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Sommaire

Introduction :
Section 1 : Définition des finances publiques

Paragraphe 1 : finances publiques classiques

Paragraphe 2 : les finances publiques modernes

Section 2 : Définition du budget

Paragraphe 1 : Définition du budget

Paragraphe 2 : Les budgets sur le plan territorial

Paragraphe 3 : les particularités de la loi de finance

Partie 1 : principes budgétaires


Chapitre 1 : principe de l’annualité budgétaire

Section 1 : définition du principe de l’annualité budgétaire

Section 2 : les exceptions au principe de l’annualité

Paragraphe 1 : dans le cadre infra-annuel

Paragraphe 2 : dans le cadre supra-annuel

Chapitre 2 : Le principe de l’unité budgétaire

Paragraphe 1 : définition du principe

Paragraphe 2 : Les aménagements au principe de l’unité budgétaire

Paragraphe 3 : exception au principe d'unité

Chapitre 3 : le principe de spécialité budgétaire

Paragraphe 1 : définition

Paragraphe 2 : les exceptions air principe de spécialité

Chapitre 4 : le principe de l'universalité budgétaire

Paragraphe 1 : la règle de la non affectation

Paragraphe 2 : la règle de la non compensation

Paragraphe 3 : avantages et inconvénients de l’universalité


Chapitre 5 : le principe de l'équilibre budgétaire

Paragraphe 1 : théorie général de l’équilibre budgétaire

Paragraphe 2 : l’équilibre budgétaire au Maroc

Partie 2 : L’établissement de la loi de finance


Chapitre 1 : L‘élaboration du projet de loi de finance

Section 1 : préparation de la loi de finance

Section 2 : la structure budgétaire

Paragraphe I : Le budget général de l’Etat

Paragraphe 2 : les budgets des SEGMA

Paragraphe 3 : les comptes spéciaux

Paragraphe 4 : Les rapports accompagnant le projet de loi de finance

Paragraphe 5 : la classification budgétaire

Chapitre 2 : L’approbation du projet de loi de finance

Section 1 : la compétence de principe du parlement

Paragraphe 1 : Les délais impartis au parlement

Paragraphe 2 : la procédure de vote

Section 2 : les limites de la compétence du parlement

Paragraphe 1 : le parlement doit avoir voté à la fin de l’année budgétaire

Paragraphe 2 : le parlement a un droit d’amendement limité

Paragraphe 3 : Chaque chambre doit voter la première partie du profit de loi de finance,
avant la deuxième

Paragraphe 4 : Les pouvoirs du gouvernement en matière d’approbation du projet de loi


de finance (limites au pouvoir du parlement!)

Section 3 : le rôle du roi

Paragraphe 1 : la promulgation

Paragraphe 2 : L’approbation sur la base de l'article 42


Partie 3 : L’exécution du budget et son contrôle
Chapitre 1 : L'exécution du budget

Section 1 : Le principe de ta séparation des administrateurs et des comptables

Section 2 : les agents d’exécution

Paragraphe 1 : les ordonnateurs publics

Paragraphe 2 : Les comptables publics

Section 3 : les procédures d’exécution

Paragraphe 1 : la procédure d’exécution des dépenses publiques

Paragraphe 2 : La procédure d’exécution des recettes publiques

Paragraphe 3 : Les dérogations à la procédure d’exécution du budget

Section 4 : l’enregistrement comptable des opérations financières de l’Etat

1) La méthode de la gestion

2) La méthode de l’exercice

Chapitre 2 : Le contrôle de l’exécution du budget

Section 1 : le contrôle administratif

Paragraphe 1 : le contrôle exercé par les comptables sur les ordonnateurs

Paragraphe 2 : L’inspection générale des finances

Section 2 : le contrôle juridictionnel

Paragraphe 1 : composition de la Cour des comptes

Paragraphe 2 : les compétences de la Cour des comptes


Introduction :
Le droit budgétaire s’intègre dans les finances publiques

Section 1 : Définition des finances publiques


Toutes les personnes publiques ont des activités par lesquelles elles se procurent de l’argent et des activités
par lesquelles elles emploient cet argent. L’étude de ces activités constitue les finances publiques.

Personne publique : il s’agit de l’Etat, les collectivités territoriales, et les établissements publics.

Les finances publiques ont connu une évolution à travers le temps, car elles reflètent la nature et les activités
de l’Etat. Etant donné que l’Etat a évolué dans sa nature, dans ses missions, dans ses responsabilités, les
finances publiques ont également évolués en fonction de l’évolution de l’Etat.

Distinction entre l’Etat classique libérale et l’Etat interventionniste : L’Etat libéral (Etat gendarme), avait des
fonctions plutôt administratives : justice, police, etc. Tout ce qui était productif était occupé par le privé. Sous
l’effet de certains événements mondiaux, l'Etat a changé de nature. Il est devenu interventionniste. Désormais
il intervient dans la vie économique et sociale. En plus des fonctions administratives, il a maintenant de
nouvelles fonctions.

Depuis un certain nombre d’années, un nouvel Etat se dessine : l’Etat néolibéral : l’Etat intervient sous la
pression de certains événements, ensuite il revient à l'administration. Cependant, cet Etat n’est achevé nulle
part dans le monde.

Donc les finance publiques évoluent au fur et à mesure que l’Etat évolue. Il se construit sur la notion d’Etat.
Traditionnellement, on distingue entre les finances publiques classiques des finances publiques modernes.

Paragraphe 1 : finances publiques classiques


Les finances publiques classiques ont accompagné l’Etat libéral (Etat classique). Dan ces conditions, quelles
étaient les caractères des finances publiques classiques ?

1) La faiblesse du volume du budget : Effectivement, le budget des finances publiques classique était faible
dans la mesure où les activités de l’Etat étaient limitées et donc l’Etat n’avait pas grand besoin d’argent. Avant
la première guerre mondiale, les prélèvements publics dans les principaux Etats de l’époque ne dépassaient
pas 15 % du PIB.

2) La neutralité : en ce sens que l’Etat, dans ses activités financières, devait rester neutre. Il devait avoir pour
seul souci d’avoir des fonds suffisants pour la couverture des dépenses nécessaires. Il n'avait donc pas à agir
sur l’activité économique et sociale, que ce soit par le biais des recettes ou par celui des dépenses. Gaston Jèze
résumait la philosophie financière de l'époque en disant "il y'a des dépenses publiques, il faut les couvrir."

3) L’équilibre : c'est-à-dire l’égalité entre les recettes et les dépenses. Le principe de l'équilibre budgétaire
constituait la pierre angulaire des Finances publiques classiques en ce sens que les classiques prônaient
l’équilibre et refusaient par là même l’excédant et le déficit budgétaire (déficit budgétaire = situation où le
nombre des dépenses dépasse celui des recettes).

Pourquoi refus du déficit ? Car dans ce cas, l’Etat cherche d’autres moyens financiers pour le couvrir. L’impôt
devait être la seule recette de l’Etat. Lors du déficit, l’Etat recherche de nouvelles charges fiscales. Les
classiques refusaient aussi que l’Etat emprunte de l’argent, car si aujourd’hui l’Etat emprunte, demain il devra
rembourser, ce qui sera une charge pour les générations futures. Les classiques refusaient aussi la création de
monnaie qui pouvait entraîner l’inflation, ou encore la dévaluation de la monnaie.

Refus de l’excédant : car officiellement, ici, l’Etat peut thésauriser (mettre de côté l’argent de côté). Cela
aboutit à priver le secteur privé d'une partie de la masse monétaire. Ils refusaient également que l’Etat
investisse, devenant ainsi une nouvelle concurrence.

4) L'impôt devait constituer la seule source de recettes pour l’Etat.

Paragraphe 2 : les finances publiques modernes


Caractères des finances publiques modernes :

1) L'augmentation du volume du budget : L’Etat a de nouvelles activités, nouvelles missions, nouvelles


responsabilités. Tout cela se traduit par un besoin naissant en argent. Actuellement les prélèvements
publics dépassent 30 % du PIB.

[En comparaison à avant, dans les différents domaines, aujourd’hui l’Etat a besoin de beaucoup plus
d’argent. Ainsi est dans le domaine de l’enseignement, en matière de transports ou encore dans les
hôpitaux]

2) L’absence de neutralité : Dans le cadre des finances publiques modernes, l’Etat intervient dans le
domaine économique et social, par tous les moyens dont il dispose, y compris l’élément financier. En
effet, l’Etat utilise actuellement, aussi bien les dépenses que les recettes, pour intervenir dans la vie
économique et sociale.

*L’Etat peut encourager un secteur en lui accordant de l'argent, ou au contraire, s’il veut le décourager,
augmenter les impôts]

[Lorsque l’Etat investi pour ouvrir des routes : il encourage ainsi l'activité dans ces régions]

[=>intervention de l’Etat dans la vie économique et sociale en utilisant les Finances publiques]

3) Le déséquilibre : Les finances publiques ne sont plus en équilibre. En effet, le budget n'est presque
jamais en équilibre. Il est généralement en déficit. Ca se comprend : les besoins en argent de l’Etat
sont très importants. Les recettes publiques ne permettent pas de faire face à toutes les dépenses.
Résultat : budget en déficit.

Ii y a plusieurs voix dans le monde qui se sont élevés pour un retour à l’équilibre budgétaire. Il y a
généralement un déficit, d’où la volonté de stopper le déséquilibre.

Section 2 : Définition du budget


Paragraphe 1 : Définition du budget
Le mot budget serait la déformation du vieux mot français « bouget », qui est lui-même diminutif du mot
« bouge » qui signifie un petit sac ou une valise. Mais le mot a pris son sens financier en Angleterre, où il
évoquait le sac du trésorier, ou le sac du roi et le trésor qu'il contenait. Par la suite, le mot est revenu en
France pour être utilisé dans son sens actuel. De nos jours, le mot budget désigne communément l’acte ou le
document qui prévoit et autorise les recettes et les dépenses des personnes publiques. Il va de sois que
chaque personne publique a son propre budget : l’Etat a son budget, chaque collectivité territoriale a son
budget et chaque établissement public a également un budget qui lui est propre.

[Il y a autant de budgets publics que de personnes publics]

A noter que la notion de budget s'inscrit dans un cadre plus global, à savoir la notion de loi de finance de
l’année. Cette loi de finance de l’année a été définit au Maroc par l'article premier de la loi organique de la loi
de finance du 26 novembre 1998, comme suit : « La loi de finance prévoit, évalue, énonce et autorise, pour
chaque année budgétaire, l’ensemble des ressources et des charges de l’Etat, dans la limite d’un équilibre
économique et financier, qu’elle définit ».

[Il n’y a pas de définition de la loi de finance, mais une définition de la loi de finance de l’année]

Par ailleurs, il n’existe pas, dans le droit financier applicable à l’Etat, une définition formelle du budget. Mais en
absence de définition formelle du budget, l’on peut trouver une définition matérielle de celui-ci, et ce à travers
un certain nombre de dispositions juridiques, essentiellement à travers l'article 3 de la loi organique de la loi
de finance, qui stipule que toute les recettes et toutes les dépenses de l’Etat sont imputés au budget général
avec la possibilité d’affecter certaines recettes et certaines dépenses dans le cadre des budgets des services de
l’Etat gérés de manière autonome (SEGMA) ou des comptes spéciaux du trésor.

Tous ces comptes publics (budget général + budget SEGMA + comptes spéciaux du trésor), constituent donc,
matériellement parlant, le budget de l’Etat. Aussi, le budget de l’Etat serait la partie comptable de la loi de
finance de l’année. Le budget général de l’Etat retrace donc toutes les opérations financières de l’Etat en
recettes et dépenses, tant que ces opérations ne sont pas affectées à des budgets de SEGMA ou à des comptes
spéciaux du trésor. Ainsi, l’ensemble du budget général, des budgets de SEGMA et des comptes spéciaux du
trésor, constitue le budget de l’Etat au sein de la loi de finance de l’année.

On peut remarquer également que le budget de l’Etat est plus large que le budget général de l’Etat, dans la
mesure où le budget de l’Etat contient le budget général de l’Etat, les budgets SEGMA et les comptes spéciaux
du trésor.

Egalement, la loi de finance de l'année est plus large que la notion de budget, dans la mesure où la loi de
finance de l’année contient le budget de l’Etat (c'est la partie comptable de la loi de finance [partie qui retrace
les comptes publics, avec des chiffres]) et peut également contenir des dispositions concernant les ressources
et les charges de l’Etat : des dispositions visant l'amélioration des conditions concernant la perception des
recettes publiques, ainsi que des mesures concernant l’utilisation des fonds publics et le contrôle de cette
utilisation. Ainsi, si le budget ne peut contenir qu’un ensemble de comptes publics, la loi de finance de l’année
peut par exemple créer un impôt, supprimer un impôt, augmenter ou diminuer le taux des impôts existants,
prévoir des mesures nouvelles pour l’exécution ou le contrôle de l’exécution des opérations financières
publiques, etc.

[Le budget de l’Etat est la partie comptable de la loi de finance de l'année. Il existe aussi une partie littérature
juridique : c’est la contre partie de la loi de finance, opposée à la partie comptable. Elle peut créer, supprimer,
etc. toutes les mesures d’ordre financier]

[La loi de finance annuelle = partie comptable + partie littérature juridique]

[Budget général=budget classique. A côté du budget classique, il y a des opérations nouvelles qu’on peut
garder dans le budget de l’Etat, mais qu’on ne peut pas garder dans le budget général]
Paragraphe 2 : Les budgets sur le plan territorial
Au niveau territorial, la loi du 18 février 2009, relative à l'organisation des finances des collectivités
territoriales et de leurs groupements, dispose en son article 3 : «le budget est l'acte par lequel est prévu et
autorisé, pour chaque année budgétaire, l'ensemble des ressources et des charges de la collectivité
territoriale, ou du groupement ».

C’est donc une définition formelle du budget que l’on trouve sur le plan territorial. Il n’y a alors, sur le plan
territorial, que des budgets et il ne peut pas y avoir d’équivalent de la loi de finance de l’année, qui se trouve
au niveau de l’Etat. Ceci s’explique par le fait que les collectivités territoriales ne disposent pas de
souveraineté à ce niveau financier. Cette souveraineté existe en principe au niveau de l’Etat. Les finances
territoriales sont plutôt des finances administratives qui dépendent de l’Etat.

[Dans la partie littéraire de la loi de finance de l’année, l’Etat peut créer un impôt. Une collectivité ne le peut
pas. Les collectivités territoriales à ce niveau, ne possèdent aucune souveraineté. Elles ne peuvent pas décider
de la baisse du taux de l’impôt, c’est le rôle de l’Etat. Elle ne fait qu’appliquer la loi établie au niveau de l’Etat.]

Paragraphe 3 : les particularités de la loi de finance


La loi de finance est une loi, mais c’est une loi qui n'est pas comme les autres :

- elle est toujours d’initiative gouvernementale :

- la loi de finance a une validité limitée dans le temps :

- elle est régie par un certain nombre de principes qui lui sont propres ;

- le contenu de la loi de finance est limité, dans la mesure où la loi de finance ne peut contenir que des
dispositions d’ordres financiers.

Partie 1 : principes budgétaires


Dans le cadre des finances publiques classiques, la prévision budgétaire visait deux objectifs : D'abord, réaliser
un contrôle parlementaire sur les activités financières du gouvernement, et ensuite une gestion seine des
deniers publics. Et pour réaliser ces objectifs, on a pensé à un certain nombre de principes budgétaires qui
sont venus tracer le cadre juridique dans lequel doit s'exercer le pouvoir financier. Ces principes sont
l’annualité, l’unité, la spécialité, l’universalité et l’équilibre. Ces principes ont été donc dictés par la philosophie
libérale de l’époque, c’est pour cela qu'ils étaient parfaitement applicables, bien plus, ils constituaient un
moyen parmi tant d’autres, pour atteindre les objectifs de la prévision budgétaire.

Mais avec l’évolution des finances publiques et les transformations subies par l’Etat dans sa nature, ses
fonctions et ses responsabilités, ces principes se sont vus obligés d’évoluer, d’où les exceptions et les
assouplissements que connaissent actuellement ces principes. L’évolution connue donc par les principes
budgétaires témoigne de l’évolution des finances publiques et de la notion même de l’Etat. Ces principes ont
donc évolués afin d’intégrer les nouveaux objectifs de la prévision budgétaire et de la planification financière.
Chapitre 1 : principe de l’annualité budgétaire
Section 1 : définition du principe de l’annualité budgétaire
Le principe de l’annualité budgétaire veut que les prévisions budgétaires de l’Etat en recettes et en dépenses
soient établies pour 12 mois. Ce qui veut dire que le gouvernement doit faire des propositions budgétaires au
parlement, chaque année, que celui-ci vote la loi de finance chaque année, et que l’autorisation parlementaire
ainsi accordée n'est valable que pour une année. Et si tous les Etats modernes sont d’accord pour établir la
prévision budgétaire pour une année, ils ne le sont pas sur la date de commencement de l'année budgétaire.
En effet, certains pays ont préféré faire coïncider l’année financière avec l’année civile (France, Tunisie,
Mauritanie. Maroc). D’autres pays commencent leur année financière le 1er juillet et la termine le 30 juin
(Soudan, Egypte, Cameroun). Aux Etats Unis, l’année financière va du 1er octobre au 30 septembre. Australie.
Grande Bretagne : 1er avril, 31 mars. Au Maroc, l'annualité est un principe de droit positif marocain et l'année
budgétaire coïncide avec l’année civile [Sauf entre 1996 et 2001, il avait une année budgétaire qui démarrait le
1er juillet].

