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Toute référence à cet article doit porter la mention : Thomassin JM, Branchereau A
et Braccini F. Abord chirurgical de l’artère carotide interne intrapétreuse. Encycl Abord du segment vertical intrapétreux
Méd Chir (Elsevier, Paris), Techniques chirurgicales — Tête et cou, 46-041,
Techniques chirurgicales — Chirurgie vasculaire, 43-141-B, 1999, 7 p.
Elle réalise une pétrectomie antérieure.
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Techniques chirurgicales ABORD CHIRURGICAL DE L’ARTÈRE CAROTIDE INTERNE INTRAPÉTREUSE 46-041
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4 Exposition en position
opératoire des gros vais-
seaux du cou (côté
gauche).
8 Exposition de l’apo-
physe vaginale du tympa-
nal jusqu’à l’épine du
5 Une fois le muscle digastrique sectionné, la dissection distale de l’artère carotide sphénoïde.
interne expose le nerf glossopharyngien qui croise par l’avant l’artère carotide interne
puis passe en arrière de l’artère carotide externe. Noter l’apophyse styloïde et les
muscles stylohyoïdiens.
9 Dégagement et repé-
rage de l’artère méningée
6 Exposition du tronc du moyenne qui limite la dis-
nerf facial et ablation de la section vers l’avant.
partie profonde de la
glande parotide.
temporomandibulaire (ATM). Cette manœuvre commence par le
dégagement de la face antérieure du MAE et de l’arcade zygomatique.
Exposition des vaisseaux (fig 4) À l’aide d’une rugine de Tessier, on effectue une dissection sous-
Le dégagement du bord antérieur du SCM ouvre la gouttière périostée de la cavité glénoïde au-dessus et en arrière du ménisque de
carotidienne. Au préalable, on aura pratiqué sa désinsertion de l’ATM. Ce temps chirurgical est parfois hémorragique, il est essentiel si
l’extrémité de l’apophyse mastoïde, après avoir réalisé un lambeau on veut obtenir une luxation maximale qui ouvre au mieux l’accès à
musculopériosté mastoïdien à pédicule postérosupérieur permettant, en l’espace interjugulocarotidien. Pour maintenir cet écart, on met en place
fin d’intervention, son réamarrage. L’identification des gros vaisseaux un écarteur spécial à crémaillère (MicroFrance) (fig 7). Au cours de cette
se fait en amont de la zone pathologique en même temps que les nerfs manœuvre, il faut faire très attention à ne pas étirer le tronc du nerf facial.
crâniens X, XI et XII sont repérés (fig 5). On peut ensuite commencer l’exposition de la fosse intratemporale. Le
Le tronc rétroparotidien du nerf facial est repéré dans l’angle dièdre qui tronc du nerf facial est dégagé jusqu’à sa sortie du trou stylomastoïdien.
se dessine entre la face antérieure de la mastoïde et la face inférieure du La partie sous-faciale de la glande parotide est enlevée. La dissection
MAE. Il est disséqué dans la parotide jusqu’à sa bifurcation, on poursuit dégage la partie inférieure du MAE puis se porte au niveau de
cette dissection au niveau de sa branche inférieure cervicofaciale. La l’apophyse vaginale en avant qui est progressivement exposée jusqu’à
veine intraparotidienne est sectionnée. On aborde ensuite l’espace sous- l’épine du sphénoïde (fig 8) ; à ce niveau est repérée l’artère méningée
parotidien postérieur. Le muscle digastrique est désinséré dans sa moyenne qui pénètre dans l’endocrâne par le foramen spinosum (fig 9).
rainure et refoulé vers l’avant. La glande parotide au niveau de son pôle La partie haute de l’artère carotide interne est recherchée au-dessus et
inférieur est libérée tout en contrôlant le rameau mentonnier du nerf en avant du nerf glossopharyngien. Elle est profonde et oblique en haut
facial qui est mobilisé vers le haut. L’apophyse styloïde est sectionnée et en arrière. À ce niveau, sa dissection est souvent rendue difficile par
après avoir été ruginée à la pince gouge (fig 6). Le rideau des muscles les modifications induites par la pathologie carotidienne. Il faut donc se
styliens est dégagé en faisant attention de ne pas traumatiser le nerf porter sur le canal carotidien, ce qui conduit à l’exposition de l’artère
glossopharyngien. On réalise ensuite la luxation de l’articulation carotide interne dans son segment vertical intrapétreux jusqu’à son
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coude. On réalise, sous microscope opératoire, une pétrectomie de
l’apophyse vaginale du tympanal après squelettisation du MAE aux
niveaux antérieur, inférieur et postérieur (fig 10A, B, C). Celle-ci est
effectuée à l’aide d’une fraise coupante puis diamantée, en passant au-
dessus du tronc du nerf facial qui barre la région. Le fraisage de
l’apophyse vaginale ouvre la face externe de la portion verticale, il
remonte en haut jusqu’à l’ouverture du tube auditif (fig 11). Il est
poursuivi en avant au niveau de l’épine du sphénoïde afin de dégager
l’artère carotide interne sur la berge antérieure. Le fraisage n’atteint
cependant pas le foramen spinosum, mais peut dégager le coude et se
poursuivre sur le début de la portion horizontale (fig 12). 11 Dégagement osseux
Durant tout ce temps osseux de fraisage, il faut faire très attention à ne et dissection de la carotide
pas traumatiser le tronc du nerf facial. Certains recommandent une fraise interne dans son segment
vertical.
longue gainée [8] ; on peut également, comme nous le faisons, protéger
le nerf au moyen d’une petite lame malléable. Le fraisage de la paroi
antérieure du tympanal doit absolument respecter la cavité tympanique
mais être suffisamment large (demi-circonférence) pour permettre la
mobilisation de l’artère carotide intrapétreuse.
Variantes techniques
L’exposition de l’artère carotide interne, dans son segment intrapétreux,
peut se faire par d’autres approches qui vont s’accompagner
obligatoirement d’une exclusion de l’oreille moyenne et d’une
déroutation antérieure du nerf facial. Elle donne un abord excellent à la 12 Exposition de la pre-
portion verticale et au coude de la carotide interne intrapétreuse. mière portion du coude et
du début de la portion ho-
Il existe deux variantes aux voies infratemporales de Fisch [1] : rizontale de la carotide in-
– la voie de type A permet l’abord de la portion verticale et du coude de terne intrapétreuse.
l’artère carotide interne intrapétreuse ; elle comporte le déroutement de
la deuxième et de la troisième portion du nerf facial, du trou et un otodrain imprégné d’antibiotiques au niveau du MAE est
stylomastoïdien au ganglion géniculé, et le sacrifice de l’oreille nécessaire pendant 15 jours, temps de cicatrisation dû à sa section
moyenne ; malgré cela, elle ne donne qu’un jour limité en avant au (fig 15).
niveau de l’artère carotide interne (fig 13) ; À 1 mois, tous les patients présentent une fonction faciale de grade I
– la voie de type B permet d’exposer la portion horizontale de l’artère selon la classification de House et Brackmann (fig 16).
carotide interne intrapétreuse ; elle comporte l’abaissement du condyle Il n’y a aucune séquelle secondaire à l’ouverture du tube auditif de même
mandibulaire après désinsertion du muscle temporal, le fraisage de qu’après la luxation de l’articulation temporomandibulaire. À partir du
l’oreille moyenne, le déplacement du nerf facial. Le fraisage par rapport dixième jour, nous recommandons une mécanothérapie mandibulaire au
à la voie A est poursuivi au niveau de la fosse mandibulaire et de la patient opéré.
grande aile du sphénoïde. La section de l’artère méningée moyenne et
du nerf mandibulaire permet d’abaisser davantage le condyle à l’aide •
d’un écarteur pour gagner de l’espace ; il faut veiller à ne pas trop tendre • •
le tronc rétroparotidien du nerf facial. Le fraisage ainsi terminé permet
d’exposer la portion horizontale de l’artère carotide interne jusqu’au L’artère carotide interne cervicale haute, profondément enfouie
niveau du foramen lacerum (fig 14). sous la base du crâne, est d’un abord difficile. Contrairement aux
procédés décrits (cf supra) [3, 5], l’exposition du segment vertical et
du coude du canal carotidien est possible sans avoir à sacrifier
Suites opératoires et complications l’oreille moyenne, qui engendre une surdité de transmission, et
sans devoir dérouter le nerf facial dans ses deuxième et troisième
La sortie du patient a lieu 6 à 8 jours après l’intervention, l’ablation d’un portions, ce qui est responsable de séquelles définitives de
drainage se faisant 3 jours après l’intervention. grade II, voire III, de la classification de House et Brackmann [2].
Une parésie de la branche mentonnière du facial est souvent retrouvée La qualité de l’exposition repose sur deux éléments essentiels. Le
mais celle-ci est transitoire. Sur plus de 25 cas opérés, dont huit premier est la luxation de l’articulation temporomandibulaire qui
concernant des anévrismes post-traumatiques [6] , nous n’avons à donne un accès direct sur l’espace interjugulocarotidien et qui
déplorer aucune atteinte auditive, seul un calibrage par lame de Silastict permet d’exposer l’apophyse vaginale du tympanal. Sa reposition
A B C
10 A. Pétrectomie du tympanal sur son versant antérieur, inférieur, postérieur et B. Protection du tronc du facial par une lame malléable.
fraisage de l’apophyse vaginale du tympanal tout en respectant le méat auditif C. Nerf maxillaire inférieur V3 sortant du foramen rotondum.
externe cutané.
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Figures 16 à 19 et Références ➤
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A B C
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A B C
19 Angiographie.
A, B. Anévrisme de la carotide interne post-traumatique au niveau de la portion verticale du canal constitué.
C. Aspect angiographique après réparation de l’axe vasculaire par un greffon de saphène.
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Située profondément sous la base du crâne, la fosse infratemporale est un carrefour entre la face en
avant, le pharynx en dedans et l’étage moyen de la base du crâne en haut. Difficilement explorable
cliniquement, l’abord de la fosse infratemporale est réservé à l’exérèse des tumeurs primitives, des
extensions tumorales de voisinage et d’éventuels corps étrangers. L’envahissement de cette région a un
intérêt pronostique et thérapeutique majeur dans le bilan d’extension de la pathologie de voisinage. La
tomodensitométrie et l’imagerie par résonance magnétique permettent actuellement une exploration
complète de cette région. De nombreuses voies d’abord chirurgicales ont été développées, selon la
topographie et la taille des lésions à traiter. Plus récemment, l’essor de l’endoscopie et de la chirurgie
assistée par ordinateur autorise un repérage très précis des structures nobles de la fosse infratemporale et
un contrôle de la qualité d’exérèse tumorale. Ces techniques doivent également permettre d’évoluer vers
des voies d’abord moins invasives.
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Rapports
La fosse infratemporale entre en rapport avec huit régions
avoisinantes :
• en arrière et en dedans, avec l’espace préstylien contenant de
la graisse et le lobe profond de la parotide ;
• en arrière de l’espace préstylien, avec l’espace vasculaire ou
rétrostylien occupé par l’artère carotide interne, la veine
jugulaire interne, les neuvième, dixième, onzième et dou-
zième paires crâniennes ;
• en dehors, avec la région massétérine par l’incisure mandibu-
laire ;
• en haut et en dehors, avec la région temporale exocrânienne
par l’échancrure zygomatique ;
• en bas et en dedans, avec la région submandibulaire, prolon-
gement inférieur de l’espace rétrostylien ;
• en haut, avec l’endocrâne par les foramen rotundum, ovale et
spinosum ;
• en dedans, avec les fosses nasales par le foramen sphénopa-
latin ;
Figure 3. Tomodensitométrie en coupe coronale, fenêtre osseuse. Vi-
• en avant, avec l’orbite par la fissure orbitaire inférieure, avec
sualisation du nerf maxillaire V2 (1) entrant dans la fosse ptérygopalatine
la région jugale par le V2, avec l’espace buccal par le ligament
(2). 3. Sinus sphénoïdal ; 4. foramen sphénopalatin.
ptérygomandibulaire.
Figure 8. Imagerie par résonance magnétique, séquence T1, coupe Figure 10. Imagerie par résonance magnétique, séquence T1, coupe
coronale. 1. Artère maxillaire ; 2. muscle temporal ; 3. muscle masséter ; coronale. Muscles ptérygoïdiens médial (1) et latéral (2). 3. Nerf mandi-
4. fissure orbitaire inférieure ; 5. nerf maxillaire V2. bulaire V3 ; 4. artère maxillaire ; 5. artère temporale profonde posté-
rieure ; 6. espace parapharyngé.
Voies antérieures
Il s’agit des voies transmaxillaires limitées. À l’exception de la
voie transorale, elles comprennent toutes un abord osseux par
Figure 13. Voie transzygomatique élargie au cadre orbitaire : tracé de résection de la paroi postérieure du sinus maxillaire, donnant
l’incision cutanée et des différents traits d’ostéotomie. accès à la fosse infratemporale par l’étage moyen de la face. Les
voies transmaxillaires limitées sont :
• la voie transorale ;
inférieur en arrière et le nerf lingual en avant. On peut alors • la voie de Caldwell-Luc ;
explorer aisément la région des ptérygoïdiens. La section du • la voie de Rouge-Denker ;
processus coronoïde proposée par Shaheen en 1982 [9] n’offre • la voie de Lefort I.
pas un accès plus large ; La majorité de ces voies comporte une incision vestibulaire
• une fermeture par ostéosynthèse mandibulaire au fil d’acier ne laissant que peu ou pas de séquelle esthétique (Fig. 16).
ou par plaques de titane. Les muscles sont réinsérés en
Voie transorale
suturant le périoste mandibulaire au bord inférieur du muscle
ptérygoïdien médial ; La voie transorale n’est pas réellement transmaxillaire. Elle
• une alimentation molle pendant 3 semaines associée à une contourne le maxillaire par l’arrière. Elle comporte une incision
mécanothérapie active. dans le sillon vestibulaire en regard des trois dernières molaires.
A B
C D
L’abord de Caldwell-Luc peut être élargi en dehors mais la
Figure 15. Voie transmandibulaire inférieure : différents types
vision reste limitée en hauteur et dépend essentiellement du
d’ostéotomies.
développement du sinus.
Voie de Rouge-Denker
La voie de Rouge-Denker (Fig. 17) est une voie transantrona-
sale destinée essentiellement à l’exérèse des fibromes nasopha-
ryngiens stades I et II. Elle donne accès à la partie inféromédiale
de la fosse infratemporale, à la cavité nasale et au cavum. Elle
se réalise par :
• une incision vestibulaire supérieure dépassant le frein labial
supérieur de 2 cm en controlatéral ;
• un décollement sous-périosté dégageant l’orifice piriforme
jusqu’à l’épine nasale antérieure ;
• la trépanation de la paroi antérieure du sinus maxillaire. Le
processus frontal du maxillaire est partiellement réséqué, en
préservant une baguette antérieure pour atténuer les séquelles
esthétiques ;
• l’intervention de Denker résèque la cloison intersinusonasale,
les cornets moyen et inférieur ;
Figure 16. Incisions vestibulaires pour l’abord de la fosse infratempo-
• l’intervention de Rouge mobilise le septum nasal, donnant
rale par voie transmaxillaire et par voie de Rouge-Denker.
accès au vomer. Celui-ci peut alors être réséqué jusqu’au
sphénoïde, offrant ainsi un large jour sur le cavum.
Le corps adipeux de la joue est enlevé ou refoulé. Il peut être Voie dérivée du Lefort I
utilisé pour la fermeture d’une communication buccosinu-
sienne. Cette voie donne accès à l’espace rétromaxillozygoma- Alors que l’ostéotomie de type Lefort I [2] (Fig. 18) est un
tique pour extraire les corps étrangers ou pour réaliser des concept ancien, décrit il y a 140 ans par von Langenbeck, la
prélèvements biopsiques. La voie transorale est peu utilisée car voie dérivée du Lefort I pour l’abord de la fosse infratemporale
.1
il s’agit essentiellement d’une voie d’exploration, très limitée. est peu utilisée. Elle comporte :
• une incision vestibulaire supérieure bilatérale ;
Voie de Caldwell-Luc • un lambeau mucopériosté relevé jusqu’aux orifices piriformes,
aux nerfs infraorbitaires et, latéralement jusqu’aux contreforts
La voie de Caldwell-Luc est un abord transantral de la fosse
zygomatiques ;
infratemporale. Ses principaux temps opératoires sont :
• une incision vestibulaire muqueuse décalée par rapport à • un décollement de la muqueuse du plancher des fosses
l’ouverture osseuse ; nasales en remontant sur la cloison intersinusonasale latéra-
• un décollement sous-périosté ; lement et sur le septum en dedans ;
• une trépanation de la paroi antérieure du maxillaire, respec- • une ostéotomie réalisée après avoir adapté quatre miniplaques
.2 tant le nerf infraorbitaire ; en titane de 2 mm pour permettre la récupération d’une
• un fraisage de l’os de la paroi postérieure après avoir retiré la occlusion parfaite en fin d’intervention ;
muqueuse en regard. • un clivage des processus ptérygoïdes. Le plateau maxillaire
Cet abord a été proposé pour la ligature de l’artère maxillaire, peut alors être abaissé, dégageant la fosse ptérygopalatine et
découverte à la partie supéromédiale de la paroi postérieure, la région rétromaxillozygomatique. La largeur d’exposition est
dans la fosse ptérygopalatine où elle chemine au contact du approximativement de 8 cm en avant et 5 cm en arrière ;
périoste avant de devenir artère sphénopalatine dans le foramen • une fermeture par ostéosynthèse suivie d’un blocage inter-
du même nom. La voie de Caldwell-Luc permet également maxillaire de 3 semaines. Sous réserve d’une technique
l’abord du nerf du canal ptérygoïdien, l’extraction de certains irréprochable, cette voie ne laisse pas de séquelle esthétique.
.3 corps étrangers au contact de la paroi postérieure du sinus et Les complications décrites sont essentiellement des hémorra-
surtout l’exérèse des tumeurs bénignes et bien circonscrites au gies d’origine nasale et d’exceptionnelles nécroses ischémi-
contact de la paroi antrale. ques du maxillaire [11, 12].
Figure 18. Schéma montrant l’arc de rotation du maxillaire par la voie Figure 20. Voie transpétreuse antérieure : exposition du zygoma, repé-
dérivée de l’ostéotomie de Lefort I. rage du nerf facial et de sa branche frontale.
• une exposition de la mastoïde, du VII depuis le genou Figure 22. Voie transmandibulaire médiane : incision endobuccale.
jusqu’au foramen stylomastoïdien, du golfe jugulaire, de la
portion verticale de la carotide intrapétreuse et de l’articula-
tion temporomandibulaire ; liée à la naissance de l’artère faciale. L’accès à la fosse
• une ouverture de l’articulation avec abaissement du condyle, ptérygomandibulaire, à la fosse infratemporale et à la base du
voire condylectomie ; crâne est achevé en sectionnant le muscle ptérygoïdien
• un abord de la fosse infratemporale après section des muscles médial et le ligament sphénomandibulaire. Le nerf lingual,
ptérygoïdiens ; suivi vers le haut, permet de reconnaître le muscle ptérygoï-
• une fermeture par comblement de la cavité par le muscle dien médial sur lequel il chemine ;
temporal et ostéosynthèse du zygoma. Une plastie par de • une fermeture par ostéosynthèse mandibulaire à l’aide de
l’aponévrose fibrinocollée peut être nécessaire en cas de fuite plaques vissées en titane.
de liquide céphalorachidien. Cette voie évite le repérage du nerf facial nécessaire dans les
Les principales séquelles de la voie infratemporale de type C voies latérales directes. Elle permet de contrôler l’ensemble de
sont : la fosse infratemporale du bord médial de l’artère carotide
• une surdité de transmission de l’ordre de 60 dB par exclusion interne jusqu’au plancher de la fosse cérébrale moyenne. En
de l’oreille moyenne ; effet, la voie transmandibulaire médiane peut être élargie en
• un traumatisme éventuel du rameau frontal du nerf facial ; dehors à la mandibule, en avant à la tubérosité maxillaire, en
• un trouble de l’articulé dentaire ; dedans au cavum et au clivus, en haut à la trompe auditive et
• un trismus ; aux muscles tenseur et élévateur du voile.
• la rançon cicatricielle est limitée. Les séquelles fonctionnelles et esthétiques sont modérées sous
réserve d’une technique irréprochable.
Voies antérieures
Voies transmaxillaires larges
Voie transmandibulaire médiane (Fig. 21, 22)
Elles comprennent principalement les voies paralatéronasale
Il s’agit d’une voie cervico-trans-bucco-pharyngée permettant et nasolabiale, le degloving nasolabial, les lambeaux maxilloju-
un abord antéro-inférieur de la fosse infratemporale en longeant gal et maxillo-naso-jugal [2] et le degloving hémifacial [17].
le muscle ptérygoïdien médial après mandibulotomie Voie paralatéronasale. La voie paralatéronasale [18] (Fig. 23),
médiane [1, 16]. L’intervention comporte : utilisée pour l’exérèse des adénocarcinomes de l’ethmoïde et des
• une incision arciforme de type Sébileau-Carrega, de la pointe fibromes nasopharyngiens de stade III, permet un abord
mastoïdienne à l’os hyoïde, contournant la houppe menton- transantral de la fosse infratemporale. Cette voie laisse peu de
nière et sectionnant la lèvre inférieure ; séquelles esthétiques si l’on prend soin de positionner la
• une levée du lambeau cutanéopeaucier préservant le rameau cicatrice dans les plis naturels du visage. Elle comporte :
marginal de la mandibule (VII) ; • une incision cutanée verticale, débutant dans la région
• une section des insertions hyoïdiennes des muscles digastri- canthale interne, descendant obliquement vers l’aile du nez
que, stylohyoïdien et mylohyoïdien qui sont réclinés vers le qu’elle contourne jusqu’à la columelle. Cette incision peut
haut avec la glande submandibulaire ; être élargie par section de la lèvre supérieure ;
• une incision du périoste mandibulaire qui est ruginé sur 2 cm • une dissection sous-périostée exposant la face antérieure du
de part et d’autre de la ligne médiane ; maxillaire jusqu’au foramen infraorbitaire. Le nerf infraorbi-
• une ostéotomie mandibulaire rectiligne ou en marche d’esca- taire est alors repéré et doucement tracté vers le haut et le
lier après avoir foré quatre trous de repères. Ceux-ci autori- dehors ;
sent le bon positionnement des fragments mandibulaires en • une ostéotomie quadrangulaire comportant une section
fin d’intervention ; paramédiane des os propres du nez, une section à l’aplomb
• une distraction des deux fragments mandibulaires. Celle-ci de la suture fronto-naso-maxillaire, une section du rebord
tend la muqueuse du plancher buccal qui est sectionnée orbitaire inférieur et une section de la face antérieure du
jusqu’à la base du pilier vélaire antérieur. Le nerf lingual est maxillaire à hauteur de l’orifice piriforme. Cette fenêtre sur la
repéré et respecté. Au fur et à mesure, l’hémimandibule est région antrale mesure environ 6 cm de côté [18] ;
réclinée latéralement et donne accès à l’espace para- • une ouverture de la paroi postérieure du sinus maxillaire et
amygdalien. L’artère carotide externe est alors visible et sera l’accès à la fosse infratemporale.
Figure 27. Incision cutanée du degloving hémifacial. Figure 28. Levée schématique du lambeau hémifacial au cours du
degloving hémifacial.
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P. Bordure.
Service ORL, Hôtel Dieu, place Alexis-Ricordeau, 44093 Nantes cedex, France.
M. Gayet-Delacroix.
Département de radiologie, Hôtel Dieu, place Alexis-Ricordeau, 44093 Nantes cedex, France.
C. Beauvillain de Montreuil.
Service ORL, Hôtel Dieu, place Alexis-Ricordeau, 44093 Nantes cedex, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Bailleul S., Bordure P., Gayet-Delacroix M., Beauvillain de Montreuil C. Chirurgie de la fosse
infratemporale. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-040, 2007.
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INTRODUCTION
La profondeur de cette région rend son accès difficile et délabrant chaque fois
qu'est nécessaire un abord suffisant en hauteur (du corps du sphénoïde aux
vertèbres cervicales) et en largeur (entre les deux carotides intrapétreuses). Ce
carrefour pétrosphénoïdal est en effet barré latéralement par une succession de
plans contenant de nombreux organes nobles : en arrière, l'os temporal avec le
nerf facial, l'oreille moyenne et l'oreille interne mais aussi le golfe de la
jugulaire interne, les nerfs mixtes et l'artère carotide interne, la parotide au
centre avec le nerf facial, la mandibule en avant couvrant l'espace
ptérygomaxillaire ou fosse infratemporale. En arrière, dans la fosse cérébrale
postérieure, la face postérieure du rocher est longue et reçoit 3 pédicules
nerveux de haut en bas : le VI et le V, le paquet acousticofacial, enfin les nerfs
mixtes. En haut, la fosse cérébrale moyenne permet un abord correct vers l'apex
pétreux, mais très insuffisant vers le clivus. La rétraction du lobe temporal n'est
pas souhaitable pendant une trop longue durée. En avant enfin, les cavités de la
face permettent un abord direct, mais septique, avec des problèmes d'étanchéité
et surtout une voie d'abord forcément limitée de haut en bas et latéralement, à
moins de réaliser une maxillotomie ou une mandibulotomie étendue.
Il ne faut pas oublier en outre que la partie supérieure du clivus et l'apex pétreux
sont en rapport supérieur et antérieur avec les nerfs oculomoteurs à leur entrée
et dans leur traversée du sinus caverneux, lui-même barré par la carotide
interne.
Dans ce chapitre, nous insisterons tout spécialement sur les voies transpétreuses
bien maîtrisées par les otologistes, et nous détaillerons également quelques
voies particulièrement intéressantes tandis que nous ne ferons que citer les
autres possibilités dans l'énumération qui suit .
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Voie sus-pétreuse
L'intérêt de cet abord est d'identifier la première portion du nerf facial à partir
du conduit auditif interne et d'avoir sous les yeux les première et deuxième
portions.
Ces objectifs ne sont pas facilement atteints car les différents éléments de la
face supérieure du rocher sont très modifiés par le cholestéatome et plus ou
moins déplacés dans un os très éburné ; le nerf facial est volontiers laminé ; le
cholestéatome adhère très fortement à la dure-mère.
L'incision doit être antérieure, soit verticale, soit recourbée vers l'avant
comme celle de Fisch, d'abord verticale en avant de l'hélix et du tragus
sur 3 ou 4 mm, puis oblique en haut et en avant.
Une incision cruciforme du fascia et du muscle temporal donne un jour
suffisant.
La craniotomie doit être antérieure et suffisante (3 à 4 cm de large, 4 à 5
de haut). La quasi-totalité doit être située en avant de la verticale passant
par le conduit auditif externe. Sa limite inférieure doit être descendue
jusqu'au plancher de la fosse cérébrale moyenne. La partie basse de la
craniotomie peut être élargie à la demande.
Le premier repère est le sinus pétreux supérieur recherché à la partie
moyenne de la crête pétreuse au voisinage de l'eminentia arcuata, elle-
même repérée par sa distance de 24 mm par rapport au bord inférieur de
la craniotomie. Le repérage des nerfs pétreux pratiqué d'arrière en avant
est important. Pour gagner un jour antérieur suffisant, la coagulation et
la section de l'artère méningée moyenne sont nécessaires.
L'os compact caractérisant le canal semi-circulaire supérieur est identifié
en fraisant les cellules du toit de l'antre dont la structure pneumatique ou
parfois simplement médullaire est distinguée de l'os compact
labyrinthique. Ce geste s'effectue à la fraise coupante de 5 mm, puis à la
fraise diamantée de 3 ou 4 mm. La ligne bleue du canal supérieur est
identifiée sur son versant supéroexterne. Le conduit auditif interne est
identifié dans l'angle de 60° ouvert en avant de la ligne bleue.
Les lésions étant internes et antérieures, il est inutile de supprimer tout
l'os compris entre le canal et la ligne bleue. En revanche, tout l'os situé
en arrière de la cochlée est supprimé. Ce fraisage est poursuivi en
dedans jusqu'à la portion horizontale du canal carotidien qui est
identifiée. On supprime tout l'os compris entre le conduit auditif interne
en dehors, la carotide interne en avant, le sinus pétreux supérieur en haut
et le sinus pétreux inférieur en bas, enfin le cavum de Meckel et la
racine du trijumeau en dedans.
Cette voie mise au point par Fisch donne un jour excellent sur le clivus au prix
d'une surdité de transmission.
La technique est la même que pour la voie B mais l'incision doit être poussée en
avant et an haut jusqu'à la zone supéroexterne du sourcil. Nous décrirons la voie
à partir de l'abord de la portion horizontale de la carotide interne.
Cette voie d'abord a été décrite par House en 1976 . En 1982, De La Cruz [13] en
rapporte 16 observations. L'inconvénient de cette technique est une paralysie
faciale temporaire dans les deux tiers des cas laissant obligatoirement des
séquelles. Dans un tiers des cas, la paralysie faciale est totale car le nerf a dû
être sacrifié en même temps que la tumeur.
Actuellement, cette voie est généralement utilisée avec une exclusion de l'oreille
moyenne qui donne un meilleur jour vers l'avant (fig. 6). Elle peut donc
facilement être étendue vers l'avant par une voie infratemporale B ou même C.
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Décrite par Sekhar , elle ménage l'oreille moyenne mais peut amputer la trompe.
Technique
Décrite par Al Mefty [1] pour les méningiomes pétroclivaux, elle est très voisine
de celles décrites par Sakaki [44] et Samii [4].
[1]
Technique
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Technique
Voies transmaxillaires
[43]
Plusieurs types de voie ont été décrites, notamment par Robertson et
Janecka .
Les cornets moyen et supérieur sont enlevés, de même que les cellules
ethmoïdales, le sinus sphénoïdal, le septum nasal postérieur et l'apophyse
ptérygoïde.
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CONCLUSION
Les progrès de l'imagerie permettent de mieux prévoir le siège et, dans une
certaine mesure, le type des lésions. Il est donc possible de choisir la technique
chirurgicale qui permettra une exérèse totale avec le minimum de séquelles. La
collaboration de différentes disciplines complémentaires permet de réduire la
durée globale de l'intervention en assurant à chaque chirurgien une action plus
courte et plus efficace.
Références
Fig 1 :
Fig 1 :
E. Voie sous-frontale.
Fig 2 :
Fig 2 :
La voie d'abord est de toute façon limitée à une largeur de 1,5 cm environ.
L'agrandissement transvélaire ou transpalatin ne permet qu'un agrandissement
vers le haut du clivus inférieur au clivus moyen.
Fig 3 :
Fig 3 :
L'artère méningée moyenne est sectionnée. On supprime tout l'os situé entre la
cochlée puis la carotide interne en avant, le conduit auditif interne en dehors, le
sinus pétreux supérieur en haut, le sinus pétreux inférieur en bas, enfin le cavum
de Meckel en dedans.
Fig 4 :
Fig 4 :
C. Le zygoma avec le muscle masséter est basculé vers le bas puis le muscle
temporal est disséqué et basculé vers le bas.
D. Situation finale : le conduit auditif externe est fermé. L'oreille moyenne est
supprimée. La 2e et la 3e portion du nerf facial sont corticalisées de même que le
sinus latéral, le golfe de la jugulaire interne et la carotide interne. L'écarteur
refoule vers le bas le condyle mandibulaire. La cavité glénoïde et le maximum
d'os sont enlevés à la base de la fosse cérébrale moyenne. L'artère méningée
moyenne et le nerf mandibulaire sont sectionnés. On voit l'extrémité postérieure
de la trompe d'Eustache cartilagineuse.
Fig 5 :
Fig 5 :
Fig 6 :
Fig 6 :
Voie transcochléaire.
Elle donne son maximum de jour lorsque l'oreille moyenne est supprimée
comme dans une voie infratemporale.
B. Le nerf facial est dérouté en arrière après section des nerfs pétreux. Le jour
est très large non seulement sur l'apex pétreux et la partie postérieure du clivus,
mais aussi sur la totalité de l'angle pontocérébelleux et les structures de la ligne
médiane (tronc basilaire et les différents nerfs crâniens). Cette voie convient
particulièrement aux méningiomes pétroclivaux.
Fig 7 :
Fig 7 :
A. Incision préauriculaire.
Fig 8 :
Fig 8 :
Fig 9 :
Fig 9 :
C. Toute la paroi pharyngée est mobilisée vers le côté opposé pour exposer la
totalité du clivus et la partie haute du rachis cervical.
ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 46-020
46-020
Introduction Anatomie
La chirurgie du foramen jugulaire est essentiellement représentée par la Cet orifice appelé maintenant trou jugulaire est creusé dans la moitié
postérieure de la suture pétro-occipitale (fissura petra occipitalis).
chirurgie des paragangliomes jugulaires, des neurinomes des nerfs
mixtes, des méningiomes basicrâniens et plus rarement par d’autres Aubaniac [1] avait proposé le terme de canal déchiré postérieur pour bien
lésions. mettre en évidence la notion d’espace interosseux et non d’orifice.
Longtemps, ces tumeurs ont été abordées par une voie unique, oto-rhino- Actuellement, la nomenclature anatomique internationale (PNA) lui
laryngologique ou neurochirurgicale, chaque spécialité tentant donne le nom de foramen jugulaire ou trou jugulaire. Il fait
d’extraire ou de refouler aux limites de son territoire ces tumeurs. communiquer la fosse cérébrale postérieure avec l’espace sous-
parotidien postérieur, à travers les deux extrémités d’un canal coudé en
Actuellement, l’intérêt de la pluridisciplinarité entre oto-rhino- « chicane » reproduisant en plus court le trajet du canal carotidien. Sa
laryngologistes, neurochirurgiens et neuroradiologues, permet une forme est triangulaire (parfois ovalaire) à sommet aigu antéroexterne et
chirurgie le plus souvent réglée au niveau du « canal » jugulaire base arrondie postéroexterne. Son grand axe est comme celui de la
profondément enfoui sous la base du crâne. suture, oblique en haut en avant et en dedans. Il est situé dans un plan
presque vertical. Il possède deux orifices, exocrânien et endocrânien, de
situation, de morphologie, et de dimensions différentes, situés à ses deux
extrémités.
Jean-Marc Thomassin : Professeur des Universités, praticien hospitalier, chef de
service.
Daniel Korchia : Praticien hospitalier. Situation et configuration générale
Frédéric Braccini : Assistant des Hôpitaux.
Fédération oto-rhino-laryngologique, groupe hospitalier de la Timone, 13385 Marseille Orifice endocrânien
cedex 5, France.
Willy Pellet : Professeur hospitalier. Situé dans le plan de la face postérieure de la pyramide, il est presque
Pierre-Hugues Roche : Assistant des Hôpitaux. vertical, regardant en arrière, en dedans et un peu en haut. Sur son
Centre hospitalier universitaire, hôpital Sainte-Marguerite, 270, boulevard Sainte- extrémité interne, plutôt effilée, se termine la gouttière du sinus pétreux
Marguerite, 13274 Marseille cedex 09, France. inférieur.
© Elsevier, Paris
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Techniques chirurgicales CHIRURGIE DU FORAMEN JUGULAIRE 46-020
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A B
4 Rapports des nerfs mixtes au niveau du foramen jugulaire. Les nerfs mixtes A. 1. Nerf accessoire ; 2. nerf vague ; 3. nerf facial ; 4. nerf glossopharyngien ;
apparaissent coudés comme sur un chevalet entre leur origine au niveau du tronc 5. nerf hypoglosse.
cérébral et leur trajet cervical. B. 1. Nerf glossopharyngien ; 2. nerf facial ; 3. nerf hypoglosse ; 4. nerf acces-
soire ; 5. nerf vague.
Rapports régionaux nerveuse évoque plutôt un neurinome des nerfs mixtes, tandis que
l’érosion des contours de la portion vasculaire évoque au premier chef
En haut, il est en rapport avec l’hypotympanum dont il est séparé par le paragangliome jugulaire. Il est évident que le caractère régulier ou
une couche osseuse plus ou moins fine, parfois déhiscente. Graham [16] marécageux de cette érosion est à prendre en considération au moment
signale qu’elle peut être constituée d’os compact ou pneumatisé. Son du diagnostic.
épaisseur est variable, dépendant surtout de la hauteur de la fosse
jugulaire. Il n’est pas exceptionnel (6,7 % des cas selon Korner [24])
qu’une déhiscence dans le plancher mette en continuité le golfe de la Voies d’abord
jugulaire et la caisse du tympan.
Le sommet du golfe dépasse le niveau le plus déclive de l’annulus, ce
qui le rend alors visible à l’otoscopie. La procidence du golfe est Instrumentation particulière
retrouvée de façon variable dans la littérature puisque Overton et Il est capital de souligner combien est importante l’acquisition de
Ritter [28] en retrouvent 6 %, tandis que Zorzetto et Tamega [41] en matériel adéquat pour ce type de chirurgie.
totalisent 27 %.
Réalisation du temps de fraisage
Parfois, le golfe est plus interne et se loge sous le labyrinthe et/ou le
conduit auditif interne [4]. L’extension au-delà du conduit auditif interne, Elle rend les moteurs habituels de l’otologie souvent inaptes à ce type
voire l’érosion de ce conduit, est beaucoup plus rare. Stern et al [37] ont d’intervention. Deux moteurs différents, chacun doté d’un temps
rapporté trois cas d’extension du golfe de la jugulaire en arrière du mur opératoire, sont recommandés :
postérieur du conduit auditif interne et un cas d’érosion de ce conduit. – le craniotome C100 de 3M qui est utilisé pour le temps
Malgré cette rareté, ce rapport mérite d’être souligné en raison de ces extralabyrinthique avec sa fraise « ananas » est tout à fait adapté pour
incidences chirurgicales. Il explique en effet qu’une tumeur puisse détruire rapidement une corticale mastoïdienne puis effondrer les
retentir directement sur l’oreille interne et que son extirpation nécessite cellules périlabyrinthiques ;
le sacrifice du labyrinthe. – un ototome complète le fraisage pour le temps labyrinthique et
En avant, le foramen jugulaire est en rapport avec la carotide interne et d’exposition du nerf facial ainsi que tous les gestes précis.
la traînée cellulaire intercochléocarotidienne, siège de très fréquentes
extensions tumorales, en direction surtout du tube auditif et de l’apex Micro-instruments
pétreux. Les instruments doivent comporter une micro-instrumentation adaptée,
En dedans, avec le canal condylien antérieur expliquant des atteintes à savoir la micro-instrumentation de Fisch et également la mise en place
précoces du XII dans certains paragangliomes jugulaires. d’un écarteur autostatique de Yasargil.
En arrière, enfin, avec les éléments de la région sous-faciale (fig 4A, B). Coagulation bipolaire
Les pinces sont à baïonnette et leurs extrémités sont, soit droites, soit
Étude anatomique du trou jugulaire (fig 5A, B, C) coudées vers le haut ou vers le bas. Il faut pouvoir disposer de tout un
jeu.
Au total, elle trouve son intérêt dans la connaissance des éléments qui le
compartimentent (ligaments et épines). C’est ainsi que sur l’examen Morcellement de la tumeur
tomodensitométrique en haute résolution [6], si l’érosion de l’ensemble Actuellement, certains emploient le laser KTP 532. D’autres utilisent
des contours ne permet d’évoquer que la localisation au canal jugulaire des appareils à ultrasons de type Cavitron qui permettent une dissection
du processus pathologique, l’érosion des seuls contours de la portion et une réduction de la masse tumorale.
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46-020 CHIRURGIE DU FORAMEN JUGULAIRE Techniques chirurgicales
A B
C D
5 A, B. Tomodensitométrie à haute résolution du foramen jugulaire avec procidence C, D. Tomodensitométrie tridimensionnelle en position opératoire des éléments
du golfe de la jugulaire. de la fosse infratemporale et du foramen jugulaire.
Monitorage peropératoire du nerf facial Le microscope opératoire est en face du chirurgien. L’instrumentiste, à
la tête de la table, est assise un peu tournée vers le chirurgien de façon à
Différents types d’appareillage sont commercialisés, mais nous ne
pouvoir le servir. La table d’instruments est placée à côté d’elle.
saurions trop recommander le NIMED 2 avec son instrumentation
adaptée qui permet une identification certaine du nerf facial en cas de Les anesthésistes se tiennent vers le pied du malade, du côté opposé à
tumeurs étendues au paquet acousticofacial. celui du chirurgien. Le moniteur d’anesthésie est tourné vers le
chirurgien.
Potentiels auditifs évoqués peropératoires
Un assistant bien soutenu par un pied unique est placé au-dessus de
L’enregistrement peropératoire fournit des renseignements très utiles l’abdomen du malade. On pose dessus les moteurs, la pièce à main du
pour guider le geste chirurgical dans l’intérêt de préserver l’audition du Cavitron (fig 6).
patient, malgré des contraintes techniques importantes.
Les champs opératoires sont les suivants :
– le champ opératoire temporal et cervicomastoïdien découvre
Installation du patient en salle d’opération largement la région temporo-cervico-mastoïdienne comme l’indique la
Préparation peropératoire figure 7 ;
La peau est lavée la veille. Le patient subit un shampooing avec de la – le champ abdominal sus-pubien est préparé de même avec les quatre
Bétadinet moussante puis un rinçage et on procède à un rasage soigneux champs et un champ autocollant, eux-mêmes recouverts par un grand
périauriculaire, large de 4 cm au-dessus et en arrière de l’oreille. On champ de table qui en haut ne dépasse pas les épaules.
prépare également, après shampooing et rasage des deux tiers supérieurs
de la pilosité pubienne, le champ pour la prise de graisse abdominale qui Techniques opératoires
est utilisée en fin d’intervention pour obstruer la cavité opératoire.
En salle d’opération Le foramen jugulaire est une région complexe de la base du crâne. Son
contenu, ses rapports et sa situation rendent son accès problématique.
Un nouveau shampooing à la Bétadinet moussante avec rinçage à l’eau
stérile est nécessaire. Les mèches de cheveux sont rabattues en dehors Selon la pathologie à traiter (neurinomes des mixtes, paragangliomes
du champ opératoire et gominées. jugulaires), la conduite de l’opération doit en effet être adaptée en tenant
Le malade est couché en décubitus dorsal, la tête dans une têtière ou plus compte de la taille et de sa situation tout en sachant que l’intervention
simplement sur le plan de la table d’opération. Compte tenu de la durée standard reste la voie infratemporale type A décrite par Fisch [8 à 10].
moyenne de l’intervention, il est capital de protéger tous les points Elle comporte le déroutement antérieur du nerf facial et s’accompagne
d’appui avec des sacs d’eau ou un gel de silicone. Un matelas chauffant obligatoirement d’une exclusion de l’oreille moyenne. Cependant, dans
de table d’opération peut être utile. un certain nombre de cas, on peut accéder au foramen jugulaire sans
La tête est tournée vers le côté opposé. La région mastoïdienne est avoir à transposer le nerf facial qui conduit inévitablement le plus
directement placée sous le regard du chirurgien qui est assis à la tête mais souvent à une atteinte du facial grade II ou III de la classification de
sur le côté de la table, face à l’occiput de l’opéré. House-Brackmann.
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A B
11 Exposition de la totalité du golfe jugulaire et du sinus sigmoïde latéral avec 1. Canal semi-circulaire postérieur ; 2. canal semi-circulaire externe ; 3. troisième
conservation du mur osseux postérieur. portion.
A. Dégagement de la troisième portion du VII après identification du canal B. Déroutation partielle antérieure de la troisième portion du VII.
semi-circulaire postérieur. 1. Sinus sigmoïde ; 2. bulbe jugulaire.
Elle permet ainsi d’extirper toutes les lésions dévelopées autour des axes
carotidien et jugulaire dans leur portion intrapétreuse et infratemporale
(cholestéatome, chondrosarcome).
Elle autorise le traitement de certaines lésions anévrysmales ou
dysplasiques de la carotide interne intrapétreuse.
Elle donne un excellent abord au golfe de la jugulaire interne au foramen
jugulaire et à la portion verticale et au coude de la carotide interne
intrapétreuse. Elle implique malheureusement de sacrifier l’oreille
moyenne tout en respectant la cochlée et d’effectuer une déroutation
antérieure du nerf facial avec ses conséquences.
Temps d’exposition
• Premier temps
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46-020 CHIRURGIE DU FORAMEN JUGULAIRE Techniques chirurgicales
A B
14 Région de l’apophyse transverse de l’atlas avec abord de l’artère vertébrale à la 10. nerf accessoire ; 11. muscle angulaire de l’omoplate ; 12. muscle grand oblique ;
partie haute du cou. 13. sterno-cléido-mastoïdien.
A. Le sterno-cléido-mastoïdien et le splénius sont réclinés par un écarteur. B. Les apophyses transverses de l’atlas et de l’axis ont été ruginées. Le
1. Apophyse mastoïde ; 2. muscle digastrique ; 3. muscle petit oblique ; 4. muscle sterno-cléido-mastoïdien est sectionné. Le splénius est récliné.
droit latéral ; 5. apophyse transverse de l’atlas ; 6. nerf hypoglosse ; 7. veine 1. Sterno-cléido-mastoïdien ; 2. apophyse transverse de l’atlas ; 3. apophyse
jugulaire interne ; 8. nerf vague ; 9. plan musculoaponévrotique prévertébral ; transverse de l’axis ; 4. artère vertébrale ; 5. muscle splénius.
est décollée du conduit auditif osseux puis sectionnée à 1 mm environ Une antro-attico-mastoïdectomie élargie est ensuite pratiquée avec
de la membrane tympanique. exposition du canal de Fallope au niveau des deuxième et troisième
La peau du conduit et la membrane tympanique sont extraites en portions. Le mur osseux postérieur du conduit auditif est fraisé comme
monobloc après section de la tête du marteau et du muscle tympani, et pour une technique ouverte. Le facial identifié est squelettisé du
désarticulation incudostapédienne. ganglion géniculé jusqu’au trou stylomastoïdien.
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Techniques chirurgicales CHIRURGIE DU FORAMEN JUGULAIRE 46-020
Déroutation du facial et sa transposition antérieure permanente 17 Néocanal osseux creusé dans la paroi antérieure de l’apophyse zygomatique.
1. Nerf facial ; 2. platine de l’étrier ; 3. canal de Fallope ; 4. manchon de tissu
La superstructure de l’étrier est enlevée pour permettre un meilleur accès parotidien qui amarre le nerf facial dans sa nouvelle position.
au nerf facial sans risque d’ouverture du canal semi-circulaire latéral et
de luxation de la platine de l’étrier.
La confection d’un néocanal osseux par le fraisage le long de La déroutation se termine par le détachement du nerf facial dans la
l’épitympanum antérieur, du ganglion géniculé jusqu’à la parotide est région du trou stylomastoïdien. Elle est difficile et il faut emporter le
effectuée à la fraise (fig 17). tissu fibreux avoisinant le nerf au niveau de l’orifice. La dissection du
La mobilisation du nerf commence par la troisième portion puis se tronc du facial se trouve facilitée par la mise en tension légère produite
continue par la région du coude. Le nerf est dégagé de façon prudente et par la traction sur la glande parotide.
atraumatique à ce niveau. Il existe de nombreuses attaches vasculaires
qui doivent être sectionnées progressivement et délicatement. L’emploi Le nerf facial complètement libre du trou stylomastoïdien jusqu’au
d’une faux est recommandé. ganglion géniculé est transposé antérieurement au niveau de la parotide ;
A C
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A B
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Chirurgie
Stades C
On ne peut envisager qu’une voie d’abord élargie [15].
Lorsque la destruction osseuse reste limitée aux pourtours du canal
déchiré postérieur et de la portion verticale du canal carotidien (stade
C1), la voie infratemporale de Fisch [9] est parfaitement indiquée et
toujours avec la variante de Farrior si l’audition est encore utilisable.
Lorsque la destruction s’étend sur le massif labyrinthique (stade C2), la
voie infratemporale de Fisch est toujours indiquée mais elle commence
à devenir limite et à notre avis, une voie transcochléaire élargie paraît
plus adaptée.
Lorsque la portion horizontale du canal carotidien est envahie (stade C3
de Fisch), la voie transcochléaire élargie nous semble la plus sûre pour
parvenir à l’exérèse complète et ce d’autant plus que la destruction
labyrinthique aura dans ces cas toutes les chances d’avoir ouvert le
labyrinthe et donc réglé le problème de l’audition. B
Généralités
C’est une localisation très rare. Le canal déchiré postérieur laisse aux
tumeurs qui se développent à ce niveau la possibilité de s’étendre en
bissac avec une portion intracrânienne et une portion infratemporale. C
Certains auteurs [12, 31] proposent des classifications en fonction de
l’étendue de ces tumeurs. 23 A. Abord infratemporal et rétrolabyrinthique.
B. Abord combiné, voie rétrofaciale et sous-occipitale.
C. Neurinome des mixtes.
Technique opératoire type
Le neurinome des nerfs mixtes, tumeur bien encapsulée, peu
hémorragique, ne pose pas de gros problèmes sinon celui de son postérieur [13]. Si celui-ci est agrandi, il pourra être abordé à partir d’une
exposition parfaite, seul moyen de l’extirper totalement [3, 5, 19]. de ces berges de façon suffisante. Enfin, il faut toujours tenir compte,
Les indications dépendent essentiellement, à condition que le diagnostic dans le choix de la technique opératoire, de l’état auditif préopératoire
soit fait, des extensions de la tumeur et surtout de l’état du canal déchiré du patient correctement évalué par une audiométrie tonale et vocale.
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Voie infratemporale Si la tumeur n’est pas trop volumineuse dans l’angle pontocérébelleux,
il paraîtrait plus judicieux d’entreprendre une voie infratemporale puis
C’est la voie d’abord idéale en théorie pour les tumeurs de type C et une voie sous-occipitale comme le préconisent Fisch [10] et Graham [16]
probablement celles qui associent type B intracrâniennes et type C dans un deuxième temps.
infratemporales.
Nous avons vu son intérêt combiné à un abord sous-occipital pour les
formes en bissac ayant peu altéré l’audition [17]. Méningiomes
Cependant, pour certaines tumeurs débordant largement dans l’angle
pontocérébelleux mais sans retentissement auditif également, il est Les méningiomes se développent en général neuf fois sur dix dans la
possible de combiner l’abord du trou déchiré postérieur par une voie fosse postérieure [40].
basse à une voie rétrosigmoïdienne ou sous-occipitale [36] (fig 23). C’est
aussi la meilleure voie lorsqu’on a à traiter un neurinome intracrânien Nager [27], sur des coupes séries d’os temporal normal, a montré quatre
pur. La disposition particulière de cette tumeur développée dans la régions dont le foramen jugulaire où il existait des îlots de cellules
citerne cérébellomédullaire, à condition de travailler toujours dans cette arachnoïdiennes.
citerne, réduit au maximum les risques sur le paquet acousticofacial [35].
Plusieurs voies peuvent être utilisées : le choix est commandé surtout
Voie transcochléaire élargie par le volume et le siège de la tumeur.
Il faut l’envisager chaque fois que le bilan a démontré l’existence d’une – En cas de méningiome inséré sur le canal déchiré postérieur : il est
tumeur en « bissac » type D [30, 31] (fig 24). souvent utile d’effectuer une voie transcochléaire élargie, lorsque
celui-ci est volumineux, partant du principe que l’exérèse de ces
Toutefois, le sacrifice de l’audition par cet abord mérite d’être discuté tumeurs, qui sont en général d’un bon volume, menace directement
d’autant que la protection du paquet acousticofacial dans sa gaine l’audition et le nerf facial, surtout si on est décidé à pratiquer une
arachnoïdienne laisse espérer une dissection assez facile, en particulier résection totale, y compris celle de la base d’insertion [31, 32]. Seule cette
pour le nerf facial. Le sacrifice de l’audition au bénéfice du nerf facial voie permet de réaliser au mieux les principaux objectifs.
qui fait d’une part l’intérêt de la voie translabyrinthique élargie n’est pas
aussi évident ici, car la déroutation du nerf facial comporte beaucoup – En cas de tumeur pas trop importante : un abord transcochléaire
plus de risques pour ce nerf que la voie translabyrinthique élargie simple. simple devrait suffire.
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46-020 CHIRURGIE DU FORAMEN JUGULAIRE Techniques chirurgicales
Références
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Mots clés : Méat auditif interne ; Schwannome vestibulaire ; Neurotomie vestibulaire ; Nerf facial ;
Maladie de Menière
Figure 2. Voie sus-pétreuse. Incision verticale du muscle temporal. Figure 3. Voie sus-pétreuse. Taille du volet osseux après écartement
des berges du muscle temporal incisé verticalement.
Figure 12. Voie translabyrinthique droite. Exposition des parois supé- Figure 14. Voie translabyrinthique droite. L’ouverture de l’angle pon-
rieure, postérieure et inférieure du méat acoustique interne (MAI) et tocérébelleux (APC) s’est faite grâce à un lambeau dure-mérien à char-
du fond du vestibule (1), après fraisage d’un tunnel supérieur (2) et nière postérieure. On visualise : la tumeur (1), le nerf facial en transpa-
inférieur (3). rence (2), courant sur la face profonde de la lésion, le nerf cochléaire
associé au nerf vestibulaire inférieur (3), situés sur la face inférieure de
cette dernière et le cervelet (4).
Fermeture
L’exérèse terminée, l’hémostase soigneuse de l’angle précède
la fermeture de la brèche pétreuse et durale par un greffon de
graisse abdominale. La graisse est prélevée en région sus-
pubienne en limitant si possible les séquelles cosmétiques. Il
faut chercher à prélever un fragment compact, et non pas des
fragments multiples, qui puisse tenir le rôle de bouchon
s’adaptant par sa souplesse aux parois tourmentées de la cavité
opératoire. La graisse est mise en place qu’après s’être assuré
d’un parfait blocage de toutes les cellules exposées par de la cire
Figure 13. Voie translabyrinthique droite. Image peropératoire mon- d’Horsley, notamment dans les couloirs osseux sus- et
trant le méat auditif interne (MAI) (1) disséqué et squelettisé dans son sous-méatiques.
environnement anatomique. Sont visualisés le nerf facial mastoïdien (2), le Un fragment de cire est également poussé dans le vestibule.
bulbe jugulaire (3), le sinus sigmoïde (4) et l’aqueduc cochléaire (5). La trompe auditive est bloquée en suivant la technique de
Glasscock : l’ablation de l’enclume et la section du tenseur
qui est le plus latéral des nerfs mixtes dans le foramen jugulaire. tympani permettent d’introduire par l’attique, sans tympanoto-
Dans certains cas de positions très hautes du BJ, il est nécessaire mie postérieure, des fragments d’aponévrose ou de muscle qui
de le repousser vers le bas. Il s’agit d’un geste difficile qui .1
ont été prélevés au début de l’intervention et qui sont poussés
nécessite un travail très précautionneux à la fraise diamantée, dans le protympanum puis successivement dans la caisse,
sans irrigation. Le dôme veineux est soit rétracté à la pince l’attique et l’antre.
bipolaire, soit repoussé par de la cire et du Surgicel®. Le fraisage L’utilisation de colle de fibrine (Tissucol®) facilite grandement
dans cette région peut être source de réactions vagales dont l’étanchéité du montage. Un second fragment de graisse, plus
l’anesthésiste doit être prévenu. compact, parfait l’occlusion de la voie d’abord. Ce fragment
La squelettisation du MAI est plus ou moins exhaustive, selon remet « à niveau » le rocher. Il doit rester à distance de la suture
l’habitude des équipes et la taille de la tumeur (Fig. 12, 13). cutanée. Des rinçages antiseptiques à la polyvidone-iodine sont
Beaucoup choisissent de repérer la Bill’s bar comme dans la très utiles et sont sans risque une fois l’APC fermé. Le plan
VSP afin de s’assurer de la position du nerf facial en zone non musculoaponévrotique unique est fermé en points séparés de fil
tumorale. L’utilité de ce repérage dépend largement de la résorbable, avant fermeture cutanée en deux plans sur un
pénétration de la tumeur dans la profondeur du méat. C’est en drainage déclive de 48 heures.
tout cas le seul point où le nerf facial peut être retrouvé à coup Un pansement légèrement compressif est maintenu en place
sûr, en position anatomique, la tumeur pouvant imposer par plusieurs jours.
ailleurs de nombreuses variations de position dont certaines Le drainage lombaire ou la prise de glycérol ne sont pas
piégeantes et dangereuses pour son intégrité. nécessaires.
L’incision de la dure-mère du MAI permet de mettre en
évidence la tumeur. Cette incision est horizontale dans l’axe du Avantages et inconvénients
méat, faite à distance de la position supposée des nerfs et après La dissection extradurale du rocher évite toute pénétration de
stimulation de sécurité. poudre d’os dans l’APC. Le sacrifice de la plus grande partie du
L’incision durale peut être poursuivie sur la dure-mère rocher permet de bien contrôler les voies d’expression des fuites
présigmoïde où l’on taille un lambeau à charnière postérieure de LCS.
Figure 18. Voie rétrolabyrinthique élargie droite. Dessin de l’incision Figure 21. Voie rétrolabyrinthique élargie droite. Le fraisage a permis
sus- et rétroauriculaire, plus postérieure que dans la voie translabyrinthi- de repérer le noyau labyrinthique avec ses trois canaux, le nerf facial
que élargie (VTLE). mastoïdien, le sinus sigmoïde et le sinus pétreux supérieur, la dure-mère
présigmoïde au sein de laquelle on individualise le sac endolymphatique.
Figure 23. Voie rétrolabyrinthique élargie droite. Un clip (1) est serré Figure 26. Voie rétrolabyrinthique élargie droite. La taille d’un triple
sur la partie proximale du sac endolymphatique afin de le préserver dans lambeau dure-mérien dont les limites sont dessinées permet d’ouvrir
la mesure du possible. La partie distale (2) restera incluse dans le lambeau l’angle pontocérébelleux (APC) et le méat auditif interne (MAI) dans le
dural. même temps.
Chirurgie fonctionnelle
L’exposition offerte sur le contenu du MAI et de l’APC
permet les mêmes indications opératoires que la VRS. La
neurotomie vestibulaire peut être réalisée soit dans l’APC
comme avec la VRS soit dans le MAI comme avec la VSP,
puisque les deux possibilités sont offertes par cet accès mixte. Si
le choix est fait de sectionner le nerf vestibulaire dans l’APC, la
dissection du MAI sera moins exhaustive que celle décrite
précédemment et le PAF pourra être repéré au porus ou même
dans l’APC. Si le choix est fait d’une neurotomie dans le MAI,
il ne sera pas nécessaire d’ouvrir l’APC. NVS et NVI pourront
être sectionnés à mi-méat, ce qui limite le risque chirurgical vis-
à-vis des structures nobles de l’APC qui ne sont pas exposées.
Le traitement des conflits vasculonerveux du VII et du V peut
bénéficier de cette approche peu invasive vis-à-vis du cervelet.
Figure 24. Voie rétrolabyrinthique élargie droite. Vue opératoire mon- L’angle de vision offert par la VRLE sur la REZ du VII est en
trant les différents repères en situation : le canal semi-circulaire latéral (1) théorie meilleur que celui de la VRS puisque l’APC est ouvert de
et postérieur (2), le sac endolymphatique sectionné au ras du laby- façon plus médiale.
rinthe (3), le canal semi-circulaire supérieur (4), le nerf facial mastoïdien
(5) et le bulbe jugulaire (6). Chirurgie des tumeurs du méat auditif interne et
de l’angle pontocérébelleux
L’incision de la dure-mère de la fosse postérieure est réalisée
en premier. Une première incision au Beaver® est faite horizon-
talement en bas, en partant de la moucheture précédemment
réalisée. Elle prend la direction de la partie inférieure du MAI.
Une seconde est faite en haut, parallèlement au SPS en prenant
garde à la veine de Dandy sous-jacente (Fig. 26). Les deux
incisions sont réunies en suivant la circonférence du pore
acoustique pour former un lambeau à charnière postérieure.
Pendant la taille de ce lambeau, le monitorage permet de
s’assurer de l’absence de malposition nerveuse du VII ou du
VIII.
La fosse postérieure est ouverte, la tumeur repérée, coagulée
et disséquée comme dans les autres techniques (Fig. 27). La
dissection de la tumeur dans le MAI est conduite en dernier, en
suivant le monitorage du VII. La dissection dans le MAI est
Figure 25. Voie rétrolabyrinthique élargie droite. Le fraisage rétrolaby-
superposable à celle décrite précédemment dans la VRS.
rinthique permet d’exposer la paroi postérieure du méat auditif interne
La tumeur est désenclavée prudemment du fond du MAI par
(MAI) (1). Le tunnel supérieur doit être creusé en surveillant les réponses
un crochet mousse pour permettre sa résection totale. Le fond
du nerf facial (2). Par ailleurs, on recherche une vidange de la fosse
du MAI est vérifié à l’optique pour écarter toute persistance de
postérieure par une petite incision dure-mérienne située dans la zone de
tissus tumoraux, le long du ou des nerfs vestibulaires (Fig. 28).
transfixion du sac endolymphatique (3).
L’exérèse peut être complétée sous vidéoendoscopie au crochet
peut alors être mis en place sur le sinus sigmoïde en position mousse (Fig. 29).
extradurale sans contact direct et sans effet compressif sur le
cervelet sous-jacent.
Fermeture
L’exposition est alors achevée et le fraisage rétrolabyrinthique, La fermeture de la voie d’abord exclut le blocage de la trompe
en arrière du CSCP, peut débuter, facilité par une rotation de la auditive comme dans la VTLE. L’isolement de l’oreille moyenne
Avantages et inconvénients
À l’image des autres voies transpétreuses, elle se caractérise
par une faible agressivité sur le tissu cérébelleux, un fraisage
extradural, un repérage du nerf facial en zone saine facilitant
une greffe éventuelle, une exposition satisfaisante de l’APC et
du MAI, et enfin par la qualité de l’étanchéité de la fermeture.
Figure 29. Voie rétrolabyrinthique élargie (VRLE) droite. Endoscopie de S’y rajoute la possibilité essentielle de préserver l’audition pour
l’angle pontocérébelleux (APC) après résection d’un kyste épidermoïde des tumeurs allant jusqu’à 2 cm de diamètre dans l’APC.
par VRLE. Sont entre autres structures visibles le nerf trijumeau (5), le nerf La voie d’abord est de réalisation plus longue que les voies
abducens (6), le paquet acousticofacial (PAF) et le nerf vague (10). transoccipitales. Le prélèvement de graisse nécessite un second
champ opératoire.
et de la trompe est ici obtenu par un blocage serré de l’aditus
ad antrum par un unique fragment d’aponévrose, en prenant
Voie transotique
garde de ne pas bloquer l’enclume (Fig. 30). La cire d’Horsley Décrite par Fisch, elle cherche à exposer de façon plus
permet de bloquer les cellules ouvertes dans les travées de médiale l’APC en sacrifiant le méat auditif externe osseux et
Figure 34. Voie transotique gauche. Cette peau est retournée en doigt
de gant et suturée sur elle-même.
Figure 32. Voie transotique gauche. Vue opératoire de la dissection du
nerf facial et du méat auditif interne (MAI) avant ouverture de la cochlée.
On visualise le nerf facial dans sa première (1), deuxième (2) et troisième
portion (3), la cochlée (Coch) et la trompe auditive (TA), le sinus sigmoïde
(SS) et le bulbe jugulaire (BJ).
Figure 37. Troisième temps de méat, parfois annoncé ou « protégé » par le NVS, à la condition
la dissection d’un schwannome que ce dernier ne soit pas le nerf source du schwannome, à
vestibulaire droit. Poursuite de la moins que la dissection débutée dans l’angle puisse se poursui-
réduction tumorale et dissection vre jusqu’à ce niveau, situation relativement rare. Parfois, le nerf
du nerf facial de médial vers latéral facial est « mal positionné » et se retrouve exposé au niveau de
pour éviter toute traction délétère la face supérieure du MAI ou, plus grave, au niveau de sa face
(flèche). postérieure, la tumeur le repoussant vers l’arrière. Fort heureu-
sement, il s’agit de situations relativement rares dans la
chirurgie du schwannome vestibulaire, et le monitorage permet
en règle d’anticiper cette malposition par une alarme lors du
fraisage de la paroi postérieure durale du MAI.
Dans le traitement chirurgical des autres tumeurs de l’angle,
il convient d’être très méfiant. Les méningiomes, souvent
développés aux dépens de la tente du cervelet, croissent de haut
en bas et repoussent en masse le PAF vers le bas, ce dernier
restant groupé [17]. Le nerf facial reste cependant en règle le plus
médial. Dans le cas des méningiomes préméatiques ou des
kystes épidermoïdes, le PAF peut être au contraire repoussé vers
l’arrière, très exposé sous la dure-mère postérieure du MAI.
Dans la VRS et la VRLE, le contrôle du fond du MAI se révèle
impossible en vue directe. Il n’est donc pas possible de repérer
le VII en zone anatomique (Bill’s bar). Il faut donc diminuer le
volume lésionnel intraméatique avant de pouvoir basculer
tumorale et de mettre en évidence les nerfs courant sur la face légèrement la tumeur vers le bas pour trouver le plan de clivage
caudale de la tumeur (en règle le VIII cochléaire), sur la face arachnoïdien conduisant au NVS (s’il est encore présent) et plus
médiale (en règle le VII qui surcroise de médial vers latéral), sur médialement au VII. Le pôle latéral de la tumeur, moulant
la face supérieure et médiale (le V). Le nerf abducens est parfois le fond du MAI, est alors recherché avec un instrument
beaucoup plus médial encore, dans la citerne prépontique. Les mousse contre-coudé à l’extrémité. On tente alors de le basculer
nerfs mixtes sont plus à distance en bas, protégés dans la citerne très doucement vers soi tout en poursuivant la dissection en
bulbocérébelleuse, différente de la citerne de l’APC proprement suivant le plus possible le plan arachnoïdien qui protège le VIII
dite. Progressivement, en tentant de suivre le plan arachnoïdien, cochléaire et le VII. Les nerfs sont vus et suivis de latéral vers
la tumeur est décollée du cervelet puis du tronc cérébral, de médial sur 3 mm. Puis le nerf facial est suivi en restant dans le
latéral vers médial. Le dissecteur ultrasonique permet, après plan arachnoïdien et en évitant tout mouvement de traction ou
coagulation de la pseudocapsule arachnoïdienne, de continuer toute aspiration traumatique. Le travail aux microciseaux est à
d’évider la tumeur puis son pôle supérieur, qui est séparé du recommander chaque fois que le clivage se révèle difficile. Cet
nerf trijumeau et de la veine pétreuse supérieure, puis son pôle instrument permet, par des mouvements associés de dicision et
inférieur qui est séparé de l’artère cérébelleuse postéro-inférieure de section, d’accompagner le nerf en attaquant l’arachnoïde ou
et des nerfs mixtes (Fig. 36). La dissection se poursuit de médial la capsule tumorale par le bord supérieur du nerf. Ce travail doit
vers latéral afin de suivre le VII et le VIII dans la direction du se faire à l’écoute attentive du monitorage. La dissection est
pore acoustique (Fig. 37). Une fois le VII isolé et respecté (tout conduite de haut en bas, du VII vers le VIII, dont la tumeur est
en restant stimulable) au voisinage immédiat du pore, la finalement séparée (Fig. 38). Le fond du MAI doit alors être
dissection est poursuivie dans le MAI en débutant par sa partie vérifié. L’usage de l’endoscopie est indispensable à ce stade,
latérale et profonde, zone où le nerf facial est intact et en notamment dans le cas de tumeurs pénétrantes.
finissant par le pore ou il est le plus fragilisé par le développe- La dissection se termine par la région du pore, zone d’étale-
ment tumoral. ment et de plus grande fragilité nerveuse. Le dernier fragment
Le VII est repéré à l’aide du monitorage au fond du méat en de tumeur est enlevé (Fig. 39).
se repérant au niveau de la Bill’s bar individualisée dans la VSP Au terme de la dissection, la stimulation du nerf facial avec
ou la VTLE. Quand la tumeur est peu pénétrante, la dissection les instruments dédiés permet d’anticiper partiellement le
de la Bill’s bar n’est pas vraiment nécessaire d’autant que le nerf résultat fonctionnel. Si une réponse franche d’une amplitude de
facial y est particulièrement fragile. Le nerf facial peut être 200 µV est observée après une stimulation de 0,05 mA du nerf
facilement visualisé et repéré dans la portion supéromédiale du à son émergence du sillon bulboprotubérantiel, il est probable
Figure 39. Cinquième et der- [3] Mirza S, Saeed SR, Ramsden RT. Extensive tension pneumocephalus
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46-012
Introduction Technique
Le patient est placé en décubitus dorsal, la tête tournée du côté sain.
Le traitement du neurinome de l’acoustique sur oreille unique pris en Idéalement, la rotation de la tête doit être complète de manière à ce que
charge ou/et le plus souvent dans le cadre des neurinomes bilatéraux l’axe biauriculaire soit perpendiculaire au plan de la table d’opération.
dans la maladie de Recklinghausen (neurofibromatose type 2 [NF-2]) Cependant, cela n’est généralement pas possible et il faut se contenter
pose un réel problème. de la rotation permise par la souplesse du rachis cervical, sans jamais
Dans l’hypothèse ou lors du traitement par Gamma-Unit ou bien dans la forcer pour éviter de générer certains problèmes pouvant survenir au
surveillance d’un schwannome sur oreille unique, il peut exister une niveau de la circulation vertébrobasilaire. Il est particulièrement
nécessité d’effectuer une décompression chirurgicale du méat auditif important de relever la tête en légère flexion latérale par rapport au tronc,
interne (MAI) [2] dans ses deux tiers au niveau du toit et de son versant à l’aide d’un ou deux champs opératoires placés sous la tête dans la
antérieur et postérieur jusqu’au porus acusticus pour tenter de préserver région temporale. On a ainsi la face supérieure du rocher en « face » et
une audition utile (fig 1). Cette intervention a pour but d’en retarder la non plus en « fuite ».
dégradation, enlevant la compression par la masse tumorale sur le L’incision cutanée mobilise un lambeau pariétotemporal pédiculé
paquet acousticofacial responsable pour certains de troubles vasculaires. d’environ 6 cm de hauteur (fig 2) à charnière postérosupérieure [5] suivie
d’une prise d’un vaste greffon d’aponévrose temporale. On sectionne
ensuite le muscle temporal verticalement et, après rugination et
écartement, la région de l’écaille temporale est largement exposée.
Craniotomie de 4 × 5 cm centrée sur la racine du zygoma. On découpe
Jean-Marie Thomassin : Professeur des Universités, praticien hospitalier, chef de un volet osseux à la fraise coupante qui est décollé de la dure-mère
service. (fig 3). On fraise ensuite la partie inférieure de la craniotomie pour la
Frédéric Braccini : Assistant des Hôpitaux. mettre au niveau de la face supérieure du rocher et on agrandit en avant
Fédération oto-rhino-laryngologique, groupe hospitalier de la Timone, 13385 Marseille de la partie antérieure et inférieure de la craniotomie, de manière à avoir
cedex 5, France.
Pierre-Hugues Roche : Assistant des Hôpitaux.
un bon accès vers le MAI et la pointe du rocher.
Willy Pellet : Professeur hospitalier. Il ne faut pas oublier de combler les cellules zygomatiques ouvertes par
Centre hospitalier universitaire, hôpital Sainte-Marguerite, 270, boulevard Sainte- le fraisage avec de la cire de Horsley.
Marguerite, 13274 Marseille cedex 09, France. La dure-mère est décollée de toute la face supérieure du rocher. Le
© Elsevier, Paris
2 Lambeau pariétotemporal.
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Techniques chirurgicales DÉCOMPRESSION DU MÉAT AUDITIF INTERNE PAR VOIE DE LA FOSSE CÉRÉBRALE MOYENNE 46-012
– Repérage de la cochlée (fig 6). cochlée progressivement qui se trouve située sur la bissectrice de
Des travaux de dissection [4] nous ont montré qu’au-delà de 9 mm par l’angle formé par le MAI et le nerf pétreux vers le haut. Latéralement,
rapport à la tête du marteau dans l’angle formé par le MAI et le nerf on peut pratiquer une ouverture large d’environ 1,5 cm jusqu’à
pétreux, le fraisage n’avait aucune chance d’ouvrir le bord antéro- l’angle pontocérébelleux (fig 7).
interne du tour basal de la cochlée. Ce repère est facilement obtenu par – Ensuite, l’os est fraisé sur le bord supérieur et en arrière du MAI
un instrument dont l’extrémité recourbée est de cette même longueur. pour découvrir la dure-mère de la fosse cérébrale postérieure dans une
– Ouverture pétreuse donnant accès au MAI et à l’angle zone dépourvue d’élément dangereux. Cette zone longe le canal semi-
pontocérébelleux. circulaire supérieur et s’arrête en avant sur le bord postérieur du MAI.
Le MAI est situé dans l’angle de 60° ouvert en avant par rapport au canal Le fraisage est terminé à la fraise diamantée lorsqu’il n’existe qu’une
semi-circulaire supérieur [1]. fine pellicule osseuse, sur tout le fourreau du MAI qui est très oblique
L’attaque de l’os se fait à la fraise coupante sur toute la surface pétreuse en avant et en dedans, souvent très évasé par la tumeur ; de même que
à partir du bord postérieur du rocher, 1,5 mm en arrière pour ne pas l’on enlève la baguette osseuse surplombant le porus et donnant accès
enlever le point d’ancrage de la lame de l’écarteur autostatique sur la sur le sinus pétreux supérieur sur cette zone (fig 8). La difficulté peut
partie supérieure et antérieure du MAI. venir de certaines grosses tumeurs qui rendent difficile l’écartement
– En avant du MAI, on fraise la médullaire de la pointe du rocher qui dure-mérien du fait de leur volume.
s’effondre très facilement en rasant en dedans le nerf pétreux sous – Fermeture. Le greffon d’aponévrose temporale est disposé sur la face
lequel chemine la portion horizontale du canal carotidien [3] jusqu’à supérieure du rocher et collé afin de fermer l’ouverture antrale et de
exposer la dure-mère qui tapisse la face postérieure du rocher. On l’épitympanum. La dure-mère est suspendue aux berges de la
revient s’arrêter à 9 mm de la tête du marteau pour respecter la craniotomie. On ferme l’ouverture dure-mérienne sur la face externe du
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46-012 DÉCOMPRESSION DU MÉAT AUDITIF INTERNE PAR VOIE DE LA FOSSE CÉRÉBRALE MOYENNE Techniques chirurgicales
7 Fraisage de la région antérieure du méat auditif interne (zone A). La pression exercée par la tumeur sur le paquet acousticofacial au niveau
du MAI peut être à l’origine de spasmes sur les vaisseaux destinés aux
lobe temporal, ouverture destinée à évacuer le LCR en début nerfs et à la cochlée.
d’intervention. Le volet osseux est fixé par des fils non résorbables. Le Par ailleurs, la prise en charge de ce type de neurinome en cas de NF-2
plan musculaire temporal est reconstitué. Une lame de Delbet est mise de croissance rapide par le Gamma-Unit peut altérer l’audition par le
en place puis la peau est suturée à l’aide d’agrafes. La lame de Delbet est phénomène d’œdème secondaire à la radiothérapie.
enlevée au troisième jour. À condition de maîtriser parfaitement la technique, cette décompression
peut, dans certains cas, constituer pour nous le premier temps de la prise
en charge des neurinomes de l’acoustique sur oreille unique ou
Indications bilatéraux.
Cette voie d’abord qui respecte le labyrinthe et la cochlée permet
d’exposer largement la région du MAI réalisant une véritable •
décompression chirurgicale de ce dernier [2]. • •
Elle s’adresse aux patients qui présentent une forme bilatérale de Les neurinomes bilatéraux (NF-2) et unilatéraux sur oreille unique
neurinome dans le cadre des NF-2, et aussi aux patients qui sont atteints sont un challenge au sujet de leur prise en charge thérapeutique
d’un neurinome sur oreille unique (fig 9A à E). quant à la conservation de l’audition.
A B C
9 Neurinomes bilatéraux : maladie de Recklin-
ghausen.
A. Avril 1995 : neurinomes bilatéraux NF-2
chez une jeune fille de 18 ans. Exérèse du
neurinome gauche par voie translabyrinthique
élargie.
B. Novembre 1995 : neurinome droit stade II.
Audition : tonalité, perte 30 dB en moyenne.
C. Avril 1997 : décompression du méat auditif
interne par voie sus-pétreuse.
D. Novembre 1997 : aspects du neurinome.
Audition inchangée.
E. Janvier 1999 : imagerie par résonance ma-
gnétique. Augmentation légère du volume de la
tumeur. Audition inchangée. Gamma-Unit en
D E mars 1999 : à 2 mois, audition inchangée.
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Techniques chirurgicales DÉCOMPRESSION DU MÉAT AUDITIF INTERNE PAR VOIE DE LA FOSSE CÉRÉBRALE MOYENNE 46-012
La décompression chirurgicale du MAI par voie de la fosse En évitant ainsi une dégradation trop rapide de l’audition, elle
cérébrale moyenne représente une alternative chirurgicale, soit confère un meilleur confort de vie au patient. Elle impose
dans la surveillance par imagerie, soit avant traitement par la cependant, de connaître parfaitement les difficultés de la voie
radiochirurgie (Gamma-Unit) de ces formes particulières. d’abord sus-pétreuse pour éviter toute iatrogénie auditive.
Références
[1] Fich U, Mattox D. Microsurgery of the skull base. Stuttgart :
G Thieme, 1988
[2] Gadre A, Kwartler J, Brackmann D, House WF, Hitselber-
ger WE. Middle fossa decompression of the internal audi-
tory canal in acoustic neuroma surgery: a therapeutic alter-
native. Laryngoscope 1990 ; 100 : 948-952
[3] House WF, Hitselberger WE, Horn KL. The middle fossa
transpetrous approach to the anterior-superior cerebel-
lopontine angle. Ann J Otol 1986 ; 7 : 1-4
[4] Pellet W, Cannoni M, Pech A. Otoneurosurgery. Berlin :
Springer-Verlag, 1988 : 207-217
[5] Wigant ME, Haid T, Berg M. The enlarged middle cranial
fossa approach for surgery of the temporal bone and of
cerebellopontine angle. Arch Otolaryngol 1989 ; 246 :
299-302
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Voies d'abord du rocher
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INTRODUCTION
Le développement des voies d'abord du rocher a été parallèle à celui des voies
d'abord passant par le rocher pour atteindre les régions voisines, si bien que
leur étude se confond avec celle des voies d'abord latérales de la base du crâne
.
Dans ce traité, sont déjà étudiées les voies d'abord du conduit auditif interne,
celles du foramen jugulaire et celles de l'apex pétreux. Ces différentes voies
sont surtout envisagées pour atteindre les régions voisines. Nous allons donc
centrer cette étude sur l'abord des lésions développées dans le rocher et
débordant peu sur les régions voisines. Ces lésions étant plus limitées, leur
chirurgie devrait donc être aussi conservatrice que possible. Cependant, les
lésions intrapétreuses, comme les cholestéatomes, sont souvent très agressives
pour l'oreille interne et leur évolution ou leur exérèse conduit trop souvent à
une cophose.
la voie sus-pétreuse ;
la voie translabyrinthique ;
la voie transotique ;
la voie rétrofaciale ;
la voie rétrolabyrinthique ;
la voie infracochléaire ;
la voie rétrosigmoïde ;
la voie infratemporale type A ;
la voie infratemporale type B ;
la voie transcochléaire ;
les pétrectomies.
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Cette voie a été l'une des premières à être développée en France, notamment
pour traiter les lésions du tegmen tympani, c'est-à-dire les
méningoencéphalocèles.
Dans les deux premières indications, elle est souvent combinée à une voie
d'abord otologique qui, dans la plupart des cas, est une technique fermée avec
conservation du conduit et tympanotomie postérieure.
La description de W House (1968) [8] a été précisée par Fisch [7] et reprise par
de nombreux auteurs. Elle a été adaptée par Wigand [22] en Allemagne et par
Velut [21] en France à l'exérèse de tumeurs volumineuses.
L'incision doit être antérieure (fig 2). Pour descendre assez bas sans léser la
branche frontale du nerf facial, son extrémité inférieure doit être proche de
l'hélix. Son extrémité supérieure doit se recourber légèrement vers l'avant,
presque à la limite de la ligne des cheveux. Nous avons adopté l'incision utilisée
par Fisch. Elle est d'abord verticale, immédiatement en avant de l'hélix et du
tragus, sur 3 ou 4 cm jusqu'au bord inférieur de la racine du zygoma pour éviter
la branche frontale du nerf facial, elle s'incline alors vers l'avant pour fournir le
jour antérieur nécessaire. L'artère temporale superficielle ou ses branches sont
identifiées et liées là où elles traversent l'incision.
Il est indispensable de faire une incision cruciforme du fascia temporal et du
muscle temporal pour pouvoir descendre suffisamment la voie d'abord.
Le repère principal est le bord supérieur du rocher suivi par le sinus pétreux
supérieur solidement englobé dans une enveloppe dure-mérienne. Ce bord doit
être recherché à sa partie moyenne, au voisinage de l'eminentia arcuata, elle-
même repérée en cas de doute par sa distance par rapport à la corticale externe
du bord inférieur de la craniotomie (24 mm). Ainsi, l'aire méatale peut être
dégagée tandis que la dissection progresse vers l'avant en direction du ganglion
géniculé et des nerfs pétreux. Sterkers [19] insiste à juste titre sur la valeur de ce
mouvement tournant qui évite de blesser un ganglion géniculé dénudé ou de
faire saigner l'artère pétreuse accompagnant le grand nerf pétreux superficiel.
Il devient déjà possible d'avoir sous les yeux les principaux repères de la voie
sus-pétreuse : bord postérieur du rocher, eminentia arcuata, grand nerf pétreux
et enfin aire méatale légèrement déprimée en dedans de l'eminentia arcuata, à
28 mm en dedans de la corticale du bord inférieur de la craniotomie.
Le conduit auditif interne est situé dans l'angle de 60° ouvert en avant de la
ligne bleue. Il est identifié puis progressivement ouvert en respectant son
périoste. Le fraisage suit d'aussi près que possible le canal semi-circulaire
supérieur supprimant largement l'os situé en arrière du conduit auditif interne.
En avant du conduit auditif interne, l'os n'est supprimé qu'en dedans, au-delà de
la cochlée. Finalement, le bord supérieur du rocher est supprimé au-dessus, en
avant et en arrière du conduit auditif interne, jusqu'au plancher du conduit en
arrière. La dure-mère de la fosse cérébrale postérieure est dénudée sur toute
cette surface et le sinus pétreux supérieur est totalement libéré dans cette zone.
Sinon, il est moins dangereux pour le nerf facial de le repérer sur le versant
antérieur ou au pôle postérieur de la tumeur à l'aide d'un moniteur et d'une
stimulation à peine supraliminaire après avoir ouvert la dure-mère au bord
postérieur du conduit.
Il est ainsi possible de repérer le plan entre le nerf cochléaire et le nerf facial.
Ce plan est suivi progressivement en veillant à ne pas léser une éventuelle
boucle de l'artère cérébelleuse antéro-inférieure, spécialement lorsqu'on se
rapproche de l'angle pontocérébelleux.
[22]
Voie sus-pétreuse élargie selon Wigand
Cette voie donne un excellent jour sur l'apex pétreux en arrière de la portion
horizontale de la carotide interne intrapétreuse. Elle est donc utile pour les
kystes, les cholestéatomes et les méningiomes de ce siège.
Cette voie est très voisine de celle que W House (1986) et Velut ont décrite
pour les méningiomes antérosupérieurs de l'angle pontocérébelleux.
L'intérêt de cet abord est d'identifier la première portion du nerf facial à partir
du conduit auditif interne et d'avoir sous les yeux la première et la deuxième
portions.
Ces objectifs ne sont pas facilement atteints car les différents éléments de la
face supérieure du rocher sont très modifiés par le cholestéatome et plus ou
moins déplacés dans un os très éburné ; le nerf facial est volontiers laminé ; le
cholestéatome adhère très fortement à la dure-mère. La matrice du
cholestéatome doit donc être disséquée pas à pas de la dure-mère dès la voie
d'abord. Les derniers fragments peuvent être enlevés à l'aide d'une micropince
agissant par tractions successives. Dans certains cas, une résection franche et
une reconstruction par péricrâne ou aponévrose temporale est possible.
Pour faciliter le repérage, le tegmen tympani doit être ouvert. Il peut l'être par la
voie d'abord transmastoïdienne associée avant de tailler la voie sus-pétreuse. A
la fraise diamantée, une petite tranchée est faite dans le tegmen immédiatement
en avant et en dehors du canal supérieur permettant son identification très
rapide, dès le début de la voie sus-pétreuse si cette zone n'est pas envahie par le
cholestéatome.
Si le canal supérieur ne peut pas être identifié correctement du fait de
l'extension de la lésion, c'est le conduit auditif interne qui va être repéré près du
porus en l'ouvrant dans l'axe du conduit auditif externe à 28 mm de la corticale
externe de l'écaille temporale avec une grosse fraise diamantée de 5 mm.
Celle-ci peut être soit une technique fermée si le conduit auditif externe est
intact et si l'audition est conservée, soit une technique ouverte avec comblement
si le conduit auditif externe a été supprimé par des interventions antécédentes.
Cette chirurgie peut être particulièrement difficile car les traits de fractures, les
hématomes, le tissu fibreux peuvent avoir considérablement remanié les
repères. De toute façon, une vue cavalière sur la partie antérieure de la
deuxième portion est nécessaire. Il est donc utile d'ouvrir la partie antérieure du
tegmen afin de repérer au moins la tête du marteau. Il faut bien entendu veiller à
ne pas toucher la tête du marteau avec la fraise. Le microcrochet et la curette
sont donc utiles pour enlever les derniers fragments osseux.
Les remaniements dus aux traits de fracture imposent le plus souvent de repérer
au moins le périoste du conduit auditif interne pour pouvoir suivre ensuite le
nerf facial sans léser la cochlée.
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Imaginée très tôt, elle n'a été de nouveau développée que depuis Bill House.
D'abord appliquée à l'exérèse des petits neurinomes de l'acoustique et des
neurectomies vestibulaires sur oreille cophotique, elle s'est étendue sous le nom
de voie translabyrinthique élargie à l'ensemble des lésions de l'angle
pontocérébelleux, et d'une bonne partie de la fosse cérébrale postérieure.
Cette voie d'abord est aussi extrêmement intéressante pour traiter toutes les
lésions du rocher accompagnées de cophose : cholestéatomes, histiocytomes,
papillomes, ainsi que les paralysies faciales traumatiques accompagnées de
cophose.
Dès que le fond du conduit auditif interne est ouvert, cette voie d'abord doit
impérativement s'accompagner d'un comblement, la graisse abdominale étant le
matériau idéal comme pour les abords plus larges pour volumineux neurinome.
Le sinus latéral est corticalisé sur toute sa hauteur. La troisième portion du nerf
facial est identifiée. Le sinus latéral et la dure-mère présinusienne sont alors
dénudés à la fraise diamantée de grosse taille.
L'aqueduc du limaçon est situé au-dessus puis en avant du golfe. Sa partie haute
doit être supprimée, alors que sa partie basse est respectée car elle correspond à
la fossette du ganglion d'Andersch donc au nerf glossopharyngien.
Les deux tiers ou les trois quarts postérieurs du conduit auditif interne étant
parfaitement exposés, la dure-mère étant à nu, il est possible d'identifier le nerf
vestibulaire supérieur en fraisant la paroi interne de l'ampoule du canal
supérieur à l'aide d'une fraise diamantée de 3 mm de diamètre pour trouver et
suivre le nerf vestibulaire supérieur jusqu'au fond du conduit auditif interne tout
en supprimant la partie postérieure de la crête falciforme. En dedans du nerf
vestibulaire se trouvent la Bill's bar et le nerf facial.
La dure-mère du conduit auditif interne est sectionnée au ras de l'os sur ses
versants supérieur et inférieur de dehors en dedans. La dure-mère de la fosse
cérébrale postérieure est ouverte en haut le long du sinus pétreux supérieur et en
bas le long du golfe de la jugulaire interne. Pour ce faire, elle est soulevée par
un crochet acéré et sectionnée à l'aide de microciseaux vigoureux. En veillant à
ne pas blesser le nerf facial, l'anneau postérieur dure-mérien du porus est
également ouvert à sa partie supérieure et sa partie inférieure. Il est sage de
coaguler la partie supérieure de l'anneau, à distance du conduit, avant de l'ouvrir
car à ce niveau existe volontiers un vaisseau.
C'est alors que la masse tumorale située dans l'angle peut être incisée, biopsiée
puis partiellement vidée au bistouri ultrasonique.
Le pôle inférieur est alors décollé à l'aide d'un bistouri de Plester, permettant
l'issue de liquide céphalorachidien. Le décollement cherche à respecter
l'arachnoïde dans laquelle court le nerf glossopharyngien au contact de l'artère
cérébelleuse postéro-inférieure qui peut donner des branches à la tumeur.
Celles-ci doivent être coagulées et sectionnées puis coagulées de nouveau afin
d'éviter tout arrachement ou toute reprise du saignement.
Le principe est donc de disséquer le nerf facial à partir du fond du conduit tant
que la dissection est facile, puis de reprendre la dissection à partir du tronc en
réduisant progressivement la masse tumorale grâce au bistouri ultrasonique et à
la coagulation bipolaire, jusqu'à ne laisser qu'un reliquat sur un nerf facial bien
repéré de part et d'autre, et si possible laissé adhérent aux tissus sains voisins. Il
est alors possible de cliver la tumeur du nerf facial à l'aide de microcrochets et
de microciseaux. Lorsque la dissection est complète, le facial est de nouveau
stimulé au tronc pour noter si le seuil de stimulation et l'amplitude de la réponse
sont restés égaux ou si ces deux paramètres se sont aggravés.
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Imaginée par Fisch [7], elle comporte une exérèse de l'oreille moyenne qui est
comblée, ainsi que l'exérèse des canaux semi-circulaires comme dans une voie
translabyrinthique et des trois quarts inférieurs de la cochlée. La deuxième et la
troisième portions de l'aqueduc de Fallope sont squelettisées mais restent en
place.
Cette voie donne donc un jour étendu jusqu'à la portion verticale de la carotide
interne intrapétreuse, le golfe jugulaire, le conduit auditif interne et l'angle
pontocérébelleux. Elle permet de maîtriser les tumeurs étendues à l'oreille
moyenne, au labyrinthe et au conduit auditif interne, comme certains
neurinomes ou des cholestéatomes (fig 6).
Elle est très utile dans certains méningiomes de grande taille, combinée à une
voie de la fosse cérébrale moyenne élargie.
L'aqueduc de Fallope est repéré et l'os qui le recouvre est aminci du trou
stylomastoïdien à l'origine du grand nerf pétreux.
Le sinus latéral, le golfe de la jugulaire interne et la carotide interne sont
repérés. Une fine pellicule osseuse est laissée sur ces structures. La pointe
mastoïdienne est enlevée. La dure-mère de la fosse cérébrale postérieure est
dénudée.
Les canaux semi-circulaires sont enlevés, le vestibule est ouvert comme dans
une voie translabyrinthique. Le conduit auditif interne est identifié et préparé
sur ses versants supérieur et inférieur jusqu'à l'aqueduc cochléaire en bas et
jusqu'à l'aplomb de sa paroi antérieure en haut.
Le nerf facial est repéré à la Bill's bar, elle-même identifiée grâce au nerf
vestibulaire supérieur suivi à partir de la face profonde de l'ampoule du canal
semi-circulaire supérieur qu'il faut conserver comme repère. La dure-mère du
conduit est ouverte sur ses bords supérieur et inférieur, la dure-mère du porus
est sectionnée en rejoignant les incisions de la dure-mère de la fosse cérébrale
postérieure, incision supérieure au ras du sinus pétreux supérieur et incision
inférieure au ras du golfe de la jugulaire interne.
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VOIE RÉ TROFACIALE
Elle fait partie des voies d'abord décrites par Farrior et Glasscock pour accéder
au trou déchiré postérieur avec un déroutement partiel du nerf facial au cours
d'une technique fermée pour traiter des tumeurs glomiques faiblement étendues
au golfe de la jugulaire interne.
L'incision est tracée comme pour une tympanoplastie en technique fermée. Une
large mastoïdectomie est effectuée et une tympanotomie postérieure étendue est
taillée en identifiant le nerf facial dans toute sa troisième portion. Ce terme
d'étendue signifie que la tympanotomie est poussée vers le bas et l'avant en
tournant le plus loin possible sous la face inférieure du conduit auditif externe
pour ouvrir la paroi externe de l'hypotympanum.
Le tube osseux contenant le nerf facial est réduit au maximum sous monitoring,
particulièrement utile pour abraser les restes de muscle de l'étrier qui adhèrent
en général à la face profonde de ce tube osseux, au voisinage du facial. Le
cholestéatome est disséqué et l'exérèse est contrôlée à l'optique ou au miroir de
Buckingham.
Tout est laissé ouvert au sein de la technique fermée qui est reconstruite comme
d'habitude (fig 8). Un deuxième temps est possible mais il faut savoir que la
croissance osseuse va réduire de beaucoup la voie que l'on avait taillée.
La difficulté est de préciser très exactement les indications d'une telle chirurgie
conservatrice pour les tumeurs envahissant le golfe. Cette chirurgie ne peut se
concevoir que pour des tumeurs envahissant l'hypotympanum et le golfe sans
adhérer à la carotide interne. Encore faut-il que l'espace situé entre le trou
stylomastoïdien et le tubercule latéral de l'atlas soit suffisant pour que cette voie
d'abord ne soit pas finalement plus dangereuse pour le facial que le déroutement
antérieur réglé de la voie infratemporale.
Elle est employée pour les neurotomies vestibulaires. On peut aussi l'utiliser
pour le traitement des conflits artérioveineux et le drainage des kystes
arachnoïdiens. Rares sont ceux qui s'en servent pour l'exérèse des neurinomes
de l'acoustique avec tentative de conservation de l'audition. En revanche, elle
est souvent adoptée pour l'exérèse des méningiomes.
Le facial est situé en avant du paquet cochléovestibulaire dont il est séparé par
les branches externes de l'artère cérébelleuse antéro-inférieure.
Si cette intervention est pratiquée comme le font certains pour l'exérèse des
neurinomes de l'acoustique, il faut dénuder la méninge en arrière du sinus
latéral sur une zone beaucoup plus importante afin de pouvoir rétracter assez le
sinus vers l'arrière pour avoir une vue suffisante vers l'avant afin de s'approcher
du fond du conduit auditif interne.
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VOIE RÉ TROSIGMOÏDE
Cette voie ouvre l'angle pontocérébelleux et permet aussi de traiter les lésions
de la face postérieure du rocher, et surtout d'ouvrir le conduit auditif interne.
C'est pour cela que nous la décrivons dans cet article.
Toute la surface mastoïdienne, puis tout l'espace situé entre les lignes nuquales
supérieure et inférieure, sont exposés par rugination au contact de l'os. La veine
émissaire mastoïdienne doit être coagulée au niveau des parties molles et
oblitérée par de la poudre d'os et de la cire au niveau de son extrémité
antérieure sinusienne.
L'ouverture du conduit auditif interne est en principe faite une fois que la plus
grosse partie de la tumeur située dans l'angle a été enlevée. Dans certains cas, il
est nécessaire de supprimer les irrégularités de la face postérieure du rocher afin
de pouvoir gagner un jour suffisant, ne serait-ce que sur le porus. Avant de
fraiser le conduit auditif interne, on place des lames de Pangen® ou de
Gelfoam® au-dessus et au-dessous du pédicule acousticofacial de façon à éviter
la dispersion de poudre d'os dans les citernes postérieures.
Il ne faut pas ouvrir le canal postérieur. Celui-ci, dans certains cas, peut être
repéré en suivant le sac et le canal endolymphatique. Sa position, de toute
façon, doit être jugée sur le scanner osseux. La palpation au crochet de Bill
House de la crête falciforme donne une bonne idée de la profondeur. Dans ces
interventions qui visent à conserver l'audition, il est bon d'agir de bas en haut et
de la profondeur vers la surface, en suivant le nerf cochléaire puis le facial pour
atteindre le fond du conduit auditif interne. Même s'il y a une zone d'adhérence
importante au niveau du porus, il vaut mieux travailler de dedans en dehors que
de dehors en dedans car les tractions sur des fibres nerveuses venant du tronc
sont bien moins dangereuses que celles que l'on pourrait exercer sur des fibres
fixées à leur canal osseux.
Lorsque l'intervention est terminée, l'hémostase est vérifiée. Les cellules qui ont
été ouvertes en ouvrant le conduit auditif interne sont fermées avec du tissu
fibromusculaire ou de la graisse abdominale collée.
La dure-mère est fermée de façon aussi étanche que possible. On peut utiliser
de la poudre d'os et de la colle, ou remettre la lame osseuse. Pour notre part,
nous préférons utiliser un peu de graisse abdominale pour assurer une parfaite
étanchéité. Les sutures sont ensuite musculaires, sous-cutanées et cutanées sans
drainage.
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Elle est indispensable pour traiter les tumeurs glomiques étendues largement au
golfe de la jugulaire interne et adhérentes à la carotide interne et/ou aux nerfs
mixtes.
Elle permet aussi de traiter toutes les lésions massives situées en dedans de la
portion mastoïdienne et au-dessous de la portion labyrinthique du nerf facial :
chondrosarcomes, papillomes du rocher ou même cholestéatomes.
Incision cutanée
Le lambeau périosté est alors rabattu vers l'avant et suturé au cartilage tragien et
à la conque. L'opérateur dispose alors d'une large voie d'abord. Les parties
molles libérées sont maintenues vers l'avant par des fils de traction et sont
couvertes d'une compresse régulièrement humidifiée.
Le tronc rétroparotidien du nerf facial est repéré dans l'angle dièdre entre la face
antérieure de la mastoïde et la face inférieure du conduit auditif externe. Il est
disséqué dans la parotide jusqu'à sa bifurcation et les branches principales sont
partiellement disséquées, notamment la branche supérieure. De petits vaisseaux
sont microcoagulés.
L'attique antérieur est largement ouvert et une gouttière est taillée sur sa face
antérieure jusqu'à la parotide. Le tympanal est complètement supprimé.
Le nerf est placé dans cette tranchée qui est refermée sur lui à l'aide de colle
biologique. La deuxième portion, qui relie la première portion fixe du nerf et la
troisième portion transposée en avant dans la parotide, doit être laissée souple
car elle va être légèrement tendue sous l'effet d'un écarteur qui va prendre appui
en avant sur les parties molles du cou, immédiatement sous la parotide. Elle est
également collée.
Abord et ligature du sinus latéral
Un temps essentiel est alors l'introduction d'un petit clamp courbe, de bas en
haut, dans l'anneau fibropériosté du trou carotidien entre le périoste et la paroi
carotidienne. Ce périoste est alors incisé sur le clamp permettant de libérer la
carotide interne dont l'adventice est rarement intéressée. La tumeur vient ainsi
avec le périoste qui est enlevé.
Exérèse de la tumeur
Dans les grosses tumeurs, une branche de l'artère vertébrale parvient souvent à
la tumeur au bord inférieur de la mastoïde au-dessus de l'apophyse transverse
de l'atlas. Elle doit être microcoagulée lors de l'exécution du temps qui suit.
La jugulaire interne est liée au-dessous du prolongement en battant de cloche de
la tumeur et sectionnée entre deux ligatures (fig 14). Elle est décroisée du nerf
accessoire et refoulée vers le haut tout en finissant de repérer de bas en haut la
partie haute des nerfs mixtes glossopharyngien, vague et accessoire. Cependant
le glossopharyngien devient de moins en moins distinct de la gaine fibreuse de
la carotide interne dont il s'écarte au niveau de la crête carotidienne pour
devenir le nerf le plus antérieur et le plus externe de la pars nervosa du foramen
jugulaire.
La partie basse du sinus latéral est alors ouverte, puis le golfe en arrière et en
dehors. Si la paroi interne du sinus sigmoïde et du golfe est saine, elle constitue
un plan de clivage parfait.
On parvient ainsi aux différents orifices des veines condyliennes puis du sinus
pétreux inférieur dans lesquels il faut vérifier l'absence de toute propagation
tumorale avant de les bloquer avec du Surgicel®. On facilite cette recherche en
saisissant la tumeur avec un clamp à griffes et en la tirant en haut et en dehors.
On peut ainsi voir en arrière la veine émissaire condylienne, au milieu le sinus
pétreux inférieur et enfin en avant le deuxième orifice du sinus pétreux inférieur
en avant du vagospinal.
Ce reliquat est ensuite surveillé au scanner. S'il s'accroît, une exérèse par voie
neurochirurgicale devient nécessaire.
Fermeture
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Incision
La partie basse cervicale de l'incision n'est pratiquée que si l'on doit placer des
lacs de sécurité sur la carotide interne.
La seule différence avec la voie A est que la branche inférieure n'est pas
préparée alors que la branche supérieure est dégagée pour repérer le rameau
frontal suivi jusqu'à la partie toute antérieure du zygoma (fig 16).
Après les avoir individualisés dans la fosse ptérygomaxillaire puis dans les
canaux osseux de la base du crâne, l'artère méningée moyenne puis le nerf
mandibulaire sont coagulés et sectionnés. Ce geste permet à la fois de
supprimer ces deux obstacles barrant l'accès des régions profondes et d'abaisser
davantage le condyle pour gagner de l'espace. Un écarteur, placé en avant,
permet de voir la base du processus ptérygoïde.
Exérèse tumorale
Ces tumeurs saignent peu, mais peuvent adhérer très fermement à la dure-mère,
aux vaisseaux, aux nerfs et présenter des extensions intraosseuses à distance de
la masse principale.
La bascule délicate de la carotide interne, tantôt vers l'avant tantôt vers l'arrière,
permet d'accéder à sa face interne afin d'en détacher les débris tumoraux.
Dans d'autres cas, un déroutement partiel est nécessaire comme dans une voie
infratemporale A lorsque l'extension tumorale file en dedans du nerf facial
jusqu'au contact du golfe et du sinus sigmoïde. La deuxième et la troisième
portions du nerf facial sont transposées en avant.
Particularités de la fermeture
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Cette voie d'abord a été décrite par W House en 1976. Elle était conçue comme
une voie translabyrinthique élargie par un déroutement total du nerf facial pour
aborder les lésions prépontiques. Actuellement, cette voie est combinée à une
exclusion de l'oreille moyenne pour donner plus de jour. Elle permet l'abord du
clivus et peut être étendue dans toutes les directions.
Si le nerf facial est pris dans la tumeur, il peut être sectionné. Une anastomose
terminoterminale ou une greffe du grand nerf auriculaire permet de reconstituer
son trajet.
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PÉ TRECTOMIES
Pétrectomies externes
Ces interventions s'adressent aux cancers du conduit auditif externe et
emportent en bloc le conduit, l'articulation temporomandibulaire, le lobe
externe de la parotide. Elles s'accompagnent d'un curage cervical en monobloc.
Pétrectomies subtotales
L'incision cutanée est là encore une incision en Y dont la branche verticale peut
être prolongée le long du sterno-cléido-mastoïdien pour former une incision en
L et permettre un curage. Le conduit auditif externe est circonscrit plus ou
moins largement.
Une incision traverse la parotide ou, mieux, sectionne les branches du nerf
facial au-delà de la parotide. Le muscle temporal est incisé de façon
circonférentielle à distance de la tumeur. Le zygoma est sectionné ainsi que le
condyle. Le muscle sterno-cléido-mastoïdien et le ventre postérieur du
digastrique sont sectionnés. L'apophyse styloïde est sectionnée.
Selon Lewis, la pyramide pétreuse est détachée à la scie puis aux ciseaux
frappés au ras de la portion verticale de la carotide interne. En fait c'est à la
fraise que ce geste est le plus facilement conduit, en repérant la face externe de
la carotide interne et en allant en arrière en direction du conduit auditif interne
puis du golfe de la jugulaire interne. Malgré la ligature du sinus latéral et celle
de la jugulaire interne, le saignement est en général massif à partir du sinus
pétreux inférieur qui doit être fermé avec du Surgicel® dès que le bloc osseux a
été enlevé.
Le golfe de la jugulaire interne est ouvert par derrière, le sinus pétreux inférieur
et les veines condyliennes sont bouchés et l'os résiduel, entre le canal carotidien
et le golfe, est sectionné. Le bloc pétreux est enlevé.
Il n'est pas très long de greffer au moins le facial supérieur à l'aide d'une
branche du plexus auriculaire superficiel, suturée et collée au bout proximal de
la première portion du nerf facial.
L'extension locale doit donc être très soigneusement évaluée par l'imagerie
actuelle. L'état général et psychologique du patient doit être analysé avec
prudence. La dernière étape est une évaluation de la perméabilité de la
communicante antérieure à l'aide du doppler transcrânien, et la vérification de
la présence de deux sinus sigmoïdes.
La fermeture est assurée par du fascia lata pour reconstruire l'amputation dure-
mérienne, puis de la graisse abdominale associée le plus souvent à un lambeau
de voisinage ou myocutané. Un drainage lombaire et une trachéotomie sont
généralement indispensables.
Références
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York : Raven Press, 1981
[2] Brackmann DE. Acoustic neurinomas in skull base surgery. 1st intern
skull base conf Hannover. In : Sami M ed. Basel : Karger, 1992 : 839-
843
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temporal bone for malignancy of the middle ear. Ann Surg 1951 ;
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monitoring by pneumatic sensor in acoustic neuroma surgery. In : Tos
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l'apex pétreux. Neuroradiology 1985 ; 15 : 186-201
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content through the middle fossa. Laryngoscope 1962 ; 71 :
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base. Arch Otolaryngol 1976 ; 102 : 334-342
[10] House WF, Hitselberger WE, Horn KL The middle fossa
transpetrous approach to the anterior-superior cerebellopontine angle.
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[11] Jackler RK, Brackmann DE. Neurotology. St Louis : Mosby, 1994
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Conservative surgery for glomus jugulare tumors : the value of early
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management of glomus tumors of the temporal bone. In : Fisch U,
Valavanis A, Yasargil M eds. Neurosurgical surgery of the ear and the
skull base. Amsterdam, Berkeley, Milano : Kugler and Ghedini, 1989 :
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[14] Lewis JS Temporal bone resection. Arch Otolaryngol 1975 ; 101
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temporal bone and parotid gland. In : Fisch U, Valavanis A, Yasargil M
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Berkeley, Milano : Kugler and Ghedini, 1989 : 81-86
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Amsterdam : Kugler, 1995 : 315-323
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extensive skull base tumors. In : Fisch U, Valavanis A, Yasargil M eds.
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Milano : Kugler and Ghedini, 1989 : 21-28
[21] Velut S, Jan M Pétrectomie de la pointe dans l'abord du clivus :
techniques, intérêts et limites (à propos d'un cas de méningiome).
Neurochirurgie 1988 ; 34 : 17-35
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approach for surgery ot the temporal bone and of the cerebellopontine
angle. Arch Otolaryngol 1989 ; 246 : 299-302
Fig 1 :
Fig 2 :
Fig 2 :
Fig 3 :
Fig 3 :
Fig 4 :
Fig 4 :
Fig 5 :
Fig 5 :
Voie translabyrinthique.
Fig 6 :
Fig 7 :
Fig 7 :
Fig 8 :
Fig 8 :
Le nerf facial reste en place mais est totalement disséqué au niveau de la région
rétroparotidienne. Sa troisième portion reste dans l'aqueduc de Fallope réduit à
un tube osseux. La paroi externe du golfe de la jugulaire interne est supprimée à
la partie haute de la jugulaire interne incisée. On voit tous les éléments de la
partie haute du cou. La troisième portion du facial peut être déroutée. Le
conduit auditif externe et l'oreille moyenne sont conservés.
Fig 9 :
Fig 9 :
Voie rétrolabyrinthique.
Fig 10 :
Fig 10 :
Voie infracochléaire.
Fig 11 :
Fig 11 :
Voie rétrosigmoïde.
Fig 12 :
Fig 12 :
Fig 13 :
Fig 13 :
Voie A.
Fig 14 :
Fig 14 :
Tumeur du glomus jugulaire classe C3 De2 (A, B) enlevée en 1987 par une voie
infratemporale type A : facial grade II, surdité totale, pas de troubles de la
déglutition. Contrôle 1990 © : absence de récidive.
Fig 15 :
Fig 15 :
Rapports des nerfs mixtes au niveau du trou déchiré postérieur. Les nerfs mixtes
apparaissent coudés comme sur un chevalet entre leur origine au niveau du
tronc cérébral et leur trajet cervical.
Fig 16 :
Fig 16 :
Voie B.
D. Aspect final. L'oreille moyenne a été supprimée, le facial identifié sur ses
deuxième et troisième portions, de même que le golfe de la jugulaire interne et
la carotide interne.
Fig 17 :
Fig 17 :
Fig 18 :
Fig 18 :
Voie transcochléaire.
B. Le nerf facial est dérouté en arrière après section des nerfs pétreux, le jour est
très large sur la totalité de l'angle pontocérébelleux et les structures de la ligne
médiane (tronc basilaire et différents nerfs crâniens).
Fig 19 :
Fig 19 :
Fig 20 :
Fig 20 :
Fig 21 :
Pétrectomie externe.
Fig 22 :
Fig 22 :
Fig 23 :
Fig 23 :
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RECONSTRUCTION DE LA MICROTIE
La suture bord à bord des berges de l'angle ouvert vers le bas de l'incision en
W, au niveau du lambeau supérieur, assure l'échancrure intertragienne.
- Remarques
- Remarque
L'utilisation du lambeau galéal pour recouvrir la cale cartilagineuse
rétroauriculaire, comme le décrit Nagata, n'est pas indispensable. Il est possible
de garder à la face postérieure du néopavillon une couche de tissu conjonctif
sans exposition cartilagineuse, comme le faisait Brent, et de glisser la cale
cartilagineuse sous le plan périosté et musculoconjonctif qui recouvre la base
pétreuse. Cette logette, où sera placée la cale, est élevée d'avant en arrière à
partir d'une incision de ces tissus mous en regard de ce qui correspond au fond
de la région conquale. Une fois la cale cartilagineuse placée et solidarisée dans
cette logette, le bord libre de ce plan périosté et musculoconjonctif est suturé à
la face postérieure du néopavillon, constituant ainsi un sous-sol bien
vascularisé permettant la mise en place directe, sans utilisation du lambeau
galéal, de la greffe de peau totale rétroauriculaire (fig 6) (Manach). Ceci
permet de préserver le lambeau galéal et le lambeau sous-galéal qui peuvent
être utiles en cas d'indication ultérieure d'une chirurgie à but fonctionnel
auditif.
Référence
Fig 1 :
Fig 1 :
Prélèvement cartilagineux.
Fig 2 :
Fig 2 :
Charpente cartilagineuse.
Fig 3 :
Fig 3 :
Voie d'abord.
Fig 4 :
Fig 4 :
Fig 5 :
Fig 5 :
Fig 6 :
Fig 6 :
Résumé
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RECONSTRUCTION DE LA MICROTIE
Le patient doit être en âge de choisir entre les différentes possibilités de prise
en charge de son pavillon : abstention, reconstruction en utilisant une
autogreffe de cartilage costal, ou mise en place d'une épithèse synthétique
amovible. En règle, les individus jeunes préfèrent avoir une oreille bien à eux,
même au prix de plusieurs temps chirurgicaux, alors que les individus plus
âgés peuvent préférer une épithèse et ce d'autant plus que leur microtie a été
l'objet d'antécédents chirurgicaux décevants. La reconstruction d'une microtie
ainsi multiopérée avec une peau cicatricielle et dyschromique peut alors
nécessiter, en plus de l'apport d'une charpente cartilagineuse, d'un
recouvrement cutané de novo nécessitant l'utilisation d'un lambeau de fascia
temporalis (voir article Chirurgie des oreilles décollées, fascicule 46-100 de
l'Encyclopédie Médico-Chirurgicale).
Installation du patient
La logette de mise en place de la charpente est créée par une dissection sous-
cutanée dépassant légèrement les limites du futur pavillon. Il n'existe pas de
plan de dissection bien défini en dehors du plan du fascia temporalis en haut
que l'on laisse en profondeur. Le geste chirurgical est proche de celui utilisé
pour le décollement d'un lifting avec un plan cutané superficiel suffisamment
fin pour se mouler sur les reliefs de la future charpente mais également
suffisamment épais pour avoir une bonne trophicité. Pour bien apprécier cette
trophicité, aucune infiltration locale n'est utilisée. L'expansion peropératoire
de cette logette à l'aide de deux sondes de Foley se révèle hautement
bénéfique pendant toute la durée des temps thoraciques et de confection de la
charpente, en alternant des périodes de 10 minutes d'expansion et de repos.
Prélèvement de cartilage costal
Confection de la charpente
Suites opératoires
Accidents
Variantes
Au niveau de l'incision cutanée
Au niveau de la charpente
Le plateau peut être partiel s'il existe par exemple une moitié
supérieure de pavillon utilisable. L'hélix devra largement dépasser le
plateau pour assurer une continuité harmonieuse avec le reliquat de
pavillon.
Au contraire, la charpente peut comprendre l'armature du tragus
(comme la charpente d'un pavillon normal) lorsque par exemple il ne
sera pas possible de prélever une greffe composée controlatérale pour
cette armature [4].
En l'absence de lobule à transposer, ce sera la charpente, recouverte
ultérieurement à sa face profonde d'une greffe de peau, qui constituera
la région lobulaire. La région basse de la charpente devra alors être
plus étendue en surface et de faible épaisseur.
Plastie en Z
Il est effectué 2 à 3 mois après le 1er temps. Globalement, il s'agit d'une plastie
en Z avec quelques détails (fig. 3).
Variantes
Associations
Variantes
Concernant le tragus
Concernant la conque
Autres gestes
Ils se caractérisent bien souvent par une situation basse et antérieure des
reliquats de pavillon, particulièrement disgracieuse. Le mieux est de tout
enlever et de construire un pavillon en bonne place. Dans certains cas, il est
possible de transposer un beau lobule en bonne place par un « island flap » en
veillant à ne pas traumatiser le nerf facial. Ces reliquats embryonnaires
ectopiques peuvent cacher une ébauche de conduit auditif externe dirigée en
bas et en dehors avec ainsi un orifice méatal jugal. Ces conduits - même si on
ne cherche pas un but fonctionnel auditif - devront être transposés en bonne
place et calibrés, préalablement à toute reconstruction plastique.
Formes bilatérales
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Fonction auditive
Moyens
Chirurgie fonctionnelle
Elle doit viser un résultat satisfaisant sur le long terme ; elle doit
impérativement éviter toute complication portant sur le nerf facial, limiter les
risques de labyrinthisation et d'otorrhée post-opératoire et avoir le minimum
de retentissement sur le plan esthétique (cicatrices et néoconduit disgracieux).
Appareillage auditif
En l'absence de conduit il ne peut être que par conduction osseuse, qu'elle soit
indirecte par voie de scalp sur serre-tête ou sur lunettes, ou directe sur «
fixture » ostéo-intégrée. L'appareillage par voie aérienne impose la création
d'un néoconduit sec ; le contour d'oreille est exceptionnellement utilisable du
fait de l'insuffisance de sillon rétroauriculaire sur un pavillon reconstruit.
Aides à la décision
Clinique
Elle permet, face à un pavillon peu malformé, d'espérer une oreille moyenne
également peu malformée ou d'envisager un appareillage par voie aérienne sur
un néoconduit. Toute chirurgie du pavillon doit donc respecter un éventuel
sillon rétroauriculaire ou une conque rétentive.
Bilan audiométrique
Age
La nécessité d'un bilan audiométrique complet et d'une bonne coopération de
l'enfant fait que la chirurgie fonctionnelle n'est pratiquée qu'au-delà de 6-8
ans. C'est également l'âge minimal pour la prise en charge plastique du
pavillon. Pour le simple confort de l'opérateur, il est préférable en cas
d'indication de chirurgie de commencer par le geste de chirurgie
fonctionnelle.
Techniques chirurgicales
Incision cutanée
Voie directe
Enfin, la voie antrale peut être associée à la voie directe avec le respect du
mur du facial essentiellement dans le cadre de l'utilisation d'une homogreffe
tympano-ossiculaire pour vérifier (par un équivalent de tympanotomie
postérieure) la qualité du montage ossiculaire comme l'a proposé Marquet [6].
Du fait de la difficulté pratique de l'utilisation de tels blocs d'homogreffe dans
ce cadre malformatif, l'indication de cette double voie d'abord reste rare.
Elle vise l'examen des éléments déterminants sur le plan fonctionnel que sont
la chaîne ossiculaire et les fenêtres tout en respectant au maximum le
recouvrement muqueux, voire conjonctif, de la face interne du plateau
d'atrésie (ou paroi externe de caisse) car ces tissus serviront de support à la
myringoplastie. L'impasse de l'examen de la fenêtre ronde est quasi constante
du fait de son recouvrement par le VII3.
Temps ossiculaire
Toute synostose doit non seulement être libérée mais doit également
conduire à un geste préventif de sa récidive : large résection d'un pont
osseux, interposition d'un lambeau muqueux ou de feuille de
Silastic®...
Un bloc incudomalléaire malformé et isolé d'une structure stapédienne
est bien souvent enlevé, ne serait-ce que pour permettre l'accès à la
fosse ovale.
Une fosse ovale accessible avec une platine mobile conduit à une
tympanoplastie de type II ou III suivant la nature de l'étrier.
Une platine bloquée ou une fosse ovale inaccessible réalise la limite
habituelle aux possibilités tympanoplastiques en dehors de la situation
exceptionnelle où deux prérequis sont réunis : l'acceptation d'une
ouverture vestibulaire (qu'elle soit platinaire ou ectopique) et la
présence d'un bloc incudomalléaire mobile permettant l'amarrage d'une
prothèse ossiculaire de type piston. En fait, cette situation
malformative explique la place de la fenestration du canal semi-
circulaire externe dans le cadre de la chirurgie fonctionnelle des
aplasies majeures.
Myringoplastie
Un néocadre est foré dans les parois du néoconduit, aussi grand que possible
mais sans ouvrir de nouvelles cavités aériennes. Pour prévenir sa
latéralisation, il doit être médial par rapport à l'élément le plus latéral du
montage ossiculaire qui viendra ainsi former une saillie au milieu de la
membrane. La myringoplastie est réalisée par une greffe de fascia limitée au
cadre pour ne pas gêner la prise de la greffe cutanée qui viendra recouvrir le
néo-conduit, ou bien elle est réalisée par un simple prolongement myringien
de ce recouvrement cutané.
Recouvrement du conduit
Il est effectué par une greffe cutanée semi-épaisse ou fine. Son application
rigoureuse est difficile : il peut s'agir d'une greffe cutanée préalablement
suturée en doigt de gant ou de lés de greffe cutanée déposés sur les parois du
conduit, ces lés pouvant être préalablement armés sur leur face superficielle
par un papier autocollant (Steri-Strip®...) ou collés (Biocolle®...) au fur et à
mesure de leur mise en place. L'utilisation de lambeaux cutanés voire
périostés offre une meilleure sécurité quant à la trophicité de ce recouvrement.
Ces prélèvements tissulaires locaux ne doivent cependant pas nuire à la prise
en charge plastique du pavillon qui peut être prévue par ailleurs. En fin
d'intervention le conduit est calibré par une matière expansive.
Méat
Son calibre est assuré par une résection cutanée économe, une résection des
tissus mous et cartilagineux sous-cutanés au contraire large, et par la
continuité épithéliale entre le recouvrement du conduit et les berges de
l'incision. Son calibre doit être spontanément satisfaisant à l'ablation de
l'écarteur.
Résultats
résiduelle supérieure ou égale à 30 décibels. Si la chirurgie fonctionnelle peut
offrir à certains patients une indépendance relative vis-à-vis de l'appareillage
dans certaines circonstances de leur activité, la majorité d'entre eux
conservent la nécessité d'un appareillage pour leur scolarité par exemple.
Echecs et complications
Labyrinthisation
Otorrhée
Elle correspond à un stade évolutif ultérieur des lésions otorrhéiques avec une
amputation fibreuse sur plusieurs millimètres d'épaisseur du conduit séparant
en dehors le reliquat de recouvrement épithélial kératinisé du néoconduit et en
dedans la muqueuse des cavités de l'oreille moyenne, habituellement sans
inclusion d'épithélium kératinisé. Le déficit transmissionnel est important. La
reprise chirurgicale est aléatoire mais le conduit est sec.
Conclusion
l'indication opératoire ne puisse être portée qu'après un bilan radiologique
préopératoire satisfaisant.
Références
Fig 1 :
Fig 1 :
Fig 2 :
Fig 2 :
Confection de la charpente.
A, A'. Le plateau :
5. Bord inférieur
6. Face latérale
6'. Périchondre
7. Extrémité postérieure
C, C'. Le montage :
9. Sutures
Fig 3 :
Fig 3 :
4. Désépithélialisation
Fig 4 :
Fig 4 :
3. Follicules pileux
Fig 5 :
Fig 5 :
Conque et tragus.
1. Incision en J
3. Peau excédentaire
Fig 6 :
Fig 6 :
Elévation du pavillon.
3. Exérèses cutanées
4. Greffe de peau
Fig 7 :
Fig 7 :
Fig 8 :
Fig 8 :
Fig 9 :
Fig 9 :
[3]
Fenestration du canal semi-circulaire externe (d'après Farrior ).
Résumé. – La chirurgie des cavités postérieures de l’oreille moyenne a deux objectifs principaux. Le premier
est d’aborder directement et de traiter des lésions pathologiques localisées au niveau de ces cavités. Le
deuxième est d’aborder d’autres régions de l’oreille comme l’attique, la caisse du tympan, ou même l’oreille
interne. Les indications de cette chirurgie sont représentées principalement par le traitement de l’otite
chronique le plus souvent cholestéatomateuse. Deux types principaux d’interventions peuvent être proposés
dans ce cas : antroatticotomie ou mastoatticotomie dans lesquelles le conduit auditif est préservé, et la cavité
d’évidement où une partie du conduit auditif externe osseux est sacrifiée. Sa réalisation correcte nécessite un
abord adapté des tissus mous, en particulier la maîtrise du conduit osseux, en insistant particulièrement sur
l’alésage souvent nécessaire de ce dernier. Une méatoplastie est nécessaire lors de la réalisation des cavités
d’évidement pour assurer une bonne cicatrisation et une surveillance postopératoire dans de bonnes
conditions.
La chirurgie des cavités postérieures présente actuellement un regain d’intérêt depuis le développement des
implants cochléaires et d’oreille moyenne. Cette chirurgie implantatoire requiert une très bonne maîtrise de la
chirurgie des cavités postérieures de l’oreille moyenne.
© 2002 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Bordure P et Malard O. Chirurgie des cavités postérieures de l’oreille moyenne et antroatticotomies. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous
droits réservés), Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-080, 2002, 12 p.
