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Introduction
1 Le consentement à l’impôt
2 Les normes d’encadrement du budget
1) La constitution du 4 octobre 1958
2) La loi organique du 1er août 2001 relative aux lois de finances
3) La jurisprudence constitutionnelle
4) Le décret du 7 novembre 2012 relatif à la gestion budgétaire et comptable publique
5) Des textes internes ou communautaires
3 Budget et loi de finances
PARTIE 1
Le cadre juridique du budget
Chapitre 1 L’annualité budgétaire
1 La définition du principe d’annualité
A. La signification juridique du principe
B. Les justifications du principe
2 Les exceptions au principe d’annualité
A. Les dérogations au vote annuel
1. Pour une période inférieure à un an
a) Une dérogation historique : les douzièmes provisoires
b) Une dérogation actuelle : la loi de finances
2. Pour une période supérieure à un an
a) Les dérogations passées
b) Le dispositif actuel
B. Les dérogations à l’exécution annuelle : les crédits de report
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1. Les budgets annexes
2. Les comptes spéciaux
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PARTIE 2
La conception du budget
2 La préparation du budget
A) La préparation pluriannuelle
1) La programmation pluriannuelle externe
2) La programmation pluriannuelle interne
B) La préparation du budget annuel
1) Le cadrage
2) La phase d’examen des perspectives budgétaires
a) Les réunions d’économies structurelles
b) L’exercice complémentaire
c) Les réunions budgétaires
3) La phase de restitution
a) L’appréciation des propositions budgétaires
b) Les lettres plafonds
c) La répartition des crédits par programme
4) Les conférences de gestion publique
5) L’information du parlement
6) La mise au point définitive
7) L’adoption en conseil des ministres
3 L’évaluation du budget
1 La loi de finances
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1) Les dispositions relatives aux ressources
a) Les dispositions fiscales
b) Les ressources affectées
2) Les dispositions relatives à l’équilibre des ressources et des charges
B) La deuxième partie de la loi de finances
1) Les autorisations budgétaires pour l’année : crédits et découverts
a) Les crédits des missions
b) Les autorisations de découverts
c) Les dispositions diverses
2) Les autorisations budgétaires pour l’année : plafonds des autorisations d’emploi
3) Les reports de crédits
4) Les dispositions permanentes
a) Les mesures fiscales et budgétaires
b) Les autres mesures
C) Les états législatifs annexés
PARTIE 3
Le vote du budget
1
2) Les autres lectures
B) La sanction des délais
1) La sanction des délais de lecture
2) La sanction du délai global
3)
Chapitre 9 L’adoption du budget
1 La discussion du budget
A) L’examen en commission
1) Les commissions des finances
2) Les autres commissions
B) La discussion en séance publique
1) La discussion générale
2) La discussion et l’adoption préalable de la première partie
3) L’adoption de la seconde partie
4 La répartition du budget
PARTIE 4
Les ressources et dépenses du budget général
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a) L’impôt sur le revenu
b) L’impôt sur les sociétés
2) Les principaux impôts indirects
a) La taxe sur la valeur ajoutée
b) La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques
3) Les autres contributions
a) Les autres impôts directs et taxes assimilées
b) Les autres impôts directs perçus par voie d’émission de rôles
c) L’enregistrement, le timbre et les autres contributions indirectes
B) Les recettes non fiscales
1) Les principales ressources non fiscales
a) Les dividendes et recettes assimilées
b) Les produits de la vente des biens et services
c) Les ressources diverses
2) Les autres recettes non fiscales
a) Les produits du domaine de l’Etat
b) Les remboursements et intérêts des prêts et avances
c) Amandes, sanctions, pénalités et frais de poursuite
A) La charge de la dette
1) L’encours de la dette publique
a) L’évolution de l’encours
b) La structure de la dette
B) Les dépenses de personnel
1) Le contenu des charges de personnel
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2) Les facteurs d’évolution des charges de personnel
C) Les dépenses de fonctionnement
Chapitre 12 L’emprunt