Pourquoi une année ?

L'année est une période qui concilie entre tés deux objectifs, apparemment contradictoires, du parlement et
du gouvernement. D’un côté, pour que le parlement exerce bien son contrôle, il demande une période courte.
D’un autre côté, pour que le gouvernement exerce ses activités correctement, il a besoin d’une période
longue, pour qu'il ne se retrouve pas très souvent au parlement (ce qui demande du temps et des efforts). Un
an est équitable.

Malgré ces justifications, très vite est apparu le caractère artificiel de l'annualité. Car la vie d’une nation
n'accepte pas de séjourner dans une année. Elle connaît une continuité qui va au-delà de cette période.

Pour lutter contre ces inconvénients, des solutions ont été proposées, mais jamais appliquées.

- Solution économique : le budget cyclique. C'est un budget établi pour un cycle économique. Le cycle
comprend la succession de deux étapes, une étape de prospérité économique et une étape de régression ou
stagnation. Dans la période de prospérité on économise, dans la période de régression on utilise les
économies. On retrouve cette notion de cycle dans le Coran, où il est question d'un cycle économique qui
s’étale sur 14 années : 7 ans-7ans. 7 ans pour économiser. 7 ans pour utiliser les économies. Mais, la période
du cycle économique n'a jamais été définie. Elle est irrégulière.

- Sur le plan politique : il y a un déphasage entre la période budgétaire et la période politique. On a proposé le
budget de législature. C'est un budget établi pour la période pour laquelle le parlement est élu. Mais rien ne
dit que le gouvernement va rester avec le parlement. Les gouvernements changent, alors que le parlement
reste le même. Or chaque gouvernement vient avec sa propre politique budgétaire.

Section 2 : les exceptions au principe de l’annualité


Le principe de l’annualité budgétaire connaît des exceptions dans le cadre infra-annuel, et des exceptions dans
le cadre supra-annuel. Dans le cadre infra-annuel, on se retrouve devant des autorisations budgétaires qui ne
s'étendent pas tout au long de l'année budgétaire. Dans le cadre supra- annuel, on se retrouve devant des
autorisations budgétaires qui dépassent la période d’une année.
Paragraphe 1 : dans le cadre infra-annuel
A) Cas d’absence de vote au 31 décembre

En principe, le parlement doit voter le projet de loi de finance au plus tard le 31 décembre de l’année qui
précède l'année de l’exécution du budget. Et s’il arrive que le parlement vote après cette date, ou que la loi de
finance n’est pas promulguée pour cause de saisine de la Cour constitutionnel, les autorisations budgétaire,
ainsi accordées après la date voulue, sont accordées pour le restant de l’année et non pas pour une année
entière. D’où l’exception au principe de l’annualité dans la cadre infra- annuel.

[Loi financière de 2012 : promulguée le 16 mai]

[L’empêchement majeur que le Maroc connaît est le début des élections législatives en septembre. Le temps
n’est plus suffisant pour préparer un projet de loi de finance]

B) Les décrets lois en matière financière

Ce sont des mesures prises par le gouvernement dans des domaines qui sont sensé relever du domaine de la
loi. Deux conditions : le gouvernement doit avoir l’accord des commissions parlementaires : le décret loi doit
être présenté à l’approbation du parlement à la session ordinaire la plus proche.

[Lorsqu'ils sont pris en matière financière, ils constituent une exception au principe de l’annualité dans un
cadre infra-annuel. Autrement dit, le décret loi peut venir avec des autorisations nouvelles, valables jusqu'à la
fin de l'année budgétaire. Ils existent donc pour une durée inférieure à une année. Exemple : 29 juin 1979 :
l’impôt du Sahara au Maroc]

C) Les lois des finances transitoires

En 1996, on est passé à une année budgétaire qui débute à partir du 1er Juillet. Il fallait faire la transition, car
la dernière loi de finance (celle de 1995) s’est terminé le 31 décembre. Il restait une période creuse entre la fin
de la dernière loi de finance, et le début de la nouvelle qui devait courir à partir du 1er juillet. Il fallait relier les
deux périodes par une loi de finance transitoire pour une durée de 6 mois.

Puis on a décidé de revenir à l’année civile. Il a donc fallu établir une nouvelle loi de finance transitoire.

Paragraphe 2 : dans le cadre supra-annuel


Il s’agit d’une autorisation donnée pour une période qui dépasse une année.

A) Les autorisations de programmes

Les dépenses d’investissements résultant de l’exécution du plan de développement peuvent faire l’objet
d’autorisations de programmes. Les autorisations de programmes déterminent le coût global et maximum des
projets d’investissement retenus. Autrement dit l'autorisation de programme constitue une évaluation
prévisionnelle des dépenses nécessaires à l'exécution d'un projet d’investissement, dont la durée de
réalisation est supérieure à un an que ce soit pour des raisons techniques ou des raisons financières, ou les
deux à la fois. Les autorisations comprennent des crédits d’engagement et des crédits de paiement. Les crédits
d’engagement constituent la limite supérieure des dépenses que les ordonnateurs sont autorisés à engager
pour l’exécution des investissements prévus. Ils sont le support de l'engagement de dépenses qui peuvent
s’étaler sur plusieurs années, comme par exemple pour des investissements, dont la réalisation et le paiement
peuvent être échelonnés sur plusieurs exercices. Les crédits de paiement sont la limite supérieure des
dépenses pouvant être ordonnancées ou payées pendant l’année pour la couverture des engagements
contractés dans le cadre des crédits d’engagement.

[Dépenses d'investissements : certaines dépenses d'investissements ne peuvent pas être faites en une année.
Soit que le montant est très élevé, soit que sur le plan technique, elles ne peuvent être faites en une année
(exemple : création d’un barrage).

Donc, pour de telles dépenses d’investissement on prévoit des autorisations de programme. Quand le
parlement accepte, il donne une autorisation de programme qui comporte des crédits d’engagements et des
crédits de payement. Le crédit d’engagement n’a pas de force exécutoire. Exemple :

-crédit d'engagement =10 milliards

-Crédit de payement = 800 millions (qui sont effectivement pavés)]

[Exemple Google :

Pour un marché d'un montant global de 100 € sur deux ans. On aura les ouvertures de crédits suivantes

Année n

CE : 100 (engagement des dépenses correspondant à l'ensemble du marché)

CP : 50 (correspondant au paiement de la 1ère tranche)

Année n+1

CE : 0 (la dépense a été engagée dans sa totalité en n)

CP : 50 (correspondant au paiement de la 2ème tranche)]

La principale caractéristique des autorisations de programmes est qu'elles ne doivent pas obéir au principe de
l’annualité budgétaire, dans la mesure où elles doivent rester valables sans limitations de durée, jusqu’à leur
épuisement ou leur annulation.

B) les reports de crédit

En principe, les crédits ouverts du budget général de l’Etat, au titre d’une année budgétaire, ne crée aucun
droit au titre du budget suivant. Autrement dit, les crédits autorisés pour une année doivent être exécutés
dans l’année même, et ne peuvent en aucun cas être reportés sur les années suivantes. Seulement, ce principe
connaît des exceptions.

[Arrivé à la fin de l'année, il ne doit plus y avoir de crédits]

[Le report c'est le fait de prendre un crédit autorisé pour une année donnée, et de l'utiliser pour une autre
année.]

[Ce principe est édicté pour le budget général. A côté du budget général, il y a d’autres comptes]

a) le report des crédits de payement

Les crédits de payement disponibles à la fin de l’année budgétaire, sur les dépenses d’investissements, sont
reportés sur l’année suivante par arrêté du ministre chargé des finances, sur proposition des ordonnateurs
concernés.
b) le report des soldes des comptes spéciaux du trésor

Le solde de chaque compte spécial du trésor est reporté d'année en année, sauf si une loi de finance prévoit le
contraire.

[Parmi les objectifs assignés à ces comptes, c’est de pouvoir suivre certaines opérations dans le temps]

c) le report des fonds de concours

Ce sont des fonds (argent) versés par des personnes morales ou physiques pour concourir, avec ceux de l’Etat,
à des dépenses d'intérêts publics (construction d’un barrage, d’une université, etc.). Bien que le législateur
reste muet sur le sort des fonds de concours accordés pour une année et non utilisés dans le cadre de l'année
même, il semble que le report des fonds de concours s’impose juridiquement, dans la mesure où l’Etat,
lorsqu’il accepte de recevoir de tels fonds, se trouve obligé de les utiliser conformément à l’intention de la
partie versante.

Chapitre 2 : Le principe de l’unité budgétaire


Paragraphe 1 : définition du principe
Le principe de l’unité budgétaire veut que toutes les recettes et toutes les dépenses de l’Etat soient présentées
dans un seul document. Il repose sur des justifications d’ordre techniques et d'ordre politique. Sur le plan
technique, l’existence d’un seul document où sont présentés toutes les opérations financières de l’Etat rend
facile la connaissance du volume des ressources et des charges de l’Etat pendant une année. Le principe de
l’unité présente également des avantages politiques dans la mesure où ce principe permet au parlement
d’avoir une vision globale de la situation financière de l’Etat et de comprendre le sens de l’autorisation qui lui
est demandé. De même que l'unité facilite au parlement la discussion du projet de loi de finance, son vote
ainsi que son contrôle.

Paragraphe 2 : Les aménagements au principe de l’unité budgétaire


Les opérations financières réalisées par l’Etat ne sont pas de la même nature. L’Etat exécute, réalise des
opérations d’ordre administratifs, d’autres opérations sont de nature économique ou social, d’autres sont
culturelles ou politiques, etc. Telle sont les activités exercées par l’Etat interventionniste. La différence de
nature des opérations financières publiques a exigé l’aménagement du principe de l'unité budgétaire afin de
tenir compte de cette variété. D'où l'existence au sein du budget d’Etat d'une multitude de comptes publics, à
côté du budget général de l’Etat. L’existence des budgets des SEGMA et des comptes spéciaux du trésor
constitue un aménagement au principe de l’unité budgétaire, dans la mesure où ces comptes publics existent
dans le budget d’Etat, mais en dehors du budget général d’Etat.

Paragraphe 3 : exception au principe d'unité


Le principe d’unité budgétaire connait une exception à travers certains emprunts intérieurs.

Il y a exception lorsqu'il y a des emprunts qui son faits en dehors du budget. Il existe des emprunts extérieurs
et des emprunts intérieurs. Les emprunts extérieurs ne posent pas de problèmes au principe, car elles se font à
l'intérieur du budget. Les emprunts intérieurs (a cours, moyen ou long terme) peuvent poser problème : ce
sont les emprunts intérieurs à court terme qui constituent une véritable exception au principe d’unité. Elles se
font en dehors du budget.

Personne ne peut prévoir quelles seront les besoins de trésorerie de l’Etat.


[Supposons un équilibre budgétaire parfait (recettes = dépenses) :

-il y a stabilité des dépenses | car l’engagement des dépenses dépend du pouvoir public ;

-il y aura à un moment donné une instabilité des recettes {car la collecte des recettes dépend de l’activité
économique

=>l’Etat se trouve dans l’obligation de contracter des emprunts à court terme, en attendant les perceptions
fiscales.]

Chapitre 3 : le principe de spécialité budgétaire


Paragraphe 1 : définition
C'est le principe de la spécialité des crédits, qui implique que les crédits ouverts dans la loi de finance de
l'année, fassent l'objet de divisions et de subdivisions en unités relativement réduites, de telle sorte qu'à
chaque unité corresponde une dépense déterminé de manière plus ou moins précisé. La spécialité correspond
donc concrètement à l’affectation des crédits à des dépenses déterminées.

[Le crédit est une autorisation de dépenses. La dépense est la concrétisation du crédit]

[Le principe de spécialité n'a rien à avoir aux recettes. Il s'agit uniquement des dépenses]

[En principe c'est le parlement qui autorise le gouvernement à dépenser. Il lui donne des crédits. Ce qui sort du
parlement est un ensemble de papiers, dans lequel il est dit les dépenses autorisées, telle que le salaire du
salarié par exemple. Par la suite, le gouvernement transforme les crédits en dépenses.]

[Lorsque l'administration, au nom d’un crédit achète une voiture, on est passé à la dépense]

Comment le parlement vote-t-il les crédits ? Est-ce que le parlement vote des crédits pour chaque dépense ?

La manière dont le parlement vote les crédits traduit le lien entre le parlement et le gouvernement. Lorsque le
parlement vote pour un nombre des divisions et subdivisions élevé, le pouvoir du parlement augmente, alors
que celui du gouvernement diminue. Inversement, le pouvoir du gouvernement est plus important lorsque le
parlement vote les crédits avec un nombre réduit de subdivisions.

Le premier extrême est celui où le parlement vote un montant global de crédit. Par exemple, il habilite le
gouvernement à dépenser X somme d'argent. Dans ce cadre, le pouvoir du parlement est très limité. Le
gouvernement fait ce qu’il veut.

Le deuxième extrême est celui où le parlement vote chaque dépense à part (ce qui est impossible). Ici le
gouvernement n'a plus de liberté de choix.

[Soit on avantage le parlement, soit le gouvernement]

Il n'existe pas une position commune dans le monde. Chaque Etat applique ce principe à sa manière. Ainsi, le
principe de la spécialité budgétaire est susceptible d'interprétations très diverses.

La législation marocaine pose le principe de spécialité comme suit : les dépenses du budget général sont
groupées sous trois titres. Un titre réservé aux dépenses de fonctionnement, un titre réservé aux dépenses
d'investissements et un titre réservé aux dépenses relatives à la dette publique. Les dépenses du budget
général sont présentées à l'intérieur des titres, par chapitres qui sont subdivisés en articles, paragraphes et
lignes, selon leur destination, leur objet ou leur nature. Pour chaque département ministériel il est prévu, en
ce qui concerne les dépenses de fonctionnement, un chapitre pour le personnel et un chapitre pour le matériel
et les dépenses diverses. Les dépenses d'investissement comportent un chapitre par ministère ou institution.
Les dépenses des dettes publiques sont présentées en deux chapitres : un chapitre pour les dépenses en
intérêts et commissions se rapportant à la dette publique et un chapitre comportant les dépenses relatives aux
amortissements de la dette publique, à moyen et à long terme.

A partir du 1 juillet (?) 2018, les dépenses du budget général seront présentées à l'intérieur des titres, par
chapitres subdivisés en programmes, régions et projets ou actions.

Paragraphe 2 : les exceptions air principe de spécialité


A) Les crédits non détaillés par chapitre

Il s'agit essentiellement des crédits affectés aux dépenses des comptes spéciaux du trésor. Les dépenses de ces
comptes ne figurent en effet dans la loi de finance que par comptes spéciaux (il n'y a pas de répartition par
chapitre).

B) Les chapitres non spécialisés

En principe, chaque chapitre est affecté à un ministère ou à une institution. Les exceptions concernent le
chapitre des dépenses imprévues et le chapitre des chapitres des charges communes.

1) Chapitre des dépenses imprévues

Le chapitre des dépenses imprévues et des dotations provisionnels est un chapitre qui n'est affecté à aucun
service et qui est ouvert pour les dépenses imprévues, en ce qui concerne les dépenses de fonctionnement.
Les prélèvements qui peuvent être opérés sur ce chapitre en cours d’année, sont faits pour assurer par un
crédit supplémentaire, la couverture des besoins urgents non prévus lors de l'établissement du budget.

[Le chapitre fixe un montant global et c'est le gouvernement qui les répartit en cours d'année, d'où l'exception
au principe de spécialité]

2) Les chapitres des charges communes

Il s'agit de deux chapitres rattachées organiquement au ministère des finances et qui viennent s'ajouter aux
chapitres réservés à ce ministère. Mais les crédits qui y sont inscrits ne profitent pas seulement au ministère
des finances ; tout autre ministère peut en profiter.

Le premier chapitre est consacré au fonctionnement et l’autre à l’investissement.

