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Chapitre 2 : Le taux de changes

1.1 Le marché des changes


Le marché des changes est le marché où se confrontent les offres et les demandes de devises
ou monnaies. Il révèle le cours de ces devises ou le taux de changes.

Définition du taux de changes


Le taux de changes est le prix d’une monnaie en termes d’une autre monnaie. Il peut être
défini :

- au certain : une unité de monnaie nationale = x unités de monnaie étrangère.


(Exemple: 1 Ar = 0,003 $)

- à l’incertain : une unité de monnaie étrangère = y unités de monnaie nationale.


(Exemple : 1 $ = 3000 A)

1
Par définition : x 
y

1.1.1 Les intervenants du marché des changes


Il existe plusieurs sortes d’intervenants sur le marché des changes :

- Les particuliers et les entreprises (clientèle privée) qui n’interviennent pas


directement eux-mêmes sur le marché des changes, mais passent des ordres d’achat et
de vente d’une devise A contre une devise B à des banques ou à des courtiers.

- Les banques qui répercutent les ordres de la clientèle privée et agissent pour leur
propre compte.
N.B : Un nombre limité de banques réalise des opérations dont l’impact est suffisamment
important pour donner au marché le sens de sons évolution. Ce groupe de banques est qualifié
de market makers. Ces derniers proposent pour toutes les grandes devises un prix acheteur
(prix auquel ils sont prêts à acheter la devise contre celle de leur pays) et un prix vendeur
(prix auquel ils sont prêts à vendre la devise contre celle de leur pays).
Le prix vendeur est toujours supérieur au prix acheteur et la différence apporte un bénéfice
aux banques qui obtiennent ainsi un revenu de leurs activités en tant qu’intermédiaires sur le
marché des changes.

- Les courtiers ou brokers qui interviennent seulement en tant qu’intermédiaires. Ils


n’agissent pas pour leur propre compte, ils mettent en relation des agents économiques
à besoins complémentaires et préservent leur anonymat.

- Les banques centrales qui réalisent des opérations sur les marchés des changes pour
faire varier le prix du taux de changes de la monnaie nationale en termes d’une ou
plusieurs monnaies étrangères dans un sens conforme aux objectifs définies par les
responsables de la politique économique (objectif de croissance ou objectif de baisse
d’inflation).

- Dans les années 90, de nouveaux intervenants prennent une place croissante sur le
marché des changes : il s’agit d’institutions financières non bancaires comme les
filiales financières des groupes industriels, les grandes fortunes privées et les
investisseurs institutionnels (fonds de pension, caisse de retraite, société d’assurance).

1.1.2 Les comportements du taux de change


Une entreprise ou une banque possède à chaque instant des avoirs et des engagements en
devises

 Les créances en devises ont des actifs libellés en devises, possédés ou à recevoir à des
dates certaines.

 Les dettes en devises sont des devises empruntées ou des engagements à verser de
devises à des tiers à des dates certaines.
La différence entre créances et engagements en devises constitue ce qu’on appelle la position
de change de l’agent économique.
NB : si les créances en devises sont supérieures aux dettes en devises, on dit que la position de
change est longue. Dans le cas inverse, on la qualifie de courte.
Trois types d’opérations permettent aux agents (entreprises, banques) d’agir sur la position
de change :

- la couverture

- la spéculation

- l’arbitrage

a) La couverture
Le caractère imprévisible des variations du taux de change fait courir des risques aux
intervenants qui peuvent, par conséquent, réaliser des opérations de couverture pour se
protéger. Un agent se couvre lorsqu’il prend sur les marchés une position inverse de celle
engendrée par l’opération qu’il veut couvrir.
Exemple : Un importateur malagasy qui doit payer ses achats à l’étranger en dollars dans 3
mois supporte une dette en Ariary dont le montant est aléatoire puisqu’il varie constamment
avec le prix du dollar en termes d’ariary pendant toute la période qui va d’aujourd’hui à
l’échéance. Si l’importateur anticipe une appréciation du dollar par rapport à l’ariary, il peut
chercher à se couvrir contre cette appréciation en achetant immédiatement du dollar avec des
Ariary. La valeur de sa dette en Ar n’est donc plus aléatoire mais certaine. On dit qu’il se
couvre contre l’appréciation anticipée de la monnaie américaine.
b) La spéculation
Contrairement à celui qui se couvre, les spéculateurs prennent volontairement un risque dans
l’espoir d’obtenir un gain (un bénéfice) du fait de l’évolution des cours des devises. Par
conséquent, un agent qui anticipe une appréciation du dollar en termes d’ariary achète du
dollar contre ariary et attend que la monnaie américaine s’apprécie effectivement pour la
revendre contre Ariary et recevoir un bénéfice en Ariary qui est égal à la différence des cours
(prix des devises).
En cas d’évolution contraire, il y a perte.
Le gain spéculatif quand il existe peut être considéré comme la rémunération du risque que
l’agent a pris.
N.B : L’anticipation faite par la majorité des spéculateurs fait évoluer le taux de change dans
un sens conforme à cette anticipation sauf si les banques centrales interviennent pour contrer
cette évolution (cas dans le régime de change fixe). Si la majorité des spéculateurs pensent
que le dollar va s’apprécier vis-à-vis de l’Ariary, alors les achats de dollar contre Ariary sont
supérieurs aux ventes. Cette demande excédentaire de dollar sur les marchés de change fait
monter le prix du dollar en termes d’Ariary. Ainsi l’anticipation d’appréciation provoque
effectivement l’appréciation.

