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Encyclopédie Médico-Chirurgicale 40-898 (2004)

Traumatismes du pancréas. Principes


de techniques et de tactique chirurgicales
C. Arvieux
C. Létoublon

Résumé. – Le diagnostic précoce des traumatismes pancréatiques est marqué par une absence fréquente de
corrélation entre la gravité des lésions et la séméiologie initiale. Le retard au diagnostic peut être responsable
de complications graves, dont le traitement peut être difficile. La pancréatite aiguë post-traumatique en est
une, qui est associée à un risque élevé de décès tardif. Les décisions dépendent des circonstances de ce
diagnostic. Chez un blessé hémodynamiquement instable, les procédures les plus efficaces s’imposent pour le
traitement de l’hémorragie, et une laparotomie doit être réalisée au plus vite. À ventre ouvert, une
laparotomie écourtée peut s’imposer dans certains cas. Si l’hémodynamique est contrôlée, on doit reconnaître
la lésion, son site et sa gravité, qui repose sur l’existence d’une rupture du Wirsung et de l’association à une
lésion duodénale. Les contusions bénignes, sans rupture canalaire, relèvent le plus souvent du drainage au
contact. En cas de lésion corporéale ou caudale avec rupture du Wirsung, la résection du pancréas est
proposée, d’autant plus que la résection est inférieure à 50-60 %, car ses suites sont simples :
splénopancréatectomie ou pancréatectomie gauche. En cas de lésion pancréatique droite avec Wirsung
rompu, on proposera le plus souvent le drainage, car la duodénopancréatectomie (DPC) est un geste lourd
aux mauvais résultats, et parce que la mise en place d’une prothèse par cathétérisme rétrograde
endoscopique peut être décidée en postopératoire, et enfin parce que la gestion d’une fistule pancréatique
pure est souvent simple. Si une DPC est inévitable, il faut penser à la possibilité de repousser le rétablissement
des continuités à j1 ou j2. Lorsqu’il existe une atteinte duodénale associée, elle est traitée par suture si elle est
simple, par anastomose duodénojéjunale sur anse en Y si elle est plus importante, gestes associés à une
gastrostomie de décharge et à une jéjunostomie d’alimentation, voire à une exclusion duodénale en cas de
contusion pancréatique sérieuse. Une DPC peut, là aussi, s’imposer. À ventre fermé, il faut faire appel à la
tomodensitométrie (TDM) multibarrettes, la pancréatographie par résonance magnétique ou la cholangio-
pancréatographie rétrograde endoscopique à la recherche de la rupture canalaire. Si le Wirsung est intact, la
surveillance est clinicobiologique et radiologique (TDM). Si le Wirsung est rompu, il existe une indication de
pose de prothèse par voie endoscopique. En cas d’échec, la décision peut être difficile : la résection gauche
évite le risque de complications, mais il est certain que l’option non opératoire peut être un succès, et
notamment chez l’enfant… La décision s’appuie sur le site de la lésion, l’état clinique, et l’âge du blessé.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Traumatisme du pancréas ; Traumatisme duodénopancréatique ; Traumatisme abdominal ;


Traitement non opératoire ; Laparotomie écourtée ; Pseudokyste pancréatique ;
Duodénopancréatectomie céphalique ; Splénopancréatectomie gauche ; Diversion duodénale ;
Cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique ; Pancréatographie par résonance
magnétique

Introduction rupture duodénale ou biliaire ou encore du type contusion


pancréatique pure. C’est en raison de cette complexité anatomique,
Les traumatismes pancréatiques sont rares mais peuvent être des rapports intimes avec les organes voisins et du risque tout à fait
mortels. Situé profondément dans l’abdomen, cet organe original que recèle cet organe d’évoluer vers la pancréatite aiguë
rétropéritonéal est entouré et masqué par les organes voisins (Fig. 1). que les méthodes thérapeutiques sont très nombreuses et les
Les lésions du duodénum doivent être envisagées dans la même indications souvent délicates à poser.
question car elles sont volontiers associées à celles du pancréas Au cours des deux dernières décennies, la prise en charge des
céphalique et peuvent, à elles seules, faire toute la gravité du traumatismes fermés de l’abdomen a été largement modifiée par les
traumatisme. Le pancréas est comme enchâssé dans un lacis progrès réalisés en imagerie, qui ont aidé à l’essor du traitement
vasculaire et digestif [15] et ses lésions, ouvertes ou fermées, peuvent non opératoire des lésions avant tout hémorragiques telles que les
avoir, pour cette raison, une expression du type hémorragie, du type ruptures spléniques ou les traumas du foie. Si le traitement non
opératoire des traumatismes pancréatiques reconnus est devenu
réalisable, c’est grâce d’une part à la possibilité de rechercher de
manière efficace l’atteinte du canal de Wirsung, dont la rupture
C. Arvieux (Praticien hospitalier) transforme le pronostic par l’utilisation de la wirsungographie
Adresse e-mail: carvieux@chu-grenoble.fr rétrograde perendoscopique et surtout de la pancréato-
C. Létoublon (Professeur des Universités, praticien hospitalier)
Département de chirurgie digestive et de l’urgence, centre hospitalier universitaire A. Michallon, BP 217,
wirsungographie par résonance magnétique (PRM) [1], et d’autre part
38043 Grenoble cedex, France. à l’utilisation des endoprothèses endoscopiques dans le traitement
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Tableau 1. – Principaux organes atteints chez les patients présentant


une contusion pancréatique lors d’un traumatisme abdominal fermé
(d’après Frey, à partir des données de 15 publications portant sur
355 traumatismes pancréatiques [28]).

Organes atteints Fréquence

Foie 617 (26 %)


Grêle et côlon 593 (25 %)
Gros vaisseaux 578 (24 %)
Duodénum 565 (24 %)
Estomac 445 (19 %)
Rate 287 (12 %)
Rein 239 (10 %)
Vésicule et voies biliaires 74 (3 %)

Du fait de la violence du traumatisme nécessaire pour provoquer


une lésion pancréatique, les traumatisés du pancréas sont souvent
des polytraumatisés : il y a 3,5 organes atteints par blessé dans la
série de Feliciano. [25] Dans 90 % des cas chez l’adulte, il existe au
Figure 1 Rapports anatomiques du pancréas. [16] moins une lésion associée dont les principaux sites sont résumés
dans le Tableau 1. Chez l’enfant, au contraire, les lésions
de ces ruptures. [5, 37] Mais la décision de laparotomie et celle
pancréatiques isolées sont plus fréquentes en raison des mécanismes
d’exérèse pancréatique conservent une place importante dans
responsables (sport et vélo). [57]
l’arsenal thérapeutique de ces traumatismes.

Étiologie et mécanisme GRAVITÉ DES TRAUMATISMES DU PANCRÉAS

RARETÉ DES TRAUMATISMES DU PANCRÉAS ¶ Mortalité globale : entre 5 et 30 % des cas (Tableau 2)
La fréquence des traumatismes pancréatiques est de 0,25 cas pour Les deux tiers des décès surviennent dans les 48 premières heures
100 000 habitants dans l’étude de Nilsson. [46] Dans les séries portant après l’accident et sont dus en fait plus souvent aux lésions
sur les traumatismes abdominaux, l’atteinte pancréatique est rare, hémorragiques associées (Tableau 3). Ainsi, la lésion pancréatique
entre 1 et 6 % des cas chez l’adulte [12, 23] et moins de 1 % des elle-même n’est responsable du décès du blessé que dans 5 à 10 %
admissions en traumatologie chez l’enfant. [33, 43] des cas. Le point le plus impressionnant est que lorsque c’est le
En Europe, les traumatismes pancréatiques sont fermés deux fois pancréas qui est responsable du décès, le diagnostic a été fait avec
sur trois et surviennent surtout au cours d’accidents de la voie retard, souvent chez un polytraumatisé, dans un délai de 4 à 8 jours
publique. [ 3 4 ] Les mécanismes préférentiels sont la violente après l’accident. Dans ce type de situation de diagnostic tardif, la
décélération chez un passager ou un conducteur ceinturé ou le choc mortalité peut dépasser 50 %. [12, 20, 21, 23, 34, 49] Ce dernier point montre
du conducteur non ceinturé sur le volant. [18] La fracture du corps l’importance fondamentale du diagnostic précoce de contusion
du pancréas cisaillé sur le billot vertébral postérieur est décrite. C’est pancréatique chez tout traumatisé abdominal.
une lésion souvent rencontrée chez l’enfant (un mécanisme
particulier est la chute à vélo de l’enfant avec un impact du guidon ¶ Morbidité élevée des traumatismes du pancréas
dans l’abdomen) [33] ou chez des blessés ayant un abdomen reconnus (Tableau 4)
hypotonique (choc par surprise, alcoolique, femme mince). [70] Ces
circonstances de survenue expliquent la forte prédominance Les fistules pancréatiques surviennent dans près d’un tiers des cas
masculine dans toutes les séries, et le jeune âge des blessés avec chez les survivants initiaux, les pseudokystes, les abcès profonds
80 % des traumatisés âgés de moins de 40 ans. [8, 12, 25, 36, 69] Aux États- sont plus rares (environ 10 % des survivants). Hémorragies
Unis ou en Afrique du Sud les traumatismes pancréatiques secondaires et métastases septiques peuvent survenir. En pratique,
comportent une proportion de plaies bien plus importante, par arme le taux d’abcès profonds et de fistules pancréatiques est directement
à feu dans la majorité des cas. [24] corrélé à l’atteinte du canal de Wirsung. [7, 11, 26]