[Charges communes : non prévues pour un ministère. Tout autre ministère peut en profiter]

3) Les modifications des dotations budgétaires

C'est le fait de prendre des crédits d'une place de la loi de finance, pour les utiliser à une autre place. Le
principe de la spécialité budgétaire donne une loi de finance qui est présentée d’une certaine manière. Toutes
les dépenses doivent avoir une place dans le budget (structure de la loi de finance), et chaque crédit doit
garder son application. Cependant des exceptions rendent possible de prendre des crédits affectés à certaines
dépenses pour les affecter à d'autres dépenses. On change ainsi l’affectation du crédit, ce qui permet d'éviter
certains blocages rencontrées par une application stricte du principe.

[Par exemple, dans la loi de finance, il y a des crédits pour acheter des tables et des crédits pour acheter du
carburant. Supposons que pendant l’année, on voit le crédit pour les tables en trop (toutes les tables ont été
achetées), et que le crédit pour le carburant se révèle insuffisant. S'il n y a pas de flexibilité, il y aura du crédit
dont on ne saura pas quoi faire, et des problèmes dé véhicule. Une certaine flexibilité s'impose]

Les modifications des dotations budgétaires constituent l’atteinte la plus grave au principe de spécialité
budgétaire, car l'autorisation parlementaire n'a de sens, en matière de dépenses, que si celles-ci gardent les
mêmes objets que celui pour lesquels elles ont été autorisées. Si non, l'autorisation parlementaire perd de son
sens. On constate que le pouvoir réglementaire dispose de larges prérogatives en matière de modifications
des dotations budgétaires. Une distinction est cependant à opérer entre les dépenses de fonctionnement et la
dette publique d'un côté, et les dépenses d'investissement de l'autre côté.

1) Pour les dépenses de fonctionnement et de la dette publique : des décisions du ministre chargé des
finances, prises sur les propositions des ordonnateurs intéressés, peuvent modifier les dotations des articles,
paragraphes et lignes à l'intérieur des chapitresdu budget général concernant le fonctionnement et la dette
publique. Donc pour ces deux titres, il suffit que des ordonnateurs fassent une demande au ministre des
finances. On peut tout modifier en principe. Mais il y a des limites : des dépenses ne peuvent être modifiées,
comme le salaire d'un fonctionnaire par exemple.

2) Pour l’investissement : des arrêtés du ministre chargé des finances peuvent également modifier des
dotations à l'intérieur des chapitres concernant l'investissement, sur proposition des ordonnateurs intéressés,
mais cette modification ne doit pas dépasser, en augmentation ou diminution 10% de la dotation initiale des
articles. Pour les modifications dépassant les 10%, il est nécessaire d'avoir une autorisation exceptionnelle
donnée par le chef du gouvernement.

[Ca va se passer ainsi jusqu'au 1 juillet 2018. A partir de cette date, le ministre des finances pourra autoriser
par décisions, sur demande des ordonnateurs intéressés, des virements de crédits entre programmes d'un
même chapitre. Le montant cumulé au cours d'une année donnée des crédits ayant fait l’objet de virements
ne pourra excéder 10% pour chacun des programmes, en ce qui concerne les dotations initiales de ces
programmes.]

[Une dépense ne peut pas changer de nature : si c'est une dépense du personnel, ça reste une dépense du
personnel. Elle se fait à l'intérieur d'un même chapitre]

[Le principe de la spécialité comporte un aspect politique : le parlement vote pour des affectations. Par la suite
le gouvernement peut les modifier, ce qui porte atteinte au pouvoir du parlement. Le pouvoir du
gouvernement est important]

Chapitre 4 : le principe de l'universalité budgétaire


Ce principe implique la fonte de toutes les recettes de l’Etat en une seule masse et de couvrir l’ensemble des
dépenses publiques par cette masse. Autrement dit, on doit distinguer deux blocs au sein du budget: les
recettes d’un côté, les dépenses de l’autre. En fait, ce principe comporte deux règles : la règle de la non
affectation et la règle de la non compensation.

Paragraphe 1 : la règle de la non affectation


A) Définition
Cette règle veut que les recettes soient confondues en une masse unique et indifférenciée, servant à couvrir
I’ensemble des dépenses sans distinction. Il ne doit donc pas y avoir d‘ affectation d'une recette à une
dépense, de sorte que toutes les recettes de l’Etat doivent être fondues dans la même caisse, sans distinction
entre une recette et une autre, et au moment de dépenser, on prend l’argent de cette caisse sans se poser de
questions sur les origines de cet argent. D’où la règle de l’unité de caisse qui est un corolaire de la non
affectation. Cette règle de l'unité de caisse est applicable au Maroc au niveau de chaque poste comptable. [Sur
le plan pratique, l’unité de caisse n’est pas possible au niveau de l'Etat : on ne peut pas avoir une caisse pour
l'ensemble du territoire]
Au Maroc, la règle de la non affection ne s’applique qu'au budget général, d’où un certain nombre
d’exceptions.
B) les exceptions de la règle de la non affectation

1) Les comptes spéciaux du trésor et les budgets des SEGMA : ces comptes et ces budgets n’obéissent pas à la
règle de la non affectation, dans la mesure où les recettes de chaque compte spécial du trésor sont affectées
aux dépenses de ce même compte, de même que les recettes de chaque budget de SEGMA sont affectées à ce
même budget.

2) Les fonds de concours : lorsque l’Etat accepte de recevoir des fonds de concours, il doit les utiliser
conformément à l’intention de la partie versante. Il semble donc que leur affectation à l’objet pour lequel ils
ont été versés s'impose à l’Etat.

3) Le rétablissement de crédit : il arrive que l’Etat verse des sommes indûment, ou à titre provisoire. Le
reversement de ces fonds peut donner lieu à un rétablissement de crédit, c'est-à-dire à une affectation des
sommes ainsi reversées aux chapitres qui avaient supporté la dépense correspondante, d’où l'exception.

Paragraphe 2 : la règle de la non compensation


Cette règle veut que les recettes et les dépenses soient inscrites au budget de l’Etat de façon séparée, chacune
d'elles y figurant pour son montant intégral, sans compensation entre recettes et dépenses.

[La compensation se voit en matière de dettes : quand deux personnes ont été chacune d'elles à la fois
créancière et débitrice de l'autre]

Cette règle semble être bien respectée par le droit positif marocain, dans la mesure où la législation en vigueur
ne lui prévoit aucune exception. Mais en pratique, elle connaît des exceptions occultes, telle la vente de vieux
matériels par certaines administrations pour en acheter de nouveaux.

[La vente de vieux matériels et l'achat de nouveaux matériels sont deux opérations budgétaires distinctes :
d’une part la vente, qui est une recette : de l’autre l’achat, qui est une demande de crédits

Prendre l'argent de la vente pour acheter des nouveaux matériels est une transgression au principe de
l’universalité].

Paragraphe 3 : avantages et inconvénients de l’universalité


A) Les avantages

1) L'universalité permet la connaissance du montant exacte, tout d'abord du volume global des recettes et des
dépenses de l’Etat, et ensuite du montant exacte de chaque opération financière.

2) L'universalité permet de renforcer le contrôle du parlement sur les activités financières du gouvernement.
L’universalité, en imposant la présentation de toutes les recettes et de toutes les dépenses de l’Etat, donne un
sens à l'autorisation parlementaire. Sans la règle de la non compensation le budget ne contiendrait que des
soldes (résultats) positives ou négatives. Bien plus, certaines opérations financières n'auraient pas raison
d’être dans le budget, dans le cas où le solde serait égal à zéro.
3) L'universalité permet de lutter contre l’idée des services publics excédentaires et des services publics
déficitaires, ce qui permet de préserver la solidarité nationale.

B) Les inconvénients

1) L’universalité peut paraître comme un facteur de rigidité parfois excessive, qui frôle l'absurde. Par exemple,
les ouvriers qui obtiennent à la fin de chaque semaine des oranges. Si on veut respecter le principe, cette
quantité d’orange doit être vendue, et par la suite il faudra demander des crédits pour donner à l’ouvrier des
oranges. Les crédits peuvent être accordés au moment ou on n’en a plus besoin.

2) L'universalité peut provoquer des gaspillages dans la mesure où elle n'encourage pas les administrations
publiques à améliorer leur rendement, puisqu'elles savent qu’elles ne pourraient pas profiter du gain qui
pourrait résulter de cette amélioration [quelle que soit les recettes réalisées, elles seront déposées dans le
compte]

Chapitre 5 : le principe de l’équilibre budgétaire


Paragraphe 1 : théorie général de l’équilibre budgétaire
Le principe de l'équilibre budgétaire constituait la règle d'origine des finances publiques classiques. Selon les
classiques, en effet les recettes de l'Etat devaient être égales à ses dépenses. Il y avait donc refus du déficit et
également de l'excédant.

L’Etat s’est vu obligé de présenter un budget en déficit. Il y a trop de besoins. Le déficit est accepté finalement
par tout le monde. Bien plus, de nombreuses théories budgétaires et économiques justifieront le déficit
budgétaire comme moyen d'un retour à une meilleure situation économique :

Google :

«La théorie du déficit systématique, développé par Keynes explique que le budget n'est qu’un instrument au
service de l’économie il faut donc utiliser « l'effet multiplicateur de la dépense » pour rétablir l'équilibre
économique. En d'autres termes. L’augmentation des dépenses publiques et donc le déficit provoqué va
permettre de relancer l’économie et lorsque l’équilibre économique sera rétabli l'équilibre budgétaire suivra ;
Le multiplicateur d'investissement, dans l'analyse keynésienne désigne le fait que la réalisation d'un
investissement engendre un flux de dépenses qui, en se répandant dans l’économie, donnent naissance à des
revenus qui, en étant eux-mêmes dépensés, engendreront un flux successif de demandes additionnelles. Ce
flux va inévitablement en se réduisant, au fur et à mesure qu’une fraction de ces revenus successifs fait l’objet
d’une épargne. Au total, l’effet multiplicateur prendra fin lorsque le montant cumulé de l’épargne réalisée à
partir des revenus additionnels successifs sera égal au montant de l’investissement initial.»

Le retour à l’équilibre est l’une des manifestations la plus fondamentale de l’Etat néolibéral.

Paragraphe 2 : l’équilibre budgétaire au Maroc


L'article premier de la loi organique de la loi de finance du 26novembre 1998 pose la question du principe de
l’équilibre économique et financier. Cet équilibre se manifeste par l'équation:

PNB + importation = consommations publiques et privées + épargne + exportation

La loi organique rejoint les anciennes thèses qui voyaient dans l'équilibre une pièce maîtresse des finances
publiques. En pratique, les données générales relatives à l’équilibre des ressources et des charges de l'Etat
sont présentées actuellement dans un tableau que contient la première partie de la loi de finance, et qui se
présente en deux grandes parties. La première est relative aux ressources de l'Etat, faisant la distinction entre
ressources du budget général, ressources des budgets SGMA et ressources des comptes spéciaux du trésor. La
deuxième est relative aux charges de l’Etat, en distinguant entre les dépenses de fonctionnement du budget
général, les dépenses en intérêts et commissions se rapportant à la dette publique, les dépenses relatives aux
amortissements de la dette publique à moyen et à long terme, les dépenses d’exploitation des SEGMA, les
dépenses d’investissement du budget général, les dépenses d'investissement des SEGMA et les dépenses des
comptes spéciaux du trésor. Un troisième point donne le résultat des prévisions budgétaires, c’est-à-dire la
différence entre ressources et charges, donc soit un excédant, soit un déficit.

[Sur le plan de la prévision, toutes les lois de finance sont présentées en déficit, sauf en 2001]

[La loi de finance excédentaire signifie que l’Etat a fait tout ce qu'il avait à faire et qu'il n'a plus rien à faire]

[On peut constater que ce qui importe c'est l’exécution et non pas la prévision. Les exécutions ne sont jamais
égales aux prévisions]

Partie 2 : L’établissement de la loi de finance


Chapitre 1 : L‘élaboration du projet de loi de finance
Section 1 : préparation de la loi de finance
Elle est confiée à un certain nombre d’organes et de personnes. Elle est en outre faite selon une procédure
déterminée.

-Le conseil des ministres : selon l'article 49 de la constitution de 201 1, le conseil des ministres délibère entre
autre sur les orientations stratégiques de la politique de l'Etat et sur les orientations générales du projet de loi
de finance. C’est donc un rôle important confié au conseil des ministres, et notamment au roi qui préside le
conseil des ministres [le roi décide en présidant le conseil des ministres : c'est une constance de la culture
politique marocaine].

- Le conseil du gouvernement : selon l'article 92 de la constitution, le conseil du gouvernement, sous la


présidence du chef du gouvernement, délibère, entre autres, sur les projets de loi. dont le projet de loi de
finance, avant leur dépôt au bureau de la chambre des représentants [le projet de loi de finance prend sa force
définitive dans le conseil du gouvernement]

- Le ministre chargé des finances : L'article 32 de la loi organique de finance du 26 novembre 1998 devenue
l’article 46 de la nouvelle loi organique du 2 juin 2015 {?} dispose que sous l’autorité du chef du
gouvernement, le ministre chargé des finances prépare le projet de loi de finance

- Le ministre délégué auprès du ministre des finances chargé du budget, dont les attributions sont arrêtées
par un décret du 7 mars 2012. Le décret charge le ministre délégué au budget de préparer le projet de loi de
finance, sous l'autorité du ministre chargé des finances [Cependant, un décret ne devrait pas confier des
tâches qu’une loi organique confie à un autre organe]

- Les autres ministres : si le ministre des finances est chargé juridiquement de la préparation du projet de loi
de finance, il va sans dire que le ministre des finances ne fait pas cette préparation tout seul. En effet, les
autres membres du gouvernement participent également à cette préparation, et ce que ce soit collectivement
ou individuellement.
a) sur le plan collectif :

Après la désignation des membres du gouvernement, le chef du gouvernement se présente devant les deux
chambres du parlement réunies et expose le programme que le gouvernement compte appliquer dans tous les
domaines. On comprend facilement que ce programme ne peut être exécuté que si le gouvernement dispose
de moyens financiers adéquats pour cette exécution. Le gouvernement a un programme, il a donc intérêt à
préparer un projet de loi de finance qui soit de nature à aider à l’application de ce programme. C'est ce qui fait
que le gouvernement soit l'organe de l’Etat le plus intéressé par la préparation du projet de loi de finance.

Sur le plan pratique, et avant même que le ministre des finances entame la préparation du projet de loi de
finance, le conseil du gouvernement se réunit afin de discuter et d'arrêter les orientations générales que doit
prendre la préparation du projet de loi de finance. C'est la participation collective de tous les membres du
gouvernement dans la préparation du projet de loi de finance.

b) sur le plan individuel

En principe, les ministres sont les plus à même d'évaluer les besoins financiers des ministères qu'ils dirigent.
Dans la pratique, ce sont les ministres qui évaluent leurs besoins financiers et les transmettent au ministre des
finances.

Avant le 1er mai de chaque année, le ministre chargé des finances fait un exposé devant le conseil du
gouvernement, retraçant les conditions dans lesquelles s’exécute la loi de finance en cours et le cadre
macroéconomique national et international dans lequel se fait cette préparation, ainsi que les principales
orientations du projet de loi de finance. Par la suite, les ordonnateurs sont invités à faire une proposition du
budget en recette et dépenses concernant l'année suivante. Les propositions faites par les différents
ordonnateurs sont centralisées au ministère des finances avant le premier juillet. Par la suite, il y a une
détermination des grandes masses budgétaires en recettes et en dépenses, suite à quoi il est fait répartition
des masses de crédit et une circulaire du chef du gouvernement vient arrêter les grandes orientations. La
répartition, au niveau de chaque ministère, s'effectue dans le cadre de commissions budgétaires, suite à quoi
on élabore des projets sectoriels pour les ministères concernés. Par la suite, le conseil des ministres se réunit
pour débattre des orientations du projet de loi de finance, lequel projet est adopté par la suite au conseil du
gouvernement avant sa présentation au parlement.

[Le 1 janvier 2016 : le parlement sera associé à la préparation du projet de loi de finance, d'une certaine
manière, par les commissions de finance ; le ministère des finances fera un exposé, mais il n'y aura pas de
votes]

Google :

« Des tensions de plus en plus fortes résultant de l'immensité des besoins et de la limitation des ressources ont
conduit à se vouer à l'exigence de rentabilité, l’ancien budget apparaissant inadapté.

Aux Etats-Unis, le PPBS a été mis en place : Planning, Programming, Budgeting System. Le planning ou
planification est l’analyse des besoins et la définition des objectifs qu'on veut atteindre; le programming ou
programmation est la détermination de moyens d'actions pour atteindre ces objectifs, quant au terme
budgeting ou budgétisation, il correspond au fait de traduire en budget annuel l’exécution de ces moyens
d'action. Le PPBS est l’allocation des ressources en fonction des objectifs qu'on veut atteindre. Ce processus
oblige le gouvernement et chacun des ministères à établir des objectifs précis et à bien analyser les
implications financières des programmes mis en œuvre pour les atteindre. Ainsi, on établit plusieurs
programmes, parmi lesquels on choisit le moins coûteux. Cette technique n'a pas connu un succès. S'il est
possible d'évaluer les implications financières pour un projet d'ordre technique, ce n'est pas le cas pour le
domaine social. Par exemple, pour un barrage, on peut estimer le coût de fabrication ainsi que les revenus.
Cependant, pour un hôpital, si on peut estimer le coût de construction, on ne peut pas évaluer les revenus.