46-080 Chirurgie des cavités postérieures de l’oreille moyenne et antroatticotomies Techniques chirurgicales
par l’aditus ad antrum. L’antre est limité en haut par le tegmen antri, Évidement
en arrière par le sinus latéral et médialement par le labyrinthe
Le terme d’évidement pétromastoïdien, ou plus simplement
osseux. L’aire triangulaire qui se situe en arrière de l’antre entre le
évidement, est propre à la littérature médicale française. Sa
sinus latéral, le sinus pétreux supérieur et le labyrinthe osseux est
signification a été précisée depuis plus d’un siècle par Malherbe
appelé triangle de Trautmann. Latéralement, l’antre est limité par
dans sa thèse en 1895 : « une cavité d’évidement est définie par la
l’intermédiaire de la lame pétrosquameuse, par des cellules
création d’une cavité unique, plus ou moins vaste, réunissant
superficielles qu’il ne faut pas confondre avec les cellules antrales
l’ensemble des cavités atticales et mastoïdiennes avec le conduit
(cf fig 4D).
auditif externe, après suppression de la paroi postérieure et du mur
de la logette » [9]. L’évidement a été trop souvent assimilé à la radical
POINTE DE LA MASTOÏDE mastoidectomy décrite dans la littérature anglo-saxonne. Au contraire
de la radical mastoidectomy, la cavité d’évidement ne préjuge pas de
Elle est occupée par deux groupes cellulaires d’importance variable,
l’état du système tympano-ossiculaire qui peut être laissé en place,
séparés par la crête digastrique qui représente l’insertion
ou reconstruit. Il s’agit dans ce dernier cas d’un évidement avec
mastoïdienne du muscle digastrique. La crête digastrique marque
tympanoplastie. Lorsque tous les reliquats tympano-ossiculaires sont
plus ou moins profondément le relief de la pointe mastoïdienne.
réséqués, il s’agit alors d’un évidement total.
L’émergence du nerf facial au niveau du trou stylomastoïdien se
Le terme de tympanoplastie en technique ouverte est parfois utilisé
situe au niveau de l’extrémité antérieure de la crête digastrique. Le
pour désigner une cavité d’évidement avec tympanoplastie.
groupe cellulaire profond de la pointe est en relation directe avec le
groupe cellulaire sous-facial. Une autre source de confusion est le terme d’évidement partiel, jadis
utilisé, car on ne sait pas si le caractère partiel porte sur la cavité ou
bien sur le contenu tympano-ossiculaire.
TRAÎNÉE INTERSINUSOFACIALE
C’est le groupe cellulaire situé entre la troisième portion du nerf
facial et le sinus latéral. Principes généraux [7, 11, 12]
PRÉPARATION DU MALADE
Définitions [5, 7, 9, 15]
L’installation en salle d’opération a un intérêt majeur, car une
La chirurgie des cavités postérieures correspond à plusieurs mauvaise installation peut exposer à des gestes malencontreux du
interventions selon l’importance de l’ouverture. fait d’un mauvais repérage anatomique.
Le plan mastoïdien doit être horizontal lorsque la tête est tournée en
Antrotomie superficielle position extrême à l’opposé de l’opérateur. Cela implique souvent
de mettre en place un coussin sous la tête du patient si celui-ci est
C’est l’ouverture des cellules périantrales superficielles, sans ouvrir
obèse, ou sous les épaules d’un sujet maigre ou d’un enfant.
nécessairement l’antre.
Il vaut mieux ne pas attacher la tête, sauf en cas de difficultés de
Antrotomie (ou puit antral) rotation cervicale, afin de pouvoir tourner très facilement celle-ci et
obtenir un angle de vision adapté en fonction des besoins.
C’est l’ouverture mastoïdienne limitée à l’antre.
En cas de perforation tympanique, il faut veiller à ne pas mettre
directement de produits antiseptiques dans le conduit auditif, et
Mastoïdectomie
protéger la caisse par un fragment d’éponge avant de badigeonner
Elle consiste à mettre à plat toutes les cellules mastoïdiennes, y le champ opératoire. La plupart des antiseptiques utilisés en
compris l’antre, et la traînée intersinusofaciale, la pointe, les cellules chirurgie ont une ototoxicité potentielle (polyvidone, hexamidine).
sous-faciales. En fait, la mastoïdectomie simple est rarement La mise en place d’un système de monitorage du nerf facial est
indiquée. Il s’agit le plus souvent d’une mastoatticotomie car s’il recommandée, en particulier pour les opérateurs les moins
existe des lésions inflammatoires, l’attique doit souvent être exploré. expérimentés, car un des risques majeurs de la chirurgie des cavités
postérieures est la lésion du nerf facial [13]. Comme tout système de
Mastoatticotomie monitorage, son installation doit être particulièrement rigoureuse,
C’est la mise à plat des cellules mastoïdiennes complétée par garante de sa fiabilité, et l’opérateur doit s’assurer tout au long de
l’ouverture de l’attique. l’intervention de son bon fonctionnement. Il n’a pas pour but de
remplacer la vigilance et l’expérience de l’opérateur, mais il constitue
Antroatticotomie un système d’alerte supplémentaire.
C’est l’ouverture de l’attique par voie mastoïdienne. L’atticotomie
par voie mastoïdienne doit être distinguée de l’atticotomie PRÉCAUTIONS PEROPÉRATOIRES
transcanalaire qui comporte le sacrifice d’une partie ou de la totalité
du mur de la logette. L’atticotomie transcanalaire ne se conçoit que – L’opérateur doit veiller en permanence au respect des organes
pour traiter un cholestéatome attical antérieur ou externe dont les nobles de l’oreille, c’est-à-dire l’oreille interne, le nerf facial, les
limites ont été précisées par le scanner, ou bien encore pour aborder méninges et le sinus latéral.
une ankylose de la tête du marteau. Dans tous les cas, le mur de la – Pour parer le traumatisme cochléaire, il faut éviter tout contact
logette doit être reconstruit. entre la fraise et la chaîne ossiculaire, en particulier avec l’enclume
lors d’une antroatticotomie ou d’une mastoatticotomie. Les fraises
Tympanotomie postérieure coupantes sont plus nocives que les fraises diamantées.
C’est l’ouverture de la caisse par voie mastoïdienne aux dépens du – La durée du fraisage est aussi un élément important, et on a
récessus facial. intérêt à utiliser des fraises coupant très bien, avec un moteur
2
Techniques chirurgicales Chirurgie des cavités postérieures de l’oreille moyenne et antroatticotomies 46-080
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A
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B
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C
3
46-080 Chirurgie des cavités postérieures de l’oreille moyenne et antroatticotomies Techniques chirurgicales
PRINCIPE
Toutes les interventions chirurgicales sur les cavités postérieures ont
en commun la réalisation d’une antrotomie qui consiste à ouvrir la
principale cellule mastoïdienne. On peut distinguer l’antrotomie
superficielle où les cellules périantrales superficielles sont ouvertes
sans aller jusqu’à l’antre, de l’antrotomie complète.
*
B
RÉALISATION PRATIQUE
La zone d’attaque initiale de l’antrotomie est la région sus- et
neutralisant l’hyperpression induite par la diffusion du protoxyde
rétroméatique, située juste en arrière de l’épine de Henle (fig 3A).
d’azote dans l’oreille moyenne au cours de l’anesthésie générale.
L’antrotomie ne doit être réalisée qu’après avoir alésé la paroi
Cette hyperpression est parfois très gênante lors de la réalisation
postérosupérieure du conduit (fig 3B). Cette notion est fondamentale
d’une myringoplastie, car elle provoque souvent un bombement
car si l’alésage est entrepris après l’antrotomie, sa réalisation peut
majeur de la greffe.
nécessiter d’entamer la partie latérale du conduit osseux. Il vaut
donc mieux réaliser l’alésage postérosupérieur en premier, pour ¶ Antrotomie ou puits antral
pouvoir amincir et rendre parfaitement rectiligne le conduit osseux.
Ceci facilitera le repérage du nerf facial et de l’enclume, ainsi que la Elle permet de vérifier la perméabilité antroatriale lorsque
réalisation d’une éventuelle tympanotomie postérieure. l’ouverture des cellules superficielles est insuffisante. C’est un temps
Lors de la réalisation d’une antrotomie, il faut penser à : préalable à l’exploration des cavités postérieures à la recherche
d’éventuelles lésions inflammatoires mastoïdiennes, et en précisant
– respecter le sinus sigmoïde qui est parfois très procident et très l’état de la muqueuse de la région antrale.
superficiel, et qui peut être lésé dès les premiers tours de fraise ;
– éviter de léser la dure-mère temporale, en la squelettisant avec
une fraise non agressive, et des mouvements parallèles au tegmen ; Mastoïdectomie
– respecter le coude du nerf facial et le labyrinthe postérieur. Pour
cela, il faut au moindre doute se repérer en profondeur par rapport PRINCIPE
au sillon tympanique. Ce plan du sillon tympanique ne doit jamais
être dépassé sans prendre d’autres repères tels que la courte C’est la mise à plat de toutes les cellules mastoïdiennes. Le plus
apophyse de l’enclume. Le fraisage doit être réalisé avec des fraises souvent, le chirurgien est amené à réaliser une mastoatticotomie car
mordantes mais non agressives vis-à-vis de la dure-mère ou du sinus les lésions inflammatoires n’épargnent que rarement l’attique. Le
latéral. Pour cela, l’utilisation de fraise conique paraît parfaitement temps initial de la mastoïdectomie est l’antrotomie.
adaptée. Il faut éviter de réaliser un forage à l’aveugle par un orifice La mastoïdectomie impose la squelettisation du tegmen et du sinus
étroit, mais au contraire élargir d’emblée les cavités, en dessinant un latéral situés respectivement en haut et en arrière ; puis en avant,
triangle dont les côtés sont représentés par : l’amincissement du conduit osseux aux dépens de sa paroi
postérieure. Il est important de rester toujours latéral par rapport à
– la paroi antérieure parallèle au conduit osseux ;
la courte apophyse de l’enclume et au relief du canal semi-circulaire
– la paroi postérieure parallèle au trajet du sinus latéral ; latéral.
– la paroi supérieure parallèle au tegmen.
RÉALISATION PRATIQUE
INDICATIONS
– L’incision doit être prudente en cas d’abcès sous-périosté pour
¶ Antrotomie superficielle éviter de léser la méninge ou le sinus sigmoïde qui pourraient être
Elle permet de vérifier la perméabilité antroatriale lorsque la dénudés. La même prudence est de mise lors d’une reprise
mastoïde est très pneumatisée. De plus, elle constitue une prise d’air chirurgicale.
4
Techniques chirurgicales Chirurgie des cavités postérieures de l’oreille moyenne et antroatticotomies 46-080
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A
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B
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D
4 Mastoïdectomie. CL : canal semi-circulaire latéral ; CP : canal semi-circulaire pos- évidement de la pointe de la mastoïde ; repérage de la troisième portion du nerf fa-
térieur ; SL : sinus latéral ; VII : canal facial. cial.
A. Antrotomie et mise à plat des cellules superficielles : le tegmen antri est sque- C. Ouverture de la traînée cellulaire sous-faciale en maîtrisant le danger du canal
lettisé dans sa partie latérale. semi-circulaire postérieur et après avoir repéré impérativement la troisième por-
B. L’antre a été largement ouvert et la squelettisation a été menée au niveau du teg- tion du nerf facial dans la partie inférieure.
men, du sinus latéral, de l’angle sinusodural postérieur ainsi qu’au niveau de la D. Coupe axiale du rocher droit montrant la lame pétrosquameuse (flèche) sépa-
paroi postérosupérieure du conduit osseux : les traînées intersinusofaciales et ré- rant médialement l’antre des cellules superficielles latérales.
trosinusiennes ont été mises à plat, et le sinus latéral a été squelettisé ;
– Une antrotomie est réalisée (fig 4A). fausse crête digastrique. Pour éviter cela, on a intérêt à dénuder le
muscle digastrique dans sa partie postérieure, et à poursuivre la
– L’intervention se poursuit par la mise à plat des cellules
squelettisation vers l’avant.
intersinusofaciales (fig 4B).
– Évidement de la région de la pointe : l’évidement complet de la – Évidement de la région sous-faciale (fig 4C) : cette région apparaît
pointe nécessite d’effondrer entièrement la corticale externe. La crête comme le prolongement de la traînée intersinusofaciale. Elle est
digastrique doit être rapidement repérée pour contrôler le danger située médialement par rapport à la troisième portion du nerf facial,
principal représenté par le nerf facial qui émerge de la mastoïde au et sous le canal semi-circulaire postérieur. La mise à plat de cette
trou stylomastoïdien. Pour maîtriser ce danger, il faut d’abord région nécessite d’avoir squelettisé parfaitement le sinus latéral, et
parachever la squelettisation du sinus latéral dans sa partie surtout d’avoir identifié la moitié inférieure de la troisième portion
inférieure, en sachant que le point le plus déclive du bord antérieur du canal facial.
du sinus se trouve à une distance de 4 à 9 mm en arrière du nerf Le canal semi-circulaire postérieur doit être respecté en évitant de
facial. La crête digastrique est ensuite squelettisée d’arrière en avant. dépasser vers le haut une ligne passant par l’axe de la courte
Son identification est parfois difficile, et on peut créer facilement une apophyse de l’enclume. D’autre part, le golfe de la jugulaire peut
5
46-080 Chirurgie des cavités postérieures de l’oreille moyenne et antroatticotomies Techniques chirurgicales
être lésé accidentellement dans la partie profonde de la région sous- Le risque cochléaire est pratiquement nul en cas d’interruption de la
faciale, et il convient donc d’être prudent à ce niveau. chaîne ossiculaire. Mais en cas de chaîne continue, le moindre
La mastoïdectomie est complétée par la mise à plat des cellules contact ossiculaire avec une fraise doit être évité en permanence.
rétrosinusales, du récessus zygomatique, et des cellules temporales Les différents temps de l’intervention sont les suivants.
superficielles qui sont souvent siège d’ostéite chez l’enfant qui
présente une mastoïdite. – Premier temps : mastoïdectomie ou antrotomie.
– Deuxième temps : repérage de la région de la fossa incudis qui est
proche de la partie postérieure du relief du canal semi-circulaire
INDICATIONS
latéral et de la partie la plus postérieure du conduit osseux (fig 5A).
– Mastoïdite est ostéite mastoïdienne. Parfois, le repérage de cette zone est difficile car le relief du canal
latéral est peu visible.
– Abord de la troisième portion du nerf facial.
– Abord du sac endolymphatique. – Troisième temps : réalisation d’une tranchée osseuse dans le
massif attical en squelettisant le tegmen qui est un repère
– Abord translabyrinthique. fondamental. En effet, on diminue nettement le risque de fraisage
– Préalable à la mise en place d’un implant cochléaire ou de accidentel de l’enclume ou du canal facial en restant au ras du
certaines prothèses implantables d’oreille moyenne. tegmen temporal. Lors de la réalisation de cette tranchée atticale, il
faut conserver une lamelle osseuse de protection ossiculaire (fig 5A).
– Quatrième temps : découverte de la courte apophyse de
Antroatticotomie l’enclume, et abord de la logette des osselets. La découverte de la
et mastoatticotomie [3, 5, 7, 12] courte apophyse de l’enclume s’effectue à la curette, en exerçant des
mouvements de bas en haut, et en tournant la tête de l’opéré en
position opposée à celle de l’opérateur. Une fois l’enclume repérée,
PRINCIPE l’atticotomie peut être poursuivie à la fraise diamantée. Lorsque le
contact ossiculaire est proche, mieux vaut utiliser une curette.
Le but de ces interventions est d’accéder à l’attique par voie
mastoïdienne. La principale difficulté tient au risque cochléaire lors
du fraisage accidentel des osselets dès lors que la chaîne ossiculaire INDICATIONS
est continue. Une deuxième difficulté est la conservation du conduit
auditif, et en particulier du mur de la logette en cas de procidence Ces interventions sont principalement indiquées pour le traitement
du tegmen. des lésions inflammatoires de l’otite chronique cholestéatomateuse
ou non cholestéatomateuse. Elles sont aussi indiquées pour le
traitement des séquelles de l’otite chronique, et en particulier pour
RÉALISATION PRATIQUE (fig 5) la cure d’ankylose de la tête du marteau.
Il est indispensable de vérifier préalablement la continuité de la Elle représente aussi le premier temps chirurgical pour aborder les
chaîne ossiculaire en explorant la région incudostapédienne. trois portions du nerf facial.
*
B
*
A
5 Mastoatticotomie. CL : canal semi-circulaire latéral ; CP : canal semi-circulaire laire (1) ; la tête de l’opéré est tournée vers le côté opposé à celui de l’opérateur pour
postérieur ; SL : sinus latéral ; VII : nerf facial ; E : enclume. mieux voir la courte apophyse de l’enclume.
A. Repérage de la zone des osselets au niveau de la verticale passant par la paroi B. Ouverture de l’attique d’arrière en avant ; la curette doit être utilisée dès qu’on
postérieure du conduit osseux et lorsque apparaît la partie postérieure du canal se trouve près de l’enclume.
semi-circulaire latéral : encoche atticale en laissant un mur de protection ossicu-
6
Techniques chirurgicales Chirurgie des cavités postérieures de l’oreille moyenne et antroatticotomies 46-080
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*
A *
B
7 Tympanotomie postérieure.
A. Implant cochléaire. Tympanotomie postérieure et inférieure pour la mise en B. Prothèse implantable d’oreille moyenne. Tympanotomie postérieure très large,
place d’un implant cochléaire. La région de la fenêtre ronde doit être bien dégagée. qui doit laisser passer la masse flottante de la prothèse Vibrant Soundbridget. 1.
La cochléostomie a été réalisée. Tendon du muscle de l’étrier ; 2. masse flottante ; 3. clip sur la branche descen-
dante de l’enclume.
prolongée vers le bas. Le fraisage doit être beaucoup plus prudent récessus pouvant entretenir un foyer d’infection : fossette sus-
vers le bas, du fait de la latéralisation progressive du nerf facial qui tubaire, saillie du bec du nerf facial, mur du nerf facial et pointe
rejoint la corde du tympan à la partie inférieure de la tympanotomie. mastoïdienne.
Ainsi, les qualités fondamentales d’une cavité d’évidement sont le
CAS PARTICULIERS caractère régulier et harmonieux ainsi qu’une taille de méat adaptée
au volume de la cavité.
¶ Implant cochléaire [6]
Une tympanotomie postérieure et inférieure est réalisée afin de RÉALISATION PRATIQUE (fig 8A)
visualiser la région de la fenêtre ronde (fig 7A). C’est par cette L’intervention peut être décomposée en huit temps opératoires.
tympanotomie postérieure qu’est glissé le porte-électrodes jusque
dans la rampe tympanique de la cochlée. Il est important de ne pas – Premier temps : exploration de la caisse et mastoatticotomie.
dénuder le nerf facial afin d’éviter des stimulations faciales – Deuxième temps : suppression du mur de la logette et de la paroi
indésirables lors du fonctionnement de l’implant. postérieure du conduit osseux. La région du bec du facial est
régularisée à la fraise diamantée afin de mettre à plat complètement
¶ Prothèse implantable d’oreille moyenne du type le récessus facial (fig 8B).
Vibrant Soundbridget [14]
– Troisième temps : abaissement de la berge mastoïdienne
La mise en place de ce type de prothèse impose la réalisation d’une postérieure, parfois aux dépens des cellules rétrosinusiennes.
tympanotomie postérieure très large, d’une hauteur de 3 mm, pour L’abaissement de la hauteur des berges de la cavité est un élément
laisser passer la masse flottante qui sera amarrée à l’enclume (fig 7B). essentiel pour réduire son volume final, par diminution de sa
Pour cela, il est souvent nécessaire de parfaitement visualiser la hauteur.
corde du tympan et le canal facial au niveau de son coude. Il est
– Quatrième temps : régularisation de la pointe. Dans le cas où la
important de laisser un auvent osseux de protection en regard de la
mastoïde est très éburnée, une simple régularisation de la région de
courte apophyse de l’enclume, mais celui-ci ne doit pas être trop
la pointe suffit. Dans les autres cas, lorsque la mastoïde est très
marqué pour ne pas gêner la visualisation de la branche
pneumatisée, la corticale mastoïdienne de la pointe est
descendante de l’enclume sur laquelle sera amarrée la masse
complètement effondrée jusqu’au niveau de la crête digastrique,
flottante.
c’est-à-dire l’insertion du ventre postérieur du muscle digastrique.
La pointe est alors complètement mise à plat.
INDICATIONS
– Cinquième temps : abaissement du mur du nerf facial. Ce temps
– Otites chroniques : la tympanotomie postérieure peut avoir deux ne doit être amorcé que si tous les autres temps précédents ont été
intérêts dans l’otite chronique. La tympanotomie postérieure a pour correctement réalisés, en particulier la régularisation de la région du
objectif principal de réséquer des lésions inflammatoires ou bec du nerf facial. En effet, si le nerf facial est bien repéré au niveau
épidermiques au niveau du récessus facial. Il s’agit dans ces cas du coude d’une part, d’autre part en bas au niveau de l’extrémité
d’une tympanotomie postérieure complète. Elle peut avoir aussi un antérieure de la crête digastrique, le mur du facial peut être abaissé
rôle d’aération, en assurant une communication large entre la caisse sans risque. Une grosse fraise diamantée doit être utilisée dès qu’on
du tympan et les cavités postérieures. Dans ce cas, une se trouve à proximité du nerf, et sous bonne irrigation.
tympanotomie postérieure et supérieure suffit.
– Sixième temps : régularisation de l’attique. La fossette sus-tubaire
– Chirurgie du nerf facial : l’exposition du coude du nerf facial qui correspond au récessus épitympanique antérieur, située en avant
nécessite la réalisation d’une tympanotomie postérieure complète. du tendon du muscle tenseur du marteau, doit être généralement
– Implant cochléaire. largement ouverte pour être explorée. Son ouverture nécessite
d’effondrer une cloison osseuse dont l’insertion médiale est en
– Prothèse implantable d’oreille moyenne.
rapport très intime avec la première portion du nerf facial et le
ganglion géniculé.
Cavité d’évidement [3, 5, 7, 12]
– Septième temps : régularisation de la berge supérieure et de
l’angle intersinusodural.
PRINCIPE – Huitième temps : régularisation des parois antérieures et
La mise à plat de l’ensemble des cavités mastoatticales doit inférieures du conduit osseux.
permettre un accès à toutes les zones de l’oreille moyenne, d’une En fin d’intervention, la cavité ne doit présenter aucun relief aigu,
part pour la surveillance otoscopique, d’autre part pour éviter tout aucun récessus. L’impression est, en fait, autant tactile que visuelle.
8
Techniques chirurgicales Chirurgie des cavités postérieures de l’oreille moyenne et antroatticotomies 46-080
2 5
4 VII
1
3
*
A
CSCL
"
B1 "
B2
8 Évidement pétromastoïdien.
A. Les huit temps opératoires de l’évidement.
1. Mastoatticotomie. 2. Suppression du mur de la logette et de la paroi postérieure du
conduit osseux, et régularisation de la région du bec du facial. 3. Abaissement de la
berge mastoïdienne postérieure. 4. Régularisation de la pointe. 5. Abaissement du mur
du facial. 6. Régularisation de l’attique. 7. Régularisation de la berge supérieure de la
cavité. 8. Mise à plat et régularisation des parois inférieures et antérieures.
B. Abaissement du mur du facial. CSCL : canal semi-circulaire latéral ; VII : nerf fa-
cial.
C. Aspect terminal d’une cavité d’évidement. 1. Processus cochléariforme ; 2. étrier ; 3.
protympanum ; 4. pyramide ; 5. fenêtre ronde ; 6. canal facial ; 7. tegmen ; 8. canal
semi-circulaire postérieur ; 9. canal latéral ; 10. sinus latéral ; 11. crête digastrique.
*
C
INDICATIONS l’extrême où les repères classiques sont pris dans un bloc osseux.
Elles sont dominées par la chirurgie de l’otite chronique Dans ce cas, la cavité d’évidement est l’option la moins périlleuse.
cholestéatomateuse. On peut être aussi amené à réaliser une cavité En pratique, la solution qui s’impose souvent est de commencer par
d’évidement pour réséquer des tumeurs primitives de l’oreille une antroatticotomie ou une mastoatticotomie, et de ne faire un
moyenne ou étendues à l’oreille moyenne : c’est le cas par exemple évidement qu’après avoir rassemblé toutes les données de
des paragangliomes tympaniques. La décision d’évidement dans le l’exploration chirurgicale.
cas des otites cholestéatomateuses peut être prise avant
l’intervention en fonction de l’étendue des lésions à l’examen CAVITÉ INCOMPLÈTE
tomodensitométrique, des possibilités de surveillance du patient, du Aucun compromis ne doit être fait sur l’ouverture de la paroi
nombre d’interventions déjà effectuées, mais aussi pendant le temps postérieure du conduit, car les abaissements incomplets du massif
d’exploration chirurgicale, en fonction des données anatomiques. du nerf facial et les antrotomies transcanalaires sans reconstruction
Une importante pneumatisation oblige à abaisser au maximum les du mur de la logette sont source de rétention, de surinfection et de
berges d’une cavité, et fait discuter un comblement pour diminuer récidive de cholestéatome. En revanche, la conservation du mur de
le volume de la cavité. Mieux vaut dans ces cas tenter de conserver la logette peut parfois se justifier lorsque les lésions respectent
le conduit osseux et réaliser une technique fermée. Une procidence l’attique antérieur. Il est alors possible de conserver le mur de la
importante des méninges et du sinus latéral peut gêner la réalisation logette et de fermer l’attique en arrière par un fragment de cartilage,
d’une atticotomie antérieure ou d’une tympanotomie postérieure, et évitant ainsi les rétractions atticales et sus-tubaires, parfois source
fera discuter un évidement. L’otite ostéomateuse représente de rétention.
9
46-080 Chirurgie des cavités postérieures de l’oreille moyenne et antroatticotomies Techniques chirurgicales
1 2 3 *
A
*
B
9 Tympanoplastie et évidement.
A. Myringostapédopexie. 1. Fenêtre ronde ; 2. étrier ; 3. nerf facial.
B. Prothèse partielle en titane avec conservation de la superstructure de l’étrier.
C. Schéma d’une tympanoplastie type 4 de Wullstein lorsque la superstructure de l’étrier est détruite, avec
création d’une petite caisse. 1. Fenêtre ronde ; 2. étrier ; 3. nerf facial.
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A
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C
extracartilagineuse, respectant le cartilage conchal, ou bien une chondrite. Le déméchage est effectué entre le cinquième et le
méatoplastie transcartilagineuse emportant un fragment de cartilage huitième jour. Une intervention sur oreille infectée incite à démécher
conchal et donnant un méat beaucoup plus large. plus précocement vers le cinquième jour.
La rigueur des soins opératoires est indispensable pour obtenir une
FERMETURE bonne cicatrisation. Les tissus bourgeonnants sont réséqués à la
pince ou cautérisés avec un Coton-Tiget imbibé d’acide
La cavité est couverte de fragments d’éponges résorbables, et une
trichloracétique dilué au tiers. Un traitement par gouttes
mèche iodoformée est insérée dans la cavité.
antibiocorticoïdes limite le bourgeonnement et favorise la
cicatrisation. Il faut toutefois être sûr que la caisse du tympan est
étanche pour utiliser ce type de goutte. En l’absence de membrane
Soins postopératoires et surveillance tympanique étanche, il est impératif d’utiliser des gouttes non
ototoxiques (fluoroquinolone, rifamycine). Le patient est revu
15 jours après, puis toutes les 3 ou 4 semaines jusqu’à cicatrisation
ANTIBIOTHÉRAPIE
complète. Cette cicatrisation s’effectue en moyenne en 2 mois pour
L’attitude adoptée est différente selon que l’oreille opérée est sèche les cavités d’évidement et 3 semaines pour les techniques fermées.
ou qu’elle est infectée au moment de l’intervention.
Pendant la période de cicatrisation, les bains sont à proscrire. En
Si l’oreille est sèche, une antibiothérapie prophylactique peut être revanche, une cavité d’évidement bien cicatrisée ne contre-indique
proposée. C’est une antibiothérapie peropératoire et éventuellement pas systématiquement les activités nautiques, excepté la plongée
postopératoire de courte durée, inférieure à 48 heures. Si l’oreille est sous-marine.
infectée, une antibiothérapie s’impose jusqu’au déméchage. Elle doit
être ciblée, en particulier vis-à-vis de Pseudomonas aeruginosa et du
staphylocoque doré, et au mieux être adaptée aux données d’un COMPLICATIONS
examen bactériologique préopératoire.
¶ Complications peropératoires
SOINS LOCAUX ET SURVEILLANCE
Blessure du sinus latéral
Après toute chirurgie des cavités postérieures, en particulier après
un évidement, il est indispensable de surveiller l’état du pavillon Elle est contrôlée le plus souvent par un tamponnement de
pendant les jours qui suivent l’opération afin de dépister une Surgicelt.
11
46-080 Chirurgie des cavités postérieures de l’oreille moyenne et antroatticotomies Techniques chirurgicales
Blessure de la dure-mère nerf facial avec interposition d’un greffon aux dépens du plexus
cervical superficiel.
Elle peut survenir très précocement dès le début de l’antrotomie si
la dure-mère est très procidente, ou si l’antrotomie est amorcée trop
haut par rapport aux repères habituels. La dénudation de la dure- ¶ Complications postopératoires
mère est un incident mineur si sa surface est réduite. Au-delà de
1 cm, le defect doit être comblé par du cartilage ou un fragment Paralysie faciale
d’os, car il peut être source d’une hernie méningée ou En cas de paralysie faciale postopératoire, il est important de savoir
méningoencéphalique. si celle-ci est survenue dès le réveil ou si elle est apparue après un
Une hémorragie d’un vaisseau dure-mérien est stoppée par un temps de latence le lendemain ou le surlendemain. En cas de
tamponnement de Surgicelt ou une coagulation bipolaire. En cas de paralysie faciale secondaire, le traitement consiste en un déméchage
fuite de liquide céphalorachidien, on peut agrandir légèrement le et une corticothérapie générale. Si la paralysie faciale est survenue a
defect osseux avec une fraise diamantée et glisser un fragment priori d’emblée, et si l’opérateur est sûr de ne pas avoir lésé le nerf
d’aponévrose temporale entre l’endocrâne et la dure-mère. facial, on réalise le même traitement. Si l’opérateur a des doutes, il
faut alors proposer une intervention exploratrice le plus rapidement
Fistule du canal semi-circulaire latéral possible.
Lorsqu’on suspecte une fistule du canal semi-circulaire latéral, soit L’apparition d’une paralysie faciale postopératoire secondaire et
devant l’imagerie tomodensitométrique, soit par l’importance de tardive à partir de la troisième semaine doit faire évoquer en priorité
l’étendue du cholestéatome lors de l’intervention, il convient de le diagnostic de tuberculose de l’oreille moyenne.
terminer la dissection par la région du canal latéral. Deux options
doivent être discutées : soit laisser en place la matrice de Chondrite
cholestéatome sur la fistule bouchée, soit tenter une dissection
C’est une complication redoutée, en particulier dès qu’il y a mise à
minutieuse de la matrice épidermique qui peut adhérer au
nu de cartilage. Elle survient le plus souvent après un évidement
labyrinthe membraneux. Dans ce cas, la fistule doit être recouverte
associé à une méatoplastie transcartilagineuse. Les premiers signes
rapidement d’un greffon d’aponévrose temporale.
apparaissent souvent précocement dès la 48e heure, avec douleurs,
inflammation et rougeur des téguments du pavillon de l’oreille. La
Lésion du nerf facial
constatation d’une chondrite débutante nécessite une antibiothérapie
Une lésion peropératoire du nerf facial implique sa réparation par voie générale orientée contre Pseudomonas aeruginosa et le
immédiate qui est le plus souvent une résection de la partie lésée du staphylocoque doré.
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12
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 45-527-46-100
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46-100
Toute référence à cet article doit porter la mention : Thomassin JM, Magalon G, Bardot J et Braccini F. Chirurgie des oreilles décollées. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Techniques chirurgicales – Chirurgie plastique reconstructrice et esthétique, 45-527, Techniques chirurgicales – Tête et cou, 46-100, 2000, 16 p.
– le scapha entourant la précédente sur les deux tiers helicis) oblique en haut et en avant séparée par une large incisure
postérosupérieurs, la zone de plicature se faisant au niveau de du tragus, il se termine par une extrémité effilée ou « queue » (cauda
l’anthélix ; helicis). Il joue un rôle important dans le soutien et l’aspect du tiers
– le lobule, qui constitue le tiers inférieur du pavillon appendu à inférieur du pavillon. Au cours de son trajet, il présente en avant à
la conque ; hauteur du tragus une saillie, l’épine de l’hélix (spina helicis), et très
souvent, au niveau de la partie postérosupérieure, une éminence
– une face médiale orientée en dedans et en arrière vers la paroi
arrondie ou triangulaire plus ou moins accentuée, le tubercule de
crânienne, qui constitue la voie d’abord chirurgicale la plus
Darwin.
employée ; elle adhère à la paroi crânienne par son tiers antérieur
sur une zone de 4 cm de haut et sur 2 cm de large, répondant en ¶ Gouttière de l’hélix
avant à l’orifice du conduit. On y retrouve les trois portions
Celle-ci sépare la crête précédente de la suivante, dessinant ainsi à
précédentes avec des reliefs inversés et atténués. Le plus visible est
la coupe un demi-anneau. Elle apparaît comme un léger renflement
la convexité de la conque entourée d’une dépression correspondant
sur la face médiale.
à l’anthélix ;
– un bord périphérique formé en dehors du lobule par l’hélix dont la ¶ Anthélix
racine étroite naît au-dessus du conduit et reste séparée par une Surplombant la conque, il joue un rôle particulièrement important
incisure ; dans la morphologie du pavillon par la complexité de son dessin, et
– la peau qui recouvre la face antérieure est très mince. Elle adhère parce qu’il constitue la zone de plicature à partir de laquelle le
intimement au périchondre épousant les moindres reliefs, excepté pavillon se dispose dans un plan parasagittal. Il naît en bas et en
sur le tragus et la partie antérieure de la racine de l’hélix. En arrière, arrière de la conque au niveau de la queue de l’hélix dont il reste
la peau est au contraire plus épaisse, immobile, glissant sur le séparé par une échancrure (fissura antitrago-helicina). Le corps de
cartilage par l’intermédiaire d’une couche de tissu cellulaire l’anthélix, d’abord étroit et saillant dans une courte portion verticale
relativement lâche. ou légèrement orientée en arrière, s’élargit et devient mou en se
En bas, le lobule dont l’extrémité inférieure se termine par un bord dirigeant en haut et en avant. Le bord antérieur se divise en deux
libre semi-circulaire est formé de deux lames cutanées épaisses branches (crura anthelicis) limitant entre elles la fossette naviculaire
séparées par un matelas celluloadipeux abondant. (fossa triangularis).
Son absence d’armature cartilagineuse explique que ces La branche inférieure horizontale se termine au niveau de l’hélix.
déformations sont surtout la conséquence d’anomalie Elle fait saillie au niveau de la conque qui semble creusée en un
morphologique du tragus et plus encore de l’antitragus. sillon étroit et profond. La branche supérieure, oblique en haut et en
avant, se perd dans la gouttière de l’hélix.
STRUCTURE INTERNE DU PAVILLON Sur la face médiale, l’anthélix dessine une dépression, la fossa
Le pavillon est composé d’une armature fibrocartilagineuse, de anthelicis. Les deux branches apparaissent en creux isolant une
ligaments et de muscles. saillie, l’eminentia triangularis, image inversée de la fossette
naviculaire. La gouttière correspond à la branche inférieure de
¶ Armature fibrocartilagineuse (fig 2) l’anthélix qui se présente sous la forme d’un sillon étroit et marqué
Elle est d’une importance capitale car c’est elle qui constitue la décrit sous le nom de sillon transverse (sulcus anthelicis transversis).
plupart des reliefs anatomiques précédemment évoqués, mais aussi
parce qu’elle présente des propriétés élastiques particulières dont la ¶ Conque
maîtrise est à la base de la chirurgie otoplastique. Elle forme une dépression en « entonnoir » de 20 à 25 mm de haut
Ce fibrocartilage, hétérogène dans son épaisseur (0,5 à 1,5 mm) sur 15 à 18 mm de large. Elle est divisée en deux portions inégales
autant que dans ses propriétés mécaniques, forme la quasi-totalité par la racine de l’hélix : une supérieure étroite (cymba), et l’autre
du pavillon, à l’exception du lobule. Il est fait de nombreuses fibres inférieure (cavum) large qui continue directement avec la paroi
élastiques et recouvert de périchondre sur toutes ses faces. Il est inférieure du méat auditif externe.
particulièrement épais et résistant sur la face postérieure du Sur la vue médiale, la conque apparaît en relief (eminentia conchae)
pavillon, ce qui autorise une bonne traction chirurgicale par des circonscrite par la fossa anthelicis.
ligatures.
¶ Antitragus
¶ Hélix Il prolonge l’anthélix en bas et en avant. De forme ovoïde, situé en
Il dessine un bourrelet excentrique à concavité antérieure. Né au arrière du tragus, il se continue par l’anthélix dont il est séparé par
niveau de la partie postérieure de la conque par une racine (crus une dépression plus ou moins profonde.
2
Techniques chirurgicales Chirurgie des oreilles décollées 45-527
46-100
¶ Tragus – une branche antéromoyenne pour la conque et la racine de
l’hélix ;
Il s’avance au-devant du méat auditif externe séparé en haut de
l’hélix par le large sillon antérieur de l’oreille (incisura anterior – une branche antéro-inférieure pour le tragus et le lobule ;
auris), et en bas de la saillie suivante par une dépression arrondie : – un pédicule postérieur provenant de l’artère auriculaire postérieure
l’échancrure de la conque (incisura intertragica). Le tragus a la forme et qui vaut en importance sur le système précédent. Il se distribue
d’un triangle à la base antérieure dont le sommet libre regardant en en plusieurs rameaux. Il irrigue la totalité de la face postérieure du
arrière et en dehors présente deux saillies dont la supérieure est le pavillon et une partie de sa face antérieure par le truchement de
tubercule de His. rameaux perforants contournant l’hélix.
L’abondance de la vascularisation explique le caractère relativement
APPAREIL LIGAMENTOMUSCULAIRE hémorragique des interventions, mais la richesse des anastomoses
autorise tous les types d’incisions.
¶ Ligaments
¶ Système veineux
Ligaments extrinsèques Les veines se répartissent aussi en deux territoires :
Ils unissent le pavillon à l’os temporal. On distingue : – le territoire antérieur : les superficielles se jettent dans le plexus
– un ligament antérieur allant de l’épine de l’hélix et du tragus à sous-cutané de la joue, les profondes dans la veine temporale en
l’apophyse zygomatique. Certains auteurs le considèrent comme un haut, les veines profondes de la parotide postérieure en bas ;
simple épaississement de la galea, mais son rôle d’amarrage est – le territoire postérieur : les superficielles communiquent avec les
indiscutable et sa section lors d’une incision intertragohélicéenne, veines occipitales superficielles, les postérosupérieures qui se jettent
pour un abord endaural élargi par exemple, impose sa réparation dans la veine temporale profonde, les moyennes et inférieures se
sous peine de voir le pavillon déjeté en arrière et en dehors ; collectent dans un arc postérieur constant qui se termine dans les
– un ligament postérieur, d’importance fonctionnelle probablement veines profondes de la glande parotide. Quelques branches
moindre, relie la face interne de la conque à la mastoïde. communiquent avec les veines de la région mastoïdienne.
Parfois décrits avec minutie dans certains traités anatomiques, ils ne Cette innervation sensitive du pavillon est assurée par trois branches
nous paraissent pas présenter de réalité individualisable. Ce sont en nerveuses :
fait des expansions conjonctives émanant plus ou moins du – le nerf auriculotemporal, branche du trijumeau innervant la
périchondre et tantôt comblant des incisions cartilagineuses ou bien portion ascendante de l’hélix et le tragus ;
exerçant une traction sur certaines parties du cartilage pour lui
donner sa forme. – le rameau postérieur de la branche auriculaire du plexus cervical
superficiel qui innerve la face interne du pavillon, la totalité du
lobule, l’antitragus, la partie postérosupérieure de l’hélix et la région
¶ Muscles
préhélicéenne ;
Ils se superposent presque aux ligaments. – le rameau sensitif du nerf facial innerve cette zone de Ramsay-
– Ce sont essentiellement les muscles extrinsèques. Ils sont destinés à Hunt formée de la conque et du méat acoustique externe.
orienter le pavillon, mais sont très minces et sans action chez la L’existence de différents pédicules nerveux sensitifs doit être prise
plupart des individus. On distingue : en compte, notamment lors de l’anesthésie locale. Ce type
d’anesthésie utilisant un mélange adrénaliné ne doit jamais
– le muscle auriculaire supérieur qui est tendu de l’aponévrose
comporter d’injection sur la face antérieure du pavillon, sa
temporale en haut à la face interne du pavillon où il s’insère dans
vascularisation s’exposant à un risque majeur de nécrose.
la fossette de l’anthélix ;
– le muscle auriculaire antérieur qui va de l’aponévrose
épicrânienne à l’épine de l’hélix et au bord antérieur de la Angulométrie normale et déformation
conque ;
inesthétique
– le muscle auriculaire postérieur, formé de deux à trois faisceaux,
qui unit la base de l’apophyse mastoïde à la partie moyenne de la
convexité de la conque. C’est ce dernier qui est retiré afin de CRITÈRES ANTHROPOMÉTRIQUES DU PAVILLON
creuser le lit conchal dans les techniques de reposition de l’angle DE L’OREILLE (fig 3)
céphaloconchal [18]. Le pavillon normal dans un plan frontal est compris entre deux
– Quant aux muscles intrinsèques, ils ne présentent pas d’intérêt lignes sensiblement horizontales : la supérieure passe par le sourcil
chirurgical, ils sont tout à fait virtuels sur le vivant. Ce sont le grand et l’inférieure par le bord libre de l’aile du nez. Son grand axe est
et le petit muscle de l’hélix, les muscles du tragus et de l’antitragus, parallèle à la ligne de profil du nez. Le plan du pavillon forme un
les muscles transverse et oblique sur la face interne. angle d’environ 10° ouvert vers le haut avec le plan temporal. Le
lobule est situé dans un plan voisin de celui formé par le contour de
l’hélix.
VASCULARISATION ET INNERVATION Dans un plan sagittal, la ligne joignant le point culminant du contour
de l’oreille au bord antérieur du lobule est normalement parallèle à
¶ Système artériel l’arête dorsale de la pyramide nasale.
La vascularisation artérielle provient de la carotide externe à partir La ligne presque verticale, joignant la racine de l’hélix et la zone de
de deux systèmes : jonction entre lobule et face, prolonge normalement le rebord
postérieur de la branche montante mandibulaire [30, 39].
– un pédicule antérieur provenant de branches de l’artère temporale Dans un plan horizontal, l’angle de la modification est à l’origine de
superficielle (artères auriculaires antérieures) au nombre de trois : la plupart des disgrâces esthétiques du pavillon.
– une branche antérosupérieure pour le quadrant antérosupérieur L’anthropométrie est une discipline quasiment sans limite, mais
du pavillon ; nous retenons en pratique quatre angles importants (fig 4A) :
3
45-527 Chirurgie des oreilles décollées Techniques chirurgicales
46-100
Certains auteurs comme Krappen [23] complètent ces données
angulaires par des mensurations de distance entre les différents
points du pavillon et le plan crânien. L’intérêt de ces méthodes est
1
une évaluation postopératoire concernant les résultats de la chirurgie
des oreilles décollées ou dans la chirurgie de reconstruction du
2 pavillon de l’oreille.
¶ Hypertrophie conchale
Cette anomalie est surtout évidente en vue postérieure. Elle se
vérifie par un développement excessif de la conque qui accroît la
distance entre le rebord hélicéen et le plan crânien.
On la met en évidence par l’examen de la face postérieure du
pavillon. La pression du doigt est incapable de corriger la
déformation.
4
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"
B1 "
B2
"
B3 "
B4
c
90°
V
"
B5 "
B6 "
B7
d’ensemble notable. C’est pourquoi, généralement, l’otoplastie les grands courants d’idées qui ont marqué l’évolution de cette
esthétique doit combiner différentes techniques correctrices entre plastie correctrice en limitant le nombre des techniques décrites à
elles pour aboutir à un résultat d’ensemble harmonieux, élégant, et celles qui en sont la meilleure illustration.
durable. Nous sommes donc forcément et volontairement incomplets.
Si on accepte les précurseurs que furent au Xe siècle l’Hindou
Surusta, et au XVI e siècle le Bolognais Tagliacozzi, on peut
Technique opératoire reconnaître différentes périodes dans la technique des otoplasties.
Dans la première, on se contente d’enlever un croissant de peau
rétroauriculaire (Dieffenbach, 1845 ; Ely, 1881). L’élasticité du ressort
ÉVOLUTION DES IDÉES
cartilagineux entraînait, dans la majorité des cas, la distension des
On ne peut qu’être étonné par le contraste frappant entre une amarres cutanées ainsi créées avec reproduction secondaire de la
déformation à première vue assez banale et le déferlement des déformation. Cette idée, dès la fin du XIXe siècle, faisait condamner
techniques qui en proposent la correction. ce type de procédé.
Trouver un fil d’Ariane dans un tel dédale n’est pas une chose aisée Au cours de la deuxième période, on a adjoint à l’exérèse cutanée la
et, voulant rester simple et pratique, nous nous bornerons à indiquer résection d’une portion de la conque inaugurée par King et
5
45-527 Chirurgie des oreilles décollées Techniques chirurgicales
46-100
Monks [25]. En fait, un nom domine toute cette période, celui de auriculaire en bonne place. Robin a ainsi préconisé une
Morestin [26] qui, en 1903, décrivait un procédé qui eut un grand et chondrotomie antérieure à l’union de la conque du conduit auditif
durable succès, en France notamment, et qui fut repris dans de externe qui va permettre la bascule du pavillon vers l’arrière. Auric
nombreux traités de technique opératoire. On reprochait à ce a perfectionné ce point de technique en suturant le bord antérieur
procédé remarquable par sa simplicité, de supprimer le sillon de la conque au périoste mastoïdien, évitant ainsi toute déformation
rétroauriculaire, donnant un pavillon aplati sans relief et trop collé. du méat. Pollet de son côté a proposé une technique très séduisante
La troisième période voit naître les techniques de plicature simple dont l’intérêt est de rompre l’effet de ressort constitué par la fusion
de l’anthélix déjà entrevues par Morestin. C’est à Luckett [22], en 1910, de la racine de l’hélix et de la branche inférieure de l’anthélix, il y
que nous devons les techniques qui se proposent de reconstruire la parvient par une section cartilagineuse dissimulée permettant de
plicature normale de l’anthélix. Il y parvient en associant une séparer la partie antérosupérieure de l’anthélix et la racine de l’hélix.
excision en « croissant » de la peau postérieure opposée au futur – Senechal [30] s’est attaché à la question des protrusions du lobule
anthélix et une résection d’une bande allongée de cartilage tout que l’on observe fréquemment. Leur traitement préventif comporte
autour de l’anthélix et de sa branche postérosupérieure, et en tantôt des résections de la queue de l’hélix, tantôt et surtout une
suturant enfin, par des points éversants, les berges cartilagineuses action au-dessous de l’antitragus sur le bas-fond conchal.
restantes.
– Récemment, Graham [16] a proposé une technique d’affaiblissement
Ces procédés se perfectionnèrent par la suite et il nous faut citer les
du cartilage sous endoscope.
travaux de Young [41] qui se proposait de reposer le scapha en bonne
position par rapport à la conque sans suture de soutien.
Sans vouloir garder l’ordre chronologique, deux procédés ont été OTOPLASTIES CORRECTRICES : TECHNIQUES
développés. Le choix d’une technique de réduction des oreilles décollées est
– Les procédés visant à émousser la plicature de l’anthélix. souvent propre à chaque chirurgien. Pour notre part, nous avons
À la chondrotomie unique type Luckett se sont succédé les choisi des techniques rapides et simples qui ont fait leurs preuves.
chondrotomies parallèles de part et d’autre de l’anthélix à créer. On
décomposait ainsi cet angle normalement aigu en plusieurs angles ¶ Information préopératoire
obtus. Ces incisions peuvent être transfixiantes. La technique de
Barsky en est l’illustration. – Elle implique :
Plus récemment, ont été proposées des incisions non transfixiantes – l’obtention du consentement éclairé par les parents ou par le
dont le propos est d’éviter les saillies disgracieuses des tranches patient lorsqu’il est adulte. Cela passe obligatoirement par la remise
cartilagineuses visibles sous la peau. Certaines pourront être faites d’une fiche qui concerne les informations médicales en rapport avec
par voie postérieure comme dans la technique de Robin [32] ou encore cette intervention où tous les risques, même les plus exceptionnels,
celles de Morel-Fatio. sont expliqués (hématome, infection, périchondrite, cicatrice
D’autres se proposent d’aborder le cartilage par voie antérieure pour chéloïde) pour n’en citer que quelques-uns. Personnellement, nous
rompre les lignes de force du cartilage au niveau où elles ont le plus exigeons que cette fiche remise au patient ou aux parents de l’enfant
tendance à reproduire la déformation, c’est-à-dire en avant. soit signée avant de pratiquer l’acte chirurgical ;
Marino, en 1964, propose un procédé intéressant par sa simplicité et
– la nécessité d’avoir des photographies de face et de chaque profil
sa rapidité qui a été diffusé en France par Aubry et son école [2, 3].
auxquelles s’ajoute une vue arrière, preuve médicolégale de la
Après avoir fait une chondrotomie immédiatement en avant et au-
malformation ;
dessous de l’anthélix et de sa branche inférieure, il décolle sur 1 cm
environ la peau externe de la conque. La suture, du fait du sacrifice – que la demande quant au degré de correction soit clairement
cutané, va tirer la conque en arrière et en dedans, l’anthélix se exprimée : il faut se méfier des adultes qui demandent une
plaçant automatiquement en dehors et en avant. La plicature hypercorrection définitive des deux oreilles. En effet, si l’on peut
masquée dans le sillon entre anthélix et conque n’est pas visible. toujours recoller davantage des oreilles, il est beaucoup plus difficile
Plus complexes sont les procédés qui projettent en avant une bande de décoller des oreilles trop collées.
de cartilage découpée sur le tracé du futur anthélix. C’est le principe
de l’opération de Becker [4] qui, après avoir isolé par une incision en ¶ Anesthésie
« raquette » la zone de l’anthélix et sa branche supérieure, refoule
Deux procédés sont employés.
cette branche cartilagineuse en forme de « corne d’abondance » vers
l’avant par des points rapprochant les berges cartilagineuses Anesthésie locale simple avec prémédication
restantes. Dufourmentel [11] propose une technique similaire sans
point de contention. Elle peut être utilisée seule chez l’adulte et même chez le grand
– Des techniques plus élaborées enfin ont pour objet de reformer enfant autorisant une chirurgie ambulatoire. Elle fait appel à une
l’anthélix par une véritable tubulisation. Converse [8] est le solution de lidocaïne à 1 % faiblement adrénalinée. Les points
promoteur de cette méthode. Des chondrotomies placées en arrière d’injection bloquent surtout le nerf auriculotemporal en avant du
et en avant de l’anthélix et de sa branche supérieure sont un peu tragus. Elle ne doit jamais comporter d’injection sur la face
plus distantes que dans l’intervention de Becker. Le reproche qui antérieure du pavillon. L’infiltration des plans sous-cutanés sur la
peut être fait à cette technique séduisante est d’obtenir un bourrelet face médiale du pavillon déborde dans le sillon rétroauriculaire en
antihélicéen trop important avec réduction du scapha. profondeur jusqu’au contact osseux (fig 5).
– Certains ont proposé de tubuliser l’anthélix par simple Anesthésie générale
amincissement du cartilage à la râpe [35], à l’aide de striations [7], voire
même sans amincissement [27] et ceci à l’aide de points de matelassier C’est pour beaucoup la méthode choisie chez l’enfant de moins de
placés sur le cartilage de part et d’autre du néoanthélix sans toucher 10 ans ou en cas de sujet pusillanime. Elle est toujours complétée
à la peau antérieure. D’autres techniques pour compléter la plicature par une anesthésie locale.
harmonieuse de l’anthélix ont été décrites. C’est ainsi que les tissus
rétroauriculaires ont été réséqués. C’est à Robin [32] et à Pollet [28] que ¶ Voie d’abord
revient le mérite d’avoir mis en exergue l’intérêt de cette technique,
créant une logette pour la conque afin d’en permettre une reposition Préparation du champ opératoire
plus facile. Avant l’intervention, on recommande un shampooing avec une
– De nombreux auteurs également se sont attachés à la correction solution antiseptique la veille ou le jour de l’intervention, avec un
des ressorts antérieurs qui s’opposent à une reposition du pavillon nettoyage soigneux du pavillon de l’oreille.
6
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A
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B
5 Méthodes pour l’anesthésie locale.
*
A *
B *
C
6 Tracés et excision cutanée.
7
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*
A
9 Technique de Stenström : principe d’affaiblissement à la râpe du cintre antérieur.
11 Incision-excision cutanée.
8
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A *
B
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A
*
B
– D’autres réalisent un enfouissement de la conque et une fixation – Le serrage des points sera progressif jusqu’à obtention du relief
de celle-ci au plan prémastoïdien [6]. voulu, en commençant par la suture moyenne, puis la supérieure, et
enfin l’inférieure. Cette dernière, effectuée en « paletot » de part et
Procédé de Mustardé (tubulisation sans incision cartilagineuse) [27] d’autre de l’incisure antitragohélicéenne, prévient la protrusion du
• Principe lobule.
Le relief du néoanthélix est obtenu par des points de matelassier, au • Échecs. Inconvénients
fil fin non résorbable, laissés à demeure, chargeant cartilage et Plusieurs causes sont à leur origine :
périchondre. La tension des fils règle le plissement de l’anthélix.
Avec le temps, un tissu fibreux se crée dans la gouttière de l’anthélix – le fronçage de l’anthélix est lié au trop grand intervalle entre les
et maintient le résultat. points, ou à des sutures trop larges ;
– la section du cartilage par le fil de suture se voit lorsque le fil est
• Technique trop serré, lorsque la suture ne prend pas le périchondre, ou
– Résection cutanée et exposition de la face médiale du cartilage. lorsqu’elle est trop proche du sommet de l’anthélix ;
– Après repérage du néoanthélix (fig 17), on place trois ou quatre – la création d’un anthélix trop vertical et la persistance d’un
points en cadre, au fil incolore non résorbable disposés décollement supérieur du pavillon sont évitées en faisant converger
symétriquement à 1 cm environ de part et d’autre du sommet de l’axe des points en cadre vers le centre de la conque, et en faisant
l’anthélix, espacés entre eux de 4 mm, englobant le périchondre remonter la ligne de ces points assez haut vers la branche supérieure
externe strictement sous-cutané [9, 20] (fig 18). de l’anthélix ;
9
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20 Tubulisation au moyen
de fil à résorption lente en
« U ».
*
A
*
B
*
C
• But
Son but est de reposer le pavillon en maintenant une plicature
naturelle de l’anthélix, tout en évitant la protrusion du lobule.
10
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Sutures cutanées
31 Amincissement du
cartilage à la brosse. Elles peuvent être faites par des points séparés ou de matelassier,
voire par un surjet, cela dépend des habitudes de chacun.
L’affrontement des berges cutanées doit être soigné. On procède à
l’ajustement cutané par exérèse d’une bandelette en cas de lambeau
mastoïdien. Les fils non résorbables sont laissés en place en
moyenne de 15 à 21 jours.
Pansement conformateur
Il doit comporter un moulage des reliefs du pavillon au moyen d’un
pansement gras (Biogaze t, Antibiotullet) recouvert d’un pansement
hermétique et maintenu par une bande. Il est impérativement vérifié
24 heures après, à la recherche d’un hématome.
Un pansement est laissé en place durant 8 jours. Par la suite, on
prescrit le port nocturne d’un bandeau pendant 3 semaines.
La piscine et la plongée sont interdites pendant 1 à 2 mois (risque
d’irritation de la cicatrice qui, derrière les oreilles est
particulièrement sensible et fragile).
¶ Sutures et pansement Attention au port de lunettes dont les branches peuvent traumatiser
la cicatrice.
Fermeture de l’angle céphaloconchal après aménagement du lit
conchal par exérèse des tissus mous prémastoïdiens La pratique des sports violents (arts martiaux, sport d’équipe) ne se
fera pas avant 2 mois.
La conque est fixée au périoste mastoïdien au moyen d’un point en
« U » à l’aide d’un fil à résorption lente [15, 28, 32].
Il faut veiller à le placer correctement en respectant l’axe et la
position du pavillon.
Complications. Résultats
Queue de l’hélix
COMPLICATIONS PRÉCOCES
Elle détermine la position de la partie postérieure du lobule. Sa
suture à la conque rabat en arrière le bord postérieur de ce dernier – Douleurs : elles sont rares, surviennent parfois lors des
(fig 36). 24-48 premières heures. Souvent, elles sont consécutives à un
*
A *
B
*
B
*
A
12
Techniques chirurgicales Chirurgie des oreilles décollées 45-527
46-100
*
B
*
A
34 Procédé de Marino.
*
C
*
A
35 A. Résection d’un croissant de conque par voie médiale (Jost, Pitanguy). *
B
B. Par voie antérieure (Waltter).
13
45-527 Chirurgie des oreilles décollées Techniques chirurgicales
46-100
en cause est le Pseudomonas aeruginosa isolé ou associé à d’autres
germes comme le staphylocoque doré. 37 Critères de norma-
lité : dimensions stan-
Son traitement impose la mise en route d’une antibiothérapie par dards et angulométrie
voie intraveineuse à forte dose si l’on veut éviter les séquelles à long normale.
terme exposant à une fonte pavillonnaire plus ou moins étendue.
– Troubles trophiques : ils sont le résultat d’un pansement trop serré.
On peut observer certaines souffrances cutanées en regard de
l’anthélix après la technique de Stenström. Ces états nécessitent la
mise en place d’un pansement gras Antibiotullet et une surveillance.
Ils n’ont aucune conséquence grave.
– Paresthésies et douleur au froid : elles sont rares et généralement
disparaissent au bout de 1 année.
COMPLICATIONS TARDIVES
Au plan esthétique
Chaque technique engendre son lot de complications et de mauvais
résultats. Il faut distinguer différentes complications : *
A
l’aide d’un Dermoject [37] 1 mois après. Elles sont suivies d’une ou
deux séances espacées de 1 mois si nécessaire. Chaque procédé chirurgical peut être à l’origine d’insatisfaction ou
Certains [15, 17] utilisent la radiothérapie externe en complément de la d’aspect inesthétique tel que cassure en regard de l’anthélix, des
chirurgie, ils délivrent 6 Gy le jour de l’intervention chirurgicale irrégularités, une protrusion du lobule, etc, qui posent le problème
suivis de 6 Gy, 1 semaine après. d’une révision chirurgicale.
On peut prescrire également à visée générale de la vitamine E Cet aspect d’oreille « balafrée » est un motif de revendication des
(tocophérol) à la dose journalière de 100 à 200 mg. patients insatisfaits.
14
Techniques chirurgicales Chirurgie des oreilles décollées 45-527
46-100
39 Technique de l’inci-
sion en « zig-zag » avec
greffe de peau.
*
A
Références ➤
15
45-527 Chirurgie des oreilles décollées Techniques chirurgicales
46-100
Références
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16
Chirurgie des vertiges
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INTRODUCTION
La chirurgie des vertiges est une chirurgie fonctionnelle. Par principe, elle ne doit
pas entraîner de séquelles supplémentaires notamment sur la fonction auditive et
le nerf facial. Les techniques actuelles satisfont cette exigence.
La chirurgie des vertiges n'a pas fondamentalement changé dans ses techniques au
cours des deux dernières décennies, en revanche les indications opératoires se sont
modifiées et affinées. Les classiques interventions « mineures » de décompression
ont diminué en fréquence au profit des interventions « majeures »
otoneurologiques de neurotomie vestibulaire. Le critère de morbidité a été
remplacé par le critère d'efficacité. En effet, les interventions otoneurochirurgicales
en réduisant leur risque à la plus simple expression ont fait depuis la preuve de
leur efficacité quasi constante, si l'indication est bien posée. Ainsi, l'ancienne voie
postérieure, considérée depuis Cushing comme dangereuse, est devenue, grâce au
progrès de la microchirurgie et de l'anesthésiologie, la voie d'abord « a minima »
rétrosigmoïde dont le caractère atraumatique représente une amélioration
chirurgicale de la voie sus-pétreuse puis de la voie rétrolabyrinthique.
Supprimer la cause
En supprimant l'épine irritative responsable, on guérit le vertige symptôme
de l'affection organique : c'est le cas de l'otite chronique compliquée, du
neurinome de l'acoustique... Cette chirurgie est bien spécifique et il est
d'usage qu'elle ne soit pas envisagée dans le cadre de la chirurgie des
vertiges. Nous renvoyons donc le lecteur aux chapitres relatifs à ces
affections.
Créer une situation périphérique stable pour permettre une compensation
neurologique dite vestibulaire :
o soit par des interventions conservatrices à visée étiopathogénique :
chirurgie de l'hydrops labyrinthique ;
chirurgie du vertige paroxystique bénin ;
o soit par des interventions destructrices :
neurotomie ;
labyrinthectomie.
La chirurgie des vertiges repose sur deux notions cliniques : le vertige doit être
périphérique, le vertige doit être invalidant.
Vertige périphérique
L'ORL doit non seulement éliminer les vertiges centraux, mais aussi et surtout faire
la preuve de l'atteinte périphérique. D'où l'importance pour cela, d'une part, de
l'interrogatoire qui reste le temps essentiel de l'examen ; et d'autre part, des
examens vestibulaires dans la mesure où ceux-ci sont réalisés le plus rapidement
possible après la crise de vertige, par un médecin spécialisé, avec une technique
irréprochable et un matériel performant.
Vertige invalidant
Le vertige est invalidant par lui-même, par son retentissement auditif et par son
retentissement socioprofessionnel (tableau I).
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CHIRURGIE DE DÉ COMPRESSION DE L'HYDROPS
(FIG. 1)
Cette intervention jouit d'un prestige indiscutable lié à son caractère historique et à
ses fondements physiopathologiques [106].
Historique
Physiopathologie
Indications
Les tests osmotiques positifs sont des éléments décisionnels importants pour
certains auteurs, notamment l'épreuve au glycérol avec contrôle
électrocochléographique suivant la technique d'Aran [86].
Technique
Complications
Résultats
Il est fort difficile de comparer sur le plan statistique des séries issues d'équipes
différentes, composées de malades pour lesquels les critères de choix n'ont pas été
les mêmes [83].
Les résultats sur l'audition sont eux aussi diversement appréciés avec des
améliorations auditives variant entre 6 % et 44 %.
Remarques
La chirurgie du sac endolymphatique, malgré son ancienneté, fait toujours l'objet
de nombreuses controverses. En effet, pour séduisantes qu'elles soient, les bases
physiopathologiques demeurent très largement hypothétiques. Il n'est nullement
prouvé qu'un drainage du sac puisse se répercuter d'une quelconque manière sur le
système endolymphatique et agir sur l'hydrops. De plus, comme pour toute
incision, la brèche chirurgicale est responsable de sa propre fibrose. Celle-ci tend à
obturer soit le sac, soit le shunt, rendant par là même aléatoire l'existence ou la
permanence d'une quelconque décompression.
Par voie endaurale, la région de la fosse ovale est exposée. A l'aide d'une fine
aiguille la platine de l'étrier est perforée. L'aiguille est alors enfoncée sur 2 mm à
l'intérieur du vestibule afin de décomprimer le saccule dilaté, puis retirée. La
puncture platinaire est recouverte par de la muqueuse.
Les vertiges sont guéris dans 60 % des cas et l'audition est perdue ou diminuée
dans 54 % des cas [110].
Par voie transméatale de Rosen, une platinotomie calibrée de 0,8 à 0,9 mm est
pratiquée. L'ouverture platinaire est seulement recouverte d'un fragment de
Gelfoam®. La dimension de la platinotomie est une donnée importante de
l'efficacité de la décompression.
Cochléosacculotomie de Schuknecht
Après avoir observé que la fracture de la lame spirale conduisait à une fistulisation
permanente entre la rampe tympanique et la rampe vestibulaire, Schuknecht [92]
décrivit cette intervention.
La caisse du tympan est exposée par voie endaurale. A l'aide d'un crochet d'angle
droit de 3 mm introduit au travers de la fenêtre ronde, celui-ci est dirigé vers la
fenêtre ovale et enfoncé sur toute sa longueur afin de provoquer une rupture de la
lame spirale et une ouverture du canal cochléaire. La fenêtre ronde est refermée
par du tissu conjonctif.
Haut de page
NEUROTOMIE VESTIBULAIRE
Historique
En 1874, Charcot écrivit que la section de la huitième paire crânienne pourrait
apporter une solution chez les patients souffrant de vertiges. Les pionniers de cette
chirurgie, réalisée par voie sous-occipitale et sous anesthésie locale, furent Frazier
(1912), Dandy (1928), Cairns et Brain (1933), Aubry et Ombredanne (1935),
MacKensie (1936).
Physiopathologie
Les récents travaux scientifiques [in 57] (Berthoz, Clément, Lacour, Xerri, Freyss) à
propos de cette restauration des fonctions nerveuses après labyrinthectomie ou
neurotomie vestibulaire unilatérale constituent une étape décisive pour justifier la
chirurgie des vertiges périphériques grâce aux phénomènes de compensation
vestibulaire.
Indications
Maintenant que nous savons que la compensation centrale dite vestibulaire s'exerce
mieux chez un monolabyrinthique que chez un sujet présentant des troubles
labyrinthiques répétés, la neurotomie vestibulaire est unanimement reconnue
comme une intervention apte à guérir de façon définitive les vertiges périphériques
et les troubles neurovégétatifs d'accompagnement .
Choix de la maladie
Choix du malade
La limite d'âge fixée à 60 ans a été depuis largement dépassée et ne constitue plus
une contre-indication. Le risque théorique d'hémiparésie et d'aphasie par
soulèvement du lobe temporal lors de la voie sus-pétreuse n'a pas été démontré
par les faits.
Choix du côté
Une enquête effectuée en 1992 par Silverstein [100] auprès de 350 membres des
sociétés américaines d'otologie et de neurotologie, a permis de regrouper 2 820 cas
de neurotomies vestibulaires dont 92 % (2 590 cas) effectués par la voie de la
fosse postérieure et 8 % (230 cas) effectués par la voie de la fosse moyenne. La
maladie de Ménière est l'indication opératoire citée dans 91 % des cas (tableau
III).
Techniques
Quoi qu'il en soit une instrumentation de base est commune à toute chirurgie :
Toutes les voies d'abord nécessitent une préparation locale. Le rasage du champ
opératoire est controversé du point de vue de son efficacité aseptique, et suivant
les équipes il est remplacé par des shampooings antiseptiques la veille de
l'opération et un pansement préopératoire occlusif. Ce dernier est essentiel et doit
être fait sur un patient qui confirme le côté à opérer.
Voie sus-pétreuse
Décrite en 1961 par House [51], bien codifiée par Fisch , Garcia-Ibanez , Gavilan
[47]
, Portmann [87], Charachon [20], Sterkers [103], Wigand [111], Cannoni [18],
Vaneecloo [107], elle a représenté dans les années 1970 un risque presque
négligeable comparé à celui de la classique voie sous-occipitale, mais elle reste une
technique complexe [112] et chirurgicalement ardue [10].
Décrite en 1972 par Hitselberger et Pulec [50], cet abord devint plus tard très
attractif, pour des chirurgiens qui auparavant pratiquaient la neurotomie
vestibulaire par voie sus-pétreuse . L'avantage de cette voie est d'être
transmastoïdienne, permettant une ouverture de la dure-mère de la fosse
postérieure au voisinage des citernes arachnoïdiennes de l'angle pontocérébelleux.
Le désavantage est la vision limitée, en avant par le carter labyrinthique, en arrière
par le sinus sigmoïde, ne donnant un champ d'accès chirurgical que sur la partie
interne du pédicule acousticofacial à son émergence du sillon bulboprotubérantiel
[54]
. A ce niveau, l'identification et la séparation contingent vestibulaire-contingent
cochléaire du nerf acoustique sont les moins aisées.
Dernière née dans l'ordre chronologique , elle emprunte pourtant les traces des
pionniers de cette chirurgie et les transforme en un abord « a minima », signifiant
à la fois craniotomie limitée mais aussi abord atraumatique.
Son désavantage était la légendaire gravité d'une voie d'abord non transpétreuse
et intradurale. Mais en même temps que la technologie opératoire évolue, les
progrès de l'anesthésiologie permettent d'emprunter cet abord postérieur en toute
sécurité :
La voie d'abord est rétromastoïdienne. Les repères osseux sont, le bord postérieur
de la mastoïde, que suit à 1 cm en arrière l'incision cutanée, et la ligne courbe
occipitale supérieure (prolongement postérieur du plan de Francfort) qui est la
limite supérieure du champ opératoire.
Variantes techniques
Remarques
Les complications vitales sont de nos jours exceptionnelles. Silverstein [100] n'a pas
noté de décès sur 2 820 cas répertoriés. Méningite et fuite de liquide
céphalorachidien sont signalées dans un pourcentage inférieur à 1, sauf pour la
voie rétrolabyrinthique (5 % de liquorrhée).
La paralysie faciale est un risque évalué à 7 % pour la voie sus-pétreuse ; elle est
en général transitoire.
Résultats
Vertiges
En 1975, Appaix [4], sur une étude de 1 385 cas, enregistrait 93 % de malades
guéris de leur symptomatologie vertigineuse.
Les résultats sont meilleurs concernant la maladie de Ménière que dans les autres
indications où le taux de bons résultats n'est que de 76 %.
Les échecs (environ 5 %) proviennent soit d'une mauvaise indication, soit d'une
section nerveuse incomplète.
Le groupe visuel prédominant récupère plus vite, mais la stabilité des sujets peut
être mise en défaut dans l'obscurité, dans les endroits animés ou les « grandes
surfaces ». En pratique, les patients ont appris à éviter ces situations et
considèrent mener une vie normale.
Audition
Son étude comparative ne peut se faire qu'en fonction de la même voie d'abord.
Mais les statistiques manquent d'homogénéité, comme nous l'avons précédemment
souligné dans l'évaluation des niveaux auditifs pré- et postopératoires, et le recul
du temps.
De plus, la voie rétrosigmoïde n'expose pas le patient aux risques de perte auditive
immédiate ou secondaire liés à l'acte chirurgical et offre donc les résultats auditifs
statistiquement les plus favorables.
Le maintien des seuils auditifs à long terme, alors que la neurotomie vestibulaire a
pour but de couper les afférences nociceptives du labyrinthe postérieur afin d'isoler
celui-ci, tout en laissant évoluer l'hydrops labyrinthique en vase clos, a de quoi
surprendre.
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LABYRINTHECTOMIE
Labyrinthectomie transmastoïdienne
Labyrinthectomie transcanalaire
Elle doit être menée sous anesthésie générale, car sinon les gestes opératoires
déclencheraient des vertiges très difficilement supportables :
Labyrinthectomie chimique
Technique de Shea
Cette fenestration doit être faite le plus près possible de l'extrémité ampullaire, en
évitant soigneusement de traumatiser les éléments ossiculaires.
Une très fine aiguille est insérée dans le canal membraneux (cette puncture
pourrait avoir un rôle de décompression). Puis la solution de streptomycine est
lentement injectée. Le produit se déverse en dehors du labyrinthe, ce qui rend la
quantité de drogue intralabyrinthique très variable.
Résultats
Les séries sont limitées ainsi que le suivi.
Soixante-cinq pour cent des patients ainsi traités n'ont plus de vertige à 6 mois, les
35 % restants n'auraient qu'un simple déséquilibre résiduel.
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Technique
Gacek [34] réalise cette intervention sous anesthésie locale et par voie du conduit.
Meyerhoff [70] et Silverstein [101] proposent une voie rétro-auriculaire combinée,
Epley [26] une voie endaurale élargie mais impliquant une anesthésie générale.
La fenêtre ronde doit être bien exposée. Pour cela, un fraisage de sa berge
antérieure et du subiculum est souvent nécessaire afin de bien voir les limites
inférieures et postérieures de la fosse ronde. Le tympan secondaire est bien
identifié en recherchant par mobilisation ossiculaire « le reflet à la ronde ».
L'emplacement du singulare peut être très légèrement variable sur un axe vertical.
Toutefois, son repérage exact n'est fait que dans 80 % des cas. L'identification du
nerf ampullaire postérieur est précisée par le patient qui ressent soit un vertige,
soit une douleur. La section est alors réalisée à l'aide d'un micro-crochet.
Indications
Elles sont rares du fait du pourcentage très élevé de guérison des vertiges
positionnels paroxystiques bénins (90 % pour Semon, 1989 ; 100 % pour Epley,
1992). De plus, le patient doit être suffisamment gêné par ses vertiges positionnels
pour accepter la possibilité d'une perte de l'audition.
Résultats
Cette dernière assertion n'est pourtant pas corroborée par les expériences
malheureuses de la chirurgie du sac endolymphatique ou de l'abord
rétrolabyrinthique.
Technique
Résultats
Les séries et le recul du temps sont encore limités. En postopératoire, des crises
vertigineuses sont décrites pendant 2 à 3 semaines. Après ce délai, l'efficacité sur
le vertige positionnel récidivant semble se confirmer. Le retentissement auditif
reste diversement évalué pouvant atteindre 50 % des cas de perte auditive.
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FISTULE PÉ RILYMPHATIQUE
Historique
Décrite pour la première fois par Escat (1987), la notion de fistule périlymphatique
est en fait récente. Elle a été, tout d'abord, signalée après chirurgie platinaire
(Steffen, 1963), après traumatisme (Fee 1968, Goodhill 1971) et barotraumatisme
Pullen (1979). Des formes spontanées ont également été décrites depuis la
première publication de Stroud et Calcaterra (1970) .
Indications
Dans ce contexte clinique l'exploration chirurgicale s'impose, c'est même une semi-
urgence pour prévenir l'aggravation de l'hypoacousie et espérer une amélioration
auditive dans 25 à 34 % des cas.
Technique
Il s'agit d'une exploration de l'oreille moyenne menée par la voie endaurale sous
anesthésie générale ou locale.
Résultats
En revanche, dans les formes dites spontanées, Weider [109] fait état de 38 % des
cas nécessitant un autre procédé chirurgical pour contrôler la symptomatologie
vertigineuse.
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CONFLITS VASCULONERVEUX
Historique
La compression des racines des paires crâniennes par une boucle vasculaire au
niveau de l'angle pontocérébelleux a été démontrée comme étant une cause de
névralgie faciale ou de spasme de l'hémiface .
Physiopathologie
Schwaber [94] décrit des lésions de fibrose et de neuronite qui seraient des
éléments pouvant induire, par fragilisation du tractus nerveux, l'apparition d'un
conflit par contact vasculaire.
Mais la fréquence de boucles artérielles observées par les anatomistes et par les
chirurgiens au contact du paquet acousticofacial fait que cette hypothèse reste très
controversée. De plus, les examens audiovestibulaires préopératoires ne sont pas
spécifiques. Toutefois, l'existence d'une surdité de type rétrocochléaire est un bon
signe d'orientation. L'imagerie médicale, IRM en séquence ciss, si elle met en
évidence une boucle artérielle au contact du paquet acousticofacial ne peut en
déduire son caractère pathologique. Seule l'exploration chirurgicale pourra affirmer
le diagnostic.
Technique
Résultats
Seuls Jannetta et Moller [76] ont une expérience de cette chirurgie de
décompression dans le traitement des vertiges.
La résolution des symptômes peut être tardive (18 mois) et alors 75 % des
patients considèrent l'intervention comme un succès. Puisque l'approche
chirurgicale est la même, cela plaide en faveur d'une neurotomie vestibulaire à la
fois plus simple et plus efficace.
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CONCLUSION
La chirurgie dans le traitement des vertiges est peu fréquente car elle s'adresse
essentiellement à la maladie de Ménière, elle-même peu fréquente sur l'ensemble
des vertiges.
Les autres affections à traiter chirurgicalement sont encore plus rares : 1 % des
vertiges positionnels paroxystiques, les fistules périlymphatiques, les conflits
artère-nerf.
La chirurgie des vertiges s'oriente de plus en plus vers une action sur les efférences
nerveuses (neurotomie vestibulaire, section du singulare) pour préserver le
labyrinthe et sa fonction auditive.
Cette chirurgie suppose, comme préalable, un diagnostic précis qui repose sur un
bilan audiovestibulaire performant et une imagerie otoneurologique de qualité. Les
nouvelles explorations : vidéonystagmoscopie et -graphie, posturographie,
devraient largement contribuer à améliorer la précision du diagnostic et, par voie
de conséquence, les indications thérapeutiques.
Références
Fig 1 :
Fig 1 :
A. Platinotomie décompressive.
B. Sacculotomie.
C. Cochléosacculotomie.
D. Décompression du sac endolymphatique.
Fig 2 :
Fig 2 :
Fig 3 :
Fig 3 :
A. Sacculotomie de Fick.
C. Tack-operation de Cody.
D. Cochléosacculotomie de Schuknecht.
Fig 4 :
Fig 4 :
Fig 5 :
Fig 5 :
A. Voie sus-pétreuse.
B. Voie rétrolabyrinthique.
C. Voie rétrosigmoïde.
V. Nerf trijumeau ; VII. Nerf facial ; VIII. Nerf auditif ; IX. Nerf glossopharyngien ; X.
Nerf pneumogastrique.
Fig 6 :
Fig 6 :
Voie sus-pétreuse.
Fig 7 :
Fig 7 :
Fig 8 :
Fig 8 :
Fig 9 :
Fig 9 :
Fig 10 :
Fig 10 :
Fig 11 :
Fig 11 :
Fig 12 :
Fig 12 :
B. Clivage intercochléovestibulaire.
Fig 13 :
Fig 13 :
Labyrinthectomie transmastoïdienne droite.
Fig 14 :
Fig 14 :
A. Fraisage du canal semi-circulaire externe (1) selon deux lignes parallèles à l'axe de la
saillie du canal.
Fig 15 :
Fig 15 :
A. Plan de coupe.
Fig 16 :
Fig 16 :
Conflit artère-nerf.
1. Nerf facial ; 2. Nerf vestibulaire ; 3. Nerf cochléaire VII et VIII, paquet acousticofacial
; 4. Conduit auditif interne ; 5. Trou déchiré postérieur.
Tableaux
Tableau I.
Tableau I. - Caract�res invalidants chez 135 malades atteints
de maladie de M�ni�re, op�r�s par neurotomie vestibulaire.
Licenciement 18 %
Diminution de l'activit� 24 %
Pas de r�percussion
Fosse moyenne
RL : r�trolabyrinthique ; RS : r�trosigmo�de.
¶ 46-101
Le pavillon de l’oreille est une structure chondrocutanée, aux reliefs complexes. Sa projection en dehors du
crâne le rend vulnérable aux traumatismes et aux rayons ultraviolets et donc aux carcinomes cutanés. La
reconstruction du pavillon, en cas de perte de substance, partielle ou totale, post-traumatique ou
postchirurgicale, pose un délicat problème au chirurgien, qui doit s’attacher à restituer au mieux les
caractéristiques de cette structure (finesse des reliefs, projection, taille, symétrie), de manière à obtenir
une oreille d’aspect naturel. La stratégie chirurgicale est fonction de la taille et de la localisation de la
perte de substance. C’est pourquoi nous décrivons, après un rappel anatomique, une large palette de
procédés chirurgicaux (lambeaux pédiculés, greffes, otopoïèses, empochements, réimplantations
microchirurgicales, épithèses), permettant d’affronter les diverses situations cliniques : pertes de
substance partielles au niveau des différentes régions du pavillon (hélix, scapha, conque, lobule, sillon
rétroauriculaire), amputations subtotales (tiers supérieur, tiers postérieur), amputation totale.
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Mots clés : Pavillon ; Oreille externe ; Amputation ; Perte de substance ; Reconstruction ; Otopoïèse ;
Lambeau ; Empochement ; Greffe ; Réimplantation ; Microchirurgie ; Épithèse
Le drainage veineux postérieur est assuré par la veine auricu- Résection cunéiforme (Fig. 5)
laire postérieure et la veine occipitale superficielle.
La résection est triangulaire, s’étendant de l’hélix à la conque
(sommet du triangle dans la conque). L’exérèse de deux trian-
gles de décharge dans la conque est nécessaire pour éviter la
■ Réparation en fonction formation d’une oreille en cupule.
de la topographie de la perte La résection d’une zone de hauteur inférieure à 10-15 mm
permet une reconstruction simple, engendrant une perte de
de substance hauteur du pavillon acceptable sur le plan esthétique, dans la
mesure où le pavillon mesure plus de 65 mm. En cas
de pavillon plus petit, le procédé d’Antia et Buch est préfé-
Réparation des pertes de substance rable.
partielles L’interposition d’un greffon composite triangulaire cutanéo-
cartilagineux, dont la taille correspond à la moitié de la perte
Réparation des pertes de substance partielles de substance, prélevé sur le pavillon controlatéral, permet de
de l’hélix réduire la diminution de hauteur du pavillon atteint et de
symétriser les deux pavillons. Cependant, le résultat est aléatoire
L’hélix, en raison de son exposition aux rayons solaires, est
avec un risque de nécrose du greffon. Il est de plus discutable
un des sièges préférentiels des carcinomes cutanés, en particulier
de laisser une rançon cicatricielle sur une oreille saine, avec un
basocellulaires.
risque non négligeable de chéloïde.
La résection peut être transfixiante, intéressant les trois
couches de l’hélix (peau antérieure et postérieure et cartilage).
La réduction cartilagineuse doit déborder la réduction cutanée Procédé d’Anthia et Buch [2] (Fig. 6)
afin de faciliter la fermeture. La perte de substance doit être strictement limitée à l’hélix et
Deux procédés sont décrits. être inférieure à 20 mm. La fermeture est assurée par la mobi-
Figure 5.
A, B. Perte de substance de l’hélix : résection
cunéiforme.
Figure 6.
A, B. Perte de substance de l’hélix : procédé d’An-
thia et Buch.
Figure 7.
A, B. Perte de substance de la fossette triangu-
laire : lambeau préauriculaire.
lisation de deux lambeaux de glissement hélicéens. Des inci- Réparation des pertes de substance limitées
sions de décharge au niveau du scapha et de la fossette trian- au scapha
gulaire sont parfois nécessaires. La perte de hauteur engendrée
par cette technique est moindre que dans les résections Greffe de peau totale
cunéiformes. La perte de substance est recouverte par une greffe de peau
totale amincie.
Réparation des pertes de substance Chez le sujet jeune et en cas de perte de substance inférieure
non transfixiantes au niveau de la fossette à 10 mm de diamètre, le greffon cutané peut être mis en place
triangulaire directement sur le périchondre cartilagineux avec cependant un
Lambeau préauriculaire (Fig. 7) risque de nécrose. Une résection cartilagineuse préalable est
préférable. Un bourdonnet gras cousu est indispensable pendant
La perte de substance est recouverte par un lambeau préauri- 5 jours.
culaire de translation à pédicule supérieur constitué de peau
glabre. Ce lambeau est disséqué dans le plan du système Transposition de conque composite (Fig. 8)
adipocutané superficiel (SACS), au-dessus du système musculo- Cette technique permet de recouvrir des pertes de substance
aponévrotique superficiel (SMAS) et du fascia temporalis cutanéocartilagineuse du scapha, transfixiantes ou non. Elle
superficialis, préservant ainsi le pédicule temporal superficiel. Le repose sur un lambeau de transposition de conque, composite
pied du pédicule est situé 1 cm au-dessus de la racine de l’hélix cutanéocartilagineux, à charnière antérosupérieure. Ce lambeau
afin de permettre une rotation du lambeau de 90°. L’extrémité est très fiable car son pédicule est centré sur la racine de l’hélix,
inférieure du lambeau doit descendre sous le niveau du tragus. qui offre une large surface cutanée absolue (deux faces de
Le lambeau est ainsi suffisamment long pour permettre une l’hélix). La partie antérieure de l’anthélix doit être sacrifiée afin
suture sans tension. La largeur est de 15 mm. Rappelons qu’au de permettre la rotation du lambeau. Le site donneur est
niveau de la face, le rapport longueur sur largeur des lambeaux recouvert par un lambeau rétroauriculaire, à pédicule supérieur
peut être porté jusqu’à 3/1. ou inférieur, ou en îlot. En cas de perte de substance trans-
Le lambeau est glissé à travers une fenestration dans la racine fixiante, la face médiale du lambeau peut être recouverte par un
de l’hélix. Celle-ci doit être suffisamment large pour éviter toute lambeau préauriculaire à pédicule supérieur.
souffrance du lambeau. La zone du lambeau située dans le
tunnel transcartilagineux peut être préalablement désépidermi-
sée. La suture cutanée de part et d’autre du passage transcartila-
Réparation des pertes de substance au niveau
gineux est alors restreinte à un ou deux points afin de ne pas de la conque
compromettre la vascularisation du lambeau. Il est conseillé Cicatrisation dirigée
d’amarrer le lambeau au plan profond de la fossette triangulaire
par quelques points en U afin d’éviter les espaces de décolle- Cette méthode permet d’obtenir d’excellents résultats. Elle
ment. Un pansement gras (Gelonet®) moulant les reliefs est s’adresse essentiellement aux pertes de substance limitées à la
laissé en place 5 jours. partie antérieure de la conque, mais peut être utilisée dans les
La fermeture de la zone donneuse est facilitée par une pertes de substance chondrocutanées non transfixiantes de
dissection antérieure sous-cutanée sur 2 ou 3 cm. toute la conque.
Lorsque la perte de substance est étendue de la fossette L’inconvénient majeur est la durée de la cicatrisation,
triangulaire au scapha et est donc à cheval sur la branche nécessitant 2 à 3 semaines de pansements gras.
supérieure de l’anthélix, une technique identique peut être Greffe de peau totale
utilisée. Le lambeau est alors disséqué jusque dans la zone sous-
lobulaire qui offre une peau extrêmement fine, permettant de Cette technique est réservée aux pertes de substance intéres-
mouler les reliefs avec précision. sant moins des deux tiers de la conque.
Elle nécessite la résection préalable du plan cartilagineux, ce
Greffe de peau totale qui, dans cette zone, n’entraîne aucun retentissement
Une greffe de peau totale amincie peut être utilisée comme morphologique.
alternative au lambeau, à condition de réséquer le cartilage de Inconvénients. La greffe tend à se rétracter et prend à long
la zone receveuse, afin d’appliquer le greffon sur la face terme un aspect plissé inesthétique. La rétraction cutanée peut
cruentée de la peau rétroauriculaire. La peau est prélevée en être évitée par l’utilisation de lambeaux locaux.
zone glabre, soit en préauriculaire, soit en rétroauriculaire. Un
Lambeau rétroauriculaire à pédicule supérieur
bourdonnet gras cousu maintenu pendant 5 à 6 jours est
nécessaire pour assurer une bonne coaptation entre le greffon et Il évite l’aléa de la rétraction cutanée d’une greffe de peau et
le site receveur. permet la couverture de larges pertes de substance.
Le lambeau est tracé à cheval sur le sillon rétroauriculaire. un pédicule au hasard central autour duquel il va effectuer une
Son pédicule est supérieur, haut situé au niveau de la région sus- rotation de 180° selon un axe vertical. La partie externe du
auriculaire. Sa largeur dépend de la hauteur de la perte de lambeau est ainsi suturée à la berge antérieure de la perte de
substance. Il s’étend jusqu’à la zone d’insertion du lobule. Son substance. La zone donneuse est refermée par rapprochement
extrémité distale est affinée afin d’obtenir une souplesse simple des berges. Cela plaque le pavillon sur le plan mastoï-
suffisante pour mouler les reliefs. Une incision arciforme dien, mais il reprend sa place naturelle en quelques semaines.
transfixiante passant à la limite postérieure de la perte de
substance permet le passage du lambeau sur la face antérieure Lambeau rétroauriculaire en îlot bipédiculé (Fig. 11)
du pavillon. Une résection cartilagineuse permet d’élargir le Ce lambeau, qui est fondé sur les mêmes principes que le
tunnel de manière à éviter les souffrances vasculaires. Le lambeau de Masson, permet de couvrir de larges pertes de
lambeau est amarré au plan profond par quelques points, substance, touchant l’ensemble de la conque, voire étendues à
évitant ainsi la formation d’un espace de décollement. Le site de l’anthélix et à la partie postérieure du méat acoustique externe.
prélèvement est fermé par rapprochement simple des berges Il s’adresse également aux pertes de substance transfixiantes de
cutanées. la conque.
Un pansement gras (Gelonet®) est appliqué dans la conque. Le lambeau est dessiné de part et d’autre du sillon rétroauri-
Lors d’un deuxième temps chirurgical, le pédicule est culaire. Il est pédiculé sur l’artère auriculaire postérieure, au
sectionné. niveau de ses pôles supérieur et inférieur, donnant un aspect de
Ce lambeau peut également être réalisé en un seul temps bretelle. Le décollement dans sa partie moyenne s’effectue en
chirurgical. La zone du lambeau située dans le tunnel cutanéo- profondeur au ras du périoste mastoïdien et du périchondre. Le
cartilagineux doit alors être préalablement désépidermisée et muscle auriculaire postérieur est sectionné afin de donner plus
suturée de part et d’autre du tunnel avec un ou deux points de flexibilité au lambeau. Au niveau des extrémités supérieure
seulement afin de ne pas compromettre la vascularisation. et inférieure, l’incision reste superficielle et ne dépasse pas le
derme afin de ne pas léser le pédicule vasculaire. La laxité au
Lambeau rétroauriculaire à pédicule inférieur (Fig. 9)
niveau des deux pédicules permet une rotation du lambeau de
Selon une technique similaire à la précédente, un lambeau 180° selon un axe vertical sans souffrance vasculaire, permettant
rétroauriculaire à pédicule inférieur peut être réalisé, sa vascula- ainsi la couverture de la conque. La fermeture du site donneur
risation provenant de l’artère auriculaire postérieure. est assurée par un rapprochement simple des berges.
Lambeau rétroauriculaire en îlot de Masson [3] (Fig. 10) Lambeau de rotation lobulaire de Mazauric [4] (Fig. 12)
Il s’agit d’un lambeau en îlot de retournement, situé à cheval Cette technique est indiquée dans les pertes de substance de
sur le sillon rétroauriculaire, dont le dessin correspond exacte- la partie externe de la conque et de l’antitragus. Il s’agit d’un
ment au négatif de la perte de substance. Il est vascularisé par lambeau de rotation à pédicule antérieur prélevé aux dépens de
Figure 9.
A, B. Perte de substance de la conque : lambeau
rétroauriculaire à pédicule inférieur.
Réparation des pertes de substance au niveau du sillon étendues à la peau rétroconquale, rétrolobulaire et prémastoï-
rétroauriculaire bas dienne. La fermeture est assurée par un lambeau liftant d’avan-
Dans cette région, les carcinomes, volontiers confondus avec cement cervical comme dans les liftings cervicofaciaux. Celui-ci
des lésions inflammatoires annexielles, sont souvent diagnosti- nécessite une incision cutanée en U pré-, sous- et rétroauricu-
qués tardivement, générant alors de larges pertes de substance laire. Une dissection dans le plan du système adipocutané
Figure 15.
A, B, C. Amputation du lobule : lambeau composite de conque pédiculé en avant sur le conduit auditif externe.
superficiel favorise l’ascension du lambeau. Celle-ci peut être des pertes de substances limitées au scapha »). La perte de
étendue si nécessaire jusqu’à l’étage cervical moyen. Le lobule substance doit emporter le bras supérieur de l’anthélix pour
doit être amarré au plan mastoïdien afin d’éviter les tractions favoriser la rotation du lambeau. La face médiale du lambeau,
inférieures particulièrement disgracieuses. cartilagineuse, est recouverte soit par un lambeau d’avancement
sus-auriculaire ayant tendance à combler le sillon sus-
Réparation des amputations subtotales auriculaire, soit par un lambeau de translation préauriculaire à
du pavillon de l’oreille pédicule supérieur, permettant de conserver le sillon
sus-auriculaire.
Réparation des amputations du tiers supérieur Contrairement à la greffe libre de cartilage de conque, cette
du pavillon technique est réalisée en un seul temps chirurgical, sans aucun
drain aspiratif, réduisant ainsi la durée d’hospitalisation. Elle
La perte de substance concerne l’hélix, le scapha, la fossette
permet d’obtenir des reliefs fins, en évitant les aléas de la
triangulaire et l’anthélix.
La reconstruction nécessite l’apport d’une armature cartilagi- coaptation chondrocutanée rencontrés avec la technique de
neuse, costale ou conquale prélevée homolatéralement. greffe libre de conque.
Greffe de cartilage de conque libre (Fig. 16) Otopoïèse partielle (Fig. 18)
Il s’agit de la technique classique lorsque l’amputation ne Lorsque l’amputation polaire supérieure dépasse le tiers de la
dépasse pas le tiers de la hauteur du pavillon et respecte le bras hauteur du pavillon et/ou lorsque l’amputation emporte
inférieur de l’anthélix. Elle nécessite deux temps chirurgicaux. l’anthélix, l’utilisation d’un greffon costal est préférable (voir
Le cartilage de la conque homolatérale est prélevé dans sa infra « Otopoïèse »).
totalité avec son périchondre. Ce cartilage est positionné au Lors du premier temps, un greffon est prélevé au niveau du
niveau du pôle supérieur du pavillon grâce à une rotation de cartilage costal controlatéral K7-K8.
90° autour de la racine de l’hélix. Le cartilage est mis en Le fragment est sculpté en monobloc. La maquette est glissée
nourrice sous la peau sus- et rétroauriculaire dans le plan du sous la peau sus-auriculaire par une incision verticale située à
système adipocutané superficiel grâce à une incision cutanée distance dans le cuir chevelu.
horizontale en regard de la berge inférieure de la perte de La partie inférieure de la maquette préalablement affinée est
substance. La berge inférieure de l’incision cutanée est suturée superposée sur le cartilage restant.
à la berge postérieure de la perte de substance. Le plan cartila- Un drainage aspiratif doux (Emodrain®) est laissé en place
gineux est suturé. Puis, la berge supérieure de l’incision cutanée pendant 1 semaine.
est suturée avec la berge antérieure de la perte de substance. Des Alternative. En cas de mauvaise trophicité cutanée, la
points en U répartis à 3 mm sous le bord libre de la conque maquette peut être enveloppée dans un lambeau de fascia
transposée assurent une bonne coaptation entre le cartilage et
temporalis superficialis, à condition que le pédicule temporal
le plan cutané et permettent de souligner le relief hélicéen. Un
superficiel ait été conservé. Le lambeau de fascia est ensuite
drain en aspiration douce (Emodrain ® ) est laissé en place
recouvert d’une greffe de peau mince sur les deux faces. Le
6 jours.
résultat esthétique est cependant moins satisfaisant, avec des
Un deuxième temps après un délai de 3 semaines permet de
reliefs plus grossiers qu’en cas d’empochement sous-cutané.
latéraliser le pôle supérieur du pavillon. Attendre plus de
3 semaines pour réaliser ce deuxième temps expose au risque de Lors d’un deuxième temps chirurgical réalisé après un délai
nécrose du greffon cartilagineux favorisée par la pression cutanée. de 4 mois, la maquette est latéralisée grâce à une dissection
L’incision cutanée contourne le pôle supérieur du pavillon dans le plan du SACS après incision périauriculaire. Cette
empoché puis celui-ci est latéralisé grâce à une dissection à sa latéralisation est facilitée par la projection latérale de la conque
face profonde. La couverture cutanée est assurée par une greffe résiduelle et le respect de la partie moyenne et inférieure du
de peau mince de 4/10e mm au niveau de la face interne du sillon rétroauriculaire. Le recouvrement cutané est assuré par
pavillon et par un lambeau d’avancement de scalp au niveau une greffe de peau mince au niveau de la face interne du
temporomastoïdien. pavillon et par un lambeau d’avancement de scalp pour le plan
mastoïdien.
Transposition de conque composite (Fig. 17) Un troisième temps est parfois nécessaire afin d’harmoniser la
La technique est identique à celle décrite pour la reconstruc- jonction entre la maquette et le cartilage natif, en particulier au
tion des pertes de substance du scapha (voir supra « Réparations niveau de l’hélix inférieur.
Figure 16. Amputation du tiers supérieur du pavillon : greffe de cartilage de conque libre.
A. Amputation du tiers supérieur du pavillon.
B. Incision horizontale du scalp en regard de la perte de substance.
C. Suture du greffon de conque à la berge cartilagineuse de la perte de substance.
D. Enfouissement de la conque.
E, F. Latéralisation 4 mois plus tard.
Inconvénients. Ce procédé est réalisable uniquement sous utilisée dans les amputations partielles du tiers postérieur du
anesthésie générale. pavillon. Le lambeau est pédiculé sur la partie postéro-inférieure
Il existe un risque de pneumothorax par brèche pleurale lors de la conque. La face médiale du lambeau est recouverte d’un
du prélèvement du cartilage costal. Une radiographie pulmo- lambeau d’avancement rétroauriculaire.
naire est donc indispensable en pré- et postopératoire immédiat
et après l’ablation du drainage thoracique.
L’ossification des cartilages costaux ne permet pas l’utilisation Réparation des amputations totales
de cette technique au-delà de 50 ans.
du pavillon
Réparation des amputations du tiers postérieur
du pavillon Otopoïèse [7-16] (Fig. 21, 22)
Otopoïèse partielle (Fig. 19) L’otopoïèse a été décrite initialement par Tanzer puis Brent
L’utilisation d’un greffon de cartilage costal, selon le même dans le cadre des microties. Elle consiste en la reconstruction
procédé que celui décrit pour les reconstructions polaires d’un néopavillon à partir d’une maquette cartilagineuse costale
supérieures, est la technique de choix. sculptée [7-10]. En dehors de la microtie, cette technique est
indiquée dans les amputations totales post-traumatiques du
Transposition composite de conque (Fig. 20) pavillon. Le résultat dépend de la qualité de la peau du site
Essentiellement indiquée dans les amputations du tiers receveur, avec de meilleurs résultats chez l’enfant, dont la peau
supérieur du pavillon, cette technique peut néanmoins être est fine et élastique. Il sera compromis en cas de séquelles
Figure 18.
A. Amputation du tiers supérieur du pavillon emportant la partie supérieure de l’anthélix.
B. Otopoïèse partielle.
C. Résultat après le premier temps.
cicatricielles et il est alors conseillé de faire appel à des techni- doit impérativement être vérifiée avant de refermer, en recher-
ques annexes : expandeur cutané, lambeau de fascia temporalis chant l’apparition de bulles lors de la ventilation en hyperpres-
(cf. infra). sion. Ce risque prédomine en regard de la jonction ostéo-
En cas d’amputation après chirurgie carcinologique, il est cartilagineuse. En cas de perforation, la plèvre sera suspendue
préférable de faire appel à une épithèse permettant d’assurer par l’intermédiaire des muscles intercostaux au cartilage costal
une excellente surveillance locale. Enfin, l’otopoïèse est contre- résiduel. Les plans musculaire et cutané sont soigneusement
indiquée à partir de 50 ans, l’ossification des cartilages costaux refermés sur un drain aspiratif et une radiographie pulmonaire
empêchant la réalisation de la maquette. de contrôle est demandée en postopératoire et après l’ablation
du drain au 2 e jour postopératoire pour éliminer un
Cette technique est réalisée en deux temps espacés de 4 mois
pneumothorax.
par la plupart des auteurs [10-13].
Le cartilage costal est sculpté et assemblé grâce à du fil
Premier temps (Fig. 21) métallique 3/0 de manière à former une armature de pavillon
tridimensionnelle. Les dimensions de cette maquette doivent
Le cartilage des côtes K6 à K8 controlatérales à l’oreille à être réduites de 5 mm par rapport à la taille de l’oreille contro-
reconstruire est prélevé. Le geste est facilité par l’utilisation de latérale. Le cartilage commun de K6 et K7 sert de support pour
ciseaux bipolaires permettant de réaliser un prélèvement les greffons qui formeront l’hélix et l’anthélix. Ce cartilage est
extrapérichondral exsangue. L’intégrité de la plèvre pariétale évidé en avant pour former la dépression conquale. La partie
inférieure constitue l’armature du lobule. Un greffon cartilagi- des reliefs. Les reliquats cartilagineux auriculaires sont soigneuse-
neux est fixé en avant pour constituer le tragus. ment retirés, en prenant soin de ne pas transfixier la peau.
La région rétroauriculaire doit être soigneusement préparée et Dès le premier temps, nous mettons en place sous le fascia
rasée sur quelques centimètres. Par une incision rétroauriculaire temporalis superficialis un petit greffon cartilagineux costal de
en V couché de taille limitée (5-6 cm), on réalise un décollement forme semi-lunaire, qui servira de cale pour surélever le pavillon
sous-cutané dans la région temporomastoïdienne débordant lors du deuxième temps chirurgical (cf. infra).
l’emplacement du futur pavillon. Le décollement doit se situer La maquette est positionnée, inclinée en haut et en arrière,
au-dessus du fascia temporalis superficialis, sous les follicules le pôle supérieur à hauteur de la ligne sourcilière. Puis la
pileux. Un décollement trop profond compromettrait la finesse coaptation chondrocutanée est assurée par un drain aspiratif
doux (Emodrain®), qui doit être maintenu sans aucun clampage sant ainsi à des néopavillons plaqués contre le plan mastoïdien.
pendant 7 jours. Nagata a développé une technique utilisant une cale cartilagi-
neuse positionnée dans le néosillon et permettant de s’opposer à
Deuxième temps (Fig. 22) la rétraction auriculaire [12, 13]. Selon sa technique, le greffon
semi-lunaire costal est laissé en nourrice au niveau thoracique
Réalisé au bout de 4 mois, il permet la latéralisation du lors du premier temps, puis englobé lors du deuxième temps dans
pavillon. La création du sillon rétroauriculaire s’est longtemps le fascia temporalis superficialis pédiculé sur son artère temporale
soldée par des échecs en raison de la rétraction cutanée, aboutis- superficielle. Afin d’éviter l’abord thoracique lors du deuxième
L’extrusion des implants est rare, favorisée par la radiothéra- La procédure est longue avec 4 mois de délai entre les deux
pie antérieure. temps.
Le patient est obligé de retirer la prothèse tous les jours pour
les soins quotidiens, avec un retentissement psychologique Réimplantations auriculaires
parfois important. microchirurgicales [24-30]
La prothèse s’altère et doit être renouvelée tous les 2 ou Les indications de réimplantation microchirurgicale sont rares
3 ans. car cette technique nécessite de nombreuses conditions. Elle
peut être envisagée en cas d’amputations totales, subtotales
Réparations des amputations traumatiques (épargnant le lobule) ou partielles du pavillon (emportant 50 à
du pavillon avec conservation du fragment 80 % du pavillon) post-traumatiques (accidents de la voie
publique, morsures, coupures, traumatismes crâniens divers). Le
Greffe composite fragment amputé doit avoir été conservé dans de bonnes
conditions, idéalement entouré de compresses humides, dans
La suture directe en trois plans du fragment amputé n’est un sac placé dans la glace. La durée d’ischémie ne doit pas
envisageable que dans des conditions très strictes qui sont excéder 8 heures [27]. Le patient doit être en bon état général,
rarement réunies : délai de prise en charge inférieur à 3 heures, sans lésion grave associée qui ferait passer le traumatisme
petite taille du fragment amputé, qui doit être inférieur à 2 cm auriculaire au second plan. Le chirurgien doit être aguerri aux
dans son plus grand axe, fragment pas ou peu contus. Outre le techniques microchirurgicales. En effet, le pavillon de l’oreille
risque important de nécrose, cette technique expose à un risque est sans doute la structure la plus difficile à réimplanter en
de rétraction cutanée disgracieuse. raison du faible diamètre des vaisseaux (0,5 mm pour les artères,
0,3 à 1 mm pour les veines). Il faut prévoir une durée d’inter-
Techniques d’empochement vention longue de 3 à 8 heures selon l’expérience de l’équipe.
Technique de Mladick [21, 22] L’intervention débute par l’exploration du segment amputé
sous microscope opératoire et l’individualisation des vaisseaux.
Elle est essentiellement indiquée dans les amputations L’individualisation du réseau veineux est parfois impossible tant
partielles du pavillon n’excédant par la moitié de sa hauteur, le que l’anastomose artérielle n’a pas été réalisée. Ce premier
résultat étant plus aléatoire dans les amputations totales ou temps est réalisé pendant que le patient est conditionné pour la
subtotales, avec un risque accru de nécrose cartilagineuse. Selon chirurgie afin de réduire la durée d’ischémie.
la technique décrite par Mladick, deux ou trois temps chirurgi- Le deuxième temps consiste en un parage soigneux du site
caux sont nécessaires. Lors du premier temps réalisé en urgence, d’implantation et la recherche d’un pédicule donneur : pédicule
le fragment amputé, après un lavage et parage, est désépider- auriculaire postérieur, pédicule temporal superficiel ou artères
misé sur ses deux faces en conservant impérativement le du moignon auriculaire en cas d’amputation partielle.
périchondre et le derme. Ce geste sera facilité par l’utilisation La réimplantation débute par la suture du cartilage permet-
d’une fraise de dermabrasion. Une poche de décollement est tant de repositionner le pavillon en position anatomique.
réalisée à partir d’une incision cutanée en regard de l’amputa- L’anastomose artérielle est réalisée au fil 10/0 ou 11/0. Elle
tion. La berge cutanée interne de l’amputation est suturée avec nécessite parfois une transposition du pédicule temporal
la berge inférieure de l’incision. Le fragment est ensuite suturé superficiel en arrière ou l’utilisation d’un greffon veineux
en position anatomique à la berge cartilagineuse du moignon intermédiaire. L’anastomose veineuse, réalisée au 11/0 est le
auriculaire puis mis en nourrice dans la poche. Le cartilage, temps le plus délicat, à l’origine de la plupart des échecs.
notamment au niveau du rebord hélicéen, peut être plaqué au Un traitement anticoagulant postopératoire (héparine) est
plan mastoïdien par quelques points afin d’augmenter la surface conseillé [26, 28, 29].
de contact. La berge cutanée externe de la perte de substance est Parmi les complications, l’ischémie est rare, d’apparition
suturée avec la berge supérieure (ou postérieure) de l’incision précoce les premières 24 heures, se traduisant par un pavillon
cutanée. Un drain aspiratif doux est laissé en place 7 jours. Le blanc, ne saignant pas à la piqûre. Elle nécessite une reprise
sevrage peut se faire en un seul temps aux alentours de j20 ou chirurgicale en urgence. La congestion veineuse, se manifestant
en deux temps : la face externe du pavillon est libérée après par un engorgement avec une teinte bleutée, est beaucoup plus
2 ou 3 semaines maximum et laissée en cicatrisation dirigée fréquente, à l’origine de la plupart des échecs. L’application de
sous des pansements gras moulant les reliefs. Une semaine plus sangsues médicinales, associée à une héparinothérapie et à une
tard, la face postérieure est libérée à son tour et est laissée en antibiothérapie, constitue le traitement de choix. Dans des cas
cicatrisation dirigée ou recouverte d’une greffe de peau mince. d’amputations partielles où aucune veine n’avait pu être
Le lambeau cutané mastoïdien est réamarré au fond du sillon individualisée, des sangsues ont été utilisées comme traitement
sus- ou rétroauriculaire. substitutif à l’anastomose veineuse avec succès [24, 25, 30].
Inconvénients. En cas d’amputation totale ou subtotale, le La réimplantation microchirurgicale de pavillon est grevée
risque d’échec est important, faisant réserver cette technique d’un risque d’échec important. Néanmoins, en cas de succès, le
aux amputations partielle du pavillon. résultat esthétique est excellent et, en cas d’échec, le recours aux
Deux ou trois temps chirurgicaux sont nécessaires. techniques de reconstruction décrites ci-dessus est possible.
Le résultat esthétique est aléatoire avec parfois des reliefs
grossiers. Amputation incomplète avec persistance
Le risque de nécrose cartilagineuse augmente au-delà de d’un pont cutané
4 semaines d’empochement.
La vascularisation cutanée est extrêmement riche au niveau
La cicatrice mastoïdienne peut compromettre la réalisation
de l’oreille. Un pont cutané de 2-3 cm peut donc permettre
d’une éventuelle otopoïèse secondaire.
d’assurer la vascularisation du pavillon. La réalisation d’une
Technique de Baudet [23] anastomose artérielle est cependant plus prudente, surtout en
cas de pont inférieur à 2 cm. En revanche, le pont cutané
Le principe est le même que l’empochement de Mladick, mais
permet de surseoir à l’anastomose veineuse. Il faut cependant
la désépidermisation et l’empochement ne concernent que la
prévoir un drainage veineux par des mesures annexes (sangsues,
face postérieure du fragment amputé. Le cartilage est fenestré en
ponctions).
plusieurs points. La revascularisation cutanée antérieure peut
ainsi se faire par les berges cutanées et à travers les fenestrations
cartilagineuses. La latéralisation est réalisée après 4 mois de mise
en nourrice et nécessite une greffe de peau mince sur la face
■ Conclusion
médiale du fragment. La reconstruction du pavillon auriculaire demeure un chal-
Inconvénients. Le résultat esthétique est compromis par les lenge chirurgical en raison de la complexité des reliefs, de la
nombreuses fenestrations cartilagineuses. structure composite de l’oreille et de son caractère aérien. Les
pertes de substance de petite taille peuvent le plus souvent être [15] Boudard P, Herman D. Le lambeau de fascia temporal superficiel dans
corrigées par des lambeaux locaux. En revanche, les reconstruc- la reconstruction du pavillon auriculaire. In: Les lambeaux du pédicule
tions après amputations partielles ou totales du pavillon font temporal superficiel. Paris: Masson; 1997.
appel à des techniques de greffons cartilagineux libres, d’origine [16] Brent B, Byrd HS. Secondary ear reconstruction with cartilage grafts
conquale ou costale, dont la couverture cutanée peut être covered by axial, random and free flaps of temporoparietal fascia. Plast
problématique. Le lambeau composite de conque est une Reconstr Surg 1983;72:141-52.
alternative simple et fiable aux greffes cartilagineuses permet- [17] Boudard P, Sabin P. Épithèses maxillofaciales, fixation par implants
tant de reconstruire en un temps des amputations partielles du endo-osseux et piliers transcutanés. Rev Laryngol Otol Rhinol (Bord)
pavillon, essentiellement polaires supérieures, mais également 1992;113:447-50.
postérieures ou inférieures. [18] Boudard P, Sabin P. Rehabilitation of tissue loss of the face by the use
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Jacquot-Laperrière S., Disant F. Techniques de reconstruction du pavillon de l’oreille. EMC (Elsevier
Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-101, 2007.
46-050
Traitement chirurgical
de l’otospongiose
J Trotoux R é s u m é. – L’otospongiose reste toujours l’une des indications les plus fiables et
P Bonfils les moins discutées de la chirurgie de la surdité. Les principes de base de cette
chirurgie, consistant en une ouverture de la fosse ovale (la fossette de la fenêtre du
vestibule dans la nouvelle nomenclature anatomique internationale) et un
rétablissement de l’effet columellaire par une prothèse incudostapédienne, sont
universellement admis et l’espérance d’un bon résultat auditif peut être donnée au
patient, si l’organe de Corti n’est pas lésé. On peut donc s’étonner de la multiplicité
des techniques proposées dans le détail, où les divergences sont souvent affaire
d’expérience et d’habitude [15]. Ces diversités apparentes ont cependant l’avantage de
permettre de s’adapter aux conditions anatomiques et aux difficultés rencontrées
dans certains cas, qui peuvent amener, en cours d’intervention, à reconsidérer la
technique habituellement retenue. Enfin, depuis quelques années, l’apport du laser a
été étudié par certaines équipes.
© 1999, Elsevier, Paris.
Utilisée systématiquement par certains auteurs et réservée pour d’autres Voie du méat ou voie transméatale
aux patients pusillanimes, elle procure au malade un confort pendant L’incision est effectuée à travers un spéculum classique (le plus gros
l’intervention et au chirurgien un délai opératoire facilement allongé en possible) à l’aide d’un bistouri coudé de Rosen ou d’un bistouri de
cas de nécessité. Les techniques utilisées sont très anciennes, Beaver. Certains utilisent un spéculum autostatique dont il existe de
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Techniques chirurgicales TRAITEMENT CHIRURGICAL DE L’OTOSPONGIOSE 46-050
A B C
2 Voie du conduit. B. Décollement du lambeau tympanoméatal.
A. Tracé des incisions. C. Ouverture de la caisse du tympan.
A B C
3 Voie endaurale a minima de Shambaugh. B. Incision cutanée.
A. Tracé des incisions. C. Exposition du conduit externe.
multiples modèles. L’incision cutanée sera franche, allant d’emblée l’allongement du temps opératoire, la nécessité du contrôle rigoureux
jusqu’au conduit osseux et comporte trois branches (fig 2A, B, C) : de l’hémostase et une moins bonne adaptation à l’anesthésie locale.
– une branche circulaire de 6 h à 12 h, située à 8 mm du sulcus ;
– deux contre-incisions, l’une à 6 h, l’autre à 12 h, allant de la branche Incidents possibles en rapport avec ce temps opératoire
circulaire jusqu’au sulcus. Une déchirure du lambeau méatal, souvent située dans la partie
Le décollement se fait sur toute la longueur du lambeau qui doit être inférieure du méat acoustique externe où la peau est fine et fragile, doit
soigneusement respecté. Les avantages de cette voie sont d’être bien être prévenue par une incision franche d’emblée et un décollement
adaptée aux techniques d’anesthésie locale, d’être peu hémorragique et atraumatique. Lorsqu’elle se produit, les lambeaux doivent être
de ne laisser aucune cicatrice visible. L’inconvénient essentiel est le réappliqués soigneusement en fin d’intervention.
caractère limité de cette voie d’abord, limitant l’usage conjoint de Un lambeau trop court, par incision trop profondément située, peut poser
l’aspiration et des instruments. Si le méat acoustique externe est étroit, problème en cas de résection osseuse importante qui devra alors être
des difficultés opératoires peuvent survenir lors d’une complication reconstruite, au moins partiellement, en fin d’intervention.
opératoire inopinée ou de la présence d’une anomalie anatomique.
L’existence d’un lambeau tympanoméatal trop long ou trop épais peut
Voie endaurale a minima ou voie de Shambaugh justifier une résection d’un fragment de peau, en règle triangulaire, à la
partie supérieure de l’incision méatique.
Elle comprend deux temps :
– un temps extraméatique interhélicotragien à travers le spéculum Cas particulier
bivalve. L’incision devra être d’emblée franche jusqu’à l’os et limitée L’étroitesse du méat acoustique externe, qu’elle soit congénitale ou
en haut par le bord du muscle temporal qu’il ne faut pas inciser ; acquise (exostose), peut rendre l’abord de la caisse du tympan
– un temps intraméatique par une incision circulaire à 8 mm du sulcus, particulièrement difficile avec un risque spécial pour le plan cutané.
à partir de l’extrémité inférieure de l’incision verticale (fig 3A, B, C). Dans les cas extrêmes, elle peut conduire à récuser l’intervention ou à
Les avantages de cette voie sont importants. L’exposition du champ différer celle-ci après un traitement premier d’élargissement du méat.
opératoire est plus large. Il est possible d’étendre la voie d’abord en Dans la majorité des cas, l’intervention pourra être réalisée au prix d’un
particulier vers l’avant en cas d’épine tympanale antérieure saillante. alésage suffisant, sous réserve de ne pas avoir traumatisé gravement le
Elle laisse libres les deux mains de l’opérateur. Les inconvénients sont lambeau tympanoméatal.
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46-050 TRAITEMENT CHIRURGICAL DE L’OTOSPONGIOSE Techniques chirurgicales
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Techniques chirurgicales TRAITEMENT CHIRURGICAL DE L’OTOSPONGIOSE 46-050
A B
9 Ablation du corps de l’étrier.
A. Fracture des branches de l’étrier par un mouvement de bascule.
6 Trou de sécurité au centre de la platine. B. Section des branches de l’étrier aux ciseaux recourbés.
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46-050 TRAITEMENT CHIRURGICAL DE L’OTOSPONGIOSE Techniques chirurgicales
10 Platinectomie.
A B A. Platinectomie postérieure.
B. Ablation du fragment antérieur.
A B
11 A, B. Mise en place de la greffe.
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Techniques chirurgicales TRAITEMENT CHIRURGICAL DE L’OTOSPONGIOSE 46-050
abandonner le fragment, l’expérience ayant montré que cet incident • Cas particuliers
n’entraîne généralement pas de conséquence grave. Certains utilisent Certaines dispositions anatomiques constituent de véritables cas
l’artifice du « caillot de sang » censé emprisonner le fragment platinaire particuliers, rares ou exceptionnels, à l’origine de difficultés opératoires
et permettre sa récupération. qui ne peuvent être classées dans les complications.
• Issue de liquide labyrinthique sous pression Il existe parfois d’importantes difficultés d’exposition de la fenêtre
ovale. Elles sont en rapport avec un canal facial très procident ; l’étrier
Elle se produit lors de l’ouverture de la platine : c’est le classique est alors « couché » sur le promontoire. Cette difficulté n’apparaît
« geyser ». Elle pourrait être redoutée devant un aspect avasculaire insurmontable qu’après avoir utilisé tous les artifices d’exposition
« presque aplasique de la caisse » [11]. Pour certains auteurs, la platine (hyperextension maximale de la tête du sujet, obliquité du microscope,
doit alors être amenuisée à la fraise diamantée et le piston de 4/10 mm etc).
introduit « en force » après interposition veineuse [11].
Si le nerf facial est déhiscent, il peut être récliné avec prudence. Mais la
Pour la plupart des auteurs, elle apparaît comme un accident inopiné position du piston risque d’être mauvaise. On préférera alors en règle un
dont les conséquences sont graves, tant en ce qui concerne le piston fil d’acier Téflont, voire un piston en cupule [ 5 1 ] .
déroulement et le pronostic de l’intervention, que par le risque de la Exceptionnellement, cette disposition peut faire renoncer à la poursuite
poursuite de l’écoulement de liquide céphalorachidien et l’infection de l’intervention, certainement préférable à un montage de mauvaise
méningée qui peut en résulter. Il convient d’aveugler la brèche le mieux qualité et surtout à une absence de contrôle des risques platinaires.
possible, ce qui est généralement tenté par interposition veineuse ou
aponévrotique. La mise en place du piston constitue, dans les meilleurs L’étroitesse de la fosse ovale (fossette de la fenêtre du vestibule) est soit
cas, un élément important du blocage de celle-ci, à condition toutefois congénitale, soit plus probablement consécutive à l’envahissement de
que l’orifice ne soit pas trop grand. Il faut donc éviter de réaliser une l’ensemble de la fosse ovale par le processus otospongieux (type V de
platinectomie totale dont l’occlusion apparaît bien difficile. Tous les Portman). Dans certains cas, il peut être difficile de préciser avec
artifices per- et postopératoires tendant à diminuer la pression de liquide certitude l’aire platinaire, seulement indiquée par la position des
céphalorachidien doivent être utilisés (position haute de la tête, branches de l’étrier. Ceci rejoint le problème des platines épaisses,
perfusion de soluté hypertonique, etc). véritable blocs otospongieux, qui doivent conduire à la platinotomie de
principe et à l’utilisation de prothèses adaptées.
• Inondation brutale de sang L’extension de la maladie otospongieuse à la fenêtre ronde (fenêtre
Elle peut être grave car elle risque d’entraîner une aspiration tympanique) est rare. Elle surviendrait dans 1 % des cas. Elle peut être
intempestive au niveau du labyrinthe. Pour cette raison, l’hémostase doit suspectée devant une surdité de transmission profonde ou une surdité
être parfaite lors des temps précédant l’ouverture de celui-ci. Dans mixte d’apparition précoce. Il peut résulter une amélioration de
quelques cas exceptionnels, la poursuite du saignement peut et doit l’audition après stapédectomie à l’exclusion de toute action sur la fenêtre
amener à l’arrêt de l’intervention qui pourra être reprise ultérieurement. ronde (fenêtre tympanique) [57].
L’hémorragie peut être la conséquence d’une reprise brutale du Rétablissement de l’effet columellaire
saignement au niveau des incisions (voie endaurale), parfois secondaire
à un déplacement de l’écarteur qui assurait une hémostase non contrôlée De nombreuses techniques ont été proposées : certaines utilisent la
ou à un réveil brutal. Plus fréquemment, le saignement est périplatinaire, branche postérieure conservée de l’étrier qui est basculée vers l’avant.
à partir du mucopérioste, raison pour laquelle certains auteurs insistent La plupart font appel à une prothèse, variable dans son principe, sa forme
sur l’intérêt d’un démucopériostage soigneux, préalable à toute et le matériau utilisé.
ouverture, voire sur l’intérêt de coagulation très prudente autour de la
platine. Effet columellaire avec la branche postérieure de l’étrier
Il convient surtout de retenir que cet accident doit d’abord être prévenu Cette technique n’est plus guère utilisée. On sectionne la branche
et qu’il est certainement préférable de laisser un peu de sang au niveau antérieure en son milieu, puis la branche postérieure au ras de la platine.
du labyrinthe que d’ajouter à sa présence un traumatisme par aspiration. Après interposition, la branche postérieure est basculée vers l’avant de
Le risque d’inondation labyrinthique est, pour certains, un argument telle sorte qu’elle est en contact avec le centre de la fenêtre ovale (fenêtre
important en faveur de la platinotomie. vestibulaire).
• Aspiration à l’intérieur du labyrinthe Effet columellaire par prothèse
Normalement, le liquide labyrinthique se reproduit rapidement et une • Tubes
très légère aspiration accidentelle est sans conséquence. Dans quelques
cas cependant, soit que l’aspiration ait été plus importante, soit que le Il s’agit le plus souvent de tube en polyéthylène, préparé
renouvellement de liquide soit plus lent, on peut avoir la surprise de extemporanément après avoir déterminé la longueur adéquate entre la
constater l’existence d’un labyrinthe « sec ». Toujours secondaire à une base de l’apophyse lenticulaire de l’enclume et le plan de la fenêtre
manœuvre d’aspiration, c’est un accident grave, dans la mesure où il ovale. L’extrémité supérieure du tube est fendue pour permettre son
favorise la pénétration de sang et la formation d’un caillot à l’intérieur adaptation à l’apophyse lenticulaire. L’extrémité inférieure est taillée en
du labyrinthe. Il convient de recouvrir immédiatement la fenêtre ovale biseau émoussé. Cette technique préconisée initialement par Shea
(la fenêtre vestibulaire) avec la greffe, prévue et disponible sur l’instant, implique une platinectomie avec interposition. Elle n’est plus guère
ou tout au moins de placer un fragment de Pangent de protection sur les utilisée mais pourrait constituer une solution de secours. On lui reproche
bords de la fenêtre ovale en attendant la mise en place de la greffe. son manque de stabilité pouvant aboutir à des déplacements ultérieurs.
Legent recommande de remplir immédiatement le labyrinthe avec du • Fils
sérum.
