniste du fait de la fixité de l'offre, et, partant par une perte de compétitivité
débouchant sur un déséquilibre de la balance commerciale (effets indirects).
Quel que soit le type d'effet retenu, les réserves baisseront jusqu'au moment où le
niveau de l'offre de monnaie retrouvera le niveau des encaisses désirées. Tout déséquilibre
extérieur ne serait donc que le symptôme d'un mal plus profond, d'origine monétaire.
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l'idée que l'offre de monnaie dépend de la contrepartie interne (Cr) et externe (R) de la base
monétaire, par le jeu d'un multiplicateur h (inverse du coefficient de réserve appliqué par les
banques (du fait d'une réglementation ou du respect de normes prudentielles). L'équation (3)
reprend l'hypothèse du prix unique : pour un petit pays, c'est le niveau des prix internationaux
qui s'applique, par simple conversion au taux de change en vigueur. L'équation (4) postule
l'existence d'un équilibre sur le marché de la monnaie et l'équation (5), qui est une simple
identité comptable, énonce que le solde de la balance globale des paiements est égal à la
variation des réserves de change.
Encadré n° 5.1
L'approche monétaire de la balance des paiements
Md = P Y / v (1)
Ms = h (Cr + R) (2)
P = e P* (3)
Md = Ms (4)
B = ∆R (5)
Ceci permet d'écrire la relation souhaitée entre création monétaire et niveau des
réserves (pour un niveau de taux de change donné) :
R = ( v h ) e P* Y - C (6)
Le modèle de Polak (1957) qui constitue l’ossature des programmes du FMI ajoute à
l ’équation (6) une équation explicite de balance des paiements (en notant Z le niveau des
importations, avec Z = m Y, et F le flux net de capital, exogène) :
∆R=X–mY+F
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Y+Z=C+G+I+X (7)
C+G+I=A (8)
B=X-Z=Y-A (9)
Les deux analyses précédentes se rejoignent pour désigner comme origine principale
du déséquilibre externe le financement monétaire du déficit budgétaire, dès lors que l'on tient
pour acquis que le crédit au secteur privé, de même que l'investissement privé génère à terme
des contreparties réelles qui éviteront l'élargissement des déséquilibres.
Il est bien sûr possible de contester théoriquement la "rationalité" des systèmes de prix
établis par les équilibres de marché. La controverse sur la théorie du capital a bien montré la
fragilité logique de la théorie standard en matière de prix de production. Aujourd'hui, alors
que se développe le discours sur la dimension sociale de l'ajustement, il est pertinent de
rappeler que, de toutes façons, le système des prix relatifs, dans la théorie néo-classique elle-
même, s'établit en fonction d'une certaine répartition des patrimoines.
. Sur un plan moins abstrait, il est clair qu'il existe des secteurs où l'hypothèse de
rationalité du système de prix mondial est totalement irréaliste : en particulier celui des
marchés internationaux de produits agricoles, largement subventionnés dans les pays
industrialisés. Dans ce cas, le premier problème pratique qui se pose est celui de la capacité
effective des pays à faire respecter une politique de protection nationale. Mais, même en
supposant cette capacité, il reste que toute politique doit s'évaluer en tenant compte de la
possibilité effective de se procurer à faible coût des produits importés. Même dans ce cas, les
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avantages d'une politique protectionnistes doivent être soigneusement mis en balance avec les
surcoûts engendrés (et supportés par les consommateurs).
Les équations qui constituent le modèle reprennent des équilibres ex-post. C'est ce qui
fonde l'équivalence, il faudrait dire l'identité, des déficits. Ex ante, l'origine du déséquilibre
n'est pas aussi évidente. En particulier, les pays africains qui exportent des matières premières
connaissent une grande variabilité de leurs recettes d'exportation et parfois une réduction
brutale et très importante de leurs recettes d'exportation Même des pays dont la gestion aurait
été prudente en "régime de croisière" peuvent avoir à faire face à des déséquilibres
insurmontables. Dans ces cas, l'enchaînement logique part de la réduction des recettes
d'exportation, débouche sur une réduction des recettes publiques (du fait de la réduction de
l’activité économique et/ou des prélèvements directs sur la filière d’exportation lorsqu’elle
existe) et une croissance du financement monétaire de l'Etat.
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De manière plus détaillée, l'élaboration des programmes financiers a été décrite par
E.W.Robichek, l'un des fondateurs de la méthode :
1) Sélection des niveaux pour les variables-cibles ou pour les objectifs : avoirs
extérieurs nets, inflation et autres
2) Étant donnés les niveaux définis en 1), calculer les composantes exogènes de la
balance des paiements (exportations, remboursements d'intérêts, flux de capital
autonomes).
3) A partir de 2), on obtient une valeur préliminaire des importations compatibles avec
les objectifs établis en 1)
6) A cette étape, il faut prendre une décision sur le fait de savoir si une "action" sur le
taux d'intérêt est nécessaire. Si la réponse est positive, il faut revoir l'étape 5)
11) Une fois qu'on a défini les nouvelles mesures de politique économiques, il faut
recommencer les étapes 1 à 10 jusqu'à ce que tout devienne compatible.
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Sur le plan technique, l'élaboration d'un programme financier, dans ses grandes lignes,
se conformera au Schéma 1. et procédera par itérations (l'annexe 1 présente le schéma sous
forme d'équations). Dans une première étape, il convient de fixer des objectifs et de faire des
hypothèses pour les variables exogènes (qui ne dépendent pas des autres). Celles-ci sont de
deux types : les unes sont le résultat de décisions prises par la puissance publique; les autres
sont des variables qui dépendent de décisions extérieures à l’économie nationale ou
d’instances internationales.
En pratique, les objectifs (qui peuvent être revus en cas de difficultés à boucler le
programme) portent sur :
• Le niveau des avoirs extérieurs nets (réserves). Le FMI considère que le bon
fonctionnement de l’économie nationale suppose un minimum de réserves de change
(pour payer le service de la dette extérieure, pour payer les importations, etc.) Cet objectif
est fixé en mois d’importations de biens et services (on multiplie le montant des
importations mensuelles par un certain nombre de mois). Le nombre de mois dépend de la
situation de départ. Plus l’objectif est un nombre élevé, plus le programme sera
contraignant. Il est souvent fixé à trois mois, dans les cas assez graves, et à six mois
lorsque la situation est plus satisfaisante.