D'autres systèmes ont été expérimentés, tel que le MDO; ou le ZBB (Zéro Base Budgeting). «Le Budget Base
Zéro est un procédé de planification et de budgétisation qui exige de la part de chaque dirigeant d'un centre
de décision qu’il justifie dans le détail et dès son origine tous les postes du budget dont il a la responsabilité et
qu'il donne la preuve de la nécessite d'effectuer une dépense ». Le budget dit «base zéro» est établi sans
référence à la période précédente (d'où l'appellation budget base zéro) et en fonction des stricts besoins de
l'exercice budgétaire. Le principe consiste à définir le budget de base correspondant au niveau minimal
d'activité, puis à chiffrer les autres composantes du budget en fonction d'un niveau d'activité ou de qualité
attendu afin d'aider aux choix, selon des priorités explicitées. La méthode repose sur une hiérarchisation des
objectifs, condition préalable à la définition et à l’élaboration du budget.

L'expérience de la rationalisation des choix budgétaires (RCB) a commencé en 1970 et s’est achevée en 1985,
en France. Il s'agissait en fait de l'importation du PPBS (Planning Programing Budgeting System) américain, au
moment même où celui-ci était abandonné. Il était question de restructurer le budget sous forme d'un
ensemble de programmes d'action et de fonder les décisions de dépense sur une prévision de leurs impacts
socio-économiques. À l'époque, on croyait encore à la possibilité de rationaliser la décision publique. La RCB a
été officiellement abandonnée en 1984 »

Section 2 : la structure budgétaire


La loi de finance comprend deux parties. La première partie arrête les données générales de l'équilibre
financier et comporte l'autorisation des perceptions des recettes publiques et l'émission des emprunts. Elle
comprend également des dispositions relatives aux ressources publiques que la loi de finance peut crée,
modifier ou supprimer, des dispositions relatives aux charges de l’Etat, aux comptes spéciaux du trésor, au
budget des SEGMA ainsi qu'au contrôle de l'emploi des fonds publics. Elle comporte aussi l’évaluation globale
des recettes du budget général, du budget des SEGMA et des catégories des comptes spéciaux du trésor. On y
retrouve aussi les plafonds des charges du budget générai par titres, de l'ensemble des budgets SEGMA
groupés par dépenses d'exploitation et dépenses d'investissement, et des comptes spéciaux du trésor par
catégories [La loi de finance ne peut pas fixer de plafonds pour les recettes. Le montant total des recettes
perçu dépend de l'activité économique. Par contre, pour les charges, il y a un fond à ne pas dépasser]. La
deuxième partie arrête par chapitres les dépenses du budget générai, par services les dépenses des SEGMA et
par comptes les dépenses des comptes spéciaux du trésor. Ainsi, la première partie de la loi de finance
comprend, entre autres, les évaluations globales des ressources et des charges de l’Etat, alors que la deuxième
partie vient répartir les évaluations entres les différents ministères et institutions.

Paragraphe I : Le budget général de l’Etat


Il comporte deux parties ; la première est relative aux ressources, tandis que la seconde concerne les
dépenses.

A) Les ressources du budget général

Elles comprennent les impôts et taxes, les produits des amendes, les rémunérations des services rendus et les
redevances [redevances : somme d'argent en contre partie d'un service qui n’est pas obligatoire. Si on profite
de ce service, on doit payer. Si non, on ne paye pas. Au contraire, la taxe, même si on n’en profite pas. On la
paye], les fonds de concours, les revenus du domaine, le produit des cessions des biens meubles et
immeubles, le produit des exploitations et des participations financières de l’Etat, ainsi que la part de l’Etat
dans les bénéfices des établissements publics, les remboursements des prêts et avances et les intérêts y
afférant le produit des emprunts et les produits divers.

B) Les dépenses du budget général

Ces dépenses comprennent les dépenses de fonctionnement, les dépenses d’investissement et les dépenses
relatives à la dette publique.

1) Les dépenses de fonctionnement

Elles comprennent les dotations des pouvoirs publics (roi. parlement, chef de gouvernement, etc.), les
dépenses du personnel et des matériels afférents au fonctionnement des services publiques, les dépenses
diverses relatives à l’intervention de l’Etat dans le domaine administratif économique, social et culturel, les
dépenses relatives aux charges communes, y compris la dette viagère [dette qui naît au profit de certaines
personnes pour le reste de leur vie. Les retraites sont également des dettes viagères, mais elles sont gérées en
dehors du budget général, par la caisse marocaine des retraites], les dépenses imprévues et les dotations
provisionnelles.

A rappeler que pour chaque ministère. il est prévu en ce qui concerne les dépenses de fonctionnement deux
chapitres : un chapitre pour le personnel et un chapitre pour le matériel et les dépenses diverses.

2) Les dépenses d'investissement

Elles comprennent, dans l'état actuel des choses : les dotations affectées aux dépenses résultant de l'exécution
du plan de développement approuvé par le parlement : les dotations non prévues dans le plan de
développement, et programmées dans la loi de finance, destinées a la préservation, la reconstitution ou
l’accroissement du patrimoine national. Le plan de développement n’a aucune force exécutoire, bien qu'il soit
voté par le parlement. Il a besoin d'un canal juridique qui dispose d’une force exécutoire : c'est la loi de
finance. La loi de finance vient chaque année pour prévoir les crédits qui vont permettre d’exécuter les
programmes du plan de développement.

[Avant 1998. les dépenses d'investissements étaient qualifiées d. dépenses extraordinaires. C'étaient des
dépenses non prévoies par le pian de développement, mais que la loi de finance pouvait prévoir. Aujourd’hui,
il n’y a plus cette conception de dépense extraordinaire, mais le projet de loi de finance de 2016 prévoit une
nouvelle présentation des opérations financières publiques, et il y a un retour de la notion de dépense
ordinaire. Parmi ces opérations ordinaires, ne figurent pas les dépenses d’investissement. Toutes les dépenses
d’investissement seront considérées comme des dépenses qui ne sont pas ordinaires, donc comme des
dépenses extraordinaires. C’est une résurrection de la distinction entre ce qui est ordinaire et extraordinaire,
dans la loi de finance]

[Qu’est ce qu’une dépense de fonctionnement et d’investissement? Il y a l’aspect juridique. Les dépenses de


fonctionnement peuvent être exécutées chaque jour, tandis que les dépenses d'investissement sont
échelonnées dans le temps. Un gouvernement qui fait beaucoup de dépenses de fonctionnement est un
gouvernement qui ne voit pas loin. Beaucoup de gouvernements gonflent les dépenses d’investissements,
quitte à ne pas les exécuter (15 milliards de dirhams ont été prévue, pour les dépenses d'investissement, au
Maroc, pour l’année 2013 [?]. Mais elles n’ont pas été exécutées). Théoriquement, les dépenses de
fonctionnement sont des dépenses de consommation. En principe, elles ne laissent pas de trace. On considère
que tous les salaires sont des dépenses de fonctionnement, donc de consommation. Or, une dépense pour
payer à un médecin son salaire est-il réellement une dépense de consommation ? Non, c’est l'un des plus
grands investissements que peut faire l’Etat. Donc, finalement, cette classification n’est pas juste. De la même
manière, rachat d'une voiture est considéré comme une dépense d’investissement. Or, l'achat d’une voiture a
un fonctionnaire, qui la donne à sa tille, n'est en rien une dépense d’investissement. A partir de 2016. ll y aura
une nouvelle conception des dépenses d'investissements. Selon cette nouvelle conception d'investissements
sont destinées principalement à la réalisation des plans de développement stratégique et des programmes
pluriannuels, en vue de la préservation, de la reconstitution ou de l’accroissement du patrimoine national]

Rappel : pour les dépenses d’investissement, il y a un chapitre par département ministériel, ou institution.

3) Les dépenses relatives à la dette publique

Elles sont présentées en deux chapitres : le premier comporte les dépenses en intérêts et commissions se
rapportant à la dette publique. Le second comporte les dépenses relatives aux amortissements de la dette
publique, à moyen et à long terme.

Le budget général constitue la plus grande partie du budget de l’Etat : il représente 78-9% des opérations
financières de l’Etat contre 20% pour les comptes spéciaux du trésor, et 1% pour les SEGMA.

Paragraphe 2 : les budgets des SEGMA


Les SEGMA sont des services de l’Etat qui ne sont pas dotés de la personnalité morale, et dont certaines
dépenses non couvertes par des crédits du budget général, sont payés par des ressources propres à ces
services. L’activité de ces services doit tendre essentiellement à produire des biens, ou à vendre des services
donnant lieu au payement d’un prix ou à des rémunérations. Donc, pour qu’il y ait un SEGMA, deux conditions
doivent être réunies : absence de personnalité morale ; vente de biens ou services, générant le payement
d’un prix ou des rémunérations. [Par exemple, les centres hospitaliers sont tous dotés de budgets SEGMA. La
définition dit que les budgets SEGMA ne couvrent pas l’ensemble des services. Dans un hôpital, les salaires des
médecins salariés sont payés par le budget général, le budget SEGMA sert à réparer les matériels, payer
l’électricité, etc. L’hôpital est un service de l’Etat qui n'a pas de personnalité morale. Donc la première
condition est remplie. Pour la deuxième condition, l’hôpital n’a pas pour but de produire des biens, et il n'a pas
pour but essentiel de vendre des services. Normalement, un hôpital est fait pour prodiguer des soins, et non
pour vendre des services donnant lieu à une rémunération. Donc la deuxième condition est discutable]

Les budgets SEGMA sont crées par la loi de finance. Cette loi prévoit les recettes de ces services et fixe le
montant maximum des dépenses qui peuvent être intégrées sur les budgets de ces services. La loi de finance
de 2015 contient 205 budgets SEGMA, 94 dans le domaine de la santé (83 pour le ministère de la santé et 11
pour l’administration de la dépense nationale), 17 pour le ministère de l’intérieur, 17 pour l’équipement. 16
pour le tourisme. 15 pour l’agriculture. 6 ministères disposent d'à peu près 75% du total des SEGMA. Par
ailleurs, et sauf dérogation prévue dans la loi de finance et les dispositions particulières prévues par la loi
organique de la loi de finance, les opérations des budgets SEGMA sont prévues, autorisées et exécutées dans
les même conditions que les opérations du budget général.

[Les budgets SEGMA dérogent à plusieurs principes budgétaires. Par exemple, quand il y a un excédent de
recettes dans les budgets SEGMA, cet excédant doit rester la propriété des SEGMA. A part ces exceptions, les
mêmes règles sont applicables au budget général et SEGMA]

Paragraphe 3 : les comptes spéciaux


Ils ont pour objet, soit de décrire des opérations qui, en raison de leur spécialisation ou d’un lien de cause à
effet réciproque entre la recette et la dépense, ne peuvent être commodément inscrits dans le cadre du
budget général ; soit de décrire des opérations en conservant leur spécialité et en assurant leur continuité
d'une année budgétaire sur l'autre ; soit de garder trace, sans distinction d'année budgétaire, d'opérations qui
se poursuivent pendant plus d’une année. C'est ainsi que la loi fixe l’objet des comptes spéciaux du trésor.

A remarquer que ces comptes sont crées par la loi de finance. La loi de création de ces comptes prévoit leurs
recettes, et fixe le montant maximum des dépenses qui peuvent leur être imputées. Toutefois, et en cas
d’urgence et de nécessité impérieuse, de nouveaux comptes peuvent être crées en cours d’année budgétaire,
par décrets, sur la base d’une loi d’habilitation accordée chaque année par la loi de finance de l'année. Ces
comptes, crées par décrets, doivent toutefois être soumis à la ratification parlementaire dans la plus prochaine
loi de finance. Ce fut le cas du compte de lutte contre les effets de la sécheresse, crée par décret le 7 août
1995, ou du fond de soutien à l’initiative nationale pour le développement humain, crée en cours d’année
2006. En principe, ces comptes sont crées par la loi de finance. En outre, les comptes spéciaux du trésor
comprennent 6 catégories. Dans le cadre de la loi de finance de 2015, on trouve 76 comptes spéciaux du
trésor.

1) Les comptes d’affectation spéciale : elles constituent 75% de l'ensemble des comptes spéciaux, avec 57
comptes de cette catégorie. Ce sont des comptes qui retracent les recettes affectées au financement d’une
catégorie déterminée de dépenses, et l’emploi donné à ces recettes. Par exemple, un compte spécial du trésor
suit les opérations liées à l’affectation de 30% de la TVA aux collectivités territoriales (= 24 milliards 84 millions
DHS).

2) Les comptes d’adhésion aux organismes internationaux : le Maroc a adhéré à des organismes
internationaux à caractère financier. Il paye sa contribution, et il reçoit des fonds de ces organismes.

3) Les comptes d’opérations monétaires : ces comptes retracent des opérations à caractère monétaire (qui ne
sont ni commerciales, ni industrielles).

4) Les comptes d’avance : l’Etat peut faire des avances par des fonds du trésor, pour des raisons d’intérêt
public. Le remboursement ne doit pas dépasser deux ans.

5) Les comptes de prêts : l’Etat fait des prêts sur des périodes qui dépassent deux ans.

6) Les comptes de dépenses sur dotation : la loi de finance de 2015 en compte 6. Par exemple, le compte
relatif aux acquisitions et réparation des matériels des forces années royales (10 milliards 200 millions Dhs).

Paragraphe 4 : Les rapports accompagnant le projet de loi de finance


Il y a le rapport économique et financier ; le rapport sur les dépenses fiscales : le système fiscal marocain
comporte des mesures exceptionnelles qui font perdre au trésor public marocain des sommes d’argent
(Google : Les dépenses fiscales réfèrent généralement à des mesures qui ont pour effet de réduire ou de
différer les impôts et les taxes payables par les contribuables). Le rapport sur les dépenses fiscales de 2015
évaluait les dépenses fiscales à 34 milliard de dirhams. Si l’Etat aurait appliqué le régime fiscale, il aurait gagné
cette somme ; les rapports sur les comptes spéciaux du trésor : le gouvernement doit établir un rapport sur
ce que font ces comptes ; le rapport sur les secteurs des établissements et entreprises publics ; les rapports
sur les SEGMA ; les rapports sur les budgets genre : l’objectif est de voir les différences qui existent entre les
hommes et les femmes, d’équilibrer l’écart entre eux. Depuis 2005, le Maroc a agit dans ce domaine là. Le
rapport vient relater tout ce qui a été fait dans ce domaine. Par exemple, lorsqu’on constate dans une
administration qu’il y a plus d’hommes que de femmes, on essaye de recruter plus de femmes ; le rapport sur
la dette publique ; le rapport sur les ressources humaines ; le rapport sur la compensation.

Paragraphe 5 : la classification budgétaire


Il y a une classification ancienne qui reste toujours utilisée : c’est la classification administrative. C’est une
classification selon les administrations qui effectuent les opérations financières. Elle permet de localiser les
responsables. Mais elle a ses défauts : elle ne montre pas certains aspects des opérations financières. On a
pensé à la classification économique, et à la classification fonctionnelle, mais elles n’ont pas connue de grands
succès.

Chapitre 2 : L’approbation du projet de loi de finance


Le parlement dispose en principe d’une certaine compétence en matière d’approbation du projet de loi de
finance, dans la mesure où il vote le dit projet. Cette compétence connait des limites, de même que
l'intervention du roi est nécessaire pour que le projet de loi de finance passe au stade de l’exécution.

Section 1 : la compétence de principe du parlement


Le parlement dispose en principe du droit de voter le projet de loi de finance. A ce titre, l’article 75 de la
constitution de 2011 dispose «le parlement vote la loi de finance, déposé par priorité devant la chambre des
représentants dans les conditions prévues par une loi organique ».

Paragraphe 1 : Les délais impartis au parlement


Dans l’état actuel des choses, le parlement a 70 jours pour étudier, discuter et voter le projet de loi de finance,
qui se répartissent comme suit : 30 jours pour la chambre des représentants, 30 jours pour la chambre des
conseillers et en cas de désaccord une commission peut être formée pour faire des propositions sur des points
qui restent en litige. Cette commission doit faire son travail en 7 jours, après quoi le budget est voté dans les 3
jours. Cette procédure a toujours été prévue, mais la formation de la commission n’a jamais eu lieu ; d’autres
moyens ont été utilisés pour régler les problèmes survenus.