Schuknecht proposa l’utilisation d’un fil d’acier dont la boucle
• Blessures du nerf facial supérieure s’adapte à la branche descendante de l’enclume et permet un
Elles sont exceptionnelles et généralement en rapport avec une sertissage solide mais considéré par certains comme facteur d’ischémie
déhiscence du nerf facial au niveau de la seconde portion. Celui-ci peut secondaire. Un fragment de graisse est placé dans la boucle inférieure et
faire hernie au-dessus de la fenêtre ovale (la fenêtre vestibulaire) et sert à colmater la fenêtre. Portmann a décrit la confection extemporanée
constituer un obstacle quasi insurmontable à toute manœuvre sur la de ce fil avec interposition veineuse.
platine [72] . Le traumatisme facial peut être la conséquence d’une • Pistons
maladresse dans l’usage d’une pointe ou d’un crochet. Dans ce cas, la
paralysie est transitoire (œdème ou hémorragie dans la gaine). L’usage Il existe de nombreuses formes et, pour chaque forme, les pistons
de la fraise peut, dans ces circonstances, avoir des conséquences plus peuvent varier par leur longueur, modifiable ou non selon le matériau
redoutables. Les accidents graves survenant lors de l’ouverture de la dans lequel ils sont réalisés et surtout leur diamètre.
caisse par échappée de gouge ou de fraise sont exceptionnels. Leur Piston en Téflont (fig 13A, B, C)
prévention réside en l’expérience et la maîtrise de l’opérateur, mais aussi Souvent désigné sous le terme de piston simple, il est disponible entre
en la prudence nécessaire dans tous les gestes de cette chirurgie. 0,4 et 0,8 mm de diamètre et une longueur de 3,5 à 6 mm. La longueur
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46-050 TRAITEMENT CHIRURGICAL DE L’OTOSPONGIOSE Techniques chirurgicales
A B C
A B C
correcte peut être déterminée à l’aide d’un mesureur dont il existe ces deux aspects. Le piston standard mesure 4,5 mm de longueur pour
plusieurs modèles. D’autres préfèrent une longueur standardisée, en un diamètre de 0,8 mm. La longueur peut être réduite à 4 mm, réduction
règle 4,5 mm pour une interposition, ou 5 mm pour une platinotomie le plus souvent justifiée par un « essayage » initial tel que, l’extrémité du
calibrée. piston étant en place, le bord supérieur de la cupule soit exactement au
La mise en place s’effectue en plusieurs temps. Le piston peut être niveau du bord inférieur de la branche descendante de l’enclume.
« descendu » dans la caisse à l’extrémité de l’aspirateur et relâché L’anneau est légèrement ouvert. L’extrémité du piston est posée sur la
facilement si l’on dispose d’un aspirateur modulable. L’extrémité greffe et légèrement enfoncée à l’aide d’une pointe appuyée sur le bord
inférieure est alors positionnée dans la fenêtre ovale (la fenêtre du de la cupule, de telle sorte que celle-ci se glisse sous l’apophyse
vestibule) le plus souvent en son centre ou plus près de son bord lenticulaire. Comme pour la mise en place d’un piston simple, on fait
postérieur. L’anneau d’abord appuyé sur la branche descendante de subir à la boucle un quart de tour pour l’accrocher sur la branche
l’enclume est « enclenché » sur celle-ci par une rotation de 45°. Il aura descendante assurant ainsi la fixation du montage.
été préalablement légèrement ouvert afin de faciliter sa mise en place Autres pistons (fig 15)
atraumatique. L’élasticité du Téflont nécessite exceptionnellement de De nombreux pistons ont été décrits. Leur mise en place est basée sur le
le refermer. En cas de platinotomie, la manœuvre est la même, mais même principe.
l’extrémité du piston est initialement placée dans l’orifice.
Piston « cup » (fig 14A, B, C) Diffıcultés et incidents
L’intérêt du piston cup tient à ce qu’il réunit, en théorie, les avantages
• Difficultés
du piston (par son arc de suspension) et du tube par la cupule adaptée au
processus lenticulaire. La mise en place implique la prise en compte de Les difficultés tiennent à certaines dispositions anatomiques.
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Techniques chirurgicales TRAITEMENT CHIRURGICAL DE L’OTOSPONGIOSE 46-050
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46-050 TRAITEMENT CHIRURGICAL DE L’OTOSPONGIOSE Techniques chirurgicales
Tableau I. – Analyse des reprises opératoires tardives après chirurgie de l’otospongiose [22, 57].
Derlacki Sheehy Total
Déplacement de la prothèse ou prothèse trop courte 178 (60 %) 140 (52 %) 318 (56 %)
Érosion de l’enclume 65 (22 %) 44 (16 %) 109 (19 %)
Fistule périlymphatique 21 (7 %) 42 (16 %) 63 (11 %)
Développement de foyer otospongieux 21 (7 %) 25 (9 %) 46 (8 %)
Fibrose de la fenêtre ovale 8 (3 %) 13 (5 %) 21 (4 %)
Fixité enclume/marteau 2 (1 %) 5 (2 %) 7 (1 %)
La refixation de la platine est toujours secondaire à une simple Section du tendon du muscle de l’étrier
mobilisation de l’étrier.
Elle est facilitée par l’absence d’interposition instrumentale, sous
réserve d’une bonne exposition directe. Elle est non hémorragique. Il n’y
Chirurgie de l’otospongiose avec emploi pas de risque vis-à-vis de la branche postérieure de l’étrier.
des techniques laser Trou de sécurité
L’utilisation du laser dans la chirurgie de l’otospongiose a commencé à L’usage du laser pour réaliser un trou de sécurité est particulièrement
se développer au début des années 1980. Le laser représente un moyen confortable, évitant tout risque d’éclatement de la platine. Il peut aussi
technique et ne remet pas en question le principe des interventions, en constituer un réel avantage dans le cas de « geyser », par définition limité
particulier en ce qui concerne le choix des pistons, voire même l’étendue et facilement contrôlé du fait de la taille minime initiale du « trou ».
de l’ouverture platinaire, bien qu’il soit surtout adapté à la platinotomie
calibrée. Plusieurs problèmes doivent être envisagés. Section des branches de l’étrier
La branche postérieure de l’étrier est généralement très accessible à la
Choix du laser section par laser, dans les meilleures conditions de sécurité. Il n’en est
pas de même de la branche antérieure, il est vrai généralement plus fine,
Le choix théorique s’effectue entre trois types de laser [40]. mais moins directement exposée, qui doit être rompue le plus souvent à
Laser argon l’aide d’un crochet.
Il est caractérisé par plusieurs points : Platinotomie, platinectomie partielle ou platinectomie totale
– sa longueur d’onde est de 488 à 514 nm ; Le laser permet de « vaporiser » en théorie tout ou partie de la platine.
– c’est un rayon visible, ce qui assure une grande précision ; En réalité, son usage est essentiellement adapté à la platinotomie plus
– il est conductible par fibre optique ; ou moins calibrée. On peut réaliser cette platinotomie dans une approche
– en théorie, il a une pénétration profonde (ce qui peut générer un en « rosette » [70] jusqu’à obtenir le diamètre suffisant d’insertion de la
risque) et surtout une perte d’énergie importante sur tissu non ou peu prothèse, ou par un impact plus large (0,6 mm) d’emblée adapté au
coloré, comme l’os, ou le tendon de l’étrier ; calibre du piston. Le tissu osseux carbonisé doit être aspiré au fur et à
mesure, essentiellement en cas de platine épaisse. On évitera
– surtout, l’usage en oto-rhino-laryngologie (ORL) est à peu près limité l’échauffement, en respectant un court intervalle entre les tirs.
à cette indication, ce qui implique un investissement lourd et peu justifié.
Laser KTP Cas particulier
Il est caractérisé par plusieurs points : Platine flottante
– sa longueur d’onde est de 532 nm ; Le laser peut permettre d’effectuer un trou de sécurité, aussi bien dans
– c’est un rayon visible comme le laser argon ; une platine flottante, que lorsque celle-ci est fixée. Il faut cependant tenir
– il est conductible par fibre optique ; compte du risque d’« échappement », toujours possible dans la suite du
– il a le même risque potentiel de pénétration profonde que le laser processus chirurgical (mise en place de la prothèse, ou récupération de
argon, puisque le rayon n’est pas arrêté par les liquides incolores. Là la platine).
encore, une bonne absorption nécessite au contraire une coloration des
tissus, d’où perte d’énergie sur condition stapédienne. Platine très épaisse
En théorie, deux possibilités sont offertes :
Laser CO2
– la première consiste à utiliser une microfraise, ou une tréphine à main,
Il est caractérisé par plusieurs points [5] : pour « user » l’os jusqu’à ce qu’il devienne possible de compléter au
– sa longueur d’onde est de 10 600 nm ; laser ;
– c’est un rayon invisible qui doit être doublé par l’utilisation d’un laser – la seconde, consiste à multiplier les impacts, en aspirant
de visée hélium néon de couleur rouge, ce qui peut entraîner une légère régulièrement le tissu carbonisé, et à condition d’éviter tout
imprécision dans l’impact. Cet inconvénient semble actuellement échauffement important par le respect d’intervalles entre les impacts.
pouvoir être corrigé par l’usage de micromanipulateur adapté ; Ceci peut être long et difficile si l’intervention a lieu sous anesthésie
– le rayon ne peut être transmis par fibre optique ; locale.
– les avantages sont représentés par la sécurité d’emploi : le rayon est Ankylose a minima
arrêté par les liquides incolores, et ne peut donc pénétrer dans l’oreille
interne après ouverture (sauf aspiration de liquide intempestive qui Lorsque le foyer otospongieux est limité à la fissula ante fenestram,
représente ici un risque vraiment théorique). De toute façon, la longueur certains auteurs [60] proposent une platinotomie au laser sans prothèse.
d’onde élevée diminue le pouvoir de pénétration ; Le principe repose sur la création d’une « tranchée » entre le tiers
– surtout, c’est le laser le plus répandu en ORL et son usage peut donc antérieur de la platine et les deux tiers postérieurs, après vaporisation de
facilement être envisagé. la branche antérieure de l’étrier. La partie postérieure devient alors
mobile. La tranchée est obturée par de la graisse.
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Techniques chirurgicales TRAITEMENT CHIRURGICAL DE L’OTOSPONGIOSE 46-050
celle-ci, et souvent de mobiliser cette prothèse avant d’avoir ouvert sans technique laser. Ces résultats sont proches de ceux de Marquet [66] :
l’oreille interne. Ensuite, le processus chirurgical dépend des l’analyse rétrospective de 1 681 dossiers de patients otospongieux
constatations, avec en particulier l’opportunité d’agrandir l’orifice de opérés selon diverses techniques (platinotomie, platinectomie partielle
platinotomie dans les meilleures conditions d’efficacité et de sécurité, ou totale, laser ou non) ne permet pas de trouver de différence
avant de replacer une prothèse adaptée. significative sur l’ensemble des paramètres audiométriques
Au total, le laser présente de nombreuses avantages théoriques, et son postopératoires.
usage et la précision du geste peuvent, dans une certaine mesure, La comparaison platinectomie totale et partielle sur la fermeture du
compenser un peu la réduction de l’expérience inhérente à la diminution Rinne en postopératoire ne permet pas de conclure avec certitude [51] à la
du nombre d’otospongioses opérées individuellement (quelle que soit la supériorité d’une technique par rapport à une autre [49] . Certains
cause de celle-ci). Néanmoins, on commence à insister sur le fait que les attribuent à la platinectomie partielle de meilleurs résultats sur les
mêmes complications ont été retrouvées au fur et à mesure de fréquences de 2 à 8 kHz par rapport à la platinectomie totale. Aucune
l’extension de « l’usage laser », que lorsque les procédés mécaniques différence n’apparaît pour les fréquences inférieures à 1 kHz [44]. La
sont employés. Il convient donc de rester toujours aussi vigilant sur la comparaison platinectomie-platinotomie met en évidence de meilleurs
qualité du geste. résultats sur la discrimination vocale à moyen terme, pour la
platinectomie calibrée, mais également sur les seuils tonals : 4 et
8 kHz [18].
Efficacité comparative des différentes
techniques et résultats En fait, il semble surtout que les divergences soient souvent affaire
d’habitude et d’expérience. Le contrôle des différentes techniques
Aucune réponse définitive n’a été publiée quant à l’efficacité supérieure permet de s’adapter aux conditions anatomiques et aux différentes
d’une technique chirurgicale par rapport à une autre, ou quant aux difficultés rencontrées dans certains cas pouvant amener à reconsidérer,
séquelles chirurgicales sur la cochlée [31] . L’audiométrie haute- en cours d’intervention, la technique habituellement retenue.
fréquence pourrait être une bonne méthode d’approche des effets Ainsi, les résultats postopératoires dépendent essentiellement de la
secondaires de la chirurgie de l’otospongiose sur la cochlée [41]. qualité de l’opérateur. Ces données posent le problème de
Dans une importante série rétrospective de 875 patients opérés avec l’apprentissage de cette technique par les jeunes ORL. Plusieurs études
diverses techniques à la House Ear Clinic de Los Angeles, Sedwick et ont montré les résultats moins bons des chirurgiens otologistes en
al [52] ont montré que la platinotomie et la platinectomie totale donnaient formation par rapport à leurs aînés (tableau II). L’entraînement doit être
les mêmes résultats sur la fermeture du Rinne. Les résultats sur la progressif [53] et aborder petit à petit les différents temps opératoires. La
conduction osseuse postopératoire sont peu convaincants : la technique étant acquise, il faut ensuite bénéficier d’un recrutement
platinotomie donne moins de déficit auditif postopératoire à la fréquence suffisant pour garder la maîtrise du geste opératoire [51]. Le laser facilite
4 000 Hz, tandis qu’il n’y a aucune différence significative sur les autres sans doute certains temps opératoires, encore faut-il en disposer et
fréquences. Les résultats sur l’audiométrie vocale sont identiques dans mieux vaut sans doute s’assurer, de toutes façons, d’une maîtrise parfaite
tous les groupes. Il n’existe aucune différence significative sur tous les des techniques classiques, qui représentent encore de très loin l’essentiel
résultats audiométriques, que le geste platinaire soit effectué avec ou de la pratique courante.
Tableau II. – Résultats postopératoires publiés dans la littérature internationale avec deux populations d’opérateurs : en haut, les interventions réalisées par
les masters ; en bas, les interventions réalisées par les résidents sous contrôle d’un master .
Fermeture Rinne Perception postopératoire (%)
Rinne < 10 dB (%)
%
M Broockler 1797 - 0,05-2
A Sheeny 1979 90 1
S Smyth 1978 94 4
T Sooy 1973 94 moyenne 94 % -
E Robinson 1979 96 1,5
R House 1979 92 -
S Elonka 1982 [25] 97 -
%
É
S Chandler 1983 [14] 62 7
I Vernick 1986 [63] 78 4
D Cocker 1988 [16] 64 moyenne 74 % -
E Engel 1984 [26] 75 -
N Levenson 1987 [34] 89 -
T
S
Références ➤
page 11
46-050 TRAITEMENT CHIRURGICAL DE L’OTOSPONGIOSE Techniques chirurgicales
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page 12
¶ 46-060
Tympanoplasties
O. Deguine, M.-N. Calmels, C. Deguine
Le terme de tympanoplastie définit toute forme de chirurgie visant au traitement de l’otite chronique ;
cette chirurgie concerne la membrane tympanique et/ou un ou plusieurs éléments de l’oreille moyenne.
Nous avons limité le sujet aux techniques chirurgicales des séquelles d’otite chronique. Les techniques
chirurgicales du cholestéatome (technique fermée, technique ouverte, méatoplastie) et la stratégie de
prise en charge de l’otite chronique évolutive ont été volontairement exclues et méritent à elles seules un
chapitre spécifique.
© 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Chirurgie de l’oreille ; Chirurgie de l’otite chronique ; Tympanoplastie ; Prothèse ossiculaire ;
Membrane tympanique ; Mastoïde ; Myringoplastie
Plan
Perforations cachées
■ Diagnostic sémiologique
L’examen au microscope ne permet pas toujours de mettre en
des lésions tympaniques évidence une perforation antérieure ou antérosupérieure,
notamment lorsque le conduit auditif est étroit (enfant), coudé
La prise de décision chirurgicale dépend d’une analyse ou bombant. Il convient de pratiquer un nettoyage soigneux et
minutieuse de l’état de la membrane tympanique, de la chaîne doux du conduit et du tympan, des débris épidermiques ou de
ossiculaire, de la muqueuse sous-jacente, de la peau et du calibre cérumen pouvant obstruer une perforation de petite taille.
du conduit auditif externe. Elle s’intègre dans l’histoire de la L’utilisation d’un endoscope (diamètre 4 mm, angle 0°), par la
maladie et doit prendre en compte l’état et la demande du vision panoramique qu’il offre, peut être utile pour visualiser le
patient. tympan dans son ensemble et poser le diagnostic. La découverte
Otorrhée
L’otorrhée séromuqueuse ou séreuse itérative oriente vers un
dysfonctionnement tubotympanique. Dans ces cas, la perfora-
tion joue le rôle d’aérateur naturel et pourra être respectée. En
cas d’infection (otorrhée purulente), seule l’évolution et la
surveillance permettent de distinguer les infections endogènes,
des infections exogènes par une contamination externe (bai-
gnades). Ce sont elles qui nécessitent un traitement chirurgical.
Une otorragie, dans un contexte d’otite chronique, est le plus
souvent provoquée par un polype muqueux, sentinelle d’un
cholestéatome. Dans certains cas, il peut s’agir d’une tumeur du
conduit. Une otorrhée claire, pulsatile, synchrone au pouls,
chronique, avec altération de la peau du conduit auditif externe
doit évoquer un écoulement de liquide céphalorachidien
(otoliquorrhée). Le diagnostic positif de brèche ostéoméningée,
secondaire ou primitive, est établi par les examens
neuroradiologiques.
Périchondre
Figure 5. Perforation avec myringite réactionnelle.
Ses avantages sont équivalents à ceux de l’aponévrose tempo-
rale, avec une manipulation plus facile liée à sa consistance [5].
• le contrôle du fond de la poche au microscope ou à l’endos- Le périchondre peut être utilisé seul ou associé au cartilage.
cope ;
• la présence de squames épidermiques, signant la perte des Graisse
propriétés autonettoyantes et l’évolution vers le choles- L’utilisation de la graisse dans la myringoplastie est directe-
téatome. ment liée à ses propriétés histologiques, métaboliques et
Ces caractéristiques sémiologiques vont permettre une sécrétrices. Il s’agit d’une technique ancienne [6, 7], récemment
appréciation de la maladie otitique, de ses facteurs évolutifs et remise à jour [8] . Elle se comporterait comme un greffon
déterminer les indications opératoires. autologue actif capable de stimuler la reconstruction de la
couche fibreuse après excision des tissus cicatriciels [9]. La graisse
Lésions ossiculaires
abdominale serait préférable à la graisse lobulaire. Le matériel
La présence d’une surdité de transmission de plus de 35 dB prélevé doit être suffisant, en un seul morceau sans être écrasé.
doit évoquer soit une interruption de la chaîne, soit une Il est placé en « bouchon de champagne » au travers de la
fixation ossiculaire ou ligamentaire. perforation dont les berges sont avivées et désépidermisées. Les
résultats sont satisfaisants à condition de respecter les indica-
Lésions muqueuses (Fig. 5) tions : taille de la perforation inférieure à 50 % de la membrane
En dehors d’un épisode de surinfection évidente, la présence tympanique, perforation non marginale (avec annulus et
d’une muqueuse inflammatoire ou hypertrophique, ou de marteau conservés), muqueuse de caisse saine, absence de
polypes au travers de la perforation doit inciter à la réserve dans myringite ou de tympanosclérose en contact avec la perforation,
l’indication opératoire. Il convient de rechercher une pathologie tympan non atrophique.
respiratoire associée (allergie, intoxication tabagique, polypose
Cartilage
nasale) à traiter avant tympanoplastie.
Si l’aponévrose temporale et le périchondre restent les
Cadre tympanique matériaux de référence, certaines situations cliniques telles que
les oreilles atélectasiques, les rétractions et les perforations
La lyse du cadre tympanique caractérise les perforations
récidivantes constituent un défi pour le chirurgien [10]. Dans ces
marginales, potentiellement dangereuses et pouvant évoluer
cas, l’aponévrose et le périchondre ont tendance à s’atrophier et
vers un cholestéatome, dont le traitement est plus complexe. La
le cartilage représente une alternative par sa rigidité et sa
présence de l’annulus définit les perforations non marginales,
résistance à la résorption. Il était peu utilisé en raison des
de bon pronostic.
réserves que suscitait sa rigidité, mais des études comparatives
Conduit auditif externe sur de grandes séries [11-13] ont montré que les résultats auditifs
étaient identiques à ceux obtenus par greffe d’aponévrose ou de
Les otites externes associées à une perforation devraient être périchondre. De plus, en fonction du site du prélèvement, le
traitées avant tympanoplastie afin de permettre une cicatrisation cartilage peut être plus ou moins épais. Au niveau de la conque
dans les meilleures conditions. Le calibre du conduit permet de ou de la fossette triangulaire du pavillon, il est plus fin qu’au
prévoir la voie d’abord et d’anticiper la nécessité d’un alésage ou niveau du tragus et son utilisation permet la réalisation de
du relèvement de la peau antérieure. tympanométries pouvant être utiles dans le cadre de la sur-
veillance postopératoire [13]. Pour certains auteurs, l’épaisseur de
Imagerie la greffe cartilagineuse conditionne le résultat fonctionnel [14].
La seule réserve que l’on puisse retenir concerne la surveillance
En cas de perforation simple, isolée, l’imagerie n’est pas
otoscopique d’un éventuel cholestéatome derrière une mem-
nécessaire. La réalisation d’un scanner en coupes fines axiales et
brane opaque. Mais cette réserve ne résiste pas à l’ordre des
coronales peut être discutée en cas de syndrome malformatif, de
priorités dans la prise en charge de l’otite chronique : d’abord
surdité neurosensorielle associée ou en présence d’une surdité
guérir ou stabiliser le patient, ensuite le surveiller.
de transmission supérieure à 35 dB, qui évoque une atteinte de
Une variante de la greffe par cartilage est la combinaison
la chaîne ossiculaire [1]. Le scanner est souhaitable en cas de
cartilage-périchondre [15].
poche de rétraction ou de cholestéatome.
Les résultats fonctionnels sont identiques à ceux obtenus par
greffe d’aponévrose, mais l’avantage est de pouvoir garder la
■ Matériaux partie nourricière du cartilage et d’utiliser le périchondre pour
positionner et stabiliser la greffe par rapport au marteau et sur
l’annulus. La cohésion entre le périchondre et le cartilage
Matériaux utilisés pour le greffon permet de conserver une rigidité optimale au greffon. Chez
tympanique l’enfant, certains auteurs recommandent ce matériau en pre-
mière intention [16].
Aponévrose temporale Eavey [17] a décrit la technique du cartilage « papillon »
Les greffes d’aponévrose temporale (improprement appelée (cartilage butterfly technique), utilisable pour les petites perfora-
« fascia ») ont été décrites simultanément en Europe et aux tions sèches non marginales. Son intérêt est d’éviter toute
incision, en positionnant une pièce de cartilage taillée en forme Ossiculoplasties par prothèses synthétiques (Fig. 7)
de diabolo et placée à cheval dans l’épaisseur de la membrane
tympanique. Si la technique est simple, elle ne permet pas un Un excellent historique des matériaux a été fait par Yung [22].
contrôle précis des bords de la perforation. Les résultats Nous avons retenu les dernières évolutions, d’utilisation
anatomiques et fonctionnels seraient comparables aux classiques courante et fiable [23].
greffes en sous-fibreux [18, 19]. Hydroxyapatite
Allogreffes et hétérogreffes Les prothèses en hydroxyapatite ont été introduites par Grote
en 1981 [24, 25] et popularisées par Wehrs quelques années plus
La littérature a été abondante sur l’utilisation de greffes
tard [26]. Leur biocompatibilité est excellente et leur densité les
d’origine humaine [20] ou animale (Parmatymp ® ). La liste
rend comparables à un osselet. L’hydroxyapatite est recouverte
limitative des biomatériaux d’origine animale dont l’utilisation
par la muqueuse et s’intègre à la face profonde de la membrane
est autorisée par l’Agence française de sécurité sanitaire des
tympanique. Elle est stable au cours du temps, même en cas
aliments et produits de santé (AFSSAPS) est disponible sur le site
d’épisodes infectieux itératifs. L’utilisation de cartilage interposé
http : //recherche.sante.gouv.fr ; aucun matériau susceptible de
entre la tête de la prothèse et la greffe tympanique a été
remplacer une membrane tympanique ou une chaîne ossiculaire
largement débattue. Si elle n’est pas strictement indispensable
n’y figure.
en cas d’oreille saine et stable, elle est utile lors de poussées
inflammatoires à répétition et en présence d’une rétraction
Matériaux utilisés pour la columelle tympanique homo- ou controlatérale [27]. L’interposition de
cartilage ne compromet pas le résultat fonctionnel et réduit le
Ossiculoplastie par autogreffe (Fig. 6) risque d’extrusion [28]. Ces prothèses peuvent se combiner avec
L’utilisation d’un des osselets du patient pour restaurer la d’autres matériaux pour permettre plus facilement leur adapta-
columelle représente une situation favorable. En général, c’est tion (pied souple, articulation métallique) et existent sous
l’enclume qui est disponible ; elle peut être utilisée pour un différentes formes.
montage étrier-tympan (type II) ou platine-tympan (type III), en
Titane
fonction de la longueur de la longue apophyse. Sa masse, sa
forme et sa biocompatibilité en font un matériau de choix. Son Les premières publications sur les prothèses ossiculaires en
ajustement se fait par fraisage et l’irrigation continue est titane sont apparues en 1996 [29]. Leur intérêt a été confirmé par
importante pour éviter les brûlures osseuses qui seraient de nombreux auteurs [30-34]. Il s’agit d’un métal parfaitement
préjudiciables à sa durée de vie [21]. D’autres types d’autogreffes biocompatible, léger et rigide. Toutefois, les différentes formes
peuvent être utilisables : la tête du marteau, une pièce de des prothèses disponibles témoignent de la difficulté à trouver
corticale mastoïdienne, une pièce de cartilage. la plus adaptée. Au contraire de l’hydroxyapatite, l’interposition
• respect de l’annulus fibreux à sa partie antérieure ; celui-ci rebord osseux (néosulcus) dans le plan tympanique permet
constitue un support nécessaire et suffisant pour l’applica- de constituer une surface d’appui pour l’application de la
tion d’une greffe. Si l’annulus est absent, le fraisage d’un greffe ;
• application de la greffe en commençant par sa partie anté- réaction gigantocellulaire, laissant suspecter une réaction à
rieure, sur l’annulus (ou le néosulcus), le bord ne remontant corps étranger, notamment au talc des gants chirurgicaux.
pas sur la paroi osseuse antérieure. La partie postérieure est Lorsqu’elle apparaît à distance du geste opératoire, elle peut
ensuite étalée sur la partie postérieure du conduit osseux ; être satellite d’une pathologie sous-jacente de l’oreille
• ancrage de la greffe sur la chaîne ossiculaire. En présence moyenne et notamment d’un cholestéatome iatrogène ou
d’un manche du marteau rétracté vers le promontoire, la résiduel. Son traitement est difficile et repose sur une éviction
greffe peut être appliquée sous sa face interne. aquatique stricte et l’application de gouttes auriculaires à base
Lorsque la greffe tympanique latéralisée apparaît correctement d’anti-inflammatoires et d’antiseptiques.
ventilée, il est possible de pratiquer une ossiculoplastie directe-
ment à son contact. Les résultats sont souvent partiels et
Récidive de perforation
instables.
Les tentatives de repositionnement du tympan sur le marteau Lorsqu’elle est précoce (dans les 3 mois postopératoires) elle
ou sur l’annulus sont souvent vouées à l’échec. La greffe de peut être imputable à la technique opératoire. Les reperforations
cartilage total, solidement amarrée au cadre tympanique, sont favorisées par le manque d’expérience du chirurgien, l’état
complétée par des greffes libres de peau, offre quelques chances inflammatoire de la muqueuse de l’oreille moyenne [54] ou les
de succès. événements indésirables périopératoires (toux, aspiration
violente, infection). Une reperforation plus tardive peut témoi-
Myringite gner d’une pathologie sous-jacente de l’oreille moyenne évolu-
Cette inflammation, le plus souvent isolée au niveau de la tive ou survenir après un épisode otitique aigu, notamment
greffe mais pouvant s’étendre à toute la membrane tympani- chez l’enfant [54]. Une reprise chirurgicale peut s’imposer alors
que, est visible en général dès les premières semaines posto- en modifiant la technique opératoire ou en utilisant un maté-
pératoires. De nombreux facteurs ont été incriminés, tels riau de greffe plus solide (périchondre, cartilage). Il faut savoir
qu’un dégraissage insuffisant du matériau de greffe ou cependant respecter certaines reperforations paucisymptomati-
l’éversion de la muqueuse à la face externe de la greffe ques, ces dernières pouvant être considérées comme des aéra-
positionnée sous la fibreuse, entretenant une réaction inflam- teurs naturels nécessaires au maintien de la ventilation de
matoire chronique. L’examen histologique peut montrer une l’oreille moyenne.
Perles épidermiques (Fig. 20) visibles à la consultation postopératoire précoce, elles imposent
Les perles épidermiques constituent de véritables cholestéato- le contrôle otomicroscopique systématique 1 an après l’inter-
mes iatrogènes qui se développent à partir de reliquats épider- vention. Leur exérèse peut se faire lors de la consultation de
miques inclus sous la greffe. Elles sont observées dans 4 à 5 % contrôle (perles superficielles), ou lors d’une révision chirurgi-
des cas, quelle que soit la technique utilisée [40] . Elles se cale (perles profondes). Leur prévention passe par un décolle-
présentent généralement sous la forme d’un kyste sphérique ment minutieux de l’épiderme (pour la technique extrafibreuse)
blanc nacré, d’où le nom de perle ou parfois de squames et par la remise en place précise des lambeaux en fin
diffuses visibles dans la caisse par transparence. Rarement d’intervention.
Indications
Séquelle stabilisée
La séquelle stabilisée correspond à une perforation sèche, de
taille constante, avec ou sans retentissement auditif. L’indica- Figure 22.
tion opératoire dépend de la plainte du patient, liée à l’hypoa- A, B. Tympanoplastie extrafibreuse : résultats anatomiques. Cas 1.
cousie ou aux infections itératives. Elle peut également se
justifier à titre préventif dans certains cas particuliers, par
exemple l’éradication d’un foyer infectieux potentiel ou pour
limiter le risque d’infection en cas d’appareillage auditif.
Résultats
Évaluation des résultats Résultat anatomique
Suivi Il s’apprécie sur l’état de la membrane tympanique, sa
position par rapport au cadre, son aspect et sa consistance
Il est classique d’évaluer le résultat immédiat d’une tympano-
(Fig. 15, 22, 23).
plastie 1 à 2 mois après l’intervention, mais l’évolution natu-
relle de la maladie otitique peut modifier ce résultat initial. On Résultat fonctionnel
prend donc pour référence l’observation à 1 an, délai minimal
nécessaire pour apprécier l’évolution locale. Toutefois, la La qualité du résultat auditif s’apprécie par la comparaison
surveillance doit être longue et s’il n’existe pas de consensus sur des audiogrammes tonaux pré- et postopératoires. Le gain
la durée de suivi, un contrôle à 5 ans semble souhaitable. moyen se définit par la différence des conductions aériennes.
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Deguine O., Calmels M.-N., Deguine C. Tympanoplasties. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Herman P, Sauvaget E, Kacimi El Hassani Z, Kania R, Hervé S et Tran Ba Huy P. Chirurgie de l’ethmoïde et du sphénoïde. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales
Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-150, 2002, 14 p.
46-150 Chirurgie de l’ethmoïde et du sphénoïde Techniques chirurgicales
Enfin, des systèmes de sinusonavigation directement dérivés des injectée au niveau de la queue du cornet moyen, de sa racine
systèmes de neuronavigation ont vu le jour et sont maintenant cloisonnante, sur la bulle, sur la tête du cornet moyen, et au-dessus
disponibles sur le marché à des tarifs encore élevés. En contrepartie, et en avant de l’apophyse unciforme. Certains s’aident également
ce type de matériel peut être d’une aide précieuse dans des d’une infiltration par voie externe du nerf sous-orbitaire, voire d’une
conditions anatomiques ou pathologiques difficiles. Néanmoins, infiltration canthale interne. Cette dernière fait courir un risque de
l’usage de ce type de dispositif ne remplace pas l’expérience de vasospasme (cf Complications).
l’opérateur. La diffusion récente de ces appareils aux États-Unis ne
s’est semble-t-il pas accompagnée de la baisse de la morbidité
attendue. Ces systèmes peuvent, pour certains, être couplés à un ANESTHÉSIE GÉNÉRALE
microdébrideur : la position de l’instrument est alors visible en Chez des patients médicalement préparés, les techniques
temps réel sur les coupes de scanner affichées sur le moniteur de anesthésiques sont multiples. Dans tous les cas, elles doivent tenir
contrôle. compte de la bronchoréactivité fréquente de ces patients, et
également de la nécessité d’une réduction du saignement opératoire.
Cette dernière est obtenue grâce à une position adaptée pour
Préparation diminuer la pression veineuse locale et à une vasoplégie induite par
le propofol (Diprivant) ou les nouveaux halogénés (isoflurane
L’inflammation de la muqueuse nasosinusienne doit être contrôlée Forenet, sevoflurane Sevoranet). En pratique, l’induction est
au mieux avant l’intervention, en particulier pour réduire le obtenue par halogénés ou propofol, et l’entretien est le plus souvent
saignement peropératoire. Rappelons que la chirurgie de la polypose assuré par l’association d’un morphinique et d’un halogéné. Ces
nasosinusienne ne se conçoit de nos jours qu’en cas d’échec d’un dérivés halogénés récents ont deux avantages : une cinétique
traitement médical bien conduit. Par ailleurs, un nombre important avantageuse (concentration stable et élimination rapide) et un effet
de patients atteints de rhinosinusite chronique présentent un asthme bronchodilatateur.
associé susceptible de se réactiver durant la période périopératoire. Notons que l’analgésie ne doit pas dispenser d’une préparation
Pour toutes ces raisons, une préparation générale par corticoïdes locale minutieuse (cf supra) contribuant largement à la réduction du
(selon les auteurs de 0,25 à 1 mg/kg/j d’équivalent prednisone) est saignement peropératoire.
souhaitable durant la semaine précédant l’intervention, associée le
cas échéant à une antibiothérapie.
Installation
Anesthésie Elle est désormais classique. Les droitiers se placent à la droite du
patient et les gauchers à gauche. À noter que certains opérateurs
La chirurgie de l’ethmoïde peut être réalisée sous anesthésie locale changent de côté pour toujours travailler dans la fosse nasale
ou générale. La technique de l’anesthésie locale a deux avantages : opposée. Le moniteur, le boîtier de caméra et la source de lumière
le saignement est limité au maximum, et le toit de l’ethmoïde voit sont à la tête. La table à instruments est placée en face du chirurgien.
sa sensibilité préservée, ce qui diminue d’autant le risque de fausse Les clichés de scanner sont affichés dans la salle à proximité du
route. En revanche, la survenue d’une hémorragie importante chirurgien.
expose à un risque d’inhalation.
Le patient est allongé sur le dos, soit à plat ce qui évite que le
Pour ce qui nous concerne, les indications d’anesthésie locale sont manche des instruments ne bute sur le sternum lors de la dissection
restreintes aux pathologies limitées, chez des patients en bon état antérieure, soit avec 30° de flexion cervicale afin que l’axe des
général, sans asthme associé, préférant éviter l’anesthésie générale, instruments ne soit pas directement dirigé vers le toit de l’ethmoïde.
et ayant un profil psychologique adapté pour faire face à une Enfin, la table doit être mise en proclive, ce qui diminue la pression
situation anxiogène. veineuse et donc le saignement. Enfin, la hauteur de la table est
ajustée pour que le bras tenant la caméra soit fléchi à 90° sans
ANESTHÉSIE LOCALE
contraction des épaules.
Le cas échéant, le casque de sinusonavigation est préalablement
Même minutieusement pratiquée, elle ne se conçoit sous nos
placé sur la tête du patient.
latitudes qu’associée à une diazanalgésie dès lors que le geste
dépasse la simple polypectomie. Après une prémédication à Durant l’intervention, l’optique de l’endoscope est, soit
l’Ataraxt, cette technique associe une benzodiazépine (type régulièrement nettoyée avec du savon stérile, soit rincée par une
midazolam, Hypnovelt), administrée par bolus intraveineux de chemise d’irrigation.
1 mg toutes les 10 minutes sans dépasser 0,1 mg/kg, et un
analgésique morphinique (Fentanylt). L’utilisation de ces drogues
impose une surveillance par un anesthésiste avec monitoring de la Rappels d’anatomie chirurgicale
pression artérielle, oxymètre et scope. Le protocole d’anesthésie
locale est à certains égards chronophage : il comporte en effet une Les sinus sont formés d’un ensemble de cellules dont l’organisation
longue préparation locale : pulvérisation première d’un spray de a été systématisée par Terrier (in [1]) (fig 1). Brièvement, rappelons
Xylocaïnet à la naphazoline, puis méchage léger avec des cotonoïdes que l’ethmoïde est divisé en ethmoïde antérieur et ethmoïde
imprégnés de la même solution, essorés pour éviter d’induire une postérieur par la racine cloisonnante du cornet moyen. En effet, le
anesthésie du carrefour aérodigestif. Une dizaine de minutes plus cornet moyen s’insère en avant sur la lame criblée et est situé dans
tard au minimum, cette mèche est retirée et la fosse nasale va être un plan sagittal ; en revanche, en arrière, il bascule dans un plan
tamponnée minutieusement sous contrôle optique. Les cotonoïdes oblique en bas et en arrière et s’insère sur la paroi d’orbite. Il forme
sont placés au niveau des queues de cornet, voire du récessus alors la racine cloisonnante.
sphénoethmoïdal, le long des cornets, voire dans les méats moyen L’ethmoïde antérieur est habituellement décrit en fonction de la
et inférieur. Ce tamponnement est laissé en place au moins un quart systématisation de Terrier qui isole trois groupes de cellules : le
d’heure. Cette anesthésie peut également utiliser la cocaïne en groupe méatique situé en avant et en dedans comprend trois
solution, peu utilisée en France alors qu’elle a la faveur des cellules, méatique antérieure donnant naissance au sinus frontal,
opérateurs anglo-saxons, mais qui est susceptible d’exercer une méatique postérieure et cellule préméatique inconstante ; le groupe
toxicité cardiaque. unciformien comprend jusqu’à quatre cellules : unciformienne
En préopératoire immédiat, l’anesthésie de surface va être complétée terminale susceptible de coloniser partiellement le sinus frontal,
par une infiltration de Xylocaïnet à 1 % adrénalinée au 1/100 000 unciformienne antérieure ou agger nasi susceptible de repousser
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Techniques chirurgicales Chirurgie de l’ethmoïde et du sphénoïde 46-150
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46-150 Chirurgie de l’ethmoïde et du sphénoïde Techniques chirurgicales
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Techniques chirurgicales Chirurgie de l’ethmoïde et du sphénoïde 46-150
la cloison intersinusonasale en avant de la lame perpendiculaire du C’est dire l’intérêt, quand cela est possible, d’avoir préalablement
palatin juste au-dessus du cornet inférieur (emplacement repéré l’orientation de la lame criblée lors de l’examen endoscopique
approximatif de la fontanelle postéro-inférieure). À partir de là, le de la fosse nasale, puisque l’axe du couloir ethmoïdal est
mors mobile de la pince rétrograde est introduit dans le sinus et la évidemment parallèle à celui de la lame criblée. Dès la trépanation
portion horizontale de l’unciforme est réséquée d’arrière en avant de la bulle, l’objectif est d’identifier d’abord la paroi interne d’orbite,
entre la bulle en haut et le cornet inférieur en bas. On dégage à sa couleur blanc-jaune et à sa surface lisse caractéristique, puis
finalement vers l’avant le méat physiologique, avec des gestes vers le haut le toit de l’ethmoïde, white hard roof des Anglo-Saxons,
d’autant plus doux que l’on progresse vers l’avant pour éviter de reconnaissable à sa forme concave en bas, et à sa couleur lorsque la
blesser la voie lacrymale. pathologie muqueuse est limitée à ce niveau. En revanche, lorsque
Le jour ainsi obtenu sur le sinus maxillaire est le plus souvent la muqueuse est très inflammatoire, ce n’est que l’exérèse prudente
suffisant, même pour pratiquer des gestes endosinusiens. Dans de d’une partie de la muqueuse le recouvrant qui permet de dévoiler
rares situations, lorsqu’il existe un corps étranger enclavé dans le un os blanc et lisse caractéristique. Cette recherche des balises est au
bas-fond du sinus, c’est par la méatotomie qu’est contrôlée la mieux réalisée à l’aspiration boutonnée, à petits mouvements
progression d’un instrument introduit dans le sinus par une prudents. Progressivement après avoir dégagé la paroi d’orbite et le
méatotomie inférieure, réalisée d’abord au trocart à 2 cm en arrière toit de l’ethmoïde, c’est la racine médiale du cornet moyen que l’on
de la tête du cornet inférieur pour éviter de traumatiser la voie expose, en prenant garde à ne jamais se diriger en dedans à l’aplomb
lacrymale, puis agrandie à l’aide de pinces, ou encore par une voie de la racine du cornet moyen.
de la fosse canine a minima, réalisée là encore au trocart, à l’aplomb La dissection va alors se poursuivre de l’arrière vers l’avant.
de la canine. Néanmoins, une bonne exposition impose à ce stade la résection
Deux incidents peuvent émailler cette intervention. La blessure de complémentaire de la portion haute de l’unciforme, poursuivie
la voie lacrymale ne laisse en général pas de séquelle sous réserve jusqu’au niveau de l’opercule. Si cette région operculaire apparaît
d’un décroûtage minutieux lors des soins postopératoires, en bombante, cela signe l’existence d’une pneumatisation importante
demandant de plus au patient d’instiller un collyre antibiotique et des cellules de l’agger nasi qui vont masquer le canal nasofrontal [2,
corticoïde trois fois par jour durant 1 semaine. Quant à l’issue de 19]
. Ces cellules sont aisément identifiées sur le scanner en coupes
graisse orbitaire, elle résulte d’une incision à la faux trop oblique coronales sur les coupes passant par la voie lacrymale : ces cellules
vers le dehors. Quand elle est limitée, elle est heureusement sans pneumatisent l’os lacrymal et apparaissent donc implantées sur la
conséquence si elle est immédiatement identifiée, pour autant que paroi d’orbite. La pince à 90° est alors introduite fermée, comme un
l’on évite instamment d’aspirer la graisse lors de la poursuite de la palpeur, en arrière et en dehors de l’opercule : la paroi qui masque
méatotomie, de mécher la fosse nasale et d’appliquer des onguents la pince est ensuite retirée par un mouvement de torsion dirigé en
graisseux dans la cavité opératoire en fin d’intervention (cf bas et en arrière afin d’éviter de décoller la muqueuse de la branche
Complications). montante du maxillaire. Ceci donne un jour direct sur la partie
antérieure de l’ethmoïde. La dissection se poursuit alors d’arrière en
ETHMOÏDECTOMIE ANTÉRIEURE
avant, au contact du toit de l’ethmoïde, en s’abstenant de tout geste
pénétrant à ce niveau. À ce stade, soit l’aspiration malléable, soit la
L’opérateur expérimenté peut, en fonction des conditions curette courbe sont utilisées pour explorer prudemment la région la
pathologiques, décider d’une tactique différente de celle que nous plus antérieure et médiale, le long du cornet moyen, en travaillant
exposons ici. Cette dernière a l’avantage de permettre un repérage en dessous du toit de l’ethmoïde. C’est là que peut le plus souvent
précoce des différentes balises anatomiques, avec une prise de risque être identifiée une mince fente muqueuse signant l’ostium du sinus
minimale. De nombreuses modalités opératoires ont été décrites [17, frontal. De deux choses l’une : si la muqueuse est de bonne qualité
26, 27, 28, 29, 30, 32]
. et les passages perméables, la dissection s’arrête là. Sinon, c’est soit
Nous préconisons de débuter cette intervention par la réalisation de à la curette courbe et fine, par des mouvements dirigés du toit de
la méatotomie moyenne avec turbinectomie moyenne, l’ethmoïde vers l’avant et le bas, soit avec la pince-mors-curette à
éventuellement après exérèse première des polypes masquant 45° ou les pinces de Peynègre que sont méticuleusement retirées les
l’opercule du cornet moyen et les reliefs du méat moyen. À ce stade, ultimes cloisons masquant le sinus frontal. Le récessus frontal,
deux situations peuvent se présenter : véritable antichambre du sinus frontal, peut être rendu étroit par
– soit il s’agit d’une pathologie très limitée, de sorte que les l’apophyse unciforme qui fait le gros dos au contact de la base du
moindres cloisons sont identifiables. On procède alors en fonction crâne ou de la racine d’insertion du cornet moyen, par une cellule
de la systématisation anatomique (cf infra). À noter que du fait de la de l’agger nasi très pneumatisée, par une bulle ethmoïdale, voire
grande variabilité des cellules, la systématisation ethmoïdale est par d’autres cellules de l’ethmoïde antérieur [26]. Dans toutes ces
souvent peu évidente. L’important est de réaliser sans risque une situations, l’opérateur a alors l’illusion d’avoir ouvert le sinus frontal
dissection limitée aux lésions et permettant de garantir de bons alors qu’il existe encore une cloison à disséquer prudemment, au
passages aériens ; mieux le long de la racine du cornet moyen, par des gestes pratiqués
d’arrière en avant et de haut en bas. La difficulté est encore accrue
– le plus souvent, il existe une pathologie importante qui ne permet lorsqu’il existe des cellules intrafrontales. C’est dire l’intérêt de
pas d’interpréter l’anatomie des moindres cellules. Il convient alors
l’expérience pour réaliser une chirurgie complète à ce niveau, tout
d’adopter une tactique chirurgicale visant à identifier au plus tôt les
en préservant au maximum la muqueuse.
balises anatomiques et éviter les dangers (étage antérieur, orbite).
Dans cette situation, le but de l’intervention est d’élargir l’isthme À noter que l’aspect bleuté d’une ultime cloison masquant l’abord
nasofrontal que représentent les cellules ethmoïdales, en étant du sinus frontal peut être confondu avec la couleur de la méninge
économe vis-à-vis de la muqueuse, dans la mesure où seule cette vue au travers d’un toit raréfié. La plus extrême prudence s’impose
attitude permet de prévenir les sténoses postopératoires et autres donc. Mieux vaut un geste incomplet qu’une complication !
mucocèles. Soulignons que cette région représente physiologiquement un point
Après avoir donc pratiqué l’exérèse des polypes encombrant le méat de fragilité de l’étage antérieur, et également le site de la plupart
moyen et réalisé une turbinectomie et méatotomie moyenne, on des « fausses routes ». C’est dire encore la nécessité d’une prudence
résèque la paroi antérieure de la bulle à la pince-mors-curette à 45°. maximale, de toujours vérifier à l’aspiration boutonnée qu’il existe
Tous les gestes pratiqués alors ont une faible amplitude, et l’exérèse bien, juste en arrière, une résistance osseuse, et en cas de doute de
des cloisons peut être précédée d’une palpation des cloisons, voire ne jamais enfoncer profondément l’aspiration, ce qui causerait en
de leur trépanation prudente à l’aspiration boutonnée. Les gestes cas de brèche des lésions majeures au lobe frontal.
doivent impérativement être pratiqués dans l’axe supposé du couloir C’est à ce stade que l’optique à 45° peut s’avérer utile pour avoir
ethmoïdal, et non obliques vers le dehors, autrement dit vers l’orbite. une meilleure exposition. Cette dissection est le plus souvent
5
46-150 Chirurgie de l’ethmoïde et du sphénoïde Techniques chirurgicales
suffisante et il est exceptionnel d’avoir à réséquer à la fraise le Il importe de respecter au maximum la muqueuse de la cavité
processus nasofrontal, autrement dit le plancher du sinus frontal, sphénoïdale, donc de ne pas l’arracher. Quand une ethmoïdectomie
chez un patient naïf, non opéré. postérieure est associée, la sphénotomie peut être poursuivie en
En cas de pathologie muqueuse limitée, la systématisation dehors, sous contrôle de la vue, et après avoir clairement identifié le
ethmoïdale peut parfois être caractérisée. Les mêmes principes sont repère du nerf optique dans l’angle postéro-supéro-externe de la
néanmoins appliqués. L’unciforme est d’abord réséquée aussi cavité. L’agrandissement de la sphénotomie doit être réalisé avec
complètement que possible, puis la bulle est ouverte pour identifier des gestes prudents, non pas à la pince-mors-curette susceptible de
la paroi interne d’orbite et le toit de l’ethmoïde. La dissection est fracturer des cloisons et de créer un hématome dans le canal
poursuivie le long de sa racine cloisonnante qui mène au toit. C’est optique, mais avec une pince de Citelli, en sectionnant véritablement
là que le relief de l’artère ethmoïdale est identifié. Les cloisons l’os sur place. À ce stade, l’existence éventuelle d’une cellule
situées en avant et en dessous de l’artère sont alors prudemment d’Onodi fait courir un risque au nerf optique. En effet, la cloison
retirées ; elles correspondent à la partie toute supérieure de la racine entre sinus sphénoïdal et cellule d’Onodi s’insère le plus souvent
cloisonnante de l’unciforme et aux cloisons de l’étoile des gouttières sur le canal optique. Il importe à ce niveau, soit de ne rien faire, soit
(bec de la bulle et corne). On obtient alors une cavité répondant en de réséquer cette cloison a minima, avec un soin extrême, en évitant
dehors à l’os planum, en dedans au cornet moyen, en arrière à la toute mobilisation qui risquerait de générer un hématome dans le
racine cloisonnante du cornet moyen et en haut au toit de canal optique.
l’ethmoïde. Le traitement de la plupart des inflammations ou infections du
En cas de doute quant à l’ouverture du sinus frontal, la sphénoïde ne justifie le plus souvent qu’une sphénotomie limitée au
transillumination par l’endoscope permet, lorsque le sinus est aéré, récessus sphénoethmoïdal. L’extension latérale au prix d’une
de dessiner sur le front les contours du sinus, signant l’efficacité du ethmoïdectomie postérieure ne se conçoit qu’en cas de pathologie
drainage. diffuse (polypose) ou encore lorsqu’un geste d’exérèse doit être
pratiqué dans la cavité sinusienne (chirurgie des tumeurs).
Quant à la voie transethmoïdale, elle consiste à réaliser une
SPHÉNOTOMIE
ethmoïdectomie postérieure de proche en proche. Le sinus
Cette intervention est indiquée par elle-même en cas de pathologie sphénoïdal est identifié par deux repères : le franchissement du plan
sphénoïdale isolée : sinusite chronique, possiblement aspergillaire. vertical passant sensiblement par la paroi postérieure du sinus
Il s’agit là d’une occurrence assez rare. En revanche, elle est souvent maxillaire, et l’apparition d’une marche descendante, d’un fossé,
un complément de l’ethmoïdectomie dès lors qu’il existe une dans la mesure où le plancher du sinus sphénoïdal est plus bas que
pathologie sphénoïdale associée à la pathologie ethmoïdale. C’est le plancher des cellules ethmoïdales. Rappelons que cette technique
en particulier le cas des polyposes rétentionnelles. Elle présente alors peut s’avérer dangereuse en cas de cellule d’Onodi (cf supra). Dans
l’avantage à la fois de drainer le sinus et de permettre de situer les tous les cas, l’effondrement des cloisons, après identification de la
balises anatomiques (toit/paroi latérale) dans un environnement le paroi interne d’orbite, doit toujours être réalisé vers le bas et le
plus souvent peu modifié par la pathologie. dedans, jamais vers le haut ou l’arrière.
Il existe plusieurs voies d’abord du sinus sphénoïdal : trans-septale,
transnasale ou encore transethmoïdale [4, 5]. La voie trans-septale n’a
SPHÉNOETHMOÏDECTOMIE
pas de place dans le cadre de la chirurgie fonctionnelle des sinus. Il
est déconseillé d’ouvrir le sphénoïde par voie transethmoïdale, à Il s’agit de l’association d’une ethmoïdectomie complète et d’une
moins d’être un opérateur aguerri. Cet abord a en effet le défaut sphénotomie. L’indication la plus fréquente et la moins controversée
d’être très externe et tangentiel au nerf optique et à la paroi externe est représentée par les polyposes nasosinusiennes rebelles au
du sphénoïde. Il est parfois utile en cas de récessus sphénoethmoïdal traitement médical. Soulignons une nouvelle fois l’impérieuse
étroit, s’il n’existe pas de pneumatisation du sphénoïde par les nécessité d’une préparation locale et générale avant le geste
cellules ethmoïdales (cellule d’Onodi). En revanche, en cas de cellule opératoire. De nombreux articles et traités présentent les nombreuses
d’Onodi très pneumatisée, c’est-à-dire venant au contact du clivus variantes de cette chirurgie [14, 17, 27, 28, 29, 32] et les différentes tactiques.
ou de la carotide, l’opérateur risque alors une plaie directe de ces Nous décrivons une technique basée sur l’acquisition systématique
éléments nobles. Rappelons qu’on peut affirmer l’existence d’une de repères anatomiques, sachant que de nombreuses possibilités
cellule d’Onodi lorsque le scanner en coupes coronales passant par s’offrent à un opérateur entraîné. Cette procédure est détaillée dans
les canaux optiques montre une cloison horizontale : la cellule la figure 2. Le geste consiste dans un premier temps en une
d’Onodi est alors en haut, au contact du nerf optique alors que la ethmoïdectomie antérieure, puis en une sphénotomie a minima
cavité inférieure forme le véritable sinus sphénoïdal. Pour permettant de visualiser les balises anatomiques (hauteur du toit,
l’opérateur, le sinus sphénoïdal se situe donc vers le bas et non vers nerf optique, paroi latérale du sinus).
l’arrière. À ce stade, le toit de l’ethmoïde est visualisé au niveau de la racine
La voie d’élection est l’abord du récessus sphénoethmoïdal. Lorsque cloisonnante du cornet moyen, et la paroi d’orbite a été squelettisée
l’exposition de cette région est difficile, exposition qui nécessite de dans l’ethmoïde antérieur et se situe dans le même plan que la paroi
passer l’optique en dedans de la racine cloisonnante du cornet latérale du sphénoïde. Après acquisition de ces repères, l’opérateur
moyen, la résection du cornet moyen (cf supra) permet d’optimiser va progressivement pratiquer à la pince à mors-curette droite
l’exposition. L’opérateur utilise alors une aspiration malléable ou l’exérèse des cellules résiduelles, après avoir bien entendu effondré
une curette étroite, mors dirigé vers le bas. Après avoir pris le la racine cloisonnante du cornet moyen. Cette partie du geste
contact de l’arche choanale, il remonte dans le sillon que constitue le chirurgical est rapide, le toit de l’ethmoïde est solide en arrière et le
récessus sphénoethmoïdal jusqu’à visualiser l’ostium ou du moins à plan de l’orbite clairement visualisé. Vers le dedans, la racine
palper une zone dépressible à hauteur du cornet supérieur. À ce d’insertion du cornet supérieur doit être respectée pour éviter une
stade, une poussée délicate, toujours vers le bas et le dedans, permet rhinorrhée d’une part et d’autre part pour respecter l’épithélium
de pénétrer dans la cavité sinusienne et d’évaser modérément cet sensoriel de la placode olfactive.
orifice pour y introduire le mors distal de la pince de Citelli. Cette En cas d’évidement sphénoethmoïdal (cas de la polypose),
dernière permet alors d’élargir cette méatotomie vers le bas, en l’opérateur peut, aux ciseaux d’endoscopie, poursuivre la résection
sachant que l’os se densifie vers le bas sensiblement au-dessus du turbinale moyenne en sectionnant la racine cloisonnante dans l’axe
niveau du plancher du sinus et qu’il existe une artère sphénoïdale de l’ostium sphénoïdal jusqu’au niveau de la paroi antérieure du
environ 4 mm au-dessus de l’arche choanale. Vers le dehors, le geste sphénoïde. Ce geste, mené le plus souvent sous le niveau du cornet
est limité en l’absence d’ethmoïdectomie postérieure. Il faut prendre supérieur, revient à réséquer la paroi médiale des cellules
garde à ne pas blesser l’artère sphénopalatine vers le dehors à la ethmoïdales postérieures. Il est ensuite complété à la pince jusqu’à
partie basse de la sphénotomie, là où elle émerge de son foramen. l’obtention d’un « couloir ethmoïdal ». Il permet une nasalisation
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Techniques chirurgicales Chirurgie de l’ethmoïde et du sphénoïde 46-150
optimale. Les « minimalistes » lui reprochent de désarmer la portion Compte tenu de l’agressivité possible de l’instrument, certains
restante du cornet moyen et de faire courir le risque d’une proposent une tactique chirurgicale différente : sphénotomie
latéralisation cicatricielle. première, puis méatotomie avec repérage de la paroi interne
d’orbite, puis ethmoïdectomie menée d’arrière en avant.
À ce stade, le saignement est habituellement peu abondant, le
méchage peut souvent être évité, parfois en couvrant les surfaces
cruantées de crème aux corticoïdes. SPHÉNOTOMIE ÉLARGIE
Cas de la dissection à l’aide du « hummer » ou microdébrideur L’abord le plus large sur la cavité sphénoïdale et sur le clivus est
obtenu par un abord médian trans-septal extramuqueux qui n’a que
Les partisans de cette technique insistent sur sa facilité, sa rapidité,
des indications exceptionnelles. Après avoir réalisé une
et sur l’absence de délabrement muqueux dans la mesure où la
ethmoïdectomie postérieure bilatérale, la muqueuse de la moitié
muqueuse est sectionnée par l’appareil, sans arrachement. La vision
postérieure de la cloison est coagulée et incisée à partir du plancher
du champ opératoire est par ailleurs facilitée par le fait qu’il existe
de la fosse nasale, verticalement, à la coagulation monopolaire sur
une aspiration continue par l’extrémité de l’instrument. Enfin,
un crochet mousse gainé. Vers le haut, l’incision s’arrête
certains dispositifs peuvent être couplés au système de
sensiblement au niveau de l’ostium sphénoïdal. Là, l’incision est
sinusonavigation, ce qui permet en temps réel de vérifier la position
poursuivie vers l’arrière jusqu’à la face antérieure du sphénoïde. De
de l’instrument sur les coupes de scanner acquises en préopératoire.
la même façon vers le bas, l’incision est poursuivie le long du
Cette technique a initialement été décrite par Setliff [24, 25] auquel nous plancher de la fosse nasale jusqu’au bord libre postérieur de la
empruntons la description de la technique opératoire. cloison. Ce volet muqueux est alors décollé et réséqué. On expose
En tout état de cause, la facilité apparente de la dissection avec ce alors le vomer et sa partie rostrale. À l’aide d’un ciseau frappé, le
type d’instrument ne dispense en aucun cas d’une parfaite vomer est traversé et la muqueuse controlatérale est décollée. On
connaissance de l’anatomie sinusienne et d’un apprentissage procède alors à l’exérèse du vomer, de son rostre et de la paroi
préalable ayant recours aux techniques de dissection classiques. antéro-inférieure du sphénoïde. L’os, à ce niveau, est dense et épais
et des traits de fracture irradiés peuvent survenir. Si l’exérèse au
Lorsque le cornet moyen barre l’accès au méat moyen, il est possible petit ciseau frappé s’avère laborieuse, il vaut alors mieux utiliser
de le repousser avec la partie lisse de la gaine de l’instrument, une fraise sous irrigation (pièces à main adaptées pour des tiges de
l’ouverture du fût faisant face en dehors au site opératoire. Le cas fraises de 9 cm). On pénètre alors simultanément dans les deux sinus
échéant, le cornet moyen est réduit à l’aide de l’instrument, et s’il sphénoïdaux (le septum intersphénoïdal est toujours médian à ce
existe une concha bullosa, sa face externe peut être réséquée en niveau). L’ouverture ainsi réalisée rejoint progressivement les deux
prenant garde à respecter la muqueuse sur la portion restante de la sphénotomies réalisées à partir des ostiums. On complète alors
concha. l’exérèse de la muqueuse septale controlatérale.
Pour l’abord du méat du sinus maxillaire, l’unciforme est réséquée
d’arrière en avant, soit à la pince rétrograde, soit avec le
microdébrideur en ayant préalablement pris le soin de luxer cette MAXILLECTOMIE MÉDIALE
dernière vers le dedans pour que son bord libre soit exposé à la
fenêtre de l’instrument. Ce geste peut être réalisé avec le palpateur Il s’agit d’une intervention destinée essentiellement au traitement
de Lusk (courbe à extrémité boutonnée). des papillomes inversés, tumeurs bénignes traditionnellement
traitées par voie paralatéronasale puis par voie de degloving.
L’ethmoïdectomie est ensuite démarrée par la résection de la bulle,
L’objectif est de réaliser l’exérèse de la totalité de la cloison
menée de dedans en dehors de manière à conserver sa racine
intersinusonasale et d’avoir un très large accès au sinus maxillaire
cloisonnante et à rester à distance de la lame papyracée. Le
ainsi qu’à l’ethmoïde [15]. Ce geste doit bien sûr être planifié en
maniement du microdébrideur est particulier dans la mesure où
fonction du bilan d’imagerie. À notre sens, il ne dispense pas d’un
l’instrument dérape sur les surfaces convexes : il faut donc, à l’aide
abord minimal de la fosse canine pour les extensions à la face
de pinces traditionnelles ou de l’extrémité de l’instrument, réaliser
antérieure du sinus maxillaire, comme le prouve a contrario le taux
une effraction de la bulle pour que la résection avance.
de récidive élevé observé par Sukenik et al [31].
L’abord du sinus frontal est réalisé en réséquant dans un premier
temps la partie supérieure de l’apophyse unciforme dans sa totalité, Après préparation de la fosse nasale et infiltration adrénalinée des
en s’aidant le cas échéant d’une pince de Blakesley à 90°. Cette cornets, l’intervention débute par la résection complète du cornet
résection permet alors de découvrir le plancher des cellules de inférieur. Une méatotomie inférieure est ensuite réalisée qui amorce
l’agger nasi. Ces dernières sont alors ouvertes et l’endoscope à 30° la résection de la paroi médiale du sinus maxillaire, du plancher de
permet alors d’apercevoir le dôme de l’agger nasi. Durant ce temps l’orbite au plancher de la fosse nasale et de la paroi postérieure à la
de dissection, la fenêtre active du microdébrideur doit être dirigée paroi antérieure du sinus maxillaire. Vers l’avant, cette résection
vers le haut et le dehors, mais en tout cas jamais vers la racine du impose le sacrifice des portions osseuse et muqueuse de la voie
cornet moyen afin de minimiser le risque de rhinorrhée lacrymale, avec réalisation d’une dacryocystorhinostomie. Dans
cérébrospinale. Le méat du sinus frontal est alors découvert en notre expérience, l’intérêt de l’association d’une voie d’abord a
arrière et en dedans de l’agger nasi : la coque de l’agger nasi minima de la fosse canine est d’éviter ce sacrifice de la voie
résiduelle est, soit simplement luxée, soit réséquée à l’aide du lacrymale en avant, tout en autorisant le contrôle, au besoin sous
microdébrideur. optique, des récessus les plus antérieurs du sinus maxillaire.
L’ethmoïdectomie postérieure est réalisée selon la même technique :
une pince droite ou encore l’extrémité du microdébrideur perfore
RÉSECTION DU PLANCHER DU SINUS FRONTAL
prudemment la racine cloisonnante du cornet moyen. À partir de là,
les cellules sont réséquées progressivement en respectant la
C’est une chirurgie discutée, qui n’est indiquée que lorsque
muqueuse du toit. En fonction de la lame choisie, il est parfois
l’ethmoïdectomie conventionnelle n’a pas pu guérir la pathologie
nécessaire de pratiquer l’exérèse de certaines cloisons à la pince.
du sinus frontal, ou encore en cas d’obstruction iatrogène du sinus
Quant à la sphénotomie, elle peut être réalisée avec cet instrument frontal par une fibrose ou une ossification séquellaire, ou encore par
de la même façon qu’avec des instruments classiques. une latéralisation du cornet moyen [22]. Selon que l’on se situe en
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deçà ou au-delà [6, 10] de l’Atlantique, cette technique est dénommée médiane. Cette intervention est une alternative aux procédés de
procédure de Halle ou de Lothrop, procédures datant du début du comblement qui sont préférés en cas de plancher de petite taille.
siècle. En Europe, elle a été largement décrite et utilisée par Draf [7].
Le concept est ici d’ouvrir le sinus frontal non plus dans le couloir L’analyse préopératoire des scanners est capitale et ceux-ci
ethmoïdal mais directement dans la fosse nasale, sur la ligne comportent, au mieux, des vues axiales, coronales, mais aussi
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2 (suite).
sagittales [12]. Le scanner retrouve les facteurs morphologiques d’exclusion préalable. Il permet d’évaluer la marge de manœuvre,
rendant l’abord transethmoïdal hasardeux : néo-ostéogenèse du c’est-à-dire la distance entre l’articulation frontonasale en avant et la
canal nasofrontal, latéralisation de la racine du cornet moyen qui portion la plus antérieure de la lame criblée (fig 3A, B). Lorsque cette
vient s’accoler à la paroi d’orbite, voire absence de cornet moyen, dernière est faible, c’est l’équivalent radiologique d’une ensellure
ou encore mucocèle située au-delà d’un massif osseux en cas nasale.
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2 (suite).
Enfin, les coupes sagittales permettent d’évaluer l’importance du Le temps capital est le repérage de la face profonde de l’articulation
fraisage, en évaluant l’épaisseur du processus frontonasal (fig 3C). frontonasale. Après infiltration de la partie haute de la cloison, on
Signalons qu’au cours de cette intervention, il est essentiel de résèque au bistouri lame 15 un triangle septal ostéocartilagineux de
protéger l’endoscope avec une chemise dès lors que l’on utilise une 1,5 cm de hauteur dont le sommet est situé à la face profonde de
fraise conventionnelle (par opposition au microdébrideur). l’articulation frontonasale, c’est-à-dire à la racine de l’épine nasale
L’ethmoïdectomie a le plus souvent été réalisée, ce qui permet du frontal, en commençant par l’arête la plus postérieure et en
d’apprécier en arrière la hauteur du toit de l’ethmoïde. Il n’est en laissant en avant une baguette de cloison sous les os propres du nez
revanche le plus souvent pas possible de repérer l’artère ethmoïdale correspondant à la partie haute du « L » de Cottle (fig 4). À ce stade,
antérieure, et a fortiori la face postérieure du sinus frontal. la résection du processus frontonasal va être entreprise après avoir
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Techniques chirurgicales Chirurgie de l’ethmoïde et du sphénoïde 46-150
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repéré de chaque côté la lame criblée. Le point de fraisage initial est sténoses secondaires, de préserver les corticales orbitaires
médian, sur l’épine nasale du frontal (sous la partie haute des os latéralement et la muqueuse de la face postérieure des sinus
propres du nez), et l’axe de progression doit être parallèle à la face frontaux.
superficielle des os propres du nez. Le fraisage est effectué sous Afin d’éviter toute fausse route, le fraisage est d’abord effectué sur
irrigation continue avec des fraises de 9 cm de long, à l’aide d’une la ligne médiane en longeant la corticale antérieure (les doigts de
pièce à main coudée longue. Le diamètre de la fraise est fonction de l’aide enserrent les os propres du nez afin de détecter une éventuelle
l’analyse morphologique : il tient compte à la fois de la distance effraction de la corticale). Une fois repéré le plancher du sinus
séparant l’extrémité antérieure de la lame criblée de l’articulation frontal (fig 5, 6), le fraisage est poursuivi à la fraise diamantée et
frontonasale et de l’espace défini par l’angle dièdre formé par les os l’ouverture est agrandie de part et d’autre de la ligne médiane,
propres du nez. Le plus souvent, une fraise multipan de 5 à 6 mm permettant de repérer le septum interfrontal et le bas-fond des deux
de diamètre est utilisée. Il importe, pour limiter au maximum les sinus frontaux. Le fraisage est poursuivi latéralement jusqu’aux
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46-150 Chirurgie de l’ethmoïde et du sphénoïde Techniques chirurgicales
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5 Résection du plancher du sinus frontal : aspects peropératoires (éditions Masson). Le fraisage du processus nasofrontal (A) donne accès aux sinus frontaux droit (FD) et gau-
che (FG) abordés ici au niveau de leurs bas-fonds. En B, la dissection s’est poursuivie vers les couloirs etmoïdaux ici visibles de chaque côté de la lame perpendiculaire de l’ethmoïde
(L). La partie tout antérieure des cornets moyens a été réséquée. Un calibrage en Silastict (C) peut être mis en place en fin d’intervention pour guider la cicatrisation. Une alter-
native consiste à mettre en place des pansements résorbables type Curasponget.
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C
6 Aspect postopératoire. Le sinus frontal peut être aisément contrôlé en consultation, sans même l’aide d’une quelconque anesthésie en remontant l’endoscope sous les os propres
du nez. Notez l’aspect à distance de l’intervention chez deux patients (A et BC). Notez le reliquat antérieur de cloison (C) et la lame perpendiculaire de l’ethmoïde (L). La flèche
montre le septum interfrontal.
parois d’orbite en conservant une corticale. Le septum interfrontal illusoire de fraiser vers l’arrière cette zone de néo-ostéogenèse. Dans
est réséqué. À ce stade, alors qu’on visualise complètement la paroi certains cas, l’un des sinus est sain et il y a tout intérêt à ne pas
postérieure du sinus frontal, l’extrémité antérieure de la racine du aborder son infundibulum : en cas de sténose ultérieure de la voie
cornet moyen est réséquée, en avant des filets olfactifs qui sont un d’abord, le sinus pathologique est ainsi aéré par le sinus
peu plus postérieurs. controlatéral.
Un calibrage peut être mis en place durant plusieurs mois. Nous
L’attitude vis-à-vis du méat physiologique est fonction des utilisons une lame de Silastict roulée sur elle-même dont l’extrémité
circonstances. Le plus souvent, cette région est occluse et il est supérieure, taillée en « ailes de papillon », s’expand dans les deux
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Techniques chirurgicales Chirurgie de l’ethmoïde et du sphénoïde 46-150
sinus frontaux (fig 5C). Ce calibrage est stable du fait de sa tendance moyen lors d’une turbinectomie moyenne, et d’éviter des
naturelle à l’expansion et de son assise sur la portion résiduelle de décollements muqueux intempestifs sur la paroi externe de la fosse
la cloison. nasale en arrière de la méatotomie moyenne. Rarement, l’artère
Le patient sort le soir même ou le lendemain de l’intervention. Les saigne au ras du trou sphénopalatin car elle a été blessée juste à son
soins postopératoires réalisés en consultation sous contrôle émergence. Il faut alors recourir à une coagulation monopolaire sur
endoscopique sont capitaux, de même que les irrigations des fosses un crochet courbe gainé, avec le risque de blesser le nerf sous-
nasales. Le calibrage peut être retiré et remis en place en consultation orbitaire dans son trajet dans la fosse ptérygopalatine à son
au prix d’une minime anesthésie locale. Une alternative intéressante émergence du foramen rond.
consiste à mettre en place des pansements résorbables type L’artère ethmoïdale postérieure est exceptionnellement lésée, au
Curasponget.
contraire de l’artère ethmoïdale antérieure. Ceci tient au fait que si
la plupart du temps cette dernière est incluse dans l’épaisseur de la
base du crâne, elle siège parfois dans un canal situé sous le plan de
Complications la base du crâne, susceptible d’être lésé au cours de la dissection. Le
premier réflexe du chirurgien lorsque survient un saignement au
Le risque iatrogène existe au cours de cette chirurgie et est d’autant niveau de l’ethmoïde antérieur est de suspecter une fausse route au
plus inacceptable que l’indication opératoire est portée pour des travers de la dure-mère (cf infra). En l’absence de fausse route, ce
raisons fonctionnelles. C’est dire l’importance de l’information saignement peut être contrôlé par une hémostase à la bipolaire. Le
délivrée au malade et de l’entraînement et de la prudence de danger tient en fait au risque de rétraction de l’artère lésée dans
l’opérateur. l’orbite, susceptible de générer un hématome orbitaire compressif
Les complications sont essentiellement liées, soit à un défaut nécessitant une décompression d’orbite par voie externe [30]. Dans
d’orientation du chirurgien, soit à une gestuelle inadaptée : notre expérience, cette complication n’est jamais survenue car le
mouvements d’arrachement, en particulier dans le cas d’un patient dogme est de disséquer le long du cornet moyen, autrement dit loin
déjà opéré chez lequel la cicatrisation fibreuse risque d’entraîner le de l’orbite tant que l’artère ethmoïdale n’est pas identifiée. Quant
chirurgien à des gestes trop brusques susceptibles d’arracher la aux rares hémorragies issues de l’artère ethmoïdale antérieure, elles
racine d’un cornet. n’ont jamais eu de conséquence notable.
Les complications les plus fréquentes sont liées à des fausses routes,
soit dans l’orbite, soit dans l’étage antérieur. D’où la règle selon
Stammberger de toujours déposer les fragments d’ethmoïdectomie FAUSSE ROUTE VERS L’ÉTAGE ANTÉRIEUR
dans une cupule remplie de sérum physiologique. Les débris Celle-ci se produit, d’après la littérature et d’après l’expérience de la
muqueux et osseux coulent au fond de la cupule. En revanche, la Garde centrale d’ORL d’Île de France, essentiellement à la jonction
graisse orbitaire ou le tissu cérébral (sic) flottent : tout fragment entre la paroi postérieure du sinus frontal et le toit de l’ethmoïde.
flottant dans la cupule doit immédiatement alerter le chirurgien ou
C’est dire l’importance d’une analyse préopératoire minutieuse du
la panseuse.
scanner en coupes coronales et d’une dissection exsangue et
prudente à ce niveau, sous contrôle de la vue. La fausse route à ce
EFFRACTION DE LA PAROI D’ORBITE niveau fait courir un risque, d’une part de méningite et d’autre part
et surtout d’hémorragie par lésion d’un vaisseau intracérébral. Elle
Deux cas de figure se présentent : soit il s’agit d’une fausse route
doit donc être identifiée au plus tôt pour éviter tout geste agressif.
importante dans l’orbite, aux conséquences souvent désastreuses.
En fonction de son importance, la brèche doit être colmatée, soit par
L’arrêt de l’intervention s’impose alors avec un examen
ophtalmologique au plus vite ; soit il s’agit d’une effraction mineure un greffon muqueux, soit par un montage composite associant un
de la périorbite, sans véritable pénétration dans l’orbite, comme cela fragment d’aponévrose, un taquet osseux ou cartilagineux et un
peut se produire au cours de l’incision de l’apophyse unciforme. Si greffon muqueux prélevés aux dépens d’un cornet inférieur ou du
l’opérateur l’identifie immédiatement, en fonction de son expérience, septum, le tout étant ensuite recouvert de colle biologique puis de
l’intervention pourra être poursuivie (hernie graisseuse modérée) en pansement hémostatique résorbable. Ce geste de colmatage est un
prenant garde à ne pas manipuler la graisse. La difficulté consiste geste techniquement difficile qui requiert d’avoir dégagé les berges
alors à compléter l’ethmoïdectomie tout en évitant que la hernie de la brèche en complétant l’ethmoïdectomie antérieure. Une
graisseuse ne vienne obturer l’ethmoïde antérieur. Cette dernière antibioprophylaxie visant à prévenir une méningite (céphalosporine
complication, qualifiée en a parte de simple « incident opératoire » de première génération type Kéfandolt) est alors administrée durant
par un chirurgien anglo-saxon renommé, n’a en général pas de 24 heures puis arrêtée. Le patient est ensuite surveillé durant 5 jours
conséquence fâcheuse, à l’exception d’une ecchymose palpébrale en hospitalisation, en recherchant un défaut d’étanchéité attesté par
postopératoire. Trois précautions s’imposent : éviter l’application une rhinorrhée claire (aspect en cocarde sur la mouchette), ou encore
dans le couloir ethmoïdal de tout onguent lipidique (crème des signes de méningite.
cortisonique), ne pas mécher ou du moins éviter tout tampon
expansible, et enfin avertir le patient d’éviter tout effort de
mouchage violent dans les jours suivant l’intervention. RHINORRHÉE CÉRÉBROSPINALE
Indépendamment de la fausse route avérée (cf supra), ce type de
complication peut survenir à la suite d’un arrachement de la racine
HÉMORRAGIE
du cornet moyen, d’une section trop haute du cornet moyen
En peropératoire, elle peut être diffuse ou localisée. traversant des filets olfactifs, ou encore d’un arrachement de filets
Diffuse, elle traduit le plus souvent un manque de préparation olfactifs lors de l’exérèse de polypes au niveau de la fente olfactive
médicale du patient avec inflammation muqueuse persistante, ou (geste dangereux à proscrire). Une éventuelle septoplastie associée
encore une pression artérielle trop élevée. Il y a alors intérêt à peut également entraîner une fracture au niveau de la lame criblée.
stopper momentanément l’intervention en tamponnant la cavité La rhinorrhée peut passer inaperçue durant l’intervention et n’être
opératoire avec une compresse dépliée imprégnée de sérum révélée que secondairement par une méningite survenant quelques
adrénaliné. jours plus tard. C’est dire l’importance de prévenir le patient de cette
Localisée, elle traduit une plaie artérielle. Le plus souvent, il s’agit possible complication pour que la survenue d’un écoulement clair à
de l’artère sphénopalatine ou de l’une de ses branches. Elle peut distance des lavages l’amène à consulter. Il faut alors pratiquer un
être coagulée à la pince bipolaire ou encore clipée. À ce propos, scanner pour rechercher un éventuel defect osseux de la base du
rappelons l’intérêt de ne pas couper trop court la queue du cornet crâne, et réintervenir le cas échéant.
13
46-150 Chirurgie de l’ethmoïde et du sphénoïde Techniques chirurgicales
BLESSURE DE LA VOIE LACRYMALE ces cas-là, une décompression peut théoriquement être pratiquée
La voie lacrymale peut être lésée lorsque la méatotomie moyenne dans les toutes premières heures suivant l’accident, mais le pronostic
est poursuivie trop en avant. Il ne s’agit pas d’une véritable est malheureusement très mauvais. Une blessure de la paroi interne
complication mais plutôt d’un incident opératoire dans la mesure d’orbite en arrière se traduit par une plaie du muscle droit interne
où des mesures simples permettent d’éviter toute séquelle. Celles-ci et peut entraîner un hématome rétrobulbaire responsable d’une
consistent à débrider minutieusement cette région lors des soins compression du nerf optique : là encore une décompression d’orbite
postopératoires et à administrer durant 8 jours un collyre associant peut être requise. Enfin, notons que les infiltrations nasales de
un antibiotique et un corticoïde avec massage canthal interne après vasoconstricteurs peuvent entraîner un spasme, voire une occlusion
chaque instillation. En l’absence de traitement, l’évolution vers la de l’artère centrale de la rétine [11, 20, 21, 23].
sténose peut nécessiter à distance une dacryocystorhinostomie.
Soins postopératoires
CÉCITÉ
Ce risque fait toute la gravité potentielle de cette chirurgie. La cécité La chirurgie endoscopique impose des soins postopératoires
peut répondre à plusieurs mécanismes. Il peut bien sûr s’agir d’une minutieux de la part du patient qui doit effectuer des lavages
blessure directe du nerf optique dans le sinus sphénoïdal ou encore fréquents et intensifs de ses fosses nasales au sérum physiologique
dans la cellule d’Onodi, ou encore d’un trait de fracture irradié durant plusieurs semaines, et de la part du chirurgien qui, sous
entraînant un hématome dans le canal optique. La coque du canal endoscope, doit effectuer des gestes locaux pour guider au mieux la
peut en effet être très fine et la cloison entre la cellule d’Onodi et le cicatrisation et éviter la survenue de synéchies, en particulier lorsque
sinus sphénoïdal est souvent implantée sur le canal optique. Dans le cornet moyen a été préservé.
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14
¶ 45-562
¶ 46-190
Techniques chirurgicales 1
45-562 / 46-190 ¶ Chirurgie de la paralysie faciale périphérique et séquelles
Voie d’abord
Elle doit permettre d’aborder le nerf en zone saine, puis de
progresser jusqu’à la lésion, en ayant à l’esprit la topographie
des différentes branches (Fig. 1).
Dans les portions intracrânienne et intrapétreuse, l’abord
relève de la neurochirurgie ou de l’oto-rhino-laryngologie.
Dans la portion rétroparotidienne, extracrânienne, la voie
d’abord peut être classique en baïonnette ou de type lifting
(voir « Anastomose hypoglossofaciale »).
La dissection passe en arrière de la parotide, sans effraction
glandulaire.
L’émergence du nerf facial se trouve dans le prolongement du
cartilage du tragus. Le VII se trouve entre le ventre postérieur du
digastrique en dehors et l’apophyse styloïde, palpable en
dedans.
L’opérateur non entraîné peut s’aider de l’emploi d’un
neurostimulateur pour identifier plus facilement le tronc du
nerf.
Plus en avant, l’interruption nerveuse siège soit au niveau des
branches de division du nerf facial dans la parotide, soit plus en
aval au niveau du plexus génien décrit par Le Quang [1]. Les
branches de division du VII reposent, à ce niveau, sur l’aponé-
vrose massétérine. Elles se disposent de façon variable en
éventail ou en réseau, échangeant des anastomoses au contact
de la boule de Bichat. Les branches efférentes cheminent ensuite
sous la couche superficielle des muscles peauciers.
En urgence, l’abord de cette région peut se faire directement
par la plaie ou par la perte de substance. Dans les trois premiers
jours qui suivent l’interruption nerveuse, il est utile de s’aider
d’un neurostimulateur pour repérer puis identifier les rameaux
distaux du VII qui sont extrêmement fins.
En secondaire, l’abord est beaucoup plus difficile et nécessite
souvent de se porter sur le tronc du nerf à son origine, puis
d’effectuer la dissection du VII intraparotidien pour identifier
tous les rameaux nerveux sectionnés. Le repérage des rameaux
distaux est beaucoup plus aléatoire.
Le rameau frontal du nerf facial est parfois lésé lors d’abords
chirurgicaux de la région périorbitaire par voie coronale. Il peut Figure 2.
être lésé par étirement ou sectionné. Son trajet se projette A. Suture épipérineurale.
approximativement sur une ligne allant du lobe de l’oreille B. Résection étendue en amont du névrome.
jusqu’à un point situé 1 cm au-dessus de la queue du sourcil. C. Le greffon nerveux est une branche du plexus cervical superficiel ou
bien du nerf sural.
D. Greffe nerveuse.
2 Techniques chirurgicales
Chirurgie de la paralysie faciale périphérique et séquelles ¶ 45-562 / 46-190
Techniques chirurgicales 3
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4 Techniques chirurgicales
Chirurgie de la paralysie faciale périphérique et séquelles ¶ 45-562 / 46-190
.
muscles de la face afin de donner immédiatement une vision palliatifs non dépourvus d’effets secondaires au niveau des sites
globale de la paralysie, des cocontractions, des spasmes, et de de prélèvements nerveux ou musculaires.
l’hyperactivité du côté sain. Enfin, devant une atteinte partielle ou une récupération
anarchique, il aide à préciser les lésions, ou à mettre en
Examen clinique complémentaire évidence les syncinésies.
Y a-t-il atteinte d’autres nerfs crâniens pouvant retentir sur le
choix du traitement, notamment : Techniques de traitement palliatif
• atteinte du V : paralysie des muscles masticateurs, anesthésie
cornéenne ; Anastomoses nerveuses
• atteinte du III : atteinte oculomotrice ;
• atteinte du X : troubles de la déglutition, parésie du voile du Anastomose hypoglossofaciale
palais, voix bitonale. Décrite pour la première fois en 1901, l’anastomose XII-VII
Y a-t-il une étiologie particulière susceptible de modifier reste une intervention palliative très employée dans le traite-
certaines indications opératoires : par exemple, neurofibroma- ment de la paralysie faciale définitive.
tose de type II, source d’atteintes nerveuses multiples ? Technique. L’incision est celle d’une parotidectomie, prolon-
gée vers l’angle et le rebord inférieur de la mandibule. Elle peut
Examen électromyographique aussi être réalisée par voie de lifting (Fig. 5A). Après découverte
Dans les premières semaines qui suivent la paralysie faciale du VII, le XII est abordé entre la veine jugulaire et les vaisseaux
(PF), l’électromyographie (EMG) a une valeur diagnostique et carotidiens. Le ventre postérieur du digastrique est récliné et la
pronostique. branche descendante du XII sectionnée afin de permettre la
Dans le bilan d’une PF ancienne, l’EMG confirme l’absence mobilisation vers le haut du tronc nerveux. Le tronc du nerf
de processus de réinnervation. Il justifie l’emploi de procédés grand hypoglosse est sectionné à sa sortie du triangle de
Techniques chirurgicales 5
45-562 / 46-190 ¶ Chirurgie de la paralysie faciale périphérique et séquelles
Pirogoff avant sa pénétration dans les muscles de la langue La technique de surneurotisation selon Frey [7] est décrite
(Fig. 5B). La portion proximale du tronc du XII est alors libérée dans les paralysies faciales partielles et prises en charge préco-
et le nerf est passé soit en dehors, soit en dedans du ventre cement (pour éviter l’atrophie musculaire). Frey propose de
postérieur du digastrique pour venir, sans tension, au contact du renforcer le tonus et la force de contraction des muscles
tronc du nerf facial dans la région parotidienne où se fait parésiés, pour traiter l’asymétrie du sourire spontané. La
l’anastomose (Fig. 5C). technique consiste en la réalisation d’une greffe nerveuse
Certains auteurs suturent la branche descendante du XII à transfaciale. Du côté sain, un abord préauriculaire de type lifting
l’extrémité distale du nerf sectionné, pour prévenir l’atrophie permet le repérage des branches buccales et zygomatiques du
linguale. D’autres auteurs ont proposé de cliver longitudinale- nerf facial, en avant du bord antérieur de la glande parotide.
ment le nerf grand hypoglosse, afin de conserver les mouve- L’auteur utilise le nerf sural, et la neurorraphie est, de ce côté,
ments de la langue. Cette dernière variante technique donne en terminoterminale. Un tunnel sous-cutané réalisé dans la lèvre
fait un mauvais résultat à la fois sur la conservation des supérieure permet d’acheminer le greffon sural du côté paréti-
mouvements de la langue et sur la repousse nerveuse faciale. que. Les branches du nerf facial sont recherchées par le même
Indications. Certaines conditions doivent être impérative- abord que du côté sain. En revanche, la neurorraphie est ici
ment réunies pour envisager une anastomose XII-VII : effectuée en terminolatérale sur une branche zygomatique, pour
• le nerf facial extracrânien doit être intact ; ne pas perdre ou affaiblir la contraction existante. Cette
• la paralysie faciale permanente doit être définitive, de façon anastomose se fait selon Frey avec une fenêtre épineurale, mais
certaine, sans aucune chance de récupération spontanée ; respect du périnèvre. Cette technique de surneurotisation a
• les muscles peauciers doivent être intacts, ainsi que le XII ; permis, sur les trois cas présentés, d’objectiver, grâce à une
• le patient doit être averti des conséquences de l’interruption analyse vidéo tridimensionnelle, un renforcement de la force de
du XII (paralysie et amyotrophie de l’hémilangue) et prêt contraction des muscles parésiés, avec un recul allant de 1 à
psychologiquement à les assumer. 4 ans.
Il existe également des contre-indications :
• atteinte d’autres nerfs crâniens, notamment le X (risques de Technique de neurotisation muscle-nerf-muscle
troubles de la déglutition majeurs et irréversibles) ; L’équipe de Millesi est celle qui a le plus travaillé sur le sujet.
• patients porteurs de neurofibromatoses de type II qui risquent La technique est intéressante au niveau des lèvres. Le fait de
de développer ultérieurement une paralysie sur le XII contro- dénerver partiellement un muscle entraîne normalement une
latéral, ce qui entraînerait une paralysie complète et définitive stimulation de la croissance des axones qui persistent, lesquels
de la langue ; cette contre-indication est contournée si la
finissent par prendre en charge totalement ou partiellement la
neurorraphie est effectuée en terminolatéral sur le XII,
partie du muscle initialement dénervée. Au niveau des lèvres, en
éventuellement à l’aide d’un greffon intermédiaire (Fig. 5D).
revanche, la dénervation d’un hémiorbiculaire labial ne semble
Nous n’en avons pas l’expérience ;
pas toujours stimuler la repousse nerveuse à partir de l’hémior-
• paralysie faciale ancienne de plus de 4 ans (les muscles
biculaire controlatéral. L’idée est donc de traverser cette
peauciers ont alors disparu).
« barrière » médiane par quelques câbles conducteurs. Sur le
Résultats. L’anastomose XII-VII est une intervention efficace
plan pratique, un greffon nerveux sural est divisé en trois ou
qui aboutit à la restauration d’un tonus et d’une symétrie de
quatre greffons de 4-5 cm de long, qui sont positionnés en
repos en 4 à 6 mois.
plein muscle orbiculaire à différents niveaux, chacun allant de
Les mouvements volontaires se développent jusqu’au 18e
l’hémiorbiculaire sain à l’hémiorbiculaire à neurotiser [8] .
mois, prédominant au tiers moyen de la face.
Kermer [9] décrit dans trois cas sur quatre des résultats satisfai-
Une rééducation bien menée donne une apparence de sourire
sants avec une utilisation à la lèvre inférieure après paralysie du
normal lors de la contraction volontaire.
rameau marginal mandibulaire.
Les résultats sont d’autant meilleurs que l’intervention a été
précoce après l’installation de la paralysie faciale.
Lèvres
Cependant, la fermeture complète de l’œil est le plus souvent
impossible. Dans 80 % des cas existent des syncinésies avec des Suspensions et méthodes statiques
mouvements en masse de l’hémiface, qui donnent un faciès
Excision nasogénienne. Dessinée en fuseau sur toute la
grimaçant lors des mouvements réflexes ou de la mastication.
hauteur du sillon nasogénien, l’excision est large et profonde.
Dans un certain nombre de cas, ces mouvements aboutissent
Le dessin est fait sur un patient réveillé en position assise et en
à une hyperactivité ou à un spasme gênant du côté réanimé
comparant avec le côté sain. Elle doit remonter au-dessus de
(15 % des cas).
l’aile du nez pour repositionner non seulement la commissure
Au niveau du site donneur, l’atrophie de l’hémilangue est
et les lèvres mais aussi l’aile du nez. L’excision doit être
variable d’un sujet à l’autre, gênante dans 25 % des cas.
suffisante pour obtenir une hypercorrection car le relâchement
Les meilleurs résultats sont obtenus chez des sujets de moins
secondaire est constant. Elle emporte le plan musculaire sous-
de 60 ans, opérés dans l’année qui suit l’installation de la
paralysie faciale. jacent. Celui-ci est reconstitué avec soin lors de la suture. De
nombreuses variantes ont été décrites avec, en particulier, le
Anastomose VII-VII transfaciale dessin en « oriflamme » ou en « fer de lance » dont le but est de
Proposées en 1970 par Scaramella [5], leur principe est de lutter contre la ptôse de la lèvre inférieure et la bajoue. Sauf
réinnerver le VII paralysé à partir des rameaux distaux du VII exception, elle n’est pour nous que le complément exception-
controlatéral sain. nel, réalisé dans le même temps qu’un geste de réanimation des
Un ou plusieurs greffons saphènes, longs de 25 à 30 cm, lèvres de type myoplastie du temporal.
traversent la face pour se porter sur le VII paralysé au niveau de Lifting cervicofacial utile chez le sujet âgé. Lorsqu’il est
son tronc ou au niveau de ses branches de terminaison. bilatéral, il est asymétrique avec remise en tension plus marquée
Cette technique a été reprise par d’autres auteurs en deux du côté paralysé. La remise en tension du système musculoapo-
temps pour laisser aux axones le temps d’atteindre l’extrémité névrotique superficiel (SMAS) doit être asymétrique avec
du greffon avant de faire la suture distale [6]. traction sur le SMAS et fixation du platysma au fascia de Loré.
Cette idée originale s’est heurtée à la longueur de la repousse Lorsqu’il est unilatéral du côté paralysé, la technique du
nerveuse, à la nécessité de deux temps opératoires et à la lifting dit midface permet une action plus efficace sur la région
difficulté du choix des rameaux donneurs du fait de la variabi- zygomatique.
lité de l’anatomie du VII. Le lifting est une méthode très efficace à laquelle il faut
Les résultats, dans les meilleurs cas, donnent une innervation toujours penser : bilatéral chez le sujet âgé ou unilatéral dans les
faible, des mouvements en masse et des syncinésies. Ils sont parésies faciales. Associé aux myectomies et à la toxine botuli-
donc, dans l’ensemble, décevants. que, il permet d’affiner le résultat d’une réanimation.
6 Techniques chirurgicales
Chirurgie de la paralysie faciale périphérique et séquelles ¶ 45-562 / 46-190
Techniques chirurgicales 7
45-562 / 46-190 ¶ Chirurgie de la paralysie faciale périphérique et séquelles
A B C
D E
ont beaucoup évolué depuis une cinquantaine d’années. Le tendon est passée une bandelette de fascia lata qui est fixée sur
prélèvement musculaire doit être de taille suffisante afin d’éviter le modiolus et la lèvre supérieure. Cette technique donne de
une fibrose secondaire. Le muscle est passé dans le tissu bons résultats en particulier sur le plan dynamique, mais expose
cellulaire sous-cutané par-dessus le zygoma ou dans une au risque de résorption du fascia lata greffé qui peut s’atrophier
encoche de celui-ci, et entraîne toujours une voussure plus ou ou s’étirer (Fig. 8C).
moins importante de la région. Rubin, lorsqu’il prélève la moitié Myoplastie d’allongement du muscle temporal [15, 16] . Cette
antérieure du muscle temporal, la remplace par une pièce en technique transfère le tendon du muscle temporal directement
silicone pour éviter le creux temporal très disgracieux qui du coroné sur la lèvre supérieure. Il s’agit donc d’un transfert du
majore le relief de la voussure zygomatique. Certains prélèvent point mobile du coroné vers la lèvre supérieure avec modifica-
tout le muscle taillé en multiples languettes. Le prélèvement tion du point fixe temporal.
musculaire étant souvent insuffisant en longueur pour atteindre La voie d’abord est coronale classique. Un décollement de
la commissure, il est prolongé par une bande d’aponévrose type mask lift permet d’aborder l’arcade zygomatique qui est
temporale solidarisée au muscle (Fig. 8A). Celle-ci s’insère sur le ostéotomisée et basculée vers le bas avec ses insertions massété-
modiolus et la lèvre supérieure, ainsi que sur le sillon nasogé- rines. Le décollement de mask lift doit laisser solidaire le
nien. Dans certains cas, la fixation peut être assurée sur toute lambeau de scalp, la graisse située entre les deux feuillets de
la lèvre supérieure et inférieure par l’intermédiaire d’un huit de l’aponévrose temporale. Si cette graisse était laissée du côté
Gillies de fascia lata, en particulier chez le sujet âgé. Le milieu musculaire, elle viendrait gêner sa descente et surtout ferait
du chiffre huit est commissural, chacune des boucles se dirige défaut à la fin de l’intervention, créant un creux temporal
horizontalement vers la ligne médiane en dépassant celle-ci sur disgracieux. L’abord de la fosse intratemporale permet de libérer
les deux lèvres. La boucle effectue un double passage au-dessus la partie basse du muscle temporal de ses attaches massétérines.
et au-dessous du vermillon, elle assure un soutien des lèvres et La libération par ostéotomie oblique en bas et en avant du
une bonne transmission des forces. Le prélèvement de la moitié processus coronoïde est faite à la scie alternative, sous couvert
postérieure du muscle [13] plus fine et plus longue, avec résec- d’une protection interne par une lame malléable passée à la face
tion de la partie postérieure du zygoma, constitue une amélio- profonde de l’échancrure sigmoïde. Le fragment osseux emporte
ration intéressante (Fig. 8B). avec lui les insertions tendineuses du temporal.
Technique de Mac Laughlin [14]. Décrite en 1952, cette techni- Puis le muscle est désinséré de la fosse temporale jusqu’à la
que consiste à sectionner à la fois le coroné et le tendon du crête infratemporale, libérant ainsi les pédicules vasculonerveux
temporal, point mobile du muscle. Au travers du coroné ou du qui pénètrent la partie basse du muscle par en dedans (Fig. 8D).
8 Techniques chirurgicales
Chirurgie de la paralysie faciale périphérique et séquelles ¶ 45-562 / 46-190
La désinsertion de la fosse temporale se fait en laissant une La rééducation est démarrée dès la 3e semaine postopératoire.
bande d’aponévrose temporale d’environ 7 mm sur toute la Elle insiste sur le massage de la joue, à la fois externe (manuel)
partie antérieure de la crête (pour la réinsertion du muscle à la et interne (lingual). Le travail des lèvres et du sourire avec
fin de l’intervention). élévation commissurale se fait en sollicitant les mouvements
Cette libération complète du muscle permet le transfert du mandibulaires, serrage, rétropulsion, diduction. Une contraction
tendon directement au travers de la boule de Bichat vers le indépendante des mouvements mandibulaires est rapidement
sillon nasogénien, la lèvre supérieure et le modiolus. Le tendon obtenue. Par la suite, dans un délai plus ou moins long, le
est récupéré par une contre-incision dans le sillon nasogénien. muscle ayant été transféré dans son ensemble perd sa fonction
Saisi par un davier, il est descendu vers le sillon en usant d’une masticatrice pour devenir un muscle du sourire,
traction ferme et en repoussant du tendon les fibres parasites spontanément [17].
venant des muscles adjacents grâce à une rugine large Dans certains cas, une greffe nerveuse transfaciale est associée
d’Obwegeser. C’est à ce niveau qu’il est réinséré en tenant à la myoplastie d’allongement du muscle temporal. La longueur
compte des différents types de sourire après avoir réséqué le de greffon nerveux nécessaire étant de 20 à 28 cm selon l’âge
fragment de coroné et étalé le tendon d’insertion du muscle et la morphologie du patient, nous prélevons le greffon sural.
temporal sur 4 à 6 cm, de la commissure à l’aile du nez. Ce site de prélèvement a en plus l’avantage de ne pas être sur
Le tendon est suturé à l’emplacement exact des muscles le même champ opératoire que la myoplastie, et donc de
dominants du sourire, en bas jusque sur l’orbiculaire labial sous pouvoir être prélevé par une seconde équipe. Enfin, les séquelles
le vermillon, et en haut jusqu’au pied de l’aile narinaire où il sur le site donneur sont nulles ou minimes, se limitant alors
vient remplacer le releveur de l’aile du nez. souvent à une hypoesthésie située sur le bord latéral du pied.
Par la voie d’abord coronale, le corps du muscle temporal est La technique chirurgicale est la suivante (Fig. 8F). La myo-
ensuite remis en tension et fixé à la bande d’aponévrose plastie est effectuée classiquement jusqu’au décollement du
temporale laissée en place sur la crête temporale (Fig. 8E) sans muscle de la fosse temporale. Il est plus aisé, pour des raisons
surcorrection. L’allongement du muscle se fait aux dépens du d’exposition microchirurgicale, d’effectuer la neurorraphie du
tiers postérieur. Les deux tiers antérieurs sont réinsérés, et il côté paralysé avant que le tendon ne soit descendu pour suture
n’existe pas de creux temporal résiduel. Le passage sous le vers la lèvre. Le greffon nerveux est suturé en terminoterminal
zygoma et dans la boule de Bichat assure son glissement dans sur un des nerfs temporaux profonds (antérieur, moyen ou
la sysarcose manducatrice et évite toute déformation postérieur). Du fait d’une incongruence entre ces deux nerfs, les
zygomatomalaire. fascicules du nerf sural qui ne peuvent être suturés au rameau
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Figure 11.
A. Tarsorraphie externe asymétrique. Rapport de 2
sur 1. Incision dans la ligne pointillée.
B. Réalisation de la tarsorraphie.
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Procédés dynamiques. Allongement du releveur de la paupière Alourdissement de la paupière supérieure. Plusieurs techniques
supérieure selon Paul Tessier [31] (Fig. 16). En l’absence de son ont été proposées. Sheehan [33], en 1950, utilise un treillis de
antagoniste l’orbiculaire, l’hyperactivité du muscle releveur Tantale. La greffe dermique a également été utilisée, mais elle
laissé à lui-même participe à la lagophtalmie. Son allongement entraîne souvent une déformation importante de la paupière
nous semble devoir être intégré dans les procédés dynamiques. supérieure. La plaque d’or est encore très utilisée, son poids est
Différents types d’allongement ont été proposés : certains ne déterminé en fixant un fantôme sur la paupière à l’aide de
pratiquent que des encoches étagées ou une incision horizontale bandelettes collantes sur le patient assis. L’implant est placé par
en « dent de scie ». Il paraît préférable de pratiquer une incision voie cutanée et fixé en avant du tarse (Fig. 17).
horizontale au bord supérieur du tarse, en sectionnant le muscle
Elle a malheureusement tendance à s’exposer, parfois après de
de Muller. Dans cet espace, est mise en place une greffe
d’aponévrose temporale, de galea ou de fascia lata [32]. nombreuses années. Enfin, en raison de la loi de Newton, cette
La mesure de la hauteur de la greffe aponévrotique est établie technique n’apporte pas de protection en position allongée et
sur l’importance de la lagophtalmie en tenant compte d’une donc pendant le sommeil. La conque [34] a l’énorme avantage
surcorrection primaire indispensable. La greffe mesure le double d’être un matériau autologue. Le poids moyen utilisé est
de la rétraction (schéma C = B – A × 2), mesurée en millimètres, d’environ 1 g ± 0,25 g. Le greffon conqual moyen pèse environ
par rapport au côté sain (distance mesurée entre le bord 0,75 g, il est simple à prélever et simple d’utilisation. S’il est
palpébral et le bord supérieur du limbe). Ce procédé a l’énorme correctement modelé, il peut ne pas trop déformer la paupière.
avantage de la simplicité : insuffisant, il peut être renouvelé, Enfin, dans notre expérience, il est parfaitement toléré. Il est
hypercorrigé, il peut être repris facilement. placé au-dessus du tarse sur presque toute la longueur. Pour
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Figure 21. Correction de l’hyperactivité du côté sain. Myectomies de Figure 22. Plan de traitement d’une paralysie faciale : stratégie globale.
symétrisation côté sain. 1. Myoplastie temporale ; 2. allongement du releveur de la paupière
supérieure ; 3. remise en tension temporofrontale (mask lift) ; 4. blépha-
rorraphie externe ou Montandon ; 5. lifting cervicofacial ; 6. myectomies
une discrète surcorrection. En effet, le résultat se dégrade du côté sain.
partiellement, même lorsque les résections musculaires ont été
importantes. fois que la suture risque d’être réalisée sous tension, une greffe
Au niveau frontal, l’affaiblissement du muscle frontal et du nerveuse doit être envisagée.
muscle sourcilier du côté sain est systématique, nous l’avons vu, L’anastomose XII-7 hypoglossofaciale donne de bons résultats
lors de l’abord par voie de mask lift, si une myoplastie tempo- statiques. Les résultats dynamiques sont moins bons avec cocon-
rale est réalisée. À ce niveau, les myectomies siègent au moins tractions et mouvements en masse de toute l’hémiface réanimée
à 1,5 cm au-dessus du sourcil et en regard d’une ride. Deux lors de la mastication ou des mouvements de la langue. Leur
résections parallèles peuvent être utilisées si le muscle frontal est utilisation ne se justifie donc que si elles sont utilisées très tôt sur
très hyperactif. un nerf facial qui n’a aucune chance de récupération.
Neurotomies
Chirurgie palliative de la paralysie faciale
Elles sont difficiles à réaliser correctement et manquent de
précision du fait des variations anatomiques des branches de
installée
division du nerf facial. Elles peuvent être effectuées par des L’examen clinique, associé à une exploration par électromyo-
résections aveugles ou en s’aidant de la stimulation électri- gramme, permet de différencier une PF séquellaire pour laquelle
que [38]. Les neurotomies ont été utilisées, notamment, pour les un traitement palliatif est proposé, d’une PF présentant des
rameaux frontal et mentonnier. Bien que certains auteurs [39] en signes de récupération, pour laquelle une surveillance avec
aient prôné l’usage, il semble que leur résultat soit moins stable réévaluation régulière est indiquée.
à long terme que celui des myectomies.
Paralysie faciale unilatérale de l’adulte
Toxine botulique [40] Nous proposons un traitement global en un temps de la face
Elle est très intéressante car son action est très sélective sur paralysée (Fig. 22).
les différents groupes musculaires, mais son efficacité réelle est Le candidat type à ce traitement est le patient jeune, en bon
transitoire. Elle permet une action fine sur les muscles hyperac- état général, porteur d’une paralysie faciale complète depuis
.
tifs en particulier zygomatiques et abaisseurs de la lèvre 18 mois à 2 ans, sans tentative de correction chirurgicale et sans
inférieure où les myectomies sont plus difficiles. Dans les aucun signe de récupération clinique ou électrique.
parésies, elles traitent les spasmes. Cette situation se voit souvent après l’exérèse d’un neurinome
de l’acoustique avec une lésion en continuité du nerf facial.
L’intervention qui est décrite dans ce paragraphe a pour but
■ Indications de traiter en un seul temps opératoire le maximum de séquelles,
à tous les étages de la face. Elle est aisément réalisable par un
L’attitude est tout d’abord très différente selon qu’il s’agit opérateur entraîné.
d’une paralysie faciale récente pouvant bénéficier d’un traite- L’examen préopératoire et le plan de traitement est confirmé
ment précoce, ou bien d’une PF installée bénéficiant d’un la veille de l’intervention sur un patient en position assise et
traitement palliatif. comporte :
Les indications du traitement sont fonction : • un examen au repos ;
• de l’étiologie de la paralysie faciale ; • une étude de la contraction volontaire ;
• du niveau de lésion du nerf ; • une étude de la mimique émotionnelle.
• de l’ancienneté de la paralysie faciale. Les dessins préopératoires sont établis sur le patient assis
grâce aux repères pris du côté sain, qui sont reproduits en
Traitement précoce miroir du côté paralysé.
Le patient, déjà éprouvé par sa maladie, a été informé
La réparation du nerf facial dans les délais les plus courts (par auparavant qu’il existe parfois provisoirement en postopératoire
suture ou greffe) constitue le meilleur traitement. Le but est de une déformation du côté réanimé, avec une surcorrection, qui
restaurer chaque fois que possible la continuité nerveuse avant la peut durer environ 1 mois.
dégénérescence neuromusculaire survenant dans la première année,
et cela, même chez les personnes âgées. En effet, la repousse Étage frontal
nerveuse, très compromise au niveau des membres chez les sujets Côté paralysé. Si la ptôse sourcilière est modérée, le lifting
âgés, paraît beaucoup plus favorable au niveau du nerf facial. frontal, réalisé au moment de la myoplastie d’allongement du
Les branches frontales et cervicales doivent aussi être réparées temporal, suffit à traiter l’étage frontal. Si la ptôse est impor-
quand elles sont atteintes et que l’on a la chance de les tante, notamment chez le sujet âgé, une résection sus-sourcilière
retrouver en urgence ou semi-urgence. Rappelons que chaque est associée au lifting frontal.
Techniques chirurgicales 15
45-562 / 46-190 ¶ Chirurgie de la paralysie faciale périphérique et séquelles
Côté sain. Les résections musculaires sur le muscle frontal de type hypoglossofacial, qui impose une section du tronc du
sont presque systématiques du côté sain. La contraction du nerf facial. Les complications oculaires sont exceptionnelles.
front du côté sain permet de déterminer l’emplacement exact et Nous optons donc généralement pour un traitement unique
l’importance des myectomies (jamais moins de 7 mm). La de réanimation du sourire, associé éventuellement à des
toxine botulique peut être une alternative ou elle peut être myectomies frontales et des injections de toxine botulique du
effectuée en complément des myectomies. côté sain pour l’hyperactivité de la lèvre supérieure et inférieure.
Le muscle sourcilier, perpendiculaire à la « ride du lion », est La réanimation du sourire se fait par myoplastie d’allongement
également évalué en vue d’une résection du côté sain. du temporal, par une incision bicoronale et une incision naso-
génienne. Les repères préopératoires sont les mêmes que ceux
Étage palpébral pris chez l’adulte. En général, l’insertion sur la lèvre se fait de
Côté paralysé. Le degré de relâchement de la paupière façon plus facile en raison du bon tonus des tissus mous.
inférieure ou d’ectropion guide le choix entre les interventions La chirurgie des paupières n’est effectuée que s’il existe un
de soutien de type greffe de muqueuse palatine ou/et la simple retentissement fonctionnel. Par ailleurs, on peut espérer une
blépharrorraphie externe asymétrique de type 1 sur 2 (selon neurotisation de muscle à muscle entre le muscle temporal et
Kratisnova). Le pli palpébral supérieur est repéré. les muscles peauciers, et notamment l’orbiculaire palpébral, ce
Côté sain. La toxine botulique peut être utilisée sur l’orbicu- qui améliorerait la lagophtalmie.
laire palpébral s’il est hyperactif.
Parésie unilatérale
Étage buccal
Contraction du côté paralysé à plus de 50 % par rapport
Côté paralysé. Une myoplastie d’allongement du muscle au côté sain. On entreprend une rééducation acharnée pour
temporal est réalisée. En cas d’anomalie des muscles temporaux voir si cette contraction peut être améliorée et aboutir à un bon
ou de paralysie associée du trijumeau, un transfert musculaire résultat esthétique, en particulier lors du sourire émotionnel. Les
libre de type Gracilis s’impose. injections de toxine botulique peuvent aussi aider à la symétri-
En effet, les suspensions passives, dont les résultats sont sation de la face. Si le résultat est insuffisant, une intervention
toujours mauvais et décevants, sont à réserver uniquement aux de surneurotisation terminolatérale (selon Frey) du côté paralysé
patients très fragiles chez lesquels une anesthésie n’est pas semble tout à fait justifiée, en particulier par un abord direct des
envisagée. rameaux buccaux dans la glande parotide selon Viterbo.
Côté sain. On repère également l’hyperactivité du côté sain, Contraction représentant moins de 50 % par rapport au
qui en général est évidente à la lèvre inférieure (abaisseur de la côté sain malgré une rééducation correctement suivie. Une
lèvre inférieure et abaisseur de l’angle de la bouche), mais qui myoplastie d’allongement du temporal est, dans ce cas, justifiée.
peut aussi, dans certains cas, toucher les grands et petits En effet, le passage jugal du tendon du temporal n’entraîne
zygomatiques, ainsi que les releveurs profonds et superficiels de aucune section et donc ne fait pas courir de risque au nerf facial
la lèvre supérieure. Pour traiter cette hyperactivité, l’utilisation en particulier. Il n’y a donc pas de risque de majoration de la
de la toxine botulique permet une adaptation fine et qui peut paralysie faciale, et le fait qu’une contraction, même minime,
aussi être améliorée dans le temps puisque ces injections seront existe est un facteur favorable pour une meilleure qualité du
à renouveler environ deux fois par an. résultat, par neurotisation de muscle à muscle entre les muscles
peauciers et le muscle temporal et vice versa.
Temps de l’intervention
Les différents temps de cette intervention sont : Paralysie d’un seul étage de la face
• abord et décollement de mask lift (sous-périosté) bilatéral, Pour l’étage frontal seul, on préfère la toxine botulique du
mais limité en temporal du côté sain ; côté sain.
• temps crânien de la myoplastie d’allongement du temporal ; Pour l’étage orbitaire seul, le traitement est le même que dans
• du côté sain, prélèvement d’une bande d’aponévrose tempo- la paralysie faciale unilatérale, à savoir allongement du releveur
rale (côté sain) pour l’allongement de paupière supérieure, et de la paupière supérieure et bléraphorraphie externe asymétrique.
myectomies frontale et intersourcilière ; Pour l’étage labial supérieur seul, la myoplastie d’allongement
• abord nasogénien du côté à réanimer ; du temporal est associée à des injections de toxine botulique du
• fixation du tendon du temporal en lieu et place des muscles côté sain pour traiter l’hyperactivité.
peauciers paralysés ; Pour l’étage labial inférieur et l’étage cervical, la toxine
• abord dans le pli palpébral supérieur. Dissection et allonge- botulique est utilisée du côté sain pour traiter l’asymétrie.
ment du releveur de la paupière supérieure par interposition
d’aponévrose temporale ; Patient multiopéré
• blépharorraphie externe asymétrique. Il s’agit soit de patients âgés, soit de patients jeunes chez qui
les interventions antérieures n’ont pas apporté le résultat
Gestes complémentaires non systématiquement escompté.
associés Après une simple suspension commissurale, une myoplastie
Les gestes complémentaires non systématiquement associés du temporal permet de réanimer les lèvres. La suspension est
sont : soit conservée, soit retirée, en particulier si elle a été réalisée par
• résection sus-sourcilière : c’est un geste indispensable chez le du matériel synthétique.
sujet âgé, mais qui peut être effectué dans le même temps ou Après un transfert du muscle masséter dont le résultat est en
dans un second temps sous anesthésie locale pour fixation du général insuffisant par traction horizontale sur la commissure, il
sourcil au périoste ; est possible d’associer une myoplastie d’allongement du tempo-
• greffe de soutien de la paupière inférieure de type greffe de ral sans supprimer le masséter transposé lorsqu’il est fonctionnel.
muqueuse palatine ; Après myoplastie de Gillies qui, en règle, utilise la partie
• lifting asymétrique : soit lifting cervicofacial asymétrique avec postérieure du muscle temporal, on peut associer une myoplas-
geste sur le platysma (platysma suspension avec plicature du tie d’allongement du temporal en utilisant sa partie antérieure,
ligament de Furnas), associé à une plicature du SMAS facial avec interposition de matériaux inertes entre la crête temporale
de type MACS LIFT; et la partie haute du muscle pour permettre son allongement
• lifting malaire concentrique [41]. Il permet de traiter au mieux (Mersylène®).
l’asymétrie de l’étage orbitaire liée à la paralysie de l’orbicu- Lorsqu’une tarsorraphie a été réalisée de façon très étendue et
laire palpébral et orbitaire avec asymétrie des cernes. trop visible, une séparation des paupières est réalisée, associée à
une reprise de blépharorraphie externe asymétrique avec
Paralysie faciale unilatérale de l’enfant allongement du muscle releveur supérieur selon Tessier.
Chez l’enfant, la paralysie faciale est en général partielle. Cela En cas d’exposition d’une plaque d’or, son ablation est suivie
élimine la possibilité de réanimation par anastomose nerveuse d’un allongement du releveur de la paupière supérieure.
16 Techniques chirurgicales
Chirurgie de la paralysie faciale périphérique et séquelles ¶ 45-562 / 46-190
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D. Labbé (dr.labbe@wanadoo.fr).
Service de chirurgie maxillofaciale et plastique, CHU Caen, avenue de la Côte-de-Nacre, 14033 Caen cedex, France.
J. Bardot.
Service de chirurgie pédiatrique, Hôpital de la Timone, 13385 Marseille cedex 05, France.
H. Bénateau.
Service de chirurgie maxillofaciale et plastique, CHU Caen, avenue de la Côte-de-Nacre, 14033 Caen cedex, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Labbé D., Bardot J., Bénateau H. Chirurgie de la paralysie faciale périphérique et séquelles. EMC (Elsevier
Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Chirurgie plastique reconstructrice et esthétique, 45-562, Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-190, 2007.
18 Techniques chirurgicales
Techniques chirurgicales - Tête et cou
[46-230]
Résumé
Haut de page
GÉ NÉ RALITÉ S
Choane
Les tableaux I et II et la figure 1 précisent les distances des principaux repères osseux
de la choane, ainsi que les variations de sa hauteur, et de sa largeur en fonction de l'âge.
Ces mensurations sont importantes à connaître lors de la chirurgie, notamment pour bien
se situer dans l'espace et le volume de la fosse nasale, pour interpréter les lésions sur
l'examen tomodensitométrique et définir les modalités du geste opératoire.
Atrésie choanale
L'obstacle atrétique ou « mur » d'atrésie a une épaisseur variable de 1 à 10, voire 12 mm.
Il représente la zone postérieure d'une déformation en entonnoir à l'extrémité postérieure
de la fosse nasale, déformation quasi constante et le plus souvent prononcée. Bien
soulignée de longue date (Muller [21]), elle est parfaitement visible lors de l'endoscopie de
la fosse nasale et plus encore sur l'examen tomodensitométrique (fig. 2 et 3). Intéressant
le quart ou le tiers postérieur de la fosse nasale, ou les deux, elle concerne tout à la fois la
paroi latérale (lame perpendiculaire du palatin et apophyse ptérygoïde) et la paroi médiale
(vomer) ; elle peut prédominer sur l'une ou l'autre. Sensiblement symétrique de son
opposée en cas d'atrésie bilatérale, la portion préatrétique de la fosse nasale peut
apparaître rétrécie ou élargie en cas d'atrésie unilatérale.
Le plan muqueux sur un soubassement fibropériosté complète l'obstruction quand les deux
parois osseuses ne viennent pas directement en contact l'une de l'autre ou, a fortiori, ne
sont pas soudées en un seul bloc ; cette situation définit les atrésies membraneuses et
mixtes (moins de 20 % des cas). Les deux plans muqueux de la fosse nasale et du cavum
sont alors en contact. Il semble toujours exister, même en cas d'atrésie osseuse, une zone
de plus faible épaisseur dans le mur osseux, voire un cordon fibreux le traversant ; cette
zone se situe dans l'angle inféromédian du mur.
L'atrésie choanale revêt sur le plan anatomique des aspects variés : uni- ou
bilatéralité, nature osseuse, mixte ou membraneuse, rétrécissement symétrique ou
non, prédominant ou non sur une paroi ou l'autre, etc.
Un bilan lésionnel craniofacial est indispensable avant de déterminer une stratégie
thérapeutique, sans négliger pour autant les nombreuses associations
malformatives pouvant intervenir sur les décisions et le pronostic (citons le
syndrome CHARGE
« coloboma, heart defects, atresia of the choanae, retarded growth and
development, genital hypoplasia, ears anomalies, and/or hearing loss » - à titre
d'exemple). L'efficacité et la bonne tolérance habituelle des méthodes de
réanimation ventilatoire autorisent le délai nécessaire à la réalisation de ce bilan.
L'examen à l'endoscope (souple et rigide) des fosses nasales et du pharynx sera
complété par une étude tomodensitométrique ; ces deux examens sont réalisés
après aspiration des mucosités obligatoirement accumulées. L'examen radiologique
après opacification nasale n'a plus d'intérêt de nos jours.
La simple rupture du mur d'atrésie, profitant de la zone de faiblesse signalée ne
permet d'obtenir le plus souvent qu'un orifice choanal étroit, insuffisant à assurer
une bonne ventilation ou instable ayant tendance à se refermer spontanément.
En conséquence, l'élargissement de l'ensemble de la partie postérieure de la fosse
nasale est indispensable : il se fait soit aux dépens de la paroi latérale mais la
manoeuvre est ici limitée par la présence du pédicule palatin postérieur, soit
surtout aux dépens du vomer. La résection du bord postérieur vomérien est le
geste le plus efficace reconnu de longue date [36] pour obtenir un orifice choanal
large et stable, tout en le déplaçant en avant de ce fait.
Le plan muqueux doit être reconstitué afin de recouvrir le mieux possible la zone
de résection osseuse et les berges de l'orifice créé [2], à défaut de quoi la
cicatrisation est potentiellement vicieuse car sténosante. La difficulté à tailler, puis
à maintenir en place les muqueuses provenant des plans nasal et rhinopharyngé
explique une part des échecs secondaires.
La mise en place et le maintien plus ou moins prolongé d'un tuteur de cicatrisation
trouve ici sa justification ; la grande majorité des auteurs ont, à ce jour, conservé
ce geste dans leur pratique.
Sont ainsi définis les temps essentiels du traitement chirurgical de l'atrésie
choanale.
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TECHNIQUES
Généralités
La voie transnasale : l'attaque du mur d'atrésie se fait sur sa face antérieure par la
lumière de la fosse nasale ; technique largement utilisée et souvent efficace, elle
ne permettait que des gestes limités, c'est-à-dire une simple perforation, et non
contrôlés, modifiée maintenant grâce au contrôle optique direct (microscope ou
endoscope) elle permet la réalisation de gestes réglés et précis.
La voie transpalatine : la trépanation de la voûte palatine donne un abord direct
sur le mur d'atrésie et sur les plans muqueux antérieur (nasal) et postérieur
(rhinopharyngé).
La voie transseptale combine l'exposition du vomer par voie de septoplastie
classique et la résection de sa partie postérieure correspondant à la paroi interne
du mur d'atrésie.
Ces trois voies utilisées de manière courante actuellement seront décrites ; par
contre, ne seront que citées :
la voie transantrale (Wright [38]) qui réalise une attaque latérale du mur
d'atrésie par résection de la paroi médiale maxillopalatine du sinus
maxillaire ; elle n'a guère été utilisée ;
la voie transmaxillaire qui comporte une ostéotomie de type Le Fort I avec
abaissement du bloc maxillopalatin (Thaller [34], Resouly [26]) ;
la voie sous-labiale (Krespi [18]) et par rhinotomie transcolumellaire (Koltai
[17]
) qui ne sont que des variantes de la voie transseptale.
De même, quelle que soit la technique utilisée, il faut le rappeler, l'examen endoscopique
des fosses nasales et du rhinopharynx [3] permet de préciser la disposition locale avant le
début de l'intervention ; il est réalisé après nettoyage des fosses nasales et rétraction
muqueuse.
Voie transnasale ou endonasale
Technique classique et ancienne, elle se résume à l'introduction dans la fosse nasale d'un
agent perforant (pince hémostatique coudée fine, sonde métallique droite ou légèrement
béniquée vers le bas) après avoir pris des repères externes et éventuellement
radiologiques, et mis une protection dans le rhinopharynx (miroir de rhinoscopie, lamelle
métallique ou tampon). La perforation obtenue, est alors installée une sonde de calibrage.
Cette technique comporte des risques évidents de fausse-route et des insuffisances non
moins évidentes puisqu'elle se limite à la création d'un simple orifice. Les échecs en sont
fréquents, exception faite pour certaines atrésies membraneuses. Elle ne doit plus être
utilisée.
Résection endonasale
[30]
La technique décrite ci-après est dérivée de celle décrite par Singleton et Hardcastle et
se distingue nettement de la précédente.
Elle comporte les temps suivants sous anesthésie générale, patient en décubitus dorsal.
Ces gestes permettent une observation nasale jusqu'aux choanes au travers d'un
spéculum soit nasi (à valve) soit auris, sous microscope ou directement par endoscope
(calibre 2,7 ou 4 mm) en fonction de l'âge.
Il est complété par un contrôle externe de l'axe de visée reproduisant celui qui a pu
éventuellement être défini en préopératoire sur une radiographie de profil avec stylet
endonasal préplacé ; ces repérages sont essentiels, particulièrement chez le nouveau-né,
pour éviter une « fausse-route » basicrânienne le contrôle de la position opératoire de la
tête est très important ; l'axe de visée doit se rapprocher du plan du voile du palais (fig.
5) ; il faut prendre garde à la tendance du spéculum, dévié par le cornet inférieur, à se
diriger vers la partie haute de la fosse nasale ; le contrôle de la position opératoire de la
tête est très important.