• La croissance. Le PIB étant considéré comme exogène, le taux de croissance est considéré
comme un objectif. Il doit en principe permettre une certaine croissance du revenu par
habitant. Plus l’objectif est élevé, plus les contraintes seront facilement surmontées à
certains niveaux (TOFE) et plus elles seront serrées à d’autres niveaux (Balance
commerciale). Lors des premières itérations, le taux de croissance est généralement assez
élevé. Les programmes du FMI se veulent « raisonnablement » optimistes à ce niveau. En
tout état de cause, on vise un taux de croissance qui ne soit pas inférieur à celui de la
population, de manière à ce que le revenu par tête soit croissant.
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une modification du taux de change peut ramener à l’équilibre (ce qui dépend notamment des
élasticités prix des exportations et des importations, de l’impact du taux de change sur les prix
intérieurs, et de l’indexation ou non des revenus sur l’inflation).
Dans la nouvelle approche des CSLP (Cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté),
il conviendra de vérifier que les prévisions de dépenses publiques sont compatibles avec un
accroissement des dépenses dans les domaines prioritaires (en général l’éducation primaire, la
santé de base, la fourniture d’eau potable et l’assainissement).
3.2. La fiscalité
Dans des modèles agrégés comme le sont les modèles macro-économiques, il est
impossible de retracer le lien exact entre les recettes publiques et les véritables bases
d’imposition (par exemple de calculer l’impôt sur le revenu des entreprises en tenant compte
de l’ensemble des dispositions prévues par le Code des Impôts, y compris souvent l’existence
d’un impôt forfaitaire sur les bénéfices lorsque l’entreprise fait des pertes). Les bases
d’imposition sont en général trop spécifiques pour pouvoir être prises en compte dans des
modèles nécessairement assez agrégés. Il faut donc utiliser des assiettes « de remplacement »,
dont l’évolution (mais pas forcément le niveau) soit aussi proche que possible de l’assiette
réelle. Par exemple, on liera l’impôt sur les bénéfices avec la production ou la valeur ajoutée
des sociétés et quasi-sociétés, si l’on ne dispose pas d’une évaluation des bénéfices des
entreprises du secteur moderne. En ce qui concerne les impôts dont l’assiette est très
spécifique, ou les recettes non fiscales, on utilise par défaut le PIB en valeur comme assiette
de remplacement.
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donnée est alors calculée en multipliant l’assiette « de remplacement » par ce taux de pression
fiscale apparente. On le calcule pour le passé en faisant simplement le rapport des deux
grandeurs. Les taux apparents diffèrent donc des taux nominaux (ceux qui figurent dans les
barèmes, tarifs douaniers, loi de finances, etc.)
Il se peut par exemple que la structure de l’agrégat qui sert d’assiette de remplacement
se modifie. Supposons par exemple que l’année de base, le taux des droits de douanes sur les
importations qui figure dans le tarif soit unique et égal à 10 % (taux nominal), que les
importations se montent à 100 milliards, mais que le montant des droits de douane collecté ne
soit que de 8 milliards (20 milliards d’importations sont exonérées). Le taux apparent est de
8 %. Si l’année suivante le montant des importations exonérées passe à 30 %, le taux apparent
d’imposition diminuera (7 %) sans aucune modification des taux nominaux. C’est pourquoi
les taux apparents doivent être utilisés avec beaucoup de prudence.
En projection, il n’est donc pas toujours facile de savoir comment devrait varier le
taux apparent pour tenir compte d’une variation du taux nominal. En principe, on devra faire
varier le taux apparent plus ou moins proportionnellement au taux nominal. Mais il se peut
qu’un taux nominal excessif conduise à une réduction des recettes (courbe de « Laffer », et/ou
apparition de contrebande). Dans ce cas « trop d’impôts tue l’impôt ». L’augmentation du
taux nominal se traduit par une réduction du taux apparent. Il faut donc toujours faire
attention à la possibilité de telles évolutions lorsqu’on fixe les taux apparents pour les
projections.
L’investissement privé peut être projeté de différentes façons. Dans les très petites
économies, une grande partie de l’investissement résulte de décisions d’un petit nombre de
firmes, généralement des entreprises qui fournissent des services publics (eau, électricité,
télécommunications). Les investissements de ces entreprises sont programmés des années à
l’avance, de manière à constituer des réseaux. Ils sont assez peu liés à la demande interne
passée. Une autre partie importante de l’investissement est constituée par le logement des
ménages. Elle est en grande partie liée au processus d’urbanisation.
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pour résultat une forte croissance de l’investissement privé. En l’absence d’une forte demande
interne, cette croissance reste cependant souvent limitée.
4.2. Exportations
Le niveau des exportations est lié à quatre éléments : les prix internes, les prix
extérieurs et le taux de change, d’une part, l’intensité de la demande extérieure d’autre part
(les trois premiers éléments étant synthétisés dans le taux de change réel). Lorsque les
exportations sont composées en grande partie de matières premières, il faut faire une
hypothèse, souvent difficile, sur les prix futurs – ou projeter différents scénarios. La Banque
mondiale a publié régulièrement des projections économétriques des prix des matières
premières, mais celles-ci se sont révélées généralement très optimistes.
On peut alors se référer à une moyenne des années passées, ou faire plusieurs
scénarios (un optimiste, un moyen et un pessimiste, par exemple).
Pour les très petits pays exportateurs de matières premières, il est souvent suffisant de
considérer que la totalité de la production des filières d’exportations est automatiquement
exportée au prix mondial. Dans ce cas, le niveau des exportations doit être mis en rapport
avec la dynamique de l’offre, qui est souvent sensible au prix proposé aux producteurs, réel
ou nominal.
Les données concernant le service de la dette interne et externe (en devises) sont
connues à court terme, surtout lorsque la quasi-totalité des emprunts sont à taux fixe. Ceci
n’est pas tout à fait exact, puisque certains emprunts effectués pendant les années de
projection vont générer des intérêts (voire des remboursements en capital s’il n’y a pas de
délai de grâce). Mais ces montants sont en général négligeables, surtout lorsque l’État
emprunte à des conditions concessionnelles.
Le montant de financement extérieur que le pays est susceptible de recevoir peut être
évalué par référence au passé, ou par comparaison avec des pays similaires. Il se décompose
en deux. La partie concernant les projets est en général assez rigide à court terme, puisque les
projets qui pourront être financés ont fait l’objet d’une instruction dans les années
précédentes. Seuls les financements d’ajustement (aide à la balance des paiements) sont
relativement flexibles à court terme. Comme les différents bailleurs de fonds disposent
généralement « d’enveloppes » par pays, le maximum mobilisable peut être évalué par contact
direct avec les agences de financement.