Dans le cadre de la nouvelle loi organique de finance, il y a une nouvelle répartition des délais : 30 jours pour la
Chambre des représentants, 22 jours pour la chambre des conseillers, 6 jours par la suite pour la chambre des
représentants pour se prononcer sur les amendements votés par la chambre des conseillers et adopter en
dernier ressort le projet de loi de finance. Un tel pouvoir accordé à la chambre des représentants anéanti le
pouvoir de la chambre des conseillers.

Il existe une répartition temporelle pour les lois de finances rectificatives, comme suit : la chambre des
représentants a 8 jours pour se prononcer sur une loi de finance rectificative. La chambre des conseillers a 4
joues. La chambre des représentants a de nouveau 3 jours pour se prononcer sur le projet de loi de finance
rectificatif. Le parlement a donc 15 jours pour se prononcer sur un projet de loi de finance rectificatif.

Paragraphe 2 : la procédure de vote


Les dispositions du projet de loi de finance sont votées, article par article. Les évaluations des recettes font
l’objet d’un vote d’ensemble pour le budget général et les budgets des SEGMA, et d’un vote par catégorie des
comptes spéciaux. Les dépenses du budget général font l’objet d’un vote par titre, et à l’intérieur d’un même
titre, par chapitre.

Supposons que dans un gouvernement il y ait 30 ministres ou institutions : le nombre de votes est de :

- Titre 1 = 60 votes
- Titre 2 : 30 votes

- Titre 3=2 votes (la dette publique n’est pas une dette d’un ministère mais de l’Etat : ce ne sont pas les
ministères qui contractent des dettes)

Le chapitre constitue l'unité de vote : le parlement vote les chapitres et non les titres, paragraphes, lignes.

Les dépenses des budgets SEGMA font l’objet d’un vote d’ensemble par département ministériel ou institution
auquel ils sont rattachés [quand on dit que pour le ministère de la santé il y a 83 budgets SEGMA, ces budgets
SEGMA font l’objet d’un seul vote].

Les dépenses des comptes spéciaux du trésor sont votées par catégorie de compte spécial. Normalement il
doit y avoir 6 votes, à raison d’un vote par catégorie de comptes spéciaux.

Section 2 : les limites de la compétence du parlement


Paragraphe 1 : le parlement doit avoir voté à la fin de l’année budgétaire
Le parlement doit voter le projet de loi de finance au plus tard le 31 décembre de l’année qui précède l’année
d’exécution du budget. Autrement, le gouvernement se passerait de son autorisation. En effet, si à cette date
le budget n’est pas voté, ou que la loi de finance n’est pas promulguée à cause de sa soumission à la Cour
constitutionnelle, le gouvernement ouvre par décret les crédits nécessaires à la marche des services publics et
à l’exécution de leurs missions, en fonction des propositions budgétaires soumises à approbation. C’est ce que
dit la constitution dans son article 75. La Cour constitutionnelle ne se prononce pas sur les décrets. Si le budget
est soumis à la Cour constitutionnel, dans ce cas les recettes continuent à être perçues, sur la base des textes
législatifs et réglementaires les régissant, sauf pour les recettes dont la suppression est prévue par le projet de
loi de finance. Quant aux recettes pour lesquelles le projet de loi de finance prévoit une diminution de taux,
elles seront perçues au nouveau taux proposé.

[La loi de finance, fondamentalement, autorise les perceptions. En général, les recettes sont régies en dehors
de la loi de finance. Celle-ci peut aussi créer des recettes, mais ce n’est pas nécessaire]

A contrario, si le projet de loi de finance prévoit de nouvelles recettes ou une augmentation du taux d’une
recette, elles ne seront pas autorisées.

[Au Maroc, dans les années 1964-65, en cas de retard de vote du projet de loi de finance : pour les dépenses
de fonctionnement, on utilisait la technique du douzième provisoire, qui répartissait les dépenses de
fonctionnement entre chaque mois. Le gouvernement prenait un décret pour chaque mois de retard ; pour les
dépenses d’investissement, un seul décret était pris pour l’année. Finalement, un seul décret est pris, qui se
passe de l’autorisation du parlement, pour se donner les moyens financiers pour vivre]

Lorsque la loi donne le pouvoir au gouvernement, elle met dans le même sac les différentes situations
possibles où le responsable n’est pas le même : d’une part, il se peut que le parlement n’ait pas voté à temps
alors que le gouvernement a présenté le projet de loi de finance à temps ; d’autre part il se peut que ce soit le
gouvernement qui ait déposé le projet de loi de finance après la date impartie, dans ce cas c’est celui-ci qui est
responsable et il ne devrait pas percevoir un tel pouvoir. Or, la loi n’opère pas de distinction entre ces deux cas
; dans les deux situations, le gouvernement peut prendre un décret.

Paragraphe 2 : le parlement a un droit d’amendement limité


Ce droit d'amendement du parlement, en matière d’approbation du projet de loi de finance, est limité à un
double égard : d’abord il est limité dans son objet, ensuite il est limité dans le temps

A) Un droit d’amendement limité dans son objet

Le gouvernement peut opposer l'irrecevabilité à toute proposition ou amendement formulé par les membres
du parlement, lorsque leur adoption aurait pour conséquence, par rapport à la loi de finance, soit une
diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique. La position du
gouvernement, dans ces cas doit être motivée. A contrario, les propositions et amendements recevables sont
ceux qui visent l’augmentation des ressources publiques ou la diminution des charges publiques.

[Sans cette disposition, on n'aurait pas le budget qu'on a actuellement]

[Les parlementaires, pour remercier leurs électeurs, ou pour les séduire pour les prochaines élections, peuvent
chercher à diminuer les recettes publiques et à augmenter ses dépenses]

B) Un droit d’amendement limité dans le temps

Après l’ouverture des débats en séance plénière, le gouvernement peut s’opposer à la discussion de toute
proposition ou amendement qui n'aurait pas été soumis préalablement à la commission parlementaire
intéressée, lorsque celle-ci était en train d'examiner le projet de loi de finance. C’est une lutte contre les
amendements surprises.

Paragraphe 3 : Chaque chambre doit voter la première partie du projet de loi de


finance, avant la deuxième
La première partie prévoit les évaluations globales des ressources et des charges. La deuxième partie répartie
ces évaluations.

La notion de vote pose un préjudice : un vote peut être positif comme négatif. En France, en 1999 l'assemblée
nationale avait refusé un article de la première partie du projet de loi de finance et est passée à la deuxième
partie. Un arrêt, du 24 décembre 1999, selon lequel le mot vote signifie le vote par oui. En France, le problème
ne se pose plus. La nouvelle loi organique de finance de 2001 a changé le mot vote par le mot approbation. Au
Maroc, la loi organique du 2 juin 2015 ajoute que le refus de la première partie est considéré comme le rejet
de l'ensemble du projet de loi de finance. Si c’est la chambre des conseillers qui rejette, la chambre des
représentants est saisie pour adopter le projet de loi de finance en dernier ressort (élément de supériorité
accordé à la chambre).

Le Maroc a connu en 2014 le rejet de la première partie du projet de loi de finance. C’est la première fois que
le parlement refuse une partie de la loi de finance. La chambre des conseillers a commencé à voter la
deuxième partie, mais elle n’a pas terminé ; le projet a été transmis à la chambre des représentants [dans la
chambre des conseillers il y a toujours eu un certain rejet du gouvernement]

Paragraphe 4 : Les pouvoirs du gouvernement en matière d’approbation du projet de


loi de finance (limites au pouvoir du parlement)
A) Le dépôt tardif du projet de loi de finance n’est pas sanctionné

En principe, le gouvernement doit déposer le projet de loi de finance à une date déterminée. Dans l’actuel loi
organique : 70 jours avant la fin de l’année budgétaire. Dans la nouvelle loi organique : 20 octobre au plus
tard. Mais, si le gouvernement ne dépose pas le dit projet à temps, il n’assume aucune responsabilité ; la loi ne
prévoit pas de sanctions, ce qui n’est pas le cas en France. Normalement, tout un chacun doit assumer ses
responsabilités.

B) Le droit de demander le vote bloqué

Il fait partie de la procédure législative générale applicable aussi à la loi de finance : lorsque le gouvernement
demande de voter en une seule fois, au lieu de voter article par article. Le parlement n'a qu’à dire oui ou non.
Mais la nouvelle loi organique de finance (2015) prévoit cette possibilité du vote bloqué seulement pour la
deuxième partie du projet de loi de finance, dont la demande peut être faite soit par le gouvernement, soit par
le bureau de la chambre concernée.

C) La question de confiance

Le gouvernement peut pousser la chambre des représentants à accepter le projet de loi de finance sans vote.
En effet, le chef du gouvernement peut engager la responsabilité du gouvernement devant la dite chambre sur
une déclaration de politique générale, ou sur le vote d’un texte. Le projet de loi de finance peut faire l’objet
d’une telle demande. Si le parlement a confiance, il vote oui, dans le cas contraire il vote non. Mais le non est
entouré de garanti pour qu'il n'ait pas lieu : la confiance ne peut être refusée et le texte rejeté qu’à la majorité
absolue des membres composants cette chambre (ce qui est quasi impossible). C’est une manière de faire
passer à l’approbation les textes dont on craint le refus. Jusqu’à présent on n’a jamais recouru à la question de
confiance.

Section 3 : le rôle du roi


Paragraphe 1 : la promulgation
L’intervention du roi en matière d'approbation du projet de loi de finance est nécessaire. En effet, pour que la
loi de finance passe au stade de l’exécution, elle doit être promulguée. C’est le roi qui promulgue la loi de
finance, comme toutes les lois, et ce sur la base de l’article 50 de la constitution. Force est de constater que la
promulgation n'a jamais posé de problèmes jusqu’a présent. Elle est donnée quelques jours, voire quelques
heures après l’adoption du projet de loi de finance, par le parlement, ou après la décision du juge
constitutionnel. Par exemple, la loi de finance de 2002, qui a été la première à être soumise au juge
constitutionnel : la décision du juge est donnée le 31 décembre 2001, la promulgation donnée le 31 décembre
2001.

Paragraphe 2 : L’approbation sur la base de l'article 42


L’article 42 de la constitution fait du roi le «garant de la pérennité et de la continuité de l’Etat». Aussi, et en cas
où l’absence de moyens financiers dû au refus d'un projet de loi de finance, ou à des circonstances qui font
que l’Etat reste dépourvu de moyens financiers, et donc exposé à des dangers menaçant sa pérennité et sa
continuité, le roi peut dans ce cas à lui seul approuver le projet de loi de finance.

En 1984 il n'y avait pas de parlement. Pour faire face à la situation d'absence du parlement, la loi de finance a
été appliquée sur la base de l'article 19 (actuel article 42) par un dahir du roi, considéré comme le
représentant suprême de la nation. Le roi n’a jamais eu à utiliser l’article 19 avec un parlement présent.
Aujourd’hui, cet article ne peut être utilisé que quand il y a des situations exceptionnelles (le roi est devenu le
représentant de l’Etat, et non plus le représentant suprême de la nation)

Partie 3 : L’exécution du budget et son contrôle


Chapitre 1 : L'exécution du budget
Après l’approbation définitive du projet de loi de finance, cette dernière passe au stade de l'exécution. Cette
exécution s’effectue selon un principe général, à savoir le principe de la séparation des administrateurs et des
comptables ; elle se fait par des agents déterminés ; elle se fait selon une procédure bien définie : cette
exécution s’accompagne par un enregistrement comptable des opérations financières exécutées.

Section 1 : Le principe de la séparation des administrateurs et des


comptables
Ce principe régit l’exécution de l’ensemble des opérations financières. Ces opérations financières sont
exécutées en deux phases distinctes, à savoir : la phase administrative et la phase comptable. Chacune de ces
deux phases voit intervenir une catégorie d’agents déterminés. En effet, les administrateurs interviennent au
niveau de la phase administrative, et les comptables interviennent au niveau de la phase comptable. Le
principe de la séparation des administrateurs et des comptables exige qu’une même personne ne puisse pas
exercer à la fois une fonction administrative et une fonction comptable. Les administrateurs émettent des
ordres d’exécution des opérations financiers, qu'il s'agisse des recettes ou des dépenses : les comptables
exécutent ces ordres. Mais, malgré l’existence de ces ordres, il n y a pas de lien hiérarchique entre les
administrateurs et les comptables. Les comptables exécutent les ordres des administrateurs, mais ils ne sont
pas pour autant leur subordonné. C’est ce qui permet aux comptables, avant d’exécuter les ordres qu’ils
reçoivent des administrateurs, de contrôler ces ordres. Ce contrôle exercé par les comptables constitue la
substance même du principe de la séparation des administrateurs et des comptables.

Section 2 : les agents d’exécution


Les agents qui sont chargés de l'exécution des opérations financières publiques, sont d’un côté, les
ordonnateurs, et d’un autre côté, les comptables.

Paragraphe 1 : les ordonnateurs publics


A) Les ordonnateurs

L’ordonnateur est une qualité qui donne à celui qui l’a le droit d’exécuter certaines opérations financières au
niveau administratif. C’est l'ordonnateur qui engage, en principe, les dépenses publiques et ordonne leur
payement, et c’est lui qui constate ou qui fait constater les recettes publiques et donne l’ordre aux comptables
publics des les percevoir.

[Les administrateurs interviennent aussi dans la phase administrative. Ce ne sont pas des ordonnateurs, ce
sont des chefs de service]

Qui sont les ordonnateurs au Maroc ?

il s’agit essentiellement des ministres, qui sont de plein droit ordonnateurs des recettes et des dépenses des
départements ministériels qu'ils dirigent, ainsi que des budgets des SEGMA et les comptes spéciaux du trésor
qui leur sont rattachés [de plein droit = la personne nommé ministre acquiert automatiquement la qualité
d’ordonnateur, il n'a pas besoin d'une décision spéciale]. A ces ordonnateurs de plein droit peuvent s’ajouter
des ordonnateurs nommés par décret, au cas où la nécessité des services l’exige. Ces ordonnateurs sont
nommés parmi les directeurs généraux ou des directeurs des administrations publiques. Enfin, il y a les
ordonnateurs délégués auxquels les ordonnateurs publics délèguent leur signature et ce par voie d'arrêté
soumis au visa du ministre des finances
B) Les sous-ordonnateurs

Ils sont institués par les ordonnateurs et ils agissent sous la responsabilité et le contrôle de ces derniers. La
décision de l'institution de ces sous-ordonnateurs précise la limite budgétaire et territoriale dans lesquelles ces
derniers peuvent agir. Cette décision est soumise au visa du ministre des finances. [A préciser qu'à l’époque
actuelle, les sous-ordonnateurs sont nommés S-qualités (?) : ce n’est pas Monsieur X qui reçoit la qualité de
sous-ordonnateur, mais c’est un S-qualité qui a été désigné. Ceci fait qu'on n'a pas besoin de changer de
décision en cas de changement dans la personne du sous-ordonnateur]. Les ministres ont une compétence qui
s’étend sur l’ensemble du territoire marocain. Il est impensable qu’une personne qui se trouve par exemple à
Rabat, puisse exécuter sa compétence sur l’ensemble du territoire national. On a pensé donc aux sous-
ordonnateurs, qui décident à la place des ordonnateurs [il s’agit d’une délégation de pouvoir, qui connait des
limites budgétaires ; le sous-ordonnateur ne remplace pas l’ordonnateur dans toutes les opérations
budgétaires : la décision de l’institution précise quelles sont les opérations budgétaire pour lesquelles il est
compétents. La délégation connaît également une limite territoriale : cette décision lui délimite le cercle
territorial dans lequel il agit]

Paragraphe 2 : Les comptables publics


Est comptable public tout fonctionnaire ou agent ayant qualité pour exécuter, au nom d’un organisme public,
des opérations de recette et ou de dépense. C’est donc le comptable public qui exécute matériellement les
opérations financières en ce sens que c'est le comptable public qui paye les dépenses et c’est lui qui perçoit les
recettes publiques [Il reçoit les ordres des ordonnateurs et il les exécute]. Il peut y avoir des comptables de fait
; ce sont des personnes qui sans habilitation, exécutent des opérations financières et donc font un travail qui
est normalement celui d’un comptable public [le comptable de fait s’inscrit dans une notion plus large, qui est
la gestion de fait ; c’est une gestion qui n'obéit pas au droit. La notion de comptable de fait est né dans un
cadre local, à un moment où le président de la commune se croyait capable de tout, également de toucher à ?.
Le comptable de fait n'est pas qualifié à effectuer des opérations financières publiques. Cependant, il se peut
que la personne ait agi de bonne foi, sans qu’il y ait eu acte répréhensible pénalement. Par exemple, un
comptable qui décède dans une guerre. Un soldat vient alors continuer le travail du comptable. Dans ce cas là,
on n’a rien à reprocher à ce comptable de fait (absence de mauvaise foi). II est responsable devant le juge des
comptes, comme n’importe quel autre comptable public ; le juge de compte le juge sur ses actions financières,
et non pénales. S’il juge qu’il y a infraction sur le plan pénal, alors c’est le juge pénal qui interviendra.