Tableau 2. – Mortalité des traumatismes du pancréas, à partir de séries de traumatismes pancréatiques survenue chez des adultes (A) et des
enfants (P)

Auteurs (année) Effectifs Mortalité Traumatisme:


Adultes et plus de 14 ans (A) Pénétrant (P)
Enfants (P) Fermé (F)

Wiesner 1990 [69] 71 P + A 8/91 (9 %) 44 P


47 F
Carrel 1990 [12] 21 P + A 2/21 (10 %) 16 P
9F
Johanet 1991 [34] 35 P + A 5/35 (14 %) 14 P
21F
Farrell 1996 [23] 51 A 5/51 (10 %) 38 P
13 F
Errougani 1997 [20] 30 A 9/30 (30 %) 8P
22 C
Bradley 1998 [8] 101 P + A 18/101 (18 %) -
Jobst 1999 [33] 56 P 7/56 (12 %) 56 F
Jurczak 1999 [36] 22 A 1/22 (5 %) 30 F
8P
Vasquez 2001 [36] 62 A 17/62 (27 %) 62 P

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Techniques chirurgicales Traumatismes du pancréas. Principes de techniques et de tactique chirurgicales 40-898

Tableau 3. – Cause des décès chez les blessés présentant un traumatisme du pancréas
Auteurs (année) Hémorragie non pancréatique Hémorragie pancréatique, Défaillance multiviscérale Autres (crâne ++)
pancréatite, abcès pancréatique

Wiesner 1990 [69] 6/9 6/9 1/9 2/9


Carrel 1990 [12] 0 2/21 0
Johannet 1991 [34] 2/35 2/35 1/35 0
Farrell 1996 [23] 2/51 1/51 1/51 1/51
Errougani 1997 [20] 1/30 8/30
Bradley 1998 [8] 2/101 5/101 - -
Jobst 1999 [33] 2/56 0/56 2/56 3/56
Jurczak 1999 [36] 2/30 0/30 0 0

Tableau 4. – Morbidité spécifique des traumatismes pancréatiques


Auteurs Morbidité Fistule pancréatique Abcès profonds/ Pancréatite Pseudokystes Autres complications
globale/survivants péritonite chirurgicales abdominales b

Patton [49] 38/113 19 17 10 2


Farrell [23] a 32/46 10 2 1 0 –
Errougani [20] a 10/21 2 4 ? – 4
Bradley [8] 17/83 9 5 2 1 ?
Jobst [33] a 14/49 1 0 0 7 6
Jurczak [36] 6/28 2 2 2 – ?

– : non mentionné.
a Lorsque le blessé présente plusieurs complications seule la plus grave a été mentionnée.
bFistule duodénale et/ou biliaire, abcès de paroi, iléus persistant, autres.

Classifications des lésions

SIÈGE ET TYPE DE LA LÉSION SUR LE PANCRÉAS


Dans les traumatismes fermés, le mécanisme le plus fréquent est la A 37%
compression de la glande contre les corps vertébraux. Il réalise une
simple contusion, un hématome, une lacération partielle ou encore B 3% A 29% B 3%
une fracture complète du pancréas ; cette lésion est située dans la A 33%
tête, le corps ou la queue selon le vecteur de l’onde de choc. [28]
Lorsque l’atteinte pancréatique est isolée, les lésions sont à peu près
réparties de manière équivalente sur la tête le corps et la queue du B 21%
pancréas [23] (Fig. 2). Lorsqu’il existe une atteinte combinée
duodénopancréatique, c’est le second duodénum et la tête du B 53 %
pancréas qui sont plus souvent atteints (Fig. 2). [30] B 76 % B 6%

SCORES SPÉCIFIQUES DE GRAVITÉ DE LA LÉSION


PANCRÉATIQUE B 23 %
La classification lésionnelle doit permettre non seulement d’évaluer
et de comparer les différentes méthodes de traitement mais aussi de
codifier l’attitude thérapeutique. On a pu tenter de décrire le Figure 2 Répartition des lésions. A : atteinte pancréatique isolée (d’après Far-
maximum de types de lésions à l’aide de classifications spécifiques rell [51]) ; B : atteinte duodénopancréatique (d’après Graham [68]). À noter, dans 15 %
au pancréas. [28] La plus employée est celle de Lucas [41], qui tient des cas, une atteinte double.
particulièrement compte de l’atteinte associée du duodénum et de
l’atteinte du canal de Wirsung (Tableau 5). Les scores de gravité à la première prise en charge, et permet d’apprécier tout
rédigés par l’American Association for the Surgery of Trauma spécialement cette phase. Mais le score le plus utilisé pour décrire
(AAST) qui établit pour chaque organe une échelle de gravité (score une population de patients ayant subi un traumatisme est le RTS
de Moore) [44] ou Organ Injury Scaling (OIS) sont utiles en (Revised Trauma Score). Le RTS est calculé à partir du score
polytraumatologie. neurologique de Glasgow et de deux constantes physiologiques, la
pression artérielle systolique et la fréquence respiratoire, selon une
formule mathématique ; le RTS maximum est de 8, et plus le RTS est
SCORES DE GRAVITÉ GÉNÉRAUX bas, plus l’état du blessé est grave. Un score inférieur ou égal à
Ces scores cherchent à rendre compte de la gravité globale de l’état 3 induit un risque de mortalité de 65 %. [16]
du blessé, et notamment en cas de polytraumatisme. Le T-RTS Les scores de réanimation courants comme l’IGS II ou SAPS II
(Triage Revised Trauma Score) se calcule à partir des données relevées (Simplified Acute Physiology Score) sont également largement utilisés

Tableau 5. – Classification de Lucas [41]

Classe I Classe II Classe III Classe IVa Classe IVb

Contusion ou lacération Lacération, perforation Écrasement, perforation ou section Atteinte combinée Atteinte combinée
pancréatique avec une atteinte ou section complète du corps complète de la tête pancréatique. duodénopancréatique. duodénopancréatique.
parenchymateuse limitée. et de la queue avec atteinte Atteinte pancréatique limitée. Atteinte pancréatique sévère
Wirsung intact. du Wirsung. Pas d’atteinte duodénale. (rupture du Wirsung).
Pas d’atteinte duodénale Pas d’atteinte duodénale.

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Laparotomie Figure 3 Arbre déci-


pour hémorragie active ++ ou lésion digestive sionnel : conduite à tenir de-
vant la découverte d’un
traumatisme pancréatique à
ventre ouvert. DPC : duo-
Hémorragies diffuses, transfusions > 5 culots Hémodynamique stable ou stabilisée dénopancréatectomie ;
Hypothermie + acidose ... TDM : tomodensitométrie ;
IRM : imagerie par réso-
nance magnétique ; ERCP :
Laparotomie écourtée Exploration cavité abdominale cholangiopancréatographie
Tamponnements, hémostases simples, drainages et ensemble duodénopancréatique rétrograde.
Exceptionnellement : DPC sans rétablissement

Réanimation TDM IRM? Embolisation? ERCP ?

ATTEINTE DU WIRSUNG ?
Réintervention sur patient stabilisé ATTEINTE DU DUODÉNUM ?