La mise en place dans le cavum soit d'un tampon de coton permettra d'identifier la
pénétration rhinopharyngée, soit d'un protecteur métallique, soit d'un endoscope souple
permettra à un aide de contrôler la pénétration en cours d'intervention ; une optique rigide
de 70° à 120° et plus peut être utilisée à cette fin par l'opérateur lui-même entre deux
temps de l'opération.
Elle dessine idéalement un lambeau ou simplement une incision cruciforme, soit au bistouri
otologique, soit à la pointe électrique gainée.
Trépanation du mur osseux d'atrésie
soit au tour chirurgical utilisant une fraise diamantée de longueur adaptée à celle
de la fosse nasale, manipulée au travers d'un spéculum protégeant la narine de
toute brûlure ;
soit au laser CO2 (ou KTP).
Elle se fait si celle-ci a pu être préservée et incisée ; le calibrage est ensuite disposé.
Cette technique est applicable chez l'adulte comme chez l'enfant. Par cette voie, la partie
postérieure du vomer peut également être réséquée à l'aide d'une pince mordante à action
rétrograde [32], ce qui rejoint l'objectif de la voie transseptale.
Chez le nouveau-né et le nourrisson par contre (fig. 6), en raison du manque de visibilité,
le geste instrumental doit, dans cette voie, être réalisé sans contrôle permanent du mur
d'atrésie et de l'instrument. Il serait dangereux de la faire sans avoir au préalable pris ses
repères comme il a été dit précédemment, ni vérifié au cours du geste que l'impact de la
trépanation est bien situé dans le quadrant inféro-interne du mur d'atrésie. Fraise, curette,
ciseau frappé, perforateur ont été préconisés ; nous donnons la préférence au perforateur
manuel (habituellement un trocart à ponction de sinus) pour le premier temps, puis aux
pinces « guillotine » à action latérale (de type Kerrison) de petit calibre (4 à 5 mm) pour
l'élargissement choanal. La taille, puis le respect de la muqueuse sont ici le plus souvent
quasi impossibles à réaliser. Chez le nouveau-né, une sonde de 4,7 mm (c'est-à-dire
Portex® no 3 ID) doit passer facilement ; le calibre sera bien sûr adapté à l'âge et à la taille
de l'enfant.
Elle est préconisée depuis Healy 1978 [15] pour cette même tranche d'âge. Elle se fait sous
microscope portant le faisceau laser avec focale 300 à 400 mm, par tirs de faible puissance
(5 à 10 Watts) et durée (1 seconde) [23], ou 2 à 6 Watts en laser Acuspot Superpulse [27].
Cette technique est surtout valable lorsque l'atrésie est membraneuse [10] ou le mur
osseux pas trop épais. Plusieurs séances peuvent être nécessaires.
La voie endonasale est simple, rapide et peu hémorragique ; elle est efficace si la résection
osseuse a pu obtenir un bon calibre, que le calibrage doit néanmoins maintenir. Elle est
applicable chez le nourrisson et le nouveau-né ; elle a la préférence de beaucoup
d'auteurs, dont nous sommes, pour les enfants de cet âge. Le risque de fausse-route est
classique et les fréquents échecs souvent mis en avant pour condamner cette technique
alors qu'ils sont le fait de la technique désuète, dite de perforation endonasale simple. La
rigueur mise dans l'exécution de la technique de résection endonasale met à l'abri de telles
complications.
Voie transpalatine
Temps de l'intervention
Taillant sur chacun des deux plans nasal et rhinopharyngé un ou des lambeaux à pédicules
alternés, elle est faite de telle sorte que chacun puisse s'échanger avec son opposé [22] ;
divers types d'incision peuvent être réalisés. Ce temps reste difficile et peu de détails sont
fournis par les auteurs, nous y reviendrons.
La voie transpalatine donne un abord direct et large sur la malformation ; elle permet une
résection de bonne qualité. Pour la plupart des auteurs, elle ne peut être réalisée qu'à
partir de 18 mois ou plus tard, pour d'autres elle peut être plus précoce [27], malgré son
caractère hémorragique. Elle est pour beaucoup la voie de choix pour les atrésies
bilatérales ; elle est particulièrement recommandée pour les échecs des autres voies.
Voie transseptale
L'intervention se fait sous anesthésie générale, patient en décubitus dorsal, après s'être
assuré de la bonne position de la tête, c'est-à-dire tête dans l'axe du corps et plan de
Francfort perpendiculaire à la table.
Les temps suivants se font soit sous microscope opératoire, soit sous contrôle
endoscopique (fig. 9).
Par la voie de la fosse nasale, incision de la muqueuse nasale en regard du mur d'atrésie
dessinant un ou des lambeaux à pédicule latéral supérieur ou inférieur qui seront décollés.
Elle est faite soit en situation interseptocolumellaire, soit plus en arrière selon Killian, puis
décollement sous-périchondral et sous-périosté du septum et vers le plancher de la fosse
nasale, désinsertion ostéochondrale donnant accès au plan sous-périosté controlatéral et
permettant l'exposition des deux faces du vomer normal puis pathologique et de la face
antérieure du mur d'atrésie, qui a été précédemment exposée lors de l'incision endonasale.
L'atrésie étant dès lors levée, et les choanes déplacées en avant, incision du plan muqueux
rhinopharyngé jusque-là respecté, dessinant un ou des lambeaux pouvant s'alterner avec
le ou les lambeaux du plan muqueux nasal ; disposition de ces lambeaux, nasal vers le
cavum, rhinopharyngé vers la fosse nasale ; la muqueuse septable est réappliquée sur les
structures ostéocartilagineuses et le calibrage mis en place.
La voie transseptale est de réalisation rapide et facile chez l'adulte et le grand enfant. Elle
est grandement facilitée par l'utilisation du microscope ou de l'endoscope sans laquelle le
contrôle des gestes postérieurs peut être imprécis.
Elle est principalement recommandée pour les atrésies unilatérales mais peut être utilisée
en cas d'atrésie bilatérale.
Dans cette voie comme dans les voies transnasale et transpalatine, l'aménagement des
plans muqueux reste un point délicat sur lequel il faut revenir.
But et principe de ce temps sont simples : recouvrir le maximum des surfaces osseuses
exposées par la résection du mur d'atrésie en taillant les muqueuses nasale et
rhinopharyngée de telle sorte qu'un lambeau de l'une alterne avec un lambeau de l'autre.
Incisions cruciformes décalées donnant quatre petits lambeaux de part et d'autre, et
incision en U donnant des lambeaux latéral et médian, supérieur et inférieur représentent
les deux principales modalités d'exécution.
La réalisation pratique est plus délicate compte tenu du caractère profond du site
opératoire et de son étroitesse habituelle, de l'épaisseur du tissu sous-muqueux qu'il faut
désépaissir, de la fragilité des lambeaux et du caractère toujours quelque peu
hémorragique de ce temps. La voie transpalatine est de ce point de vue la moins difficile.
Les auteurs, toujours avares de détails à ce sujet, nous laissent à penser que ces
difficultés ne nous sont pas réservées.
Le principe de l'utilité d'un tel calibrage choanal repose sur la prévention de la cicatrisation
vicieuse sténosante de la zone de résection du mur d'atrésie. Ici comme ailleurs dans
l'organisme, la cicatrisation d'une plaie circonférentielle ou quasi circonférentielle sur une
zone tubulaire a naturellement tendance à se faire vers un rétrécissement concentrique
progressif. Cette tendance ne disparaît qu'avec l'affaissement de la prolifération
fibroblastique dans les tissus sous-muqueux ; or, cette dernière est d'autant plus
importante que les surfaces cruentées ne sont pas, ou sont insuffisamment, recouvertes
de muqueuse et la cicatrisation obtenue par épithélialisation progressive. En conséquence,
un calibrage est d'autant plus nécessaire que la perte de substance muqueuse est
importante ou le recouvrement muqueux insuffisant, et que le calibre de l'orifice est de
petite dimension (âge du patient, site anatomique, technique opératoire) ; l'intérêt de la
résection osseuse latérale et médiane surtout par sacrifice du bord postérieur du vomer ne
peut qu'être à nouveau souligné.
Modalités du calibrage
Matériaux
Calibre
Il doit être le plus proche possible du calibrage idéal de la choane en fonction de l'âge ou
de la taille, le diamètre de 4,7 mm (Portex® ID no 3) est habituellement retenu chez le
nouveau-né ; si un calibre plus petit (3,7 mm ou Portex® ID no 2,5) a dû être mis en place,
il devra être changé après quelques jours.
Dispositifs
Parmi ceux qui utilisent des sondes, le dispositif de Winther [37] donne toute satisfaction
(fig. 10) ; il permet une bonne stabilité du montage, sans agressivité pour la columelle et
les narines, surtout si les sondes sont attirées vers le bas par un adhésif pendant quelques
jours pendant lesquels elles vont s'incurver, évitant ainsi la blessure de l'angle antérieur
des narines. Elles restent avec une certaine mobilité favorable à l'évolution cicatricielle.
D'autres dispositifs ont été proposés.
Les lames de Silastic® sont utilisées chez le grand enfant et l'adulte ; enroulées sur 2 ou 3
tours de spires, elles sont fixées par un point transfixiant le cartilage septal. Les lames de
0,25 mm d'épaisseur sont habituellement utilisées (fig. 11).
Ce type de matériau paraît mieux toléré et permet un calibrage plus adapté aux
dimensions et à la forme de l'orifice choanal du grand enfant et de l'adulte.
Durée
D'un point de vue théorique, elle devrait être déterminée par la durée de l'évolution
fibroblastique dans la cicatrice choanale, c'est-à-dire plusieurs mois. La tolérance locale
(réaction au matériau, formation de croûtes autour du tuteur) et psychologique pouvant
être difficile au-delà de plusieurs semaines pour le patient ou sa famille, la durée du
calibrage est extrêmement variable selon les auteurs, de 1 à 2 semaines à plusieurs mois,
3 voire 4 ou plus. Rares sont ceux qui préconisent, dans leurs écrits, de ne pas utiliser de
calibrage, peu nombreux ceux qui ne le laissent que quelques jours. Il peut paraître
préférable de le laisser en place suffisamment longtemps afin d'éviter des séances de
dilatation par bougirage souvent recommandées pour maintenir le calibre, nécessité qui
apparaît dans plusieurs publications à la suite d'un calibrage de faible durée. Selon notre
expérience, le laisser en place pendant 2 à 3 mois est suffisant mais nécessaire, et en
général bien toléré sous réserve de soins quotidiens appliqués par le patient ou ses
parents. En cas de récidive, le calibrage doit être maintenu plus longtemps que dans les
cas primaires.
Chez le nourrisson
Ablation du montage
Le contrôle sous microscope ou endoscope est alors nécessaire ; sont ainsi vérifiés le
calibre choanal, l'aspect de la muqueuse, l'éventualité de granulomes. Dans ce dernier cas,
ablation à la pince ou vaporisation au laser peuvent être nécessaires. Le contrôle après
quelques semaines (2 à 3 mois) est utile sinon nécessaire pour juger de l'aspect
sensiblement définitif du calibre choanal ; une bride trop marquée pourrait faire l'objet de
quelques tirs laser. Une ou plusieurs séances de bougirage peuvent être recommandées à
défaut ou en remplacement de ces gestes laser si le calibre choanal ne paraissait pas
satisfaisant ; pour certains, cette technique est préférée au maintien du calibrage
permanent ou sa prolongation, ou réutilisée à titre prophylactique et réalisée par les
parents de l'enfant [4].
En somme le calibrage choanal recommandé dans tous les écrits, récents ou anciens, est
un temps essentiel de l'intervention pour ces auteurs. Avec les techniques proposées
actuellement comportant un sacrifice osseux vomérien et septal, la survenue de cicatrice
sténosante secondaire paraît amoindrie ; le calibrage pourrait donc n'être laissé que
quelques jours pour certains.
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INDICATIONS
Eléments de la décision
Anomalies associées
Parmi les fréquentes anomalies associées rencontrées (20 à 80 % des cas ) surtout en cas
d'atrésie bilatérale, certaines sont susceptibles de perturber l'habituelle adaptation à la
respiration buccale du nouveau-né porteur d'atrésie choanale bilatérale. Dysmorphie
faciale, notamment hypoplasie mandibulaire, hypoplasie maxillaire ou fente vélopalatine,
glossoptose, troubles de la maturation neurologique avec hypotonie axiale, etc. vont non
seulement perturber le déroulement de l'intervention mais en différer la décision.
Dans certains de ces cas, une trachéotomie pourra paraître préférable au maintien
prolongé de mesures d'assistance ventilatoire, cela pendant quelques semaines ou mois
jusqu'à l'amélioration clinique générale permettant la cure de l'atrésie choanale .
Nature de l'atrésie
Plus l'épaisseur du mur osseux de l'atrésie et plus la déformation des parois latérale et/ou
médiane sont importantes, plus la voie transpalatine est préférée. A l'inverse, mur osseux
ou déformations pariétales peu marquées et a fortiori atrésie membraneuse, plaident en
faveur d'une voie transnasale ou transseptale.
Cette distinction souligne en fait l'importance et le souci qu'il faut apporter à la résection
osseuse quelle que soit la voie d'abord utilisée.
Risques chirurgicaux
Ils doivent en effet être considérés ; chaque technique a ses propres risques et difficultés.
Selon les conclusions de Freng [11] et de Pirsig [24] il serait souhaitable de n'intervenir par
voie transpalatine qu'au-delà de la première grande poussée de croissance palatine c'est-
à-dire pas avant 6 ans, et mieux encore pas avant la puberté.
La voie transseptale dès lors qu'elle comporte la résection de l'ensemble du vomer serait
susceptible d'entraîner également un manque de développement de la pyramide nasale ;
elle relève donc dans une certaine mesure des mêmes critiques que la voie transpalatine ;
la résection limitée à la partie postérieure du vomer et suffisante dans la chirurgie de
l'atrésie ne semble pas comporter ce risque.
Perforation palatine (fistule) et perforation septale ont été rapportées au décours de l'une
ou de l'autre voie.
Les nombreuses publications sur l'atrésie choanale sont souvent un plaidoyer pour l'une ou
l'autre des voies d'abord chirurgicales précédemment exposées. Les résultats d'ensemble
n'en sont pas clairs pour autant ; ainsi que le fait remarquer Pirsig [24] dans une étude
approfondie de la littérature en 1986, les résultats sont très dispersés pour l'une ou l'autre
voie d'abord transnasale ou transpalatine entre un taux de réussite voisin de 100 % et un
taux de mauvais résultats de 50 à 80 %. Les plus récentes études font état de succès pour
80 à 95 % des cas même par voie nasale. La comparaison par un même auteur des voies
transpalatine et transnasale montre des résultats sensiblement identiques pour les deux à
savoir 57 et 59 % de succès respectivement [5]. Les chiffres publiés n'ont cependant pas
une valeur définitive car ils regroupent et comparent le plus souvent des situations
différentes, c'est-à-dire formes uni- et bilatérales, formes membraneuses, osseuses et
mixtes, formes isolées et associées à d'autres malformations, âges des patients variés lors
de la chirurgie (nourrisson ou enfant, voire grand enfant ou même adulte), chirurgie de
première intention ou secondaire (récidive) ; or ces différents facteurs vont influencer
grandement le choix de la technique en fonction de l'expérience propre de l'opérateur.
En cas de bilatéralité
L'atrésie choanale doit être traitée tôt, soit dans les premiers jours, soit après quelques
semaines, délai établi par la tolérance respiratoire de l'obstacle et l'adaptation naturelle de
l'enfant grâce aux soins apportés (canule oropharyngée, sonde de gavage, intubation
nécessaire dans 5 à 10 % des cas).
En cas d'échec éventuel par récidive de la sténose, reprise chirurgicale secondaire par voie
transpalatine. L'incidence de cette chirurgie secondaire est dépendante de la qualité du
geste initial. Il faut souligner encore ici la différence importante qui existe entre la
technique classique et ancienne de simple perforation ou rupture de l'atrésie (« divulsion
»), et les techniques modernes de résection à la demande contrôlée sous amplification
optique.
L'utilisation du laser CO2 est préconisée par certains pour les formes membraneuses ou à
composante osseuse peu marquée.
En cas d'unilatéralité
L'atrésie choanale réclame rarement un geste chirurgical précoce, elle passe le plus
souvent inaperçue à la naissance pour ne se révéler qu'au cours de l'enfance, voire même
à l'âge adulte. A l'occasion d'un problème fonctionnel ou infectieux, seul un défaut
d'adaptation ventilatoire y obligerait ; il est habituellement le fait ici de problèmes
associés, anatomiques ou fonctionnels. La voie transnasale est ici préférée à la voie
transpalatine.
Chez le grand enfant et l'adulte
Mis à part quelques exceptionnels cas d'atrésie choanale bilatérale négligée et bien tolérée,
seule l'atrésie unilatérale est à considérer à ces âges. L'intervention est réalisée dès lors
que la gêne (obstruction, rhinorrhée) est manifeste.
Cas particuliers
Dans le cadre du syndrome CHARGE, les résultats étant dans l'ensemble moins
satisfaisants que pour l'atrésie choanale isolée, et en raison de possibles perturbations au
niveau du cavum, la voie transpalatine est recommandée par certains [9].
L'atrésie choanale peut dans quelques cas ne pas comporter d'imperforation choanale à
proprement parler, mais un rétrécissement suffisamment prononcé pour engendrer une
gêne, voire une détresse respiratoire (45 % des syndromes CHARGE pour Morgan [20]).
Dans ces cas, le calibrage nasal à diamètre progressivement croissant peut être efficace à
lui seul, en tout cas tenté avant de décider d'une chirurgie ; celle-ci répondrait alors aux
mêmes critères d'indication que précédemment. Cette situation doit être distinguée de
l'hypoplasie générale des fosses nasales ou de l'orifice piriforme par le bilan
tomodensitométrique.
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CONCLUSION
Bien plus que la voie d'abord du mur d'atrésie choanale, la création d'un orifice choanal
large est le temps primordial de l'intervention ; il repose sur la résection osseuse des
parois, principalement au niveau du vomer. De lui dépend le succès définitif de
l'intervention. Le calibrage endonasal prolongé n'a de justification que par la fréquente
difficulté à obtenir, lors de la résection osseuse, un calibre choanal suffisant et par la
tendance naturelle à la cicatrisation sténosante de tout orifice créé artificiellement dans
l'organisme ; il reste de ce fait le plus souvent indispensable.
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approach. Ann Plast Surg 1988 ; 20 : 356-359
[35] WETMORE RF, MAHBOUBI S Computed tomography in the evaluation of choanal atresia
Intern. J Pediatr Otorhinolaryngol 1986 ; 11 : 265-274
[36] WILKERSON WW, CAYCE LF Congenital choanal occlusion. Trans Am Acad Ophtalmol
Otolaryngol 1948 ; 52 : 234-243
[37] WINTHER LK Congenital choanal atresia. Arch Otolaryngol 1978 ; 104 : 72-78
[38] WRIGHT WK, SHAMBAUGH GE, GREEN L Congenital choanal atresia - A new surgical
approach. Ann Otorhinolaryngol 1947 ; 56 : 120-126
Fig 1 :
Fig 1 :
Fig 2 :
Fig 2 :
Fig 3 :
Fig 3 :
A. Choanes normales.
Fig 4 :
Fig 4 :
Voies d'abord.
A. Transseptale.
B. Transnasale.
C. Transpalatine.
Fig 5 :
Fig 5 :
Fig 6 :
Fig 6 :
Voie transnasale.
Fig 7 :
Voie transpalatine.
A. Incision de Veau-Wardill.
Fig 8 :
Fig 8 :
Voie transpalatine.
Fig 9 :
Fig 9 :
Voie transseptale.
Fig 10 :
Fig 10 :
Calibrage par sonde polyvinyl Portex® (d'après Winther).
1. Section partielle ; 2. section totale ; 3. pont d'union après plicature ; 4. fil solidarisant les
deux segments ; 5. adhésif attirant les tubes vers le bas.
Fig 11 :
Fig 11 :
en mois
10 12 14 16 18
Nouveau- 0 � 2� 4� 6� 8�
en cm � � � � �
n� 2 4 6 8 10
12 14 16 18 20
Espace mesur�
entre parois
vom�rienne et 0,67 0,70 0,75 0,80 0,86 0,91 0,97 1,02 1,07 1,13 1,18
pt�rygopalatine
*
Epaisseur du
0,23 0,28
vomer
Epine nasofrontale 25
� clivus
� toit du cavum
Techniques chirurgicales - Tête et cou
[46-130]
Résumé
Bien que dans ce chapitre les deux problèmes « esthétique » et « fonctionnel » soient
souvent intimement liés, nous n'envisagerons ici que l'aspect fonctionnel des techniques
de désobstruction concernant l'architecture septolatérale et l'appareil turbinal. Nous
excluons bien sûr toute chirurgie désobstructive sur polypose, tumeur ou malformation
(atrésie choanale, narinaire...) pour n'envisager que la chirurgie de l'unité septolatérale et
les gestes associés.
Haut de page
Toute chirurgie septale, pour être efficace, nécessite un abord large et complet, adapté
aux déformations et aux gestes nécessaires à leur correction ; le but de cet abord est de
permettre un exposition correcte de toutes les lésions ainsi qu'une parfaite mobilisation
des structures ostéocartilagineuses intéressées. C'est donc avant l'intervention si possible
que doit être programmé l'abord en s'aidant de l'arbre décisionnel représenté sur la figure
1.
Abord narinaire
Elle est menée entre le septum membraneux et le bord caudal du septum, et peut
être bilatérale (=transfixiante) ou unilatérale (= hémitransfixiante) ; cette
dernière, très souvent suffisante, doit être faite préférentiellement à droite pour
un chirurgien droitier (quelle que soit la déformation septale).
Incision intercartilagineuse
Elle suit le bord inférieur de la valve nasale (bord inférieur du cartilage latéral)
sur 1 cm et peut, au niveau du dôme, rejoindre ou non l'incision
interseptocolumellaire.
Bien codifiée par Cottle, elle est menée à partir de quatre décollements ou
tunnels juxtaseptaux supérieurs et inférieurs, toujours possibles même dans les
déviations les plus complexes.
Elle est facilitée par la traction sur la columelle avec un clamp columellaire et
commence par la découverte du bord caudal du cartilage septal ; il faut mettre en
évidence la ligne bleue caractéristique du plan cartilagineux par une incision au
bistouri de la sous-muqueuse d'emblée jusqu'au plan périchondral inclus (sans
entamer le cartilage) pour éviter de cliver et de se perdre dans la sous-
muqueuse. Le décollement est alors effectué de chaque côté du septum, le long
du dièdre septolatéral d'abord puis du dièdre septopyramidal, en suivant en haut
le flanc du septum cartilagineux puis de la lame perpendiculaire de l'ethmoïde
jusque sous l'épine du frontal.
Abord externe
Initié par Gillies en 1920, puis introduit par Sercer, il doit surtout son
développement aux travaux de Goodman au Canada et, ce qui est moins connu,
de Juri en Argentine. Divulgué en France par Pech et Cannoni, cet abord vit des
impossibilités de la voie narinaire et devient une nécessité :
Elle se fait après infiltration à mi-hauteur : les incisions basses dans la columelle
sont disgracieuses et les incisions hautes sont beaucoup plus visibles et moins
pratiques pour l'abord de la base du nez. Certains proscrivent les incisions
transversales et en V simples soupçonnées de laisser de mauvaises cicatrices, et
prônent une incision en ligne brisée en W, arguant du fait que plus la cicatrice est
en ligne brisée moins elle se verra.
Décollement cutané
Le décollement est complété par la séparation des alaires et des crus mesiale
jusqu'à l'épine qui est largement exposée.
Abord sous-labial
Récemment remis à l'honneur par Monteil, cet abord trouve sa justification dans
les grandes luxations du bord caudal du septum dont la reposition sera
probablement instable ; l'abord sous-labial est alors effectué secondairement lors
de la reconstruction anatomique du pilier antérieur septal, région capitale pour la
stabilité architecturale de la cloison. Comme précédemment nous envisagerons :
le tracé de l'incision, le décollement de l'oedème résiduel et l'exposition de la
loge septale.
Si l'abord sous-labial est effectué en début d'intervention, il est possible par cette
voie d'ouvrir la loge septale sous contrôle visuel direct en libérant
progressivement le fourreau mucopérichondral de chaque côté de la cloison et
d'amorcer la création des deux tunnels de Cottle ; la dissection est ensuite
reprise par la voie endonasale ou externe pour achever l'exposition de toute la
loge septale.
Voie endoscopique
Elle réalise un abord a minima de la cloison (que l'on peut pratiquer sous
anesthésie locale). Cette voie trouve surtout son indication dans les déviations
moyenne et postérieure pouvant gêner une chirurgie sinusienne et dont elle
constitue un préambule.
Rectification septale
Libération septale
Au niveau de son socle osseux vomérien elle s'effectue souvent plus facilement
après résection de la portion luxée de ce bord inférieur. On a alors une bonne
exposition de la gouttière réceptrice du pied vomérien.
Ou bien l'arête n'est pas (ou peu) intéressée par la déformation septale
(fig. 11) qui n'atteint pas le bord supérieur du cartilage : une paire de
ciseaux forts coupent la partie supérieure de la cloison sous l'auvent des
triangulaires, en ménageant ainsi une baguette cartilagineuse d'environ 5
mm de hauteur attenant à la voûte septotriangulaire.
Ou bien l'arête est intéressée par la déformation septale (fig. 12) qui
atteint le bord supérieur du cartilage et dévie plus ou moins l'arête : il
faudra séparer le cartilage septal des triangulaires pour remodeler la
cloison sur toute sa hauteur ; il est alors peut-être préférable d'utiliser
une voie externe.
Il peut arriver qu'une fois isolée de ses attaches, la cloison redevienne plane,
comme si elle était trop à l'étroit dans la loge. Il suffit alors de l'ajuster en
diminuant sa hauteur par résection d'une bande inférieure et sa longueur en
agrandissant la loge septale aux dépens de la cloison postérieure.
Déviations angulaires
Déviations complexes
Elle doit rester strictement sous-muqueuse, sous peine de laisser une perforation
; et elle ne doit pas être trop étendue, comme préconisée dans l'intervention de
Killian, pour ne pas entraîner de déformation secondaire à la rétraction
cicatricielle.
Modelage
Il s'adresse à des déformations trop étendues pour pouvoir être réséquées sans
dégâts esthétiques (et fonctionnels). Il est indispensable de remodeler ce septum
pour le rendre plan et médian. Ce remodelage peut se faire :
En bas, le septum doit reposer sur la crête incisive et l'épine ; cette fixation
septomaxillaire peut être assurée par un point de Jost passé à l'aveugle de part
et d'autre de l'épine (fig. 22) et noué en bouche après puncture du frein de la
lèvre supérieure ; il est préférable de traverser l'épine sous contrôle de la vue par
voie intraseptocolumellaire ou par voie sous-labiale.
soit par voie endonasale (fig. 23) : des fils passés en transcutané chargent
triangulaires, fourreaux muqueux et cloison puis sont récupérés avec des
crochets et noués sous les téguments du dorsum nasal ;
soit par voie externe : la chose est alors beaucoup plus facile avec une
reconstitution quasi anatomique de la voûte septotriangulaire et de sa
couverture périchondrale.
Reconstruction septale
Elle s'adresse à des pertes de substance et fait appel à des greffes que l'on peut
schématiquement diviser en deux groupes.
Greffe de comblement (ou d'apposition)
Elle s'adresse à de grandes destructions septales pour lesquelles seule une solide
reconstitution de toute la charpente dorsale et columellaire assurera à la fois
esthétique et fonction nasale. Sans insister sur toutes les précisions techniques
développées par ailleurs nous soulignerons :
que l'abord externe est préférable, ce qui impose une prévision de cette
reconstruction ;
que le matériau idéal serait bien sûr le cartilage ou les restes vomériens
récupérés sur place, plus souples et plus faciles à manipuler mais souvent
pas assez abondants pour réaliser un double étai ; c'est l'os (iliaque,
mastoïdien, temporal...) qui est le plus utilisé, préféré pour sa solidité et
sa quantité ; mais naturellement le choix sera fonction de l'importance du
defect ;
qu'un bon ancrage du greffon constitue le seul gage de fiabilité dans le
temps ; un abord large du premaxilla permet toujours de tailler une gorge
profonde dans l'épine du maxillaire pour y « planter » le greffon
columellaire, et un abord externe facilite la fixation de l'étai dorsal à
l'auvent osseux et à l'étai columellaire.
Haut de page
GESTES ASSOCIÉ S
Ouverture de la valve
Ces trois situations réclament des solutions différentes qui ont toutes en commun
de redonner une valve solide avec une ouverture correcte.
Reconstruction de la valve
Un abord externe est d'autant plus justifié ici qu'il s'agit souvent de rhinoplastie
secondaire, dont le bilan lésionnel ne peut être correct qu'à ciel ouvert, avec des
techniques de réparations délicates, à adapter à trois situations (souvent
associées).
Réduction turbinale
C'est ce que représente l'arbre décisionnel (fig. 28) précisant les indications
respectives du modelage turbinal, de la résection turbinale et des cautérisations.
Modelage turbinal
Turbinoplastie laser
Le laser YAG est peu absorbé par les tissus et a tendance à cautériser, coaguler à
haute énergie. Appliqué sur le cornet inférieur il entraînera une destruction sous-
muqueuse en ménageant l'épithélium, ce qui réduira le volume turbinal après une
rétraction cicatricielle.
La fibre de quartz protégée par un tube en Téflon® est introduite à travers une
tige rigide qui est courbée à 30° sur les 15 à 20 mm distaux. Des énergies
variables allant de 25 à 35 watts et de 1 000 à 3 000 joules sont employées pour
obtenir un traitement superficiel. Il faut se contenter d'une énergie faisant juste
blanchir la surface de la muqueuse qui se rétracte sous contrôle de la vue, et ne
pas vouloir carboniser le cornet. Chez l'adulte, ce geste peut être réalisé sous
anesthésie locale. Une période d'oedème muqueux suit le geste pendant une à
deux semaines.
Résection turbinale
Turbinectomie chirurgicale
Il peut arriver qu'en fin de section, la pièce opératoire ne puisse être décrochée ;
plutôt que de tirer sur la pièce opératoire, il est préférable de la saisir près de la
queue et de la pousser vers le cavum pour la désolidariser. Un contrôle
endoscopique peut révéler une résection insuffisante de la queue dont la
résection s'avère très difficile ; on peut être amené dans ces cas-là à la réséquer
sous microscope : un écarteur de Killian à valves longues (75 mm) introduit et
maintenu en place dans la région préchoanale permet avec une pince (ou une
aspiration) de saisir la queue et avec un ciseau (ou une pointe coagulante) de la
sectionner.
Turbinectomie électrique
Elle se propose de détruire de façon plus ou moins contrôlée la tête et le corps
turbinal en introduisant une pointe fine à l'intérieur du corps turbinal et en
l'électrocoagulant pendant un temps relativement court (2 à 3 secondes) en
évitant de « boursoufler » la surface muqueuse. On réalise une succession de
punctures sur le dos et le bord inférieur du cornet. Cette méthode a comme
avantages sa simplicité et son caractère peu hémorragique, mais elle a le gros
inconvénient d'être aveugle parce qu'il est très difficile de contrôler l'étendue de
l'électrodestruction.
Cautérisation muqueuse
Contention endonasale
Il est parfois intéressant de leur donner une forme en tuile dont la convexité
supérieure contribuera à maintenir l'élargissement de la valve.
Tamponnement
Il doit être modeste dans son objectif de contention et ce n'est pas en « bourrant
» les deux fosses nasales que l'on réussira à maintenir sagittale une cloison mal
reposée. Il doit donc être suffisant pour assurer une hémostase et assez doux
pour ne pas traumatiser la muqueuse et disloquer la reconstruction
septotriangulaire ; la meilleure solution semble l'application de deux tampons de
Merocel® imbibés d'une solution antibiotique.
Contention exonasale
Il n'y a rien ici de particulier si ce n'est que tout doit être fait pour contenir
l'oedème avec des bandes de Steri-Strip® appliquées sur tout le revêtement
cutané du nez et pour empêcher tout déplacement avec un plâtre ou une tuile
légèrement compressif.
Soins postopératoires
Traitement
Il comprend dans tous les cas une protection antibiotique orale à large spectre
pendant 8 jours et endonasale sous forme de solution antibiotique imbibant
régulièrement le Merocel®. On peut y ajouter un traitement antioedémateux,
stéroïde ou non, pendant 4 à 5 jours.
Soins postopératoires
Ils se résument en :
En cas de voie externe, il faut s'interroger devant une douleur anormale qui
pourrait signer un hématome ou surtout une nécrose cutanée ; au moindre doute
il faut lever toute la contention externe et agir en conséquence : vidanger
l'hématome par voie endonasale et laisser la peau à l'air libre. De même, les
points columellaires doivent être enlevés suffisamment tôt (J3-J4) pour ne pas
laisser de trace.
Haut de page
CONCLUSION
Références : Septoplastie
Fig 1 :
Fig 1 :
Arbre décisionnel.
Fig 2 :
Fig 2 :
1. interseptocolumellaire ;
2. intercartilagineuse.
Fig 3 :
Fig 3 :
Fig 4 :
Fig 4 :
Articulation chondro-osseuse :
Fig 5 :
Fig 5 :
Abord externe : incision cutanée :
1. columellaire ; 2. vestibulaire.
Fig 6 :
Fig 6 :
Fig 7 :
Fig 7 :
Fig 8 :
Fig 8 :
Fig 9 :
Fig 9 :
Attaches septales :
2. vomer ; 3. premaxilla-épine.
Fig 10 :
Fig 10 :
Chondrotomies :
1. postérieure ; 2. inférieure.
Fig 11 :
Fig 11 :
Fig 12 :
Fig 12 :
Fig 13 :
Fig 13 :
Fig 14 :
Fig 14 :
Fig 15 :
Fig 15 :
Fig 16 :
Fig 16 :
Fig 17 :
Fig 17 :
Résection sous-muqueuse :
3. pilier columellaire.
Fig 18 :
Fig 18 :
Chondrotomies verticales.
Fig 19 :
Fig 19 :
Chrondotomies :
Fig 20 :
Fig 20 :
Fig 21 :
Fig 21 :
Fig 22 :
Fig 22 :
Fixation septale à l'épine.
A. Voie endonasale.
B. Voie sous-labiale.
Fig 23 :
Fig 23 :
B. Technique endonasale.
Fig 24 :
Fig 24 :
Syndromes de valve.
A. Valve normale.
B. Nez en tension.
Fig 25 :
Fig 25 :
Fig 26 :
Fig 26 :
Elargissement de la valve.
Fig 27 :
Fig 27 :
Reconstruction de la valve.
Fig 28 :
Fig 28 :
Arbre décisionnel.
Fig 29 :
Fig 29 :
Turbinoplastie inférieure.
A. Incision.
Fig 30 :
Fig 30 :
Turbinoplastie moyenne.
A. Incision muqueuse.
Fig 31 :
Fig 31 :
Plaques de contention.
A. Plaque simple.
B. Plaque en tuile.
46-220
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 46-220
Mots-clés : fente labiale, fente alvéolaire, fente vélopalatine, chéilorhinoplastie primaire, vélopalatoplastie.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Chaudré F et Garabédian EN. Chirurgie des fentes labio-vélo-palatines. Encycl Méd Chir (Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-220,
2003, 12 p.
46-220 Chirurgie des fentes labio-vélo-palatines Techniques chirurgicales
INSTALLATION
Un ouvre-bouche de Boyles-Davis sera mis en place utilisant une
lame préformée d’une gouttière pour le passage de la sonde
d’intubation. Cet écarteur devra également être adapté en taille à
l’ouverture buccale de l’enfant (modèle spécial nourrisson).
INFILTRATION
L’anesthésie locale n’est pas indispensable. Selon les équipes, cette
infiltration pourra être réalisée à la Xylocaïnet adrénalinée à 1 %, au
sérum adrénaliné ou au sérum physiologique injectable. Les
posologies des différents anesthésiques doivent être adaptées à l’âge
1 Orthèse palatine. et au poids de l’enfant (abaques).
syndromiques comprendra un examen pédiatrique général, une
évaluation neurologique, une consultation génétique avec réalisation MATÉRIEL
d’un caryotype. Une étude de la succion-déglutition et une
Les instruments sont ceux utilisés en microchirurgie. Un bistouri de
polysomnographie devront être demandées selon la tolérance
type Beaver sera utilisé avec des lames numéro 15 et faucille. Une
clinique. La présence de malformations associées est observée dans
coagulation bipolaire peut être nécessaire en cas de saignement,
36,7 % des cas avec une prédominance des atteintes neurologiques
notamment dans la région des pédicules palatins postérieurs.
centrales et des atteintes squelettiques [17].
Le consensus actuel retient deux temps opératoires principaux [7, 9, 13,
15]
:
Fente vélaire isolée (fig 2)
– entre 3 et 6 mois : premier temps comprenant vélopalatoplastie
pour les fentes vélaires ou vélopalatines associée à une
Le principe de base de la chirurgie réparatrice des fentes vélaires est
chéilorhinoplastie primaire dans le cas de fente complète même
la reconstruction des trois plans vélaires : muqueux nasal et buccal,
bilatérale ;
et musculaire intermédiaire. De nombreuses techniques ont été
– entre 9 et 12 mois : deuxième temps de palatoplastie pour les décrites pour la fermeture de ces fentes vélaires pures ou associées à
fentes palatines très larges isolées ou les fentes complètes encoche palatine minime.
labiovélopalatines.
À ces deux temps opératoires principaux peuvent s’ajouter certains ¶ Technique de Dorrance [5]
(fig 3)
temps chirurgicaux supplémentaires notamment une
chéilorhinoplastie secondaire, un allongement columellaire Décrite par l’auteur en 1946, elle repose sur le principe du push-back
(columelle parfois trop courte après le premier temps opératoire de la fibromuqueuse palatine et du périoste attenant permettant
d’une fente bilatérale) ou parfois une reprise de palatoplastie en cas ainsi le rapprochement et la suture des différents plans des berges
de pertuis résiduel. Des temps de reconstruction alvéolaire et de la fente. Après infiltration, l’incision au bistouri lame 15 ou
maxillofaciale sont à décider au cas par cas. faucille contourne la tubérosité maxillaire, longe à distance la crête
alvéolaire tout en respectant la muqueuse maxillaire puis se porte
en avant puis en dedans pour rejoindre l’incision controlatérale en
Place des orthèses palatines (fig 1) arrière du foramen incisif. Cette incision est superficielle en arrière
pour respecter le pédicule palatin postérieur. Elle s’approfondit
L’indication et l’utilisation de prothèses (orthèse palatine ou
ensuite pour permettre l’incision du périoste. Celui-ci est ruginé vers
maxillofaciale) est variable selon les auteurs. Elles permettent
l’arrière jusqu’à la fente puis latéralement afin de libérer parfois
d’occlure une fente vélaire importante et handicapante, de protéger
totalement l’artère palatine de son foramen. En dehors, le crochet
une palatoplastie. Certaines prothèses spécifiques permettent de
interne de l’apophyse ptérygoïde sera fracturé (libération du tensor
ramener le bourgeon médian dans l’alignement des bourgeons
veli palatini). La dissection latérale et postérieure est poursuivie tant
latéraux en préopératoire. Leur utilisation est très controversée.
que la tension sur les berges de la fente semble trop importante. Le
bord libre de la fente sera également incisé jusqu’à la pointe des
Place de la chirurgie fœtale deux hémiluettes et disséqué. Le bord libre du palais dur est repéré
et la muqueuse nasale décollée soigneusement a retro. La suture est
Les travaux actuellement publiés rapportent d’excellents résultats réalisée avec un fil résorbable 5/0. Elle débute par le plan muqueux
morphologiques de cette chirurgie in utero sur modèle animal nasal jusqu’à la pointe de la luette. Le plan musculaire nécessite
expérimental [19]. Cependant, de nombreux problèmes éthiques sont rarement plus de trois points. Le plan muqueux buccal peut alors
invoqués. En effet, un geste opératoire dangereux pour le fœtus se être réalisé d’arrière en avant.
justifie-t-il dans le cadre de la prise en charge d’une affection Certains auteurs réalisent :
malformative sans risque vital majeur ?
– une incision de décharge latérale afin de libérer plus encore les
tensions ;
Anesthésie, installation et matériel
– des points latéraux ;
ANESTHÉSIE – des points transpalatins en U de contention du lambeau.
Ces interventions réalisées sous anesthésie générale seront toujours La zone osseuse antérieure dénudée s’épithélialise en quelques jours,
programmées après un bilan préopératoire complet (recherche de la pression de la langue permet une réapplication sans problème du
malformation cardiaque notamment). lambeau.
2
Techniques chirurgicales Chirurgie des fentes labio-vélo-palatines 46-220
3
46-220 Chirurgie des fentes labio-vélo-palatines Techniques chirurgicales
*
A
*
B
*C *D *E
3 Dorrance. trousseau fibreux engainant l’artère, en suivant son axe (bistouri 15, ciseaux fins et
A. Points d’injection. sonde ténotome).
B. Décollement en dedans et en dehors de l’artère palatine : décollement de la mu- C. Suture du plan nasal (Blair-Donati ou points simples inversés).
queuse nasale de la voûte palatine en rose ; désinsertion musculoaponévrotique des D. Trois points musculaires.
lames palatines. B1. Fracture de l’hamulus (crochet interne de la ptérygoïde), li- E. Aspect en fin d’intervention : 1. Points de matelassier ; 2. points en U transosseux ;
bérant le tensor veli palatini ; B2, B3. libération de l’artère palatine : dissection du 3. palais dur dénudé témoignant du push-back.
*
A *
B
La suture des différents plans peut donc être réalisée. Le plan la véloplastie : points simples ou de Blair-Donati au fil résorbable
nasal sera suturé en premier au fil résorbable 5/0 (points séparés 4 ou 5/0. Un petit triangle muqueux postérieur de luette aura
simples inversants ou Blair-Donati) d’avant en arrière en évitant pu être réséqué afin de permettre une bonne coaptation
tout décalage. On pourra positionner un point de bâti sur la musculaire. Le plan muqueux buccal est lui suturé en dernier :
luette qui facilitera également la suture postérieure. Un points séparés simples ou Blair-Donati. Un point d’angle
allongement du plan nasal pourra être obtenu par une plastie en antérieur sera réalisé sur le V afin d’arrimer correctement
Z. Le plan musculaire sera suturé ensuite selon la technique de l’ensemble du lambeau.
4
Techniques chirurgicales Chirurgie des fentes labio-vélo-palatines 46-220
Cette technique plus récente a été décrite par Furlow en 1976. Peu
d’équipes l’ont cependant depuis adoptée. Elle permet d’obtenir,
selon Furlow et plus récemment Kirschner et al, de meilleurs
résultats sur le plan fonctionnel : du langage, du niveau
d’hypernasalité et d’insuffisance vélaire pour d’aussi bons résultats
anatomiques.
*
B
La technique de Furlow repose sur la réalisation de deux plasties en
Z des plans muqueux et musculaires des deux hémivoiles du palais.
Selon l’auteur, la reconstruction du plan musculaire avec sutures
superposées des deux extrémités musculaires serait de meilleure
qualité que lors d’une intervention classique où cette suture des
*
A
plans musculaires vélaires est réalisée de façon terminoterminale.
Cette intervention peut être proposée aussi bien de façon précoce
5 Suture simple. entre 3 et 6 mois que plus tardivement. Elle est tout aussi réalisable
A. Excision d’un triangle de la muqueuse nasale de la luette. lors de reprise. Cependant, lors d’un premier temps tardif, elle peut
B. Après excision du triangle postérieur : suture musculaire soigneuse et ferme- se révéler plus difficile du fait d’une largeur trop importante de la
ture par translation interne de la muqueuse du versant nasal.
fente avec insuffisance de longueur de chaque hémivoile (et donc
des lambeaux musculaires) avec un risque de tension trop
¶ Notre technique importante des sutures.
Elle est dérivée de celles de Wardill et Chancholle précédemment Le recul du voile est obtenu grâce à la réalisation de cette double
décrites. Elle repose sur la réalisation de deux lambeaux plastie en Z. Le plan mucopériosté palatin antérieur est totalement
mucopériostés qui ont la particularité d’être asymétriques et de ne respecté à la différence des techniques préalablement décrites où il
pas rejoindre le bord antérieur de la fente. Ces deux lambeaux constitue la base de la technique (push-back). La technique de Furlow
*
A
*
B
5
46-220 Chirurgie des fentes labio-vélo-palatines Techniques chirurgicales
*
A *
B
8 Fente vélopalatine complète.
*
A *
B *
C
*
D
*
E
9 Wardill VY.
A. Tracé de l’incision respectant un intervalle d’au moins 5 mm avec la gencive. D. Suture du plan nasal d’avant en arrière (Blair-Donati, points inversés Vicrylt 5/0).
B. Désinsertion musculoaponévrotique de la lame palatine, libération de l’artère E. Aspect en fin d’intervention. 1. Surgicelt ; 2. surface cruentée ; 3. premier fil nasal
palatine, fracture de l’hamulus. 1. Décollement du versant nasal. ayant transfixié le mucopérioste et arrimant le lambeau à l’os en avant ; 4. suture en
C. 1. Section de l’aponévrose latéropharyngée en dedans du constricteur supérieur VY.
du pharynx ; 2. fracture-résection de l’hamulus.
permet donc de réserver les autres techniques aux éventuels pertuis Le point clé de cette technique est la réalisation des quatre
résiduels. Pour certains, les risques de trouble de la croissance du lambeaux : deux muqueux (l’un oral et l’autre nasal) à pédicule
maxillaire et du massif facial lors d’une chirurgie basée sur antérieur et deux musculaires à pédicule postérieur. Les tracés des
l’utilisation des lambeaux palatins font préférer cette dernière incisions sont déterminés selon la technique d’une plastie en Z
technique de Furlow. traditionnelle incluant la fente comme incision centrale. L’orientation
6
Techniques chirurgicales Chirurgie des fentes labio-vélo-palatines 46-220
*
B *
C
*
A
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D *
E
des incisions est variable de 60 à 80° selon les auteurs et doit être La suture des lambeaux commence par le plan nasal après
adaptée aux conditions locales notamment à la largeur et à la transposition de ceux-ci. On obtient ainsi un positionnement plus
profondeur de la fente. Chaque hémivoile donne donc deux des postérieur et interne du plan musculaire. Le même type de
quatre lambeaux. D’un côté (droit sur le schéma), l’incision du transposition est réalisé avec le plan buccal. On obtient ainsi un
lambeau à pédicule antérieur doit être très superficiel respectant chevauchement postérieur des deux lambeaux musculaires.
ainsi le plan musculaire en profondeur. Le lambeau ainsi levé est Plastie de la luette : afin d’augmenter le recouvrement musculaire au
purement muqueux. De l’autre côté, le lambeau plus épais muqueux niveau de la luette, il est possible au niveau de la pointe de séparer
et musculaire présente un pédicule postérieur. Sa dissection est les plans muqueux nasal et musculaire pour que ce dernier vienne
particulièrement délicate car elle doit respecter en profondeur le glisser et recouvrir la zone de suture.
plan muqueux nasal sans le perforer. Leur libération est prolongée
Fente large avec insuffisance de longueur des lambeaux : la suture des
au maximum vers l’avant et la lame palatine pour le lambeau à
pointes de chaque lambeau peut ne pas couvrir la totalité des zones
pédicule antérieur et la région rétromaxillaire en arrière pour l’autre
incisées qui sont alors laissées en cicatrisation libre. Des contre-
lambeau. Dans le même temps, le bord libre de la fente est incisé et
incisions latérales de décharge peuvent aussi y être associées.
permet ainsi la levée des deux premiers lambeaux. Une fois cette
étape réalisée, les plans profonds des deux hémivoiles sont ensuite Au total, cette technique chirurgicale permet une remise en tension
incisés : seconde plastie en Z. Les directions de ces incisions et un recul de la sangle musculaire vélaire avec absence de suture
permettent à chaque hémivoile d’être à l’origine d’un lambeau à longitudinale ou superposée. Pour les auteurs, cette reconstruction
pédicule antérieur et d’un lambeau à pédicule postérieur. musculaire spécifique est à l’origine des excellents résultats
L’extrémité latérale de chaque incision du plan nasal doit se projeter fonctionnels.
en regard des orifices tubaires. Les attaches musculaires aux lames
palatines sont libérées. En revanche, le plan mucopériosté palatin
TECHNIQUES DE FERMETURE EN DEUX TEMPS
est lui respecté et le décollement des versants nasal et oral en regard
de la fente osseuse est minime. Ceci permet ainsi un recul maximal Ces techniques s’adressent aux fentes vélopalatines larges ou aux
de la future sangle musculaire et muqueuse. fentes labio-alvéolo-vélo-palatines.
7
46-220 Chirurgie des fentes labio-vélo-palatines Techniques chirurgicales
*
A
*
C
*
B
12 Lambeaux vomériens.
A. Lambeau unilatéral à charnière supérieure.
B. Lambeau bilatéral.
*
A *
B
La prise en charge des fentes vélopalatines très larges (fig 11) vers l’âge de 3 à 6 mois associant chéilorhinoplastie et véloplastie.
comprend un premier temps de véloplastie précoce vers l’âge de 3 à La fermeture palatine intervient alors 6 mois plus tard.
4 mois : réalisation d’une technique de push-back classique par deux Une attitude un peu différente est défendue par Malek qui propose
incisions latérales contournant la tubérosité maxillaire débordant en une staphylorraphie première précoce (avant 3 mois) suivie d’une
avant le bord postérieur des lames palatines sans réalisation de chéilorhinoplastie et d’une palatoplastie dans un délai plus tardif,
lambeau mucopériosté palatin. Le second temps est réalisé 6 mois entre 6 mois et 1 an.
plus tard. Mais avec la croissance des lames palatines et la En revanche, la fermeture en trois temps des fentes bilatérales avec
cicatrisation du temps vélaire, la fente palatine résiduelle a tendance fermeture labiale uni- puis controlatérale suivie d’une palatoplastie
à diminuer spontanément. secondaire semble être de plus en plus abandonnée. La réparation
Une technique classique de Wardill ou même une suture directe en palatine antérieure peut bénéficier de greffons périostés également
fonction de l’étendue de l’orifice résiduel peut alors être réalisée. utilisés dans la reconstruction des defects alvéolaires.
Certains auteurs renforcent parfois cette fermeture par l’apposition L’organisation de la prise en charge des fentes vélopalatines isolées
de périoste tibial. tend à s’uniformiser. Les résultats fonctionnels (nasalisation,
L’utilisation d’un lambeau vomérien peut également être proposée dysphonie) et esthétiques (croissance maxillaire) nécessitant un recul
pour la réfection du plan nasal (fig 12). Cette technique permet dans de plusieurs années, l’évaluation de ces différentes attitudes reste
certains cas une fermeture de la fente dès le premier temps. Il encore difficile.
nécessite une incision du bord libre inférieur du vomer et la
réalisation d’un lambeau à pédicule supérieur. L’incision décalée du Fentes labio-vélo-palatines
bord libre de la fente permet une suture sans tension des deux
lambeaux. Ce lambeau vomérien peut être réalisé de façon uni- ou La difficulté de ce type de réparation est d’obtenir des résultats
bilatérale. esthétique et fonctionnel satisfaisants tant immédiatement qu’à
Pour les FLVP complètes, les attitudes thérapeutiques varient selon distance une fois la croissance du massif facial terminée.
les orientations chirurgicales retenues pour le temps labial initial. La L’obtention d’une cicatrice la moins visible et la moins rétractile
plupart des auteurs programment actuellement un premier temps possible représentait initialement l’impératif de la prise en charge.
8
Techniques chirurgicales Chirurgie des fentes labio-vélo-palatines 46-220
13 Technique de Veau.
*
A *
B
Actuellement et suite à de nombreux travaux, deux points paraissent l’incision est franche, transfixiante au niveau de la peau comme de
également indispensables : la lèvre rouge. L’incision cutanée en 3 reste à 1 mm de la jonction
– la réfection d’une sangle musculaire efficace : Delaire (1975, 1978), cutanéomuqueuse. L’hémostase de l’artère coronaire sera parfois
Talmant (1984), Gyoo et al (1995), Genaro et al (1994) ; nécessaire.
– l’obtention d’un enroulement narinaire suffisant : Thompson et L’incision du back-cut (5-5’), sa longueur et son orientation sont
Reinders : « une reprise chirurgicale secondaire est nécessaire en déterminantes dans l’horizontalisation de l’arc de Cupidon par
moyenne 1,7 fois pour le nez contre 0,7 fois pour la lèvre ». rotation de l’hémilèvre vers le bas. En profondeur, le muscle
Ces deux points sont intimement liés. orbiculaire sera libéré de l’épine nasale et du plan osseux. Le
De nombreuses techniques ont donc été décrites, réactualisées puis lambeau A est ainsi dissocié de la columelle. Il est nécessaire de
modifiées. Nous décrirons les plus utilisées. réséquer les tissus atrophiques le long des berges de la fente osseuse.
Le temps musculopériosté reste à réaliser : libération en regard de
FENTES LABIO-ALVÉOLO-PALATO-VÉLAIRES
l’orifice piriforme (libérant l’aile du nez) et remontant vers le
UNILATÉRALES plancher orbitaire.
9
46-220 Chirurgie des fentes labio-vélo-palatines Techniques chirurgicales
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A "
B1 *
B
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C *
D *
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15 Technique de Tennisson-Malek.
*
B
*
A
La bonne symétrie de la lèvre et l’obtention d’une cicatrice en ligne déterminé. Deux incisions sur le versant H’ sont réalisées avec un
brisée en font une technique de choix. Cependant, en cas angle de 60°. Côté externe : deux triangles équilatéraux de côté x’/2
d’importante hypoplasie de hauteur philtrale, la technique suivante sont tracés sommet contre sommet.
est plus indiquée. La hauteur des triangles peut varier en faveur du triangle supérieur
de côté x’.
¶ Procédé de Malek ou double Z (fig 16)
Cette technique de double Z permet un allongement important de
H’ puis H sont reportés sur le carton de Malek comme la hauteur de la lèvre et une qualité de la cicatrice semble-t-il
précédemment (mais l’angle est de 120° au lieu de 150°). X’ est ainsi supérieure au procédé de Millard.
10
Techniques chirurgicales Chirurgie des fentes labio-vélo-palatines 46-220
*
A *
B
17 Technique personnelle.
A. Tracé des incisions.
B. Aspect final.
*
A *
B
¶ Techniques modifiées Un cinquième principe, plus discuté du fait des risques potentiels
de trouble de la croissance nasale est décrit. Il s’agit de la
– Nakajima et Davies placent le lambeau triangulaire (procédé de
reconstruction de l’architecture nasale par la réorganisation
Tennisson) à la base de la columelle car moins visible.
anatomique des cartilages alaires.
– Procédé de Millard en deux temps : le premier temps (très
Les techniques de Skoog et Le Mesurier sont aujourd’hui
précoce : 1 mois), lip adhesion, reconstruit le plan cutané et
abandonnées.
musculaire sans plastie de rehaussement de la lèvre supérieure. Un
second temps vers l’âge de 3 mois reconstruit la hauteur labiale
selon une technique classique de Millard. ¶ Technique personnelle (fig 17)
– Armstrong et al proposent la réalisation simultanée d’un procédé Les incisions aux seuils narinaires de part et d’autre permettent une
de Millard et d’une correction nasale primaire en technique ouverte dissection prudente des plans musculaires parfois très latéralement
avec suture du cartilage alaire à son homologue triangulaire. afin de rechercher les différents composants de la sangle musculaire
Nakajima et Yoshimura (1993) réalisent également un temps nasal labionarinaire. Une dissection délicate du plan cutané prolabial
concomitant avec suture des deux alaires entre eux après les avoir permettra l’amarrage efficace de ces plans musculaires en avant de
libérés.
l’épine nasale. La muqueuse des berges externes est conservée pour
créer la totalité du vermillon et le versant vestibulaire de la lèvre.
Une large dissection sous-périostée maxillaire facilitera la réalisation
Fentes labio-alvéolo-palato-vélaires de sutures sans tension.
bilatérales Aucune incision columellaire ne sera pratiquée (garantissant une
bonne vascularisation du prolabium) ; le positionnement des sutures
La chirurgie en un temps des fentes labiales bilatérales est le long des crêtes philtrales et la possibilité ultérieure de réaliser un
maintenant acquise. Les principes de réussite de ce temps opératoire lambeau en fourche de Millard sont les avantages de cette technique.
sont pour Mullinken [13] :
Elle est réalisée en moyenne pour notre série vers l’âge de 3 mois.
– l’obtention d’une symétrie ;
– une suture musculaire solide ; ¶ Technique de Millard [11]
(fig 18)
– un dessin correct du lambeau de prolabium ; Réalisée en un ou deux temps, cette technique s’organise autour
– la reconstruction du vermillon médian par les lambeaux latéraux. d’un lambeau trifolié de prolabium. Deux incisions verticales
11
46-220 Chirurgie des fentes labio-vélo-palatines Techniques chirurgicales
18 Lambeau en fourche de
Millard.
*
C
*
A *
B
paramédiane du prolabium délimitent un lambeau médian McComb (1994) décrit une technique en deux temps [8] :
(néophiltrum) et deux lambeaux externes (futurs seuils narinaires). – rhinoplastie par voie externe avec suture-rapprochement des
La taille du prolabium définira donc les possibilités de lambeau. dômes et libération des alaires, associée à une fermeture de la fente
L’inconvénient de cette technique est la présence de ces sutures cutanée : lip-adhesion sans dissection du prolabium entre 6 et 8
horizontales à distance du rebord narinaire. semaines de vie ;
– chéiloplastie secondaire vers l’âge de 3 mois avec réfection du
¶ Chéilorhinoplasties primaires [2, 9] plan musculaire et utilisation de lambeau triangulaire.
Mulliken (2000) et Trott et Mohan (1991) proposent également un
L’existence de séquelles esthétiques prédominant au niveau du nez temps nasal simultané. Mais l’abord des cartilages alaires par une
a poussé de nombreux auteurs à associer une véritable rhinoplastie voie vestibulaire réduite permet un temps sur le prolabium. Cette
de pointe au temps labial. technique obtiendrait de meilleurs résultats esthétiques que la
Deux risques prédominent : rhinoplastie secondaire.
Références
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Plast Reconstr Surg 1986 ; 78 : 724-736 342-347 1356-1364
12
46-135
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 46-135
Toute référence à cet article doit porter la mention : Thomassin JM, Braccini F, Gabert K et Epron JP. Chirurgie des perforations septales. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-135, 2000, 14 p.
46-135 Chirurgie des perforations septales Techniques chirurgicales
2
Techniques chirurgicales Chirurgie des perforations septales 46-135
CONSÉQUENCES PHYSIOLOGIQUES
Les conséquences aérodynamiques d’une perforation septale sont
fréquentes. La perte du régime laminaire (où la vitesse est maximale
au centre du conduit et décroît en périphérie du fait des frottements)
aboutit à un flux aérien turbulent anarchique. Ce flux perturbé a
pour conséquences la formation de courants aériens accessoires et la
diminution de la vitesse globale du flux aérien.
On peut alors observer des sensations d’obstruction nasale, des
sifflements, ainsi que des manifestations de dessiccation, des signes
d’inflammation, des altérations de la mobilité ciliaire responsables
de l’apparition de croûtes, d’épistaxis lors de leur expulsion.
Causes physiques
Chirurgie nasale+++
Tamponnements
Intubation nasotrachéale ou nasogastrique
Cautérisation
Cryochirurgie
Lésion de grattage
Corps étranger intranasal (pile, bouton)
Hématome septal ou abcès septal
Dessiccation (ozène, rhinite croûteuse)
Causes chimiques
Cocaïne et adjuvants
Héroïne inhalée
*
B
Vasoconstricteurs locaux
Ciment et poussière de marbre 2 A, B. Vue endoscopique de la fosse nasale avec mise en évidence de la perforation
Vapeur de chrome du septum.
Dérivés arseniqués mercuriques ou sulfuriques
Nitrate de calcium
Cyanides
L’encadré suivant résume les signes les plus courants rencontrés lors
Phosphore et carbonate de sodium d’une perforation septale.
Croûtes endonasales
Tableau II. – Causes systémiques. Épistaxis
Causes infectieuses Obstruction nasale
Douleurs
Infections aiguës : Sifflements
- typhoïde
- diphtérie
Rhinorrhée antérieure et/ou postérieure
- scarlatine Hyposmie
Infections chroniques : Rhinolalie
- tuberculose Infections répétées
- lèpre Cacosmie
- leishmaniose (naso-orale)
- mycose (candidose, aspergillose, cryptococcose, histoplasmose)
- syphilis On peut regrouper les causes de perforation septale en trois grandes
Causes inflammatoires catégories.
- Sarcoïdose
- Maladie de Crohn CONGÉNITALES
- Dermatomyosite
- Polyarthrite rhumatoïde Les perforations septales congénitales existent mais demeurent
- Polychondrite atrophiante extrêmement rares. Elles sont dues à l’absence de septum
- Maladie de Wegener cartilagineux et de columelle [17].
- Lupus érythémateux disséminé
La très grande majorité des perforations septales est donc acquise.
3
46-135 Chirurgie des perforations septales Techniques chirurgicales
4
Techniques chirurgicales Chirurgie des perforations septales 46-135
Méthodes thérapeutiques
5
46-135 Chirurgie des perforations septales Techniques chirurgicales
¶ Complications
Mauvaise tolérance : elle est responsable d’une irritation muqueuse
avec douleurs, sécheresse nasale, crises sternutatoires. Elle semble le
plus souvent transitoire et disparaît en général après une période
d’adaptation [13]. Certains patients peuvent également présenter des
épistaxis persistantes et des infections fréquentes conduisant à
l’ablation de l’obturateur. Enfin, dans certaines perforations haut
situées, la prothèse septale peut être responsable de gêne respiratoire *
B
en rapport avec une obstruction de la valve nasale [3]. Un croûtage *
A
gênant peut être observé, de même qu’un agrandissement de la
6 Incision interseptocolumellaire hémitransfixiante droite.
perte de substance.
Extrusion : elle survient dans 30 % des cas. L’obturateur est : et il est impératif d’utiliser un abord externe. La colle biologique
complétée par un méchage double facilite le positionnement de ces
– soit enlevé à la demande du patient en raison d’une mauvaise
lambeaux.
tolérance ou d’un ajustement médiocre. Cette demande est en
général précoce : au cours de la première semaine dans un tiers des On préfère un traitement non médical dans les cas suivants :
cas et dans les 6 premiers mois dans deux tiers des cas [3] ; – patients en mauvais état général présentant un risque
– soit extrus par la narine ou plus rarement dans le rhinopharynx. anesthésique important ;
Cet événement peut survenir à la suite : – vascularites et granulomatoses ;
– d’un reniflage ; – traitement récent d’un carcinome de la fosse nasale [11].
– d’un mouchage ;
¶ Techniques chirurgicales
– d’un éternuement ;
Elles sont nombreuses, témoins d’une chirurgie difficile. Si certaines
– d’un traumatisme ; ont été abandonnées devant leur manque de fiabilité (lambeaux
– d’une manipulation par le patient lui-même [3]. libres) [9], les autres dépendent de l’importance de la taille de la
Les obturateurs septaux nous apparaissent comme une technique perforation septale ; elles font toutes appel à des lambeaux.
intéressante, dont les résultats restent satisfaisants. Elle est de La chirurgie doit toujours être précédée d’une préparation de la
réalisation aisée, sous anesthésie locale et en ambulatoire. Elle est muqueuse par des soins locaux, afin d’opérer dans une fosse nasale
comme un traitement de choix dans les perforations propre (cf supra).
symptomatiques chez des sujets fragiles ou ne désirant pas subir
une intervention chirurgicale. Ils nécessitent cependant des soins Perforation septale inférieure ou égale à 1 cm × 1 cm
locaux pour éviter l’apparition de croûtes à leur surface. Elles utilisent des techniques basées sur la taille de lambeaux
mucopérichondraux et/ou mucopériostés.
TRAITEMENTS CHIRURGICAUX
• Installation
¶ Principes généraux La chirurgie peut être réalisée sous anesthésie locale ou générale
complétée par une infiltration locale (Xylocaïnet adrénalinée).
La chirurgie est généralement réservée aux perforations
symptomatiques. De nombreuses techniques opératoires ont été • Abord septal
proposées prouvant la difficulté de cette chirurgie et le caractère
décevant de ses résultats. Incision interseptocolumellaire hémitransfixiante (fig 6).
Elle est menée entre le septum membraneux et le bord caudal du
En dehors des petites perforations inférieures à 1 cm qui peuvent
septum.
souvent être fermées de première intention, le principe de
l’intervention repose sur l’avancement ou la rotation d’un lambeau Elle est faite préférentiellement à droite par un chirurgien droitier.
de muqueuse bien vascularisé provenant du septum restant, du Exposition du cartilage septal.
plancher nasal, de la paroi externe de la fosse nasale, du cornet À partir de la réalisation du tunnel supérieur et inférieur selon la
inférieur ou de la muqueuse labiale. technique de Cottle (fig 7).
L’interposition d’un greffon de soutien autogène pris en « sand- – Réalisation du tunnel supérieur : on commence par la découverte
wich » entre deux lambeaux est la clé du succès. du bord caudal du cartilage septal au bistouri lame 11 jusqu’au plan
De nombreux matériaux ont été utilisés et plus particulièrement bleuté caractéristique du plan périchondral. Le décollement au
l’épicrâne, l’aponévrose temporale [4], le périoste mastoïdien [4], les moyen d’une rugine ou d’un aspirateur de colleur est effectué en
reliquats osseux cartilagineux du septum [17, 21], le vomer, la lame sous-périchondral le long du dièdre septolatéral puis
perpendiculaire de l’ethmoïde, la crête iliaque [6]. septopyramidal pour revenir en direction du bord supérieur de la
L’intérêt d’utiliser un tissu conjonctif réside dans le fait que les perforation.
lambeaux muqueux n’ont pas nécessairement besoin de couvrir le – Réalisation du tunnel inférieur : elle débute par l’exposition en
greffon sur chacune de ses faces. sous-périosté de l’épine nasale et le bord inférieur des orifices
En effet, la réépithélialisation à partir des berges muqueuses de la piriformes le long du plancher de la fosse nasale puis sous le bord
face non recouverte s’effectue sans difficulté. inférieur du cartilage septal en suivant la face latérale de l’os
La difficulté du traitement chirurgical tient à deux facteurs ; il existe vomérien.
souvent un décalage entre perte muqueuse circonscrivant la – La réunion des deux tunnels se fait de bas en haut après section
perforation et la perte cartilagineuse en retrait de plusieurs aux ciseaux des trousseaux fibreux périostés. Le décollement est
millimètres ; d’autre part, la réalisation des sutures est très difficile poursuivi jusqu’à la brèche septale.
6
Techniques chirurgicales Chirurgie des perforations septales 46-135
*
A
*
A
*
B
9 Fermeture par deux hémilambeaux postérieur et inférieur.
• Variantes
– En cas de perforations plus petites avec un axe vertical, on peut
réaliser un lambeau postérieur qui est translaté vers l’avant (fig 9).
*
B – On utilise la méthode des doubles lambeaux mucopéri-
8 Technique de Gollom [5]
. Suture après confection d’un lambeau le long de la voûte chondraux [4] (fig 10) qui permet une fermeture de la perforation par
septolatérale. trois points séparés.
– La muqueuse septale doit être dégagée tout autour de la – Lambeau supérieur : la dissection extramuqueuse est
perforation septale en sous-périchondral d’un seul côté ; l’utilisation poursuivie sous le cartilage latéral supérieur. Une incision de
d’un bistouri favorise le décollement. décharge supérieure est menée à la partie haute du septum
parallèle à la voûte nasale, aussi loin que possible. Sa longueur
• Technique du « reverse flap » de Gollom [5] (fig 8) dépasse celle de la perforation. Elle permet de gagner 3 mm de
On taille un lambeau suivant la voûte septolatérale, légèrement muqueuse supplémentaires [6].
incurvé vers le bas, au moyen d’un bistouri ; il est recommandé de – Lambeau inférieur : il est plus difficile à avancer [4]. L’incision
placer un morceau de Silastict pour éviter de sectionner le cartilage de décharge commence en arrière, sur le plancher de la fosse
et la muqueuse controlatérale. nasale à proximité du septum, 2 cm en arrière de la berge
7
46-135 Chirurgie des perforations septales Techniques chirurgicales
*
A
*
B
13-17 mm
*
B
10-12
10 Technique de Fairbanks [4]
par la méthode des doubles lambeaux mucopéri-
chondraux avec interposition d’un élément conjonctif.
7-9
postérieure de la perforation [4], puis s’incurve latéralement dans 4-6
la fosse nasale et se termine en avant en rejoignant en avant
l’épine nasale. En cas de perforation très antérieure, elle peut se
projeter dans le vestibule nasal [6]. 21-25 mm
Ces deux incisions supérieure et inférieure restent parallèles aux 11-13
vaisseaux principaux (artères ethmoïdale et sphénopalatine) qui sont *
ainsi respectés. *
A B
Pour les perforations dont le grand axe est vertical, on peut 13 A. Dimensions obtenues à 1 cm en arrière par rapport au plan du vestibule nasal
confectionner des lambeaux bipédiculés en supérieur et inférieur. selon Judson et Belmont.
B. Translation d’un double lambeau taillé aux dépens du plancher de la fosse na-
Les incisions de décharge sont alors verticale, antérieure et
sale.
postérieure [6].
– Lambeaux de rotation de la muqueuse du plancher de la fosse sur la face latérale ou médiale du cornet (fig 12) en fonction de la
nasale (fig 11) : leur pédicule est antérieur ou postérieur. Le lambeau surface de muqueuse requise. Un tunnel mucopériosté est alors
à pédicule postérieur est idéal pour les perforations localisées à la constitué sur la surface du cornet. Ce dernier est luxé en dedans, les
partie postérieure du septum cartilagineux, mais ne permet pas deux tunnels sont réunis. Les deux tiers antérieurs du squelette
d’atteindre les régions antérieures. turbinal sont enlevés [11, 28]. Une partie de l’os du plancher nasal reste
Ainsi, pour les perforations situées au niveau des premiers alors à nu, mais de façon moins importante que si on avait laissé le
centimètres et demi de la cloison, on fait appel à un lambeau à cornet en place [11].
charnière antérieure [28]. Le lambeau est découpé au-dessous du méat La surface ainsi gagnée est importante : on peut obtenir un excès
inférieur et incurvé le long de l’orifice piriforme en direction de la muqueux de 15 mm sans sacrifier la couverture du plancher. En
perforation. La dissection du lambeau doit se faire sur 2,5 cm en pratique, le lambeau obtenu mesure 35 mm de large et laisse à
arrière de la berge postérieure de la perforation afin de permettre découvert 15 mm d’os nasal [11] (fig 13).
une rotation satisfaisante du lambeau [11].
Si cette dernière est large (plus de 2,5 cm de diamètre), le lambeau • Interposition des greffons
inclut la muqueuse du cornet inférieur. L’incision est alors placée Elle est indispensable pour deux raisons :
8
Techniques chirurgicales Chirurgie des perforations septales 46-135
1 2
3
*
A *
B
15 Tracé de l’incision columellaire par un abord externe. 1. En « W » inversé ; 2. en
« marche d’escalier » ; 3. en « V » au niveau du pied columellaire (Meyer).
• Gestes associés
– le defect muqueux est souvent trop important pour permettre une
suture parfaite des berges ; Septoplastie : une déviation septale doit être corrigée. En effet, on
observe à ce moment-là un excès muqueux du côté de la déviation
– la muqueuse sur les bords de la perforation est souvent friable et qui permet peut-être une fermeture directe [21].
de mauvaise qualité [4].
Rhinoplastie de réduction : là aussi, elle permet de disposer d’un
Greffon conjonctif. Son introduction par Fairbanks [4] a permis une excédent de muqueuse sur les lambeaux [6].
amélioration significative des résultats. Le fascia temporal profond
et le périoste mastoïdien ont été les premiers décrits [4, 28] et sont le • Soins postopératoires
plus fréquemment employés. On peut également utiliser du fascia
lata ou de l’aponévrose du muscle oblique externe [4]. Il doit être Ils comprennent dans tous les cas une antibiothérapie orale pendant
plus large que la perforation et dépasser son diamètre de 0,5 à 8 jours et endonasale sous forme d’antibiotiques imbibant
1 cm [28]. Ces greffons ont un métabolisme bas et servent de trame régulièrement le Mérocelt.
pour la croissance des fibroblastes, en soutenant le processus – Ablation du tamponnement à j6-j7.
d’épithélialisation muqueuse à partir des berges. Ils permettent
également une amélioration de la solidité et de la durée de la – Ablation de la contention endonasale (attelles) à j15-j21.
réparation. Enfin, ils n’ont pas besoin d’être recouverts des deux – Pendant une période de 1 mois, le nez est lavé doucement au
côtés par les lambeaux muqueux. La muqueuse qui n’est pas fermée sérum physiologique. Des pulvérisations d’antibiotiques sont
utilise en effet le greffon comme un canevas qui guide sa prescrites, les croûtes et escarres sont laissées en place [4, 24].
cicatrisation [28]. Cette propriété semble être moins nette avec les L’utilisation de la voie endonasale peut s’avérer insuffisante en cas
greffons cartilagineux ou osseux [14, 31]. de narine étroite, même en s’aidant du microscope. On fait alors
Greffon cartilagineux. On peut faire appel : appel aux voies externes (abord externe, degloving médiofacial et
alotomie).
– au greffon de conque (fig 14) ;
– au greffon du cartilage tragal ; Perforation septale moyenne (2 cm × 2 cm)
– au cartilage septal résiduel .
[17, 21]
• Installation
Greffon osseux. On peut utiliser :
Elle est identique aux interventions précédentes.
– la lame perpendiculaire de l’ethmoïde ;
– le vomer ; • Voie d’abord septale
– beaucoup plus rarement, un prélèvement de crête iliaque [6]. En cas de perforation de taille moyenne, il est préférable d’utiliser
des voies externes ; la voie endonasale a le désavantage de limiter
• Associations de ces différents lambeaux considérablement l’exposition et la vision, en particulier dans la
région postérieure de la fosse nasale, rendant la qualité de la suture
Fairbanks [4] considère qu’il n’est pas absolument nécessaire de tailler plus précaire [25].
des lambeaux bilatéraux, dans la mesure où un côté est fermé de Abord externe.
façon complète et satisfaisante. Toutefois, il préconise la réalisation
de lambeaux des deux côtés, car la cicatrisation est alors plus rapide. Initié par Gilles en 1920 puis introduit par Rethi, il doit surtout son
développement aux travaux de Goodman au Canada [6] qui, le
Les lambeaux bilatéraux bipédiculés sont cependant proscrits, car premier, choisit cette voie pour réparer les perforations septales.
ils mettaient à nu deux zones correspondantes de cartilage, avec un
Incision cutanée (fig 15).
risque important de créer une nouvelle perforation. Fairbanks [4] puis
Kridel [14] recommandent donc de réaliser : – Incision columellaire : elle se fait à mi-hauteur par une incision en
« ligne brisée », en « W » inversé ou en « marche d’escalier ». C’est à
– d’un côté, deux lambeaux bipédiculés ;
celle-ci que va notre préférence afin de rendre la cicatrice le moins
– de l’autre, un lambeau inférieur de rotation. visible possible.
Toutefois, Goodman [6] et Strelzow [26] utilisent des lambeaux La section cutanée doit être prudente pour ne pas entamer les crus
bilatéraux bipédiculés avec de bons résultats. Morre [21] procède de mésiales.
même pour les larges perforations. – Incision latérale marginale vestibulaire : elle prolonge de chaque
Judson [11] se rapproche de Fairbanks : il réalise en effet deux larges côté l’incision columellaire selon le tracé classique de l’incision
lambeaux inférieurs bilatéraux emportant la muqueuse du cornet. marginale ou rim incision des Anglo-Saxons (fig 16). Son extension
Mais le lambeau d’avancement supérieur est unilatéral. latérale est fonction du décollement à effectuer.
9
46-135 Chirurgie des perforations septales Techniques chirurgicales
10
Techniques chirurgicales Chirurgie des perforations septales 46-135
*
B
*
A
*
C *
D
23 Technique de Seiffer modifiée [27]
(lambeau ostéomuqueux taillé aux dépens
du cornet inférieur).
– Anesthésie : il peut être effectué sous anesthésie locale • Lambeau muqueux en « aile de planeur »
potentialisée. de Chalaye-Levignac [1] (fig 24)
– Confection du lambeau : du côté droit de la fosse nasale, on – Deux lambeaux prenant toute l’épaisseur de la muqueuse et de la
réalise une incision au moyen d’un bistouri lame 15 sous-muqueuse sont prélevés sur la face interne de la lèvre
hémitransfixiante qui débute au niveau columellaire pour supérieure.
s’arrondir sur le plancher de la fosse nasale pour rejoindre la – La largeur du pédicule ne doit pas être inférieure à 1 cm de part
partie inférieure de la perforation septale. Le décollement du et d’autre de la ligne médiane. La limite externe du lambeau doit se
lambeau est poursuivi le long du plancher tout autour de l’orifice projeter sur le sillon du fond du vestibule en haut et une ligne
piriforme en élevant un lambeau mucopériosté le long de la face passant par l’incisive centrale en bas ou une ligne passant en dehors
inférieure du cornet inférieur puis on sépare le squelette osseux par le sillon nasolabial.
en deux. Deux incisions horizontales muqueuses sont effectuées,
détachant ainsi un lambeau dont la largeur correspond à celle de – Une fois décollé, le lambeau est passé à travers le faisceau
la perforation et dont le pédicule nourricier dépend de la partie supérieur de l’orbiculaire des lèvres préalablement sectionné. La
postérieure du cornet inférieur. L’extrémité distale du lambeau est plicature du lambeau ne doit jamais être inférieure à 90° d’angle.
suturée aux berges antérosupérieures et inférieures de la – Les deux moitiés du lambeau sont alors passées à travers cette
perforation, la face cruantée du squelette de la tête du cornet incision et appliquées sur la perforation septale préalablement
11
46-135 Chirurgie des perforations septales Techniques chirurgicales
*
A *
B
*
A
*
C *
D
*
E *
F
*
B
(fig 25)
L’intervention se déroule en trois temps. *
G *
H
Premier temps : il est effectué sous anesthésie locale. 25 Technique de Meyer [19].
A. Portion en silicone correspondant à la perte de substance au niveau de la
– Il comprend la prise d’un greffon cartilagineux de conque par voie
cloison nasale.
antérieure au niveau du pavillon de l’oreille (fig 26). B, C. Élévation du lambeau composite de la muqueuse gingivojugale.
– Ce greffon recouvert de périchondre est placé en nourrice dans la D. Lambeau décapé pédiculisé à partir du frein de la lèvre supérieure.
région buccale après avoir élevé une palette muqueuse : il serait E. Transfert du lambeau.
F, G. Mise en place du lambeau.
aplani au moyen de plusieurs incisions radiaires (fig 27) : H. Amarrage au pourtour de la perforation septale du lambeau composite.
– on peut disposer à sa face profonde d’un lambeau muqueux
appliqué contre le cartilage pris à l’extrémité du lambeau ;
26 Greffon de conque affaibli au moyen
– ou effectuer un retournement en « U » de l’extrémité du d’une presse.
lambeau qui est remise en place ; le cartilage recouvert sur ses
deux faces de muqueuse est laissé en nourrice pendant 2 mois
environ.
Deuxième temps : entre 4 et 8 semaines selon les auteurs, le lambeau
composite est élevé pédiculisé sur le frein de la lèvre supérieure
(fig 28).
Un tunnel est pratiqué le long de l’épine nasale antéro-inférieure en
passant sur le fourreau mucopérichondral pour atteindre le bord
antérieur de la perforation septale (fig 29). À travers ce tunnel, le
lambeau chondromuqueux est introduit et basculé dans la fosse
Afin de maintenir le lambeau en place, on dispose une attelle de
nasale.
contention en Silastict fixée au moyen d’un point columellaire et
L’exposition de la perforation septale est facilitée par la réalisation maintenue durant 1 mois.
d’une alotomie unilatérale ou bilatérale associée ou non à une
section du pied de la columelle. L’hémostase et la contention sont assurées après un méchage au
Le lambeau positionné au niveau de la perforation permet Mérocelt.
progressivement de suturer aux loges de la perforation. La difficulté Troisième temps : programmé environ 4 semaines après, il est réalisé
provient de la région inférieure chondrovomérienne. On peut s’aider sous anesthésie locale. Il consiste à sectionner le pédicule du
de l’utilisation d’un microscope (fig 30). lambeau.
12
Techniques chirurgicales Chirurgie des perforations septales 46-135
27 Premier temps : mise en nourrice dans la région vestibulojugale d’un greffon 29 Création d’un tunnel le long de l’épine nasale antéro-inférieure qui permet l’in-
de cartilage de conque. troduction du lambeau chondromuqueux.
13
46-135 Chirurgie des perforations septales Techniques chirurgicales
Références
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14
Techniques chirurgicales - Tête et cou
[46-180]
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INTRODUCTION
Le traitement des traumatismes faciaux a été modifié, au cours des deux dernières
décennies, par deux facteurs :
en premier lieu, les progrès de l'imagerie qui ont permis de dresser pour un
blessé, le catalogue de ses fractures et d'élaborer une stratégie thérapeutique plus
fine ;
en second lieu, l'apparition puis la miniaturisation du matériel d'ostéosynthèse qui,
de plus, est désormais ostéo-intégrable. Ce matériel a permis de limiter les abords
chirurgicaux, et les contraintes d'une contention longue comme le blocage
bimaxillaire.
Ces progrès sont ceux de la technique mais c'est encore au sens clinique du chirurgien
qu'appartient l'essentiel : déterminer l'ordre dans lequel les fractures seront traitées et
quelles voies d'abord utiliser. Les délais de traitement sont souvent encore trop longs pour
de fausses raisons, et c'est de lui que dépendra la qualité de la réparation. Comme dans
toute pathologie traumatologique, ces fractures sont des urgences et elles doivent être
soumises aux mêmes principes thérapeutiques :
traiter les lésions associées dans un ordre déterminé par l'équipe soignante ;
donner des antalgiques et des anti-inflammatoires pour limiter l'oedème ;
s'assurer d'une couverture antibiotique périopératoire, aéroanaérobie s'il existe
des fractures occlusofaciales.
Nous envisagerons successivement le traitement chez l'adulte des plaies de la face puis
des fractures faciales en séparant les fractures qui n'intéressent pas l'articulé dentaire des
fractures occlusofaciales.
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PLAIES DE LA FACE
Plaies simples
Ce sont des plaies après accident de la voie publique ou des plaies par arme blanche. Les
morsures se distinguent par leur septicité, surtout les morsures humaines. Les
traumatismes balistiques sont peu fréquents mais le délabrement y est important. Une
plaie profonde, atteignant le derme laissera toujours une cicatrice définitive et indélébile.
L'idéal est de faire la réparation de ces plaies en urgence. Si les lésions associées le
nécessitent, la réparation peut être différée à condition d'effectuer le nettoyage de la plaie
au sérum, l'ablation des corps étrangers les plus volumineux et l'hémostase. Cette
réparation peut être différée de 24 heures au maximum sauf s'il s'agit de morsure [23].
Les plaies faciales doivent donc être explorées et suturées le plus tôt possible. Dans
quelques cas, l'oedème, la crainte d'une grave contamination septique (morsure humaine)
peuvent faire attendre sous traitements anti-inflammatoire et antibioprophylactique
(pénicilline, métronidazole) associés à un pansement ouvert avec solution antiseptique. La
prophylaxie antitétanique sera assurée.
Réparation
Anesthésie
Dans quelques cas de plaies peu importantes et peu profondes, on pourra utiliser
l'anesthésie locale mais on doit privilégier l'anesthésie générale dès que les lésions sont
importantes ou multiples. Elle permet une meilleure exploration.
Toilette de la plaie
Elle se fait par irrigation au sérum physiologique tiédi auquel on ajoute une solution
antiseptique non colorée pour ne pas gêner la recherche de corps étrangers. Ce nettoyage
est fait à la compresse non tissée et à la seringue qui irrigue sous pression les tissus
lacérés et s'insinue sous les lambeaux où il faut quelquefois faire sauter des ponts de
fibrine. Les abrasions seront nettoyées à la brosse souple. Les corps étrangers ôtés et s'ils
ont pénétré profondément, il faut les ôter à l'aide d'une pointe de bistouri no11 ou d'une
fine curette. Les morceaux de verre seront repérés tactilement grâce à une aiguille. C'est
au cours de ce temps qu'on apprécie l'étendue et la vitalité des lambeaux cutanés.
Parage, débridement de la plaie
Les excisions cutanées seront très économes car les tissus de la face sont très vascularisés
et ont une vitalité supérieure à celle des autres tissus. Il faut toutefois ôter les fragments
cutanés voués à la nécrose parce que trop dilacérés ou retenus par de fins pédicules. Les
berges des lambeaux seront régularisées et recoupées afin d'obtenir un meilleur
affrontement, en particulier lorsque les plaies sont obliques. Les petits lambeaux en U,
toujours disgracieux une fois cicatrisés, seront excisés si une suture par rapprochement
est possible.
Sutures
Elles seront faites plan par plan de la profondeur vers la superficie. Au niveau cutané on
doit éviter le décalage des bords. Les points cutanés seront posés et non serrés pour
éviter une ischémie. Toute plaie ou décollement important sera drainé par un procédé de
type Manovac® (ou un drainage filiforme. Les fils utilisés seront les plus fins possibles,
monofilament 5 ou 6.0 en faisant pour la peau des points éversants ou un surjet
intradermique. Dès qu'on le peut, il faut utiliser des Steri-strip®.
Pour les plans sous-cutanés, il est quelquefois nécessaire de charger un peu plus le tissu
adipeux pour éviter une dépression lorsqu'il y a eu une ablation ou une exérèse de ces
tissus. Les peauciers seront reconstruits par des points en X lâches. La réparation
demande beaucoup de soins dans la remise en place des tissus en position anatomique,
surtout au niveau des orifices car dans ces régions les rétractions laissent souvent croire à
des pertes de substance qui n'existent pas. Les tractions sur des lambeaux avec des
crochets permettent de repositionner les tissus et il est souvent utile de marquer avec un
crayon ou de l'encre bleue les principaux points qui devront s'affronter.
En utilisant des points de bâti mis sur ces repères, des points d'angle mis au sommet des
lambeaux, on juge de la bonne mise en place de ceux-ci et des tractions réciproques qui
s'exercent sur les berges des plaies. Ce n'est qu'ensuite que l'on fait les régularisations
cutanées nécessaires et les sutures (fig 1, 2, 3 et 4).
Soins postopératoires
Les cicatrices sont laissées à l'air. De la vaseline est appliquée régulièrement. Les points
doivent être retirés rapidement vers j5 sauf s'il s'agit de points de traction et remplacés
par des petites bandes adhésives (Steri-strip®). Le soleil est à éviter pendant les 2
premiers mois. La cicatrice sera massée à partir de la troisième semaine pour favoriser
l'élimination des déchets fibrinoleucocitaires et pigmentaires.
Pertes de substances
Particularités topographiques
Certains auteurs utilisent avec succès de la colle biologique à condition que les fragments
de colle ne viennent pas gêner l'affrontement des fascicules. D'autres utilisent des
procédés de congélation rapide par cryode pour sectionner et affronter les extrémités
nerveuses.
Outre une paralysie faciale, une plaie de la parotide peut donner un épanchement salivaire
qu'il faudra évacuer. Cet épanchement est transitoire.
Les plaies du canal de Sténon doivent être recherchées par un fin cathéter introduit dans
l'ostium jugal. Si ce canal est lésé, ses berges seront suturées au fil 6 ou 7.0 sur un
calibrage. La portion proximale pourra être recherchée en pressant sur la glande. Le
calibrage sera laissé en place 3 semaines, fixé au collet de la deuxième molaire
supérieure. S'il existe une perte de substance sur le canal lui-même, on peut dans certains
cas tenter de marsupialiser la glande en bouche, soit à partir du canal lui-même, soit en
introduisant directement une grosse sonde dans la parotide elle-même et en faisant
ressortir cette sonde en bouche fixée au collet de la deuxième prémolaire. Si ces
tentatives échouent, la fistule salivaire qui en résulte à souvent tendance à se tarir d'elle-
même en quelques semaines. Sinon, il faut effectuer une parotidectomie.
Région oculaire
S'il existe une plaie du globe, le recours aux urgences ophtalmologiques est indispensable.
Les plaies des paupières font souvent craindre des pertes de substance alors que ce ne
sont souvent que des avulsions ou des arrachements. Le redrapage des fragments permet
alors une réparation primaire. Les plaies des paupières doivent être réparées en urgence
et la réparation se fait selon une technique standard (fig 6) :
Les désinsertions canthales seront systématiquement remises en place par suture des
ligaments ou réinsertion du taquet osseux sur lequel il est attaché.
Les plaies des voies lacrymales doivent être recherchées en cas de plaie du quart interne
de la paupière par cathétérisme des canalicules supérieur et inférieur.
Seule une plaie de l'inférieur mérite d'être réparée et nécessite pour cela une microsuture
sur un calibrage fin en Silastic® type sonde bicanaliculaire de Royer.
Les pertes de substance superficielles doivent être greffées car la cicatrisation dirigée
aboutit à des rétractions secondaires.
Les pertes de substance de pleine épaisseur des paupières sont rares. Si elles existent, il
faut toujours assurer une protection de l'oeil et au besoin on peut effectuer une suture par
rapprochement en ayant fait une cantholyse externe.
Plaies du nez
Elles seront suturées selon les trois plans : muqueux, musculaire, cutané après avoir
tatoué au bleu les limites du vermillon pour éviter les décalages.
Les plaies des oreilles sont souvent lacérées et comme il s'agit souvent de morsure, la
surinfection et la chondrite sont à craindre. Il existe toujours une rétraction de la peau sur
le cartilage qui apparaît nu sur 1 mm de chaque côté de la plaie. Il est nécessaire d'exciser
ce surplus avant de suturer. La suture intéresse le plan cutané, des points de bâti sont mis
sur le cartilage.
Morsures
Elles sont humaines ou canines. Les premières sont très septiques et certains préconisent
de différer leur réparation. Les autres morsures doivent être réparées rapidement avant la
24e heure. Lavage et débridements sont effectués soigneusement car la salive contient des
enzymes protéolytiques qui doivent être ôtées par lavage. Les morsures de chien touchent
le plus souvent le nez, les lèvres, la joue, les morsures humaines touchent les oreilles et le
nez. Les fragments récupérés après l'accident sont souvent apportés par les parents ou la
famille. Bien que les chances de reprise soient très faibles, voire même nulles, il faut
malgré tout tenter de remettre en place en utilisant tous les artifices des greffes
composées. Malheureusement ce fragment prendra en une dizaine de jours un aspect
cartonné au-dessous duquel va sourdre une suppuration. Il faut alors l'ôter et utiliser un
procédé de reconstruction plus adapté. En cas de morsure canine, il faut se tenir au
courant de l'état de la vaccination antirabique de l'animal, au besoin le faire mettre en
observation et prendre conseil dans le centre antirabique le plus proche.
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FRACTURES DE LA FACE
Fractures de la face n'intéressant pas l'articulé dentaire
Depuis le développement des miniplaques et des microplaques vissées avec des vis
monocorticales autotarodeuses, les techniques de suspension interne et les contentions
par ligatures au fil d'acier tendent à se marginaliser [17]. Les fixateurs externes, le
diadème de Tessier, les broches transfaciales ne sont plus réservées qu'a certaines
fractures complexes, compliquées et aux traumatismes balistiques.
[12]
Matériel d'ostéosynthèse
Mise en place
Il est parfois nécessaire d'utiliser de grandes plaques placées en pont sur des
fragments comminutifs dont chacun lui est relié. Les zones favorables à
l'ostéosynthèse par miniplaques sont les piliers de la face, les rebords orbitaires
et la mandibule.
Les microplaques plus petites sont utilisées en remplacement des fils d'acier
dans des zones de moindre résistance comme la paroi antérieure du sinus
maxillaire ou du sinus frontal (fig 7).
Fil d'acier
Voies d'abord des fractures faciales n'intéressant par l'articulé dentaire (fig
8, 9, 10 et 11)
Voies orbitaires
Elles permettent d'explorer le cadre orbitaire et sa périphérie (fig 8).
Voie sous-ciliaire
Elle se situe sur la paupière inférieure, 2 mm sous les cils, dans la première ride.
Sa limite interne est en dehors de l'aplomb du point lacrymal, alors qu'à
l'extérieur elle peut être prolongée sur 1 cm dans une ride de la patte-d'oie.
L'incision doit concerner la peau et l'orbiculaire qui sont traversés en biais
jusqu'au septum orbitaire qu'il faut respecter et puis suivre, sur un cours trajet,
jusqu'au rebord infraorbitaire où on incise le périoste. On réalise donc un abord
en trois plans décalés (fig 10).
La voie paracanthale interne, verticale est la plus utilisée. Elle est située à mi-
distance entre l'arête nasale et le canthus interne, à la limite entre les peaux de
paupières et la peau du nez. Elle évite ainsi les cicatrices rétractiles. Certains
pensent l'améliorer en la faisant en W. L'incision faite après infiltration concerne
tous les plans jusqu'au périoste, détache le ligament canthal et permet de
disséquer la paroi interne d'orbite depuis la crête lacrymale antérieure jusqu'à
l'artère ethmoïdale postérieure et au-delà la paroi externe de la cellule d'Onodi
en avant du canal optique.
Citons enfin la voie médionasale.
Elle est endobuccale, uni- ou bilatérale, contournant alors le frein de la lèvre. Elle
respecte le sillon gingivojugal et le décollement va jusqu'au rebord orbitaire
inférieur en respectant les nerfs infraorbitaires. Le degloving facial, avec incision
de la muqueuse nasale est rarement utilisé en traumatologie faciale.
Fractures du nez
Fractures du malaire
Les fractures de l'os malaire sont des fractures évolutives par l'action des
muscles masséters. Ce sont donc des urgences.
Les fractures du plancher orbitaire ne sont pas toujours associées à une fracture
du malaire. Elles peuvent être isolées, c'est le classique blow out. Ces fractures
méritent une exploration en raison du risque d'incarcération du muscle droit
inférieur et de compression du nerf sous-orbitaire. S'il y a indication à explorer le
plancher d'orbite (anesthésie du nerf sous-orbitaire, hernie musculaire visible
sur le scanner, test de duction ou examen ophtalmologique montrant une
incarcération), celle-ci sera faite par la voie d'abord la plus appropriée : voie
d'abord du plancher lors d'une fracture du malaire, voie d'abord
transconjonctivale lors d'un blow out avec fracture isolée du plancher.
La réparation d'un plancher d'orbite peut utiliser les fragments osseux fracturés
et laissés en place à condition qu'ils soient en continuité appuyés sur des zones
solides du plancher. La plupart du temps, il faut reconstituer ce plancher par des
greffes. On peut utiliser différents matériaux, greffons osseux (pariétaux),
greffons cartilagineux (conque), matériel synthétique comme le treillis de Vicryl®
résorbable ou encore la fine lame de Silastic® à qui on a reproché sa tendance à
l'extériorisation, fragment de corail madréporique. La mise en place de tels
matériaux n'est pas si simple : il faut réintégrer tout le contenu orbitaire dans la
cavité orbitaire. Il ne faut pas ouvrir par une dissection intempestive la fente
sphénomaxillaire, ne pas comprimer la voie lacrymale par la mise en place d'un
greffon trop grand, ne pas entraîner une exophtalmie par la mise en place d'un
greffon trop gros. S'assurer de l'immobilité du fragment mis en place. Dans la
plupart des cas il est calé par la convexité du rebord orbitaire antérieur mais il
est quelquefois nécessaire de le fixer à ce rebord par des points de fils non
résorbables passés dans des trous préalablement forés. Si on utilise une lame de
Silastic®, le périoste doit être soigneusement refermé (l'indication idéale pour ce
matériel est le blow out). Dans tous les cas à la fin de l'intervention, un test de
duction vérifiera la bonne mobilité du globe et on s'assurera de l'absence
d'exophtalmie ou d'énophtalmie résiduelle.
Les fractures de la paroi externe et du plancher ont été traitées au chapitre des
fractures du malaire. Les fractures de la paroi supérieure seront vues avec les
fractures du sinus frontal. Restent les fractures de la paroi interne et les
enfoncements nasoethmoïdaux ou fronto-naso-ethmoïdaux ainsi que les
problèmes de compression du nerf optique et le syndrome de la fente
sphénoïdale (ou fissure orbitaire supérieure) rencontrés dans les grands
traumatismes orbitaires.
[8]
Enfoncements naso-ethmoïdo-maxillaires
avec brèches ostéo-dure-mériennes nécessitant un abord neurochirurgical
urgent. La région anatomique est complexe et associe des os fins (ethmoïde, os
nasaux) à des os résistants (maxillaire, épine nasale du frontal). Cette
particularité explique l'impaction des structures nasoethmoïdales entre les deux
branches montantes du maxillaire qui s'écartent. On a ainsi une ensellure nasale
et un élargissement de la distance interorbitaire ou intercanthale avec un
télécanthus post-traumatique. C'est à la tomodensitométrie et à l'examen au
papier test d'éliminer une brèche méningée et à l'examen neurologique et
ophtalmologique de voir s'il y a atteinte du canal optique de la fente
sphénomaxillaire ou de la voie lacrymale. L'enfoncement nasal peut être corrigé
par une voie paranasale unilatérale ou bicoronale. La voie paranasale bilatérale
est contre-indiquée (sauf minime pour faire une canthopexie). Le choix de la voie
d'abord dépend bien sûr de l'importance du traumatisme et de la possibilité que
l'on a d'effectuer une bonne réduction. Si l'enfoncement nasal est important et
qu'il y a nécessité de faire une canthopexie bilatérale transnasale, il faut opter
pour la voie coronale que l'on peut associer à une voie paranasale, ou médiane,
du dos du nez.
Une fois la réduction obtenue par traction instrumentale ou à l'aide d'un fil
d'acier, la contention de l'auvent nasal à l'os frontal sera obtenue par une
miniplaque en X modelée, fixée à l'épine nasale en bas et à l'os frontal en haut.
La fixation des fragments d'os propres comminutifs entre eux et à l'os frontal est
quelquefois possible en utilisant de fins fils d'acier ou des microplaques si une
plaie en permet l'abord. à cette plaque en X assurant la contention de
l'enfoncement, il est parfois nécessaire d'adjoindre des ostéosynthèses par
plaque ou plus rarement par fils sur les apophyses montantes du maxillaire
(processus frontaux du maxillaire supérieur) en avant de la voie lacrymale où
existe une zone de faiblesse. Les parois internes d'orbite seront soigneusement
explorées après section-coagulation des artères ethmoïdales antérieure et
postérieure. S'il existe de grands defects, ils seront réparés par des greffons
osseux ou cartilagineux pris sur place, sur la cloison, en dédoublant un volet ou
sur la corticale externe de l'os pariétal. Les petits defects ne sont pas réparés.
[15]
Compressions du nerf optique et syndrome de la fente sphénoïdale
Elles sont rares. Elles peuvent poser les mêmes problèmes que ceux d'une
fracture de la paroi antérieure et postérieure du sinus frontal. L'abord du toit de
l'orbite se fait au mieux par voie bicoronale. Le rebord supraorbitaire peut être
reconstitué par ostéosynthèse au fil d'acier ou aux microplaques. En cas de
déplacement important, il y a risque de cisaillement méningé, de fuite de LCR et
il est important de s'assurer de la collaboration d'un neurochirurgien. La
reconstruction du toit d'orbite nécessite une greffe osseuse, surtout s'il existe un
grand sinus frontal avec d'importants prolongements supraorbitaires. En effet, le
contenu orbitaire aura tendance à remonter dans le sinus frontal ouvert dont la
paroi mince se solidifiera difficilement. On aboutira ainsi à une énophtalmie.
Par comblement
Cranialisation
Elle se fait en réséquant toute la paroi postérieure du sinus qui est ensuite
régularisée à la fraise diamantée. Là encore toute la muqueuse doit être enlevée
par fraisage soigneux. L'obturation des canaux nasofrontaux est réalisée par de
l'os. Ce greffon osseux ne doit présenter aucune partie saillante. Le contenu
crânien se réapplique simplement et occupera l'espace laissé libre.
Fractures occlusofaciales
Ce sont les fractures qui intéressent les secteurs dentés de la face et dont les
déplacements perturbent l'occlusion.
Dans les autres cas, l'anesthésie sera générale et il faut prévoir une intubation
nasale à moins qu'il n'y ait déjà eu une trachéotomie en raison d'autres lésions
pour pouvoir effectuer le blocage bimaxillaire.
Voies d'abord
Les voies d'abord sont utiles pour contrôler la réduction et assurer la contention
des fractures mobiles ou déplacées. L'utilisation des plaques et l'abandon des
suspensions passées au passe-fil par voie endobuccale, rendent ces voies
d'abord de plus en plus fréquentes. La technique du blocage intermaxillaire
associée à des suspensions périzygomatiques ou frontales dans les disjonctions
craniofaciales les évitait mais ni la réduction ni la contention ne pouvaient en
être contrôlées.
Pour les disjonctions craniofaciales hautes, on utilisera les voies d'abord décrites
pour les fractures n'intéressant pas l'occlusion.
La dent luxée est reposée et maintenue par deux fils d'acier 30 centièmes
toronnés et passés sur un arc monomaxillaire séquentiel [4].
Un gros fil d'acier 40 ou 50 centièmes est passé sur les faces linguales et
vestibulaires des dents à maintenir. Des boulettes de résine fixées sur le fil
comblent les espaces laissés par les dents absentes.
Gouttières
Les arcs demi-joncs (Jacquet), durs, sont les plus utilisés. Ils offrent une
certaine résistance à la déformation secondaire. L'arc doit être mis en place une
fois les différents fragments dentés réduits et mis dans une position correcte.
L'arc est d'abord réglé à la bonne longueur et doit aller d'une dent de 12 ans à
l'autre. Sa longueur peut être mesurée par un fil d'acier souple. Il est ensuite
façonné à la forme de l'arcade dentaire. Le plus simple est de procéder de la
façon suivante (fig 25) :
Si l'on ne dispose pas d'arcs ou si la fracture n'est pas déplacée mais simplement
engrenée, on peut utiliser ce type de ligature.
Elles ont déjà été décrites. Les suspensions sont, depuis l'apparition des plaques
moins souvent effectuées. Dans les disjonctions craniofaciales, associées au
blocage, elles évitaient un abord chirurgical (fig 27) mais elles ne réalisaient pas
une contention parfaite et aboutissaient parfois à un excès de réduction et à une
diminution de hauteur du tiers moyen de la face.
Traitement spécifique
Fractures dentaires
Elles doivent être traitées en urgence car les chances de conservation de la dent
(sauf s'il s'agit d'une fracture de l'émail seul) située dans un foyer de fracture,
sera ôtée. Pour toute dent traumatisée traitée et soumise à un blocage mono- ou
bimaxillaire, les tests de vitalité au froid en particulier permettront de surveiller
celle-ci au cours de l'évolution.
Dans ces cas une ligature en berceau maintenue 30 jours sera mise en place. En
cas d'avulsion de la dent, la réimplantation doit être tentée le plus rapidement
possible. La dent sera transportée dans du sérum pénicilliné, tiédi, et pour
certains dans du lait, mais surtout en évitant tout traumatisme de la surface à
réimplanter. Elle devra cependant être nettoyée des débris qui peuvent la
souiller. Elle sera fixée sur un arc par une ligature en berceau. Une dent
traumatisée peut avoir secondairement tendance à s'extraire par oedème du
ligament. Elle devra elle aussi être traitée par une ligature en berceau.
Fracture alvéolaire
Les disjonctions hautes, Le Fort III ou Le Fort II sont les vraies disjonctions
craniofaciales. Au BIM, on associera les divers procédés de réparation des
fractures orbitofaciales et naso-orbitaires associées. Les suspensions hautes,
frontales, voire à l'épine nasale, ne sont plus que rarement utilisées depuis
l'apparition des plaques. Elles ont tendance à impacter la face en réduisant sa
hauteur.
Fractures mandibulaires
En cas de fracture comminutive, on peut utiliser des plaques plus longues sur
lesquelles on fixera les divers fragments, le blocage est alors maintenu plus
longtemps (30 à 45 jours).
Chez l'édenté, l'utilisation des plaques évitera les blocages prolongés sur du
matériel étranger (gouttière, prothèses) qui rendent l'hygiène buccale plus
difficile.
Les fractures de la branche montante sont souvent le fait de choc direct, elles
sont rares et difficiles à ostéosynthéser quelle que soit la voie d'abord,
endobuccale avec utilisation du viseur transjugal, sous-angulaire avec aussi
utilisation d'un viseur. Bien souvent dans ces cas c'est le blocage bimaxillaire 30
à 45 jours qui amènera la réduction et la consolidation de la fracture.
Fractures du condyle
Elles sont souvent la conséquence d'une chute sur le menton et une fracture au
niveau de ce point d'impact ne doit pas faire oublier l'examen radiologique des
condyles. La fracture condylienne peut être uni- ou bilatérale, intra-articulaire au
niveau de la tête ou sous-condylienne haute, extra-articulaire dans les fractures
sous-condyliennes basses. On doit privilégier le traitement conservateur et
fonctionnel et dans la mesure du possible, éviter les voies sanglantes. Le
traitement conservateur repose sur des exercices de mobilisation active et
passive qui, pour des raisons fonctionnelles, se font surtout en propulsion. En cas
de douleurs, ou s'il existe un fort déplacement (comme dans les fractures
bilatérales) ou simplement pour mettre l'articulation au repos, un BIM de 5 à 7
jours est mis en place. Ce blocage est fait à l'aide d'arcs et d'élastiques et aboutit
à une reposition du corps de la mandibule.
Leur avulsion n'est pas systématique [14]. Leur conservation sous couverture
antibiotique aide à la stabilisation des foyers de fracture. Toutefois, les dents
cariées, fracturées, trop mobiles ou avec importantes anomalies parodontales
doivent être extraites.
Haut de page
CONCLUSION
Il s'avère indispensable pour qui veut traiter les fractures faciales, d'acquérir le
matériel d'ostéosynthèse nécessaire au moins par miniplaques ou mieux par
miniplaques et microplaques, les divers types de vis, dans des diamètres et des
longueurs variés.
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Fig 1 :
Point éversant : on enfonce l'aiguille près du bord de la plaie et on ressort dans la lèvre de la
plaie, loin. On fait de même de l'autre côté (près loin - loin près) [19].
Fig 2 :
Fig 2 :
Fig 3 :
Fig 3 :
Point d'angle.
Fig 4 :
Fig 4 :
Surjet intradermique.
Fig 5 :
Fig 5 :
Suture épipérineurale.
Fig 6 :
Fig 6 :
a. Ligne grise ; b. surjet tarsoconjonctival ; c. orbiculaire ; d. point clé sur la ligne grise.
Fig 7 :
Fig 7 :
Zones d'utilisation des plaques. Gris : zone d'utilisation des miniplaques ; rose : zone
d'utilisation des microplaques et du fil d'acier.
Fig 8 :
Fig 8 :
Voies orbitaires.
Fig 9 :
Fig 9 :
A. Voie conjonctivale.
B. Voie transconjonctivale.
Fig 10 :
Fig 10 :
Fig 11 :
Fig 11 :
Fig 12 :
Fig 12 :
Fig 13 :
Fig 13 :
A. Fracture du nez type Jarjavay. Fracture par choc latéral, enfoncement d'un os propre,
déplacement en varus de l'os propre controlatéral. Fracture arciforme de la cloison avec luxation
controlatérale.
B. Fracture de Chevalet. Fracture par choc frontal. Enfoncement et comminution des deux os
nasaux. Fracture verticale de la cloison cartilagineuse et empilement. En cas de traumatisme
plus violent, l'épine nasale du frontal peut se fracturer, impactant alors l'auvent nasal en
arrière.
Fig 14 :
Fig 14 :
A. Réduction d'un enfoncement de l'os nasal. Le doigt contrôle le déplacement provoqué par
l'instrument placé en endonasal.
Fig 15 :
Fig 15 :
B. Utilisation d'un élévateur par voie vestibulaire supérieure pour aider à la réduction.
Fig 16 :
Canthopexie transnasale.
A. Premier temps.
B. Deuxième temps.
C. Troisième temps 1.
D. Troisième temps 2.
E. Quatrième temps.
Fig 17 :
Fig 17 :
Fig 18 :
Fig 18 :
Fig 19 :
Fig 19 :
B. Les vaisseaux temporosuperficiels sont réclinés vers l'arrière, le zygoma est repéré et ruginé.
C. En réclinant la parotide et le VII vers le bas et l'avant, on peut aborder le col du condyle.
Fig 20 :
Fig 20 :
Fig 21 :
Fig 21 :
Ligature en échelle.
Fig 22 :
Fig 22 :
Cerclage périmandibulaire.
Fig 23 :
Fig 23 :
Fig 24 :
Fig 24 :
Fig 25 :
Fig 25 :
Arc demi-jonc.
Fig 26 :
Fig 26 :
Ligature d'Ivy.
A. a. Préparation de la ligature (ne faire que deux torons au maximum au fil 4/0) ; b. schéma
de la ligature d'lvy modifiée (le fil vestibulaire passe entre les brins et non dans la boucle).
B. Vue de profil : on peu facilement resserrer la ligature (en faisant un tour ou deux au niveau
de la boucle à l'aide d'une sonde no 6.
C. Les boucles (fil de 4/10) sont solidarisées par un fil de 3/10. En cas de traction excessive lors
du serrage, c'est le fil de solidarisation qui casse et non la boucle.
NB : La longueur des boucles ne doit pas être excessive pour ménager une longueur suffisante
du fil intermédiaire.
Fig 27 :
Fig 27 :
Suspensions faciales.
La chirurgie des tumeurs malignes des cavités nasosinusiennes a profondément évolué cette dernière
décennie avec le perfectionnement de l’imagerie qui permet des médications plus précises et le choix
d’interventions plus adaptées et avec le développement de la chirurgie endosinusienne sous guidage
endoscopique, devenue la technique de référence pour l’exérèse de la plupart des tumeurs bénignes des
fosses nasales et des sinus. Comment le concept de chirurgie endoscopique, que l’on pouvait qualifier de
« soft chirurgie » ou chirurgie pauci-invasive, peut-il s’appliquer à une tumeur maligne, et en particulier
à un adénocarcinome de l’ethmoïde ? Tout repose sur le fait qu’un abord chirurgical par voie externe de
l’ethmoïde pour adénocarcinome n’aboutit finalement qu’à une exentération sinusienne laissant en
place les parois de la masse latérale de l’ethmoïde. En théorie, la chirurgie endoscopique peut aboutir à
une exentération de la même qualité avec la même sécurité carcinologique, l’abord à ciel ouvert ne
deviendrait ainsi indispensable qu’en cas de résection des parois osseuses du sinus malade. La rhinotomie
paralatéronasale de Moure, véritable laparotomie de la face a encore droit de cité, mais voit sa fréquence
décroître au profit de l’abord endoscopique qui ne peut que progresser avec l’assistance de l’ordinateur.
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sectionné, et, selon les équipes, repéré par deux fils pour
permettre la canthopexie lors de la fermeture.
On place un fil tracteur sur la berge interne de l’incision, le
lambeau nasal est récliné du côté opposé.
Dans la description de Moure, l’ostéotomie se fait à os perdu
et s’étend à l’os propre du nez et au maxillaire supérieur.
L’ostéotomie débutée à la fraise-fissure est complétée à l’ostéo-
tome ou à la scie oscillante, après avoir exposé le champ
opératoire par la mise en place d’écarteurs orthostatiques. La
section est paramédiane sur l’os propre du nez jusqu’à la suture
frontonasale. Une deuxième ostéotomie part de la partie la plus
externe de l’orifice piriforme de façon horizontale jusqu’à la
partie moyenne de la fosse canine. Une troisième ostéotomie
part de la partie moyenne de la fosse canine, monte verticale-
ment, évitant le foramen infraorbitaire, puis, au niveau du
rebord orbitaire inférieur, se poursuit ensuite le long de l’orbite
et se termine au niveau de la suture nasofrontale. Une dernière
ostéotomie est réalisée de façon horizontale au niveau de la
suture nasofrontale.
L’exérèse de la lésion à localisation ethmoïdale emporte la
cloison intersinusonasale, l’ethmoïde en totalité, l’os lacrymal,
la totalité du septum nasal (en préservant un auvent supérieur),
la muqueuse du sinus maxillaire et du sinus sphénoïdal au
moindre doute d’extension à ce dernier.
Cet abord permet l’accès à la fosse nasale, le rhinopharynx, Figure 3. Extension de l’incision paralatéronasale en dehors selon
le sinus maxillaire, l’ethmoïde (masses latérales et toit de Leroux-Robert (trait pointillé), selon Hautant (trait plein).
l’ethmoïde) et le sinus sphénoïdal.
Extension vers le dehors (Fig. 3)
Variante : incision paralatéronasale de Labayle [1] Elle prolonge l’incision de Moure en dehors pour exposer la
Devant les difficultés de dégagement des faces supérieure et région orbitomalaire avec le risque de léser les rameaux faciaux.
postérieure de l’ethmoïde lors de la réalisation de l’incision La première décrite par Leroux-Robert suit une ligne transversale
classique paralatéronasale, Labayle propose une incision qui part du sillon nasogénien à la partie moyenne de la tubérosité
de la bosse frontale et décrit un arc à concavité inféro-externe malaire.
jusqu’à la racine du nez, puis longe l’arrête nasale jusqu’à la La seconde incision, décrite par Hautant, est curviligne,
jonction tiers moyen-tiers inférieur, puis descend le long du concave vers le haut, elle part au contact de l’incision de Moure
bord inférieur de l’os propre jusqu’au repli nasogénien, et au-dessous du canthus interne, de 1,5 à 2 cm au-dessous du
ensuite contourne l’insertion alaire (Fig. 2). rebord orbitaire, pour se terminer au niveau de la tubérosité
Cette incision permet l’abord de la face antérieure du sinus malaire. Un des effets indésirables est la survenue d’un lym-
frontal, de l’os propre du nez et de la branche montante du phœdème de la paupière inférieure, non amélioré par la
maxillaire qui sont réséquées, ce qui découvre le pôle antérieur radiothérapie.
et le bord inférieur de la tumeur. La résection de la paroi
postérieure du sinus frontal et le décollement soigneux de la
Extension vers le haut (Fig. 4)
dure-mère permettent le contrôle de la partie supérieure de la En dehors, elle prolonge l’incision de Moure sur l’arcade
tumeur. sourcilière, permettant un abord large du sinus frontal.
Figure 4. Extension de l’incision paralatéronasale vers le haut et en Figure 5. Incision para-latéro-nasale de Weber-Fergusson.
dehors (trait plein) et selon Gignoux et Gaillard Robert (trait pointillé).
Abord sous-labial bivestibulaire terminer en bas sur le plancher de la fosse nasale, rejoignant
l’incision interseptocolumellaire (Fig. 8). Le plan de décollement
et transnasal ou « degloving » suit la face antérieure des sinus maxillaires (sous-périosté) et le
Portmann et Retrouvey ont décrit en 1927 la technique de dos du nez (sous-périchondral puis sous-périosté) jusqu’au bord
maxillectomie par voie endobuccale et sous-labiale. [8] Elle a été inférieur et interne des orbites et jusqu’à la suture frontonasale,
modifiée en 1974 par Casson, Bonnano et Converse pour la en respectant l’émergence des nerfs sous-orbitaires et les voies
chirurgie post-traumatique et réparatrice des maxillaires. [9] lacrymales, qui pourront être sectionnées en cas de nécessité
Conley et Price sont les premiers à utiliser cette technique pour carcinologique (Fig. 9).
le traitement de tumeurs des sinus. [10] Price a associé cette voie Selon le site et l’extension de la tumeur, un abord nasomaxil-
à un abord sous-frontal ou temporal pour l’exposition de l’étage laire bilatéral peut être réalisé. Une large ouverture dans la paroi
antérieur et la base du crâne. [11, 12] antérieure du sinus maxillaire peut être étendue à l’orifice
Ces indications sont les tumeurs envahissant le sinus maxil- piriforme, à la paroi intersinusonasale et, selon la topographie
laire, le septum nasal, les fosses nasales, le sphénoïde, le cavum initiale de la tumeur, au septum nasal cartilagineux et osseux.
et le clivus. [4, 13-15] En fin d’intervention, l’opérateur doit s’assurer de l’absence
On réalise une infiltration par de la Xylocaïne® adrénalinée d’esquilles osseuses pouvant favoriser l’apparition de synéchies
au niveau vestibulaire supérieur, au niveau de la partie cutanée gênant par la suite la surveillance. L’hémostase doit être
et muqueuse de la pyramide nasale. On débute par une incision soigneuse, la cavité opératoire sera méchée. Les tissus mous sont
sous-labiale dans le vestibule supérieur à 1 cm du collet dentaire remis en position initiale et suturés.
et centrée sur le frein de la lèvre, d’une canine à l’autre (Fig. 7). En l’absence de troubles de la cicatrisation, cette technique
La rugination se fait en sous-périosté ; elle dégage les orifices donne d’excellents résultats fonctionnels et esthétiques. Les
piriformes, l’épine nasale et la face antérieure des deux sinus complications les plus fréquentes sont l’anesthésie ou l’hypoes-
maxillaires jusqu’au nerf sous-orbitaire. Une incision circonfé- thésie du nerf sous-orbitaire (transitoire) et la sténose de la valve
rentielle dans chaque narine est réalisée : interseptocolumellaire nasale. De façon beaucoup moins fréquente, des hématomes et
en dedans, intercartilagineuse en haut et en dehors, pour se fistules oroantrales peuvent être rencontrés.
La reconstruction du defect maxillaire est fonction des écoles cutanées. Toutefois la comorbidité du geste et le développement
et des habitudes de l’opérateur. On distingue deux modalités des épithèses réduisent désormais ses indications.
thérapeutiques : la réhabilitation prothétique et la reconstruc- Dans les deux cas, à la fin du traitement chirurgical et
tion par lambeau libre ou pédiculé. Dans les deux cas, le radiothérapeutique, une prothèse obturatrice dentée définitive
préambule demeure la réalisation des empreintes des arcades et fonctionnelle est mise en place.
dentaires, supérieures et inférieures en préopératoire ; elles La réhabilitation prothétique du maxillaire supérieur a pour
aident à la fabrication des prothèses dentées et permettent au but de rétablir la phonation, la déglutition et la mastication en
patient de retrouver son occlusion habituelle. supprimant la communication buccosinusienne.
La réhabilitation prothétique réalise une obturation immé-
diate de la communication bucconasale par des résines mises en
place en préservant la lumière des cavités nasales qui seront ■ Chirurgie des tumeurs
méchées. Une fois passée l’étape de la cicatrisation, entre le 1er à extension basicrânienne
et le 2 e mois, l’obturateur est remplacé par une prothèse
provisoire entre le 2 et le 6e mois. Celle-ci est remaniée tout le Le type d’abord sera choisi essentiellement en fonction du
long de la cicatrisation du site opératoire. bilan d’extension préopératoire. Le scanner et l’IRM des sinus et
La reconstruction par lambeau reste l’apanage des grands de la base du crâne sont indispensables pour définir les moda-
defects, en particulier lors d’importantes pertes de substance lités thérapeutiques. L’extension à la base du crâne nécessite
Figure 11.
A. Incision de la voie transfaciale élargie.
B. Volet fronto-naso-maxillaire.
une approche multidisciplinaire (oto-rhino-laryngologistes, Après Ketcham en 1963, [28] puis Van Buren en 1968, [29] l’idée
neurochirurgiens et radiothérapeutes). d’une approche sous-frontale pour les tumeurs du bloc ethmoï-
dosphénoïdal fut reprise par Derome en 1972. [30] Après une
Voies transfaciales phase de préparation, l’intervention se déroule en quatre
Ces voies sont actuellement privilégiées pour le traitement temps : l’étape rhinologique, l’étape neurochirurgicale, l’exérèse
des tumeurs bénignes et pour les petites tumeurs malignes (T1- de la tumeur et la reconstruction.
T2) de l’ethmoïde. [22, 23] L’intérêt de ces voies est l’exposition Certains auteurs préconisent l’utilisation de spray
obtenue au niveau de l’étage antérieur de la base du crâne, de antibiotique/corticoïde en traitement local dans les 4-5 jours
la fosse nasale et d’une grande partie du sinus maxillaire. Les précédant l’intervention. Un rasage crânien, qui n’est pas
limites de ces voies sont l’absence de contrôle de la partie obligatoire mais souhaitable, est réalisé la veille de l’interven-
latérale de la mésostructure, [24] du jugum sphénoïdal et du tion. Une asepsie du cuir chevelu et de la peau est pratiquée la
clivus. veille et le matin de l’intervention. Le patient est installé en
décubitus dorsal, tête placée dans une têtière ; un microscope
Technique de Labayle (1957) [1] optique est tenu à la disposition de l’équipe chirurgicale.
Elle réalise une exérèse des parois antérieure et postérieure du
sinus frontal et du toit de l’ethmoïde, permettant d’exposer le Étape rhinologique
plan méningé. Cette dissection sera plus particulièrement
Elle se fait par la voie paralatéronasale telle qu’elle a été
minutieuse au niveau de la lame criblée, où le risque de fuite
précédemment décrite selon la technique de Moure et Sébileau.
de LCR est plus important.