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Schéma 1 : Le schéma de la programmation financière
Equilibre Ressources
Emplois (Biens et Services)
PIB Conso Privée
Imp Conso Publique
Invest Privé
Invest Public
Exports
Pression fiscale
Balance des paiements
.
Financement Prêts extérieurs Amorts ext.
extérieur et
endettement Prêts intérieurs Amorts int
Dans une approche plus détaillée, il serait souhaitable de rendre chaque grande
catégorie d’importations variable en fonction de l’utilisation correspondante (consommation,
investissement, etc.)
Comme nous l’avons vu, une itération se fonde sur une estimation du PIB en volume
reposant notamment sur des estimations des niveaux de production des secteurs d'offre (ce qui
concerne en particulier les filières exportatrices). On joint une estimation des taux de
croissance du déflateur du PIB, pour obtenir un PIB prévisionnel en valeur. Ceci est la
démarche de la programmation financière. Elle a l’inconvénient majeur de faire de la
consommation des ménages une variable d’ajustement.
Dans la pratique des budgets économiques, le PIB est endogène, déterminé par les
hypothèses sur les utilisations finales exogènes (investissements privés, exportations,
consommation publique, investissements publics), et les équations de comportement
(consommation privée et importations). Le paragraphe suivant présente le détail de la
méthode utilisée.
Dans chacun des deux cas, la détermination du PIB permet de calculer les variables
qui en dépendent, notamment les recettes publiques (par application de taux apparents de
pression fiscale) et les importations, de manière à poursuivre la construction du TOFE et de la
Balance des paiements.
On construit sur cette base le Tableau des opérations financières de l'État (TOFE),
ainsi que la balance des paiements. Dans cette procédure, la situation financière joue un rôle
spécial : c'est à son niveau que se vérifie la cohérence des estimations. En effet, la masse
monétaire totale est donnée par une relation avec le PIB (ou PIB en volume et niveau des prix,
ce qui peut, suivant les cas, représenter une poursuite de l'évolution constatée ou un objectif
de politique économique destiné à lutter contre l'inflation) et deux de ses composantes sont
obtenues par solde, respectivement du TOFE et de la Balance des paiements : le besoin de
financement interne de l'État (en supposant qu’il n’existe pas de marché financier sur lequel
l’État puisse placer des titres) et la variation des avoirs extérieurs nets. C'est donc le crédit à
l'économie que l'on obtient par solde, et au niveau duquel on devrait pouvoir juger le niveau
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Programmation financière M.Raffinot
de réalisme de la projection (par comparaison avec le niveau du PIB et les valeurs sectorielles
de la production).
Le Schéma 1 présente également un test pour le niveau des avoirs extérieurs nets, car
le schéma fonctionne avec un niveau objectif pour ces avoirs exprimés en mois
d'importations. L'objectif (qui figurera d'emblée dans la situation monétaire) devra donc être
confronté avec le niveau obtenu par calcul dans la balance des paiements, à moins qu'on ne
l'utilise pour fixer directement dans celles-ci le niveau maximal des importations.
On distingue pour cela des éléments exogènes (qui sont déterminés en dehors des
relations supposées entre les éléments de l’ERE) et des éléments endogènes, qui dépendent de
relations entre les éléments.
Les projections les plus simples s’effectuent à prix fixes. Les projections plus
complexes tiennent compte de l’évolution prévisible des prix.
Cette méthode correspond à celle qui est enseignée dans les manuels de macro-
économie (modèle IS-LM ou modèle Mundell-Fleming en économie ouverte).
Si l’on suppose que les prix sont fixes, la projection s’effectue en déterminant de
manière exogène la consommation des administrations publiques, les investissements des
ménages, des sociétés et quasi-sociétés et des administrations, ainsi que les investissements.
Il suffit alors d’établir une relation adéquate entre les importations et le PIB d’une
part, entre la consommation privée et le revenu disponible des ménages pour être en mesure
de projeter le PIB, en écrivant l’égalité entre ressources et emplois. Bien entendu, il est rare
que l’on puisse valablement effectuer une projection en supposant que les prix sont
absolument constants
Avec des prix variables, la projection devient un peu plus complexe. Toutefois, dans la
plupart des modèles de programmation financière, les prix et les quantités sont projetées
séparément, ce qui limite les difficultés. Il faut toutefois bien préciser la façon dont les prix
sont déterminés (notamment l’impact des variations des prix des produits importés).
Exemple :
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Supposons que nous souhaitions projeter l’ERE de l’année de base 1999, qui s’établit
comme on le lit au tableau 1.
Première étape :
Ressources=Emplois 1676
Seconde étape :
On intègre les hypothèses concernant les évolutions de prix suivant un schéma logique
de formation des prix (prix des produits importés et taux de change, prix des produits locaux,
coûts salariaux, comportement des marges et des taxes indirectes, degré de concurrence). Ce
schéma logique doit être testé sur les données du passé pour être validé.
On utilise ensuite les indices de prix ainsi établis pour calculer les montants à prix
constants et les indices de volume pour la consommation publique et les investissements
publics. Le calcul s’effectue à partir de la droite, en divisant simplement les valeurs 00 aux
prix 00 par les indices de prix (et en multipliant par 100).
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Programmation financière M.Raffinot
Ressources=Emplois 1676
Troisième étape
• Une relation en volume entre importations et PIB (pour simplifier, il s’agit ici de
l’hypothèse la plus élémentaire, celle d’une propension moyenne et marginale à
importer constante, mais on peut aussi supposer que c’est la propension marginale
à importer qui est constante, ou l’élasticité). Lorsqu’on utilise l’élasticité, on
suppose en général qu’elle est supérieure à 1 (les importations en volume croissent
plus rapidement que le PIB). Là aussi, il faut tester les trois relations sur les
données du passé pour déterminer quelle est celle qui est la plus pertinente.
• Une relation en valeur entre consommation privée et PIB (sous l’hypothèse d’une
pression fiscale constante). A ce niveau aussi, l’hypothèse est la plus simple que
l’on puisse imaginer. Si l’on fait varier la pression fiscale, il faut introduire une
relation entre la consommation des ménages et le revenu disponible des ménages
(le PIB moins les impôts et taxes).