Certitude ou suspicion ++
Wirsung intact
de lésion du Wirsung

Siège céphalique Siège corporéocaudal Drainage pancréatique


Réparation duodénale:
– suture
– dérivation

Duodénum intact : Duodénum lésé: Conditions locales Conditions locales


– drainage pancréatique ++++ – suture duodénale satisfaisantes : péjoratives
– drainage biliaire éventuel – dérivation duodénojéjunale – pancréatectomie gauche (pancréatite grave) :
– DPC: exceptionnelle – DPC (en deux temps ?) – splénopancréatectomie – drainage large

chez les traumatisés admis en réanimation. On considère qu’un sans tarder être conduits en salle d’opération, tout en poursuivant la
traumatisé présentant un score IGSII supérieur à 30 présente un réanimation. Si les critères de risque de coagulopathie sont présents,
risque vital majeur. [40] à savoir une hypothermie, une acidose, un transfusion de plus de
cinq culots, il est déjà probable que le chirurgien sera amené à
Techniques et décisions réaliser une laparotomie écourtée. [3, 35] La priorité est alors le
contrôle de l’hémorragie par une incision médiane (Fig. 4), des
thérapeutiques gestes rapides et sommaires (splénectomie, tamponnements
On peut en pratique opposer deux circonstances de prise en charge périhépatiques et autres), la limitation de la contamination en cas de
des traumatismes du pancréas (TP). Lorsque la laparotomie lésions d’organes creux (simple agrafage des plaies intestinales) et
d’urgence s’impose, et le plus souvent alors pour un tableau la fermeture pariétale pour réanimation active et réchauffement actif.
hémorragique non contrôlé, le diagnostic du TP et la mesure de sa Dans la majorité des cas, des gestes complexes sur le pancréas sont
gravité sont faits à ventre ouvert et dépendent de la qualité de alors proscrits (ou en tous cas remis à plus tard) et c’est un simple
l’exploration ; les décisions prises alors prennent en compte le drainage pancréatique ou bien un tamponnement en regard de la
contexte de cette urgence. Bien différente est la situation dans lésion pancréatique qui doit être choisi (Fig. 5). Néanmoins, il peut
laquelle l’état du blessé ne conduit pas à la laparotomie d’emblée et exister des cas (de plaies par balle en particulier) où la gravité des
permet un bilan, plus ou moins orienté au départ, mais qui a été lésions est telle que l’hémostase artérielle et/ou le contrôle des fuites
transformé par les progrès réalisés en imagerie (tomodensitométrie digestives aboutissent à une duodénopancréatectomie presque
[TDM] multibarrettes, Wirsungo-imagerie par résonance magnétique complète. C’est dans ce contexte que les anastomoses de la
[IRM]), en endoscopie (wirsungographie rétrograde et cathétérisme, reconstruction digestive ne sont réalisées que dans un second temps,
voire prothèse wirsungienne). Ces techniques peuvent parfois être au cours de la réintervention. (Fig. 6). Quelques observations isolées
plus performantes que les explorations de visu pendant une de DPC en deux temps et couronnées de succès ont ainsi été
laparotomie. Mais que le diagnostic soit réalisé à ventre ouvert ou rapportées. [19, 62]
fermé, il est dominé par l’appréciation exacte des lésions et tout
particulièrement par l’existence ou non d’une rupture du Wirsung ¶ Si la situation est stabilisée, une exploration complète
et l’importance d’une éventuelle atteinte du duodénum. C’est donc du pancréas s’impose
l’état du blessé à l’arrivée qui dicte les circonstances et les moyens
Au cours de toute laparotomie pour trauma abdominal [63] ,
du diagnostic et des décisions thérapeutiques.
l’exploration du pancréas doit être systématique et complète. Si le
pancréas peut être « aperçu » à travers le petit épiploon, il n’est
DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT DES TRAUMAS
DU PANCRÉAS À VENTRE OUVERT réellement exposé que lorsque sont réalisés :
On peut, là encore, opposer deux situations différentes, celle où le – l’ouverture large de l’arrière-cavité des épiploons ;
TP n’est qu’un des éléments d’un tableau gravissime imposant une
– la mobilisation de l’angle colique droit prolongée par
laparotomie écourtée, et celle où le contrôle de la situation permet
l’abaissement de droite à gauche de la racine du mésocôlon
une exploration complète du pancréas et ouvre le choix des procédés
transverse ;
de traitement (Fig. 3).
– un décollement duodénoépiploïque permettant d’examiner la face
¶ Si une laparotomie écourtée s’impose … cachée du pancréas (Fig. 7). Au cours de cette « marche d’approche »
Les blessés les plus graves qui sont amenés en état de choc le chirurgien peut rencontrer des indices particulièrement
réfractaire au remplissage et avec un hémopéritoine évident doivent évocateurs :

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Techniques chirurgicales Traumatismes du pancréas. Principes de techniques et de tactique chirurgicales 40-898

Figure 4 Installation et incision. Décubitus dorsal. Préparation d’un champ large


du pubis au manubrium sternal. Incision médiane en cas d’intervention précoce (1).
Une incision spécifique à la chirurgie du pancréas (2) n’est adoptée qu’en cas d’inter-
vention à distance, pour laquelle le geste sera limité, à coup sûr, à la loge pancréatique.

– présence de sang dans l’arrière-cavité des épiploons, et qui


bombe à travers le petit épiploon ;
– hématome et/ou suffusion hémorragique péripancréatique ;
– « tache verte » latéroduodénale due à l’infiltration tissulaire par
de la bile, et signant la perforation du duodénum. Plus rarement
bulles gazeuses. Figure 5 A. Polylésions chez un patient opéré pour hémopéritoine aigu par contu-
À l’issue de cette exploration, on doit savoir si le duodénum est sion abdominale. Lésions découvertes : rupture de rate ; lésion sévère du foie, siège d’un
atteint, si la lésion pancréatique est grave (parce que le Wirsung est saignement actif ; contusion du pancréas corporéal et céphalique avec saignement mo-
déré ; critères d’indication typiques de laparotomie écourtée (plus de cinq culots déjà
rompu) et l’avoir localisée précisément. On peut schématiser les
transfusés, hypothermie à 33 °C, hémorragies d’allure profuse). B. Traitement immé-
situations possibles en fonction de ces éléments. diat à ventre ouvert. 1. Splénectomie d’hémostase et tamponnement de la loge spléni-
que ; 2. tamponnement périhépatique (TPH) du foie droit ; 3. TPH gauche, appuyé sur
¶ Pancréas seul atteint l’estomac et sur le tamponnement de l’arrière-cavité des épiploons ; 4. tamponnement
de l’arrière-cavité des épiploons ; 5. tamponnement en appui externe et postérieur sur
Si on la certitude de l’intégrité du Wirsung le bloc duodénopancréatique ; 6. tamponnement en avant de la tête du pancréas. Fer-
S’il existe une simple ecchymose pancréatique, sans rupture de la meture pariétale simplifiée : fermeture cutanée pure ou artifice de laparostomie. Selon
l’activité hémorragique, transfert en artériographie ± embolisation artérielle ou en réa-
capsule, la décision est le drainage simple au contact. Si la capsule nimation pour réchauffement-remplissage-tomodensitométrique ou IRM ± wirsungo-
est atteinte, il est souvent nécessaire de faire l’hémostase, soit par graphie rétrograde. Si possible réintervention élective à j1 ou j2.
points de coagulation prudente (bipolaire si possible) soit par
ligatures appuyées qui ne doivent pas être trop profondes (risque pancréatique corporéocaudale avec une suspicion de rupture du
de léser un canal pancréatique). On vérifie que la fracture n’est pas Wirsung au niveau de l’isthme ou plus à sa gauche, l’attitude
profonde, qu’une plaie canalaire n’apparaît pas à la pointe de chirurgicale dépend du degré de l’atteinte canalaire et de l’état de
l’aspirateur qui l’explore prudemment. Pour cette lésion de classe I l’opéré. Le diagnostic de rupture du Wirsung est à ce niveau assez
de Lucas, le simple drainage par lames multitubulées est suffisant, facile, car le pancréas est mobilisable aisément. Lorsqu’il est
que la lésion soit céphalique, corporéale ou caudale [21], comme dans hautement probable que le Wirsung est atteint (classe II de Lucas),
certains cas de lésions plus sévères. Il est mis en place de façon la plupart des auteurs [43, 70] préconisent d’effectuer une exérèse
stable pour qu’une fuite de liquide pancréatique soit totalement pancréatique distale car sa mortalité, sa morbidité et la durée
évacuée et que l’éventuelle fistule pancréatique pure ainsi installée d’hospitalisation sont bien plus faibles que lorsqu’on installe un
puisse ultérieurement être gérée facilement. drainage externe de la rupture pancréatique, avec son risque
d’abcès, de pancréatite distale, de pseudokyste ou, au minimum, de
Si la rupture du Wirsung est certaine ou hautement probable
fistule pancréatique prolongée. Les conséquences sur le plan
Découvrir cette atteinte du Wirsung à ventre ouvert, c’est envisager endocrine et exocrine de l’exérèse de moins de 65 % du parenchyme
une attitude plus active, mais qui dépend largement du siège de la sont classiquement minimes. La splénopancréatectomie gauche
lésion, et la difficulté des gestes et des décisions augmente lorsque (Fig. 8) est un geste simple et rapide, réalisé par la mobilisation
la lésion se déplace de gauche à droite. première de la rate comme dans le cas d’une splénectomie
Les atteintes les plus fréquemment rencontrées sont celles où la d’hémostase, suivie du décollement de la queue du pancréas avec
lésion est à gauche. En cas de découverte peropératoire de lésion ligature de l’artère splénique et section du pancréas sur le site de la

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40-898 Traumatismes du pancréas. Principes de techniques et de tactique chirurgicales Techniques chirurgicales

