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6.1. INTRODUCTION
Toute organisation juge ses membres et cherche à remplacer ceux qui ne font pas
l’affaire ; c’est même ce qui caractérise une organisation et qui fait la différence avec une
famille (Cadin, Guérin et Pigeyre, 2004, p. 293). On peut définir l’évaluation du personnel
comme étant le processus par lequel les organisations évaluent le rendement de leurs
employés. On l’appelle aussi appréciation (ou la notation) professionnelle/du personnel.
L’évaluation du personnel est bénéfique à la fois pour les employés, les
superviseurs, les gestionnaires, le service des ressources humaines et l’organisation
(Werther, Davis et Lee-Gosselin, 1990, p. 374). En effet, les employés recherchent la
rétroaction sur leur rendement comme guide pour leur comportement futur. Ce besoin de
commentaires est plus marqué chez les nouveaux employés qui tentent de comprendre leur
travail et le contexte dans lequel il s’inscrit.
Les superviseurs et les gestionnaires ont besoin d’évaluer le rendement de leur
personnel afin de pouvoir décider des actions à entreprendre. Le rendement des employés est
comparé à ce qui est attendu soit des standards implicites ou explicites ; selon le résultat de
cette comparaison, le superviseur renforce les résultats désirés ou intervient pour que le
rendement ou les comportements inadéquats changent.
Le service des ressources humaines est intéressé à l’évaluation du personnel car
celle-ci lui permet d’apprécier son rôle et ses actions dans l’organisation. Ainsi, de bonnes
ou mauvaises évaluations répétées contiennent des renseignements sur l’efficacité des
méthodes de recrutement, de sélection, d’orientation, d’affectation, de formation, de
planification de carrière utilisées par les services des ressources humaines. Pour cette raison,
le service des ressources humaines et l’organisation ont besoin que l’évaluation des
ressources humaines soit effectuée de façon systématique, équitable et qui minimise les
biais de toutes sortes pour qu’elle soit valable et fiable. Elle peut alors servir de base pour de
multiples décisions en matière de ressources humaines.
Pour l’organisation, l’évaluation des ressources humaines est importante car elle
contribue à l’efficacité de l’organisation en fournissant aux employés, aux superviseurs, aux
gestionnaires et au service des ressources humaines de réajuster leurs actions pour qu’elles
correspondent à ce qui est nécessaire de faire pour l’efficacité de l’organisation.
L’évaluation des ressources humaines est souvent, en dépit de son utilité, combattue
ou mal effectuée. Des superviseurs et des gestionnaires voient cette activité comme une
interruption superflue dans le rythme de leurs activités, une source possible de frustration
lorsque la rétroaction est négative et une confirmation inutile lorsqu’elle est positive
(Werther, Davis et Lee-Gosselin, 1990, p. 374). De telles attitudes doivent être modifiées, car
pour que l’évaluation apporte du fruit, elle doit être efficace, exempte de biais et acceptée.
Les composantes essentielles d’un système d’évaluation sont l’identification des
critères de rendement, des mesures valides de ces critères, de l’information représentative
des divers aspects du poste et finalement une rétroaction destinée aux personnes évaluées et
au service des ressources humaines (Werther, Davis et Lee-Gosselin, 1990, pp. 375–376).
Les critères de rendement sont déterminés à l’aide de l’analyse du poste ; si les
mesures du rendement ne sont pas reliées à la tâche, l’évaluation peut conduire à des résultats
inexacts ou faux, entraînant des décisions erronées sur les employés.
Le système d’évaluation du rendement de l’organisation est habituellement élaboré par
le service des ressources humaines. Cette centralisation permet l’uniformité des instruments et
des méthodes d’implantation, de même que la cohérence des résultats pour un personnel que
l’on peut comparer d’un service à l’autre. Les méthodes appliquées aux cadres sont
différentes de celles utilisées pour les subalternes, les méthodes appliquées à un même
groupe de travailleurs doivent être uniformes.