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Programmation financière M.Raffinot
Cette façon d’effectuer les projections est purement macro-économique. Elle ne tient
pas compte des secteurs qui ne sont pas liés à la demande, et pas non plus des relations
intersectorielles au niveau des consommations intermédiaires (voir annexe 3)
Pour éviter les déséquilibres préjudiciables à la croissance, il faut éviter une croissance
des dépenses publiques incompatibles avec la croissance des recettes. C’est la fonction
traditionnelle des modèles de programmation financière et de budget économique. Dans le
cadre de la nouvelle approche, une telle évaluation reste absolument nécessaire. S’agissant de
programmation à moyen terme, elle devrait s’accompagner plus systématiquement d’une
évaluation de la soutenabilité de la dette. En fait, l’accent n’a été mis sur ce point que
tardivement, à l’occasion de l’initiative PPTE. Auparavant, on se contentait souvent de
« boucler » le TOFE, et souvent uniquement pour la première année du programme. Ce qui
est nouveau, c’est l’accent mis sur la répartition des dépenses publiques. Les modèles
traditionnels se bornaient en général à préciser l’enveloppe globale de dépenses publiques
« soutenable ».
Il faut maintenant préciser leur répartition entre les différents secteurs et /ou
départements ministériels. Par souci de cohérence, ceci devrait se faire dans un cadre macro-
économique en raison du lien entre dépenses publiques et recettes publiques (un niveau plus
élevé de dépenses publiques accroît la production publique et privée par le biais du
multiplicateur, et, de ce fait, les recettes publiques).
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Programmation financière M.Raffinot
Il faut aussi tenir compte de l’impact de la modification des dépenses publiques sur le
type de dépense (salaires, matériel, équipement). La réallocation des dépenses vers
l’éducation, par exemple, modifie la structure des dépenses publiques en faveur des dépenses
de personnel. Ceci peut exercer sur l’évolution économique (à court terme au moins) des
effets plus importants que l’accroissement du capital humain.
Mais l’aspect le plus ambitieux des réformes proposées concerne la volonté d’établir
un lien aussi systématique que possible entre les dotations budgétaires et les résultats
recherchés (liens moyens-résultats). Ceci nécessite une bonne connaissance des coûts
unitaires (combien coûte un enfant scolarisé en plus dans le primaire dans telle ou telle
région ? combien coûte la réduction du taux de mortalité à l’aide de telle ou telle mesure ?) Le
problème à ce niveau n’est pas tellement un problème d’instruments, ou d’intégration dans
des modèles macro-économiques. Le problème est surtout celui de l’analyse des dépenses
budgétaires et de leur répartition. Peu de budgets en Afrique de l’Ouest sont vraiment
transparents de ce point de vue (surtout en termes de réalisation et non de dotations
budgétaires). Les programmes d’ajustement structurel ont peu aidé de ce point de vue, étant
polarisés sur le montant global des dépenses. Les revues de dépenses publiques n’ont jamais
été suffisamment appropriées pour être d’un grand secours.
Le premier objectif cité est souvent mentionné. Il est clair, par exemple, qu’un modèle
devrait pouvoir traduire les conséquences d’une mesure donnée (une dévaluation par
exemple) sur les pauvres. Comme les relations sont complexes et que tout est lié dans une
économie (c’est précisément cela la macro-économie !) l’utilisation d’un modèle est utile.
Une dévaluation a de multiples effets qu’il faut pouvoir étudier ensemble, sur les prix, les
revenus, l’équilibre budgétaire, etc. La question n’est pas tellement de prévoir ce qui va se
passer que d’essayer d’identifier les aspects les plus négatifs, et de définir les meilleures
mesures pour y remédier.
Le second objectif est moins souvent mentionné, sans doute parce qu’il paraît assez
irréaliste. Idéalement, il est pourtant fondamental. En effet, il ne suffit pas de savoir que telle
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Programmation financière M.Raffinot
ou telle mesure devrait avoir un effet favorable sur les pauvres, il faudrait encore pouvoir
définir le meilleur ensemble de mesures (policy-mix), puisque les ressources sont limitées.
Par exemple, la plupart des programmes d’utilisation des fonds PPTE sont affectés à
l’éducation primaire et à la santé primaire. Mais dans quelles proportions ? Cela résulte le
plus souvent du hasard, des programmes existants, du rapport de force entre les ministères au
niveau de l’arbitrage budgétaire, etc. Pour améliorer les choses, il faudrait prendre en compte
les différentes relations entre les deux domaines (l’éducation améliore la santé, et vice-versa)
et entre ces domaines et les autres (la fourniture d’eau potable est un facteur important de
l’amélioration des niveaux de santé). Cet arbitrage doit tenir compte des préférences de la
population. On soutient parfois de ce point de vue que le problème unique est d’améliorer les
revenus des pauvres, ceux-ci étant alors en mesure d’affecter les gains ainsi réalisés de
manière optimale (pour eux).
Le programme est complété par des critères de réalisation et de performance que l'Etat
et la Banque centrale doivent respecter, et qui vont conditionner les décaissements successifs.
Le choix de ces critères correspond aux conceptions théoriques qui viennent d'être exposées.
Comme on le voit, un grand nombre de critères sont fixés en proportion du PIB, ce qui
est nécessaire puisqu'il est absurde de fixer, par exemple, un niveau a priori de recettes
budgétaires, sans tenir compte de l'évolution de la conjoncture. Le suivi du PAS dépend donc
des estimations rapides de PIB qui peuvent être faites (et qui sont faites, si l'administration
locale s'avère défaillante, directement par les services du Fonds et/ou de la Banque
mondiale)1. Mais l’instabilité de la croissance pose souvent problème dans les pays en
développement, car elle peut faire varier les ratios de manière peu intuitive, et surtout non liée
1 Il s'agit là d'un bouleversement considérable par rapport aux méthodes traditionnelles d'établissement des
comptes nationaux, qui reposaient essentiellement sur un dépouillement "lourd" des données disponibles (et
officielles) avec des retards énormes.
24
Programmation financière M.Raffinot
avec les efforts du gouvernement. Ainsi, par exemple, la pression fiscale se réduit en cas de
bonnes récoltes dans les pays dont le PIB est encore largement agricole, ce qui doit inciter à
beaucoup de prudence au niveau de l’interprétation.
D’une manière encore plus générale, il faut souligner que les méthodes traditionnelles
de projection se fondent toujours plus ou moins sur un maintien à court terme de la structure
de l’économie. Ceci semble justifié dans les périodes de croissance moyenne, mais demeure
quelque peu contradictoire lorsque des réformes importantes sont introduites, qui
bouleversent en profondeur le fonctionnement de l’économie.