Figure 6 A. Lésion duodénale et pancréatique sévère, en hémorragie non contrôlée


avec atteinte du Wirsung certaine et papillaire probable. B. Une duodénopancréatecto- Figure 7 A. Exploration du pancréas. Étape 1 : vision de la loge pancréatique et de
mie (DPC) céphalique d’hémostase dans le contexte d’une laparotomie écourtée (LA- la face antérieure du pancréas. Recherche d’une collection de l’arrière-cavité des épli-
PEC) est décidée : section-agrafage de l’antre gastrique ou du premier duodénum ; ploons à travers le petit épiplon (1). Une exploration correcte nécessite l’ouverture du
ligature-section de l’artère gastroduodénale et du cholédoque ; section du pancréas sur ligament gastrocolique au-dessous de l’arcade de la grande courbure (1). B. Explora-
l’isthme ; section agrafage du duodénum à droite du pédicule mésentérique ; agrafage tion du pancréas. Étape 2 : libération complète de la tête du pancréas. Abaissement de
et hémostase complémentaire du processus rétroportal ; drainage externe du cholédo- l’angle colique droit (1) ; décollement duodénopancréatique ou manœuvre de Kocher
que ; tamponnement de la loge de DPC, vérification abdominale, fermeture pariétale (2) ; abaissement de la racine du mésocôlon transverse (3) ; ouverture du ligament gas-
sans tension ; réanimation, bilan tomodensitométrique ; réintervention pour rétablis- trocolique vers la gauche pour exposer la queue du pancréas (4).
sement des continuités à j1 ou j2.
très distales, où l’exérèse est relativement plus facile sur le plan
fracture, ou à droite de la zone de contusion, sur du parenchyme
technique à condition que le traumatisme soit récent, les
sain. Un agrafage (agrafes de 4,5 mm) rapide du parenchyme ne
interventions par cœlioscopie devraient se développer dans les
dispense pas d’une hémostase complémentaire et, si possible, de la
années à venir compte tenu de la pratique de plus en plus répandue
ligature élective du Wirsung s’il est repéré. En raison du risque
des cœlioscopies exploratrices chez les traumatisés de l’abdomen. [42]
infectieux de la splénectomie, on peut proposer de conserver la rate
et de faire une pancréatectomie caudale isolée [18, 43] (Fig. 9). Celle-ci Mais on doit souligner que si l’on veut résoudre le problème
peut être simplifiée par la résection de l’artère et de la veine pancréatique de façon rapide et sûre à ventre ouvert, c’est la
spléniques, avec très peu de risque d’ischémie pour la rate, à splénopancréatectomie qui est largement justifiée.
condition que l’arcade de la grande courbure soit bien préservée, Lorsque la lésion est à droite, la découverte d’une fracture profonde
que les vaisseaux courts soient intacts, et que les ligatures artérielles au niveau de la tête du pancréas fait toujours suspecter l’existence
du côté de la rate se situent suffisamment à distance de cette d’une atteinte du canal de Wirsung (classe III de Lucas). Une fois la
dernière pour respecter les anastomoses qui unissent les différentes glande correctement exposée (Fig. 7), la rupture canalaire peut être
branches spléniques distales. L’exérèse du pancréas gauche par évidente, notamment lorsque la fracture traverse toute la glande que
cœlioscopie après un traumatisme fermé ayant causé une section la main gauche glissée dans le décollement duodénopancréatique
distale quasi complète du pancréas a été réalisée chez un enfant de fait saillir les berges de la rupture de la tête vers l’avant. En cas de
10 ans. [54] Ce cas illustre le fait que pour les atteintes pancréatiques doute, il a été proposé de réaliser une pancréatographie par la

6
Techniques chirurgicales Traumatismes du pancréas. Principes de techniques et de tactique chirurgicales 40-898

digestive de la fuite pancréatique pour les anastomoses sur anse en


Y, et de fistulisation dirigée pour l’installation d’un drainage externe
assisté éventuellement de gestes d’exclusion du carrefour
duodénopancréatobiliaire.
La DPC céphalique pour traumatisme peut être conduite de façon
classique avec section de l’isthme, ou bien en complétant seulement
la fracture pancréatique, et en sectionnant le second duodénum à
droite des vaisseaux mésentériques dans le prolongement inférieur
de celle-ci. On peut conserver le pylore. Le cholédoque est fin. Dans
les cas où la section du parenchyme emprunte le trajet de la fracture,
elle est le plus souvent décalée vers la droite, en pleine tête, et sans
que l’isthme pancréatique soit isolé ; cela est plus rapide, mais
l’anastomose wirsungojéjunale pourra s’en trouver plus malaisée.
Dans tous les cas, le rétablissement des continuités est rendu délicat
puisqu’il est effectué dans une ambiance d’urgence, chez un patient
qui peut avoir saigné, sur un cholédoque souvent très fin et alors
que le parenchyme qui entoure le Wirsung est de consistance fragile
car il est normal, voire, pire, contus et infiltré. C’est pour toutes ces
raisons que l’on peut proposer de ne décider la DPC que si
l’hémostase des lésions ne peut être obtenue qu’au prix de ce geste,
et d’autant moins volontiers que l’ambiance ne s’y prête pas :
Figure 8 Splénopancréatectomie. De droite à gauche (ici représentée), débute par la – patient qui est ou a été choqué – nécessité de poursuivre les
mobilisation de la zone blessée, puis par la ligature-section de l’artère splénique. Après
transfusions – lésions associées nombreuses ;
section du parenchyme à droite de la zone lésée sur application d’agrafeuse pour tissu
épais, et section-ligature de la veine splénique, mobilisation de la rate et section des – opérateur peu expérimenté …
vaisseaux courts. Reprise du moignon sur la ligne d’agrafes par un surjet hémostati-
Ce sont autant de facteurs qui peuvent faire préférer un
que. De gauche à droite, le premier temps est la libération de la rate de ses attaches pé-
ritonéales. La section des vaisseaux courts permet de tracter la rate vers l’avant, qui at- tamponnement hémostatique et une laparotomie écourtée.
tire avec elle le pancréas facilement décollé jusqu’à dépasser la zone de lésion. Artère et Si l’exérèse a dû être faite, il faut aussi se demander si le
veine sont liées par en arrière. Section du pancréas sur agrafage. rétablissement des continuités ne gagne pas à être réalisé 1 ou 2 jours
plus tard, dans le concept d’une chirurgie en deux temps qui doit, à
l’heure actuelle, faire partie des stratégies classiques.
Les dérivations pancréatojéjunales sur anse en Y sont une alternative,
lorsque la lésion, profonde, est située en pleine tête. Dans le cas
particulier où la lésion est située à proximité du bord droit de l’axe
mésentérique, la question d’une résection d’amont peut se poser,
aboutissant à l’exérèse de tout le pancréas situé à gauche de la
lésion. Dans ce cas, le volume réséqué atteint 80 % de la glande
pancréatique (avec ses risques endocrines), et en cas de fracture
relativement franche (en cas de plaie par exemple), certains
proposent « d’économiser » le parenchyme en réalisant une suture
canalaire du côté de la tête et une anastomose de la tranche gauche
sur une anse en Y. [28, 60] Un tel procédé est sans doute envisageable
chez un blessé en état de stabilité hémodynamique et si les
conditions locales permettent d’envisager une chirurgie qui en fait
est assez délicate. Le même principe d’utilisation d’une anse en Y
peut être proposé pour aveugler ou « ventouser » le cratère de
destruction au fond duquel apparaît la plaie canalaire, mais le
parenchyme pancréatique se prête mal à ce genre de suture et le
risque de fistule est important.
Le drainage externe large (Fig. 10) peut, ainsi, être préféré aux
procédés ci-dessus dans bon nombre de cas de lésions de la tête du
pancréas avec atteinte canalaire. [49] Il est possible de prévoir en
Figure 9 Pancréatectomie gauche avec conservation splénique. Ouverture de urgence une cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique
l’arrière-cavité des épiploons en respectant l’arcade vasculaire de la grande courbure et (CPRE) postopératoire : si cet examen confirme une atteinte
les vaisseaux courts. Ligature de l’artère splénique près de son origine. Section paren- canalaire, la mise en place d’une prothèse du Wirsung doit être
chymateuse en zone non contuse si possible, après application d’une agrafeuse pour tis-
tentée, qui peut élégamment résoudre le problème. Si ce geste n’est
sus épais. Ligature-section de la veine splénique. Libération de la pièce de droite à gau-
che, section-ligature des vaisseaux au plus près de la pointe du pancréas pour conserver pas possible, il reste à choisir entre soit la réintervention précoce
les branches de division dans le hile de la rate. pour réparation des lésions, soit, sous surveillance clinique attentive,
l’organisation d’une fistule externe pancréatique pure dont le
papille grâce à une duodénotomie. [4, 7, 12, 36] Ce geste n’est pas traitement est différé de plusieurs semaines ou plusieurs mois. Les
facile [28], cette duodénotomie représente un risque supplémentaire possibilités de traitement endoscopique et les difficultés des gestes
de fistule ultérieure, et l’atteinte canalaire ne serait alors confirmée de « réparation » en urgence doivent faire considérer le drainage
que dans la moitié des cas. [7] On ne saurait donc le recommander. large comme un procédé de traitement authentique et efficace.
Au niveau de la tête du pancréas, la situation est donc plus grave ¶ Duodénum lésé, en association avec le traumatisme
car les techniques à la disposition de l’opérateur accumulent les
du pancréas
inconvénients : elles sont souvent de réalisation difficile et plus ou
moins longue, et elles comportent un risque de suites « orageuses » L’association à la lésion du pancréas d’une atteinte du duodénum
difficiles à gérer. On peut les caractériser selon leur principe en marque naturellement un degré de plus dans la gravité, et
parlant d’exérèse de la zone traumatisée pour la DPC, de dérivation correspond à la classe IV de Lucas. C’est la portion duodénale