L’évaluation du personnel est généralement effectuée par le superviseur immédiat.
Les pairs et les subordonnés peuvent également fournir des évaluations très pertinentes
lorsque le travail se fait en équipe ou lorsqu’on évalue le superviseur sur les dimensions de
son rôle. Dans certains cas on recourt également à l’auto-évaluation. Pour les cadres, on
utilise parfois l’évaluation dite à 360° qui est une méthode destinée à réunir des informations
homogènes sur la manière dont est évalué un cadre ou un dirigeant par les personnes,
extérieures comme intérieures, qui sont en contact étroit avec lui dans son travail (Dalton,
2003, p. 233).
Pour qu’elle soit considérée comme ayant réussi, l’évaluation doit composer une
image, aussi exacte que possible, du rendement au travail de l’individu. Pour atteindre ce but,
les systèmes d’évaluation du rendement doivent porter sur le poste, s’avérer pratiques, avoir
des normes, utiliser des mesures valides et fiables et être administrés par des personnes
compétentes. Il faut donc que l’évaluation s’attarde aux éléments critiques du travail, c’est-à-
dire ceux qui influencent le succès au travail ; autrement, l’évaluation ne sera pas valide. Ces
éléments sont identifiés par l’analyse des tâches.
Thévenet, cité par Peretti (2004, pp. 240-241), propose six étapes dans la mise en
œuvre d’un système d’appréciation : implication de la direction générale qui doit marquer
son accord sur les attentes vis-à-vis du système, le déroulement… ; diagnostic des systèmes
de gestion existants, élaboration de la procédure ; constitution d’une commission chargée
de recueillir l’information sur l’entreprise et de tester la procédure ; formation des
évaluateurs et information du personnel.
Le système d’évaluation doit aussi être pratique, c’est-à-dire qu’il doit être
facilement compris par le personnel, qu’il s’agisse des évaluateurs ou des personnes évaluées.
Werther, Davis et Lee-Gosselin (1990, pp. 378–383) relèvent trois éléments
communs à tous les systèmes d’évaluation : les normes du rendement, les mesures du
rendement et les biais des évaluateurs. Pour faire l’évaluation, il faut avoir des normes de
rendement, c’est-à-dire des standards à partir desquels le rendement peut être mesuré. Pour
être efficace, ces normes doivent correspondre aux résultats attendus de chaque poste. Ceux-ci
sont déterminés à partir de l’information recueillie par l’analyse du poste. En se fondant sur
les responsabilités et les normes énoncées dans la description du poste, l’analyste peut décider
quels sont les comportements qui doivent être évalués.
L’évaluation du rendement exige aussi des mesures fiables. Pour être utiles, elles
doivent être faciles à employer et porter sur les comportements qui déterminent le rendement.
Les mesures du rendement objectives sont celles qui peuvent être vérifiées par d’autres
personnes. Les mesures subjectives quant à elles, ne peuvent être vérifiées par quelqu’un
d’autre. Habituellement, l’opinion de l’évaluateur constitue la mesure. Le principal problème
qu’occasionnent les mesures subjectives, c’est qu’elles laissent les biais s’infiltrer dans
l’évaluation.
Un biais produit une distorsion de la mesure, le plus souvent non intentionnellement.
Certains biais sont causés par le manque de détachement émotif des évaluateurs pendant
qu’ils procèdent à l’évaluation. D’autres sont dus au processus cognitif de traitement de
l’information. Les biais les plus fréquents sont : l’effet de halo, l’effet de tendance centrale,
la clémence ou la sévérité, le préjugé, l’influence de l’information la plus récente, le biais
intellectuel.
Pour réduire les biais des évaluateurs lorsque les mesures subjectives doivent être
utilisées, les spécialistes des ressources humaines peuvent former des évaluateurs, les inciter à
évaluer avec justesse, leur donner de la rétroaction sur leur évaluation et choisir
judicieusement les techniques d’évaluation du rendement.
Examinons dans la section suivante, les méthodes d’évaluation.