Dans un certain sens, cela nous ramène aux problématiques des années soixante ou
soixante dix, et sur l’approche en termes de planification. En même temps, cela met à
nouveau l’accent sur la principale faiblesse des systèmes mis en œuvre à l’époque : l’absence
de liaison entre planification et budgétisation. C’est cette absence qui a rendu la planification
purement décorative, et conduit finalement à abandonner toute approche de moyen terme, ou
plutôt de la confiner à des Programmes d’Investissements Prioritaires, qui n’ont guère donné
de résultats probants.
Malgré son très grand intérêt en tant que processus de concertation et de confrontation
des plans et stratégies, de définition des priorités, il faut bien souligner que la construction
d’un CDMT ne peut jouer qu’un rôle assez limité dans la gestion macro-économique d’un
pays en développement. La grande instabilité qui caractérise ces économies (mais pas
seulement celles-ci) fait qu’aucune prévision ne peut prétendre décrire « ce qui va se passer ».
Toute prévision n’est qu’un scénario, dont les hypothèses devraient être précisées.
L’usage le plus utile de ces projections devrait être de se préparer à faire face à
diverses éventualités (état du monde possibles ou décisions des autres acteurs), et à préparer à
l’avance les meilleures réponses envisageables.
6.1 OBJECTIF
L’objectif de base de la démarche est de rendre la dépense publique plus efficace (de
manière à atteindre les objectifs de l’action publique en général) et plus efficiente (d’atteindre
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Programmation financière M.Raffinot
ces objectifs à moindre coût). Les CDMT, sectoriels et global sont des instruments qui
concourent à cet objectif.
Cela pose évidemment le problème de déterminer quel est exactement l’objectif de
l’action publique, et de son articulation avec les prises de décisions décentralisées (celles des
agents privés). Nous supposerons ici que l’objectif principal est la lutte contre la pauvreté,
conformément aux orientations décrites dans les documents de stratégie de réduction de la
pauvreté (DSRP).
Il est évident que cela ne correspond pas nécessairement avec la description objective
de l’action publique, qui relève le plus souvent de l’économie politique. De ce point de vue, il
sera certainement pertinent de prendre en considération d’autres éléments de l’action
publique, comme le désir de conserver le pouvoir (de gagner les élections, de se maintenir au
pouvoir) ou de maximiser le revenu de ceux qui sont au pouvoir (création de rentes).
Il est clair que dans la pratique, ces motivations interfèrent constamment avec le
processus CDMT, ce qui peut conduire à des allocations publiques sous-optimales (en
conservant par exemple un niveau élevé de dépenses militaires). Néanmoins, l’intérêt des
CDMT n’en est pas réduit pour autant. Ils sont au contraire d’autant plus importants qu’ils
participent à l’amélioration de la transparence des choix publics, notamment en rendant plus
concret le contrôle parlementaire.
Sur un plan plus pratique, les CDMT entretiennent des rapports complexes avec une
autre tendance qui se fait jour : celle de l’élaboration de budgets par objectifs (cas de la Loi
Organique de Loi de Finances en France). Ces budgets reposent sur deux principes essentiels :
la définition (démocratique) des objectifs ; la responsabilisation des responsables pour
atteindre ses objectifs, en leur laissant le choix des moyens. Poussé à l’extrême, cela
signifierait que ces moyens ne puissent pas être programmés à l’avance, ou seulement d’une
manière très générale.
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Programmation financière M.Raffinot
Sur la base de ces évaluations ont peut alors revenir sur les politiques retenues au
départ, les modifier ou les abandonner si elles n’ont pas produit de résultats satisfaisants, ou
les poursuivre si les résultats ont été conformes aux attentes, ou s’il s’avère qu’un temps plus
long que prévu est nécessaire pour que les impacts se manifestent. L’utilisation d’indicateurs
est utile, mais il faut prendre garde au fait qu’ils peuvent aussi produire des effets
indésirables.
Suivi
Mise en œuvre des politiques
•Administratif
Prise en compte dans le budget
•Société civile annuel (fonctionnement et
•Statistique investissement)
Il est impossible de définir des objectifs si la contrainte n’est pas précisée ! Sans
contrainte, les ministères sectoriels ne peuvent que proposer des programmes correspondant à
des « besoins » forcément subjectifs, qui viseront un programme d’activités irréaliste, ou
même la maximisation des dépenses publiques du secteur.
C’est un problème que l’on a souvent rencontré dans le cadre de l’élaboration des
budgets programmes, par exemple au Mali et au Burkina Faso en 1997 (Mesple-Somps et
27
Programmation financière M.Raffinot
L’élaboration des CDMT ne peut se faire que par une procédure itérative (des allers et
retours entre les différents éléments). Au minimum, cette procédure comporte :
• Une allocation de référence entre secteurs
• Une analyse des objectifs et des coûts dans chaque secteur
• Une mise en cohérence des CDMT sectoriels
• Un arbitrage entre secteurs
• Un retour sur les objectifs
La
Figure 2 illustre cette procédure
CDMT santé
Coûts/objectifs
CDMT global
CDMT éducation
Coûts/objectifs
(Arbitrages)
CDMT
infrastructures,
développement
rural, etc.
CDMT Sécurité
Défense, Police
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Programmation financière M.Raffinot
Ressources propres
T=tY
T = t1 Y + t2 M + t3 RDM + TREND
Toutefois, cela n’est pas forcément très performant à long terme, puisque l’on suppose
généralement qu’une réforme fiscales est susceptible.
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Programmation financière M.Raffinot
Capital Output Ratio). C’est ainsi que fonctionnaient les modèles de type Harrod Domar, ou
le modèle RMSM (Revised Minimum Standard Model) de la Banque mondiale.
Approche nouvelle :
Dans les approches nouvelles, la croissance est mise en relation avec un ensemble de
facteurs qui agissent directement ou indirectement (via l’investissement) sur la croissance à
long terme. Ceci ne fait que renouer avec les anciennes approches de la planification, qui
soulignaient l’importance de l’éducation et de la santé, par exemple (et proposaient même de
considérer les dépenses correspondantes comme de l’investissement). La différence
essentielle est que dans les années soixante et soixante dix, les bases de données disponibles
ne permettaient pas d’évaluer empiriquement l’impact de ces différents éléments.
Parmi ces déterminants multiples de la croissance, les plus souvent mentionnés sont :
• Capital humain
• Rattrapage (niveau de départ)
• Dépenses publiques
• Gouvernance, corruption
• Institutions (respect des droits de propriété, etc.)
