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L’ère Showa

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 Cthulhu No Kami

L’ère Showa
Le jeu de rôle mystique et occulte
au Pays du Soleil Levant

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 Crédits
Cthulhu No Kami est une création originale et le fruit d’une collaboration entre
Alicia Hamimi, Raphaël Hamimi et Benjamin Ott.

Studio Deadcrows
Direction éditoriale : François Cedelle, David Grollemund & Stephan Barat
Relecture éditoriale : David Grollemund
Chef de projet : Raphaël Hamimi
Auteurs : Alicia Hamimi, Benjamin Ott, Raphaël Hamimi
Textes complémentaires : Guillaume Dequeker
Nouvelle d’ambiance : Christophe Rosati
Scénario : Alicia Hamimi, Raphaël Hamimi
Règles originales Chroniques Oubliées Compatibles : David Burckle, Damien Coltice,
Laurent « Kegron » Bernasconi
Règles spécifiques : Alicia Hamimi, Benjamin Ott, Raphaël Hamimi, Guillaume Dequeker
Relecture technique : Guillaume Dequeker
Relecture : Alexandra Dozière
Traduction des termes japonais : Tony Sanchez
Maquette : Olivier Trocklé
Feuille de personnage : Alicia Hamimi
Couverture : Kahouet
Illustrations : Maxime Teppe, Kahouet, Vincent Laik
Production : Stephan Barat

Avertissements
Ce livre est avant tout un jeu. Il s’inspire de fait réel et reste une œuvre de fiction.
Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite.
Toute ressemblance de personnages ou d’éléments du jeu avec d’autres personnages fictifs ou
d’autres éléments déjà existant serait purement fortuite.

Mentions légales
Publié pour Book in Game par le Studio Deadcrows, 2021
6 rue Henri Rene 34000 Montpellier
Imprimé en Lituanie par UAB STANDARTU SPAUTSUVE
 Remerciements

Raphaël Hamimi
Je dédie ce livre à Aydan, mon fils.
Cthulhu no Kami est l’accomplissement d’une longue et belle aventure humaine qui aura duré
huit ans. Je remercie mes amis de plumes de m’avoir supporté comme chef de projet : Alicia,
ma moitié et âme sœur, Benjamin O qui est entré dans nos vies avec sa bienveillance et sa
drôlerie et Guillaume, notre meilleur ami qui jalonne notre quotidien. Au-delà de ce projet je
suis fier, heureux et comblé de vous avoir dans ma vie et j’espère le plus longtemps possible.
Je n’oublie pas Shendor, Christophe, Eric, Benjamin D qui nous ont prêté mains fortes. Je
remercie Stephan et François qui sans détour ont cru en notre projet après une course de
Pousse-pousse dans le Gers. Et mon âme d’enfant a une pensée à ces années Club Dorothée
qui lui a permis au-delà des manga de découvrir le Japon.
Et bien sûr j’ai une pensée pour tous les testeurs à Jeux de RUNE, Rôle’N’Troll, RPGers, etc.
et souscripteurs qui nous ont permis de réaliser notre rêve. Maintenant, ce jeu est votre et
j’espère qu’il aura une belle et longue vie autour de vos tables.

Benjamin Ott
À mes quatre lutins, Delphine, Nathan, Gauthier et Thaïs, vous êtes mes muses. À Raph et
Alicia pour leur confiance et leur amitié. A mes frangins Julien et Mick. Aux Alex qui ont
jalonné mon parcours. À Olivier Akkah, un vrai samouraï. Et enfin à Gillou, la sombre
hospitalité à la base de beaucoup de chose dont notre amitié.

Alicia Hamimi
Je remercie mes parents qui ont tant dénigré la culture japonaise et qui m’ont poussé à m’y
intéresser et m’instruire avec enthousiasme et pugnacité. C’est ainsi que j’ai pu connaître ma
moitié cosplayée dans un salon de culture japonaise et manga dont notre union a donné
naissance au petit Kakarot prénommé Aydan. Nous avons lancé le projet fou de permettre
aux personnes passionnées de jeux de rôle de partager notre passion pour cette culture si
riche et vives en couleurs. Je remercie mes collaborateurs d’écriture qui ont fait preuve de
grandes créations, d’inventivités et de grandes parties de foux rires autour duquel nous avons
pu mettre au monde ces œuvres (Benjamin2, Shendor, Guillaume, Christophe, Éric, etc.).
Je remercie également tous nos amis originaux qui ont fait le pari étrange de partager des
soirées avec nous pour tester les scénarios. Et pour finir je remercie le Studio Deadcrows qui
a fait confiance à des non-écrivains plein de rêve et d’étoiles dans leurs yeux autour d’un verre
de signer le contrat pour réaliser ces livres. On vous aime.

Guillaume Dequeker
Je remercie le studio Deadcrows pour avoir permis à ce grand projet de voir le jour.
Je remercie mes auteurs et meilleurs amis Raphaël et Alicia Hamimi de m'avoir fait participer
à l'écriture. Merci aussi à Benjamin Ott pour tout ce qu'il a apporté de bons et de drôles
pendant les réunions.
Enfin je remercie tous ceux qui m'ont fait découvrir et aimer le jeu de rôle et l'univers
rôlistique en général. La passion du jeu m'a donné l'envie de participer à ce projet.

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 Table des matières
Introduction ................................................ 7
Bienvenue dans l’ère Showa............................................8
La dernière page . ..................................... 11
Généralités .................................................... 23
Dramatis personae .......................................................24
Faits historiques............................................................25
L’Empire du Grand Japon.............................................27
La guerre de Quinze Ans..............................................28
Les crimes de guerre de l’envahisseur japonais..........29
Vie quotidienne............................ 31
Un pays en guerre.........................................................32
Se déplacer.....................................................................32
Communiquer...............................................................32
S’habiller........................................................................32
S’instruire . ....................................................................33
Se divertir.......................................................................36
Les us et coutumes........................................................36
Publicité et propagande................................................36
Eugénisme......................................................................37
Payer...............................................................................37
Tokyo ..................................................................... 39
Le centre.........................................................................40
Le cercle périphérique..................................................42
La reconstruction..........................................................42
Les transports en commun...........................................42
Lieux et monuments importants.................................43
Les parcs.........................................................................44
Les temples et sanctuaires............................................44
La Mandchourie . ..................................... 47
La Mandchourie méridionale......................................48
La Mandchourie septentrionale...................................48
Le littoral........................................................................48
Histoire récente de la Mandchourie............................48
Chronologie de l’invasion de la Mandchourie ..........48
L’État du Grand Empire Mandchou............................49
La Mantetsu...................................................................49
L’oppression de l’armée du Kwantung.........................49
Voyager vers et dans la Mandchourie.........................49
Dramatis personae........................................................51
Description de la ville...................................................54
Les lieux d’intérêts........................................................54
Système de jeu .............................................. 59
Profils spécifiques..........................................................60
Nouvelles voies de prestige..........................................62
Nouveaux traits.............................................................63
Avantages ......................................................................63
Armes et équipement....................................................65
Les batailles navales......................................................70
Les secrets ....................................................... 75
Chronologie . ................................................................76
Présentation des grandes intrigues..............................77
Les sociétés secrètes......................................................80
scénario :
Teinture chatoyante . ....................... 95
Synopsis..........................................................................96
Découpage du kaidan...................................................96
Introduction des Eiyu...................................................97
Scène 1 : au revoir Tokyo............................................109
Scène 2 : mémoires de geisha.....................................110
Fins possibles...............................................................116
Personnages pré-tirés..................................................116
Feuilles de personnage................................................122
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Introduction
Le Japon de l’ère Showa
jusqu’en 1945

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 Dans chaque cadre de jeu, le Sensei pourra
aborder en détail une grande période
historique du Japon avec son quotidien,
ses personnalités majeures (dans la section
Dramatis personae), sa structure sociétale,
ainsi que ses us et coutumes. Dans celle-ci,
nous nous sommes concentrés sur quelques
décennies seulement, afin de nous intéresser
plus particulièrement à certaines factions,
intrigues, protagonistes, et secrets de l’univers
de Cthulhu No Kami.
Ainsi, chaque époque permet un style de
jeu différent, et au fur et à mesure des
suppléments, l’ambiance des parties pourra
passer de l’ancien Japon, mystique et magique,
au Japon plus « high-tech », à l’atmosphère
plus conspirationniste.
En outre, dans chaque supplément, s’il le désire,
le Sensei pourra encore accentuer l’immersion
dans une époque particulière en intégrant de
nouvelles règles à ses parties (profils, traits,
voies, armes et autres équipements, etc.). Il
trouvera également une galerie de plusieurs
PNJ typiques clés en main et des lieux
emblématiques, qu’il pourra utiliser pour ses
propres scénarios. Enfin, chaque supplément se
termine par un kaidan. Les éléments composant
la plupart des chapitres ont été classés par ordre
alphabétique, afin de simplifier vos recherches
au cours de votre lecture.
8
Bienvenue dans
l’ère Showa
Le Japon de l’ère Shōwa correspond au règne
de l’empereur Hirohito. Elle s’étend de 1926 à
1989. La période sélectionnée comme cadre
de jeu pour ce supplément s’arrête en 1945.
En effet, nous avons choisi de traiter ces
années où le Japon a radicalement changé de
doctrine pour mettre en avant ses origines
d’élu, de divin, de sacré. À ce moment, le
pays devient ultranationaliste avec un désir
d’expansion territoriale en Asie afin d’y imposer
sa vision d’un nouvel ordre. Cette période
reste trouble dans l’histoire de l’Archipel et
conduit à de nombreuses dérives, notamment
avec sa sinistre unité 731. Dans cette période,
l’horreur est humaine et les puissances occultes
conférées par un savoir impie et transcrit par la
mythologie des Grands Anciens deviennent des
outils pour arriver à ses fins.
Vous ne trouverez dans cet ouvrage aucune
justification de certaines atrocités de la
guerre et d’une nation épousant une idéologie
extrémiste par le Mythe de Cthulhu. En effet,
il reste important de souligner même dans un
« cadre ludique » certains points clés de notre
histoire afin d’éviter que cela ne se reproduise
un jour. Ce supplément est destiné à un public
plus adulte et averti.
 Introduction

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 Chapitre 1

La dernière page
par Christophe Rosati

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 Ces merveilleuses qualités du vert, celui de la se répandre dans ses veines, les réchauffer,
Nature, amènent à penser que cette couleur cache le brûler de l’intérieur d’une puissance qu’il
un secret, qu’elle symbolise une connaissance n’imaginait pas. C’est alors qu’il entendit Sa
profonde, occulte, des choses et de la destinée. voix pour la première fois. La voix de Mère,
la Moussue, comme il l’avait nommée enfant,
Dictionnaire des Symboles.
alors même qu’il ne connaissait pas la réalité de
Son existence hors de ses rêves. Elle lui parla
de mondes situés au-delà de l’illusion, au-delà
Un homme aux abois du voile de la réalité, qui se superposaient au
sien. Elle lui ouvrit la porte vers un univers
L’homme au costume gris transpirait. Il qu’il ignorait jusqu’alors. Un univers plein de
cherchait fiévreusement du regard quelque mystères si anciens que le temps même en perd
chose pour coucher par écrit ses pensées. Il son sens. Elle lui apprit à appeler ses enfants, à
devait se dépêcher. Son invité n’allait pas tarder voir au-delà des réalités et bien d’autres prodiges
à passer la porte, et alors, tout serait perdu. encore ! Alors, il se souvint d’avoir souri. Puis ri.
À gorge déployée. Fort. Trop fort. Si fort que son
Il avait voyagé jusqu’au Japon après un long hilarité devint rauque et brisa sa santé mentale.
concours de circonstances. Un caprice du destin. La connaissance des secrets de cet univers est
Que savait-il, lui qui n’était que le jouet, bien à ce prix. Il ne fut pas pour autant privé de son
qu’il préfère se voir comme un élu, d’êtres si intelligence. Au contraire, elle s’aiguisa.
inconcevables que le simple fait d’y songer mettait
l’esprit à la frange d’une falaise, d’un gouffre dans Les années qui suivirent le virent se départir
lequel il s’abîmerait irrémédiablement ? de ses oripeaux sociaux : il quitta sa femme,
ses amis, son travail et toute son attention se
Il avait dix ans, peut-être onze, lorsque tout concentra sur les mystères proposés par la Mère.
avait débuté. En compagnie d’autres enfants, ils La Chèvre aux Mille Chevreaux. La Source de la
avaient commis l’irréparable, l’impensable. Ils Vie. Il parcourut le monde, les cinq continents,
avaient tué l’un de leurs compagnons de colonie à la recherche des preuves à révéler à ses
de vacances, au nom d’une divinité illusoire, congénères humains, preuves qui lui vaudraient
enfantine, qu’ils avaient surnommé la Moussue. l’estime éternelle de la Moussue et une place
Le scandale ! Cependant, il était d’une famille de choix dans le nouvel état du monde qui ne
influente de Nouvelle-Angleterre, comme les manquerait pas de naître lorsqu’Elle reviendrait
autres gamins coupables, au contraire de la parmi ses enfants.
victime dont la position sociale inférieure avait
permis le rachat de sa vie. L’affaire fut donc
étouffée. Alors tout s’était précipité, car malgré
l’assentiment des parents, la conscience ne lâche
pas un coupable, et de fil en aiguille, de chutes
en erreurs, il se retrouva à guerroyer dans les
tranchées, en France, à s’acoquiner avec la pègre
de Nouvelle-Angleterre, puis… à ouvrir une
agence de détectives.
Le Club des Gentlemen détectives.
La pensée de ce nom lui arracha un sourire.
Combien ai-je pu être ridicule ? songea-t-il. Il
avait enquêté pour le compte de la police, pour
des particuliers, afin de retrouver des enfants
fugueurs, des chats perdus, des magots, jusqu’à
ce qu’elle arrive. Celle qui allait changer le cours
de son destin, à moins qu’au contraire, elle fût
son destin : l’enquête. Celle qui le mena dans
les sombres recoins de sa région d’origine, non
loin d’une petite ville nommée Dunwich. Mais
est-il cohérent de lui donner le nom de ville
lorsque celui de bouge eut été plus adéquat ? Il y
avait trouvé son destin au fond d’une ancienne
grotte, un antique lieu de culte amérindien
dans lequel coulait une source à laquelle il but.
Il sentit immédiatement une force inimaginable

12
 La dernière page

13
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Le récit du moine
C’est lors de l’un de ses voyages qu’il entendit
parler du Komuso no kotoba et de son contenu.
Il passa une quinzaine d’années à retrouver
puis à recopier la quasi-totalité des pages de ce
manuscrit sans âge et inestimable à ses yeux.
Pourtant, il manquait toujours la dernière,
celle prétendument écrite sur la peau même
du moine dément qui coucha ces mots, une
éternité plus tôt. Il fréquenta bibliothèques,
librairies, musées, à la recherche d’indices.
On le traita de vagabond. Il fut approché par
sa famille, inquiète, il la rejeta. Ses amis le
retrouvèrent dans la région de Boston, il les
congédia. Seule comptait la vérité cachée du
monde. Il griffonnait des notes d’une écriture
fiévreuse, remplissait des carnets de dessins,
de symboles et de versets impies capables de
contrôler ou d’invoquer les esprits qui se terrent
dans le coin du regard, là où les yeux s’évadent,
à la lisière de l’invisible.
Et puis, un jour, à la bibliothèque de l’université
Miskatonic, il tomba sur un texte écrit dans
un français fiévreux, à propos d’une certaine
Mugenbo et d’un peuple ancien, les Aïnous,
relatant l’expédition d’un corps militaire
français à la fin du siècle précédent. Il perçut
instantanément dans ces mots la piste qu’il avait
cherchée depuis tant de temps.
Il avait dû payer pour le faire traduire et la
crainte qu’ils n’avertissent les autorités l’avait
poussé à se débarrasser de celles et ceux qui
avaient posé les yeux sur ce bout de vélin. La
plus grande peur de l’homme, du nom de
Leland Casper, était l’enfermement. Il craignait
que la police ne l’emprisonnât, mettant un
terme définitif à sa quête de connaissance.
Il partit donc pour le Japon, à la poursuite de
son rêve et de la dernière page du Komuso no
kotoba, échappant à un avenir dans les geôles de
la Nouvelle-Angleterre…
Une femme dans l’ombre
Leland regarda sa montre à gousset : 21 h
54. Il était à l’heure lorsqu’il pénétra dans
l’hôtel particulier dans lequel l’attendait son
contact. Traverser la ville de Tokyo pour
parvenir jusqu’ici lui avait permis de constater
l’ambivalence du pays en cette fin de décennie.
Depuis 1931 et l’invasion de la Mandchourie
par l’armée nipponne, tout avait évolué vers
une dictature plus forte de jour en jour.
Pourtant, l’industrie japonaise était en pleine
effervescence. Compétitive à l’échelle mondiale
14
et militairement supérieure, elle aurait dû
ravir les populations. Mais les Japonais sont
traditionalistes, et seuls les soldats semblaient
capables, aux yeux du peuple, de rendre une
grandeur fantasmée à l’Archipel. Leland n’avait
cependant pas l’impression que le monde
nippon se dirigeait, à l’instar d’autres pays en
Europe, vers un totalitarisme fasciste. Non,
ici, les choses étaient plus claires : il s’agissait
davantage d’une pérennisation des acquis. Un
prolongement de l’ère Meiji, tant fantasmée.
Pourtant, de ce qu’en avait appris l’Américain,
l’ère en question n’avait pas été exempte de
conflits ! Mais c’était là peut-être toute la beauté
du paradoxe japonais, finalement. Ce conflit
permanent entre ce qui fut et ce qui sera. Un
conflit somme toute très naturel, qui rejoignait
parfaitement l’idée qu’il se faisait de Mugenbo,
la divinité évoquée dans le Komuso no kotoba.
À l’entrée, des hommes tatoués au visage
patibulaire et à la musculature imposante le
fouillèrent sans ménagement. D’évidence,
ils trouvèrent le petit Derringer deux coups,
qu’il avait dissimulé dans son pantalon, mais
qu’importe. Ils lui intimèrent l’ordre, d’une
manière propre à leur ethnie, d’avancer : dure
et sans égards. Il en avait l’habitude, ayant
remarqué que depuis l’hégémonie militaire, le
peuple nippon dans son intégralité avait durci.
Comme s’il reflétait parfaitement l’état d’un
monde qui se tendait jusqu’à la rupture.
Il pénétra dans une grande salle de réception,
aménagée à l’occidentale, ainsi que le voulait
la mode grandissante. Une vingtaine de tables
rondes, entourées chacune de quatre chaises,
bordées d’une nappe en dentelle et dressées de
couverts onéreux, occupaient l’espace. Toutes
vides. Il eut le temps, à peine, de les entrevoir
que la porte se referma derrière lui, plongeant
la pièce dans des ténèbres seulement brisées par
les quelques lumières des lampadaires à gaz qui
brûlaient au-dehors et qui peinaient à se faufiler
au travers des volets de bois fermés.
Il mit un certain temps à s’habituer à la
pénombre et resta immobile le temps que sa
vision s’accommode. Il distinguait les ombres
des tables, mais rien ne bougeait. Pas un bruit.
Juste des échos de voitures et de carrioles qui
passaient, parfois, à l’extérieur.
Il osa timidement, dans un japonais à l’accent à
couper au couteau :
« Bonjour, y a-t-il quelqu’un ? »
Le silence lui répondit. Le silence, puis un bruit
d’allumette qu’on craque. La lueur, le temps que
la personne qui était assise à quelques mètres
de lui allume sa cigarette, lui permit d’entrevoir
son interlocuteur. En l’occurrence, une

interlocutrice. Jeune et frêle, du peu qu’il pût en
juger, elle était habillée à la mode occidentale
et ce qu’il nota, c’était le rouge vif de son rouge
à lèvres qui tranchait avec la pâleur de sa peau,
quoiqu’elle fût atténuée par la flamme. Puis tout
replongea dans l’ombre. Seul le crépitement de
quelqu’un qui tire une taffe, le rougeoiement de
la cigarette, troublait l’impression de mort.
Jusqu’à ce que la femme s’exprimât :
« Leland Casper, c’est bien cela ?
— Effectivement. Est-ce vous que je devrais
rencontrer pour le… »
Elle lui coupa la parole :
« Ne soyez pas si hâtif et par là même, si impoli,
mon cher. Je sais que vous autres, Américains,
avez tendance à agir tels des enfants turbulents,
de manière inconsidérée et probablement
un peu immature, mais vous n’êtes pas
présentement dans votre pays à peine né. Vous
êtes dans l’Empire nippon. Terre de souvenirs
et de traditions, de contemplation et de secrets.
L’on ne parle pas de choses de l’ombre lorsqu’on
est en pleine lumière, vous savez ? On ne parle
pas à voix haute des choses qui se partagent dans
un murmure. De même que l’on n’évoque pas les
choses qui furent longtemps oubliées comme
on discuterait d’un… match de baseball. »
Leland ravala sa colère. Il avait besoin de cette
femme. Elle était peut-être la seule à pouvoir
l’aider en ce qui concernait la page manquante
du Komuso no kotoba. Tant pis s’il avait envie
La dernière page
de lui sauter dessus et de lui faire ravaler son
arrogance. Tant pis s’il sentait la colère, comme
une sève brûlante, couler dans ses veines, il
devait se contenir. Après un temps qui lui parut
une éternité, mais qui n’avait dû n’être qu’un
instant, il se trouva en mesure de rétorquer.
Il le fit de sa voix la plus douce, après avoir
effectué une révérence légèrement exagérée,
comme pour marquer – malgré tout – sa
désapprobation :
« Bien sûr, madame, je ne voulais pas vous
manquer de respect.
— Approchez et asseyez-vous.
— Près de vous ?
— Voulez-vous réellement que je vous désigne
une chaise en particulier ?
— Ce ne sera pas nécessaire, non. »
Il approcha de deux rangées de tables, mais
en laissa trois entre elle et lui. Au fond de sa
conscience, une voix lui criait de se méfier. La
même voix qu’il avait entendue maintes fois
dans les tranchées, en France. La seule fois
où il ne l’avait pas écoutée, cela lui avait coûté
une partie de sa peau, brûlée depuis, même si
l’eau qu’il avait bue à la source de la Moussue
avait réparé, comme un don de la Mère, son
apparence peu ragoûtante.
Il s’assit et attendit. Après avoir tiré une nouvelle
taffe de sa cigarette, la femme – d’apparence
très jeune et aux propos pourtant très affirmés
– reprit d’une voix toujours aussi douce, ferme
et sensuelle :
« Bien, monsieur Casper, sachez que je suis
heureuse de vous rencontrer.
— Eh bien, moi de même… madame ?
— Qu’importe mon nom. Appelez-moi
Hebiko*, cela conviendra parfaitement.
— Hebiko, très bien. Alors, nous avons un
intérêt commun, madame.
— C’est ce que vous prétendez, à tout le moins.
— Je ne fais pas que prétendre, j’ai les preuves
de ce que j’avance.
— Allons-y, voyons ces preuves ?
— Madame…
— Eh bien ? Quoi donc ?
* Hebi signifie « serpent ».
15
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 — Je sais pertinemment que vous aviez raison,
tout à l’heure. Nous, Américains, n’avons pas
une culture pluriséculaire comme la vôtre.
Nous sommes un pays jeune et la jeunesse
pousse à la faute, à l’impulsivité… mais aussi
à l’énergie. Nous sommes plus réactifs que
vous ne l’imaginez sûrement, et surtout, nous
apprenons vite. Or, voyez-vous, j’ai été pris dans
la Grande Guerre, il y a quelques années, et
ce que j’ai appris, c’est de ne jamais, au grand
jamais, porter de documents secrets ou même
sensibles, sur soi. Comment le sais-je ? J’ai
perdu mon escouade à cause d’une stupidité de
cet ordre. Cela marque un homme.
— Par conséquent ?
— Par conséquent, je n’ai pas les documents
avec moi. »
Le silence reprit ses droits, mais il n’était plus
simplement là, posé en attendant qu’on le
brise. Il se mêla soudain à l’air qui trembla.
Leland sentit qu’il se durcissait, même, se
densifiait presque pour former des tentacules
qui s’infiltraient à chaque inspiration, entraient
en lui, se faufilaient dans chacun des interstices
de sa peau, de ses organes, de son être. Jusque
dans son esprit. Il réalisa alors qu’il se tramait
quelque chose, et il prit peur. Non pas une peur
paralysante, mais une peur qui pousse à agir.
Pourtant, il en était incapable. Il voulait bouger
ses mains, mais elles restaient jointes sur la table.
Il voulait pousser sur ses jambes, se lever, mais
elles restaient désespérément pliées. Il voulait
lever ses fesses, tout son corps, mais il restait
irrémédiablement cloué à la chaise. Il força.
Ses veines se tendirent, son souffle se retint. Il
sentait que les langues mobiles qui s’insinuaient
dans ses pensées, les enserraient, les tordaient,
s’en nourrissaient. Il sentit la substance même
de son être bue goulûment par ces choses qui
étaient en lui. Il se sentit envahi, impuissant…
violé dans son intimité.
Puis il reprit son souffle et s’effondra sur la
table, incapable de se mouvoir. Ce ne fut
qu’après des instants qui s’étalèrent comme
des heures, qu’il sentit le sang affluer dans ses
muscles, lui ôter cette torpeur, de celles que
l’on ressent lorsque l’on dort trop longtemps
sur un membre et qu’il se retrouve comme
mort. Des fourmis parcouraient son corps.
Cela n’avait rien d’agréable et il mit quelques
instants à se redresser.
Hebiko reprit de sa voix égale :
« Monsieur Casper, je vous remercie.
— C’est… c’est vous ? Vous qui avez fait ça ?
répondit Leland d’une voix cassée.
16
— Monsieur Casper, voyons ! Vous imaginez
bien que personne n’est capable de plonger dans
l’esprit d’un autre pour fouiller et trouver ce
qu’il cherche, n’est-ce pas ?
— Vous… vous fichez… de moi ! »
Sa voix était mâtinée de colère, cette fois.
« Monsieur Casper... Leland… j’ai passé l’âge de
me moquer de mes interlocuteurs. Ce n’est pas
parce que vous m’avez entraperçue, jeune, frêle,
petite, que je suis sans ressources. Vous ne me
connaissez pas. Vous dites avoir fait la guerre ?
Ne vous a-t-elle pas appris que l’adversaire
n’est pas forcément ce qu’il semble être ? Qu’un
homme seul peut renverser le cours d’une
bataille ? Que rien n’est perdu tant qu’il reste un
fusil en état ? Alors que déduisez-vous de mon
apparence ? Suis-je aussi frêle que vous l’avez
imaginé ? »
L’homme se redressa et réajusta son costume. Il
racla sa gorge :
« Il se peut que j’aie sous-estimé vos possibilités,
madame. Veuillez m’en excuser.
— Les excuses sont acceptées, comme il se doit.
— Fort bien. Alors entendons-nous : si une
personne avait pu pénétrer mon esprit et y lire
que je dis la vérité, cette personne n’aurait plus
de raison de me soupçonner, n’est-ce pas ?
— Exact.
— Et cette personne saurait que nous sommes
dans le même camp, que nous œuvrons pour la
Mère, la Moussue… pour Mugenbo !
— Il est des noms qui devraient rester derrière
la muraille de vos lèvres, cher ami, mais oui,
probablement. À un détail près.
— Quel est-il ?
— Si cette personne avait pu fouiller votre esprit,
il se peut qu’elle n’ait pas trouvé le moyen que
vous eussiez mis en œuvre pour la retrouver.
— Oh ? C’est amusant.
— Croyez-moi, rien de tout cela ne peut être
qualifié d’amusant.
— Admettons. Alors soit. Il se peut que votre
organisation – mais puis-je la nommer ainsi ? –
ait laissé des traces. Des traces dans l’Histoire.
Et je suis détective, en sus d’être un enfant de
la Moussue. Elle me guide. Elle m’a toujours
guidée. Je pense quelque part que je suis son
élu, voyez-vous, même si le terme peut sembler
présomptueux. Par conséquent, il était dans
l’ordre des choses que je vous trouvasse. Vous
pensiez, dans votre arrogance – et veuillez
m’excuser pour la franchise dont je fais preuve
– n’avoir laissé aucune trace ? Mais rien n’est
moins juste ! Oh, il est possible que par le
passé, vous fussiez en mesure d’éliminer vos
traces, de couvrir vos arrières, voire d’occire
quelques témoins gênants, mais nous sommes
au XXe siècle, les choses ont changé. »
Il y eut un moment de flottement. Hebiko reprit
et sa voix tenait davantage du murmure :
« Qui donc m’empêcherait de vous occire
vous aussi ?
— Votre propre intelligence, madame. Je ne
suis pas né de la dernière pluie, j’ai connaissance
de la manière de traiter avec les organisations
criminelles, fussent-elles étrangères, car vous
réagissez toutes de la même manière, quoi que
vous puissiez avoir envie de vous en défendre.
J’ai donc pris mes précautions et l’ensemble
de mes connaissances serait révélé à divers
journaux si d’aventure je ne contactais pas mes
amis dès demain. »
Elle partit d’un rire cristallin, et pourtant
empreint d’une noirceur sans âge :
« Certes ! Vous êtes un homme d’une grande
sagesse, sous des dehors frustes de gaijin,
monsieur Casper… Leland… cela vous siérait-
il que je vous appelle par votre prénom ?
— S’il vous semble bon, madame, ce serait un
plaisir.
— Parfait, Leland. Alors, venons-en à nos
affaires. Vous dites être en mesure de retrouver
la page manquante du Komuso no kotoba ? »
Une secte à infiltrer
Leland Casper termina la nuit avec Hebiko.
Il crut retrouver une seconde jeunesse, lui
qui entrait dans l’âge mûr de la quarantaine,
échangeant un peu de la fougue de sa compagne
contre quelques-uns de ses atouts, dans une
danse charnelle des plus jouissives. Le jeune
âge de sa partenaire ne l’empêchait pas d’avoir
des connaissances poussées du corps humain
et des zones susceptibles de procurer un plaisir
intense. Le fait était d’ailleurs étonnant et Leland
ne put s’empêcher, tandis que seule la silhouette
de la jeune femme se découpait au-dessus de lui
et qu’elle effectuait des mouvements ophidiens
sur son sexe, de lui poser la question de savoir
comment elle pouvait être aussi douée et
connaître aussi bien le corps d’un homme. Elle
s’était alors penchée au plus près de son oreille,
ses cheveux chatouillant sa joue et son cou et
avait murmuré un simple et étrange vous ne
La dernière page
croiriez pas la réponse que je vous ferais, ma chère
petite souris occidentale. Pris par son plaisir, il
avait alors oublié l’étrangeté de la réponse.
Au matin, tandis qu’il s’éveillait, il ne la trouva
pas à ses côtés. Elle avait laissé un mot à son
intention, rédigée d’une écriture assurée, ferme
et légèrement penchée. Les kanjis, que Leland
eut du mal à déchiffrer, lui souhaitaient bonne
chance et qu’il ne manque pas de la recontacter
pour lui dire ce qu’il en était des avancées de
son enquête. L’un d’entre eux était barré, comme
pour avouer une faute. Le mot ryo. Il était
remplacé par le mot yen. Le tout était assorti
d’une liasse de ces billets, pour faux frais, ainsi
que précisé.
Il sortit et chercha un yatai*. Il prit quelques
amaguri** pour seul déjeuner, puis partit
s’installer dans un parc. Il devait rassembler
ses esprits, car le seul objet qui lui permettrait
de voir où se trouvait la dernière page du
Komuso no kotoba était un miroir. Et ceux qui
le possédaient ne lui permettraient jamais d’en
user. Il sortit de la poche de sa veste un bout de
papier souple et froissé et lut dans un murmure :
Yata no kagami.
Une fois ses amaguri terminées, il se leva
et quitta la ville. Il allait devoir jouer serré.
Les personnes qui ne manqueraient pas de
venir le « secourir » pouvaient se révéler
dangereuses. Voilà quelques jours maintenant,
il avait commencé à poser des questions très
orientées. Questions purement rhétoriques,
car leur propos n’était pas tant la réponse que
de transmettre un message, celui d’un possible
rituel à Mugenbo, qui – et de cela il était
certain – aurait lieu au nadir, ce jour, et qui
impliquerait un groupuscule sectaire que lui,
Leland, pourchassait. Le rite aurait lieu, c’est
la Moussue Elle-même qui lui avait transmis
l’information dans un rêve. Il l’avait vue,
contemplée dans toute sa splendeur : une masse
immense et nuageuse qui répandait une odeur
de putréfaction et dans laquelle flottaient,
apparaissant au gré de Ses envies, des gueules
immenses, des tentacules visqueux et des pattes
de bouc. Il se souvenait d’avoir ri. Comme il
avait ri autrefois. D’un rire tellement guttural
qu’il provenait du plus profond de son être. Il se
souvenait d’être tombé à genoux devant Elle. Il
se souvenait parfaitement des mots qu’elle avait
implantés dans son esprit, une marche à suivre
pour Sa plus grande gloire. Et il comptait bien
suivre à la lettre ce qu’Elle avait prévu.
* Échoppe ambulante sur tréteaux.
** Châtaignes grillées.
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Le rituel
Il parvint dans les campagnes nippones au
pied de montagnes millénaires coiffées de
nuages aux teintes opalines tirant sur le gris,
qui tranchaient avec le vert brumeux et dense
couvrant les flancs de ces géantes endormies. Çà
et là, des villages se signalaient par une fumée
exhalée doucement de cheminées allumées.
Les vents portaient les échos du métal contre
le métal, signe qu’un forgeron œuvrait quelque
part dans ces terres pauvres. Un territoire oublié
par une civilisation impériale délaissant la
ruralité au profit d’un urbanisme à l’occidentale
toujours plus présent, et poussant les militaires
à instaurer un gouvernement qui lui semblait, à
lui, Américain, très tyrannique.
Il ramassa le col de son pardessus, ajusta son
chapeau et entreprit de rallier un endroit
particulier de la forêt, là où allait se tenir le rituel
de ce groupe de paysans qui vénéraient la Mère.
Selon Ses dires même, il allait devoir invoquer
l’un de Ses enfants en parallèle et renoncer
temporairement aux bienfaits de Son eau. Il
retrouverait alors son apparence première, son
visage le brûlerait à nouveau, il souffrirait et c’est
cette souffrance qui lui permettrait d’infiltrer
les Shinri no tobira shintodan, un groupuscule
voué à la protection de l’Archipel, ennemi de
Mugenbo. Ils étaient, selon ce qu’il avait appris,
en possession d’un miroir susceptible de l’aider
à trouver ce qu’il cherchait.
Il s’installa à l’écart du cercle de pierres dressées,
antédiluviennes, dont la peau rêche et recouverte
de mousse ou de taches brunâtres avait vu tant
d’horreurs, de sacrifices et de prières qu’une
mémoire humaine n’y survivrait pas. Il s’assit en
tailleur devant un arbre vénérable et commença
à entamer sa litanie…
Le ciel était bas lorsqu’il sortit de sa transe. Il
sentait qu’il était là. Le rejeton de la Mère. Issu
des tréfonds de son corps même, il remuait les
racines de l’arbre vénérable pour s’extirper de la
terre. Leland sentit le sol se mouvoir et sourit.
Sa santé mentale l’avait quitté depuis longtemps
et il était désormais heureux de rencontrer
les enfants de la Moussue, celle qui l’avait
accompagné toute sa vie. Il lui sembla qu’ici,
dans cet archipel, le lien avec Elle était plus
fort. Comme s’il était sur Ses terres. Un premier
tentacule noir, visqueux, fendit le sol, suivi
d’un autre, puis d’un autre encore. La chose
sortit, couverte d’une boue noire, ouvrant des
gueules purulentes aux dents acérées comme
des silex. Il fallut moins d’une minute pour
que la créature, au bas mot de trois mètres de
haut, posât ses sabots sur un sol qui se refermait
comme une plaie. Ses appendices frétillaient.
Ils irritaient l’air et répandaient une odeur forte
18
d’humus. De leurs bouches difformes suintait
un liquide poisseux, semblable à de l’huile de
roche et un souffle visible en sortait à chacune
de ses respirations. Car la chose respirait. D’une
manière impie, elle avalait l’air de ce monde et
le muait en… autre chose de bien plus nocif.
Elle sembla observer Leland qui lui désigna le
cercle de pierres duquel provenaient maintenant
les sons de tambours et les litanies propres au rite
de vénération de Mugenbo, qu’il connaissait bien.
Il songea que, quelle que fût la langue, quelle que
fût l’époque, les mots prononcés étaient toujours
les mêmes, comme si la Mère avait été là de toute
éternité. Et c’est ce qu’il pensait, au fond de lui,
comme une certitude ancrée, celle de la foi d’un
homme qui n’avait plus rien d’humain au sens
empathique du terme.
Ses pensées prirent fin lorsque la douleur
commença à brûler sa joue. Machinalement,
il y porta sa main et gémit, mais ce son ténu
se mua en hurlement tandis que son épiderme
se crevassait, suintait, se consumait, au fur et à
mesure que la chose, là-bas, dans la clairière qui
entourait le cercle de pierres, faisait son office. Il
tomba au sol, agrippant son visage et le déchirant
de ses ongles comme si la douleur eut pu ôter la
malédiction qui était la sienne et qu’il avait cru
pouvoir contourner en buvant l’eau sacrée de cette
grotte, perdue dans les tréfonds de Dunwich, des
années auparavant. Ce que Mugenbo donne, Elle
peut le reprendre, le rendre à son gré. Et là, en
cet instant, Elle avait besoin que Leland retrouve
l’aspect déchiré, décharné, qui était le sien au
sortir de la guerre des tranchées.
Il rampa dans la terre boueuse, les feuilles mortes
se collaient à ses vêtements, à sa peau, tandis
qu’il progressait dans la douleur. Il acceptait de
souffrir. Il savait pour qui il souffrait. Pourtant,
chacun des mètres qu’il arrachait lui coûtait. Il
parvint néanmoins à l’orée de la clairière où se
déroulait un spectacle apocalyptique : courant
en tous sens, des hommes et des femmes, nus, le
corps couvert de marques et de symboles, dont
certains ne lui étaient pas inconnus, tentaient
d’échapper au rejeton qu’il avait convoqué en ce
monde. Leland sourit. La créature soulevait les
êtres vivants et les portait à l’une de ses gueules,
et les pauvres hères hurlaient, gémissaient,
bavaient tandis que l’horrible situation qui
était la leur devenait évidente : ils allaient périr
dévorés, déchiquetés par une chose qui ne
devrait pas être. Leland s’adossa contre un arbre
et contempla la scène tandis que son esprit
s’échappait un peu plus à chaque instant passé…
jusqu’à ce qu’il vit surgir des hommes étranges
qu’il ne reconnaissait pas. Ces derniers s’en
prirent à la créature qu’il avait invoquée, mais
l’Américain n’eut pas le loisir d’en apprendre
davantage, car c’est ce moment que choisit sa
conscience pour le lâcher…
Une erreur fatale
« Je n’ai pu y parvenir totalement. Je sens pourtant
que j’en étais proche, vraiment. J’ai franchi la
majorité des étapes, consciencieusement, j’ai
retrouvé chacune des pages, que j’ai compilées
dans mon journal, mais la souris apeurée
que je fus est finalement redevenue ce qu’elle
était. L’infini promis, je ne l’ai pas arpenté
totalement. J’ai été trop négligent. Un manque de
concentration, peut-être ? Un manque de temps ?
Comment aurais-je pu imaginer l’atroce vérité ?
Je dois me rendre à l’évidence, il ne s’agit que de
faiblesse. Ma propre impotence. Je ne suis pas
celui qui unira Mugenbo et la terre. Je ne serai
pas celui qui parlera la langue des temps anciens,
je n’aurais été qu’un étudiant de plus, égaré sur
les chemins de la connaissance, persuadé d’être
d’une importance quelconque alors qu’il n’en est
rien. La tentation a été trop forte. J’ai rejoint la
masse des innombrables, la foule de ceux qui
s’illusionnent de leur propre savoir ! Je pensais
sincèrement être à même de réussir, mais ce
démon est trop puissant, trop séduisant. Il me
tend une main que je ne peux refuser et m’offre
les biens terrestres que mon cœur désire. Oh,
Mère ! Comme je la désire et en même temps je
la hais ! Lui… Elle… cette chose, ce monstre issu
du fond des âges, ce puits de savoir et de sagesse !
J’aurais dû comprendre que l’abject et le sublime
ne sont que deux mots que l’on appose sur une
seule et même entité, il n’y a pas de différences,
pas de désunion. Le tranchant de l’œil qui observe
affûte le monde, pas l’inverse.
Que ceux qui ont des yeux voient, que ceux qui
ont des oreilles entendent. J’ai vu le chemin et
entendu son appel, j’ai osé marcher sur les pavés
de la foi de Mugenbo, j’ai voulu de toutes mes
forces entrevoir les lueurs de Son passage, j’ai su
allumer les ténèbres pour L’atteindre, mais je n’ai
pu retrouver la dernière page. Je n’ai pas su garder
l’humilité et le monde en moi. Je n’ai pas satisfait
aux critères de la Moussue. Je n’ai pu m’empêcher
de me vanter à elle, celle qui chuchote dans les
ténèbres, et j’ai brisé par mon impatience toute
chance de rédemption. Mais ai-je déjà réellement
été son élu ? Ne s’est-il pas toujours agi de lui, ce
démon ?
Je m’en veux.
Je sens une haine grandir en moi, un pouvoir que
je sais n’être que malsain. J’ai perdu au long du
temps la naïveté nécessaire au perfectionnement.
La sagesse de l’homme face à l’univers qui
l’entoure. Dans ce jeu pervers, je n’ai rien entendu
des mots silencieux. Je l’ai en fin de compte
arpenté à rebours, fuyant le centre pour rallier
l’extrême d’où je venais. Je ne parle plus le langage
de la Mère, les mots secrets.
Je n’ai que peu de temps pour terminer cette lettre
et dévoiler enfin le chaînon manquant. Car je l’ai
La dernière page
trouvé tout de même, je sais où Elle est et bien
que l’essentiel de mon journal soit déjà parti par
la poste, il y manquera ce dernier testament. Il
faut que je le termine et que je le cache. Je… »
La porte s’ouvrit avec fracas. Leland Casper
sursauta et lâcha son stylo qui partit se réfugier,
apeuré, entre deux livres clos.
La femme entra, sa longue chevelure noire
ondulait comme des serpents sur sa tête. Le vent
de l’extérieur ou sa nature même les remuaient.
Sa silhouette se découpait dans la pénombre
crépusculaire. Elle apparaissait dans sa terrible
splendeur, à côté d’une vieille maxime peinte
sur un vieux kakemono : La coquille et la rose,
fortune de ceux qui osent.
L’homme se leva :
« Non, pas maintenant, non !
— Pourquoi, mon cher Leland ? Tu as fait ton
temps, tu as eu le choix ?
— Je ne suis pas ton cher Leland, démon !
— Tu l’es ! Depuis que tu t’es uni à moi, depuis
que tu as choisi de pervertir l’acte par tes pensées
cachées et que tu l’as fait en toute conscience.
— Je n’étais pas conscient, tu m’as séduit ! Tu
m’as tendu un piège !
— Il est un peu tard pour les remords, tu sais ?
Un peu tard pour rebrousser chemin. Et puis
je ne t’ai jamais ôté le pouvoir du choix. Tu
pouvais me dire non, me repousser. C’était aussi
simple que ça ! Mais non, tu en avais envie, car
tu es chair et la chair est faible. »
Le sourire de la jeune femme aux lèvres rouges
dévoila une rangée de dents blanches, parfaites.
Ce sourire, c’était ce sourire qu’il avait tant
désiré ! Il y avait succombé avec tant de volupté,
ce soir-là, après l’avoir rencontrée pour la
première fois, dans les ténèbres de cette salle
de restaurant. Un souvenir fugace d’étreintes
chaudes et sensuelles s’imposa à lui. Pensée
qu’il chassa en fermant les yeux, mais trop tard.
La silhouette féminine flotta plus qu’elle ne
marcha, jusqu’au centre de la pièce :
« Tu vois ? Tu te souviens de nos corps s’enlaçant,
tu te souviens de ce que tu as ressenti. Ton esprit
immortel contre un plaisir charnel.
— Ce n’est pas si simple et tu le sais ! éructa
l’homme.
— Non, tu as raison, pour la grande majorité
de tes semblables, il existe de nombreuses
différences entre ce qui est en haut et ce qui
est en bas. Entre l’esprit et le corps. Entre
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 le macrocosme et le microcosme. Mais pas
pour toi. Plus pour toi, depuis de longues
années. Tu sais parfaitement où se situe la
vérité, tu as simplement refusé de la voir
dans sa simplicité, tout occupé à compliquer
les choses comme vous savez si bien le faire,
depuis si longtemps. Tu étais pétri d’ego et
cela t’a perdu. Mais tu m’as servi comme tu
étais censé le faire et je te remercie.
— Rien n’est jamais perdu, démon. »
La femme feignit de réfléchir. Ses cheveux se
dressaient légèrement, dansant dans un vent qui
n’existait pas. L’homme déchiré par sa propre
culpabilité en profita pour chercher, à tâtons,
un objet sur la table. Il regarda par la fenêtre
et se concentra sur ce qu’il y voyait : une lueur
vespérale annonçait l’aube et de sa lumière
malhabile, elle dessinait les silhouettes grises
des arbres centenaires du jardin de la résidence
dans laquelle il se trouvait. Quelques murmures
à peine audibles troublaient l’eau d’un étang.
Pourtant, tout avait été comme prévu, jusque-
là. Il avait réussi à infiltrer la secte, les Shinri no
tobira shintodan. Ils avaient trouvé l’Américain
partiellement brûlé mais vivant et avaient conclu
qu’il était une victime collatérale. Ils l’avaient donc
emmené dans leur sanctuaire pour le soigner
et probablement lui effacer la mémoire. Mais
Leland était plein de ressources. Il avait faussé
compagnie à ses sauveurs, avait trouvé le miroir
et l’avait interrogé pour connaître l’emplacement
de la dernière page du journal de Hiro, le moine
dément. La peau de cet homme, racornie par les
ans, gravée des symboles impies qui lui furent
dictés des siècles auparavant. Il savait à présent
où la trouver et avait rallié ce lieu, bien caché,
après s’être enfui avec les renseignements qu’il
était venu chercher. Leland avait toujours été
chanceux, en quelque sorte. Il avait le chic pour
se sortir des mauvais pas, quel qu’en fût le prix.
Mais cette fois… cette fois, il doutait que l’issue
fût positive.
Il trouva du bout des doigts ce qu’il cherchait
et l’agrippa de toutes ses forces. Il se forçait à
ne pas songer à ce qu’il allait tenter, car elle le
saurait inévitablement. Elle le saurait, car c’était
dans ses pensées à lui, et cela même n’était pas
une barrière pour elle. Il soupira :
« Si, ajouta-t-il, tu as raison. C’est perdu pour
moi, mais d’autres suivront.
— D’autres suivent toujours, mon cher,
mais ils tombent les uns après les autres,
indubitablement. Ce n’est pas si important,
rassure-toi ! Il s’agit d’une guerre sans âge que
certains d’entre vous ont choisi de mener à
l’encontre d’êtres qui les dépassent. Personne
ne vous en veut, personne ne vous blâme !
C’est votre nature de croire. Mais il y a un prix
20
à payer lorsqu’on perd, et les hommes perdent
presque toujours.
— Je l’ai bien compris.
— Alors viens, ne m’oblige pas à te saisir. Je te
promets que l’union de mon âme et de ton corps
ne sera pas douloureuse. Tu auras les réponses à
toutes les questions du monde.
— La vérité ne se trouve que dans la mort, c’est
ça ? Et sa réponse a un coût que la vie ne saurait
partager, c’est bien ça ? »
Elle tendit une main pâle vers lui, sans répondre.
Une paume ouverte qui se voulait apaisante.
Elle souriait toujours. Mère ! songea Leland, elle
est trop belle ! Inhumaine ! Trop tentante pour
que je lui résiste.
« C’est l’une de mes qualités indéniables, du
moins sous cette apparence, répondit-elle
comme si elle avait lu ses pensées.
— Oui. »
Sa voix n’était plus qu’un murmure. Il était
vaincu et n’avait pas eu le temps de terminer
de coucher les mots qu’il aurait souhaité
transmettre. Un complément à son legs. La voie
finale. Mais tout n’était pas perdu et il soupira
à nouveau en plongeant son regard dans celui,
profond, de la chose à l’apparence féminine
qui le contemplait. Il avait pris ses précautions.
Certaines dispositions qui permettraient peut-
être de racheter ses fautes. Pour lui, cela n’aurait
aucune importance, mais il pouvait transmettre
son expérience à celui qui suivrait. Une aumône
qui se cachait sous des dehors maudits, bardée
d’écueils tranchants et mortels, mais s’il
savait voir au-delà de ses yeux, il trouverait la
solution. Il avait pris une photo et l’avait glissée
dans les manuscrits qui avaient été envoyés.
Quelqu’un, un jour, les trouverait, et saurait en
faire bon usage, trouver dans ces lignes, dans
cette retranscription du Komuso no kotoba, la
faille du moine dément.
« Pourvu qu’un autre y parvienne, murmura-t-
il pour lui-même.
— Que dis-tu ? »
La main tendue se baissa. Le sourire mourut
sur le visage angélique aux yeux amande. Les
cheveux noirs furent pris de tremblements
erratiques, nerveux. Elle commençait à se
douter de quelque chose, elle avait entendu ses
pensées, même partiellement, et commençait
à comprendre que le jeu n’était pas terminé
comme elle le pensait.
Leland devrait agir rapidement.
« QUE DIS-TU ? répéta-t-elle d’une voix bien
plus rauque et grave. »
Il n’avait plus le temps d’attendre. Il tira l’objet
qu’il avait secrètement saisi et dans un geste de
volonté inébranlable, en un instant fugace, le
posa contre son cœur.
« Tu ne m’auras pas, Hiro, dit-il en souriant, il te
faudra trouver un autre corps, absorber d’autres
souvenirs. Les miens te seraient d’une trop
grande aide. »
Un éclair illumina la pièce. La détonation qui
l’accompagnait fut comme un signal pour
quelques oiseaux, à l’extérieur, qui s’envolèrent
surpris et effrayés.
La jeune femme qui était Hiro haletait. Ce n’était
pas le premier qui lui échappait de la sorte,
mais à chaque fois, il avait du mal à l’accepter.
Il avait beau se décrire comme au-delà de ce
genre d’idées et de ressentiments, il restait au
fond de lui une part maudite qu’il ne pouvait
rejeter. Une part inhérente à sa nature humaine,
quoiqu’il s’en défende.
Il resta immobile quelques minutes, à
contempler l’ichor rouge sombre qui tachait
peu à peu le tapis vert profond de la pièce. Sur
le mur derrière le corps de l’homme étendu,
des résidus blanchâtres ou gris se mêlaient à
un gruau vermeil et brillant. Bientôt, des gens
viendraient. Leland Casper était un homme
protégé par la magie depuis le silence et les
ombres et il valait mieux que personne ne
le trouve sur place lorsque les charognards
d’outremonde arriveraient, attirés par la mort
de l’Américain et la perspective du festin,
car Leland avait trop touché aux choses qui
devraient rester dans l’ombre, et nombre de
yokai attendaient cet instant pour se repaître de
ses restes.
« Très bien, mon cher. Tu as choisi l’esquive.
Grand bien te fasse et que notre Mère t’accueille
en son sein. Tu t’es battu jusqu’au bout, je ne
peux que te respecter pour ça. Mais c’est reculer
pour mieux sauter. Un autre viendra et comme
en d’autres temps, je saurai m’en défaire. »
Les yeux injectés de sang du cadavre s’éteignaient
définitivement. On dit que le corps ne meurt
pas tout de suite, que le cerveau reste irrigué
un instant encore. Peut-être avait-il entendu
ses derniers mots. Peut-être, songea Hiro, et son
sourire revint.
Il parcourut du regard la lettre restée sur le
bureau. Ce ne fut pas long :
« Bien tenté, dit-il, mais c’est trop tard. »
Il tira une cigarette de son étui et l’alluma. Les
volutes de fumée grise s’envolèrent à la vitesse
de son souffle avant de se fixer entre deux airs
et de retomber, indolentes. Il avait gardé son
briquet allumé. Il saisit la missive et la brûla.
Les flammes léchaient le papier, le noircissaient
et le dévoraient. L’encre des mots disparut à
mesure que le feu finissait son festin, jusqu’à
La dernière page
ce qu’il semble rassasié et s’affaiblisse. Mais il
savait que ce n’était qu’une apparence.
« Tu as encore faim, petite étincelle ? Nourris-
toi. »
Il jeta ce qui restait du feuillet consumé dans
la corbeille. Le banquet vorace reprit de plus
belle jusqu’à s’exprimer par des flammes hautes
et des crépitements acides. Alors, d’un coup de
pied, il délivra cette force de destruction et de
renouveau afin qu’elle satisfasse son appétit.
La jeune femme sortit. Elle attendit quelques
minutes que la maison au centre de Tokyo, celle
qu’avait choisi pour refuge son ancien amant,
soit léchée par les flammes. Une fumée noire
s’envolait vers le ciel, épaisse. Elle serait visible
à des kilomètres.
La plainte d’un canard dans la mare du jardin
sonna le signal du départ.
Lui firent écho les cris des policiers qui avaient
entendu la détonation.
Hiro partit entre les maisons raidies par l’arrivée
de l’hiver et jeta un rapide coup d’œil à ses notes.
L’île de Kauai, donc, songea le komuso. C’est ce
qu’avait pensé Leland au sujet de l’emplacement
de la dernière page de son journal, celui que
les ignorants nommaient Komuso no kotoba,
sans savoir que c’était bien plus que cela. Cette
île était une possession américaine, il lui serait
impossible de s’y rendre pour fouiller en toute
quiétude. Il soupira et contempla les lueurs de
la cité impériale trembler dans le vent froid de
la nuit. Elles étaient si frêles ! Comme autant de
vies qu’un souffle éteint.
Il n’y avait pas de solution directe à son
problème. Les relations entre les États-Unis et
son pays n’étaient pas au beau fixe, il serait épié.
À moins…
Une idée prit forme dans son esprit et acquit en
quelques instants une consistance proche de la
réalité. Et ce que Hiro entrevoyait se réalisait. À
moins de détourner l’attention du véritable but
de sa recherche. Il réfléchit à nouveau et trouva
la solution à ses problèmes. Il savait qui était
la personne dont il devait désormais prendre
l’identité au plus vite : l’amiral Yamamoto
Isoroku� dont il connaissait le goût pour les
jeunes femmes. Cela tombe bien, songea Hiro,
mon corps actuel devrait lui convenir.
Il sourit et disparut dans la nuit.
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 Chapitre 2