7
40-898 Traumatismes du pancréas. Principes de techniques et de tactique chirurgicales Techniques chirurgicales

– si les dégâts duodénaux sont graves, et si la contusion


pancréatique associée est sérieuse (classe IVb de Lucas), la DPC est
à mettre en concurrence avec les procédés conservateurs. Ces
derniers cherchent à exclure de manière plus ou moins complète le
carrefour duodéno-pancréato-biliaire pour diminuer la fréquence et
la gravité des fistules duodénopancréatiques. On peut au minimum
associer à la réparation du duodénum une gastrostomie pour
aspiration gastroduodénale et une jéjunostomie d’alimentation [28]
(Fig. 12). C’est pour ce type de patients à qui l’on veut éviter une
DPC que Berne [6] a décrit une technique d’exclusion duodénale : elle
comporte (outre la suture duodénale) une antrectomie, une
anastomose gastrojéjunale, un drainage péritonéal large et une
duodénostomie sur sonde. Cette intervention a été pratiquée sur
près de la moitié des traumatismes pancréatoduodénaux dans
certaines équipes. [25] Pour en limiter la morbidité, l’exclusion
pylorique temporaire par suture endogastrique à travers une courte
antrotomie a été proposée à la place de l’antrectomie. [67] Le simple
agrafage prépylorique par une application d’agrafeuse mécanique
TA nous semble plus facile encore, moins agressif et très
Figure 10 Drainage large de la région céphalique devant une suspicion d’atteinte probablement aussi efficace (Fig. 13) [53] ;
du Wirsung sans possibilité d’exploration peropératoire efficace, ou lorsque une lésion
du Wirsung est reconnue mais que les conditions ne sont pas favorables à une résec- – si c’est le quatrième duodénum qui est sévèrement atteint et que
tion céphalique. la lésion pancréatique est modérée, il nous semble recommandable
de réséquer le segment duodénal rétromésentérique et de rétablir la
continuité par anastomose duodénojéjunale par anse en Y sur le
adjacente à la lésion pancréatique qui est habituellement atteinte
troisième duodénum en un site non traumatisé (Fig. 14). Cela évite
dans les traumas fermés. Le type de la lésion duodénale doit être
une réparation techniquement difficile et exposée à un risque majeur
précisé avec soin car il conditionne largement le choix des stratégies,
de fistule, difficile à traiter.
en association bien sûr avec la présence ou non de lésion canalaire.
Ce dernier élément peut, en théorie, être précisé par une
¶ Lésion de l’arbre biliaire associée au traumatisme
wirsungographie peropératoire si la plaie duodénale est à proximité
de la papille et permet de cathétériser celle-ci. Les situations à pancréatique
décrire dépendent donc de la gravité des lésions du pancréas et du Dans ce cas de figure, des montages chirurgicaux plus ou moins
duodénum : complexes ont été proposés :
– cas le plus simple et le plus fréquent en pratique civile [61], la lésion – lorsque l’atteinte biliaire et pancréatique ne s’accompagne pas de
du duodénum intéresse moins de 75 % de sa circonférence et il n’y a lésions duodénales majeures, le traitement est celui d’une contusion
pas de rupture du canal de Wirsung (classe IVa de Lucas) ni de pancréatique céphalique sévère : en plus du drainage régional, un
lésion de la voie biliaire principale : la suture de la plaie duodénale drainage par drain en T de Kehr est le plus souvent indiqué ;
après régularisation de ses berges est possible dans la majorité des
– lorsqu’il existe à la fois une plaie importante du duodénum de
cas ;
réparation aléatoire, une rupture certaine ou très probable du
– si la plaie duodénale intéresse plus de 75 % de la circonférence, Wirsung céphalique et une plaie biliaire intrapancréatique (classe
ou qu’elle est de grande longueur, et que la lésion pancréatique n’est IVb de Lucas), le choix peut être crucial entre une option
pas canalaire, on peut être conduit, après le parage des berges, à conservatrice et la résection duodénopancréatique. Le traitement le
faire une anastomose duodénojéjunale sur anse en Y pour réaliser plus simple et le plus sûr dans l’immédiat consiste à drainer
une fermeture plus facile, non sténosante et plus sûre [53] (Fig. 11) ; largement le pancréas, le duodénum (sur un délabrement important

Figure 11 A. Rupture duo-


dénale considérée comme sévère
en raison de son extension, de
la contusion des berges nécessi-
tant un parage-résection élargi.
B. Après parage des berges de la
plaie et repérage de la papille si
nécessaire, une anse en Y
courte est confectionnée et
adaptée à la taille du defect par
une anastomose latérolatérale.

8
Techniques chirurgicales Traumatismes du pancréas. Principes de techniques et de tactique chirurgicales 40-898

Figure 12 A. Lésion duo-


dénale de répartition délicate en
raison surtout de son associa-
tion avec une contusion pan-
créatique. B. La réparation duo-
dénale est « protégée » par une
gastrostomie dont la sonde d’as-
piration est poussée jusque
dans le duodénum. Une chole-
cystectomie draine les voies bi-
liaires et permettra une cholan-
giographie ultérieure. Large
drainage de la région céphali-
que. Une jéjunostomie d’ali-
mentation complète le disposi-
tif.

des longs rétablissements de continuité digestive en les remettant à


24 à 36 heures plus tard, dans des conditions nettement plus
favorables pour le blessé et l’opérateur.

DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT DES TRAUMATISMES


DU PANCRÉAS À VENTRE FERMÉ

¶ Diagnostic à ventre fermé


Le traitement des traumatismes abdominaux est de plus en plus
souvent non opératoire : les diagnostics d’hémopéritoine, de
traumatisme du foie ou de la rate ne sont plus synonymes de
laparotomie. L’absence d’exploration à ventre ouvert doit rendre
particulièrement attentif à l’existence des signes qui feront évoquer
le trauma du pancréas et des examens qui permettront non
seulement de l’affirmer, mais aussi de déterminer si existent les
signes d’atteinte du duodénum et ceux du canal de Wirsung.

Signes cliniques au début


Figure 13 Le dispositif d’exclusion de la zone duodénopancréatique comporte une Le tableau clinique initial est extrêmement variable depuis de
suture duodénale, un agrafage duodénal ou prépylorique, une anastomose gastrojéju- vagues douleurs abdominales jusqu’au tableau péritonéal franc, en
nale latéro-latéro-latérale, une cholécystectomie, et un large drainage pré- et rétropan-
passant par le silence clinique total (rapporté dans 20 % des cas). [8]
créatique.
Il n’est pas possible de préjuger d’une atteinte canalaire selon la
symptomatologie. [45] La douleur est souvent retardée de quelques
de celui-ci, l’intubation de la perforation duodénale par une sonde heures. L’irradiation en bretelle ou transfixiante que l’on décrit dans
de Pezzer ou par un drain à aspiration coaxiale avec un drainage les pancréatites aiguës est un signe évocateur mais inconstant. Des
périphérique conséquent est indiquée) et la voie biliaire (soit par ecchymoses cutanées sont présentes dans un tiers des cas. [8]
voie transcystique après cholécystectomie, soit par cholécystostomie, Lorsqu’il existe une atteinte duodénale associée, le tableau, souvent
soit directement par drain de Kehr si la plaie est visible). Une fruste au début, évolue rapidement vers celui de péritonite. [17]
gastrostomie de décharge et une jéjunostomie d’alimentation sont Chez certains blessés, la découverte du trauma du pancréas, passé
également recommandées dans ce contexte. Mais si chacun des trois inaperçu au départ, se fait secondairement devant un tableau de
pôles pancréatique, duodénal et biliaire est le siège de lésions pancréatite aiguë, d’abcès profond ou de péritonite. [20, 70] Ailleurs
difficiles à traiter, la DPC doit être envisagée, et mise en balance c’est la découverte tardive d’un faux kyste pancréatique [11] ou d’une
avec les drainages. Les résultats de la DPC pour trauma sténose duodénale séquellaire d’un hématome.
habituellement rapportés sont mauvais, avec 30 à 35 % de mortalité
et 60 à 70 % de morbidité (faite de fistules, d’hémorragie et de La biologie n’a qu’une valeur d’orientation
péritonite). [39] Mais il est difficile en fait de comparer efficacement L’hyperamylasémie et l’hyperlipasémie ont une faible sensibilité, et
ces résultats avec ceux des autres techniques car les facteurs de n’existeraient que dans la moitié des cas environ. [8, 12] Mais ce serait
pronostic sont nombreux et polymorphes : retard à l’intervention, pour Takishima en raison du délai écoulé entre l’accident et le
lésions associées, statut hémodynamique, hypothermie, volumes prélèvement sanguin puisque 100 % des traumatisés pancréatiques
transfusés…. De plus, l’option de laparotomie écourtée et de DPC présenteraient une hyperamylasémie lorsque le prélèvement est
en deux temps ne figure pas encore dans l’arsenal « habituel ». Il réalisé plus de 3 heures après l’accident. [56] C’est également un signe
nous semble possible de considérer la DPC en deux temps comme peu spécifique car ces enzymes présentent également une élévation
une option thérapeutique applicable à des situations moins en cas de contusion digestive. La présence d’une concentration
désespérées que celles de ses « débuts » [20], mais permettant de élevée d’amylase dans le liquide péritonéal est également évocatrice
réaliser assez rapidement le temps de l’exérèse et de faire l’économie d’une atteinte pancréatique. [8, 36]