c) L’arbitrage
Les opérations d’arbitrage sont celles qui proviennent des imperfections du marché de
changes, liées en particulier aux coûts de transaction et aux coûts d’information. Les agents
qui repèrent certains écarts de cours peuvent tirer profit de ces écarts par des opérations
d’arbitrage.

1.1.3 Les compartiments du marché des changes


Le marché des changes comporte plusieurs compartiments, on peut citer :

- Le marché des changes au comptant,

- Le marché des changes à termes.

a) Le marché des changes au comptant (cours SPOT)


Sur ce marché, les conditions (prix et quantité) de l’échange de divises sont fixés par les co-
contractants le jour J, et la transaction effective (remise des devises) a lieu 2 jours ouvrables
après le J au plus tard.
Exemple : Le mercredi 14 septembre 2016, A et B décident de la transaction suivante : A
vend à B 5000 $ contre Ariary au taux de 1$ = 3000 Ariary. Le vendredi 16 septembre 2016,
la transaction effective a lieu et B reçoit sur son compte bancaire 5000 $ tandis que A reçoit
sur son compte 5000 x 3000 = 15 000 000 Ariary.

b) Le marché des changes à termes (cours FORWARD)


Sur ce marché, les conditions (prix et quantité) de la transaction sont fixées le jour J et
l’exécution de la transaction a lieu après le 2ème jour ouvrable qui suit le jour J.
Les échéances ou les termes les plus couramment utilisés sur le marché de changes à termes
sont 30 jours, 60 jours, 90 jours, 6 mois et 1 an.
L’avantage d’un marché de changes à termes est de permettre aux co- contractants de
s’engager par avance dans des opérations, dans des conditions non aléatoires : le prix et la
quantité de la devise à acheter ou à vendre sont connus dès le jour J. De plus, les intervenants
ne sont pas obligés de posséder la contrepartie dès le jour J mais peuvent attendre le jour du
terme.
N.B : De ce fait, le marché à termes facilite le règlement (paiement) des opérations
commerciales (import/ export) et financières internationales en permettant des opérations de
couverture.

1.1.4 Les options sur devise


Le marché de changes à termes permet la couverture d’un risque de changes. Son
inconvénient vient du fait qu’une fois engagés, les co- contractants ne peuvent plus se
soustraire à leurs obligations même si l’évolution du marché de changes est défavorable à
l’une des 2 parties.
Le marché des options sur devises, créé en 1982 offre des possibilités de couverture plus
intéressantes. En effet, sur ce marché, l’un des 2 co- contractants peut ou non s’engager
dans une transaction moyennant paiement d’une prime à l’autre.
Plus précisément, une option sur devise ou option de change, est un droit d’acheter ou de
vendre une devise contre une autre devise à une certaine date ou dans un certain délai, à un
certain prix appelé « prix d’exercice » (strike price). L’acheteur de l’option paie une prime
au vendeur et exerce ou non droit en comparant le prix d’exercice avec le prix du marché de
changes (au comptant).

1.2 Les déterminants du taux de changes


On peut distinguer plusieurs facteurs qui déterminent le niveau et les variations du taux de
changes. Parmi ces facteurs, on cite :

- La parité des pouvoirs d’achat : les comportements d’arbitrage sur le marché des biens
et services (marché réel).

- L’influence du solde courant (facteurs monétaires et financiers).


- Parité des taux d’intérêt : différence de vitesse d’ajustement sur le marché réel et
financier.