Généralités
Le fascisme ne s’était pas imposé par un coup de force, mais avait triomphé en se
coulant à l’intérieur des structures du pouvoir en place.
Maruyama Masao, 1963

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 Le Japon durant les années 1930 montre des signes d’impérialisme, de militarisme, de racisme,
de radicalisme et d’ultranationalisme. Cependant, les historiens évitent les amalgames et ne
le définissent pas comme un pays fasciste. Contrairement à l’Allemagne, on ne retrouve pas le
phénomène de mouvement de masse qui a conduit un parti politique au sommet du pouvoir. De
plus, il n’y a aucune rupture entre la première partie de l’ère Shōwa située entre 1925 et 1945 et l’ère
Taishō qui l’a précédée.
Dramatis personae
Cette section regroupe les personnages
gouvernementaux importants de la période.
Les personnalités de l’ombre sont décrites
dans la section « Les secrets » (p. 75) dans
leurs groupuscules respectifs.
Fumimaro Konoe (1891-1945)
Descendant du clan Fujiwara, Fumimaro
Konoe est un des principaux théoriciens de
l’expansionnisme. Il est Premier ministre du
4 juin 1937 au 5 janvier 1939 et du 22 juillet 1940
au 18 octobre 1941. En 1938, son gouvernement
promulgue une « loi sur la mobilisation
nationale » destinée à mobiliser l’empire dans la
guerre contre la Chine en accordant un budget
illimité à la fabrication d’armements, en assurant
le contrôle de l’État sur toutes les institutions
civiles, y compris les syndicats, et en nationalisant
les principales industries et les médias.
Hideki Tōjō (1884-1948)
Ce général et homme politique devient
Premier ministre de l’empire du Japon de
1941 à 1944. Il est membre de la Tōsei-ha, une
partie de l’armée plutôt conservatrice, dans les
années 1920. En 1935, Hideki Tōjō est promu
colonel à la tête de la Kempeitai (la police de
l’armée) du Kantogun (armée du Guandong)
dans le Grand Empire Mandchou.
À la suite des incidents de février 1936 et de
la tentative de putsch du Kodo (une section
ultranationaliste de l’armée de terre), Tōjō
participe aux purges visant les officiers radicaux
et les instigateurs furent jugés et exécutés. Du
1er mars 1937 au 30 mai 1938, il est chef d’état-
major de l’armée du Kwantung sous les ordres
du général Ueda Kenkichi. En 1938, Tōjō est
promu vice-ministre des Armées. De décembre
1938 à 1940, il est inspecteur général du service
aérien de l’armée impériale. Il est également
responsable des services secrets avant et
pendant la guerre du Pacifique, maintenant des
contacts indirects avec Hirota Kōki, dirigeant
de la Société du Dragon noir et d’autres sociétés
24
secrètes. Comme nombre de militaires et de
membres de la famille impériale, il est favorable
à l’adhésion du Japon à l’Axe.
Hisaichi Terauchi (1879-1946)
Ce comte et maréchal de l’armée impériale
est nommé ministre de la Guerre après les
incidents de février 1936. Il a dirigé l’invasion
de l’Asie du Sud-Est.
Ueda Kenkichi (1875-1962)
Général de l’armée impériale, Ueda Kenkichi
joue un rôle actif dans les conflits frontaliers
russo-japonais de la fin des années 1930. Il est
un fervent partisan du « groupe d’attaque vers
le nord » (Hokushin-ron). Il considère que le
principal ennemi du Japon est le communisme
et que le destin du pays est conditionné par la
conquête des ressources naturelles du nord du
continent asiatique. Fort de ces deux visions, il
soutient donc une poussée impériale japonaise
contre la Mandchourie, la Chine et l’URSS.
À son poste, Ueda soutient fermement les
actions agressives initiées par les officiers de la
frontière du Grand Empire Mandchou.
Hirota Kōki (1878-1948)
Ministre des Affaires étrangères en 1933, Hirota
Kōki annonce le retrait du Japon de la Société
des Nations (SDN). Il devient Premier ministre
du 9 mars 1936 au 2 février 1937.
Sous son gouvernement, l’empire du Japon
signe le pacte anti-Komintern avec l’Allemagne.
Hayashi Senjūrō (1876-1943)
Ce commandant de l’armée stationné en
Corée fut le premier à intervenir à la suite de
l’incident de Mukden, sans même attendre
l’autorisation de l’empereur. Instigateur de
l’ombre du Niniroku jiken, il est Premier
ministre du 2 février au 4 juin 1937. Il
tente d’asseoir son pouvoir en ordonnant la
dissolution de la chambre basse en mars, mais
les élections d’avril renforcent finalement le
pouvoir des partis qui exigent sa démission.

Événements
Dans cette section, le Sensei et ses Eiyu
trouveront les faits marquants de cette période
et une chronologie historique. Celle-ci permettra
donc au meneur de situer les kaidan de sa propre
création. Il trouvera une liste similaire, p. 76,
qui répertorie les événements occultes liés au
Mythe. Les secrets de Cthulhu No Kami n’ont pas
vocation à être lus par les joueurs et joueuses.
Faits historiques
Novembre 1930 : tentative d’assassinat contre
le Premier ministre Hamaguchi Osachi qui
décède quelques mois plus tard de ses blessures.
Mars 1931 : Sangatsu jiken. Tentative de coup
d’État provoquée par des gradés de l’armée et
la société ultranationaliste extrémiste Sakurakai
créée en 1929 par des officiers et des idéologues.
Leur but est de libérer le pays des partis et des
bureaucrates en établissant un gouvernement
socialiste totalitaire dirigé par le ministre de la
guerre Ugaki Kazushige. Ce dernier abandonna
le projet au profit de la voie légale pour devenir
Premier ministre.
18 septembre 1931 : incident de Mukden.
Explosion d’une bombe sur la ligne japonaise
du sud mandchourien posée par des officiers
nippons afin d’amorcer le conflit.
Mars 1932 : proclamation de l’État du Grand
Empire Mandchou sous le gouvernement
fantoche de Pu Yi. Assassinat d’Inoue
Junnosuke, ex-ministre des Finances et du
baron Dan, directeur du holding Mitsui, par
les membres de la Ketsumeidan (La Ligue
du Sang), un groupuscule extrémiste qui
souhaite exterminer les hommes d’affaires et les
politiciens libéraux.
15 mai 1932 : le Premier ministre Inkai
Tsuyoshi est tué par des officiers dissidents de
la marine japonaise.
Mars 1933 : occupation japonaise de la province
de Rehe (Jehol) en Chine. Le Japon se retire de
la SDN qui condamne la création de l’État du
Généralités
Grand Empire Mandchou.
Août 1935 : le jeune officier lieutenant-colonel
Aizawa force l’entrée du directeur du bureau des
affaires militaires et l’exécute à coups de sabre. À
la suite de cette affaire, le ministre de la Guerre,
Hayashi Senjūrō, est forcé de démissionner.
26 février 1936 : Niniroku jiken. 1500 soldats de
la Kōdō-ha (une division de l’armée japonaise)
attaquent les résidences de diverses personnalités
politiques et en assassinent plusieurs. Leur
tentative de coup d’État se solde finalement par
un échec, ils se rendent et sont exécutés.
Novembre 1936 : signature du pacte anti-
Komintern avec l’Allemagne nazie.
Mars 1937 : dissolution de la chambre basse de
la Diète par Hayashi Senjūrō, Premier ministre.
La Diète est le parlement bicaméral avec la
chambre basse (chambre des représentants) et
la chambre haute (chambre des pairs).
Avril 1937 : la victoire des partis aux élections
force le général Hayashi Senjūrō à démissionner
de son poste de Premier ministre.
7 juillet 1937 : combats autour du pont Marco-
Polo, au sud de Pékin, entre l’armée japonaise
et l’armée chinoise. Affirmant qu’un de leurs
soldats avait été enlevé, les soldats nippons
entament ce qui devient une conquête d’une
partie du territoire chinois.
13 décembre 1937 : les Japonais entrent dans
Nankin et y perpètrent un massacre dépassant
les 100 000 victimes.
27 septembre 1940 : signature du pacte
tripartite avec Berlin et Rome.
Été 1941 : les armées impériales se lancent dans
de nouvelles conquêtes en Indochine afin de
contrer les Alliés.
18 octobre 1941 : Hideki Tōjō devient Premier
ministre.
7 décembre 1941 : attaque de Pearl Harbor.
Avril 1944 : occupation d’Okinawa par les
États-Unis.
22 juillet 1944 : destitution de Hideki Tōjō,
remplacé par Kuniaki Koiso.
6 août 1945 : première bombe atomique lancée
sur Hiroshima par les États-Unis.
9 août 1945 : deuxième bombe atomique lancée
sur Nagasaki par les États-Unis.
15 août 1945 : capitulation du Japon.
15 décembre 1945 : nomination de Suzuki
Kantarō au poste de Premier ministre.
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26
Le Dai Nippon Teikoku
(l’Empire du Grand Japon) :
puissance coloniale
d’Extrême-Orient
Il est impossible de traiter du Japon à l’ère
Shōwa en restant centré sur l’archipel,
ses frontières s’étendent bien au-delà. Les
prémices de l’Empire du Grand Japon se
mettent en place avec la restauration Meiji. Il
poursuit son expansion à l’ère Taishō (1912-
1926) pour arriver à son apogée durant la
première partie de l’ère Shōwa. La défaite
au terme de la Deuxième Guerre mondiale
y met fin. L’expansion des frontières du
Japon se « justifie » sous l’égide de l’empereur
Hirohito par :
• la mise en avant d’une culture commune
avec certains peuples sur le continent ;
• une continuité « raciale » avec le continent
par des caractères « morphologiques »
communs. En effet, l’origine des Japonais
proviendrait de l’extérieur de l’archipel,
maintenant que les Aïnous ont été chassés
tout au nord ;
• l’affirmation d’une supériorité des Japonais
sur les autres peuples d’Asie.
Vers la fin du XIXe siècle, la puissance
économique du Japon et sa croissance
démographique encouragent ses dirigeants
à développer une politique d’expansion
territoriale afin d’assurer l’approvisionnement
en matières premières du pays.
La victoire japonaise sur la Chine en 1894-1895
lui permet de réussir là où le pays avait jusqu’à
présent toujours échoué : mettre un pied en
Généralités
Corée. Des officiers japonais assassinent la reine
coréenne Min opposée à leur présence en 1895,
entrant dans son palais et brûlant son corps.
L’affaire intéresse la Russie, que les Nippons
écrasent en 1905. Le Japon annexe ensuite la
Corée, puis Taiwan.
En 1931, il attaque la Mandchourie, dont il
convoite les riches ressources minières afin
de combler ses besoins galopants et se relever
de la crise de 1929. Ensuite, l’armée nippone
conquiert des ports chinois majeurs, avant de
viser les Indes occidentales puis de déranger un
géant en retrait : les États-Unis d’Amérique.
L’armée japonaise
L’armée japonaise est constituée de plusieurs
factions. Chacune œuvre pour son propre
compte ou pour la grandeur de la nation et son
empereur Hirohito. Ces factions sont infiltrées
par des sociétés secrètes japonaises (voir « Les
secrets », p. 75). D’une manière générale,
l’armée a tendance à agir d’abord, pour forcer
l’aval de l’empereur ensuite.
Dans la période qui nous intéresse, l’armée
japonaise forme un organisme dans l’État
japonais défiant régulièrement son autorité
pour enfin l’imposer dans une certaine mesure
même aux politiciens. En alternant pressions
légales, assassinats et insubordinations, les
militaires prennent peu à peu l’ascendant
et conditionnent la politique du pays. Pour
autant, les militaires ne forment pas un corps
parfaitement unifié et les dissensions en son
sein sont à l’origine de nombreux événements
politiques internes.
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 L’armée de terre
L’armée du Kwantung est sous les ordres du
baron Honjō Shigeru. Il obéit aux ordres de
Tokyo. Récemment, cette armée a été renforcée
par des troupes d’invasion. Elle envahit la
Mandchourie contre l’avis de Tokyo.
La marine
Depuis 1905, la marine règne en maîtresse sur
toutes les eaux entourant le Japon. Elle doit
assurer la sécurité des transports de troupes
en neutralisant les forces navales chinoises
jugées insignifiantes et en tenant en respect les
bâtiments russes.
Jūgonen Sensō
(la guerre de Quinze Ans)
Ce cadre de jeu traite d’un moment précis du
Japon moderne, celui de la décennie 1930-
1945, au cours de laquelle le pays s’enfonce
progressivement dans les ténèbres menant
à la guerre du Pacifique. Depuis l’ère Meiji,
le Japon a joué le jeu de la diplomatie et a
accepté les décisions, même défavorables, des
instances internationales. Mais le sentiment
d’injustice grandit.
Le terreau de la rancœur
À partir des années 1920, le Japon a un
fort ressentiment vis-à-vis des puissances
occidentales. Les Japonais sont déçus de leurs
homologues notamment par leurs prises de
position via la SDN (Société des Nations) qu’ils
jugent hypocrites, méprisantes et racistes. En
effet, ils subissent des mesures et des pressions
notamment sur la colonisation et l’armement de
la part de pays occidentaux ne se gênant pas pour
mener des politiques similaires. Des idéologues
anti-occidentaux et impérialistes sont le
substrat de l’émergence de groupuscules contre
le communisme et favorables à l’émancipation
des peuples asiatiques des colonialistes venus
de l’Ouest.
La crise de 1929 aggrave la situation
économique et sociale et permet leur ascension
grâce à l’adhésion à leurs idées des classes les
plus modestes et pauvres de la société japonaise.
De plus, les mesures protectionnistes, comme
l’augmentation des tarifs douaniers et les
quotas, consécutives à la crise de 1929, limitent
ses exportations.
Dès le début des années 1930, le gouvernement,
par ses différents cabinets ministériels,
privilégie la voie diplomatique sur le plan
international. Cependant, l’armée nippone
28
du Kwantung force la main de l’empereur en
Mandchourie et organise complots et guérillas
menant à l’invasion de la région en 1931. La
SDN condamne cette occupation et le Japon
quitte finalement l’organisation en février 1933.
L’armée japonaise et ses grands chefs deviennent
de plus en plus populaires et influents dans
l’Archipel. Toutes les prémices d’un régime
totalitaire se réunissent pour changer la société
et signer l’accentuation de l’expansionnisme.
Des idéologies opposées
Un schisme apparaît au sein de l’armée
impériale et plus précisément l’armée de terre.
Deux factions hostiles et distinctes s’opposent
radicalement : la Kōdō-ha (groupe de la voie
impériale) extrémiste et ultranationaliste
en faveur de l’expansionnisme et la Tōsei-
ha (groupe de contrôle) regroupant des
conservateurs modérés.
Le 26 février 1936, la Kōdō-ha assassine de
nombreux politiciens lors d’une tentative de
coup d’État. Ses membres sont arrêtés à temps,
se rendent et sont condamnés à mort. La Tōsei-
ha promulgue la loi martiale, purge l’armée de
terre des radicaux incontrôlables et rassure les
politiciens et les financiers sur sa capacité à faire
respecter l’ordre. Le nouveau Cabinet, le nom du
gouvernement, dirigé officiellement par un civil
mais contrôlé par le général Hisaichi Terauchi,
vote une augmentation importante du budget
militaire et favorise l’industrie lourde.
Changement de gouvernement
En 1937, après sa victoire face au Premier
ministre Hayashi Senjūrō, Konoe Fumimaro
forme un nouveau Cabinet, créant une accalmie
dans cette période tourmentée où la démocratie
semble retrouver ses lettres de noblesse.
A la suite des affrontements entre les troupes
japonaises et chinoises, le gouvernement Konoe
essaye de calmer le jeu. Cependant, les combats
dégénèrent du nord au sud, jusqu’à Shanghai. La
Chine se plaint à la SDN qui condamne le Japon
pour violation des accords internationaux.
Seulement les forces nippones occupent
Shanghai, puis Nankin où elles commettent des
atrocités. Konoe, malmené, perd le contrôle de
l’armée et les combats continuent. Il proclame
un nouvel ordre fondé sur l’union politique,
économique et culturelle de la Chine, du
Japon et de la Mandchourie. Cette crise divise
le gouvernement et le second Cabinet Konoe
se tourne vers une alliance définitive avec
l’Allemagne d’Hitler.
En 1941, le général Tōjō, alors au pouvoir,
entraîne le pays dans la guerre du Pacifique avec
l’attaque de Pearl Harbor. Les troupes impériales
gagnent de nombreux territoires en Asie du
Sud-Est et dans le Pacifique avant de voir leur
progression arrêtée au printemps 1942.
Les crimes de guerre
de l’envahisseur japonais
Les atrocités commises par l’armée japonaise
au cours des conflits qui l’opposent à ses voisins
entre 1931 et 1945 sont mal connues de la
plupart de nos contemporains.
Dans la guerre qui oppose le Japon à la
Chine, des événements comme le massacre
de Nankin ou les horreurs perpétrées par
l’unité 731 démontrent, s’il était besoin, que
la barbarie de l’Homme n’a pas de limite. Les
témoignages photographiques et oraux sont
insoutenables : pillage, travail forcé, torture
de prisonniers de guerre, utilisation d’armes
chimiques, expériences sur des humains,
guerre bactériologique, meurtres de masse,
esclavagisme sexuel et même cannibalisme.
L’unité 731
Généralités
L’unité 731, créée officiellement pour « la
prévention des épidémies et la purification
de l’eau » par mandat impérial, est une unité
militaire spécialisée dans l’étude et la recherche en
bactériologie. Elle est responsable de nombreuses
atrocités sur des êtres humains et prisonniers de
guerre : vivisection sans anesthésie, tests sur des
cobayes humains de maladies comme la peste, le
typhus, le choléra, etc.
Jugun ianfu
Ces « femmes de réconfort militaire »
désignent les prostituées dans les bordels de
l’armée japonaise gérés par la police militaire
(Kempeitai) dans les pays occupés. De faux
recrutements de serveuses ou d’ouvrières
sont organisés afin d’enrôler de nouvelles
femmes généralement célibataires et souvent
mineures. Lorsque la tromperie ne suffit pas,
des enlèvements sont organisés. Des Japonaises
sont également leurrées par l’intermédiaire de
la création du Corps des femmes volontaires,
officiellement destinées à assurer la main-
d’œuvre des usines.
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 Chapitre 3

Vie quotidienne
La société ne change pas brutalement en septembre 1931, après les incidents
de la Mandchourie. Elle ne bascule pas d’un bloc dans l’ultranationalisme. Au
début des années 1930, la population urbaine est consumériste et individualiste.
Stimulées par les médias et les campagnes de publicité, les nouvelles classes
moyennes rêvent d’exotisme cosmopolite, occidental et teinté d’hédonisme.
Elles souhaitent l’adapter à leur vie quotidienne, sous-tendant un rejet
de la moralité officielle et des valeurs ancestrales de loyauté,
de sacrifice et de frugalité.

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 Un pays en guerre
Dès la fin de l’année 1937, les Japonais prennent
conscience d’être engagés dans une véritable
guerre et non dans de simples manœuvres
militaires ponctuelles. Le Japon devient ainsi
« une nation en guerre » dotée d’un régime
totalitaire. La loi de mobilisation générale de la
nation (kokumin sodoin ho) la rassemble dans
l’effort de guerre. Sans dissimuler la noirceur
de la situation, parallèlement à la montée du
totalitarisme, la société vit au rythme d’une part
de l’exaltation ultranationaliste, impérialiste et
anti-occidentale au niveau collectif et d’autre
part, d’un modernisme internationaliste au
niveau individuel.
Les hommes (combattants sur le front), les
femmes (soutiens à la maison) et les enfants
sont entraînés à manier le fusil pour attaquer
l’ennemi ou se défendre. Les femmes font
preuve d’un activisme agressif dans l’effort de
guerre à l’intérieur du pays.
Fujita Akinari
Citoyen ultranationaliste
Xénophobe, jusqu’au-boutiste, patriotique,
violent.
Enfin ! Après avoir fichu une raclée à tous ces
faibles de communistes venus de l’Ouest, il est
temps de prouver aux inférieurs du continent
qui sont les maîtres du monde pour leur plus
grand bien.
NC 1
FOR +0 DEX +1 CON +1
INT +1 PER +1 CHA +1
DÉF 11 PV 9 Init 11
32
Se déplacer
Les bus motorisés se répandent vers la fin des
années 1920. Certains riches propriétaires se
déplacent en automobile, mais cela reste très
rare. Les motos ont un peu plus de succès,
coûtant moins cher à l’achat et à l’entretien. Le
premier métro voit le jour à Tokyo en 1927. La
première des lignes de trolleybus à apparaître
au Japon fut créée en 1929 à Kyoto, assurant le
trajet entre Shijo et Omiya.
Communiquer
Les moyens de communication modernes se
développent dans les grandes agglomérations
(téléphone, télégraphe) et sont limités dans les
villages. Le courrier peut être assez long, car il
doit passer plusieurs bureaux de poste avant
d’arriver à destination. La radio permet quant à
elle de donner des nouvelles d’ailleurs.
S’habiller
Les goûts et les préférences vestimentaires
de la courte période de Taishō ont marqué
profondément la mode de l’ère Shōwa.
Les motifs traditionnels très en vogue à la fin des
années Edo et qui perdurent pendant l’ère Meiji
ont pratiquement disparu, évoluant vers plus
de réalisme et de modernisme. Les kimonos
de composition traditionnelle aux motifs
recouvrant la totalité du vêtement ou le bord
inférieur seulement deviennent respectivement
les furisode et tomesode. Ils ne sont portés
plus que par les personnes d’un certain âge
habituées à le revêtir depuis leur jeunesse,
par les serveuses de restaurants traditionnels
ou par les enseignants et pratiquants d’un
art traditionnel comme la danse japonaise,
la cérémonie du thé ou l’arrangement floral.
Le kimono convient particulièrement aux
occasions exceptionnelles ou saisonnières
(Nouvel An, fêtes traditionnelles estivales,
remise des diplômes universitaires, cérémonie
de la majorité à l’âge de 20 ans ou mariage). En
pareille occasion, les petites filles et les jeunes
femmes célibataires portent le furisode.
Comparé à la tenue occidentale, le kimono
est difficile à porter et ne se prête guère aux
activités quotidiennes actuelles, c’est pourquoi
il a quasiment disparu au quotidien.
À partir des années 1920, la femme moderne
impose un nouveau style : la modern girl
(modan gāru, moga). Occidentalisée et libérée,
elle se montre avec ou sans son modern boy
(mobo) dans le quartier chic de Ginza. Elle sort,
danse et s’amuse, va au théâtre et au cinéma.
S’instruire :
l’enfance perdue
Le gouvernement développe son contrôle sur la
collectivité en passant par l’éducation. Les lois
promulguées imposent progressivement une
méthode de pensée et modèlent la conduite des
individus. Le ministère de la Santé publique
travaille conjointement avec le ministère de
l’Éducation nationale pour créer un cursus
d’enseignement autour de l’apprentissage de la
vie sociale, l’acquisition des qualités morales,
l’obéissance et la construction d’un corps sain.
Ce programme repose sur l’implication des
aînés dans la vie de leurs cadets depuis la
scolarisation obligatoire jusqu’au mariage.
La politique du corps :
produire des corps sains
Pour le pays, procréons, croissons ! (Umeyo
fuyaso kuni no tame!)
Slogan des années 1920
Le système totalitaire japonais mise sur des
valeurs symboliques fortes véhiculées par un
groupe supérieur, puissant et éclatant de santé
qui conduit à la valorisation du corps. Ces
notions d’esthétique et de qualité sont reliées à
Vie quotidienne
l’eugénisme et à l’endoctrinement approuvés par
les nouvelles forces émergentes en Europe, les
régimes fascistes.
Les relations qu’entretiennent l’État, la nation
et les sujets peuvent se résumer par le concept
de Kokutai (corps national, corps de l’État). Le
Kokutai fait reposer tout le système sur l’autorité
de l’empereur. L’État japonais a donc utilisé le
sport et la politique du corps pour moduler
ses citoyens en masse disciplinée et totalement
soumise en inculquant discipline et valeurs
morales (zenshin shido).
Le concept de corps collectif devient un
agent du pouvoir politique et imprègne les
théories de l’éducation physique au Japon.
Le mythe palingénésique (élément central
de l’idéologie fasciste) annonce l’émergence
d’un « nouvel homme » surgissant du passé.
Ainsi l’éducation du corps dès le plus jeune
âge constitue la véritable condition préalable
à la création de cet homme nouveau. La radio
touche les masses par les émissions matinales
de gymnastique radiophonique (rajio taisō).
La nouvelle humanité éduquée physiquement
a les capacités pour détruire l’ordre existant et
se délivrer.
Le militaire s’insinue à l’école
En 1925, des officiers en service actif sont envoyés
par le ministère de l’Armée pour superviser les
entraînements militaires (gunji kyoren) dans
les écoles secondaires et supérieures. Les jeux
sportifs se transforment en exercices militaires
en supprimant la compétition et en revalorisant
les notions issues des valeurs traditionnelles
du bushidō. Les sports occidentaux sont
marginalisés et réprimés.
Dans les années 1930, quand l’influence
militaire devance les conceptions libérales au
sein du Cabinet, les arts martiaux sont inclus
dans les programmes officiels :
• Kendo et judo deviennent obligatoires
pour les étudiants du secondaire dès 1934 ;
• Kendo et judo deviennent obligatoires à
l’école primaire dès 1936 ;
• En 1936, les filles doivent apprendre le
naginata-do et le kyūdō ;
• Le bujutsu et ses variantes modernes
favorisent l’endoctrinement par ses codes :
obéissance, endurance, autodiscipline ;
• Le budō renforce la continuité des valeurs
du Japon féodal et l’éthique et la tradition
du guerrier.
33
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 Le Comité spécial sur l’éducation recommande
au Parlement que tous les étudiants au-dessus
du secondaire soient formés pour devenir des
soldats obéissants. Ainsi, avec les années, un
type de formation prémilitaire se développe.
Ces mesures ont permis de persuader la
population paysanne qui n’avait pas le droit
de porter les armes qu’elle pouvait elle aussi
devenir des guerriers comme les grands
samouraïs. Les notions de gloire des grandes
traditions militaires du Japon et de mort sur le
champ de bataille pour l’empereur deviennent
des idéaux pour la population.
Les garçons
L’apprentissage scolaire va jusque dans ses
manuels de classe influencer la construction des
enfants dans le but d’un contrôle de masse. Ainsi,
ces futurs adultes sont conditionnés à apprécier
le corps militaire armé et ses soldats. Dans les
établissements scolaires, les jeux de stimulation
comme de « jouer à la guerre » sont encouragés.
Les cours d’éducation physique, sur demande
du ministère de l’Éducation, comprennent des
exercices paramilitaires rythmés par des chants
martiaux. Les drills, les méthodes d’entraînement
mécaniques de l’armée prussienne, sont même
une source d’inspiration principale.
Les filles
Les jeunes filles fréquentent les écoles au moins
jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire (12 ans).
Des écoles normales féminines sont créées pour
former les enseignantes qui instruiront ensuite
les futures épouses et mères. Au niveau de l’école
primaire, la tendance est à l’uniformisation du
système éducatif pour les garçons et les filles.
34
Une instruction civique est mise en place pour
bien faire assimiler la différence de rôle entre les
sexes. Les jeunes filles se doivent d’apprendre les
aspects de la vie sociale à travers l’enseignement
du travail ménager. Les enseignements
dessinent le domaine des activités réservées aux
femmes (la maison) et proposent l’apprentissage
des savoirs nécessaires pour évoluer en société
(bonnes manières, gymnastique, musique,
calligraphie, peinture) et des savoirs pratiques
(économie familiale, bricolage, cuisine,
réparation de vêtements, jardinage, élevage de
poulets et de vers à soie, riziculture).
Vivre en société :
un contrôle collectif
Progressivement, les mesures du gouvernement
visent à renforcer la famille, reconstruire
l’ordre dans les villages et restaurer l’autorité
patriarcale et les relations de domination.
L’ordre hiérarchique et le respect des principes
moraux (deux aspects de la « beauté morale »
du pays) sont mis en avant pour désamorcer
les conflits de classes et les révoltes sociales
contre la montée des prix.
La famille moderne
Le cadre juridique attribue à travers un
ensemble de droits (parentaux, entre époux, de
succession), un pouvoir considérable au chef
de famille sur les membres de la maisonnée
et sur son fonctionnement. Il construit un
véritable système patriarcal à travers la loi sur
l’état civil.
Dans la famille japonaise coexistent sous un
même toit deux générations, celle des adultes
et celle des enfants. Elle se modernise : la part
du budget consacrée à l’alimentation diminue
au profit des dépenses en éducation, hygiène et
autres frais sociaux. Moins de 30 % des femmes
mariées travaillent. Ce modèle s’accompagne
du repli de la femme sur les tâches ménagères
et l’éducation des enfants.
L’idéal de la femme
pendant l’ère Shōwa
Traiter la femme à l’égale de l’homme n’est pas
lui montrer du respect.
Tojo, 1942
Les femmes deviennent le lien entre la famille
et l’État. Le statut de mère est une profession
nécessitant une éducation et un savoir-faire
large : santé, connaissances académique et
morale. La femme doit se conformer à ce qui
est « éthique ». Elle a sa place bien définie dans
la vie quotidienne au sein d’un groupe.
La définition de la femme
La femme est un être soumis à ses émotions et à
ses pensées spontanées. L’honnêteté lui permet
de distinguer le vrai du faux pour adopter la
voie correcte. Sa nature est d’être tolérante et
trouve son apogée dans la gestion d’une maison.
La douceur innée constitue sa beauté et lui
permet l’obtention de qualités qui s’épanouissent
avec l’éducation comme la placidité, l’endurance,
l’esprit de sacrifice et le dévouement.
Les femmes sont émotives, instables, vulnérables
aux idées socialistes ou pacifiques et aux
influences étrangères. Selon la doctrine de
l’époque, il faut donc se méfier de sa versatilité d’où
l’importance de son éducation. Les traitements
entre les deux sexes doivent être différents et la
femme doit surtout être « domestiquée ». L’entrée
en guerre exige un engagement encore plus
accru des femmes dans les activités militaires.
Les infirmières en sont un parfait exemple.
La mère japonaise dans les années 1930
L’amour maternel, l’éducation au respect,
l’amour du pays, tout cela n’est bien assimilé
que quand ce sont des gens de confiance,
telle une mère remplie de dévouement et de
sacrifice, qui l’enseignent.
Tojo, 1942
La femme ne doit pas être à l’image de l’homme,
Vie quotidienne
mais une épouse et une mère au sens strict. Le
cadre juridique sur l’état civil lui donne sa place
dans la famille. Les jeunes filles sont façonnées
pour s’assimiler à la maison dans laquelle elles
entrent. Une femme partage avec son mari le
devoir de conserver le patrimoine des ancêtres et
de le transmettre. L’homme travaille au-dehors
et la femme doit se consacrer à l’éducation des
enfants et aux tâches ménagères.
Contrôler la société
L’État est omniprésent dans tous les domaines
de la vie quotidienne par un contrôle ferme des
ministères de la Santé publique, de l’Éducation
et de l’Intérieur, des associations féminines et
des corporations de jeunes gens. Il met en place
une politique d’interdiction des associations
dites dangereuses, n’autorisant que quelques
rares groupes recomposés sous la tutelle des
autorités militaires.
La loi de mobilisation générale de la nation
rassemble le pays pour participer à l’effort de
guerre. Un ensemble juridique traduit une
nouvelle conception du rôle de l’État. Ce dernier
ne se contente plus de gérer les catégories à
problèmes de la société (pauvres, mères seules
avec enfant, vagabonds, malades mentaux), il
est porteur d’une vision englobant l’ensemble
des classes sociales et rendues nécessaires par la
situation exceptionnelle.
Ozawa Eita
Policier répressif
Glacial, méthodique, intransigeant,
endoctriné.
Pour sauvegarder le Japon, il y a des choses
que seuls certains hommes peuvent faire.
Mais grâce à mon honneur et mon obéissance,
l’ordre est garanti pour le bien du plus grand
nombre.
NC 2
FOR +1 DEX +2 CON +1
INT +1 PER +0 CHA +1
DÉF 12 PV 16 Init 12
Tonfa +3 DM 1d6 + 1
Pistolet +5 DM 2d6
35
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Travailler : la militarisation
de la population
La population est orientée vers des postes
spécifiques en vue de futurs conflits
armés. Les confrontations avec la Chine
annoncent l’engagement des femmes dans
des activités de défense et de service sur le
front intérieur dès 1940. En même temps
que les femmes des colonies japonaises se
voient enrôler de force dans les bordels de
l’armée, l’engagement de leurs homologues
de l’Archipel s’intensifie, particulièrement
dans la profession d’infirmière.
Se divertir
La militarisation de la culture se poursuit
tout au long de la décennie des années 1930.
La culture visuelle est le média privilégié par
cette évolution.
La musique
À partir de 1928, la radio est diffusée sur
l’ensemble du territoire ; à ce moment-là, seuls
5 % des foyers ont accès à un poste. Les musiques
occidentales accaparent alors les ondes.
Dans la première partie des années 1930,
l’inquiétude des Japonais se traduit dans
les chansons populaires par les nombreuses
références à la mort et au suicide. La deuxième
partie de la décennie correspond à l’avancée
vers le militarisme. Les chansons parlent
toujours de morts, mais de « morts utiles »
au combat, signe de loyauté envers la nation
et l’empereur. La politique en fait un sacrifice
patriotique. La plupart des chansons sont
d’inspiration militaire et patriotique aux
accents de triomphe. Sous la censure, les
chansons mélancoliques préférées par le
public voient leurs paroles rendues vagues et
métaphoriques, voire incompréhensibles.
Les arts théâtraux
Après l’ère Taishō, le théâtre shinpa (mettant en
scène des histoires mélodramatiques) perdure
sur l’Archipel et en Corée, où il est adapté à la
manière du théâtre coréen. Des films shinpa
continuent à être produits pendant quelques
décennies.
Le kabuki, le shinkokugeki et le shinpa montent
des spectacles patriotiques célébrant les vertus
martiales et les hauts faits de guerre. Jusqu’à
l’été 1937, le théâtre dit « moderne » ne va que
36
très peu faire de la propagande. Cependant
la situation change en 1940 avec la mise en
place de l’Association impériale d’assistance
et la réorganisation du bureau d’information
du Cabinet. Ainsi, les autorités contrôlent
le théâtre et l’ensemble de la production
culturelle en l’enrégimentant. Le théâtre
national véhicule dès lors les valeurs morales
du nouveau Japon impérialiste.
Le cinéma
En 1931 le Japon voit sortir son premier film
parlant. Naissant principalement à Tokyo, la
majorité des archives cinématographiques
antérieures sont perdues lors du tremblement
de terre de 1923. Les scénarios subissent une
censure préalable par le gouvernement.
Les us et coutumes
La restauration Meiji avait rétabli l’empereur
sur le devant de la scène, notamment grâce
au shintoïsme d’État. Avec Hirohito, les
mœurs ont évolué vers l’idée collective de la
suprématie des Japonais sur leurs congénères
d’Asie puis du reste du monde. Ceci se reflète
dans tout ce qui touche au quotidien dans la
vie des Japonais.
Publicité et propagande
L’art publicitaire et les grandes entreprises
collaborent activement avec l’État lors de
l’amplification de la propagande appelée
publicité nationale (kokkasenden ou kokusaku
senden). Les années Shōwa d’avant-guerre
marquent l’apogée de la photographie
commerciale moderniste. L’imagerie
moderniste et les campagnes publicitaires
des grandes marques, arbitres du goût, sont
souvent en phase avec les initiatives politiques
liant ainsi les intérêts du secteur privé et ceux
de la nation.
La communauté des photographes japonais
a des liens étroits avec l’Allemagne au niveau
de la théorie et de l’expérience pratique,
car beaucoup d’entre eux ont étudié là-bas.
Les œuvres des photographes modernistes
allemands travaillant sur le design commercial
apparaissent régulièrement dans les revues
spécialisées japonaises.
Le commerce reste proche de la politique. Les
productions dans le domaine de la culture
visuelle glorifient des symboles et icônes de
l’idéologie impérialiste.