9
40-898 Traumatismes du pancréas. Principes de techniques et de tactique chirurgicales Techniques chirurgicales

Figure 14 A. Rupture du
duodénum dans une portion
d’exposition difficile, de D3 à
l’angle duodénojéjunal. B. Ré-
paration par résection de la por-
tion située derrière la racine du
mésentère, fermeture des extré-
mités par agrafage. Rétablisse-
ment de la continuité par anas-
tomose duodénojéjunale sur
courte anse en Y.

La radiologie est essentielle La cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique (CPRE) était,


avant l’avènement de la PRM, l’examen de référence pour rechercher
L’échographie abdominale peut montrer une contusion hémorragique
une atteinte canalaire, et elle le reste pour certains [5, 37, 58], malgré les
hyperéchogène ou œdémateuse hypoéchogène. Chez l’enfant ou
échecs du cathétérisme, dont la fréquence varie selon les équipes.
l’adulte mince, elle peut permettre le diagnostic de contusion
Le signe de rupture du Wirsung est l’existence d’une extravasation
pancréatique, mais il existe souvent une sidération post-traumatique
du produit de contraste au cours de la CPRE : le produit peut rester
des anses intestinales qui gêne l’exploration. Si elle montre un
dans la glande ou fuser dans la cavité péritonéale [59] (Fig. 18). Il
épanchement péritonéal, sa ponction sous contrôle échographique
existe théoriquement un risque septique dans ce contexte, mais dans
permet d’analyser le liquide et d’évoquer le diagnostic si la
les travaux où cet examen a été pratiqué de manière quasi
concentration en amylase est très élevée.
systématique dans les traumatismes du pancréas sévère, il n’a jamais
La tomodensitométrie abdominale demeure l’examen le plus été démontré.9,10,33,52 L’existence de faux négatifs sur des examens
performant. [14] Cet examen réalisé en mode spiralé doit être de réalisés très précocement après l’accident a été exceptionnellement
bonne qualité, avec l’injection de produit de contraste qui permet décrite [47, 68] et il peut être intéressant de réaliser une TDM après la
souvent de faire la différence entre une contusion et une fracture CPRE à la recherche d’une extravasation tardive du produit de
(Fig. 15). Il faut savoir que lorsque cet examen est pratiqué dans les contraste. [58] La CPRE est également très utile dans la recherche
premières heures qui suivent l’accident, il y a près de 40 % de faux ultérieure de complications à distance du traumatisme. [68]
négatifs [8], et il faut donc renouveler cet examen si l’imagerie initiale
L’avantage de la CPRE sur la PRM est surtout thérapeutique
est atypique. À un stade précoce, les images évocatrices d’une lésion
puisque au cours de cet examen il est possible, lorsque la
pancréatique sont résumées dans le Tableau 6. Assez performante
cholangiographie a objectivé une rupture canalaire, d’insérer une
dans le diagnostic de contusion pancréatique, la tomodensitométrie
prothèse multiperforée en polyéthylène d’un diamètre de 5-7 French
(TDM) connaît ses limites dans la recherche d’une atteinte du canal
dans le Wirsung, poussée si possible jusqu’à la zone lésée, ou même
de Wirsung : la preuve d’une atteinte canalaire n’est réalisée par
de franchir celle-ci. Cette technique a été développée au début des
TDM que dans la moitié des cas, et elle réalise alors une image de
années 1990 pour le traitement des pseudokystes survenus après une
fracture complète du parenchyme [9, 33, 37] (Fig. 15, 16). Il est probable
pancréatite d’étiologie variée et lorsque la CPRE montrait une
que les récentes évolutions technologiques des scanners
rupture canalaire. [38] Elle s’est ensuite étendue avec succès au
multibarrettes amélioreront significativement ces performances.
traitement des fractures du pancréas récentes chez l’enfant [10, 52],
La pancréatowirsungographie par résonance magnétique (PRM) est comme chez l’adulte.
devenue l’alternative non invasive à la cholangiopancréatographie
rétrograde endoscopique (CPRE) pour évaluer l’atteinte du canal de ¶ Décisions thérapeutiques à ventre fermé
Wirsung lors d’un traumatisme pancréatique. Cet examen doit se
pratiquer en coupe fine de 3 à 5 mm d’épaisseur avec acquisitions À ventre fermé, la décision de traiter de manière non chirurgicale
frontales et axiales, cholangio-IRM, écho de gradient sur apnée, un patient stable suspect de contusion pancréatique isolée est
acquisition rapide en semi-plan de Fourrier fortement pondéré en fondée, en fait comme à ventre ouvert, sur la connaissance d’une
T2 dans les plans frontal (Wirsung corporéal et caudal) et radiaire atteinte du canal de Wirsung, de sa gravité et de son siège. Dans la
(voies biliaires extrahépatiques et Wirsung céphalique) (Fig. 17). série de Bradley portant sur 101 traumatismes pancréatiques [8],
Lorsqu’il existe une rupture du canal de Wirsung, elle est l’option non opératoire avait été choisie initialement pour 42 blessés :
classiquement visualisée comme une interruption focale avec une sur les 20 qui avaient finalement été opérés, 13 blessés présentaient
dilatation proximale. La ligne de fracture, qui contient toujours un une atteinte du canal de Wirsung documentée, alors que ce n’était le
peu de liquide en stase, est hyper intense en T2 et hypointense en cas que d’un blessé sur les 20 ayant bénéficié d’un traitement non
T1 [55] La PRM peut également apporter des renseignements que la opératoire sans complication. Dans l’étude de Nadler [45] portant sur
CPRE ne peut fournir : présence de collections péripancréatiques ou 51 traumatismes pancréatiques pédiatriques, l’option non opératoire
péritonéales communiquant ou non avec le Wirsung, atteinte avait été choisie initialement dans 19 cas. Parmi eux, six enfants ont
d’autres organes. [29, 55] Néanmoins, cet examen est actuellement dû finalement être opérés (deux pseudokystes infectés, quatre
difficile à réaliser en urgence du fait du conditionnement particulier syndromes péritonéaux) : chez cinq d’entre eux, la preuve d’une
des polytraumatisés et d’un accès souvent difficile aux machines. atteinte du canal de Wirsung a pu être faite. L’évolution des

10
Techniques chirurgicales Traumatismes du pancréas. Principes de techniques et de tactique chirurgicales 40-898

Figure 15 15 ans. Chute de


vélo. Contusion épigastrique
isolée. Tomodensitométrie non
injectée pour cause d’allergie :
suspicion de rupture corporéo-
caudale (A, B). État clinique
stable. Abstention opératoire en
attente d’un éventuel pseudo-
kyste… À 20 jours, pseudo-
kyste volumineux et communi-
cation visible (C, D, E, flèches).
Anastomose kystojéjunale. Sui-
tes simples.