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PARTIE 5
L’exécution de la loi de finances
A) Les ordonnateurs
1) Les différentes catégories d’ordonnateurs
a) Les ordonnateurs principaux
b) Les ordonnateurs secondaires
c) Les ordonnateurs délégués
2) La responsabilité des ordonnateurs
a) La responsabilité des ordonnateurs principaux
b) La responsabilité des autres ordonnateurs
B) Les comptables
1) Les différentes catégories de comptables
a) Les comptables directs du Trésor
b) Les autres catégories de comptables
2) La responsabilité des comptables
a) La portée de la responsabilité
b) L’engagement de la responsabilité pécuniaire
c) Les atténuations de responsabilités
1 Les régies
A) L’organisation des régies
1) La création des régies
2) La nomination des régisseurs
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B) Le fonctionnement des régies
1) Les régies de recettes
a) La nature des recettes
b) Les obligations du régisseur
2) Les régies d’avances
a) La nature des dépenses
b) Les opérations du régisseur
2 Le contrôle des régies
A) Les contrôles internes
1) Par le comptable assignataire
2) Par les autres autorités de contrôle
B) La responsabilité des régisseurs
Chapitre 15 La sanction à La séparation des ordonnateurs et des comptables
1 La gestion de fait
A) La définition légale de la gestion de fait
1) L’ingérence dans le recouvrement des recettes
2) Le maniement des fonds irrégulièrement extraits d’une caisse publique
B) Les comptables de fait
1) Les personnes physiques
2) Les personnes morales
2 Les conséquences de la gestion de fait
A) Les obligations du comptable de fait
1) La reddition des comptes
2) L’apurement du débet
B) Les sanctions encourues par le comptable de fait
1) Les amendes
2) Les autres sanctions
PARTIE 6
Le contrôle de l’exécution de la loi de finances
Chapitre 16 Les contrôles internes
1 Les contrôles sur les ordonnateurs
A) Le contrôleur financier
1) La nomination du contrôleur financier
a) Le contrôle budgétaire et comptable ministériel
b) Le contrôle financier déconcentré
2) Les missions du contrôleur financier
a) La mission générale
b) La programmation de l’exécution budgétaire
c) Le suivi de l’exécution budgétaire
3) Les moyens du contrôleur financier
a) Le visa et l’avis préalable
b) Le contrôle à postériori
B) Le comptable
1) Le contrôle de la régularité budgétaire
2) Le refus de paiement et la réquisition
C) La commission des marchés publics de l’Etat
2 Les contrôles sur les comptables
A) L’Inspection générale des finances
1) L’organisation de l’Inspection générale des finances
2) Les missions de l’Inspection générale des finances
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a) Le contrôle des comptables publics
b) Le contrôle des ordonnateurs secondaires
c) Le contrôle des organismes bénéficiant d’avantages financiers
d) Le contrôle d’autres organismes
e) Les fonctions de conseil
B) Le contrôle du directeur départemental des Finances Publiques
1) Le contrôle des comptables publics
2) Le contrôle des organismes subventionnés
Chapitre 17 Les contrôles juridictionnels
1 La Cour des comptes
A) L’organisation de la Cour des comptes
1) La composition de la Cour
a) Les magistrats du siège
b) Le ministère public
c) Les autres personnels
2) Le fonctionnement de la Cour
a) Les chambres
b) Les formations spéciales
B) Les attributions juridictionnelles de la Cour des comptes
1) La Cour des Comptes, juge des comptes des comptables publics
a) La reddition des comptes
b) La procédure de jugement des comptes
c) Le jugement des comptes
d) Les voies de recours
2) La Cour des Comptes, juge d’appel
a) La procédure d’appel
b) L’examen de l’appel
C) Les contrôles de gestion réalisés par la Cour
1) Le contrôle de la gestion des ordonnateurs
a) La nature du contrôle
b) La portée du contrôle
2) Le contrôle des comptes et de la gestion des entreprises publiques
a) Les entreprises concernées
b) L’exercice du contrôle
3) Le contrôle des organismes de Sécurité Sociale
a) Les organismes soumis à contrôle
b) La particularité du contrôle
4) Les autres contrôles par la cour
D) Le rôle d’assistance et d’information de la Cour
1) L’assistance apportée au gouvernement et au parlement
a) L’assistance au gouvernement