Matsuo Hirobumi
Journaliste communiste
Idéaliste, courageux, borné, rebelle.
Les Japonais et le monde doivent savoir ce
qu’ont fait les militaires. Ces bourreaux d’un
autre temps n’ont plus leur place dans la
société. Et même si je dois y laisser la vie,
j’espère que nos camarades nous viendront
en aide rapidement, si cet article n’est pas
censuré avant.
NC 2
FOR +0 DEX +1 CON +0
INT +2 PER +2 CHA +1
DÉF 11 PV 15 Init 11
Voie de l’investigation rang 3.
Eugénisme
La loi sur l’eugénisme élaborée en 1940 est le
résultat d’une longue réflexion sur l’hérédité
génétique et fait écho au besoin de soldats
du pays. Elle met en lumière le problème
démographique dû au contrôle des naissances
durant les années 1920. En 1936, la question de
la stérilisation est abordée. En 1940, la loi sur
la qualité génétique de la nation est décrétée :
Vie quotidienne
l’interruption de grossesse est légalisée pour les
handicapés et personnes souffrant de maladies
mentales, de faiblesses mentales ou de maladies
physiques héréditaires. La stérilisation vise à
protéger l’excellente qualité du peuple par la
prévention des tares génétiques pour favoriser
l’augmentation de personnes saines.
Kojima Kanenari
Scientifique
Raciste, élitiste, imbu et exalté.
Notre époque nous offre une opportunité de
démontrer scientifiquement la supériorité du
peuple élu et descendant des kamis. Même s’il
est vrai qu’il existe quelques confrères gaijin
compétents.
NC 2
FOR +0 DEX +2 CON +0
INT +3 PER +0 CHA +2
DÉF 12 PV 16 Init 12
Voie des sciences (toutes) rang 3.
Payer
Le yen est la monnaie officielle depuis 1871.
Il se décline dans les autres pays de l’empire
japonais :
• Le yen taïwanais ayant cours à Formose
depuis 1895 ;
• Le yen militaire de 1940 à 1945 mis en
circulation pour régler la solde des soldats
des forces impériales ;
• Le yen coréen établi depuis la colonisation
en Corée depuis 1910 ;
• Une monnaie d’invasion, le Billet de la
Banque de développement du Sud, de
1942 à 1945, établie pour les territoires
occupés par le Japon lors de la Seconde
Guerre mondiale, en remplacement de la
monnaie locale.
37
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Chapitre 4

Tokyo

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 Tokyo est la ville la plus peuplée du pays.
Située au sud-est de l’île d’Honshu, elle
abrite le pouvoir impérial depuis plusieurs
siècles. Au début des années 1920, la capitale
est fractionnée en quinze arrondissements.
Après le tremblement de terre en 1923,
Tokyo est finalement séparée en vingt-
trois arrondissements afin d’avoir une gestion
plus précise et efficace. Une fracture sociale
sépare la ville en deux pôles : l’ouest avec
les hauts quartiers de la noblesse et de la
bourgeoisie, et l’est principalement constitué
des bas quartiers.
Chiba Kon
Médecin traditionnel
Altruiste, tolérant, rassurant, réaliste.
Il est vrai que cela fait des siècles que nous
autres Japonais nous soignons bien. Toutefois,
il est regrettable qu’au nom d’un patriotisme
excessif, nous nous privions des connaissances
apportées par les hommes de l’Ouest. En cette
période de souffrance, mon travail n’a jamais
été aussi important.
NC 3
FOR +1 DEX +2 CON +2
INT +2 PER +1 CHA +1
DÉF 12 PV 21 Init 12
Voie de la médecine (toutes) rang 3.
40
Structure de la ville
La plupart des banlieues ne sont pas encore
formées. Auparavant, elles étaient une extension
des quartiers limitrophes. Des arrondissements
comme Shinjuku et Shibuya jouent ce rôle.
Le centre
Au centre de la ville se trouve l’arrondissement
de Chiyoda, le grand quartier administratif. Il
comprend le Palais impérial, la gare de Tokyo,
le Théâtre impérial et la plupart des institutions
administratives de la ville et du pays. Il est le
lieu le moins peuplé, mais beaucoup de gens le
traversent pour prendre le train ou se rendre à
un autre point de la cité.
Au sud-est de Chiyoda et en bordure de l’océan
se trouve l’arrondissement de Chuo, connu
pour son grand port de pêche et ses immenses
marchés (dont le marché aux poissons). C’est là-
bas que se situe le vieux quartier commerçant
de la ville, hérité des ères précédentes où l’on
peut trouver des artisans et des antiquaires.
Au sud-ouest des deux précédents et bordant
également l’océan se trouve l’arrondissement
de Minato. Doté d’un petit port de pêche,
l’arrondissement est surtout connu pour abriter
une division de l’armée impériale japonaise et
les ambassades des délégations occidentales
près des accès vers Chiyoda.

L’arrondissement de Shinjuku est au nord-
ouest de Chiyoda et de Minato. Ce lieu de
passage est incontournable pour les gens
venant des banlieues sud et ouest et désirant
se rendre de l’autre côté de la ville. La majorité
des transports en commun empruntent ces
grandes rues. C’est le centre pour toutes sortes
d’affaires. Les entreprises possèdent des locaux
proches des artères principales tandis que les
petites rues et ruelles abritent les commerces
des plaisirs (de jeux ou de chair).
Kawasonaji Fujimi
La sorcière au carrefour des chemins
(voir le supplément L’ère Heian, p.61)
Si, chez elle, Fujimi porte toujours un kimono,
elle ne met jamais la même chose deux fois
et a généralement des accessoires pour
l’accompagner. Comme pour ses tenues, elle
n’a jamais été vue deux fois avec le même
style de coiffure, sauf lorsque ses cheveux sont
lâchés. Excentrique et amusante, Fujimi est
respectueuse de tous les êtres, mais suit des
préceptes qui dépassent la conscience de la
plupart des gens : bon et mauvais sont des
notions que les humains décident, et ceux-
ci ne s’appliquent pas aux non-humains.
Sorcière de grande puissance, son énergie
spirituelle est incommensurable et elle est
aussi connue sous le nom de « La Sorcière
des Dimensions », en raison de sa capacité
à voyager dans le temps. Elle est également
assez douée pour manipuler et créer des objets
magiques d’envergure, et peut également
s’entendre avec n’importe quelle entité des
royaumes « non humains » : fantômes, dieux,
esprits, yokai, etc.
Tous les clients de Fujimi doivent payer le
prix pour exaucer leurs vœux, ou ils devront
en subir les conséquences. En outre, elle n’est
pas du genre à révéler à ses clients le moyen
le plus direct pour résoudre leurs problèmes,
car pour elle, ils ne peuvent l’être que s’ils
prennent conscience qu’il faut changer eux-
mêmes pour y parvenir. Ainsi, la plupart du
temps, si la personne manque de sincérité
et de volonté pour changer, elle attirera
forcément la mauvaise fortune.
Les capacités de Fujimi ne sont toutefois
pas illimitées et peuvent presque apparaître
comme une malédiction, car elle est incapable
Tokyo
Au nord-est de Chiyoda et juste au nord de Chuo
se situe l’arrondissement de Taito. Parmi les
plus petits en superficie, il possède néanmoins
une grande densité de population bien que la
majorité de son espace soit consacrée au parc
d’Ueno et au grand temple Senso-ji.
de faire quoi que ce soit ou d’accorder une
faveur sans que cet acte prenne la forme d’une
transaction contraignante. Elle a cependant
une grande connaissance de tous les types
d’objets magiques existants, dont beaucoup se
trouvent dans son magasin.
Fujimi s’en remet aux lois de l’univers, et
son magasin ressemble à une petite bicoque
en bois dont l’intérieur paraît plus grand
que l’extérieur. Peuplé de créatures et de
yokai en tout genre tapis dans l’ombre de
ses recoins, il contient une impressionnante
quantité d’innommables trésors et autres
objets occultes. Son point d’ancrage n’étant
pas fixe, il est présent dans plusieurs lieux à
la fois : Ikai, monde des humains, contrées du
Rêve, etc. Ainsi, il n’est pas rare d’y croiser
des clients venant de différentes époques et
plans d’existence. En effet, cette belle, grande
et mystérieuse sorcière ayant d’importantes
connaissances en folklore et Mythe des
Grands Anciens, elle peut résoudre différents
problèmes en trouvant la bonne potion rare
ou le bon artefact ou autre, en échange
d’un « fragment de l’essence » du client
proportionnel à sa requête : Ki, maho, points
de caractéristique, etc. Comme elle se plaît à
le dire, toute chose a une contrepartie.
NC 14
FOR +1; DEX +2 ; CON +3 ;
INT +4 ; PER +5 ; CHA +4 ;
DÉF 12 ; PV 85 ; Init 12 ;
ATM +15 ; PM 30
Voie de l’alchimie rang 4.
Voies de l’éveil, de la divination et de la
protection rang 5.
Sorts : tous les mineurs de rangs 1, 2 et 3.
41
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 Le cercle périphérique
Ota, Setagaya, Suginami, Nerima, Itabashi,
Kita, Adachi, Katsushika et Edogawa sont
(dans le sens des aiguilles d’une montre
et du sud vers l’est) les arrondissements
périphériques de la capitale. Ils sont les
plus vastes en superficie et possèdent une
population nombreuse. Les personnes et
marchandises transitant entre Tokyo et les
villes de Yokohama et Kawasaki passent par
Ota et Edogawa. Setagaya est l’un des quartiers
les plus densément peuplés, alors que Nerima
tend à devenir une banlieue résidentielle.
Enfin, articulés entre les arrondissements
centraux et les périphéries, il y a les arrondis-
sements populaires avec leurs maisons et leurs
commerces de Shinagawa (entre Minato et
Ota), Meguro, Shibuya, Nakano, Toshima,
Bunkyo, Arakawa, Sumida et Koto (entre
Chuo et Edogawa). Meguro est une exception,
car il abrite une partie de l’ancienne noblesse et
les riches industriels de la capitale.
Les transports en commun
La cité est desservie par de nombreuses lignes de
tramways électriques reliant tous les quartiers
et les arrondissements. Les jinrikisha (pousse-
pousse) et les voitures à chevaux demeurent aussi
très présents dans les rues principales, côtoyant
les vélos et les chars à bœufs. Les motos sont
prisées également, et de très rares automobiles
traversent parfois les rues du centre-ville. La
diversité des moyens de transport de la capitale
cause occasionnellement de petits incidents,
surtout lorsque des véhicules motorisés croisent
le chemin des bêtes de somme. Les routes ne
sont pas encore toutes goudronnées en ville.
Il arrive que certaines voies soient toujours en
terre, soulevant la poussière ou se transformant
en bourbier pendant les pluies.
Les bus motorisés sont plus présents à partir
de 1924, en attendant de pouvoir rétablir les
lignes de tramway détruites par le tremblement
de terre.

Dans l’arrondissement de Taito se trouve En 1927, le gouvernement japonais inaugure la

une petite échoppe tenue par la magnifique première ligne de métro d’Asie, reliant Ueno à
Kawasonaji Fujimi. Cette boutique offre Asakura, deux quartiers de l’arrondissement de
à ses clients des services particuliers dits Taito sur 2,2 km.
magiques. Il n’est pas rare d’y croiser des
personnes vêtues étrangement… Son magasin
ressemble à une petite bicoque en bois dont
l’intérieur paraît plus grand que l’extérieur.
Il contient d’innombrables trésors et autres
objets occultes.

La reconstruction
Après le tremblement de terre, le Kantô
subit une refonte en termes d’architecture et
d’agencement. La plupart des quartiers sont
reconstruits à l’identique avec des matériaux
plus solides, comme le béton ou la brique.
Plusieurs méthodes sont employées afin de les
rendre plus résistants à un éventuel autre séisme.
Le gouvernement en profite pour se débarrasser
des vestiges de l’époque d’Edo qui trônent
encore dans la capitale. Avant le tremblement
de terre, l’agencement des bâtiments dans ces
quartiers l’empêchait de moderniser la ville et
mettre fin aux anciennes coutumes considérées
éculées en faisant disparaître les vieux lieux
de recueillement. Tokyo et Yokohama servent
d’exemples de restructuration pour les villes de
Nagoya, d’Osaka et de Kobe.

42

Takagi Nagato
Fonctionnaire
Pacifiste, résigné, logique et inquiet.
Oui, je veux bien comprendre que le Japon
ait eu besoin de changement pour rétablir
une ère de paix et de grandeur. Mais tout
ceci est-il vraiment nécessaire ? Chaque jour
je vois passer des demandes qui m’auraient
fait vaciller il y a dix ans. Serais-je devenu
insensible avec le temps ?
NC 2
FOR +1 DEX +1 CON +1
INT +2 PER +0 CHA +2
DÉF 11 PV 14 Init 11
Voies de l’administration et de l’autorité
rang 2.
Lieux et
monuments importants
Le Palais impérial
Le Kōkyo, la « résidence de l’empereur », est
situé dans l’arrondissement de Chiyoda et
proche de la gare centrale. Construit en 1888
sur les vestiges de l’ancienne forteresse d’Edo
détruite en 1873, il sert de résidence à la famille
impériale depuis que l’empereur Meiji a décidé
de migrer vers la capitale depuis Kyoto. Il s’étend
sur une superficie d’environ 3,4 km² et se divise
en trois quartiers :
• Le Kōkyogaien (jardin extérieur) forme
une avant-cour pour le palais ;
• Le Higashi Gyoen (jardin est) est une part
du palais ouverte au public ;
• Le Kyūden (palais impérial) et ses jardins
sont réservés à la famille impériale et
à certains organismes de l’État comme
l’Agence Impériale, en charge du bien-être
des résidents.
Ces trois quartiers sont séparés entre eux et
du reste de la ville par les anciennes douves du
château, toujours entretenues, permettant de
limiter l’accès au Kōkyo grâce à quelques ponts.
Le palais fait partie des lieux épargnés par le
tremblement de terre de 1923.
Le Théâtre impérial
Tokyo
Le Théâtre impérial se trouve non loin du Palais
impérial et de la grande gare de Tokyo, dans
l’arrondissement de Chiyoda. Inauguré en 1911,
il s’agit du premier théâtre moderne inspiré
par des principes occidentaux. Il est constitué
d’un grand bâtiment en pierres de forme carrée
avec trois étages surdimensionnés et d’une aile
rectangulaire de quatre étages.
La salle principale est dotée d’une grande scène
faisant face à une profonde pièce en demi-
cercle, avec deux étages en arc de cercle pour
accueillir le public ainsi que deux loges privées
sur les flancs du premier balcon pour recevoir
les invités prestigieux.
Le théâtre n’est pas détruit par le tremblement
de terre de 1923.
Le « Pont du Japon »
Situé dans l’arrondissement de Chuo, le
Nihonbashi (« pont du Japon ») date de
l’époque d’Edo. Surplombant un bras de fleuve
sur près d’une cinquantaine de mètres et large
d’environ vingt mètres, il a été reconstruit
selon un modèle européen à l’ère Meiji. Fait
entièrement en pierre, ses deux arcs s’appuient
sur un pilier central au milieu du fleuve et un
autre sur chacune des rives. Au-dessus d’eux
trônent de grands et somptueux lampadaires
en métal alors que d’autres, plus petits et plus
modestes, se dressent au centre de chaque arc.
De grandes rambardes en pierre bordent le
pont. Il fait également partie des lieux épargnés
par le tremblement de terre de 1923.
La gare centrale
La gare centrale est un immense bâtiment
de briques, contrairement à beaucoup de
constructions de la ville. Elle s’étend sur
plusieurs centaines de mètres de long, se divise
en trois hauts étages (rez-de-chaussée compris)
et dispose de quatre quais, deux étant dédiés
aux trains à vapeur et deux autres aux trains
électriques. En service depuis 1914, elle est
située dans l’arrondissement de Chiyoda, en
face des jardins du Palais impérial. La gare a été
épargnée par le tremblement de terre de 1923.
L’arsenal de Koishikawa
L’arsenal de l’armée impériale japonaise de
Tokyo est une grande usine d’armement située
dans l’arrondissement de Bunkyo. Construite
peu après la restauration de Meiji, elle a
43
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 produit notamment les fusils Murata puis les
modèles Arisaka. Le tremblement de terre a
fait des dommages considérables à l’arsenal,
et il est jugé trop coûteux de le reconstruire
entièrement. Au milieu des années 1930, il est
transféré à Kokura.
Hara Suguru
Militaire
Violent, démagogique, intolérant, patriotique.
Il était grand temps de faire le ménage parmi
tous ces Occidentalisés déguisés. Il n’y a que
l’ordre et la discipline qui pourront ramener
la grandeur dans notre beau pays et le monde.
NC 4
FOR +2 DEX +2 CON +1
INT +0 PER +1 CHA +0
DÉF 12 (14) PV 32 Init 12
Couteau +6 DM 1d6 + 2
Fusil +6 DM 2d8
Pistolet +6 DM 2d6
Les parcs
La ville de Tokyo possède deux grands parcs
principaux.
Shinjuku Gyoen (jardin impérial de Shinjuku)
se trouve entre les arrondissements de Shibuya
et de Shinjuku. Le parc était à l’origine la
résidence de la famille Naito à la fin de
l’époque d’Edo. Il est récupéré pendant l’ère
Meiji par l’Agence impériale qui en fait un
jardin impérial dès 1906. Il s’étend sur environ
58 hectares et possède quelques 20 000 arbres
dont environ un dixième sont des cerisiers.
C’est dans ce parc que sont introduits les
premiers platanes au Japon.
Le Ueno Onshi Koen (parc d’Ueno, cadeau
impérial), est créé pendant les années 1920
après que l’empereur Taishō offrit le terrain à
la ville. Il se trouve dans l’arrondissement de
Taito sur l’emplacement d’un ancien temple des
shoguns Tokugawa construit pour protéger le
château d’Edo des menaces venant du nord-est
et détruit lors de la guerre de Boshin. Plus grand
que le Shinjuku Gyoen, il est surtout connu pour
son zoo, le plus ancien du Japon, recueillant
un demi-millier d’espèces différentes. On
peut aussi visiter le temple Toshogu dédié aux
familles shogunales des Tokugawa ainsi que
se promener près du bassin Shinobazu et son
44
sanctuaire de Benten. Les nombreux cerisiers
du parc accueillent également beaucoup
d’habitants pendant la période de floraison.
Les temples
et sanctuaires
La ville dispose de plusieurs temples et de trois
sanctuaires principaux.
Le plus ancien est le Senso-ji, un grand temple
bouddhiste situé dans le quartier d’Asakusa. Il
existe depuis l’an 645. On accède au sanctuaire
par la Kaminarimon (porte du tonnerre) qui
débouche sur la Nakamise-dori, une grande
allée commerçante. Au terme de l’allée se trouve
le hōzōmon (porte de la salle au trésor), menant
au bâtiment principal. À sa gauche se tient une
pagode à cinq étages devancée par deux petits
temples, Denboin et Chingodō. Quatre autres
petits temples nommés Yogodō, Yakushidō,
Awashimadō et Zenizukajizōdō se trouvent
derrière la pagode.
Le Yasukuni-jinja (sanctuaire shintô du Pays
apaisé) est situé dans l’arrondissement de
Chiyoda. Bâtiment construit en 1869, il rend
hommage aux Japonais ayant donné leur vie
pour l’empereur. Il est un symbole de la gloire
colonialiste du Japon.
Le Meiji-jingu (sanctuaire Meiji) est situé dans
l’arrondissement de Shibuya. Construit entre
1912 et 1920, il comporte un musée dédié à
l’empereur Meiji au milieu d’un grand jardin de
100 000 arbres, dessiné par l’empereur lui-même.
Il est le lieu d’accueil des Jeux du même nom.
Nomura Tatsuya
Prêtre shintô d’État
Intolérant, fanatique, dédaigneux, excessif.
La plus grande avancée de notre époque fut
la restauration de la seule réelle religion
japonaise, le shintô. Ce n’est pas pour rien
que notre empereur est divin et la sobriété
maladive de ces étrangers donneurs de leçon
ne mérite que notre mépris. Il me semble
qu’enfin la jeunesse a conscience de l’honneur
que leur sacrifice apporte à leur famille.
NC 2
FOR +0 DEX +1 CON +2
INT +0 PER +1 CHA +2
DÉF 11 PV 17 Init 11
Voie du discours rang 2.
 Tokyo

45
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 Chapitre 5

La Mandchourie
La Mandchourie est une région continentale qui attire la convoitise de ses voisins
par ses nombreuses richesses en matières premières et la fertilité de ses terres, la
surface cultivable représentant environ deux fois celle de l’Archipel.
Riche en ressources minières, dont le charbon, elle est l’épicentre de
multiples crises et guerres entre la Chine, le Japon et la Russie. Les ports de
la Mandchourie ont une place stratégique commerciale et militaire pour les
différentes forces étrangères qui l’occupent successivement.
L’Archipel voit dans les richesses de ce pays la solution à toutes ses difficultés
économiques présentes et à venir.

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Géographie du pays
Le territoire mandchou est entouré par la
Russie au nord et à l’est, la Mongolie à l’ouest,
la Chine au sud-ouest et la Corée au sud-
est. Le seul contact avec la mer se fait par sa
partie sud et les principaux ports de Dairen et
Port-Arthur (appelé Ryojun par les Japonais).
La région est parcourue par de nombreuses
rivières et constellée de hautes montagnes
la protégeant des vents de la mousson du
Pacifique et du froid de Sibérie.
La Mandchourie
méridionale
Cette partie du territoire est couverte de
cultures, principalement de soja, de maïs, d’orge,
de blé, de millet et de sorgho. Appelé kao-liang
par les autochtones, le sorgho est à la base de
leur alimentation, fournit une importante
quantité de fourrage et est l’ingrédient
principal de l’alcool local. Les Japonais et les
immigrés coréens développent la culture du riz.
L’agglomération la plus importante est Mukden
qui abrite un palais de la dynastie Qing.
La Mandchourie
septentrionale
Le nord du pays compte davantage d’élevages
et la population y est bien moins dense que
dans le sud. Bordée au nord et à l’ouest par des
montagnes, une culture « sèche » du riz y est
pratiquée. La principale ville est Harbin située
sur la Songhua, un affluent du fleuve Amour
qui marque la frontière avec la Russie et reliée à
Vladivostok, Mukden et Changchun par le train.
Le littoral
Sur ses rives côtières, les principaux ports
sont Port-Arthur, Dairen et Niu Chuang
(nord du golfe). Ces villes balnéaires, bien
que traditionnelles, se modernisent avec les
diverses influences de ses occupants. Ainsi, les
vieilles bâtisses et anciens quartiers avec ses
habitations flottantes constituées de jonques et
autres sampangs côtoient les docks et ses cargos
48
marchands. Après la guerre russo-japonaise en
1905, les Japonais obtiennent le territoire de
Kwantung, au sud de la péninsule, et les zones de
gestion des chemins de fer sud-mandchouriens.
Histoire récente
de la Mandchourie
À partir de 1900, la Mandchourie est divisée
entre une partie nord sous influence russe et
une partie sud chinoise.
Chronologie
de l’invasion
de la Mandchourie
• 1905 : le Japon bat la Russie. Contrainte,
cette dernière lui octroie le contrôle de
Dairen, Port-Arthur et du réseau ferré russe
de la Mandchourie méridionale. La région
est placée sous protectorat nippon. Un
traité entre Russes et Japonais assure une
force armée de 15 gardes par kilomètre. Les
soldats japonais de cette région prennent
le nom d’armée du Kwantung qui compte
30 000 hommes en 1928.
• 1924 : les Russes abandonnent officiellement
la Mandchourie, leur présence devient
anecdotique.
• 1930 : Tchang Kaï-chek, alors chef d’une
des factions dans la guerre civile chinoise,
est contraint d’appeler des renforts de
Mandchourie, ce qui affaiblit cette dernière.
• 1931 : face à la crise économique, le
Japon voit dans la conquête de nouveaux
territoires la possibilité de donner un
second élan à son industrie. Les autres
grandes puissances mondiales sont
également moins à même de réagir en cas
de conflit dans ses opérations, car elles
privilégient une diplomatie « molle ».
• 18 septembre 1931 : le Japon accuse un
groupe de Chinois d’un attentat contre ses
voies ferrées dans la région de Mukden.
• 19 septembre 1931 : le Japon déclenche
l’invasion de la Mandchourie.
• Février 1932 : le Japon déclare que la
Mandchourie devient l’État du Grand
Empire Mandchou. Il place à sa tête un
homme de paille aux ordres de Tokyo : Pu
Yi, de la dynastie Qing, qui fut le dernier
empereur de Chine dans ses jeunes années
entre 1908 et 1912 avant que le pays ne
devienne une république.
Duan Bao
Mandchou
Brisé, pessimiste, résilient, discret.
Certes, ma vie de « rebut » peut vous paraître
difficile, mais au moins je suis encore vivant.
Et puis tous les Japonais ne sont pas comme
les monstres qui ont envahi mon village. Je
vois une petite lueur d’humanité dans leurs
regards.
NC 3
FOR +2 DEX +1 CON +3
INT +1 PER +2 CHA +1
DÉF 11 PV 23 Init 11
Mains nues +5 DM 1d4 + 2
L’État du
La Mandchourie
Grand Empire Mandchou
Le but des incidents de Mukden par les officiers
japonais est de provoquer et justifier l’invasion
de la Mandchourie. En quelques semaines,
la région est occupée et le 1er mars 1932, son
indépendance est promulguée. L’État du Grand
Empire Mandchou est né et l’empereur Pu Yi
est placé à sa tête par les Japonais.
En 1933, la Société des Nations (SDN) ne
reconnaît pas le Grand Empire Mandchou.
Cette prise de position entraîne le départ
précipité du Japon de la SDN.
La Mantetsu
Avec l’armée du Kwantung, la Mantetsu,
la Compagnie de chemins de fer sud-
mandchourienne, joue quasiment le rôle d’un
gouvernement en Mandchourie.
La Mantetsu construit des hôpitaux, des grands
hôtels et des établissements scolaires pour
les colons japonais. Presque chaque nouvelle
institution profite d’un appui financier de sa
part. Pendant les années 1930, elle administre le
pays dont l’économie est très dépendante de la
compagnie. Elle supervise la gestion des aciéries
à Anshan et des houillères à Fushun, mais aussi
des plantations agricoles dans toute la région.
L’oppression de l’armée
du Kwantung
Les Mandchous sont soumis à une répression
proportionnelle à la résistance chinoise locale.
Au début des années 1930, le Kwantung utilise
une main-d’œuvre chinoise et coréenne issue
de l’immigration pour pallier la pénurie de
travailleurs manuels.
À partir de 1940, le travail forcé (kyosei
renko) est imposé à des milliers d’hommes :
détenus, prisonniers de guerre chinois, kijun-hi
(« barbares soumis ») ayant mené des actions de
résistance et Mandchous raflés et passés par des
centres de formation de l’armée japonaise.
Voyager vers et
dans la Mandchourie
Seul l’accès par voie maritime est possible, les
Japonais interdisent le survol du territoire et la
Russie contrôle le Transsibérien. Les frontières
sont étroitement surveillées. Un ferry japonais
arrive à Fusan, en Corée, d’où une voie de
chemin de fer permet de rallier la Mandchourie.
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 Les chemins de fer
Des lignes relient les principales villes du pays.
La plupart appartiennent à la Mantetsu, qui met
un point d’honneur à proposer des wagons et
des locomotives à la pointe de la technologie
et du raffinement. À Changchun, il se connecte
avec la Compagnie chinoise de chemin de fer
orientale et par extension le Transsibérien, mais
la Russie et son régime opèrent des contrôles
très stricts et il est très difficile d’entrer en
Mandchourie par ce réseau.
Au sud, à Mukden, arrivent des lignes en
provenance de Chine. Le train reste le moyen
privilégié par les voyageurs pour traverser le pays.
À pied
Une fois sortie des agglomérations, la
Mandchourie est un territoire rural, parcouru
par des voies en terre essentiellement
empruntées à pied, à dos de mulet, en carrioles
ou par de très rares véhicules motorisés.
La voie des eaux
Le pays est traversé par des rivières parfaitement
navigables, empruntées essentiellement pour
le transport de marchandises. De nombreuses
jonques sillonnent le littoral, principalement en
provenance ou à destination de Dairen.
Dairen
La ville portuaire de Dairen est un véritable
poumon économique pour toute la région. Elle
est le lieu de transit de l’essentiel des exportations
de la Mandchourie (principalement du soja) et
de ses importations : coton et métallurgie.
50
Bien évidemment, cette plateforme commerciale
sert de plaque tournante à toutes sortes de
trafics, dont l’opium.
Occupée par les Japonais depuis 1905, ceux-ci y
installent la capitale administrative du Kwantung
et naturellement, la cité devient un avant-poste
lors de la conquête de la Mandchourie. Ils la
développent et la modernisent, créant ainsi une
cité contrastée.
Sugawara Yasutaka
Riche citoyen dans les colonies
Raciste, méprisant, arrogant, autoritaire.
La culture japonaise imprègne enfin ces terres
barbares qui nous ont tant méprisés par le
passé. Heureusement que les autochtones ne
sont pas mélangés avec les gens civilisés, car
il leur faudra encore plusieurs années avant
d’être dressés pour être par la suite assimilés
au Grand Empire japonais. Ces gens-là sont
tout juste capables de nous servir, mais encore
faut-il tout leur apprendre.
NC 2
FOR +0 DEX +1 CON +1
INT +1 PER +1 CHA +2
DÉF 11 PV 15 Init 11
Mains nues +3 DM 1d4
Voie de l’autorité rang 2.
L’avant-poste militaire • Omura Takuichi,

La Mandchourie
du 24 mars 1939 au 14 juillet 1943 ;
de l’armée du Kwantung
• Kobiyama Naonari,
Même si le quartier général de l’armée du du 14 juillet 1943 au 11 avril 1945.
Kwantung est basé à Port-Arthur, à quelques NC 5
kilomètres au sud, puis à Changchun à partir de
février 1932, un avant-poste est situé à Dairen. FOR +1 DEX +1 CON +2
Il se compose d’une division d’infanterie et d’un INT +3 PER +2 CHA +3
bataillon d’artillerie de sièges. Des garnisons
supplémentaires sont déployées tout le long DÉF 11 PV 43 Init 11
des chemins de fer sud-mandchouriens. Les Revolver +6 DM 1d10
patrouilles sont régulières en ville.
Voie des relations rang 5.

Dramatis personae Le baron Honjō Shigeru

Voici des figures essentielles dans la
géopolitique de la ville. Durant la période du
cadre de 1930 à 1945, plusieurs personnalités
se sont succédé à un même poste. Nous avons
retenu des noms emblématiques qui peuvent
vous servir de modèle et dressons la liste des
successeurs sur la période afin de vous donner
un nom à placer sur une figure d’autorité,
quelle que soit la date de votre kaidan.
Le comte Uchida Yasuya
(1865-1936)
Président de la South Manchuria
Railway Company
Manipulateur, calculateur, diplomate, rusé.
Ancien Premier ministre du Japon, Uchida
Yasuya devient président de la SMRC en
juin 1931 jusqu’en juillet 1932. Acteur de
l’établissement du Grand Empire Mandchou,
il est un partisan du retrait du Japon de la
SDN. Il sait placer ses pions pour atteindre
ses objectifs, en particulier lorsque ceux de
l’empire convergent avec les siens.
Uchida nie toute implication dans l’invasion
de la Mandchourie, invoquant une
« réquisition » par les troupes japonaises du
réseau sud-mandchourien. Cette posture lui
permet de continuer à dialoguer avec les divers
acteurs liés aux chemins de fer (industriels,
constructeurs, etc.) et conserver le contrôle de
la situation.
Il décède de maladie à Tokyo en mars 1936.
Ses successeurs sont :
• Hayashi Hirotaro,
du 26 juillet 1932 au 2 août 1935 ;
• Matsuoka Yōsuke,
du 2 août 1935 au 24 mars 1939 ;
(1876-1945)
Commandant de l’armée du Kwantung
Perspicace, déterminé, radical.
Militaire très intelligent, Honjō Shigeru
fait partie de la faction radicale de l’armée
japonaise. Il parvient à son poste en 1931,
peu avant l’incident de Mukden. Il commande
l’invasion de la Mandchourie. Il est relevé de
ses fonctions pour insubordination le 8 août
1932 en même temps que le gouverneur
Yamaoka Mannosuke. Ses prérogatives sont
allouées au nouveau gouverneur, ne laissant
plus qu’une seule personne à la tête à la fois
du Kwantung et de son armée.
NC 5
FOR +1 DEX +2 CON +2
INT +3 PER +1 CHA +2
DÉF 12 PV 40 Init 12
Couteau +6 DM 1d6 + 1
Pistolet +7 DM 2d6
Voies de l’investigation et du discours rang 3.
Tsukamoto Seiji
(1874-1955)
Gouverneur du Kwantung
Obséquieux, raciste, hautain, rancunier,
vindicatif.
Tsukamoto Seiji a une aversion profonde
pour les locaux et tout étranger ayant une
appartenance à la SDN. Il nomme à son
arrivée ses amis aux divers postes d’officiers
de l’armée et ne rend compte qu’au ministre
des Affaires coloniales. Il est en poste du
16 janvier 1931 au 11 janvier 1932.
Les généraux se succèdent à ce poste transitoire
de leur carrière :

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 • Yamaoka Mannosuke, militaires et même quelques blindés. L’arrivée
du 11 janvier 1932 au 8 août 1932 ; se fait sous haute surveillance, avec des
• Mutō Noboyushi, contrôles poussés et bien souvent, la nécessité
du 8 août 1932 au 28 juillet 1933, de présenter une autorisation du ministère des
il est le premier à être à la fois gouverneur Communications japonais.
de la péninsule et commandant de l’armée ; Passé 1932, la présence militaire se réduit et le
• Hishikari Takashi, flot de voyageurs augmente rapidement jusqu’à
du 28 juillet 1933 au 10 décembre 1934 ; atteindre 70 000 personnes en 1938.
• Minami Jirō,
du 10 décembre 1934 au 6 mars 1936 ;
• Ueda Kenkichi,
du 6 mars 1936 au 7 septembre 1939 ; Capitaine Hishia Takuya
• Umezu Yoshijirō,
du 7 septembre 1939 au 18 juillet 1944 ; Officier de contrôle d’entrée dans le territoire
• Yamada Otozō, Autoritaire, discipliné, inflexible, raciste,
du 18 juillet 1944 au 28 août 1945. fourbe.
NC 5
NC 3
FOR +1 DEX +2 CON +2
FOR +1 DEX +1 CON +3
INT +3 PER +1 CHA +2
INT +1 PER +1 CHA +1
DÉF 12 PV 40 Init 12
DÉF 11 PV 28 Init 11
Couteau +6 DM 1d6 + 1
Couteau +5 DM 1d6 + 1
Pistolet +7 DM 2d6
Pistolet +5 DM 2d6
Voie des relations rang 5.
Voie de l’investigation rang 2.
Voies de l’investigation et du discours rang 3.

Les accès à Dairen

Le port de Dairen, même s’il a son importance,
n’est pas le seul moyen pour arriver et quitter
la ville.

Le chemin de fer
La connexion de Dairen au chemin de fer ouvre
les portes de la Mandchourie. Les gares de
marchandises se trouvent sur le nouveau port. La
gare des voyageurs se situe entre la ville nouvelle
et l’ancienne cité administrative. Elle est bien
entendu étroitement surveillée par les autorités
japonaises. Le chemin de fer mène ensuite vers
Mukden, Port-Arthur et Changchun.

