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COMMENTAIRE D’UN EXTRAIT DE BEL-AMI

Linda HONSOVA, 2nd14

Bel-Ami est un roman réaliste de Guy de Maupassant dans lequel il raconte le


parcours d’un personnage, ancien sous-officier, venu tenter sa fortune à Paris, qui va devenir
un séducteur des femmes. L’auteur critique ainsi la politique, le journalisme et la société
hiérarchisée de la deuxième moitié du XIXème siècle dans laquelle il vit. L’extrait à étudier
est une partie du 9ème chapitre de la 2ème partie du roman et décrit la souffrance de Mme
Walter causée par son obsession de son amant Georges Duroy. On peut se demander quelle
image l’auteur donne aux passions tragiques en rendant de belles choses dangereuses à
travers l’histoire d’une femme y soumise. Dans un premier plan, nous étudierons les
ténèbres de la nuit et de l’âme ; dans un deuxième plan, nous analyserons de belles choses
qui deviennent une arme meutrière.

L’extrait nous propose une image des ténèbres de la nuit et de l’âme. Tout d’abord,
l’auteur éveille l’impression de lourdeur et d’oppression à l’aide d’une description de la
serre. Pour cela, il utilise le champ lexical de la lourdeur : « lourdes », « chauds »,
« épaississaient », « pesante ». L’auteur nous donne ainsi l’impression d’être enfermé et
décrit l’atmosphère étouffante. Pour insister sur d’autres effets négatifs du cadre spatio-
temporel, l’auteur décrit également l’obscurité qui souligne l’inquiétude qui est
caractéristique pour la nuit, le temps des rêves mais aussi des fantômes et des cauchemars.
L’auteur appuie sur le manque de la lumière à l’aide de l’utilisation des mots : « bougie »,
« lumière », « obscure », « s’éteignit », « ténèbres », « nuit », « sombre » et à l’aide de
l’antithèse « ne l’ayant jamais vu que plein de lumière, elle demeura saisie devant sa
profondeur obscure ». Les ténèbres de la nuit sont liées aux ténèbres de l’âme notamment de
celle de Mme Walter que l’on va observer en analysant ses relations avec deux personnes
qui lui sont les plus proches.
Premièrement, l’auteur nous fait connaître le portrait divin de l’amant de Mme
Walter, Georges Duroy. Mme Walter succombe à l’adoration de Bel-ami, elle lui est
complètement dévouée. Soumise à sa séduction et son charme, elle le divinise. L’auteur
utilise la comparaison :« Il (le Christ) ressemblait tellement à Bel-ami ». Pour insister sur la
ressemblance de Georges à Jésus, l’extrait nous propose une énumération : « ses yeux, son
front, l’expression de son visage, son air froid et hautain ». Dans ce passage, une anaphore
(la répétition du pronom possessif) augmente la tension. Dans cet extrait, l’auteur relève un
des caractères de Georges, sa possessivité. On la souligne par l’utilisation du mot
« hautain » et à l’aide de l’hyperbole « possédait ». La possessivité et la superficialité
empêchent de créer un lien durable et un véritable amour réciproque.
Deuxièmement, l’auteur décrit la relation de Mme Walter avec sa fille Suzanne. Mme
Walter est très jalouse d’elle ce que l’extrait nous montre à l’aide de nombreuses anaphores
et répétitions. La répétition du mot « lui » dans le passage « Lui ! Lui ! avec Suzanne ! » et
l’anaphore « à sa fille et à son amant » insistent sur les émotions de Mme Walter et sur le
fait qu’elle ne pouvait jamais imaginer sa fille avec son amant. Les émotions sont soulignées
également par les points d’exclamations utilisés dans ces phrases. Les émotions de Mme
Walter causent la jalousie que l’on voit à l’aide d’une anaphore : « sa fille qu’elle haïssait, sa
fille qui se donnait à cet homme ». La jalousie de Mme Walter gradue à la violence envers
sa fille. La gradation de l’agression est soutenue à l’aide d’une anaphore (répétition du mot
« elle » au début de chaque phrase) et d’une énumération des verbes : « Elle répétait »,
« Elle les voyait », « Elle se souleva », « Elle allait », « Elle la touchait », « Elle heurtait »,
« Elle poussa un grand cri ». A l’aide du champ lexical de la violence et de l’énumération
des verbes appartenant à ce champ lexical, l’auteur décrit la violence de Mme Walter envers
sa fille causée par sa jalousie : « Prendre sa fille par les cheveux et l’arracher de cette
étreinte », « Elle allait la saisir à la gorge, l’étrangler ». La haine envers Suzanne est encore
accentuée à l’aide de l’utilisation du mot « haïssait ». Quoiqu’il s’agisse de la mère et de sa
fille, l’amour maternel est complètement nié par la profonde jalousie, la fille devient la
rivale féroce de sa mère.