Cette technique est indiquée essentiellement dans les tumeurs
bénignes de la suprastructure et les tumeurs malignes localisées Étape neurochirurgicale : voie sous-frontale
de l’ethmoïde en raison d’un jour peu suffisant pour le contrôle L’incision cutanée est bicoronale selon Cairns-Unterberger
de l’étage antérieur. (Fig. 12), étendue d’un tragus à l’autre dont le sommet frontal
Volet fronto-naso-maxillaire (voie transfaciale est situé dans un plan frontal passant deux travers de doigt en
avant de l’axe biauriculaire. L’infiltration à la Xylocaïne ®
élargie, technique de Vaneecloo 1989 [25])
adrénalinée doit être soigneuse et permettre le décollement du
Elle consiste, à partir de la technique de Labayle, à prolonger plan de dissection sous-cutané par hydrotomie.
l’incision verticale en haut de façon arciforme en passant soit L’incision cutanée est réalisée perpendiculairement à la peau
au bord supérieur du sourcil, soit dans le sourcil, afin de la jusqu’au plan de l’épicrâne qui sera préservé. On prendra soin
dissimuler, en ménageant le nerf sus-orbitaire (Fig. 11A). Sha [26] de conserver les deux pédicules temporaux superficiels qui
associe un trait d’incision jusqu’au canthus externe homolatéral. garantissent la viabilité du lambeau. Le feuillet externe de
Celle-ci permet alors une exposition satisfaisante de la méso-
l’aponévrose superficielle du muscle temporal et la galéa
structure latérale. On réalise ensuite un lambeau fronto-
constituent le plan de clivage idéal. Le scalp est décollé vers
orbitaire musculoaponévrotique à pédicule inférieur [25] néces-
l’avant jusqu’à 3 cm au-dessus des rebords orbitaires supérieurs,
saire à la reconstruction de la base du crâne, celui-ci réduirait
de façon à préserver les branches de division des paquets
sensiblement le taux de complications postopératoires. [27] Après
vasculonerveux sus-orbitaires et frontaux internes. Le périoste
exposition, un volet osseux fronto-naso-orbitaire est taillé
(Fig. 11B). est incisé à ce niveau, transversalement d’une crête temporale à
Cette voie d’abord permet un bon contrôle de l’ethmoïde l’autre, et latéralement le long des crêtes jusqu’aux piliers
antérieur. L’ethmoïde postérieur et le sphénoïde restant diffici- orbitaires externes. Le décollement périosté se poursuit dans
lement exposables en fonction du soulèvement cérébral. l’orbite de chaque côté par le décollement de la périorbite. Les
paquets vasculonerveux sus-orbitaires et frontaux internes sont
Voies mixtes sous-frontale dégagés de leur gouttière ou canal osseux à l’ostéotome droit
fin. Les plafonds orbitaires sont exposés jusqu’aux artères
et paralatéronasale ethmoïdales antérieures dont le contrôle endo-orbitaire est
La voie paralatéronasale unique est souvent insuffisante pour parfois utile. Les muscles releveurs de la paupière supérieure, le
l’exérèse de certaines extensions tumorales supra-ethmoïdales. droit supérieur et leurs nerfs sont, avec la poulie de réflexion du
muscle grand oblique, sous la protection du périoste et de la antérieure est déposée en s’aidant d’un décolleur introduit à la
périorbite ; toutefois, aucune traction, en particulier par des partie supérieure de la découpe.
crochets, n’est appliquée sur ces structures fragiles. La taille du volet dépend clairement de l’exposition souhai-
Un lambeau à pédicule inférieur et à charnière antérieure tée. La dépose déborde les limites du sinus si celui-ci est petit ;
rectangulaire est taillé au niveau du péricrâne (Fig. 13). Si elle intéresse alors la table externe de la voûte frontale sciée
besoin, le lambeau peut s’étendre vers l’avant jusqu’à 2 cm en tangentiellement.
arrière du plan de dissection sous-périostée. Une zone de L’ouverture peut être faite entièrement au-dessus du sinus
périoste intacte facilite la fermeture du plan profond, couvrant frontal si elle est très petite ou bien elle peut inclure le mur
la dépose osseuse.
antérieur et postérieur du sinus si elle est grande.
La paroi antérieure du sinus frontal est découpée en mono-
Si l’accès bilatéral est exigé, un volet bifrontal est réalisé. Sa
bloc au craniotome, la lame étant orientée obliquement en
direction du centre de la cavité sinusienne de façon à biseauter découpe se fait en monobloc, voire en deux parties s’il y a un
la dépose et à assurer une clé de voûte solide pour la repose. La risque de lésion du sinus veineux longitudinal. Celui-ci peut
découpe intéresse les limites externes et supérieures du sinus, et être conservé ou lié et sectionné à la partie antérieure de l’accès.
s’effectue d’un seul mouvement dans un plan tangentiel coronal Après avoir été détaché de la dure-mère, l’os est conservé. De
d’un côté à l’autre. Les angles supéro-internes des orbites sont petits trous forés autour du volet lui permettront d’être replacé
sectionnés. La suture nasofrontale est coupée selon un V et maintenu aisément, en utilisant des fils, à la fin de l’inter-
inversé. La partie inférieure du volet doit être la plus basse vention (Fig. 14). La muqueuse du sinus est curetée jusque dans
possible pour obtenir une vue directe sur le plancher de l’étage le canal nasofrontal où elle est coagulée, sectionnée et refoulée
antérieur. Il est classiquement réalisé à 1 cm au-dessus de la dans les fosses nasales. Le fraisage de la cavité sinusienne à la
ligne des sourcils et débute à 2 cm de la ligne médiane afin fraise-boule est garant de l’exérèse complète de la muqueuse. La
d’éviter d’endommager le sinus veineux longitudinal. La paroi tumeur est ainsi exposée.
Reconstruction
L’objectif est d’assurer une séparation anatomique entre la
partie exocrânienne septique et la partie endocrânienne.
Différentes étapes doivent être respectées.
Cranialisation du sinus frontal
L’ensemble de la muqueuse sinusienne est soigneusement
retiré, on prend particulièrement garde à l’extension supraorbi-
taire du sinus. La zone correspondant à l’ostium du canal
nasofrontal est comblée à l’aide d’un matériel type poudre d’os.
Reconstruction du defect osseux ethmoïdal
Les reconstructions osseuses de la base du crâne réalisées par
technique d’autogreffe (greffon iliaque, volet frontal) ou par
technique d’allogreffe (os cryoconservé) sont actuellement
abandonnées. La préférence va au lambeau pédiculé d’épicrâne.
De prélèvement simple, sur l’abord crânien, il est disséqué en
début d’intervention. Sa charnière antérieure permet de le
positionner aisément sur la zone d’exérèse. Il est fixé en arrière
au jugum sphénoïdal. L’utilisation de colle biologique est
préconisée, en renforcement, par certains auteurs.
Figure 14. Volets osseux frontal et nasomaxillaire.
Plastie durale
En l’absence de defect dure-mérien ou si celui-ci est peu
Après diminution des pressions intracrâniennes par les important, un rapprochement simple des berges est effectué.
anesthésistes, la paroi postérieure du sinus est trépanée, la dure- Dans le cas contraire, un lambeau d’épicrâne, disséqué au
mère sous-jacente est décollée, puis la paroi postérieure est niveau de la partie postérieure de l’abord crânien est utilisé.
effondrée. Un soin particulier est apporté lors de l’effondrement L’utilisation de fascia temporal, de fascia lata ou de Neuro-
sur la ligne médiane, siège de la crête frontale interne parfois Patch® est proposée en alternative par certains auteurs.
invaginée dans la dure-mère. Il s’étend de chaque côté, vers Greffe intranasale
l’arrière, sur les bosses orbitaires et gagne progressivement le
L’usage du packing graisseux semble de plus en plus répandu.
plancher de la base du crâne, en évitant d’arracher les veines
Après prélèvement, le plus souvent abdominal, il est positionné
émissaires se rendant au sinus sagittal.
par voie nasale au contact du lambeau de péricrâne. Certains
La cranialisation des sinus frontaux a pour conséquence
auteurs renforcent le montage à l’aide de colle de fibrine.
d’augmenter l’espace mort en avant du plan dural. La dure-
mère est dégagée de l’apophyse crista galli ; cette dernière est Méchage nasal
ôtée à la petite pince gouge. La dépose permet d’accéder à Il débute par le positionnement d’une lame de Silastic® qui
l’ensemble de l’étage antérieur du crâne avec latéralement les permet de protéger le précédent montage. Celle-ci doit être
toits orbitaires de chaque côté, et au centre les lames criblées de positionnée de façon à être aisément retirable. Des mèches de
l’ethmoïde. type Merocel® ou mèche grasse sont positionnées dans l’ensem-
Le décollement est poursuivi en arrière aussi loin que néces- ble de la cavité et humidifiées a l’aide d’une solution
saire ; il peut théoriquement être mené jusqu’au point où les antibiotique.
nerfs optiques émergent du chiasma. Latéralement, il s’étend
jusqu’au bord postérieur des petites ailes du sphénoïde. Une Fermeture
hémostase soigneuse à la pince bipolaire est réalisée. Le plan- Un drainage peu aspiratif extradural est mis en place. Le volet
cher de l’étage antérieur est exposé. osseux est repositionné et fixé à l’aide de fils d’acier ou de
L’extension tumorale intracrânienne est découverte. Elle peut plaques en titane. Le galbe frontal est ainsi reconstitué. La
être clivable du plan méningé ou envahir la dure-mère qui doit réexpansion cérébrale est effectuée. Le lambeau cutané est
donc être sacrifiée. L’exérèse se fait en monobloc du haut vers rabattu et suturé sur un drainage. La fermeture de la voie para-
le bas. latéronasale obéit aux règles déjà décrites.
Si la lésion est strictement unilatérale, la résection ne passe
pas au-delà de l’apophyse crista galli. Dans le cas contraire, elle Période postopératoire
se prolongera au-delà. Les suites opératoires sont habituellement simples, dominées
La limite postérieure de l’excision dépend de l’extension par le syndrome frontal souvent présent et qui régresse en
tumorale (guidée par le bilan radiologique préopératoire), et quelques jours. Le drainage du scalp est maintenu 48 heures.
peut atteindre le sinus sphénoïdal si nécessaire. L’antibioprophylaxie périopératoire est systématique, visant
Latéralement, la résection osseuse intéresse, à la demande, le essentiellement à éradiquer le pneumocoque. Elle sera prolongée
toit et la paroi interne de l’orbite, pour passer en territoire sain. jusqu’au déméchage qui sera réalisé à j8. Les lavages des fosses
Pour Derome, [30] la totalité de l’étage antérieur peut théori- nasales au sérum physiologique sont débutés, associés à un
quement être réséquée après avoir contrôlé et libéré les voies nettoyage régulier sous optique.
optiques.
Toutes ces limites sont réalisées sous contrôle macroscopique Complications
et microscopique. On peut éventuellement s’aider en introdui- Les complications immédiates sont dominées par les infec-
sant des instruments-repères par la voie d’abord rhinologique. tions méningées et les hématomes intracérébraux. Elles sont
Les contours osseux sont harmonisés pour aboutir à une prévenues par une asepsie rigoureuse et la réalisation d’une
cranialisation des sinus frontaux, une marsupialisation large des reconstruction étanche. Les risques de contusion frontale sont
sinus sphénoïdes après fraisage de la cloison intersinusienne, un liés au traumatisme opératoire et à l’extension tumorale vers le
aménagement du sinus maxillaire qui comprend le curetage de haut.
Une rhinorrhée céphalorachidienne est à craindre. La réalisa- lésions (point de départ, extension etc.) et offre la possibilité de
tion de ponctions lombaires décompressives, la prescription de biopsies guidées ; également, en matière de suivi, elle permet la
substances osmotiques déplétives du liquide céphalorachidien surveillance postopératoire et facilite le dépistage d’une éven-
(glycérol) permettent habituellement de la traiter. Dans le cas tuelle récidive.
contraire, une réintervention est nécessaire. Les autres compli- En matière de traitement à visée curative, elle permet de faire
cations sont dominées par la contusion lobaire, le traumatisme l’économie d’une cicatrice cutanée, facteur de morbidité non
des paires crâniennes, les plaies vasculaires. négligeable compte tenu du terrain des patients concernés par
À distance, la diplopie liée à une absence ou à une mauvaise ces pathologies. Schlosser et al. [36] insistent sur l’excellente
fixation du ligament palpébral interne régresse dans les mois visualisation de la tumeur et sur le contrôle des zones difficile-
qui suivent. L’anosmie est fréquente en cas de bilatéralisation. ment accessibles par voie paralatéronasale (jugum sphénoïdal,
Le defect esthétique et l’enophtalmie peuvent également ethmoïde postérieur). Thaler et al. [31] évoquent la possibilité de
apparaître. guider la résection de l’étage antérieur en utilisant la transillu-
mination fournie par l’endoscope dans le cas des tumeurs à
Volet transfrontofacial extension haute nécessitant un double abord.
La chirurgie endoscopique endonasale peut également s’avé-
Derome [30] a codifié la voie sous-frontale transbasale, rer utile en matière de traitement palliatif, que ce soit celui des
permettant le contrôle du massif osseux médian tumeurs localement très avancées ou des récidives. Elle permet
ethmoïdosphénoïdal. alors de réaliser une désobstruction des fosses nasales.
Après une incision de Cairns-Unterberger, le lambeau cutané L’utilisation de cette technique nécessite un opérateur habitué
frontal est descendu très bas. Après désinsertion des canthus à la chirurgie endonasale et qui soit compétent dans le domaine
internes, pour exposer l’ensemble de l’architecture osseuse du de la carcinologie ORL. Il est probable que la chirurgie assistée
nez ainsi que la périorbite des deux yeux, un lambeau péricrâ- par ordinateur va modifier cette approche dans les années à
nien à pédicule inférieur est préparé. La craniotomie frontale, venir.
découpée en monobloc, réalise une large fenêtre de part et
d’autre de la ligne médiane. Le volet osseux inclut également la
partie médiane des rebords orbitaires supérieurs et la totalité des ■ Conclusion
os propres du nez en avant des gouttières lacrymales, grâce à
une turbine et à une scie oscillante. La prise en charge des tumeurs des sinus de la face a évolué
Puis, la dure-mère est délicatement soulevée jusqu’à exposi- ces dernières années grâce à l’amélioration des techniques
tion du jugum sphénoïdal et du chiasma optique, qui consti- d’imagerie (réalisation systématique d’un scanner et d’une IRM
tuent la limite postérieure de cet abord. L’insuffisance de vision des sinus et de la base du crâne), permettant d’évaluer l’agres-
vers la région du sinus maxillaire peut être contournée par un sivité de la tumeur et son extension aux structures adjacentes.
accès sous-labial complémentaire. Cette prise en charge a été modifiée par l’application de la
Les principes de l’exérèse sont identiques à ceux déjà cités. chirurgie endonasale aux tumeurs malignes.
La fermeture utilise le lambeau de péricrâne présent sur la L’incision paralatéronasale pour le traitement des adénocarci-
voie d’abord. Un orifice est réalisé dans sa partie proximale et nomes de l’ethmoïde est la voie d’abord la plus fréquemment
médiane pour permettre le passage des os propres du nez lors utilisée, la voie endoscopique sera plutôt réservée à des chirur-
de la mise en place du volet osseux. Deux plaques d’ostéosyn- giens ORL experts dans le domaine de la cancérologie et de la
thèse au niveau de l’arcade sourcilière maintiennent le volet. chirurgie endonasale.
Une canthopexie transnasale est réalisée au fil d’acier et L’extension à la base du crâne nécessite une approche
maintenue 3 semaines. pluridisciplinaire : oto-rhino-laryngologiste, neurochirurgien et
radiothérapeute. La radiothérapie conformationnelle avec
modulation d’intensité (RCMI) et l’utilisation de la chirurgie
■ Chirurgie endonasale endoscopique dans le traitement de cas sélectionnés des
tumeurs malignes sont les principales acquisitions récentes du
endoscopique traitement des tumeurs des sinus de la face. La chirurgie
endoscopique assistée par ordinateur pourrait modifier ces
Depuis son introduction par Hopkins dans les années 1950,
indications dans les années à venir.
l’endoscopie endonasale au tube rigide a révolutionné la prise
en charge de nombreuses pathologies nasosinusiennes. Initiale-
ment envisagée dans la prise en charge de tumeurs bénignes, de
nombreux auteurs [31] ont recherché son intérêt dans le traite-
■ Références
ment des tumeurs malignes. [1] Labayle J. Approach to ethmoidal tumors. Ann Otolaryngol Chir
Pour la plupart des auteurs, l’objectif n’est pas de remplacer Cervicofac 1957;74:119-21.
l’abord externe, qui reste la référence dans le traitement des [2] Pech A, Freche C, Cannoni M, Rouvier P, Haguenauer JP, Perrin C,
tumeurs nasosinusiennes, mais de l’intégrer dans l’arsenal et al. État actuel de la chirurgie des sinus. Rapport de la société fran-
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palatine, associent une exérèse endoscopique endonasale et une flap in surgery of tumors of the middle and posterior 3d of the face and
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Toutefois, dans certaines indications, comme les tumeurs Otolaryngol Chir Cervicofac 1985;102:479-85.
rhinosinusiennes limitées, la chirurgie endonasale (papillomes [5] Andre P, Laccoureye H. Étude critique des voies d’abord du massif
facial et perfectionnement technique dans les résections totales du
inversés, angiofibrome) a su s’imposer. [33, 34] L’exception
massif facial. Cah ORL 1974;9:615-20.
demeure l’adénocarcinome ethmoïdal classé T1 et T2 selon la
[6] Gignoux M, Labayle J. Tumeurs de l’ethmoïde. Paris: Masson; 1964.
classification TNM de 2004. Le sujet reste, même encore à ce [7] Portmann M, Guerrier Y. Traité de techniques chirurgicales ORL et
jour, controversé. De nombreux auteurs restent dubitatifs quant cervico-faciales. Tome II: Nez et face. Paris: Masson; 1983.
à l’intérêt de la chirurgie endoscopique en traitement chirurgical [8] Portmann G, Retrouvey H. Le cancer du nez. Paris: Doin; 1927.
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maligne, quel que soit son stade de développement. [35] procedure. Plast Reconstr Surg 1974;53:102-3.
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Védrine P.-O., Meghachi A., Jankowski R., Simon C. Chirurgie des tumeurs sinusiennes. EMC (Elsevier SAS,
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Herman P, Hervé S, Portier F et Tran Ba Huy P. Chirurgie du fibrome nasopharyngé. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés),
Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-210, 2001, 8 p.
46-210 Chirurgie du fibrome nasopharyngé Techniques chirurgicales
1 Illustration du déve-
loppement intraosseux du
fibrome nasopharyngien.
Noter l’extension tumorale
dans le corps du sphénoïde
en dessous et en arrière
du sinus sphénoïdal (SS).
*
A
*
A
*
B
3 Extension au toit du cavum et au foramen déchiré.
A. Le fibrome nasopharyngien (tête de flèche) peut se développer vers l’arrière en
dessous et en dehors du sinus sphénoïdal jusqu’au foramen déchiré. Il est alors
à l’aplomb de l’artère carotide interne à son entrée dans le sinus caverneux (flè-
*
B che).
B. La vue endoscopique montre cette région après exérèse de la tumeur. Sous le si-
nus sphénoïdal (SS), la face inférieure du sphénoïde est exposée en arrière des pté-
méconnaître les très nombreuses variantes ou alternatives proposées rygoïdes (PT) et au-dessus de la trompe d’Eustache (TE). La face inférieure du fo-
dans la littérature, essentiellement les voies latérales ramen déchiré (aspiration) a été coagulée.
transzygomatiques. Exceptionnellement, l’extension intracrânienne
majeure nécessite une voie neurochirurgicale : ce sont alors plus récentes de parfaitement différencier la rétention sinusienne des
essentiellement la voie infratemporale et encore la voie sous-frontale prolongements tumoraux. Quant à l’imagerie par résonance
qui peuvent être proposées. magnétique, elle apporte des renseignements similaires mais
présente l’inconvénient de ne pas dessiner les contours osseux. Son
intérêt est néanmoins certain dans le bilan des tumeurs ayant une
Bilan préopératoire extension véritablement endocrânienne, en particulier dans le cas
des extensions antérocaverneuses.
Cette partie est détaillée dans le traité Oto-rhino-laryngologie de L’interprétation des clichés radiologiques nécessite une parfaite
l’Encyclopédie médico-chirurgicale, fascicule 20-585-A-10. connaissance des modalités d’extension de ces tumeurs (cf traité
Néanmoins, dans la mesure où ce bilan conditionne le geste Oto-rhino-laryngologie de l’Encyclopédie médico-chirurgicale,
opératoire, un bref rappel est nécessaire. fascicule 20-585-A-10). À partir du trou sphénopalatin, la tumeur
comble le plus souvent la fosse nasale et bloque la choane. Elle peut
progresser latéralement en avant de l’apophyse ptérygoïde. L’extension
BILAN RADIOLOGIQUE se fait alors vers la fosse ptérygopalatine (fissura pterygopalatina) au
Le bilan d’extension est essentiellement basé sur l’examen prix d’un élargissement tumoral de celle-ci, la fosse sous-temporale
tomodensitométrique (fig 1, 2, 3) (au mieux réalisé par un scanner (fossa infratemporalis), en particulier la région rétro-maxillo-
hélicoïdal avec une injection rapide de produit de contraste). Les zygomatique, puis la fosse temporale (fossa temporalis) vers le haut
fenêtres osseuses permettent d’apprécier les remaniements osseux, ou la région vestibulaire vers le bas. Au cours de ce processus, elle
voire l’envahissement osseux. Les fenêtres parenchymateuses avec peut également, à la partie haute de la fosse ptérygopalatine, envahir
injection de produit de contraste permettent sur les machines les la fissure orbitaire inférieure ou fente sphénomaxillaire puis de là,
*
A
*
B
2
Techniques chirurgicales Chirurgie du fibrome nasopharyngé 46-210
l’apex orbitaire, la fissure orbitaire supérieure ou fente sphénoïdale elles ne sont le plus souvent plus contrôlées en préopératoire du fait
et enfin le sinus caverneux (extension antérieure). Quant à des risques faibles mais inacceptables liés au clampage temporaire
l’extension médiale, elle se fait vers la fosse nasale, les sinus de la carotide interne ou encore à la technique de ponction directe
ethmoïdaux et rarement vers le toit de la fosse nasale, de l’ethmoïde in situ.
ou du sphénoïde (jugum ou planum sphenoidale en avant de la selle
turcique et du chiasma). Elle peut alors s’étendre à la fosse cérébrale
antérieure. Cette modalité d’extension est très rare. Anesthésie
Les extensions en arrière de l’apophyse ptérygoïde sont très
polymorphes. Schématiquement, l’anesthésie d’un FNP pose deux problèmes
Vers l’arrière, la tumeur érode le plus souvent l’aile interne de essentiels : celui de la stratégie transfusionnelle pour une intervention
l’apophyse ptérygoïde, puis de là le plancher du sinus sphénoïdal potentiellement très hémorragique, et celui d’éventuelles anesthésies
dans lequel elle peut se développer. Fait capital, cette tumeur a un itératives chez un adolescent. Afin de limiter le nombre de ces
pouvoir d’érosion et d’envahissement osseux longtemps méconnu dernières, l’artériographie est pratiquée sous simple sédation avec
avant l’avènement de l’imagerie moderne. La tumeur peut infiltrer embolisation dans le même temps, et le déméchage n’a plus cours
le massif osseux qui forme la racine des ptérygoïdes : de là, elle en utilisant des mèches résorbables en fin d’intervention.
infiltre le corps du sphénoïde vers le clivus et la portion médiale du Le geste anesthésique proprement dit ne soulève pas de problèmes
sinus caverneux (invasion médiale), ou encore se propage, soit vers particuliers. L’intubation est effectuée à l’aide d’une sonde
le bas entre les deux ailes de la ptérygoïde (fosse ptérygoïde) parfois préformée orale dont la courbure permet la fixation au menton. Un
jusqu’en parapharyngé, soit en dehors le long des muscles packing est placé dans l’oropharynx de façon à prévenir l’inondation
ptérygoïdiens (région ptérygoïdienne). Elle est également susceptible des voies aériennes tout en laissant le cavum accessible au doigt du
d’envahir l’espace paratonsillo-sous-tubaire, et d’atteindre ainsi les chirurgien. Les voies d’abord veineuses doivent être de bon calibre
foramens rond et ovale. De là, une extension à la face inféroexterne et la pression artérielle est surveillée par voie sanglante.
du sinus caverneux est possible (invasion latérale). Il existe alors un
élargissement majeur du foramen ovale que l’on ne retrouve bien
entendu pas dans les autres modalités d’extension au sinus Installation du patient
caverneux.
L’extension postéro-inférieure de la tumeur peut atteindre le Le patient est placé en décubitus dorsal avec une antéflexion
foramen déchiré (foramen lacerum) via le toit du rhinopharynx. Là, cervicale de 30° lorsque le geste est pratiqué par voie transnasale.
la tumeur infiltre les insertions tendinoligamentaires de la base du Cette flexion cervicale est en revanche gênante pour les voies
crâne et vient au contact de l’artère carotide interne qu’elle peut transfaciales car il faut pouvoir suivre le plancher d’orbite par en
englober voire infiltrer, s’étendant même au sinus caverneux après dessous et une déflexion cervicale est alors utile. Après désinfection
avoir emprunté le canal carotidien (invasion inférieure). du visage, les champs opératoires sont disposés de façon à exposer
De cette analyse, il ressort que la lecture, tant des clichés de la face et à donner accès à la cavité buccale, voire éventuellement à
tomodensitométrie que de résonance magnétique doit recourir à une la région sous-digastrique. En cas d’abord neurochirurgical associé,
analyse systématisée relevant l’atteinte éventuelle des différentes l’abord coronal doit être préparé par un rasage du cuir chevelu
régions suivantes : arche choanale, fosse ptérygopalatine, fissure réalisé en préopératoire immédiat.
orbitaire inférieure, apex orbitaire, sinus caverneux (antérieur), fosse Un soin particulier doit être porté à la protection oculaire avec
infratemporale : région ptérygoïdienne et région rétro-maxillo- instillation de collyre et occlusion palpébrale.
zygomatique, fosse temporale, fosse ptérygoïdienne, région para- Le chirurgien se place sur la droite de l’opéré, face à la console de
tonsillo-sous-tubaire, foramen ovale et foramen rond, sinus vidéochirurgie.
caverneux (latéral), espace parapharyngé, sinus sphénoïdal, base des
ptérygoïdes et clivus, sinus caverneux (médial), foramen déchiré,
canal optique, étage antérieur. Voies d’abord
Compte tenu du potentiel de croissance du FNP et des délais
nécessaires pour organiser l’intervention, il peut être utile de répéter Il n’existe guère de consensus sur les voies d’abord chirurgicales, et
l’examen tomodensitométrique en préopératoire immédiat. Ceci est leur nombre est un reflet du polymorphisme de ces tumeurs et de la
particulièrement intéressant lorsqu’une navigation guidée par difficulté de réaliser un traitement radical. Nul doute que
ordinateur est envisagée. l’expérience de l’opérateur joue ici un rôle décisif, tout autant que le
choix de la voie d’abord. Nous exposons ici notre conception du
BILAN ANGIOGRAPHIQUE ET EMBOLISATION geste chirurgical.
PRÉOPÉRATOIRE Schématiquement, les fibromes sans extension intracrânienne
L’embolisation est systématiquement pratiquée car elle permet de peuvent être aujourd’hui retirés par voie endonasale sous guidage
diminuer le saignement peropératoire et d’améliorer l’exposition endoscopique en l’absence d’extension à la fosse infratemporale. Les
tumorale dans le champ opératoire [13, 18]. Ce point est détaillé dans bourgeons tumoraux situés dans le sinus sphénoïdal, dans le corps
le traité de l’Encyclopédie médico-chirurgicale. L’embolisation est au du sphénoïde, médiocaverneux, ou encore dans le toit du cavum
mieux pratiquée 24 à 48 heures avant le geste chirurgical, sous peuvent être parfaitement visualisés et retirés par cet abord. L’usage
neuroleptanalgésie et prémédication anesthésique. Il est rare qu’une d’optique à vision latérale permet également le contrôle des
anesthésie générale soit nécessaire. Par une voie d’abord le plus extensions paratubaires. En revanche, lorsqu’il existe une extension
souvent fémorale, le geste de dévascularisation commence par le latérale en avant de la ptérygoïde au-delà de la fosse ptérygopalatine
territoire de l’artère faciale (branche palatine ascendante) et de (fosse infratemporale, région rétro-maxillo-zygomatique, région
l’artère pharyngienne ascendante (branche antérieure) au moyen de vestibulaire), la voie transnasale exclusive n’est pas adaptée. Un
particules de polyvinyle alcool (300 à 500 µm de diamètre). Puis abord transfacial est ici indiqué, que nous pratiquons par voie de
l’artère maxillaire interne est embolisée distalement pour degloving. En cas d’exceptionnelle extension à la fosse temporale vers
dévasculariser la tumeur par les branches nourricières le haut et le dehors, la voie d’abord antérieure trouve ici ses limites
sphénopalatines, sous-orbitaire, palatine descendante, et ce peut être alors l’indication d’une voie latérale.
alvéoloantrale. Une embolisation complémentaire des branches de Les extensions à l’apex orbitaire peuvent être désenclavées par voie
la carotide externe controlatérale est souvent nécessaire. antérieure, autrement dit par un abord transfacial et un éventuel
Quant à l’apport vasculaire issu des branches de l’artère carotide bourgeon antérocaverneux peut, dans certains cas, être extirpé par
interne en cas d’extensions intrasphénoïdales ou intracrâniennes, cette même voie.
3
46-210 Chirurgie du fibrome nasopharyngé Techniques chirurgicales
Les extensions latérocaverneuses peuvent nécessiter le recours à une d’extension au foramen déchiré ou à la région para-tonsillo-sous-
voie sous-temporale. tubaire. En fonction de la largeur de l’ethmoïde postérieur et du
Enfin, les exceptionnelles atteintes de l’étage antérieur justifient, récessus sphénoethmoïdal, il peut être utile de réaliser à ce stade
lorsqu’elles sont importantes, une voie transbasale ou sous-faciale, une ethmoïdectomie postérieure. Elle présente l’intérêt d’exposer et
en sachant que le FNP a un développement essentiellement donc de repérer la paroi interne d’orbite qui est en arrière dans le
extradural, ce qui permet dans les formes modérées de le même plan parasagittal que la paroi interne du sinus caverneux. De
désenclaver et le décoller de la méninge sans avoir recours à une plus, en cas de récessus sphénoethmoïdal étroit, ce geste permet
craniotomie. d’avoir un jour satisfaisant sur la paroi antérieure du sphénoïde.
Enfin, il existe des formes intracrâniennes que l’on peut à certains Dès lors, la tumeur est abaissée, puis clivée de la ptérygoïde. Un
égards considérer comme inextirpables sauf à réaliser une éventuel prolongement dans la racine des ptérygoïdes,
intervention extrêmement mutilante : l’envahissement massif rétroptérygoïdien ou dans le corps du sphénoïde, sera désenclavé
antérocaverneux ou inférocaverneux avec engainement de la dans le même temps. La tumeur est alors basculée de haut en bas
carotide interne, l’extension au canal optique. Certains préconisent dans le cavum et l’exérèse se termine par la section de la muqueuse
alors une radiothérapie externe [11, 20, 25], qui permet un contrôle local rhinopharyngée adhérente à la tumeur. Dans le cas des tumeurs de
mais expose à des troubles de croissance, une insuffisance volume important, ce temps sera plus aisément réalisé par voie
hypophysaire, voire une transformation maligne [8, 17]. endobuccale en rétractant le voile. La tumeur est alors extraite par
la cavité buccale.
Nous décrivons successivement la voie transnasale, la voie
transfaciale, puis plus succinctement les autres voies d’abord. Vient ensuite le temps du contrôle de l’exérèse. Il est alors impératif
de contrôler chacune des régions anatomiques précédemment
repérées sur l’imagerie lors de l’élaboration de la planification
VOIE TRANSNASALE SOUS GUIDAGE ENDOSCOPIQUE opératoire, qu’il s’agisse des extensions intraosseuses, ou encore des
Le matériel de base de la chirurgie des sinus sous guidage extensions dans les parties molles. Ce temps est particulièrement
endoscopique est requis : optique rigide de 4 mm à vision droite ou fructueux en arrière des ptérygoïdes, pour déceler d’éventuels
oblique (30°), caméra vidéo ayant une sensibilité particulièrement reliquats souvent intraosseux, en particulier dans le corps du
élevée, gaine lavante (modèle Microfrance ou Storz), source de sphénoïde ou dans la racine des ptérygoïdes.
lumière froide au xénon, jeu de pinces Blakesley, ciseaux L’extension à la fosse ptérygopalatine pose un problème particulier
d’endoscopie, curettes droites et courbes. Un ciseau frappé droit, lorsque la tumeur n’a que peu modifié le squelette. Le prolongement
voire courbe, est également utile, de même qu’une pince de tumoral est en effet masqué par l’apophyse verticale du palatin.
Kérisson. L’exérèse nécessite alors la réalisation d’une large méatotomie
Une coagulation est indispensable : pince bipolaire de cœlioscopie moyenne, puis l’exérèse de l’apophyse verticale du palatin et de la
modifiée et électrode monopolaire gainée. paroi postérieure du sinus maxillaire. Ce geste est réalisé au ciseau
L’utilisation d’un moteur est souvent nécessaire : pièce à main avec frappé, en utilisant un ostéotome courbe introduit par la fosse nasale
canal irrigateur adaptée aux fraises de 11 cm de long. Les homo- ou controlatérale. Le fragment osseux est alors soulevé à
instruments de type shaver ne sont pour l’instant pas adaptés à ce l’aide d’une curette. On peut alors visualiser le prolongement
type de résection car ils dérapent sur cette tumeur particulièrement tumoral qui doit être soigneusement séparé du nerf sous-orbitaire à
fibreuse. sa sortie du foramen rond et juste avant qu’il ne pénètre dans son
Le saignement peropératoire est limité par l’embolisation canal. Cette manœuvre peut s’avérer particulièrement délicate si
préopératoire, la rétraction de la muqueuse, les tamponnements survient un saignement intempestif de la terminaison de l’artère
répétés avec des mèches imbibées d’adrénaline au 1/1 000 et enfin maxillaire interne insuffisamment bloquée par l’embolisation, ou
l’hypotension contrôlée, comme au cours de toute intervention encore lorsqu’il existe également un envahissement de l’apex
sinusienne sous guidage endoscopique. orbitaire par la fissure orbitaire inférieure car le nerf est alors
véritablement engainé par la tumeur. C’est alors l’intérêt d’une voie
Du fait de l’étroitesse de la fosse nasale et du volume du fibrome, il
transfaciale de permettre un volet postérieur plus externe permettant
est impératif d’éviter de morceler la tumeur et de déclencher un
d’extraire la tumeur de haut en bas et de dehors en dedans.
saignement. Dès lors que le volume tumoral est un tant soit peu
important, l’exérèse débute par une turbinectomie inférieure, voire L’extension dans la fosse ptérygoïdienne survient après que la
moyenne, qui permet d’avoir un large jour sur la choane, le foramen tumeur a lysé la partie haute de l’aile interne de la ptérygoïde. Elle
sphénopalatin et le récessus sphénoethmoïdal. La dissection s’engouffre alors entre les deux ailes parfois sur toute leur hauteur.
tumorale est alors débutée en refoulant la tumeur d’avant en arrière, L’exérèse de ce prolongement impose un fraisage du massif
en réalisant si nécessaire une méatotomie moyenne, et en coagulant ptérygoïdien ou au moins de l’aile interne qui forme la paroi latérale
le pédicule sphénopalatin. Celui-ci n’est souvent pas clairement de la choane.
individualisable du fait des remaniements tumoraux et de L’extension dans les parties molles du cavum est difficile à visualiser
l’embolisation qui assèche véritablement l’artère sphénopalatine. S’il en peropératoire et il faut donc se résoudre à pratiquer l’exérèse des
existe un prolongement tumoral dans la fosse ptérygopalatine, son zones de prise de contraste au scanner. Ceci amène parfois à
exérèse sera recontrôlée après ablation de l’essentiel de la tumeur. squelettiser le toit du cavum en dessous du sinus sphénoïdal parfois
L’abord de cette fosse est en effet malaisé à ce stade. jusqu’au clivus. Latéralement, l’exérèse peut mener au foramen
Il faut alors évaluer si la tumeur a une large implantation sur l’arche déchiré dont l’orifice inférieur ne répond qu’à des insertions
choanale, voire sur le vomer. Si tel est le cas, la résection de la partie fibreuses.
postérieure de la cloison et du vomer, sans conséquence L’exérèse de la totalité de la tumeur est marquée par l’arrêt du
fonctionnelle, permet de basculer la tumeur sur son insertion saignement dans la cavité opératoire. Même les branches artérielles
postérieure (toit du cavum et plancher du sinus sphénoïdal) et sur de la carotide interne se spasment aisément, et il n’y a guère que les
son insertion latérale (aile interne de la ptérygoïde). Vis-à-vis de vaisseaux tumoraux qui demeurent béants et entretiennent le
l’envahissement dans le sinus sphénoïdal, celui-ci se fait non pas saignement, voire déclenchent une épistaxis parfois cataclysmique
par l’ostium mais par le canal ptérygoïdien, autrement dit par le dans les suites opératoires.
plancher du sinus sphénoïdal [16]. Le désenclavement de la tumeur
nécessite donc de réaliser une sphénotomie abaissée jusqu’au Afin d’éviter une nouvelle anesthésie pour déméchage, la cavité
plancher du sinus. Cette sphénotomie a de plus l’intérêt, en cas de opératoire est tapissée de mèches résorbables type Surgicelt.
sinus très pneumatisé, de préciser la situation de l’artère carotide Le patient subit ensuite un scanner de contrôle avec injection à j1 ou
interne dans le sinus, et même parfois la hauteur de sa portion j2. Si ce dernier est normal, il quitte alors le service vers le cinquième
horizontale intrapétreuse, ce qui présente un intérêt majeur en cas jour et est suivi durant quelques semaines pour des soins de cavité.
4
Techniques chirurgicales Chirurgie du fibrome nasopharyngé 46-210
5 Vue anatomique de la
face. Tracé du volet osseux
au cours de la voie transfa-
ciale. Le pilier canin est pré-
servé, y compris lorsque
l’importance du développe-
ment latéral de la tumeur
impose une résection com-
plémentaire de la paroi pos-
térieure du sinus maxil-
laire.
*
A intercartilagineuses en dehors, rejoignant en bas l’orifice piriforme
et l’épine nasale dégagés par la voie sous-labiale. Afin d’éviter toute
sténose secondaire, l’incision vestibulaire a un aspect en « virole »,
l’incision intercartilagineuse se poursuivant en arrière vers le
plancher de la fosse nasale, puis revenant vers l’avant dans un plan
parasagittal vers l’épine nasale.
Le lambeau musculocutané jugal est ensuite décollé en sous-périosté
de façon à exposer la face antérieure du sinus maxillaire et les os
propres du nez du côté à opérer. En dehors, le cintre malaire est
dégagé ainsi que la partie toute externe de la paroi postéroexterne
du sinus, en réclinant soigneusement les parties molles de façon à
éviter que la boule graisseuse de Bichat ne vienne saillir dans le
champ opératoire et gêner la vision chirurgicale. En haut, le rebord
orbitaire inférieur est exposé de part et d’autre du nerf sous-
orbitaire, dont l’émergence est prudemment dégagée afin d’éviter
toute traction à son niveau. À la partie interne du plancher orbitaire,
le décollement s’arrête à la gouttière lacrymale. En bas et en dedans,
le bord externe de l’orifice piriforme est dégagé de haut en bas
jusqu’au plancher des fosses nasales. La lame mucopériostée inter-
sinusonasale est désinsérée avec l’attache du cornet inférieur et
réclinée en dedans vers la fosse nasale.
Depuis l’utilisation de l’endoscope pour compléter l’exérèse et afin
*
B de réduire l’incidence des séquelles, les dimensions du volet osseux
ont été réduites (fig 5). Auparavant, la nécessité d’une exposition
4 Abord du type « degloving ». aussi large que possible contraignait à déposer un volet fronto-naso-
A. Incision bivestibulaire. La face antérieure des maxillaires est exposée jusqu’à
l’émergence du nerf sous-orbitaire.
orbito-maxillaire avec section de la voie lacrymale et neurolyse du
B. Après incision transfixiante interseptocolumellaire et intertrianguloalaire, les nerf sous-orbitaire. Ceci exposait à une sténose secondaire des voies
tissus mous de la pyramide nasale sont réclinés vers le haut. L’intervention lacrymales, à des dysesthésies prolongées dans le territoire du nerf
se poursuit alors par la taille du volet osseux. sous-orbitaire et enfin à des troubles de croissance du massif facial.
Ce volet osseux transfacial doit permettre une exposition de la partie
En revanche, s’il existe la moindre prise de contraste suspecte, une la plus externe de la fosse infratemporale et permettre un contrôle
révision de la cavité opératoire est planifiée dans les 48 heures sous efficace de l’artère maxillaire interne. Il doit de plus être remis en
anesthésie générale. place en fin d’intervention afin de prévenir une asymétrie de
croissance verticale du maxillaire, voire la rétraction des parties
molles. C’est pourquoi les classiques voies d’abord à os perdu, type
VOIE TRANSFACIALE PAR « DEGLOVING » Rouge-Denker, sont déconseillées, d’autant qu’elles ne fournissent
La voie d’abord doit fournir une exposition large et adaptée avec un qu’une exposition très insuffisante.
préjudice esthétique minimal. Deux types d’incision sont possibles : Le tracé du volet passe en avant de la gouttière lacrymale. La voie
l’incision paralatéronasale et le degloving. Cette dernière a l’avantage lacrymale est donc laissée en place sans mobilisation, alors que son
d’éviter toute cicatrice cutanée tout en procurant une exposition canal osseux est sectionné franchement au-dessus du cornet
largement suffisante pour la plupart des tumeurs [5, 12, 24]. Elle associe inférieur. À la fraise de Lindemann, on réalise une ostéotomie
un abord vestibulaire bilatéral et un décollement de la pyramide horizontale sous le rebord orbitaire qui contourne l’orifice du nerf
nasale de type rhinoplastie (fig 4). sous-orbitaire et passe nettement au-dessous du niveau du canthus
Après infiltration du sillon vestibulaire et des tissus sous-cutanés de interne, immédiatement en avant du canal lacrymal, et se poursuit
la pyramide nasale, l’incision muqueuse bivestibulaire permet de en dedans vers l’os propre du nez. En dehors, elle se dirige vers le
dégager les orifices piriformes, l’épine nasale et la face antérieure corps du malaire. Elle devient alors oblique en bas et en dehors
des sinus maxillaires, et vient rejoindre les deux incisions réalisant une ostéotomie oblique du corps du malaire. Enfin, en bas,
vestibulaires ellipsoïdes, interseptocolumellaires en dedans et l’ostéotomie redevient horizontale sur la face antérieure du sinus
5
46-210 Chirurgie du fibrome nasopharyngé Techniques chirurgicales
maxillaire et rejoint la portion inféroexterne de l’orifice piriforme. totalité de l’exérèse puisqu’elle fait référence à une imagerie
On prend soin chez l’enfant d’éviter les germes dentaires de même préopératoire. On imagine l’aide que pourrait représenter avant la
que l’apex de la canine. fermeture la réalisation d’un nouveau bilan d’imagerie. Cette
Avant de déposer le volet ainsi tracé, des trous pairs et transfixiants limitation est heureusement partiellement contournée par la
sont réalisés de part et d’autre du tracé, afin de permettre en fin possibilité de réaliser précocement un scanner postopératoire suivi
d’intervention sa contention par fils. Le volet facial est mobilisé le cas échéant d’une reprise par voie endoscopique dans une cavité
après avoir réalisé deux ostéotomies horizontales de la cloison inter- opératoire peu remaniée par les processus cicatriciels.
sinusonasale au ciseau droit frappé, respectivement à hauteur du Tout saignement se prolongeant doit faire suspecter la persistance
plancher de la fosse nasale et au-dessus du cornet inférieur. La d’un reliquat tumoral et conduire à une nouvelle exploration. On
cloison intersinusonasale se fracture et l’on dépose le volet facial. tapisse ensuite les parois de la cavité opératoire avec des pansements
Une fois le volet déposé, la lame mucopériostée intersinusonasale, résorbables afin d’éviter au maximum le traumatisme du
préalablement décollée de la paroi externe de la fosse nasale, est déméchage, douloureux et susceptible de déplacer le volet osseux.
incisée verticalement le long de l’orifice piriforme et le lambeau Le volet osseux est alors méticuleusement ostéosynthésé en utilisant
antérieur est refoulé contre la cloison. Il permet une couverture de préférence des sutures lentement résorbables afin de ne pas gêner
rapide du volet osseux remis en place. la surveillance radiologique ultérieure. On réamarre alors la sangle
La cloison intersinusonasale est alors réséquée jusqu’à la fissure musculaire péribuccale à l’épine nasale avant de suturer les incisions
ptérygopalatine, avec le cornet inférieur, en respectant en haut et en vestibulaires nasales et buccales.
avant la muqueuse du canal lacrymal. Ceci donne un jour large sur
Soins postopératoires
la tumeur. En fonction de l’extension à la fosse infratemporale, il est
alors le plus souvent nécessaire de réséquer la paroi postérieure du Des lavages des fosses nasales sont nécessaires durant plusieurs
sinus, voire la paroi postéroexterne du maxillaire supérieur et la semaines afin de limiter la formation de croûtes.
partie inférieure du contrefort malaire afin d’avoir un jour suffisant
sur la fosse infratemporale. Les éléments vasculaires, nerveux et AUTRES VOIES D’ABORD
graisseux de la fosse infratemporale peuvent alors être exposés. La
portion la plus externe de la tumeur est refoulée de dehors en ¶ Voies antérieures transmaxillaires
dedans à l’aide d’un décolleur. L’artère maxillaire interne se tend
alors et peut être clipée et sectionnée. En prenant garde à ne pas le Voie de Rouge-Denker [2]
morceler, tout le prolongement tumoral situé dans la fosse Cette voie vestibulaire transantronasale comporte une incision type
infratemporale est alors basculé de dehors en dedans jusque dans la Caldwell-Luc dépassant de 2 cm la ligne médiane, permettant après
fosse nasale, ce qui expose la face antérieure des ptérygoïdes. rugination du périoste la trépanation de la paroi antérieure du sinus
C’est au cours de ce temps opératoire qu’un éventuel prolongement maxillaire et la résection de la cloison intersinusonasale, ainsi que la
orbitaire par la fissure orbitaire inférieure doit être extrait d’arrière mobilisation de la cloison nasale, donnant ainsi accès après
en avant, en prenant garde à l’abaisser par rapport au nerf sous- trépanation de la paroi postérieure du sinus à la partie interne de la
orbitaire autour duquel il s’enroule. fosse infratemporale. En pratique, l’exposition procurée par cette
S’il existe un envahissement de la fosse ptérygoïdienne, le fraisage voie d’abord est exiguë par rapport à celle que procure le degloving.
des ailes de la ptérygoïde est nécessaire, poursuivi jusqu’à leur
racine. Au cours de ce temps de fraisage, deux repères sont utiles : Voie transmaxillonasale bilatérale par ostéotomie de Le Fort I
dans un premier temps le toit de l’arche choanale, puisque le Après incision vestibulaire bilatérale, rugination de la muqueuse du
fraisage peut être poursuivi jusqu’à cette hauteur sans risque, et plancher des fosses nasales et désinsertion du septum, l’ostéotomie
dans un second temps le nerf sous-orbitaire à sa sortie du foramen bilatérale permet l’abaissement du plateau maxillopalatin [19]. Cette
rond, dont la hauteur est un repère du plancher de l’étage moyen. voie, quoique séduisante par l’absence de séquelles esthétiques, ne
En arrière des ptérygoïdes, le foramen ovale se trouve dans l’axe de donne pas accès à la partie supérieure, postérieure et surtout externe
la racine de l’aile externe. La proximité du nerf maxillaire inférieur de la fosse infratemporale. De plus, l’accès postérieur est malaisé
est annoncée par les contractions des muscles masticateurs puisque le plateau a tendance à basculer vers le bas autour d’une
déclenchées par la coagulation. La réclinaison, voire la résection, du charnière postérieure.
muscle ptérygoïdien latéral permet de découvrir le IIIe ventricule et
l’artère méningée moyenne située juste en arrière du nerf. ¶ Voies d’abord transmandibulaires
Juste en dedans et en bas, un éventuel prolongement paratubaire est
habituellement aisément mobilisé et abaissé vers le cavum. La fin de Voie de Dingman et Conley [10]
l’exérèse a été rapportée précédemment à propos de la technique Par une incision arciforme menée de la pointe de la mastoïde à la
endoscopique. En fonction des données du scanner, l’exérèse doit symphyse mentonnière, on réalise une ostéotomie horizontale basse
être poursuivie vers le toit du cavum, voire latéralement vers le de la branche montante de la mandibule. L’accès à la région rétro-
foramen déchiré, emporter le cas échéant la partie postérieure du maxillomalaire et à la région ptérygoïdienne est satisfaisant, en
vomer et la face antérieure du sphénoïde. Le temps ultime de revanche l’accès à la région ptérygopalatine est malaisé. De plus,
l’exérèse est représenté par la section des dernières attaches elle entraîne la section du nerf alvéolaire inférieur.
muqueuses dans le cavum. En présence d’une masse tumorale
importante, ce temps est au mieux réalisé en glissant par voie Voie décrite par Legent et al [15]
endobuccale un doigt dans le cavum, ou en accouchant la tumeur On réalise, grâce à une incision préauriculaire poursuivie dans la
par l’oropharynx en rétractant le voile. région cervicale, une ostéotomie mandibulaire haute, au-dessus de
Une fois ce temps « macroscopique » d’exérèse réalisé, il est utile l’épine de Spix, permettant la conservation du nerf dentaire inférieur
d’inspecter la cavité opératoire à l’optique, en passant en revue et du nerf lingual. Là encore, le principal inconvénient de cette voie
méthodiquement chacune des régions anatomiques initialement réside dans la difficulté d’accès à la partie haute de la fosse
concernées par le processus tumoral. ptérygomaxillaire et de la région rétromaxillomalaire.
L’examen de la pièce permet théoriquement de s’assurer que le FNP
ne présente pas de zones cruentées témoignant de l’arrachement Voie de Biller ou voie cervicotransorale avec mandibulotomie
d’une digitation tumorale. Cependant, c’est l’expérience du médiane [3]
chirurgien qui, en dernier ressort, constitue le meilleur garant d’une Elle réalise un abord antéro-inférieur de la fosse infratemporale, la
exérèse complète. La navigation assistée par ordinateur telle qu’elle progression chirurgicale se faisant le long du ptérygoïdien médial.
se développe aujourd’hui ne permet pas encore de s’assurer de la L’incision cervicale est tracée de la pointe de la mastoïde jusqu’au
6
Techniques chirurgicales Chirurgie du fibrome nasopharyngé 46-210
bord latéral du corps de l’os hyoïde et remonte en avant de la Brièvement, l’abord du rhinopharynx se fait par une grande incision
symphyse mentonnière, avec section labiale inférieure. Les gros en « C » rétroauriculaire, tracée 3 à 4 cm derrière le sillon
vaisseaux du cou sont disséqués et repérés. Après la réalisation de rétroauriculaire, démarrant en bas au niveau de l’angle mandibulaire
l’ostéotomie mandibulaire et incision de la muqueuse du plancher et poursuivie en « faucille » vers l’avant à l’aplomb du sourcil. La
buccal jusqu’au pilier antérieur du voile, l’hémimandibule est bifurcation carotidienne et la veine jugulaire interne sont exposées
réclinée en haut et en dehors en même temps que la glande sous- et repérées sur lacs. Le conduit auditif externe est suturé. Le facial
maxillaire et le mylohyoïdien libéré de ce dernier. On obtient un est repéré à son émergence du trou stylomastoïdien et le rameau
jour large sur la région ptérygoïdienne jusqu’au foramen ovale, voire frontal est suivi jusqu’à son croisement avec le zygoma. La peau du
sur la trompe d’Eustache et la paroi latérale du cavum. En revanche, conduit auditif externe, le tympan, l’enclume et le marteau sont
l’exposition de l’aile interne de la ptérygoïde ou de la fissure retirés et une pétrectomie subtotale est réalisée, respectant le
ptérygopalatine est barrée par la tubérosité maxillaire, dont le labyrinthe et squelettisant le facial depuis son genou jusqu’à sa
sacrifice paraît excessif s’agissant d’une pathologie bénigne ; de portion extracrânienne. Le muscle temporal est décroché de son
même l’abord d’un éventuel prolongement dans la fosse temporale insertion dans la fosse temporale et récliné vers l’avant et le bas.
est impossible. Cette voie par ailleurs très anatomique entraîne L’arcade zygomatique est sectionnée après avoir réalisé les trous
souvent un trismus sévère lié à la dissection des muscles nécessaires à son ostéosynthèse, et refoulée vers le bas. Le segment
ptérygoïdiens, voire au traumatisme de l’articulation vertical de l’artère carotide interne est squelettisé à la fraise
temporomandibulaire. diamantée en prenant garde à ne pas léser la cochlée. La paroi
antérieure du conduit auditif externe est fraisée, puis la capsule de
¶ Voies latérales transzygomatiques
l’articulation temporomandibulaire est libérée aux ciseaux et à la
Ces voies comprennent une incision temporofrontale, prolongée en bipolaire. Le ménisque est retiré et le condyle exposé. L’écarteur de
préauriculaire, qui permet la section de l’apophyse zygomatique. Fisch est alors mis en place, permettant de maintenir le condyle vers
Celle-ci est réclinée vers le bas avec le masséter. Le temporal peut le bas. La cavité glénoïde est alors fraisée, ce qui expose la dure-
alors être décollé de haut en bas et pédiculisé sur le coroné, ou à mère de l’étage cérébral moyen, qui est alors suivie en avant et en
l’inverse récliné vers le haut après section du coroné. Décrite par dedans. L’artère méningée moyenne est coagulée et sectionnée, de
Stricker [22], l’intérêt de cette voie pour les tumeurs bénignes de la même que le nerf mandibulaire. La portion osseuse de la trompe
fosse infratemporale a été souligné par Bordure et al [4]. d’Eustache est fraisée pour exposer la portion horizontale de l’artère
Cette voie peut être poursuivie en incision de parotidectomie, carotide interne, qui est suivie jusqu’au foramen déchiré. Le périoste
l’exposition est alors améliorée en réclinant le condyle mandibulaire de la racine de la ptérygoïde, de la grande aile du sphénoïde et de
vers le bas, et en fraisant le plancher de la fosse cérébrale moyenne. l’aile externe de la ptérygoïde est ruginé, ce qui décroche le muscle
Cette voie préauriculaire sous-temporale dérivée de l’intervention de ptérygoïdien latéral. La racine de la ptérygoïde est alors fraisée. Le
Sekhar [21], est largement détaillée dans le Rapport sur la fosse nerf vidien, qui résulte de la réunion du grand nerf pétreux
infratemporale [14]. Il s’agit d’une voie complexe, qui permet un superficiel et du nerf pétreux profond, est exposé, de même que la
contrôle de la base du crâne au prix de séquelles modérées, puisque, muqueuse sphénoïdale. En fonction des extensions tumorales, on
si le rameau frontal du facial peut être traumatisé, la cicatrice est procède :
peu visible et la surdité de transmission temporaire. La séquelle la
plus importante concerne l’articulé : un trismus prolongé est – en cas d’atteinte péritubaire, à une résection de la paroi latérale
possible, de même qu’une latérodéviation de la mandibule en cas du cavum après section des muscles ptérygoïdiens et fraisage de
de résection du condyle. l’aile interne de la ptérygoïde ;
Brièvement, l’incision frontotemporale en « faucille » est prolongée – en cas d’atteinte du sinus sphénoïdal et de la fissure
vers la région cervicale selon le tracé de la parotidectomie. Le tronc ptérygopalatine, au fraisage de la grande aile du sphénoïde,
du facial est disséqué et le rameau frontal est rabattu vers le bas. exposant la dure-mère de la fosse cérébrale moyenne, puis au
Notons que cette même voie d’abord peut être réalisée sans fraisage de la racine de la ptérygoïde ;
dissection du facial, ce qui raccourcit le temps opératoire, sous
– en cas d’atteinte parasellaire, la section du IIe ventricule permet
réserve que la dissection soit menée sous le plan de l’aponévrose
d’exposer la paroi latérale du sinus caverneux en réclinant le lobe
temporale, avec une rugination de la face profonde de l’apophyse
temporal.
zygomatique. L’arcade zygomatique est déposée en la sectionnant le
plus en avant possible et en la réclinant vers le bas avec le masséter. La fermeture est assurée en basculant un lambeau de muscle
Le coroné est sectionné à sa base et le muscle temporal est alors temporal dans la cavité opératoire, puis en effectuant l’ostéosynthèse
basculé vers le haut. Enfin, le condyle mandibulaire est luxé après de l’arcade zygomatique et en comblant les cavités mastoïdiennes
ouverture de l’articulation. En fait, il est souvent nécessaire de le par un lambeau occipital ou de la graisse abdominale.
réséquer. Le toit de la région infratemporale est fraisé après avoir Indépendamment de la complexité de cette voie et des séquelles
été ruginé jusqu’à exposer la dure-mère : ceci revient à fraiser la qu’elle entraîne, l’abord sphénoïdal est là encore très limité.
racine du zygoma, puis la grande aile du sphénoïde jusqu’à la racine
des ptérygoïdes. Après identification de l’artère méningée moyenne ¶ Voie transbasale ou sous-faciale
et du IIIe ventricule, le fraisage de la racine des ptérygoïdes conduit
au foramen rond, à la fissure ptérygopalatine et à la paroi latérale Nous renvoyons le lecteur aux autres chapitres de ce traité décrivant
du cavum. La fermeture comprend le comblement de la cavité cette voie d’abord. Ces voies d’abord ne sont justifiées que dans les
opératoire par un lambeau de temporal ou de la graisse, la rares extensions massives à l’étage antérieur. Elles présentent
reposition du temporal avec ostéosynthèse du coroné et l’inconvénient de sacrifier l’olfaction.
l’ostéosynthèse du zygoma.
Notons que du fait de son obliquité, cette voie d’abord permet un
contrôle satisfaisant du cavum et de la fosse infratemporale. En Cas particulier de l’extension
revanche, l’exposition de la majeure partie du sinus sphénoïdal est
ici impossible. intracrânienne
Certains réalisent cet abord latéral au prix d’une pétrectomie
antérieure : c’est la voie infratemporale de type C de Fisch [11]. Grâce aux progrès de l’imagerie, l’extension intracrânienne concerne
L’inconvénient principal de cette voie d’abord réside dans la surdité aujourd’hui peu de FNP. Pendant longtemps, ces tumeurs étaient
de transmission de 60 à 80 dB qu’elle engendre du fait de l’ablation considérées comme au-delà de toute ressource thérapeutique. Si une
du système tympano-ossiculaire et du comblement des cavités de exérèse partielle était tentée, celle-ci laissait en place un reliquat
l’oreille moyenne. tumoral qui, s’il était parfois susceptible d’involuer, pouvait tout
7
46-210 Chirurgie du fibrome nasopharyngé Techniques chirurgicales
autant être à l’origine d’une récidive. Les progrès de l’imagerie, de massives du sinus caverneux, habituellement par voie antéro- ou
l’embolisation et des techniques chirurgicales ont permis que inférocaverneuse, avec parfois engainement du nerf optique. Dans
certaines extensions intracrâniennes puissent bénéficier d’un ces situations actuellement exceptionnelles, la plupart des opérateurs
traitement radical. refusent de pratiquer une chirurgie mutilante. En effet, les
En pratique, les extensions latérocaverneuses sont en général dissections des éléments du sinus caverneux sont théoriquement
extradurales [1], externes au sinus caverneux, et leur exérèse peut être possibles puisque celui-ci n’est pas constitué, comme on l’a souvent
réalisée par voie latérale, voire par voie antérieure [9], sans qu’un décrit, d’un lac sanguin baignant les nerfs oculomoteurs et la
double abord antérieur et latéral doive être envisagé [6] . Les carotide interne, mais plutôt d’un réseau plexiforme de veines
extensions antérocaverneuses peuvent dans certains cas être entourant la carotide interne et les nerfs oculomoteurs [23]. Cependant
désenclavées par voie antérieure. Les extensions médiocaverneuses dans le cadre des FNP, l’adhérence tumorale est telle que le risque
sont contrôlées par abord antérieur du sphénoïde au mieux sous d’ophtalmoplégie voire de cécité peut être considéré comme majeur.
guidage endoscopique. Le vrai problème est celui des atteintes Ces patients sont pour la plupart pris en charge par radiothérapie.
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8
¶ 46-160
Le sinus frontal est sans doute celui qui pose le défi le plus sérieux aux chirurgiens du nez et des sinus ; non
seulement par l’anatomie complexe de ses voies de drainage, ou par la proximité de structures vitales qui
peuvent rendre difficile la dissection à ce niveau, mais aussi par la difficulté à obtenir des résultats
fonctionnels régulièrement satisfaisants. D’ailleurs, la diversité des techniques chirurgicales dans le
traitement des pathologies frontales témoigne de cette difficulté. Ce chapitre a pour objectif de présenter
les principales techniques chirurgicales employées dans le traitement des pathologies non tumorales et
non traumatiques du sinus frontal. Les techniques décrites s’adressent essentiellement à la sinusite
frontale chronique, pathologie qui très souvent est étroitement liée à une affection ethmoïdale antérieure
ou à des antécédents chirurgicaux au niveau du récessus frontal. Ainsi, deux grandes catégories de
techniques chirurgicales ont été décrites. Les premières sont dites de reperméabilisation et visent
directement à rétablir une voie de drainage et de ventilation des cavités frontales. Actuellement, un grand
nombre de ces techniques de reperméabilisation sont réalisées par voie endoscopique, ce qui permet en
général de diminuer la morbidité chirurgicale. Cependant, des indications persistent pour certaines
techniques de reperméabilisation par voie externe. À l’opposé, lorsqu’il n’est plus possible de
reperméabiliser et de rétablir un drainage physiologique, on peut employer des techniques d’exclusion
sinusienne par comblement. La muqueuse du sinus est alors éradiquée dans sa totalité, le sinus est
comblé par un matériel biologique ou synthétique, et toute communication nasofrontale est oblitérée.
Une autre technique qui en général n’est pas très accessible à l’oto-rhino-laryngologiste est la
crânialisation des sinus frontaux. Cette dernière en effet nécessite une collaboration étroite avec une
équipe neurochirurgicale. Quelle que soit la technique choisie, les résultats ne sont pas toujours à la
hauteur de la performance technique, et chacune peut présenter un certain nombre de complications. La
chirurgie du sinus frontal reste aux chirurgiens experts.
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Figure 7.
A. Lambeau d’insertion turbinale. 1. Nouvel arc d’insertion du cornet moyen ; 2. lame papyracée ; 3. lambeau de muqueuse turbinale replié sur la face latérale
du cornet ; 4. cornet inférieur ; 5. ostium sphénoïdal ; 6. trompe d’Eustache.
B. Variante technique : lambeau de muqueuse de la branche montante du maxillaire pour revêtir la partie antérieure et latérale du récessus frontal disséqué.
1. Branche montante du maxillaire (os à nu) ; 2. lambeau muqueux ; 3. lame papyracée ; 4. méatotomie moyenne ; 5. cornet supérieur ; 6. ostium sphénoïdal ;
7. cornet moyen ; 8. cornet inférieur.
Un avantage de la technique de Draf II est qu’elle permet lavages. Cela permet d’éliminer les caillots sanguins et de
d’obtenir un élargissement du tractus de drainage nasofrontal réduire la formation de croûtes lors des premières étapes
avec une morbidité réduite. Elle permet aussi de traiter des postopératoires. [14]
problèmes de sinusite frontale unilatérale tout en respectant le Le principal avantage de la chirurgie de Lothrop par voie
côté opposé. [28] Il est recommandé cependant de réserver cette endoscopique est qu’aucune incision externe n’est pratiquée
technique à des cas où les dimensions antéropostérieures du alors que l’on obtient l’ouverture anatomique la plus large
sinus frontal sont suffisantes pour permettre la création d’un possible. [13, 28, 35] Cette technique est une excellente ressource
néo-ostium qui aura au minimum 5 mm de diamètre, car dans lorsque l’on fait face à une sinusite frontale chronique rebelle
les cas contraires, les risques de resténose semblent très au traitement médical et où d’autres techniques chirurgicales
importants. [28] ont échoué. Elle a même été employée dans certains cas d’échec
d’une chirurgie de comblement sinusien pour rétablir un
Technique de Draf III ou Lothrop endoscopique drainage nasofrontal large. [11, 14, 39]
Cette technique est indiquée en cas d’échec des techniques Elle a cependant des limites, et ne doit pas être effectuée
précédentes dans le traitement des sinusites frontales chroni- quand la dimension antéropostérieure des sinus frontaux est
ques rebelles (Fig. 8). [11-14, 27, 28, 31, 34-43] étroite car cela met en danger la base de crâne antérieure. [14, 35]
Elle repose sur les principes chirurgicaux décrits par Lothrop Il ne faut pas oublier que médialement, la limite postérieure de
en 1899, [34] en garde les avantages, mais est exempte d’une la dissection est directement la lame criblée et la fosse olfac-
grande partie de la morbidité associée à la technique décrite par tive. [14] Dans certains cas aussi, le bec osseux de l’union
voie externe. nasofrontale peut être très épais et formé d’os très compact, ce
L’intervention débute par la résection d’une fenêtre ostéo- qui rend le fraisage difficile et dangereux à ce niveau. [35]
chondrale d’environ 2 x 2 cm au niveau du septum, sous les os D’après Gross, [35] certaines pathologies comme la polypose
propres du nez, à hauteur de l’union nasofrontale et de l’union nasosinusienne, la rhinite allergique non contrôlée, le syndrome
du cartilage quadrangulaire avec la lame perpendiculaire de de Fernand Widal, la sarcoïdose et la granulomatose de Wegener
l’ethmoïde. [14] La limite postérieure de la fenêtre septale doit peuvent assombrir les résultats.
correspondre au niveau du bord antérieur du cornet moyen. La Une autre cause d’échec peut être attribuée au non-respect de
fenêtre est élargie inférieurement jusqu’à ce qu’elle permette la muqueuse de la paroi postérieure des sinus frontaux, les
une manipulation aisée des instruments dans le méat moyen à risques de resténose du néocanal étant plus importants. [35]
partir de la fosse nasale controlatérale. [14] Dans la plupart des La technique de Draf III, ou Lothrop endoscopique, nécessite
cas, l’ethmoïdectomie antérieure et la dissection des récessus aussi un chirurgien expérimenté car elle est techniquement
frontaux ont déjà été réalisées lors de gestes chirurgicaux difficile. Des complications peuvent survenir, même si elles sont
précédents. Si ce n’est pas le cas, le chirurgien doit les réaliser peu fréquentes lorsque les précautions nécessaires sont prises.
avant de continuer avec le reste de l’intervention. [13] Parmi celles-ci, les plus importantes seraient : la brèche méningée
Par la suite, on procède à l’identification de l’ostium frontal au niveau de la base de crâne, l’effraction orbitaire avec la
de manière bilatérale. Pour ce faire, le chirurgien peut s’aider de formation d’un hématome intraorbitaire, et l’hémorragie. [39] Le
la pose d’un clou de Lemoyne et de l’irrigation d’une solution chirurgien doit être capable de faire face à toutes ces éventualités.
colorée à travers celui-ci. [13, 14] La navigation assistée par
ordinateur peut aussi être utile pour repérer le tractus de Sinusotomie frontale transseptale par voie
drainage nasofrontal. [35, 39] endoscopique
Une fois que les deux ostia frontaux sont identifiés, des
Cette technique ressemble sur plusieurs points au Lothrop
sondes fines en acier peuvent être mises en place à travers ceux-
endoscopique. La différence est que la trépanation frontale est
ci, et laissées en place durant tout le geste, afin d’avoir un
médiane, directement en dessous de l’insertion du septum qui
repère visuel permanent de la limite postérieure de la dissection
est préalablement déplacé. Une fenêtre septale ostéochondrale
et de protéger la base du crâne et l’artère ethmoïdale anté-
est créée de la même manière que dans la technique de Lothrop
rieure. [13] La muqueuse des surfaces nasales des deux planchers
et le fraisage du plancher sinusien s’effectue sur la ligne
des sinus frontaux, comprise entre les deux récessus frontaux,
médiane, toujours en avant de la limite donnée par l’insertion
est complètement réséquée en laissant l’os à nu. [14] La portion
antérieure des cornets moyens puisque les limites antérieures
haute du bord de section du cartilage septal divise cet espace et
des lames criblées seront invariablement situées en arrière de
sert de repère anatomique en marquant la ligne médiane. [13]
cette structure. [44] Une fois que les cavités sinusiennes sont
Le fraisage est donc commencé d’un côté en réséquant vers
pénétrées, le fraisage se continue jusqu’à communiquer les deux
le haut la paroi antérieure du récessus frontal et en élargissant
ostia frontaux, en respectant encore une fois la muqueuse de la
l’ostium frontal vers l’avant, ce qui permet de réséquer média-
paroi sinusienne postérieure, et en élargissant le néocanal
lement le bec osseux formé par la partie médiane du plancher
jusqu’aux parois orbitaires. [44, 45] Cette technique peut être utile
sinusien. [13, 14] Avec la fraise coudée, tout le plancher sinusien
lorsque les repères anatomiques classiques sont perdus et que
est réséqué latéralement jusqu’à la lame papyracée, et médiale-
l’identification des récessus frontaux est impossible. Elle permet
ment jusqu’au côté controlatéral, en effondrant aussi la cloison
dans ces cas d’obtenir une communication nasofrontale maxi-
intersinusienne. La limite postérieure est la base du crâne qui
male. Elle nous semble cependant plus risquée, surtout parce
doit être directement visualisée pendant toute l’intervention. [13,
14, 35] À l’avant, l’os du bec frontal est fraisé le plus possible que l’on ne visualise pas directement la base du crâne et les
lames criblées durant les premières phases du fraisage, et que les
jusqu’à laisser une fine paroi osseuse entre la glabelle et le
insertions des cornets moyens ne sont pas toujours bien
néocanal. Pour éviter une résection excessive de l’os frontal avec
identifiables.
une déhiscence osseuse ou même une effraction cutanée au
niveau glabellaire, le chirurgien doit palper constamment la
portion haute de la pyramide nasale entre le pouce et l’index ■ Reperméabilisation par voie
afin de contrôler le fraisage de manière tactile. [12]
Le même geste est réalisé ensuite du côté controlatéral et les externe du tractus de drainage
deux canaux fraisés sont unis pour former un large néocanal
nasofrontal unique. [12-14, 35]
frontonasal
La communication nasofrontale ainsi obtenue est la plus
large possible d’un point de vue anatomique. Ses limites sont :
Incisions
la base du crâne en arrière, les lames papyracées de chaque côté, Plusieurs incisions peuvent être proposées pour l’abord
et la glabelle en avant. Le néocanal s’ouvre directement sur les externe du sinus frontal (Fig. 9). Le choix dépend d’une part du
deux fosses nasales (Fig. 8 B). [12-14, 35] préjudice esthétique acceptable pour le patient, et d’autre part
Les clous de Lemoyne peuvent être laissés en place pendant de l’exposition nécessaire au traitement du processus
les premiers 2 à 5 jours afin de permettre la réalisation de pathologique.
Fermeture
Finalement le lambeau cutané, quelle que soit l’incision
choisie au début, est remis en place. Avant la fermeture, des
drains à pression négative sont posés de manière bilatérale afin
d’éviter la formation de séromes ou d’hématomes. Les plans
musculaire, sous-cutané et cutané sont fermés de manière
conventionnelle. [49]
La chirurgie de comblement frontal par voie ostéoplastique
est encore de nos jours une excellente technique dans le
traitement des sinusites frontales chroniques qui n’ont pas
répondu à d’autres techniques chirurgicales moins radicales.
Cependant des complications peuvent se présenter. Lors de
Figure 13. Comblement graisseux du sinus frontal pour exclusion l’intervention, les nerfs et vaisseaux supraorbitaires peuvent être
sinusienne. 1. Périoste suturé ; 2. graisse ; 3. colle biologique ; 4. greffon endommagés, surtout lors de la fracture du volet, ce qui peut
osseux ou poudre d’os ; 5. greffon de péricrâne ou d’aponévrose. provoquer des paresthésies, des névralgies ou même une
anesthésie de la région frontale. [11, 14, 56] Bien que rares, la
pénétration intracrânienne accidentelle avec lacération de la
graisse pour combler la totalité du sinus. Environ 20 % du tissu dure-mère ou la formation d’hématome extra- ou sous-dural
graisseux prélevé sera résorbé, et plus de 50 % sera remplacé par sont des éventualités lors de la création du volet osseux.
du tissu fibreux et néo-osseux à long terme. [56] Lorsque le L’effraction orbitaire avec lésion des tissus mous ou l’apparition
chirurgien ne réalise pas une exérèse complète de la muqueuse, d’hématomes peut aussi survenir. D’autres complications
celle-ci enveloppe les reliquats fibroadipeux en formant des intracrâniennes possibles sont la méningite et l’abcès cérébral,
cavités liquidiennes à revêtement épithélial, qui avec le temps surtout lorsqu’il existe un défaut de la paroi postérieure. En
peuvent se comporter comme des mucocèles. [56] postopératoire, peuvent aussi se présenter l’infection du greffon
Les avantages de la graisse comme matériel de comblement graisseux, la persistance ou la récurrence de la pathologie
sinusien sont multiples. Avant tout, étant un matériel autolo- frontale, l’infection de l’espace sous-galéal, l’ostéomyélite du
gue, le rejet est pratiquement nul. La graisse a par ailleurs une volet frontal, la réépithélialisation de la cavité frontale, la
bonne résistance à l’infection et est facilement prélevée et formation de mucocèles, et la difformité frontale par enfonce-
manipulée. L’emploi de matériels autologues permet par ailleurs ment ou voussure du volet osseux. [11, 14, 56] Dans la littérature
de limiter le coût de l’intervention. Cependant, la nécessité d’ailleurs, le pourcentage d’échec de la chirurgie de comblement
d’un deuxième site opératoire avec sa morbidité associée peut varie entre 20 % et 30 %. [14, 56] Actuellement certains auteurs
être un désavantage. [66] recommandent d’employer des techniques de reperméabilisation
Une fois que le sinus est comblé, le volet osseux antérieur lorsque le comblement sinusien n’est pas efficace. La même voie
peut être remis en place. Il est donc reposé et fixé à l’os ostéoplastique est ainsi utilisée pour l’extraction du matériel de
périphérique par des fils résorbables. Le périoste est repositionné comblement, et pour la reperméabilisation et la pose d’un drain
et suturé de manière non jointive en raison de la rétraction de calibrage. [56]
(Fig. 13).
Crânialisation
Comblement avec sacrifice et reconstruction
La deuxième technique dite d’exclusion du sinus frontal est
de la paroi antérieure du sinus frontal
la crânialisation. L’exécution de cette technique par le chirur-
Lorsque l’on utilise des tissus mous pour le comblement gien ORL n’est pas recommandée car elle nécessite des compé-
sinusien, il est impératif de préserver ou reconstruire la paroi tences neurochirurgicales. La littérature est moins étendue sur
antérieure du sinus afin d’éviter une difformité esthétique du ce sujet. Ses indications sont semblables à celles du comblement
front. Parfois, une infection chronique a provoqué une érosion sinusien par voie ostéoplastique. Elle peut donc être indiquée
de la paroi antérieure du sinus, ne permettant pas de préserver dans des cas où les techniques de reperméabilisation ont
le volet osseux. Une alternative dans ces cas est de reconstruire échoué. La crânialisation peut être aussi indiquée en première
la paroi antérieure par un greffon de calvarium pariétal, d’os intention lorsqu’il existe une pneumatisation excessive des
costal ou iliaque. [51] cellules supraorbitaires (dans ces cas, leur accès peut être
Une deuxième alternative est l’utilisation de l’hydroxyapatite impossible par d’autres voies) ou lorsqu’il existe une destruction
ou d’autres matériaux d’allogreffes qui permettent de combler le de la paroi postérieure des sinus frontaux, soit par des processus
sinus et de reconstruire la paroi antérieure simultanément. [55] ostéolytiques, infectieux, traumatiques ou même tumoraux. [51]
L’hydroxyapatite présente plusieurs avantages. En premier, L’intervention est menée par l’incision bicoronale de Cairns.
elle est facilement modelée et prend la forme désirée pour Un large lambeau de périoste à base inférieure est élevé, et l’on
combler la cavité complètement et redonner un contour frontal crée un large volet frontal englobant les sinus frontaux. On
esthétique. Deuxièmement, c’est aussi un matériel bien toléré, procède ensuite au décollement soigneux de la dure-mère de la
et qui présente une ostéo-intégration excellente avec une paroi postérieure du sinus. Cette dissection se poursuit jusqu’à
néovascularisation et un remplacement osseux progressif. [55] Le l’apophyse crista galli, sans s’étendre plus en arrière car cela
fait que le volet frontal osseux ne peut pas être préservé autorise entraînerait une lésion de la gouttière olfactive. La paroi
le fraisage de la totalité de la paroi sinusienne antérieure. [55, 66] postérieure du sinus frontal peut donc ensuite être réséquée
L’exposition de tous les recoins du sinus frontal est optimale, dans sa totalité. La muqueuse sinusienne est éradiquée et l’on
favorisant ainsi une meilleure éradication de la pathologie et de procède à un fraisage des parois. La muqueuse de l’infundibu-
la muqueuse. lum frontal est invaginée vers la cavité nasale et le canal est
comblé par de l’aponévrose, de la poudre d’os ou un greffon [13] Gross CW, Gross WE, Becker DG. Modified transnasal endoscopic
osseux. Le tout est recouvert de colle biologique. Finalement le Lothrop procedure: frontal drillout. Op tech Otolaryngol Head Neck
volet osseux antérieur est remis en place, la dure-mère est Surg 1995;6:193-200.
suspendue, et le périoste est suturé. Un système de drains à [14] Wormald PJ. Salvage frontal sinus surgery: the endoscopic modified
pression négative est mis en place et l’on procède à la ferme- Lothrop procedure. Laryngoscope 2003;113:276-83.
ture. Lorsque la paroi antérieure est érodée et le volet osseux est [15] Smith TL, Han JK, Loehrl TA, Rhee JS. Endoscopic management of the
inutilisable, un greffon osseux de calvarium pariétal peut être frontal recess in frontal sinus fractures: a shift in the paradigm?
prélevé et mis en place pour remplacer le volet osseux Laryngoscope 2002;112:784-90.
antérieur. [51] [16] Yoon JH, Moon HJ, Kim CH, Hong SS, Kang SS, Kim K. Endoscopic
Cette technique présente cependant plusieurs inconvénients. frontal sinusotomy using the suprainfundibular plate as a key landmark.
Le premier est sans doute qu’elle nécessite la collaboration Laryngoscope 2002;112:1703-7.
étroite avec une équipe neurochirurgicale. Les risques de [17] Agrifolio A, Terrier G, Duvoisin B. Étude anatomique et endoscopique
lacération de la dure-mère, d’hématome extradural et de lésion de l’ethmoïde antérieur. Ann Otolaryngol Chir Cervicofac 1990;107:
du sinus longitudinal existent, et ces complications nécessitent 249-58.
un neurochirurgien entraîné. Par ailleurs, une dissection trop [18] Klossek JM, Fontanel JP. Chirurgie endonasale sous guidance
postérieure vers la crista galli peut entraîner une anosmie. [51] endoscopique. Paris: Masson; 1998.
En postopératoire, d’autres complications peuvent se présenter : [19] Stammberger H. Functional endoscopic sinus surgery. Philadelphia:
nécrose du volet frontal, hypoesthésie frontale, céphalées DC Becker; 1991.
persistantes, fistule de liquide céphalorachidien, ou déformation [20] Kuhn FA. Chronic frontal sinusitis: the endoscopic frontal recess
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du contour frontal.
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La chirurgie du sinus frontal a subi de profonds changements Cervicofac 1947;64:648-55.
depuis l’apparition des techniques endoscopiques endonasales. [24] Lemoyne J. Traitement des sinusites frontales chroniques. Ann
Cependant, le succès n’est jamais garanti et reste souvent limité Otolaryngol Chir Cervicofac 1960;76:745-62.
en raison surtout de la difficulté à opérer dans cette région [25] Lemoyne J. Le point sur la trépano-ponction du sinus frontal. Ann
anatomiquement étroite et complexe qu’est le tractus de Otolaryngol Chir Cervicofac 1974;91:5-12.
drainage nasofrontal. La chirurgie endonasale est devenue elle- [26] Bent 3rd JP, Spears RA, Kuhn FA, Stewart SM. Combined endoscopic
même une des principales causes d’obstruction du tractus intranasal and external frontal sinusotomy. Am J Rhinol 1997;11:349-54.
nasofrontal, notamment lorsque l’on opère au niveau de [27] Draf W. Endonasal micro-endoscopic frontal sinus surgery, the Fulda
l’ethmoïde antérieur et du récessus frontal. Les techniques concept. Op Tech Otolaryngol Head Neck Surg 1991;2:234-40.
utilisées aujourd’hui dans le traitement de la pathologie frontale [28] Weber R, Draf W, Kratzsch B, Hosemann W, Schaefer SD. Modern
ne sont en fait que des reprises de certaines techniques décrites concepts of frontal sinus surgery. Laryngoscope 2001;111:137-46.
pour la plupart il y a plus de 100 ans [48, 72] et, bien que [29] Bolger WE, Kuhn FA, Kennedy DW. Middle turbinate stabilization
modernisées, elles ne sont pas exemptes des mêmes complica- after functional endoscopic sinus surgery: the controlled synechiae
tions et des mêmes limites. technique. Laryngoscope 1999;109:1852-3.
En conclusion, il n’y a pas de technique univoque pour [30] Wormald PJ. The axillary flap approach to the frontal recess.
traiter la pathologie frontale chronique. En revanche, on peut Laryngoscope 2002;112:494-9.
proposer une certaine gradation des solutions à envisager dans [31] Wormald PJ, Chan SZ. Surgical techniques for the removal of frontal
chaque cas particulier. En fait, le choix de la technique utilisée recess cells obstructing the frontal ostium. Am J Rhinol 2003;17:221-6.
dépend aussi de l’expérience et des préférences du chirurgien, et [32] Kang SK, White PS, Lee MS, Ram B, Ogston S. A randomized control
des moyens techniques et matériels dont il dispose. trial of surgical task performance in frontal recess surgery: zero degree
versus angled telescopes. Am J Rhinol 2002;16:33-6.
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A. Jimenez-Chobillon.
R. Jankowski* (r.jankowski@chu-nancy.fr).
Service d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervicofaciale, centre hospitalier universitaire, hôpital central, 54035 Nancy cedex, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Jimenez-Chobillon A., Jankowski R. Chirurgie du sinus frontal (tumeurs et traumatismes exclus). EMC
(Elsevier SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Tête et Cou, 46-160, 2005.
Résumé. – La chirurgie du sinus maxillaire a bénéficié des progrès de l’endoscopie et des techniques
d’imagerie. Une bonne connaissance de l’anatomie est essentielle pour effectuer cette chirurgie. L’anesthésie
locale mérite toujours d’être discutée même si l’anesthésie générale garde des indications. Le guidage
endoscopique est aujourd’hui employé de façon presque systématique, au moins pour certains temps
opératoires. Les diverses interventions sont exposées avec leurs indications, leur technique, leurs
inconvénients et leurs complications. La méatotomie inférieure est actuellement moins utilisée que la
méatotomie moyenne qui autorise une chirurgie plus « fonctionnelle ». L’utilisation des endoscopes a élargi
les possibilités de la chirurgie endonasale et autorise notamment certains gestes par voie transantrale. La
maxillectomie médiane enrichit les possibilités chirurgicales. La technique de Caldwell-Luc, malgré les
séquelles qu’elle entraîne parfois, notamment des douleurs, conserve quelques indications.
© 2002 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Fontanel JP et Klossek JM. Chirurgie du sinus maxillaire en dehors des traumatismes et des tumeurs. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous
droits réservés), Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-140, 2002, 11 p.
46-140 Chirurgie du sinus maxillaire en dehors des traumatismes et des tumeurs Techniques chirurgicales
*
B
*
A
Il est situé sous le cornet moyen (cf fig 16). D’avant en arrière, trois Les risques vasculaires dans la chirurgie du sinus maxillaire sont
reliefs sont identifiables : liés à la présence de vaisseaux dans la partie postérieure du méat
moyen. Le trou (foramen) sphénopalatin siège à ce niveau, sous la
– la bosse lacrymale correspond à la saillie du conduit queue du cornet moyen. Il livre passage à l’artère sphénopalatine
lacrymonasal ; elle siège en avant de l’attache supérieure du cornet qui se divise, dès sa sortie, pour se distribuer au cornet inférieur
moyen ; (artères postérolatérales) et au méat moyen (artères turbinale
– l’apophyse, ou processus unciforme (processus unciné), est visible moyenne et ostiale). C’est le principal risque vasculaire de la
dès l’entrée dans le méat moyen, sous la forme d’une saillie courbée chirurgie endonasale du sinus maxillaire.
vers l’arrière ; elle se termine sous la paroi bullaire ; des variations,
sous la forme d’hypertrophie ou de pneumatisation, sont parfois
rencontrées ; c’est le repère clé de la méatotomie moyenne et de Exploration radiologique du sinus
l’ethmoïdectomie ; maxillaire
– la paroi bullaire est le relief le plus constant et le plus facile à
identifier ; elle correspond à la paroi antérieure de la cellule
intrabullaire ; elle marque la limite supérieure du champ opératoire ÉCHOGRAPHIE SINUSIENNE
maxillaire ; L’échographie sinusienne est, pour certains, utile au diagnostic de
– un quatrième relief est parfois visible juste en avant de l’attache collection intrasinusienne. Elle est peu employée.
supérieure du cornet moyen : l’agger nasi ; il masque souvent la
partie haute du conduit lacrymonasal. Il correspond à la RADIOGRAPHIE STANDARD
pneumatisation importante d’une ou plusieurs cellules
unciformiennes antérieures. C’est fréquemment une découverte Incidence nez-front-plaque (Blondeau) (fig 3)
tomodensitométrique alors même que la pneumatisation n’entraîne
aucun relief endonasal. C’est la plus utilisée pour l’exploration du sinus maxillaire. Elle
permet d’apprécier la taille du sinus (en dehors de certaines
Entre ces reliefs, on décrit des gouttières :
agénésies qui peuvent prendre l’aspect d’une opacité complète). Le
– la gouttière uncibullaire (hiatus semi-lunaire) (cf fig 18) siège entre principal écueil de cet examen est la non-spécificité des images
l’apophyse unciforme et la paroi bullaire ; l’ostium des cellules obtenues, en dehors du classique niveau hydroaérique ou du corps
ethmoïdales antérieures (méatiques et unciformiennes) et du sinus étranger ; elle reste néanmoins un bon examen de « débrouillage ».
maxillaire s’ouvre à ce niveau ;
Incidence de profil
– la gouttière rétrobullaire est formée par la paroi médiale de la
bulle ethmoïdale et la paroi latérale du cornet moyen ; les cellules Elle complète l’incidence de Blondeau pour évaluer le volume
bullaires se drainent à ce niveau. sinusien ou confirmer la présence d’un corps étranger intrasinusien.
2
Techniques chirurgicales Chirurgie du sinus maxillaire en dehors des traumatismes et des tumeurs 46-140
Incidences
4 Tomodensitométrie du
sinus maxillaire en coupe
axiale. 1. Conduit lacrymo- • Coupes axiales (fig 4)
nasal ; 2. sinus maxillaire. Elles sont particulièrement utiles pour l’étude des parois antérieure
et postérieure du sinus ainsi que du conduit lacrymonasal.
Technique
Elle doit mettre en évidence, lors des affections malignes, les limites
exactes de la tumeur et ses extensions extraosseuses, en particulier
orbitaires. L’injection de produit de contraste est utile pour les
tumeurs vascularisées. Dans les maladies inflammatoires, la
muqueuse et les structures osseuses doivent être parfaitement
visibles ; des coupes fines, de 2 mm d’épaisseur, tous les 2 ou 5 mm,
avec de larges fenêtres d’exploration de 250 à 3 000 UH, sont
nécessaires.
*
A
*
B
3
46-140 Chirurgie du sinus maxillaire en dehors des traumatismes et des tumeurs Techniques chirurgicales
8 Sinuscopie maxillaire
gauche par voie mixte :
méat inférieur et fosse ca-
nine. Après 10 à 15 minutes, on peut mettre un nouveau méchage en
place, soit sous le cornet moyen à l’aide d’un guidage optique
(endoscope, microscope), soit sous le cornet inférieur (un éclairage
frontal est souvent suffisant). Ce second méchage n’est pas toujours
indispensable. Quel que soit le nombre de méchages, l’anesthésie
peut être complétée par une injection sous-muqueuse de Xylocaïnet,
avec ou sans adrénaline, au niveau du site opératoire (méat inférieur
et/ou méat moyen). L’intervention peut commencer quelques
minutes plus tard.
permet, par exemple, de confirmer la présence d’un corps étranger ANESTHÉSIE GÉNÉRALE
ou d’une balle fongique dont le traitement purement
« endoscopique » est parfois possible grâce à une double voie La chirurgie du sinus maxillaire ne nécessite aucune technique
d’accès (fosse canine et méat inférieur) (fig 8). spécifique. Le patient doit être mis dans les conditions optimales
Un chapitre de cette encyclopédie est consacré à la technique de pour réduire le saignement local. Cet objectif est d’ailleurs le plus
l’endoscopie maxillaire qui n’est donc pas détaillée ici [6]. Il faut souvent atteint par une technique minutieuse et une préparation
simplement souligner l’intérêt du contrôle endoscopique par voie médicale de la muqueuse nasale. Une hypotension contrôlée est
méatale inférieure et par la fosse canine pour guider certains gestes exceptionnellement nécessaire pour améliorer les conditions locales.
d’exérèse, en particulier dans le bas-fond sinusien. L’utilisation d’un nouveau morphinique, le rémifentanil (Ultivat),
beaucoup plus maniable, permet d’obtenir, dans des conditions de
sécurité très appréciables, un excellent contrôle de la pression
Anesthésie dans la chirurgie du sinus artérielle en peropératoire.
maxillaire
Beaucoup d’interventions peuvent être réalisées sous anesthésie Techniques
locale, accompagnée ou non d’une neuroleptanalgésie. Toutefois, la
durée de l’intervention, le confort opératoire, les souhaits du patient
et du chirurgien peuvent faire préférer l’anesthésie générale. MÉATOTOMIE INFÉRIEURE
¶ But
ANESTHÉSIE LOCALE
Elle doit insensibiliser la face antérieure et/ou médiale (cloison inter- Elle donne accès au bas-fond sinusien et favorise le drainage déclive
sinusonasale) du sinus maxillaire. du sinus maxillaire [8].
La sensibilité de la face antérieure est sous la dépendance des
branches du nerf infraorbitaire (fig 9). Ce nerf, après avoir cheminé ¶ Indications
dans la paroi supérieure du sinus maxillaire, émerge sur sa face Extraction de corps étranger, sinusite chronique lors d’akinésie
antérieure, à environ 1 cm sous le rebord orbitaire, et se distribue ciliaire acquise ou congénitale, plus exceptionnellement sinusite
ensuite aux téguments de la joue. maxillaire chronique (en association à une méatotomie moyenne).
Une injection de quelques centimètres cubes (5 ± 2) de Xylocaïnet,
associée ou non à de l’adrénaline, en regard du trou infraorbitaire, ¶ Anesthésie
assure une anesthésie jugale de 30 à 60 minutes.
L’aiguille est introduite dans le vestibule gingival supérieur et Anesthésie locale ou générale (cf supra).
enfoncée parallèlement à la face antérieure du sinus, jusqu’au point L’infiltration muqueuse du plancher nasal, du méat inférieur et de
d’émergence du nerf, situé 8 à 10 mm sous le rebord orbitaire, en la tête du cornet inférieur complète le méchage.
évitant d’injecter dans le canal infraorbitaire pour ne pas léser le
nerf. ¶ Matériel (fig 10)
L’anesthésie de la cloison intersinusonasale comprend, dans un
– Une pince de Politzer (méchage).
premier temps, l’introduction dans la fosse nasale d’une mèche
imbibée de Xylocaïnet à 5 % naphazolinée. – Une pointe coagulante.
4
Techniques chirurgicales Chirurgie du sinus maxillaire en dehors des traumatismes et des tumeurs 46-140
*
B
*
A
5
46-140 Chirurgie du sinus maxillaire en dehors des traumatismes et des tumeurs Techniques chirurgicales
15 Méatotomie moyenne :
transport mucociliaire dans le
sinus maxillaire. 1. Bulle eth-
moïdale ; 2. cornet moyen ; 3.
ostium maxillaire ; 4. apo-
physe unciforme ; 5. cornet
inférieur ; 6. sinus maxillaire.
6
Techniques chirurgicales Chirurgie du sinus maxillaire en dehors des traumatismes et des tumeurs 46-140
7
46-140 Chirurgie du sinus maxillaire en dehors des traumatismes et des tumeurs Techniques chirurgicales
¶ Variantes techniques
Pour prévenir les synéchies, il est possible, voire indispensable,
d’éliminer toute structure rétrécissant l’accès au méat moyen, tels
un cornet moyen pneumatisé, un cornet moyen à courbure inversée
ou une déviation septale interdisant le passage des instruments. 21 Méatotomie moyenne : repérage de l’artère sphénopalatine. Le trou sphénopala-
Il est parfois utile, dans certaines sinusites anciennes, nécrotiques tin siège 3 à 4 mm au-dessus et en arrière de la berge postérieure de la fontanelle posté-
ou mycosiques, d’agrandir la méatotomie moyenne (en morcelant le rosupérieure, elle-même limite en arrière l’extension de la méatotomie. 1. Ostium sphé-
noïdal ; 2. septum nasal ; 3. fosse nasale ; 4. queue du cornet supérieur ; 5. queue du
dos du cornet inférieur) ou d’y associer une méatotomie inférieure.
cornet moyen ; 6. trou sphénopalatin ; 7. berge postérieure de la fontanelle postéro-
supérieure ; 8. queue du cornet inférieur.
¶ Suites opératoires
Elles sont simples. Des lavages de la cavité nasale et le contrôle Hémorragie peropératoire
endoscopique de la méatotomie suffisent le plus souvent à obtenir Un saignement muqueux diffus est souvent la conséquence d’une
une cicatrisation de bonne qualité. Lorsqu’une mèche ou une inflammation importante ou d’une chirurgie traumatisante. Un
pommade est mise en place, son retrait est effectué 2 à 7 jours après tamponnement de quelques minutes avec un vasoconstricteur en
l’intervention. Le méat est ensuite nettoyé avec une aspiration douce vient fréquemment à bout et l’intervention peut être reprise
pour retirer les croûtes et les sécrétions. Un dépôt hématique est quelques instants plus tard. Si le saignement persiste, il est
souvent présent dans la cavité sinusienne lors du premier soin ; il préférable d’interrompre l’intervention et de la reprendre
doit être aspiré. La cicatrisation définitive est obtenue en 4 à ultérieurement, avec une meilleure préparation de la cavité nasale.
6 semaines. Les blessures vasculaires sont plus rares. Elles peuvent survenir si
la méatotomie est trop agrandie en arrière, sous la queue du cornet
¶ Complications et séquelles moyen où les branches de l’artère sphénopalatine pénètrent dans la
cavité nasale (fig 21). Une coagulation ou un tamponnement avec
Brèche orbitaire un vasoconstricteur permet le contrôle du saignement et la poursuite
Elle doit être reconnue dès sa survenue pour éviter d’aggraver les de l’intervention.
lésions [11]. Pour la prévenir, deux règles doivent être respectées :
Blessure du conduit lacrymonasal
– vérifier, par un examen TDM, la hauteur du plafond sinusien, le
Le repérage de son relief, dès le début de l’intervention, est la
volume sinusien (fig 20), la présence d’une cellule ethmoïdale sous-
meilleure mesure préventive. Le risque de blessure est plus grand
orbitaire (cellule de Haller) ;
avec la technique d’arrière en avant, notamment lorsqu’on utilise la
– proscrire toute trépanation au-dessus de la face inférieure de la pince d’Oström à mors rétrograde. Toute augmentation de la
bulle ethmoïdale. résistance, lors de la progression antérieure de la résection osseuse
Si la paroi orbitaire osseuse est franchie, le périoste protège encore unciformienne, doit alerter le chirurgien. En cas de blessure, un
les structures orbitaires. Si le périoste est franchi, la graisse orbitaire examen minutieux de la voie lacrymale permet de distinguer la
fait saillie dans la cavité opératoire, sa résistance à la traction doit simple ouverture du conduit osseux de la section du canal
alerter l’opérateur. lacrymonasal proprement dit. Dans ce dernier cas, une
La brèche repérée, deux attitudes sont possibles : soit l’intervention dacryorhinostomie ou un calibrage par sonde intracanalaire
peut être poursuivie car la hernie graisseuse est modérée et ne gêne s’impose parfois.
pas la vision opératoire, soit la graisse obstrue le méat moyen et La blessure peut être méconnue lors de l’intervention et se traduire,
empêche toute progression, il faut la refouler prudemment, proscrire dans les jours suivant la méatotomie, par un larmoiement unilatéral.
toute traction et la maintenir, par un méchage glissé dans le méat Une vérification par lavage s’impose. En cas d’obstacle, une
moyen, durant 4 à 8 jours. reperméabilisation par sondage ou chirurgie est réalisée.
8
Techniques chirurgicales Chirurgie du sinus maxillaire en dehors des traumatismes et des tumeurs 46-140
22 A. Méatotomie droite.
B. Méatotomie moyenne : aspect postopératoire. 1. Bosse
lacrymale ; 2. méatotomie moyenne ; 3. dos du cornet
inférieur ; 4. cornet moyen (tête) ; 5. septum nasal ; 6.
fosse nasale.
*
B
*
A
Fermeture
MAXILLECTOMIE MÉDIANE PAR VOIE ENDONASALE
Elle survient plus exceptionnellement que lors d’une méatotomie
inférieure. Il est néanmoins fréquent d’observer une diminution de Si la cloison intersinusonasale peut être abordée pour réaliser une
la taille de la fenestration dans les semaines suivant l’intervention. méatotomie moyenne ou inférieure, de nombreux auteurs soulignent
Une inflammation importante et la non-incorporation de l’ostium à la difficulté d’accéder à la paroi antérieure ou au plancher du sinus
la méatotomie semblent favoriser sa survenue. Une large maxillaire. Un abord sous-labial, par la fosse canine, est alors
nasalisation est souhaitable pour prévenir cet incident en cas souvent proposé en complément. L’essor de l’endoscopie a permis
d’infection ou d’inflammation ancienne et diffuse. d’envisager une alternative : la maxillectomie médiane (fig 23) qui
consiste en la résection complète de la cloison intersinusonasale par
Court-circuit muqueux voie endonasale. L’ablation complète de cette cloison donne un bon
accès à la totalité de la cavité maxillaire et réduit l’intérêt d’une voie
Il s’observe lorsque l’ostium n’a pas été incorporé à la méatotomie.
sous-labiale. La muqueuse est incisée sur le processus frontal du
La persistance d’une rhinorrhée postérieure doit le faire rechercher
maxillaire, puis réclinée vers l’arrière jusqu’à la hauteur de
en postopératoire. Le traitement est simple : il suffit de réunir les
l’insertion de la tête du cornet inférieur qui est sectionnée. Un
deux ouvertures.
fraisage prudent est ensuite entrepris pour entrer dans la partie
inférieure du sinus maxillaire et dénuder le conduit lacrymonasal
CHIRURGIE TRANSANTRALE PAR VOIE ENDONASALE [5] dans sa portion supérieure. Le conduit lacrymonasal est totalement
disséqué et, à l’aide d’un décolleur, la muqueuse est repoussée et
La région rétromaxillaire peut également être abordée
sectionnée d’avant en arrière. La progression, dans la portion
chirurgicalement, soit de façon limitée, pour une biopsie dans la
supérieure, oblige à sectionner le conduit lacrymal. Une section
fosse ptérygopalatine ou la région infratemporale, soit comme un
franche, aux ciseaux, libère la portion supérieure de la cloison inter-
temps opératoire lors d’une exérèse tumorale (angiofibrome).
sinusonasale qui est suivie en arrière jusqu’à la queue du cornet
L’emploi de l’endoscope, soit isolément, soit en complément d’une inférieur. Dans la portion inférieure, le fraisage est continué
voie sous-labiale ou externe améliore la vision de cette région et son parallèlement au plancher nasal, jusqu’à la queue du cornet
accessibilité. inférieur. Une hémostase soigneuse, avec une pointe coagulante,
La technique de l’abord isolé de cette région consiste à réaliser, au prévient toute hémorragie pouvant survenir lors de la section de la
début de l’intervention, une large méatotomie moyenne qui donne portion postérieure qui comporte la résection totale du cornet
une vue complète sur la paroi postérieure. À partir de cette inférieur. Tout ou partie de la muqueuse du sinus maxillaire peut
méatotomie, la paroi postérieure osseuse est trépanée dans la région être retirée dans le même temps ou après l’exérèse de la cloison. Un
postérosupérieure où l’os est le plus fin. La résection extrapériostée fraisage antérieur complémentaire est parfois nécessaire pour obtenir
de l’os se fait latéralement, à l’aide d’une curette mousse ou d’une une vision directe sur la paroi antérieure du sinus. En fin
pince emporte-pièce. La surface de périoste dénudée dépend de la d’intervention, en fonction des gestes endosinusiens effectués, la
pathologie en cause et de l’acte envisagé. Elle doit néanmoins mise en place d’un tampon résorbable ou un méchage de la cavité
permettre de contrôler tous les éléments vasculonerveux de cette maxillaire est parfois utile. La mise en place d’un méchage dans la
région (artère maxillaire). Le périoste est ensuite incisé, entraînant cavité nasale n’est pas indispensable.
9
46-140 Chirurgie du sinus maxillaire en dehors des traumatismes et des tumeurs Techniques chirurgicales
23 Maxillectomie médiane.
1. Processus frontal du maxil-
1 laire à fraiser ; 2. sinus maxil-
3 laire ; 3. conduit lacrymona-
sal ; 4. cornet inférieur.
2
TECHNIQUE DE CALDWELL-LUC
¶ But
C’est l’extraction des lésions et de la muqueuse sinusienne à partir
d’un abord antérieur du sinus [2].
¶ Indications
L’amélioration des systèmes optiques et les progrès de nos
connaissances sur la physiologie sinusienne ont réduit les
indications de Caldwell-Luc au profit d’une chirurgie endonasale
fonctionnelle. Elle doit toutefois rester dans l’arsenal du chirurgien
otorhinolaryngologiste, en particulier en cas d’échec de la
microchirurgie endonasale. Bien effectuée, l’intervention de
Caldwell-Luc n’entraîne que des séquelles réduites. La réalisation
d’une contre-ouverture au niveau du méat moyen, et non dans le
méat inférieur, paraît susceptible d’obtenir des conditions
postopératoires plus physiologiques, tout en améliorant les
conditions de la surveillance postopératoire. Cette méatotomie
moyenne va en effet rester perméable et permettre un contrôle visuel
direct de la cicatrisation endosinusienne.
¶ Anesthésie
Si l’anesthésie locale est possible, beaucoup lui préfèrent l’anesthésie
générale.
10
Techniques chirurgicales Chirurgie du sinus maxillaire en dehors des traumatismes et des tumeurs 46-140
11
46-120
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 46-120
Introduction Généralités
Les pertes de substance du nez sont assez fréquentes dans le cadre RAPPEL ANATOMIQUE
de la pathologie tumorale ou traumatique. Leur réparation pose des
problèmes souvent difficiles ; deux situations différentes sont ¶ Squelette nasal
distinguées selon que la perte de substance est superficielle ou
interruptrice. Le nez comporte un squelette osseux et cartilagineux dont le rôle est
essentiel dans la morphologie nasale :
Les pertes de substance superficielles sont réparées selon quatre
procédés dont les deux plus fréquents sont soit une autoplastie prise – squelette osseux avec l’apophyse montante du maxillaire
sur le nez lui-même ou à partir d’un site adjacent (front, joue), soit supérieur et les os propres du nez ;
une greffe de peau prélevée dans une région proche. – squelette cartilagineux avec le septum nasal, les cartilages
Les pertes de substance interruptrices sont réparées selon deux ou triangulaires et alaires. Le bord antérieur des cartilages triangulaires
trois plans, superficiel, muqueux et éventuellement intermédiaire est réuni à sa partie supérieure au septum septal avec lequel il
(cartilage par exemple). Cette réparation doit être rigoureuse et fusionne. Le cartilage alaire forme une arche avec deux crus réunies
exigeante afin d’assurer une harmonisation de la zone réparée par par le dôme alaire qui arme la pointe du nez. La crus latérale arme
rapport au reste du nez, ou lorsque la perte de substance est totale l’aile du nez dont elle n’atteint pas le bord libre en bas ; en haut, elle
se prolonge avec le bord inférieur du triangulaire par l’intermédiaire
ou subtotale, une restauration morphologique sinon à l’identique,
des sésamoïdes et se situe dans une même enveloppe périchondrale.
ce qui est rarement possible, du moins en harmonie avec le reste du
La crus mésiale se situe au bord antéro-inférieur du septum, arme la
visage. Les greffes composées sont également une possibilité lors de
columelle pour se terminer au contact de l’épine nasale antérieure.
pertes de substance transfixiantes et limitées ; elles assurent des
résultats souvent très satisfaisants à condition d’une technique ¶ Plan de couverture du squelette nasal
rigoureuse.
Il comprend le « superficial musculo-aponevrotic system » (SMAS),
entouré en surface de la peau et d’un plan graisseux superficiel et,
en profondeur, d’un plan graisseux profond et d’un plan fibreux
longitudinal et transversal adhérant au périoste et au périchondre.
Le SMAS est le nom donné par Tessier au fascia superficialis [13, 28] ;
le SMAS est une structure musculoaponévrotique enveloppant toute
Claude Beauvillain de Montreuil : Professeur des Universités, praticien hospitalier. Service d’ORL et de
chirurgie cervicofaciale, Hôtel-Dieu, 44093 Nantes cedex 1, France. la face et entourant les muscles peauciers superficiels ; le SMAS
Vincent Darsonval : Professeur des Universités, praticien hospitalier. Service de chirurgie plastique, CHU, nasal est un élément fibreux mobile sur le plan ostéocartilagineux
49033 Angers cedex, France.
Alain Jourdain : ORL.
enveloppant les muscles peauciers et adhérant en bas au
36, rue Ambroise Paré, 53000 Laval, France. périchondre des alaires.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Beauvillain de Montreuil C, Darsonval V et Jourdain A. Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale. Encycl Méd Chir (Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques
chirurgicales - Tête et cou, 46-120, 2003, 24 p.
46-120 Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale Techniques chirurgicales
¶ Vascularisation du nez
– La vascularisation cutanée artérielle. Les auteurs classiques [53]
considéraient que la vascularisation du nez était assurée par les
branches de l’artère faciale qui s’anastomosait à plein canal avec
l’artère nasale, branche terminale de l’artère ophtalmique.
Les travaux de Mitz [44] et de Ricbourg [50] ont modifié ces notions à
partir de 50 dissections faites chez l’adulte : cinq variétés de l’artère
faciale ont été décrites éventuellement asymétriques chez un même
sujet.
– Type I nasal (78 %) : l’artère faciale se termine par l’artère de
l’aile du nez et constitue avec l’opposée, l’arcade de l’aile du nez.
séparé de la joue, située dans un plan différent, par les sillons naso-
– Type II classique. et alogéniens où pourront se masquer des cicatrices.
– Les types III, IV et V sont plus rares, caractérisés par une artère
coronaire supérieure prédominante (III), une artère faciale ÉTUDE DE LA PERTE DE SUBSTANCE
dédoublée (IV) ou une artère faciale faible (V). ET DES POSSIBILITÉS DE RÉPARATION
Ce réseau artériel présente des artères collatérales dont la plus ¶ Quelle est l’étendue de la perte de substance (PDS)
intéressante est l’artère du sillon nasogénien, rencontrée une fois sur et quelles sous-unités intéresse-t-elle ?
trois, qui assure alors aux lambeaux nasogéniens un authentique
pédicule vasculaire. La perte de substance est-elle superficielle ou au contraire
interruptrice de la pointe du nez ou des ailes, ce qui implique alors
– La vascularisation muqueuse artérielle du nez est assurée par les une réparation avec un double plan superficiel et profond et
branches de l’artère carotide externe (artère sphénopalatine et artère éventuellement intermédiaire ?
faciale) et de la carotide interne (artère ethmoïdale antérieure et
postérieure, branches de l’artère ophtalmique). ¶ Quels sont les rapports entre la perte de substance
– La vascularisation veineuse du nez est moins systématisée : elle et la (ou les) sous-unité(s) adjacente(s) ?
comporte plusieurs troncs veineux horizontaux qui se jettent dans Lorsque la perte de substance siège à l’intérieur d’une sous-unité en
la veine faciale, satellite de l’artère faciale. surface, il est préférable le plus souvent de les faire concorder afin
– Les lymphatiques du nez se jettent dans les nœuds lymphatiques d’avoir une réparation homogène (Le Quang) [27].
parotidiens, sous-mandibulaires et sous-digastriques ; le drainage est Lorsque la perte de substance est à cheval sur deux ou plusieurs
bilatéral. sous-unités, la réparation doit le plus souvent se faire de façon
dissociée, chaque sous-unité étant réparée de manière autonome :
¶ Innervation du nez par exemple, une résection de la joue et de la partie latérale du nez
est réparée selon deux procédés distincts de façon à ce que le pli
L’innervation des muscles faciaux du nez dépend du nerf facial. nasogénien soit respecté et que les deux plans distincts joue-nez
L’innervation sensitive cutanée : soient préservés.
– V1 : nerf ophtalmique (V1) : dos du nez et lobule ; Le choix de l’extension de l’exérèse dépend également des
possibilités de réparation, soit par un tissu très proche ayant les
– V2 : nerf sous-orbitaire (V2) : aile du nez et partie latérale. mêmes qualités de texture et d’épaisseur, soit par un lambeau pris
Des anesthésies tronculaires sont ainsi possibles. plus à distance, moins harmonieux, soit par une greffe de peau.
ÂGE DU PATIENT
UNITÉS ET SOUS-UNITÉS ESTHÉTIQUES DU NEZ
C’est également un élément important dont il faut tenir compte.
Au niveau de la face, plusieurs unités topographiques ou esthétiques
ont été décrites. Gonzalez-Ulloa [15] a été le premier à parler d’unité – Chez l’enfant, la réparation immédiate a pour objectif de
esthétique de la face : menton, nez, paupière, front. Plus récemment, permettre une croissance satisfaisante du nez, les reprises de
Burget [4] a développé, au niveau du nez, la notion de sous-unité cicatrice devant être faites plus tardivement.
esthétique correspondant à des zones d’isoréflexion de la lumière, – Chez l’adolescent ou l’adulte jeune, les cicatrices sont volontiers
entourées de zones d’ombre, dans lesquelles peuvent se masquer inflammatoires et longtemps visibles et il faut éviter les autoplasties
les cicatrices. avec des cicatrices trop longues.
Ces unités (fig 1) sont : – Chez le vieillard, au contraire, l’excès de peau et son hyperlaxité
– le dorsum, permettent des réparations étendues à condition d’éviter des
tensions excessives, facteurs possibles de nécrose.
– la face latérale du nez,
– la pointe, CHOIX DE LA MÉTHODE DE RÉPARATION
– les ailes du nez, Quatre possibilités sont à la disposition du chirurgien.
– le triangle mou de Converse, ¶ Cicatrisation dirigée
– la columelle. Suture directe après résection fusiforme
Chacune de ces sous-unités est individualisée par des reliefs et par Elle est privilégiée à condition d’une suture, si possible, dans les
les zones d’ombre qui la séparent des autres unités ; ainsi, le nez est plis cutanés et à condition que la traction ne déforme pas le nez.
2
Techniques chirurgicales Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale 46-120
3
46-120 Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale Techniques chirurgicales
– sur le plan histologique, la tumeur infiltre le derme en Notre but n’est pas de décrire toutes les techniques mais de retenir
profondeur et en périphérie, imposant des marges d’exérèse les plus fiables, les plus faciles à réaliser permettant d’obenir des
importantes, au minimum de 1 cm, résultats de qualité, reproductibles et résoudre ainsi pratiquement
– il nécessite une reconstruction en deux temps après un résultat toutes les situations.
histologique définitif, L’intervention est, bien entendu, menée dans un but à la fois
oncologique et cosmétique. La réparation de ces PDS superficielles
– les localisations naso-orbitaires ont une extrême gravité, la
ne se limite pas à une simple fermeture cutanée mais impose un
lésion se trouvant dans le territoire de fusion des bourgeons
résultat esthétique, aussi parfait que possible.
embryologiques de la face (zone H),
La topographie et la taille sont deux éléments indispensables à
– le pourcentage élevé de récidives est probablement en partie lié analyser avant de prendre en charge une PDS superficielle du nez.
à des marges d’exérèse insuffisantes.
Le caractère primitif ou récidivant : une tumeur récidivée présente ¶ Topographie de la PDS
plus de risque qu’une tumeur primitive, le risque de récidive locale
pouvant atteindre 50 % des cas. Sous-unités du nez
Carcinomes épidermoïdes Leur importance a été rappelée précédemment.
Les CE sont caractérisés par leur potentiel métastatique. Pyramide nasale
En théorie, une exérèse en périphérie à 10 mm est nécessaire,
emportant en profondeur la totalité de l’hypoderme, avec exérèse Elle est classiquement divisée en deux parties qui posent des
du périoste ou du périchondre si celui-ci est envahi. En l’absence problèmes de reconstruction totalement différents :
d’adénopathie clinique, il n’y a pas d’indication à un curage – une partie haute ou nez osseux, correspondant aux deux tiers
ganglionnaire de l’aire de drainage. supérieurs. Elle comporte le dorsum et les faces latérales et constitue
En pratique, les critères d’analyse sont les mêmes que pour les CBC une réserve de peau fine et mobile permettant des autoplasties
et tiennent compte : locales. Les PDS y sont le plus souvent superficielles, nécessitant
une reconstruction purement cutanée. Toutes les techniques de
– de la taille de la tumeur : risque multiplié par 3 si son diamètre
reconstructions sont utilisables, notamment les greffes de peau totale
est supérieur à 20 mm ;
à la condition toutefois que le périoste soit respecté ;
– de la localisation ;
– une partie basse ou nez cartilagineux, correspondant au tiers
– du type histologique : l’analyse histologique permet de préciser : inférieur. Elle comporte les ailes, la pointe et la columelle. La
– entre les formes très bien différenciées, à taux de mortalité reconstruction pose des problèmes complexes et spécifiques en
faible, et les formes indifférenciées où la mortalité peut atteindre raison :
60 % des cas, tous les types histologiques peuvent se rencontrer, – de la nature de la peau qui est épaisse, sébacée, adhérente au
– le degré d’infiltration, notamment de l’envahissement plan cartilagineux, peu extensible, située à distance des zones
périnerveux (50 % de récidive ou de métastases en cas donneuses, ce qui explique que, très rapidement, la reconstruction
d’envahissement), va faire appel aux lambeaux locaux ;
– l’épaisseur tumorale : en général, les métastases surviennent le – de la proximité de l’orifice narinaire. Celui-ci doit être
plus souvent si le CE est épais, supérieur à 8 mm ; absolument respecté afin d’éviter une éventuelle déformation
– du caractère primitif ou récidivant. toujours visible et difficile à corriger.
– du caractère parfois transfixiant de la PDS qui sera traité au
¶ Conclusion chapitre suivant.
Les marges d’exérèse cliniques sont en fait différentes des marges
d’exérèse histologiques sur pièce fixée en raison de la rétraction qui ¶ Taille de la PDS
est de l’ordre de 30 %. Chaque tumeur a ses limites d’exérèse ; il n’y Elle doit être appréciée tant en surface qu’en profondeur.
a pas de marges d’exérèse stéréotypées ; celles-ci sont fonction des
caractéristiques de la tumeur, d’où l’intérêt d’une biopsie initiale qui En surface
va permettre de préciser le type histologique et le degré
d’infiltration. Il faut tenir compte de la surface relative de la PDS par rapport à la
taille de la pyramide nasale. Nous étudierons uniquement les
techniques de réparation des PDS superficielles limitées d’environ
EXAMEN ANATOMOPATHOLOGIQUE 2 cm de diamètre. La réparation des PDS de taille plus importante
DE LA PIÈCE OPÉRATOIRE fait appel à l’utilisation de lambeaux à distance, en particulier
C’est un élément primordial de pronostic ; dans les cas difficiles frontaux, qui sera traitée au prochain chapitre.
(épithélioma sclérodermiforme ou récidivant en particulier),
l’opérateur doit disposer soit d’examens extemporanés, soit réaliser En profondeur
des exérèses en deux temps.
Le respect du périoste à la partie haute du nez conditionne le type
La technique de Mohs, idéale, est peu utilisée en France, compte de reconstruction, sa présence permettant l’utilisation de greffe
tenu de sa lourdeur. cutanée.
Le caractère parfois transfixiant de la PDS, à la partie basse du nez,
Réparation des pertes de substance impose des conditions de reconstruction précises étudiées plus loin.
superficielles et limitées du nez
HIÉRARCHIE DES TECHNIQUES UTILISÉES
4
Techniques chirurgicales Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale 46-120
5
46-120 Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale Techniques chirurgicales
*
A *
B *
C
Le prélèvement doit être fait avec une extrême rigueur afin de – Les lambeaux d’avancement :
s’assurer, de façon constante, de la prise de la greffe. Il se fait au
– le lambeau myocutané du transverse du nez (Rybka),
bistouri à lame froide, à partir d’un patron de la PDS dessiné le plus
souvent sur une feuille d’aluminium (enveloppe de fil) afin de – le lambeau d’avancement vertical du dos du nez (Rintala).
reproduire exactement les courbures du nez. L’infiltration facilite le – Les lambeaux de transposition :
décollement du greffon. La greffe est dégraissée, de façon
minutieuse, avec la pointe des ciseaux jusqu’à la partie profonde du – le lambeau bilobé,
derme. Elle est ensuite suturée bord à bord à la PDS par des points – le lambeau de transposition dorsal du nez en îlot cutané,
séparés. Quelques points de capiton permettent de la solidariser au
plan profond et évitent des mouvements de cisaillement qui ne – le lambeau glabellaire.
feraient que compromettre la bonne prise. Un lavage au sérum
Lambeaux de rotation
bétadiné est indispensable afin d’évacuer les sérosités accumulées
sous la greffe, ce qui dispense de réaliser des points de moucheture
à la surface de la greffe qui souvent restent visibles. L’intervention • Lambeau nasal de Rieger (fig 4)
se termine par la mise en place d’un bourdonnet retiré au 5e ou Le lambeau de Rieger [46, 51], décrit en 1967, est un lambeau nasal de
6e jour. La zone donneuse est fermée par suture directe. rotation qui, au lambeau glabellaire de McGregor [34] (1962), associe
Il faut garder présente à l’esprit la notion que toute PDS superficielle un décollement de l’ensemble des téguments de la pyramide nasale
du nez peut être traitée par mise en place d’une greffe de peau totale permettant la reconstruction des PDS de la pointe du nez, médiane
à la condition d’avoir un sous-sol receveur de bonne qualité, à savoir ou paramédiane.
un périoste ou un périchondre conservé. Comme pour tous les types La technique a été reprise en 1969 par Marchac [30, 31, 32] qui, en
de reconstruction, la greffe de peau totale est, dans la mesure du pédiculisant le lambeau sur les vaisseaux angulaires, diminue
possible, étendue à la sous-unité esthétique. l’oreille de rotation permettant ainsi la reconstruction des PDS plus
haut situées sur la pyramide nasale.
En cas de doute histologique, notamment dans les CBC de type
sclérodermiforme, la greffe de peau totale permet de recouvrir la Le dessin du lambeau de Rieger doit être précis afin d’éviter une
lésion sans gaspiller inutilement un lambeau. Elle permet d’autre déformation de la pointe ou de l’aile. Ce lambeau effectue
part une meilleure surveillance et ne mobilise pas de tissu sain, ce essentiellement une rotation à partir d’un point pivot (P) situé
qui est un atout en cas d’éventuelle récidive. Elle entraîne peu de légèrement en dedans du canthus interne, du côté opposé à la PDS.
rétraction par rapport aux autres types de greffes cutanées. La mesure rigoureuse des rayons est nécessaire à la réalisation
correcte du tracé, ce qui permet d’éviter l’ascension alaire du côté
L’inconvénient majeur d’une greffe de peau totale est la dyschromie opposé au pédicule. Cette mesure est effectuée de sorte que les
totalement imprévisible à l’origine d’un effet de patchwork qui rayons PA = PB = PC :
souvent s’atténue avec le temps, notamment au niveau de la pointe.
Celle-ci entraîne également un aspect en marche d’escalier au niveau – le point A situé au bord inférieur de la PDS, représente l’extrémité
de la périphérie de la greffe avec une surface déprimée par rapport du rayon ;
à la peau environnante, surtout s’il s’agit de greffe trop fine, en – le point B se situe si possible à la jonction du sillon sus-alaire et
particulier rétro-auriculaire. Cet inconvénient peut être évité en du sillon nasogénien ;
respectant un intervalle de 10 à 15 jours entre l’exérèse et la mise en
– le point C est tracé de sorte que AB = BC.
place de la greffe, ce qui permet de diminuer le comblement par la
formation d’un tissu de granulation. Le lambeau est ensuite dessiné transversalement à partir du bord
inférieur de la PDS en direction du sillon alogénien, prolongé dans
le sillon nasogénien jusqu’au canthus interne en y restant distant de
¶ Lambeaux locaux
quelques millimètres. Le dessin remonte ensuite dans la région
Les lambeaux locaux ne s’adressent qu’à des PDS de taille limitée. glabellaire en formant un V inversé pour redescendre au niveau du
Ils utilisent les téguments proches de la PDS et apportent ainsi une canthus interne controlatéral. La création de cette pointe glabellaire
peau de coloration et de texture identiques à celles de la PDS. Ils n’est pas indispensable à la réalisation du lambeau, elle évite
sont mobilisés selon les principes de base de la chirurgie plastique, uniquement un rapprochement excessif des sourcils.
à savoir la rotation, l’avancement ou la transposition. Au niveau du nez, la dissection est profonde, effectuée sous le
Les lambeaux locaux les plus communément utilisés sont les SMAS, dans le plan de la rhinoplastie en restant au-dessus du plan
suivants. périosté et périchondral. Elle débute au niveau de la PDS et est
classiquement prudente dans la région canthale en raison du
– Les lambeaux de rotation : pédicule vasculaire. En réalité, la vascularisation du lambeau est
assurée par la large lame musculoaponévrotique, sous la
– le lambeau nasal de Rieger et ses dérivés (le lambeau de
dépendance de la terminaison de l’artère faciale, étendue de la PDS
Marchac),
au point pivot. Malgré la taille du pédicule vasculaire, la résection
– le lambeau en hachette. de l’oreille de rotation formée lors de la mise en place du lambeau
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Techniques chirurgicales Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale 46-120
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4 Lambeau de Rieger.
A. Dessin du lambeau.
B. Épithélioma basocellulaire de la pointe
du nez chez un patient de 73 ans.
C. Décollement du lambeau effectué dans
le plan de la rhinoplastie.
D. Mise en place du lambeau.
E. Résultat à 6 mois, face.
F. Résultat à 6 mois, profil.
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doit être prudente, uniquement cutanée, pouvant s’étendre permettant ainsi une meilleure rotation et une reconstruction des
pratiquement jusqu’au point pivot. Au niveau glabellaire, la PDS plus haut situées sur la pyramide nasale. La résection de
dissection sous-cutanée respecte le plan musculaire. l’oreille de rotation doit rester toutefois prudente car la supprimer
La rotation du lambeau entraîne la création de deux pertes de complètement viendrait soutenir l’hypothèse que la vascularisation
substance : de la totalité des téguments de la pyramide nasale est sous la
dépendance de l’artère angulaire.