L’aéroport
La compagnie japonaise Shusuishi construit
un aéroport à Dairen en 1928. D’abord à usage
militaire, particulièrement lors de l’invasion
de la Mandchourie, il devient de plus en plus
commercial à partir de 1932 et voit même
d’autres compagnies s’y installer.
En conséquence, au début des années 1930,
le lieu est extrêmement militarisé par des
bunkers de sacs de sable, des garnisons de

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 La Mandchourie

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 Description de la ville
Les eaux profondes des zones portuaires de
Dairen sont propices au développement des
installations et des infrastructures maritimes.
Les Japonais réorganisent la ville. Au centre,
des constructions à la mode occidentale
fleurissent le long de grandes avenues, dont
des hôtels de luxe. Au nord, ils développent un
port capable d’accueillir un important trafic
maritime de navires toujours plus imposants.
Au sud et à l’est, les villages sont composés
de pagodes de bois et de jonques. À l’ouest
subsiste une ville essentiellement chinoise.
Le port
La profondeur des eaux du port est favorable à
l’accostage de grands navires dont les bâtiments
de guerre. De plus, il est relativement protégé
à l’intérieur de la baie, forçant tout navire
planifiant une attaque à s’exposer à des répliques
depuis la terre ferme. Ces aspects de Dairen lui
donnent une place stratégique pour la marine
de l’armée japonaise.
Les lignes de chemin de fer allant jusqu’au
port permettent une répartition rapide vers
l’intérieur des terres des marchandises et
des équipements débarqués ici, y compris le
matériel militaire. Cette partie de la ville est
donc très développée, à l’occidentale et sous
étroite surveillance.
L’ancienne cité administrative russe occupe
l’ouest du port, aujourd’hui utilisé par les
Japonais. Un gymnase d’escrime et de jujitsu
s’y est installé, une école supérieure ainsi qu’un
hôpital. Ce quartier garde d’importantes traces
de l’occupation russe notamment par son église
orthodoxe. Il marque également la fin du port
moderne et le début du port des jonques.
L’ancien port à l’ouest et la ville chinoise
Au-delà de la voie des lignes de chemin de fer se
trouvent le port des jonques (qui s’étend jusqu’à
l’ancienne cité administrative) et l’ancienne
ville chinoise. La présence policière et
militaire japonaise est extrêmement répressive,
l’administration délaissant volontairement la
zone de tout investissement, accentuant ainsi
la ségrégation à l’encontre des Chinois. En
conséquence, c’est un territoire dangereux pour
les Japonais et même tous les étrangers, avec
une criminalité chinoise omniprésente et de
nombreux trafics.
La cité chinoise est constituée essentiellement
de travailleurs pauvres, souvent employés
à moindre coût sur les chantiers ou dans les
domaines japonais, et de petits commerces.
54
Ces derniers en font un lieu à privilégier
pour se fournir en ingrédients et produits de
médecine chinoise.
Le cœur de la ville
Construite par les Russes à la fin du XIXe siècle,
alors connue sous le nom de « ville européenne »
en comparaison à la « ville chinoise » à l’ouest,
Dairen s’organise telle une horloge autour d’une
place principale, le square Nicholas renommé
Ohiroba par les Japonais. Autour de cette
large place circulaire d’environ 200 mètres de
diamètre se trouvent :
• l’hôtel Yamato ;
• les bureaux du gouvernement ;
• le bureau de l’administration civile (cour et
police) ;
• la Banque de Corée ;
• la Chambre des commerces ;
• la Banque de Yokohama ;
• le bureau des postes et des communications
du Kwantung (avec le télégraphe) ;
• le consulat britannique.
Les rues principales disposent du tramway
électrique qui mène jusqu’à la ville chinoise,
divers parcs, l’ancienne cité administrative
au nord-ouest, le port au nord-est, et dans
les quartiers de l’agglomération. Ces derniers
regorgent de lieux intéressants pour les Eiyu :
• Le siège de la Mantetsu ;
• Un hôpital ;
• Un laboratoire ;
• Un département de géologie ;
• Un temple bouddhiste ;
• Une bibliothèque publique ;
• Un poste de télégraphe près du Pont du
Japon qui enjambe la voie de chemin de fer
et relie la ville européenne à l’ancienne cité
administrative ;
• Un antiquaire ;
• Le consulat américain.
Les lieux d’intérêts
Afin de pouvoir guider les Eiyu dans cette
ville à l’occidentale, voici quelques lieux
remarquables.
L’hôtel Yamato
La Mantetsu fait construire plusieurs hôtels
Yamato en Mandchourie le long de la voie
ferrée : à Dairen, Mukden, Changchun,
Harbin (bâti par les Russes, réaménagé par les
Japonais en 1935) et Hoshigura. Ces bâtiments
sont construits à l’occidentale et dominent les
alentours. Fleurons du luxe, les sols sont en
parquets de chêne et les chambres raffinées.
Le bar privé, la salle de billard, le fumoir et le
restaurant (proposant des spécialités asiatiques
et européennes) sont des lieux privilégiés par la
haute société et les visiteurs aisés de Dairen.
Au rez-de-chaussée, enclavée entre le
restaurant, le bar et la cuisine, se trouve une
pièce secrète insonorisée et sans fenêtre, si ce
n’est trois ouvertures : une porte dissimulée
par un vestiaire, une autre ouvrant sur la
cuisine et un passe-plat donnant directement
dans un recoin caché du bar. Mesurant environ
huit mètres de côté, cette pièce est richement
meublée de fauteuils et de canapés. Elle est
le théâtre de réunions secrètes aussi bien
entre diplomates que riches marchands ou
groupuscules occultes.
L’hôpital
Cet établissement médical est le plus grand
de Mandchourie. Il propose toutes les prises
en charge, dont une aile pour les enfants,
un important service de traumatologie, un
laboratoire indépendant et même un étage
consacré aux troubles mentaux, dont des
cellules pour les individus les plus dangereux.
Plusieurs milliers de patients y sont traités
chaque jour.
La bibliothèque publique
Construite récemment selon la mode
occidentale, la bibliothèque publique marque
l’angle de deux avenues parcourues par le
tramway électrique. Des rayonnages s’étendent
sur trois étages et regroupent autant d’ouvrages
de Mandchourie que le conservateur, Terashima
Manji, a pu rassembler.
Au sous-sol se trouve la réserve de
l’établissement, où les livres les plus anciens et
les plus étranges sont conservés. Contrairement
aux étages supérieurs, l’accès y est restreint
et gardé. Seul un laissez-passer des autorités
japonaises ou du conservateur permet de
consulter, sans sortir, un livre.
Le temple bouddhiste
Situé un peu au sud du square Ohiroba, le
temple est un établissement modeste fréquenté
par une petite vingtaine de moines. Afin de
financer leur communauté, ils vendent diverses
amulettes, talismans et services de purification.
Le bureau des postes
La Mandchourie
et des communications
Ce bâtiment du square Ohiroba est le centre
de tous les moyens de communication de la
ville, à l’exception d’un poste télégraphique
près du chemin de fer. Il regroupe le service des
postes, des télégraphes, une ligne téléphonique
et la radio locale. Quelques soldats gardent
constamment la porte et si l’accès et y est libre,
il arrive que les conversations soient écoutées.
L’antiquaire
Dairen attire des voyageurs aisés d’Occident
et du Japon, curieux de visiter ce pays et d’en
rapporter un souvenir. La boutique d’antiquités
de Wu Wang, un des rares Chinois à avoir trouvé
sa place sous occupation japonaise, est une
véritable attraction dans la ville. Installée sur
deux étages, elle regorge d’artefacts provenant
de toute la Mandchourie, à l’authenticité
prouvée d’après Wang, bien que régulièrement
douteuse. Une arrière-boutique est dissimulée
derrière des paravents et recèle des artefacts
empreints de mysticisme qui en font un lieu
extrêmement fréquenté par les occultistes et les
sociétés secrètes.
Mitoyenne de la boutique, serrée entre deux
bâtiments à l’occidentale, une modeste gargote
propose une série de plats mandchous pour un
petit prix. Tenue par la main de fer dans un gant
de velours de Mama Yan, elle sert de couverture
au trafic d’opium local.
Le consulat britannique
Parmi les influences occidentales à Dairen, celle
des Anglais est la plus importante. Le consulat
est installé au plus proche des lieux du pouvoir
japonais. Composé de quelques secrétaires,
de domestiques menés par un majordome, de
gardes armés et de conseillers, il est dirigé par le
consul Sir Reginald McPherson Austin. Lequel
parle couramment japonais, chinois et russe,
une obligation dans cette ville multiculturelle.
Son rôle consiste principalement à se tenir
informé des événements dans la région et à
remonter à l’ambassade de Tokyo et au bureau
de Londres les éléments d’importance.
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Sir Reginald McPherson Austin
Chef de la diplomatie anglaise
Flegmatique, pince-sans-rire, organisé.
NC 4
FOR +1 DEX +2 CON +1
INT +2 PER +0 CHA +2
DÉF 12 PV 32 Init 12
Pistolet +7 DM 2d6
Voies des relations et du discours rang 3.
L’ambassade américaine
En cette période d’entre-deux-guerres, les
États-Unis ménagent leur diplomatie et veillent
à entretenir les relations les plus cordiales
avec tous les acteurs d’importance. À l’image
du consul britannique, Lloyd Casper n’est
là que pour observer et rendre compte à ses
homologues à Tokyo ou à Washington.
Cette affectation, bien que confortable, a
surtout servi de prétexte à l’administration
américaine pour le mettre au placard et éviter
que son attitude et son humeur changeante
n’enveniment des situations plus critiques. Les
intérêts des États-Unis en Mandchourie sont
faibles et s’étendent tout juste à une surveillance
du géant russe.
Lloyd Casper
Représentant américain
Cordial, fourbe, paranoïaque et manipulateur.
Lloyd Casper est un homme bipolaire.
Traumatisé dans son enfance par le sacrifice
d’un ami lors d’un camp de jeunesse à une
divinité impie nommée la Moussue, Lloyd
a sombré dans une folie et une instabilité
émotionnelle. Des années de traitements
psychiatriques par électrochocs n’ont rien
changé. Bien au contraire, ces thérapeutiques
ont eu un effet inverse, transformant ce jeune
garçon en un être calculateur, obsessionnel et
sociopathe. Après de brillantes études de droit
international, il postule au poste d’ambassadeur
à Dairen pour poursuivre sa quête de vérité
sur la Moussue, connue dans cette partie du
monde sous le nom de Mugenbo.
Casper possède une bibliothèque occulte
impressionnante entretenue entre autres par
son frère, Leland Casper.
56
NC 6
FOR +1 DEX +2 CON +2
INT +3 PER +2 CHA +3
DÉF 12 PV 49 Init 12
Couteau +7 DM 1d6 + 1
Voies des relations et de l’occultisme rang 3.
Leland Casper
Leland Casper naît aux États-Unis à la fin
du XIXe siècle. Fils d’une famille d’industriels
aisés de la Nouvelle-Angleterre, il a une
enfance relativement dorée. Un été, il est
envoyé dans un camp pour jeunes garçons avec
son frère Lloyd afin d’apprendre les rudiments
de la survie en forêt. Malheureusement, les
choses ne se déroulent pas comme prévu et
malgré eux, les enfants, dont Leland, sont
entraînés dans une histoire qui les dépasse
et impliquant une divinité qu’ils nommèrent
la Moussue. Cela coûta, in fine, la vie à un
enfant lorsque, inconscients des implications
de leurs actes, ils sacrifient l’un des leurs à
leur divinité qu’ils croient enfantine. Ce
faisant, ils réveillent un esprit endormi
depuis longtemps, dans les collines sombres
qu’évitaient autrefois les tribus de la région…
Afin d’étouffer le scandale, les parents de
Leland le confient à un psychologue et avec
l’aide de l’hypnose, il refoula ce souvenir
atroce. Pourtant, le jeune garçon garde une
trace dans ses cauchemars de cette forme
noueuse, aux mille sabots claquant sur le
sol, et de cet appel auquel il devra, il le sait,
répondre un jour.
Leland s’engage dans l’armée pour fuir son
quotidien et est envoyé en France en 1917, où
il reçoit une blessure relativement grave qui
lui laisse une cicatrice boursouflée courant
du front au menton en passant par sa joue
gauche. Défiguré, il constate par la suite que,
dans sa culture, c’était un frein à la sociabilité.
Une fois de retour aux Etats-Unis, il
s’installe en tant que détective privé et,
accompagné de quelques amis qui avaient su
faire fi de ses stigmates, forme le Club des
Gentlemen Détectives. C’est au cours de l’une
de ses enquêtes, tandis qu’il recherchait un
professeur d’archéologie et d’histoire indienne
disparu dans la campagne de Dunwich, qu’il
découvre une ancienne grotte parée de dessins
rupestres, un vieux temple indien où était
autrefois vénérée une divinité qu’il associe
instantanément à cette Moussue issue de son
passé. La mémoire de ses actes lui revient mentalement, et ses convictions nouvelles,

La Mandchourie
alors partiellement. Il s’effondre, en pleurs, celles de Mugenbo, celles de la Mère
terrassé par sa folie naissante, et l’entendit… Primordiale, priment sur le reste. Il désire
la voix… LES voix, qui parlaient à l’unisson. qu’elle reprenne la place qui est la sienne dans
Elles le rassurèrent et l’encouragèrent le monde, mais il sait aussi que les humains ne
à s’enfoncer plus profondément encore, sont pas prêts. Alors il œuvre intelligemment,
jusqu’à une source. Il y but une eau pure dans l’ombre, il avance pas à pas et tente, à sa
aux propriétés incroyables : tant qu’il mesure, de faire avancer ses desseins.
continuerait à en boire régulièrement, son
Leland peut potentiellement être rencontré
corps se régénérerait rapidement et il aurait
partout dans le monde entre 1925 et 1938,
accès, au cours de ses rêves, aux mots de la
et se présente comme une personne affable,
Moussue, aux mots de la Mère Primordiale…
cultivée. Pour autant, quiconque le croiserait
mais au prix de sa santé mentale.
et aurait un tant soit peu d’empathie ne
C’est ainsi, au cours de l’un de ces rêves, que pourrait nier qu’il se dégage de lui quelque
Leland entrevoit le Komuso no kotoba et chose de malsain.
se met à sa recherche. Il parcourt le monde
Leland est versé dans l’art de la sorcellerie,
dont la Mandchourie où son frère Lloyd
connaît quelques rituels parmi les plus
est devenu le représentant de la délégation
atroces, en a déjà usé et n’hésitera pas, s’il se
américaine, sillonne les librairies, les
sent menacé ou pour permettre à la Moussue
boutiques d’antiquaires, et finit par retrouver
de retrouver du pouvoir, à en user à nouveau.
la majeure partie des feuillets, vélins et
Il sait aussi se battre physiquement, et sa
peaux qui constituent l’œuvre de Hiro. Seule
carrure est plutôt impressionnante. Une folie
la partie écrite sur la peau même du moine
couve au fond de son regard, comme un feu
manquait. Perdue, retrouvée, perdue à
contenu qui ne demanderait qu’à s’échapper…
nouveau au fil du temps, il n’a pas pu mettre
la main dessus. Leland retranscrit ce qu’il NC 8
avait en sa possession dans un livre vierge,
FOR +3 DEX +2 CON +2 (+6 s’il a bu l’eau
scrupuleusement. À peine eut-il terminé
de la grotte)
son œuvre que le Club brûla, et le Komuso
no kotoba avec. Heureusement, il parvint à INT +1 PER +2 CHA -1
sauver la retranscription qu’il en avait faite
DÉF 12 PV 66 Init 12
et se décida à partir pour le Japon afin de
retrouver la trace du moine, ayant compris ATM +8 PM 25
que son esprit ne pouvait pas mourir et que,
Couteau +10 DM 1d6 + 3
d’une manière encore obscure, Mugenbo et
la Moussue pouvaient n’être qu’une seule Pistolet +10 DM 2d6
et même entité. Il pense pouvoir finaliser le
Voies de l’occultisme et de la chinurareta
Komuso no kotoba et s’en servir pour vénérer
maho rang 4.
la Moussue et répandre son culte.
Sorts : Morsure de Jigoku, Corruption des
Leland finit par rencontrer Hiro, du moins sous
rêves, Vol de vie, Émotions souillées, Magie
la forme qu’il affecte en cette fin d’année 1938.
souillée, Vol de pouvoir.
Leur discussion, dans une maison de thé de
Tokyo, dure des heures, et à l’issue de celle-ci,
Hiro ressort avec une certitude : il sait dans
quelle région se trouve le dernier feuillet de son
texte. Leland, quant à lui, ne ressortit jamais
de cette maison de thé.
Leland est plutôt enjoué (avant de partir
guerroyer en France), taciturne et préoccupé
(en rentrant aux Etats-Unis), jusqu’à cet été de
1925 où il découvrit ce qu’il nomma la Caverne
de la Moussue. Peu à peu, par la suite, il perdit
l’esprit pour devenir une personne plus alerte,
paranoïaque et potentiellement dangereuse.
Au fond de lui, des voix hurlent. Des milliers
de voix qui le guident. Et il les écoute. C’est
un homme robuste physiquement, mais aussi

57
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 Chapitre 6

Système de jeu
Dans ce chapitre sont présentés les différents outils permettant de créer un Eiyu
à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Les modifications de création incluent
une vision militariste et introvertie du peuple japonais à une période de doute et
de mépris envers le reste du monde.

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 Profils spécifiques
De nouveaux ensembles de voies vous sont proposés afin de retranscrire des situations
sociales et professionnelles propres à la période. Ils s’additionnent aux profils
présentés dans La Voie de l’Eiyu.
Action
Manœuvres et main-d’œuvre
dans les mines
Les mains-d’œuvre sont regroupées en
personnels inscrits sur les registres (les
Japonais) et non inscrits (uniquement les
Chinois sur le continent). Voici une liste de
quatre profils classés par ordre hiérarchique.
Les hato (batou, gangmaster) représentent les
chefs d’équipe recruteurs. Le terme évoque les
oya-kata, les contremaîtres de l’époque Meiji.
À Fushun en Mandchourie, la gestion de la
main-d’œuvre aux houillères est de nature
indirecte. Les hato recrutent eux-mêmes leurs
subordonnés après autorisation de l’Association
du travail de Mandchourie. Sur le lieu de
production, ils perçoivent de la direction de
l’entreprise une rémunération globale qu’ils
distribuent aux membres de leurs équipes en y
prélevant une commission.
Voies de prédilection : voie de l’autorité, voie
de l’administration, voie du discours, voie de
l’investigation, voie des sciences humaines.
Ki : 0
Les joko ko sont les ouvriers ordinaires
subdivisés dès les années 1920 selon le type de
rémunération entre joyo kata (ouvriers horaires)
et joyo fu (ouvriers au rendement). Les salaires
des ouvriers horaires japonais représentent
plus du double de ceux des ouvriers chinois de
même catégorie. Les joyo fu sont les mineurs
chargés de l’extraction du charbon.
Voies de prédilection : voie des exploits
physiques, voie du jeu, voie de la survie, voie
de la technologie, voie du transport.
Ki : 0
60
Les sha in (employés statuaires) sont répartis en
deux grandes catégories :
Les shoku in représentent le personnel
professionnel (très peu nombreux, 2 % des
travailleurs par exemple dans les houillères
de Fushun de la Mantetsu). Ils regroupent
conseillers, administratifs et techniciens.
Les ko-in représentent l’ensemble des employés
et mains-d’œuvre généralement mensualisées.
Voies de prédilection : voie de
l’administration, voie des corporations,
voie des sciences formelles, voie des sciences
humaines, voie de la technologie.
Ki : 0
Les yo in sont tous les subalternes d’une
entreprise.
Voies de prédilection : voie des exploits
physiques, voie du jeu, voie des sciences
humaines, voie de la technologie, voie du
transport.
Ki : 0
Ouvrières des filatures de coton
Ces femmes ouvrières sont employées dans les
industries du métier à tisser. Leurs conditions
de travail se dégradent avec la révolution
industrielle entamée à l’ère Meiji.
Voies de prédilection : voie de l’artisanat,
voie des exploits physiques, voie du discours,
voie de l’esthétique, voie du transport.
Ki : 0
 Société

Système de jeu
Cols blancs Rikishi
Les cols blancs désignent les Les rikishi sont des sumos professionnels. Ils
travailleurs de bureau, en portent des kimonos pour marquer leur statut
particulier les cadres et les de non-amateur.
individus appartenant à Voies de prédilection : voie des arts
des élites du monde des martiaux, voie des exploits physiques, voie de
affaires, de l’entreprise la méditation, voie de la pratique artistique,
et de la politique. voie du sekentei.
Cette nouvelle classe
Ki : +1
moyenne du début du
XXe siècle est apparue
avec l’essor des grandes
entreprises.
On y retrouve
essentiellement :
travailleurs de bureau,
cadres, enseignants/
professeurs, homme
politique, comptable.
Voies de prédilection :
voie des corporations,
voie du discours, voie
des langues, voie des
relations, voie des
sciences (au choix).
Ki : -1

Réflexion

Modan gāru (modern girls) par l’influence occidentale. Elles symbolisent

Ces Japonaises « modern girls » suivent le
mode de vie des Occidentaux depuis les
années 1920. Cette influence a été facilitée par
le développement et l’essor de la presse féminine
dont elles sont les principales cibles.
Les modan gāru sont l’équivalent des Flappers
aux États-Unis, des neue Frauen en Allemagne,
des garçonnes en France, ou des modeng xiaojie
en Chine.
Blâmées par la presse nationaliste, elles
représentent ainsi la frivolité, « l’ouverture
sexuelle », l’égoïsme et la superficialité, amenés
ainsi tout ce qui est contraire à la société
japonaise. En réalité, elles reflètent la période
de l’émancipation de la femme dans le travail
avec une certaine indépendance financière
et l’accès à la société de consommation. Les
modan gāru vivent surtout en milieu rural
ou dans les villes où elles peuvent avoir une
liberté financière et émotionnelle sur le choix
de leurs prétendants.
Voies de prédilection : voie du discours, voie
de l’esthétique, voie de l’investigation, voie des
langues, voie des sciences (au choix).
Ki : -1

61
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 Infirmières
Ayant suivi une formation spécifique, les
infirmières sont essentiellement des femmes.
Elles assistent les médecins. Elles ont un rôle
important dans l’effort de guerre à l’intérieur du
pays dès les années 1930 où elles participent au
renfort des officiers.
Nouvelles voies de prestige
Voie du kendo
Héritant ses techniques du kenjutsu, le kendo
n’obtient son nom qu’en 1912. Il apparaît en
1895 à Tokyo grâce à la formation de la première
fondation d’arts martiaux japonaise, la Dai
Nippon Butoku Kai. Le principe du kendo est
de permettre une harmonie complète du corps
et de l’esprit du disciple par des mouvements
répétés et perfectionnés, ainsi que par la
confrontation avec d’autres adeptes de l’art ;
l’évolution personnelle doit aussi passer par ces
affrontements. Le kendo se pratique avec des
shinai et l’armure bogu, une armure intégrale.
Cette voie requiert le cinquième rang dans la
voie des arts martiaux et un maître en kendo.
Elle s’utilise avec un shinai, un shinken ou un
bokken. Elle peut être apprise dans les ères
Meiji, Shōwa et moderne.
1 — Repli : lorsque l’Eiyu fait un déplacement
après une attaque dans un même tour, il gagne
un bonus de +2 en DÉF face à son ou ses
adversaires dégagés jusqu’à son prochain tour.
Il rajoute son mod. de Ki à ses jets d’attaque*.
2 — Riposte (L) : lorsqu’un adversaire rate
l’Eiyu en Défense totale, ce dernier peut tenter
une attaque en action gratuite. Il ne peut faire
cette action qu’une fois par tour ; il doit donc
choisir sur qui appliquer sa riposte si plusieurs
adversaires sont concernés.
62
Voies de prédilection : voie du discours,
voie de l’investigation, voie de la médecine
occidentale, voie de la psychologie, voie des
sciences de la vie.
Ki : 0
3 — Toucher spirituel : l’Eiyu peut dépenser un
unique point de Ki pour augmenter ses DM de
+2d6 OU annuler une éventuelle immunité lors
d’une attaque réussie.
4 — Double peine (L) : l’Eiyu effectue deux
attaques, la deuxième se fait au d12. Si les
deux attaques touchent le même adversaire
dans le même tour, il subit +1d6 de DM
supplémentaires.
5 — Coup handicapant : lorsque l’Eiyu utilise
l’une de ses techniques, si la cible est touchée,
elle fait un test de CON avec une difficulté
égale à 5 + niveau de l’Eiyu. Si elle échoue,
elle subit l’état Renversé, Ralenti ou Étourdi au
choix de l’Eiyu.
*Le modificateur de Ki ne s’applique que s’il
est positif, sinon il est considéré à 0 pour ces
avantages.
Voie du judo
Héritage des anciennes écoles de jujutsu puis
incluant des techniques de dégagement, le
judo est créé en 1882 et devient populaire vers
1890. Le principe du judo consiste à projeter un
adversaire ou l’amener au sol par des clés pour
l’immobiliser. Conscient de l’aspect martial
des techniques originelles du jujutsu, Kano, le
fondateur du judo, écarta les techniques trop
dangereuses et codifia les autres.
Le kosen judo est une variante populaire issue
des universités japonaises. Contrairement au
judo originel qui met l’accent sur la projection,
cette variante appuie sur la mise au sol et
l’immobilisation d’un adversaire. En 1925, des
changements de règles dans le judo intègrent
les principes du kosen pour ne constituer plus
qu’un seul art martial.
Cette voie requiert d’avoir atteint le cinquième
rang dans la voie des arts martiaux et un maître
en judo. Elle s’utilise à mains nues. Elle peut être
apprise dans les ères Meiji, Shōwa et moderne.
1 — Fluide : l’Eiyu gagne un bonus de +2 à la
DÉF lorsqu’il se trouve sans armure ni arme. Il
gagne également +1/rang supplémentaire en
ATC face à un adversaire humain.
2 — Frappe écrasante (L) : l’Eiyu est pénalisé de
-5 pour son jet d’attaque, mais double ses DM en
cas de réussite (triple en cas de critique). Cette
action inflige toujours des DM temporaires,
quels que soient les avantages accessibles.
Nouveaux traits
Avantages
Famille spécialisée (+2) : l’Eiyu est l’enfant
unique ou premier-né issu d’une lignée
traditionnellement dévouée dans un domaine.
S’il suit la destinée familiale, il gagne un
très bon contact dans un milieu au choix en
fonction des relations de ses parents. Sinon, il
peut remplacer une seule voie de son profil par
l’une des voies suivantes sans surcoût, selon le
domaine familial :
Corporatiste : voies des sciences (au choix) ou
des langues ;
Militaire : voies du jujutsu ou de l’autorité ;
Paysan : voies de l’artisanat (métier familial)
ou du sekentei ;
Travailleur : voies du transport ou de la
technologie ;
Religieux : voies de la méditation ou des
arts zen.
3 — Maîtriser l’élan : lorsqu’il touche avec une
Système de jeu
ATC, l’Eiyu peut tenter un test opposé de FOR
face à son adversaire ; s’il l’emporte, ce dernier
subit l’état Renversé.
Il gagne également +2 lors des tests opposés de
FOR.
4 — Riposte (L) : lorsqu’un adversaire rate
l’Eiyu en Défense totale, ce dernier peut tenter
une attaque en action gratuite. Il ne peut faire
cette action qu’une fois par tour ; il doit donc
choisir sur qui appliquer sa riposte si plusieurs
adversaires sont concernés.
5 — Convertir l’élan : la technique Maîtriser
l’élan permet d’infliger en plus l’état Immobilisé
ou Ralenti, au choix.
Désormais, les DM à mains nues de l’Eiyu
peuvent être létaux s’il le souhaite.
Héritage interdit (+2) : l’Eiyu est né ou a été
formé au sein de l’une des rares organisations
d’occultistes traditionnels japonais. Il peut
utiliser l’un des profils suivants (voir La Voie
du Sensei, p. 54) : Onmyōji, Chasseur de yokai,
Yamabushi (seules exceptions, voir L’Époque de
Heian, p. 69), Miko ou Mushishi.
Héros impérial (–) : ce trait peut être pris dès
la création ou en cours d’histoire. Dans les deux
cas, cela doit se faire avec l’accord du Sensei.
L’Eiyu a été reconnu comme héros de la nation
par décret de l’empereur. Il gagne un bonus de
+5 à tout test social envers un Japonais loyaliste
et une pénalité équivalente face aux opposants
du régime. Son niveau de vie devient Modeste
s’il était inférieur. En revanche, lorsqu’un
ennemi s’en prend aux forces impériales ou à
ses alliés en sa présence, il devient forcément la
cible prioritaire des attaques ou de l’attentat.
63
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 Désavantages
Fanatique (-1) : l’Eiyu est un fervent partisan
du crédo impérialiste japonais et y voue toute
son existence. Il doit réussir un test de Volonté
difficulté 15 pour pouvoir désobéir, attaquer
ou déshonorer un supérieur ou une instance
supérieure japonaise. En revanche, il gagne un
bonus de +3 à tout test contre la Peur face à des
adversaires déclarés du Japon.
Anciennes voies et anciens profils
La description complète de ces profils se
trouve dans le supplément L’Epoque de
Heian, mais voici les voies et les domaines
des anciens profils :
Chasseur de yokai (Action) : voies des
armes de contact, des armes à distance, de
l’éveil, de l’ésotérisme et de la survie.
Yamabushi (Action) : voies des armes
de contact, des armes à distance et des
exploits physiques, de l’investigation, de
la méditation.
Miko (Réflexion) : voies de l’ésotérisme, de
l’éveil, de la guérison, de la méditation et
des relations.
Mushishi (Réflexion) : voies de l’ésotérisme,
de l’éveil, de l’investigation, de la médecine
traditionnelle et du sekentei.
Onmyōji (Réflexion) : voies de la
divination, de l’ésotérisme, de l’éveil, de
l’exorcisme et du sekentei.
64
Xénophobe (-3) : l’Eiyu a peur des étrangers au
sens large, humain ou autre. Il doit réussir un test
de Résistance mentale dès qu’il est confronté à un
étranger comme si ce dernier possédait le trait
Apparence effrayante (difficulté 10/1 point de
Sérénité). Si une rencontre devait déjà provoquer
un test de Résistance mentale, il en perd un
automatiquement avant le test de Volonté.
Les voies
Les voies référentes à cette époque sont
celles du livre La Voie de l’Eiyu. Bien
sûr il est toujours possible de reprendre
des voies des périodes précédentes si le
Sensei et les joueurs le désirent. Dans les
voies de prestige de combat disponibles,
hormis celles décrites ci-dessus, les Eiyu
n’ont accès qu’à la voie du Yabusame, la
voie de la naginata, la voie du kyūdō, la
voie du sumo et la voie du iaijutsu (qui
deviendra le iaidō).
Modifier les voies de combat
Si le Sensei le désire, il est possible de
prendre les voies de prestige des arts
martiaux et les convertir en voie de base
pour le combat. Il suffit de faire disparaître
les voies voie du corps à corps, voie des arts
martiaux, voie des armes à distance et voie
des armes de contact et de les remplacer
par les arts associés aux armes concernées.
Cela peut permettre un style de jeu plus
épique ou un rendu plus mortel sur la
mécanique des combats.

Armes et équipement
Afin de diversifier les possibilités offertes par
le jeu et permettre des variations de Eiyu
combattants, certaines armes sont désormais
dotées de règles spéciales. Le but est de
permettre un choix autre qu’esthétique et
un peu plus technique pour l’utilisation des
armes. Ces règles sont bien sûr optionnelles et
peuvent être ignorées par le Sensei et les Eiyu.
Armes de contact
Baïonnette : arme d’appoint du soldat des forces
d’autodéfense japonaises à partir de l’ère Meiji.
Ce long couteau effilé a une encoche sur la
partie supérieure. Celle-ci est prévue pour
être attachée sous le canon d’un fusil et
permettre de se servir de ce dernier au
corps à corps.
Bokken (suburi) et shinai :
arme en bois à la forme de sabre
(katana) qui peut ou pas avoir
une garde, le suburito est conçu
pour reproduire le poids du
sabre (lame plus épaisse), et
est utilisé pour renforcer
la musculature. Le
shoto bokken, dont
ses dimensions
ressemblent plus à
celles d’un wakizashi,
sert dans certains
katas et dans le style
à deux sabres.
Le shinai, apparu
à l’époque d’Edo,
est constitué de
lames de bambou
maintenues par
des lanières de cuir.
Très résistant aux chocs
et particulièrement
flexible, il permet
l’affrontement physique
des jeunes samouraïs.
Règle : toute technique
s’utilisant avec un
sabre peut être
utilisée également
avec un bokken ou
un shinai.
Couteau : lame courte conçue pour couper
Système de jeu
du matériel ou se défendre au corps à corps.
De conception simple et rapide à produire,
il remplace l’antique tantō à la ceinture des
soldats japonais.
Hanbō et tanbō : le « demi-bō » est utilisé surtout
pour l’autodéfense. D’environ 90 centimètres,
il est généralement modifié afin de pouvoir
contenir des messages, des poudres ou des
poisons et parfois même une petite lame à l’une
de ses extrémités.
Le tanbō nécessite d’apprendre un art martial à
part entière pour pouvoir le manier. Bâton court
de 45 à 60 centimètres, il est principalement
utilisé pour frapper un adversaire, le bloquer,
l’étrangler, le projeter ou effectuer une clé. Le
tanbō peut être utilisé seul ou par paire.
Naginata : grande lance (2 mètres) disposant
d’une lame un peu plus courte (de 60 à
90 centimètres). À l’ère Meiji, l’art de la
naginata est enseigné aux femmes pour leur
bien-être physique et spirituel, comme le
kendo pour les hommes.
Nunchaku : créé par les paysans d’Okinawa à
l’époque d’Edo, il est constitué de deux bâtons
courts reliés entre eux par une petite chaîne. Il
est dérivé d’un outil agricole : le fléau à grain.
Sai : ressemble à un trident qui ne tranche pas,
mais pique. Traditionnellement utilisé pour
désarmer et briser une lame de sabre, il est
employé par paire ou en combinaison avec un
couteau ou un sabre.
Règle : le personnage gagne un bonus de +2
pour tout test permettant de désarmer un
adversaire.
Shinken : ces sabres en acier sont produits
depuis le début du XXe siècle. N’ayant plus
le savoir-faire des anciens forgerons, les
artisans ont reproduit des lames à la qualité
souvent bien inférieure à celle des siècles
précédents. Même si des shinken sont vendus
pour l’ornementation, ils sont fabriqués avant
tout pour les écoles de budō demandant le
maniement du sabre, comme celle du kendo.
Une variante du shinken, nommée le iaitō, a été
spécialement conçue pour le iaidō et bénéficie
d’un équilibre différent.
Tonfa : inventé à Okinawa au XVIIe siècle par
les paysans, le tonfa est une barre de bois rond
ou carré de 50 centimètres avec une poignée
latérale vers le tiers de sa longueur.
65
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 Nom Dégâts* FOR min. Utilisation Prix (yens)
1 main (Couteau, 1D6)
Baïonette 1d6/1d8 8 550
ou 2 mains (Fusil, 1D8)
1 main (D6)
Bokken / Shinai 1d6 / 1d8 10 330
ou 2 mains (D8)
couteau 1d6 8 1 main 200
Hanbō/tanbō 1d6** 7 1 main 165
1d10
Naginata 10 2 mains 550
Critique 19-20
Nunchaku 1d6** 8 1 main 130
Sai 1d6/1d8 12 1 main 120
1 main (D6)
Shinken 2d6 12 700
ou 2 mains (D8)
Tonfa/matraque 1d6** 8 1 main 330

* Le mod. de FOR est ajouté aux DM de contact.

** L'arme permet les dégâts temporaires sans pénalité.

Armes à distance Dérivée depuis le type 38, la carabine type 44

Daikyū : cet arc japonais est le plus célèbre.
Mesurant en moyenne 220 centimètres, sa
taille doit être ajustée à celle de son porteur
afin de garantir son efficacité. Fait de bois et de
lamelles de bambou, il est tenu en main aux 2/5e
de sa hauteur. Cela permet de l’utiliser debout,
accroupi et même à cheval sans gêne.
est une variante améliorée avec une baïonnette
et conçue pour la cavalerie. Elle entre en
service dès 1911. Fusil successeur du type 38,
l’Arisaka type 99 est produit de 1939 à 1945
et équipe les forces japonaises tout le long de
la guerre. Son plus grand problème vient du
recul imposant qu’il génère en comparaison de
ses prédécesseurs.

Fusil de précision Arisaka type 97 : à l’origine

Fusil antichar Arisaka type 97 : fabriqué un type 38 modifié pour les tirs à longue portée,
à partir de 1937, considéré comme l’un il équipe les Japonais pendant la Seconde
des meilleurs fusils de sa catégorie à avoir Guerre mondiale.
participé à la Seconde Guerre mondiale,
ses munitions permettent de transpercer
jusqu’à 30 millimètres de blindage à environ
Fusil-mitrailleur type 97 : créé vers 1937, il
200 mètres. Cela restait cependant insuffisant
équipe essentiellement les chars et les blindés
pour s’attaquer à de vrais chars.
japonais, et parfois les avions ou l’infanterie
pendant la Seconde Guerre mondiale.
Fusils Arisaka : créés par Arisaka Nariakira,
directeur de l’arsenal de Tokyo. Le type 38
apparaît en 1905. Grandement amélioré, il équipe Hankyū : ce « demi-arc » est principalement
les fantassins à partir de 1907. Fait d’acier et de utilisé par les paysans pour la chasse et par les
bois, il est même exporté en Grande-Bretagne, combattants non formés à l’usage du daikyū.
au Brésil et au Mexique vers 1915. Le modèle 38 Il mesure entre 100 et 120 centimètres, et sa
est réputé pour son extrême solidité. Les fusils conception est asymétrique.
Arisaka restent très reconnaissables à leur bois Règle : si l’Eiyu est monté, il a un malus de -3
laqué en rouge et un meulage représentant un
à ses tests d’attaque. Cela ne s’applique pas s’il
chrysanthème, symbole de l’empereur. Il est
est passager d’un véhicule.
aussi décliné en fusil court pour les sapeurs, les
télégraphistes et les artilleurs.

66
Lance-flammes portable type 93 : très inspiré Mortier type 99 81 mm : mortier de tranchée

Système de jeu
des lance-flammes allemands de la Première employé par l’armée impériale pendant la
Guerre mondiale, il se compose de trois Seconde Guerre mondiale. Sorti en 1939, il
réservoirs dorsaux pesant 25 kilos au total ; les reste très similaire aux modèles français ou
deux plus gros sur les flancs permettent une américains en termes de performance.
capacité de 15 litres d’essence, le plus petit au
centre contient le gaz comprimé. Les flammes
atteignent une cible située jusqu’à 25 mètres et Pistolet Nambu (type A/4 puis type 14) :
sans intervention, celle-ci prend feu pendant cette arme de poing (Nambu type A ou 4) est la
une douzaine de secondes. première entièrement japonaise mise au point
par l’arsenal de Tokyo. Inventé par Nambu
Règle : lorsqu’elle est touchée, la cible doit
Kijirō en 1902, ce pistolet équipe la marine
faire un test de DEX difficulté 15 ou se
japonaise à partir de 1909 et est aussi produit
retrouver Enflammée : elle prend alors 1d6 de
pour l’armée thaïlandaise en 1920. Il dispose
DM supplémentaires par tour tant qu’elle ou
d’une sécurité sur la poignée, mais manque
l’un de ses alliés n’a pas sacrifié une action
d’une sécurité de chargeur.
limitée pour l’éteindre.
Le Nambu type 14 est conçu par Nambu Kijirō
en 1915 pour succéder au type A. Cependant,
Lance-grenades type 89 50 mm : petit mortier les militaires doivent cette fois le payer de leur
personnel adopté en 1929 par l’infanterie. Il poche. Il devient tout de même le modèle le
utilise des grenades type 91 comme munition. plus commun au sein de l’armée impériale
malgré ses défauts de conception ; la saleté
obstrue souvent le magasin et peut rendre le
Lanceur type 4 : un lance-roquette utilisé par
rechargement impossible. Ce défaut joue de
l’armée de terre japonaise pendant la Seconde
mauvais tours à de nombreux officiers. Cela
Guerre mondiale. Il s’agit d’un fût dont on
dit, il restera tout de même le meilleur pistolet
ouvre la partie supérieure pour introduire la
japonais de sa catégorie.
roquette de 20 centimètres. Sa portée effective
est mesurée à un peu plus de 1800 mètres.
Même si cette arme est plutôt précise, elle n’est
Pistolet-mitrailleur type 100 : adopté par les
pas produite en grand nombre et sert surtout à
troupes de parachutistes de l’armée en 1940
la défense côtière.
puis par la marine et par les officiers, cette arme
Règle : l’arme ne tire qu’au coup par coup. Ses issue des manufactures Nambu est produite
DM sont doublés sur les structures. à partir de 1935. Son faible poids le rend très
maniable, bien qu’imprécis à longue distance et
très destructeur à courte portée.
Mitrailleuse légère (type 11, type 96, type 99) :
cette arme connaît plusieurs déclinaisons.
• La mitrailleuse type 11 entre en service Revolver type 26 : adopté par l’armée
dans l’armée japonaise à partir de 1922. impériale japonaise en 1893, ce revolver
Très utilisée, elle garde cependant un additionne la conception des revolvers Smith
système de rechargement très vulnérable à & Wesson américains avec des pièces d’armes
la poussière ou à la boue. Elle est fournie britanniques. Il est produit jusqu’en 1923 et
avec une lunette de visée et une baïonnette. participe à toutes les guerres japonaises, y
compris la Seconde Guerre mondiale. Malgré
• La mitrailleuse type 96 est adoptée à partir
une puissance de feu correcte, il reste une
de 1936. Voulant succéder au type 11, les
arme de poing peu précise à cause des pièces
deux modèles servirent conjointement
rudimentaires permettant la visée.
pendant la guerre. Elle adopte un système
d’alimentation à boîte conventionnelle pour
son rechargement et est également fournie
avec une lunette de visée et une baïonnette.
• La mitrailleuse type 99 est présentée en
1942. Assez similaire à la type 96 dans
la conception, mais avec des formes
simplifiées, elle est chambrée comme les
fusils Arisaka type 99 et fournie également
avec une baïonnette. Elle fut utilisée contre
les Chinois et les Américains.

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 FOR
Nom Dégâts Portée Rechargement Utilisation Prix
minimum
Daikyū 1d8 80 Action simple 10 2 mains 1100
Fusil antichar
2d10 90 Action simple 13 2 mains N/A
type 97
Fusil Arisaka 2d8 80 Action simple 11 2 mains N/A
Fusil de précision
2d6 120 Action limitée 11 2 mains N/A
type 97
Fusil-mitrailleur
2d6 50 Action simple 12 2 mains N/A
type 97#
Hankyū 1d6 40 Pas d’action 7 2 mains 220
2d6
puis
Lance-flammes 2 actions
1d6 20 13 2 mains N/A
type 33 (L) limitées
au tour
suivant
Lance-grenades
3d6 60 Action limitée 14 2 mains N/A
type 89 (L)
Lanceur type 4 (L) 4d6 1 000 Action limitée 18 2 mains N/A
Mitrailleuse
3d6 80 Action limitée 16 2 mains N/A
légère#
Mortier type 99 (L) 3d8 120 Action limitée 18 2 mains N/A
Pistolet Nambu 2d6 30 Action simple 10 1 main 1000
Pistolet-mitrailleur
2d6 30 Action simple 11 2 mains N/A
type 100#
Revolver type 26 1d10 40 Action simple 8 1 main 800

(L) L’arme demande une action limitée pour être utilisée.