A travers cet extrait, l’auteur nous parle de belles choses qui deviennent des armes
meutrières si elles sont exagérées. Premièrement, l’extrait nous propose les caractéristiques
des plantes qui assistent à créer l’atmosphère étouffante de la serre. Pour décrire les plantes,
l’auteur utilise le champ lexical d’irréel hyperbolique : « extravagantes », « monstre »,
« difformités bizarres », « étranges », « irréelles », « fantastiques ». Les plantes créent, à la
lumière faible de la bougie, des ombres qui font peur. L’auteur donne aux belles plantes
colorées l’image des monstres avec les odeurs lourdes qui font mal. A l’aide de ces mots,
l’auteur met l’accent sur les hallucinations de Mme Walter et sur ses cauchemars. Pour
insister sur l’atmosphère négative de la serre et sur le danger de belles fleurs, l’auteur
emploie une énumération des verbes pour créer une gradation : « entrait dans la poitrine
avec peine, étourdissait, grisait, faisait plaisir et mal, donnait à la chair une sensation
confuse de volupté énervante et de mort ». Les odeurs des plantes sont comparées aux gazes
toxiques. Ils entrent dans le corps, étourdissent leur victime et la tuent. Dans ce passage, on
voit également deux antithèses : « faisait plaisir et mal » et « volupté...mort » ; et un
oxymore « volupté énervante ». Ces figures d’opposition soulignent l’impression de la
confusion et du déchirement, elles accentuent pareillement la différence entre la beauté et le
danger des fleurs.
Deuxièmement, l’extrait nous donne l’image de l’amour qui, si exagéré, devient une
obsession dangereuse. L’obsession de Bel-ami n’apporte à Mme Walter que de la souffrance
qui gradue dans cet extrait à l’aide du champ lexical : « torpeur », « trouble », « torturée »,
« malsain », « mortel », « affreuses », « effrayantes », « malade », « craignit pour sa vie »,
« angoisse ». On utilise cette gradation pour exprimer au mieux la douleur de Mme Walter
et la force de l’esprit qui peut causer la souffrance physique. On insiste ainsi sur
l’impression que les cauchemars et les idées fixes de Mme Walter pourraient la tuer.
L’auteur donne à Mme Walter l’image d’une femme désespérée soumise à son obsession de
son amant et à sa passion tragique et déstructive. La frontière entre le bel amour et
l’obsession dangereuse est relevée à l’aide d’un oxymore : « horrible amour ».
Troisièmement, l’auteur critique la religion. Il compare Mme Walter complètement
obsédée de son amant et les croyants soumis à Jésus. Bel-ami est comparé au Christ à l’aide
d’une comparaison (« Il (Jésus) ressemblait tellement à Bel-ami ») et d’une énumération des
éléments communs de Georges et du Christ (« ses yeux, son front, l’expression de son
visage, son air froid et hautain »). Dans cette énumération, on voit deux caractères
péjoratifs : « froid et hautain ». Surtout le mot « hautain » exprime que même Jésus, connu
pour son caractère parfait, n’est pas impeccable. Dans l’extrait, l’auteur utilise la phrase
« Elle heurtait les pieds du Christ ». Cette phrase a une référence à une histoire de la Bible
dans laquelle Marie-Madeleine lave les pieds du Christ. Elle s’humilie devant lui de la
même manière que Mme Walter s’humilie devant Georges. L’humiliation de Mme Walter
est soulignée par une répétition « Jésus ! Jésus ! Jésus ! » renforcée par les points
d’exclamation utilisés.

Nous avons donc vu quelle image l’auteur donne aux passions tragiques en rendant
de belles choses dangereuses à travers l’histoire d’une femme y soumise. L’auteur présente
trois choses qui paraissent innocentes mais les exagérer mène à la souffrance : les fleurs,
l’amour et la religion. L’auteur critique également l’adoration exagérée qui coupe les liens
d’attachement même avec les personnes les plus proches, dans cet extrait, l’auteur utilise
l’exemple de l’amour maternel. La même problématique est traitée dans le roman L’écume
des jours écrit en 1947 par Boris Vian. Les deux œuvres critiquent les passions déstructives
et les thèmes principaux sont l’amour, les fleurs, la religion et la souffrance liée à la mort.

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