• Fractionnement ethnique (relation non linéaire)
• Dotation en matières premières (relation non linéaire)
• Montant de l’aide (possibilité de dutch desease)
• L’endettement et le surendettement (debt overhang)
Il faut prendre garde au fait que pour être cohérent, le DSRP devrait donner la priorité
aux éléments qui sont considérés comme déterminants pour la croissance. Ce n’est souvent
pas le cas (par les exemple, les politiques prioritaires concernent l’enseignement primaire
alors que c’est l’enseignement secondaire qui est significatif en termes de croissance).
Approche pratique
En pratique, par exemple dans les DSRP, les premières années de projection relèvent
de méthodes de court terme, alors que les années suivantes relèvent du moyen terme. Il y a
donc un équilibre difficile à trouver entre des techniques qui relèvent de la projection de
l’offre et celles qui relèvent de la projection de la demande.
Dans ces conditions, si l’on veut rester réaliste, il est utile de se rapprocher des experts
sectoriels, et de tenir compte des évolutions sectorielles prévisibles. En effet, beaucoup de
données disponibles à leur niveau ne sont pas capturées par les modèles. C’est par exemple le
cas de l’épuisement des gisements (pétrole, minerais), celui de l’impact de changements en
cours (irrigation). Plus précisément, il serait utile d’obtenir des responsables techniques un
certain nombre de scénarios, de manière à faire la relation entre les coûts (par exemple des
investissements sectoriels), ou les autres éléments exogènes, et les performances. Par
exemple, la vitesse d’épuisement d’un gisement pétrolier dépend, toutes choses égales par
ailleurs, de l’évolution du prix du pétrole.
30
Programmation financière M.Raffinot
Il n’existe pas de technique particulière pour projeter les recettes non fiscales.
Lorsqu’on ne dispose pas d’informations spécifiques, et que les années de base ne sont pas
marquées par des recettes ponctuelles non pérennes, on les projette en utilisant le même taux
de croissance que celui du PIB.
Dons
Dons projets
Le montant de ces dons ne peut croître rapidement, car il faut que des projets précis
soient identifiés. Il faut vérifier que la contrepartie sous forme d’investissements ou de
dépenses de fonctionnement est prise en compte au niveau des dépenses publiques sur le
budget national.
Dons programmes
Réductions de dette
Les réductions de dettes sont des dons, même s’ils n’apparaissent pas comme tels dans
les TOFE. Lorsque les réductions de dette sont accordées en termes de stocks, elles se
traduisent par une suite de réductions sur le montant prévu du service de la dette (elles ne
fournissent pas d’argent frais).
Dans l’initiative PPTE, toutefois, les choses sont un peu plus compliquées puisque les
sommes libérées doivent faire l’objet de dépenses susceptibles de réduire la pauveté.
Enfin, il n’est pas évident que pour un pays particulier, on puisse considérer les
réductions de dette comme additionnelle par rapport aux dons classiques. On peut constater
que très souvent, les réductions de dette se substituent aux financements antérieurs, si bien
que le total des dons ne progresse pas.
31
Programmation financière M.Raffinot
Financement net
Dans les projections, les emprunts nouveaux (tirages) constituent le solde emplois –
ressources. Il est possible de faire apparaître les emprunts déjà identifiés, et un gap de
financement. Cela permet sans doute de juger pour les premières années du caractère réaliste
ou non de la projection. Mais cela ne change rien sur le fond, puisque le gap doit alors être
considéré comme un nouvel endettement.
Il reste alors à analyser si la dette ainsi générée est soutenable. Le sens de ce terme peut être
interprété de plusieurs façons. On peut considérer que c’est le cas lorsque que l’on ne dépasse
pas un certain seuil, mais cela reste assez arbitraire. On peut considérer qu’il s’agit de montrer
que la dette ne s’oriente pas vers un sentier explosif (que le taux d’endettement ne cesse de
progresser) – en vérifiant que la trajectoire ne constitue pas un jeu de Ponzi, c'est-à-dire que la
soutenabilité de la dette n’est pas acquise au prix d’emprunts de plus en plus considérables.)
Dans des projections à 10 ou 15 ans, cela suffira sans doute. Pourtant, il sera prudent de
vérifier que la dette reste soutenable dans tous les cas (face aux principaux chocs
envisageables).
6.3.3 Mais peut-on vraiment chiffrer la contrainte budgétaire dans les pays en
développement ?
La notion de contrainte budgétaire est claire en théorie. Dans la pratique, toutefois, les
choses sont plus confuses. D’abord parce que les ressources sont instables, au point que l’on
puisse s’interroger sur le sens d’un exercice de programmation à moyen terme. Ensuite, parce
qu’on peut avoir le sentiment surtout dans les pays les plus pauvres, qu’il n’existe pas
vraiment de « plafond » à la capacité de financement extérieur et que les montants varient de
manière totalement imprévisible.
Elle tient à de nombreuses causes. L’instabilité des financements extérieurs résulte soit
de la faible capacité d’absorption, soit de processus bureaucratiques et budgétaires dans les
pays donateurs, soit encore du jeu des conditionalités.
Ressources locales
Les ressources locales peuvent être aussi très instables. Une des raisons à cela est
qu’elles ne sont pas forcément directement liées à l’activité économique (qui est déjà en soi
assez instable). Comme les contribuables ne sont pas systématiquement répertoriés, et que la
corruption est souvent importante parmi les corps chargés du recouvrement des impôts et
taxes, le montant recouvré dépend aussi bien de l’évolution de la base taxable que de
l’incitation des corps de recouvrement.
32
Programmation financière M.Raffinot
Il faut noter toutefois que ceci ne rend pas forcément les recettes publiques moins
prévisibles. Dans la mesure où les arrangements entre le gouvernement et les corps de
recouvrement sont assez stables, on peut déboucher sur une situation où les recettes publiques
restent assez stables, malgré l’instabilité de l’économie.
Une fois que les ressources totales sont chiffrées, il faut évaluer le montant des
dépenses primaires.
C’est ce montant (que l’on nomme aussi enveloppe disponible) qui peut être réparti
entre les différents secteurs, et qui devrait l’être de manière optimale. En théorie, les choses
ne sont pas aussi simples, puisque la répartition des dépenses jouera sur la croissance, et sur
son efficacité en termes de réduction de la pauvreté.
L’idée que cette enveloppe disponible peut être répartie de manière optimale dans un
but de maximiser la croissance ou réduire la pauvreté est toutefois largement théorique. Elle
correspond à l’idée d’un budget base zéro (zero base budgeting). Il s’agirait de rechercher une
répartition optimale de l’enveloppe disponible en fonction des objectifs retenus.