# L’arme n’est pas conçue pour le tir au coup par coup.

Pièces d’artillerie Canon de bataillon type 92 : cet obusier léger

Canon antiaérien automatique léger 20 mm
(type 98, type 2) : principalement connu au
Japon en 1938 avec l’arrivée du type 98. Le canon
est composé d’un fût monté sur deux roues
tractables et pouvant tirer sur des cibles au sol
comme aériennes, et ce avec une assez bonne
précision. Il reste le canon léger antiaérien le
plus répandu dans l’armée impériale pendant la
Seconde Guerre mondiale.
Le type 2 apparaît en 1942. Sa conception
est surtout basée sur le modèle du Flak 38
allemand. Il a cependant la particularité de
bénéficier d’un système de tir centralisé qui
peut permettre à une petite équipe d’en diriger
jusqu’à six à la fois.
Règle : si vous utilisez la règle des munitions
spéciales, cette arme a accès aux projectiles
explosifs et shrapnels.
créé en 1932 est destiné à équiper les bataillons
d’infanterie de l’armée impériale japonaise.
Généralement, chaque bataillon en possède
deux. Le canon ne dépasse pas 80 centimètres de
long, monté sur un support léger à deux roues,
et tire des munitions explosives de 70 mm.
Règle : si vous utilisez la règle des munitions
spéciales, cette arme a accès aux projectiles
explosifs, anti-blindage et fumigènes.
Canon Gatling : considéré comme une pièce
d’artillerie, il est monté sur pivot à roues. Les
Gatling ont un long canon cerclé d’une dizaine
de fûts alimentés par des bandes de cartouches
et pouvant tirer jusqu’à 500 balles à la minute.
Règle : un canon Gatling peut également
utiliser la règle de l’Arc de feu (voir La Voie
de l’Eiyu, p. 90), mais il peut atteindre jusqu’à
cinq cibles en réduisant les dégâts minimaux
à 1d10. Le nombre de tirs indiqué reflète le
nombre de cibles maximum avant de devoir

68
 Système de jeu
Aire
Nom Dégâts Portée Rechargement Utilisation Prix
d’effet
Canon
antiaérien 3d10 1 000 2 actions limitées Aucune 3 hommes N/A
20 mm
Canon de
4d10 1 000 2 actions limitées 1 4 hommes N/A
bataille
Canon Gatling 5d10 1 200 2 actions limitées 2 10 hommes N/A
Canon naval
5d10 1 200 2 actions limitées 2 6 hommes N/A
15,5 cm/60
Obusier
5d10 1 400 3 actions limitées 3 12 hommes N/A
150 mm

recharger l’arme. Si vous utilisez la règle des Grenades et explosifs

munitions spéciales, cette arme n’a accès à
aucun projectile spécial.
Bâton de dynamite : explosif en forme de
bâton long d’environ 25 centimètres et large de
Canon naval de 15,5 cm/60 : ces canons 3 centimètres. Stabilisé, il n’explose pas en cas
équipent la marine japonaise. Ils servent de choc (sauf s’il est gelé) et même placé dans
d’armes antinavires ou pour pilonner les côtes un feu, il brûle simplement. Un détonateur est
afin de supporter un éventuel débarquement. glissé à l’intérieur pour l’activer.
Règle : si vous utilisez la règle des munitions
spéciales, cette arme a accès aux projectiles
Grenade à main (type 10, type 91 et 97) :
explosifs, incendiaires, anti-blindage, fumigènes
similaire à ses homologues occidentales. La
ou éclairants.
type 10 apparaît en 1914 et reste la première
à être conçue. Les problèmes d’instabilité de
son déclencheur la rendent au début aussi
Obusier 150 mm (type 4, type 38, type 96) :
dangereuse pour le lanceur que pour la cible.
ces grandes pièces d’artillerie mobiles sont
La type 91 apparaît en 1931 afin de succéder
capables de bombarder des cibles au sol depuis
à la type 10 en tant que grenade explosive à
des positions très éloignées. Le premier obusier
fragmentation. Son délai d’explosion est plus
mobile parfaitement opérationnel est le type 38
long que la moyenne. En 1937, la grenade
sorti en 1905. En 1915 sort l’obusier type 4,
type 97 remplace la type 91 comme grenade à
successeur du type 38.
main de l’infanterie.
Règle : si vous utilisez la règle des munitions
spéciales, cette arme a accès aux projectiles
explosifs et shrapnels.

FOR
Nom Dégâts Portée Rechargement Utilisation
minimum
Dynamite 3d6 20 Action limitée 8 2 mains
Grenade à main 4d6 20 Action simple 9 1 main

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Les batailles navales
Les champs de bataille japonais n’ont pas tous
été terrestres. L’empire s’est également livré
à de nombreuses batailles navales, surtout
à partir du XXe siècle. Ce chapitre expose
les règles cadrant ces affrontements afin de
permettre aux Eiyu d’y participer à bord ou
aux commandes de leur bâtiment.
Pour simplifier en termes de règles, les navires
sont classés en quatre catégories avec leurs
caractéristiques distinctes.
La Solidité représente les PV du navire. Il s’agit
du mélange entre la structure du vaisseau et
l’intégrité de son équipage.
La Vitesse regroupe l’Initiative et la DÉF du
navire. Il s’agit du succès minimal à atteindre
avec un test d’attaque.
Le Blindage indique la RD du navire face aux
dommages.
Les DM sont les dommages qu’un navire peut
infliger avec une attaque réussie. Ils représentent
le potentiel de dommages du navire sans se
soucier en détail du type et du nombre d’armes.
La Portée reflète la distance maximale en
mètres à laquelle un navire peut tenter une
attaque avec ses armes embarquées.

Portée
Catégorie Solidité Vitesse Blindage DM
(en mètres)
Navire civil
30 12 4 - -
ou de transport
Navire léger
40 16 6 3d10 2000
(patrouilleur, frégate, etc.)
Navire moyen (destroyer,
60 14 9 4d10 3000
croiseur, sous-marin, etc.)
Navire lourd
75 13 12 5d10 4000
(cuirassé, porte-avions, etc.)

La flotte japonaise
à la fin de l’année 1941
Voici la composition de la flotte
japonaise par types en décembre 1941 :
• 10 porte-avions (lourds)
• 10 navires de ligne (lourds)
• 45 croiseurs (moyens)
• 130 destroyers (moyens)
• 73 sous-marins (moyens)
• 12 torpilleurs (légers)
• 15 mouilleurs de mines (légers)
• 15 chasseurs de sous-marins (légers)

70
 Système de jeu
Voie du marin et voie de l’artilleur
La voie du marin (voir L’époque d’Edo, p. 74) est parfaite pour incarner le pilote ou le
capitaine d’un navire. Les bonus et capacités de cette voie sont un atout qui fait une
différence significative pour le combat naval.
La voie de l’artilleur (voir La Voie de l’Eiyu, p. 21) est nécessaire pour utiliser
l’armement du navire. Qu’il soit chef d’équipe ou canonnier lui-même, les techniques
de la voie s’appliquent. Le rang 4, Tir indirect, marche de la manière suivante : si le
tir touche et passe le blindage, un élément du navire (gouvernail, antennes, etc.) est
détruit. Un navire qui perd 3 éléments n’est pas forcément détruit, mais est considéré
hors de combat. Il fuit s’il le peut ou se rend. Les pièces d’armement peuvent être
également choisies. Les DM du navire ciblé diminuent alors de 1d10. Si le moteur est
touché, c’est la Vitesse qui est diminuée de 2.

Voie du marin En dépensant un PC lors d’une attaque

Le métier de marin relève d’une vocation à
part entière. Certaines régions et certains
clans ont fait de leur spécialité l’utilisation
des navires de commerce et de guerre.
1. Endurci : l’Eiyu gagne un bonus égal
à son rang dans la voie à tout test pour
résister aux infections et aux maladies.
2. Maître de l’équilibre : l’Eiyu gagne +5
lorsqu’il s’agit de grimper à des cordages
ou d’éviter l’état Renversé.
Il n’est plus pénalisé dans son mouvement
par les mouvements du navire.
3. Homme de barre : l’Eiyu réduit les
difficultés de pilotage d’un navire de 5
lorsqu’il tient lui-même la barre.
navale, il confère un bonus égal à son
rang dans la voie à l’Initiative et aux
attaques des combattants du navire au
premier tour d’engagement.
4. Second du capitaine : l’Eiyu est
respecté par l’ensemble de l’équipage,
ses membres sont au minimum neutres
envers lui. Il gagne également un bonus
de +5 aux tests sociaux envers d’autres
marins et officiers.
5. Capitaine : +2 DEX, l’Eiyu lance deux dés
et garde le meilleur résultat chaque fois qu’il
fait un test de pilotage ou de navigation.
Il peut dépenser un point de Ki une fois par
partie pour éviter les DM issus d’une unique
attaque sur son navire ou son équipage.

Navigation, pilotage
et repérage
La navigation sert à se repérer dans l’espace grâce
à une carte et des instruments de mesure. Un
test d’INT difficulté 15 permet de se situer et/ou
tracer une route pour rejoindre un point précis.
Piloter un navire demande un test de DEX
difficulté 10 pour maintenir ou changer le
cap. La difficulté peut être majorée de +5 à
cause du climat, des obstacles ou des avaries
du navire. Cependant la difficulté ne peut
dépasser 20 au total.
Repérer un autre navire de surface ne
nécessite pas de test en journée. En revanche,
un test de PER difficulté 15 réussi est
nécessaire pour trouver le périscope d’un
sous-marin ou déceler un navire tous feux
éteints la nuit. Un test d’INT difficulté 15
permet de reconnaître la catégorie et estimer
l’équipement d’un navire en vue.

71
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 Le combat naval
Les règles de combat naval fonctionnent selon
un système de « shifumi », c’est-à-dire qu’une
catégorie de navire va avoir un avantage sur la
catégorie suivante et que les connexions entre
elles forment un triangle. La seule exception
étant pour les navires civils qui n’ont aucun
avantage ni désavantage.
Ce système fonctionne comme suit :
- Les navires lourds ont l’avantage sur les navires
moyens ;
- Les navires moyens ont l’avantage sur les
navires légers ;
- Les navires légers ont l’avantage sur les navires
lourds.
Un navire qui a l’avantage sur une cible gagne
un bonus de +3 à ses tests d’attaque et +1 à sa
Vitesse face à elle. Il existe en revanche deux
cas particuliers :
- Les sous-marins sont considérés moyens
pour leurs caractéristiques. Cependant ils
ont l’avantage contre les navires lourds et ce
sont les navires légers qui ont l’avantage sur
eux. Les navires moyens et légers sont les
seuls à pouvoir attaquer un sous-marin en
plongée. De plus, ces derniers ne peuvent pas
attaquer les cibles terrestres à moins d’être
spécifiquement équipés pour cela ;
- Les porte-avions sont considérés comme
lourds grâce à leurs caractéristiques. En
revanche, leurs DM sont limités à 2d10 et la
portée à 500 mètres. Leur vraie force d’attaque
vient de l’aviation (voir La Voie du Sensei,
p. 48) qui peut frapper des cibles jusqu’à 500
km du navire .
72
Tour de combat
Les capitaines déterminent l’ordre des initiatives
du tour selon le système normal en prenant la
Vitesse du navire comme valeur d’Initiative. Un
tour dure une minute.
Les navires de guerre possèdent deux actions
par tour de combat. L’une est celle du capitaine,
l’autre celle de l’équipage. La distinction est
importante, car certaines sont réservées au
capitaine et d’autres à l’équipage. Un navire
reste cependant limité à une action de type tir et
mouvement par tour. Les actions possibles d’un
navire sont les suivantes :
• Naviguer permet de contrôler le
mouvement du navire. L’action sert aussi à
plonger ou remonter pour les sous-marins.
Seul le capitaine peut utiliser cette action ;
• Tirer permet de tenter un test d’attaque
contre la Vitesse d’un navire ou la difficulté
d’une cible terrestre. Si l’attaque porte, les
DM sont appliqués ;
• Le barrage permet d’arroser une zone
de 100 mètres de diamètre lors du tir. La
Portée maximale de cette attaque est égale à
(Portée × 10). Toutes les cibles dans la zone,
même les alliées, subissent une attaque
avec un malus de -5 au test d’attaque et aux
DM (minimum 1 point) ;
• Il est possible de tirer sur plusieurs cibles
à la fois, sur autant d’adversaires en même
temps que le nombre des dés de DM du
navire. Cependant les DM infligés à chaque
navire sont le total divisé par deux, arrondi
à l’inférieur ;
• Le tir d’opposition permet à l’équipage de
tirer avec son équipement sur l’équipage
adverse. Cette attaque a une portée de
500 mètres. L’équipage fait alors un test
d’attaque avec une pénalité de -3 contre
 la Vitesse du navire ennemi. S’il touche, il
retire immédiatement 1 point de Solidité
à l’adversaire. Seul l’équipage peut utiliser
cette action ;
• Aborder permet à l’équipage d’envahir
un navire adverse, en l’agrippant pour se
retrouver pont à pont ou en organisant une
offensive avec des canots de combat. Sur
un test d’attaque non modifié réussi contre
la Vitesse d’un navire, les soldats engagent
l’équipage adverse. Les deux capitaines
opposent alors leur CHA en action gratuite
chaque tour pour savoir qui a le dessus.
Le défenseur gagne +2 au premier tour
grâce à son surnombre. Chaque tour où
l’agresseur gagne, la Solidité du navire
diminue de 1 point. De plus, tant qu’il
échoue à ses tests, le navire ciblé est privé
d’action d’équipage. Si le capitaine abordé
réussit 3 tests consécutifs, les agresseurs
sont repoussés. Seul l’équipage peut initier
cette action ;
• Lancer une communication permet
d’envoyer un message et de recevoir une
réponse dans un même tour. Seul le
capitaine peut utiliser cette action ;
• Se mettre en alerte est le mode vigilance
d’un navire. Il donne un bonus de +2 à tout
test de PER pour repérer un navire ;
• Les manœuvres évasives légères et totales
sont les actions de Défense et Défense
Les cuirassés Yamato et Musashi,
les titans d’acier
Au cours de la Seconde Guerre mondiale,
la marine japonaise déploie deux des plus
gros navires de ligne de cette époque
nommés le Yamato et le Musashi. Ces
super cuirassés possèdent neuf canons
de 460 mm répartis sur trois tourelles,
douze tourelles doubles antiaériennes
de 127 mm et un blindage de 409 mm
au niveau de la ceinture. À titre de
comparaison, le célèbre cuirassé allemand
Bismarck de la même époque possédait
huit canons de 380 mm répartis sur
totale pour le combat naval. La manœuvre
Système de jeu
évasive légère confère +2 en Vitesse, mais
pénalise de -3 les tests de tir. La manœuvre
évasive totale confère +4 en Vitesse,
mais pénalise de -5 les tests de tir. Seul le
capitaine peut utiliser cette action ;
• Colmater permet de réduire les pénalités
de pilotage dues aux avaries de 1 point ;
• Coordonner l’aviation (porte-avion
uniquement) sert à donner un bonus de +3
à la prochaine action des avions.
Le capitaine n’a pas besoin d’une action
particulière pour diriger l’équipage, c’est le
principe de base de ce système. Les échanges de
données et les conversations au sein du navire
comptent comme une action gratuite une fois
par tour.
Lorsqu’un navire atteint une Solidité de 0, il est
détruit.
Les cibles terrestres
Les navires peuvent bombarder des cibles au
sol. Chaque attaque compte comme l’action
barrage si la cible est entre la Portée de base des
armes, généralement 500 mètres, du navire et
la Portée maximale de l’action. Dans la portée
effective des armes, le navire peut utiliser les
actions tirer ou tir en différé.
quatre tourelles, six tourelles doubles
antiaériennes de 150 mm et un blindage
de 320 mm au niveau de la ceinture.
Le Musashi et le Yamato sont lancés à la
fin de l’année 1940. Le Musashi est coulé
le 24 octobre 1944 pendant la bataille
du Golfe de Leyte après avoir encaissé
17 bombes et 19 torpilles de l’aviation
américaine. Le Yamato sombre le 7 avril
1945 alors qu’il se rendait vers Okinawa
et après avoir encaissé 6 bombes et
11 torpilles de l’aviation américaine.
73
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 Chapitre 7

Les secrets
Cette section est strictement réservée au Sensei.
Si vous êtes un Eiyu potentiel, nous vous conseillons
d’arrêter ici votre lecture.

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 Vous vous apprêtez donc à découvrir les
mystères de l’univers de Cthulhu No Kami
durant l’ère Shōwa. En effet, le Sensei
trouvera dans ce chapitre une chronologie
des événements impies, quelques grandes
intrigues pour inspirer ses propres kaidan et
des acteurs majeurs qui pourront contrer les
actions des Eiyu.
Février 1930 : la famille Arai entame le
rapprochement des Quatre Fortunes pour
former la future Otonnando Financial Corp.
1930 : la famille Fuyumi a officiellement
cessé d’exister. Elle disparaît avec la mort de
son dernier membre, le vénérable Misaki,
qui a formé quelques chasseurs de yokai.
Certaines personnes, descendant des familles
secondaires du clan, conservent son héritage
sans adopter sa voie.

Chronologie et présentation
des grandes intrigues 1930 : Shiro Ishii rencontre Mayuri Ito qui
devient son amante. Il intègre plusieurs sociétés
secrètes et reçoit le soutien de colonels de
1925 : l’unité Togo est créée par d’anciens factions ultranationalistes. Il devient lieutenant
membres de l’Académie impériale des arts et général et obtient un poste à l’université
traditions populaires, des vieux chercheurs médicale militaire de Tokyo.
de la base secrète du Lotus écarlate (une
ancienne base de l’Académie en contact avec
1931 : dernière apparition de Kagamiko Kaneko
les Mi-Go) et des membres du Chrysanthème
au Chrysanthème bleu. Elle prend l’identité
noir. Les savoirs cumulés sont mis en commun
d’Abe Hama et devient la maîtresse de Matsuda.
afin d’amorcer des recherches avancées sur
le plan militaire. L’unité Togo est dirigée par
Shiro Ishii et se consacre officiellement à la
1932 : l’empereur donne carte blanche sur
prévention des épidémies et la purification
l’orientation scientifique de l’unité Togo dirigée
de l’eau. Officieusement, elle effectue des
par Shiro Ishii. Mayuri Ito participe à des
expérimentations sur des cobayes humains
expériences biologiques sur des prisonniers,
comme des vivisections sans anesthésie ou
augmentant ainsi considérablement son
des recherches sur diverses maladies comme
pouvoir. La base de Harbin est détruite à la suite
la peste, le typhus et le choléra en vue de les
d’une rébellion des sujets mutants humains et
utiliser comme armes bactériologiques.
de créatures du mythe.

Mars 1928 : les Quatre Fortunes augmentent le

1933 : Mazyuri Ito passe plusieurs mois de
financement par leur zaibatsu de l’Océan noir.
l’année à Dairen dans le but d’acquérir des
artefacts mystiques venus de l’Occident.
1929 : à la suite de la crise financière mondiale,
de nombreuses usines et industries liées à la
1935 : Mayuri Ito rencontre Ebizu, l’enveloppe
Nakajima Inc. (ex Confrérie des Comptoirs
actuelle de Hiro, le représentant de Mugenbo
des artisans) ferment durant les mois suivant le
sur terre. Cette dernière lui échange des pages
« Jeudi Noir ». Il ne reste qu’une usine dans la
d’un savoir ancestral lié à Mugenbo contre sa
périphérie de Tokyo, une teinturerie et quelques
protection.
manufactures à travers le pays.

1939 : Ebizu prend le corps de l’amiral

Décembre 1929 : les Quatre Fortunes rachètent
Yamamoto Isoroku. Hiro prépare ainsi le
Nakajima Inc.
retour de la Pondeuse Insatiable en intégrant
les hautes sphères de l’armée japonaise.

76

1941 : l’unité Togo devient l’unité 731.
Mars 1941 : Otsuka Aika est nommée à la tête
de la section occulte nouvellement créée de
l’unité 731.
Décembre 1941 : la section occulte de l’unité 731
pratique des tests avec de la technologie Mi-Go
sur des prisonniers mandchous à Dairen.
Avril 1942-août 1945 : les trois quarts des
manufactures Nakajima restantes et rachetées
par les zaibatsu des Quatre Fortunes en 1929 sont
détruites lors des différents bombardements
américains sur le Japon.
1942 : rencontre officieuse entre Himmler et
Otsuka Aika à Berlin. Ils créent une alliance
entre l’Ahnenerbe, un institut de recherche
nazi, et la section occulte de l’unité 731 dans le
but d’échanger leurs connaissances et de mettre
en commun certains de leurs moyens.
Mars 1942 : une expédition est lancée pour
investir le monastère bouddhiste de la
Contemplation endormie. Celle-ci est mise
en échec par les moines. Les hommes d’Otsuka
Aika disparaissent mystérieusement.
1943 : destruction du monastère bouddhiste de
la Contemplation endormie par les généraux de
l’armée impériale. L’attaque visait un artefact
occulte réputé dangereux, mais finalement
introuvable.
1944 : Mayuri Ito se rapproche d’Otsuka Aika et
lui fournit de nombreux éléments occultes dont
les parchemins donnés par Ebizu.
1945 : disparition de tout culte réel voué à
la déesse Mugenbo. Il ne reste que quelques
adorateurs éparpillés au Japon.
Disparition des sociétés secrètes du
Chrysanthème bleu, du Dragon noir et de
l’Océan noir.
Présentation des
Les secrets
grandes intrigues
Hiro
Hiro est intelligent. Très intelligent.
Supérieurement.
Il a vécu des dizaines de vies. Des centaines,
peut-être, mais seule sa première fut mâtinée
de crainte. Par ailleurs, il est très manipulateur.
Il croit sincèrement que vénérer Mugenbo est
le seul moyen, pour le Japon, de retrouver sa
gloire d’antan. Elle est, à ses yeux, la seule et
unique divinité qui mérite d’être priée et Hiro
est, en retour, un messager fidèle aux yeux de
la Mère.
Il connaît les secrets des gens qu’il croise,
en rêve ou physiquement, après les avoir
observés quelque temps. Rien ne lui échappe,
il a appris à déceler les noirceurs de l’esprit
humain comme un chien flaire une piste.
Ainsi, il a réussi à échapper longtemps aux
affres de l’emprisonnement, non seulement
car son esprit pouvait voyager de corps en
corps, mais aussi parce qu’il aurait fallu une
magie puissante pour le contenir.
Seul un groupe de moines, par la pratique du
zen, parvint à cloisonner suffisamment leurs
consciences afin de le capturer par surprise
et l’enfermer dans une tombe, mais même
cette captivité s’avéra temporaire… Il se peut
néanmoins que quelque part, se trouve le
secret qui leur permit de l’emprisonner.
Au début de la période de jeu, Hiro a les traits
d’Ebizu, une magnifique jeune femme d’une
vingtaine d’années. Puis en 1939, il prend le
corps de l’amiral Yamamoto Isoroku.
NC 10
FOR +2 DEX +2 CON +1
INT +3 PER +3 CHA +1
DÉF 12 PV 82 Init 12
ATM +12 PM 40
Couteau +12 DM 1d6 + 2
Pistolet +12 DM 2d6
Voies de l’occultisme et de la chinurareta
maho rang 5.
Sorts : Vol de pouvoir, Caresse d’Izanami,
Hantise du défunt et tous les impies de
rangs 1, 2 et 3.
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 Les forces du Mythe
devenues objets de
puissance et de folie
pour la conquête
des hommes
Le début de l’ère Shōwa est la période où les
organisations liées au Mythe entament une
profonde transformation. Les vieux cultes
disparaissent pour laisser place à des humains
ou des corporations qui servent d’écran.
Elles mettent à profit leur influence pour
l’asservissement de masse des populations.
Les hommes épris de puissance cherchent
les armes pour prendre l’ascendant sur le
monde. Ces humains se tournent vers la
science, mais aussi vers un savoir impie.
C’est à ce moment-là que les hommes
d’influence, l’armée et les différents
groupuscules s’intéressent à l’occultisme.
Mayuri Ito
Au fil des années, Mayuri Ito a emmagasiné des
sources de savoirs venus d’ailleurs, de races très
anciennes voyageant à travers l’espace et le temps.
Elle s’est entourée de fanatiques, d’extrémistes
et d’ultranationalistes ayant mis en commun
leurs connaissances et capacités. Dans cette
période sombre de l’humanité, les êtres humains
épris de pouvoir, de domination et de folie ont
souvent engendré les pires monstruosités contre
leurs semblables. Ici seule la folie humaine est
responsable de leurs crimes et les forces occultes
n’en sont qu’un des instruments.
L’étrange venelle
de Kyoto
Alors que les militaires prennent
progressivement le contrôle de la société
japonaise, certains membres de l’unité Togo
(bientôt appelée unité 731) rouvrent les vieux
dossiers de feu l’Académie des arts et traditions
populaires. Leur mission est de déceler dans
le travail de leurs prédécesseurs des éléments
exploitables en vue de renforcer la puissance
du pays. Ils trouvent le cas de l’entrepôt maudit
de Kyoto, un des premiers bâtiments en pierre
à l’occidentale construit dans une venelle de
l’ancienne capitale à l’ère Taishō. Leur immense
analyse d’archives leur permit de mettre en
relation deux événements isolés auparavant.
D’une part le rapport de l’Académie sur un lieu
censé être hanté et d’autre part un vieux rouleau
datant de l’époque d’Edo ayant appartenu à un
78
ancien membre de la société du Chrysanthème
bleu incarcéré dès 1928 par les militaires pour
« intelligence avec l’ennemi ».
Trouver l’ouverture
Après avoir réquisitionné les lieux, deux
savants, Chizuyu Bunta et Marane Eishun,
y transportent des prisonniers de droit
commun et tentent de retrouver l’entrée de la
venelle grâce à eux. Afin d’obtenir des sujets
ayant le niveau énergétique requis (selon leur
interprétation des instructions du rouleau
d’Atsuki), ils torturent psychologiquement
leurs cobayes pour les faire plonger dans un
état proche de la folie et de la dépression. Au
bout de six mois et d’une dizaine de victimes,
un de leurs sujets d’expérience s’échappe
mystérieusement. Personne ne le voit sortir du
bâtiment et personne ne le reverra jamais.
Malgré une opposition de civils qui tentent
de révéler cette expérience inhumaine, les
scientifiques continuent leurs travaux et
réussissent à ouvrir la porte de la venelle, apparue
soudainement dans un mur à un prisonnier
surveillé alors qu’il déambulait dans les couloirs
sombres et sinistres de l’entrepôt. Ils découvrent
grâce à lui la venelle et y pénètrent, une lueur
avide et malsaine dans le regard. La porte se
referme derrière eux, les engloutissant. Aucun
garde n’arrivera à les retrouver, leur Ki n’étant pas
assez bas pour faire apparaître l’entrée. Seul un
mur lisse perdure. Les scientifiques disparurent
et face à ce qui se présente comme un fiasco,
les autorités militaires fermèrent le projet.
L’entrepôt désaffecté est abandonné (malgré des
investigations d’opposants qui tentent de savoir
ce qui se passait dans ces locaux) jusqu’à sa
destruction lors de bombardements à la fin de
la Seconde Guerre mondiale.
La vérité sur la venelle
Ce lieu est en fait un être extradimensionnel se
nourrissant du vide qui habite certains humains.
On ne peut décrire avec précision ce prédateur
qui attire à lui les personnes ayant un Ki négatif,
mais il prend la forme intelligible d’une venelle,
une petite ruelle fermée à ses deux extrémités
par une porte de bambou ferrée et délimitée
par deux murs hauts de trois mètres surmontés
par un faîte en tuiles. Au milieu de la ruelle
se trouvent deux portes qui se font face. La
première est barrée et fermée par des planches
de bois, et la seconde s’ouvre sur un petit portail
donnant sur une cour toujours plongée dans
une étrange obscurité, quelle que soit l’heure de
la journée. Il s’agit de la gueule de la créature.
Si l’on peut ouvrir les portes de la venelle de
l’extérieur, il n’y a aucun moyen de le faire de
l’intérieur. La porte fermée au milieu de la
rue ne donne que sur le mur et, au-delà, celui
qui serait assez habile pour l’escalader ne
trouverait que le vide intersidéral, une vision
qui le plongerait sûrement dans la démence.
La rue est pavée et parsemée d’objets de toutes
les époques laissés à l’abandon. On y trouve
des sandales en cuir ou en bois, des téléphones
portables à la batterie vide, des pinceaux
de calligraphie, un livre sur l’ère Meiji, une
casquette de l’ère Taishō et, parfois, une pièce
d’armure de samouraï. Si on ne peut pas ouvrir
les portes une fois à l’intérieur de la venelle, on
peut toutefois observer l’extérieur à travers les
tiges de bambou et héler les passants. Mais peu
seront capables d’entendre les malheureux.
Afin de se préserver d’ennemis qui auraient les
moyens de la détruire, l’entité de la venelle se
camoufle et est invisible pour tous ceux qui ont
un Ki supérieur à 1. Ceux qui ont un Ki de 0
semblent apercevoir, entre les autres ruelles,
une autre venelle, mais ses contours sont flous.
Un tel personnage ne trouverait pas de poignée
pour ouvrir la porte, mais pourrait entrevoir
l’intérieur de la ruelle et ses objets insolites.
Le sinistre privilège de s’y rendre est toutefois
offert aux personnes ayant un Ki négatif. Non
seulement ces dernières voient parfaitement la
porte de cette venelle (là où d’autres passants
l’ignorent superbement), mais leur regard
semble toujours attiré par elle. Un moment
d’inattention, et ces personnes ont fait un pas
qui les rapproche de l’entrée. Elles n’éprouvent
d’ailleurs aucune difficulté à pousser la poignée,
et la porte s’ouvre avec une grande facilité. La
venelle est presque toujours vide (voir plus loin),
mais les étranges objets qui la parsèment, ainsi
que l’étrange bruit qui provient de l’autre entrée,
y attirent immanquablement les victimes. C’est
alors que la porte se referme sans bruit et que le
piège se révèle.
Décrire la venelle
Les secrets
En pénétrant dans la ruelle, la victime découvre
à l’autre extrémité un paysage des plus étranges :
Kyoto au XXIe siècle. Ainsi, elle est souvent
subjuguée par ces étranges tours de verre et
cette myriade de fils électriques qui évoquent
les cordages d’un bateau gigantesque.
Arrivée au bout de la ruelle, elle entend le
vrombissement des voitures et le brouhaha
d’une ville devenue immense à travers les siècles.
Elle peut apercevoir les vitrines lumineuses, les
publicités digitales, les étranges accoutrements
des habitants de la Kyoto moderne et les mots
bizarres qu’ils utilisent. Elle oublie alors le
temps, et peut passer des heures dans cette
posture voyeuriste. Et puis, lorsque la faim ou
la fatigue se font sentir, elle tente de rentrer
chez elle, mais ne trouve aucun moyen d’ouvrir
la porte. Malgré toute sa force, elle n’arrive
qu’à s’écorcher les mains. Elle peut là aussi
apercevoir les rues de Kyoto, mais à l’époque
d’Edo, et héler les passants. Or, seuls ceux qui
ont un Ki négatif (soit une minorité à l’époque)
pourront l’entendre et lui ouvrir la porte. Face
à l’ignorance des passants, après être passé par
une phase de colère puis de désespoir, il ne lui
reste plus que deux choix : rester et attendre
qu’une personne ouvre à nouveau la porte, ou
tenter de sortir en passant par la cour obscure.
Malgré la peur qui martèle dans son esprit de
fuir cette entrée, il peut néanmoins arriver que
certains fassent ce choix et franchissent ce seuil.
La victime est alors dévorée et dissoute dans
cette réalité aberrante, nourrissant l’entité. Si
jamais elle succombe aux privations d’eau ou de
nourriture, une fois morte (et hélas, parfois au
moment où elle agonise), l’entité se saisit d’elle
avec de longs et larges filaments visqueux qui
sortent de l’entrée obscure, et la tire lentement
vers son oblitération. C’est lors de cette étape
que les objets abandonnés sont laissés par le
cadavre tracté.
La seule solution pour s’en sortir est qu’une
autre personne ouvre de l’extérieur une des deux
portes. Il faut alors se précipiter au-dehors, sans
savoir à quelle époque on arrive : aussi bien au
XXIe siècle qu’au Xe siècle comme à l’époque
d’Edo, mais pas forcément la même année qu’au
moment où elle a franchi la porte maudite…
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Les sociétés secrètes
Certaines factions occultes existent encore
à l’ère Shōwa, mais sont moribondes. C’est
le cas de l’École de l’Œil unique (Hitotsu no
me ha) ou des cultes liés à Mugenbo. Vestiges
d’une autre époque, ces factions survivent,
mais leur effectif est si faible que leur marge
d’action est très limitée. L’ère Shōwa renforce
les sociétés secrètes proches du pouvoir en
place tels le Dragon noir, l’Océan noir et les
Quatre Fortunes.
Les statistiques Action, Connaissances,
Ressources et Magie des groupuscules sont
différentes de celles de La Voie du Sensei.
En effet, leur influence, leur taille et leur
fonctionnement diffèrent d’une ère à l’autre.
Mayuri Ito
(Voir La Voie du Sensei, p. 26)
Mayuri Ito et le culte du Jaune doré
Action : 2
Connaissances : 4
Ressources : 3
Magie : 5
Pleinement remise de sa quasi-destruction
à l’époque d’Edo, Mayuri Ito cherche à
présent à augmenter son pouvoir, son cercle
d’influence et sa puissance en s’inspirant
de l’attitude des Quatre fortunes dont elle
est une des rares à avoir conscience. Après
la disparition de l’Académie impériale des
arts et traditions populaires , elle décide
d’infiltrer une des organisations montantes
et parmi les plus immorales où elle pourra
approfondir ses connaissances ésotériques
tout en se protégeant physiquement de ses
ennemis : l’unité Togo.
Le Culte de l’Évanescence carmine
Le Culte de l’Évanescence carmine (Kiesaru
yoko no reihai), parfois communément nommé
le culte du Jaune doré, n’est qu’une façade
qui permet à Mayuri Ito de manœuvrer dans
l’ombre la société humaine et les hommes les
plus influents comme Shiro Ishii (le chef de
l’unité Togo). Cette secte prône les valeurs
ancestrales et traditionnelles de la société
japonaise. Ses membres sont pour la majorité
80
des notables encore attachés aux anciens clans
de l’époque d’Edo. Ce culte à mystère nécessite
une initiation pour appréhender un savoir
mystérieux dédié aux kamis et aux yokai.
Ce rituel permet à Mayuri d’abreuver Ohaku
Shika, le Grand Cerf blanc (une forme d’Hastur,
voir La Voie du Sensei, p. 157), avec l’énergie de
la ferveur des adeptes. Le culte du Jaune doré
subsistera jusqu’à l’époque moderne, mais son
influence reste minime à travers le temps.
Dans cette tâche laborieuse, Mayuri s’est
entourée d’un cortège de yokai corrompus par
ses soins et sélectionnés par son maître, les
Yokai no kage.
Tamamo no Mae, le kitsune à neuf queues
(kyūbi no kitsune, voir La Voie du Sensei,
p. 215)
Hastur a également conseillé à Mayuri Ito
de libérer la venimeuse sorcière kitsune à
neuf queues, Tamamo no Mae, prisonnière
du rocher maudit Sessho-seki (pierre
tueuse). Tamamo no Mae a pris l’identité de
Kagamiko Kaneko pour infiltrer la société du
Chrysanthème et recruter ses plus éminents
membres dans l’unité Togo. Une fois sa
première mission achevée, elle prend l’identité
d’Abe Hama, la maîtresse de Matsuda Masaru,
pour espionner les Matsuda et les Quatre
Fortunes. La découverte de la source de Ki et
sa corruption lui ont permis de révéler son
véritable ennemi, Nyarlathotep, qui a lancé ses
sbires par l’intermédiaire des Quatre fortunes
traquer les disciples d’Hastur.
Effectifs
Il est difficile de parler véritablement de culte à
cette époque. Mayuri Ito, la Prêtresse Carmine
(Yoko no miko), s’entoure progressivement d’un
cortège de yokai. En 1926, celui-ci comprend
trois yokai (un kappa, un ōkami et un itachi)
pour atteindre 30 Ombres de yokai en 1942.
Mayuri est secondée dans sa mission par
Kagamiko Kaneko qui a infiltré la société du
Chrysanthème pour recruter ses membres et
ses ressources occultes. Ses disciples sévissent
dans l’ombre. Mayuri reste très discrète sur
l’enrôlement de fidèles humains pour son
culte. Elle préfère les asservir et s’en servir
comme des pions.