Tableau 6. – Signes évocateurs de traumatisme pancréatique récent en tomodensitométrie

Signes peu spécifiques Signes spécifiques

Anomalie du rehaussement Élargissement de la glande


Aspect hétérogène du pancréas Aspect de fracture : ligne hypodense
Épanchement liquidien intrapéritonéal Aspect d’hématome spontanément hyperdense mieux individualisable après injection
Collection dans l’arrière-cavité des épiploons Présence de liquide entre la veine splénique et la face postérieure du pancréas
Infiltration de la graisse péripancréatique et/ou des fascias pararénaux antérieur

pseudokystes pancréatiques post-traumatiques est variable. Plus faveur d’une lésion pancréatique isolée sans rupture du Wirsung. Il
d’un quart environ guérissent spontanément. [27, 33, 64] Pour les kystes suppose une surveillance attentive et quelques mesures
persistants, le traitement chirurgical est efficace au prix d’une faible thérapeutiques.
morbidité [27, 33] et le risque de complication sérieuse (rupture du La surveillance du blessé doit se faire en milieu chirurgical. Elle
kyste, surinfection) est de 5 à 10 % des traumatisés du pancréas. [27, repose sur des critères cliniques, biologiques (amylasémie, lipasémie,
45]
outre les marqueurs biologiques habituels de tout patient réanimé)
et surtout radiologiques : la tomodensitométrie abdominale [2], reste
En absence de toute lésion canalaire (classe I de Lucas) l’examen de choix pour détecter d’éventuelles complications.
Le traitement non opératoire a sa meilleure indication pour les Le traitement médical d’une contusion de classe I s’apparente à celui
patients présentant un traumatisme abdominal fermé et chez qui il d’une pancréatite aiguë. Il comprend la diète et la mise en place
existe une convergence d’arguments cliniques et paracliniques en d’une sonde nasogastrique en cas de vomissements, un apport

11
40-898 Traumatismes du pancréas. Principes de techniques et de tactique chirurgicales Techniques chirurgicales

Figure 16 Émilie, 16 ans. Accident de sport. Contusion abdominale isolée. Dou-


leur initiale vague, abdomen souple. Échographie : épanchement de 300 ml. Tomo-
densitométrie à 12 heures : signe de fracture complète (A, B, C). Transférée au cen-
tre hospitalier universitaire. À l’arrivée défense péritonéale. Laparotomie à la 24e
heure: fracture avec pancréatite du pancréas d’amont et cytostéatonécrose diffuse.
Splénopancréatectomie. Suites simples.

hydroélectrolytique adapté, des antalgiques, mais l’antibiothérapie patient et les conditions de l’intervention. C’est bien souvent le
préventive est discutée. L’administration d’octéotride, qui a pour but silence clinique total sous surveillance pluriquotidienne qui conduit
de diminuer le taux de fistules en inhibant la sécrétion exocrine à poursuivre une option non opératoire initiale.
pancréatique, a été étudiée sur de petits effectifs dans plusieurs
Si le blessé présente une atteinte canalaire au niveau corporéal ou
travaux avec des résultats contradictoires. [48] On peut néanmoins
caudal, chez l’enfant aussi bien que chez l’adulte, la prothèse mise
proposer d’administrer ce type de substance aux patients qui restent
suspects d’atteinte canalaire et paraissent à haut risque de fuite en place dans la même séance qu’une CPRE diagnostique pratiquée
pancréatique, et à ceux qui présenteraient, plus tard dans leur dans les premières 24 heures constitue l’option idéale. En cas
histoire, une fistule constituée. C’est dans la majeure partie des cas d’échec, ou de non-disposition de la technique, c’est la
l’aggravation clinique qui déclenche l’intervention (Fig. 19). splénopancréatectomie ou la pancréatectomie gauche (Fig. 8, 9) qui
Les résultats du traitement non opératoire des traumatismes du est classiquement proposée en raison du risque important de
pancréas sans lésion du Wirsung sont excellents, avec une mortalité pseudokyste, évalué entre 70 et 90 % des cas, avec une chance de
inférieure à 5 % et une morbidité inférieure à 20 %. C’est dire tout guérison spontanée de moins de 20 % [11, 33], et imposant le plus
l’intérêt de la CPRE ou de la PRM précoces. [5, 9, 10, 52, 68] souvent, après une hospitalisation prolongée, un geste chirurgical
de dérivation du kyste. [31, 43] On peut bien sûr opposer à cette option
Si une atteinte du Wirsung est probable ou certaine que la conservation du pancréas gauche est justifiée chez l’enfant ou
l’adolescent si elle se fait par une kystoanastomose … et même si
Chez le blessé stable présentant une rupture du Wirsung objectivée
par la tomodensitométrie abdominale injectée, la PRM et/ou la c’est au prix d’une durée totale de traitement de plusieurs semaines.
CPRE, et non suspect d’une atteinte duodénale, le traitement dépend Là encore, les observations d’attitudes non opératoires de fractures
de la localisation de la lésion pancréatique et du contexte. pancréatiques authentifiées se multiplient, qui s’appuient toujours
sur la certitude d’une situation clinique parfaite, contrôlée plusieurs
Si le blessé présente une atteinte canalaire céphalique, la mise en
fois par jour… relayées par un drainage externe transcutané du
place d’une prothèse endocanalaire a donné d’excellents résultats
au sein d’équipes entraînées, chez l’enfant comme chez l’adulte. [59] pseudokyste pancréatique (PKP) survenu à 2 ou 3 semaines, lui-
Le principal facteur prédictif de succès est la position de la prothèse même suivi, en cas d’échec, d’une anastomose kystodigestive.
qui doit être placée au mieux en pont de part et d’autre de la
fracture. [59] Lorsque ce geste n’est pas réalisable, il existe deux
DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT « RETARDÉS »
alternatives thérapeutiques. La première, volontiers pratiquée chez AU STADE DES COMPLICATIONS
l’enfant, consiste en un traitement médical et une surveillance en
milieu chirurgical, suivie d’un éventuel geste de dérivation interne Lorsque le trauma est passé inaperçu, mais aussi quand une attitude
si un pseudokyste survient, ce qui se produira dans 80 % des cas. La non opératoire a été choisie, il peut se révéler après la phase aiguë,
deuxième, qui est souhaitable en cas de doute sur une lésion dans les semaines suivantes. La contusion parenchymateuse peut
associée (duodénale notamment) est la laparotomie exploratrice avec évoluer vers une pancréatite aiguë infectée ou non, la rupture de
un traitement des lésions par exérèse ou drainage selon l’état du canaux pancréatiques favorise le développement de pseudokystes

12
Techniques chirurgicales Traumatismes du pancréas. Principes de techniques et de tactique chirurgicales 40-898

Figure 17 A, B. Trauma
pancréatique avec petite fuite
canalaire en imagerie par réso-
nance magnétique (IRM) (flè-
che). C, D, E, F. Stanislas,
22 ans. Chute à skis. Trauma-
tisme crânien et contusion ab-
dominale. Douleur abdominale
et défense de l’hypocondre gau-
che, tension stable. En tomo-
densitométrie (TDM), contu-
sion du foie gauche, suspicion
d’atteinte du corps du pancréas
(C, D, E). Mis en surveillance
clinique. IRM afin de vérifier
l’intégrité du canal de Wirsung
(F), permettant une sortie pré-
coce.

de séméiologie progressive, tandis que la contusion duodénale les nécrosectomies et les drainages nécessaires (le drainage de
associée peut, elle aussi, se révéler de manière retardée par une Mikulicz est souvent utile), mais surtout, elle est un moyen
sténose. d’éliminer un doute sur d’autres lésions associées, sur le
duodénum, le grêle, voire le côlon transverse (Fig. 20). La
¶ Pancréatite aiguë et suppurations pancréatiques morbidité postopératoire est dominée par le risque de fistule
Il s’agit souvent de polytraumatisés chez qui le trauma du pancréatique externe estimé à 10-20 %. Ces fistules pancréatiques
pancréas est évoqué devant une dégradation clinique qui fait pures peuvent se prolonger mais elles se tarissent presque toujours
découvrir de façon retardée (après le 4e ou 5e jour le plus souvent) dans les 6 mois. [70] On peut les considérer comme un moindre mal,
une pancréatite aiguë. La TDM permet d’en étayer le diagnostic et car la laparotomie précoce a probablement, en matière de
d’apprécier sa gravité théorique par le volume de pancréas non pancréatite aiguë traumatique, les mêmes inconvénients que pour
irrigué et par l’importance des collections et suffusions à distance. les pancréatites aiguës nécrosantes plus classiques, à savoir une
Ces dernières peuvent déjà évoquer l’infection par la présence de mortalité lourde dans un tableau de suppuration profonde
bulles gazeuses. Ce type de pancréatite est très grave. Chez tous résistante à toutes les agressions. Dans les cas, en effet, où il
ces patients le pronostic vital est en jeu, puisque, dans ce cas, la n’existe pas d’indication certaine à une laparotomie, on peut
mortalité peut atteindre 40 %. [20, 34] Leur prise en charge au recommander d’appliquer aux pancréatites aiguës post-
moment du diagnostic est tout d’abord dominée par l’intérêt d’une traumatiques et aux abcès de la loge pancréatite les méthodes
laparotomie : elle permet de caractériser les lésions et de pratiquer « modernes » de traitement des pancréatites aiguës (PA) infectées,