– l’une nasogénienne, fermée par un avancement jugal ;
– l’autre glabellaire, fermée par une plastie en VY. • Lambeau en hachette (fig 5)
Un soin tout particulier est apporté à la fermeture cutanée, Le lambeau en hachette, décrit par Emmett (1977) [12], est un lambeau
notamment au niveau de la cicatrice horizontale de la partie basse de rotation à pédicule sous-cutané. Comme son nom l’indique, le
du nez. Elle est effectuée en deux plans, ce qui permet de corriger le lambeau en hachette a une forme de petite hache dont le côté
décalage d’épaisseur entre les deux berges. L’importance du tranchant du fer est tangent à l’un des bords de la perte de substance
décollement nécessite une hémostase rigoureuse et la mise en place qui se situe à l’une des extrémités du fer. La dissection se fait dans
d’un pansement compressif associé à un méchage endonarinaire. le plan sous-cutané.
L’hématome est le risque majeur de ce type de reconstruction. La fermeture réalisée par une plastie en VY ou une plastie en Z
Ce lambeau est irremplaçable pour la réparation des PDS non asymétrique nécessite la création d’un contre-lambeau.
transfixiantes de la pointe du nez, de taille inférieure à 2 cm, en Ce lambeau en hachette s’adresse à des PDS du nez de petite taille,
restant toutefois prudent dans son utilisation chez le sujet jeune en de 0,5 à 1,5 cm de diamètre. La technique a été modifiée par
raison de la rançon cicatricielle imprévisible. Les incisions cutanées Reynaud (1983) [49] qui, en transformant le pédicule sous-cutané en
croisant les lignes de plis naturels entraînent un non-respect des un pédicule musculocutané, entraîne plus de fiabilité et une plus
unités anatomiques. Ce lambeau est donc en priorité réservé au sujet grande mobilité. Le lambeau peut ainsi réparer des PDS de 2,5 à
âgé à bonne cicatrisation et avec une importante laxité cutanée. Il ne 3 cm de diamètre.
permet pas la reconstruction des PDS du rebord alaire ou de la Comme dans tous les petits lambeaux à pédicule sous-cutané,
columelle. l’aspect turgescent avec « mise en boule » s’améliore avec le temps.
La technique a été reprise par Marchac [30, 31, 32] qui, en pédiculisant Lorsque le lambeau est disséqué en musculocutané, la rétraction et
le lambeau sur les vaisseaux angulaires, diminue le pont cutané l’œdème postopératoire sont minimes. Les cicatrices n’utilisent pas
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46-120 Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale Techniques chirurgicales
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A * – soit au niveau de la région canthale en respectant les artères
B
angulaires.
5 Lambeau en hachette Le lambeau d’avancement vertical du dos du nez s’adresse
A. Mélanome de Dubreuilh. essentiellement aux PDS médianes et hautes de la pointe du nez,
B. Résultat immédiat. pas trop étalées dans le sens du grand axe du nez dont la taille est
inférieure à 15 mm. Il est utilisable pour toutes les lésions du
les sillons naturels et le risque de rétraction de la narine est dorsum de la racine à la pointe et a l’avantage de respecter une
important lorsque le lambeau est dessiné trop près du rebord unité anatomique : le dorsum nasal, les cicatrices se situant au
narinaire. niveau des faces latérales au nez.
En revanche, ce lambeau remonte la pointe du nez, ce qui parfois
Lambeaux d’avancement est un avantage chez le sujet âgé à pointe tombante et entraîne une
fermeture de l’angle nasofrontal qui toutefois s’améliore avec le
• Lambeau myocutané du transverse du nez (fig 6) temps.
Le lambeau du transverse du nez décrit par Rybka (1983) [54] est un Son manque d’extensibilité doit le réserver au sujet âgé à laxité
lambeau d’avancement musculocutané, à pédicule vasculaire, basé cutanée importante.
sur les fibres inférieures du muscle du transverse du nez.
Le lambeau myocutané du transverse du nez est dessiné au niveau Lambeaux de transposition
et au-dessus du sillon sus-alaire, la pointe se prolonge dans le sillon
alogénien. L’incision supérieure prolonge la partie supérieure de la • Lambeau bilobé (fig 9) [35, 60, 63, 64, 65]
PDS, l’incision inférieure se situe strictement dans le sillon sus- Le lambeau bilobé, décrit en 1952 par Zimany [64] , suite à la
alaire, la longueur du lambeau est fonction du diamètre de la PDS. description d’Esser a été repris et modifié par Zitelli [65] en 1987.
La pointe du lambeau est plus ou moins longue mais, de toute façon, Ce lambeau de double transposition utilise de façon indirecte une
elle doit impérativement dépasser le bord caudal de la crus latérale peau plus élastique située à distance de la PDS lorsque celle-ci siège
qui correspond à l’émergence du pédicule vasculaire. Pour des dans une zone où la peau est peu extensible. C’est le cas, au niveau
raisons esthétiques, nous préconisons de prolonger la pointe du de la pointe du nez, où la peau est inextensible, le lambeau bilobé
lambeau au niveau du pied de l’aile narinaire car elle y devient compense le manque d’élasticité en empruntant la peau au niveau
rapidement invisible [22]. du dorsum ou de la région latéronasale sans déborder sur la joue.
La dissection est profonde, sous le plan musculaire et la levée du Ce lambeau a été longtemps décrié en raison de sa rançon
lambeau nécessite : cicatricielle. Il a une tendance naturelle à se mettre en boule. Il peut
– une section du muscle transverse à la base de l’orifice piriforme en fait rendre de réels services dans la réparation des PDS de la
en respectant l’axe vasculaire qui pénètre plus haut dans le muscle ; pointe du nez, et notamment celles proches du rebord narinaire ou
même débordant sur la partie haute de la columelle à la condition
– un décollement du lambeau au niveau de l’extrémité craniale du d’effectuer minutieusement son dessin proposé par Zitelli [65]. Cinq
plan périchondral de l’alaire, poursuivi très en dehors. Ce règles essentielles sont à respecter.
décollement est sans danger pour la vitalité du lambeau puisqu’il
s’agit d’un lambeau à pédicule vasculaire et non d’un lambeau à – La rotation globale du lambeau ne doit pas être comme l’avait
pédicule sous-cutané. La section associée à un important préconisé Zimany de 180° mais uniquement de 90 à 100°, la rotation
décollement entraîne une très bonne mobilité du lambeau. de chaque lobe étant inférieure à 50°.
La fermeture réalisée par une plastie en VY du site donneur, après – Le point pivot (P) doit être situé à une distance minimale d’un
une hémostase rigoureuse, s’effectue sans tension, en deux plans. rayon de la PDS afin d’éviter lors de la transposition la formation
La mobilité du lambeau musculocutané du transverse étant limitée, d’une « oreille ». Plus celui-ci est déporté, plus le lambeau est grand,
celui-ci ne s’adresse qu’à des PDS médianes ou paramédianes de la repoussant ainsi le deuxième lobe à la partie haute du nez. Sa
pointe du nez, inférieures à 15 mm. Il est possible d’utiliser un position exacte est obtenue en modifiant la position du point pivot.
double lambeau (fig 7) pour des lésions médianes de la pointe du Le deuxième lobe doit être placé dans la région du dorsum, ou
nez dont le diamètre est égal ou inférieur à 25 mm, à la condition de mieux dans la région latéronasale, les cicatrices sont alors situées
pédiculiser au maximum les deux lambeaux. La PDS doit se situer à dans une zone d’ombre. Il faut toutefois éviter de le placer trop
distance du rebord narinaire afin d’éviter une déformation latéralement en raison du risque inesthétique de comblement de la
secondaire par rétraction de l’aile narinaire. vallée des larmes.
C’est une excellente plastie utilisable pour les PDS du tiers inférieur – Le premier lobe doit avoir la taille de la PDS, le deuxième lobe la
du nez avec un minimum de rançon cicatricielle, les cicatrices étant moitié de la taille et environ le double de la hauteur de façon à
bien situées et orientées sans distorsion des structures voisines. Elle pouvoir refermer par simple rapprochement.
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– La réalisation du lambeau nécessite de décoller pratiquement la pointe pour reconstruire l’aile du nez. Il est vascularisé par un
totalité des téguments de la pyramide nasale afin d’obtenir une pédicule étroit abordant le lambeau par sa face profonde au niveau
fermeture sans tension. Ce lambeau est disséqué dans le plan de la région sus-apicale.
rétromusculaire. Le lambeau est dessiné au niveau du dos du nez, de la glabelle à la
– Le lambeau ne s’adresse qu’à des PDS de taille limitée, inférieure partie supérieure de la columelle. Ses dimensions sont d’environ
à 2 cm de diamètre [23]. Il peut en revanche être dessiné très proche 50 mm de hauteur sur 15 mm de large, celui-ci est effilé à ses
du rebord narinaire sans entraîner de distorsion importante. extrémités afin d’obtenir une fermeture sans problème.
L’incision cutanée est faite jusqu’au périoste sur toute sa périphérie,
• Lambeau de transposition dorsale du nez en îlot cutané (fig 10) le lambeau est décollé des trois quarts supérieurs en passant sous le
Ce lambeau, dérivé du lambeau d’Edgerton [11], proposé pour les plan fasciomusculaire ; au niveau du quart inférieur, le décollement
allongements columellaires, a été décrit en 1994 par Texier [61]. Il s’effectue uniquement sur les bords sans chercher à isoler le pédicule
profite de l’excès cutané du dorsum et de la richesse vasculaire de la vasculaire. La levée du lambeau se fait de haut en bas jusqu’à une
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GREFFES COMPOSÉES
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une augmentation du risque de nécrose (une séquelle cicatricielle de l’aile narinaire. La zone de prélèvement auriculaire dépend de la
un peu disgracieuse au niveau auriculaire est moins visible qu’une courbure à obtenir. À la partie moyenne de l’aile narinaire
déformation de la pointe du nez). correspond habituellement la partie initiale, très antérieure de l’hélix
Il est utile d’effectuer un « patron » de la zone à reconstruire. La (fig 12).
perte de substance cutanée nasale externe débordant parfois la lésion À la partie distale, plus courbe, correspond la portion du tiers
cartilagineuse est souvent aussi plus importante que le defect supérieur de l’hélix ou à la jonction tiers supérieur-tiers moyen.
endonasal.
Au triangle mou de converse et à la jonction aile narinaire-columelle
Ce greffon est prélevé au bistouri en réalisant une section franche, correspond l’échancrure antitragienne. Il faut alors choisir le côté
perpendiculaire à la peau, en tenant le greffon avec les doigts ou un homo- ou controlatéral en fonction de la projection de l’antitragus,
crochet de Gillies sans traction. Il est primordial d’éviter de recréant un angle columelle/aile adapté.
traumatiser le prélèvement avec des pinces. Il est ensuite comprimé
entre le pouce et l’index, afin d’en chasser au maximum le sang, et Pour les régions convexes de l’aile narinaire n’intéressant pas le bord
plongé dans du sérum hépariné. libre, un prélèvement, situé sur le tiers supérieur de l’hélix et en
arrière du bord libre, permet de recréer une convexité adaptée.
Le greffon est mis en place immédiatement, en l’ajustant si besoin,
puis la réparation auriculaire est effectuée. La suture est uniquement Nous proposons le schéma de prélèvement suivant en fonction de
cutanée, réalisée à l’aide de fil décimal 0,7, non ischémiante. la localisation lésionnelle (fig 12).
Un pansement gras est mis en place pendant 48 heures, permettant
d’éviter toute dessiccation ou refroidissement du greffon. À la 48e • Indications
heure, nous réalisons des punctures permettant de chasser le sang Ces greffons auriculaires ne doivent pas classiquement dépasser
veineux accumulé, donnant à cette greffe composée un teint violet. 2 cm2, avoir le point central de la greffe éloigné de la berge du site
Un nouveau pansement gras est mis en place après désinfection,
receveur de plus de 1 cm. La limite de 1,5 cm2 nous paraît plus
pour une durée de 3 à 5 jours. Les fils sont habituellement retirés au
raisonnable. Au-delà, il faut s’aider d’artifices techniques permettant
7e jour.
d’augmenter la surface de contact entre le greffon et le site receveur.
Le rapport surface du greffon/surface de contact est le facteur de
• Siège de prélèvement succès prépondérant. Un rapport 3/1 nous paraît être la limite
Pour des raisons de coloration, nous utilisons le plus souvent raisonnable (exemple : greffon de 2 cm2 = surface de contact
possible la face antérieure du pavillon pour reconstruire le bord libre 0,7 cm2).
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9 Lambeau bilobé.
A, B, C. Tracé théorique du lambeau.
D. Dessin du lambeau.
E. Exérèse de la lésion et levée du lambeau dans le plan de la rhinoplastie.
F. Important décollement qui va permettre une rotation et une suture sans tension.
G. Mise en place du lambeau.
H. Résultat à 6 mois, 3/4.
I. Résultat à 6 mois, face.
*
H *
I
L’âge n’a pas d’influence sur la qualité de prise du greffon ; Enfin, plusieurs greffons peuvent être juxtaposés en espaçant les
l’irradiation, bien que ne contre-indiquant pas formellement cette temps opératoires. Un délai de 2 mois nous paraît le minimum avant
technique, augmente le risque de nécrose. d’utiliser le premier greffon comme vecteur vasculaire du deuxième
greffon.
Le tabagisme est également un élément compromettant gravement Cette technique, simple et fiable lorsque les précautions sont
les chances de revascularisation. Un arrêt du tabac, au moins respectées, a l’avantage de ne pas laisser de séquelles cicatricielles
pendant 1 mois en préopératoire et les 5 jours postopératoires, nous au niveau de la face et peut toujours être affinée ou complétée par
semble impératif. d’autres techniques.
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11 Lambeau glabellaire. Il est utilisé pour réparer les pertes de substance du dorsum B, C. Lambeau en place en fin d’intervention.
et du canthus interne.
A. Dessin du lambeau.
Réparation des pertes de substance Ce lambeau, à pédicule supérieur (fig 13), est principalement utilisé
pour la réparation des PDS de l’aile du nez, superficielles mais
interruptrices et(ou) étendues du nez surtout interruptrices selon la méthode de Préaux [47]. Il est aminci
jusqu’au plan dermique dans sa partie distale, puis replié sur lui-
même afin de reconstituer les plans superficiels et profonds. Un
GREFFES COMPOSÉES
bourdonnet maintenu par un ou deux points transfixiants assure la
Elles sont proposées pour les PDS interruptrices limitées de l’aile du pérennité de la réparation. L’interposition d’un fragment de cartilage
nez. (de conque par exemple) est rarement nécessaire, la reconstruction
apparaissant assez rigide mais souvent trop épaisse de sorte qu’un
réajustage secondaire est parfois nécessaire dans un deuxième temps
LAMBEAUX RÉGIONAUX
sous anesthésie locale.
Les lambeaux nasogéniens et les lambeaux frontaux sont les plus Le lambeau nasogénien est habituellement positionné avec son
utilisés. pédicule à condition d’adapter la résection de peau correspondante
Lorsque la perte de substance est interruptrice, se pose le problème pour les réparations d’aile narinaire.
de la réparation des plans superficiels ainsi que d’un éventuel plan Il a pu être proposé pour les réparations de pointes du nez
intermédiaire osseux ou cartilagineux. superficielles, avec des résultats décevants dus en particulier à la
discoloration.
¶ Lambeau nasogénien [16, 17, 47, 58]
Le lambeau nasogénien, à pédicule inférieur, est un bon procédé
C’est un lambeau dont la vascularisation est assurée par les pour les restaurations columellaires, le lambeau étant désépidermisé
pédicules sous-dermique provenant de l’artère faciale ; ce n’est donc dans sa partie intermédiaire passant sous l’aile du nez.
pas un lambeau vasculaire et c’est la raison pour laquelle il peut Les avantages du lambeau nasogénien sont :
être tracé à pédicule supérieur ou inférieur.
– un bon camouflage de la zone donneuse en arrière du pli ;
Son tracé se situe en arrière du sillon naso-, alo- ou labiogénien,
donc dans une zone non pileuse chez l’homme. Sa largeur peut – un respect du sillon ;
atteindre 2 à 2,5 cm. Sa longueur est de 8 à 10 cm ; l’extrémité effilée – un assez bon résultat cosmétique pour la reconstruction de l’aile
facilite la fermeture qui doit se faire en deux plans. du nez ou de la columelle.
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13 Lambeau nasogénien. B. Résection tumorale et tracé du lambeau.
Lambeau nasogénien replié sur lui-même sans armature cartilagineuse (Préaux). C. Résultat quelques mois plus tard.
A. Récidive d’un épithélioma basocellulaire chez un patient préalablement irradié. D. Résultat quelques mois plus tard : vue inférieure.
Les inconvénients sont : – une congestion veineuse en cas de dégraissage total d’emblée du
lambeau ;
– un lambeau un peu épais malgré son amincissement pour
reconstituer une aile de nez, de sorte qu’un deuxième temps est – la présence d’une petite encoche à la jonction du lobule et de l’aile
souvent nécessaire ; du nez pouvant nécessiter une correction par armature cartilagineuse.
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14 Technique de Pers.
A. Repères du tracé. (Portion cutanée utilisée pour la reconstruction de la peau D. Patient ayant un épithélioma spinocellulaire de l’aile et de la pointe du nez : tracé
endonasale.) du lambeau.
B. Tracé du lambeau. E. Lambeau en place en fin d’intervention.
C. Dissection du lambeau. F. Résultat à 1 an.
Lambeau de Pers Lorsque la lésion déborde sur le lobule nasal, le prélèvement peut
être réalisé en laissant en place la peau recouvrant le pédicule.
C’est un lambeau nasogénien modifié (fig 14).
Cette technique permet ensuite la fermeture du site donneur par un
La réparation de l’aile narinaire dans son ensemble (peau + cartilage
lambeau en îlot nasogénien à pédicule sous-cutané.
de pleine épaisseur, parfois étendus à la partie homolatérale du
lobule nasal) est mieux encore assurée par un lambeau nasogénien Le lambeau de Pers modifié peut être indiqué dans les PDS de pleine
en îlot décrit par Pers [45] en 1967, modifiée par l’un de nous [18] en épaisseur, interruptrices de l’ensemble de l’aile narinaire, débordant
traçant la zone de prélèvement dans le sillon labiogénien, un peu sur le lobule nasal mais n’atteignant pas le dôme cartilagineux. Ce
plus externe que dans le tracé proposé initialement, et en conservant lambeau un peu épais, non armé, doit en effet être « tendu » au
un fragment de l’insertion de l’aile narinaire lorsque cela est niveau de sa zone de plicature sur une partie antérieure restante de
possible, à pédicule inférieur. l’orifice narinaire, afin d’éviter un collapsus de l’aile reconstruite.
Toute lésion débordant sur cette zone nous semble contre-indiquer
Ce lambeau à pédicule supérieur est vascularisé par des branches l’usage d’un lambeau sans structure de soutien cartilagineux.
alaires de l’artère labiale supérieure. Son tracé nécessite une
Les avantages en sont :
technique rigoureuse en réalisant un patron de la PDS endonasale
situé sous la ligne A’B’ de plicature du lambeau, la PDS cutanée – une reconstruction alaire en un temps avec réfection simultanée
correspondant au tracé situé au-dessous de cette même ligne. du plan de couverture et de doublure ;
Le lambeau est disséqué jusqu’au rebord de l’orifice piriforme en – la conservation du sillon alogénien ;
conservant un pédicule sous-cutané fibromusculaire. Il est ensuite – une symétrie des ailes narinaires.
retourné sur ce pédicule selon un axe vertical, puis la palette cutanée
Les inconvénients :
est plicaturée selon un axe horizontal.
Pour obtenir un résultat esthétiquement acceptable, il est nécessaire – l’absence d’armature cartilagineuse ;
de prélever cette palette cutanée de distal en proximal avec une – une fiabilité vasculaire aléatoire avec souvent une souffrance
épaisseur de 2 à 3 mm au maximum. veineuse précoce ;
La dissection doit être poursuivie vers l’orifice piriforme, de façon – l’épaisseur du lambeau à l’origine d’obstruction nasale qui va
très prudente en profondeur pour ne pas léser les veines profondes. nécessiter un dégraissage secondaire ;
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46-120 Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale Techniques chirurgicales
– la rançon cicatricielle importante au niveau jugal, ce qui le réserve – si la zone donneuse ne peut être refermée par simple
en priorité aux sujets âgés à cicatrisation parfaite. La fermeture de la rapprochement, elle est laissée à la cicatrisation dirigée. Celle-ci est
zone donneuse impose la nécessité de tracer un nouveau lambeau obtenue en 7 à 10 semaines avec des résultats de qualité supérieure
nasogénien. à ceux d’une greffe de peau totale qui, souvent, donne un effet de
patchwork avec un aspect figé, notamment lorsque la greffe repose
¶ Lambeaux frontaux directement sur le périoste. La PDS peut éventuellement être greffée
en utilisant la peau provenant du pédicule après remise en place de
Lambeau frontal à pédicule inférieur (fig 15A) celui-ci. Le recours à un expandeur préalable peut être utile dans le
cas de PDS importante.
Au cours des dernières décennies, grâce aux raffinements techniques Le sevrage du lambeau est habituellement réalisé au bout de
apportés par Burget, le lambeau frontal, en devenant paramédian, a 3 semaines. Après section du pédicule, la base du lambeau est
acquis ses titres de noblesse et devient le lambeau roi de la dégraissée et replacée entre les sourcils évitant ainsi toute distorsion.
rhinopoïèse, incontournable, permettant de résoudre pratiquement Certains auteurs, dont Menick, préconisent dans les reconstructions
toutes les situations, au prix toutefois d’une altération modérée de nasales majeures de retarder le sevrage du pédicule en effectuant
l’esthétique frontale. une première retouche 3 semaines après la mise en place du
lambeau. Cette retouche consiste en un dégraissage en décollant
• Lambeau frontal paramédian (fig 15) [4, 5, 19, 33, 36, 48] toute la partie proximale, le sevrage étant réalisé 3 semaines plus
C’est un lambeau cutané, axial, centré sur une seule artère tard.
supratrochléaire qui s’adresse à toute PDS étendue du nez, quelle D’autres types de lambeaux frontaux, décrits ci-après, gardent leurs
que soit la taille ou la localisation, en particulier, la pointe, l’aile ou indications et méritent d’être mentionnés.
la columelle.
• Lambeau frontal médian
Le pédicule dessiné du côté de la PDS ne comprend qu’un seul axe
vasculaire, centré sur la première ride du lion, située entre la tête du Il est plus connu sous le nom de « lambeau indien » et utilisé depuis
sourcil et la ligne médiane, éventuellement repéré par un examen des temps très anciens, les premières descriptions remontant en Inde
dès le VIe siècle avant notre ère. Il a été remis à l’honneur au milieu
doppler. Le pédicule, le plus étroit possible, entre 12 et 15 mm,
du XXe siècle par Kazanjian. Cette technique a perdu beaucoup de
permet une meilleure rotation et une fermeture par simple
son intérêt car elle gaspille deux axes vasculaires. Le pédicule du
rapprochement. Ce pédicule, dans la mesure du possible, sera centré
lambeau, trop large, limite sa rotation en raison d’un rayon d’action
sur la veine émissaire frontale car, pour certains auteurs, notamment
court lui permettant difficilement d’atteindre la partie basse du nez.
Servant [48], le lambeau frontal est un lambeau à prédominance
veineuse, l’axe du lambeau étant choisi selon celui de la veine • Lambeau frontal oblique (fig 16)
repérée par une manœuvre de Valsalva.
Il a été décrit en 1850 par Auvert. La palette cutanée est alors
Il est inutile de gaspiller le pédicule vasculaire controlatéral qui dessinée au niveau de la partie latérale du front avec un pédicule
peut : vasculaire qui devient non plus vertical mais oblique, ne respectant
– soit servir de lambeau de doublure pendant le même temps pas la topographie des axes vasculaires, ce qui nécessite parfois le
opératoire ; recours à une autonomisation. De nombreux auteurs proposent,
pour augmenter l’apport vasculaire, de prélever le muscle frontal.
– soit être mis en réserve et utilisé en cas d’éventuelle récidive. Ce lambeau est utile chez le sujet à petit front avec une ligne basse
Le dessin de la palette cutanée est réalisé à partir d’un patron exact d’implantation des cheveux ou lorsque la PDS est bas située sur le
de la PDS. Le dessin peut éventuellement se prolonger de 15 à nez car ce lambeau a un rayon d’action important, notamment
20 mm au-delà de l’insertion des cheveux, notamment si le lambeau lorsque la PDS se situe au niveau de la columelle.
doit atteindre la columelle. L’axe de rotation du lambeau doit être
apprécié avec précision en tenant compte, lors de la rotation, de • Lambeau frontal en îlot à pédicule sous-cutané (fig 17)
l’épaisseur du pédicule qui, obligatoirement, diminue la longueur C’est une technique séduisante proposée par Monks, laissant un
du lambeau utilisable. minimum de cicatrice cutanée et qui évite le sevrage secondaire.
La dissection du lambeau débute à la partie supérieure de la palette En fait, cette technique a une fiabilité moindre en raison de la
cutanée et se fait classiquement dans trois plans différents : fragilité vasculaire et impose souvent une reprise secondaire suite
au comblement de l’angle nasofrontal par le pédicule sous-cutané.
– au niveau de l’extrémité distale, la dissection est strictement sous- Une incision cutanée frontale est souvent nécessaire d’emblée pour
cutanée, respectant impérativement le muscle frontal. Le lambeau, limiter les risques de strangulation.
dégraissé de façon importante, doit être le plus fin possible, ce qui Le dessin de la palette cutanée frontale va permettre d’individualiser
garantit un meilleur résultat cosmétique en diminuant le des lambeaux frontaux différents, décrits ci-après.
lymphœdème postopératoire. Les bulbes pileux sont retirés si le
pédicule s’étend au-delà de l’insertion des cheveux ; • Lambeau en aile de mouette (Sea Gull flap) (fig 18)
– au niveau du tiers moyen, la dissection est sous-musculaire ; Décrit en 1966 par Millard [40, 41, 42, 43], ce lambeau a une forme
– dans la partie proximale, environ 5 mm au-dessus de l’arcade particulière avec une palette trifoliée, destinée au revêtement externe
sourcilière, la dissection devient sous-périostée, ce qui améliore la du complexe apicocolumellaire et des ailes. Ce lambeau, pédiculisé
rotation du lambeau et surtout ménage le pédicule vasculaire, la sur une seule artère supratrochléaire, a un tracé délicat, avec aucune
dissection pouvant avec prudence s’étendre jusqu’au rebord possibilité d’adaptation.
orbitaire. Millard conseille d’emporter le muscle frontal pour des raisons de
sécurité vasculaire, ce qui entraîne un lambeau épais. Cette
La fermeture au niveau du pédicule se fait en deux plans après
précaution semble inutile, à la condition d’autonomiser le lambeau
réajustement des rides frontales ; la cicatrice paramédiane est
en incisant la peau à la périphérie jusqu’au périoste, sans la soulever,
souvent légèrement plus visible qu’une cicatrice médiane. Au niveau
avec préparation des « néo-ailes » par greffes cutanées et
de la palette cutanée, plusieurs possibilités sont offertes en fonction
cartilagineuses.
de la taille de la PDS :
– une PDS de taille inférieure à 3 cm peut être fermée sans grande • Lambeau fourchu de Pollet [19, 47]
difficulté par simple rapprochement, notamment chez le sujet âgé à Il permet une reconstruction de la columelle grâce à deux
peau laxe, après décollement dans le plan du scalp ; extensions latérales dessinées à la partie supérieure du lambeau
16
Techniques chirurgicales Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale 46-120
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B
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A
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C *
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G *
H *
I
17
46-120 Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale Techniques chirurgicales
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A *
B
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D
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C
16 Lambeau frontal oblique.
A. Épithélioma de la columelle réséqué en deux temps. D. Résultat 6 mois plus tard.
B. Mise en place du lambeau frontal oblique. On remarque l’atrophie partielle du lambeau situé en pont entre la pointe du nez et
C. Vue opératoire. l’épine nasale.
*
B
*
A *
C
*
D
qui seront d’autant plus écartées que la pointe devra être Lambeaux frontaux scalpants
saillante.
Ces différents lambeaux à pédicule inférieur ne peuvent être utilisés • Lambeau de Converse (fig 19B) [6, 7]
que lorsque la hauteur frontale est suffisante et en l’absence de lésion Il est utilisé lorsqu’il est impossible de reconstruire le plan profond
cicatricielle de la racine du nez ayant interrompu les artères avec des lambeaux locaux cutanés et/ou muqueux.
supratrochléaires. Dans ces cas, le recours à un lambeau scalpant est Si ce lambeau résout la reconstruction de la pointe du nez de façon
indispensable. Le plus utilisé est le lambeau de Converse, dérivé du satisfaisante, l’armature de l’arête nasale au-dessus de la pointe doit
lambeau Up and Down de Gillies. être refaite soit simultanément, soit préalablement.
18
Techniques chirurgicales Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale 46-120
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A *
B *
C *
D
18 Lambeau frontal de Millard pour réparer la pointe et la columelle.
A. Amputation du tiers inférieur du nez. C. Lambeau en place.
B. Tracé du lambeau. D. Résultat à 1 an.
19
46-120 Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale Techniques chirurgicales
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C
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A *
B
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D
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E *
F
19 Lambeau de Converse.
A. Dessin du lambeau frontal à pédicule supérieur.
B. Dessin du lambeau de Converse.
C. Mise en place du lambeau.
D. Section du lambeau avec greffe de peau de la zone donneuse.
E. Lambeau de Converse modifié (photo Dr Toquet.)
F. Résultat à 1 an : face.
G. Résultat à 1 an : profil.
*
G
Description • Dissection
Le lambeau rétro-auriculaire décrit par Washio en 1969 [62], permet Elle se fait dans l’espace de Merkel.
un apport de peau et de cartilage auriculaires pour la reconstruction Elle suit la crête temporale, s’incline dans la région rétro-auriculaire
des PDS transfixiantes de l’aile du nez. où la palette cutanée est prélevée d’après un patron de la PDS avec
Il nécessite au minimum deux temps opératoires. éventuellement du cartilage.
Son principe est basé sur les anastomoses existant entre le réseau Le lambeau est ensuite basculé vers l’avant, ce qui entraîne une
temporal superficiel et le réseau auriculaire postérieur. torsion du pédicule.
20
Techniques chirurgicales Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale 46-120
Inconvénients
Le lambeau de Washio apporte une palette cutanée de taille limitée,
il existe souvent une dyschromie.
La vascularisation du lambeau étant aléatoire, certains auteurs, dont
Washio, préconisent une autonomisation.
Le reproche majeur est en fait dû à la lourdeur de l’intervention
avec l’inconfort précédant le sevrage pour des résultats souvent
décevants ; il reste une méthode de sauvetage lorsque les autres
méthodes ont échoué.
*
A *
B
RECONSTRUCTION DU PLAN PROFOND
ET DE L’ARMATURE NASALE
Les lambeaux précédemment décrits permettent la reconstruction du
plan superficiel mais aussi parfois de certains plans profonds
(lambeau de Converse, lambeau nasogénien).
Dans les autres cas, le plan profond et le squelette doivent être
reconstitués.
21
46-120 Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale Techniques chirurgicales
*
A *
B
*
C *
D
On a pu proposer de refaire le plan profond par un lambeau frontal latente souvent nécessaire ; elle est facilitée au contraire lorsque la
purement musculaire. peau exerce une tension excessive sur l’os implanté.
Les greffons cartilagineux de l’arête nasale : les greffons de 8, 9 et 10
¶ Reconstruction de la charpente ostéocartilagineuse côtes ont pu être utilisés. En cas d’infection, ils se nécrosent
rapidement et leur prise apparaît plus aléatoire. Burget utilise le 8e
Arête nasale
cartilage costal pour refaire l’arête nasale.
La reconstruction de l’arête nasale est associée lorsque cela est
nécessaire à un étai columellaire. Cartilages de la pointe
Ces greffons osseux, cartilagineux ou ostéocartilagineux sont
La zone donneuse principale est le cartilage de l’oreille et, en
toujours introduits dans un fourreau étanche comportant un plan
particulier, la conque par voie plus rétro-auriculaire qu’antérieure.
profond muqueux ou néomuqueux et un plan superficiel cutané.
Les fragments cartilagineux prélevés sont ajustés, amincis pour
Les greffons osseux les plus utilisés sont les suivants.
reconstituer d’aussi près que possible la morphologie de la pointe.
– La greffe iliaque corticospongieuse : la crête iliaque resculptée à la Ces greffons cartilagineux, malléables, sont ajustés superposés, fixés
fraise et ajustée à la demande reconstitue l’arête, un fragment par des fils non résorbables selon des modalités très proches de la
corticospongieux, l’étai columellaire ; ces deux fragments sont réunis rhinoplastie esthétique.
l’un l’autre par système tenon-mortaise, maintenus par un fil
d’ostéosynthèse. Les greffes iliaques doivent être prélevées de façon
atraumatique pour limiter les douleurs postopératoires. L’incision
est faite 2 cm en arrière de l’épine iliaque antérosupérieure pour Réparation des amputations nasales
préserver le nerf fémorocutané. par des prothèses et par des épithèses
– La greffe de corticale pariétale a actuellement la faveur de la
plupart des chirurgiens. Elle est plus difficile à prélever car il faut Toutes les amputations nasales ne doivent pas être obligatoirement
éviter une brèche dure-mérienne ; elle comporte moins de tissu réparées par la chirurgie.
spongieux ; l’os pariétal, du fait d’une origine embryonnaire D’autres méthodes doivent être utilisées, en particulier chez des
différente, se résorberait moins que l’os iliaque, et cela explique son patients très âgés non demandeurs de nouveaux gestes chirurgicaux
succès. ou lorsque manque un recul carcinologique suffisant.
– La greffe costale osseuse est rarement utilisée. En effet, les tumeurs nasales justifiant une amputation sont des
La résorption des greffes osseuses est limitée lorsque le greffon tumeurs étendues, souvent déjà multirécidivées à haut risque
repose sur un sous-sol osseux, avivé par une ostéotomie médiane et potentiel de récidive, tels les épithéliomas sclérodermiformes et, s’il
22
Techniques chirurgicales Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale 46-120
FACE LATÉRALE
Les PDS inférieures à 5-10 mm peuvent être fermées en faisant une
exérèse en fuseau selon un axe perpendiculaire à la fente palpébrale.
La cicatrisation dirigée donne des résultats corrects dans cette
indication (zone concave).
Pour les PDS supérieures à 10 mm, on peut utiliser :
*
C – les greffes de peau totale ;
– plusieurs lambeaux :
n’existe pas de règle absolue, il nous semble souvent préférable – partie haute : lambeau en hachette d’Emmett ;
d’attendre un délai supérieur à 2 ans avant d’envisager une – partie basse : lambeau de Préaux et lambeau de Rybka (région
réparation. paramédiane) ;
Le recours à une prothèse accrochée sur des lunettes donne, entre
– zone paramédiane : lambeau en VY à pédicule sous-cutané ou
les mains d’un prothésiste compétent, d’excellents résultats (fig 22).
lambeau de Marchac.
Les épithèses utilisant des prothèses qui prennent appui sur des
fixations en titane, mises en place sur l’os, selon la méthode de
Bränemark, constituent également une méthode intéressante. AILES
La suture directe et la cicatrisation dirigée sont ici à proscrire.
Pour les PDS inférieures à 15 mm, on peut utiliser :
Résumé des indications
– en cas de lésions transfixiantes : les greffes composées
topographiques chondrocutanées prélevées sur le pavillon de l’oreille ;
Une greffe de peau totale peut être utilisée dans tous les cas. – PDS non transfixiantes : greffe composée dermograisseuse ou
lambeau bilobé de Zimany.
Pour les PDS cutanées supérieures à 15 mm :
RÉGION GLABELLAIRE
– PDS transfixiantes : lambeau de Préaux et autres lambeaux,
La glabelle est une réserve de laxité cutanée, au détriment de
nasogéniens (Pers), voire lambeaux frontaux ;
laquelle de nombreux lambeaux sont prélevés.
La cicatrisation dirigée, bien que donnant d’excellents résultats – PDS superficielles : lambeau dorsal médian du nez à pédicule
esthétiques, n’est pas en pratique utilisée en raison de la longueur sous-cutané ou greffe de peau totale en unité esthétique alaire si le
des pansements. cartilage alaire n’est pas exposé.
La suture directe lui est préférée pour toutes les PDS inférieures à
1 cm de large. POINTE
Pour les PDS supérieures à 1 cm, on utilise de préférence le lambeau La cicatrisation dirigée peut être proposée pour les pertes de
frontoglabellaire de rotation décrit par Mustardé. substance de la pointe limitées (inférieures à 1 cm) à distance du
Les greffes sont à éviter dans cette région. bord narinaire, surtout si la peau est séborrhéique.
23
46-120 Chirurgie réparatrice de la pyramide nasale Techniques chirurgicales
Les petites PDS peuvent être couvertes par les moyens suivants : PDS transfixiante
– lambeau de Rybka pour les PDS inférieures à 2,25 cm de diamètre – Lambeau frontal armé (Burget) ;
(deux lambeaux opposés sont alors nécessaires) ; – plus rares :
– lambeau de Rintala pour lésion médiane de la partie supérieure – lambeau de Schmid-Meyer ;
de la pointe ;
– lambeau de Washio ;
– lambeau bilobé de Zimany, à éviter chez les plus jeunes du fait de
– lambeau de Converse.
la longueur de la cicatrice ;
– greffe de peau totale, ou mieux, greffe dermograisseuse. ¶ Columelle
Les PDS de taille plus importante (plus de 2 cm) peuvent être – Lambeaux de Schmid-Meyer et de Washio d’indication très rare ;
couvertes grâce à :
– greffe composée : PDS limitée avec sous-sol correct ;
– greffe de peau totale ; – lambeau frontal oblique ;
– lambeau frontal ; – lambeau nasogénien (lambeaux bilatéraux à pédicule
– lambeau de Rieger-Marchac (PDS inférieures à 2,5 cm) ; sa sous-cutané) ;
réalisation difficile nécessite une technique parfaite. – lambeaux locaux d’indication limitée.
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24
46-185
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 46-185
Dacryocystorhinostomie endoscopique
P Klap
JA Bernard
M Cohen
Résumé. – La dacryocystorhinostomie (DCR) endoscopique permet de rétablir une communication entre les
V Ameline
voies lacrymales et la fosse nasale par voie endonasale, sans incision de la peau du visage. L’indication
D Schapiro
chirurgicale est posée par l’ophtalmologiste, l’examen rhinologique, et l’imagerie médicale, représentée
F Heran
essentiellement par le dacryoscanner, venant préciser les modalités opératoires. Les méthodes endoscopiques
n’autorisent cependant pas de s’affranchir des trois principes chirurgicaux de la DCR classique, qui doivent
impérativement être respectés, sous peine d’inefficacité : respect de la pompe lacrymale ; obtention d’une
néocommunication entres les voies lacrymales et la fosse nasale la plus large possible ; ouverture de la stomie
centrée sur le canalicule d’union.
La DCR endonasale sous vidéoendoscopie tend de plus en plus à supplanter la voie externe. Elle obtient
pratiquement le même taux de succès définitif, mais en outre, elle permet une guérison rapide grâce à un
contrôle visuel permanent, avec quasi-absence d’hémorragie et surtout sans cicatrice cutanée.
Enfin, depuis une quinzaine d’années, de nouvelles techniques sont apparues : DCR assistée au laser (par voie
transcanaliculaire, endonasale ou combinaison des deux), prothèses endocanalaires (stents, ballonnets),
interventions sous microendoscopie endocanaliculaire. Ces techniques n’ont pour le moment pas fait la
preuve de la stabilité de leurs résultats.
© 2003 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Klap P, Bernard JA, Cohen M, Ameline V, Schapiro D et Heran F. Dacryocystorhinostomie endoscopique. Encycl Méd Chir (Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques
chirurgicales - Tête et cou, 46-185, 2003, 14 p.
46-185 Dacryocystorhinostomie endoscopique TC Tête et Cou
qu’existe un larmoiement. Dans un tel tableau clinique, il faut mucopurulent à la pression du sac lacrymal. Une dilatation du sac
rechercher d’autres causes, telle une anomalie de la statique et de la ou un simple reflux mucopurulent, même minime, éventuellement
dynamique palpébrale (laxité canthale externe, ectropion, paralysie seulement détectable à la lampe à fente, impose pratiquement la
de l’orbiculaire) ou un dysfonctionnement de la pompe lacrymale. Il DCR chez l’adulte et le grand enfant, car un sac dilaté risque de se
existe aussi souvent, il faut le savoir, des sténoses partielles des voies dilater encore plus, si on se contente de placer une sonde à demeure.
lacrymales, qui peuvent rester méconnues au cours d’un examen Une déviation du globe ou une voussure dépassant en hauteur le
approximatif. niveau du tendon canthal interne sont en faveur d’une autre
Les indications de la DRC sont essentiellement les atteintes du étiologie, par exemple d’une tumeur du sac ou de l’orbite.
segment vertical des voies lacrymales, c’est-à-dire les sténoses
symptomatiques du canal lacrymonasal sous toutes ses formes : Exploration instrumentale des voies lacrymales
larmoiement, dacryocystite chronique, mucocèle. À l’exception du Un dilatateur calibré permet de dilater les méats lacrymaux. Après
petit enfant, la DCR est impérative en cas de dilatation du sac, car dilatation du point lacrymal inférieur, on commence par un lavage à
celle-ci constitue un risque d’infection aiguë qui doit être supprimé. la seringue (2 mL) avec une canule jetable à voies lacrymales.
Certaines indications sont plus rares : Dans une voie lacrymale normale, le lavage donne la même
– sténose asymptomatique ou peu symptomatique : une DCR ou sensation de pression sur le piston que si l’on vidait la seringue au-
une ablation du sac « de propreté » doit être réalisée en première dessus d’un lavabo. En d’autres termes, le passage du liquide dans
intention, si une chirurgie avec ouverture du globe oculaire est l’arrière-gorge doit être obtenu sans aucune pression, sinon une
envisagée (cataracte +++) et qu’il existe une dilatation du sac ou sténose relative est probable.
une infection permanente des voies lacrymales ; En cas de sténose complète, il n’y a aucun passage dans la gorge et
– larmoiement chronique par sténose incomplète : il est toujours même un reflux par le canalicule opposé (par exemple reflux par le
difficile de poser une indication de DCR pour ces cas. La pose d’une canalicule supérieur si on lave par le canalicule inférieur).
sonde bicanaliculonasale peut tout d’abord être tentée, à condition Le deuxième temps est le sondage avec une sonde « 00 » ou 0,7 mm,
qu’il n’y ait pas de dilatation du sac lacrymal, du moins chez à la recherche d’un contact osseux. La sonde est introduite dans le
l’adulte ; canalicule inférieur à la recherche de ce contact osseux. Un bon
– sténose canaliculaire : en association avec l’action sur le canalicule, contact osseux obtenu aisément permet d’éliminer une sténose
une DCR peut être pratiquée pour améliorer l’écoulement des canaliculaire. L’absence de contact, ou un contact de piètre qualité,
larmes, en supprimant la résistance du canal lacrymonasal. La DCR permettront de poser l’indication d’une intubation
permet un abord facile, ab interno, du canalicule d’union ; bicanaliculonasale, éventuellement associée à la DCR (si dilatation
du sac lacrymal, épisodes de dacryocystite aiguë, etc).
– au cours d’une dacryocystite résistant à l’antibiothérapie, une
En même temps qu’un mauvais contact osseux, on peut également
DCR peut être réalisée « à chaud », son taux de succès restant
noter la présence du « signe du canthus » : l’angle interne est
sensiblement comparable à celui d’une intervention réalisée à
entraîné par la sonde et en suit les mouvements d’aller-retour.
distance de l’épisode infectieux.
D’autres explorations sont possibles : le test à la fluorescéine
Ces critères d’indication opératoire sont recherchés grâce à un bilan
renseigne sur la perméabilité fonctionnelle, le test au technétium
préopératoire complet qui comprend : un examen ophtalmologique,
radioactif est intéressant mais exceptionnellement réalisé.
un examen rhinologique et une imagerie des voies lacrymales.
Mais, comme on le verra, l’examen clinique est la plupart du temps
complété par un dacryoscanner.
EXAMEN CLINIQUE OPHTALMOLOGIQUE
Chez le grand enfant, la démarche se superpose à celle de l’adulte.
Quel que soit le motif de consultation (larmoiement, conjonctivites à
répétition, épisodes de surinfection, etc), c’est l’ophtalmologiste qui ¶ Examen ophtalmologique du nourrisson
est en première ligne et mène l’examen initial.
Il est complété par un examen ORL quand une anomalie du nez est Le nourrisson est le plus souvent amené en consultation par ses
probable, ou si l’on envisage une DCR par voie endonasale. Enfin, parents pour un larmoiement clair congénital, le plus souvent
un dacryoscanner avec injection de produit de contraste donne des unilatéral donc très caractéristique, plus rarement bilatéral, ou pour
précisions très utiles pour la conduite opératoire, et constitue un des épisodes de « conjonctivite lacrymale », voire pour une
document médicolégal, indispensable à l’époque actuelle. dacryocystite aiguë. Plus rarement à cet âge, il s’agit d’un
traumatisme (forceps).
¶ Examen ophtalmologique de l’adulte ou du grand L’imperforation congénitale du canal lacrymonasal est la pathologie
enfant lacrymale la plus fréquente chez le nourrisson ou le jeune enfant.
Il commence, avant toute manœuvre, outre la mesure de l’acuité, la L’évolution spontanée vers la guérison est fréquente au cours des
prise de la pression oculaire, par l’examen à la lampe à fente : premiers mois. Cette imperforation, si elle persiste, ne nécessite pas
le recours à la DCR, mais un simple sondage entre 3 et 6 mois. Au-
– 1) après l’étude du segment antérieur de l’œil et l’analyse du film delà de 6 mois, une sédation peut devenir nécessaire pour sa
lacrymal ; réalisation. Si ce sondage est effectué sous anesthésie générale, il est
– 2) l’existence et l’aspect des points lacrymaux sont précisés habituellement complété par une intubation siliconée mono-
(sténose, béance, ectropion du point lacrymal inférieur). Un point canaliculonasale (MonoKat). Cette intubation est quasi systématique
lacrymal normal est ouvert, et vide du fait de l’activité de la pompe au-delà de l’âge de 1 an.
lacrymale. Le sondage doit être réalisé plus précocement, éventuellement dès
Si le point lacrymal est engorgé, surtout si le liquide qu’il contient les premiers jours de la vie en cas de dilatation importante et
présente des cellules, on est quasi certain qu’il existe un problème persistante du sac.
en aval (en dehors du contexte d’une conjonctivite aiguë). En dehors de ce contexte particulier de la distension néonatale, la
Au niveau des rivières lacrymales qui courent le long des paupières, présence d’un sac dilaté persistant chez un enfant de plus de 6 mois
on recherche également leur éventuel engorgement, et l’existence de fait réserver le pronostic. Il est en effet nécessaire d’envisager une
cellules (Tyndall). DCR. Or, la DCR par voie endonasale n’est pas possible avant l’âge
De même pour le lac lacrymal : engorgement, cellules, sécrétions, de 4 à 5 ans, car la dimension des cavités nasales n’autorise pas
etc ; chez le tout-petit l’introduction de tous les outils nécessaires pour
– 3) on repère une voussure au niveau du sac lacrymal, en faveur sa réalisation. Toute la politique repose sur la coopération des
d’une franche dilatation de ce dernier, ainsi qu’un reflux parents et de l’enfant : ils doivent apprendre à effectuer des
2
TC Tête et Cou Dacryocystorhinostomie endoscopique 46-185
EXAMEN RHINOLOGIQUE
L’examen des cavités nasales doit être systématiquement réalisé en
consultation avant toute DCR endonasale. Il permet de dépister
d’éventuelles difficultés et de prévoir ainsi des temps opératoires
rhinologiques supplémentaires.
L’examen est pratiqué initialement à l’aide d’un spéculum nasal,
puis avec une fibre optique rigide ou souple, avec ou sans anesthésie
locale préalable. Si on opte pour une fibre optique rigide, on utilise
un endoscope à 30° ou 0°. L’examen permet de repérer les différents
éléments de la cavité nasale : valve nasale, septum, cornets inférieur
et moyen, choane. On peut noter la présence d’éventuelles sécrétions
à travers les différents méats, qui témoignent d’une infection
sinusienne. Une déviation septale antérieure peut rendre cette
exploration difficile voire impossible.
Dans le bilan préopératoire d’une DCR, l’examen se porte sur le toit
de la fosse nasale et sur le méat moyen, avec le repérage, d’avant en
arrière, de la tête du cornet moyen, de l’apophyse unciforme, de la
bulle ethmoïdale et de la gouttière rétrobullaire. On tente de 1 Squelette de la paroi latérale de la fosse nasale avec résection partielle du cornet
visualiser essentiellement la zone située au-dessus de l’insertion du moyen. 1. Épine nasale du frontal ; 2. cornet moyen ; 3. agger nasi ; 4. hiatus semi-
lunaire ; 5. bulle ethmoïdale ; 6. apophyse unciforme ; 7. cornet inférieur ; 8. maxil-
cornet moyen, car c’est là que se projette habituellement le sac laire ; 9. palatin ; 10. trou sphénopalatin ; 11. sinus sphénoïdal ; 12. sphénoïde ; 13. cor-
lacrymal. net supérieur ; 14. lame criblée ; 15. sinus frontal.
Une déviation septale peut interdire l’accès à cette zone. Cependant,
les déviations sont en général situées à la partie basse du septum, et
ne constituent donc pas un obstacle à l’abord du sac lacrymal, qui 2 Méat moyen de la fosse
nasale droite. 1. Apophyse
se projette nettement plus haut. Lorsqu’une déviation de la partie unciforme ; 2. bosse la-
supérieure du septum réduit l’espace de la partie supérieure de la crymale ; 3. bulle ethmoï-
fosse nasale, la simple luxation septale avant la DCR est la plupart dale ; 4. tête du cornet
du temps suffisante. Cela permet d’éviter la septoplastie, rarement moyen ; 5. cloison nasale
réalisée dans le même temps et probablement défavorable pour (septum).
l’évolution de la DCR, par la réaction cicatricielle supplémentaire
qu’elle entraîne.
En dehors de toutes les pathologies sur lesquelles nous reviendrons,
l’examen fibroscopique de la paroi externe des fosses nasales permet
d’étudier les cornets et les méats (fig 1) :
– le cornet inférieur est le premier relief visible dès l’introduction de
l’endoscope. Sa tête est située à 1 cm en arrière de l’ouverture
piriforme ;
– le cornet moyen est situé au-dessus et en arrière du cornet inférieur.
Sa courbure habituelle est concave en dehors, mais de nombreuses
variations physiologiques sont possibles, comme une
pneumatisation (concha bullosa) ou une convexité paradoxale ; le plan du septum intersinusonasal, en avant de l’os palatin, en
– le cornet supérieur est rarement visible ; dessous du relief de la bulle ethmoïdale ;
– le méat inférieur : son extrémité antérieure est formée par la tête – la bulle ethmoïdale est verticale dans le plan frontal.
du cornet inférieur en dedans, et la paroi latérale du maxillaire en Il existe de nombreuses variations anatomiques qui peuvent
dehors. L’orifice inférieur du canal lacrymonasal est situé dans le intéresser le cornet moyen (pneumatisation, courbe inversée),
quadrant antérosupérieur du méat, mais il est rarement objectivé en l’apophyse unciforme (hypertrophie, pneumatisation) ou les cellules
consultation du fait de l’étroitesse du méat nasal inférieur ; ethmoïdales antérieures (hypertrophie de l’agger nasi et du système
– le méat moyen (fig 2) : sa paroi interne est formée par le cornet bullaire).
moyen, sa paroi latérale par les trois reliefs suivants qui se succèdent L’examen préopératoire des fosses nasales peut être l’occasion de
d’avant en arrière : diagnostiquer des pathologies nasosinusiennes associées qui doivent
être traitées au préalable, ou au cours du même temps opératoire,
– la bosse lacrymale : c’est une voussure verticale siégeant en avant pour ne pas compromettre les résultats de la DCR. On peut ainsi
du cornet moyen. Surtout visible dans sa partie inférieure, elle mettre en évidence des rhinites chroniques, qu’elles soient
correspond au canal lacrymonasal ; vasomotrices ou allergiques, un ozène, une sinusite chronique ou
– l’apophyse unciforme : elle se caractérise par un rebord saillant une polypose nasosinusienne. Toutes ces pathologies de la
fin, souvent facile à repérer. Elle débute en regard de la zone muqueuse nasosinusienne peuvent d’une part modifier les repères
d’attache antérieure de la tête du cornet moyen, sur la paroi anatomiques, et d’autre part altérer la qualité de la cicatrisation en
latérale. Puis elle descend verticalement sur environ 1 à 2 cm, et provoquant une réaction croûteuse ou la formation de granulomes,
prend une direction horizontale vers l’arrière où elle se fond avec de bourgeon hypertrophique et de fibrose.
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indispensable avant tout geste endoscopique, d’une part pour Tous ces principes peuvent, bien entendu, être parfaitement
apprécier le siège de l’obstacle et l’aspect de la voie lacrymale, respectés dans la DCR par voie externe. Mais, outre le risque de
notamment la taille du sac, et surtout d’autre part pour établir le cicatrice cutanée, il y a aussi celui d’altérer le mécanisme subtil de la
bilan de l’état des fosses nasales (position de l’agger nasi, état du pompe lacrymale ; il y a aussi la difficulté à analyser le versant nasal
cornet moyen et du méat moyen) et des rapports des voies de l’anastomose construite.
lacrymales avec les cavités sinusiennes de la face. La voie endonasale apporte « un plus » dans ce domaine. Elle
permet en effet un respect total des éléments cutanés et de la
structure délicate du canthus interne. Mais cette voie d’abord
Principes chirurgicaux élégante n’est valable que si l’on réalise en endoscopie nasale la
de la dacryocystorhinostomie même chose que ce qu’on réalise par voie externe, c’est-à-dire une
ouverture complète de toute la face interne du sac lacrymal,
On définit trois principes chirurgicaux fondamentaux. éventuellement de la partie supérieure du canal lacrymonasal, et ceci
depuis le sommet, très près duquel débouche habituellement le
canalicule d’union.
PREMIER PRINCIPE
La DCR doit respecter la pompe lacrymale. Cette pompe lacrymale
siège au niveau des canalicules palpébraux. Du fait de l’action Techniques chirurgicales
antagoniste de la paroi élastique des canalicules et du muscle de
Duverney-Horner, est réalisé un véritable système péristaltique à Nous décrirons les techniques chirurgicales endoscopiques
piston, où les deux méats lacrymaux s’accolent l’un contre l’autre au actuellement utilisées :
moment du clignement ; puis les canalicules, dans leur portion – la DCR endonasale ;
palpébrale, se compriment vers l’angle interne, pour pousser les
larmes vers le canalicule d’union et le sac lacrymal. Le sac lacrymal – la DCR assistée au laser et les techniques endocanaliculaires.
est le réservoir « tampon » du système lacrymal excréteur. Il assure
l’évacuation des larmes, en grande partie par résorption et, en cas DACRYOCYSTORHINOSTOMIE ENDONASALE
d’afflux plus important, par vidange dans la fosse nasale. Le canal
lacrymonasal qu’on ne sait pas bien, pour le moment réhabiliter, est, C’est la technique que nous utilisons couramment.
dans la DCR, court-circuité et abandonné à son sort.
¶ Rappel anatomique
DEUXIÈME PRINCIPE
Les voies lacrymales comprennent les canalicules palpébraux, le
canalicule commun, le sac lacrymal et le canal lacrymonasal (fig 8). En
La néocommunication entre les voies lacrymales et la fosse nasale doit réalité, cette description donne une fausse idée de l’anatomie
être la plus large possible : le sac lacrymal doit devenir une partie de fonctionnelle des voies lacrymales.
la fosse nasale. En effet, dans la DCR, il faut éviter que le sac
Les voies lacrymales commencent au niveau des paupières qui
lacrymal ne persiste même partiellement, et n’entraîne la formation
présentent le long de leur bord les rivières palpébrales, l’une
d’un néosac, lui aussi à son tour, éventuellement dilaté : il faut
supérieure, l’autre inférieure. Ces deux rivières se rejoignent à
obtenir une marsupialisation complète (fig 7).
l’angle interne des paupières au niveau du lac lacrymal. Le lac
lacrymal est délimité en dehors par le repli semi-lunaire, qui est un
TROISIÈME PRINCIPE petit pli conjonctival vertical, en dedans par l’angle interne (canthus
interne), en haut par l’extrémité interne de la paupière supérieure,
Étant donné le bouleversement du système anatomique qu’implique
en bas par l’extrémité interne de la paupière inférieure. Le fond est
la réalisation de la DCR, il ne faut aucun obstacle au passage des
comblé par la caroncule. À la jonction entres les rivières lacrymales
larmes, du canalicule vers la cavité nasale. Si le canalicule d’union
et le lac lacrymal, s’ouvrent les méats lacrymaux qui absorbent le
ne débouche pas en plein dans la stomie réalisée et qu’au contraire
trop-plein de larmes.
se construit un trajet en baïonnette, le risque d’échec, notamment au
plan du larmoiement, est important. Certes, le problème infectieux Canalicules
est peut-être réglé, mais le patient est déçu, car il reste gêné par le
larmoiement persistant. Le canalicule d’union doit donc s’ouvrir en Les canalicules supérieur et inférieur font suite aux méats
regard de la DCR pour un résultat durable. Ce principe est accepté par lacrymaux. Les canalicules ont une paroi élastique très importante
de nombreux auteurs [21, 22, 44, 55, 63, 66, 67] qui pratiquent donc de la
même façon une ouverture haute du sac lacrymal au niveau du 8 Anatomie des voies la-
canal d’union. Nous réalisons donc un abord direct du sac lacrymal, crymales et trajet de la da-
contrairement à Rouvier [55] qui, en 1981, préconisait le fraisage de la cryocystorhinostomie. 1.
bosse lacrymale pour aborder le canal lacrymonasal. Cellules ethmoïdales anté-
rieures (agger nasi); 2. cor-
net moyen ; 3. cornet infé-
rieur ; 4. sinus maxillaire.
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l’avons aussi souligné dans le paragraphe d’anatomie, la projection sérum adrénaliné, parce qu’elle n’améliore pas l’hémostase locale.
de ce dernier sur la paroi externe de la fosse nasale est variable, Les berges de la résection mucopériostée doivent être coagulées pour
notamment par rapport au cornet moyen. En général, elle se fait éviter qu’une hémorragie ne perturbe les temps opératoires suivants.
au-dessus de sa racine d’insertion, plus rarement en regard ou en Comme de nombreux auteurs [1, 4, 39, 43, 44, 63] , nous sacrifions
dessous de la racine du cornet moyen. Il est donc impératif de la délibérément les lambeaux de muqueuse nasale et lacrymale pour
repérer avec précision dans chaque cas (fig 10). diminuer le risque de sténose secondaire. Toutefois, certains [17, 18, 55]
Lorsque la tête du cornet moyen est trop volumineuse, en cas de conservent les deux lambeaux, qu’ils solidarisent avec de la colle ou
pneumatisation (concha bullosa), on peut, soit la luxer en dedans, des clips neurochirurgicaux. D’autres enfin [ 2 9 , 6 7 ] sacrifient
soit réséquer la tête du cornet moyen avec les ciseaux de Rouvier uniquement le lambeau de muqueuse nasale, et rabattent en arrière
courbes. Nous préférons, quand cela est possible, nous en tenir à la le lambeau de muqueuse lacrymale. Ces variantes nous paraissent
luxation du cornet moyen, car l’exérèse de la tête du cornet compliquées, inutiles et peut-être même contraires au but recherché.
provoque des réactions croûteuses de la muqueuse, inconfortables
• Deuxième temps : résection osseuse (fig 12)
pour le patient et pouvant nuire à une bonne cicatrisation de la
stomie. Parfois, une déviation de la cloison nasale peut rendre Toujours guidé par la fibre optique placée dans le sac lacrymal, on
difficile l’accès au sac lacrymal. Elle nécessite rarement une pratique l’exérèse de la paroi osseuse dénudée de la gouttière
septoplastie, que l’on préfère également éviter, toujours pour les lacrymale à l’aide d’une fraise protégée, de préférence coudée à 30°,
mêmes raisons. En effet, ces déviations sont le plus souvent situées munie d’un système d’irrigation-aspiration. La fenêtre osseuse doit
à la partie inférieure du septum et, si elles sont gênantes, elles être large (1 cm2 environ), de façon à exposer la totalité de la paroi
peuvent être réduites par une simple luxation à l’aide de l’écarteur interne du sac lacrymal et la partie supérieure du canal
de Killian. Mais d’autres auteurs [44, 55, 63, 67] ont une attitude lacrymonasal.
différente, et réalisent ces différents gestes endonasaux de façon Ce temps comprend quasi obligatoirement l’ouverture de l’agger
systématique pour améliorer l’accès au champ lacrymal. nasi (cellules ethmoïdo-unguéo-orbitaires) et l’exérèse de la partie
antérieure de l’os planum ou lame papyracée. En effet, Blaylock [10]
Temps opératoires et Whitnall [68] ont démontré que les cellules ethmoïdales antérieures
sont au contact de la loge osseuse du sac lacrymal dans plus de
Les trois temps opératoires suivants sont alors abordés. 85 % des cas. Il est donc impératif d’ouvrir les cellules de l’ethmoïde
antérieur (agger nasi) pour accéder à toute l’étendue du sac lacrymal
• Premier temps : résection muqueuse (fig 11) et notamment à sa partie supérieure [34].
Une fois repérée la projection du sac lacrymal et du canal d’union, On est très attentif à supprimer tout obstacle osseux, notamment
un lambeau mucopériosté rectangulaire est découpé à la pointe près de la paroi supérieure de la fosse nasale, en regard du
coagulante coudée type Rosen ou Jost, et réséqué dans sa totalité. canalicule d’union. Les esquilles osseuses sont soigneusement
Nous avons abandonné l’infiltration sous-muqueuse préalable au extirpées, car elles risquent d’entraîner des granulomes de la
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13 Saillie de la paroi du sac lacrymal par pression de la fibre optique de transillumination introduite dans le canalicule inférieur (A, B) (flèche) et issue de mucopus du sac lacrymal (C).
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15 Attelle endonasale.
A. Attelles droite et gauche.
B. L’attelle est composée d’une partie supérieure cylindrique et d’une partie an-
térieure plane.
17 Échec d’une dacryo-
supérieure cylindrique et une antérieure plane. Ce conformateur cystorhinostomie endona-
redessine la partie supérieure de la fosse nasale, ce qui combat la sale. La fenêtre osseuse est
formation de synéchies. La forme de l’attelle autorise, en cas trop bas située par rapport
d’hémorragie persistante, un méchage complémentaire à la partie au sac lacrymal.
inférieure de la fosse nasale. Elle est fixée à la cloison nasale par un
fil non résorbable, et laissée en place 8 à 10 jours. Certains auteurs [27,
29, 44]
ne réalisent pas de méchage des fosses nasales, sauf en cas
d’hémorragie peropératoire ou de gestes associés au niveau du
septum ou des sinus.
Soins postopératoires
Les patients sont hospitalisés 24 heures. Nous prescrivons un
traitement antibiotique per os pendant une semaine jusqu’à
l’ablation de l’attelle endonasale, ainsi que des lavages des fosses
nasales au sérum physiologique et avec des gouttes huileuses
pendant 15 jours. Un collyre antibiotique et cortisoné est, sauf
contre-indication (herpès de la cornée), prescrit selon un mode regard de la stomie. Ces cicatrisations anormales sont responsables
« flash » : 6 à 8 fois par jour pendant 6 jours, relayé par des lavages de bon nombre d’échecs fonctionnels et/ou anatomiques. Leur
oculaires si nécessaire (sérum physiologique ou lotion oculaire). fréquence sera limitée par l’ablation soigneuse peropératoire de
Il est très important d’assurer un suivi postopératoire pendant les toutes les esquilles osseuses et fragments muqueux, et par un geste
premières semaines [ 2 2 , 2 7 , 6 3 , 6 7 ] . Le contrôle endoscopique le plus mesuré possible sur la muqueuse nasale (éviter de vouloir
postopératoire de la fosse nasale est réalisé aux 15e jour et 2e mois trop en faire au niveau des cornets ou de la cloison nasale dans le
postopératoires. Il permet un nettoyage régulier de la fosse nasale, même temps opératoire). De même, les soins locaux postopératoires,
et contribue ainsi à diminuer les risques de synéchie et de sténose comme l’ablation des croûtes et l’aspiration des sécrétions nasales
de la stomie. Il assure, en outre, la surveillance de la sonde sous endoscope, contribuent à diminuer le risque de sténose de la
bicanaliculaire qui est laissée en place habituellement de 3 à 6 mois. stomie et de synéchies ;
L’ophtalmologiste contrôle la bonne tolérance au niveau oculaire, et – les causes d’échec de la DCR endonasale sont d’une part, les défauts
l’absence d’infection et de larmoiement. Au besoin, un lavage des de cicatrisation de la muqueuse que nous venons d’énumérer, et
voies lacrymales, en plaçant la canule à côté de la sonde dans le d’autre part une ostéotomie mal positionnée ou trop petite, et/ou
canalicule, permet d’en contrôler la bonne perméabilité. une absence d’ouverture de l’agger nasi :
¶ Complications et résultats – une ostéotomie qui n’est pas située en regard de la partie
supérieure du sac lacrymal se trouve décalée par rapport au
Les complications sont rares. Dans la littérature [63] sont décrits : canalicule d’union, et réalise une anastomose dont le trajet est en
– des hémorragies de la muqueuse nasale nécessitant une baïonnette (fig 16). C’est notamment le cas lorsque le chirurgien
coagulation et un méchage de quelques jours. Un cas d’hémorragie ouvre la paroi osseuse de la gouttière lacrymale uniquement à sa
par plaie de l’artère ethmoïdale antérieure a été rapporté ; partie inférieure en regard du canal lacrymonasal, et non du sac
lacrymal lui-même. L’ostéotomie qui en résulte est alors trop bas
– des effractions de la paroi orbitaire : en peropératoire, une brèche située, comme le prouve l’examen radiologique de contrôle
de la lame papyracée peut entraîner une hernie de la graisse (fig 17). Dans d’autres cas d’échec, le forage osseux est insuffisant,
orbitaire : il faut la cautériser délicatement à la pince coagulante, avec une ouverture trop petite qui peut être le siège d’une néo-
sans traction pour ne pas impliquer un muscle oculomoteur (aucun ostéogenèse. En effet, l’os qui correspond à la branche montante
trouble de la vision binoculaire n’a cependant été publié). En du maxillaire supérieur est à ce niveau particulièrement épais et
postopératoire, l’effraction de la paroi orbitaire peut être à l’origine dur : le temps de fraisage est donc relativement long et ne doit
d’une ecchymose périorbitaire ou d’un emphysème sous-cutané pas décourager le chirurgien, qui mènera son geste jusqu’à son
(interdire le mouchage) ; terme ;
– de même, on ne retrouve aucun cas rapporté de brèche méningée – l’absence d’ouverture de l’agger nasi, très fréquemment située
consécutive à une chirurgie lacrymale ; en regard du sac lacrymal, est une autre cause d’échec de la DCR.
– en revanche, il est abondamment décrit des troubles de la Son ouverture est indispensable pour mettre en rapport le
cicatrisation de la muqueuse nasale ou lacrymale, avec formation de canalicule d’union et la fosse nasale. Ainsi, dans un cas de notre
synéchies, de granulomes, de volets muqueux et de croûtes en série, le dacryoscanner de contrôle (fig 18) a montré la persistance
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Un collyre antibiocorticoïde est instillé pendant 2 à 8 semaines, et Les principaux avantages liés au laser lors des DCR endonasales
un traitement antibiotique per os éventuellement associé, en cas de sont :
sac surinfecté.
– en cas de reprises chirurgicales d’échec de DCR antérieures quel
Complications peropératoires que soit le mode de la DCR initiale, la possibilité d’ouvrir facilement,
rapidement et sans hémorragie un ostium occlus, de sectionner des
Les complications peropératoires sont essentiellement une brûlure
brides éventuelles ou de lever des synéchies (la trépanation osseuse
des voies lacrymales, liée à une déperdition latérale d’énergie en
étant déjà réalisée) ;
bout de fibre, ou une issue de graisse orbitaire dans les fosses
nasales (que l’on peut vaporiser avec la fibre laser introduite dans le – en cas d’issue de graisse orbitaire dans les fosses nasales, la
nez). vaporisation aisée de cette dernière.
Les différents temps opératoires sont superposables à ceux de la
Complications postopératoires DCR endonasale classique, le forage osseux à la fraise étant
Les complications postopératoires sont : simplement remplacé par la vaporisation de l’os lacrymal par le
– des sténoses canaliculaires secondaires, comme dans toutes laser. Cependant, on retrouve bien entendu les mêmes limites : le
techniques de DCR ; pilier osseux interne de l’orbite est trop dur et trop épais pour se
laisser creuser par les lasers actuellement disponibles sur le marché
– des complications infectieuses ou inflammatoires peu fréquentes ; biomédical.
– des complications liées à l’intubation, essentiellement
extériorisation ou perte de la sonde, plus rarement stricturotomie ¶ DCR au laser, combinée :
du canalicule lacrymal ; transcanaliculaire + endonasale
– le sump syndrome des Anglo-Saxons, ou persistance d’une L’intérêt de cette technique combinée, rarement utilisée, est de
mucocèle à voies lacrymales perméables au lavage, liée à la pouvoir repérer par voie endocanalaire l’origine de l’obstacle de la
persistance du sac lacrymal, dont la majeure partie, en dessous de voie lacrymale (sténose canaliculaire, sténose du canal
l’orifice créé, ne se draine pas dans les fosses nasales ; lacrymonasal…), et de le traiter tout au moins partiellement par cet
– la fermeture de l’ostium, qui est la principale cause d’échec de la abord endocanalaire. Une stomie osseuse suffisamment large est
technique. Le larmoiement réapparaît alors entre le 2e et le 4e mois, alors complétée au laser par voie endonasale.
parfois plus tôt, voire d’emblée, parfois plus tard, éventuellement Cette technique combinerait donc les avantages des deux techniques,
plus de 1 an après l’intervention. Des synéchies nasales provoquées endonasale classique et endocanalaire, mais présente toujours
par des accolements postopératoires de la muqueuse nasale peuvent certains des mêmes inconvénients. Pour l’instant, ce double abord
englober l’ostium, le septum, le cornet moyen. ne s’est pas réellement répandu.
Les taux de succès sont, en tout cas pour le moment, largement
inférieurs à ceux obtenus par DCR externe transcutanée ou par DCR ¶ Prothèses endocanalaires (dans le canal
endonasale. On a vu que le maximum de chances de succès d’une lacrymonasal)
DCR est atteint lorsque l’ostéotomie est centrée sur le canalicule
d’union, et suffisamment large pour que la paroi du sac devienne Les techniques chirurgicales utilisant des prothèses endocanalaires
une partie de la paroi externe du nez. Quel que soit le type de laser, sont nettement moins répandues que les techniques précédemment
aucun n’a prouvé son efficacité sur l’os épais et très dense de la décrites.
crête lacrymale antérieure, or l’ablation de cette crête est primordiale Tout comme les DCR par voie endocanaliculaire, leur intérêt
pour obtenir un orifice qui ne fasse pas une chicane. De plus, le principal est le faible traumatisme opératoire, permettant des
mode délivrance par le canalicule ne permet pas un débattement interventions en ambulatoire sous anesthésie locale.
suffisant du faisceau laser, pour obtenir un orifice de bonne taille. La plupart des auteurs s’accordent pour donner un taux de succès
Pour cette raison, certains s’adressent à cette méthode plutôt pour limité (50 %), et ne proposent ces techniques qu’en première
les reprises d’échec des DCR réalisées auparavant de façon intention avant d’envisager un traitement chirurgical à proprement
conventionnelle [70]. Enfin, la plupart des auteurs recommandent la parler.
pose d’une sonde bicanaliculonasale en fin d’intervention, et on peut
se poser la question de son rôle, à elle seule efficace dans les cas où Technique du stent
le résultat est positif [2].
Au total, l’intérêt apparent de la DCR transcanaliculaire au laser Cette technique peu invasive utilise le plus souvent des stents en
réside dans sa simplicité, son caractère peu traumatisant, l’absence polyuréthane, et ses indications sont le traitement de première
de cicatrice cutanée. Elle a paru un moment très convaincante pour intention des sténoses du sac lacrymal ou du canal lacrymonasal, de
la chirurgie ambulatoire, chez les sujets fragiles… Mais, à l’usage, la préférence sténoses partielles.
plupart de ses utilisateurs ont éprouvé des déceptions, et beaucoup Le stent est habituellement introduit par voie canalaire antérograde,
ont abandonné cette méthode, du moins tant que la technologie sous contrôle radiologique, mais certains auteurs, avec
n’aura pas encore progressé. l’expérience [37, 38], proposent de l’introduire sans contrôle.
Lee [38] rapporte ainsi 53 cas sans contrôle radiologique, pour
¶ DCR endonasale assistée par laser lesquels il a posé des stents en polyuréthane, introduits par le point
On retrouve les indications, contre-indications et intérêts de la DCR lacrymal supérieur ou inférieur, allant jusqu’au méat inférieur dans
endonasale classique [9, 36, 42, 46, 48, 56]. la fosse nasale. Il constate un taux de succès de 93 % avec un suivi
Les complications et les limites de la DCR endonasale assistée ou moyen de 22 mois, les échecs étant liés à l’obstruction du stent ou à
non par laser sont superposables, si ce n’est quelques complications une sténose du canal d’union créée par une récidive infectieuse.
ou limites spécifiques à l’emploi du laser. Quel que soit le laser Song et al [59, 60, 61, 62] ont intubé 283 voies lacrymales avec pose de
utilisé KTP, Holmium : YAG…, on peut citer : stents en polyuréthane pour obstruction du sac lacrymal ou du canal
– le risque de brûlure ; lacrymonasal. Le positionnement du stent par voie antérograde a
été très minutieux, réalisé sous contrôle radiologique. Dans 95 % des
– une fibrose plus importante des tissus, constatée en cas de reprise cas, l’acte technique a été réalisé aisément, avec une résolution
chirurgicale par rapport à l’utilisation d’une fraise traditionnelle ; complète de l’épiphora dans 87 % des cas à 7 jours, mais à 1 an, une
– des cicatrices nasales rétractiles, des synéchies, peut-être favorisées récidive du larmoiement était décrite dans un tiers des cas. Il a
par l’usage du laser, avec notamment la constitution d’un tissu également proposé la pose de stents lors de sténose canaliculaire du
cicatriciel au niveau de l’ostium, entraînant l’échec de la DCR. canal d’union, avec de bons résultats à court terme sur 30 yeux.
12
TC Tête et Cou Dacryocystorhinostomie endoscopique 46-185
Lee, Song et al [37] avaient également rapporté auparavant une série obtient 51 % de succès dans les sténoses complètes du canal
de 571 stents posés sous contrôle radiologique pour épiphora par lacrymonasal, et 71 % dans les sténoses partielles. Mais ces taux
sténose sur la voie lacrymale basse. Dans un quart des cas (142/571), chutent respectivement à 25 % et 20 % à 2 ans, comme dans les
il a fallu retirer ce stent après 7 mois en moyenne, du fait d’une travaux de Song.
récidive du larmoiement liée dans 35 % des cas à une occlusion du La dilatation par ballonnet est donc, elle aussi, une technique au
stent par des sécrétions mucoïdes, et dans 65 % des cas à un tissu de premier abord simple, mais grevée d’un fort taux de récidives à
granulation cicatriciel. Après ablation du matériel et lavage des voies moyen ou long terme.
lacrymales au sérum physiologique, 51 % des patients notaient une Perry [50] réalise une dilatation par ballonnet et voie antérograde
amélioration du larmoiement à 7 jours, mais ils n’étaient plus que dans 15 voies lacrymales adultes présentant une sténose partielle du
33 % à 22 mois. canal lacrymonasal sans signe infectieux. Une intubation par sonde
D’autres études portent sur de petites séries, et ne permettent pas en silicone est laissée en place 2 mois après dilatation par ballonnet.
de conclusions statistiquement significatives. Certains intubent le Il obtient 73 % de bons résultats subjectifs à 2 mois, et 60 % à 6 mois.
canal lacrymonasal par voie rétrograde en utilisant des stents de Ainsi cette association, dilatation par ballonnet puis sonde en
polyéthylène. Song [57, 58] encore, avait utilisé des systèmes à mi- silicone, peut être proposée en traitement de première intention chez
chemin entre stent et ballonnet (stent métallique expansible), mis en des adultes présentant une sténose partielle du canal lacrymonasal.
place facilement, sans risque, avec un excellent taux de succès Berkefeld et al [8] proposent de recentrer les indications, éliminant
apparent immédiat, ce qui lui avait permis de l’envisager comme les dacryocystites aiguës, les lithiases et les lésions post-
alternative à la chirurgie pour le traitement des larmoiements traumatiques. Dans une étude sur 85 sténoses isolées, complètes ou
chroniques (sept yeux avec stent de 4 mm sur 10 mm après partielles du canal lacrymonasal, il obtient 92 % de bons résultats à
expansion). Mais depuis, il semble avoir abandonné cette technique. 1 an en l’absence des facteurs péjoratifs précités, chutant à 54 % pour
Pour le moment, cette technique, au premier abord séduisante car quasi les mauvais cas (sténoses étagées, antécédents traumatiques…). Il
instrumentale, simple, rapide, ambulatoire, ne donne pas à terme de propose donc de réserver cette technique à des cas favorables
résultats aussi satisfaisants que la DCR endonasale ou externe. sélectionnés.
Janssen et al [30, 31, 32] rapportent des résultats similaires.
Technique du ballonnet
Ainsi, la dilatation par ballonnet par voie antérograde ou rétrograde
Cette technique s’inspire des angioplasties transluminales. Adaptées dans les sténoses partielles ou complètes du canal lacrymonasal peut
aux pathologies lacrymales, les techniques du ballonnet peuvent, être proposée en première intention, puisqu’il s’agit d’une technique
elles aussi, être réalisées par voie antérograde ou rétrograde. simple, sans complication, réalisable sous anesthésie locale en
Le succès de la dilatation par ballonnet varie dans l’immédiat de 20 ambulatoire. Cependant, le patient devra être informé d’un risque
à 90 % selon les auteurs, mais à long terme, le taux de succès paraît élevé de récidive, surtout en cas de sténose complète, de sténoses
nettement plus faible. étagées, d’antécédents infectieux ou traumatiques.
Il est difficile de dégager une supériorité de la technique de Chirurgie endoscopique endocanalaire
dilatation par ballonnet par rapport à une simple intubation
bicanaliculonasale, puisque selon les auteurs les taux de succès de Elle suscite beaucoup d’intérêt, et doit son développement à la mise
l’intubation bicanaliculonasale seule varient de 60 à 70 % des cas. sur le marché d’endoscopes de diamètre réduit, pouvant franchir les
canalicules lacrymaux et pénétrer dans le sac et le canal
Dès 1989, Becker [5, 6, 7] avait tenté la dilatation de la voie lacrymale
lacrymonasal, accompagnés d’outils lasers ou mécaniques adaptés.
basse chez quatre patients présentant un échec de DCR classique. Il
Les travaux de JM Pifaretti en Suisse et de l’école allemande [47] ont
avait noté trois réponses favorables à court terme, avec succès d’une
démontré leur intérêt potentiel. Pour l’instant, la qualité de l’image
deuxième dilatation chez le quatrième patient.
n’est pas tout à fait satisfaisante, et il reste à prouver, par une série
En 1991, il applique cette technique de dilatation par ballonnet à de cas correctement analysée, une quelconque supériorité par
cinq enfants, soit âgés de plus de 6 ans, soit présentant un échec du rapport à la simple intubation dans les sténoses pures, et, plus
sondage ou de mise en place d’une sonde en silicone, avec une improbable encore, l’efficacité en cas de dilatation du sac lacrymal
disparition du larmoiement dans quatre cas. et d’infection. En outre, la législation française sur la
En 1996, il publie une étude sur 61 voies lacrymales d’enfants de décontamination et la désinfection des instruments médicaux
plus de 1 an après échec d’un sondage ou d’une intubation simple (circulaires de la direction générale de la santé du 11 décembre 1995
par sonde de silicone, avec 95 % de bons résultats. Ainsi, il préconise et du 20 octobre 1997, précisant les précautions face aux risques de
une dilatation par ballonnet du canal lacrymonasal en première transmission de la maladie de Creutzfeldt-Jakob et les règles
intention chez l’enfant de plus de 1 an, ou en cas d’échec préalable relatives à la stérilisation des dispositifs médicaux dans les
de sondages ou de mise en place de sonde en silicone. établissements de santé) rend l’usage de ces séduisants
Ko [35] rapporte une dilatation par voie antérograde de 195 sténoses miniendoscopes compliqué et onéreux. Cependant, l’intérêt de cette
du canal d’union, sous contrôle radioscopique, avec un ballon de méthode va vraisemblablement se relancer et se diffuser, par
3 mm de diamètre. Initialement, il obtient 90 à 94 % de bons résultats l’amélioration de l’image transmise, par la mise sur le marché de
suivant le caractère partiel ou complet de la sténose ; mais le taux moyens de stérilisation conformes à la réglementation et/ou de
de succès chute à 51 % à 6 mois, 43 % à 1 an et 40 % à 2 ans. nouveaux miniendoscopes résistants à la chaleur, peut-être même,
si son coût est abaissé, de matériel à usage unique.
Yazici [72] utilise la même technique, mais par voie rétrograde. Après
avoir introduit un guide-sonde du point lacrymal jusqu’à la fosse
nasale, il introduit le ballonnet par voie rétrograde et dilate la zone Conclusion
obstruée (ballonnet de 3 mm). Il obtient 25 % de succès à 14 mois en
moyenne dans les sténoses complètes, et 50 % dans les obstructions Au total, malgré le développement de nouvelles techniques visant à
partielles. rétablir la perméabilité du canal lacrymonasal et/ou du canalicule
Steinkögler [64] utilise la voie rétrograde pour introduire son commun, la technique de référence reste la DCR, en raison de son taux
ballonnet, après avoir cathétérisé la voie lacrymale du méat lacrymal de succès définitif jusqu’à présent inégalé. Elle est, désormais de plus en
jusqu’à la fosse nasale sous contrôle radiologique. Sur 57 yeux, il plus, réalisée par voie endonasale.
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13
46-185 Dacryocystorhinostomie endoscopique TC Tête et Cou
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14
ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE 46-125
46-125
Introduction Nous décrirons les techniques chirurgicales par unité esthétique nasale,
tout en sachant que ces unités ou volumes doivent être en harmonie entre
Les principes de base de la rhinoplastie ont peu changé ces dernières eux pour aboutir à un équilibre nasal et facial.
années. Cependant, les techniques se sont affinées grâce à une Les reconstructions nasales par lambeaux tissulaires et la chirurgie de la
connaissance accrue des corrélations entre l’anatomie et la morphologie cloison ne sont pas abordées dans cet article.
nasales, de l’équilibre facial et de la physiologie respiratoire. La
chirurgie est devenue plus conservatrice : ainsi les importantes
résections aboutissant à des nez sans caractère, voire affaissés par Rappel anatomique et artistique
manque de charpente ostéocartilagineuse, ont été abandonnées.
L’utilisation de greffes cartilagineuses ou osseuses est beaucoup plus
fréquente, notamment dans les nez post-traumatiques et malformatifs. La morphologie du nez est en rapport intime avec l’anatomie des
éléments qui le composent, c’est-à-dire la charpente ostéocartilagineuse
Afin de donner au visage un aspect harmonieux et agréable, le chirurgien
et les tissus cutanéoadipomusculaires.
doit respecter certaines mensurations géométriques [19]. Un autre article
de l’Encyclopédie médico-chirurgicale [7] détaille ces notions. Un L’anatomie de surface du nez est subdivisée en sous-unités en fonction
examen soigneux de l’anatomie artistique et des éléments de soutien du des points lumineux, des ombres et des lignes accentuées par la lumière.
nez est indispensable à l’élaboration d’un projet de correction nasale. Classiquement, le nez est composé de deux unités, le dos et la base, qui
Les techniques décrites ici doivent être au service de l’indication pour sont elles-mêmes subdivisées en sous-unités : la racine, le dorsum, les
concrétiser le projet réalisé avec le patient sur photographies. Aucun parois latérales, le lobule avec sa pointe, le triangle mou de Converse, la
geste opératoire ne doit être réalisé de façon systématique, comme, par columelle et le lobule de l’aile narinaire (fig 1).
exemple, la résection antérosupérieure des crus latérales des cartilages La pointe est divisée en deux triangles, sus- et sous-apical, dont les bases
alaires. En effet, chaque section, résection ou suture a une répercussion sont formées par une ligne tendue entre les dômes (fig 2). Les reflets
sur la morphologie nasale. Ce n’est qu’à ce prix que le chirurgien aura lumineux des dômes, de l’encoche sus-lobulaire et de la jonction
l’espoir d’obtenir un résultat « naturel » et non le classique surgical look. apicocolumellaire définissent de façon plaisante cette pointe [6].
Ainsi, après avoir établi un projet et analysé la structure et l’architecture Toutes ces unités et sous-unités doivent être en harmonie les unes avec
nasales, le praticien doit se poser les questions suivantes et en informer les autres pour aboutir à un nez « esthétique » s’intégrant dans le visage
clairement le patient : du patient.
– quel type d’anesthésie adopter ?
La forme du nez est alors définie en fonction de critères géométriques
– quelle voie d’abord utiliser ? (angles, courbes, dimensions), de dépressions, d’encoches et de sillons.
– s’agit-il d’une chirurgie de réduction de la pointe et/ou du dorsum ? L’étude de ces données géométriques doit tenir compte de l’équilibre du
quelles quantités faut-il réséquer ? visage, des angles nasofrontal et surtout nasolabial. En effet, l’angle
– s’agit-il d’une chirurgie d’harmonisation ? faut-il utiliser des greffes nasofrontal dépend de l’orientation du dorsum, mais aussi du front. Il en
cartilagineuses ? est de même pour l’angle nasolabial qui dépend de la columelle, mais
– s’agit-il d’une chirurgie d’augmentation nasale ? si oui, quelle aussi de la position de la lèvre supérieure : la lèvre ouvre l’angle en cas
technique et quelle greffe faut-il choisir ? de rétromaxillie ou rétroalvéolie et, inversement, le ferme en cas de
promaxillie ou proalvéolie. Si la plupart des mensurations sont faites de
profil, l’anatomie de surface s’analyse aussi de face et de trois quarts par
le jeu des ombres et des reflets lumineux.
Dominique Deffrennes : Praticien hospitalier temps partiel, hôpital Lariboisière, 2, rue
Sheen insiste [25] sur deux lignes symétriques « harmonieuses » qui
Ambroise-Paré, 75010 Paris, France. suivent le rebord orbitaire interne, l’arête nasale latéralement, et
Pascal Horay : Ancien chef de clinique à la faculté, 146, rue de l’Université, 75007 s’écartent pour se terminer sur les dômes. Aussi, la largeur de la racine
Paris, France. du nez n’est-elle pas modifiable par la rhinoplastie, au risque de briser
© Elsevier, Paris
cette ligne. Seule la contraction des cadres orbitaires peut réduire cette
Toute référence à cet article doit porter la mention : Deffrennes D et Horay P. largeur sans rompre la continuité de ces lignes.
Rhinoplastie esthétique et réparatrice. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Techniques Le résultat d’une rhinoplastie esthétique dépend de la connaissance des
chirurgicales – Tête et cou, 46-125, 1998, 32 p.
structures anatomiques nasales : os propres, branches montantes des
46-125 RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE Techniques chirurgicales
1
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3
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5 1
6
2
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6
A B
2
2 La pointe du nez est formée de deux triangles dont la base
commune est tracée entre les dômes (2), les sommets correspon-
3 dant à l’encoche sus-lobulaire (1) et à la jonction columelloapicale
(3).
3 A. De trois quarts.
A B B. De face.
maxillaires, cartilages latéraux supérieurs (ou triangulaires) et inférieurs former les parois latérales du dorsum (fig 4). Leur désinsertion des os
(ou alaires), septum, revêtement cellulograisseux, musculaire et cutané propres ou leur section de la cloison peut être responsable de l’aspect de
(fig 3). V inversé, typique du surgical look.
Nous n’insisterons que sur quelques points anatomiques permettant une Les cartilages latéraux inférieurs ou alaires forment le soutien essentiel
meilleure compréhension des éléments de soutien du nez et donc des de la base du nez avec le septum cartilagineux et les lobules narinaires.
répercussions des gestes chirurgicaux [13]. Le chirurgien peut façonner, réséquer, repositionner les cartilages
La charpente osseuse est formée par l’échancrure frontale (racine du alaires, ou leur apposer des greffons cartilagineux.
nez), les branches montantes des maxillaires et les os propres (parois On décrit trois segments au cartilage alaire : la crus mésiale, la crus
latérales et arête nasale). intermédiaire et la crus latérale (fig 5).
Les cartilages latéraux supérieurs ou triangulaires s’insèrent sous les os De profil
propres, les branches montantes des maxillaires formant l’orifice – La crus latérale est orientée horizontalement ou obliquement vers le
piriforme. Ils prolongent le bord supérieur du septum cartilagineux pour haut ou le bas (fig 6). Cette disposition influe sur la projection de la
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Techniques chirurgicales RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE 46-125
L
l 2
3
1 4
2 5 3
6
5 Anatomie du cartilage alaire.
1. Crus latérale (L : longueur, l : largeur) ; 2. crus intermédiaire ; 3. crus mésiale.
L’angle apicocolumellaire donne au nez le classique aspect de double break.
7
De face
Les crus intermédiaires ont une orientation variable, divergente ou
convergente (fig 8). La distance séparant les dômes, responsable de la
largeur de la pointe, est fonction de l’angle formé par les crus
intermédiaires et de leur taille (fig 9).
3 Anatomie du nez (d’après Pernkopf). La forme, les dimensions, la rigidité, la topographie et l’axe des
1. Branche montante du maxillaire ; 2. triangle mou latéral ; 3. os propre ; 4. cartilage cartilages alaires ont une répercussion variable sur la morphologie
latéral supérieur ou triangulaire ; 5. triangle faible médian ; 6. cartilage latéral inférieur nasale en fonction de la consistance et de la texture du revêtement
ou alaire ; 7. septum. cutané. En effet, le revêtement cutané et celluloadipeux joue un rôle
important dans la morphologie du nez. Son épaisseur limite les
possibilités chirurgicales. En cas de peau épaisse, le chirurgien s’oriente
vers une amélioration de la définition nasale afin de mieux l’harmoniser
1 avec le visage. Au contraire, une peau fine laisse beaucoup plus de
2 possibilités chirurgicales, notamment de réduction.
3
A x 4
A
Principes généraux
Instrumentation
B
3 L’instrumentation est variable selon les habitudes du praticien, mais une
boîte de rhinoplastie comporte, au minimum, les instruments suivants :
2 ciseaux courbes à bouts mousses type Ragnell, ciseaux courbes à bouts
4 pointus, ciseaux coudés type Heyman, ciseaux de Mayo droits, bistouri
lame 15, pinces à disséquer à griffes et sans griffes, pince de Politzer,
écarteur, crochets de Gillies, double crochet, décolleur, rugine type
B Joseph, rugine courbe, spéculum, ostéotomes droits, ostéotome latéral
boutonné, masse, râpes, écraseur à greffe de Jost.
4 Anatomie du cartilage triangulaire : rapports avec la cloison.
1. Os propre et branche montante du maxillaire ; 2. cartilage triangulaire ; 3. septum
cartilagineux ; 4. muqueuse nasale ; x : hauteur de l’insertion du cartilage sous les os Installation du patient
propres du nez.
Le patient est placé sur une table opératoire en proclive d’environ
pointe et l’angle nasolabial. Elle est modifiée par de nombreux facteurs 20 à 30° et la tête défléchie afin que le plan de Francfort soit
anatomiques. Par exemple, une largeur excessive, associée à un approximativement perpendiculaire à l’horizontale (fig 10). La tête est
prolongement postérieur puissant et long, entraîne une chute de la à peu près à l’horizontale. Un rond placé sous la tête la stabilise.
pointe. La tête du patient est alors drapée par un champ laissant le visage
– La crus intermédiaire forme la partie basse du lobule avec son dôme découvert afin que le chirurgien puisse contrôler, à tout moment de
et son triangle sous-apical. l’intervention, l’harmonie du visage, notamment du profil.
– La crus mésiale lui fait suite et forme la columelle en décrivant un Le patient est le plus souvent intubé. La sonde est alors placée au centre
angle de rotation améliorant la définition de la pointe. Sa déformation de la bouche de manière à ne pas tracter la commissure labiale et les ailes
peut donner, à l’extrême, l’aspect de columelle pendante. narinaires. Outre la sonde à ballonnet, l’inhalation du sang est prévenue
De base par un packing oropharyngé.
Le cartilage alaire forme une véritable arche dont le sommet est représenté La source de lumière du scialytique est suffisamment focalisée et
par la crus intermédiaire. Les crus mésiales, appuyées sur l’épine nasale, orientée obliquement vers les narines pour permettre un éclairage
décrivent un angle dièdre vers le bas et un angle divergent vers l’avant, endonasal. Certains chirurgiens s’aident d’une lumière frontale.
responsable de l’écartement des dômes (fig 7). Cette divergence peut être L’utilisation d’une optique à 0° ou 30° de 4 mm de diamètre est
modifiée chirurgicalement. La longueur et la rigidité des crus mésiales particulièrement intéressante pour la chirurgie du septum et des cornets.
sont des facteurs importants de projection de la pointe. L’irrigation de l’optique facilite son utilisation.
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46-125 RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE Techniques chirurgicales
A B C
6 L’orientation de profil du cartilage alaire dépend de la forme, de la taille et de la A. Orientation normale.
position du cartilage. Plusieurs facteurs influent sur cette orientation. B. Bascule supérieure avec ouverture de l’angle nasolabial.
C. Bascule inférieure avec fermeture de l’angle nasolabial.
Anesthésie générale
1 Il faut tenir compte des contraintes chirurgicales et des impératifs
anesthésiques.
2
Contraintes chirurgicales :
– difficulté d’accès à la tête du patient pendant l’intervention ;
– épistaxis chirurgical, d’abondance variable mais permanent (risque
3
d’inhalation) ;
– ostéotomies entraînant stimuli douloureux, chocs et vibrations,
7 Anatomie des car- responsables de mouvements de la tête.
tilages alaires vue de
base. 1. Crus intermé-
Impératifs anesthésiques :
diaire ; 2. crus latérale ; – appréciation préopératoire des difficultés éventuelles d’intubation ;
3. crus mésiale. On décrit
deux angles : un angle
– contrôle absolu de la liberté des voies aériennes et de la ventilation ;
entre les dômes et un an- – surveillance clinique rigoureuse et monitorage permanent et adapté,
gle fait de la divergence tensionnel et ventilatoire, avec maîtrise constante du saignement ;
des crus mésiales.
– contrôle de l’aréactivité réflexe lors des stimulations pharyngées ou
trachéales (par sonde, par accumulation de sang, de salive) ;
Anesthésie (1) – contrôle d’un réveil calme et tranquille, notamment à l’extubation
Elle fait le plus souvent appel à l’association d’une anesthésie générale alors que les fosses nasales sont méchées et obturées.
et d’une anesthésie locale. La consultation préanesthésique, médicolégale et indispensable, permet
de choisir les moyens anesthésiques, c’est-à-dire contrôler les
problèmes d’intubation, maîtriser la profondeur de l’anesthésie, le
(1) Avec la collaboration du docteur Olivier Muzard, anesthésiste-réanimateur, Paris. saignement, la normocapnie, le réveil.
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Techniques chirurgicales RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE 46-125
h h'
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46-125 RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE Techniques chirurgicales
4
1
A B
triangulaire. Située entre le cartilage triangulaire et le bord supérieur de alaire. Le décollement se fait à l’aide de ciseaux à pointe mousse type
la crus latérale du cartilage alaire, elle est réalisée après avoir retroussé Ragnell, tout en plaçant un crochet double sur le rebord narinaire dont la
la pointe du nez vers le haut à l’aide d’un crochet double ou d’un contre-pression digitale permet de contrôler la dissection. Les ciseaux
instrument mousse (fig 15). L’incision est prolongée latéralement en sont introduits par la narine controlatérale au cartilage disséqué
fonction de la résection cartilagineuse prévue et de la dissection (fig 16A). Le décollement peut être prolongé latéralement vers le
éventuelle du prolongement postérieur du cartilage alaire. Cette incision prolongement postérieur de la crus latérale, tandis que les ciseaux sont
entraîne un recul et une élévation de la pointe par rotation du cartilage introduits par la narine homolatérale pour décoller, en totalité, la crus
alaire. Cet effet secondaire est d’autant plus important que l’incision intermédiaire et le dôme (fig 16B). Puis la crus latérale est éversée à
intercartilagineuse est étendue en arrière ; l’aide d’un crochet de Gillies. La face endonarinaire du cartilage alaire
– l’incision transcartilagineuse intéresse les crus latérale et est alors séparée de sa muqueuse de façon plus ou moins étendue en
intermédiaire du cartilage alaire, permettant d’emblée une résection de fonction de la résection cartilagineuse prévue (fig 17). Le décollement
l’excès de cartilage. Elle est indiquée en cas de peau épaisse, d’orifice se fait d’autant plus près du cartilage que la peau est fine. Une contre-
narinaire étroit et de cartilage alaire très ferme. incision muqueuse, dans l’angle de la crus intermédiaire, peut favoriser
son exposition. En cas de crus mésiale haute, il est préférable de faire
une incision transcartilagineuse en tenant compte de la quantité de
Dissection endonasale des cartilages alaires cartilage à réséquer. Certains auteurs exposent la crus intermédiaire et le
début de la crus latérale par la narine opposée, mais cette technique
Elle se fait par voie rétrograde ou par voie directe. nécessite des narines suffisamment larges.
La voie rétrograde consiste à éverser les crus latérale et intermédiaire La voie d’abord directe comporte une incision soit transcartilagineuse,
après un décollement entre le revêtement musculocutané et le cartilage soit intercartilagineuse associée à une incision marginale.
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Techniques chirurgicales RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE 46-125
1 2 3 4 5
B
12 Infiltration endonasale.
1. Glabelle ; 2. dorsum ; 3. branche montante du maxillaire ; 4. pointe ; 5. cloison et
A épine nasale antérieure.
L’incision transcartilagineuse permet d’emblée la résection d’une partie réalisée à la lame de bistouri n°15 puis aux ciseaux pointus.
du cartilage alaire qui est disséqué par un abord direct jusqu’au cartilage L’extériorisation de l’anse de seau est maintenue par un crochet de
triangulaire et aux sésamoïdes (fig 18). Gillies.
L’incision marginale longe le bord inférieur de la crus latérale et,
associée à une incision intercartilagineuse, extériorise la crus
Dissection et exposition de la charpente ostéocartilagineuse
intermédiaire et une partie des crus latérale et mésiale (fig 19). Cette Le décollement musculocutané de la charpente ostéocartilagineuse
extériorisation en « anse de seau » est surtout intéressante pour débute au bistouri lame n° 15 afin de repérer le bord inférieur du cartilage
symétriser les cartilages alaires et/ou suturer les dômes. Il est important, triangulaire au niveau de l’incision latérale. Il est alors prolongé aux
au niveau des dômes, que l’incision soit faite à environ 3 mm du bord ciseaux à pointe mousse type Ragnell vers la racine du nez, c’est-à-dire
narinaire et qu’elle respecte le récessus antérieur du vestibule. Au niveau sur la face externe des cartilages latéraux supérieurs ou triangulaires et
de la columelle, l’incision se situe à 1 mm du rebord narinaire et se des os propres du nez (fig 20).
poursuit jusqu’au bord inférieur de la crus latérale. L’incision est La profondeur du décollement dépend de l’épaisseur cutanée.
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2 1
3
A
B
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Techniques chirurgicales RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE 46-125
nasales, ce qui limite l’utilisation de greffons. De plus, le risque de cartilages alaires [11]. L’incision transcolumellaire siège à la jonction du
rétraction muqueuse endonasale n’est pas négligeable. tiers supérieur et des deux tiers inférieurs. La forme de l’incision
transcolumellaire est variable selon les habitudes du chirurgien (fig 24).
Voie d’abord externe Nous pratiquons une simple incision horizontale. L’incision marginale
Décrite par Réthi, elle consiste en une incision transcolumellaire se doit passer à au moins 3 mm du bord narinaire en laissant libre le
prolongeant latéralement par une voie marginale au bord inférieur des récessus antérieur du vestibule. La dissection sous-cutanée est la plus
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Techniques chirurgicales RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE 46-125
A B
proche possible des cartilages alaires, permettant à l’opérateur de – elle donne une vue d’ensemble sur la pointe nasale. En effet, les
soulever le tissu de recouvrement musculocutané (fig 25). structures anatomiques cartilagineuses ne sont pas toujours aisées à
percevoir, notamment lorsque la peau est épaisse ou le nez post-
Cette incision discrète peut inquiéter le patient quand il s’agit d’une traumatique ou multiopéré. Elle permet une chirurgie mieux adaptée
rhinoplastie « esthétique », mais présente certains avantages : dans les cas de pointes difficiles. Les effets secondaires des
décollements, sections ou résections sont immédiatement appréciés.
– elle ne compromet pas la vascularisation de la pointe du nez et de la
columelle, puisque celle-ci provient de l’artère nasale externe située à Son indication est très fréquente lors de rhinoplastie secondaire, quand la
quelques millimètres au-dessus du sillon alaire ; pointe doit être reprise, ou lors de rhinoplastie primaire avec pointe difficile.
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A B
28 A. La résection de la bosse ostéocartilagineuse commence par la section des B. Dans son prolongement, l’ostéotomie des os propres du nez est réalisée
cartilages triangulaires et de la cloison aux ciseaux de Heyman. jusqu’à l’échancrure frontale.
A C D
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1
2
La résection est effectuée idéalement en monobloc comprenant une d’ostéotomie latérale n’est pas systématique. Le diastasis du dorsum est
partie du septum, des cartilages triangulaires et des os propres de nez alors fermé par une greffe cartilagineuse écrasée d’apposition. À
(fig 29A, B). La résection osseuse peut être complétée et régularisée à la l’inverse, la technique de l’out-fracture est utilisée en cas de nez large à
râpe. os propres épais.
La résection osseuse peut être effectuée seulement à la râpe si la bosse Le rapprochement des os propres sur la ligne médiane entraîne les
est discrète ou les os propres courts. Pour certains auteurs, elle est cartilages triangulaires. Il peut être responsable du classique aspect en V
systématique. Il faut alors se méfier d’une désinsertion osseuse du inversé de la partie moyenne du dorsum si les cartilages triangulaires
cartilage triangulaire, voire d’une déchirure cartilagineuse. s’appuient trop sur la cloison. Une gêne inspiratoire peut s’ensuivre. La
L’ostéotomie latérale est réalisée à l’ostéotome boutonné, le plus suture des bords antérieurs des cartilages triangulaires au-dessus de la
souvent par voie endonasale, voire vestibulaire. Après une incision en cloison atténue cet effet néfaste. Certains auteurs préconisent une
regard de la partie basse de l’orifice piriforme, une rugine de Joseph ostéotomie latérale plus haute au niveau de l’orifice piriforme.
dépérioste, partiellement ou complètement, la branche montante du La réduction de projection du dorsum dépend du projet fait avec le
maxillaire sur le trajet de l’ostéotomie (fig 30A). Celle-ci débute à la patient. La quantité de résection est donc fonction de l’effet recherché.
partie basse de l’orifice piriforme dans la branche montante du Elle doit tenir compte de l’âge du patient, car l’élasticité de la peau
maxillaire pour s’infléchir et passer en avant du canthus interne. Elle diminue à partir de 35 ans. Au-delà de cet âge, la redistribution tissulaire
remonte classiquement dans l’os dense de la racine du nez, mais peut se est aléatoire en cas de diminution trop importante de la projection.
faire au-dessous de celui-ci, notamment lorsque la racine du nez est Le recul de la projection nasale peut faire apparaître une cloison déviée
étroite (fig 30B, C). Dans ce dernier cas, un ostéotome courbe est (fig 33). Un nez « droit » deviendra alors dévié. Sa correction nécessite
généralement utilisé. une septoplastie [8] (fig 34) ou une greffe d’apposition du dorsum dans le
L’ostéotomie médiane peut être réalisée au burin, fragilisant la partie même temps opératoire [16]. En pratique, la correction d’un nez dévié est
haute du volet osseux (fig 31A). plus facile si la déformation est essentiellement osseuse.
Le volet osseux est mobilisé en-dehors de la ligne médiane : c’est l’out-
fracture. Deux triangles osseux sont ensuite réséqués dans l’échancrure Réduction de la projection de la pointe
frontale à l’aide d’une pince gouge (fig 32). Cette résection de La projection de la pointe du nez est fonction de son armature
l’échancrure frontale ne doit pas être trop importante afin de ne pas cartilagineuse, c’est-à-dire des cartilages alaires et de la cloison. Une
« casser » la courbe harmonieuse de Sheen à la racine du nez. Les volets épine nasale antérieure très développée peut participer au soutien de la
osseux sont alors ramenés vers la ligne médiane par pression bidigitale. pointe. Cependant, une peau épaisse est souvent, à elle seule,
À l’inverse, les volets osseux peuvent être rapprochés d’emblée par cette l’« armature » du nez, et donc responsable de la forme et de la projection
pression digitale sur la ligne médiane : c’est l’in-fracture (fig 31). La du nez. Dans ces cas, les cartilages de pointe sont mous et sans
résection des triangles osseux frontaux à la pince gouge fine précède consistance. Une résection partielle des alaires est inefficace, voire
alors cette fracture. inesthétique. En revanche, l’apport de greffes est généralement
Le choix du type de facture varie selon les opérateurs [26] . Nous souhaitable.
réservons, quant à nous, la technique de l’ in-fracture aux nez étroits, Le recul de la pointe est donc provoqué par la section et la résection
surtout si l’os propre est court et fin. Dans ce dernier cas, l’indication appropriées des éléments qui soutiennent cet « appendice » nasal.
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Techniques chirurgicales RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE 46-125
A B
augmente encore le recul de pointe. Cet effet ne doit pas être méconnu
lors d’une modification isolée de la base du nez : le risque est alors de
faire apparaître une cyphose.
La résection de la partie supérieure de la crus latérale et/ou intermédiaire
du cartilage alaire accentue la rotation postérosupérieure de la pointe
(fig 35).
La section-résection du prolongement postérieur de la crus latérale du
cartilage alaire entraîne un recul de pointe limité par la rigidité des ailes
narinaires [12, 23] (fig 36). L’importance de cet effet dépend de la
consistance et de l’élasticité de la crus latérale. La résection
cartilagineuse doit alors être très postérieure pour éviter l’altération de
32 La résection des coins osseux de l’échancrure frontale à la pince gouge permet la valve narinaire, dont la correction secondaire est toujours difficile.
un meilleur rapprochement des volets osseux. Cependant, il faut se méfier : trop Son association à la section-résection de la partie supérieure de la crus
réduire la largeur de la racine du nez risque de rompre l’harmonie des courbes de
Sheen. latérale accentue la rotation supérieure de la pointe (fig 37).
La section-résection de la crus mésiale provoque un recul, voire un
abaissement de la pointe (fig 38). Cette résection se fait à la jonction de
La section, dans la plica nasi, de l’articulation du cartilage triangulaire- la crus intermédiaire et de la crus mésiale du cartilage alaire. Elle
cartilage alaire et l’incision interseptocolumellaire, lors de la voie emporte généralement le tissu cutané en regard de la chondrectomie.
d’abord endonasale, vont entraîner une rotation en haut et en arrière de L’orientation des traits de section cartilagineuse peut modifier l’angle
la pointe. La section complète de cette articulation cartilagineuse apicocolumellaire (fig 39). La résection de l’épine nasale, associée à la
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2
37 L’ascension et le recul
de la pointe sont accentués
si la résection de la partie
supérieure des crus latérale
B et intermédiaire est asso-
ciée à la section-résection
du prolongement postérieur
35 A. Section intercartilagineuse et résection de la partie supérieure des crus des crus latérales.
latérale et intermédiaire.
B. Elles provoquent la rotation postérosupérieure (1) et le recul (2) de la pointe
nasale.
moyenne de la pointe, c’est-à-dire des dômes. La résection
cartilagineuse s’infléchit dans sa partie inférieure faisant apparaître
l’encoche sus-lobulaire.
Si la résection du cartilage septal n’est pas suffisante, l’aspect du nez
risque de prendre l’allure du classique « bec-de-corbin » ; sa correction
secondaire est toujours facile. À l’inverse, une résection trop importante
du septum peut faire apparaître aussi un aspect de bec-de-corbin si la
peau du nez est épaisse ; certains auteurs évoquent la responsabilité de
la fibrose cicatricielle ; sa correction nécessite l’apport de greffes.
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1
2
2
A
A
39 L’angle apicocolu-
mellaire est modifié en
fonction de la forme de la
B résection des crus mésia-
les.
C
38 A, B. La section-résection des crus mésiales des cartilages alaires provoque le
recul de la pointe.
C. La section du ligament columellaire, éventuellement associée à la résection
de l’épine nasale antérieure, accentue encore ce recul.
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46-125 RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE Techniques chirurgicales
41 La résection d’une
bande cartilagineuse in-
férieure du septum et
d’une partie de l’épine
nasale antérieure élève
la pointe et augmente la
hauteur de la lèvre
supérieure.
A D
43 A. La forme convexe des crus mésiale et intermédiaire donne l’aspect d’un nez à columelle
pendante avec fermeture de l’angle nasolabial.
B. La résection-suture d’un triangle à base inférieure du cartilage alaire, au niveau de l’angle
apicocolumellaire, entraîne une fermeture de cet angle avec une ascension columellaire.
C. L’ouverture d’un triangle à la jonction des crus intermédiaire et mésiale, maintenue par une
suture d’un greffon cartilagineux, provoque le même résultat avec une projection de la pointe.
D. La résection de la partie inférieure des crus mésiale et intermédiaire définit l’angle apicoco-
C lumellaire en diminuant la hauteur de la columelle.
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Techniques chirurgicales RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE 46-125
A
45 L’affinement de la
, B
pointe, dont l’angle naso-
labial et le lobule apical
sont normaux, nécessite
une résection du bord
antérosupérieur des crus
latérale et intermédiaire.
page 19
46-125 RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE Techniques chirurgicales
A
page 20
Techniques chirurgicales
,
RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE
,, 46-125
– La position trop basse du lobule narinaire peut être corrigée par une
,
rotation de 180° de la crus latérale [15] (fig 57).
page 21
46-125 RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE Techniques chirurgicales
58
,
L’aspect de « V inversé » du dorsum, généralement secondaire à une rhino-
plastie, peut être corrigé par des spreader graft, c’est-à-dire la mise en place de deux
greffons cartilagineux de part et d’autre du bord antérieur du septum.
59 La correction du nez ensellé, avec pointe normalement projetée et angle
nasolabial quasi normal, nécessite la mise en place d’un greffon cartilagineux ou
osseux, en fonction de l’importance du defect.
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Techniques chirurgicales RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE 46-125
1/2
1
1/3
2
1/2 1/3
1/3
61 Anatomie et proportions de la
base du nez.
3
A B
– Sur une vue de profil, le bord du lobule est convexe en bas, alors que
la moitié de l’aile narinaire est concave. Le bord inférieur de l’aile 64 Prise d’une
greffe pariétale crâ-
narinaire doit laisser la columelle apparente d’environ 2 mm. nienne. Le prélève-
Il existe schématiquement trois types de résection (fig 62) : ment se fait généra-
lement en bande-
– en fuseau, au pied du lobule, et s’étendant sur le seuil narinaire, dans lettes dont le nombre
les cas de nez large (fig 62A) ; dépend de l’impor-
– en croissant, au pied du lobule, et remontant le long du sillon tance du defect à
combler.
alogénien, dans les cas d’ailes trop longues (fig 62B) ;
– en fuseau, le long du bord inféro-interne du lobule, généralement
associé à une résection dans le sillon alogénien, ne modifiant pas la
largeur de l’orifice narinaire (fig 62C). part et d’autre de la cloison. Un méchage au Tulle Grast ou au tissu
résorbable est laissé en place pendant 2 à 8 jours. Ces greffons sont droits
La résection, généralement effectuée au bistouri lame n°15, est et rigides, d’où leur intérêt.
purement cutanée. La fermeture est faite en deux plans.
La greffe auriculaire est souvent utilisée car son prélèvement est facile
et laisse très peu de séquelles (fig 63). Elle a d’autant plus d’intérêt
Greffes cartilagineuses et osseuses lorsque le prélèvement septal est impossible, en cas d’absence de
cartilage ou d’adhérences septales. Le prélèvement de la conque est le
Les greffes osseuses, et surtout cartilagineuses, sont très utilisées au plus classique ; il est cependant possible de prélever le cartilage du
cours des rhinoplasties secondaires mais aussi primaires. Elles ont pour scapha ou de la cymba conchae. L’abord du prélèvement peut être, soit
but le comblement d’une perte ou d’un manque tissulaire, le antérieur avec le risque d’une cicatrice discrètement visible, soit
renforcement de la charpente ostéocartilagineuse et l’harmonisation du rétroauriculaire invisible. L’unité cartilagineuse circonscrite entre les
nez. Les greffes autologues, seules envisageables aujourd’hui, sont reliefs du pavillon est prélevée en totalité. Le décollement est sous-
toujours préférables aux biomatériaux dont la fiabilité à long terme est périchondral. La surface cutanée est repositionnée à l’aide d’un
souvent décevante. conformateur maintenu en place pendant la contention nasale. Le siège
du prélèvement dépend de la forme du greffon nécessaire. Ces greffons
Techniques et sites de prélèvement sont généralement affinés à l’aide d’un écraseur.
La greffe chondrocostale a l’intérêt d’être rigide et facilement
Greffes cartilagineuses façonnable. Elle est prélevée en regard du sillon sous-mammaire chez la
La greffe septale est la plus facile à prélever lors d’une septorhinoplastie. femme. Le décollement est sous-périchondral et doit se garder d’une
Cependant, il faut se méfier des effets secondaires néfastes sur la forme brèche pleurale. Une radiographie pulmonaire est systématique afin de
et le maintien du nez. Classiquement, un fragment en forme de L, d’une rechercher un pneumothorax.
largeur de 15 mm environ, est conservé afin d’éviter un enfoncement du Toutes les greffes cartilagineuses doivent être placées soigneusement et
dorsum cartilagineux en « coup de hache ». Cet enfoncement peut stabilisées afin d’éviter les déplacements, les rétractions, les irrégularités
n’apparaître que plusieurs mois après la rhinoplastie. Le greffon et les infections. Le lit de la greffe doit comporter un bon recouvrement
cartilagineux est épais vers le pied de cloison et mince vers la lame cutané et un plan profond sans communication avec les fosses nasales.
perpendiculaire de l’ethmoïde. En fin d’intervention, les muqueuses sont La voie d’abord externe est souvent préférable. Un traitement
accolées et souvent maintenues par deux lames de Silastict placées de antibiotique préventif d’une durée de 8 jours est indiqué.
page 23
46-125 RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE Techniques chirurgicales
Greffes osseuses modelables. Ils peuvent être recouverts d’aponévrose temporale afin
d’éliminer les aspérités du dorsum en regard d’une peau fine.
Le prélèvement est réalisé sur l’os iliaque ou, mieux, sur le crâne. En
effet, l’os cortical crânien, membraneux, est moins résorbable que l’os – Les greffes chondrocostales ou ostéochondrocostales ont tendance à
spongieux. se déformer avec le temps. Elles ont l’intérêt d’être facilement
modelables, non résorbables, souples pour la pointe et parfaitement
La greffe crânienne pariétale (fig 64) présente de nombreux avantages
lisses pour l’arête nasale [5].
mais est de prélèvement délicat et contre-indiquée chez l’homme
dégarni ou chauve. Le crâne est rasé a minima, en regard de la cicatrice
longue de 7 à 10 cm. Le prélèvement est tracé à la fraise, sous irrigation, Ensellures discrètes
puis les greffons sont soulevés à l’aide d’un ostéotome. Il faudra
s’assurer de l’absence de brèche dure-mérienne après le prélèvement. La greffe cartilagineuse auriculaire suffit.
Après hémostase soigneuse, la fermeture du cuir chevelu se fait en deux
plans, généralement sans drainage. Les suites sont habituellement
simples et indolores. La cicatrice est dissimulée dans le scalp, mais laisse Harmonisation nasale (pointe, ailes, dorsum)
apparaître une légère dépression.
On utilise généralement des résections faites au cours de la rhinoplastie
Indications et choix des greffons (alaire, septum) ou un prélèvement auriculaire.
Ils sont fonction de l’importance du defect, du lit du greffon, de
l’épaisseur cutanée et des habitudes du chirurgien.
Cas cliniques
Nez effondrés
– Les greffons osseux iliaques ou crâniens [10] sont le plus souvent utilisés. Les figures 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75 illustrent quelques
Cependant, ils ont une tendance à la résorption et ne sont pas toujours très techniques correctrices.
A B C D
Fig 66 à 75 ➤
page 24
Techniques chirurgicales RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE 46-125
A B C D
A B C D
67 Nez large au niveau du dorsum (après traumatisme dans l’enfance). La pointe est affinée par une résection de la partie supérieure des crus latérale
Ostéotomie médiane et latérale, avec résection osseuse médiane du cal osseux. et intermédiaire.
Le rapprochement des os propres du nez entraîne un affinement du dorsum.
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46-125 RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE Techniques chirurgicales
A B C D
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Techniques chirurgicales RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE 46-125
A B C D
A B C D
71 Séquelles d’une rhinoplastie : de face, un aspect de V inversé du dorsum, de conque reprojetant le dorsum, résection du bord supérieur de la crus latérale
associé à une asymétrie de pointe ; de profil, un angle nasofrontal trop bas situé et une du cartilage alaire droit, pour symétriser les lobules narinaires, et mise en place d’un
pointe mal définie. greffon de Sheen pour redéfinir la pointe.
Correction : rhinoplastie par voie externe, spreader graft, greffe cartilagineuse
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46-125 RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE Techniques chirurgicales
A B C D
E F G H
72 Séquelles d’une rhinoseptoplastie. Correction par voie endonasale : amincissement de la pointe par résection des crus
De face, déviation et saillie de l’auvent nasal, ensellure sus-lobulaire, pointe arrondie. latérale et intermédiaire, correction de l’ensellure cartilagineuse sus-lobulaire par gref-
Dysharmonie de la ligne de profil, saillie antérieure de la pointe. fons de réinclusion alaire, réaxation de la pyramide nasale, diminution de la bosse
osseuse à la râpe.
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A B C D
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A B C D
A B C D
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Techniques chirurgicales RHINOPLASTIE ESTHÉTIQUE ET RÉPARATRICE 46-125
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ENCYCLOPÉDIE MÉDICO-CHIRURGICALE Fiche additive 46-230
FICHE ADDITIVE
CHIRURGIE DE L’IMPERFORATION CHOANALE 46-230
T Van den Abbeele R é s u m é. – Les développements récents de la chirurgie endonasale sous guidage
endoscopique ont rendu possible de traiter les atrésies choanales par cette voie, y
compris chez le nouveau-né. L’instrumentation doit naturellement être adaptée à la
taille de l’enfant. La précision de cette technique et des soins postopératoires
méticuleux peuvent permettre de se passer de calibrage, souvent mal toléré car
douloureux et source d’inflammation et de surinfection.
© 1999, Elsevier, Paris.
Introduction Préparation
Le développement récent de la chirurgie endoscopique des sinus et de la L’intervention est bien entendu réalisée sous anesthésie générale, quel
vidéochirurgie a permis la mise au point de nouvelles voies d’abord que soit l’âge de l’enfant. Une préparation locale minutieuse est
endonasales dans la chirurgie de l’imperforation choanale. Les résultats nécessaire par des tampons de ouate imbibés de sérum adrénaliné
obtenus sont très encourageants et cette voie est probablement appelée à (10 mL de sérum physiologique additionné de deux ampoules à 1 mg
remplacer la classique voie transpalatine. Les données anatomiques et d’adrénaline) et l’anesthésiste est informé de la mise en place de ces
radiologiques, ainsi que les techniques classiques, sont parfaitement tampons. Il n’est pas utile de mettre en place un packing pharyngé et
exposées dans un autre chapitre [1] et nous nous limiterons aux apports encore moins au niveau du cavum, ce qui peut considérablement gêner
des techniques endoscopiques. l’acte endoscopique par refoulement du voile du palais vers le haut ou la
stagnation de sécrétions dans le cavum. Dans notre expérience, la
préparation des fosses nasales assure un saignement minimal même chez
Matériel le nouveau-né.
Les documents d’imagerie sont systématiquement affichés. Il est
Les techniques endoscopiques nécessitent le même matériel que celui absolument nécessaire de posséder une tomodensitométrie de qualité en
employé pour la chirurgie endoscopique des sinus et un minimum coupes axiales et coronales (reconstructions chez le nouveau-né ou le
d’instruments adaptés à la taille de l’enfant. Les optiques principales nourrisson) en fenêtres osseuses et parenchymateuses. Les
sont : reconstructions sagittales sont intéressantes pour préciser l’épaisseur et
– une panoramique 30°, 2,8 et 4 mm ; la hauteur de la plaque atrétique.
– une optique 0°, 2,8 et 4 mm. Après mise en place des champs, l’installation des différents éléments
est méthodique. L’opérateur (s’il est droitier) est assis à la droite du
Les optiques 70° sont rarement nécessaires, en revanche les courtes patient, l’aide siège à gauche avec la table instrumentale. L’écran vidéo
optiques 0° d’otoscopie 4 mm et 2,5 mm peuvent être nécessaires. Les et la source de lumière sont placés à la tête de la table opératoire. En cas
instruments utilisés principalement sont un décolleur mousse, des pinces d’utilisation du microrésecteur (systématique pour nous), il est
mors-curette de format pédiatrique 0 et 30°, une pince rétrograde de type nécessaire de disposer de deux sources d’aspiration murale séparées,
Oström-Terrier de format pédiatrique et adulte taille moyenne, un l’une connectée au microrésecteur et l’autre à l’aspirateur boutonné.
aspirateur boutonné coudé et malléable, une pince bipolaire
endoscopique gainée. L’utilisation du microrésecteur est pour nous
systématique. La vidéochirurgie constitue pour notre part un Intervention
complément indispensable car elle permet un agrandissement
considérable de l’image.
Inspection des deux fosses nasales
Thierry Van den Abbeele : Professeur hospitalier universitaire, service d’oto-rhino- Après ablation du méchage hémostatique, les deux fosses nasales sont
laryngologie, hôpital Robert-Debré, 48, boulevard Sérurier, 75935 Paris cedex 19, inspectées (fig 1) de façon à repérer l’existence de la plaque atrétique
© Elsevier, Paris
France. des deux côtés, les racines postérieures d’insertion des cornets inférieurs
et moyens et l’épaississement latéral du vomer (fig 1). Il existe souvent
Toute référence à cet article doit porter la mention : Van den Abbeele T. Techniques une déviation septale du côté sain en cas d’atrésie unilatérale. Cet
endonasales dans la chirurgie de l’imperforation choanale. Encycl Méd Chir
(Elsevier, Paris), Techniques chirurgicales - Tête et cou, Fa 46-230, 1999, 3 p.
examen est effectué à l’optique 0° de façon à repérer le plancher de la
choane où doit débuter l’ouverture de la plaque atrétique.