Yokai no kage
(les Ombres de yokai)
NC 1
FOR +0 DEX -1 CON +0
INT -2 PER -1 CHA -2
DÉF 12 PV 10 Init 8
Griffes +4 DM 1d6
Morsure +4 DM 1d6
Apparence effrayante : lorsqu’un héros voit
un Yokai no kage, il fait un test de résistance
mentale difficulté 10 (1 PS).
Flottant : le Yokai no kage se déplace à une
vitesse de 10 par tour sur tous les types de
terrains sauf aquatique, ainsi qu’en escalade.
Il ne peut être Ralenti par l’environnement.
Immunités : le Yokai no kage ne subit que la
moitié des DM des armes à feu et ne peut être
Étourdi sauf par la magie.
Pouvoir : Tir d’eau (kappa) : demande une
action limitée. Permet d’infliger 1d6 de DM à
une cible jusqu’à 50 mètres.
Hypnotiser (itachi) : le Yokai no kage et sa cible
font un test opposé de CHA ; si la cible échoue,
elle devient Étourdie pendant deux tours.
Lieux de rencontre
Le cortège de Mayuri Ito lui apparaît par
l’ouverture de brèches dimensionnelles
entre les plans à l’endroit où elle se trouve.
Elle communique de la même manière avec
Kagamiko Kaneko.
Interactions avec les autres organisations
Les antagonistes majeurs de Mayuri Ito sont les
Quatre fortunes. Elle ne peut qu’augmenter ses
forces pour pouvoir les affronter ultérieurement.
La société de l’Océan
Les secrets
noir (Genyōsha)
(Voir La Voie du Sensei, p. 136)
Société de l’Océan noir
Action : 3
Connaissances : 3
Ressources : 5
Magie : 1
L’Océan noir, tel un réseau tentaculaire, a des
ramifications qui s’étendent dans les armées
impériales, en particulier la marine, et au plus
près du pouvoir. Il est financé en partie par
quatre puissantes zaibatsu (Arai, Matsuda,
Shibata et Yoshida, les Quatre Fortunes).
L’objectif de l’Océan noir est d’obtenir le
plein contrôle des eaux entre le Japon et
la Chine (mer du Japon au nord, mer de
Chine au sud et mer de Bohai autour de
la péninsule). Si à première vue ce n’est
pas un objectif occulte mais mafieux,
certains membres sont secrètement affiliés
à Nyarlathotep et offrent d’inquiétantes
possibilités au culte du Chaos Rampant.
Les rites
Cette société secrète n’a aucun rite. Elle se
concentre sur les manipulations politiques. Ses
membres occultistes restent discrets sur leur
pratique, surtout s’ils sont dévoués à des entités
ayant une ambition que les simples humains ne
peuvent pas comprendre à part leurs disciples.
Lieux de rencontre
Des cellules sont installées dans les plus grandes
villes comme Tokyo jusqu’aux petites villes
côtières. Elles sont généralement organisées
autour d’une maison close proche du port et de
quelques entrepôts.
Interactions avec les autres organisations
Avec le temps, un certain antagonisme s’est
développé à l’encontre de la Société du Dragon
noir (Kokuryūkai).
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 Le monastère bouddhiste
de la Contemplation
endormie (Bukkyo kansho
shudoin no soritsu)
(Voir La Voie du Sensei, p. 132)
Le monastère bouddhiste
de la Contemplation endormie
Action : 1
Connaissances : 4
Ressources : 2
Magie : 4
Ce monastère mystique situé dans les
montagnes à environ une semaine à pied à
l’est de Tokyo conserve encore avec ses faibles
moyens des objets et des entités malveillantes
emprisonnées afin de protéger la population.
Les quelques moines y vivant toujours ne
font que de la collecte d’informations sur les
événements référencés comme occultes dans
le pays et gèrent la purification du domaine.
Tombé dans l’oubli, le monastère n’attire
plus de novices. Lors de la Seconde Guerre
mondiale, en 1943, il est détruit par un groupe
japonais affilié aux puissances d’Hastur.
Effectifs
En 1926, le monastère dénombre neuf moines.
Ce nombre reste constant jusqu’en 1943.
• Le Frère supérieur archiviste, un haut
rêveur, dirige le monastère. Il génère une
aura mystérieuse ressentie la nuit qui le
rend peu détectable. Il surveille les artefacts
et les entités emprisonnées.
• Un gyrovague parcourt l’Archipel
pour chercher les endroits marqués par
l’occulte. Les autres se sont fait abattre par
les militaires.
• Les sept autres moines sont impliqués
dans la pratique ancestrale et la garde du
monastère.
Dramatis personae
Udo
Le Frère supérieur est un moine de 96 ans. Cet
homme usé et affaibli passe son temps dans la
salle où se trouve les artefacts pour les purifier.
Il est le dernier rempart contre les forces
maléfiques. Il sait que le savoir du monastère
est menacé et convoité par les cultes du Mythe.
82
NC 7
FOR -1 DEX +2 CON +0
INT +4 PER +3 CHA +1
DÉF 12 PV 52 Init 12
ATM +12 PM 42
Voies de la protection et de l’astral rang 5.
Sorts : tous les mineurs de rangs 1, 2 et 3.
Sumochi
Âgé de 63 ans en 1926, cet homme devenu
pessimiste sur la nature de l’humanité
continue de parcourir les routes.
NC 8
FOR +1 DEX +2 CON +2
INT +3 PER +2 CHA +2
DÉF 12 PV 52 Init 12
ATM +11 PM 36
Voies de la protection et de la divination
rang 4.
Sorts : tous les mineurs de rangs 1, 2 et 3.
Les rites
Les moines de la Contemplation endormie
ne pratiquent plus que des cérémonies de
protection et de purification. Vu leur âge et
leur sous-nombre, ils n’ont plus le temps ni
la force de pratiquer les dégagements et la
formation de novices.
Lieux de rencontre
Le monastère est le seul lieu revendiqué par
l’organisation. À cette époque, il n’est plus que
l’ombre de ce qu’il était. Décrépies, certaines
zones sont même condamnées par mesure de
sécurité à cause de l’insalubrité. Seul un des
bâtiments (la pagode haute de presque trente
mètres où trônait jadis une statue en bois d’un
Bouddha) sur les quatre est encore occupé. Le
tout est entouré d’une palissade de bois usée et
vermoulue qui donne sur l’unique chemin de
crête menant au monastère.
Interactions avec les autres organisations
Le savoir du monastère est convoité par l’unité
Togo. Udo s’oppose farouchement à tout contact
avec elle.
Les Implantés
(Homonsha)
(Voir La Voie du Sensei, p. 129)
Les Implantés
Action : 4
Connaissances : 3
Ressources : 4
Magie : 5
Les Implantés poursuivent leur propre agenda
sans but commun et sans connaître la volonté
du père fondateur. Chacun des élus poursuit
ses propres recherches et se met au service
de l’ordre si besoin est. Recrutés dans toutes
les organisations occultes et toutes les strates
influentes de la société, ils sont toujours
présents, mais invisibles. En 1929, l’un
des membres de la Cour a dérobé le gensō
d’Uchida Chikanori, le père fondateur, et a
disparu avec.
Effectifs
Les Implantés sont l’une des organisations
les plus importantes. Elle dénombre en 1929
environ 1000 Implantés, dont 400 vivant hors
du Japon. Ce nombre décroît pour atteindre les
800 en 1939.
Le « faux » père fondateur
Face à la débâcle de la Cour dans le maintien
de l’ordre des Implantés pendant l’absence
d’Uchida Chikanori, un membre de la Cour
d’Honshu a enfermé les trois autres dans leur
gensō pour éviter que l’information du vol
du père fondateur crée un désordre au sein
de l’organisation. Ce membre se fait passer
depuis pour Uchida et mène les Implantés
d’une main de fer.
Son identité est tenue secrète. Il porte un
sokutai blanc et sa tête est couverte par un
chapeau traditionnel avec de longues bandes de
soie verticales qui masquent son visage.
Les Frères Inquisiteurs traquent les membres
indignes à travers le monde sur ordre du faux
père fondateur.
Les secrets
Les Frères Inquisiteurs
NC 6
FOR +2 DEX +2 CON +1
INT +2 PER +2 CHA +2
DEF 12/14 au sabre PV 52 Init 13
ATM +8 PM 25
Sabre +10 DM 1D8+3
Pistolet +8 DM 2D6
Voies des Arts martiaux rang 3
(Approfondissement du Kendo).
Voies de l’Occultisme et de la magie Voie de
la mort rang 2.
Sorts : Vol de Vie, Affliction Aggravée,
Invocation des Ombres et Dissimulation dans
la Brume.
Dramatis personae
« L’Usurpateur »
Inflexible, extrémiste, l’usurpateur s’est lancé
dans une purge des indignes de l’ordre. Pour
cela, il a mis en place les Frères Inquisiteurs et
le Bûcher.
Les rites
Le seul et unique rituel qui caractérise les
Implantés est celui du Tensei (Transmigration)
créé par Uchida Chikanori qui leur permet de
prendre possession d’un corps sans mourir et
passer par la réincarnation sans le jugement
d’Enma.
« L’Usurpateur » a mis en place le Bûcher qui
consiste à détruire par les flammes les gensō des
indignes physiquement morts.
Lieux de rencontre
Il n’existe qu’un lieu dédié aux Implantés,
le Sanctuaire des Âmes Vagabondes
(Samayotamashī no seiiki) à Kyoto.
Interactions avec les autres organisations
Très discrets, les Implantés sont présents dans
toutes les organisations actives de l’époque. Cela
leur permet de repérer de potentiels nouveaux
membres et d’avoir une forme de contrôle sur la
situation au Japon.
83
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 La Confrérie de la Porte
de la vérité (Shinri no
tobira shintodan)
(Voir La Voie du Sensei, p. 127)
La Confrérie de la Porte de la vérité
Action : 1
Connaissances : 4
Ressources : 1
Magie : 5
La Confrérie de la Porte de la vérité n’est
plus depuis des siècles et les Gardiens de
la Porte de la vérité ont quasiment tous
disparu. Seuls les préceptes et les dogmes de la
Confrérie subsistent et sont transmis comme
héritage familial.
La plupart des personnes utilisant les
anciennes traditions de la Confrérie ne savent
même pas qu’ils pourraient être appelés
Gardiens. Ces individus chassent et traquent
les créatures malfaisantes de façon isolée et
indépendante. Ils se qualifient de chasseurs de
yokai ou de démons. On dénombre une petite
vingtaine de pratiquants de ces rites dont cinq
se revendiquent comme Gardiens.
La société du
Chrysanthème
(Kiku dantai)
(Voir La Voie du Sensei, p. 133)
La société du Chrysanthème
Action : 1
Connaissances : 5
Ressources : 5
Magie : 3
L’ère Taishō a été une période clé pour
l’organisation avec le schisme de 1923. La
scission entre le Chrysanthème bleu (Aoi
kiku gakkai) et le Chrysanthème noir
(Kuroi kiku gakkai) ravive de vieilles tensions
palpables dès les années 1915-1916.
Le président (premier secrétaire) de la société,
Momichuri Eizō, est mis en difficulté par
84
une faction rassemblée autour de Sayamoto
Ginata (deuxième secrétaire), professeur
de philosophie allemande à l’université de
Tokyo. Sa vision progressiste inspire les
jeunes membres de la société qui s’opposent
au conservatisme des anciens. Sayamoto
prône la supériorité de la race descendante
d’Amaterasu et marque un rapprochement
avec la vision de la race aryenne présentée par
l’orateur du parti nazi, Adolf Hitler.
En 1924, Sayamoto fonde le Chrysanthème
noir et emmène une partie des membres,
dont dix secrétaires. Avec l’arrivée au pouvoir
des militaires et l’alliance avec Hitler, le
Chrysanthème noir devient très puissant grâce
aux relations avec les agents nazis spécialisés
dans l’occulte. Après cette débâcle, Momichuri
Eizō est poussé à quitter ses fonctions. Dans ce
marasme, le Chrysanthème bleu et son leader
Murakami Genryū émergent sous l’influence
de Kagamiko Kaneko.
Bien que les deux factions du Chrysanthème
aient apaisé leurs relations, l’unité Togo
continue tout au long de l’ère Shōwa à mettre
en défaut le Chrysanthème bleu en espérant
récupérer toutes ses ressources ésotériques,
avec un certain succès.
Le Chrysanthème bleu entre alors en résistance.
Kagamiko Kaneko, pourtant membre du
Chrysanthème bleu, se rapproche et conseille
à Sayamoto de faire éliminer la plupart des
dirigeants de l’autre branche en 1931.
Au cours de sa dernière session ésotérique
avant sa disparition mystérieuse, Kagamiko
Kaneko entre en transe et aperçoit l’avenir.
La société quitte Tokyo brutalement après
ses visions prémonitoires pour établir son
quartier général à Hiroshima en 1932. Cette
dernière y voit un avenir prospère et lumineux
pour l’organisation et tous ses membres…
Effectifs
Le Chrysanthème bleu est dirigé par Murakami
Genryū. Il est secondé par la sublissime
Kagamiko Kaneko jusqu’en 1939. L’organisation
compte 60 membres conservateurs des
traditions ésotériques séculaires. La plupart
sont des pratiquants des arts magiques issus
d’anciennes grandes familles japonaises
aristocratiques, de clans proches de la cour
impériale, de descendants de samouraïs et
autres daimyos.
Le Chrysanthème noir est voué au culte de
la personne de Sayamoto Ginata. L’homme a
une emprise très forte sur la société. Elle est
composée de 120 personnes issues des milieux
industriels, de militaires et de professeurs
d’université. La société recrute par cooptation,
les membres étant sélectionnés à la suite d’une
enquête sur leurs liens sociaux et une analyse
de leurs caractéristiques physiques. L’idéologie
de l’ordre est fondée sur la croyance en
l’existence de surhommes et d’une race humaine
supérieure qui auraient vu le jour sur les hauts
plateaux asiatiques illuminés par Shamballah,
centre magique des peuples asiatiques. Leurs
idées s’opposent radicalement à celle de la
« fraternité universelle » : le « Japonais de sang
pur » est dit d’une race humaine d’origine
divine, tout comme les Aryens, tandis que les
étrangers sont considérés comme des sous-
hommes. Les adeptes ont pour obligation de
donner de l’argent afin que le Chrysanthème
noir triomphe dans le monde.
Dramatis personae
Sayamoto Ginata,
Fondateur du Chrysanthème noir
Cet homme de 57 ans est professeur de
philosophie allemande à l’université de
Tokyo. Sayamoto regrette l’immobilisme de la
société gérée par Momichuri Eizō. Il souhaite
bouleverser les choses établies pour révéler sa
vérité. Au cours de voyages en Allemagne, il a
pu assister à un discours d’Adolf Hitler qui le
conforta dans sa vision du monde.
Sayamoto a une accointance avec l’idéologie
nazie et souhaite transmettre la méthodologie
du peuple germanique qui a permis son Éveil
et la Révélation sur ses origines supérieures et
divines. Il voit une similitude entre les Japonais
et le mythe aryen. Selon son hypothèse, à la fois
scientifique et religieuse, l’origine des Aryens
(et pas des « Européens souillés » comme il les
appelle) serait asiatique, depuis les hauts plateaux
himalayens. Il fantasme sur une « Haute Asie »
et l’origine asiatique de l’humanité. Sayamoto
est un fervent partisan de l’expansionnisme
japonais vers le continent, la colonisation de
la Corée et de la Mandchourie. Les ressources
de la bibliothèque générale de la Société du
Chrysanthème lui ont permis d’appuyer ses
dires sur la véracité de Shamballah, la porte sur
l’illumination, le savoir absolu et le choetsu ikai
(Impossibilité innommable) qui serait peut-être
à l’origine de tout.
Murakami Genryū
Chef du Chrysanthème bleu
Ce haut fonctionnaire au ministère de la
Marine de 60 ans a été intronisé dans la Société
du Chrysanthème, l’organisation mère, par Sir
Les secrets
Fusanosuke Hitachi.
Il est très sensible à la préservation des rites et
dogmes qui ont posé les fondements du club.
Il a une grande rancœur contre Sayamoto
Ginata qui a causé la scission et le déclin de la
société originelle.
Kagamiko Kaneko
(Tamamo no Mae, voir La Voie du Sensei, p. 215)
La dilettante du Chrysanthème bleu est en
réalité un kitsune, une renarde à neuf queues,
pouvant changer d’apparence. Cet esprit-renard
céleste a plus de mille ans d’existence. Plus un
kitsune est âgé, plus ses besoins nutritionnels
en esprits, corps, objets précieux ou essences
spirituelles sont élevés. Tamamo se nourrit des
êtres vivants et de leur environnement en y
apportant la désolation. Elle a intégré la Société
du Chrysanthème en 1889. Les membres du
club lui vouent une certaine fascination, car elle
est dotée de grands pouvoirs magiques, dont la
jeunesse éternelle sous les traits d’une belle et
douce jeune fille d’une vingtaine d’années.
Kagamiko Kaneko agit toujours dans son
intérêt : se nourrir du Ki des membres et
pousser les personnalités enclines au chaos à
agir. En ce sens, elle mène plusieurs actions :
• Elle conseille à Sayamoto Ginata de voyager
en Allemagne en 1920 ;
• Elle permet l’ascension de Murakami
Genryū à la tête du Chrysanthème bleu ;
• Elle est l’instigatrice de l’Ordre céleste,
l’assassinat de masse de la majorité des
membres du Chrysanthème bleu ;
• Elle profite du désir de vengeance de
Shibata Jigoro, l’une des Quatre Fortunes,
pour infiltrer la famille Matsuda sous
les traits d’Abe Hama, la maîtresse de ce
dernier.
Les rites
Le Chrysanthème bleu
La société emploie toujours les rites de la
Société du Chrysanthème inspirés de la franc-
maçonnerie : rituel d’intronisation, de cohésion
effectué tous les ans, rite pour accéder aux
bibliothèques ésotériques, etc.
Le Chrysanthème noir
À chaque pleine lune, des rituels ou des
cérémonies religieuses sont pratiqués. Les
membres se réunissent pour recevoir les
révélations du maître Sayamoto Ginata sur les
orientations de l’organisation.
85
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 La Naissance
Dès qu’un initié reçoit la permission d’entrer
dans le Yomi, une crypte sombre, sans fenêtres,
située à Osaka, il doit jurer de garder le silence et
de toujours nier être membre de l’organisation.
Pendant l’initiation, qui comporte une mise en
condition psychologique ritualiste, les futurs
membres se battent dans la boue et sont frappés
physiquement. Cette étape de la cérémonie
représentant leur « mort » au monde. Puis ils
se mettent nus dans une fosse recouverte de
soie blanche.
Après cette purification, les intronisés revêtent
des kimonos rouges, associés au disque solaire
représentant la déesse du soleil Amaterasu. Il
symbolise leur nouvelle identité en tant que
descendant divin poursuivant dorénavant des
objectifs « plus élevés ». La société baptise son
initié d’un nouveau nom, signe de sa renaissance.
Durant cette initiation, les nouveaux
adeptes découvrent le décor du
Yomi, constitué d’objets et
notamment d’emblèmes
nazis gardés comme des
reliques.
Ils sont aussi amenés à la
prostituée noire, la seule
résidente à plein-temps
du Yomi, dont le rôle est de
garantir que l’initié sorte plus
mûr qu’en y entrant.
Lieux de rencontre
Le Chrysanthème noir
Ses membres se retrouvent
dans leur quartier général à
Yokohama dans une demeure de
style hollandais en brique rouge.
Dans son sous-sol secret se situe
le Yomi. Tous les murs y sont
décorés de velours noir. La
cérémonie de la Naissance se
déroule dans une loge dont
les murs sont recouverts
de velours rouge avec un
pentagramme.
Une cellule est établie à
Nagasaki sur l’ancienne
île de Dejima et deux
dans des appartements
prestigieux à Kobe et
Osaka.
86
Le Chrysanthème bleu
La société ne possède plus que le siège de feu la
Société du Chrysanthème. Cette riche demeure
en brique de type anglais se situe dans la partie
aisée du port de Tokyo, dans le quartier du
château impérial et est flanquée d’un hôtel
particulier pour loger les sociétaires (et parfois
des personnes recommandées) pour quelques
nuits. Elle possède une bibliothèque en sous-
sol. La société déménage de Tokyo pour établir
son quartier général à Hiroshima en 1932.
Interactions avec les autres organisations
Lors de cette période troublée, le Chrysanthème
bleu a pu compter sur le soutien des Nakajima
qui, bien qu’affaibli, lui permit de combler la
chute des capitaux engendrée par le départ
de Sayamoto Ginata et de presque tous les
sociétaires liés à l’industrie.
Au début des années 1930, le Chrysanthème
noir, en recherche d’alliés, se rapproche de la
nouvelle structure occulte du gouvernement,
bâtie en grande partie sur les ruines de
l’Académie impériale des arts et traditions
populaires : l’unité Togo (future unité 731).
Le Chrysanthème noir lance l’ordre d’exécution
(l’ordre céleste) de la plupart des membres
influents du Chrysanthème bleu en 1931. Il
perdure jusqu’en 1934.
Les Quatre Fortunes
(Erabaretazoku)
(Voir L’époque d’Edo, p. 94)
Les Quatre Fortunes
Action : 4
Connaissances : 4
Ressources : 4
Magie : 4
Les descendants des quatre élus de Nyarlathotep
poursuivent le plan multiséculaire de leurs
ancêtres. Il s’agit toujours d’augmenter la
puissance de ces quatre familles en prenant le
contrôle économique du pays. La concurrence
des autres zaibatsu, bien plus riches et
influentes qu’elles, et le souci de rester le plus
discret possible font qu’elles interviennent
rarement directement. Depuis la chute du
Traqueur Infernal dans les années 1920, il ne
reste plus que des humains à la tête de son
culte et des Quatre Fortunes pour continuer
la mise en place de son grand Plan.
Les quatre zaibatsu décident de passer à
l’étape suivante et de prendre le contrôle de la
société japonaise afin de la dévoyer à tel point
que N’Metzu se réveillera et que le Traqueur
Infernal reviendra. Elles se contentent d’avoir
une vision globale au plus juste des factions
occultes du Japon et de neutraliser les plus
puissantes en finançant les organisations
les plus abordables et les moins influentes.
En 1929, les Quatre Fortunes rachètent
Nakajima Inc. et financent par leurs zaibatsu
l’Océan noir. La famille Arai amorce le
rapprochement des Quatre fortunes pour à
long terme former une seule et unique entité :
Otonnando Financial Corp.
Effectifs
Bien que chaque zaibatsu ait une taille
différente, elles emploient directement pas
moins de 24 000 Japonais à elles quatre.
Chaque corporation est dirigée par un conseil
d’administration composé des dix membres les
plus importants.
Nakajima Inc. comprend encore 20
manufactures sur les quatre îles principales du
Japon. Elles collectent des matériaux occultes et
confectionnent des artefacts mystiques.
Dramatis personae
Matsuda Masaru
Âgé d’une soixantaine d’années, Matsuda
Masaru trempe dans les affaires politico-
financières. En 1931, cet homme à femmes
rencontre Abe Hama (Kagamiko Kaneko), une
jeune femme de 22 ans qui devient sa maîtresse
et qu’il épouse en 1932. Il se rend responsable
de fraudes fiscales, blanchiment d’argent et
extorsions de fonds. Le Groupe Matsuda fait
souvent les premiers titres de la presse nationale.
Masaru gène les autres membres des Quatre
Fortunes qui prévoient de le « faire sortir » du
jeu d’une manière ou d’une autre.
Matsuda Masaru
FOR +2 DEX +1 CON +2
INT +3 PER +1 CHA +3
DÉF 11 PV 47 Init 11
Pistolet +8 DM 2d6
Les secrets
Mains nues +9 DM 1d4 + 2
Voies de l’ésotérisme et des relations rang 3.
Poison : les lèvres de Matsuda Masaru
sécrètent une substance qui attaque le système
nerveux. Une créature touchée doit réussir un
test de CON difficulté 15 ou se retrouver dans
l’état Paralysé pendant une heure.
Aura de vide intérieur : toute créature
présente à moins de 20 mètres de Matsuda
Masaru subit une pénalité de 5 à tous ses tests
de résistance mentale et toute opposition de
CHA contre Matsuda. De plus, si la créature
possède une addiction, elle ne peut résister à
l’envie de l’assouvir immédiatement.
Yoshida Sayoko, la jeune fille au bonsaï
Âgée de 25 ans, la petite-fille de Narumi, cruelle
et sadique, pratique la magie corrompue.
Sa douceur physique contraste avec sa
perfidie. Inquiétante, elle siège au conseil
d’administration avec son bonsaï portant
des kanji sur chaque branche. Lorsqu’un
des membres de ce conseil l’incommode,
elle n’hésite pas à couper délicatement le
feuillage, infligeant à ce dernier des douleurs
incommensurables, pouvant aller jusqu’à la
mort. Elle gère ainsi par la terreur sa zaibatsu,
la plus riche des Quatre Fortunes.
Yoshida Sayoko
NC 6
FOR +0 DEX +2 CON +3
INT +2 PER +2 CHA +3
DÉF 12 PV 39 Init 12
ATM +8 PM 26
Voie de l’autorité rang 3.
Voie de la chinurareta maho rang 4.
Sorts : tous les impies de rangs 1, 2 et 3.
Aura de destruction : toute créature présente
à moins de 20 mètres de Yoshida Sayoko doit
réussir un test de CON difficulté 15 à chaque
tour ou perdre 1d6 PV. Ses dégâts à mains
nues passent au d6.
87
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 Arai Noburoshi
Arai Noburoshi est toujours le dirigeant
des Arai. Immortel, il est devenu un sorcier
accompli et puissant. Il a déjoué et annihilé tous
les complotistes de sa famille. Sa corporation
ayant subi de lourdes pertes financières à cause
des guerres intestines qui rongeaient sa famille,
il a convenu d’une union avec Yoshida Sayoko
pour mettre en commun leurs ressources
financières et leur savoir occulte. L’Arai Yoshida
Corp naît en 1933.
Arai Noburoshi
NC 6
FOR +1 DEX +2 CON +1
INT +3 PER +3 CHA +2
DÉF 12 PV 37 Init 12
ATM +9 PM 28
Voies de l’ésotérisme et de la shi no maho
rang 4.
Sorts : tous les impies de rangs 1, 2 et 3.
Aura de maladie : toute créature présente
à moins de 20 mètres d’Arai Noburoshi doit
réussir un test de CON difficulté 15 ou devenir
porteur d’une maladie contagieuse. L’effet et
les conséquences de celle-ci doivent être définis
par le Sensei au moment de la rencontre. De
plus, si la créature est déjà malade en entrant
dans l’aura, Arai peut intensifier l’infection
en la transformant en maladie mortelle si elle
est bénigne, ou tuer la victime si sa maladie
est déjà mortelle.
Shibata Jigoro
Shibata Jigoro est un homme avec une éthique
« morale ». Il ne supporte pas la dérive de
son ami d’enfance Masaru. Il veut aussi se
venger de l’affront qu’il a fait à sa famille en
refusant le mariage entre leurs petits-enfants
Shibata Ruri et Matsuda Toshio. À cette
fin, il pactise lors d’un sort d’appel d’un des
Nihon san Dai Aku Yokai avec la puissante
Tamamo no Mae. Cette dernière, en échange
de son âme, devient la maîtresse de Masaru en
prenant l’identité d’Abe Hama dans le but de
précipiter sa chute et faire disparaître à jamais
les Matsuda. Jigoro ignore que cette puissante
yokai est déjà liée à Mayuri Ito et qu’il vient de
faire entrer « le loup dans la bergerie », servant
opportunément ses plans.
88
Shibata Jigoro
NC 5
FOR +1 DEX +2 CON +2
INT +2 PER +1 CHA +3
DÉF 12 PV 32 Init 12
Pistolet +7 DM 2d6
Voies de l’ésotérisme et de l’autorité rang 4.
Aura de désillusion : toute créature présente
à moins de 20 mètres de Shibata Jigoro
doit réussir un test de Résistance mentale
difficulté 15 ou se retrouver piégée dans les
illusions. Les effets et les conséquences de
celles-ci dépendent de la volonté de Shibata.
Dès qu’une action de la créature mène à une
agression ou à se mettre en danger, elle peut
tenter à nouveau le test de Résistance mentale
pour se libérer. L’illusion dure 12 heures après
avoir quitté l’aura.
Les rites
Seuls les chefs des Quatre Fortunes continuent
à pratiquer des rituels en l’honneur de leur
dieu disparu. Le culte au sens strict du terme
est remplacé par l’endoctrinement de masse des
salariés et de la population.
Lieux de rencontre
Les chefs des Quatre Fortunes se réunissent
peu à cette période. Lorsque leur agenda le
leur permet, ils se rassemblent au siège de
leurs corporations respectives pour discuter du
grand Plan de leur Seigneur.
Interactions avec les autres organisations
Restant encore discrètes pour suivre les étapes du
grand Plan, les Quatre Fortunes découvrent un
culte d’Hastur sur une source de Ki récemment
corrompue : le culte du Jaune doré. Ce dernier
est rapidement décimé. Trop confiantes en
leur situation, les Quatre Fortunes négligent la
surveillance des antagonistes potentiels. Elles
n’ont pas conscience du rôle de Mayuri Ito.
Les Quatre Fortunes soutiennent l’Océan noir.
La société du Dragon
noir (Kokuryūkai)
(Voir La Voie du Sensei, p. 136)
La société du Dragon noir
(Kokuryūkai)
Action : 3
Connaissances : 3
Ressources : 5
Magie : 1
La société du Dragon noir évolue davantage
comme une organisation politique et attaque
les pensées libérales et de gauche. Bien que
son effectif ne dépasse jamais quelques
dizaines de membres au cours de cette
période, ses liens étroits avec les principaux
membres du gouvernement, de l’armée et des
chefs d’entreprises puissants lui ont donné
un pouvoir et une influence beaucoup plus
grande que la plupart des autres groupes
ultranationalistes.
Le Dragon noir fait pression sur les politiciens
japonais pour qu’ils adoptent une politique
étrangère forte. Il a également soutenu le
panasiatisme (idéologie visant à unir les
peuples d’Asie), et apporte un soutien financier
à des révolutionnaires tels que Sun Yat-sen,
président de la République de Chine entre 1917
et 1925, et Emilio Aguinaldo aux Philippines.
Au cours de la guerre russo-japonaise,
l’annexion de la Corée et l’intervention en
Sibérie, l’armée impériale japonaise fait usage
du réseau du Dragon noir pour des missions
d’espionnage, de sabotage et d’assassinat. Le
Dragon noir œuvre également pour l’invasion
de la Mandchourie. Ainsi, il organise la
guérilla des seigneurs de la guerre de la région
contre les Russes. Le plus important d’entre eux
étant le maréchal Chang Tso-lin. Interprète
pour l’armée japonaise, il mène également
une guerre psychologique en collaboration
avec elle, usant de désinformation et de
propagande dans toute la région.
Le Dragon noir aide le colonel Motojiro
Akashi, un espion japonais. Akashi, qui n’est
pas un membre des Dragons noirs, réussit
des opérations en Chine, en Mandchourie,
en Sibérie et établit des contacts à travers le
monde musulman. Ces connexions en Asie
centrale sont maintenues durant la Seconde
Guerre mondiale. Enfin, les Dragons noirs
établissent des alliances avec des sectes
bouddhistes à travers l’Asie.
Initialement anti-russe dans les années 1930,
la société du Dragon noir étend ses activités
dans le monde entier et des membres et des
agents sont présents dans des lieux aussi
divers que l’Europe, le Maghreb ou encore en
l’Amérique du Sud.
Les secrets
Par la suite, le Dragon noir est officiellement
dissous par ordre des autorités d’occupation
américaines en 1946.
Effectifs
La société est dirigée par les quatre Dragons,
quatre personnages qui coordonnent toutes
les actions du groupe. Parmi eux se trouvent le
secrétaire personnel du ministre de la Guerre,
Miura Kagetoki, un professeur de l’université
de Tokyo important, Ukita Juzaburō, un chef
de clan yakusa, Morozane et un sensei en
maho, Masao.
Miura Kagetoki a pris une certaine ascendance
grâce aux nombreux capitaux qu’il a ramenés. Les
autres enquêtent déjà pour savoir d’où provient
cet argent. Certains espions engagés ont trouvé
un nom, bien qu’il ne soit associé à aucun visage
encore : une femme du nom de Mayuri Ito.
La société recrute des agents dans une école de
formation à l’espionnage, qu’elle envoie pour
recueillir des renseignements sur les activités
bolcheviques en Russie, en Mandchourie, en
Corée et en Chine.
Dramatis personae
Doihara Kenji
Le meilleur espion du Dragon noir en
Mandchourie cherche l’alliance du maréchal
Zhang Zuolin, mais face à ses réticences,
il l’élimine dans un attentat en 1928. Il est
surtout l’instigateur de l’incident de Mukden,
le 18 septembre 1931, qui sert de prétexte
à l’invasion de la Mandchourie par l’armée
japonaise. Plus tard, il œuvre à placer Pu Yi, le
dernier empereur mandchou, sur le trône de
l’État du Grand Empire Mandchou.
Doihara Kenji
NC 6
FOR +1 DEX +2 CON +2
INT +2 PER +2 CHA +2
DÉF 12 PV 38 Init 12
Pistolet +8 DM 2d6
Couteau +7 DM 1d6 + 1
Voies de l’investigation et de la furtivité rang 3.
Interactions avec les autres organisations
La société du Dragon noir s’oppose ouvertement
à l’Océan noir. Elle ne semble pas prêter
attention, ou ne pas avoir connaissance des
autres organisations occultes.
89
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 L’unité 731
(anciennement Togo)
(Voir La Voie du Sensei, p. 137)
L’unité 731 (anciennement Togo)
Action : 4
Connaissances : 4
Ressources : 5
Magie : 2
L’unité 731, créée entre 1932 et 1933 par
mandat impérial, est une unité militaire de
recherche bactériologique. Dirigée par Shiro
Ishii, elle effectue des expérimentations sur
des cobayes humains, des recherches sur
diverses maladies en vue de créer des armes
bactériologiques et met en pratique ses
découvertes sur les champs de bataille et les
populations civiles. Shiro Ishii est secondé
par son amante Mayuri Ito. Cette dernière
lui apporte des ressources mystiques qui
pourraient devenir les outils de la victoire
écrasante du Japon impérial sur le monde.
Cette unité utilise les richesses rescapées de
l’Académie impériale des arts et traditions
populaires. Elle est composée des chercheurs
de la base secrète du Lotus écarlate et des
membres du Chrysanthème noir, dont le
Suprême leader Sayamoto Ginata.
Éprise d’occultisme, Otsuka Aika, le bras droit
de Shiro Ishii, crée une section dévouée aux
sciences occultes, la Main Tendue vers un
Avenir Meilleur (Yori yoi mirai he no michi).
Elle oriente les études de la section occulte
90
vers la création de super soldats aux aptitudes
surnaturelles. Ces recherches reposent sur des
tablettes provenant d’échanges entre une race
extraterrestre et l’Académie impériale des arts
et traditions populaires. Après d’interminables
mois de décryptage, elles révèlent la méthode
de création de créatures servant aveuglément
leurs créateurs. Otsuka Aika implante
plusieurs centres de recherche près de Tokyo et
d’autres grandes agglomérations ainsi qu’une
immense structure à Harbin en Mandchourie.
Elle établit un partenariat avec Nakajima
Inc. afin d’utiliser leurs ressources issues de
créatures cosmiques.
Membre de l’unité 731
NC 3
FOR +0 DEX +1 CON +1
INT +2 PER +1 CHA +1
DÉF 11 PV 24 Init 11
Effectifs
Tous les hommes de Shiro Ishii sont vêtus
de combinaisons mêlant cuir et matière
synthétique. Une grande cagoule sombre et
d’épaisses lunettes enferment leurs visages.
Cette tenue est censée leur assurer une
protection contre les maladies. La lourdeur de
leur équipement leur impose une démarche
saccadée. Ils ne peuvent pas tourner la tête
et leur angle de vue est considérablement
réduit, les contraignant à pivoter entièrement
dès qu’ils se tournent. Leur voix est étouffée
par le masque.
L’unité de Shiro comporte environ
3600 personnes, dont une cinquantaine de
médecins militaires, autant d’ingénieurs,
environ quarante infirmières et plus d’un
millier d’auxiliaires.
Shiro Ishii
Sournois, arrogant, meurtrier.
Le créateur de l’unité 731 est un homme sinistre,
arrogant et cynique.
Dénué d’empathie, il ne s’intéresse qu’à la
science et aux résultats de ses expérimentations,
comme l’inoculation de pestes sur quelques
spécimens humains avant de passer à des tests
à grande échelle sur des villes. Il se spécialise
dans la recherche bactériologique depuis 1924.
En 1928, il falsifie des rapports affirmant que
les forces occidentales préparent des armes
bactériologiques.
Devenu membre de différentes sociétés secrètes
dès 1930, Shiro Ishii a le soutien des hommes les
plus puissants du Japon. Il est nommé lieutenant-
général et dès 1932, il lance les premières
expérimentations sur les êtres humains.
Shiro Ishii
NC 5
FOR +1 DEX +2 CON +1
INT +4 PER +1 CHA +3
DÉF 12 PV 34 Init 12
Pistolet +7 DM 2d6
Voies de l’ésotérisme et de l’autorité rang 3.
Otsuka Aika
Les secrets
Froide, malaisante, implacable.
Personne ne connaît le passé de la directrice
de la section occulte. Cette jeune femme de
30 ans présente une chevelure blanche avec
une seule mèche noire. Une rumeur évoque
qu’elle serait le résultat d’une rencontre avec des
forces mystiques dépassant la compréhension
humaine. Aika est d’une beauté morbide. Son
teint de porcelaine et ses yeux inexpressifs noirs
donnent la sensation d’être en présence d’un
prédateur démuni d’humanité. Les nombreux
ragots à son sujet rendent son aura des plus
malsaine et malfaisante : cannibalisme, magie
du sang, scarifications rituelles, tortures
psychologiques, rites sexuels morbides, etc.
Aucun tabou sociétal ne semble toucher Aika.
Même Shiro Ishii paraît parfois déconcerté par
sa présence lors de leurs entrevues.
Otsuka Aika
NC 7
FOR +1 DEX +2 CON +1
INT +3 PER +2 CHA +3
DÉF 12 PV 48 Init 12
ATM +10 PM 30
Pistolet +9 DM 2d6
Couteau +7 DM 1d6 + 1
Voies de l’ésotérisme
et du tsumi no maho rang 3.
Sorts : tous les impies
de rangs 1 et 2.
91
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 Les expérimentations L’objectif de ces recherches est l’amélioration
des armes bactériologiques et le renforcement
Les premiers cobayes humains sont les
de la résistance des soldats japonais. Tout
résistants aux régimes ultranationalistes de
effet sur les cobayes est notifié ainsi que leur
l’Empire du Grand Japon : Coréens, Chinois
évolution. La résistance humaine est testée : le
et condamnés à mort. Les camps de l’unité 731
temps nécessaire pour qu’un être humain meure
reçoivent par la suite des prisonniers militaires
privé de sommeil, de faim ou de déshydratation
américains, chinois ou russes, puis des citoyens
est chronométré. Les marutas survivants sont
accusés d’agitation, des femmes et des enfants.
laissés sans soins, agonisant dans leurs cellules.
Des centres de recherche sont implantés à
Ils subissent de nouveaux essais, jusqu’à ce que
Harbin, Mukden et d’autres villes du continent.
mort s’ensuive.
Les cobayes de l’unité entrent au « bloc Rô »
où ils perdent toute identité pour devenir des
marutas (bouts de bois), de simples numéros
Lieux de rencontre
sur les sinistres registres d’expérimentation.
Les baraquements de détention des prisonniers L’unité 731 est basée à Pingfan près de Harbin,
contiennent 200 individus enchaînés dans des au centre de la Mandchourie, et camouflée
cellules. La barbarie des scientifiques et des en unité de purification de l’eau destinée aux
officiers est omniprésente. troupes. Elle occupe un énorme complexe de
150 bâtiments. Au plus fort de son activité, à
partir de 1938, des milliers de collaborateurs
Les expérimentations sous couvert de recherche œuvrent vers leur objectif principal, la mise
bactériologique sont multiples, diverses et au point d’armes bactériologiques meurtrières.
variées, avec pour seule limite l’imagination Dans le bloc Rô, les chercheurs font des
sadique des hauts dignitaires de l’organisation : expériences sur des êtres humains.
• Forces centrifuges extrêmes ;
• Décompressions ;
Interactions avec les autres organisations
• Electrocutions ;
• Vivisection ; L’unité 731 semble profiter des apports des
• Effet du froid avec observation des différentes factions du Mythe, que ce soit par
nécroses ; Mayuri Ito ou les Nakajima Inc. pour perpétrer
les pires atrocités et crimes. Le but de Shiro
• Immersion dans l’eau bouillante ;
Ishii est d’imposer la suprématie de l’empire en
• Immolation au lance-flammes sur tout ou utilisant toutes les ressources possibles pour
partie du corps ;
arriver à son but ultime.
• Expositions prolongées aux rayons X ou à
la surpression atmosphérique ;
• Greffe d’animaux sur des corps humains ;
• Inoculation de souches de maladie : peste,
choléra, dysenterie, typhus, etc. ;
• Essais de bombes à la gangrène, du cyanure,
de différents gaz sous prétexte d’étudier la
durée et les formes de l’agonie.

92
 Les secrets

93
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 Chapitre 8

Teinture chatoyante
Scénario - par Alicia & Raphäel Hamimi

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Synopsis
Durant l’opération Doolittle menée par les
Américains en réponse à l’attaque japonaise
de Pearl Harbor, Tokyo est bombardée pour
la première fois. En cette sinistre nuit du
18 avril 1942, les filles de l’okiya de Chizako
Isoko sont évacuées par le protecteur d’une
des geishas, M. Ikeda. Ce dernier les conduit
loin de la capitale à la teinturerie Nakajima
pour les mettre à l’abri, le temps que la guerre
s’achève. Les Eiyu doivent renoncer à leurs vies
de geishas pour se plonger dans un nouveau
quotidien, loin des arts et de l’esthétisme
qu’elles pratiquaient. La promiscuité avec
les ouvrières, la dangerosité des produits
utilisés, les rivalités entre femmes, la
jalousie, les lourdes charges physiques du
travail, l’austérité des lieux sollicitent leurs
résistances jusqu’à leurs limites. Au cours
des jours passées au sein de la teinturerie, les
Eiyu vont remarquer que celle-ci renferme de
lourds secrets. Entre disparitions de certaines
filles, symptômes de maladies inconnues
et agissements suspects, voire étranges, de
certains responsables de cette industrie, les
Eiyu verront leur psychologie mise à rude
épreuve. La teinturerie Nakajima est le théâtre
d’événements dont la dureté observable n’est
que la partie visible d’un iceberg à la sinistre
et sombre réalité.
Ambiance
Ce scénario est un huis clos dont la rudesse
des conditions de travail de la teinturerie
laisse place à un surnaturel pesant et lourd de
mystère.
Nombre de joueurs
Idéalement, ce kaidan est prévu pour être joué
avec les cinq personnages fournis et présentés
plus loin.
Durée estimée
Entre 12 et 14 heures.
96
Découpage du kaidan
La fuite de Tokyo et l’arrivée à la teinturerie
sont les seuls éléments impondérables. Par
la suite, le Sensei est libre d’échelonner les
divers événements au cours de la partie.
L’avènement des différents élans narratifs est
la véritable difficulté.
La première partie de l’histoire s’attarde sur le
contexte social et les difficultés d’intégration
des Eiyu au monde ouvrier. Elles peuvent être
tolérées, mais très rarement acceptées par les
ouvrières. La découverte de la teinturerie et de
ses occupants rend l’atmosphère oppressante.
Au cours des jours de travail, les Eiyu peuvent
découvrir plusieurs postes (mordant, lavage,
etc.) à la discrétion du Sensei. Selon le temps
de jeu envisagé, ce dernier peut inclure
progressivement des éléments dramatiques
(altercations avec les ouvrières, vols,
calomnies, guerres de « clans », maltraitances
par Miura, avances plus ou moins sexistes
des hommes, punitions, etc.), étranges
(présence de gardes armés, disparition des
travailleuses immigrées dans un premier
temps, arsenal militaire, surveillance accrue,
etc.) et fantastiques (intrusion des Tamashii
nuki, cris venant de l’extérieur et tirs des
gardes, signes de contaminations, légendes
du village, examens médicaux de Kouzuki,
etc.) dans l’ordre de son choix.
La mort de Yamiko et la disparition de Jinko
permettent d’amplifier la tension et d’accélérer
le déroulement du kaidan.
La finalité dépend totalement des lieux visités et
des actions des Eiyu.
Introduction des Eiyu
Les Eiyu, de sexe féminin, sont liées à l’okiya
de Chizako Isoko. Même si des relations de
rivalités et de jalousies existaient à Tokyo,
elles doivent surmonter leurs différends
passés pour être unies face à l’adversité et
à l’horreur qu’elles découvriront au cours
de cette aventure. Les Eiyu ont un profond
respect des unes et des autres, créant des liens
qu’on pourrait qualifier de familiaux.
La tâche d’une geisha est de divertir par
les chants, la musique et la discussion
ses clients. Parfois mariées, les geishas
n’offrent, officiellement, jamais leurs
charmes à ceux qu’elles divertissent à
moins qu’elles en soient amoureuses.
Mais dans la réalité, seules les plus riches
et les plus célèbres de ses dames peuvent
se passer de ce gain d’argent. Ces dames
raffinées, indépendantes ou sous contrat
d’okiya (maison où logent les geishas)
doivent pourtant rembourser leurs
formations. En moyenne, il faut quinze
années à une geisha pour rembourser
son contrat (nenki), sachant que la
moitié de son salaire est ponctionné par
l’okiya pour le logement, la nourriture
et la blanchisserie.
Elles doivent rester unies pour survivre :
• dans un milieu professionnel rude et
dangereux ;
• face à la méchanceté et mesquinerie de
certaines ouvrières ;
• aux avances des hommes ;
• aux créatures qui ont infesté la teinturerie.
Les personnages pré-tirés sont disponibles p. 117,
et en téléchargement à l’adresse suivante :
www.deadcrows.net/index.php/studio-deadcrows/
cthulhu-no-kami/telechargement-cnk/
Mise en place
Teinture chatoyante
Les sombres secrets
de la teinturerie
Il y a une soixantaine d’années, vers 1880, le
clan Nakajima s’est établi à proximité du village
d’Utsugawa, voisin du lieu de nidification du
Dard rouge (Aka dokushin, voir La Voie du
Sensei, p. 187), dans les cavernes des monts
Kiso. Cette entité est surveillée depuis des
décennies par la Confrérie des Comptoirs
des artisans, car ses œufs offrent la matière
première à l’élaboration d’un pigment aux
propriétés magiques.
Les premières approches ont été peu probantes.
Afin de pouvoir récupérer et utiliser les
œufs de l’entité sans attirer l’attention,
les Nakajima ont installé une
teinturerie comme « couverture »
pour les villages voisins.
Ce complexe
est dirigé par
Sugimoto Tomoe.
Le professeur Kouzuki
Akimoto, éminent
occultiste et scientifique,
supervise les recherches sur
les créatures du Mythe. Les
hommes du clan Nakajima font
construire sous les baraquements
de la teinturerie un laboratoire
pour étudier les phénomènes liés
à ces créatures et un bunker avec
une isolation phonique. Le Dard
rouge est sensible aux cris émis
par sa progéniture lors de leur
éviscération.
97
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 En 1892, les premiers
rejetons du Dard rouge
sont amenés à la teinturerie
pour être éviscérés dans le
bunker. Leurs pancréas sont
récupérés, traités et raffinés
pour donner un pigment,
le kotei shinsha (cinabre
impérial). L’extraction de
l’organe est dangereuse. Le
liquide résineux provenant
du pancréas est toxique
pour l’humain.
Les précautions mises en
place par le professeur
Kouzuki ne sont pas
respectées. Les premières
ouvrières de la teinturerie
sont alors exposées aux spores, les somnum
horibilis, et contaminées. Finalement, trois À partir de novembre 1911, des hommes avec
ouvrières infectées finissent par s’enfuir dans des armes à feu défendent la teinturerie. Cette
la forêt non loin de la teinturerie. A la suite mesure limite les intrusions des Tamashii nuki.
de ces événements, Sugimoto ordonne la
construction d’une enceinte protectrice, une
fortification en bois renforcé de cinq mètres Les Tamashii nuki sont des êtres ayant perdu
de haut. Cependant, cette muraille n’empêche toute forme de conscience et d’humanité au
pas les attaques des humains contaminés et comportement violent, difficiles à contrôler et
parasités par les spores, appelés Tamashii nuki à exterminer. Avec le temps et à chaque cycle
(Sans Âmes) au fil des années. de reproduction et de pondaison du Dard
rouge, ces créatures évoluent et deviennent de
plus en plus intelligentes. Elles possèdent un
raisonnement qui leur semble propre.
Le professeur Kouzuki Akimoto voit en elles
Kotei shinsha une opportunité. En contrôlant ces « choses »,
il pourrait savoir comment transformer des
Le cinabre impérial est un pigment aux humains en « surhommes » et les soumettre
vertus magiques. Ses capacités varient pour en faire de « supersoldats ». Toutes les
selon l’utilisation qu’on en fait. Il peut femmes contaminées par les spores sont
servir pour teinter des tenues (des enlevées et plongées dans un sommeil profond
tuniques, etc.) ou lors de la création dans le laboratoire par la mise en place d’une
de tatouages. Le cinabre impérial se aiguille à la base du crâne jusqu’au cervelet.
présente sous forme de poudre. La Cet instrument inhibe la transformation et
finesse et la forme des grains peuvent paralyse les filles.
changer assez considérablement la
teinte rouge. Le 15 mars 1942, le Dard rouge entame un
nouveau cycle et pond son premier œuf. Les
Le cinabre impérial est issu de la premiers Tamashii nuki sentent « l’appel »
transformation du pancréas des de l’entité.
rejetons du Dard rouge. L’organe est
extrait des créatures, puis raffiné, séché Le 22 mars 1942, lors d’une nouvelle attaque
et compressé. Sa préparation nécessite très violente par ces êtres zombifiés, deux
un broyage traditionnellement effectué gardes sont tués. Quatre miradors (un à chaque
au mortier et au pilon. Les poudres sont angle du complexe) sont implantés sur les
moulées en trochisques qui sont broyés fortifications déjà existantes et les murs y sont
avant emploi à la molette. surélevés de deux mètres supplémentaires.