b) L’assistance conjointe au gouvernement et au parlement
c) L’assistance et l’information apportées au parlement
2) L’assistance au Défenseur des droits
3) L’information des administrés
a) Le rapport public
b) Les rapports publics particuliers thématiques
2 La Cour de discipline budgétaire et financière
A. L’organisation de la Cour
1) Les membres de la Cour
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2) Les rapporteurs
B. La saisine de la Cour
1) Le délai de saisine
2) Les autorités compétentes
C. La compétence de la cour
1) Les autorités insusceptibles d’être jugées
a) L’immunité juridictionnelle liée à l’exercice des fonctions
b) Les limites de l’immunité juridictionnelle
2) Les personnes justiciables de la Cour
D. Les infractions sanctionnées
1) Les infractions à la réglementation financière
2) L’octroi d’avantages injustifiés
3) Les infractions au respect de la chose jugée
E. La procédure et les sanctions
1) La procédure
2) Les sanctions
Chapitre 18 Les contrôles politiques
1 Les contrôles en cours d’exécution
A. L’information des commissions de finances
1) Les rapporteurs budgétaires
2) La commission des finances
B. L’information des parlementaires
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PARTIE 1
Le cadre juridique du budget
Chapitre 1
L’annualité budgétaire
Les dispositions de l’Ordonnance portant loi organique du 2 janvier 1959 relative aux lois de
finances et leur interprétation résultant de la jurisprudence du Conseil Constitutionnel
consacrent quatre grands principes budgétaires. Les dispositions applicables en 2006 de la loi
organique du 1er août 2001 reprennent, mutatis mutandis, la définition de ces quatre principes
et en consacrent un cinquième applicable depuis 2002, celui de sincérité. Au premier rang de
ces principes, on compte celui de l’annualité : toutefois, en raison de sa rigidité, ce principe
comporte des dérogations.
1. La définition du principe d’annualité
Cette règle d’annualité est traditionnelle dans l’histoire budgétaire et a été suivie avec des
fortunes diverses depuis la restauration, au début du XIXe.
L’article 1er de la loi organique du 1er août 2001 dispose que « les lois de finances,
déterminent pour un exercice, la nature, le montant et l’affectation des ressources et des
charges de l’Etat » et précise que « l’exercice s’étend sur une année civile ».
A. La signification juridique du principe
Le principe d’annualité signifie que le budget est voté chaque année et pour une année par
le parlement et qu’il doit être ensuite exécuté dans l’année par le gouvernement, dans la
mesure où l’article 15 de la loi organique de 2001 prévoit que les crédits ouverts au titre d’un
budget ne créent aucun droit au titre du budget suivant. L’année budgétaire coince, en France,
avec l’année civile (1er janvier/31 décembre), ce qui n’est d’ailleurs pas sans poser de
problèmes de gestion à certaines administrations ne fonctionnant pas en pratique dans le cadre
de l’année civile (Education nationale). Sous la IIIe République, durant trois année (1930 à
1932), le commencement de l’année budgétaire a été fixé au 1 er avril, mais a été mois fin à
cette expérience, qui n’avait pas donné satisfaction. Certains Etats dissocient leur exercice
budgétaire de l’année civile : par exemple, le point de départ de l’année budgétaire est fixé au
1er avril au japon ou en Grande Bretagne, au 1 er juillet en Suède et au 1er octobre aux Etats-
Unis. D’autres disposent de la faculté d’établir un budget pluriannuel : la Constitution
allemande de 1949 ouvre cette possibilité-inemployée jusqu’ici-d’adopter un budget pour
deux ans mais séparément par année. L’ONU et certaines organisations internationales
utilisent la technique du budget biennal.
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L’annualité budgétaire et le fait qu’elle recouvre l’année civile sont traditionnellement
justifiés par des considérations d’ordre politique, administratif et économique. Cela permet
tout d’abord un contrôle régulier des finances de l’Etat par le parlement, qui correspond à
l’ancienne mais permanente idée de consentement parlementaire à l’impôt, et au contrôle de
son utilisation, qu’une période budgétaire plus longue rendrait plus difficile.