Il y a plusieurs comptables publics : en premier lieu il y a le trésorier général du royaume (comptable supérieur
du royaume) ; le trésorier principal : le payeur principal des rémunérations (chargé de tous les salaires civils et
militaires) ; les trésoriers ministériels : les trésoriers préfectoraux et provinciaux : les trésoriers communaux ;
les receveurs des douanes et impôts directs ; les receveurs de l’administration fiscale ; les secrétaires greffiers
des juridictions du royaume; les agents comptables des établissements publics, etc.

[Le seul fonctionnaire de fait qui est défini par la loi est le comptable de fait]

Section 3 : les procédures d’exécution


Ii est à distinguer entre la procédure d’exécution des dépenses publiques, et la procédure d’exécution des
recettes publiques

Paragraphe 1 : la procédure d’exécution des dépenses publiques


L'exécution des dépenses publiques se fait en deux grandes phases : une phase administrative et une phase
comptable.
A) La phase administrative

La phase administrative de l’exécution des dépenses publiques connaît trois étapes : l’engagement, la
liquidation et l’ordonnancement.

a) L’engagement

L'engagement est l’acte par lequel un organisme public crée, ou constate une obligation de nature à entraîner
une charge. Il y a une différence entre la création d’une obligation et la constatation d’une obligation ; il faut
distinguer l’engagement volontaire et l’engagement involontaire : l’engagement est volontaire quand on crée
une obligation. Par exemple, l’administration décide d’engager un fonctionnaire : c’est un engagement
volontaire ; l’administration signe la décision de nomination. Dans ce cas, l’engagement crée une obligation.
Cette obligation va entraîner une charge : c’est le salaire que le fonctionnaire va toucher à la fin de chaque
mois. De même, lorsque l’administration décide de passer un marché public, la signature du contrat de marché
public est un engagement volontaire. Il y a création d’une obligation qui va entraîner une charge : c’est le
montant du marché, pour lequel il a signé.

La constatation d’une obligation est un engagement involontaire. Par exemple, un mur qui est de la propriété
de l’administration s’écroule et tue une personne. Les ayants droits portent plainte. L’administration est
obligée de payer les indemnités. Dans ce cas l'obligation est née de la décision de juridiction. C’est une
obligation qui entraîne une charge : le montant d’indemnisation décidé par le tribunal.

L’engagement est en principe effectué par l’ordonnateur, et il doit rester dans la limite des autorisations
budgétaires accordées dans le cadre de la loi de finance. De même cet engagement doit rester soumis aux
décisions, avis et visas prévues par les lois et règlements. A ce niveau, il est à signaler que la proposition
d’engagement doit être soumise pour visa au comptable public, dans le cadre du contrôle que celui-ci exerce
sur l’engagement.

b) La liquidation

Elle a pour objet de vérifier la qualité de la dette et d’arrêter le montant de la dépense. Elle est effectuée par
le chef de service compétent et sous sa responsabilité. La liquidation se fait sur la base des documents
établissant les droits des créanciers [la liquidation a un aspect juridique : elle permet vérifier la qualité de la
dette, c’est à dire voir si la dette est valable aux yeux des lois et règlements]. Le chef de service n’est pas
ordonnateur : c’est un administrateur qui n’a pas la qualité d'ordonnateur [tous les ordonnateurs sont des
administrateurs ; tous les administrateurs ne sont pas des ordonnateurs]

c) l’ordonnancement

Une fois la dépense engagée et son montant calculé, il ne reste plus qu’à l'ordonnancer, c'est à dire donner
l’ordre de payer la dette de l’Etat. L'ordonnancement est justement l’acte administratif donné au comptable
public, pour payer la dette de l’organisme public. C’est un acte qui émane naturellement, de l’ordonnateur.

B) La phase comptable : le paiement

Le payement est l’acte par lequel un organisme public se libère de sa dette. C’est donc une opération
matérielle qui se concrétise par la remise de fonds aux créanciers de l’Etat. Mais c’est un acte qui est doublé
d’un caractère juridique dans la mesure où le comptable public, avant de procéder à la remise du fond et au
visa de l'acte, doit d'abord vérifier la régularité de l'acte qui lui est adressé par l’ordonnateur. Le comptable
public est responsable des payements qu'il effectue, et afin de dégager sa responsabilité il doit d’abord vérifier
l’ordre de payement [c’est un contrôle exercé par le comptable sur l’ordre qui lui est adressé par
l’ordonnateur : il contrôle l’acte, et non l’ordonnateur]
Paragraphe 2 : La procédure d’exécution des recettes publiques
A) La phase administrative

Elle comporte également trois étapes : la constatation, la liquidation et l’ordre de recettes

a) La constatation

En guise de première étape dans l’exécution administrative des recettes publiques, il y a la constatation de
l’existence des recettes publiques. Il existe plusieurs méthodes de constatation et d’évaluation des créances
publiques. Les méthodes diffèrent selon les recettes, et chaque texte créant une recette pour l’Etat prévoit sa
méthode de constatation et également son évaluation. A titre d’exemple il y a la déclaration contrôlée, que
certains contribuables doivent déposer auprès des services fiscaux (nombre d’impôts sont basés sur la
déclaration : les personnes qui sont soumises aux impôts sont obligées de faire une déclaration); la méthode
forfaitaire ; la méthode indiciaire (l’administration se base sur des indices apparents, extérieurs de richesse.
Elle peut y recourir pour compléter la déclaration. La déclaration n’est pas forcément fiable) ; l’évaluation
directe (méthode complémentaire ; par exemple, on demande à une personne de faire une déclaration. Si elle
refuse, l’administration peut évaluer de lui-même le revenu, sans préavis. Elle permet d’apprécier la justesse
de la déclaration).

[Ces méthodes permettent de déterminer qu’il y a matière d’une recette (?)]

La constatation se fait en principe sous l’égide d'un ordonnateur public. Le système fiscal marocain est
principalement basé sur la déclaration.

b) Liquidation

C’est une opération arithmétique par laquelle on calcule le montant de la recette publique. Cette opération est
faite par le chef de service compétent. L'aspect juridique n'est pas absent dans la mesure où cette opération
doit se faire en respectant la loi et le règlement en vigueur.

c) L’ordre de recette

Après la constatation et la liquidation, toute créance publique doit en principe faire l’objet d’un ordre de
recette, sauf en cas de dérogation accordée par le ministre des finances ou la loi. L'ordre de recette est en
principe établi par l’ordonnateur. Mais en l’absence d'ordonnateur qualifié, cet ordre est émis par le ministre
des finances.

B) La phase comptable

Le recouvrement est l’opération par laquelle des deniers rentrent dans les caisses de l’Etat. C’est une
opération qui se matérialise par la remise de fonds par les débiteurs de l’Etat à un compte public. C’est une
opération qui se double également par un caractère juridique dans la mesure où le comptable doit s'assurer de
la régularité du recouvrement avant d’exécuter l’opération financière.

[A ce niveau il y a une responsabilité qui a une double face : en matière de recette publique il faut recouvrer
toutes les créances publiques sans aucune exception ; et on ne peut recouvrer que ce qui est prévu par les lois
et règlements - double responsabilité. C'est une responsabilité qui s’impose à toute personne qui intervient
dans les recettes publiques. Elle est rappelée chaque année par l’article 1er de la loi de finance de l’année]

[Règle : lorsqu’on demande au débiteur de payer, il doit payer au moment indiqué, la valeur indiquée]
Il existe une procédure d’exécution des recettes publiques générale : c’est une procédure de base prévue par
les textes législatifs. Elle s’applique chaque fois qu’il n’y a pas une procédure particulière. Cette procédure
générale ne s’applique que très peu (20-15% des recettes publiques). Pour le reste, il y a d’autres procédures.
Au Maroc, il y a le payement spontané : une personne débitrice de l’Etat décide spontanément, d’elle-même,
d’aller payer, sans qu'on le lui demande. Par exemple, dans le système fiscal marocain, la plus part des impôts
proviennent de la retenue à la source. La TVA est le plus important impôt au Maroc, et dans cette matière on
utilise le payement spontané ; on n’attend pas un ordre de payement. Pour l’impôt sur le revenu. 74-5% de cet
impôt provient de l'impôt sur le salaire : c'est l’employeur qui le calcule et le verse spontanément, sans qu'on
le lui demande.

Cependant, la procédure de base est de vigueur lorsque par exemple on demande à une personne de payer
spontanément et qu’il ne le fait pas : on revient à la procédure générale.

Paragraphe 3 : Les dérogations à la procédure d’exécution du budget


La procédure d’exécution des opérations financières publiques connaît des exceptions, aussi bien en matière
de dépenses qu’en matière de recettes.

A) S’agissant des dépenses

La procédure d’exécution des dépenses connaît quelques exceptions et assouplissements. Il s'agit des
dépenses payables sans ordonnancements préalables, des dépenses payables par voie de régie et des
dépenses payables sur liquidation provisoire.

1) Les dépenses payables sans ordonnancements préalables

Par l’existence des dépenses payables sans ordonnancements préalables, le comptable public se trouve
habilité à payer des dépenses publiques, non pas sur la base d’un ordre de payement mais sur la base de
justifications présentées généralement par les créanciers de l’Etat. Ceci constitue d’abord une exception au
principe de la séparation des administrateurs et des comptables, dans la mesure où le comptable, avant de
payer, doit calculer le montant de la dépense ; il doit donc la liquider, et par la même faire un travail qui est
normalement celui d’un administrateur. C’est ensuite une dérogation à la procédure normale d'exécution des
dépenses publiques dans la mesure où le comptable public effectue le payement sans l’intervention des
ordonnateurs. Par exemple, les rémunérations du personnel civil et militaire de l’Etat ; les dépenses relatives à
la dette publique : certaines dépenses payées par les représentants diplomatiques et consulaires du Maroc à
l’étranger ; les bourses des étudiants marocains à l’étranger ; les dépenses payées par voie de régie (1967 :
arrêté du ministre des finances qui fixe la liste des dépenses payables sans ordonnancement préalable).

[Le salaire du personnel civil et militaire représente plus de 100 milliards de dirhams : grande exception]

2) Les dépenses payables par voie de régie

II consiste à mettre à la disposition d’un régisseur (c’est un comptable public) des fonds lui permettant de
régler certaines dépenses qui, en raison de leur nature, de leur faible montant, de leur caractère imprévisible
ou des usages commerciaux, ne peuvent être soumises aux formalités imposées par la procédure générale
d’exécution des dépenses publiques (engagement, liquidation, ordonnancement). Contrairement aux
dépenses payables sans ordonnancements préalables qui sont payées directement par le comptable public
sans intervention d’un ordonnateur, les dépenses qui sont ouvertes par voie de régie ne peuvent l'être que sur
ordre écrit donné par l’ordonnateur. Mais, cet ordre écrit n’est pas un ordonnancement, c’est un ordre qui
reste seulement entre l’ordonnateur et le comptable; d’où l’exception à la procédure normale de l’exécution
des dépenses. Cet ordre n'obéit pas par exemple au contrôle des engagements des dépenses effectuées par le
comptable. A titre d’exemple, on peut citer les salaires journaliers, des frais de missions, des avances pour le
pèlerinage à la Mecque ou pour l’achat de moutons à l'occasion de la fête Aid Kebir, les secours immédiats aux
indigents et sinistrés, etc.

[Un journalier qui se fait payer 200 dirhams par jour. Au bout de trois jours il doit recevoir 600 dirhams. Il ne
va pas être soumis à la procédure normale d’exécution des dépenses]

[En cas d’un sinistre ; on ne peut pas perdre le temps en suivant les étapes de la procédure]

3) Les dépenses payables sur liquidation provisoire

Ces dépenses concernent essentiellement les dépenses de l’Etat relatives au marché public. Il s’agit
notamment des avances et des acomptes.

a) Les avances

C’est une somme d’argent versée à l’entrepreneur qui aurait contracté un marché avec l’Etat, avant même le
commencement de l’exécution du marché [un entrepreneur peut demander une avance]. Les avances
constituent un assouplissement à la procédure normale d’exécution des dépenses publiques, mais elles
constituent une atteinte manifeste à la règle du service fait qui doit normalement régir l’exécution de toutes
les dépenses publiques [normalement, toute dépense publique ne peut être payée que si le bénéficiaire de la
dépense justifie avoir rendu un service : un fonctionnaire qui rend un service pendant un mois, c’est à la fin du
mois qu'il recevra le montant qui lui est dû].

Au fur et à mesure de la réalisation des travaux convenus et avant même la fin de ces travaux, et surtout la
réception des ouvrages, objets du marché public, l’entrepreneur peut se faire accorder des acomptes par
l’Etat, c'est-à-dire des tranches du prix du marché. L’octroi des acomptes constitue un assouplissement à la
procédure normale d’exécution des dépenses de l’Etat et à la règle du service fait [assouplissement et non
dérogation : les acomptes sont accordées au moment où les travaux sont en cours d’exécution : en fait, il y a
des travaux, mais qui n’ont pas été fini]

B) Concernant les recettes

La procédure d'exécution des recettes publiques connaît des exceptions et quelques assouplissements.

1) Les paiements spontanés

C’est la situation où le débiteur de l’Etat doit payer spontanément, sans qu’on le lui demande, sa dette. Ils
constituent une dérogation à la procédure normale de l’exécution des recettes publiques.

[Pour un payement spontané, le débiteur voit un comptable publique pour payer spontanément]

[70-80% des recettes fiscales sont payées spontanément]

[74% des revenus salariaux sont payés spontanément]

II y a également un assouplissement au principe de la séparation, des administrateurs et des ordonnateurs : le


comptable doit calculer (faire la liquidation) le montant de la recette.

La retenue à la source aboutie au payement spontané : l’employeur calcule l’impôt du salaire et le verse
spontanément à l’Etat.

2) Les dettes perçues par acomptes


Des fois le comptable public peut accorder aux redevables de l’Etat et sous sa responsabilité, la possibilité de
se libérer de sa dette par acomptes, c’est à dire qu’au lieu que le payement se fasse en une seule fois, il se fait
sur plusieurs échéances. Dans ce cas, il y a un assouplissement au caractère libératoire du règlement que doit
satisfaire normalement tout payement de dette publique.

En principe, tout payement de créance de l’Etat doit avoir un caractère libératoire. Quand le comptable
permet au débiteur de payer en plusieurs échéances, il se libère à la dernière échéance. Le comptable le fait
sous sa responsabilité : c’est à lui de juger le nombre d’échéances.

Section 4 : l’enregistrement comptable des opérations financières de l’Etat


Toutes les opérations financières de l’Etat, en recettes et en dépenses, qu’elles soient celles exécutées par le
comptable, ou celles exécutées par l’ordonnateur, doivent être enregistrées, inscrites, sur des registres
déterminés.

Quand est ce qu'on doit enregistrer des telles opérations ? A quelle année budgétaire doit appartenir
l’opération financière et dans les comptes de quelle année budgétaire doit-elles être inscrites ?

Théoriquement, il y a deux méthodes pour l’enregistrement comptable des opérations financières publiques :
la méthode de la gestion et la méthode de l’exercice.

1) La méthode de la gestion
Elle consiste à rattacher à une année budgétaire et inscrire dans les comptes de cette année toutes les
opérations financières qui ont été effectuées et exécutées entre le premier jour de cette année et son dernier
jour. C’est donc l’exécution matérielle des opérations financières qui est prise en compte, c'est-à-dire le
payement pour les dépenses, et le recouvrement pour les-recettes.

2) La méthode de l’exercice
Cette méthode consiste à rattacher à l’année budgétaire, toutes les opérations financières qui ont été
autorisées par la loi de finance de cette année. Autrement dit, on tient compte de l’année où l’opération est
autorisée, abstraction faite de son moment d’exécution (année d’exécution).

[On prend en compte l’opération qui a été autorisée dans l'année, même si l’exécution a été exécutée 10 ans
plus tard]

Au Maroc, le droit financier fait une distinction entre l’enregistrement comptable des recettes, et
l’enregistrement comptable pour les dépenses. Pour ce qui est des recettes, c’est la méthode de la gestion qui
est appliquée, dans la mesure où la recette est inscrite dans les registres de son année d'encaissement
(l’année où elle a été exécutée effectivement). Pour les dépenses, elles sont inscrites sur les registres de
l’année pendant laquelle le titre de payement la concernant est visé par le comptable public. C’est une
méthode qui n'est ni la méthode de la gestion, ni la méthode de l'exercice, mais elle se rapproche nettement
de la méthode de la gestion dans la mesure où lorsque le titre de payement d’une dépense est visé pendant
une année, le payement du titre de la dépense correspondante peut intervenir, dans la majorité des cas, dans
la même année. Mais il reste que c’est une méthode hybride du point de vue juridique.