98

Aka dokushin
(le Dard rouge)
Le Dard rouge est un rejeton de Mugenbo.
Cette créature couleur vermillon a une
silhouette de forme insectoïde et mesure
une dizaine de mètres de haut. Elle possède
deux paires d’ailes puissantes, et une tête
chitineuse avec quatre paires d’yeux, dont
deux immenses. Un neuvième œil, qui
occupe une position centrale, voit les auras
magiques, alors que sa carapace lui permet
de se construire un voile d’invisibilité.
Sa bouche a plusieurs mandibules acérées et,
sur son abdomen, une sorte d’agrégat rocheux
contient tous les nutriments nécessaires à sa
progéniture, qu’elle a absorbés au préalable.
En effet, cette entité hermaphrodite n’a pas
besoin de partenaire pour se reproduire et a la
capacité de s’autoféconder tous les trente ans
en s’injectant son propre sperme. Elle pond
ensuite ses œufs dans les cavernes situées non
loin des monts Kiso et, durant sa gestation,
elle ingère une grande quantité de nourriture
d’origine animale ou humaine qu’elle stocke
dans son abdomen pour préparer l’arrivée
de ses rejetons (entre vingt et quarante par
portée). Après avoir pondu, elle s’endort
jusqu’à l’éclosion des œufs, et seuls les cris de
sa progéniture sont capables de la réveiller.
Le corps du Dard rouge se termine par un
dard brumeux, dont la piqûre endort sa
victime. Celle-ci est alors plongée dans un
sommeil profond, qui emporte son esprit dans
le monde souterrain des contrées du Rêve sans
possibilité de retour.
Capacités spéciales du Dard rouge
Immunités : un Dard rouge ne subit que la
moitié des DM de toute source, sauf la magie.
Attaques multiples : un Dard rouge peut
utiliser ses quatre pattes, son dard et ses
mandibules avec une action d’attaque, soit
un total de six attaques qu’il répartit à sa
guise. En revanche, il n’engloutit qu’une seule
créature à la fois.
Domination : un Dard rouge domine
mentalement tous les êtres dépourvus d’âme
présents dans un rayon de 100 mètres
Teinture chatoyante
autour de lui. Cela ne lui demande aucune
concentration ou action pour les diriger.
Engloutissement : après avoir réussi une
attaque de morsure, un Dard rouge peut
faire un test de FOR opposé avec sa victime.
S’il réussit, il l’a avalée. La victime est alors
considérée comme Immobilisée et subit
automatiquement 2d6 DM (constriction)
par tour jusqu’à ce que mort s’ensuive. Tant
que le Dard rouge l’absorbe, elle ne peut faire
qu’une seule action par tour, soit une attaque
en lui infligeant 20 DM dans un même tour,
soit tenter de s’extirper de la créature en
réussissant un test de FOR difficulté 20 (+2
par allié à la rescousse).
Immortel : un Dard rouge ne vieillit pas,
il peut mourir s’il est tué volontairement
ou par accident, sans quoi il peut vivre des
millénaires.
Régénération : un Dard rouge régénère 5 PV
par tour tant qu’il n’est pas réduit à 0 PV.
Venin : si une cible est touchée par l’attaque
d’un Dard rouge, elle doit réussir un test de
CON difficulté 20 (15 pour la progéniture) ou
se retrouver inconsciente dans l’état Paralysé.
Au tour suivant, elle doit réussir un test de
CHA difficulté 20 ou mourir, son esprit étant
alors définitivement projeté dans les contrées
du Rêve.
Dard rouge
NC 16 ; Taille gigantesque
FOR +8 ; DEX +2 ; CON +9 ;
INT +2 ; PER +4 ; CHA +4 ;
DÉF 19 ; PV 160 ; Init 15
Griffes +12 ; DM 2d6 + 8
Morsure +12 ; DM 2d10 + 8
Dard +12 ; DM 2d8 + 8
Abominable : voir un Dard rouge oblige à
faire un test de Résistance mentale difficulté 15
(2 PS). Voir une créature complètement
absorbée par un Dard rouge oblige à faire
un nouveau test difficulté 10 ou 15 s’il s’agit
d’un compagnon (2 PS). Si l’Eiyu est lui-même
absorbé et qu’il s’en sort, la difficulté est de 20.
99
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 Somnum horibilis
et Tamashii nuki
L’extraction du pancréas est dangereuse pour
les humains car il libère des spores (somnum
horibilis) qui transforment ses victimes
en Tamashii nuki. Une fois contaminée, la
cible mute en quelques heures. Les premiers
symptômes sont l’apparition de taches et de
colorations verdâtres sur le corps (extrémités
des membres puis abdomen) et par une perte
de cheveux par poignées. Elles sont suivies par
des démangeaisons allant jusqu’au sang. Ces
frictions cutanées favorisent la propagation de
la contamination du spore dans l’organisme.
Des excroissances finissent par perforer la
barrière cutanée en laissant des stigmates
purulents et nauséabonds. Par la suite, l’individu
présente des râles bronchiques de plus en plus
explosifs, allant jusqu’à des toux hémorragiques.
Lorsque les spores atteignent le cervelet, la victime
décède et se transforme en « mort-vivant ». Ce
stade final se présente par l’éclosion d’une tige
par l’orifice buccal qui arrache la mandibule du
visage. Ce champignon turgescent surgit alors
par la bouche et oscille pour communiquer avec
les autres de son espèce.
Tamashii nuki
Les capacités physiques de l’infecté sont
décuplées. Il peut se mouvoir très rapidement
en se désarticulant pour faciliter tous ses
déplacements. Les victimes en stade final n’ont
pas une pensée unique. Elles agissent grâce à des
instincts primaires et primitifs. Leurs actions
sont régies par la survie et leurs deux buts, se
retrouver entre elles et protéger la progéniture
du Dard rouge.
Les Tamashii nuki obéissent au Dard rouge. Si
l’entité est en sommeil, ces derniers réagiront à
tous les stimuli sensoriels et vibratoires basiques
en attaquant. Très résistants, ils sont difficiles
à tuer, cependant, si le Dard rouge meurt, ils
tomberont inertes.
Il est toutefois possible d’inhiber et de paralyser
un Tamashii nuki en plaçant une aiguille à la
base du crâne et en l’enfonçant en haut et en
avant jusqu’à atteindre le cervelet. Une balle
logée à cet endroit les tuerait sur le coup.
Capacités spéciales des Tamashii nuki
Plus mort que vivant : les Tamashii nuki n’ont
pas besoin de boire, manger ou dormir pour
subsister, mais n’ont aucune récupération de
PV. Ils doivent dévorer les matières organiques
pour se régénérer.
100
Immunités : les Tamashii nuki ne reçoivent que
la moitié des DM issus de projectiles (armes
à feu et à distance) ou d’armes contondantes
ou perforantes.
Désarticulation : un Tamashii nuki se déplace à
sa vitesse normale (10 par tour) sur tous les types
de terrains sauf aquatiques, ainsi qu’en escalade.
Il ne peut être Ralenti par l’environnement.
Pseudopode sensoriel : les Tamashii nuki
perçoivent tout son ou vibration du sol
dans un rayon de 100 mètres autour d’eux et
peuvent déterminer la direction, le nombre et
la taille d’une source de ces stimuli avec une
grande précision. Tenter de se cacher ou de les
surprendre inflige une pénalité de 5 aux tests
de discrétion.
Gardien du patriarche : les Tamashii nuki sont
voués à la protection et soumis mentalement
au Dard rouge et sa progéniture. En leur
présence et dans les 100 mètres autour de
lui ou d’un de ses rejetons, ils deviennent
immunisés contre l’état Étourdi, leur mod.
d’INT passe à 0 et ils ne fuient pas le combat.
Si leur maître s’éloigne hors de portée
du contrôle mental, ils reprendront leur
conscience primaire. S’ils doivent fuir, ils
feront tout pour le rejoindre.
Destruction : les Tamashii nuki ne peuvent
être détruits que par deux moyens : un pieu
enfoncé dans le cervelet ou la destruction du
Dard rouge ou du rejeton présent. Lorsqu’il
tombe à 0 PV, un Tamashii nuki est hors de
combat ; au bout d’une minute, il aura récupéré
un PV et se relèvera si personne n’a pris une
action limitée pour lui enfoncer un pieu dans
le cervelet. Si leur maître monstrueux meurt,
les Tamashii nuki seront alors immédiatement
tués peu importe leurs PV restants.
Tamashii nuki
NC 4
FOR +3 DEX +1 CON +4
INT -2 PER +2 CHA -2
DÉF 12 PV 25 Init 11
Griffes +5 DM 1d4 + 3
Apparence effrayante : voir un Tamashii
nuki demande un test de Résistance mentale
difficulté 10 (1 PS).
Structure de la
teinturerie Nakajima
Teinturier
Le métier de teinturier est très difficile
physiquement. Le poids des tentures
portées entre les diverses cuves courbe
le dos et brise les articulations. Les
divers bains servant à traiter le tissu
peuvent ébouillanter et les colorants
brûler ou colorer la peau notamment
les bouts des doigts et les ongles. Les
vapeurs des cuves bouillantes atteignent
et encrassent les poumons.
Pour être teint, un tissu parcourt
plusieurs étapes dans de grandes cuves
de bois. En premier lieu, il est nettoyé
à grande eau dans les rivières. Ensuite,
dans une cuve, un mordant est appliqué
afin de fixer la teinture dans le tissu. Le
procédé diffère en fonction de celui-ci.
Parfois, le mordant est dilué dans les
bains de teintures ou est appliqué après
celle-ci (plus rare). Enfin, le textile
est plongé dans le bain de colorant.
Les colorants doivent être dilués dans
l’eau bouillonnante. Le bain est remué
constamment pour que la teinture
s’effectue de manière homogène.
La partie visible
La teinturerie se situe dans une grande
plaine entourée par des montagnes aux
sommets enneigés. Elle est composée de
plusieurs bâtiments où se trouvent les cuves
(mordant, colorant) longeant une rivière.
Des baraquements sont mis à disposition
pour le personnel (un grand dortoir pour les
femmes et un plus petit pour les hommes), un
réfectoire, deux zones de stockage des tissus
et des colorants et une de conditionnement
des étoffes finies pliées. Pour finir, deux
zones sont destinées au lavage et au séchage à
proximité des rives. Les bureaux de Sugimoto,
Miura et de l’administration Nakajima se
trouvent au premier étage de l’entrepôt de
stockage des tissus. L’infirmerie et l’office
de Kouzuki se trouvent au premier étage du
conditionnement des textiles.
Au centre de la teinturerie, il y a une place
rectangulaire nommée le sanctuaire jin jin jin
avec une statue en pierre, sorte d’abura-zemi
(cigale) représentant le kami protecteur des
Teinture chatoyante
montagnes et de la vallée qui bénit la région
par son chant.
La teinturerie est encadrée par de hauts murs en
bois d’une dizaine de mètres avec deux grandes
portes métalliques permettant de pénétrer dans
son enceinte. Il y a quatre miradors où des
hommes armés de fusils surveillent l’extérieur.
Au nord de la teinturerie se trouvent deux
petites collines où sont nichés les appartements
de Sugimoto et de Kouzuki.
Les zones secrètes
Sous l’entrepôt du mordant, est enfoui à plusieurs
dizaines de mètres un bunker dans lequel la
progéniture du Dard rouge est emmenée pour
y extraire le pancréas à la base du cinabre
impérial. Les murs de l’installation ont une
épaisseur de cinq mètres. Cette manipulation
délicate est réalisée par les employées chinoises
et coréennes.
Progéniture du Dard rouge
NC 12 ; Taille géante
FOR +4 ; DEX +1 ; CON +4 ;
INT +0 ; PER +1 ; CHA +2 ;
DÉF 14 ; PV 70 ; Init 11.
Griffes +7 ; DM 1d8 + 4.
Morsure +7 ; DM 2d6 + 4.
Dard +7 ; DM 2d6 + 4.
Abominable : voir la progéniture du Dard
rouge oblige à faire un test de Résistance
mentale difficulté 15 (2 PS). Voir une créature
complètement absorbée par le Dard rouge
oblige à faire un nouveau test difficulté 10
ou 15 s’il s’agit d’un compagnon (2 PS). Si
l’Eiyu est lui-même absorbé et qu’il s’en sort,
la difficulté est de 20.
Les entrailles du sanctuaire jin jin jin
dissimulent le laboratoire de Kouzuki. Un
accès est possible par un levier dissimulé
sur la statue, actionné en poussant ses deux
orbites. Celle-ci pivote, dévoilant un long
escalier donnant sur un couloir, puis sur une
salle où sont entreposés les corps des ouvrières
contaminées plongées dans le sommeil. Au
fond, une porte ouvre sur une autre pièce
avec une table de dissection où un corps est
suspendu par un crochet.
101
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 Le personnel
Les ouvrières sont dirigées par des hommes,
à l’exception de Mme Miura. Des immigrées
chinoises et coréennes complètent les effectifs.
La teinturerie compte 20 personnes dont six
hommes, huit Chinoises et quatre Coréennes.
10 gardes sont dédiés à la surveillance du lieu.
Voici leur présentation en fonction de leur
poste.
Les dirigeants
(par ordre hiérarchique)
Sugimoto Tomoe
Raffiné, pondéré, maniaque.
Cet homme d’une soixantaine d’années est le
directeur de la teinturerie. Il laisse la gérance
à Kouzuki même s’il sait la vérité sur les
agissements de ce dernier. Très raffiné, il préfère
se consacrer aux arts zen et esthétiques et à sa
collection de bonsaïs. Les Nakajima lui ont offert
pour sa loyauté le Shamisen de Tsukuyomi, un
artefact mystique venant des contrées du Rêve
ainsi que des partitions capables de commander
et d’endormir les créatures du Mythe. Tomoe est
obsédé par cet étrange objet et les secrets qu’il
renferme. Atteint du syndrome de Parkinson,
il ne peut en jouer lui-même. C’est pourquoi il
prend depuis plusieurs années une courtisane
parmi les ouvrières et en fait sa favorite
afin qu’elle puisse maîtriser à la perfection
l’instrument. Il y a trois ans, il a pris Ebiko
comme apprentie musicienne de shamisen. Il
a développé pour cette dernière de véritables
sentiments amoureux. Il lui écrit un haïku
quotidien et lui a promis de lui offrir le poste de
Miura qu’il juge trop vieille, indigne de lui et de
ses fonctions pour la fin de l’année.
102
Miura, sa « concubine » depuis des dizaines
d’années, n’est pas au courant de ce qui se
trame réellement. Pour elle, Ebiko n’est pas
une menace, mais distrait l’amour de sa vie
avec sa musique.
Sugimoto Tomoe
NC 4
FOR +1 DEX +0 CON +2
INT +3 PER +2 CHA +3
DÉF 10 PV 27 Init 10
Voie de l’ésotérisme rang 2.
« Oncle » Kouzuki
Sociopathe, cruel, pervers.
Officiant comme médecin, Kouzuki Akimoto,
55 ans, a intégré la teinturerie dès les premiers
cas de contamination du somnum horibilis. Il
est censé contenir l’épidémie et neutraliser les
filles infectées avec « l’aiguille ». Kouzuki est
le véritable chef de la teinturerie. Sugimoto
lui laisse les pleins pouvoirs. Il organise des
réunions privées entre notables à la teinturerie
certaines nuits et des jeunes ouvrières choisies
par ses soins. Mais ces « réceptions » sont le
prétexte pour recevoir des hommes influents
dans le but de vendre ses recherches au plus
offrant. Actuellement, il est en contact avec
Shiro Ishii de l’unité Togo et des Allemands de
la société de Thulé.
Kouzuki appelle les ouvrières ses « nièces ».
Il adore jouer avec les émotions féminines
et se faire passer pour un déviant aux mœurs
particulières. Craint par toutes les femmes, il
en invite certaines lors de séances artistiques à
poser pour ses esquisses et estampes dans des
mises en scène particulières.
Cet homme aux mains bien manucurées
s’occupe de l’éducation de Sei, dans le but
de le préparer au Tensei. Il déambule dans
l’entrepôt du mordant pour épier les filles,
mais surtout pour superviser les vivisections
dans le bunker souterrain.
Kouzuki Akimoto
un « oncle » qui vous veut du bien
Sous l’aspect d’un homme d’une cinquantaine
d’années, Kouzuki Akimoto est un Implanté.
Sa véritable identité est Ushio Ishida, né en
930 à Kyoto, disciple d’Uchida Chikanori,
le père fondateur des Implantés. Kouzuki se
spécialise dans les connaissances concernant
le Mythe. Sous l’identité de Kouzuki Akimoto,
il intègre la teinturerie Nakajima où il
supervise les recherches secrètes dans son
laboratoire. Sugimoto lui accorde toute sa
confiance et en fait son bras droit. Appelé
« Oncle » par les ouvrières, il n’hésite pas à
dissimuler aux yeux de tous et surtout aux
Nakajima ses véritables motivations, en se
faisant passer pour un individu aux pratiques
déviantes. Akimoto vend ses connaissances
au plus offrant à l’insu de ses employeurs au
cours de ses « réunions privées ».
NC 6
FOR +1 DEX +1 CON +1
INT +4 PER +1 CHA +3
DÉF 12 PV 54 Init 12
ATM +10 PM 23
Voies de l’ésotérisme, de l’occultisme et du
péché rang 3.
Sorts : tous les impies de rangs 1 et 2.
Nezumi
Pervers, misogyne, raciste.
Le responsable de la surveillance des filles
du séchage est également le chef de tout le
personnel de la teinturerie. Il fait entrer de
l’opium pour les ouvrières et fournit Miura
pour Koko.
Corrompu, Nezumi est un psychopathe
de 40 ans qui abuse de son pouvoir sur les
ouvrières. Grossier et graveleux, il n’hésite
pas à rabaisser les filles et à leur infliger des
Teinture chatoyante
punitions corporelles en cas de désobéissance
ou de revendication.
Il est le plus impitoyable de tous les hommes
de la teinturerie. Il ne rate jamais une occasion
d’humilier les filles. Sa personnalité est à la fois
ridiculement exagérée et effrayante.
Nezumi
NC 6
FOR +3 DEX +1 CON +2
INT +1 PER +2 CHA +2
DÉF 11 PV 16 Init 11
Tonfa +8 DM 1d4 + 3
Murata Ushio
Droit, posé, professionnel.
Le chef d’atelier attaché aux cuves de colorants
méprise profondément Sugimoto dont il
souhaite prendre la place.
Ushio est un homme de 38 ans sévère et
juste. Il se préoccupe du bon fonctionnement
de l’entreprise et du traitement éthique des
ouvrières. Il montre de l’indignation face aux
affaires de corruption et de l’exaspération
face à l’inefficacité et à l’exploitation sexuelle
des filles. Il est de loin le plus compétent du
personnel et le plus capable de faire face aux
crises avec calme. En outre, il n’a pas peur
de défier les gens qu’il considère comme
déraisonnables, reprochant régulièrement
à Sugimoto sa distanciation avec le monde
ouvrier et son incompétence dans ce domaine,
et à Kouzuki ses familiarités avec les filles. Il
passe beaucoup de temps avec les ouvrières
dans la zone de lavage.
Murata Ushio
NC 4
FOR +1 DEX +1 CON +2
INT +2 PER +1 CHA +3
DÉF 11 PV 41 Init 11
Voie de l’autorité rang 3.
103
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 Mme Miura Considéré comme faible par les autres hommes,
les ouvrières abusent de sa gentillesse pour
Fourbe, autoritaire, détestable, machiavélique,
avoir quelques faveurs.
corrompue.
La « directrice », 65 ans, est la représentante des
ouvrières. Miura est la maîtresse de Sugimoto Otsuki Sora
depuis son arrivée à la teinturerie. Elle ignore NC 2
que ce dernier, plus distant avec elle, entretient
une liaison avec Ebiko. FOR +0 DEX +1 CON +0

En présence de M. Ikeda, elle se montrera très INT +2 PER +1 CHA +1

aimable avec les Eiyu. Mais ses expressions
faciales trahiront sa sévérité et sa cruauté.
Jalouse, elle déteste les jeunes filles parfaites,
fausses et superficielles. Méchante et
malveillante, elle use de toutes les perfidies
pour pousser les Eiyu à bout pour les humilier.
Cependant, dans sa jeunesse, elle était
généreuse et bienveillante envers sa sœur
Emako, selon ses dires.
Les employés de la teinturerie essayent d’être
dans ses bonnes grâces pour éviter les postes
ingrats, voire dangereux. Les ouvrières n’hésitent
pas à lui offrir des présents ou des avantages en
nature pour bénéficier de sa protection.
Miura est proche des plus anciennes : Emako
et Fudeko. Elle considère Ebiko comme sa fille,
mais ne connaît pas sa relation avec Sugimoto,
ni ses participations aux soirées privées de
Kouzuki. Elle manipule Koko et s’en sert pour
accomplir toutes ses basses besognes.
Mme Miura
NC 4
DÉF 11 PV 18 Init 11
Colorant
Ebiko
Ambitieuse, dédaigneuse, fourbe, égoïste.
Ebiko, 22 ans, a été maiko, mais a été répugnée
par son danna après avoir été surprise avec
un jeune homme qu’elle aimait réellement.
Elle a fini dans la rue avant d’être recueillie
par Sugimoto à Kobe. Ce dernier en a fait sa
courtisane en dehors de son travail. Ebiko
exècre les Eiyu, car elle se sent menacée par
leur raffinement et leur statut de geisha. Elle
a peur de perdre sa place d’où son extrême
jalousie. Être la protégée de Sugimoto la
dispense de toutes les tâches fastidieuses
et de descendre sous le baraquement du
mordant. Elle passe son temps à se peigner,

FOR +1 DEX +1 CON +2

INT +3 PER +1 CHA +2
DÉF 11 PV 46 Init 11
Voies de l’autorité et de la psychologie rang 3.

Otsuki Sora
Timide, altruiste, vaillant.
Issu d’une famille modeste, ce Tokyoïte de 23
ans a étudié le fonctionnement des entreprises
occidentales en Europe. Remarqué par les
Nakajima, il est engagé comme comptable de
la teinturerie et tient tous les registres. Son
physique fragile (scoliose importante, myopie
et asthme) lui a permis d’éviter l’enrôlement
dans l’armée impériale. Sora est un homme
frêle, grand et dégingandé d’où son surnom
d’« Ebi » (crevette) depuis son enfance.

104
à se maquiller et surtout à tout observer
pour Miura. Personne n’a connaissance de sa
relation avec Sugimoto. Officiellement, elle
fait le ménage de ses appartements.
Tout comme Miura, elle déteste Yuko, allant
jusqu’à la harceler et lui jouer de vilains
tours dès qu’elle en a l’occasion. Elle connaît
l’existence du bunker, la disparition des
ouvrières et la « maladie » qui touche celles
qui vont à ce qu’elle surnomme « Jigoku ». Elle
désigne par ce terme le bunker sous les cuves
de mordants où les progénitures du Dard
rouge sont conservées et mutilées.
Ebiko
NC 4
FOR +0 DEX +2 CON +1
INT +2 PER +1 CHA +3
DÉF 12 PV 29 Init 12
Voies de la psychologie et de l’investigation
rang 2.
Emako
Attentive, juste, patiente.
La sœur de Miura, 55 ans, est sa parfaite opposée,
aussi bien physiquement que mentalement.
Simple et gentille, elle obéit au doigt et à
l’œil à son aînée sans oser la contredire. Elle
espère avoir le courage de se révolter contre
ses mauvais traitements. Elle est l’une des
seules personnes à se montrer gentille et
compatissante avec les Eiyu.
Emako
NC 3
FOR +1 DEX +0 CON +2
INT +1 PER +2 CHA +2
DÉF 10 PV 26 Init 10
Lavage
Teinture chatoyante
Iseko
Observatrice, discrète, réservée.
Iseko, 38 ans, la meilleure amie de Tsuki, est très
discrète. Parlant peu, elle observe cependant
tout. Elle est partie pour se rapprocher de ses
parents qui vivent à Utsugawa. À ses moments
de libre, elle va au temple Saru (dédié à des
esprits en forme de singe) pour prier les kamis
et s’occupe de sa mère malade. Elle espère
que la guerre cessera et qu’elle pourra rentrer
chez elle à Yokohama. La civilisation et la
ville lui manquent. Elle était aussi ouvrière
à la teinturerie, mais les vapeurs toxiques du
mordant ont eu raison de ses poumons.
Usune
Bienveillante, amicale, dévouée.
Placée par ses parents à la teinturerie car ils ne
pouvaient plus subvenir à ses besoins, Usune,
22 ans, y travaille depuis l’âge de 10 ans. On la
dit muette, mais elle connaît les sinistres secrets
de la direction. Elle a assisté au meurtre de
Yamiko par l’Oncle lors de la prise des derniers
linges du colorant.
Zeroyo
Attentive, bipolaire, lunatique.
Zeroyo, 28 ans, en paraît 50. Ses mains sont
rongées par le mordant. Elle a de grandes
séquelles de ses 10 ans d’exercice : alopécie, mains
rongées, brûlures, pelades, rosacées, pertes de
mémoire. Elle a intégré le lavoir en extérieur
pour calmer ses migraines chroniques. Lors de
bouffées délirantes, elle fait des élucubrations
sur les mortes sans âmes revenues du Yomi qui
hantent les alentours de la teinturerie. Ces âmes
errantes seraient en fait les yūrei d’anciennes
ouvrières mortes au mordant.
Mordant
Fudeko
Rigide, sarcastique, fourbe.
L’intendante du dortoir des femmes, 45 ans,
a son temps de travail aménagé dans les
baraquements. Elle s’occupe de la plupart des
tâches ménagères. Autoritaire, elle impose les
travaux les plus durs à Yuko et Kimiyo.
105
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 Son comportement varie en fonction de
l’attitude de Miura. Elle charge les « bâtardes » Tsuki
(Chinoises et Coréennes) des latrines. Mais ne
se privera pas de faire de même avec les Eiyu. NC 4
FOR +1 DEX +1 CON +1
Fudeko INT +1 PER +2 CHA +0
NC 5 DÉF 11 PV 34 Init 11
FOR +1 DEX +0 CON +1 Voies de l’investigation et de la furtivité
rang 2.
INT +2 PER +1 CHA +2
DÉF 10 PV 40 Init 10
Sei
Voie de l’autorité rang 2.
NC 1
FOR +1 DEX +0 CON +1

Jinko INT +0 PER +1 CHA +1

Curieuse, observatrice, manipulatrice. DÉF 10 PV 5 Init 10

Irresponsable et maladroite, Jinko, 22 ans, a

les yeux partout. Cette source d’information
est précieuse pour les Eiyu. Elle connaît les
Waki
moindres recoins et secrets de la teinturerie ainsi
que les différents groupes de filles existants : les Gentille, calme, érudite.
proches de Miura (Fudeko, Koko et Ebiko),
Très instruite, Waki, 31 ans, est la fille d’un
la trahison de Miura envers sa sœur, les filles
professeur d’université. À la mort de son père,
des cuves, celles s’occupant du mordant, du
elle est venue travailler à la teinturerie pour
lavoir, du colorant, l’intimité des hommes, les
subvenir aux besoins de sa mère malade. Elle
Chinoises et les Coréennes.
est la dernière à avoir intégré le mordant.
Elle connaît le secret de Sugimoto et d’Ebiko et
fait du chantage à cette dernière, menaçant de
révéler la vérité à Miura.
Nettoyage
Jinko
NC 4 Maio
FOR +0 DEX +0 CON +1 Coopérative, altruiste, chaleureuse.
INT +2 PER +2 CHA +1 Maio, 62 ans, est arrivée à la teinturerie en même
DÉF 10 PV 35 Init 10 temps que Miura. Elle devait obtenir le poste de
« directrice », mais Miura l’a fait accuser de vol
Voie de l’investigation rang 3. chez Kouzuki. Après avoir reconnu ce méfait
qu’elle n’avait pas commis, Sugimoto lui a
permis de rester. Miura l’a ainsi placée à toutes
les tâches les plus ingrates jusqu’à finir ses vieux
Tsuki jours dans un « placard ».
Maternelle, dévouée, douce.
Très discrète, Tsuki, 33 ans, parle peu et observe Maio
tout, comme Iseko. Elle a vu les « choses du
NC 5
bunker » et les prières nocturnes de Kouzuki
à l’effigie du kami des montagnes sur la place. FOR +1 DEX +0 CON +3
Tsuki est la seule femme à vivre avec son enfant
INT +3 PER +2 CHA +2
dans la teinturerie. Sei, son fils de 5 ans, a pour
précepteur Oncle Kouzuki. DÉF 10 PV 43 Init 10

106
Meroko
Bienveillante, dévouée, généreuse.
Meroko, 31 ans, était femme de pêcheur. À la
mort de son mari sur le front en Mandchourie,
elle a été contrainte de partir travailler à la
teinturerie. Elle a laissé ses enfants à ses parents
et leur envoie son salaire. Meroko a une carrure
assez imposante à force de remuer toute la
journée les tissus.
Rei
Énervante, autoritaire, ferme.
La cuisinière de la teinturerie charge les Eiyu
d’aller au marché d’Utsugawa afin d’acheter
les provisions. Elle leur impose toujours de
faire les tâches les plus difficiles avec Fudeko.
Son humeur changeante varie en fonction des
instructions de Miura et de Kouzuki.
Séchage
Chiyui
Empathique, attentive, timide.
Le père de Chiyui, 19 ans, est décédé quand
elle avait 8 ans. Elle a quitté la campagne pour
travailler en ville et envoyer de l’argent à sa
famille dans les rizières. Elle devient une des
meilleures amies de Riku et Sachi, face à la
méchanceté de Miura et ses acolytes.
Nari
Fidèle, gaie, généreuse.
La meilleure amie de Maho, 20 ans, a compris
les véritables intentions de cette dernière, mais
ne la repousse pas pour ne pas la blesser. Nari
est chaleureuse et n’hésite pas à chanter pour
accompagner les filles au séchage. Elle est au
courant des tensions qu’il y a au stockage.
Stockage
Koko
Influençable, cinglée, instable, expansive.
Cette ouvrière mentalement instable de 33 ans
développe une obsession pour les Eiyu qu’elle
surnomme « Sakura ». Koko a eu des problèmes
par le passé avec d’autres filles de la teinturerie
avec des crises d’hystérie et de violence. Souvent
hyperactive et extrêmement joyeuse, elle peut
devenir violente et hystérique en quelques
minutes. Elle a un talent pour réciter des haïkus
de sa propre composition.
Avant de travailler de longues années au
Teinture chatoyante
mordant, Koko était une fille équilibrée,
normale. Certaines ouvrières disent que les
émanations des produits utilisés auraient brûlé
son tama (âme). En réalité, affectée au bunker,
elle a vu un rejeton du Dard rouge attaquer
Sakura, pendant l’extraction de son pancréas.
La créature a arraché le visage de sa meilleure
amie avant de l’éviscérer sous ses yeux. Depuis
cette tragédie, Koko a perdu la tête.
Par la suite, Koko est tombée sous l’influence de
Miura qu’elle considère comme sa mère. Cette
dernière lui fournit de l’opium pour la tenir
sous sa coupe, par l’intermédiaire de Zero, un
gardien. Koko n’hésite pas à menacer les autres
filles qui iraient à l’encontre des volontés de
Miura. Elle a obtenu de la « directrice » d’avoir
sa couche à côté des Eiyu. Si celles-ci repoussent
ses avances amicales, Koko se montrera hostile
envers elles.
Koko
NC 5
FOR +1 DEX +2 CON +3
INT +2 PER +3 CHA +1
DÉF 12 PV 49 Init 12
Mains nues +6 DM 1d4 + 1
Maho
Spontanée, tenace, combative.
Maho, 35 ans, est une femme drôle et optimiste.
Elle passe beaucoup de temps en compagnie
de sa meilleure amie Nari (qui travaille à la
rivière) dont elle est amoureuse. Nari ne l’est
pas en retour, mais fait un effort pour être
gentille avec elle.
Maho est une des rares ouvrières à ne pas
tomber sous la coupe de Miura. Toutes les
tentatives de cette dernière pour la soumettre
par la force et les menaces de Koko sont restées
infructueuses. Miura l’a placée au stockage sous
la surveillance de Koko.
Maho fait d’ailleurs tout pour la discréditer,
jusqu’à saboter la teinturerie pour prouver
la négligence des filles sous la direction de
Miura. Elle espère qu’Emako prendra sa place.
Elle a prévu de faire accuser Miura de vol en
dérobant de l’argent dans le coffre du bureau
de Sugimoto. Elle peut mettre les Eiyu dans la
confidence de son plan.
107
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 Les « sous-espèces »
Maho C’est ainsi que le personnel qualifie les
NC 6 Chinoises et les Coréennes. Malgré les
conditions de vie difficiles dans la teinturerie,
FOR +1 DEX +1 CON +3 le pire est de ne pas être d’origine japonaise.
INT +2 PER +2 CHA +2 Ces pauvres filles sont là pour combler le
manque de main-d’œuvre. Elles n’ont aucune
DÉF 11 PV 47 Init 11 considération de la part des ouvrières (sauf
Voies de l’investigation et du discours rang 2. de la part des plus gentilles) et encore moins
de celle des hommes. Elles sont affectées aux
tâches les plus dangereuses et dures. Parmi
les Chinoises on retrouve Chan, Fang, Jiao
et Ju puis Sun, ChunHei et BoYung parmi
Yamiko
les Coréennes. Toutes ont été enlevées à leur
Intelligente, irrésistible, méticuleuse. famille dans les pays envahis par l’armée
impériale et envoyées au Japon pour servir
Arrivée juste avant les Eiyu à la teinturerie,
de main-d’œuvre peu chère. Malgré le mépris
Yamiko, 25 ans, est une jeune femme détestable.
à la teinturerie, contrairement à leurs amies,
Elle tient souvent des propos racistes et
elles ont échappé au triste sort de « femmes de
diffamatoires. Mythomane, elle n’hésite pas à
réconfort » (esclaves sexuelles pour l’armée et
exagérer toutes les situations pour se mettre en
la marine impériale) en Asie. Avec la guerre,
avant. Elle exècre les Eiyu qui représentent la
il y a cependant moins de Chinoises et de
grâce et la sensualité.
Coréennes qui intègrent la teinturerie.
Kouzuki utilise Yamiko à sa guise et l’invite à
ses « soirées ». Il lui arrive d’avoir des relations
sexuelles avec ses invités sous réserve de bonus
de la part de l’Oncle. En échange, elle est
dispensée de mordant.
Certaines ouvrières comme Jinko savent que
Yamiko participe aux soirées sous le nom de
« Mademoiselle ».

Yamiko
NC 5
FOR +0 DEX +1 CON +1
INT +2 PER +1 CHA +2
DÉF 11 PV 40 Init 11
Voie du discours rang 2.