En pratique, cela n’est guère envisageable. La pratique budgétaire dans les pays de
tradition française est de distinguer les « services votés » et les « mesures nouvelles ».
Usuellement, les Parlements ne discutent que les mesures nouvelles, les services votés (les
dépenses déjà budgétisées les années précédentes qui ont donné lieu à des paiements effectifs)
ne sont pas remis en cause. Cela entraîne une grande rigidité et des dysfonctionnements
(notamment un incitation à dépenses les dotations allouées). Mais il est difficile de remettre
en cause chaque année l’ensemble des dépenses car le dispositif administratif est loin d’être
modifiable facilement d’une année à l’autre.
La base de l’élaboration des CDMT sectoriels est l’analyse des politiques passées et de
leurs résultats. Ceci a été fait dans le passé à travers les Revues de dépenses publiques, mais
33
Programmation financière M.Raffinot
les résultats ont souvent été décevants, en ce sens que les recommandations résultant des
analyses effectuées dans ces revues semblent rarement avoir été prises en compte.
Dans un tel calcul, il est impératif de tenir compte à la fois des dépenses de
fonctionnement et d’investissement (prendre en compte ce que l’on nommait « dépenses
récurrentes »). La budgétisation séparée de ces deux éléments ne peut conduire qu’à des
problèmes et des dysfonctionnements.
Le CDMT sectoriel peut difficilement s’établir en une seule fois. Partant d’un objectif
(au moins provisoire), il faut en effet envisager toutes les possibilités de l’atteindre. Ceci
suppose une bonne connaissance des relations coûts/performance/résultats. Cette
connaissance peut être fondée sur des analyses théoriques, mais aussi et surtout sur l’analyse
des résultats des politiques menées dans le pays et dans d’autres pays.
Il s’agit de rechercher la combinaison qui assure les meilleurs rapport coût / résultats.
Dans sa logique ultime, cet exercice remet en cause le découpage sectoriel des
ministères, ce qui est un obstacle supplémentaire. En effet, par exemple, la réduction de la
mortalité infantile ne concerne pas seulement le ministère de la santé. La qualité de l’eau et
l’assainissement, sans parler de la formation des mères, jouent sans doute un rôle déterminant.
Une seconde étape, très rarement effectuée, devrait consister à prendre en compte les
interrelations entre secteurs. Il s’agit là pourtant en théorie d’une étape très importante, parce
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Programmation financière M.Raffinot
que les effets d’une série de dépenses ne sont pas la somme des effets de ces différentes
dépenses publiques.
La mise en cohérence doit tenir compte de l’ensemble des négociations en cours. Elle
ne pourra fonctionner correctement si elle est réalisée par une petite équipe du ministère des
finances.
Arbitrages intersectoriels
C’est une partie encore plus délicate de la confection du CDMT. Combien faut-il
allouer à la santé ? Combien à l’éducation ? Combien aux infrastructures de transports ?
Sur le plan éthique, une telle démarche est souvent perçue comme choquante. En fait,
elle est à l’œuvre implicitement, dès lors que l’on effectue des choix. Peut-être vaut –il mieux
les rendre explicites.
Sans systématiser l’approche, il est parfois possible d’effectuer des comparaisons plus
simples. Par exemple, comparer le nombre de personnes sorties de la pauvreté dans le cas de
dépenses comparables dans différents secteurs.
35
Programmation financière M.Raffinot
C’est une question difficile. A priori, il s’agit d’un effort de budgétisation à moyen
terme. La direction du Budget paraît donc naturellement désignée (surtout si l’on met fin au
dualisme préjudiciable entre budget de fonctionnement et budget d’investissement).
Toutefois, le CDMT repose sur un cadrage économique qui rend nécessaire l’implication
d’une entité comme un direction de la Prévision ou de l’Economie (au moins sur le plan
technique). Enfin, le CDMT doit traduire des arbitrages intra et inter-sectoriels. Ces arbitrages
doivent être préparés techniquement par un organisme très compétent, mais ils ne peuvent
qu’être effectués au plus haut niveau si l’on veut qu’ils soient acceptés et qu’ils se traduisent
dans les faits.
Le fait que les CDMT soient liés aux questions de lutte contre la pauvreté plaide
également pour une implication de l’unité de pilotage du DSRP, lorsqu’elle existe, afin que la
budgétisation et les arbitrages tiennent compte de l’objectif de réduction de la pauvreté (dans
une optique de croissance réductrice de pauvreté).
Il faut enfin souligner que l’élaboration des CDMT dépend de manière cruciale des
cellules ministérielles de programmation. Ce sont les seules à disposer des informations
techniques et économiques nécessaires, à pouvoir jouer le rôle d’interface entre les
techniciens d’un secteur et les économistes et budgétaires. Il faut donc les renforcer et y
affecter des cadres bien formés (sur le double plan technique et économique) et bien motivés.
Compte tenu de l’instabilité, qui est une donnée de départ, on sait que le CDMT ne
peut être considéré comme un document écrit une fois pour toutes, qu’il suffirait d’appliquer.
Ceci est d’ailleurs contraire aux nouvelles méthodes de budgétisation par objectifs, et aussi à
la généralisation de l’aide budgétaire.
En fait, l’existence d’un noyau de dépenses publiques lie les mains du gouvernement.
Dans les cas où des problèmes se manifestent, les gouvernements préfèrent le plus souvent
pouvoir générer librement les coupes budgétaires et les ré-allocations.
Lorsque l’élaboration du CDMT a été faite correctement, le plus dur reste à faire. Il
faut en effet :
• Le réviser périodiquement lorsque de nouvelles informations sont devenues
disponibles, et ne fonction de l’évaluation de la mise en œuvre.
• Préparer une nouvelle version complète de manière à ce qu’elle soit disponible
quand commence le processus d’élaboration budgétaire.
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Programmation financière M.Raffinot
Encore une fois, l’objectif n’est pas de disposer d’un programme à suivre en toutes
circonstances. L’objectif est de s’adapter le mieux et le plus vite possible à des situations
nouvelles. Ceci sera d’autant plus facile que ces éventualités auront été anticipées et
collectivement analysées de manière à établir un consensus sur les actions à entreprendre.
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Programmation financière M.Raffinot
Références :
Ames B., Brown W., Devarajan S.& Izquierdo A., “Macroeconomic Policy and Poverty Reduction”,
Source Book, draft for comments, avril 2001, www.worldbank.org
Banque mondiale : Manuel de gestion des dépenses publiques, téléchargeable sur internet (en français)
à www1.worldbank.org/publicsector/pe (le chapitre 3 est consacré aux CDMT).