L’administration, ensuite, est astreinte à produire ses comptes avec une périodicité
annuelle afin que les instances chargées des vérifications et contrôles puissent apprécier la
bonne et régulière gestion des deniers publics. Enfin, l’annualité correspond ç un rythme de
vie sociale et économique (bilans annuels des entreprises…) : l’extension de la période
budgétaire rendrait plus incertaines les prévisions économiques, qui sont déjà suffisamment
aléatoire dans le simple cadre de l’année civile.
2 Les exceptions au principe d’annualité
A. Les dérogations au vote annuel
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L’Article 53 de la loi organique du 1 er août 2001, applicable depuis 2002, prévoit que
doivent être joints à tout projet de loi de finances rectificative, un rapport présentant les
évolutions de la situation économique et budgétaire, justifiant les dispositions qu’il
comporte, une annexe explicative détaillant les modifications de crédits proposés, des
tableaux récapitulant les mouvements intervenus par voie réglementaire et relatifs aux crédits
de l’année en cours.
Les collectifs sont souvent déposés en fin d’année, pour traduire l’incidence de la
révision des hypothèses économiques sur les dotations de l’année en cours et procéder aux
ajustements nécessaires : ils visent à réestimer les recettes de l’année, à ratifier des décrets
d’avances, ou à augmenter certaines dotations. Par exemple, depuis 1995, les budgets ont été
rectifiés par des collectifs votés en décembre.
Toutefois, lorsque se produisent des alternances politiques, la nouvelle majorité traduit sa
volonté de changement par des lois de finances rectificatives, qui corrigent les options
budgétaires des prédécesseurs : par exemple, quatre collectifs budgétaires ont été votés en
1981 et deux en 1986. Généralement, ces collectifs sont adoptés dans les trois ou quatre mois
qui suivent l’alternance : ainsi, des collectifs ont été votés en août1981, juillet 1986, juin
1993, en août 2002 ou en juillet 2012. Outre cette alternance que l’on pourrait qualifier
« d’externe », génératrice de lois de finances rectificatives, il peut advenir qu’une alternance
« interne » produise les mêmes effets et qu’un changement d’équipe gouvernementale, en
l’absence de changement de majorité parlementaire, conduise au dépôt et à l’adoption d’un
collectif visant à afficher clairement, au moyen de l’instrument privilégié que constitue le
budget, un changement de politique : par exemple, la loi de finances rectificative de décembre
1995, intervenue à la suite du remplacement d’Edouard Balladur par Alain Juppé quelques
mois plus tôt au poste de Premier ministre.
Les lois de finances rectificatives peuvent également être votées à l’occasion d’une crise
structurelle, comme celle qui a frappé l’Europe en septembre/octobre 2008 (crise financière et
boursière) : ainsi, en quelques jours, a été votée la loi du 16 octobre 2008 de finances
rectificative pour le financement de l’économie suivie de celle de décembre ; d’autres
collectifs ont été adoptés en janvier, avril et décembre 2009 ; en 2010, quatre collectifs ont été
votés et autant en 2011 ; trois ont été adoptés en 2012 et en 2013.
2. Pour une période supérieure à un an
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La réalisation progressive du programme donnait lieu ensuite à l’inscription au budget,
chaque année, des crédits de paiement nécessaires, en fonction de l’échéancier des
travaux : ces crédits de paiement représentaient la dotation destinée à couvrir la dépense
annuelle correspondant à l’exécution de l’investissement.
b) Le dispositif actuel
Depuis 2006, le système des autorisations de programme et des crédits de paiement est étendu
à l’ensemble des dépenses des programmes (article 8 de la loi organique du 1 er août 2001) et
l’on parle d’autorisations d’engagement et de crédits de paiement. Cette extension est une
conséquence logique de la fongibilité des crédits au sein d’enveloppes globalisées rassemblant
l’ensemble des moyens nécessaires pour accomplir les objectifs d’une politique publique. En
revanche, si les autorisations de programme étaient valables sans limitation de durée, les
autorisations d’engagement perdront pour leur part cette validité permanente.