108
Scène 1 : au revoir Tokyo
Une scène de vie fugace
La nuit est douce. Une légère bruine tombe
sur le jardin intérieur de l’okiya de Chizako,
située dans une petite ruelle du quartier
des plaisirs. Chacune des occupantes vaque
à ses occupations (tâches ménagères,
apprentissage d’instruments de musique,
arts floraux, petites confidences entre
amies, etc.) ou tout simplement s’apprêtent
dans de beaux vêtements à passer une nuit
calme, car le lendemain, la vie fastidieuse de
geisha, maiko et apprentie recommence. Cet
interlude est le moment idéal pour permettre
aux Eiyu de se présenter.
Chizako okaasan
(tenancière)
Veille femme de petite taille, de nature
renfrognée et sûre d’elle, Chizako tient son
okiya d’une main de fer. Elle porte de vieilles
lunettes carrées. Ses cheveux poivre et sel
sont attachés fermement en chignon. Afin de
ne pas perdre ses « biens » en cas de guerre,
elle a convenu avec M. Ikeda d’envoyer ses
filles à la campagne dans un lieu sûr hors du
champ de bataille.
Départ précipité
Alors que l’orage fait rage, le bruit du tonnerre
laisse place à des sifflements puis des explosions
accompagnées par le bal de sirènes hurlantes.
Une cacophonie nocturne où résonnent les
bombardements dans le lointain. Dans les rues
du quartier des plaisirs, les habitants affolés
courent dans tous les sens en emportant avec
eux de maigres bagages sous les pleurs d’enfants
terrifiés cherchant leurs mères. Les Eiyu,
désorientées par ce désordre, sont sommées par
Chizako de rassembler leurs affaires pour fuir.
« Vite, il faut partir ! »
M. Ikeda et Anto, son loyal homme de main,
entrent en catastrophe, en ouvrant violemment
les portes de papier de l’okiya. Essoufflé, l’eau
ruisselant sur son visage, Ikeda tente d’essuyer
son front à l’aide d’un grand mouchoir pour
masquer son inquiétude. Il ordonne aux filles
de prendre uniquement le simple nécessaire.
Teinture chatoyante
Le raid de 1942
Ce premier raid américain surprise a
fait peu de dégâts et n’a duré que six
minutes, mais il a touché un symbole :
Tokyo. Seize bombardiers moyens B-25
Mitchell sont embarqués à San
Francisco à bord du porte-avions USS
Hornet pour les amener à proximité
du Japon. Ces appareils sont lancés
le 18 avril et bombardent des cibles à
Tokyo, Yokohama, Yokosuka, Nagoya
et Kobe. Chaque avion comprend des
bombes soufflantes ou incendiaires Alternative
selon la cible. L’avion de Doolittle
arrive le premier et largue ses 1 000 kg Le Sensei peut faire
de bombes sur des objectifs militaires jouer une journée
avant de s’éloigner des côtes pour éviter dans la vie de l’okiya
d’être repéré. Les autres appareils en font pour amplifier la
de même. Les défenses antiaériennes descente aux enfers
japonaises sont prises par surprise et des Eiyu une fois à
tous les B-25 s’échappent sans gros la teinturerie : chant,
dégâts. Ils continuent vers la Chine coiffure, danse,
et l’Union Soviétique, mais plusieurs récital de poésie,
lecture, maquillage,
s’écrasent dans les territoires tenus
coiffure, pratique
par les Japonais à cause du manque
d’instruments de
de carburant. Les pertes japonaises
musique, etc.
s’élèvent à 50 tués et 400 blessés.
Environ 200 maisons sont détruites.
M. Ikeda
Sensible, possessif.
Ce riche homme d’affaires est le danna de
Kimiyo. Fou amoureux, il est prêt à tout pour
la mettre à l’abri. Ikeda est marié et veille
à préserver sa femme et ses enfants. Il est le
patron de plusieurs industries qui seront en
grande partie détruites durant la guerre.
NC 3
FOR +2 DEX +1 CON +1
INT +3 PER +1 CHA +3
DÉF 11 PV 27 Init 11
Deux voitures les attendent. Une fois tout le
monde à l’intérieur, elles filent à vive allure dans
la nuit, les pneus patinant dans la boue ; la pluie,
l’agitation et les fumées gênent la visibilité. Seule
Chizako reste, regardant sa seule « famille » la
quitter dans les tumultes d’une ville en proie au
109
esteban masson - esteban.masson@gmail.com - 20231205/227/707921/1145081
 chaos. Le voyage dure de très longues heures.
M. Ikeda, ému et silencieux, serre fermement
Kimiyo. Il ne sait pas si après cette tragédie il
reverra sa bien-aimée.
Durant ce périple, les deux hommes informent
les Eiyu de la guerre qui frappe le Japon et les
ripostes américaines. Les événements sont
lourds de conséquences pour les Nippons. Ikeda
leur dit qu’il les met à l’abri le temps du conflit
dans un lieu protégé appartenant à un de ses
amis. Une page se tourne. Leur statut privilégié
est fini. La guerre va tout changer. Personne
ne sait de quoi demain sera fait. Ikeda aurait
aimé trouver une meilleure solution, mais il n’a
pas le choix et doit les cacher où personne ne
penserait à les trouver.
Étrange cachette
Après plusieurs heures, les voitures arrivent sur
les lieux de leur future demeure : une immense
bâtisse encerclée par de grands murs dont les
extrémités sont marquées par des miradors.
Un éclairage venant d’une de ces vigies cible
les véhicules jusqu’à ce que les deux immenses
portes noires du domaine s’ouvrent pour les
laisser pénétrer dans une cour où les attend
une personne.
Il est 4 heures du matin et les filles sont
accueillies par une petite femme au dos
vouté, extrêmement souriante et chaleureuse.
Mme Miura est la responsable des filles qui
travaillent dans la teinturerie. Le temps des
adieux est venu entre Ikeda et les filles, et
surtout Kimiyo. Avec toute la retenue que
doit avoir un homme de sa qualité, une vive
émotion dissimulée par le silence et des regards
fugaces marquent une séparation douloureuse.
Mme Miura suit de la tête les voitures reprenant
le chemin inverse. Dès qu’elles quittent la
manufacture, les portes se referment derrière
elle, laissant voir son véritable visage : les lèvres
pincées esquissant une expression malveillante,
un regard froid et méprisant.
Les Eiyu comprennent que leur nouvelle vie
risque d’être un calvaire. Elles sont menées dans
le silence au baraquement servant de dortoir
commun aux ouvrières. Quelques futons sont
libres et mis à leur disposition.
110
Scène 2 :
mémoires de geisha
Dès la première journée à la teinturerie, le
kaidan se veut non linéaire. Il est libre au Sensei
de faire vivre plusieurs jours, semaines ou mois
(encarts « Scènes de vie » et « Faits étranges »).
Vous trouverez une série d’événements
perturbateurs inéluctables (encart « Eléments
perturbateurs ») avant le climax final.
Éléments perturbateurs
Le corps d’une jeune femme est retrouvé un
matin dans une des cuves de colorant. Le
cadavre est difficile à identifier tellement il
est rongé, mais une des ouvrières manque
à l’appel : Yamiko. Cette dernière a été
assassinée par Kouzuki, car elle a percé sa
mascarade autour de ses soirées et de ses
recherches. Elle l’a menacé d’aller expliquer
la situation et sa traîtrise à Sugimoto quand
Kouzuki la frappa avec la marionnette du
bunraku (théâtre de marionnettes).
Ebiko devient la nouvelle protégée de l’Oncle.
Usune s’est confiée à elle à propos du meurtre
de Yamiko et elle n’hésite pas à la dénoncer.
Elle dit que Jinko a aussi aperçu l’Oncle afin
de se venger d’elle. Ce mensonge lui permet
d’éliminer la seule personne qui la fait chanter
sur sa relation avec Sugimoto.
Jinko est envoyée au mordant et contaminée.
Par la suite, Kouzuki la fait emmener par les
gardes. Elle est placée en phase de sommeil dès
l’apparition des premiers symptômes.
Usune est emmenée par les gardes à
l’extérieur pour prier au sanctuaire du mont
de la Solitude. Elle sert d’appât pour attirer
les progénitures du Dard rouge afin de les
capturer. La pauvre est dévorée vivante par
dix créatures pendant l’opération.
Scènes de vie
Vol du peigne de Kimiyo offert par M. Ikeda : ce
délit est orchestré par Ebiko. Cette dernière ne
se gênera pas par la suite pour parader devant
la geisha afin de lui rappeler qu’elle l’a en sa
possession et qu’il est sien.
Déménagement des paillasses des Eiyu par les
ouvrières hostiles.
 Accusation de vols de nourriture.
Avances pressantes, verbales et physiques par
certains hommes.
Altercation au réfectoire : Ebiko passe devant
les Eiyu au moment du dîner. Si elles sont
revendicatrices, Miura les remettra à leur place
et les privera de repas.
Une des Eiyu peut développer une romance
courtoise et sincère avec Sora.
Koko prend pour cible Yuko à cause de sa grande
beauté. Elle veut en faire son amante. Selon la
réaction de cette dernière, son comportement
peut aller de l’animosité (violence, dégradation
d’affaires personnelles, etc.) à une aide précieuse.
Les baguettes des Eiyu sont plantées droites
dans le riz lorsqu’on leur sert leur repas (signe
de mort).
Jalousie envers les protégées de Sugimoto ou
de l’Oncle.
Ebiko est répudiée par Sugimoto depuis la
présence des Eiyu à son domicile.
Faits étranges
Les filles parlent d’examens médicaux quotidiens
sur certaines d’entre elles par l’Oncle. Les élues
sont choisies par ce dernier et emmenées à la
salle d’examen par des gardes. Mais personne
ne semble savoir où est ce lieu. L’Oncle vient
au moment du dîner, fait un signe de tête à
l’attention de ses hommes pour désigner sa
cible. Il lui fait une piqûre, puis cette dernière
est emmenée en direction de la grande place.
Le lendemain, si elle revient, la victime n’aura
aucun souvenir du lieu, juste des examens
étranges que l’Oncle a pratiqués.
Les Chinoises et les Coréennes restent
exclusivement au mordant dans la seconde
salle menant au bunker où elles extraient les
pancréas des progénitures du Dard rouge afin
d’en faire du cinabre impérial.
Depuis la guerre, il y a moins d’immigrées
travaillant à la teinturerie, ce qui inquiète les
ouvrières, car toutes celles qui sont allées dans
la seconde salle du mordant ont développé une
maladie et ont fini par disparaître.
Les immigrées développent rapidement des
symptômes qui passent en quelques jours
de rougeurs cutanées à des abrasions. Les
démangeaisons nocturnes de ces dernières les
poussent à se gratter jusqu’au sang et peuvent
même réveiller les Eiyu. Par la suite, leur
Teinture chatoyante
teint est plus verdâtre et l’apparition de taches
noires devient visible avec de grosses vésicules
sombres. Une toux grasse et hémorragique finit
ce triste tableau.
Dès l’apparition de ces signes, les victimes
sont emmenées par les gardes et disparaissent
comme si elles n’avaient jamais existé.
Les belles berlines venant certains soirs à la
teinturerie pour les soirées de l’Oncle coïncident
avec les déplacements nocturnes de Yamiko.
Cette dernière peut être trouvée cachée en train
de pleurer le lendemain.
Les élucubrations de Koko sur les monstres qui
se cachent dans les sous-sols.
Les sorties en dehors de la teinturerie sont
encadrées, voire interdites.
Les festivités d’Utsugawa aussi morbides que
fastueuses.
Les lumières des miradors balayant autant
l’intérieur que l’extérieur de la teinturerie.
Les légendes sur les yūrei des ouvrières hantant
les forêts des montagnes de l’ouest et gardant le
torii du sanctuaire du Dard rouge.
Les fortifications de la teinturerie sont justifiées
par la guerre imminente des Américains après
Pearl Harbor.
Les préceptes que l’Oncle instruit à Sei et les
étranges objets qu’ils possèdent.
Présence d’une réserve d’armes et de gardes
semblables à des militaires.
Éléments surnaturels
Intrusion nocturne sur la grande place de
Tamashii nuki cherchant la progéniture du
Dard rouge. Les tirs des armes, les hurlements
des hommes et ceux bestiaux des monstres
réveillent les filles. Les gardes les somment de
rester dans leur baraquement, affirmant qu’il
s’agit d’une attaque américaine. Si les filles
sortent, elles verront un des soldats se faire
emporter dans l’obscurité, déchiqueté avec une
gerbe de sang, au-delà des remparts.
Des cris inhumains et des claquètements
certaines nuits.
Grincements et bruits de déplacements
animaliers sur la toiture des dortoirs des filles.
Ceci est l’œuvre des Tamashii nuki qui ont
échappé à la surveillance des gardes.
111
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 Un nouveau départ
À 6 heures, les Eiyu sont réveillées par l’agitation
autour d’elles. Les autres femmes s’activent
pour plier correctement leur couchage et finir
de s’habiller avant l’inspection matinale de
Mme Miura. Dans le dortoir commun, toutes
les ouvrières se tiennent alignées devant leur
lit. Mme Miura commence par un bref discours
rappelant les règles de vie de sa teinturerie. Les
Eiyu seront affectées à diverses tâches selon son
bon vouloir. Ses paroles donnent la tonalité :
elle est inflexible, cruelle et profondément
malveillante. Elle n’a que faire des capacités
physiques et de la santé des ouvrières, car
« personne n’est irremplaçable sauf moi ».
Certaines filles semblent cependant bénéficier
d’un régime de faveur.
Durant leurs premières journées, les Eiyu
découvrent la rudesse du métier et la
dangerosité de certains postes. En fonction
de leur tâche, elles font connaissance avec
leurs collègues de labeur. Elles se confrontent
aux personnalités contrastées des filles, aux
rivalités, aux médisances, à la malveillance de
Miura et à l’autorité masculine. Les hommes
sont patriarcaux et se croient tout permis
sur elles (allusions, regards pervers, etc.).
Le Sensei est libre de mettre en situation les
Eiyu sur plusieurs jours pour faire ressentir la
pénibilité du travail et leur fatigue en fin de
journée. Miura doit se montrer infâme avec
elles. Ne pas hésiter à mettre en concurrence
les filles ou déclencher des situations
qui mettront à mal les Eiyu (vol d’objets
personnels, calomnies ; voir l’encart « Scènes
de vie » précédemment). Les ouvrières vivent
en petits clans qui se font ouvertement
des guerres intestines, les Chinoises et
les Coréennes sont quant à elles à peine
considérées comme des êtres humains.
Pour une nouvelle vie
Selon l’attitude des Eiyu envers Miura,
le Sensei est libre de les répartir sur les
différents postes à sa convenance. Toutefois,
il est préférable de séparer le groupe pour
qu’en fin de journée, elles puissent échanger
sur les événements du jour.
Les Eiyu que Miura prend en grippe vont
aux tâches les plus dures, voire dangereuses.
Il est conseillé de les faire tourner sur les
différents postes pour qu’elles puissent faire la
connaissance de tout le personnel et créer des
liens. Leur santé physique et mentale doit être
mise fortement à l’épreuve.
112
Les Eiyu les plus raffinées sont repérées par
la direction et envoyées faire le ménage dans
les appartements de Sugimoto et de Kouzuki.
Sugimoto demandera au bout d’un ou deux
jours si l’une d’entre elles a des talents en
musique, notamment pour jouer du shamisen.
C’est l’occasion pour Kimiyo de se montrer
et d’avoir par la suite un traitement de
faveur, en passant le plus clair de son temps
chez Sugimoto à retranscrire les mélodies et
maîtriser son instrument. Cette situation aura
de grandes conséquences sur ses relations avec
les autres filles.
De si lourds secrets
Progressivement, donnez des opportunités
aux Eiyu d’entrevoir, puis de découvrir la face
sombre des lieux.
Sous la teinturerie
Multipliez les allusions des ouvrières quant aux
étranges événements se déroulant au sous-sol
afin de pousser les Eiyu à s’y intéresser.
Le laboratoire
Le laboratoire est sous la place. Pour y pénétrer,
il suffit d’enfoncer ses doigts dans les orbites de
la statue jusqu’à ressentir un déclic, entraînant
l’ouverture du passage. La statue reculera
légèrement pour laisser entrevoir dans le sol un
escalier descendant dans les ténèbres.
Les corps endormis
Arrivé en bas, une première porte avec un
hublot laisse entrapercevoir une grande salle
avec des tables. Cette première zone est vaste
et contient une vingtaine de tables alignées à
droite et à gauche, sur lesquelles se trouvent des
corps de femmes nues positionnées sur le ventre.
Elles sont recouvertes d’une sorte de grillage
en fer et ont à la base de leur crâne une longue
aiguille enfoncée. Si les Eiyu se penchent, elles
constateront que les tables sont trouées, laissant
le visage des femmes visibles, yeux ouverts face
au sol. Sur certaines, on peut apercevoir des
larmes encore humides. Elles ne réagissent pas
aux stimuli et leur pouls est à peine palpable.
Sur un des murs figurent plusieurs croquis
d’anatomie de progéniture du Dard rouge. Dans
les armoires, les Eiyu découvrent des comptes-
rendus indiquant l’apparition de symptômes
rapides (p. 99) après exposition au niveau -1 du
mordant. Leurs facultés physiques dépassant
celles de trois hommes, il est préférable de les
plonger en « stase de sommeil éveillé » (les filles
sont conscientes, mais paralysées). Ce dispositif
inhibe même l’évolution des dons apportés par
le somnum horibilis. Ainsi toute rébellion de ces
femmes devenues « dissidentes » est, selon les
rapports, neutralisée.
Le bureau
À l’extrémité de la pièce, une autre porte
est visible. Cette dernière donne sur une
seconde salle : un bureau où est suspendue
une créature humanoïde ayant des traits
féminins présentant une tige semblable à une
asperge sortant de sa bouche. Sa mâchoire est
arrachée. Une sorte de crochet de boucher est
planté au niveau de la base de son crâne pour
ressortir au niveau de la gorge. Son abdomen
a été ouvert de manière chirurgicale.
Derrière cette triste dépouille se trouve un
bureau recouvert de plusieurs comptes rendus
de tests cliniques. Ces derniers stipulent
que les capacités physiques des Tamashii
nuki sont incroyables. Le spore sortant de la
bouche permet de recevoir des ordres de la
« Mère ». Une fois le secret de ce système de
communication percé, ces créatures pourraient
devenir des armes capables d’apporter toute
puissance à l’armée impériale. Dans un tiroir
fermé à clé, les Eiyu trouvent une lettre signée
d’Otsuka Aika (de la section occulte de
l’unité 731, voir p. 90) indiquant à Kouzuki que
la somme d’argent désirée s’élevant à plusieurs
centaines de millions de yens sera versée sur
son compte, une fois reçue la livraison de la
vingtaine de femmes-soldats en sommeil que
Kouzuki possède. Dès que le conditionnement
des jeunes femmes sera effectué par ses hommes
du Yori yoi mirai he no michi (la Main Tendue
vers un Avenir Meilleur), elles pourront partir
pour le terrain militaire. La lettre finit en disant
qu’Aika a hâte de travailler avec lui sur de futurs
projets scientifiques.
Gardes
NC 6
FOR +2 DEX +2 CON +2
INT +1 PER +2 CHA +1
DÉF 12 PV 45 Init 12
Pistolet +8 DM 2d6
Couteau +8 DM 1d6 + 3
Le niveau N-1 du mordant
Teinture chatoyante
Les infrastructures du mordant sont vieilles
et spartiates. La rouille s’invite sur chaque
pièce métallique. Cet entrepôt comporte deux
zones. Dans la première, deux immenses cuves
trônent en son milieu. L’air y est suffoquant et
chaud. Dans la seconde, seules les immigrées y
sont invitées. Cette pièce permet d’accéder au
niveau N-1.
Ce sous-sol accueille des cages avec des
créatures immondes, la progéniture du
Dard rouge. Ce niveau est en fait un bunker
insonorisé. Ses murs font plus de cinq mètres
d’épaisseur. Le cri strident de ces choses
déstabilise les travailleuses. Ces monstres
sont dirigés vers un piège qui permet leur
immobilisation puis les saignées rituelles. Elles
sont assommées par de multiples coups de
masses sur la tête puis suspendues. La saignée
se fait au niveau des artères du pancréas afin
d’évacuer le plus vite possible le sang, grâce
aux battements du cœur. Il est récupéré dans
une cuve spéciale et réinjecté aux bêtes afin
de maintenir une circulation sanguine dans
le reste du corps à l’exclusion de l’organe visé.
Ainsi, sa préservation est optimale. Les filles
sont très peu protégées (des tissus sur les mains
et le visage). C’est au cours du prélèvement
de l’organe que le somnum horibilis peut être
libéré et que le risque de contamination est
possible. Une fois le pancréas retiré, la créature
est abattue et broyée. L’organe quant à lui est
par la suite raffiné, pour en donner le fameux
pigment aux propriétés magiques.
À l’intérieur de l’enceinte
des murs de la teinturerie
(en dehors des bâtiments
dédiés au travail)
Les affaires de Sei
Dans le dortoir des filles, dans le coffre des
effets personnels de Tsuki et de son fils Sei,
près de leur couche, se trouve un recueil
nommé Shi wa hajimari et une petite toupie
en bois sur laquelle est gravée le nom d’Ishida
Ushio, son gensō (servant au rituel du Tensei).
Ces objets ont été confiés à Tsuki par Kouzuki
afin de préparer le corps du petit à être le futur
réceptacle de son âme.
113
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 La maison de Sugimoto
Sur la colline au nord-ouest surplombant
les autres bâtisses de la teinturerie se situe
une grande demeure héritée des siècles qui
ont façonné l’Histoire du Japon : épuré,
simple, noble.
Les couloirs sont en parquet, tandis que des
tatamis couvrent les pièces de vie et les étages
dans le reste de la maison. Les portes sont
coulissantes et faites d’un bois léger et de
feuilles de papier. La plupart des meubles sont
au sol et bas.
Un magnifique jardin souligne les idéaux
bouddhistes zen de la tranquillité et de la
contemplation et offre un panorama sur toute
la teinturerie. Sugimoto aime l’esthétique et le
raffinement, c’est indiscutable. De l’ikebana à
sa collection de bonsaïs, tout semble avoir été
savamment pensé et disposé selon les préceptes
du feng shui. Il possède un shamisen en bois
particulier, le Shamisen de Tsukuyomi. Cet
artefact magique permet de commander aux
créatures du Mythe et surtout de les endormir. Il
ne peut être utilisé qu’avec une maîtrise parfaite
de l’instrument et des mélodies composées
exprès pour lui. Il a aussi des « bons à tirer » de
certains objets confectionnés par ses entrepôts :
un chapeau rouge dont la forme fait penser à
une langue, des capes, etc.
Le Shamisen
de Tsukuyomi
Cet instrument de musique d’apparence
anodine est un artefact magique qui
permet d’endormir le Dard rouge en
cas de réveil prématuré. La mélodie de
Hanzo sur le pont du clair de lune plonge
l’entité dans un profond sommeil. Cet
instrument est fait en bois de chêne
de la Forêt Enchantée qui renferme
l’escalier aux 700 marches menant aux
portes du Profond Sommeil.
114
Le bureau comptable
Situé au premier étage de l’entrepôt de la zone
de stockage, les Eiyu peuvent y trouver :
• - des listes d’objets confectionnés par les
Nakajima en lien avec le Mythe allant
jusqu’à 1925 ;
• - des registres de commandes et
d’expéditions vers différentes villes :
Le Caire, Londres, New York, Nairobi,
Arkham, etc. Les expéditions passent par le
port de Yokohama ;
• - des cahiers de liaison avec l’enregistrement
d’objets exportés par l’intermédiaire de
compagnies occidentales ;
• - un bon de commande avec les destinataires
masqués en noir.
La demeure de Kouzuki
Les appartements de Kouzuki se trouvent
sur la colline la plus au nord-est. De plain-
pied, ils ne présentent aucun effet personnel,
rendant la personnalité de Kouzuki difficile à
appréhender. D’intérieur comme d’extérieur,
rien n’est très esthétique. Autrefois ce lieu en
béton un peu rustre devait être une dépendance
qui a été transformée en habitation. Cinq pièces
composent son domicile : une porte d’entrée, un
lit, une salle d’eau avec douche, des toilettes, un
espace cuisine, un espace de vie, un bureau et le
tout à l’occidentale.
Le bureau
D’une vingtaine de mètres carrés, le bureau
comporte une chaise et une table à l’occidentale
recouverte de dossiers en cours, médicaux
pour la plupart. Dans le premier de ses tiroirs
se trouvent des lettres de notables et de hauts
dignitaires japonais et occidentaux comme
Shiro Ishii et Himmler. Dans le second est
déposé une correspondance avec Adam
Alfred Rudolf Glauer (artisan de la société de
Thulé) traitant de soufisme, de théosophie et
d’alchimie, et dans son double fond des lettres
du général américain Curtis Emerson LeMay
(chargé de l’opération des bombardements du
Japon) traitant de « surhommes ».
Au fond, une bibliothèque couvre l’entièreté
du mur.
La bibliothèque
La bibliothèque contient des livres de médecine,
d’anatomie, de vivisection et des comptes
rendus d’expérimentations humaines avec
plusieurs dossiers contenant des photos (test
de Résistance mentale difficulté 15). Au milieu
de tous ces livres tournés vers les sciences, l’un
d’entre eux se démarque et interpelle les Eiyu : un
recueil nommé Shi wa hajimari (La mort n’est
que le commencement) qui compile des exercices
étranges de méditation se rapprochant plus de
conditionnements mentaux. Sur la droite, un
portrait de l’empereur y est accroché. Sur le
sol, des traces de rayures circulaires montrent
que la bibliothèque s’ouvre. Le bouton poussoir
actionnant ce mécanisme est dissimulé par la
photographie de l’empereur Shōwa.
Shi wa hajimari
Ce livre n’est autre que la bible des
Implantés permettant le rite du Tensei :
la transmigration de l’âme vers un
nouveau réceptacle humain, le hōmon
sareta mono (visité).
Le sous-sol
Une fois ouverte, la bibliothèque dévoile un
long escalier qui descend sur une pièce avec un
immense aquarium où se meut un gros poulpe.
Plusieurs meubles coupent l’immensité de
cette salle. Sur les étagères se trouvent des
milliers de rouleaux contenant des estampes,
plus osées les unes que les autres, mettant
en scène des filles, dont Yamiko, dans des
positions indécentes en compagnie d’animaux
marins. Dans la deuxième partie de cette zone,
se trouvent toutes sortes d’accessoires pour
pratiquer le kinbaku (bondage) et le bunraku
(théâtre de marionnettes).
Cette pièce est connue de Sugimoto. Ce dernier
pense que Kouzuki y invite des hommes
fortunés et des notables pour assouvir leurs
déviances lors de scènes artistiques sensuelles
et sexuelles avec certaines des ouvrières qu’il
choisit. D’immenses cordages et un système de
suspension sont installés au plafond permettant
de suspendre deux personnes. Sur l’un d’eux,
une marionnette en bois de taille humaine est
présente. Celle-ci possède les caractéristiques
d’un appendice masculin turgescent articulé.
Sugimoto ne se doute pas que Kouzuki veut
vendre ses recherches au plus offrant à l’insu de
la Nakajima Inc.
Autour de l’enceinte
Teinture chatoyante
de la teinturerie
Sur ordre de la cuisinière, en négociant
habilement ou en s’éclipsant au nez et à la
barbe des gardes, les Eiyu peuvent explorer
les environs.
Le village d’Utsugawa
Ce petit hameau rural perdu dans les rizières
compte une trentaine d’occupants. Les fermes
sont rudimentaires et rupestres. Chaque
habitation possède des statues de singes pour
les prémunir contre l’oni. Ces saru (singe) font
« partir » les effluves néfastes du démon.
Paisible, ce village semble en harmonie avec la
nature qui y a repris ses droits. Le rejeton de
Mugenbo qui hante les montagnes de l’ouest
et leurs cavités est assimilé par la population
locale à un oni. La plupart des personnes qui
l’ont aperçu l’appellent le Dard rouge. Utsugawa
tient des cérémonies tous les 20 ans pour faire
fuir cette créature au début du printemps.
Durant ce festival, les habitants choisissent
quatre personnes bien portantes de leur
communauté ainsi que quatre animaux de
chaque espèce qu’ils possèdent pour les offrir
en sacrifice au Dard rouge. Avant de mourir, les
élus s’exclament : « Oni wa soto! Fuku wa uchi! »
(« Oni sort ! La fortune rentre ! »).
La Matsuri Jin, Jin, Jin se déroule entre le 16 et
19 avril. Selon le moment où les Eiyu y vont,
elles assisteront à ce funeste festival rendant
hommage à une créature impie.
Les montagnes à l’ouest
Abruptes, sauvages et dangereuses, ces sommets
et leurs forêts ont de tristes réputations entre
légendes macabres, disparitions, meurtres et
yūrei. Il est dit que les âmes de mères cherchant
leurs progénitures y errent. Leurs rencontres
seraient fatales pour tous les curieux pénétrant
un peu trop loin dans les bois. Au pied du mont
de la Solitude se trouverait un sanctuaire dont
l’entrée est marquée par un torii. Il est dit que ce
passage face à une grotte mènerait au royaume
souterrain du Dard rouge qui dort en attendant
le retour de ses enfants.
115
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 Fins possibles
Voici une liste non exhaustive de finalités à
ce kaidan :
Les Eiyu trouvent les corps des femmes et
décident d’enlever les aiguilles. Dans ce cas-
là, le processus de transformation interrompu
reprendra de façon accélérée. Une horde
de Tamashii nuki sortira du laboratoire à la
recherche de la progéniture du Dard rouge en
semant mort et chaos ;
Si une des progénitures est sortie du niveau N-1,
elle réveillera le Dard rouge qui plongera sur la
teinturerie avec les Tamashii nuki, semant la
mort et signant la fin des personnes présentes
sur ces lieux ;
Si l’une des Eiyu arrive à utiliser le Shamisen
de Tsukuyomi à l’arrivée de l’engeance de
Mugenbo, cette créature sera plongée à nouveau
dans un long sommeil ;
116
Les Eiyu peuvent tenter de s’enfuir dans le chaos
de la teinturerie selon l’événement amené, mais
il leur sera difficile d’utiliser un des camions
restants ou une possible arme ;
Fuir à n’importe quel moment peut être une
solution, à condition d’arriver à sortir de
l’enceinte, mais la forêt et les choses qui rôdent
au-delà des murs de la teinturerie seront sans
doute fatales. L’arrivée au village d’Utsugawa
peut toutefois sauver la vie des Eiyu, car elles
pourraient ainsi trouver un lieu pour se cacher
de leurs tortionnaires. Cependant les autorités
locales ne se mêleront pas des affaires de
la teinturerie. Ces dernières ne souhaitent
pas interférer avec des forces néfastes qui
apporteraient le mal sur le village. Elles
exhorteront les filles de quitter la région et de
ne plus jamais y revenir ;
Si les travailleuses survivent, leur vie en sera
changée pour toujours.
Personnages pré-tirés
Cf. pages suivantes
 Kimiyo
Geisha
A 30 ans, Kimiyo est la geisha principale de
l’okiya. La plupart des gros contrats lui sont
attribués. Toutefois, depuis la venue de Yuko,
elle en a perdu beaucoup. Ainsi n’apprécie-t-
elle guère cette nouvelle geisha qui lui fait de
l’ombre. En effet, cette dernière lui a même pris
sa place lors du banquet en présence de Shōwa
Tenno Hirohito, l’empereur. Afin de subvenir
à ses besoins pour rembourser l’okiya, elle s’est
trouvée un danna en la personne de M. Ikeda
dont elle est tombée follement amoureuse avec
le temps.
Kimiyo vient d’un petit village de cultivateurs
de riz non loin d’Aizu Wakamatsu. Elle a dix
frères et sœurs. Ses parents ont dû faire un
choix difficile au vu du nombre considérable
de bouches à nourrir. Kimiyo étant l’aînée de
sa fratrie, elle fut la première à être placée (ou
vendue) chez Chizako, la propriétaire d’une
des okiya les plus réputées de Tokyo. Elle sait
qu’une autre de ses sœurs, Yumi, travaille
comme geisha dans une autre ville, mais elle
n’a jamais pu la revoir. À l’okiya de Chizako,
Kimiyo a été la maiko de Matsu, la plus belle
des geishas de l’établissement, qui l’a prise
sous son aile et lui a apporté toute l’affection
que peut apporter une mère.
Avec le temps, Kimiyo a su maîtriser les arts
musicaux du shamisen et du tsuzumi comme
personne. Il y a deux ans, elle a vu l’arrivée
de Riku et de Sachi à l’okiya, et la nouvelle
concurrence l’a confortée dans l’idée d’avoir
son danna, un homme qui pourvoit à ses
besoins. En charge de leur éducation, elle les
a cantonnées aux basses besognes, ce qui n’a
pas échappé à Matsu (comptable actuelle de
l’okiya) qui les a confiées à Yuko.
Kimiyo est très grande. Son corps est longiligne
avec peu de formes. Sa peau est blanche et
laiteuse. Ses cheveux châtains descendent
jusqu’aux creux de ses genoux.
Malgré la rivalité et la jalousie qu’elle a à
l’encontre des nouvelles venues de l’okiya,
Kimiyo sait qu’elle a un rôle de meneuse à
jouer et d’exemple à donner. Aussi se doit-
elle de rester parfaite en toute circonstance.
Cependant, c’est une geisha très célèbre et
connue dans tout le hanamashi, le quartier où
vivent les geishas à Tokyo. Elle est distinguée
et dissimule ses pensées.
La plupart des geishas ne possède que très peu
de biens. La seule possession de Kimiyo est un
Teinture chatoyante
kanzashi (peigne à cheveux) que M. Ikeda lui
a offert lorsqu’il est devenu son danna, elle y
tient beaucoup.
Niveau 4 ; Profil Geisha (Société)
FOR 10 (+0) DEX 14 (+2) CON 12 (+1)
INT 14 (+2) PER 12 (+1) CHA 16 (+3)
DÉF 12 PV 20 Init +2
PC 7 PS 5 Ki +1 PM 6 Volonté +3
ATC +1 ATD +2 ATM +2
Voie des arts zen
Rang 1 : +5 pour la cérémonie du thé.
Rang 2 : +1/rang sur un test de Volonté.
Voie du discours
Rang 1 : +1/rang sur un test pour convaincre,
séduire ou mentir.
Rang 2 : test de CHA contre INT pour énerver
quelqu’un (-5 adverse pour s’en prendre aux
Eiyu, fait de grosses erreurs de jugement).
Voie de l’esthétique
Rang 1 : PER difficulté 20 pour identifier un
artiste ou une école.
Rang 2 : +1 pour amadouer quelqu’un.
Rang 3 : +2 pour performance artistique, +5
pour le shamisen, la difficulté du rang 1 passe
à 10 au lieu de 20.
Voie de la psychologie
Rang 1 : +2/rang sur un test pour comprendre
l’état émotionnel ou demander des aveux.
Rang 2 : récupère un PC si on obtient un 4
naturel.
Voie de la furtivité
Rang 1 : +2/rang sur un test pour passer
inaperçue.
Traits : Bonne mémoire (+1) (+5 pour se
souvenir), Cancanière (-1) (test de CHA
difficulté 10 pour éviter de répandre des
rumeurs).
117
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 Yuko
La seconde
Yuko, 26 ans, est née dans un petit village
de pêcheurs de Hakone. Sa mère est morte
lorsque sa sœur jumelle Chihiyo et elle
étaient encore très jeunes. Leur père, un petit
pêcheur, n’avait pas de quoi les nourrir. Ainsi
les a-t-il vendues à Chizako pour son okiya.
Malheureusement la formation de geisha de
la sœur de Yuko a été abandonnée car elle
avait été déflorée par un jeune homme du
village avant son achat. Considérée comme
un fruit pourri par Chizako lorsque celle-
ci a découvert la vérité en lisant le journal
de Yuko, Chihiyo a été jetée dehors. Elle a
intégré un « bordel » du quartier des plaisirs.
Chihiyo ne pardonna jamais Yuko qu’elle
considère comme fautive de sa déchéance et
cette dernière s’en veut encore.
La beauté de Yuko est sans nom. Elle a le sens
de la formule et ne se décourage pratiquement
jamais. Elle est de petite taille, a de longs
cheveux noirs de jais et des yeux d’un bleu
céruléen profond. Son arrivée à l’okiya a été
très dure. En effet, Kimiyo, sa « grande sœur »,
l’a tout de suite considérée comme une vraie
rivale. Durant sa formation en tant que
maiko, elle lui a fait vivre un enfer.
Aujourd’hui les deux geishas se partagent
chacune le marché avec leurs spécificités.
Yuko évite autant qu’elle peut Kimiyo. Sa
maîtrise de la cérémonie du thé lui a permis
de participer à un banquet où se tenait
l’empereur Shōwa Tenno Hirohito.
Yuko a pris Sachi et Riku sous son aile et leur
transmet avec bienveillance les ficelles du
métier pour ne pas leur faire vivre ce qu’elle a
ressenti pendant sa formation.
118
Niveau 4 ; Profil Geisha (Société)
FOR 12 (+1) DEX 14 (+2) CON 10 (+0)
INT 12 (+1) PER 14 (+2) CHA 16 (+3)
DÉF 12 PV 18 Init +2
PC 7 PS 5 Ki +1 PM 5 Volonté +4
ATC +1 ATD +2 ATM +2
Voie des arts zen
Rang 1 : +5 pour la cérémonie du thé.
Rang 2 : +1/rang sur un test de Volonté.
Rang 3 : +10 au lieu de +5 pour la cérémonie
du thé.
Voie du discours
Rang 1 : +1/rang sur un test pour convaincre,
séduire ou mentir.
Voie de l’esthétique
Rang 1 : PER difficulté 20 pour identifier un
artiste ou une école.
Rang 2 : +1 pour amadouer quelqu’un.
Voie de la psychologie
Rang 1 : +2/rang sur un test pour comprendre
l’état émotionnel ou demander des aveux.
Voie de l’artisanat
Rang 1 : permet de créer des outils médiocres
(-3 en l’utilisant).
Rang 2 : +5 lié à la pêche et aux outils de
pêche.
Traits : Charmante (+1) (+5 aux tests de
Séduction), Inexpérimentée au combat (-1) (pas
d’action au premier tour autre que Défense).
 Sachi
Maiko
Issue d’un milieu aisé, Sachi, 16 ans, est la fille
d’un maître des estampes. Sa mère est morte
en couche. Sachi a été élevée et instruite par
des précepteurs. Cependant lorsque son père
a décidé de se remarier, il n’a pas hésité à la
vendre à l’okiya à la première occasion.
Très raffinée, Sachi a gardé le goût pour les
arts littéraires et esthétiques. Elle est très
pulpeuse, mais dissimule ses formes sous des
bandages compressifs.
Chizako lui a permis de continuer à travailler
la calligraphie et les estampes. Sachi excelle
aussi dans l’ikebana, l’origami et le sumi-e,
mais a aussi beaucoup étudié la littérature.
Elle est arrivée en même temps que Riku
à l’okiya et devait être initialement formée
par Kimiyo. Au début, cette dernière lui
faisait faire les tâches ingrates au détriment
de son apprentissage. Dès lors que celle-ci
fut plus occupée par son danna que par ses
responsabilités, elle la délaissa à Matsu et
Yuko. Sachi voit en Riku et Yuko des sœurs
prêtes à l’aider. Malgré la distance que met
Kimiyo, celle-ci ressemble beaucoup à sa mère
disparue dont elle possède la photo.
Niveau 4 ; Profil Geisha (Société)
FOR 12 (+1) DEX 12 (+1) CON 10 (+0)
INT 16 (+3) PER 14 (+2) CHA 14 (+2)
DÉF 11 PV 18 Init +1
PC 6 PS 9 Ki 0 PM 5 Volonté +4
ATC +2 ATD +1 ATM +3
Voie des arts zen
Rang 1 : +5 pour la cérémonie du thé.
Rang 2 : +1/rang sur un test de Volonté.
Teinture chatoyante
Voie du discours
Rang 1 : +1/rang sur un test pour convaincre,
séduire ou mentir.
Voie de l’esthétique
Rang 1 : PER difficulté 20 pour identifier un
artiste ou une école.
Rang 2 : +1 pour amadouer quelqu’un.
Voie de la psychologie
Rang 1 : +2/rang sur un test pour comprendre
l’état émotionnel ou demander des aveux.
Voie des langues
Rang 1 : notions de base du chinois.
Rang 2 : notions de base du coréen, test d’INT
difficulté 10 pour identifier l’origine d’une
langue.
Voie de la calligraphie
Rang 1 : test d’INT difficulté 10 pour
déchiffrer tout texte écrit en japonais.
Rang 2 : peut recopier un texte à l’identique,
la difficulté dépend de la qualité voulue de la
copie.
Traits : Héritage familial (+2) (Corporatiste/
remplace la voie des contacts par la voie des
langues), Incapable de mentir (-1) (refuse de
mentir, test de CHA difficulté 10 pour s’empêcher
de reprendre un mensonge en public).
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 Riku
Apprentie maiko
Riku, 15 ans, descend d’une famille de fileuses Voie du discours
de vers à soie. Elle a été vendue depuis peu
à l’okiya. Elle est arrivée en même temps Rang 1 : +1/rang sur un test pour convaincre,
que Sachi, une autre maiko avec qui elle a séduire ou mentir.
développé une relation de sœur. Rang 2 : test de CHA contre INT pour énerver
Un peu sauvage, ses cheveux sont souvent quelqu’un (-5 adverse pour s’en prendre aux
mal coiffés et s’échappent de la grande natte Eiyu, fait de grosses erreurs de jugement).
qui lui descend dans le dos. Elle a un visage
plutôt rond et grossier. De nature enjouée, elle
respire la joie et l’humour. Elle aime danser. Voie de l’esthétique
Malgré ses manières campagnardes, elle est
Rang 1 : PER difficulté 20 pour identifier un
attirée par les belles choses. Riku aspire à
artiste ou une école.
devenir une grande geisha comme Kimiyo et
Yuko. Cependant, elle se verrait bien épouser Rang 2 : +1 pour amadouer quelqu’un.
une carrière d’actrice dans le théâtre nô ou
kabuki, quand sa dette à l’okiya sera réglée.
Au quotidien, Riku se charge avec Sachi Voie de la psychologie
d’entretenir l’okiya et d’aider les geishas. Rang 1 : +2/rang sur un test pour comprendre
Yuko l’a prise en charge tout de suite, car l’état émotionnel ou demander des aveux.
Kimiyo semble distante avec elle. Elle est
souvent recadrée par Matsu, la comptable de Rang 2 : récupère un PC si on obtient un 4
l’okiya, sur son tempérament trop exubérant naturel.
pour une geisha.
Niveau 4 ; Profil Geisha (Société)
Voie du sekentei
FOR 12 (+1) DEX 10 (+0) CON 16 (+3)
Rang 1 : test d’INT difficulté 10 pour
INT 12 (+1) PER 14 (+2) CHA 14 (+2) identifier les signes, les lieux ou les noms liés
DÉF 10 PV 24 Init +0 aux coutumes de l’archipel du Japon.

PC 6 PS 5 Ki +1 PM 8 Volonté +3 Rang 2 : +5 pour les tests sociaux envers les

ATC +2 ATD +0 ATM +1
Voie des arts zen
Rang 1 : +5 pour la cérémonie du thé.
Rang 2 : +1/rang sur un test de Volonté.
natifs suivant les us et coutumes traditionnels.
Traits : Endurante (+1) (+5 pour les tests
contre la fatigue et les privations), Esprit
fragile (-1) (-5 aux tests de Volonté).

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 La vieille Matsu
Matsu, 55 ans, était une belle geisha. Elle a
eu son temps de gloire. Aujourd’hui son corps
est marqué par les ravages des crèmes qui
servent à peindre les corps. Sa peau est jaune
et cireuse. Ses dents sont noircies par le tabac
qu’elle fume à l’aide d’une grande pipe. Après
des années de service, n’ayant pas trouvé de
danna et ayant encore des dettes à l’okiya,
Matsu fut employée par Chizako comme
comptable et formatrice des nouvelles recrues.
Elle n’est pas du tout démonstratrice, voire
très froide avec les filles. Cependant elle les
aime toutes et les considère comme sa famille.
Elle a formé Kimiyo et Yuko. Matsu espérait
que Kimiyo se chargerait des dernières
arrivées, Riku et Sachi, cependant celle-ci se
trouve « trop occupée » et trop bien pour cette
« tâche » aussi sont-elles finalement confiées
à Yuko que Matsu aide dans cette relève
délicate. Devenue amie de Chizako, Matsu
joue très souvent au go avec cette dernière.
Elle retrouve dans les deux dernières maiko
Sachi et Riku la petite Matsu arrivant jadis
à Tokyo.
Chizako lui a permis d’apprendre la médecine
orientale et la méditation pour soigner et
aider les filles. D’ailleurs il n’est pas rare de
la voir dans le jardin de l’okiya à l’aurore
pour pratiquer le tai-chi. Elle apprécie peu
M. Ikeda qui selon elle détourne Kimiyo de
son rôle à l’okiya. Passionnée de divination,
Matsu ne se sépare jamais de son Yi king, un
ouvrage chinois sur le sujet.
Niveau 4 ; Profil Geisha (Société)
FOR 12 (+1) DEX 14 (+2) CON 10 (+0)
INT 16 (+3) PER 14 (+2) CHA 14 (+2)
DÉF 12 PV 18 Init +2
PC 6 PS 7 Ki 0 PM 5 Volonté +4
ATC +1 ATD +3 ATM +3
Teinture chatoyante
Voie des arts zen
Rang 1 : +5 pour la cérémonie du thé.
Rang 2 : +1/rang sur un test de Volonté.
Voie du discours
Rang 1 : +1/rang sur un test pour convaincre,
séduire ou mentir.
Rang 2 : test de CHA contre INT pour énerver
quelqu’un (-5 adverse pour s’en prendre aux
Eiyu, fait de grosses erreurs de jugement).
Voie de l’esthétique
Rang 1 : PER difficulté 20 pour identifier un
artiste ou une école.
Voie de la psychologie
Rang 1 : +2/rang sur un test pour comprendre
l’état émotionnel ou demander des aveux.
Voie de l’éveil
Rang 1 : +5 aux tests liés à la théologie.
Rang 2 : +5 aux tests sociaux.
Voie de la médecine traditionnelle
Rang 1 : INT difficulté 10 pour identifier un
mal affectant un individu.
Rang 2 : DEX difficulté 10 ou 15 selon la
gravité pour rendre 1 PV puis rend son DV
dans l’heure, peut guider quelqu’un avec test
d’INT difficulté 15.
Traits : Illuminée (+2) (permet la voie de
l’éveil), Maudite des kamis (-2) (le Sensei peut
demander de relancer un seul test une fois
par partie), Contrariante (-1) (test de CHA
difficulté 10 pour éviter de donner son avis).
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