13
40-898 Traumatismes du pancréas. Principes de techniques et de tactique chirurgicales Techniques chirurgicales

Figure 17 (Suite) G, H, I,
J, K, L. Traumatisme abdomi-
nal. Rupture de l’isthme pan-
créatique avec épanchement pé-
ripancréatique (G). Au 13e jour,
constitution d’une collection
organisée prépancréatique (H).
Rupture canalaire ? IRM à j15
(I, J) : collection volumineuse
sans visibilité du Wirsung.
Surveillance simple. À 2 mois,
quelques douleurs résiduelles.
IRM à j62 (K, L) : petite collec-
tion en continuité avec le Wir-
sung distal confirmant la fuite
canalaire. Abstention. Guéri-
son.

faites de drainages percutanés placés si possible selon des surveillance que le patient est jeune. [27, 57] Les PKP post-traumatiques
trajectoires rétropéritonéales, et utilisant des drains de gros calibre. de l’enfant guérissent spontanément dans un quart [66] à la moitié
Les premiers résultats en matière de PA post-traumatique seraient des cas [29] Ailleurs, on discute l’une des méthodes classiques de
excellents. [22] De tels drainages permettent aussi d’effectuer de traitement, la dérivation externe, la dérivation kystodigestive, et le
véritables nécrosectomies rétropéritonéales par une technique drainage wirsungien par CPRE. [52] Le drainage externe sous contrôle
vidéoassistée en utilisant un néphroscope introduit à travers le trajet échographique ou TDM est aussi efficace ici que dans les PKP après
du drain [13] (Fig. 21). pancréatite aiguë alcoolique ou biliaire, mais il faut savoir qu’il a dû
être laissé en place et entretenu ou modifié durant plus de 2 mois
¶ Pseudokyste post-traumatique secondaire chez plusieurs patients avant d’obtenir une guérison définitive. [32, 65]
Le pseudokyste post-traumatique peut être de découverte très L’alternative thérapeutique au drainage externe du pseudokyste est
tardive, et même poser parfois le problème d’une tumeur kystique le drainage interne : la kystogastrostomie ou la kystojéjunostomie.
du pancréas qu’il faut rapporter à un traumatisme abdominal Ce sont des interventions techniquement simples et de morbidité
ancien. Mais le plus souvent c’est dans les trois semaines après inférieure à 20 %. Elles doivent être réalisées après un délai de
l’accident que surviennent des signes classiques (troubles de vidange maturation des adhérences qui cernent le PKP, délai de 6 semaines
gastrique, douleur, élévation de l’amylasémie, images typiques en après l’accident chez l’adulte et de 4 semaines chez l’enfant. [27] Elles
échographie ou TDM. Sa fréquence est relativement élevée (jusqu’à ont la faveur de certaines équipes pédiatriques [27, 31], qui préconisent
48 % des cas), dans certaines séries pédiatriques) [9, 33] où l’option parfois de les réaliser par voie gastroscopique, sous forme de
non opératoire est plus souvent adoptée. On pourrait schématiser le kystogastrostomie. [50, 65] Chez l’adulte, les pseudokystes sont rares,
principe de son traitement : les décisions dépendent à la fois de son dus, dans la majorité des cas, à des lésions du Wirsung.
caractère symptomatique ou non, de sa taille, et du terrain sur lequel Actuellement, grâce aux progrès de la CPRE [68], certains auteurs
il survient. De petits PKP (moins de 4 ou 5 cm de diamètre) sans proposent un traitement endoscopique avec mise en place d’une
signe clinique ni indice d’infection méritent d’autant plus une simple prothèse intrawirsungienne [37, 59], mais les résultats, en particulier

14
Techniques chirurgicales Traumatismes du pancréas. Principes de techniques et de tactique chirurgicales 40-898

aboutissent à une sténose responsable d’un syndrome occlusif haut


dont le début peut être retardé à plus de 1 mois après le
traumatisme. [17] Le traitement est chirurgical, par dérivation
gastrojéjunale ou mieux duodénojéjunale. [51, 53]

Conclusion
Les traumatismes pancréatiques sont caractérisés par le nombre
important des éléments qui entrent en jeu dans la décision
thérapeutique. Les plus importants à l’arrivée sont l’hémodynamique
du blessé, la présence de lésions associées et l’existence de signes de
péritonite qu’ils soient cliniques, radiologiques ou biologiques. Les
explorations pré- ou peropératoires doivent avant tout permettre de
préciser la localisation proximale ou distale de la lésion du pancréas,
d’apprécier l’existence d’une atteinte duodénale associée et de parvenir
au diagnostic d’une éventuelle rupture canalaire.
Le chirurgien dispose d’un arsenal thérapeutique très large : traitement
non opératoire et surveillance en milieu chirurgical, prothèse
intrawirsungienne endoscopique, drainage pancréatique par voie
radiologique, traitement chirurgical conservateur, pancréatectomie ou
splénopancréatectomie gauches, duodénopancréatectomie céphalique
(en un ou deux temps). Si la mortalité des traumatismes pancréatiques
est le plus souvent liée aux lésions associées, dans les cas où le pancréas
est en cause, c’est le retard au diagnostic de lésion grave (c’est-à-dire
comportant une atteinte canalaire) qui est le plus souvent retrouvé.
Cette recherche est une des clés décisionnelles : si la rupture canalaire
est certaine ou très hautement probable, elle doit faire discuter des
options actives, ayant pour but soit la mise en place d’un tuteur
prothétique (par endoscopie), soit une résection pancréatique dont la
Figure 18 Traumatisme abdominal par accident de la voie publique. Apparition re- gravité doit être confrontée à l’état du patient et à l’habitude du
tardée d’un pseudokyste pancréatique. Traitement initial par ponction-drainage percu- chirurgien, soit la mise en place d’un très large drainage local n’obérant
tané sous échographie (drain en place, astérisque). Après 6 semaines, cathétérisme ré- pas la reprise opératoire ultérieure ; ce n’est que devant une situation
trograde de la papille et wirsungographie : fuite sur le Wirsung distal (flèche).
Intervention sans délai : paroi du kyste se prêtant mal à l’anastomose et réalisation
clinique sereine affirmée par une surveillance pluriquotidienne que
d’une splénopancréactectomie gauche limitée. l’option non opératoire d’une rupture wirsungienne authentifiée peut
être proposée. Cette attitude doit être extrêmement attentive, profiter au
maximum des ressources de la TDM et/ou de l’IRM, et mettre à
lorsqu’il existe une inflammation pancréatique, ne sont pas aussi
contribution l’endoscopie interventionnelle.
bons que lorsque la CPRE et la mise en place de la prothèse sont
Dans le cas d’une laparotomie d’urgence pour tableau hémorragique
effectuées dans un délai de moins de 48 heures après le
majeur et/ou polytraumatisme abdominal, les ressources stratégiques
traumatisme. [37]
d’une laparotomie écourtée doivent rester à l’esprit de l’opérateur.
¶ Sténoses duodénales
Elles sont plus fréquentes chez l’enfant et sont dues à des Remerciements. – au docteur C. Sengel, CHU de Grenoble, et au professeur Valette, CHU de
hématomes duodénaux intramuraux qui, en se résorbant, Lyon.

Figures 19 à 21 et Références ➤

15
40-898 Traumatismes du pancréas. Principes de techniques et de tactique chirurgicales Techniques chirurgicales

Figure 19 Femme de
35 ans. Agression : contusions
multiples. Douleurs diffuses.
Amylasémie à six fois la nor-
male et lipasémie à 20 fois la
normale. Tomodensitométrie à
l’arrivée : contusion des seg-
ments hépatiques 2 et 4 (flèches
fines). Contusion pancréatique
corporéale sans signe de frac-
ture franche (flèches larges). In-
filtration hématique de la racine
du mésentère (astérisque). Ap-
parition d’une défense abdomi-
nale. Intervention à la 6e heure :
contusion pancréatique sans
rupture du parenchyme. Explo-
ration complète et drainage
large. Guérison.

16
Techniques chirurgicales Traumatismes du pancréas. Principes de techniques et de tactique chirurgicales 40-898

Figure 20 A. Manifesta-
tion retardée d’une contusion
pancréatique, sous forme de
pancréatite aiguë conduisant à
une laparotomie. B. Traitement
d’une pancréatite aiguë opérée
au stade précoce : exploration
prudente, et mise en place d’un
large drainage de la loge pan-
créatique associée à la triade des
stomies (gastrostomie, cholé-
cystectomie, jéjunostomie d’ali-
mentation).

Figure 21 Pancréatite aiguë


avec nécrose infectée. Drainage
transcutané par voie rétropan-
créatique, avec un drain de dia-
mètre croissant. Le trajet sera
utilisé pour procéder par l’inter-
médiaire d’un néphroscope ri-
gide à une nécrosectomie vidéo-
assistée.

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