Les autorisations d’engagement constituent la limite supérieure des dépenses pouvant être
engagées. Pour une opération d’investissement, l’autorisation d’engagement couvre un
ensemble cohérent et de nature à être mis en service ou exécuté sans adjonction. Les crédits
de paiement constituent la limite supérieure des dépenses pouvant être ordonnancées ou
payées pendant l’année pour la couverture des engagements contractuels dans le cadre des
autorisations d’engagement. Pour les dépenses de personnel, le montant des autorisations
d’engagements ouvertes est égal au montant des crédits de paiement ouverts.
Le report de crédit est l’opération par laquelle les crédits accordés à un ministère pour une
année donnée et non consommés en tout ou partie peuvent venir s’ajouter à la dotation
correspondante du budget de l’année suivante, alors même que l’article 15 de la loi
organique dispose que les crédits ouverts au titre d’une année ne créent aucun droit au titre
des années suivantes. Ce principe est toutefois assorti d’assouplissements, prévus par le même
article, qui permettent à un service, sous certaines conditions, d’utiliser l’année suivante le
reliquat de crédits non utilisés lors de l’année d’autorisation : cette règle rigoureuse, s’il
n’était possible d’y déroger, pourrait en effet conduire les services à gaspiller les crédits par
crainte de les voir annulés en fin d’année ; en outre, des évènements indépendant de la volonté
des ministères peuvent engendrer des retards dans l’exécution de certains projets. En
moyenne, deux milliards d’euros environ sont reportés chaque année.
Chapitre II
L’universalité budgétaire
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Règle fondamentale du droit budgétaire, l’universalité implique le rassemblement en une
seule masse de l’ensemble des recettes publiques brutes ; ce principe est toutefois assorti de
dérogations permettant des affectations dans le budget général ou à côté du budget général.
L’article 6 de la loi organique de 2001 dispose que le budget décrit l’ensemble des
recettes et les dépenses budgétaires de l’Etat et prévoit qu’il est fait recette du
montant intégral des produits sans contraction entre les dépenses et les recettes et que
l’ensemble des recettes assure l’exécution de l’ensemble des dépenses. Selon le
conseil constitutionnel , le principe d’universalité assure la clarté des comptes de l’Etat
et permettre un contrôle efficace du parlement ; il a pour conséquence que les recettes
et dépenses doivent figurer au budget pour leur montant brut sans être contractées et
qu’est interdite, sauf exceptions, l’affectation d’une recette déterminée à la couverture
d’une dépense déterminée(décision n°82-154 DC du 29 décembre1982, loi de finances
1983). De ce principe d’universalité découlent deux règles importantes du droit
budgétaire, la non-compensation et la non-affectation.
A- La règle de non-compensation
B- LA REGLE DE NON-AFFECTATION
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Une recette ne peut être affectée au financement d’une dépense particulière : toutes
les recettes sont indistinctement destinées à la couverture de l’ensemble des
dépenses inscrites au budget. Il n’y a donc aucun lien juridique et financier entre
une recette fiscale perçue par l’Etat et une dépense budgétaire, même si, sur le plan
politique, le gouvernement peut justifier un impôt nouveau par la nécessité de
financer une action particulière : par exemple, en 1956, la création de la vignette
automobile a été présentée comme une recette nouvelle destinée à être affectée à
des mesures sociales en faveur des personnes âgées ; de même en 1988, la création
de l’impôt de solidarité sur la fortune (qui succédait à l’impôt sur les grandes
fortunes) a été présentée comme une recette destinée à financer le revenu
minimum d’insertion.
