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Jean Racine est l’un des dramaturges qui ont marqué la littérature française grâce à

ses pièces théâtrales tel que Bérénice, Andromaque et surtout Phèdre où il dévoile, à
travers le personnage éponyme, sa lutte contre son amour incestueux et à la
malédiction divine. Cette tirade met parfaitement en lumière ces deux thèmes, ainsi il
est obligatoire de poser une importante problématique : Comment Racine a pu
démontrer la complexité des émotions de son héroïne tragique tout en explorant sa
soumission face à la cruauté des dieux ?

Cette analyse se focalisera principalement sur 3 axes majeurs : d’un premier lieu la
honte gênante et le désespoir de Phèdre, ensuite Le caractère cruel d’une déesse
glorieuse et enfin Les provocations pour venger un Hippolyte rebelle.

Axe1 : la honte gênante et le désespoir de Phèdre

Phèdre est consciente de son péché et de son amour interdit qui traduisent
clairement son sentiment de culpabilité. L’emploi du mot « honte » précédé du verbe
« voire » au présent de l’indicatif marquant la vérité générale reflète sa détresse
émotionnelle, l’expression « où je suis descendue » souligne également sa
reconnaissance et ses remords envers ses actes criminels. Le mot « descendue » rime
parfaitement avec « confondue » indique en quelque sorte la maturité de ce
personnage. Effectivement elle semble réveillée de son amour aveugle et de ses
actions immorales, ce qui traduit un remarquable changement dans son état d’âme.
Notons également que la question rhétorique « suis-je assez confondue ? » pointe
du doigt sa culpabilité et même son immense désespoir, l’adverbe « assez » vient
affirmer cette soumission et illustre la complexité psychique de Phèdre

Axe2 : Le caractère cruel d’une déesse glorieuse


Le tiraillement de Phèdre et son assujettissement sont clairement mis à nue dans ce
passage d’où l’emploi d’un lexique péjoratif ; en effet l’adjectif « implacable »
précède le nom de la déesse « Vénus » soulignant ainsi sa grande autorité et sa
puissance grandiose. Même chose pour les deux vers suivants « Tu ne saurais plus
loin pousser ta cruauté » et « ton triomphe est parfait, tous tes traits ont porté »
qui laissent voir non seulement la « cruauté » et l’impitoyabilité de Vénus mais
reflète également la fatalité du sort de notre héroïne. Le conditionnel « saurais » et
l’adverbe « plus loin » signifient que la malédiction de la déesse est tellement
« parfaite » et qu’il est difficile, voire impossible, de réaliser un tel exploit ou un tel
« triomphe ». La négation « tu ne saurais » vient appuyer ceci en soulignant la
soumission totale de Phèdre, tandis que l’adverbe « tous » dans « tous tes traits ont
porté » reflète lui aussi cette idée et accentue la victoire implacable de Vénus.
Remarquons l’emploi de la 2eme personne « O toi, ta cruauté, tes traits… » laissent
entendre que Phèdre essaye petit à petit de se rapprocher de la déesse, ce sont les
prémices d’une prière cachant peut-être des idées noires.
Axe 3 : Les provocations pour venger un Hippolyte rebelle
Phèdre essaye de défier Vénus et d’agiter sa colère tout en insistant sur son caractère
sauvage et sévère d’où l’usage d’un champ lexical tellement violent tel que
l’apostrophe « Cruelle » ou encore « Attaque, Fuir, Courroux » qui exprime toute la
monstruosité de ses malédictions glorieuses ». Phèdre commence à inciter Vénus et
tente de la convaincre en parlant de la rébellion de son beau-fils Hippolyte contre les
dieux. Le mot « ennemi » dévoile la haine et la rancœur qu’éprouve Phèdre envers
son fils en le considérant qu’il est un ennemi commun et digne d’une divinité. Sans
oublier les expressions « gloire nouvelle » et « plus rebelle » montrent qu’il s’agit
d’un opposant très lourd.
A travers un rythme saccadé remarquable à travers la succession des virgules
exprimant la rancune de Phèdre, Celle-ci commence à énumérer plusieurs arguments
soulignant la rébellion d’Hippolyte contre l’autorité divine, et surtout celle de Vénus.
Effectivement, dans le vers « Hippolyte te fuit, et bravant ton courroux », le mot
« bravant » suggère la résistance féroce d’Hippolyte face aux dieux et à leurs
« courroux » terrifiants, l’adverbe « jamais » dans le vers suivant « jamais à tes
autels n’a fléchi les genoux » marque clairement la nature de sa rébellion et son
indifférence envers les divinités. Ce qui explique l’usage du verbe « sembler ».
Phèdre continue d’attiser la rage céleste en comparant son beau-fils aux dieux,
l’adjectif « superbes » laisse entendre qu’Hippolyte se croit égal, voire supérieur
qu’eux ce qui traduit son arrogance. Tous les arguments ont pour but de supplier et
de convaincre Vénus de se venger de cet idolâtre d’où l’emploi de l’impératif
« Venge-toi » : Un message direct à la déesse qui partage la même situation et le
même ennemi que Phèdre « nos causes sont pareilles ». Sans oublier que
l’expression « Qu’il aime !» traduit le souhait de Phèdre de voir son beau-fils soumis
à la même malédiction fatale et irrésistible qu’elle est obligée de subir.

Il serait juste d’approuver que Jean Racine a pu magistralement prouver le complexité


émotionnelle et le trouble moral de Phèdre qui se voient à travers son désespoir et sa
soumission face à la volonté des dieux, ce chaos psychique est également dénudé à
travers ses prières absurdes ce qui fait de Phèdre une héroïne tragique par excellence
à cause de son tiraillement qui suscite pitié et terreur chez le spectateur.

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