Fiche additive 46-230 TECHNIQUES ENDONASALES DANS LA CHIRURGIE DE L’IMPERFORATION CHOANALE Techniques chirurgicales
2 Ouverture de la plaque
atrétique.
page 2
Techniques chirurgicales TECHNIQUES ENDONASALES DANS LA CHIRURGIE DE L’IMPERFORATION CHOANALE Fiche additive 46-230
Complications
Une bonne connaissance de l’anatomie locale, la réalisation d’une
tomodensitométrie préopératoire de bonne qualité et une technique
rigoureuse doivent permettre de réduire au maximum les risques de
complications. Les hémorragies sont rares et doivent être prévenues par
une hémostase chirurgicale soigneuse et un méchage postopératoire
surtout en cas de turbinectomie inférieure associée. Les classiques
fausses routes basicrâniennes sont le fait de gestes « aveugles » rendus
impossibles par une technique sous contrôle de la vue avec repères
tomodensitométriques préopératoires.
Soins postopératoires
Comme dans toute chirurgie endonasale, les soins postopératoires sont
essentiels. En l’absence de calibrage, il faut pratiquer des instillations
régulières et en quantité satisfaisante des deux fosses nasales à l’aide de
sérum physiologique et éventuellement de sérum adrénaliné. Les
aspirations doivent être limitées de façon à ne pas provoquer de lésions
traumatiques. Le lavage des fosses nasales est réalisé en position
allongée, tête en bas et tournée sur le côté en instillant 10 à 20 cm3 de
sérum salé dans la fosse nasale supérieure. Ceci permet l’évacuation des
sécrétions et croûtes par la fosse nasale opposée. Une fibroscopie sous
anesthésie locale, éventuellement complétée par une endoscopie sous
4 Élargissement du cadre choanal.
anesthésie générale est effectuée à la fin de la première semaine et
permet l’exérèse de croûtes ou de fausses membranes. En cas
Il est souvent nécessaire de « mordre » sur cette insertion à l’aide du d’inflammation importante, de granulations ou de reflux gastro-
microrésecteur. Les limites latérales sont plus difficiles à préciser. Le œsophagien connu, un traitement antireflux et antisécrétoire est prescrit
microrésecteur muni d’une lame coupante est souvent utilisé sur la pour une durée moyenne de 2 mois.
queue du cornet inférieur et la lame verticale de l’os palatin souvent
hypertrophique est prudemment fraisée latéralement en évitant de
remonter trop haut de façon à épargner l’artère sphénopalatine. En cas Indications et résultats
de saignement, l’utilisation d’une micropince bipolaire passée par Les études récentes [3, 4, 5] et notre expérience personnelle sur plus de
l’autre fosse nasale permet le contrôle de l’hémostase au travers de 30 enfants opérés par voie endonasale montrent des résultats très
l’encoche réalisée dans le vomer. Finalement, l’élargissement choanal satisfaisants dans 80 à 90 % des cas et compétitifs par rapport à ceux
nous semble satisfaisant lorsque deux sondes d’intubation nasotrachéale obtenus par voie transpalatine classique avec calibrage. Les indications
adaptées à l’âge de l’enfant peuvent être passées simultanément et sans chirurgicales ne sont pas modifiées par l’apparition de cette technique et
frottement des deux côtés. il est tout à fait justifié d’attendre l’âge de 18 mois à 2 ans, voire plus en
cas d’atrésie choanale unilatérale parfaitement supportée. Si l’indication
Calibrage postopératoire chirurgicale est posée, le choix de la voie endonasale est justifié quel que
soit le type d’atrésie, uni- ou bilatérale, osseuse ou membraneuse et quel
La quasi-totalité des auteurs actuels souligne la nécessité d’un calibrage que soit l’âge. Les échecs de voie transpalatine ou transnasale sont aussi
postopératoire, souvent pendant plusieurs semaines. Pour notre part, une excellente indication de voie endoscopique et les échecs même
nous considérons qu’il s’agit d’un facteur potentiellement source d’une voie endoscopique peuvent être repris par cette même voie. Grâce
d’inflammation et d’infection et que la réalisation de soins à cette technique et des soins postopératoires appropriés, le dogme du
postopératoires soigneux doit permettre d’en éviter le recours si le calibrage prolongé peut être remis en cause.
Références
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page 3
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 45-146 – 43-250 – 46-235
45-146
43-250
46-235
Traitement chirurgical
des malformations vasculaires superficielles
et des hémangiomes de la face
D Deffrennes Résumé. – Les malformations vasculaires et les hémangiomes regroupent ce que l’on désigne communément
O Enjolras sous le terme d’angiome. De nombreuses dénominations sont utilisées dans la littérature, aussi est-il
D Salvan important de se rattacher à la classification de l’International Society for the Study of Vascular Anomalies
D Herbreteau (ISSVA) reconnue par le plus grand nombre de praticiens.
La prise en charge de cette pathologie fait appel à la compétence de multiples praticiens de spécialités
différentes.
L’évolution des lasers, de la radiologie interventionnelle, des techniques chirurgicales et peut-être des
recherches dans le domaine des thérapies géniques permet d’espérer de « guérir » certaines malformations
vasculaires particulièrement évolutives comme les malformations artérioveineuses.
Nous exposons dans cet article les moyens thérapeutiques chirurgicaux qui s’intègrent presque toujours dans
un protocole pluridisciplinaire en dehors généralement des hémangiomes.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Deffrennes D, Enjolras O, Salvan D et Herbreteau D. Traitement chirurgical des malformations vasculaires superficielles et des hémangiomes de la face. Encycl Méd Chir (Editions
Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques chirurgicales - Chirurgie plastique reconstructrice et esthétique, 45-146, Techniques chirurgicales - Chirurgie vasculaire, 43-250, Techniques
chirurgicales - Tête et cou, 46-235, 2001, 17 p.
2
Traitement chirurgical des malformations vasculaires superficielles
et des hémangiomes de la face
1 Femme de 38 ans présentant une malformation artérioveineuse de la lèvre inférieure localisée près de la commissure
droite. Les vaisseaux nourriciers proviennent des branches de l’artère faciale droite. Le traitement a consisté en une em-
bolisation artérielle endovasculaire suivie d’une exérèse avec reconstruction par des lambeaux locaux.
*
A
*
B *
D
*
C *
E
suivies en carcinologie, c’est-à-dire d’éviter les gestes de décollement radicale avec reconstruction par lambeau dont le résultat esthétique
inutiles et surtout de pratiquer l’exérèse complète de la est plus qu’aléatoire. Le traitement a consisté en une embolisation
malformation. Le résultat est stable à 4 ans (fig 1D, E). hypersélective des artères faciales droite et gauche suivie d’une
chirurgie d’exérèse. La chirurgie a été réalisée par une voie cutanée
Cas n° 2 et muqueuse de la lèvre rouge permettant d’emporter largement la
Cette femme de 47 ans présentait une malformation artérioveineuse malformation envahissant les muscles orbiculaires. Une
de la totalité de la lèvre supérieure évoluant depuis plus de 10 ans reconstruction soigneuse de tous les muscles a permis de retrouver
(fig 2A, B). Cette malformation se présentait sous la forme d’une une fonction appréciable. Le résultat est stable à 18 mois (fig 2C, D).
tuméfaction de la lèvre supérieure battante, indolore, envahissant la Un contrôle artériographique et un débit doppler sont actuellement
lèvre rouge et blanche. L’évolutivité de cette malformation était très rassurants.
lente sans aucun épisode hémorragique. La résection complète ne
pouvant pas, a priori, être réalisée sans une mutilation importante, Cas n° 3
la chirurgie a toujours été récusée. Devant les problèmes Cet homme de 38 ans présente une malformation artérioveineuse
psychologiques importants avec le risque d’une issue dramatique, du tiers inférieur de la face. Les premiers symptômes sont apparus
un protocole chirurgical accompagné d’une embolisation a été vers l’âge de 17-18 ans à la lèvre inférieure. À cette époque, le
proposé. L’objectif était de réséquer le plus largement possible la diagnostic de « kyste » a été soulevé et une exérèse partielle réalisée.
malformation en emportant le nidus. La patiente était prévenue du Ce geste chirurgical a provoqué une poussée évolutive permettant
risque d’une flambée évolutive et de la possibilité d’une chirurgie de redresser le diagnostic. Durant les 15 années qui suivirent, divers
3
Traitement chirurgical des malformations vasculaires superficielles
et des hémangiomes de la face
2 Femme de 47 ans présentant une malformation artériovei-
neuse de la totalité de la lèvre inférieure évoluant depuis
10 ans, dont les répercussions psychologiques sont importan-
tes. Le traitement a comporté une embolisation endovasculaire
suivie d’une résection large. La reconstruction a utilisé des
lambeaux locaux.
*
A *
B
*
C *
D
protocoles thérapeutiques (chirurgie d’exérèse avec et sans pendant plusieurs années avant de proposer une éventuelle
embolisation, ligature artérielle) ont été tentés sans résultat. Cette harmonisation labiale dont le patient est d’ailleurs peu demandeur
attitude confirme le risque des exérèses chirurgicales incomplètes. actuellement.
Lors de la première consultation, la malformation artérioveineuse
envahit les deux tiers droits du tiers inférieur de la face (près de la Cas n° 4
moitié droite de la lèvre supérieure, les deux tiers droits de la lèvre Cette femme de 47 ans présente une malformation artérioveineuse
inférieure, la commissure droite, le sillon nasogénien et la région de la paupière gauche évoluant depuis plusieurs années. Plusieurs
sous-mentale). La peau et la muqueuse sont rouges, fines et ulcérées, exérèses chirurgicales ont été réalisées dans le passé. Devant une
source d’hémorragie fréquente gênant beaucoup le patient. augmentation de la tuméfaction, la patiente a consulté. La
D’importantes veines cervicales artérialisées drainent cette malformation intéresse essentiellement la quasi-totalité de la
malformation (fig 3A, B). L’évolutivité et les saignements fréquents paupière supérieure tout en épargnant le tarse. Les veines de
justifient une prise en charge thérapeutique. drainage artérialisées donnent un aspect inquiétant à la
Un protocole d’embolisation suivi d’une exérèse large est proposé malformation (fig 4A, B). L’acuité visuelle est altérée. Un protocole
au patient, conscient des risques et des avantages de cette d’exérèse chirurgicale précédé d’une embolisation a été proposé et
thérapeutique. accepté par la patiente, consciente des risques encourus.
L’embolisation artérielle sélective associée à une compression
L’embolisation, d’autant plus nécessaire que des artères ont été
manuelle pour éviter la migration d’emboles a entraîné une
ligaturées, est réalisée par voie artérielle endovasculaire et par
dévascularisation du nidus.
ponction directe du nidus. L’artériographie sélective montre une
malformation vascularisée par les artères faciales droite et gauche, La chirurgie d’exérèse a emporté le nidus et toute la paupière
l’artère maxillaire interne droite, l’artère transverse de la face et préseptale en respectant le tarse et son bord libre. La reconstruction
l’artère mandibulaire (fig 3C, D). s’est faite simplement par une greffe de peau totale (fig 4C, D).
L’exérèse chirurgicale totale de la malformation a nécessité Le résultat est satisfaisant et stable à 1 an (fig 4E, F). Une surveillance
l’amputation transfixiante de près de la moitié de la lèvre inférieure, est toujours la règle.
des deux tiers de la lèvre inférieure, de la commissure labiale, d’une
Cas n° 5
partie de la région sous-mentale, du sillon nasogénien avec une
extension à la joue. La reconstruction a fait appel à des lambeaux Cet enfant de 6 ans présente une malformation artérioveineuse
locorégionaux. Un large lambeau de joue droite associé à une plastie occupant la totalité de l’unité palpébrale supérieure (fig 5A).
en « Z », une vermilloplastie et une reconstruction fonctionnelle de L’évolutivité et le risque d’amblyopie, voire de diminution de
la musculature ont permis de redonner une morphologie et une l’acuité visuelle, ont justifié la proposition d’un protocole
mimique satisfaisantes du tiers inférieur de la face (fig 3E, F). thérapeutique.
Aucune transfusion sanguine n’a été nécessaire pour la réalisation Une exérèse chirurgicale précédée d’une embolisation est alors faite.
de ce protocole thérapeutique. L’embolisation du nidus a permis un ralentissement du flux artériel
La stabilité du résultat à 3 ans est corroborée aux débits carotidiens et veineux. L’exérèse a emporté la totalité des deux tiers inférieurs
mesurés au doppler pulsé. La surveillance reste indispensable de la paupière supérieure, c’est-à-dire le tarse, une partie du muscle
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Traitement chirurgical des malformations vasculaires superficielles
et des hémangiomes de la face
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releveur de la paupière, l’orbiculaire prétarsal et préseptal. La réapparus 18 mois environ après ce protocole sur un mode très
reconstruction a été faite par un lambeau musculocutané bipédiculé évolutif (fig 6B). L’artériographie montrait un large blush alimenté
associé à une greffe de peau totale de la zone donneuse (fig 5B). par l’artère faciale et l’artère maxillaire interne associé à un retour
Le résultat est stable à 3 ans et acceptable avec une occlusion veineux précoce (fig 6C). Un deuxième protocole identique a été
palpébrale satisfaisante pour mettre la cornée à l’abri d’une proposé et accepté.
ulcération (fig 5C, D). L’exérèse a emporté toute l’unité jugale droite avec les muscles de la
mimique. La reconstruction a nécessité la montée d’un lambeau libre
Cas n° 6 brachial externe dont les anastomoses ont été faites sur le pédicule
facial.
Ce jeune homme de 18 ans présente une malformation
artérioveineuse jugale droite. Les premiers symptômes sont apparus Le résultat est satisfaisant, même si la joue a perdu une grande
vers l’âge de 12-13 ans avec une petite tuméfaction battante. Cette partie de sa mobilité. Le recul à 20 mois reste rassurant.
malformation a augmenté progressivement de volume au cours de
la puberté jusqu’à l’apparition d’un bourgeon jugal charnu Cas n° 7
hémorragique (fig 6A). La malformation était alors vascularisée par Cet homme de 43 ans présente une malformation artérioveineuse
l’artère faciale droite. Une exérèse précédée d’une embolisation du cuir chevelu et du front (fig 7A, B). Le diagnostic a été porté vers
sélective artérielle endovasculaire a été réalisée devant l’évolutivité l’âge de 16-17 ans devant l’existence d’une tuméfaction battante
à l’âge de 16 ans. La résection a été large, suivie d’une reconstruction médiofrontale. Cette malformation est restée quiescente, sans
par lambeau de glissement. Malheureusement, les symptômes sont évolution clinique durant de nombreuses années. À l’âge de 41 ans,
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Traitement chirurgical des malformations vasculaires superficielles
et des hémangiomes de la face
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Malformations veineuses
Les malformations veineuses se présentent sous l’aspect de nappe
bleutée, dépressible, augmentant de volume en position déclive,
c’est-à-dire quand la pression s’élève. Elles sont aussi appelées
capillaroveineuses.
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C *
D Les formes sont :
5 Enfant de 6 ans présentant une malformation artérioveineuse de la totalité de la – soit localisées généralement aux lèvres, aux paupières et à la
paupière supérieure droite évolutive dont le risque visuel est évident. Une chirurgie
d’exérèse de la totalité de la malformation artérioveineuse précédée d’une embolisation langue [18, 19] ;
a emporté les deux tiers inférieurs de la paupière. La reconstruction a nécessité la prise – soit diffuses et infiltrantes, le plus souvent dans la région
d’un lambeau palpébral bipédiculé. temporomassétérine, jugolabiale et orbitaire.
L’évolution est progressive et lente tout au long de la vie. Elle est
sans cause apparente, le volume et l’étendue de la tuméfaction ont
marquée par une augmentation de volume du fait d’une dilatation
augmenté progressivement pour atteindre la racine frontale du cuir
des poches veineuses qui sont moins bien contenues par les masses
chevelu. L’artériographie carotidienne externe et interne droite et
musculaires. Les phlébolithes sont créés par des thromboses
gauche montre l’apparition d’un important blush médiofrontal
spontanées dans les poches veineuses. Ils provoquent souvent des
s’étendant de la glabelle au cuir chevelu dont les vaisseaux
douleurs et des augmentations des poches veineuses.
nourriciers proviennent des artères temporales superficielles et
surtout des branches des artères ophtalmiques (fig 7C). La Le préjudice fonctionnel, morphologique et psychologique est
malformation est purement extracrânienne comme le confirment parfois important en fonction de la localisation et de l’extension.
l’angiographie et l’IRM (fig 7D). Devant l’évolutivité de la Certaines localisations par effet de masse provoquent des
malformation, un protocole thérapeutique est proposé associant une déformations squelettiques, notamment maxillaire et orbitaire. Elles
embolisation et une chirurgie d’exérèse avec expansion cutanée pour sont responsables de troubles de l’occlusion (béances, inversés
permettre la reconstruction par des lambeaux locaux. Pour d’autres d’occlusion, versions dentaires) et d’énophtalmie. Ces déformations
6
Traitement chirurgical des malformations vasculaires superficielles
et des hémangiomes de la face
6 Patient de 18 ans présentant une malformation artério-
veineuse de la joue droite qui était responsable de saignement.
Une exérèse en « tissu sain » a été réalisée avec fermeture
par simple rapprochement des berges. Cependant, 18 mois
après ce protocole thérapeutique, la malformation artériovei-
neuse est réapparue devenant très évolutive durant la puberté.
Le traitement a consisté en une embolisation suivie d’une exé-
rèse de la quasi-totalité de la joue. La reconstruction a néces-
sité la prise d’un lambeau libre brachial anastomosé aux vais-
seaux du cou.
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squelettiques s’installent au moment de la croissance [4] . Les QUELS SONT LES PRINCIPES ET LES MÉTHODES
malformations veineuses cervicales et notamment oropharyngées DE TRAITEMENT DES MALFORMATIONS VEINEUSES ?
sont parfois très gênantes en position couchée, provoquant des La prise en charge des malformations capillaroveineuses dépend de
troubles de l’élocution, de la déglutition et surtout des syndromes nombreux facteurs qui sont difficiles à exposer de façon exhaustive,
d’apnées du sommeil. tant les formes sont variées.
L’IRM est l’examen complémentaire essentiel au diagnostic, quel que Cependant, il faut distinguer les malformations veineuses à grandes
soit le siège de la malformation [15]. Une malformation veineuse poches de celles à petites poches constituées de multiples
donne un hypersignal intense sur les séquences pondérées en T2, phlébectasies. En effet, les malformations à grandes poches se
alors que la graisse est en hyposignal sur cette même séquence. Au comportent comme de véritables éponges dilacérées qui rendent
contraire, la malformation artérioveineuse donne une absence de difficiles l’embolisation et la chirurgie du fait de l’importance du
signal, témoignant de la rapidité du flux sanguin, que la séquence saignement. Certaines localisations imposent un traitement pour des
soit en T2 ou en écho de spin (SE)/T1. raisons fonctionnelles, voire vitales. La localisation oropharyngée et
Le scanner en procubitus permet aussi une étude de l’extension de linguale entraîne parfois des troubles respiratoires avec syndrome
la malformation mais surtout des déformations squelettiques. d’apnées du sommeil majeur nécessitant le recours à la
7
Traitement chirurgical des malformations vasculaires superficielles
et des hémangiomes de la face
7 Patient de 43 ans présentant une malformation artérioveineuse étendue
du front et du cuir chevelu qui évolue progressivement et justifie donc la prise
en charge. Une embolisation artérielle endovasculaire et par ponction directe
a permis une résection de la totalité du front. La reconstruction a nécessité
la pose d’un lambeau musculaire de grand dorsal associée à une greffe de peau
totale.
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G
trachéotomie, notamment en cours de traitement. La localisation s’assèchent pas, voire même se remplissent en augmentant de
palpébrale ou du cône orbitaire peut provoquer une amblyopie, volume. Cette technique doit être évitée dans les localisations
voire une cécité. La chirurgie n’est pas toujours aisée et palpébrales rétroseptales mais aussi préseptales. Dans les
l’embolisation dangereuse par le reflux du produit dans les veines malformations veineuses de petite taille, la chirurgie garde des
ophtalmiques. Les localisations avec déformations squelettiques indications par son caractère radical et évite tout risque de diffusion
entraînent des troubles de la mastication associés à une incontinence du produit sclérosant. L’injection d’Aetoxisclérolt s’effectue sous
salivaire. Le traitement associe généralement orthodontie, contrôle scopique dans les localisations à risque.
embolisation, chirurgie orthognathique et des tissus mous, prothèse, – Dans les formes de volume modéré, l’embolisation sclérosante par
rééducation linguale… Il s’agit bien d’une prise en charge voie percutanée est parfois suffisante pour provoquer une régression
pluridisciplinaire. Enfin, l’importance de l’extension de la d’une malformation veineuse à grandes et moyennes poches. Dans
malformation veineuse dans les tissus mous influence le choix des les autres cas, elle constitue une préparation à un geste chirurgical
méthodes thérapeutiques. d’exérèse et n’a que peu d’effet dans les malformations veineuses à
– Dans les formes de petite taille, la sclérose à l’aide d’Aetoxisclérolt petites poches.
à 3 % (polidocanol) permet une bonne décoloration et sclérose de la – L’Éthibloct, produit sclérosant dérivé du maïs, a une indication
poche. La régression de la malformation nécessite parfois plusieurs intéressante dans ces cas car il se résorbe en plusieurs semaines en
procédures ; dans certains cas, là où les poches veineuses ne fonction de la localisation et des individus [6, 27]. Il est injecté par voie
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Traitement chirurgical des malformations vasculaires superficielles
et des hémangiomes de la face
percutanée sous contrôle scopique et entraîne une réaction
gigantocellulaire inflammatoire. L’association d’une compression
cutanée permet d’éviter la diffusion incontrôlée du produit en
fonction des interconnexions vasculaires. L’adjonction d’alcool
absolu accentue l’effet sclérosant de l’Éthibloct. La malformation
veineuse de localisation profonde et disséminée, difficilement
accessible à un geste chirurgical non délabrant, est la meilleure
indication de la sclérose par injection d’Éthibloct. Cette procédure
doit être répétée plusieurs fois à 4 à 6 semaines d’intervalle. *
A *
B
Cependant, la réponse sclérosante est parfois faible, voire nulle 8 Patiente de 37 ans présentant une malformation veineuse labiale inférieure limi-
cliniquement, chez certains patients. Le produit peut fistuliser à la tée à la zone rouge. Le traitement a été réalisé sous anesthésie locale et a consisté en une
peau dans de rares cas [19]. résection suivie d’un lambeau en « H ».
– L’alcool absolu par voie percutanée, dont l’efficacité sclérosante
est majeure, doit être manipulé avec précaution. Les nécroses
tissulaires et les atteintes nerveuses (paralysie faciale) sont à
redouter, surtout dans les malformations veineuses associées à une
atteinte du plan cutané. L’injection est toujours précédée par un
contrôle phlébographique. Cette technique doit être réservée aux
praticiens expérimentés. L’efficacité de l’injection d’Aetoxisclérolt
mélangé à du Spongelt ou des spires métalliques n’a jamais été
probante dans ces formes de volume modéré. D’ailleurs, il faut
absolument proscrire l’emploi de spires ferromagnétiques qui sont
responsables d’importants artefacts à l’IRM, rendant difficile tout
contrôle évolutif de la malformation.
– Le traitement de certaines formes à volume modéré, notamment *
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en cas d’échec de la sclérothérapie et de malformations veineuses à 9 Patiente de 71 ans présentant une malformation veineuse de l’hémilèvre rouge
petites poches, nécessite l’association d’une embolisation percutanée et blanche qui évolue progressivement. Actuellement, la patiente est gênée par le
à un geste chirurgical. Quand un geste chirurgical est programmé, volume et la sécheresse labiaux. Plusieurs scléroses à l’Aetoxisclérolt ont permis
l’embolisation peut se faire indifféremment avec l’Éthibloct ou de ralentir l’évolution. Cependant, seule une résection chirurgicale partielle de la
l’Histoacrylt. Dans tous les cas, la totalité du produit d’embolisation malformation peut remettre la lèvre en fonction.
doit être enlevée lors de la chirurgie. La chirurgie d’exérèse ne doit
pas intéresser toute la malformation veineuse si elle devient – La correction des déformations squelettiques s’intègre dans ces
mutilante et aggraver la morphologie et la fonction faciales. La protocoles thérapeutiques. Elle nécessite un traitement
mobilité musculaire doit toujours être restaurée car elle permet de orthodontique suivi d’une chirurgie orthognathique. Généralement,
contenir le reste de la malformation. Dans les atteintes palpébrales, il est préférable de corriger d’abord la malformation squelettique et
la chirurgie est réalisée souvent sans embolisation. Si l’embolisation d’adapter les tissus mous à cette nouvelle situation. En fait, le
est indiquée, elle nécessite un contrôle angiographique percutané protocole thérapeutique doit être adapté à chaque cas avec les
avant l’injection du produit sclérosant. Une modification du flux moyens disponibles. Ce protocole est clairement défini lors des
sanguin peut toujours se produire durant la sclérose par fermeture consultations pluridisciplinaires.
des vaisseaux. La chirurgie associe généralement une exérèse à une
plastie de glissement-rotation et/ou une greffe de peau totale. La Cas n° 8
dissection microchirurgicale des plans antérieurs (muscles
extraoculaires, conjonctive, peau) ne pose pas trop de problème de Cette femme de 37 ans présente une malformation veineuse labiale
saignement, contrairement aux deux tiers postérieurs de l’orbite. inférieure bien limitée de 12-13 mm de diamètre (fig 8A). La gêne
Dans une forme modérée localisée à la joue, l’ablation de la boule est essentiellement esthétique. Le traitement, ne nécessitant aucun
de Bichat peut symétriser le visage. examen complémentaire, consiste, soit en une ou plusieurs injections
d’Aetoxisclérolt, soit en une exérèse chirurgicale. Cette patiente a
– Dans les formes volumineuses et étendues, le protocole opté pour la technique chirurgicale réalisée sous anesthésie locale.
thérapeutique associe le plus souvent une ou plusieurs L’exérèse a été suivie d’une reconstruction par un lambeau en « H »
embolisations percutanées à un geste chirurgical de la avec résections triangulaires inférieures (fig 8B).
malformation [9]. Son risque est représenté par la décompensation
de la coagulation intravasculaire latente par défaut de libération de
Cas n° 9
l’activateur endothélial de la fibrinolyse lors de la chirurgie. Une
embolisation artérielle endovasculaire 24 à 48 heures avant l’acte Cette femme de 71 ans présente une malformation veineuse de
chirurgical diminue encore le risque de saignement. l’hémilèvre inférieure droite (fig 9A). La patiente est gênée par le
volume de cette malformation entraînant un « ectropion » de la lèvre
– L’envahissement de l’oropharynx et de la langue s’accompagnant
inférieure et une sécheresse buccale. Aucun examen n’est utile pour
d’une apnée du sommeil nécessite une embolisation à l’Éthibloct
le diagnostic et le traitement. La malformation étant relativement
suivie d’une chirurgie d’exérèse et le plus souvent d’une
limitée à la lèvre rouge débordant sur la lèvre blanche, plusieurs
trachéotomie. L’atteinte de la langue est responsable d’une béance,
tentatives de sclérose ont été tentées à l’Aetoxisclérolt. En fait,
non seulement du fait de son augmentation de volume mais aussi
l’efficacité n’a pas été cliniquement évidente et au contraire la
de la respiration buccale prédominante. Il faut donc s’abstenir des
malformation a continué à augmenter de volume en 2 ans. La
résections larges et mutilantes de la langue quand la malformation
patiente ne présentant aucune autre pathologie, une résection
veineuse est à grandes poches.
chirurgicale a été proposée. La résection précédée d’une sclérose
– À part, l’exophtalmie, due au gonflement des poches percutanée a emporté un tiers de lèvre rouge et blanche. La
intraorbitaires extraconiques qui communiquent avec la reconstruction par des lambeaux locaux associée à une plastie en «
malformation de la fosse ptérygomaxillaire par la fente Z » et surtout une suture fonctionnelle des muscles a permis de
sphénopalatine lors des efforts et de la position en décubitus, peut rétablir une morphologie satisfaisante de la lèvre (fig 9B). La
être traitée en partie par la sclérothérapie des poches superficielles. malformation n’a pas été réséquée en totalité afin de ne pas mutiler
Généralement, en position debout, il existe une énophtalmie. la lèvre puisqu’il s’agit bien d’une pathologie bénigne.
9
Traitement chirurgical des malformations vasculaires superficielles
et des hémangiomes de la face
sclérose à l’Éthibloct sont indiquées et proposées aux parents.
D’autres types de sclérose peuvent être discutés tels que
l’Histoacrylt, immédiatement suivis de l’acte chirurgical d’exérèse
ou l’injection percutanée d’alcool absolu dont le risque élevé dans
cette forme de malformation veineuse doit être connu. Devant cette
importante malformation qui infiltre toutes les masses musculaires
avec de nombreuses grandes poches, la sclérose est complétée par
une embolisation artérielle endovasculaire hypersélective afin de
*
A *
B diminuer le saignement durant le geste chirurgical. La résection
large a emporté les trois quarts de la malformation par une incision
en « VW ». La reconstruction musculaire est particulièrement
importante à cet âge afin de normaliser au mieux la croissance
faciale. Le résultat est spectaculaire (fig 11B). Il est certain que cet
enfant devra être suivi jusqu’à l’âge adulte.
Cas n° 12
Cette jeune femme de 27 ans présente une malformation veineuse
*
C *
D du tiers inférieur de l’hémiface gauche siégeant à l’hémilèvre
10 Patient de 68 ans présentant une malformation veineuse de la totalité de la lèvre gauche, la région commissurale, le menton, la région cervicale, la
inférieure. Après plusieurs scléroses à l’Éthibloct sans succès, une chirurgie d’exérèse cavité buccale (hémilangue gauche) et la moitié gauche de
avec reconstruction par des lambeaux locaux a été réalisée. l’oropharynx (loge amygdalienne et voile du palais). Cette
malformation développée au cours de la croissance a subi de
Cas n° 10 multiples traitements avant que nous l’examinions pour la première
Cet homme de 68 ans présente une malformation veineuse de la fois. La malformation a subi une radiothérapie durant l’adolescence
totalité de la lèvre inférieure respectant les commissures (fig 10A, B). suivie quelques années plus tard d’embolisations endovasculaires et
Le patient est gêné par la sécheresse labiale et l’aspect de chirurgie d’exérèse emportant une partie importante de la lèvre
particulièrement inesthétique de cette lèvre. Devant l’étendue de la inférieure et du menton. De plus, les artères faciale et linguale
malformation, plusieurs scléroses à l’Éthibloct par ponction directe gauche ont été ligaturées. Lors de la première consultation, la
ont été réalisées de nombreuses années auparavant. Une patiente présente une importante malformation veineuse associée à
amélioration partielle a été apportée. Cependant, le volume de cette une dysmorphose dentosquelettique (béance dentaire antérieure de
malformation a augmenté avec l’âge ce qui a motivé une nouvelle molaires à molaires sur une face longue) (fig 12A, B, C). La
consultation. Une résection de la malformation avec reconstruction dynamique des lèvres est perturbée par cette face longue et les
par des lambeaux locaux a été proposée, le patient étant prévenu résections de la malformation emportant les muscles. Le ronflement
d’une probable résection partielle. La chirurgie a consisté en une nocturne et les pauses respiratoires durant le sommeil motivent un
résection transfixiante du tiers médian de la lèvre rouge et blanche enregistrement polysomnographique confirmant un syndrome
et latéralement de la muqueuse labiale envahie par la malformation, d’apnée du sommeil, secondaire notamment à la localisation
laissant libre le reste du muscle orbiculaire. La reconstruction linguale et oropharyngée.
musculaire a été associée à une vermilloplastie. Le résultat est La prise en charge de cette malformation veineuse a comporté dans
satisfaisant et la fonction labiale normalisée (fig 10C, D). un premier temps la correction de la dysmorphose
dentosquelettique induite par la pathologie veineuse puis
Cas n° 11 l’harmonisation des tissus mous et le traitement des apnées du
sommeil.
Cet enfant de 5 ans présente une volumineuse malformation
veineuse de la joue gauche et du tiers inférieur de la face (fig 11A). La dysmorphose a nécessité la combinaison d’un traitement
Le diagnostic est évident devant cette masse bleutée, augmentant orthodontique et d’une ostéotomie du maxillaire type Le Fort I et
de volume en position proclive et non battante. Si l’artériographie d’une génioplastie. Ce protocole a été délicat en raison d’une
n’apporte rien au diagnostic, l’IRM est indispensable pour faire le ouverture de bouche limitée par la résection labiale inférieure et des
bilan d’extension mais ne doit pas se substituer à un examen muscles de la houppe du menton. Le saignement a été relativement
clinique complet avec examen du larynx et de l’hypopharynx. À cet important malgré les scléroses percutanées à l’Éthibloct mais sans
âge, une malformation veineuse de ce type va entraîner des troubles nécessité de transfusion sanguine (fig 12D, E).
de croissance, notamment squelettiques. Les dysmorphoses L’harmonisation des lèvres a été difficile en raison de la résection
dentosquelettiques avec malocclusion sont très fréquentes. Il est partielle des muscles buccinateur et triangulaire des lèvres. Le
donc nécessaire de prendre en charge précocement la malformation. sourire reste malgré tout asymétrique (fig 12F, G, H). Enfin, la prise
Une résection chirurgicale large précédée de plusieurs séances de en charge du syndrome d’apnée du sommeil a consisté en une
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Traitement chirurgical des malformations vasculaires superficielles
et des hémangiomes de la face
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12 Patiente de 27 ans présentant une malformation veineuse des deux tiers inférieurs de l’hémiface gauche traitée à plusieurs reprises. Cette patiente a un triple problème : une
dysmorphose dentosquelettique avec malocclusion, une dynamique labiale perturbée par la malformation veineuse et les résections musculaires et un syndrome d’apnée du sommeil.
La prise en charge a été globale, nécessitant une orthodontie, une chirurgie des maxillaires, une reconstruction des lèvres par des lambeaux locaux et une résection du voile et de la
langue.
amygdalectomie droite, une uvulopharyngectomie partielle et une temps, une série d’embolisation à l’Éthibloct de la malformation
glossectomie latérale partielle après embolisation par ponction veineuse siégeant dans la fosse ptérygomaxillaire a asséché
directe d’Histoacrylt. partiellement la localisation orbitaire. Puis on a fait un geste
chirurgical corrigeant l’énophtalmie par une greffe de cartilage du
Cas n° 13 plancher de l’orbite et l’ectropion de la paupière inférieure par une
greffe de cartilage prolongeant le tarse inférieur. Le résultat est
Cette jeune fille de 18 ans présente une malformation veineuse
satisfaisant et stable, bien que la malformation n’ait pas été enlevée
intraorbitaire extraconique gauche se prolongeant dans la fosse
(fig 13B).
ptérygomaxillaire par la fente sphénopalatine élargie. En position
debout, la patiente a une énophtalmie (fig 13A) ; à l’inverse, en
Cas n° 14
position proclive, une exophtalmie. La gêne est surtout esthétique et
finalement peu visuelle. L’abord chirurgical de ce type de Cet homme de 27 ans présente une malformation veineuse de la
malformation est difficile et très hémorragique en raison de sa moitié de la paupière inférieure (fig 14A). Elle infiltre l’orbiculaire
localisation. Un protocole chirurgical associé à plusieurs scléroses a prétarsal et préseptal dans sa moitié externe. La gêne fonctionnelle
permis d’améliorer sensiblement la patiente. Dans un premier et esthétique motive un traitement chirurgical. La sclérose par
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Traitement chirurgical des malformations vasculaires superficielles
et des hémangiomes de la face
13 Patiente de 18 ans présentant une malformation vei-
neuse intraorbitaire et extraconique se prolongeant dans
la fosse ptérygomaxillaire. Le traitement a consisté en une sclé-
rose de la malformation veineuse ptérygomaxillaire suivie
d’une greffe de cartilage palpébral et du plancher de l’orbite.
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Traitement chirurgical des malformations vasculaires superficielles
et des hémangiomes de la face
15 Jeune fille de 16 ans présentant une malformation capillaire du tiers in-
férieur de la face avec hypertrophie labiale et osseuse. Dans un premier temps,
une génioplastie a été réalisée puis une harmonisation des tissus mous.
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Traitement chirurgical des malformations vasculaires superficielles
et des hémangiomes de la face
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17 Enfant de 6 ans présentant une malformation lymphatique microkystique de la langue et de son plancher responsable de l’importante béance dentaire et incompétence labiale.
La sévérité de la dysmorphose dentosquelettique a justifié la fermeture de la béance par une ostéotomie mandibulaire.
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Traitement chirurgical des malformations vasculaires superficielles
et des hémangiomes de la face
18 Enfant de 8 ans présentant une malformation lymphati-
que de type mixte préparotidienne. Le traitement a consisté en
une sclérose à l’Éthibloct suivie d’une évacuation chirurgicale
du fait de l’extériorisation du produit.
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QUELS SONT LES PRINCIPES DE TRAITEMENT – Certaines localisations relèvent d’un traitement particulier. En
DES HÉMANGIOMES ? effet, les hémangiomes globuleux et saillants, inesthétiques, gênant
– Les hémangiomes de taille minime ou moyenne régressent l’axe visuel, repliant le pavillon de l’oreille, déformant le nez, les
complètement avec restitutio ad integrum dans la moitié des cas. Il lèvres ou les structures osseuses sont traités chirurgicalement plus
persiste, dans les autres cas d’évolution spontanée, une cicatrice qui précocement durant la phase de stagnation [11, 29]. Dans ces cas, la
est corrigée chirurgicalement. Dans certaines localisations, résection n’intéresse que l’hémangiome et la cicatrice reste dans la
notamment nasales et palpébrales, une corticothérapie par voie zone lésionnelle pour tenir compte de l’involution à venir. L’angiome
générale, à dose de 2 à 3 mg/kg/j de prednisone pendant quelques « Cyrano » du nez est opéré le plus souvent par voie de Réthi,
semaines ou intralésionnelle de Kenacort retardt, est prescrite. La permettant l’énucléation de l’hémangiome [5]. Lorsque le siège de
chirurgie réparatrice est généralement indiquée en fin de phase l’hémangiome nasal est latéralisé, la rançon cicatricielle doit être
d’involution ou en phase de stabilisation en cas d’atteinte sensorielle placée si possible entre deux unités esthétiques. La chirurgie de
(visuelle ou auditive) ou de l’architecture squelettique et l’hémangiome orbitopalpébral est indiquée devant l’installation
cartilagineuse (nasale) [17]. d’une amblyopie ou la persistance de troubles compressifs. Les
– Les hémangiomes volumineux ou d’évolution rapide nécessitent hémangiomes intraorbitaires compressifs relèvent de la chirurgie
une corticothérapie par voie générale pendant plusieurs semaines. s’ils ne répondent pas aux traitements médicaux. La réduction
Les risques d’une stagnation de la croissance staturopondérale et tumorale peut être obtenue par ligature, voire sclérose, des vaisseaux
des autres effets secondaires de la corticothérapie imposent une nourriciers de l’hémangiome et par résection chirurgicale. Une
surveillance médicale régulière. En cas de corticorésistance, bonne connaissance de l’anatomie de l’orbite permet d’éviter les
l’interféron alpha 2a ou 2b peut être utilisé afin de stopper la éléments musculaires et nerveux. Le recours à l’ophtalmologiste est
prolifération cellulaire [14] . Les effets secondaires peuvent être souvent préférable. La perte des cils est fréquente dans ces
importants (paraplégie). L’interféron ne doit donc être utilisé que localisations palpébrales et est particulièrement inesthétique quand
dans les formes graves. Dans ces cas, le recours à la chirurgie elle atteint la paupière supérieure. La résection d’un hémangiome
réparatrice est très fréquent. L’embolisation n’est utile que dans les labial impose une reconstruction musculaire fonctionnelle afin de ne
formes très étendues sous-cutanées ou mixtes, afin de diminuer le pas perturber la croissance maxillaire. En revanche, la jonction lèvre
saignement. rouge-lèvre blanche est difficile à corriger lorsque la localisation
15
Traitement chirurgical des malformations vasculaires superficielles
et des hémangiomes de la face
*
A *
B
*
C *
D
19 Enfant de 18 mois présentant un angiome « Cyrano ». Une résection chirurgi- *
A *
B
cale de la tumeur est réalisée par voie de Réthi afin de minimiser les séquelles nasales. 20 Enfant de 3 ans présentant un hémangiome para-latéro-nasal droit à composante
sous-cutanée. Une résection précoce de la tumeur est justifiée par la déformation du nez
et du maxillaire.
intéresse les deux structures. L’utilisation du Cavitront est parfois
d’un apport intéressant pour préserver les structures « nobles ». Le
laser Yag, en application transcutanée, avec refroidissement continu
par la glace, ou en application interstitielle, semble donner de bons
résultats pour certaines équipes [26]. Les résultats restent malgré tout
très controversés.
– Le traitement des séquelles tardives des hémangiomes après
involution complète relève des techniques de chirurgie plastique
réparatrice classique et ne pose généralement pas de problème. Les
formes sous-cutanées avec résidu fibroadipeux, notamment jugales,
*
A *
B
nécessitent une résection par levée d’un lambeau cutané ou par
liposuccion dans certains cas. Dans les formes mixtes, l’excédent
cutané justifie l’utilisation de la technique du lifting. Les lasers de
resurfaçage pour améliorer les peaux parcheminées et ridées
apportent des résultats inconstants.
– À part, le syndrome de Kasabach-Merritt, caractérisé par une
coagulopathie secondaire de consommation, est responsable
d’hémorragie importante mettant en jeu le pronostic vital. Le
traitement est avant tout médical (corticothérapie, interféron). En cas
d’échec, l’exérèse chirurgicale est discutée.
– Dans tous les cas, il faut résister à la pression des parents qui
attachent une importance prépondérante à l’esthétique de leur *
C *
D
enfant en demandant un traitement précoce préjudiciable pour leur 21 Enfant de 6 ans présentant une séquelle d’hémangiome de la lèvre supérieure.
avenir. En revanche, si la chirurgie précoce peut résoudre le Une plastie de lèvre a été réalisée après résection de la tumeur partiellement involuée.
problème esthétique sans aggravation des séquelles ultérieures, il
est logique de ne pas attendre la longue résorption tumorale. Cas n° 21
Cas n° 19 Cet enfant de 6 ans et demi présente un hémangiome de l’hémilèvre
gauche supérieure dont l’évolution a été spontanée (fig 21A, B).
Cet enfant de 18 mois présente un hémangiome du nez (angiome Devant l’importance de la composante sous-cutanée et la
« Cyrano ») localisé à sa pointe (fig 19A, B). Cet hémangiome est déformation labiale, il est décidé d’intervenir afin de rééquilibrer la
apparu durant la première semaine de la vie et a évolué lèvre. L’ablation chirurgicale partielle de la tumeur associée à une
classiquement. Aucun traitement, en dehors d’une surveillance, n’a résection horizontale cutanée et musculaire a permis de rétablir la
été réalisé. Devant le risque de déformation cartilagineuse à cet âge, symétrie et la fonction labiales (fig 21C, D).
une intervention de résection par voie de Réthi a été pratiquée. Cette
chirurgie doit éviter de disséquer les cartilages alaires en sous-
périchondral. Les crus intermédiaires sont rapprochées en fin
d’intervention (fig 19C, D).
Conclusion
16
Traitement chirurgical des malformations vasculaires superficielles
et des hémangiomes de la face
sous-cutanée peuvent avoir des répercussions esthétiques et moyens thérapeutiques de différentes disciplines. Les malformations
psychologiques dramatiques pour l’enfant et l’adolescent. La prise en vasculaires et les hémangiomes attendent encore beaucoup des progrès,
charge de cette pathologie est d’autant meilleure qu’elle utilise les des moyens thérapeutiques et de la recherche.
Références
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17
Techniques chirurgicales - Tête et cou
[46-260]
Résumé
Les tumeurs malignes de la face interne de joue sont rares, en tout cas en dehors de l'Asie
(et principalement en dehors de l'Inde). La plupart du temps, il s'agit de tumeurs
développées aux dépens de la muqueuse de la face interne de la joue (« buccal mucosa »
des Anglo-Saxons), plus rarement aux dépens des tissus sous-jacents (glandes salivaires
accessoires, par exemple). Ce sont des tumeurs volontiers précédées par des états
précancéreux. Leur pronostic est sombre et leur traitement difficile. Si la chirurgie peut
être indiquée pour l'éradication de lésions précancéreuses, la radiothérapie est largement
utilisée pour le traitement des lésions débutantes. Quand elle est techniquement
réalisable, la chirurgie retrouve une place prépondérante pour les tumeurs évoluées, stade
auquel ces tumeurs sont le plus souvent diagnostiquées. Les récentes avancées de la
chirurgie réparatrice ont considérablement amélioré la qualité de ce traitement chirurgical.
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RAPPEL GÉ NÉ RAL
Rappel anatomique
Paroi latérale de la cavité buccale, la face interne de la joue est une surface muqueuse
plane étendue du plan de la commissure labiale, en avant, à celui du trigone rétromolaire,
et du fond du cul-de-sac gingivojugal, en arrière, et du fond des sillons gingivojugaux
supérieurs et inférieurs, en haut et en bas. Elle présente, en regard du collet de la
deuxième molaire supérieure, l'orifice du canal de Sténon.
La vascularisation est assurée par des branches des vaisseaux faciaux, l'innervation
sensitive par le rameau buccal du nerf temporobuccal, branche du trijumeau, et
l'innervation motrice par les filets jugaux du nerf facial. Le drainage lymphatique se fait
principalement le long des vaisseaux faciaux (avec un possible ganglion génien) vers les
relais ganglionnaires de la région sous-maxillaire, moins souvent directement vers le
groupe sous-digastrique, le drainage vers la région parotidienne étant rare mais non
exceptionnel.
Rappel anatomopathologique
La muqueuse de la face interne de la joue est de type malpighien. Les cancers qui s'y
développent sont, dans la grande majorité des cas, des carcinomes épidermoïdes plus ou
moins différenciés. Beaucoup plus rarement, des tumeurs malignes glandulaires peuvent y
apparaître, ou, encore, des tumeurs mélaniques.
Lésions précancéreuses
Quel qu'en soit le type macroscopique, le diagnostic de lésion prénéoplasique suppose que
la lésion ait été étudiée en totalité, ce qui impose donc sa résection.
Cancers invasifs
Il appréciera l'extension locale par un examen bidigital (sous anesthésie générale en cas
de forme ulcérée surinfectée) puis tomodensitométrique (TDM), voire en résonance
magnétique nucléaire (RMN) pour mieux apprécier l'extension aux tissus mous. L'examen
radiologique panoramique dentaire vérifiera l'intégrité mandibulaire. L'imagerie des
ganglions cervicaux (échographie, par exemple) n'est requise qu'en cas de cou sans
ganglion palpable et tumeur primitive de petite taille avec discussion sur l'opportunité d'un
traitement prophylactique cervical. La panendoscopie éliminera un second cancer
simultané et la radiographie pulmonaire une diffusion métastatique parenchymateuse.
Enfin un bilan général appréciera les fonctions cardiaques, pulmonaires, hépatiques et
rénales.
Indications thérapeutiques
Les lésions classées T1 T2 (moins de 4 centimètres) peuvent être traitées soit par chirurgie
endobuccale soit par radiothérapie (plutôt par curiethérapie interstitielle à l'iridium 192 que
par irradiation externe).
Les tumeurs plus volumineuses, T3 T4, sont plus souvent traitées par chirurgie par voie
externe que par irradiation (électronthérapie associée ou non à une curiethérapie) et, en
tout cas, chaque fois qu'il existe une extension osseuse ou une infiltration cutanée ou un
trismus.
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Installation
Seules les petites lésions prénéoplasiques peuvent être réséquées sous anesthésie locale
avec infiltration à la xylocaïne avec (en l'absence de contre-indication cardiovasculaire)
adrénaline à 1 %.
Les autres lésions sont à opérer sous anesthésie générale avec intubation trachéale si
possible par voie nasale. Les exérèses larges et celles portant sur la mandibule doivent
être effectuées sous couvert d'une trachéotomie. On ne saurait que trop conseiller de
commencer l'intervention par ce geste, et mettre en place d'emblée une canule à ballonnet
(numéro 8 ou 10) sur laquelle se branchera la tubulure du respirateur. Cela évite en fin
d'intervention des manipulations inutiles.
En dehors des exérèses limitées, une sonde nasogastrique siliconée est systématiquement
mise en place en début d'intervention de même qu'un méchage endobuccal imbibé d'une
solution antiseptique à usage buccopharyngé qui sera laissé en place jusqu'au moment de
l'exérèse.
Le patient peut alors être définitivement installé en position d'intervention et, après un
classique badigeonnage de la peau, les champs opératoires mis en place.
Techniques d'exérèse
Lésions précancéreuses
Les autres formes sont relativement facilement extirpables dès lors qu'elles ne sont pas
trop étendues en surface et, surtout, pas étendues aux gencives ou à la commissure
intermaxillaire.
Ces lésions peuvent être soit détruites soit réséquées. Chaque fois que cela est possible il
faut préférer la résection car c'est le seul moyen d'avoir un diagnostic histopathologique
indiscutable.
Si la destruction a été choisie, on peut utiliser soit le bistouri électrique sur le mode
coagulation, soit la vaporisation au laser CO2, soit la cryothérapie qui conserve, ici, une de
ses dernières indications.
Si une résection a été décidée, elle peut être réalisée soit au laser CO2 en mode section,
soit au bistouri électrique en mode section également. Le laser a l'avantage de procurer un
spécimen quasi intact mais ne contrôle pratiquement pas l'hémostase. Le bistouri
électrique, au contraire, permet un meilleur contrôle du saignement mais endommage
davantage la pièce opératoire par brûlure. On pourrait dire que le laser est préférable pour
les lésions leucoplasiques mais que pour les lésions érythroplasiques, le bistouri électrique
est, peut-être, plus adapté. Dans les deux cas, l'exérèse se fait d'avant en arrière en
restant bien parallèle au plan muqueux (comme dans la vermillonectomie pour la lèvre),
au contact du muscle buccinateur (fig. 2 A). Après exérèse, une légère vaporisation ou
coagulation du lit opératoire est réalisée. Il n'y a pas nécessité de couverture par greffe,
mais si la taille du lit opératoire est limitée, une suture bord à bord par des points séparés
de fil résorbable est réalisée.
Le spécimen est, si possible, placé sur un bristol et orienté avant d'être adressé à
l'anatomopathologiste.
L'utilisation de colorants type bleu de toluidine peut aider à repérer les lésions suspectées
et à en apprécier les limites.
Cancers limités
Les limites tumorales sont soigneusement repérées, un tatouage est souhaitable. L'exérèse
est faite au bistouri électrique (plutôt qu'à lame) en commençant en arrière de la
commissure labiale dont la musculature est respectée. En revanche, le muscle obturateur
est incisé et la dissection se poursuit d'avant en arrière dans l'épaisseur du tissu
cellulograisseux de la joue.
Deux fils sont placés respectivement aux angles antérosupérieur et antéro-inférieur de la
pièce, de façon à pouvoir la tracter vers le bas pour les incisions supérieures, vers le haut
pour les incisions inférieures, ou vers le dedans pour la dissection en profondeur. Il ne
reste, à la fin, qu'une charnière muqueuse verticale postérieure qui est sectionnée en
avant et en dehors de la commissure intermaxillaire, libérant ainsi la pièce opératoire (fig.
2 B).
Cancers étendus
Il s'agit des tumeurs étendues aux sillons gingivojugaux, voire aux gencives elles-mêmes,
à la commissure labiale, à la commissure intermaxillaire, au revêtement cutané ou, a
fortiori, à plusieurs de ces structures. Nous ne rappellerons pas que le contrôle des limites
d'exérèse par examen extemporané est systématique.
Ce sont les tumeurs les plus redoutables et dont l'exérèse est la plus complexe
d'autant plus que, la plupart du temps, il faut y associer une résection
mandibulaire. La pièce opératoire emportera dans ce cas, en monobloc, toute
l'épaisseur de la joue, l'os et le curage ce qui en rend la manipulation malaisée.
Tous les repères doivent être très soigneusement pris par la palpation et sur les
données de l'imagerie, puis toutes les incisions prévues et dessinées en tenant
compte des impératifs carcinologiques, anatomiques et des nécessités de la
reconstruction. Quand une telle indication chirurgicale est prise, elle impose un
choix délibéré d'exposition large du champ opératoire pour assurer une vision
optimale des limites tumorales et donc des limites d'exérèse et pour permettre
une manipulation la plus facile (la moins difficile ?) de l'ensemble de la pièce
opératoire qui est indispensable, là encore pour juger de la qualité
macroscopique de l'exérèse. C'est dire que, pratiquement toujours, il faudra
opter pour deux incisions cutanées : l'une circonscrivant sur la joue les limites
palpatoires de l'infiltration cutanée tumorale, en passant le plus au large possible
(2 cm idéalement), l'autre sectionnant la lèvre inférieure et la région
mentonnière (cf. supra) puis se poursuivant de façon circulaire sous la mandibule
en descendant assez bas (pour assurer la vascularisation et la viabilité du pont
cutané laissé entre cette incision cervicale et la partie inférieure de l'incision
jugale), puis remontant vers la mastoïde voire en prétragien si une dissection
parotidienne est programmée. Cette deuxième incision permet la réalisation du
curage cervical, donnera un jour correct pour le temps buccal de la résection et
facilitera les sutures endobuccales du temps de reconstruction. La dissection
parotidienne permet de mieux dégager le masséter et de libérer et refouler vers
le haut les branches supérieures du nerf facial qui seront ainsi préservées. Elle
assure, en outre, une extension du curage ganglionnaire et donne une marge de
sécurité supplémentaire d'autant plus qu'après ces larges exérèses, a fortiori
complétées par une irradiation, la fonction parotidienne est souvent compromise.
Le curage cervicoparotidien étant disséqué mais laissé solidaire du bloc tumoral
au niveau du bord inférieur de la mandibule et du pédicule facial, les incisions
jugales cutanées rejoignent les incisions muqueuses, transfixiant ainsi la joue, et
la pièce peut être réséquée en continuité avec les résections osseuses
nécessaires.
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CHIRURGIE RÉ PARATRICE
Greffes simples
Nous ne citerons que pour mémoire les lambeaux cutanés de type cervical
(lambeau de Poisson), deltopectoral, temporofrontal qui ne sont plus guère
utilisés mais avaient constitué, en leur temps, une amélioration technique
certaine, ainsi que le lambeau nasogénien rarement utilisé dans ce type de
chirurgie. Seul le grand lambeau cutané de glissement nous semble devoir être
décrit. Dérivé de celui décrit par Stark et Kaplan, il permet de réparer des pertes
de substance cutanées jugales. Il est important de préciser que son utilisation
doit être prévue d'emblée car elle nécessite une incision cutanée particulière.
L'incision part de la partie postérieure de l'incision circonscrivant la zone de
résection jugale, descend en prétragien, circonscrit le lobule de l'oreille puis
longe le bord du muscle trapèze pour rejoindre le sillon deltopectoral. Le lambeau
jugo-cervico-thoracique est décollé d'arrière en avant puis, après exérèse, tracté
vers le haut avec un discret mouvement de rotation vers l'avant. Pour des
réparations de moindre surface, le lambeau bilobé de Zimany apporte une
solution simple et rapide.
Dans les deux cas, la technique est très simple mais impose un type particulier
d'incision cutanée assez peu compatible avec certaines exérèses, par exemple
lorsqu'une hémimandibulectomie est nécessaire (cf. supra).
Lambeaux pédiculés
Les lambeaux musculocutanés ont constitué l'un des deux progrès substantiels,
au cours des 20 dernières années, en chirurgie réparatrice dans le domaine de la
carcinologie. En effet, leur fiabilité et leur utilisation en un seul temps chirurgical
ont permis des exérèses plus sûres et des durées de cicatrisation compatibles
avec une irradiation postopératoire réalisée dans des délais convenables.
Plusieurs lambeaux musculocutanés sont utilisables.
Lambeaux musculaires
Ils imposent un temps abdominal et, du fait de ces impératifs techniques, sont
d'utilisation plus limitée. Ils ont, en revanche, l'immense avantage d'apporter en
bouche un matériau « lubrifié » par sa sécrétion de mucus. Ceci dit, il existe un
plan de clivage permanent entre la séreuse et le fond de la cavité d'exérèse. En
pratique deux transplants peuvent être utilisés :
le transplant jéjunal : un segment de jéjunum vascularisé par des
vaisseaux mésentériques est prélevé, après repérage par
transillumination de ces vaisseaux, puis ouvert longitudinalement sur son
bord libre créant ainsi une surface muqueuse relativement plane pouvant
reconstituer une face interne de joue. La continuité digestive est assurée
par une anastomose bout à bout ;
le transplant gastrique : un segment de la grande courbure de l'estomac
solidaire d'un segment d'épiploon contenant les vaisseaux
gastroépiploïques (en particulier droits) est prélevé et peut être utilisé
comme le précédent.
Les résections du maxillaire supérieur ne sont pas réparées mais compensées par
des prothèses palatines obturatrices adaptées à la perte de substance.
Chirurgie ganglionnaire
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CONCLUSION
Références
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Fig 1 :
Fig 1 :
2. Vaisseaux faciaux.
3. Nerf buccal.
4. Muscle buccinateur.
6. Muscle ptérygoïdien.
7. Loge amygdalienne.
8. Nerf facial.
9. Muscle peaucier.
Fig 2 :
Fig 2 :
A. Lésion précancéreuse.
Fig 3 :
Fig 3 :
Fig 4 :
Fig 4 :
Incisions cutanées.
Fig 5 :
Fig 5 :
Fig 6 :
Fig 6 :
Les cancers ou les lésions prénéoplasiques des lèvres se rencontrent au niveau de la lèvre inférieure et plus
rarement au niveau des commissures labiales ou de la lèvre supérieure. Leur traitement consiste à faire
une exérèse large de la lésion suivie d’une reconstruction. La reconstruction des pertes de substance des
lèvres doit aboutir à un minimum de séquelles fonctionnelles et esthétiques. Cette chirurgie fait appel à de
nombreuses techniques qui ont évolué au cours des siècles. Leur nombre témoigne de la difficulté de ce
type de reconstruction. Nous envisagerons ici, après quelques rappels anatomiques, les techniques
d’exérèse tumorale et de reconstruction, mais uniquement les techniques qui nous semblent fiables,
éprouvées, reproductibles et qui permettent de faire face à pratiquement toutes les situations cliniques.
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Mots clés : Perte de substance labiale ; Modiolus ; Lambeau nasogénien ; Lambeau d’Abbé ;
Lambeau d’Estlander ; Lambeau de Webster ; Lambeau de Gillies ; Lambeau de Karapandzic ;
Escalier de Johanson ; Commissuroplastie ; Vermillonectomie
États précancéreux
Les lésions précancéreuses sont fréquentes au niveau de la
face. On distingue : les lésions précancéreuses acquises (kérato-
ses solaires, lésions chimiques, radiodermites, cicatrices ancien-
nes), les tumeurs fibroépithéliales prémalignes de Pinkus. Il
Figure 4. Vascularisation artérielle. 1. Artère faciale ; 2. artère coronaire s’agit de lésions intraépidermiques qui sont susceptibles dans un
supérieure ; 3. artère coronaire inférieure ; 4. artère sous-mentale. premier temps de se transformer en carcinome épidermoïde
infiltrant. L’appréciation des limites lésionnelles est souvent
Lèvre inférieure difficile.
d’exérèse non pas à l’épaisseur mais au diamètre de la tumeur veiller à garder une symétrie de l’arc de Cupidon pour éviter
et de proposer 1,5 cm de marge si le diamètre est inférieur à une distorsion par rapport à la base du nez : on ne peut donc
3 cm et 2,5 si celui-ci est supérieur [22]. réaliser des sutures directes que pour de petites lésions sous
peine de déformations cosmétiques très visibles. La nécessité du
placement des cicatrices, du respect des repères anatomiques et
la symétrie de la lèvre supérieure oblige à faire souvent appel à
“ Point fort
la lèvre inférieure pour sa reconstruction. En effet, la lèvre
inférieure n’a pas de sous-unité esthétique et une résection
inférieure au tiers n’entraîne pas de dissymétrie visible.
Le traitement doit être efficace d’emblée.
L’exérèse ne doit pas être minimisée par un souci Lèvre supérieure blanche
esthétique. La symétrie de la lèvre supérieure et ses rapports intimes avec
La reconstruction pourra être réalisée dans un second la base du nez rendent sa reconstruction délicate. De plus, chez
temps opératoire. l’homme, il faut tenir compte de la pilosité de la moustache.
On fait ici appel principalement à des lambeaux de voisinage.
Figure 5.
A, B, C, D. Lambeau d’avancement de Webster.
Figure 6.
A, B, C. Lambeau nasogénien à pédicule inférieur.
Figure 7.
A, B, C, D. Cas clinique de lambeau nasogénien.
à pédicule inférieur permet une réparation assez étendue vers la réservées à la correction d’une bride ou pour refaire l’ensemble
ligne médiane. Ce lambeau donne peu de séquelle cicatricielle de l’unité labiale. La greffe est prélevée en région rétroauricu-
au niveau de la joue. Il permet une reconstruction totale de la laire ou sus-claviculaire. Chez l’homme, ces greffes de peau
lèvre supérieure. Taillé dans le sillon nasogénien, son pédicule glabre ont souvent un mauvais résultat esthétique.
est inférieur ce qui permet une reconstruction de la sangle
orbiculaire en horizontalisant les fibres musculaires situées dans Lèvre supérieure rouge
le lambeau.
Il y a là la nécessité d’une reconstruction cutanéo-musculo-
muqueuse. À ce niveau également, on doit s’attacher à préserver
Greffes cutanées (Fig. 8)
la symétrie labiale. On peut sacrifier jusqu’au tiers de la lèvre
Rarement utilisées en première intention, elles ont une supérieure avec une fermeture par suture directe de première
tendance naturelle à la dyschromie et à la rétraction. Elles sont intention, surtout chez la personne âgée avec une grande laxité
Figure 8.
A, B. Greffe de peau totale.
Figure 9.
A, B, C, D, E. Lambeau d’Abbé ou lambeau tour-
nant hétérolabial pédiculé.
tissulaire. S’il est impossible de refermer par suture directe, on muqueuse, de la face inférieure de la lèvre à la hauteur de la
utilise un lambeau de reconstruction. Nous verrons ces lam- ligne cutanéomuqueuse. La largeur du lambeau correspond à la
beaux en fonction de la taille de la perte de substance. moitié de la perte de substance de la lèvre supérieure. Le point
de rotation médian a comme pivot l’artère coronaire qui doit
Perte de substance inférieure ou égale au tiers rester protégée par la muqueuse de la face interne de la lèvre.
de la lèvre supérieure Le lambeau est ensuite tourné à 180° et suturé plan par plan
Lambeau d’Abbé (Fig. 9, 10) (muqueux, musculaire, cutané) à la perte de substance
supérieure.
Il s’agit d’un lambeau tournant de lèvre inférieure. Celle-ci est
en effet toujours assez souple pour donner un quart de sa Les soins postopératoires nécessitent une alimentation
longueur sans déformation résiduelle. C’est un lambeau de pâteuse, voire la mise en place d’une sonde nasogastrique pour
pleine épaisseur retourné à 180°, vascularisé par l’artère coro- limiter les forces de traction sur les sutures. Le pédicule
naire inférieure qui chemine près de la face interne de la vasculaire doit être protégé par des pansements gras pour éviter
Figure 11.
A, B, C, D. Lambeau d’Estlander.
Figure 12.
A, B, C. Cas clinique de lambeau d’Estlander.
Figure 13.
A, B, C, D. Lambeau d’avancement de Webster.
Figure 15.
A, B, C, D. Lambeau de Karapandzic inversé.
Figure 17.
A, B, C, D. Cas clinique de vermillonectomie.
Figure 18.
A, B. Suture directe en trois plans.
Figure 19.
A, B. Cas clinique de résection/suture.
Figure 20.
A, B, C. Lambeaux hétérolatéraux d’Abbé-Estlander.
Figure 21.
A, B, C. Cas clinique de re-
construction par lambeau
d’Abbé-Estlander.
L’exérèse de la lèvre tumorale aboutit à une perte de subs- triangle cutané de décharge pour harmoniser l’ensemble.
tance rectangulaire. La technique consiste à réaliser latéralement Chacun des triangles et des rectangles est pris de pleine
des incisions en « marches d’escalier » qui sont de la moitié de épaisseur sur la lèvre inférieure, ce qui permet l’avancement du
la longueur de la perte de substance. L’incision de chaque lambeau vers la perte de substance initiale, chaque marche
marche est transfixiante et permet ainsi l’avancée facile de prenant la place de la perte de substance supérieure. La ferme-
l’ensemble des marches. L’incision latérale de la dernière ture est réalisée plan par plan, muqueuse, muscle et peau. La
marche est dissimulée dans le sillon labiomentonnier avec un technique de Johanson permet une préservation de la fonction
Figure 22.
A, B. Escalier de Johanson.
Figure 23.
A, B, C. Cas clinique d’escalier de Johanson.
Figure 24.
A, B, C, D, E, F. Lambeau en éventail de Gillies.
temps de commissuroplastie. Pour épaissir la lèvre et la rendre du triangle de résection cutanée et reconstitue ainsi une
plus fonctionnelle, un lambeau de langue peut être pris sur son nouvelle lèvre rouge. Chez les sujets âgés, la réalisation est
bord libre ; il est sectionné une dizaine de jours plus tard facilitée par la laxité cutanée. Les résultats fonctionnels des
(Fig. 24E,F). lambeaux de Camille Bernard sont médiocres avec un recul de
la lèvre inférieure, mauvaise occlusion et fuite salivaire.
Perte de substance supérieure aux deux
tiers Modification du lambeau de Camille Bernard
par Webster (Fig. 27) [37]
Les réparations des pertes de substance totales ou quasi
totales de la lèvre inférieure posent de difficiles problèmes au Webster a modifié la technique décrite par Camille Bernard
plan fonctionnel étant donné la perte de la fonction sphincté- pour essayer d’en améliorer les résultats fonctionnels. Webster
rienne de la lèvre. Deux grandes techniques sont surtout réalise quatre lambeaux cutanés de décharge, deux au niveau
utilisées pour ce type de reconstruction : le lambeau de Camille des sillons nasogéniens et deux au niveau des sillons labiomen-
Bernard, modifié par Webster, et la reconstruction suivant la tonniers le long du galbe du menton. L’ensemble permet ainsi
technique de Karapandzic. une meilleure avancée des deux lambeaux avec des sutures plus
faciles.
Reconstruction par lambeau de Camille Bernard La reconstruction du vermillon inférieur peut être réalisée,
(Fig. 25, 26)) soit par des lambeaux muqueux de la face interne de joue, soit
La technique « princeps » décrite par Camille Bernard consiste par un lambeau de langue qui est suturé à la nouvelle lèvre et
à réparer toute la lèvre inférieure par deux lambeaux d’avance- sectionné après une dizaine de jours.
ment de joue. La reconstruction selon cette technique aboutit à des résultats
La technique est identique des deux côtés : une résection fonctionnels meilleurs qu’avec la technique de base de Camille
cutanée des deux triangles commissuraux à base inférieure Bernard. Mais néanmoins, il y a encore une mauvaise compé-
permet le glissement des berges labiomentonnières latérales. tence labiale avec recul important de la lèvre inférieure et une
Chaque base est égale à la moitié de la perte de substance de lèvre supérieure qui est beaucoup plus épaisse et projetée en
lèvre. Un lambeau muqueux triangulaire est ensuite pris à la avant. En fait, peu de techniques peuvent remédier à ce défaut,
partie interne de la joue en respectant l’artère faciale et le canal à moins de mettre un lambeau de langue épais pour refaire un
de Sténon. Ce lambeau est retourné, éversé et suturé à la base vermillon.
Figure 25.
A, B, C, D. Lambeau de Camille Bernard.
Figure 26.
A, B, C. Cas clinique de lambeau de Camille Bernard.
Figure 27.
A, B, C, D, E. Procédé de Camille Bernard modifié
par Webster.
Figure 28.
A, B, C, D, E. Technique de Karapandzic.
Figure 29.
A, B, C, D. Cas clinique de technique de
Karapandzic.
Les pertes de substance des commissures labiales sont diffici- Lambeau muqueux de la face interne de joue
les à reconstruire et donnent souvent des résultats fonctionnels (Fig. 33, 34)
médiocres étant donné l’altération du modiolus. De nombreuses
techniques ont été décrites ; la technique utilisant des lambeaux Après dessin de l’emplacement de la nouvelle commissure, la
rhomboïdes (Fig. 30) est la plus employée. technique consiste à réaliser une exérèse cutanée qui emporte la
L’exérèse tumorale réalisée, la technique consiste à dessiner muqueuse adjacente. Deux lambeaux muqueux sont pris à la
un lambeau rhomboïde supérieur et inférieur. Ils sont trans- face interne de joue ; ils viennent recouvrir la perte de subs-
fixiants de pleine épaisseur jusqu’à la muqueuse en prenant soin tance où ils sont suturés tandis que la surface de prise de
de ne pas blesser les pédicules vasculaires. Les lambeaux sont lambeau est fermée par simple rapprochement. Le danger en est
ensuite suturés à eux-mêmes pour former la nouvelle commis- parfois une rétraction qui peut se voir ultérieurement et aboutir
sure, puis une harmonisation des sutures permet la reconstruc- à une certaine récidive de la déformation.
tion de la lèvre supérieure et inférieure. En cas de perte de Le respect du modiolus est primordial pour l’esthétique et la
substance importante de muqueuse de joue, un lambeau bilobé fonction des lèvres.
de langue peut y être associé pour reconstruire à la fois la La reconstruction doit tenir compte des sous-unités esthé-
muqueuse et la lèvre rouge. tiques de la face.
Figure 30.
A, B, C, D, E, F. Réparation d’une perte de substance transfixiante de la commissure labiale par deux lambeaux rhomboïdes.
Tableau 1.
Chirurgie réparatrice de la lèvre supérieure. Principales indications en fonction de la perte de substance.
Lèvre blanche Lèvre rouge
- Lambeau de Webster Perte < un tiers Perte > un tiers
- Lambeau nasogénien - Lambeau d’Abbé - Lambeau de Webster
- Greffe de peau totale - Lambeau d’Estlander - Lambeau de Karapandzic inversé
- Lambeau nasogénien
- Lambeau en éventail de Gillies
Tableau 2.
Chirurgie réparatrice de la lèvre inférieure. Principales indications en fonction de la taille de la perte de substance (PDS).
Taille de la PDS Inférieure ou égale à un tiers Comprise entre un tiers et deux tiers Supérieure à deux tiers
Indications Fermeture directe en V ou en W Lambeaux hétérolatéraux d’Abbé-Estlander Lambeau de Camille Bernard, modifié
par Webster
Lambeau en « marches d’escalier » de Johanson Lambeau de Karapandzic
Lambeau en éventail de Gillies
Figure 31.
A, B, C, D. Commissuroplastie suivant la technique de Gillies.
Figure 32.
A, B, C, D. Cas clinique de commissuroplastie selon Gillies corrigeant une microstomie suite à un lambeau d’Estlander.
Figure 33.
A, B, C, D, E, F, G. Commissuroplastie par lambeaux muqueux de face interne de joue.
Figure 34.
A, B, C, D, E. Cas clinique de commissuroplastie par lambeaux
muqueux de face interne de joue.
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Bessede J.-P., Sannajust J.-P., Vergnolles V. Chirurgie des tumeurs des lèvres. EMC (Elsevier SAS, Paris),
Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-238, 2006.
Les carcinomes du plancher buccal relèvent pour un très grand nombre de cas d’un traitement
chirurgical. Ce traitement chirurgical doit intéresser le lit tumoral et les aires ganglionnaires. Le traitement
du lit tumoral comporte toujours un temps d’exérèse et ensuite un temps de réparation. Le temps
d’exérèse doit être adapté à l’extension de la tumeur tant au niveau des tissus mous que de l’os. En cas
d’interruption osseuse, la réparation de la continuité osseuse, surtout si l’interruption est antérieure, est
indispensable pour éviter de très lourdes séquelles morphologiques et fonctionnelles.
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Temps de réparation
Figure 2. Tracé de l’exérèse dans une pelvectomie par voie buccale.
Il dépend de l’importance de l’exérèse du plancher, de la
langue et de la mandibule.
Temps ganglionnaire
La pièce d’évidement sous-maxillaire est en règle laissée en
monobloc.
Abord inférieur de la zone d’exérèse Figure 6. Section osseuse mandibulaire respectant une baguette
• Section des attaches mandibulaires du ventre antérieur des inférieure.
deux muscles digastriques ;
• incision du périoste sur la crête basilaire de la mandibule sur
toute la longueur de résection osseuse en dépassant cette
longueur de 1 cm de chaque côté ;
• rugination sous-périostée de la table interne de la mandibule
dans sa moitié inférieure (cette rugination périostée est
rendue nécessaire par l’existence de lymphatiques dans le
périoste). Lors de cette rugination les insertions mandibulaires
du mylohyoïdien sont désinsérées.
Abord antérieur
• Réclinaison de la lèvre inférieure soit à l’aide de deux
écarteurs de Farabeuf, soit par des fils de traction transla-
biaux ;
• section muqueuse horizontale à la face externe de la mandi-
bule soit à la face inférieure de la gencive, soit en passant au
ras du collet des dents et en ruginant la fibroconjonctive de
la racine des dents (Fig. 5). Cette incision va d’une prémolaire
à l’autre. La conservation de la plus grande quantité de
muqueuse possible rend la fermeture plus facile tout en Figure 7. Schéma d’une coupe sagittale de pelvi-glosso-mandibulec-
respectant les impératifs carcinologiques ; tomie antérieure non interruptrice.
• rugination de la face externe de la mandibule sur la moitié
supérieure de sa hauteur en respectant la partie inférieure de
cette face externe qui n’est pas ruginée de façon à ne pas
fragiliser les tissus restants. Exérèse tumorale (Fig. 7)
• Section latérale à droite et à gauche de la muqueuse à
Section horizontale de la mandibule distance de la tumeur ;
Cette section est réalisée à mi-hauteur de la mandibule en • section du mylohyoïdien ;
passant juste sous les racines des dents en évitant bien de laisser • passage en pull-through de l’ensemble de la baguette mandi-
des fragments de racine dans les apex dentaires de la baguette bulaire, du plancher et de la langue (Fig. 8, 9) ;
mandibulaire restante. En cas de racines particulièrement • abord de la face ventrale de la langue en sectionnant la
longues, on peut préférer commencer par l’extraction des dents muqueuse puis en sectionnant les fibres antérieures du
avant de faire la section osseuse. génioglosse d’avant en arrière ;
Si le patient est édenté de longue date, la baguette réséquée • l’exérèse se poursuit par la section postérieure du génioglosse
est peu importante. et des autres muscles linguaux, ce qui libère la pièce ;
La section osseuse (Fig. 6) est réalisée à la scie électrique • durant toute cette exérèse, l’hémostase est faite pas à pas par
oscillante en irriguant en permanence la tranche de section des coagulations au bistouri électrique et des ligatures sur les
pour éviter l’échauffement de la baguette osseuse restante. On vaisseaux les plus importants.
commence par délimiter le tracé inférieur et latéral en prenant
Temps de réparation
soin de faire une pente douce de chaque côté de façon à rendre
possible l’appareillage dentaire ultérieur. • Réparation musculaire hyomandibulaire. Les muscles lin-
Après section de la table interne, on rejoint la zone de guaux restants et l’os hyoïde sont amarrés au bord inférieur
décollement du périoste. de la symphyse soit à l’aide de Vicryl 0, soit à l’aide de fil
Temps ganglionnaire
non résorbable. La hyomandibulopexie peut s’aider de fils
passés à travers la mandibule après création de trous à l’aide La lésion étant latéralisée, l’évidement est unilatéral par une
d’un fin trépan. Cette hyomandibulopexie peut être facilitée incision arciforme allant de la pointe du menton à la région
par la section partielle des muscles sous-hyoïdiens au bord sous-mastoïdienne.
inférieur de l’os hyoïde ;
• réamarrage des ventres antérieurs du digastrique à la région Temps d’exérèse
mentonnière ; Les schémas des tracés de l’incision muqueuse et de la
• réparation muqueuse. Elle peut être réalisée : résection varient selon qu’il s’agit d’une pelvimandibulectomie
C soit par suture bord à bord en se réservant la possibilité 6 latérale non interruptrice (Fig. 11, 12) ou d’une glosso-pelvi-
à 8 mois après de mettre une greffe de peau totale mandibulectomie non interruptrice (Fig. 13, 14).
d’expansion vestibulaire ; Abord et section de la baguette osseuse. L’incision cutanée
C soit par l’utilisation de lambeaux : de face interne de de l’évidement est suffisante. Il n’y a pas nécessité, habituelle-
joue (lambeau de facial artery musculo-mucosal [FAMM]) ; ment, d’inciser le menton et la lèvre. On incise le périoste le
lambeau nasogénien ; lambeau libre antébrachial ; lambeau long de la crête basilaire de la mandibule. Après avoir écarté la
sous-hyoïdien ; lambeau musculocutané de grand pectoral. lèvre, on incise la muqueuse de la face externe de la mandibule
L’utilisation d’une technique de réparation plutôt que d’une le plus haut possible sur la gencive ou au ras des alvéoles depuis
autre varie en fonction de la tumeur et des habitudes de la région des incisives jusqu’à la région molaire. On procède
chacun. ensuite à la rugination de la face externe de la mandibule dans
La qualité de la baguette osseuse restante est vérifiée par une sa moitié supérieure. Puis on sectionne une baguette mandibu-
radiographie postopératoire (Fig. 10). laire latérale à la scie oscillante depuis le bloc incisif jusqu’à la
région rétromolaire. Cette section osseuse doit passer sous les
Pelvimandibulectomies latérales non apex dentaires ou est réalisée après avulsion des dents. Cette
interruptrices section est réalisée en veillant à ce qu’elle soit en pente douce
à chaque extrémité. On peut s’aider, pour terminer la section,
Elles sont indiquées pour des cancers du plancher buccal d’un coup de ciseaux à frapper fin. La baguette étant libérée, on
latéral à distance de la ligne médiane. prend soin de décoller le périoste de la table interne de la
mandibule dans sa partie inférieure jusqu’au bord basilaire.
Trachéotomie Exérèse tumorale. Après mise en place d’un ouvre-bouche et
Elle se fait sous intubation. d’un fil de traction sur la langue, on commence par faire le
Figure 20. Schéma de la section interne lors d’une pelvimandibulecto- Pelvimandibulectomies très élargies à la langue
mie latérale interruptrice. 1. Glande sous-maxillaire ; 2. muscle mylohyoï- mobile
dien ; 3. ventre antérieur du digastrique.
Une exérèse très importante de langue mobile peut s’imposer
tant dans une pelvimandibulectomie interruptrice que non
interruptrice.
Cette exérèse peut même conduire à sacrifier la totalité de la
Ensuite l’exérèse est conduite d’avant en arrière en mordant
langue mobile mais pour éviter des séquelles majeures, il faut
plus ou moins dans la langue. Très souvent la section emporte
savoir préserver la totalité de la base de langue.
environ 1 cm de bord de langue en passant en dehors des fibres
La résection de la langue est conduite après section du
du génioglosse et en mordant dans les fibres les plus latérales du
plancher buccal en se guidant principalement sur les données
géniohyoïdien (Fig. 20).
de l’IRM préopératoire et des impressions palpatoires.
En arrière, la pièce étant bien tractée en dehors, on réalise la Une réparation linguale est indispensable. Il faut savoir
section transversale du segment lingual de dehors en dehors, apporter des tissus mous en quantité suffisante mais en évitant
puis la base du pilier antérieur est incisée ainsi que l’ensemble cependant les excès, source de difficultés fonctionnelles
des muscles styloglosse et stylopharyngien. importantes.
La pièce est libérée par section des dernières attaches des
muscles sus-hyoïdiens et des attaches des ptérygoïdiens sur la
partie basse de la branche verticale. L’ensemble de cette section ■ Réparation tissulaire après
pour libérer la pièce est réalisé pas à pas en faisant une hémo-
stase soigneuse à l’électrocoagulation pour les très petits chirurgie d’exérèse des tumeurs
vaisseaux et avec des ligatures ou des clips pour les autres. Les du plancher de la bouche
limites de cette dissection sont en permanence dictées par les
données visuelles des limites de la tumeur et de la palpation. Cette réparation est toujours au moins muqueuse en cas de
Durant toute la dissection, une attention particulière est portée pelvectomies ou de pelvimandibulectomies non interruptrices.
au grand hypoglosse de façon à préserver le maximum de ses Elle est en plus osseuse lorsqu’il y a interruption de la conti-
branches. nuité mandibulaire. Cette réparation osseuse, si elle est faculta-
En fonction de l’atteinte linguale, on peut être amené à tive en cas d’interruption osseuse latérale, est absolument
pratiquer une exérèse importante de langue mobile pouvant indispensable en cas d’interruption symphysaire. Il s’y associe
aller jusqu’à la ligne médiane, et en arrière une résection d’un parfois en plus la nécessité de réparer la peau du menton ou
segment de la partie haute de la base de langue. même la lèvre inférieure. Les techniques de réparation
muqueuse et osseuse ont beaucoup évolué. Nous les décrivons
Temps de réparation car même des techniques dites « anciennes » peuvent parfaite-
ment avoir encore leur place dans l’arsenal des possibilités
Réparation muqueuse. Elle peut se faire en fonction de réparatrices.
l’importance de l’exérèse, des habitudes du chirurgien et de
l’état général du patient par :
• rapprochement et suture bord à bord de la muqueuse linguale Réparation de la perte de substance
avec la muqueuse du rebord gingivomandibulaire externe ; muqueuse
• lambeau local de face interne de joue ;
• lambeau sous-hyoïdien ; Suture bord à bord des muqueuses
• lambeau musculaire ou musculocutané de grand pectoral ou Cette technique est utilisée en cas de perte de substance peu
de grand dorsal ; importante dans les pelvectomies antérieures ou latérales. Elle
• lambeau libre antébrachial ; est réalisée au fil résorbable de Vicryl 00, soit par points séparés,
• palette cutanée d’un lambeau libre osseux. soit même par un surjet. Lorsque l’exérèse antérieure du
Réparation de la continuité osseuse. Elle n’est pas indispen- plancher lingual n’a été que muqueuse, on peut même, pour
sable car les séquelles entraînées par une perte de substance éviter la limitation des mouvements de la langue, suturer la
latérale sont acceptables sur le plan morphologique et sur le muqueuse du plancher en laissant une partie de la glande
plan fonctionnel. Cette continuité peut être restaurée, soit par sublinguale non recouverte ; l’épithélialisation de celle-ci est en
l’utilisation d’une attelle en titane type attelle de Strycker, soit général rapide et le résultat fonctionnel est parfait.
par l’utilisation d’un transplant libre osseux de péroné de Lorsque la perte de substance muqueuse est plus importante,
ceinture scapulaire ou de crête iliaque. la suture muqueuse simple va entraîner une limitation des
Lambeaux muqueux
Lambeau de muqueuse jugale pédiculé sur l’artère faciale
ou FAMM
Ce lambeau a été décrit initialement en 1965 par Filiberti
mais c’est Pribaz [6], en 1992, qui l’a fait connaître à travers sa
publication dans Plastic and Reconstructive Surgery pour fermer les
pertes de substance de la voûte palatine. Différents auteurs l’ont
ensuite utilisé [7-11].
Base anatomique. La systématisation vasculaire de la
muqueuse de la face interne de joue est superposable à la
vascularisation du muscle sous-jacent qui lui sert de vecteur
vasculaire : le buccinateur [12]. Le muscle buccinateur est un
Figure 21. Figure du tracé de lambeau de facial artery musculomucosal
muscle aplati, situé à la partie profonde de la joue. Il naît du
(FAMM).
corps de la mandibule au-dessus de la ligne oblique externe, de
l’extrémité postérieure du processus alvéolaire du maxillaire et
du fascia buccopharyngien ; ses faisceaux convergent vers la
commissure buccale. Il est traversé de dehors en dedans par le
canal de Sténon qui s’ouvre en regard de la 2e molaire supé-
rieure. Il se termine sur la commissure buccale où ses fibres
s’entrelacent avec celles de l’orbiculaire. Deux artères principales
assurent sa vascularisation. L’artère faciale et l’artère buccale,
collatérale de l’artère maxillaire interne ; de plus, il existe une
troisième artère accessoire, l’artère alvéolaire postérosupérieure.
Les réseaux de ces trois artères sont largement anastomosés par
des artères musculaires. Le drainage veineux est assuré par le
plexus ptérygoïdien et la veine maxillaire interne. L’innervation
motrice est assurée par le nerf facial.
Technique chirurgicale. L’intervention débute par le repé-
rage intraoral du trajet de l’artère faciale à l’aide d’une sonde
doppler. Sa course est oblique en haut et en avant du trigone
rétromolaire au sulcus gingivolabial en regard du pied de l’aile
narinaire.
Le dessin, tracé au bleu de méthylène, est centré sur ce trajet. Figure 22. Schéma du lambeau de facial artery musculomucosal
Si on a besoin d’un lambeau long, l’extrémité du lambeau est (FAMM) à flux antérograde. 1. Boule de Bichat ; 2. artère faciale ; 3.
dessinée sur la lèvre supérieure. En avant, la partie antérieure du muscle buccinateur.
lambeau passe entre 0,5 et 1 cm en arrière du bord libre de la
commissure labiale (Fig. 21). Le lambeau peut être prélevé à
pédicule inférieur (flux antérograde) ou supérieur (flux rétro- La technique du lambeau à flux rétrograde est identique mais
grade). La longueur est de 8 à 9 cm et la largeur, de 2 cm en la dissection débute au niveau du trigone rétromolaire et son
règle, peut aller jusqu’à 4 cm. point pivot est situé au niveau du sulcus gingivolabial.
Le site donneur peut être fermé de première intention si le
La dissection débute au niveau distal par une incision
lambeau ne dépasse pas 2 cm de large.
muqueuse et du muscle buccinateur. L’artère faciale est ensuite
La rotation du lambeau vers le plancher se fait très facilement
repérée, liée et sectionnée (Fig. 22).
(Fig. 24). Un problème se pose lorsque le patient a ses dents. Il
Le reste des berges du lambeau est alors incisé et la dissection y a gros risque de blessure du lambeau par les dents ; il convient
passe de distal en proximal dans le plan de l’aponévrose alors, soit de mettre un dispositif de protection (petit rouleau de
buccopharyngée en dehors des vaisseaux faciaux. L’artère faciale compresse suturé sur les dents postérieures, cale), ou même il
doit être impérativement incluse sur toute la longueur du semble souvent préférable de sacrifier une ou plusieurs dents.
lambeau ; il convient de prendre le minimum de fibres muscu- Indications et limites. Le lambeau de FAMM permet de
laires du buccinateur et de l’orbiculaire recouvrant ce dernier au fermer des pertes de substance étendues de la muqueuse du
niveau de la commissure en fin de dissection ; le lambeau a un plancher latéral et antérieur, de la langue, de la lèvre et aussi de
rapport longueur sur largeur de 5/1 (Fig. 23). la voûte palatine.
Le lambeau peut être prélevé sur un pédicule muqueux que Ses avantages sont sa fiabilité : Pribaz, dans sa série de 18 cas,
l’on peut sectionner secondairement ou en îlot vasculaire mais ne rapporte qu’une nécrose complète ; à l’Institut Gustave-
en prenant soin de garder une base sous-muqueuse large de Roussy, nous l’utilisons de façon très régulière avec un mini-
façon à ne pas compromettre le retour veineux. Le point pivot mum d’incidents ; il a remplacé l’utilisation du lambeau
de ce lambeau est le trigone rétromolaire. nasogénien. Il y a, de plus, sa proximité du site d’exérèse, sa
Lambeau nasogénien
Ce lambeau à pédicule inférieur a été décrit par Soussaline [25,
26].
Figure 28.
A, B, C. Réparation du plancher par lambeau nasogénien (LNG). 1. Tracé du LNG ; 2. un LNG en place ; 3. deux LNG en place.
Figure 30. Aspect d’une greffe de peau totale après pelvimandibulectomie non interruptrice antérieure.
A. 6 mois après sa réalisation.
B. Après appareillage dentaire.
• il est de réalisation facile car situé dans le même champ lever toute bride. La face supérieure de la tranche de section
opératoire que l’exérèse, évitant la mobilisation du malade et mandibulaire est dégagée en laissant en place la fibrose et en
les risques septiques surajoutés ; évitant toute dénudation osseuse.
• il rallonge peu le temps opératoire, ce qui est intéressant chez Le plancher buccal est disséqué et reculé de façon à obtenir
des patients dont l’état général n’est pas toujours parfait ; une mobilité linguale suffisante.
• c’est un lambeau fiable : 4,1 % d’échec pour David [27] ; La greffe est ensuite suturée sur les bords de la muqueuse
• il est aujourd’hui moins utilisé au profit du lambeau de labiale en avant et sur la face ventrale de langue en arrière. Le
FAMM, mais il peut encore rendre des services, aussi doit-il drainage est assuré par quelques mouchetures dans la greffe.
être décrit ici. Un conformateur constitué d’une gouttière acrylique taillée à
la dimension et doublée de pâte d’Optosil® s’appliquant sur la
Lambeau musculocutané de grand pectoral greffe est solidarisé à la mandibule par un cerclage périmandi-
Il est si connu qu’il n’est pas nécessaire de le décrire. Il est bulaire au fil d’acier.
moins utilisé depuis la diffusion des lambeaux libres. Cepen- Cette contention est enlevée au 10e jour, date à laquelle des
dant, il a encore sa place en cas de perte de substance impor- empreintes sont prises pour la confection de la prothèse
tante, surtout chez un patient ne pouvant pas bénéficier de la dentaire.
technique du lambeau libre [28]. Souvent la prise de greffe n’est pas totale, surtout au niveau
de la face ventrale de langue, mais cela ne modifie pas le
Greffe de peau totale (Fig. 29) résultat définitif excellent puisque la réépithélialisation secon-
daire se fait aux prix d’une rétraction modérée et autorise un
Cette technique, dérivée des travaux de Trauner sur la appareillage dentaire de bonne qualité (Fig. 30A, B).
reconstitution de la crête alvéolaire inférieure chez les édentés
de longue date, est encore un peu utilisée à l’Institut Gustave Lambeaux libres pour la fermeture des pertes
Roussy [29, 30]. de substance des tissus mous après
Elle est réalisée secondairement (en moyenne 6 mois) après pelvimandibulectomie, pelvectomie,
pelvimandibulectomie non interruptrice. Ce délai permet la pelviglossectomie
constitution d’une fibrose recouvrant la tranche de section
mandibulaire. Cette fibrose constitue le lit sur lequel la greffe de Pour ces reconstructions, nous disposons de plusieurs lam-
peau totale est appliquée. beaux libres vascularisés.
La greffe de peau totale est prélevée à la face interne du bras
Lambeau libre antébrachial à pédicule radial
et fait en moyenne 10 cm sur 5 cm. La zone donneuse est
fermée par simple rapprochement sans aucune difficulté. Anatomie. Ce transplant a été décrit par Yang Guofang [31],
La greffe est dégraissée avec soin. chirurgien militaire plasticien de la région de Shanghai en 1978.
L’intervention consiste à réinciser la suture primitive, à Nous-mêmes avons rapporté la technique en Europe, en
creuser largement le vestibule et le plancher buccal de façon à 1981, lors de la première mission française de microchirurgie en
Figure 31. Coupe anatomique de l’avant-bras au tiers moyen, mon- Il faut compter une rétraction de 20 % après prélèvement des
trant le prélèvement du lambeau libre antébrachial (d’après Rouvière). 1. palettes cutanées ;
Grand palmaire ; 2. long supinateur ; 3. rond pronateur ; 4. premier • après l’installation des champs opératoires, l’utilisation du
radial ; 5. long fléchisseur du pouce ; 6. deuxième radial ; 7. long abduc- garrot pneumatique n’est faite que par de rares chirurgiens.
teur ; 8. extenseur commun ; 9. petit palmaire ; 10. fléchisseur superfi- La dissection commence par le bord cubital car l’aponévrose
ciel ; 11. cubital antérieur ; 12. fléchisseur profond ; 13. court extenseur ; y est plus épaisse. L’aponévrose antébrachiale après incision
14. long extenseur du pouce ; 15. cubital postérieur ; 16. extenseur est fixée à la peau par quelques points séparés pour éviter le
propre du cinquième. phénomène de savonnage. Puis l’incision sur le bord proxi-
mal du transplant est réalisée. À ce moment, la veine radiale
est isolée et placée sur lacs. De même, le nerf musculocutané,
République Populaire de Chine [32] ; d’où son nom de « lam- satellite de la veine radiale, est placé sur lacs. L’incision est
beau chinois » que nous avons utilisé 86 fois [33-37]. ensuite pratiquée sur le bord radial du transplant, et l’aponé-
Au plan de l’anatomie et de l’embryologie, l’artère dominante vrose antébrachiale suturée à la peau. L’incision sur le bord
de l’avant-bras est l’artère cubitale, aussi l’artère radiale peut être distal du transplant est enfin réalisée. L’artère radiale et ses
prélevée dans la majorité des cas sans conséquence fâcheuse. deux veines collatérales sont isolées et liées séparément, puis
Lorsque l’indication d’un lambeau libre antébrachial est sectionnées. C’est à ce moment seulement que l’on observe
portée, l’interdiction de ce côté de toute prise de sang, injection les trois branches de division de la branche antérieure du nerf
et chimiothérapie est prescrite. Les sites implantables pour radial. Elles sont isolées sur lacs et soigneusement respectées.
chimiothérapie ont été un grand progrès en permettant le Nous conseillons de disséquer le transplant de la partie distale
respect du capital veineux des malades. vers la partie proximale ; c’est la façon certaine de prélever le
Avant l’intervention, l’artère radiale est repérée par la transplant en toute sécurité. De nombreuses hémostases sont
palpation et le doppler. Le test d’Allen, indispensable, est un à réaliser, correspondant aux branches de l’artère radiale
test comparatif. Il consiste à vider la main de son sang par la destinées aux muscles adjacents dont le long supinateur en
contraction de celle-ci et à comprimer l’artère radiale et l’artère situation externe et le grand palmaire en dedans.
cubitale au poignet. La pression de l’artère cubitale est alors Les dimensions habituelles du transplant sont 14 cm en
lâchée et le temps de recoloration de la paume de la main est longueur et 7 cm en largeur. Une incision arciforme est alors
noté ; la même manœuvre est alors réalisée avec l’artère radiale. réalisée à la face antérieure de l’avant-bras afin de disséquer
Lorsque la paume de la main ne se recolore pas après compres- la veine radiale superficielle, le nerf musculocutané, l’artère
sion de l’artère radiale et décompression de l’artère cubitale, il radiale et ses deux veines collatérales. Des hémostases sont
est prudent de reconstruire l’artère radiale avec un pontage nécessaires pour les branches destinées aux muscles adjacents.
(veine saphène) ou choisir un autre transplant. Le but du test Il faut toujours avoir à l’esprit que la branche sensitive du
d’Allen est de juger de la qualité de l’arcade palmaire. L’artère nerf radial contourne le muscle long supinateur à sa face
radiale est située dans un repli de l’aponévrose antébrachiale ; profonde.
elle chemine entre les muscles long supinateur en dehors et Nous recommandons de disséquer l’artère radiale jusqu’à
grand palmaire en dedans. Elle donne des branches destinées proximité de son origine et de prélever les deux veines
aux muscles adjacents et des branches cutanées. Elle permet la comitantes, ainsi que la veine communicante qui réalise une
vascularisation des deux tiers de la surface cutanée de l’avant- anastomose entre ces veines et la veine radiale superficielle ;
bras. Les veines radiales ont une double topographie. Le réseau et donc prélever la veine radiale superficielle au niveau du pli
superficiel est constitué de la veine radiale superficielle qui se du coude où elle se nomme veine céphalique. De même le
continue au pli du coude par la veine céphalique ; le réseau nerf musculocutané est prélevé jusqu’au pli du coude
veineux profond est constitué de deux veines comitantes (Fig. 32).
accompagnant l’artère radiale. Les systèmes veineux profond et Lorsque les vaisseaux cervicaux sont prêts, tous ces éléments
superficiel comportent de façon constante une veine communi- sont sectionnés entre ligatures. Dix minutes avant ce prélève-
cante située au-dessous du pli du coude (Fig. 31) [38]. ment, un anticoagulant est injecté : héparine ou héparine de
Technique : bas poids moléculaire (HBPM) pour éviter les microthrombo-
• En début d’intervention, le trajet de l’artère radiale et celui ses dans le transplant. Ceci est la technique que nous
des veines superficielles est dessiné au crayon dermographi- utilisons.
que. La palette cutanée est centrée sur la veine radiale et non D’autres techniques sont décrites : dissection du transplant
sur l’artère car les souffrances de ces lambeaux sont d’origine par ses bords latéraux. Le danger est alors de faire la dissec-
veineuse. Le dessin de la palette cutanée dépend de la surface tion entre la palette cutanée et l’artère radiale. Pour les petits
de la perte de substance à reconstruire. Cette palette est transplants, nous avons vu aux États-Unis les chirurgiens
dessinée entre 4 cm sous le pli de flexion du coude et 3 cm prélever le transplant à la face antérieure de l’avant-bras (et
au-dessus du pli de flexion du poignet. En pratique la palette non à la face antéroexterne comme nous-mêmes), et réaliser
fasciocutanée mesure 14 cm de longueur et 7 cm de largeur. un large décollement de la peau cubitale et radiale dans le
Figure 35.
A, B. Lambeau libre radial bilobé décrit par Urken pour les reconstructions
après pelviglossectomie.
jéjunal libre [40] , lambeau gastroépiploïque [41] , lambeau résection, elle est fixée par des vis. Cette plaque est alors ôtée
scapulaire libre, lambeau libre de grand dorsal [41]. De fait, le et le transplant osseux est façonné à la forme de la plaque et lui
transplant antébrachial est le mieux adapté aux reconstruc- est fixé au niveau du site donneur. Lorsque l’exérèse mandibu-
tions du plancher de bouche du fait de ses nombreuses laire est terminée, l’ensemble plaque modelante et greffon
qualités : souple, mince, long pédicule vasculaire, nerf osseux est transféré au cou, et la plaque est fixée avec les vis
sensitif [42]. initiales. Les plaques modelantes sont des plaques en titane de
2,3 mm. Les différentes variétés existantes sont assez proches :
Palettes cutanées ou musculaires des transplants composés plaque de Strycker dite « système d’ostéosynthèse universel »
osseux distribuée par Leibinger, plaque du système Modus Reco
2.5 distribuée par Médartis, grosse plaque distribuée par la
Ce sont :
maison Tekka. Nous avons utilisé à plusieurs reprises ce type de
• les palettes cutanées et musculaires du transplant de péroné ;
plaques ; si le façonnage et la fixation du péroné sont faciles,
• les palettes cutanées du transplant scapulaire ;
elles posent de gros problèmes en cas de nécessité de réinter-
• la palette cutanée de la crête iliaque ;
vention ultérieure, aussi nous les avons abandonnées dans cette
• le transplant ostéo-fascio-cutané de radius.
indication. Nous-mêmes restons fidèles aux miniplaques en
Pour éviter les répétitions, nous décrirons ces palettes dans le
titane. Il existe dans le commerce deux gammes de minipla-
sous-chapitre « Réparation osseuse ».
ques [52] diffusées par différents fabricants et distributeurs :
plaques de Champy-Martin distribuées par Collin ORL, mini-
Reconstruction de la continuité osseuse plaques système Schendel distribuées par Deltex. Pour notre
Cette réparation se fait aujourd’hui principalement à l’aide de part, nous donnons la préférence à la maison lyonnaise Tekka
lambeau libre. Il convient de préciser les arguments qui vont qui fabrique des plaques sans contournement (référence LP4TM)
guider le choix du lambeau libre vascularisé, et de préciser les et des plaques plus petites (référence P4T) qu’il faut toujours
modalités d’ostéosynthèse. mettre par paire à chaque ostéosynthèse pour avoir une ostéo-
synthèse parfaite. Les vis utilisées sont des vis de 2 mm de
diamètre de 7 à 9 mm du système Ortrantek® de la maison
Généralités Tekka. Pour avoir le montage le plus correct possible, il est
Choix du lambeau libre indispensable de recourir à quatre artifices [53] : utiliser un guide
« fantôme » modelé sur la mandibule avant l’exérèse de celle-ci
Le choix du transplant dépend du siège de la perte de subs- avec des repères, avoir fixé les branches résiduelles de la
tance et de ses dimensions. En pratique, la mandibule est mandibule au maxillaire supérieur à l’aide de miniplaques ou de
réséquée car elle est envahie par de volumineuses tumeurs dont fil d’acier de façon à préserver l’articulé dentaire, l’écart entre les
le point de départ est le plancher buccal. Aussi, la réparation doit deux angles mandibulaires est mesuré avec un goniomètre,
remplacer l’os et les tissus mous adjacents. Pour cette pathologie, certains utilisent un fixateur externe [54], enfin, les mesures
on s’adresse à des transplants composés ostéomyocutanés ; relevées sur le scanner 3 dimensions. Ceci permet d’obtenir un
quatre transplants sont utilisés dans notre pratique [37, 43]. résultat optimal.
Transplant composé de fibula. Il est choisi par la majorité
des équipes actuelles [44-47]. Il a de nombreux avantages : Évaluation de la perte de substance
• long segment osseux dépassant 25 cm ;
• la palette cutanée est vascularisée par les vaisseaux fibulaires ; Schématiquement, il existe trois types de pertes de substance :
• l’intervention peut être réalisée à deux équipes simultané- la résection de la symphyse mandibulaire, la mandibulectomie
ment : résection du cancer et prélèvement du transplant ; latérale, et la mandibulectomie subtotale, cette dernière ne se
• le prélèvement de la partie externe du muscle soléaire est rencontrant pas en cas de tumeur du plancher buccal.
facile à réaliser ; la morbidité du prélèvement est faible. C’est Chez un adulte normal, la longueur moyenne d’une mandi-
notre transplant de choix. bule déployée d’un condyle à l’autre est de 32 cm : 7 cm pour
Transplant de crête iliaque [48, 49]. Il est vascularisé par chaque branche montante, 7 cm pour chaque branche horizon-
l’artère iliaque circonflexe profonde. Il comporte l’os, le muscle tale, et 4 cm pour la symphyse. Les angles des régions angulai-
petit oblique et la peau sus-jacente. La crête iliaque est épaisse, res sont de 120° et les angles parasymphysaires sont de 160°.
solide, et a la forme de la coudure de la mandibule. Cependant, Le siège et les dimensions de la perte de substance mandibu-
ce transplant est volumineux, gênant la mobilité linguale. La laire sont fournis par les données cliniques, radiographiques, et
morbidité du prélèvement est souvent importante : douleurs surtout tomodensitométriques tridimensionnelles (tomodensi-
postopératoires difficiles à traiter, éventrations. Ce transplant vit tométrie 3D).
des contre-indications de la fibula (traumatismes, artérite). Nous-mêmes, après avoir eu recours à un modèle plasti-
Transplant ostéocutané de crête scapulaire. Il a l’avantage que [53], nous utilisons un dessin et un fantôme en plomb.
de posséder trois compartiments avec le même pédicule vascu- Dans le cas de la fibula, dans la région symphysaire, deux
laire : deux palettes cutanées et la crête scapulaire. L’inconvé- ostéotomies paramédianes font perdre 4 cm d’os. Ceci permet
nient est la longueur d’os disponible inférieure à 12 cm. En de déduire la longueur de fibula à utiliser, le siège des ostéoto-
postopératoire, une raideur de l’articulation scapulohumérale est mies. Il faut toujours surdimensionner le prélèvement de fibula
fréquente. L’indication de ce transplant réside dans la nécessité par rapport à la perte de substance de mandibule, en raison des
d’utiliser deux palettes cutanées simultanément, telles que dans éventuelles recoupes osseuses nécessaires.
les pertes de substance des tissus mous du menton [50, 51]. Une perte de substance mandibulaire interruptrice (PSMI)
Transplant ostéocutané antébrachial. Il a des indications antérieure nécessite 14 cm de fibula, en utilisant deux ostéoto-
exceptionnelles. Les inconvénients sont la faible longueur de mies (Fig. 36). Une PSMI latérale nécessite un seul segment de
l’os disponible, qui est peu vascularisé et doit être utilisé au fibula de 7 cm. Une ostectomie fait perdre en moyenne 2 cm
cordeau. En postopératoire, le poignet doit être immobilisé d’os fibulaire pour obtenir une parfaite coaptation des extrémi-
6 semaines pour éviter les fractures du radius. Avec aussi peu tés osseuses.
d’avantages et beaucoup d’inconvénients, il est évident que ce
transplant est très peu utilisé. Différents lambeaux libres utilisables
Ostéosynthèses Nous décrivons les quatre transplants osseux dont nous avons
Plusieurs méthodes ont été décrites : les miniplaques, le fil l’expérience. En raison de l’origine des cancers qui touchent les
d’acier, les plaques modelantes. Les fils d’acier sont abandonnés tissus mous de la bouche, un lambeau composé ostéocutané est
par tous. Les plaques modelantes sont beaucoup utilisées aux toujours nécessaire : os et peau, et parfois muscle, car il faut
États-Unis : la plaque est moulée sur la mandibule avant la reconstruire la mandibule et le plancher de bouche.
crête iliaque. Ils donnent des perforantes qui traversent les trois
muscles latéraux de la paroi abdominale, et vascularisent la
peau sus-jacente.
Technique. Le malade est placé en décubitus dorsal avec des
alèzes roulées sous la fesse homolatérale. La crête iliaque
homolatérale au côté de la reconstruction est habituellement
choisie. Les repères osseux sont marqués sur la peau : l’épine du
pubis et l’épine iliaque antérosupérieure. La ligne qui relie ces
deux repères représente l’arcade crurale ; elle est dessinée.
Aucun examen spécifique préopératoire n’est nécessaire sauf
en cas d’artérite.
L’incision cutanée est réalisée à 1 cm au-dessus de l’arcade
crurale et parallèle à celle-ci.
Le cordon spermatique chez l’homme ou le ligament rond
chez la femme est repoussé vers la ligne médiane pour exposer
le plancher du canal inguinal.
Le nerf fémorocutané latéral doit être préservé. Les vaisseaux
iliaques externes sont exposés ainsi que l’origine de l’artère
circonflexe iliaque profonde. L’artère et sa veine sont disséquées
de la partie médiane vers la partie latérale sous contrôle de la
vue. Lorsque la branche vasculaire ascendante est identifiée et
si une portion du muscle petit oblique est nécessaire, l’artère et
la veine sont respectées et le muscle petit oblique est disséqué
en bloc avec la crête iliaque. Si le muscle n’est pas nécessaire,
la branche ascendante est ligaturée et sectionnée. Le nerf
fémorocutané latéral est alors rencontré : il chemine tantôt à la Figure 48. Prélèvement du transplant de crête iliaque, avec la palette
cutanée et le muscle petit oblique. 1. Artère iliaque externe ; 2. artère
face profonde, tantôt à la face superficielle des vaisseaux
iliaque circonflexe profonde ; 3. branche descendante (du muscle petit
circonflexes iliaques profonds. Ce nerf doit être respecté.
oblique) ; 4. nerf fémorocutané latéral ; 5. crête iliaque ; 6. épine iliaque
Lorsque l’épine iliaque antérosupérieure est atteinte, la crête antérosupérieure ; 7. muscles larges de la paroi abdominale avec la palette
iliaque est préparée pour le prélèvement. Lorsqu’une palette cutanée.
cutanée est nécessaire, elle est incisée circonférenciellement en
regard de la crête iliaque. La face interne de la crête iliaque est
prélevée avec le muscle iliaque en regard : l’os est vascularisé
par de petites artérioles qui proviennent du muscle iliaque. Il Surveillance postopératoire des lambeaux libres
est donc nécessaire d’inclure une coiffe musculaire dans le
transplant. La face externe de la crête iliaque est libérée des
muscles latéraux, lorsque toute l’épaisseur de la crête iliaque Après l’intervention
doit être prélevée. Si seule la corticale interne de la crête iliaque
Un traitement anticoagulant est systématique par HBPM. Le
est prélevée, cette libération du muscle n’est pas nécessaire.
patient est transféré en service de soins intensifs pour une
Toute l’épaisseur de la paroi abdominale est incisée : muscles
surveillance étroite de l’état général et local.
grand oblique, petit oblique et transverse, jusqu’à la graisse
La surveillance clinique au niveau du transplant note la
sous-péritonéale. La dissection s’effectue d’avant en arrière en
couleur, la chaleur, le pouls capillaire au niveau de la palette
contrôlant constamment le pédicule vasculaire. Les vaisseaux
cutanée, les drainages. Au niveau du membre, la chaleur, la
circonflexes iliaques profonds sont sectionnés entre ligature, à
couleur, la mobilité et la sensibilité des orteils sont notées pour
la partie distale du greffon osseux. La section osseuse est faite
le prélèvement de fibula.
à la scie oscillante sous irrigation de sérum. La crête iliaque est
La surveillance instrumentale est double. La surveillance par
coupée en avant du greffon en respectant l’épine iliaque
sonde doppler est la plus efficace : elle permet de suivre l’artère
antérosupérieure, puis en arrière, puis horizontalement,
et la veine en continu sous le rebord mandibulaire. Cette
permettant de rejoindre les ostéotomies proximale et distale
surveillance est réalisée toutes les 30 minutes durant les
(Fig. 48).
12 premières heures, puis toutes les 3 heures. Les sondes
Simultanément, l’exérèse mandibulaire est réalisée.
thermiques sont utiles surtout lorsque la palette cutanée est
Après les ostéotomies, le transplant de crête iliaque est externe. Dans ce cas, une variation de 0,5 °C déclenche une
prélevé avec ses vaisseaux. Il est transféré au niveau de la alarme.
mandibule et fixé par des miniplaques. Habituellement, aucune Après 48 heures, le patient est transféré dans son service. La
ostéotomie n’est nécessaire. Les anastomoses vasculaires sont marche est reprise dès le 3e jour, aidée de béquilles et du
alors réalisées. Il n’y a pas de nerf sensitif pour ce transplant. kinésithérapeute, en appui monopodal. L’attelle postérieure
de la jambe est conservée 1 semaine pour favoriser la prise de
La fermeture de la zone de prélèvement doit être soigneuse greffe. À cette date, le premier pansement de jambe est refait.
en fixant les muscles larges de la paroi abdominale à l’os
iliaque, grâce à des orifices réalisés dans l’os. Si cette fermeture
n’est pas suffisante, nous recommandons la mise en place d’une Signes de menace de vitalité du transplant
prothèse synthétique. Un drainage aspiratif est placé de prin-
cipe. L’hémostase de l’os peut être complétée par de la cire de
Horsley. La peau est suturée de façon habituelle et directement. Cliniquement, la pâleur ou au contraire la couleur bleutée des
palettes cutanées sont préoccupantes, traduisant une thrombose
artérielle ou veineuse. L’absence de pouls capillaire ou au
Lambeau libre antébrachial ostéocutané
contraire sa survenue trop précoce est un signe préoccupant. La
Ses indications sont très limitées, aussi nous ne le décrivons piqûre de la palette cutanée n’est pas recommandée : elle est
pas. infidèle et source d’ecchymose locale.
Séquelles
Sur le site receveur, elles sont habituellement bénignes
lorsque le prélèvement a été suivi de reconstruction.
Pour le transplant de fibula, et jusqu’à l’âge de 9 ans, il faut
reconstruire celle-ci à l’aide d’une baguette de tibia prélevée du
même côté, avec une broche centromédullaire. Lorsque l’extré-
mité distale du péroné est inférieure à 7 cm, il faut la fixer au
tibia grâce à une vis de syndesmose. En cas de couverture de la
perte de substance par une greffe, la séquelle esthétique est la
règle ; si bien que certaines femmes ont refusé ce type de
transplant. La lourdeur de jambe du côté du prélèvement est
fréquente, due aux troubles du retour veineux ; une contention
Figure 49. Réparation d’une pelvimandibulectomie interruptrice laté-
élastique améliore la situation. La paralysie du sciatique poplité rale par attelle de Strycker.
externe, transitoire, n’est pas exceptionnelle ; la récupération est A. Conformation et fixation de l’attelle avant la section osseuse.
la règle si le nerf n’a pas été blessé. Les séquelles esthétiques B. L’attelle en place en fin d’intervention.
liées à la greffe de peau à la jambe sont inévitables. La réédu- C. Aspect radiographique postopératoire.
cation postopératoire doit permettre d’éviter les séquelles
fonctionnelles.
Pour le transplant scapulaire, les séquelles esthétiques de
prélèvement sont la règle (cicatrices larges car sutures réalisées Réparation de la continuité osseuse par attelle
sous tension). En l’absence de réinsertion correcte des muscles métallique
scapulaires à la scapula, les séquelles peuvent être sérieuses. De
même, le nerf circonflexe passe sous la glène et il faut veiller à Il s’agit d’une technique ancienne mais qui a bénéficié de
ne pas le blesser lors du prélèvement osseux. Lorsque le l’apport de matériaux nouveaux. Aujourd’hui c’est une grosse
prélèvement a été correctement effectué, les séquelles sont attelle en titane qui doit être utilisée, type attelle de Strycker de
surtout esthétiques, si la rééducation est débutée précocement. 2,3 mm du système universel de Leibinger ou de Tekka
Pour le transplant de crête iliaque, les deux principales (Fig. 49) [58-61].
complications sont l’éventration et la douleur. L’éventration Cette technique s’adresse, d’une part aux patients dont l’état
doit être évitée en refixant soigneusement les muscles larges de général ou local n’autorise pas une intervention longue, d’autre
l’abdomen à l’os iliaque résiduel au moyen de forage osseux. Un part aux réparations latérales où la réparation n’étant pas
renforcement par plaque synthétique doit être utilisé si la paroi obligatoire, ne doit en aucun cas comporter de risques.
est fragile, car ces éventrations sont difficiles à réparer secondai- Sur le plan pratique : il faut, avant la section osseuse, modeler
rement. Les douleurs résiduelles souvent intenses sont fréquen- l’attelle et la fixer sur les fragments restants de façon à ce qu’elle
tes, probablement liées aux traumatismes des nerfs locaux. soit placée en bonne position (Fig. 49A). On utilise trois vis de
Pour le transplant antébrachial, ce sont surtout les retards ou chaque côté. Après l’exérèse et la réparation des tissus mous,
des défauts de cicatrisation de la greffe de peau qui sont cette attelle est mise en bonne position dans les trous préala-
observés. blement réalisés (Fig. 49B). La radiographie postopératoire
■ Conclusion
Ce long exposé des techniques d’exérèse et de réparation des
carcinomes du plancher buccal doit permettre au lecteur de faire
face à toutes les situations rencontrées. La réalisation des
techniques nombreuses de fermeture que nous avons exposées
doit tenir compte de l’importance de l’exérèse, de l’état général
et vasculaire du patient ainsi que des habitudes de l’équipe
chirurgicale [62]. Il ne faut pas oublier que les deux objectifs de
ce traitement doit être d’abord la guérison de la maladie
néoplasique et ensuite de donner au patient une qualité de vie
la meilleure possible [59]. Dans cette optique, un volet thérapeu-
tique doit être envisagé dès le début, celui de la réhabilitation
dentaire ultérieure.
Cette réhabilitation de la cavité buccale après chirurgie
pelvimandibulaire doit être discutée entre chirurgien des voies
aérodigestives supérieures et odontologiste afin d’envisager
d’emblée toutes les solutions possibles [63].
Que la résection soit interruptrice ou non, les temps de
réalisation prothétiques sont les mêmes que pour une prothèse Figure 51. Implants sur lambeau libre de péroné.
adjointe complète ou partielle traditionnelle. En revanche, ces A. Vue clinique des implants.
réhabilitations prothétiques ne peuvent être envisagées que B. Prothèse en bouche.
dans certaines conditions en fonction des éléments suivants : C. Radiographie montrant, sur un greffon de péroné, les dents restantes,
• persistance du plancher buccal et d’une certaine mobilité insuffisantes pour maintenir la prothèse.
linguale : elle est nécessaire pour obtenir un bon résultat
fonctionnel, ce qui implique souvent un temps de chirurgie
préprothétique ; ■ Références
• présence de piliers prothétiques : elle est indispensable à la
[1] Vandenbrouck C, Sancho-Garnier H, Chassagne D, Saravane D,
rétention de la prothèse. Si le malade est édenté ou n’a plus Cachan Y, Micheau C. Elective versus therapeutic radical neck dissec-
que quelques dents sur l’arcade, des possibilités implantaires tion in epidermoid carcinoma of the oral cavity: results of a randomized
sont envisagées (Fig. 50) ; clinical trial. Cancer 1980;46:386-90.
• la dimension du greffon et l’épaisseur de la palette cutanée : [2] Mamelle G, Julieron M, Janot F, Temam S, Leridant AM, Marandas P,
après reconstruction par lambeau libre, elles sont aussi et al. Évidements sélectifs ganglionnaires chez les patients. In: Guer-
essentielles. En effet, un greffon surdimensionné entraîne un rier B, editor. Cancers ORL chez le sujet âgé. Paris: EDK édition; 2003.
néoprognathisme mandibulaire important rendant le malade p. 51-4.
inappareillable. Une palette cutanée trop épaisse occupe une [3] Mamelle G, Temam S. Technique du ganglion sentinelle : application
grande partie de l’espace prothétique et représente une crête dans les carcinomes épidermoïdes de la cavité buccale et perspectives
flottante en rendant la prothèse instable. De plus, une d’avenir. In: Marandas P, editor. Cancer des voies aéro-digestives supé-
épaisseur trop importante empêche la pose éventuelle rieures, données actuelles. Issy-les-Moulineaux: Masson; 2004.
p. 49-56.
d’implants : là encore une chirurgie préprothétique peut être
[4] Paris J, Lusetto D, Lief F, Chrestian MA, Giovanni A, Zanaret M.
alors indiquée (Fig. 51A, B, C). Detection isotopique du ganglion sentinelle dans les carcinomas
Ces patients ne sont appareillables que si un espace prothé- épidermoïdes T1 et T2N0 de la cavité buccale : résultats préliminaires.
tique minimum et une certaine mobilité linguale sont conservés In: Marandas P, editor. Tumeurs de la langue mobile.
et qu’il existe des moyens de rétention suffisants pour la bonne Radiochimiothérapie des cancers des voies aéro-digestives supérieu-
tenue de l’appareillage. res. Paris: EDK édition; 2005. p. 59-64.
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P. Marandas, Professeur associé des Universités, praticien spécialiste des Centres de lutte contre le cancer, chef de service (marandas@igr.fr).
M. Germain, Chirurgien des Hôpitaux, Professeur au Collège de médecine des hôpitaux de Paris.
J.-P. Margainaud, Odontologiste.
D. Hartl, Ancien chef de clinique-assistant des Hôpitaux, Assistant.
F. Kolb, Chirurgien plasticien, praticien spécialiste des Centres de lutte contre le cancer.
Institut Gustave-Roussy, rue Camille-Desmoulins, 94805 Villejuif cedex, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Marandas P., Germain M., Margainaud J.-P., Hartl D., Kolb F. Chirurgie des tumeurs malignes du plancher
buccal : exérèse et réparation. EMC (Elsevier SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-240, 2006.
Glossectomies
O. Dassonville, G. Poissonnet, A. Bozec
Le traitement de référence des tumeurs de la langue reste essentiellement chirurgical, aussi bien pour les
lésions limitées que pour les tumeurs plus avancées. Il concerne chaque fois la localisation primitive et les
aires ganglionnaires cervicales. Toute glossectomie implique le respect d’impératifs a priori opposés : des
marges d’exérèse larges selon les principes de la chirurgie oncologique et une préservation fonctionnelle
optimale. L’analyse histologique extemporanée et les progrès de la chirurgie réparatrice ont apporté une
réponse à ces nécessités contradictoires. La connaissance des voies d’abord chirurgicales et des différents
types d’exérèse linguale ainsi que la maîtrise des procédés de réparation du plus simple (sutures directes)
au plus complexe (lambeaux libres microanastomosés) sont indispensables pour le choix et la réalisation
des glossectomies.
© 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Langue ; Carcinome épidermoïde ; Glossectomie ; Chirurgie réparatrice ; Lambeaux libres
■ Cancers de la langue
Histopathologie [1] 5
3
4
Lésions précancéreuses
Ces lésions se répartissent selon deux entités : les leucoplasies 2
et les érythroplasies. IIa
Leucoplasies 1
Les tumeurs paramédianes de la langue mobile et latérales de par curiethérapie de barrage ou par radiothérapie externe est
la base de langue donnent volontiers des adénopathies bilatéra- indiqué, notamment si une reprise chirurgicale est considérée
les et les lymphatiques de la langue se drainent dans les comme non réalisable techniquement du fait des difficultés à
ganglions jugulaires internes d’autant plus bas situés que leur localiser la zone linguale douteuse.
origine linguale est plus antérieure. Les autres thérapeutiques parfois utilisées dans le traitement
du cancer de langue sont plus anecdotiques et certaines sont en
Vascularisation artérioveineuse cours d’évaluation :
De la région carotidienne, en profondeur et en arrière du • photothérapie dynamique (photosensibilisation majeure) ;
repli amygdaloglosse, va naître l’artère linguale qui va passer en • cryothérapie (toxicité importante) ;
dedans du muscle hyoglosse, accompagnée des veines linguales • chirurgie laser (CO2) ;
profondes et des pédicules lymphatiques. Les veines linguales • la chimiothérapie exclusive n’a pas de place en dehors d’un
superficielles, satellites du nerf grand hypoglosse, restent en traitement palliatif où plusieurs drogues sont combinées. En
dehors du muscle hyoglosse puis vont s’unir aux veines lingua- utilisation néoadjuvante, les taux de réponse objective sont
les profondes au bord postérieur du muscle hyoglosse, pour se importants mais restent sans impact sur la survie [1]. Le mode
jeter dans le tronc thyro-linguo-facial. La présence d’un impor- d’administration intra-artériel est particulièrement intéressant
tant pédicule vasculaire à ce niveau est importante à connaître pour limiter les doses et ainsi limiter les effets généraux de la
pour le traitement des cancers de la base de la langue et chimiothérapie. Elle est en cours d’évaluation avant radio-
explique le risque hémorragique dans les cancers étendus au chimiothérapie classique ou combinée avec la radiothérapie.
sillon amygdaloglosse (marginaux postérieurs). L’importance de Le développement des thérapies moléculaires ciblées qui
la vascularisation artérielle (artères linguales pour la base de agissent sur le cycle cellulaire (anti-REGF, antiangiogéniques,
langue puis artères ranines pour la langue mobile) et la richesse antihypoxies...) associées aux thérapeutiques classiques repré-
du drainage veineux vers les réseaux jugulaire interne profond sente une nouvelle voie prometteuse encore en évaluation
et superficiel jugulaire externe et antérieur, expliquent enfin le thérapeutique.
risque de métastases viscérales à distance, principalement le
poumon (40 %) mais aussi le foie, le squelette et les téguments.