Le conseil constitutionnel, lorsqu’il est saisi, vérifie que le texte ne méconnaît pas
la règle de non-affectation, au besoin en soulevant d’office cette
inconstitutionnalité ; ainsi, il a estimé qu’était contraire au principe
d’universalité budgétaire un article d’une loi, qui n’était pas une loi de
finances, prévoyant l’affectation au profit d’organismes sociaux d’une partie
des droits de consommation sur les tabacs, qui constituent une recette de l’Etat,
pour compenser une charge supportée par les caisses d’assurance vieillesse : les
recettes de l’Etat doivent être inscrites au budget pour leur montant brut et
l’affectation de tout ou partie de celles-ci au financement d’une dépense
déterminée est interdite, sous réserve des exceptions prévues par la loi organique
de 1959 (décision n°93-328 DC du 16 décembre1993, loi quinquennale relative au
travail, à l’emploi et à la formation professionnelle ). L’affectation opérée par une
loi ordinaire, et à la suite d’un amendement parlementaire, est proscrite par les
dispositions de l’article34-3° de la loi organique de 2001, qui réserve cette faculté
à la loi de finances.
Ce sont des fonds versés par des personnes physiques ou morales pour contribuer avec
ceux de l’Etat aux dépenses d’intérêt public. Cette procédure permet d’assurer à ceux qui
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souhaitent participer à une dépense publique particulière que leurs fonds seront bien affectés à
cette opération. Le décret du 11 janvier 2007 pris pour l’application de l’article 17.II de la loi
organique prévoit qu’un compte rendu annuel soit établi par l’ordonnateur et adressé à la
partie versante en fin d’exercice. C’est notamment le cas des collectivités locales des
établissements publics ou de l’Union Européenne, qui versent des contributions à l’Etat pour
le financement de certains investissements réalisés par l’Etat : construction d’une université
ou d’une infrastructure routière (cofinancée par les collectivités locales), contrats de plan Etat
régions (cofinancées par les collectivités locales, les établissements publics ou l’Union
Européenne), crédits des fonds structurels européens… D’autre part, les produits de legs et
donation attribués à l’Etat constituent des fonds de concours, comme le prévoit l’article 17-II
de la loi organique.
Prévus par décrets, ils concernent le produit de recettes à caractère non fiscal. Sont ainsi
assimilés à des fonds de concours, les rémunérations de services rendus : par exemple, le
décret du 5 mars 1997 modifié par celui du 28 octobre 2010 a autorisé le rattachement par
voie de fonds de concours au budget du ministère de l’intérieur du produit des recettes
encaissées par l’Etat au titre des prestations de service d’ordre et de relations publiques
exécutées par les forces de police ( mise à disposition d’agents, de véhicules, escorte de
convois exceptionnels…).
L’article 17.II de la loi organique de 2001 prévoit que les fonds de concours sont directement
en recette au budget général, au budget annexe ou au compte spécial considéré, et que leurs
recettes sont prévues et évaluées par la loi des finances : cet exercice de prévision est sans
doute extrêmement délicat dans la mesure où il est impossible de connaître à l’avance le
montant des crédits qui seront versés (3,9 milliards d’euros sont inscrits au budget 2014 ).
Le décret du 11 janvier 2007, modifié par celui du 24 juillet 2013, autorise (article 5), pour
les opérations d’investissement, l’ouverture d’une autorisation d’engagement par arrêté du
ministre du budget dès l’émission d’un titre de perception par le ministre intéressé puis d’un
crédit de paiement afférent à l’autorisation d’engagement après encaissement des fonds.
Prévu par l’article 17.IV de la loi organique de 2001, le rétablissement de crédits consiste à
reverser à un service de l’Etat des sommes qu’il avait indûment ou provisoirement
payées et qui lui sont donc réaffectées : les dépenses initiales sont annulées et les
autorisations consommées sont rétablies (environ 1 milliard d’euros chaque année). Cette
régularisation d’ordre comptable intervient, par exemple, lorsqu’un fonctionnaire change
d’administration et perçoit deux traitements, l’un de son administration d’origine, l’autre de sa
nouvelle administration : il devra alors reverser son premier traitement et ce crédit sera rétabli
au profit du budget de son administration d’origine. Le rétablissement des crédits peut
également permettre d’affecter à un service le produit de la cession de biens qui lui
appartenaient (vente d’un immeuble pour en acquérir un autre…). L’exécution de cette
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procédure, sur le plan budgétaire et comptable, s’effectue conformément aux dispositions de
l’arrêté du 19 juillet 2013. Les opérations de rétablissement de crédits concernent pour
l’essentiel le budget de la Défense.
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