1.2.1 La parité des pouvoirs d’achat (PPA)


a) La PPA absolue
L’idée sur laquelle repose la PPA absolue est simple : une unité monétaire du pays
domestique procure autant de biens et services dans le pays lui-même qu’à l’étranger, une
fois faite la conversion de la monnaie domestique en monnaie étrangère.
Exemple : Si le prix du panier type acheté par le ménage français est de 100 euros et le prix
du panier correspondant du ménage Malagasy est de 300 000 Ariary, alors le taux de changes
300000
selon la PPA absolue sera de 1   3000Ariary
100

Plus généralement, si P est le niveau général des prix dans le pays domestique et P* le niveau
général des prix dans le pays étranger et r le taux de changes défini comme le nombre
d’unités de monnaie domestique obtenues avec une unité de monnaie étrangère, le taux de
changes à la PPA absolue (rPPA) est défini par :

P
rPPA 
P*

b) La PPA relative
P
La relation rPPA  suppose une comparaison parfaite et instantanée des pouvois d’achat
P*
des monnaies domestique et étrangère. Mais beaucoup de facteurs peuvent venir perturber
cette relation. Par conséquent, une liaison moins stricte peut être admise entre le taux de
p
changes observé r et :
p*

P
r  k. avec k une constante.
P*

Dans ce cas, il existe une relation entre les taux de variation de r, de P et de P* appelée, parité
des pouvoirs d’achat relative :

dr dP dP *
 
r p P*

Cette relation signifie que sur une période de temps donné, par exemple l’année, le taux de
variation du taux de change est égal au différentiel des taux d’inflation.

dP dP *
Si  , le pays possède donc un taux d’inflation supérieur à celui de l’étranger, alors r
P P*
s’accroit à un rythme égal à l’écart des taux d’inflation.

Taux d’appréciation de la Taux d’inflation Taux d’inflation


monnaie étrangère par rapport = domestique - étranger
à la monnaie domestique
Exercice :

à t= 0 1$ = 2500 Ar

à t = 0, P0 = 15 000 Ar et à t = 1, P1 = 20 000 Ar

à t = 0, P*0 = 40$ et à t = 1, P*1 = 45$

Déterminer le taux de changes au comptant de 1$ en termes d’Ariary à t = 1.

1.2.2. L’influence du solde courant


Dans un système de change fléxible, le solde des transactions courantes du pays (mouvements
sur biens, services, revenus et transferts unilatéraux) influe sur le taux de change de la
monnaie du pays par rapport à la monnaie étrangère.

Lorsque le pays dispose d’un excédent courant, il demande le paiement dans sa monnaie
nationale. Si le solde est déficitaire, le pays règle son déficit en monnaie étrangère. On
observe alors les relations suivantes :

Export > Import Paiement de Demande de la Appréciation de la


l’excédent courant monnaie nationale monnaie nationale
Excédent courant par l’étranger contre monnaie
étrangère sur le
marché des changes

Export < Import Paiement du déficit Demande de la Dépréciation de la


courant par le pays monnaie étrangère monnaie nationale
Déficit courant contre monnaie
nationale sur le
marché des changes

Ainsi, l’excédent courant provoque l’appréciation de la monnaie nationale et le déficit courant


entraine la dépréciation du fait des demandes de la monnaie de paiement du solde courant sur
les marchés des changes.

NB : A cet effet mécanique s’ajoute un effet de comportement d’anticipation, l’existence


même d’un excédent est perçue par les spéculateurs comme le signe d’une bonne santé
économique du pays et les incite à demander sa monnaie dans l’espoir que son cours va
monter. Cette demande favorisera davantage l’appréciation de la monnaie du pays. Le cas
inverse apparaît en cas de déficit.
1.2.3. La parité des taux d’intérêt (PTI)
L’explication de la PTI s’appuie sur des comportements d’arbitrage entre placements
financiers et ne fait plus référence au marché des biens et services. Selon cette théorie, il
existe une relation entre les taux d’intérêt nominaux de placements en monnaie nationale et
étrangère et l’écart entre le taux de change au comptant actuel et le taux de changes au
comptant anticipé. Cette relation est appelée relation de parité des taux d’intérêt. Elle s’écrit :

Taux d’appréciation anticipé Taux d’intérêt des Taux d’intérêt des


de la monnaie étrangère par = placements de la - placements en
rapport à la monnaie monnaie nationale monnaie étrangère
domestique

Exercice :

A la date initiale du 01 juin 2018 d’un marché des changes à termes de 6 mois, le taux de
changes du $ en Ar s’élève à 1$ = 3200 Ar. Les placements de la société XING de 10 000$ à
la banque A rapportent 850$ durant un semestre et un dépôt d’épargne de M. Rebiby à la
Banque B de 2 000 000 Ar lui fait bénéficier en tout de 52 000 Ar pour la même période.

1) Calculer le taux de changes du $ en Ar au 30 octobre 2018.

2) Déterminer le taux de change au comptant anticipé du $ en Ar au 01 décembre 2018.

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