Le titre de payement est établi par l’ordonnateur, qu’il envoie au comptable pour contrôle et visa. Le titre
revient à l’ordonnateur, qui le remet au bénéficiaire, qui doit réclamer sa paye. Il y a un laps de temps qui
s’écoule, pendant lequel n’année d’exercice change. Par ailleurs, en cas de décès du bénéficiaire, les ayants
droits peuvent recevoir le titre de pavement, mais ces derniers peuvent se présenter l'année suivante. Aussi, le
titre de payement reste valable pendant quatre années, donc pour un titre de payement visé pour une année,
la dépense peut intervenir à une autre année que celle de son autorisation.

Exemple :

->Dépense autorisée en 2013 ->Titre de payement a été visé en 2014 ->Dépense effective en 2015

Selon la méthode de gestion : l'opération financière est enregistrée dans le registre de 2015 Selon la méthode
de l'exercice : l'opération financière est enregistrée dans le registre de 2013

Au Maroc : l’opération financière est enregistrée dans le registre de 2014 (année où le titre de payement est
visé par le comptable)

Chapitre 2 : Le contrôle de l’exécution du budget


On peut faire la classification des contrôles qui s’exercent sur l’exécution du budget de diverses manières : on
peut se baser sur la forme du contrôle, et dans ce cas on distingue le contrôle sur les pièces (documents,
dossiers) et sur la place (dans un chantier par exemple) : on peut aussi se baser sur l’objet du contrôle, on
distingue alors le contrôle de la régularité (conformité avec les lois et règlements en matière financière) et le
contrôle de l’opportunité (une dépense même régulière peut être inopportune) ; on peut aussi se baser sur la
personne sur laquelle s’exerce le contrôle, et là on distingue le contrôle sur les administrateurs et le contrôle
sur les comptables ; on peut considérer le moment où ce contrôle est exercé, en distinguant le contrôle à
priori, le contrôle concomitant et le contrôle à postériori. Donc les contrôles peuvent s’exercer sur l’exécution
du budget de diverses manières. Mais c'est celle qui se base sur la nature de l’organe qui exerce le contrôle qui
est le plus utilisé : dans ce cas on distingue le contrôle administratif) juridictionnel et politique. A remarquer
que ces contrôles ne sont pas exclusifs [il n’v a pas une classification exclusive] en ce sens que le contrôle peut
être sur pièce, de régularité, à priori et administratif [tout contrôle exercé peut combiner plusieurs
caractéristiques].

Section 1 : le contrôle administratif


On peut d’abord citer certains contrôles hiérarchiques qui s’exercent au sein même de chaque administration ;
il s’agit donc des contrôles exercés par les supérieurs sur leurs subordonnés, tels les contrôles exercés par les
ordonnateurs sur les sous-ordonnateurs qui leur son rattachés, ou les contrôles exercés par les comptables
supérieurs sur les comptables subordonnés. Mais, les principaux contrôles administratifs exercés sur
l’exécution des opérations financières publiques sont : le contrôle exercé par les comptables sur les
ordonnateurs, et le contrôle exercé par l'inspection générale des finances, connu sous le nom d’IGF.

Paragraphe 1 : le contrôle exercé par les comptables sur les ordonnateurs


Les comptables publics exercent un contrôle sur l’exécution des dépenses publiques et un contrôle sur
l’exécution des recettes.

A) Le contrôle de l’exécution des dépenses

Le comptable public exerce un contrôle sur l’exécution des dépenses publiques à un double niveau : d’abord
au niveau de l’engagement, et ensuite au niveau du payement des dépenses.

1) Le contrôle du comptable sur l’engagement


Le contrôlé des engagements des dépenses qu’exerce le comptable public intervient préalablement à tout
engagement. Aussi, ce que l’ordonnateur présente en premier lieu au comptable public est une proposition
d’engagement. Ce n’est qu’une fois le visa du comptable apposé sur la proposition d’engagement que celui-ci
devient un engagement [c'est un contrôle qui s'effectue à la première étape de la phase administrative de
l'exécution des dépenses .publiques. L'engagement est un bout de papier. Le contrôle de l'engagement signifie
le contrôle de la personne qui émet l’engagement. Il contrôle l’ordonnateur à travers son acte qui est la
proposition d’engagement]. Dans le cadre de ce contrôle, le comptable public exerce un contrôle de régularité
; il vérifie que les propositions d’engagement des dépenses sont régulières au regard des dispositions légales
et réglementaires, d’ordre financier, régissant l'opération [contrôle de régularité et non d’opportunité. Le
comptable public n’a pas à voir l’opportunité]. Le comptable public exerce également un contrôle budgétaire
portant sur un certain nombre d’éléments : la disponibilité des crédits et des postes budgétaire [chaque fois
qu’une administration veut recruter du personnel, il doit disposer des postes budgétaires] ; l’imputation
budgétaire [il y a une structure budgétaire selon lequel il y a des dépenses de fonctionnement,
d'investissement, et dans les dépenses de fonctionnement on retrouve d’autres dépenses, etc. ; chaque
dépense à une place dans la loi de finance et l’ordonnateur doit en tenir compte en engageant des dépenses à
partir des crédits qui sont prévus pour ces dépenses. Cependant, à rappeler l'existence des modifications des
dotations budgétaires] ; l’exactitude des calculs du montant de l’engagement [si un ordonnateur engage
l’achat d’un ordinateur pour un prix trop élevé, le comptable public va refuser la proposition d’engagement.
Cependant, il est impossible de connaître tout le marché] ; le total de la dépense à laquelle l’administration
concernée s’oblige pour toute l’année d’imputation.

Ce contrôle budgétaire s'exerce dans le cadre des subdivisions et rubriques de la loi de finance, des budgets
SEGMA, ou le cas échéant des programmes d’emploi des comptes spéciaux du trésor [programme d’emploi =
ce qu’il compte faire de ses fonds].

a) Les délais de contrôle

En principe, le comptable public dispose, pour exercer son contrôle sur les propositions d’engagement, d’un
délai de 12 jours ouvrables pour les marchés de l’Etat, et 5 jours pour les autres dépenses.

b) Les suites du contrôle

Le contrôle des engagements des dépenses exercé par le comptable public se manifeste à travers l’une des
situations suivantes : soit par un visa sur la proposition d’engagement de dépense, qui devient alors un
engagement ; soit par la suspension du visa dans l’attente d’une éventuelle régularisation de la part de
l’ordonnateur ; soit par le refus du visa. Le refus doit être motivé. Dans ce dernier cas, et si le service
ordonnateur qui a proposé l’engagement de dépense maintient sa proposition, le ministre intéressé peut saisir
le trésorier général du royaume pour infirmation ou confirmation du refus de visa. Si le trésorier général du
royaume (le comptable supérieur du royaume) infirme le refus de visa du comptable, il prescrit à ce dernier de
viser la proposition d’engagement. S’il le confirme le refus de visa, le ministre concerné peut solliciter
l’intervention du chef du gouvernement, qui peut, sauf dans certains cas, passer outre ce refus de visa [le chef
du gouvernement peut solliciter l'intervention de certaines commissions, par exemple la commission du
marché public, avant de prendre sa décision, soit une autre commission s’il s’agit d’une autre chose que le
marché public. La commission est présidée par le secrétaire général du gouvernement]. Mais ce pouvoir de
passer outre ne peut pas jouer au cas où le refus de visa est motivé par l'indisponibilité de crédits ou de postes
budgétaires, ou à un respect d’une disposition législative.

c) Les dérogations au contrôle des engagements des dépenses

Ne sont pas soumises au contrôle des engagements des dépenses : les dépenses payables sans
ordonnancement préalable ; les dépenses de biens et services dont le montant est inférieur ou égal à 20.000
dirhams ; les dépenses du personnel dont le montant est inférieur à 5.000 dirhams, etc. [avant le décret du 4
novembre 2008, le comptable public n'intervenait pas à ce niveau de l'engagement ; il y avait un service à part
qui s'occupait de ce contrôle. Depuis 2008. Le comptable public intervient au niveau de l'engagement].

2) Le contrôle à la phase du paiement

a) Les manifestations du contrôle

Avant le visa pour le payement, le comptable public est tenu d'exercer le contrôle de la validité de la créance
aux yeux de la loi et des règlements régissant la matière. Ce contrôle porte sur un certain nombre d’éléments :
l’exactitude des calculs des liquidations ; l’exactitude du visa préalable d’engagement lorsque le dit visa est
requis [certaines dépenses n’exigent pas le visa] ; le caractère libératoire du règlement : en effet, tout
règlement doit avoir un caractère libératoire de l'administration concerné consacré vis-à-vis de sa dette [il y a
des payements des dépenses publiques qui ne revêtent pas le caractère libératoire : les acomptes, qui font
partie des dépenses payables sur liquidation provisoire] ; le comptable public est aussi chargé de s’assurer de
la signature de l'ordonnateur qualifié ou de son délégué : de la disponibilité des crédits de payement ; la
production des pièces justificatives des dépenses publiques, dont notamment la certification du service fait de
la part de l'ordonnateur (?) [cette règle connaît des dérogations ou assouplissements].

Le comptable public dispose de 5 jours pour effectuer son contrôle pour ce qui est des dépenses du personnel,
et 15 jours pour les autres catégories de dépenses

[Les contrôles des engagements de dépenses ne respectent pas toujours les délais impartis. Cependant il n’y a
pas de sanctions. Sans sanctions, le droit n'a pas vraiment de valeur]

b) Les suites au contrôle du paiement

Après avoir exercé son contrôle sur le titre de payement et lorsque le comptable public ne relève aucune
irrégularité, il procède au visa du titre de payement (?). Au cas où il y a irrégularité, le comptable public
suspend le visa et renvoie à l’ordonnateur le titre de paiement non visé aux fins de régularisations. Dans ce
cas, l’ordonnateur peut demander au comptable de passer outre ; c’est ce qu'on appel le pouvoir de
réquisition, auquel cas le comptable public procède au visa pour paiement. De ce fait, la responsabilité du
comptable public est dégagée et celle de l'ordonnateur est engagée. Toutefois, le comptable doit refuser
d’obéir aux ordres de réquisition des ordonnateurs lorsque la suspension de paiement est motivée par un
certain nombre de choses : soit l’absence, l’indisponibilité ou l'insuffisance de crédit ; soit le défaut du
caractère libératoire du règlement ; soit l’absence de visa préalable d'engagement, lorsque le dit visa est
requis. En cas de refus de la réquisition par le comptable public, celui-ci rend immédiatement compte au
ministre chargé des finances, qui statue [les exceptions au pouvoir de réquisition connaissent également des
exceptions : en cas d’opérations provoquées pour les nécessités de la défense nationale, le comptable ne peut
pas invoquer l’indisponibilité de crédits pour refuser la paiement de la solde et accessoire de solde des
militaires, et les indemnités représentatives de vivre, de route et de séjour de l'ensemble du personnel
militaire].

[Passer outre peut servir à ce que les choses tournent normalement, pour qu'il n’y ait pas blocage : dans ce cas
le pouvoir de réquisition est utilisé pour la bonne cause. Mais il se peut qu’ il ne le soit pas : l’être humain peut
faillir].

B) Le contrôle du comptable sur les recettes

En ce qui concerne les recettes publiques, le comptable public est tenu d’exercer un contrôle de la régularité
de la perception qui lui est demandée, et ce à travers le contrôle de l’ordre de recette. Il doit également
contrôler l’imputation de la recette, de même qu’il doit procéder à la vérification des pièces justificatives des
recettes qui lui sont adressées par les ordonnateurs. A préciser que la responsabilité du comptable public en
matière d’exécution des opérations de recettes publiques est double : d’un côté le comptable doit exécuter
toutes les recettes publiques dont il est chargé, sans exceptions. D’un autre côté, le comptable ne doit
exécuter que les recettes publiques qui sont conformes à la loi et aux règlements. Si non, dans les deux cas, le
comptable peut être poursuivi pour concussion [concussion : infraction prévue par le code pénal qui désigne le
fait de tromper la confiance de celui qui nous fait confiance. Cette responsabilité est rappelée par l’article 1er
de la loi de finance], sans préjudices de l’action en répétition pendant 3 années [Qu’il y ait concussion ou non,
on peut toujours engager une action en remboursement pendant trois ans].

Paragraphe 2 : L’inspection générale des finances


L’IGF a été institué par un dahir du 14 avril 1960 et dépend directement du ministre des finances. Elle est
formée d’inspecteurs de finances placés sous l’autorité de l’inspecteur général des finances, qui relève
directement du ministre des finances.

A) Les attributions de PIGF

L’IGF dispose d’attributions très larges, à la fois vis-à-vis du comptable public et des administrateurs :
s’agissant des comptables publics, les inspecteurs vérifient les services de caisse, et de comptabilité, deniers et
matières [l’inspecteur peut aller chez un comptable et lui demander d’ouvrir sa caisse]. Il contrôle aussi la
gestion des comptables publics. Donc, l’IGF contrôle tout chez le comptable ; s’agissant des ordonnateurs et de
tous les administrateurs, les inspecteurs vérifient la régularité des opérations financières, enregistrées dans les
comptes des ordonnateurs, de recettes et de dépenses publiques ; en outre l’IGF intervient sur la base d’un
programme fixé annuellement par le ministre des finances, sur proposition de l'inspecteur général des
finances. Néanmoins, ce dernier peut ordonner toute vérification qui lui semble utile, mais il doit en rendre
compte au ministre des finances [La tâche est grande. Eu égard au nombre réduit d’inspecteurs, il est
impossible que cette tâche soit accomplie pour la totalité des organismes publics ; le programme annuel ne
peut être que sélectif, c'est-à-dire qu’on ne peut pas contrôler tout le monde, mais il faut contrôler. La
question est de savoir sur quelle base se fait cette sélection. Il paraît qu’au Maroc, certains organismes n’ont
jamais été contrôlés par l’IGF]. A remarquer que les interventions de l’IGF se font à l’impromptu, pour avoir un
effet de surprise. Enfin, les attributions de l’IGF s’étendent sur les collectivités territoriales et aux
établissements publics.

B) Les suites du contrôle

L’IGF n’a pratiquement aucun pouvoir pour sanctionner l’agent vérifié (administrateur/comptable) qui aurait
commis une faute. A l’égard des ordonnateurs, le pouvoir est totalement absent. A l’égard du comptable, et
lorsque l’inspecteur des finances constate une irrégularité grave, il rend immédiatement compte à l'inspecteur
général des finances et à l’autorité qui a pouvoir disciplinaire sur le comptable, sans pouvoir prendre aucune
mesure de sa propre initiative à l’encontre de ce comptable. Tout au plus, il peut demander au ministre dont
relève l’agent en cause de suspendre celui-ci, suspension qui ne peut en aucun cas dépasser un mois. Cette
suspension ne tait pas obstacle au jeu normal des procédures disciplinaires et pénales.

Section 2 : le contrôle juridictionnel


Le contrôle juridictionnel sur l’exécution du budget est exercé par les juridictions financières, à savoir la Cour
des comptes pour l’Etat et les Cours régionales des comptes pour les collectivités territoriales. Les juridictions
financières sont des institutions constitutionnelles qui sont régies par la loi du 13 juin 2002 formant code des
juridictions financières. Au niveau de la constitution, les articles 147 à 150 traitent de ces institutions. La Cour
de comptes est chargée d’assurer le contrôle supérieur de l’exécution de la loi de finance. Elle assure la
régularité des opérations de recettes et de dépenses des organismes soumis à son contrôle en vertu de la loi
et en apprécie la gestion. Elle sanctionne le cas échéant les manquements aux règles qui régissent les
opérations financières publiques. Elle assiste le parlement et le gouvernement dans les domaines relevant de
sa compétence, de même quelle apporte son assistance aux instances judiciaires. La Cour des comptes rend
des comptes à sa majesté le roi de l’ensemble de ses activités à travers le rapport annuel qu’elle lui soumet,
rapport qu’elle transmet aussi au chef du gouvernement.

Paragraphe 1 : composition de la Cour des comptes


La Cour des comptes est composée de magistrats qui sont : le premier président [le premier président est un
homme politique ou autre et non un magistrat], le procureur général du roi et les conseillers. La Cour dispose
d’un secrétariat général et d'un greffe, de même que le premier président peut désigner des fonctionnaires et
des agents. La Cour peut également recourir à l'assistance d’experts désignés par le premier président.

D’autre part, la Cour comporte des formations qui sont: l’audience solennel qui procède à l’installation des
magistrats et reçoit leurs serments (c’est la formation la plus importante) ; la formation toutes chambres
réunies qui formule des avis sur des questions de jurisprudence ou de procédure et juge les affaires qui lui sont
soumises soit directement par le premier président, soit sur réquisition du ministère public, soit sur renvoie
après cassation d’un arrêt rendu par la Cour des comptes : la formation inter-chambres qui statue sur les
appels rendus définitivement en premier ressort par les chambres et sections de chambres ; la chambre du
conseil qui approuve le rapport annuel de la cour, le rapport sur l’exécution de la loi de finance et la
déclaration générale de conformité [Google : il permet de rapprocher les résultats des comptes individuels
produits à la Cour par les comptables publics de ceux du compte général du royaume établi et communiqué à
la Cour par le ministre chargé des finances] ; les chambres dont la composition et la répartition des
compétences sont fixées par arrêté du premier président, ainsi que le nombre de ces chambres ; les sections
de chambres dont le nombre est fixé par arrêté du premier président ; le comité des programmes et des
rapports qui prépare les différents programmes et rapports de la Cour des comptes.