Barth Richard & William Hemphill, Financial Programming and Policy, the Case of Turkey, IMF
Institute, 2000, IMF, Washington.
Carnot Nicolas & Tissot Bruno, La Prévision économique, Economica, Paris, 2002.
Cling JP, Razafindrakoto Mireille & François Roubaud, Les nouvelles stratégies internationales de
lutte contre la pauvreté, Economica, 2003.
Collange Gérald et Jourcin Eric, "Le modèle PRESTO, un nouvel outil de projections
macroéconomiques et financières pour la Caisse Française de Développement", STATECO, n° 83-
84, pp. 33-44, 1995.
IMF Institute, Financial Programming and Policy: The case of Sri Lanka, International Monetary
Fund, Washington, D.C.,1996.
Mesple-Somps Sandrine & Raffinot Marc, Réforme budgétaire et gestion par les objectifs dans les
pays à faible revenu, Document de travail DIAL, DT 2003/13. 2003. Disponible sur
www.dial.prd.fr
Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan – GTZ, Instrument automatisé de prévision (IAP),
version 1.1., Manuel d’utilisation et note méthodologique, Ouagadougou, mars 1995.
38
Programmation financière M.Raffinot
Raffinot Marc, Dette extérieure et ajustement structurel, EDICEF-AUPELF (diffusion Ellipses), 1991.
Tarp Finn, Stabilization and Structural Adjustment, macroeconomic frameworks for analysing the
crisis in sub-saharan Africa, Routledge, Londres et New York, 1993.
La programmation financière fait également l’objet d’un CD-ROM publié par le FMI.
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Programmation financière M.Raffinot
ANNEXE 1:
LE MODELE DE BASE DE BUDGETS ECONOMIQUES
(type PRESTO de l’AFD)
Dans ce qui suit, les symboles utilisés sont les suivants (en valeur courante) :
Y est le PIB ; Z le niveau des importations CAF ; Cp la consommation privée ; G la
consommation publique (égale à la production publique), Ip l’investissement privé, Ig
l’investissement public, et X le montant des exportations, T le montant des taxes, m la
propension moyenne à consommer, c la propension à consommer et t le taux de pression
fiscale.
1) ERE
Y + Z = + Cp + G + Ip + Ig + X
Z = mY
Cp = c (Y-T)
T=tY
G + Ig + Ip + X
Y=
1 + m + c(t − 1)
Les équipes du FMI procèdent autrement : on se donne Y, et l'on obtient Cp par solde
(et non par l'équation mentionnée). L’identité est respectée, mais l’évolution de Cp peut
devenir inexplicable sur le plan économique lorsque les hypothèses sur les autres agrégats
sont trop divergentes.
2) TOFE
Dans cette équation, r est le taux d’intérêt sur la dette intérieure (respectivement
extérieure avec *) et D l’encours de cette dernière . TR représente les transferts intérieurs.
DEF est le déficit global. FINEX est le financement extérieur net, et FININT est le
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Programmation financière M.Raffinot
Dans cette équation, APP représente l’ensemble des autres postes privés (transferts,
mouvements de capitaux nets, investissements directs, etc.)
4) SITUATION MONETAIRE
∆M = ∆R + FININT + FINECO
Le crédit à l'économie apparaît donc comme un solde. Il peut être ou non cohérent
avec l’évolution économique postulée (ce qui suppose qu’il n’existe pas une différence trop
importante entre le taux de croissance du crédit à l’économie et celui du PIB). Si la différence
est trop importante, il faut reprendre le processus et modifiant les hypothèses.
41
Programmation financière M.Raffinot
ANNEXE 2:
LE MODELE DE LA BANQUE MONDIALE (RMSM)
Contrairement aux modèles qui viennent d’être exposés, le modèle RMSM est un
modèle dynamique. Il met en relation des variables de périodes différentes : le PIB d’une
années dépend de l’investissement de l’année précédente.
Le modèle RMSM est construit sur la base des modèles de Chenery dans les années
soixante-dix (double déficit). Sa dernière version est disponible sur le site de la Banque
mondiale, (www.worldbank.org)
X = X*
Z = mY
Y = C+I+X-Z
Il en résulte :
C = Y - I - X* + Z Cp = (1-s) (Y-T)
C = Cp + Cg = Y- I- X*+ Z
ƒR = ƒR* (objectif)
et ƒF = Z - X* + ƒR
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Programmation financière M.Raffinot
Encadré n°1
Projection du PIB : détermination dynamique et détermination par le circuit
• Détermination dynamique :
Elle lie le PIB de l’année t, Yt à certaines variables de l’année précédentes. Par
exemple, la détermination classique par l’investissement I à l’aide du coefficient de capital v
donne :
Yt = Yt-1 + It-1/v
Y + M = C + G + Ip + Ig +X
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Programmation financière M.Raffinot
ANNEXE 3:
PROJECTIONS DE L’EQUILIBRE RESSOURCES-EMPLOIS
UTILISANT UN TABLEAU ENTREES SORTIES (TES)
Le TES est une manière particulièrement utile de présenter les ERE. L'idée de base est
simplement de présenter sous forme de tableau les ERE de chaque produit (en lignes), en
distinguant les consommations intermédiaires suivant les branches qui les produisent, et les
coûts de production (en colonne) ce qui donne la structure décrite par le Tableau 1. Pour
simplifier, on a regroupé en une colonne seulement les utilisations finales (consommations
finales, FBCF, Exportations, variations des stocks).
Pour terminer la projection à court terme, il suffit ensuite de multiplier chaque ligne
par l’indice de prix correspondant (indice base 1 l’année précédente). Le tableau est équilibré
en soldant chaque colonne sur un poste de la valeur ajoutée (le plus souvent l’excédent brut
d’exploitation, la masse salariale étant traitée comme les consommations intermédiaires).
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Programmation financière M.Raffinot
Une manière plus sophistiquée de présenter à la fois les ERE et les comptes des agents
(y compris les comptes financiers) est connue sous le nom de Matrice de Comptabilité Sociale
(MACS). Il s’agit de combiner un TES et un Tableau Economique d’Ensemble (qui décrit les
comptes des divers agents ou secteurs institutionnels). De plus, les MACS cherchent à décrire
de manière plus précise les différentes catégories de ménages (agriculteurs, salariés, etc.)
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