Paragraphe 2 : les compétences de la Cour des comptes


La Cour des comptes dispose de compétences à l’égard des comptables, à l'égard des administrateurs en
matière de discipline budgétaire financière et une compétence en matière de gestion, de même qu’elle
dispose d’autres attributions que l’on pourrait qualifier de secondaires.

A) Les attributions de la Cour à l’égard des comptables


1) Les manifestations du contrôle

Il s’agit des attributions de la Cour des comptes en matière de vérification et de jugement des comptes. En
effet, la Cour vérifie les comptes : des services de l’Etat ; des établissements publics ; des établissements privés
dont le capital est souscrit exclusivement par l’Etat, ou par des établissements publics, ou, conjointement à
l'Etat, par des établissements publics et des collectivités territoriales, à condition que ces organismes
(établissements privés) soient dotés d’un comptable public. Afin que la Cour puisse exercer ses attributions, les
comptables aux services de l’Etat sont tenus de produire annuellement à cette dernière les comptes des dits
services : ces comptes sont appelées comptes de gestion et qui sont constitués de pièces générales et de
pièces justificatives. On peut signaler que ces pièces sont transmises à la Cour trimestriellement. Au cas où le
comptable ne produit pas ces documents, ou ne les présente pas à temps à la Cour, le premier président peut
d’abord lui enjoindre de présenter les dits documents, à défaut il peut prononcer à son encontre une amende
dont le montant est au maximum de 1000 Dhs. Il peut en plus prononcer une astreinte dont le montant
maximum est de 500 dirhams par mois de retard.

[Tous les comptables publics ou de fait, sans exceptions, doivent apporter ces documents ; le contrôle se fait,
sans aucune exception prévue par la loi, sur tous les comptables]

2) Les suites du contrôle

Après vérification du compte du comptable, la Cour établie par sont arrêt définitif si le comptable est quitte,
en avance ou en débet : dans le premier cas l’arrêt comporte décharge définitif du comptable [un comptable
qui a fait ce qu’il avait à faire et seulement ce qu’il avait à faire, alors sa responsabilité est dégagée] ; dans le
deuxième cas l’arrêt produit le même effet [c’est un comptable dans le compte duquel il y a de l'argent en trop
mais sans savoir d’où il provient] ; dans le troisième cas l’arrêt de la Cour fixe le montant du débet qui est
exigible dès sa notification [c’est le cas où il y a un manque dans le compte du comptable qui peut avoir pour
origine un détournement de fonds ou des dépenses payées indûment]. L’appel est recevable contre un arrêt
de la Cour (à remarquer que les arrêts de la Cour des comptes sont susceptibles d’appel devant la formation
inter-chambres). Le recours en appel est ouvert au comptable ou à ses ayants droits (en cas de décès du
comptable), au ministre chargé des finances, au procureur général du roi auprès de la Cour des comptes, au
trésorier générai du royaume et aux représentants légaux des organismes publics concernés.

B) Les attributions de la Cour des comptes en matière de discipline budgétaire et financière

La Cour des comptes exerce des fonctions juridictionnelles en matière de discipline budgétaire et financière à
l’égard de tout responsable, de tout fonctionnaire ou agent de l’un des organismes soumis à son contrôle qui
aurait commis l’une des infractions qui rentre dans le champ de compétence de la Cour à cet égard II s'agit
donc des attributions juridictionnelles de la Cour des comptes à l’égard des administrateurs. Les organismes
soumis au contrôle de la Cour des comptes à ce titre sont les services de l’Etat, les établissements publics et les
sociétés ou entreprises dans lesquelles l’Etat ou les établissements publics ou également des collectivités
territoriales détiennent séparément ou conjointement une participation majoritaire au capital, ou un pouvoir
prépondérant de décision.

1) Les particularités du contrôle de la Cour des comptes en matière de discipline budgétaire et


financière

Le contrôle de la Cour des comptes en matière de discipline budgétaire et financière n’est ni général ni
systématique, contrairement à ce que l’on peut trouver au niveau des comptables [général car tous les
comptables sont soumis au contrôle de la Cour des comptes. Aussi, toutes les opérations des comptes en
recettes et en dépenses sont soumises à ce contrôle].

a) Contrôle qui n’est pas général

Certaines personnes ne sont pas soumises à la juridiction de la Cour des comptes et au final, à son contrôle. Il
s’agit des membres du gouvernement et des membres des deux chambres du parlement lorsqu'ils agissent en
és-qualité [ces derniers échappent au contrôle en qualité de ministre ou en qualité de membre de l’une des
chambres du parlement ; s’ils agissent avec une autre casquette, ils peuvent être soumis au contrôle]. Toute
personne qui fournit un document qui montre qu'il a agit au nom de l’un de ces derniers ne sera pas soumis au
contrôle de la Cour.

b) Contrôle qui n’est pas systématique


En ce sens que la Cour n’intervient en matière de discipline budgétaire et financière que lorsqu’elle est
expressément saisie par l’une des personnes habilitées à la saisir. Ces personnes sont : le procureur général du
roi près de la Cour des comptes agissant soit sur sa propre initiative soit à la demande du premier président de
la Cour des comptes ; le chef du gouvernement ; les présidents des deux chambres du parlement : le ministre
chargé des finances ; les ministres.

c) La Cour n’intervient que pour certaines infractions

Les administrateurs sont justiciables devant la Cour des comptes lorsqu’ils commettent l’une des infractions
prévues par le code des juridictions financières, ils encourent alors des sanctions prévues par la loi. Il s’agit en
fait d’infractions qui sont susceptibles d’être commises au niveau de l’exécution administrative des opérations
financières publiques, comme par exemple le non respect des règles régissant l'engagement, la liquidation ou
l'ordonnancement, ou des infractions à la règlementation régissant les marchés publics, ou des infractions en
matière des recettes visant l’octroi aux personnes concernées ou à autrui d’avantages qui sont injustifiées,
qu’il s’agisse d’avantages en espèce ou en nature [ces infractions doivent être énumérées explicitement par ie
code des juridictions financières].

2) Les sanctions

La Cour des comptes prononce à rencontre des personnes justiciables devant sa juridiction, et ayant commis
une ou plusieurs des infractions qui sont énumères par la loi, une amende dont le montant ne peut être
inférieur à 1000 Dhs par infraction, selon la gravité de l’infraction commise et de son caractère répétitif ou non
répétitif, sans que le montant de l'amende par infraction ne puisse dépasser la rémunération annuelle que la
personne concernée percevait à la date de l’infraction. Toutefois, le montant cumulé des amendes précitées
ne peut dépasser quatre fois le montant annuel de la dite rémunération [le comptable est en contact
permanent avec l’argent public ; L’ordonnateur ne manipule pas l’argent lui-même. Dans la majorité des cas
les infractions commises par les ordonnateurs sont dues soit à une ignorance, soit à une incompétence, soit à
une complicité : ainsi par exemple un engagement sans crédits n’aboutit à une dépense que si le contrôle n’est
pas effectué par la suite ; le comptable doit refriser le payement, donc il n’y a pas d’infractions, on ne va pas
condamner l’ordonnateur. Les amendes sont dissuasives. Sauf exceptions, les infractions commises par les
ordonnateurs ne sont pas perpétrées pour un intérêt personnel, mais pour l’intérêt du service. En effet si un
ordonnateur engage des dépenses de matériels de service, les crédits n’étant pas suffisants, il commet une
infraction dans l’intérêt du service ; ce n’est pas l’ordonnateur qui en profite. C'est pour cela que les amendes
restent relativement faibles], A remarquer que la poursuite devant la Cour des comptes ne fait pas obstacle à
l’exercice de l’action pénale et de l'action disciplinaire. En matière pénale le procureur général du roi, de sa
propre initiative ou à la demande du premier président, en saisi le ministre de la justice. Celui-ci est tenu de
faire connaître à la Cour les mesures qu'il a prises [la Cour des comptes n’est pas un tribunal pénal, elle se
limite à ses attributions financières ; elle sanctionne avec des amendes. Le ministre de la justice décide s'il va
saisir ou non le tribunal]

C) Le contrôle de gestion

Le contrôle de gestion des organismes soumis à sa juridiction permet d’en apprécier la qualité et de formuler
éventuellement des suggestions sur les moyens susceptibles d’en améliorer les méthodes et d’en accroître
l’efficacité et le rendement. Ce contrôle, bien qu’exercé par un organe juridictionnel, est un contrôlé
administratif et non juridictionnel. A ce niveau, la Cour rend des décisions et non des arrêts, de même que la
Cour ne sanctionne pas la mauvaise gestion. Par exemple, la Cour voit qu'une mission a été exécutée par 50
personnes. Elle va dire qu’elle aurait dû être exécutée par 30 personnes ; la loi a été respectée, mais sa gestion
a été mauvaise [L’administrateur établie un compte administratif : le contrôle de la gestion se fait sur le
compte administratif].
D) le contrôle de l’emploi des fonds publics

La cour des comptes contrôle l’emploi des fonds publics reçus par les entreprises autres que celles qui sont
soumises à sa juridiction, ou par les associations ou tout autre organisme bénéficiant d’une participation au
capital ou d’un concours public. Ce contrôle vise à s'assurer de l'emploi des fonds publics en conformité avec
les objectifs visés par la participation ou le concours.

E) le contrôle de l’emploi des fonds collectés par appel à ta générosité publique

Ce contrôle ne peut être fait que par la saisie de la Cour des comptes par le chef du gouvernement.

F) l’assistance au parlement et au gouvernement


G) l'inspection des cours régionales des comptes

Section 3 : le contrôle politique


Il s'agit du contrôle exercé par le parlement sur les actes financiers du gouvernement. C'est un contrôle à
priori, un contrôle concomitant et un contrôle à posteriori : le contrôle à priori est exercé par le parlement sur
les opérations financières publiques lorsque celui-ci est en train d’étudier, de discuter et de voter le projet de
loi de finance ; le contrôle concomitant se fait à travers des questions écrites et orales qui sont adressées par
les membres du parlement aux membres du gouvernement pour des questions financières. Ce contrôle se fait
également à travers à l’occasion du vote d’une loi de finance rectificative s’il a lieu ; le contrôle à postériori se
fait à l’occasion de la discussion et du vote du projet de loi de règlement que le gouvernement doit
normalement présenter au parlement avant la fin du premier semestre de la deuxième année qui suit l’année
d'exécution du budget [ce contrôle reste inefficace : le passé n'intéresse que peu. Aussi, la fin du premier
semestre est la date de dépôt et non de vote ; le vote peut intervenir plusieurs années plus tard].
Lexique
- Annualité (principe de l’): principe selon lequel les recettes et les dépenses autorisées par la loi de
finances ne sont valables que pendant une année.
- Autorisation de programme: limite supérieure des dépenses que les ordonnateurs sont autorisés à
engager pour l’exécution des investissements prévus au plan de développement.
- Budget annexe: compte décrivant les opérations financières d’un service de l’Etat que la loi n’a pas
doté de la personnalité morale et dont l’activité tend essentiellement à produire des biens ou à rendre
des services donnant lieu au paiement d’un prix.
- Budget économique: cadre de prévision macro-économique à court terme ( deux ans) décrivant
l’ensemble des opérations des agents économiques en termes de comptes nationaux.
- Budget générai: compte retraçant les dépenses et les recettes annuelles de l’Etat qui ne font pas
l’objet d’une affectation spéciale prenant la forme d’un budget annexe ou d’un compte spécial du
Trésor.
- Charges communes: ensemble des crédits du budget général qui ne peuvent être ventilés par
ministère, en raison de leur caractère général.
- Comptes spéciaux du Trésor: comptes retraçant des opérations qui ne peuvent être incluses dans le
budget général en raison de leur spécialisation, d’un lien de cause à effet réciproque entre la recette
et la dépense ou de leur continuité dans le temps.
- Comptable public: fonctionnaire ou agent ayant qualité pour exécuter au nom d’un organisme public
des opérations de recettes, de dépenses ou de maniement de titres.
- Crédit de paiement : limite supérieure des dépenses susceptibles d’être ordonnancées dans le cadre
de l’année budgétaire.
- Déficit budgétaire : excédent des charges budgétaires sur les ressources.
- Dépenses imprévues et dotations provisionnelles : chapitre spécial qui n’est affecté à aucun service
et qui permet, en ce qui concerne les dépenses de fonctionnement du budget général, d’assurer, par
un crédit supplémentaire, la couverture de besoins urgents ou non prévus lors de rétablissement du
budget
- Engagement : acte par lequel l’organisme public crée ou constate une obligation de nature à entraîner
une charge
- Fonds de concours : fonds versés par des personnes morales ou physiques pour concourir avec ceux
de l’Etat à des dépenses d’intérêt général. Ces fonds qui comprennent également le produit des dons
et legs constituent une dérogation au principe de la non-affectation.
- Liquidation : opération consistant à vérifier la réalité de la dette et à arrêter le montant de la dépense.
- Loi de finances de l’année : loi qui prévoit, évalue et autorise, pour chaque année budgétaire,
l’ensemble des ressources et des charges de l’Etat.
- Loi de finances rectificative : loi qui modifie, en cours d’année budgétaire, les dispositions de la loi de
finances de l’année.
- Loi de règlement : loi qui constate le montant définitif des encaissements de recettes^ des
ordonnancements de dépenses se rapportant à une même année budgétaire et arrête le compte de
résultat de l’année.
- Morasse budgétaire: document annexe à la loi de finances retraçant le détail des dépenses du budget
général et des budgets annexes.
- Non-affectation ( principe de la ): principe selon lequel l’ensemble des recettes assure l’exécution de
l’ensemble des dépenses.
- Ordonnancement: acte administratif donnant, conformément aux résultats de la liquidation, l’ordre
de payer la dette de l’organisme public.
- Ordonnateur: autorité publique qui prescrit l’exécution des recettes et des dépenses. Les ministres
sont ordonnateurs de droit.
- Paiement: acte par lequel l’organisme public se libère de sa dette.
- Produit intérieur brut: somme des valeurs ajoutées de l’ensemble des branches de production. Il
mesure la richesse du pays au cours d’une année.
- Rapport économique et financier: document accompagnant le projet de loi de finances et destiné à
informer le Parlement sur les grandes lignes de l’équilibre économique et financier, les résultats
connus et les perspectives d’avenir ainsi que les modifications apportées en ce qui concerne les
recettes et les dépenses.
- Report de crédit: possibilité d’ajouter aux dotations de l’année budgétaire suivante, les crédits de
paiement ouverts au titre des dépenses d’investissement et non utilisés au cours de l’exercice écoulé.
- S.E.G.M.A (services de l’Etat gérés de manière autonome): il s’agit des services de l’Etat qui ne sont
pas dotés de la personnalité morale et dont certaines dépenses, non imputées sur les crédits du
budget général, sont couvertes par des ressources propres. Ces services sont dotés de budgets
autonomes.
- Spécialité des crédits (principe de la): affectation des crédits ouverts par la loi de finances à un service
particulier et à une catégorie déterminée de dépenses. Elle consiste, pour le budget général, à épartir
les crédits par titre et à l’intérieur d’un même titre, par chapitres, subdivisés en articles, paragraphes
et lignes.
- Système de la gestion: système consistant à rattacher toutes les dépenses et les recettes au budget de
l’année de leur exécution, quelle que soit la date de leur autorisation, par opposition au système de
l’exercice qui consiste à rattacher les dépenses et les recettes à l’exercice budgétaire où elles ont été
autorisées quelle que soit la date du paiement ou de l’encaissement effectif
- Tableau d’équilibre: tableau figurant à la fin de la première partie de la loi de finances et fixant les
montants des ressources affectées au budget général, aux budgets annexes et aux comptes spéciaux
du Trésor ainsi que les plafonds des charges et l’équilibre général qui en résulte pour l’année
budgétaire considérée.
- Tableau des effectifs: document annexe à la loi de finances ayant pour objet de dénombrer les postes
budgétaires autorisés.
- Unité ( principe de I’): principe selon lequel toutes les recettes et toutes les dépenses sont imputées
au budget général.
- Universalité (principe de l’): principe selon lequel il est fait recette du montant intégral des produits,
sans contraction entre les recettes et les dépenses.
- Virement: mouvement de crédits entre articles, paragraphes et lignes à l'intérieur d’un même
chapitre. Les virements qui constituent une dérogation au principe de la spécialité des crédits sont
autorisés par le ministre des finances.

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