■ Chirurgie des cancers de langue
Contexte thérapeutique
Il s’agit d’un vaste domaine dans la mesure où les différents
La chirurgie d’exérèse et la radiothérapie sont les deux temps chirurgicaux, les différents types d’exérèse tumorale ou
méthodes thérapeutiques principales des tumeurs néoplasiques ganglionnaire, les différentes techniques de chirurgie réparatrice
de la langue, antérieure ou postérieure. sont nombreux et plus ou moins associés entre eux.
Le traitement systématique des aires ganglionnaires cervicales, La difficulté principale rencontrée lors de l’exérèse chirurgi-
de principe ou de nécessité, est un élément primordial de la cale de ces cancers de langue est celle liée à l’évaluation de
prise en charge de ces cancers et indissociable du traitement de l’extension profonde, musculaire, des nombreuses formes
la tumeur primitive. macroscopiques ou microscopiques infiltrantes.
Concernant le choix des thérapeutiques utilisées pour les L’examen clinique et l’imagerie médicale préopératoires ont,
cancers de langue, chirurgie ou radiothérapie (externe ou ici, un rôle fondamental pour apprécier cette infiltration
curiethérapie), de nombreux paramètres entrent en considéra- profonde et ainsi permettre l’exérèse de la tumeur de façon
tion, la chirurgie restant, quand même, le traitement de choix complète avec des marges de sécurité chirurgicale suffisantes.
ou principal de ces cancers. En effet, cette qualité d’exérèse fait partie, avec le statut
De nombreux travaux ont montré l’intérêt (surtout pour les ganglionnaire et l’extension tumorale initiale, des principaux
tumeurs avancées) d’associer ces thérapeutiques entre elles : facteurs pronostiques de ces cancers linguaux.
chirurgie + curiethérapie de barrage, chirurgie + radiothérapie
externe, radiothérapie externe + curiethérapie de surdosage,
curiethérapie de la tumeur primitive + curage ganglionnaire, etc.
Principes généraux
Le traitement des tumeurs avancées inextirpables de langue Deux impératifs majeurs sont à concilier dans la chirurgie des
est l’association radio-chimiothérapie, stratégie encore en cours cancers de la langue :
d’évaluation thérapeutique [1]. • être le plus carcinologique possible ;
Les arguments plaidant en faveur d’un traitement chirurgical • permettre le recouvrement optimal des fonctions multiples
de ces tumeurs sont : liées à l’organe langue.
• le caractère ulcéreux et/ou infiltrant macroscopique (versus le Le premier impératif, visant à augmenter la survie des
caractère bourgeonnant ou végétant) ; patients traités, passe par le respect des bonnes pratiques,
• l’importance de l’extension tumorale (T3-T4 versus T1-T2) ; notamment par le choix de la stratégie chirurgicale la plus
• l’importance de l’extension ganglionnaire (N palpable versus adaptée ; choix de la voie d’abord, du type de glossectomie, du
N0) ; type de curage ganglionnaire associé.
• le jeune âge (séquelles postradiques, cancers radio-induits, Le deuxième impératif vise à une réinsertion optimale
risque de nouvelles localisations) ; socioprofessionnelle du patient traité en préservant ou en
• la proximité osseuse mandibulaire (risque d’ostéoradionécrose restaurant le mieux possible son image corporelle, ses fonctions
tardive). alimentaires et élocutoires.
La curiethérapie exclusive peut être retenue pour une tumeur L’organe langue est impliqué, en effet, dans le premier temps
limitée (T1-T2) sans ganglion métastatique (N0), située à buccal de la déglutition, il a pour rôle la propulsion du bol
distance de l’os mandibulaire, survenant chez un sujet âgé. alimentaire vers l’organe masticateur et le palais puis vers
La curiethérapie est alors associée à un curage ganglionnaire l’oropharynx pour les temps ultérieurs de la déglutition.
sélectif de principe, réalisé, soit lors de la mise en place des Son rôle est également fondamental dans la communication
tubes ou des gouttières vectrices, soit à distance dans le temps sociale puisqu’il participe de façon majeure à l’élocution
par rapport à la curiethérapie (de 6 à 8 semaines). verbale. De façon parallèle, l’organe langue joue un rôle non
Une radiothérapie externe est réalisée si un envahissement négligeable dans la relation affective et sexuelle avec autrui.
ganglionnaire est mis en évidence sur la pièce de curage Le respect des différents rôles alloués à la langue passe
ganglionnaire, avec surdosage en cas de rupture capsulaire essentiellement par la conservation de sa mobilité lorsqu’elle se
ganglionnaire. trouve amputée par une glossectomie plus ou moins étendue. Le
Dans ce cas-là, cette radiothérapie complémentaire est moignon lingual restant après exérèse doit ainsi présenter la
indiquée, qu’il y ait eu chirurgie ou curiethérapie sur la tumeur meilleure mobilité possible impliquant ainsi deux contraintes :
primitive linguale. • respect d’une innervation motrice efficace ;
Si l’exérèse tumorale peut être considérée comme non • limiter le plus possible la fixation de cette langue restante par
satisfaisante sur le plan anatomopathologique, un complément des brides cicatricielles.
1
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4
• supraglottique : avec laryngotomie première et dissection de l’extrémité céphalique (lambeaux libres). En effet, l’avènement
« bas en haut », elle associe l’exérèse du larynx supraglottique de ces lambeaux libres en chirurgie carcinologique otorhinola-
et la région valléculaire à la base de langue attenante. Cet ryngologique a considérablement amélioré le pronostic fonc-
abord s’adresse aux cancers de base de langue médians tionnel des patients [11-13]. Les raisons de cette supériorité des
étendus aux vallécules, parfois dépassées pour atteindre la lambeaux libres, notamment fasciocutanés, par rapport aux
loge préépiglottique ou le vestibule laryngé supraglottique lui- lambeaux classiques myocutanés (lambeaux de grand pectoral,
même, sans extension majeure vers la musculature linguale de grand dorsal) dans la réparation de vaste perte de substances
antérieure (moins de 2 cm d’extension antéropostérieure) ; buccopharyngées reposent sur des avantages certains [14] :
• transhyoïdienne : il s’agit d’une approche particulièrement • souplesse et finesse de leur palette cutanée ;
conservatrice médiane, cervicale ; elle s’adresse à de petites • surface disponible majeure ;
tumeurs (T1-T2) de base de langue [9].
• long pédicule vasculaire permettant leur utilisation à tous les
Tumeurs totolinguales niveaux de l’extrémité céphalique ;
Concernant les tumeurs infiltrant la totalité de la musculature • viabilité (de 1 à 5 % de nécrose dans la littérature) ;
linguale, la glossectomie totale est réalisable, en première • rapidité du prélèvement simultané (double équipe) ;
intention ou en chirurgie de rattrapage postradique ; elle est • calibre et qualité des vaisseaux de ces lambeaux.
associée ou non à une laryngectomie totale. Cette amputation La faible rançon cicatricielle et surtout fonctionnelle de ces
laryngée est justifiée, soit pour contrôler une extension pharyn- lambeaux libres est un atout majeur par rapport aux lambeaux
golaryngée de la tumeur, soit pour prévenir les fausses routes myocutanés thoraciques dont l’utilisation implique la persis-
bronchopulmonaires après l’amputation linguale. Si le larynx tance définitive et délétère sur le plan fonctionnel d’un pont
est conservé, il faut pratiquer une suspension de ce dernier par musculaire (pédicule) entre site donneur thoracique et site
fils de traction amarrés aux gonions mandibulaires de chaque receveur cervical. Cet inconvénient, associé à leur volume et à
côté. leur rigidité trop importants et aux séquelles fonctionnelles liées
Pour cette intervention, l’abord chirurgical peut être trans- à leur prélèvement, les a fait reléguer à une place secondaire
mandibulaire ou en pull-through. dans ce domaine de la chirurgie réparatrice buccopharyngée.
Le sacrifice de la mandibule est le plus souvent inutile,
En reconstruction osseuse associée, ces lambeaux libres (fibula
l’envahissement carcinologique mandibulaire n’étant noté que
ou scapula) sont les seuls à pouvoir assurer une reconstruction
dans moins de 15 % des cas dans les plus grandes séries
fiable et anatomique de la perte de substance osseuse associée
publiées [1].
au resurfaçage muqueux grâce à leur (s) palette (s) cutanée (s)
Pour les tumeurs avancées de la base de langue pour lesquel-
les le risque de fausses routes graves est majeur en postopéra- combinée (s), éventuellement multiples [15].
toire, l’association à la glossectomie basilinguale d’une L’importance prise par l’utilisation des lambeaux libres en
pharyngolaryngectomie totale est préférable, notamment chez le carcinologie de la tête et du cou impose l’intégration par le
sujet âgé ou présentant une insuffisance respiratoire connue. chirurgien cervico-maxillo-facial des techniques de leurs
Pour les tumeurs latéralisées s’intéressant à la langue mobile prélèvements respectifs et des techniques microchirurgicales
mais également à la base de langue du même côté, une hémi- vasculaires permettant leur revascularisation cervicale.
glossectomie totale peut être réalisée (avec préservation du L’intervention chirurgicale menée à double équipe, l’une
larynx). L’exérèse enlève alors toute la langue mobile unilatérale dédiée à l’exérèse tumorale et ganglionnaire, l’autre dédiée aux
associée à toute l’hémibase. prélèvements et à la revascularisation microchirurgicale du
lambeau, semble être la meilleure solution pour diminuer le
Réparation de la perte de substance linguale temps opératoire global et, par conséquent, les complications
Objectifs [10] postopératoires, générales et infectieuses de ces interventions
lourdes.
Ce temps chirurgical est fondamental, d’une part pour éviter
les complications postopératoires précoces d’exérèses étendues L’intégration de ces techniques chirurgicales dans l’arsenal du
avec orostome iatrogène, d’autre part pour limiter les séquelles chirurgien cervico-maxillo-facial permet, en outre, une planifi-
fonctionnelles tardives de l’amputation linguale. cation facilitée de ces interventions sans nécessité de faire appel
Certaines exérèses de tumeurs linguales étendues, notamment à d’autres spécialités chirurgicales.
au plancher buccal, peuvent en effet créer une vaste communi- Dans le domaine de la réparation buccopharyngée, le lam-
cation entre cavité buccopharyngée et loges cervicales. Ces beau libre antébrachial (lambeau chinois) a pris une importance
communications peuvent être à l’origine de complications considérable liée à l’ensemble de ces qualités, notamment la
graves et précoces, hémorragiques ou septiques. En effet, les souplesse, la finesse, la surface disponible, son long pédicule
sécrétions buccopharyngées, septiques et caustiques, peuvent radial nourricier et de son calibre permettant son utilisation
être à l’origine d’érosions vasculaires cervicales, sources dans pratiquement toutes les indications rencontrées, y compris
d’hémorragies parfois cataclysmiques. Le passage de germes au dans la chirurgie postradique [16].
niveau cervical est à l’origine d’abcès, de fistules parfois Son utilisation sous forme bifoliée (Fig. 7) est particulière-
majeures pouvant mettre en péril le pronostic vital du patient. ment intéressante pour réparer les pertes de substances associant
Les séquelles tardives, fonctionnelles d’une glossectomie sont à la fois la langue et le plancher buccal car elle permet le
liées essentiellement au défaut de mobilité du moignon lingual maintien d’une mobilité optimale du moignon lingual restant
restant. Cette conservation de mobilité doit donc être l’objectif autonome et non bridé par rapport au plancher buccal
prioritaire dans ce domaine de la chirurgie réparatrice linguale. reconstruit [17-19] (Fig. 8, 9)
La restauration du volume lingual est importante dans les Dans la chirurgie buccopharyngée, impliquant une réparation
pertes de substances de base de langue en sachant qu’il faut du voile mou, le lambeau chinois peut être plicaturé sur lui-
éviter la surcorrection volumétrique préjudiciable aux résultats
même pour créer un néovoile et ainsi diminuer le reflux
fonctionnels [11].
nasopharyngé postopératoire.
Moyens Pour certains auteurs, la réinnervation sensitive de ces
Il faut disposer d’un arsenal chirurgical varié de procédés de lambeaux est un atout supplémentaire important pour le
réparation pour répondre aux différents types de pertes de résultat fonctionnel de ces patients, notamment en réparation
substances linguales. L’éventail est large, allant de la cicatrisa- basilinguale [20-22].
tion dirigée de certaines pertes de substances chirurgicales D’autres auteurs [23] insistent sur l’intérêt de l’utilisation de
limitées de langue à l’utilisation de lambeaux parfois complexes, plaques palatines à ancrage dentaire visant, par leur volume
combinés (cutanés et osseux plus ou moins musculaires) et prothétique, à compenser la perte de substance volumétrique
faisant appel, de plus en plus souvent, au transfert et à la linguale et ainsi favoriser la propulsion du bol alimentaire et les
revascularisation de tissus autologues prélevés à distance de mécanismes élocutoires.
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Glossectomies basilinguales. Pour les pertes de substances En cas d’adénopathie supérieure à 2 cm en rupture capsulaire
modérées, la suture directe muqueuse peut être envisagée dans ou fixée, un évidement selon le mode traditionnel, ou modifié
la mesure où elle ne pénalisera pas la mobilité linguale de type I ou II selon les conditions d’extension locale, est
antérieure. impératif.
Lorsqu’un lambeau est jugé nécessaire pour réparer une perte
de substance plus importante, les lambeaux libres fasciocutanés
sont les plus intéressants, leur réinnervation sensitive favorise-
rait la déglutition sans fausses routes [20]. ■ Conclusion
Dans les subglossolaryngectomies supraglottiques, la recons-
Passant de la simplicité de la glossectomie marginale à la
truction basilinguale se fait par pexie entre base de langue
complexité des glosso-pelvi-mandibulectomies interruptrices
restante et larynx sous-jacent.
nécessitant des procédés ardus de reconstruction, notamment
Glossectomies totales et transversale antérieure [24-28]. La
les transplants osseux vascularisés libres, l’exérèse linguale pour
réparation passe ici par l’utilisation de lambeaux relativement
tumeur exige précision et rigueur du geste pour autoriser une
volumineux pour combler l’orostome majeur ; le lambeau de
ablation complète et limiter des séquelles fonctionnelles
grand dorsal libre a pour intérêt d’éviter les inconvénients
particulièrement préjudiciables à la qualité de vie.
propres à l’utilisation du lambeau de grand pectoral [11] :
Très souvent associée du fait de l’essaimage lymphatique à
• bride cervicale séquellaire (pédicule musculaire) ;
l’évidement de plusieurs secteurs ganglionnaires du cou, il s’agit
• dégradation de la fonction respiratoire musculaire particuliè-
d’une chirurgie fiable, même en terrain irradié, assurant un
rement préjudiciable chez l’insuffisant respiratoire chronique.
contrôle fréquent et prolongé de l’évolution tumorale, même si
Le lambeau libre gastroépiploïque peut être retenu lorsqu’il y
l’organisation fasciculaire des muscles linguaux expose au risque
a nécessité de sacrifice cutané cervical majeur en terrain irradié.
de méconnaître et donc de laisser en place des foyers néoplasi-
La partie épiploïque apporte un tissu particulièrement vascula-
ques à distance de la localisation tumorale initiale.
risé et nourricier.
Dans les glossectomies transversales antérieures, les mêmes
procédés de réparation peuvent être retenus en soulignant ici la
nécessité de conserver le plus possible la mobilité du moignon ■ Références
basilingual restant ; les lambeaux libres fasciocutanés ont, ici,
une place privilégiée. [1] Prades JM, Schmitt T, Timoshenko A. Cancers de la langue. Encycl
L’utilisation du lambeau infrahyoïdien, en conservant son Méd Chir (Elsevier SAS, Paris), Oto-rhino-laryngologie, 20-627-A-
innervation motrice (ansa cervicalis du nerf grand hypoglosse), 10, 2004.
seul ou associé à d’autres lambeaux, semble apporter de bons [2] Po Wing Yuen A, Lam KY, Lam LK, Ho CM, Wong A, Chow TL, et al.
Prognostic factors of clinically stage I and II oral tongue carcinoma-A
résultats fonctionnels en reconstruction linguale étendue [29].
comparative study of stage, thickness, shape, growth pattern, invasive
front malignancy grading, Martinez-Gimeno score, and pathologic
Gestes ganglionnaires associés features. Head Neck 2002;24:513-20.
Morestin (1913) : « on ne saurait se lasser de répéter que [3] Khafif A, Lopez-Garza JR, Medina JE. Is dissection of level IV
l’évidement des gîtes ganglionnaires cervicaux, pratiqué de necessary in patients with T1-T3 N0 tongue cancer? Laryngoscope
bonne heure et avec une technique convenable, permet, dans 2001;111:1088-90.
un grand nombre de cas, d’assurer l’avenir du sujet et constitue [4] Bundgaard T, Rossen K, Henriksen SD, Charabi S, Sogaard H, Grau C.
une condition fondamentale de la cure radicale du cancer de la Histopathologic parameters in the evaluation of T1 squamous cell
langue » [30]. carcinomas of the oral cavity. Head Neck 2002;24:656-60.
Les métastases ganglionnaires cervicales sont un des facteurs [5] Lydiatt DD, Robbins KT, Byers RM, Wolf PF. Treatment of stage I and
pronostiques majeurs des cancers de la langue. La prévalence II oral tongue cancer. Head Neck 1993;15:308-12.
des adénopathies métastatiques pour les patients T1 N0 est [6] Morton RP, Ferguson CM, Lambie NK, Whitlock RM. Tumor thickness
élevée, de l’ordre de 35 % [1, 5, 7, 31]. Cependant, pour certains in early tongue cancer. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 1994;120:
717-20.
auteurs, si la tumeur primitive (T1 N0) est peu infiltrante
[7] Greenberg JS, El Naggar AK, Mo V, Roberts D, Myers JN. Disparity in
(moins de 4 mm), le risque ganglionnaire chute de 35 à
pathologic and clinical lymph node staging in oral tongue carcinoma.
5 % [32, 33]. Implication for therapeutic decision making. Cancer 2003;98:508-15.
Mis à part le T1 N0 marginal et peu infiltrant du tiers moyen [8] Christopoulos E, Carrau R, Segas J, Johnson JT, Myers EN, Wagner RL.
de la langue mobile, et sous certaines conditions de surveillance Transmandibular approaches to the oral cavity and oropharynx. A
rapprochée, tous les cancers de la langue exigent d’une façon functional assessment. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 1992;118:
absolue l’évidement des ganglions cervicaux correspondants, de 1164-7.
principe ou de nécessité [3]. [9] Azizzadeh B, Enayati P, Chhetri D, Maghami E, Larian B,
Pour certaines équipes entraînées, les lésions T1 N0 de la Blackwell KE, et al. Long-term survival outcome in transhyoid
langue mobile font actuellement l’objet de la recherche sélective resection of base of tongue squamous cell carcinoma. Arch Otolaryngol
du premier ganglion-relais du drainage lymphatique ou Head Neck Surg 2002;128:1067-70.
ganglion-sentinelle visant à réduire, à terme, l’étendue du geste [10] Urken ML, Moscoso JF, Lawson W, Biller HF. A systematic approach
ganglionnaire. to functional reconstruction of the oral cavity following partial and total
La propagation lymphatique cervicale des cancers de la glossectomy. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 1994;120:589-601.
langue est donc précoce, d’abord unilatérale pour les lésions [11] Haughey BH. Tongue reconstruction: concepts and practice.
marginales de la langue mobile, souvent bilatérale d’emblée Laryngoscope 1993;103:1132-41.
pour les localisations de la base ou du tiers antérieur de la [12] Urken ML, Buchbinder D, Costantino PD, Sinha U, Okay D,
langue mobile. Lawson W, et al. Oromandibular reconstruction using microvascular
Les tumeurs T1 N0, T2 N0 de la langue mobile peuvent composite flaps: report of 210 cases. Arch Otolaryngol Head Neck Surg
1998;124:46-55.
bénéficier d’un curage ganglionnaire sélectif des secteurs I, II et
[13] Haughey BH, Wilson E, Kluwe L, Piccirillo J, Fredrickson J, Ses-
III (sus-omohyoïdien), selon le mode unilatéral pour les formes
sions D, et al. Free flap reconstruction of the head and neck: analysis of
marginales, ou bilatéral pour les formes infiltrantes ou qui 241 cases. Otolaryngol Head Neck Surg 2001;125:10-7.
atteignent la ligne médiane. [14] Su WF, Hsia YJ, Chang YC, Chen SG, Sheng H. Functional comparison
Si la tumeur est située au tiers antérieur de la langue mobile, after reconstruction with a radial forearm free flap or a pectoralis major
le curage sera bilatéral étendu aux secteurs IV (modifié type III). flap for cancer of the tongue. Otolaryngol Head Neck Surg 2003;128:
Les tumeurs de la base de la langue nécessitent un évidement 412-8.
cervical modifié (secteurs I à V) de principe, bilatéral. [15] Shpitzer T, Neligan PC, Gullane PJ, Freeman JE, Boyd BJ, Rotstein LE,
Les tumeurs T3 et T4 de la langue nécessitent un évidement et al. Oromandibular reconstruction with the fibular free flap. Analysis
bilatéral modifié de type III en monobloc avec la tumeur (pull- of 50 consecutive flaps. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 1997;123:
through...) quel que soit le N. 939-44.
[16] Haughey BH, Taylor SM, Fuller D. Fasciocutaneous flap reconstruc- [25] Barry B, Baujat B, Albert S, Nallet E, Depondt J, Guedon C, et al. Total
tion of the tongue and floor of mouth: outcomes and techniques. Arch glossectomy without laryngectomy as first-line or salvage therapy.
Otolaryngol Head Neck Surg 2002;128:1388-95. Laryngoscope 2003;113:373-6.
[17] Salibian AH, Allison GR, Armstrong WB, Krugman ME, Strelzow VV, [26] Gehanno P, Guedon C, Barry B, Depondt J, Kebaili C. Advanced
Kelly T, et al. Functional hemitongue reconstruction with the carcinoma of the tongue: total glossectomy without total laryngectomy.
microvascular ulnar forearm flap. Plast Reconstr Surg 1999;104: Review of 80 cases. Laryngoscope 1992;102(12Pt1):1369-71.
654-60. [27] Weber RS, Ohlms L, Bowman J, Jacob R, Goepfert H. Functional
[18] Aviv JE, Keen MS, Rodriguez HP, Stewart C, Gund E, Blitzer A. results after total or near total glossectomy with laryngeal preservation.
Bilobed radial forearm free flap for functional reconstruction of near- Arch Otolaryngol Head Neck Surg 1991;117:512-5.
total glossectomy defects. Laryngoscope 1994;104:893-900. [28] Ruhl CM, Gleich LL, Gluckman JL. Survival, function, and quality of
[19] Urken ML, Biller HF. A new bilobed design for the sensate radial life after total glossectomy. Laryngoscope 1997;107:1316-21.
forearm flap to preserve tongue mobility following significant [29] Remmert SM, Sommer KD, Majocco AM, Weerda HG. The
glossectomy. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 1994;120:26-31. neurovascular infrahyoid muscle flap: a new method for tongue recons-
[20] Urken ML. The restoration or preservation of sensation in the oral truction. Plast Reconstr Surg 1997;99:613-8.
cavity following ablative surgery. Arch Otolaryngol Head Neck Surg [30] Morestin H. L’évidement des gîtes ganglionnaires cervicaux dans les
1995;121:607-12. cancers de la bouche et du pharynx. J Chir 1913 (TomeX).
[21] Santamaria E, Wei FC, Chen IH, Chuang DC. Sensation recovery on [31] Nathanson A, Agren K, Biorklund A, Lind MG, Andreason L,
innervated radial forearm flap for hemiglossectomy reconstruction by Anniko M, et al. Evaluation of some prognostic factors in small
using different recipient nerves. Plast Reconstr Surg 1999;103:450-7. squamous cell carcinoma of the mobile tongue: a multicenter study in
[22] Kuriakose MA, Loree TR, Spies A, Meyers S, Hicks Jr. WL. Sensate Sweden. Head Neck 1989;11:387-92.
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Head Neck Surg 2001;127:1463-6. Ohishi M, et al. Primary neck management among patients with cancer
[23] Robbins KT, Bowman JB, Jacob RF. Postglossectomy deglutitory and of the oral cavity without clinical nodal metastases: a decision and
articulatory rehabilitation with palatal augmentation prostheses. Arch sensitivity analysis. Head Neck 2002;24:582-90.
Otolaryngol Head Neck Surg 1987;113:1214-8. [33] Kurokawa H, Yamashita Y, Takeda S, Zhang M, Fukuyama H,
[24] Tiwari R, Karim AB, Greven AJ, Snow GB. Total glossectomy with Takahashi T. Risk factors for late cervical lymph node metastases in
laryngeal preservation. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 1993;119: patients with stage I or II carcinoma of the tongue. Head Neck
945-9. 2002;24:731-6.
O. Dassonville (olivier.dassonville@cal.nice.fnclcc.fr).
G. Poissonnet.
A. Bozec.
Centre régional de lutte contre le cancer, 33, avenue de Valombrose, 06189 Nice cedex 2, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Dassonville O., Poissonnet G., Bozec A. Glossectomies. EMC (Elsevier SAS, Paris), Techniques chirurgicales
- Tête et cou, 46-250, 2006.
Adénoïdectomie. Amygdalectomie
R. Nicollas
J.-J. Bonneru
S. Roman
Résumé. – L’adénoïdectomie et l’amygdalectomie sont des interventions chirurgicales d’indication fréquente
J.-M. Triglia
chez l’enfant. Souvent pratiquées dans le même temps opératoire, ce sont deux interventions à finalités
différentes dont les indications et les suites opératoires sont distinctes. Dans la majorité des cas, il s’agit d’une
indication réfléchie, prise en commun avec le médecin traitant ou le pédiatre qui connaît mieux l’enfant. Les
recommandations diffusées par l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé ont permis de
bien préciser ces indications. L’information délivrée aux parents est un temps fondamental qui permet
souvent d’assurer des suites opératoires plus sereines. L’adénoïdectomie et l’amygdalectomie sont les
premières techniques chirurgicales enseignées au futur praticien oto-rhino-laryngologiste. Parfaitement
réglées et codifiées sur le plan technique, elles doivent être envisagées avec toute la rigueur nécessaire et ne
plus être considérées comme une chirurgie mineure, voire anodine. Les complications, dominées par les
hémorragies, peuvent être graves. C’est pourquoi une bonne installation de l’enfant, une anesthésie générale
adaptée, une technique précise avec hémostase réglée, une excellente surveillance postopératoire, sont les
seuls garants efficaces pour prévenir tout accident. De nombreuses techniques ont été récemment décrites,
toutes visant le concept de « chirurgie minimale invasive ». Enfin, la prescription systématique d’antalgiques
durant les premiers jours postopératoires contribue à assurer des suites opératoires de meilleure qualité.
© 2004 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Bilan préanesthésique et préparation d’hématomes répétés par exemple. Il précise les thérapeutiques en
cours et s’assure de l’absence de médication récente à base d’aspirine
du patient ou de ses dérivés. Le bilan biologique comprend, dans tous les cas,
un bilan de l’hémostase avec taux de prothrombine, temps de
Les modalités de la consultation préanesthésique, des consignes de céphaline activée, fibrine. Les autres examens (numération formule
l’hospitalisation et de prise en charge de l’enfant au bloc opératoire sanguine, taux de plaquettes, électrocardiogramme, radiographie
jusqu’à l’induction anesthésique sont en tout point identiques qu’il pulmonaire, consultation spécialisée) ne sont généralement
s’agisse d’une adénoïdectomie ou d’une amygdalectomie et sont demandés qu’en fonction des résultats de l’examen clinique
envisagées dans un chapitre commun. Les éléments spécifiques à somatique. Ce bilan systématique de la coagulation permet de
chacune de ces chirurgies sont traités dans leurs chapitres respectifs. dépister ou de compenser un éventuel trouble de la crase sanguine,
et de permettre une adénoïdectomie et/ou une amygdalectomie
BILAN PRÉANESTHÉSIQUE chez les enfants hémophiles ou porteurs d’une maladie de von
Willebrand. Chez ces enfants, un traitement préventif par la
Dans la population pédiatrique, il est demandé le jour de la desmopressine (Minirint) permet d’élever la concentration des
consultation préanesthésique qui doit avoir lieu en présence des facteurs VIII C, VIII Ag et VII C. [1] Le protocole comprend une
parents dans les 15 jours environ qui précèdent l’intervention. injection intraveineuse lente de 0,3 µg/kg une heure avant
L’interrogatoire médical, complété par la consultation du carnet de
l’adénoïdectomie et/ou l’amygdalectomie, répétée à la même dose
santé, doit porter sur les antécédents médicaux, chirurgicaux et
12 heures après, puis les troisième et cinquième jours
anesthésiques à la recherche de notions de terrain allergique, de
postopératoires. Au cours de cette thérapeutique, les risques
syndrome d’apnées du sommeil, d’épisodes répétés de surinfections
d’hypotension imposent une surveillance tensionnelle, ainsi qu’une
oto-rhino-laryngologiques (ORL) ou bronchopulmonaires. Il
restriction hydrique jusqu’à la reprise de la diurèse. Ce traitement
s’attache aussi à dépister des antécédents d’hémorragie familiale ou
n’est pas dénué d’effets secondaires ; des convulsions et un arrêt
une tendance aux saignements sous la forme d’épistaxis ou
respiratoire ont même été rapportés. [2] L’administration d’un
antifibrinolytique ayant fait la preuve de son efficacité comme l’acide
tranexamique (Exacylt) [3] lui est généralement associée.
R. Nicollas (Praticien hospitalier) Le traitement préopératoire est habituellement commencé 4 jours
Service d’ORL pédiatrique et chirurgie cervicofaciale, France avant la date fixée de l’intervention. Adapté à l’âge et au poids de
J.-J. Bonneru (Praticien hospitalier)
Département d’anesthésie-réanimation pédiatrique. Hôpital de la Timone, 264, rue Saint-Pierre, 13385 l’enfant, il se résume à une antibiothérapie de type bêtalactamines
Marseille cedex 5, France ou macrolides.
S. Roman (Praticien hospitalier)
J.-M. Triglia (Professeur des Universités-praticien hospitalier, chef du service d’ORL pédiatrique et chirurgie Chez l’adulte, la consultation préanesthésique s’attache à retenir les
cervicofaciale)
Adresse e-mail: jean-michel.triglia@ap-hm.fr
mêmes éléments que pour l’enfant et le bilan paraclinique standard
Service d’ORL pédiatrique et chirurgie cervicofaciale, France est complété par un ionogramme sanguin, un électrocardiogramme
46-330 Adénoïdectomie. Amygdalectomie Techniques Chirurgicales
2
Techniques Chirurgicales Adénoïdectomie. Amygdalectomie 46-330
Autres recommandations
Le groupe a insisté sur l’importance de l’examen clinique ORL, anesthésique et général préopératoire par rapport à toute autre considération
paraclinique ou biologique. Les informations nécessaires pour un suivi postopératoire de qualité après le retour à domicile doivent être fournies
au patient, à la famille et au médecin traitant.
La douleur postopératoire après une adénoïdectomie et surtout une amygdalectomie doit être prise en compte efficacement. Une prévention ou
un traitement des vomissements associés est éventuellement entrepris.
– une paire de ciseaux longs ; Une fois le masque facial retiré par l’anesthésiste, l’opérateur met en
– deux canules d’aspiration, une rigide pour le pharynx (type place l’ouvre-bouche en faisant attention aux dents de lait mobiles
Yankauer), une souple pour les fosses nasales et le cavum ; qui risqueraient d’être inhalées. L’abaisse-langue tenu dans la main
gauche expose largement la paroi postérieure du pharynx en
– une compresse humide, placée à portée de main pour nettoyer la aplatissant la base de langue (Fig. 1).
crépine de l’aspiration rigide tenue par l’anesthésiste.
L’adénotome, pris dans la main droite (index au-dessus, pouce en
dessous), est engagé sagittalement derrière le voile. Il prend contact
¶ Techniques avec le bord postérieur du vomer et remonte jusqu’à sa partie
supérieure pour atteindre le toit du cavum. Tandis que l’ensemble,
Chez un enfant non intubé réalisé par la main de l’opérateur et l’instrument, reste dans le
Il s’agit toujours dans ce cas d’une adénoïdectomie par curetage. prolongement l’un de l’autre, un mouvement de pivot est effectué
L’enfant est allongé en décubitus dorsal sur la table opératoire, un sans brutalité vers le bas, autour du poignet, ce qui permet la
champ étant placé autour du cou et sur le thorax. L’anesthésiste pénétration des crochets de l’adénotome dans la masse
placé à la tête de l’enfant maintient l’extrémité céphalique sur la adénoïdienne ; puis l’instrument glisse parallèlement à la paroi
ligne médiane grâce à une contention ferme au niveau du front. postérieure du pharynx, jusqu’à ce que l’adénotome chargé de la
L’opérateur est placé à la droite de l’enfant, l’infirmière se situant masse des végétations fasse son apparition au-dessous du voile
entre ce dernier et l’anesthésiste. (Fig. 2). Cette manœuvre est répétée de façon identique à l’aide d’un
3
46-330 Adénoïdectomie. Amygdalectomie Techniques Chirurgicales
adénotome sans griffe, selon le même axe, mais aussi dans un axe
parasagittal droit et gauche afin d’éliminer des fragments résiduels
de végétations adénoïdes. Ces derniers sont alors instantanément
aspirés par l’aspiration rigide tenue par l’anesthésiste. À ce moment
de l’intervention, la deuxième aspiration souple est introduite par la
fosse nasale et l’index de l’opérateur reprend le chemin de
l’adénotome pour vérifier la vacuité du cavum et écraser les débris
adénoïdiens pouvant rester au contact des bourrelets tubaires. Dans
le cas où un fragment adénoïdien resterait pédiculé à la paroi
postérieure du pharynx par un filament de muqueuse ayant échappé
aux griffes de l’adénotome, la pince à débris s’en saisit, la
désinsertion se faisant soit par simple traction, soit par section aux
ciseaux.
Après une dernière aspiration pharyngée, l’enfant est basculé en
décubitus latéral jusqu’à son réveil tandis que l’aspiration placée
dans la fosse nasale entretient la vacuité pharyngée. L’enfant se
réveille généralement dans les 30 secondes, son visage est nettoyé, il
est rhabillé et remis dans son lit d’hospitalisation.
L’enfant est autorisé à boire de l’eau glacée 3 à 4 heures après
l’intervention, puis il est admis à retourner à son domicile en
l’absence d’hyperthermie. Un repas léger est autorisé le premier soir.
La prescription médicale comprend la poursuite de l’antibiothérapie
préopératoire pendant une semaine, une désinfection nasale, des
antalgiques (éliminant tout produit à base d’aspirine et
d’ibuprofène) pendant les 24 à 48 premières heures. Un rendez-vous
de consultation postopératoire est fixé dans le mois suivant.
Figure 2 Représentation sagittale des différents temps de l’adénoïdectomie.
Chez un enfant intubé A. L’adénotome est engagé derrière le voile et remonte au contact du vomer jusqu’à at-
Adénoïdectomie par curetage. L’intervention se déroule en position teindre le toit du cavum. B, C. L’adénotome pénètre dans la masse adénoïdienne et
s’abaisse jusqu’au plan du voile.
de Rose. L’exposition large du pharynx peut être menée en relevant
le voile soit à l’aide d’un petit écarteur, soit à l’aide de deux lacs
réaliser une adénoïdectomie partielle ou totale en contrôlant
passés par les narines. L’adénoïdectomie est réalisée à l’adénotome,
parfaitement le geste. Le système de « lavage-aspiration » facilite sa
tandis qu’une aspiration souple est introduite le long du plancher
réalisation sous un système optique.
de la fosse nasale jusqu’au cavum. Après que l’opérateur s’est assuré
de la vacuité du pharynx, un tamponnement pharyngé à l’aide D’autres lui préfèrent un électrocoagulateur. [6]
d’une compresse est maintenu le temps du réveil de l’enfant. Un système d’aspiration-coagulation, [7, 8] en quelque sorte un hybride
L’existence d’un trouble de la coagulation peut imposer un contrôle des deux systèmes précédents, est utilisé par d’autres équipes. Il
de l’hémostase à la pince bipolaire sous contrôle visuel. cumulerait, d’après les promoteurs de cette technique, les avantages
des deux systèmes précédents en permettant une exérèse très précise
Autres techniques apparues. Depuis l’avènement des systèmes
du paquet adénoïdien et une hémostase immédiate de bonne qualité.
optiques, il est possible de réaliser cette intervention sous contrôle
de la vue. Le patient doit alors être intubé afin que l’opérateur puisse Chez un adulte
s’installer comme pour une chirurgie endonasale vidéoassistée.
L’objectif de chacune de ces techniques est d’évoluer vers une L’adénoïdectomie se déroule sous intubation selon les mêmes
chirurgie réalisée sous contrôle visuel afin de permettre un geste modalités.
plus précis et une meilleure hémostase.
Plusieurs systèmes instrumentaux ont été proposés dans ce contexte. COMPLICATIONS LIÉES À L’ADÉNOÏDECTOMIE
Le microdébrideur, [5] déjà utilisé en chirurgie sinusienne, est prôné En fonction de leur moment de survenue, elles sont classées en
par certains auteurs. Ce matériel donne l’avantage de pouvoir immédiates, secondaires ou tardives.
4
Techniques Chirurgicales Adénoïdectomie. Amygdalectomie 46-330
¶ Complications secondaires
AMYGDALECTOMIE AVEC DISSECTION
EXTRACAPSULAIRE
Hémorragie
Deux techniques sont possibles : l’amygdalectomie au Sluder chez
Les saignements retardés après adénoïdectomie sont bien moins
l’enfant et l’amygdalectomie par dissection chez l’enfant et l’adulte.
fréquents que dans les suites d’amygdalectomie. Dans 90 % des cas,
les hémorragies postopératoires surviennent avant la huitième
¶ Amygdalectomie au Sluder
heure. Leur persistance impose une révision du champ opératoire
sous anesthésie générale menée sous intubation. En effet, la L’exérèse chirurgicale des amygdales selon cette technique
persistance de reliquats adénoïdiens est souvent en cause. Il suffit correspond à une véritable énucléation amygdalienne en un seul
alors de compléter l’exérèse et de tamponner quelques minutes pour geste. Cette amygdalectomie est rendue possible par l’existence d’un
faire cesser le saignement. La localisation de l’hémorragie plan de clivage au niveau de la capsule amygdalienne dont
correspond à celle des hémorragies immédiates. l’hémostase spontanée est réalisée par les ligatures vivantes dues à
la contraction musculaire. Historiquement, il s’agit d’une
Complications infectieuses intervention réalisée depuis de nombreuses années par les ORL, qui
Elles sont généralement prévenues par une antibiothérapie pré-, per- a l’avantage d’être rapide, mais qui demande un bon « tour de
et postopératoire. Les otites moyennes aiguës se rencontrent surtout main ». Elle peut être menée chez les enfants dont l’âge est inférieur
après intervention sur des végétations adénoïdes surinfectées, au à 8-10 ans. Elle est toujours valable dans certains centres, tandis que
5
46-330 Adénoïdectomie. Amygdalectomie Techniques Chirurgicales
d’autres l’ont complètement abandonnée. Guerrier résume bien les – un ouvre-bouche de Jennings ;
opinions vis-à-vis de cette méthode : la désaffection de – un abaisse-langue métallique coudé ;
l’amygdalectomie au Sluder est liée à l’anesthésie ; l’anesthésiste a
modifié sa technique et l’ORL a dû modifier la sienne. – une canule d’aspiration pharyngée rigide (type Yankauer) ;
– une pince à hémostase coudée ;
Anesthésie de l’enfant – une paire de ciseaux.
Nous citons la technique pour mémoire, un certain consensus s’étant Technique. Elle est représentée sur la figure 3.
dégagé pour déconseiller une amygdalectomie sans protection des Exposition amygdalienne. Après mise en place de l’ouvre-bouche,
voies aériennes. [10] l’amygdalotome, lame ouverte, est placé horizontalement dans la
Une fois l’induction anesthésique réalisée (cf. supra) et la voie cavité buccale. Il est introduit en direction de l’amygdale tout en
veineuse périphérique mise en place, l’anesthésie est délivrée (O2- jouant un rôle d’abaisse-langue. La progression de l’instrument vers
N2O, Sevoranet) jusqu’à ce que le réflexe palpébral disparaisse et l’arrière contribue à placer le pôle inférieur de l’amygdale en regard
que les pupilles reviennent en position centrale. Le masque est alors de l’orifice de l’amygdalotome.
ôté et le chirurgien réalise l’amygdalectomie. Pendant toute la durée Engagement amygdalien. Il correspond à un mouvement de rotation
du geste, qui dure environ de 15 à 30 secondes, l’anesthésiste aspire de l’amygdalotome qui va engager d’abord le pôle inférieur de
soigneusement le sang et les débris muqueux qui peuvent siéger l’amygdale, puis sa face libre médiale. La rotation d’environ 60° de
dans la cavité buccale et le pharynx. L’amygdalectomie réalisée, l’amygdalotome sur son axe contribue à le placer dans un plan
l’enfant est immédiatement placé en décubitus latéral où il continue verticofrontal. Un deuxième mouvement de l’instrument en dehors
d’être aspiré dans le pharynx sans traumatiser les loges va déprimer la commissure labiale controlatérale. À ce stade,
amygdaliennes et ce jusqu’au réveil. L’obtention rapide d’un cri l’engagement amygdalien est complété à l’aide de l’index de la main
contribue à une contraction des muscles pharyngés, complétant ainsi libre qui appuie de haut en bas sur la face antérieure du pilier
l’hémostase. antérieur de l’amygdale. La sensation tactile de l’engagement total
Faisant suite à l’amygdalectomie, il existe toujours une hémorragie, de l’amygdale est généralement nette, sous la forme d’un ressaut.
en général modérée, qui s’arrête au moment où l’enfant retrouve ses Toutefois, la poussée du doigt ne doit pas dépasser le plan de
réflexes de protection laryngée sous la forme d’un cri. Il est évident l’anneau délimité par l’amygdalotome, ce qui pourrait contribuer à
que la collaboration entre l’anesthésiste et le chirurgien doit être une déchirure du pilier antérieur au moment de l’ablation
parfaite afin que le réveil de l’enfant suive l’amygdalectomie de amygdalienne.
quelques secondes. Décollement extracapsulaire amygdalien. L’amygdale ainsi engagée
L’enfant est ensuite gardé en salle de réveil pendant 15 à 30 minutes, dans l’amygdalotome, le chirurgien fait glisser la lame au ras de la
puis rejoint sa chambre. Pendant les heures qui suivent face profonde du pilier antérieur de l’amygdale. La prise étant
l’intervention, l’enfant doit rester à jeun, autorisé seulement à sucer maintenue, un mouvement de torsion de l’instrument est réalisé en
quelques glaçons ou à boire de petites quantités d’eau fraîche. direction de la commissure homolatérale à l’amygdalectomie afin
de vérifier la bonne prise de l’amygdale et uniquement de
Chirurgie l’amygdale. Une fois l’amygdalotome ramené vers la commissure
controlatérale, l’opérateur glisse l’index de sa main libre entre
Matériel. Il comprend sur une table prévue à cet effet et
l’extrémité dure de l’amygdalotome et le fond de la loge
généralement située à droite du chirurgien :
amygdalienne au niveau de son pôle supérieur. Le cheminement de
– un amygdalotome de Sluder (il existe trois types de lames dont ce doigt prenant appui sur le contact dur de l’amygdalotome permet
l’orifice est de taille différente ; idéalement, la taille de la lame le décollement du plan capsulopharyngé. Il faut bien comprendre
choisie doit être légèrement inférieure au diamètre de l’amygdale) ; que c’est l’index, et uniquement lui, qui réalise un léger mouvement
6
Techniques Chirurgicales Adénoïdectomie. Amygdalectomie 46-330
de force au moment de la dissection extracapsulaire. Il faut en effet la réalisation de l’amygdalectomie. Quelquefois, des difficultés de
se rappeler que la lame de l’amygdalotome n’est absolument pas cheminement au pôle inférieur de l’amygdale incitent à accentuer le
tranchante et qu’il ne faut pas lui faire jouer un rôle de guillotine à phénomène de crochet de l’index et à ramener la traction de celui-ci
proprement parler. Tandis que l’index, toujours au contact de vers l’avant afin de libérer ce pôle inférieur de la muqueuse
l’amygdalotome, procède au décollement amygdalien, la main qui pharyngée adjacente à la muqueuse basilinguale. En cas
tient l’amygdalotome effectue une rotation de 30° en dedans qui a d’impossibilité, il est préférable de sectionner cette bande muqueuse
pour résultat de déplisser la muqueuse tendue entre l’amygdale et aux ciseaux en sachant qu’elle peut entraîner un petit saignement
le pilier antérieur. La progression vers le bas de l’index contribue à supplémentaire.
7
46-330 Adénoïdectomie. Amygdalectomie Techniques Chirurgicales
Période postopératoire
Faisant suite à l’amygdalectomie, il existe toujours une hémorragie,
en général modérée, qui s’arrête au moment où l’enfant retrouve ses
réflexes de protection laryngée sous la forme d’un cri. Il est évident
que la collaboration entre l’anesthésiste et le chirurgien doit être
parfaite afin que le réveil de l’enfant suive l’amygdalectomie de
quelques secondes.
L’enfant est ensuite gardé en salle de réveil pendant 15 à 30 minutes,
puis rejoint sa chambre. Pendant les heures qui suivent Figure 4 Installation de l’enfant intubé avant une amygdalectomie.
l’intervention, l’enfant doit rester à jeun, autorisé seulement à sucer
quelques glaçons ou à boire de petites quantités d’eau fraîche. La avec l’halothane et la ventilation est de type spontané sur un circuit
sortie de l’enfant est classiquement autorisée 6 heures après de Jackson-Rees. Si la durée d’anesthésie devait se prolonger au-
l’anesthésie, mais certains chirurgiens préfèrent différer la sortie de delà d’une demi-heure, l’enfant serait alors mis en ventilation
l’enfant au lendemain, surtout s’il habite hors de l’agglomération. contrôlée.
La douleur pharyngée avec l’otalgie-réflexe et la dysphagie sont Sur la voie veineuse périphérique est placée une solution de Ringer
surtout majeures les 2 premiers jours, et les jours suivants sont Lactatet et de l’atropine est systématiquement injectée à la posologie
marqués par la reprise d’une alimentation pâteuse et liquidienne de 10 µg/kg. L’antibiothérapie et la corticothérapie sont instaurées.
évitant les aliments solides et acides. Un traitement antalgique Il est rapporté dans la littérature internationale un effet bénéfique
associant paracétamol et codéine est prescrit systématiquement des corticoïdes en période périopératoire [11] et un effet plutôt
pendant la première semaine. Des corticoïdes tels la bêtaméthasone délétère des anti-inflammatoires non stéroïdiens. [13]
peuvent être prescrits pendant quelques jours avec un effet positif
sur l’évolution postopératoire. [11] Il semble que la technique Chirurgie
au Sluder soit significativement moins responsable de douleurs que Matériel. Il comporte (Fig. 5) :
les techniques en dissection. [12] C’est généralement au bout du
huitième jour que l’enfant peut reprendre une alimentation – un ouvre-bouche de Kilner ; par rapport à celui proposé pour
subnormale, date à laquelle il peut retourner à l’école même si les l’adulte, les formes pédiatriques semblent plus adaptées ; d’une part
loges amygdaliennes ne sont pas encore parfaitement cicatrisées. les mors se fixant au maxillaire supérieur sont diminués de volume
Celles-ci sont, en effet, recouvertes d’un enduit blanchâtre fibrineux pour être adaptés au palais de l’enfant, d’autre part les spatules
qu’il ne faut pas chercher à retirer au risque d’entraîner un linguales sont moins larges, plus longues et marquées d’une
saignement. La prescription médicale comprend la poursuite de empreinte moins profonde qui gênera d’autant moins le travail
l’antibiothérapie préopératoire pendant une semaine, une chirurgical en bouche ;
désinfection nasale et des antalgiques (éliminant tout produit à base – un bistouri long avec une lame no 15 ;
d’aspirine) pendant 48 heures.
– une pince muqueuse à disséquer longue ;
¶ Amygdalectomie par dissection sous intubation – une paire de ciseaux courts et longs d’Allaines ou de
Metzenbaum ;
Anesthésie
– une pince à hémostase bipolaire ;
Le monitorage et l’induction anesthésique sont identiques à ceux de
– un porte-aiguille long ;
l’amygdalectomie au Sluder. L’intubation est conduite sous
halothane (Fluothanet) ou associée à du propofol (Diprivant) aux – une spatule de Hurd ;
doses de 3 mg/kg chez l’enfant prémédiqué ou de 3,5 mg/kg s’il ne – une canule d’aspiration rigide (type Yankauer) ;
l’a pas été. L’enfant est intubé selon les préférences du chirurgien en
oro- ou nasotrachéal, la position orotrachéale permettant de libérer – une pince tractrice d’amygdale de type Portmann.
le cavum qui est généralement l’objet d’une adénoïdectomie Technique. Elle est illustrée par la figure 6.
associée. Tout type de sonde peut être utilisé, mais nous préférons, Exposition de la région opératoire. Elle doit être maintenue dans l’axe
dans notre expérience, avoir recours à une sonde préformée associée sagittal en fixant le crochet distal de la spatule linguale à un assistant
à un ouvre-bouche dont la lame, prenant appui sur la langue, est le muet avancé jusqu’à la région cervicale du patient. Une exposition
siège d’une échancrure acceptant la sonde. Le calibre de la sonde est rectiligne est primordiale afin de ne pas modifier les rapports
calculé selon la règle de : (âge + 16)/4. anatomiques entre les vaisseaux carotidiens et la région
L’enfant étant intubé et la position de la sonde contrôlée (Fig. 4), la amygdalienne.
tête de l’enfant est placée en hyperextension afin que le chirurgien Selon les habitudes de chacun, une infiltration des loges
puisse mettre en place l’ouvre-bouche. L’anesthésie est entretenue amygdaliennes peut être faite. Si c’est le cas, elle l’est à l’aide de
8
Techniques Chirurgicales Adénoïdectomie. Amygdalectomie 46-330
sérum physiologique ou d’un anesthésique local adrénaliné bipolaire de ces derniers, puis leur section aux ciseaux permettent
associant une solution de Xylocaïnet à 0,5 % et une dose totale de libérer la totalité de l’amygdale qui ne reste plus pédiculée que
d’adrénaline ne dépassant pas 15 µg/kg. De 1 à 2 ml sont injectés par son pôle inférieur. Quelquefois, une coagulation soigneuse du
dans chaque loge dans le plan capsulaire. pôle supérieur est nécessaire pour détacher l’ogive amygdalienne.
Incision de la muqueuse pharyngée. Elle est menée au bistouri le long La libération du pôle inférieur se fait par une coagulation large
du bord libre du pilier antérieur, de l’ogive amygdalienne en haut pouvant atteindre la muqueuse basilinguale. La section aux ciseaux
jusqu’à la muqueuse basilinguale en bas. Des variantes existent, soit de ce plan muqueux préalablement coagulé permet l’exérèse de
aux ciseaux, soit avec le mors de la pince à disséquer. l’amygdale.
Recherche du plan capsulaire. L’amygdale est saisie à l’aide de la pince Le contrôle de l’hémostase de la loge amygdalienne doit être
tractrice et attirée médialement. La recherche du plan capsulaire, extrêmement soigneux. Il s’effectue à l’aide de la pince bipolaire par
ainsi déplissé, est exposée par des gestes de dissection aux ciseaux. attouchements successifs des zones hémorragiques. Tandis qu’un
La rencontre de la capsule nacrée est généralement facile et, dès lors fragment de compresse humide est placé dans cette loge
qu’elle est repérée, son exposition se fait vers le haut et vers le bas amygdalienne, l’amygdalectomie controlatérale est réalisée selon la
soit à l’aide des ciseaux, soit à l’aide d’un tampon monté ou de la même technique. En fin d’intervention, les deux loges amygdaliennes
canule d’aspiration rigide. sont à nouveau vérifiées au plan de l’hémostase. La rapidité de cette
Libération amygdalienne. Ayant ainsi délimité un couloir capsulaire intervention et le réveil tout aussi rapide du patient contribuent à faire
bridé par les plans muqueux antérieur et postérieur, la coagulation jouer un rôle aux ligatures vivantes dues à la contraction musculaire.
9
46-330 Adénoïdectomie. Amygdalectomie Techniques Chirurgicales
Modifications techniques. Une adénoïdectomie est généralement La radiofréquence consiste en un évidement ultrasonique de
associée à l’amygdalectomie chez l’enfant. Celle-ci est menée à la fin l’amygdale. Comme pour le microdébrideur, les phénomènes
de l’amygdalectomie à l’aide d’un adénotome, le chirurgien restant algiques postopératoires semblent moindres que dans le cas des
à la tête de l’enfant. amygdalectomies extracapsulaires. Le saignement peropératoire
Le contrôle de l’hémostase est assuré par un tamponnement à l’aide paraît également moindre dans la radiofréquence.
d’une compresse placée dans le cavum.
En cas d’antécédents infectieux particulièrement importants, voire COMPLICATIONS LIÉES À L’AMYGDALECTOMIE
de séquelles de phlegmon, la recherche du plan capsulaire peut être
rendue extrêmement difficile. Il est alors préférable d’essayer de le ¶ Complications anesthésiques
découvrir à la partie supérieure du pilier antérieur à l’aide d’une
dissection aux ciseaux qui s’attache à rester au contact du tissu Elles sont essentiellement périopératoires.
amygdalien. Le décollement vers le bas et en dehors doit être Des troubles du rythme et un bronchospasme peuvent apparaître si
extrêmement prudent sous contrôle permanent de l’hémostase. Dans l’anesthésie est trop légère. À l’opposé, une anesthésie trop profonde
ces cas, l’existence d’un saignement ne pouvant être contrôlée par au cours d’une adénoïdectomie ou d’une amygdalectomie au Sluder
l’hémostase bipolaire peut imposer la mise en place d’une pince peut contribuer à un risque d’inhalation et de bronchospasme
hémostatique pour réaliser une ligature à l’aide d’un fil résorbable secondaire.
lent type Vicrylt 4/0. Au réveil, ce sont les complications habituelles de l’extubation, avec
D’autres éléments sont apparus pour la réalisation le spasme laryngé, le risque d’inhalation avec passage de sang ou
d’amygdalectomies en dissection. de débris sur un malade extubé insuffisamment réveillé, la laryngite
Le bistouri à ultrasons ou les bipolaires à radiofréquence (employées sous-glottique toujours possible après une intubation chez l’enfant
en tant que bipolaires lors d’une technique en dissection et que l’on peut prévenir par une corticothérapie peropératoire.
conventionnelle), utilisés par certaines équipes, ne semblent modifier En postopératoire immédiat, ce sont les accès de toux, de nausées et
ni les suites opératoires ni la durée de l’intervention elle-même. [14, surtout de vomissements. La répétition de ces derniers doit être
15]
prise en considération car ils peuvent être la manifestation d’une
L’utilisation des lasers a également été proposée dans l’espoir acétonémie et contribuent à accentuer la déshydratation de l’enfant.
d’améliorer la morbidité en termes de saignement et de douleur. Le Un antinauséeux type ondansétron (ZophrenTM) peut être prescrit
laser KTP est très décevant car s’il paraît diminuer légèrement le chez l’enfant de plus de 2 ans à la dose de 0,1 mg/kg en injection
saignement en cours d’intervention il majore largement les douleurs intraveineuse lente unique (maximum 4 mg). Au-delà de 15 ans, 4
postopératoires. [16] Le laser argon, utilisé uniquement à visée mg par voie intraveineuse lente sont prescrits.
hémostatique, semble tenir ses promesses en diminuant
significativement les saignements peropératoires. [17] ¶ Complications chirurgicales
Pour mémoire, certains auteurs ont proposé la réalisation d’une Elles sont classées en immédiates, secondaires et tardives en fonction
cryothérapie en peropératoire visant à diminuer les phénomènes de leur moment de survenue.
douloureux grâce à l’application de deux aiguilles réalisant un
thermocouple faisant chuter la température des tissus en contact Complications immédiates
entre - 20 °C et - 32 °C pendant une minute. [18]
Hémorragie. Quel que soit son moment d’apparition, elle réalise la
Période postopératoire complication la plus fréquente et la plus redoutable. [21, 22] Il ne faut
absolument pas la négliger car elle peut être la source de
Une fois l’intervention terminée, l’extubation est réalisée sur table complications gravissimes qui peuvent conduire au décès. Son
d’opération dans les 5 minutes suivant une dernière vérification des évaluation est souvent hasardeuse car l’enfant est difficile à
loges amygdaliennes. La surveillance postopératoire se fait en salle examiner. Il ne coopère pas ou peu en fonction de la douleur et de
de réveil pendant une demi-heure environ, puis l’enfant regagne sa son état général, et il déglutit volontiers le sang pharyngé donnant
chambre. Il est autorisé à boire des liquides frais 3 heures après un aspect rassurant à l’examen. Chez l’adulte et l’adolescent, le
l’intervention. Une alimentation liquide ou pâteuse est permise le diagnostic est plus aisé, car la coopération est possible et la
soir de l’intervention. Les autorisations de sortie des enfants sont, déglutition sanguine peu importante. Plusieurs facteurs de risques
comme pour l’amygdalectomie au Sluder, variables selon les ont été notés comme l’âge, le sexe féminin, la longueur de
chirurgiens et les lieux de soins. Notre attitude actuelle est de garder l’intervention, mais les facteurs de risques essentiels sont les
les patients hospitalisés la nuit de leur intervention, la sortie étant hémostases incomplètes et les coagulopathies. [23]
autorisée le lendemain matin après visite du chirurgien et de
l’anesthésiste. La prescription médicale et les suites postopératoires Les hémorragies immédiates sont les plus fréquentes [22] et
sont identiques à celles de l’amygdalectomie au Sluder. surviennent alors que l’enfant est encore au bloc opératoire, soit sur
la table d’opération, soit en salle de réveil. Elles proviennent le plus
souvent des pédicules vasculaires de l’amygdale ; elles se révèlent
AMYGDALECTOMIE INTRACAPSULAIRE généralement par un saignement en jet qui impose une reprise
Ce type de technique consiste à réaliser un « évidement » chirurgicale immédiate. Ce peut être aussi un saignement en nappe
amygdalien sans toucher à la capsule. L’exérèse du tissu lymphoïde provenant des tranches de section muqueuse et sa persistance au
étant par définition incomplète, l’amygdalectomie intracapsulaire bout de quelques minutes impose ici aussi une reprise chirurgicale
n’est pas indiquée en cas d’intervention pour angines à répétition sous anesthésie générale avec intubation.
ou phlegmons périamygdaliens. Seules les indications respiratoires Traumatismes dentaires ou luxation des dents. Ces complications
sont concernées. L’objectif avoué de ce concept d’amygdalectomie sont la résultante de l’intubation ou de la mise en place de l’ouvre-
est de diminuer les complications douloureuses et hémorragiques. bouche, et sont plus fréquemment rencontrées lors des
Deux systèmes sont utilisés à ce jour : le microdébrideur [19] et la amygdalectomies en dissection que lors des amygdalectomies au
radiofréquence. [20] Dans les deux cas, le patient est installé en Sluder. Elles touchent essentiellement les dents de lait et doivent
position de Rose, comme pour une amygdalectomie extracapsulaire rendre particulièrement vigilant à ce que le fragment dentaire ne
sous intubation. migre pas dans l’arbre respiratoire.
L’utilisation du microdébrideur avec des lames adaptées à la Plaies vélaires ou vélopharyngées. Ce sont des incidents
chirurgie amygdalienne permet un évidement intracapsulaire avec généralement secondaires aux amygdalectomies au Sluder sous la
une irrigation continue. Le problème de l’hémostase est résolu par forme d’amputation de la luette, de déchirure ou perforation du
l’utilisation à la demande d’une pince bipolaire. pilier antérieur. Ces plaies peuvent être responsables d’hémorragies
10
Techniques Chirurgicales Adénoïdectomie. Amygdalectomie 46-330
et de cicatrices vicieuses. Leur réparation chirurgicale n’est pas Dans certains cas, une embolisation par angiographie peut être
systématique en l’absence de trouble de la voix. nécessaire. [25]
Effractions des espaces parapharyngés. Elles surviennent Complications infectieuses. Elles sont en principe prévenues par
essentiellement dans les cas d’amygdalectomie difficile, comme par l’antibiothérapie per- et postopératoire. L’infection des loges
exemple celle pour phlegmon où le plan de clivage entre amygdale amygdaliennes se traduit par une hyperthermie associée à des
et loge a disparu. Sa recherche peut entraîner une dilacération des douleurs et notamment des otalgies. Les phlegmons postopératoires
muscles pharyngés avec les risques hémorragiques que cela des espaces parapharyngés sont exceptionnels actuellement. Ils
comporte. Ce risque peut être contrôlé par une dissection soigneuse peuvent être rencontrés après des plaies des parois latérales de la
à l’aide de la bipolaire et d’une compresse humide. Si une hémostase loge et des dilacérations des espaces parapharyngés. Ici aussi,
est nécessaire, l’utilisation de points en croix avec un fil résorbable l’antibiothérapie locale et générale postopératoire peut les prévenir.
type Vicrylt est recommandée. Les bronchopneumopathies et abcès du poumon ont disparu. Ils
Complications secondaires étaient essentiellement le fait d’inhalations de sang à l’occasion
d’amygdalectomie au Sluder sans protection des voies aériennes.
Hémorragies. Il faut distinguer les hémorragies qui surviennent
dans les heures qui suivent l’intervention chirurgicale et celles ayant
lieu dans les jours suivants. En postopératoire immédiat, 90 % Complications à long terme
environ des saignements surviennent avant la sixième heure, mais Les modifications de la voix sont une séquelle inconstante liée à une
certains épisodes hémorragiques peuvent être notés jusqu’à la modification des résonateurs pharyngés. En dehors des problèmes
douzième heure. Ces saignements sont essentiellement le fait cicatriciels du voile et des loges amygdaliennes, il faut connaître
d’hémostases incomplètes imposant une reprise chirurgicale rapide. l’existence d’une rhinolalie postopératoire régressive après
S’agissant des hémorragies à distance, elles se situent généralement amygdalectomie ayant porté sur des amygdales particulièrement
entre les cinquième et quinzième jours, et sont dues à la chute volumineuses.
d’escarres. Un cas à 38 jours est même rapporté dans une série. [24] La sténose oropharyngée est une complication rare, surtout
Leur simple évocation par téléphone doit imposer de revoir le
rencontrée après l’amygdalectomie au Sluder qui a entraîné une
patient. L’épisode hémorragique peut avoir été peu important et
dilacération et une cicatrisation vicieuse des piliers. Son traitement
l’examen ne retrouver que des loges amygdaliennes en voie de
est chirurgical, reposant sur une pharyngoplastie d’élargissement.
cicatrisation ; mais il peut aussi révéler un caillot dans une loge :
L’insuffisance vélaire doit être séparée en insuffisance vélaire
– soit il est peu important, l’état général de l’enfant correct, et une
fonctionnelle transitoire, qui se rencontre en postopératoire
surveillance médicale doit être instituée, car si l’hémorragie se
immédiat et qui est le fait d’une contraction réflexe de la sangle
répétait il faudrait alors vérifier chirurgicalement les loges
musculaire vélopharyngée, et en insuffisance vélaire définitive,
amygdaliennes ;
résultant d’une résection excessive des piliers sur un voile
– soit il est très volumineux, obstruant le pharynx, et mieux vaut constitutionnellement court.
programmer une reprise chirurgicale immédiate, car l’hémorragie
classiquement entretenue par le caillot ne se tarira pas d’elle-même Les amygdalectomies incomplètes (exception faite des techniques
et exposera le patient à un tableau hémorragique grave intracapsulaires) existent essentiellement au cours des
secondairement. amygdalectomies au Sluder et portent surtout sur le pôle inférieur
Ces reprises sont généralement difficiles car elles portent sur des qui a échappé à la lame. Génératrices d’hémorragies dans les suites
tissus friables et sphacélés ; en cas d’échec avec la pince bipolaire, immédiates, les amygdalectomies incomplètes peuvent passer
les ligatures doivent être placées sans traction pour éviter toutes inaperçues et se révéler à distance par une reprise des angines.
déchirures musculaires, sources à leur tour de phénomènes Parmi les complications peu fréquentes, il faut citer les lésions du
hémorragiques. grand hypoglosse [26] et du nerf lingual. [27]
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11
¶ 46-310
L’insuffisance vélopharyngée est une entité clinique complexe qui apparaît quand le voile du palais et les
parois pharyngées latérales et postérieure ne produisent pas une séparation parfaite entre les cavités
nasale et orale pendant la phonation et la déglutition. La fermeture vélopharyngée est d’abord un
mécanisme sphinctérien avec deux composantes : vélaire et pharyngée. Le mouvement vélaire est
déterminé principalement par l’action du muscle élévateur du voile. Le mouvement pharyngé est
dépendant de la contraction du muscle constricteur supérieur et palatopharyngien. Quand une des deux
composantes est déficitaire, il en résulte un défaut de fermeture qui perturbe quatre grandes fonctions : la
phonation, la déglutition, la respiration et l’audition. L’approche diagnostique et thérapeutique doit être
un travail d’équipe multidisciplinaire. Trois examens sont indispensables dans l’évaluation préopératoire
de l’insuffisance vélopharyngée : le bilan phoniatrique, la fibroscopie nasopharyngée et la
vidéofluoroscopie. Les principales méthodes thérapeutiques disponibles à ce jour incluent traitement
médical et traitement chirurgical. Les techniques chirurgicales les plus utilisées actuellement sont la
pharyngoplastie par lambeau pharyngé postérieur à pédicule supérieur et différentes variantes de
sphinctéroplasties.
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Tableau 1.
Rappel anatomique du voile du palais.
Muscles vélaires 1. Muscle tenseur
2. Muscles élévateurs (péristaphylins)
3. Muscle abaisseur
- palatopharyngien (pharyngostaphylin)
- palatoglosse (glossostaphylin)
4. Muscle uvulaire
Vascularisation Artères Veines Lymphatiques
-Palatine ascendante - Face nasale : plexus ptérygoïdiens - Face nasale : ganglions cervicaux pro-
fonds supérieurs et ganglions rétro-
pharyngiens
-Palatine descendante
-Artère des canaux ptérygoïdiens - Face buccale : veines de la base de la langue - Face buccale et piliers : ganglions ju-
gulocarotidiens hauts
-Palatovaginale
Innervation Sensitive Motrice
V, IX V, X
Évaluation
(par équipe multidisciplinaire)
Diagnostic d'IVP
+ -
Rééducation
orthophonique
Tableau 2.
Bilan complémentaire de l’insuffisance vélopharyngée.
Techniques instrumentales directes Techniques instrumentales indirectes Examens audiologiques
1. Nasofibroscopie 1. Données des structures et de la cinétique vélopharyngées 1. Audiométrie
-nasofibroscopie avec photodétection
-électromyographie
-transduction de mouvement
2. Examens radiologiques 2. Données des effets de la fonction vélopharyngée sur d’autres 2. Impédancemétrie
paramètres physiologiques
-céphalométrie -tests aérodynamiques
-vidéofluoroscopie -test acoustique
-IRM -spectrographie
IRM : imagerie par résonance magnétique.
Fibroscopie nasopharyngée
Cet examen est indispensable dans le diagnostic et l’évalua- Antérieur Antérieur
C D
tion de l’insuffisance vélopharyngée. L’examinateur doit
analyser les mouvements des différents constituants du sphinc-
ter vélopharyngé. On peut ainsi établir le type de ferme- Figure 4. Types de fermeture vélopharyngée.
ture [6] (coronale, circulaire, circulaire avec bourrelet de A. Coronal.
Passavant, sagittale) (Fig. 4) ainsi que la contraction du muscle B. Sagittal.
azygos de la luette, sous forme d’un bourrelet médian. L’absence C. Circulaire.
de ce bourrelet est pathognomonique des fentes vélaires sous- D. Circulaire avec anneau de Passavant.
muqueuses. On évalue également le volume des végétations et
leur rôle dans la fermeture et le rapport entre le pôle supérieur
de l’amygdale et le nasopharynx. L’examen doit être enregistré pharynx. Sur l’incidence de Towne et l’incidence de face, on
afin de pouvoir le visualiser et effectuer des mesures. Des voit les mouvements des parois pharyngées latérales et le
limitations de la fibroscopie nasopharyngée ont été décrites [7]: caractère symétrique ou non de celles-ci. [2] Le degré de mouve-
la dimension de l’orifice vélopharyngé est exprimée le plus ment latéral pharyngé s’étend de 0 (aucun mouvement pendant
souvent en pourcentage ; l’incapacité d’identifier les petits
la respiration calme) à 5 (mouvement maximal). On peut alors
orifices vélopharyngés ou leur emplacement exact anatomique ;
mesurer, en fonction des mouvements des parois pharyngées
la collaboration du patient est un facteur critique qui limite
latérales, la largeur nécessaire d’un lambeau pharyngé (Fig. 5).
l’utilisation de la nasofibroscopie chez l’enfant. Le fibroscope est
Il existe une bonne corrélation entre les résultats de la vidéo-
indispensable et complémentaire de la fluoroscopie. [8, 9]
fluoroscopie et ceux de la nasopharyngoscopie, mais sans
atteindre une corrélation parfaite. Ces deux examens sont donc
Vidéofluoroscopie
indispensables dans le bilan d’une insuffisance
C’est un autre examen clé du bilan d’une insuffisance vélopharyngée. [13]
vélopharyngée. La radiographie « dynamique » a été introduite
dans le but d’étudier la mobilité du voile. Cette méthode a des Imagerie par résonance magnétique (IRM)
avantages : l’irradiation est 10 fois moindre que celle de la
cinéfluoroscopie ; il peut être enregistré et permet une évalua- Récemment, l’IRM a été proposée comme une approche
tion dans les trois plans de l’espace ; une vue dynamique alternative aux modalités standards de vidéofluoroscopie et
globale pendant la chaîne parlée est possible. [10-12] C’est fibroscopie nasopharyngée. [14-16] Une méthode comparable à
l’examen le plus fiable pour étudier le fonctionnement du voile celle développée pour l’image du cœur battant a été employée
en phonation et il permet de choisir une technique chirurgicale. pour étudier le fonctionnement du voile. [17] L’IRM ne délivre
Sur la vue latérale, on visualise la position du voile au repos et pas de radiations ionisantes. En revanche, l’acquisition de
en phonation, sa longueur, son épaisseur, le défaut de fermeture données est relativement longue. L’acquisition de l’image est
éventuelle du sphincter vélopharyngé, la taille des végétations faite en plan sagittal, axial du voile (alignée perpendiculaire « au
adénoïdes, le bourrelet de Passavant, la profondeur du rhino- genou » du voile), axial et coronale. Des reconstructions ont
“ Point fort
rieur du voile. L’examen du palais, en cas d’insuffisance
vélopharyngée résiduelle après une réparation primaire, révèle
souvent un palais cicatriciel, des bandes de muscles élévateurs
Traitement médical. n’ayant pas été correctement réinsérées. De même, les patients
Rééducation orthophonique : essentielle en pré- et en qui présentent une fente palatine sous-muqueuse et une
insuffisance vélopharyngée symptomatique sont des candidats
postopératoire.
potentiels à la palatoplastie de Furlow à cause de l’orientation
Réactions contrôlées visuellement : très utiles en cas
sagittale de ce muscle. [28-30] Ces procédures réalignent les
d’hypoacousie. muscles élévateurs dans une meilleure position pour créer un
Pression nasale continue positive : difficilement applicable muscle plus fort avec une action plus physiologique. [31, 32] Il y
chez les enfants en bas âge. a aussi un allongement de voile du palais par une plastie en
Prothèses : en cas de contre-indication chirurgicale double Z sur les faces orale et nasale du voile. Les parois
temporaire. pharyngées latérales sont rapprochées, puisque une plastie en Z
augmentera la longueur en diminuant la largeur. Les indications
sont les suivantes [28]: l’insuffisance vélopharyngée marginale
indépendamment de l’âge du patient ; le jeune enfant avec un
Techniques : avantages, désavantages, problèmes défaut de fermeture sphinctérienne de moins de 5 mm indé-
techniques, résultats, complications pendamment du modèle de fermeture ; des bandes musculaires
mal placées dans un palais court avec bon mouvement des
Véloplasties
parois pharyngées latérales (plus de 0,375 mm). La technique ne
Les véloplasties sont des techniques chirurgicales qui agissent doit pas être utilisée chez les patients qui ont déjà été opérés
sur le voile du palais avec le projet d’allonger le voile par par cette procédure ou chez les patients qui ont un voile du
décalage des lambeaux vers l’arrière ou en utilisant le principe palais anatomiquement normal, car la plastie en Z sectionnerait
du push-back. Le grand désavantage de ces procédures est que transversalement et diminuerait la valeur fonctionnelle des
l’allongement obtenu est en grande partie annulé à moyen muscles palatins. Cette procédure a été utilisée initialement
terme en raison de la rétraction secondaire cicatricielle. La pour la réparation primaire des fentes palatines. Randall et
technique type push-back a été développée par Dorrance. al. [33] ont rapporté cette utilisation pour les insuffisances
L’efficacité de cette technique est limitée par l’effet d’attache- vélopharyngées résiduelles. La technique chirurgicale est
ment des vaisseaux palatins et par la cicatrisation secondaire. comparable à la technique décrite par Furlow (Fig. 6). [31, 32, 34]
Millard [22] a décrit un lambeau mucopériosté de la partie Le voile est incisé le long de la cicatrice de la staphylorraphie
antérieure du palais osseux en « îlot » avec un seul grand primaire ; cette incision correspond au bras central de la plastie
pédicule neurovasculaire palatin. Ce lambeau a été utilisé pour en Z ; les incisions latérales de la muqueuse orale s’étendent
couvrir la surface cruentée nasale après push-back. Moore et au-delà de l’hamulus ptérygoïdien. Les muscles sont inclus dans
Chong [23] ont décrit la technique « sandwich push-back » le lambeau buccal à base postérieure ; une contre-incision est
utilisant les lambeaux mucopériostés de Millard basés sur les conseillée à l’extrémité de l’incision latérale pour augmenter la
deux pédicules neurovasculaires palatins. Ces techniques sont mobilité du lambeau. Une image en miroir de la plastie en Z
actuellement très peu utilisées.
orale est créée sur le côté nasal. Du côté nasal, les lambeaux
L’inconvénient majeur concernant le palais osseux dénudé
sont plus grands que ceux de côté oral du fait d’une meilleure
avec son impact sur la croissance faciale a été surmonté par
élasticité. Les lambeaux nasaux sont transposés et suturés en
l’utilisation des lambeaux musculomuqueux de buccinateurs en
premier puis les lambeaux oraux. [35] Pour la technique de
« sandwich ». [24] L’anatomie et le potentiel clinique du lambeau
Furlow, les résultats varient. Sie [36] a obtenu dans 40 % des cas
musculomuqueux de buccinateur ont été décrits par Bozola. [25]
la résolution complète en contraste avec des taux de succès plus
Il a été utilisé pour la réparation primaire des fentes palatines
favorables publiés par d’autres auteurs. [28, 30] De même,
et pour la réparation des fistules. Hill [26] a préconisé l’utilisation
Chen [37] a obtenu chez 89 % des patients une correction
de cette technique dans la chirurgie secondaire pour la correc-
adéquate et a conclu que le défaut de fermeture du sphincter
tion des insuffisances vélopharyngées. On décrit cette technique
vélopharyngé préopératoire semble être le paramètre le plus
qui paraît avoir des avantages dans certains cas sélectionnés
(voile court). La jonction entre le palais dur et mou est divisée, important pour le succès chirurgical. Les avantages de cette
détachant le voile du palais vers l’arrière et créant un hiatus qui technique incluent le fait que : les procédures n’élèvent pas le
sera reconstruit avec des lambeaux bilatéraux de buccinateur. Ce mucopérioste et il n’y a aucune bande attachant le maxillaire
lambeau est vascularisé par l’artère buccinatrice, une branche de supérieur à la paroi pharyngée postérieure comme dans l’utili-
l’artère maxillaire interne. Le lambeau est prélevé dans la partie sation des lambeaux pharyngés postérieurs. La palatoplastie de
centrale de la joue, au-dessous de la papille parotidienne Furlow peut aussi éviter les problèmes d’obstruction des voies
incluant la pleine épaisseur du muscle buccinateur. Le premier aériennes en postopératoire. Aucune complication chirurgicale
lambeau levé est suturé avec la surface de la muqueuse vers le comme l’hémorragie postopératoire, la nécrose de lambeau, des
haut dans la partie nasale du defect. L’autre lambeau est suturé fistules oronasales ou des problèmes d’obstruction n’a été
avec la partie muqueuse vers le bas dans la partie orale du identifiée. L’effet à long terme est inconnu. Il y a eu quelques
defect. Les sites donneurs sont fermés directement par rappro- cas de détérioration de la fonction vélopharyngée. Il semble que
chement du muscle buccinateur restant. Le lambeau est visible les végétations adénoïdes subissant une involution aient
comme une île de muqueuse à la jonction du palais dure et du déterminé une détérioration de la fermeture vélopharyngée. [38]
palais mou. Ses avantages par rapport aux techniques les plus Pharyngoplasties
utilisées actuellement (lambeau pharyngé postérieur et sphinc-
téroplastie) sont : la fiabilité du lambeau bien établie, la Les pharyngoplasties sont des techniques chirurgicales qui
technique du prélèvement bien codifiée, l’absence de rhinolalie agissent uniquement au niveau des parois pharyngées, latérales
fermée postopératoire. Son avantage par rapport aux techniques et postérieures avec un double but : diminuer les diamètres de
préexistantes de push-back est que le palais est allongé sans l’oropharynx, particulièrement au niveau des gouttières latérales
aucune exposition de mucopérioste. En outre, la muqueuse rhinopharyngées, et créer un bourrelet au niveau de la paroi
palatine et nasale est remplacée par la muqueuse adjacente pharyngée postérieure. Deux grands types de pharyngoplasties
orale, permettant une cicatrisation sans contracture. ont été décrits : statique et dynamique.
Une autre technique de véloplastie toujours utilisée est la Pharyngoplastie statique ou d’augmentation. Il s’agit des
palatoplastie décrite par Furlow. Dans un palais anatomique- techniques d’implantation, dans la paroi pharyngée postérieure,
ment normal, les fibres musculaires de la partie centrale des de matériaux divers destinés à réduire la distance entre le voile
muscles élévateurs sont dans une position transversale. [27] Sa mou et la paroi pharyngée. Les matériaux inertes (Silicone®,
Téflon®) ont été abandonnés en raison des complications ou de obstructive du sommeil, d’asthme et également dans les cas
leur effet à long terme. Les matériaux organiques (graisse, d’insuffisance vélopharyngée « syndromique » pour lesquels le
cartilage, collagène) sont d’utilisation limitée. Le principal clinicien peu avoir des réserves vis-à-vis d’un lambeau pharyngé.
reproche est la résorption à long terme. L’implantation de Pharyngoplasties dynamiques ou sphinctéroplastie. Les
cartilage costal garde quelques indications. La technique est sphinctéroplasties sont des techniques chirurgicales qui ont
assez simple. L’implantation est réalisée au niveau du point de comme projet la reconstitution d’un véritable sphincter oro-
contact du voile sur la paroi pharyngée postérieure qui est pharyngé de dimension réduite. Hynes [40] a décrit la première
déterminé en préopératoire. En cas d’implant solide, une simple intervention chirurgicale qui vise la création d’un nouveau
incision transversale est réalisée sur la paroi pharyngée posté-
sphincter. Un lambeau musculaire qui contient les muscles
rieure, la muqueuse est décollée et l’implant est introduit dans
salpingopharyngé, palatopharyngé et une partie du constricteur
le fourreau muqueux. L’incision est ensuite suturée. En cas
supérieur est transplanté et inséré dans un defect créé dans la
d’injection, celle-ci est réalisée au même endroit et la quantité
injectée est modulée en fonction de l’hiatus vélopharyngé. paroi pharyngée postérieure. Cette technique n’est pas une
Les auteurs utilisant comme matériel d’implantation le véritable pharyngoplastie dynamique. Elle est surtout un simple
cartilage costal homologue [39] ont souligné les avantages de épaississement postérieur statique. Orticochea est le premier qui
cette technique : il n’y a aucune modification de la voie a présenté le concept d’un sphincter dynamique avec le voile
aérienne nasale, de la physiologie du nasopharynx ou du antérieur, les parois pharyngées latéralement et le constricteur
mécanisme vélopharyngé. Les autres techniques restent une supérieur sur la paroi pharyngée postérieure. [41] Il réalise une
option si un résultat satisfaisant n’a pas été obtenu, le matériel transposition du muscle pharyngostaphylin inclus dans le pilier
d’implantation est aisément disponible et il y a peu d’infection postérieur de l’amygdale. L’entrecroisement et la suture des
et de résorption comparé à d’autres matériels. Cette technique piliers homologues sur la ligne médiane crée un véritable
peu invasive est souvent indiquée dans un contexte d’apnée sphincter dynamique (Fig. 7). Des différences importantes par
rapport à la technique de Hynes sont décrites. [42] Première- être modifiés pour s’adapter au besoin de chaque patient. Le
ment, l’insertion des lambeaux sur la paroi pharyngée posté- chirurgien détermine le niveau auquel le sphincter est créé. Un
rieure se fait beaucoup plus bas, au-dessous de site normal de lambeau unilatéral peut être utilisé dans le cas des patients avec
fermeture vélopharyngée. Deuxièmement, sur la paroi pharyn- une fermeture vélopharyngée asymétrique. Idéalement, le
gée postérieure, est réalisé un lambeau à charnière inférieure où niveau du sphincter doit être placé là où le voile entre en
les lambeaux latéraux sont suturés. En outre, Orticochea utilise contact avec la paroi pharyngée postérieure, en se basant sur les
cette technique systématiquement dans tous les cas de fente images latérales de la vidéofluoroscopie. Les études de Moss et
palatine, 6 mois après la réparation du palais dur. al. [45] et de Riski et al. [46] ont suggéré que la pharyngoplastie
Variantes techniques. Les variantes de pharyngoplasties sont d’Orticochea n’a pas donné initialement de très bons résultats
extrêmement nombreuses. parce que le sphincter était placé au-dessous du niveau présumé
Riski [43] utilise la technique d’Orticochea mais il fixe les de contact entre le palais et la paroi postérieure pharyngée.
lambeaux sur la paroi pharyngée postérieure beaucoup plus Riski [43] a obtenu 93 % de résolution de la rhinolalie ouverte
haut dans le nasopharynx, au niveau de la fermeture vélopha- quand les lambeaux ont été fixés au niveau du point de contact
ryngée. Une modification significative de la technique d’Ortico- vélopharyngé et 62 % de résolution quand le sphincter a été
chea a été rapportée par Jackson et Silverton. [44] Ils ont décrit créé au-dessous de ce point.
deux lambeaux bilatéraux à charnière supérieure qui contien- Il est très difficile de conclure au sujet de la méthode la plus
nent les piliers postérieurs amygdaliens et incorporent aussi les efficace car il n’existe pas de protocole d’évaluation préopéra-
muscles palatopharyngiens. Les auteurs considèrent que l’utili- toire standardisé et d’évaluation homogène des résultats. À
sation du petit lambeau pharyngé postérieur d’Orticochea l’exception de quelques études, le succès chirurgical a générale-
positionne le sphincter trop bas et trop en arrière. Ils proposent ment été défini en termes imprécis « d’amélioration » contre « la
aussi de suturer les lambeaux latéraux l’un à l’autre sur la ligne résolution complète » et sans avoir une rhinolalie fermée. Selon
médiane. Cette technique permet d’assurer un positionnement la technique utilisée, le taux de « succès » varie entre 50 % et
plus haut des deux lambeaux latéraux. 91 %. [44, 46-49]
Orticochea [21] décrit les facteurs influençant le succès de la Complications. Les complications postopératoires après
sphinctéroplastie : le degré de l’insuffisance et la mobilité du sphinctéroplastie (lâchage de suture, hémorragie) sont rares, peu
sphincter, l’âge du patient (plus efficace pour les patients graves et souvent liées à des défauts techniques. Dans la
jeunes) ; la compliance à la rééducation orthophonique ; la littérature, on ne trouve pas beaucoup de références au sujet de
langue elle-même (quelques langues ont beaucoup de phonèmes l’obstruction des voies aériennes après une sphinctéroplastie.
nasaux, par exemple le français) ; les dimensions du pharynx. Witt et al. [47] ont démontré que cette complication peut
Un des avantages de la sphinctéroplastie est sa flexibilité. [36] La apparaître après une sphinctéroplastie mais pour une catégorie
largeur, la longueur et la position des lambeaux latéraux ainsi de patients considérés comme à « haut risque » de développer
que le degré de superposition des lambeaux transposés peuvent des troubles respiratoires en postopératoire. Ces patients sont
contre-indiqués pour le lambeau pharyngé postérieur mais sont Variantes techniques. Hogan [52] a introduit le concept de
des candidats potentiels pour la sphinctéroplastie. « contrôle » des orifices latéraux. Il a décrit un lambeau pha-
Un problème particulièrement discuté dans la littérature est ryngé postérieur suturé sur le voile et le placement de deux
celui de la mobilité postopératoire du sphincter. Witt et al. [50] cathéters de 4 mm d’un côté et de l’autre de ce lambeau pour
ont retrouvé une différence de mobilité postopératoire du calibrer les deux orifices latéraux. Shprintzen [53] a introduit le
sphincter quantifiable et significative. Les résultats fonctionnels concept de tailoring du lambeau pharyngé postérieur qui est
sont corrélés avec la mobilité du sphincter. Les patients qui mesuré et taillé en fonction du degré de mouvement des parois
présentent, en vidéofluoroscopie, un degré de fermeture de plus pharyngées latérales. Une des dernières techniques proposées
de 64 %, ont un très bon résultat fonctionnel postopératoire. actuellement est celle de Johns [54] qui consiste en un lambeau
Ceci est confirmé par d’autres études. [51] L’auteur explique ce
pharyngé postérieur à charnière supérieure (Fig. 11). La diffé-
fait par l’action différente musculaire : dans une position
rence vient de son raccordement au voile. Une incision trans-
anatomique normale, le muscle palatopharyngien agit comme
versale en pleine épaisseur est faite dans la partie postérieure du
un antagoniste des muscles élévateurs. Quand il est transposé,
les muscles élévateurs actionnent sans antagonisme et donc ont voile approximativement 1,5 à 2 cm en avant de la partie
une action plus importante. distale du voile. Le lambeau est passé alors dans cet espace et
fixé sur la base prenant le voile en « sandwich ».
Vélopharyngoplasties Comme pour la pharyngoplastie, les résultats de vélopharyn-
Ce sont des interventions qui agissent sur toutes les compo- goplastie sont variables selon la technique avec un taux de
santes du sphincter vélopharyngé associant au recul vélaire un succès maximal de 98 %. En général, le taux de succès, en
verrouillage de celui-ci par un lambeau pharyngé et un rétrécis- termes d’amélioration, est autour de 80 %. [55-59] Les auteurs qui
sement de l’orifice vélopharyngé. L’allongement du voile est ont utilisé les deux types de lambeaux (à charnière supérieure
assuré par la méthode classique du push-back. Le lambeau ou inférieure) n’ont pas retrouvé de différences entre les deux
pharyngé postérieur a pour but de retenir et de verrouiller le techniques. Utilisant la technique de lambeau postérieur en
voile vers l’arrière. Le plus souvent, on utilise un lambeau « sandwich », tous les patients ont bénéficié d’une amélioration
vertical : à pédicule inférieur dérivé de la technique de Rosen- de la rhinolalie ouverte et de la mimique faciale et 87 % ont
thal et à pédicule supérieur dérivé de la technique de obtenu une résonance postopératoire normale. [54]
Sanvenero-Roselli. Le plus utilisé actuellement est le lambeau à Complications. L’obstruction des voies aériennes est une
pédicule supérieur. La technique comporte trois temps chirurgi- complication bien reconnue avec une incidence d’environ
caux principaux : réalisation du lambeau pharyngé postérieur à
10 %. [60-62] En postopératoire immédiat, les patients peuvent
pédicule supérieur (Fig. 8), temps palatin qui a pour but
présenter des troubles respiratoires obstructifs mais la majorité
d’obtenir un recul maximal du voile (Fig. 9) et mise en place
des symptômes disparaissent à moyen terme. [63-65] Dans chaque
des lambeaux (Fig. 10).
étude, un petit pourcentage de patients a démontré un degré tive du mouvement des parois pharyngées latérales vers la ligne
d’obstruction suffisamment sévère pour déterminer une révision médiane. Les patients dont l’activité est limitée en préopératoire
chirurgicale. [66] Les autres complications sont rares, plus ou ont retrouvé en postopératoire une augmentation de cette
moins importantes. Les hémorragies sont rares mais elles activité, meilleure en présence d’un lambeau étroit qu’en
peuvent nécessiter une reprise ou une transfusion. Le décolle- présence d’un lambeau large. Au contraire, chez les patients
ment secondaire du lambeau palatin est un incident bénin. La présentant une activité des parois pharyngées latérales pronon-
pression linguale suffit pour sa réapplication spontanée en cée en préopératoire, le lambeau a créé un obstacle et l’activité
quelques jours. Le lâchage de sutures au niveau du lambeau a diminué, surtout en présence d’un lambeau large. Vande-
pharyngé est lié souvent à une faute technique conduisant à voort [68] a étudié le degré de rétraction postopératoire du
l’échec de l’opération et nécessitant une reprise chirurgicale. La lambeau et son effet sur le résultat fonctionnel. Il a montré que
perforation résiduelle antérieure après incision de Wardill et en le lambeau se rétracte et ne mesure, à 6 mois postopératoires,
cas de fente osseuse allant jusqu’au foramen incisif nécessite qu’environ 45 % de la largeur de la paroi pharyngée postérieure.
une reprise après l’éruption des incisives permanentes. Son étude a démontré qu’il n’y avait aucun rapport entre la
Un des problèmes très discutés concernant la vélopharyngo- largeur du lambeau résiduel et les résultats fonctionnels.
plastie est le principe de tailoring. Depuis que Shprintzen a lancé L’explication la plus probable est l’adaptation des mouvements
ce concept, plusieurs auteurs l’ont testé est ont obtenu de bons de la paroi pharyngée latérale à la largeur du lambeau. Ces deux
résultats, mais d’autres études ne le confirment pas. [48] Kar- dernières études suggèrent qu’il n’est pas nécessaire de tailler
ling [67] a étudié l’adaptation de mouvement des parois pharyn- très précisément le lambeau en fonction des mouvements de la
gées latérales après la mise en place d’un lambeau pharyngé paroi pharyngée latérale et le principe de tailoring n’est donc pas
postérieur. Il a montré une adaptation statistiquement significa- fondamental pour tous les auteurs.
Indication thérapeutique
Le choix de la technique chirurgicale est difficile. Lors de la
phonation, le voile et les parois pharyngées latérales se dépla-
“ Point fort
cent de manière synchrone à un niveau spécifique pour séparer
les cavités orale et nasale. Le voile du palais se déplace vers le Indications du traitement chirurgical.
haut et en arrière pour prendre contact avec la paroi postérieure Véloplastie : défaut de fermeture < 5 mm, fente palatine
pharyngée au niveau de l’arc antérieur de C1. Le lambeau opérée ou fente sous-muqueuse, mouvement des parois
pharyngé postérieur détermine une occlusion de la partie pharyngées latérales normal.
centrale de l’isthme vélopharyngé. Quand il est nécessaire de Pharyngoplastie statique : maladies neurologiques,
séparer les cavités buccale et nasale, la contraction des parois syndromes complexes (rééducation difficile et trouble de
pharyngées latérales vient fermer les deux orifices latéraux créés motilité vélaire et pharyngée).
par la mise en place des lambeaux pharyngés. Logiquement, Pharyngoplastie dynamique : longueur et mobilité du
l’indication du lambeau pharyngé postérieur est l’association voile normales ; mouvement des parois pharyngées
d’un palais court et/ou hypomobile et d’un bon mouvement des
latérales limité.
parois pharyngées latérales. Le transfert musculaire est fait pour
rétrécir l’isthme vélopharyngé, produisant un sphincter dyna- Vélopharyngoplastie : voile du palais court +/-
mique. Cela permet à un voile du palais de longueur adéquate hypomobile ; mouvement de parois pharyngées latérales
et avec une bonne mobilité de s’élever. Cette technique est la normal.
plus appropriée chez les patients ayant des défauts de fermeture
latéraux du sphincter vélopharyngé en raison d’un mouvement
latéral pharyngé limité. Ce protocole thérapeutique est condi-
tionné par l’analyse sémiologique. La sélection des patients doit est assez subjective et basée sur la taille des amygdales et sur
être rigoureuse et en concordance avec les composantes défici- l’interférence de la fermeture vélaire. Les amygdales en place
taires du sphincter vélopharyngé et leur dégré de participation permettent de préserver le pilier postérieur amygdalien, qui est
dans la fermeture du sphincter. Ces critères sémiologiques sont utilisé pour créer les lambeaux dans la technique de sphincté-
obtenus en préopératoire pendant le bilan avec fibroscopie roplastie. En revanche, les amygdales peuvent obstruer les
nasopharyngée et vidéofluoroscopie. D’autres auteurs [69] orifices pharyngés latéraux, donc une amygdalectomie est
concluent dans leurs études que le choix idéal de la procédure souvent recommandée quand il existe une hypertrophie
n’est pas standardisé. Ces auteurs ont utilisé des critères notoire. Ce geste devra être pratiqué avec beaucoup de soin afin
endoscopiques de sélection préopératoires et leurs résultats ont de préserver les piliers postérieurs.
été comparables avec ceux des autres études qui n’ont pas
Autres considérations
utilisé ces critères.
Un autre facteur à considérer dans le planning préopératoire
Considérations préopératoires est l’obstruction respiratoire. Le placement d’un lambeau
pharyngé augmente le degré d’obstruction nasale et peut
Amygdalectomie et adénoïdectomie
aggraver une apnée du sommeil préexistante. Ceci est particu-
La nécessité de l’amygdalectomie et/ou de l’adénoïdectomie lièrement critique dans le syndrome de Pierre Robin ou syn-
est discutée. Dans le cas de pharyngoplastie, l’adénoïdectomie drome de Stickler, quand la rétrognathie peut entraîner une
facilite le placement des lambeaux latéraux pharyngés. Une obstruction des voies respiratoires. Ces patients sont considérés
contre-indication d’adénoïdectomie rend la suture des lambeaux à haut risque de développer une apnée obstructive du som-
à la paroi pharyngée postérieure très difficile. En général, le tissu meil. [47] L’examen pendant la période immédiate postnatale
adénoïdien a régressé à l’âge de l’indication chirurgicale. aussi bien que la présence d’anomalies congénitales peuvent
Les indications de l’amygdalectomie préopératoire varient et fournir des informations importantes prédictives quant au
sont dépendantes du degré d’obstruction. Cette considération potentiel des complications respiratoires après la chirurgie.
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F. Disant (francois.disant@chu-lyon.fr).
Service d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervicofaciale, Hôpital Édouard Herriot, 5, place d’Arsonval, 69003 Lyon, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Naiman A.-N., Disant F. Chirurgie de l’insuffisance vélaire. EMC (Elsevier SAS, Paris), Techniques
chirurgicales - Tête et cou, 46-310, 2006.
Chirurgie de l’oropharynx
(buccopharyngectomies)
Y. Mallet, J.-L. Lefebvre
Les cancers de l’oropharynx surviennent chez des patients généralement en mauvais état général et sont
régulièrement diagnostiqués tardivement. Par conséquent, les traitements entrepris sont lourds avec une
place prépondérante pour la chirurgie lorsque le patient est opérable et la tumeur résécable. Les
buccopharyngectomies sont bien codifiées et ne justifieraient pas à elles seules un énième article. En
revanche, les techniques de reconstruction se sont considérablement développées. La pensée chirurgicale
qui précède l’éventuel geste de reconstruction s’appuie sur une approche méthodique dans l’indication et
le choix du lambeau, ce que nous développerons. L’environnement de ce geste s’est profondément
modifié. Ces gestes complexes sont encadrés par une prise en charge de plus en plus pointue de l’état
général du patient. De plus, ils s’insèrent dans un plan de traitement associant une radiothérapie souvent
couplée à une chimiothérapie dont les modalités ont, là aussi, fortement évolué cette dernière décennie.
La buccopharyngectomie et sa reconstruction sont essentielles dans la panoplie du chirurgien oncologue
offrant à nos patients les meilleures chances de guérison dans des conditions acceptables.
© 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
expliqué au patient. Cette discussion se fait à l’aune des Les curages sont régulièrement effectués avant l’exérèse
référentiels en cours ou des éventuelles études cliniques oropharyngée. Il est parfois nécessaire d’effectuer les exérèses
ouvertes. monobloc en emportant la pièce et les adénopathies en conti-
Le chirurgien dispose de différentes techniques chirurgicales. guïté immédiate.
Toutefois, l’ensemble de ces interventions présente des temps Le concept de ganglion sentinelle pour les petites tumeurs
communs. (T1, T2) de l’oropharynx sans adénopathie décelable par
l’examen clinique ou l’imagerie en coupe (cN0) est en plein
essor [3]. Compte tenu d’une valeur prédictive négative remar-
Préparation du patient quable (94-96 %) [3-5], cette technique serait susceptible d’éviter
Le principe d’une intervention ayant été retenu et le patient un grand nombre de curages à titre systématique pour les
l’ayant accepté, il convient de s’assurer de sa préparation à cN0 des patients traités pour des cancers limités de l’oropha-
l’intervention. Celle-ci comporte le contrôle des éventuels rynx. Cependant, cette technique, si elle est bien développée
désordres métaboliques (nutritionnels en particulier), la mise en pour les tumeurs de la cavité buccale, est encore en cours
état buccodentaire, l’assurance du sevrage alcoolotabagique. La d’évaluation pour l’oropharynx.
veille et le matin de l’intervention, les habituels soins d’hygiène
corporelle sont vérifiés avant l’admission au bloc opératoire. Soins postopératoires
Les drains aspiratifs sont retirés s’ils ont donné moins de
Installation 50 ml au cours des 24 dernières heures. L’antibiothérapie à visée
prophylactique est délivrée dès la prémédication et stoppée le
Le malade est installé sur la table opératoire en décubitus
lendemain de l’intervention (j1). Le patient est décanulé dès
dorsal. Il est intubé par voie classique (voie trachéale ou
qu’il tolère correctement la canule bouchée 24 heures d’affilée.
nasotrachéale) et l’anesthésie générale est conduite sous
La rééducation orthophonique est débutée à j5. La reprise de
ventilation contrôlée. Une sonde nasogastrique siliconée, de
l’alimentation a lieu aux alentours de j8. La sonde nasogastrique
petit diamètre, est placée de façon systématique et laissée en
est retirée dès que l’apport hydrique et calorique per os est jugé
siphonage durant l’intervention. Elle peut être fixée au seuil
suffisant.
narinaire à l’aide d’un fil. Elle est maintenue en place jusqu’à
la reprise d’une alimentation orale. Une sonde urinaire peut être
posée en fonction des antécédents du patient et de la durée Chirurgie en terrain irradié
prévisible de l’intervention. Les champs doivent être positionnés
en fonction des gestes à entreprendre. Les chirurgies de rattrapage ou pour une deuxième localisa-
tion métachrone sont désormais fréquentes après radiothérapie
exclusive ou radiochimiothérapie. Les techniques proposées
Trachéotomie dans cet article ne sont pas contre-indiquées dans ce cadre-là.
Cependant les suites opératoires sont plus délicates. En effet les
À l’exception des gestes très limités, l’intervention nécessite
risques d’œdème sont accrus, générateurs d’un rétrécissement de
la réalisation préalable d’une trachéotomie. Elle est justifiée par
la filière retardant la reprise de l’alimentation per os et le retrait
les risques de gêne respiratoire liée à l’œdème postopératoire du
de canule. Il peut exister un réel risque d’échec fonctionnel qu’il
carrefour oropharyngé, les difficultés d’expectoration dans les
faut prendre en compte. Enfin, les complications infectieuses et
suites opératoires immédiates et les possibles fausses routes lors
les souffrances de lambeau sont nettement plus fréquentes. Il est
de la reprise d’une alimentation orale. Le risque d’œdème est
nécessaire de prévenir les patients de ces risques et les informer
majoré en cas de chirurgie en terrain irradié ou de curage
d’une durée d’hospitalisation souvent prolongée [6].
appuyé uni- ou bilatéral. Une incision cutanée est dissociée de
l’incision cervicale des curages. Ceci permet de limiter significa-
tivement les décollements autour de la trachéotomie et donc les
risques d’infection du lit cervical à partir de cet orifice. Une ■ Buccopharyngectomies
sonde de Montendon est le plus souvent mise en place et sera
remplacée en fin d’intervention par une canule de trachéoto-
transmandibulaires
mie. La mise en place d’emblée d’une canule à ballonnet
Avec ou sans interruption de la continuité de l’arc mandibu-
amarrée à la peau permet d’éviter des manipulations trachéales
laire, ces interventions sont régulièrement proposées pour des
au réveil.
tumeurs développées aux dépens de la paroi oropharyngée
latérale.
Curages cervicaux, place du ganglion
sentinelle Buccopharyngectomie transmandibulaire
Les tumeurs oropharyngées ont comme caractéristiques non conservatrice (« COMposite resection
communes d’être très lymphophiles [1], en particulier dans les with MANDibulectomy Operation » :
régions les plus riches en réseau lymphatique, la base de langue COMMANDO)
et la loge amygdalienne [2].
Les différentes techniques d’exérèse tumorale proposées sont Indications
donc de façon quasi systématique associées à un curage cervical
uni- ou bilatéral. Si la lésion rejoint ou franchit une ligne Les indications de la COMMANDO sont essentiellement des
médiane (paroi pharyngée postérieure, voile, base de langue), tumeurs qui prennent naissance dans la loge amygdalienne et
un curage cervical bilatéral est régulièrement effectué. Les aires marquées par une infiltration des muscles masticateurs en
concernées sont : particulier les ptérygoïdiens latéraux et médians rejoignant la
• la région sous-mandibulaire (région Ib de la classification de face interne de l’angle mandibulaire. La tumeur est susceptible
l’American Academy of Otolaryngology – Head and Neck de s’étendre en haut dans le voile, franchir la charnière vélopa-
Surgery) ; latine, rejoindre en dehors la commissure intermaxillaire,
• l’aire sous-digastrique préspinale (région IIa) ; envahir en bas et en avant le sillon amygdaloglosse, le repli
• l’aire sous-digastrique rétrospinale (région IIb) ; amygdaloglosse et la partie postérieure du plancher. Vers la ligne
• l’aire sus-omohyoïdienne (région III) ; médiane, celle-ci est susceptible d’envahir en arrière la paroi
• l’aire sous-omohyoïdienne (région IV) ; pharyngée postérieure et plus en avant la base de langue
• l’aire spinale (région V). (Fig. 1). Il s’agit en règle de tumeurs volumineuses, infiltrantes,
Contre-indications
Figure 3. Section osseuse en décalage avec la section de la muqueuse
Cette intervention ne peut s’inscrire que dans un projet de de recouvrement mandibulaire. Dans le cas d’un mandibular swing,
résection carcinologique in sano. Par conséquent, une tumeur l’émergence et le canal du pédicule alvéolaire inférieur sont soigneuse-
trop étendue dans les espaces parapharyngés, en particulier vers ment préservés. 1. Muqueuse de recouvrement gingival ruginée ;
la base du crâne, remontant dans le rhinopharynx ou infiltrant 2. section osseuse ; 3. pédicule alvéolaire inférieur ; 4. muqueuse de
trop massivement la paroi pharyngée postérieure est une contre- recouvrement gingival.
indication à une intervention chirurgicale. Une extension
massive dans la base de langue franchissant la ligne médiane,
une infiltration profonde du plancher rejoignant les apophyses mandibule. Elle est effectuée à la demande, en fonction de
géni ou une coulée tumorale hypopharyngée débordant la l’importance tumorale. Classiquement, elle est réalisée à hauteur
région des trois replis restent des contre-indications à cette de l’émergence du pédicule mentonnier, respectant ainsi la
intervention. Il est à noter qu’il peut être discuté une bucco- symphyse. Une section plus postérieure peut engendrer des
pharyngectomie transmandibulaire non conservatrice associée à troubles cicatriciels dus à la très mauvaise vitalité de l’extrémité
une laryngectomie totale dans certains cas très sélectionnés [7]. du moignon laissé en place (la partie située en arrière du
foramen mentonnier). Avant section osseuse, la muqueuse de
Technique chirurgicale recouvrement mandibulaire est incisée avec 1 cm de décalage
par rapport au trait de section osseux et décollée afin d’exposer
Exérèse
correctement l’espace de section osseuse (Fig. 3). Cet artifice
Celle-ci a pour objectif d’exposer correctement la tumeur afin permet de réaliser une fermeture muqueuse en décalage avec
que l’opérateur puisse intervenir dans les conditions carcinolo- l’extrémité du moignon mandibulaire, minimisant ainsi les
giques les plus satisfaisantes. Le plus souvent, il s’agit d’une risques d’infection osseuse. La section du mylohyoïdien homo-
incision cutanée de type Sébileau-Carrega démarrant sous la latéral la libère du plancher attenant permettant ainsi une
mastoïde en arrière et s’entendant jusqu’au menton pour bonne mobilisation. En fonction du degré de difficulté de la
remonter sur la lèvre en respectant au mieux les principales résection tumorale, cette hémimandibule peut être entièrement
lignes du visage. À hauteur du menton, l’incision est en général déshabillée et désarticulée séparément de la tumeur ou bien
verticale afin de minimiser les séquelles esthétiques (Fig. 2). S’il l’exérèse peut être faite en monobloc avec la tumeur. Il est
s’agit d’une résection majeure de la mandibule en région également possible de sectionner le col du condyle maintenant
symphysaire (cas exceptionnel), l’incision contourne le menton ainsi l’articulation mandibulaire en place, limitant le saigne-
du côté opposé à la tumeur. Après soulèvement du lambeau ment engendré parfois par la désarticulation.
myocutané, la table externe de la branche horizontale mandi- Ce premier temps permet d’exposer correctement la lésion
bulaire est exposée, permettant ainsi la section antérieure de la afin d’en effectuer l’exérèse dans les meilleures conditions.
“ Point fort
suivants.
Le lambeau musculocutané pédiculé de grand pectoral est
certainement le plus utilisé dans cet objectif. La palette est
• L’absence d’envahissement de la mandibule ne préjuge dessinée à la demande (cf. infra). Elle doit être assez distale sur
pas de sa conservation le muscle grand pectoral compte tenu de la hauteur à laquelle
• L’incision labiomentonnière n’est pas systématique le lambeau est monté au niveau cervicofacial [8]. Il est posi-
tionné de sorte qu’il puisse assurer la reconstruction des régions
• Les incisions muqueuse et osseuse sont décalées
amputées, en particulier la base de langue et la paroi oropha-
• La désarticulation n’est pas systématique ryngée latérale (Fig. 4). C’est un lambeau fiable dans cette
indication à condition que le pédicule ne soit pas en tension. Il
peut être prélevé en musculaire pur, permettant de reconstruire
dans de bonnes conditions une paroi oropharyngée latérale.
Fermeture par simple rapprochement Il offre également l’opportunité de couvrir les gros vaisseaux
cervicaux. Cependant, la fermeture musculomuqueuse est moins
Pour les exérèses limitées, en particulier pour les lésions de aisée avec risque de mauvaise étanchéité salivaire. Certains
petite taille développées au contact direct de la table interne de auteurs l’ont proposé en lambeau libre, mais la finesse des
la mandibule, la fermeture peut s’effectuer par simple rappro- branches du pédicule acromiothoracique n’est pas très favorable
chement de la muqueuse du plancher de bouche et de celle de pour cette utilisation.
la joue. La laxité des tissus, libérés de l’arche mandibulaire, Le lambeau musculocutané de grand dorsal, pédiculé ou libre,
permet une fermeture aisée avec une mobilité de langue et de est un bon deuxième choix. Ses propriétés sont comparables. En
voile conservée, et une rétraction cutanée en l’absence de mode pédiculé, il est nécessaire que le dessin de la palette
l’angle mandibulaire qui reste modérée. cutanée soit très distal par rapport au pédicule thoracodorsal
afin d’assurer une longueur de pédicule suffisante pour amener
Fermeture avec reconstruction des tissus mous
ce lambeau sans tension en paroi oropharyngée latérale [9-11]. Au
La deuxième option est l’utilisation d’un lambeau dont moindre doute, il est microanastomosé sur les vaisseaux
l’objectif est la reconstruction des tissus mous. Il s’avère cervicaux.
indispensable pour les tumeurs ayant nécessité une exérèse Le lambeau de trapèze est régulièrement utilisé par certains
importante des tissus mous, en particulier au niveau du voile, auteurs [12] dans cette indication. Il est particulièrement utilisé
de la langue et de la paroi oropharyngée. Il s’agit cependant de pour les reconstructions assez basses (base de langue). Ce
lambeaux dont l’inertie ne doit pas entamer le bon fonctionne- lambeau musculocutané pédiculé nécessite le respect du pédi-
ment des tissus préservés, ce qui nécessite une approche cule cervical transverse lors de la réalisation du curage cervical.
méthodique dans le choix et la réalisation de ces lambeaux. La longueur de son pédicule en limite ses indications dans
Lambeaux apportant surface et volume. Ces lambeaux sont l’oropharynx. Le site donneur nécessite le plus souvent une
très régulièrement utilisés par la plupart des équipes. Ce sont greffe de peau. Son prélèvement peut engendrer une limitation
des lambeaux musculocutanés. L’apport en surface cutanée de l’abduction brachiale.
permet de combler de grandes exérèses. L’épaisseur musculaire Lambeaux apportant de la surface. Ces lambeaux sont fins
améliore le résultat esthétique en comblant l’espace de l’angle et permettent de couvrir d’importantes surfaces. Moins classi-
mandibulaire réséqué. Pour les reconstructions de base de ques dans cette indication, ils sont cependant utiles pour des
langue, il offre un volume favorable au 1er temps de déglutition, reconstructions de voiles, des fermetures de communications
minimisant ainsi les séquelles fonctionnelles. La résection buccosinusiennes ou des couvertures palatines. Ce sont des
Figure 6. Propositions de reconstruction des pertes de substance cutanéomuqueuses et leur situation par rapport au déficit osseux (A à C).
“ Point fort
• Dans de nombreux cas, la COMMANDO ne nécessite
pas de reconstruction particulière.
• L’absence de reconstruction entraîne régulièrement
une dépression cutanée marquée, accentuée par
l’attraction en dedans exercée par la langue réamarrée à la
joue.
• Les objectifs esthétiques et fonctionnels d’une
reconstruction des tissus mous restent limités dans de
nombreux cas.
• Le lambeau grand pectoral pédiculé reste un lambeau
de choix pour une reconstruction basse des tissus mous
et/ou le comblement de l’angle mandibulaire et/ou la
couverture des vaisseaux.
• Une reconstruction haute (centrée sur le voile) obéit à
une pensée chirurgicale similaire au mandibular swing.
• Les objectifs esthétiques et fonctionnels d’une
reconstruction osseuse ou composite restent limités dans
de nombreux cas.
• La reconstruction osseuse (ou composite) obéit à une
pensée chirurgicale complexe adaptée au cas par cas. Figure 9. Mandibular swing : indications. 1. Siège des points de départ
• Reconstruit ou pas, un patient denté doit pouvoir tumoraux ; 2. siège des extensions tumorales.
bénéficier d’une prothèse-guide, le temps de la
cicatrisation.
mentonnier. Pour cela, le lambeau labiojugal est soulevé
délicatement d’avant en arrière le long de la table externe de la
Buccopharyngectomies transmandibulaires branche horizontale jusqu’à découvrir le foramen mentonnier.
conservatrices (« mandibular swing ») Lorsque celui-ci est repéré, le pédicule alvéolaire inférieur est
préservé et le trait de section mandibulaire est défini en avant
Dans de nombreux cas, l’exérèse carcinologique oropharyngée du foramen, et l’on prend soin, pour les patients dentés, de ne
ne nécessite pas l’ablation de la mandibule en regard. Il s’agit pas léser les dents adjacentes. Dans certains cas, il peut néces-
donc d’une intervention au cours de laquelle celle-ci est siter l’extraction d’une dent de l’arcade inférieure. Le trait de
sectionnée dans le but d’exposer la tumeur. Une ostéosynthèse section peut être dessiné en « marches d’escalier » ou en
est réalisée en fin d’intervention afin de reconstituer la conti- « chevrons » (Fig. 10) ; ceci permet une excellente contention
nuité mandibulaire. lors de l’ostéosynthèse en fin d’intervention et minimise ainsi
Indications les risques de pseudarthrose [2].
Avant d’effectuer l’ostéotomie latérale, les deux plaques
Cette technique est appropriée pour les cancers de l’oropha- d’ostéosynthèse sont prédisposées et les orifices pour le vissage
rynx développés aux dépens des tissus mous non adhérents à la sont préalablement forés. Cette technique permet d’ajuster au
table interne mandibulaire et n’infiltrant que très modérément mieux les fragments osseux en fin d’intervention, intégrant
l’espace parapharyngé. Il s’agit donc essentiellement de tumeurs entre autres une perte osseuse liée à l’ostéotomie. C’est une
développées aux dépens de la zone de jonction linguale, approche particulièrement intéressante pour les patients dentés.
susceptibles de s’étendre dans le plancher postérieur ou la L’ostéotomie est réalisée après décollement muqueux sous-
langue mobile en avant, le sillon amygdaloglosse et la base de périosté des deux tables mandibulaires en regard du trait. Le
langue en arrière et de manière limitée sur la paroi oropharyn- plancher mylohyoïdien est sectionné sur toute sa longueur
gée latérale (Fig. 9). C’est une voie d’abord particulièrement permettant de libérer aisément la branche horizontale. La
appropriée pour les tumeurs bas situées dans l’oropharynx. section muqueuse est, au mieux, décalée d’environ 1 cm par
rapport au trait de section osseux au niveau de la muqueuse de
Contre-indications recouvrement gingival. Cela permet, lors de la fermeture, de
Les indications typiques d’une buccopharyngectomie trans- créer un décalage entre les sutures et l’ostéosynthèse minimisant
mandibulaire non conservatrice correspondent aux mandibular ainsi les risques d’ostéites (Fig. 3). Ce trait est poursuivi sur le
swing : tumeur adhérente à la table interne mandibulaire, plancher ; on laisse au moins 1 cm de muqueuse libre attenante
infiltration osseuse, envahissement de l’espace parapharyngé, à la muqueuse de recouvrement gingivale en dedans, afin
extension à la paroi oropharyngée latérale voire postérieure. Au d’effectuer des sutures dans de bonnes conditions lors de la
cas par cas, la chirurgie sur terrain irradié peut nécessiter la fermeture. Après écartement du moignon mandibulaire, l’exé-
réalisation d’une buccopharyngectomie transmandibulaire rèse tumorale obéit aux mêmes règles que pour une buccopha-
classique avec mandibulectomie même si la tumeur est très peu ryngectomie transmandibulaire classique (Fig. 4).
infiltrante latéralement, afin de minimiser les complications
postopératoires [6]. Fermeture
Compte tenu du respect de l’arche mandibulaire, l’espace créé
Technique chirurgicale
par l’exérèse tumorale est souvent difficilement contrôlable par
L’incision cutanée et le temps de curage obéissent aux règles simple rapprochement muqueux. Il est donc le plus souvent
précédemment décrites. nécessaire d’apporter un lambeau afin de combler cet espace.
Pour les résections limitées, les artifices locaux suffisent à
Exérèse effectuer une fermeture dans de bonnes conditions. Il peut s’agir
L’os est exposé du côté tumoral et l’on prend soin de préser- d’un simple rapprochement, ou de l’utilisation d’un lambeau
ver l’émergence du pédicule mentonnier à hauteur du foramen local pris aux dépens de la joue comme le lambeau buccinateur
Certains auteurs évaluent la pertinence d’une chirurgie robotisée [3] Stoeckli SJ, Pfaltz M, Ross GL, Steinert HC, MacDonald DG,
par voie endoscopique (TORS : Trans Oral Robotic Surgery) pour Wittekind C, et al. The second international conference on sentinel node
des tumeurs oropharyngées limitées difficilement accessibles à biopsy in mucosal head and neck cancer. Ann Surg Oncol 2005;12:
un geste endoscopique classique (sillon amygdaloglosse, base de 919-24.
la langue, etc.) [34]. [4] Nieuwenhuis EJ, van der Waal I, Leemans CR, Kummer A, Pijpers R,
Sauf cas particulier, le caractère hautement lymphophile de Castelijns JA, et al. Histopathologic validation of the sentinel node
ces lésions ne dispense pas le chirurgien de la réalisation d’un concept in oral and oropharyngeal squamous cell carcinoma. Head
curage cervical unilatéral ou bilatéral lorsque les lésions Neck 2005;27:150-8.
rejoignent la ligne médiane. [5] Tschopp L, Nuyens M, Stauffer E, Krause T, Zbären P. The value of
frozen section analysis of the sentinel lymph node in clinically N0
squamous cell carcinoma of the oral cavity and oropharynx.
Voile Otolaryngol Head Neck Surg 2005;132:99-102.
[6] Julieron M, Temam S. Récidives locorégionales des cancers ORL :
Les lésions de moins de 2 cm de diamètre et peu infiltrantes
place de la chirurgie. Bull Cancer 2004;91:863-9.
(T1) sont généralement accessibles à une exérèse laser simple.
[7] Luboinski B, Marandas P. Chirurgie de l’oropharynx
Une uvulectomie ou une uvulovelectomie pour les lésions de la
(buccopharyngectomies). EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techni-
charnière uvulovélaire n’entame pas significativement la
ques chirurgicales - Tête et cou, 46-320, 1994.
fonction du voile. Les lésions vélaires pures plus évoluées
[8] Ariyan S. The pectoralis major myocutaneous flap. A versatile flap for
justifient d’une approche thérapeutique différente (curiethéra-
reconstruction in the head and neck. Plast Reconstr Surg 1979;63:
pie, radiothérapie externe) compte tenu des séquelles fonction-
73-81.
nelles qu’engendrerait un geste chirurgical plus lourd.
[9] Olivari N. The latissimus flap. Br J Plast Surg 1976;29:126-8.
[10] Mendelson BC, Masson JK. Treatment of chronic radiation injury over
Paroi pharyngée postérieure the shoulder with a latissimus dorsi myocutaneous flap. Plast Reconstr
Surg 1977;60:681-91.
Une lésion « posée » sur la paroi pharyngée postérieure, bien [11] Saijo M. The vascular territories of the dorsal trunk: a reappraisal for
exposable, non infiltrante, est accessible à un geste d’exérèse par potential flap donor sites. Br J Plast Surg 1978;31:200-4.
laser CO2. Cette chirurgie ne nécessite pas de reconstruction [12] Escuder O, Pericot J, Piulachs P, Biosca J, Garcia-Rozado A, Gimeno J,
particulière. et al. Reconstruction orale, mandibulaire et de l’oropharynx avec le
lambeau pédiculé de trapezius. Rev Stomatol Chir Maxillofac 1998;
99(suppl1):17-21.
Loge amygdalienne [13] Lew DH, Choi EC, Tark KC. Standardization of flap design for
oropharyngeal reconstruction after cancer ablation surgery. Yonsei Med
Les lésions limitées de la loge amygdalienne peuvent justifier
J 2003;44:1078-82.
d’un geste d’exérèse chirurgicale par laser CO2 ou instrumenta-
[14] Klug C, Berzaczy D, Voracek M, Enislidis G, Rath T, Millesi W, et al.
tion classique. Il faut cependant souligner l’efficacité d’une
Experience with microvascular free flaps in preoperatively irradiated
radiothérapie externe exclusive pour ces lésions non infiltrantes.
tissue of the oral cavity and oropharynx in 303 patients. Oral Oncol
À noter qu’un traitement conservateur dans un tel cas couvre
2005;41:738-46.
dans le même temps les aires ganglionnaires cervicales homo-
[15] David JM, Paoli JR, Bejjani W, Bonnet F, Bachaud JM, Barthelemy I.
latérales. En revanche, un traitement par irradiation externe Le lambeau fascio-cutané temporal en îlot dans la reconstruction
premier limite, voire exclut les possibilités de réirradiation en muqueuse de l’oropharynx et de la cavité buccale après exérèse
cas de récidive, rare, mais surtout de deuxième localisation à carcinologique. Rev Stomatol Chir Maxillofac 1994;95:313-8.
proximité, nettement plus fréquente dans ce cas précis. Une [16] Cariou JL. Transferts ou lambeaux libres de et avec péroné ou fibula.
chirurgie sur terrain irradié [6, 21] diminue significativement la Anatomie chirurgicale, techniques de prélèvement, indications en chi-
survie globale et la survie sans maladie. rurgie reconstructrice. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques
chirurgicales - Chirurgie plastique reconstructrice et esthétique,
45-099, 2003.
■ Conclusion [17] Cariou JL, Payement G, Lambert F. Microchirurgie reconstructrice en
chirurgie maxillofaciale. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Les buccopharyngectomies sont fréquemment réalisées dans Stomatologie, 22-324-A-10, 1998.
le cadre de la prise en charge des tumeurs oropharyngées et de [18] Pribaz J, Stephens W, Crespo L, Gifford G. A new intraoral flap: facial
la charnière buccopharyngée. Ce sont des interventions bien artery musculomucosal (FAMM) flap. Plast Reconstr Surg 1992;90:
codifiées dont les principales avancées récentes concernent les 421-9.
modalités de reconstruction. Ces interventions doivent s’inscrire [19] Wang HS, Shen JW, Ma DB, Wang JD, Tian AL. The infrahyoid
de manière cohérente dans le bon déroulement du plan de myocutaneous flap for reconstruction after resection of head and neck
traitement. Dans cet esprit, la préparation du malade est cancer. Cancer 1986;57:663-8.
essentielle avant le geste, en particulier au niveau nutritionnel. [20] Dolivet G, Gangloff P, Sarini J, Ton Van J, Garron X, Guillemin F, et al.
Des suites opératoires simples garantissent en règle générale la Modification of the infra hyoid musculo-cutaneous flap. Eur J Surg
réalisation du traitement complémentaire dans des délais Oncol 2005;31:294-8.
acceptables. La maîtrise des techniques de reconstruction et de [21] Rodriguez J, Point D, Brunin F, Jaulerry C, Brugère J. Chirurgie de
leurs indications s’inscrit dans ce projet thérapeutique. Elle doit l’oropharynx après radiothérapie. Bull Cancer Radiother 1996;83:
tendre vers des suites simples, combinant fiabilité du lambeau 24-30.
choisi, reprise facilitée de l’alimentation per os et délais [22] Song YG, Chen GZ, Song YL. The free thigh flap: a new free flap
d’hospitalisation optimisés. Outre l’amélioration des résultats concept based on the septocutaneous artery. Br J Plast Surg 1984;37:
. esthétiques et fonctionnels attendus, ces techniques offrent la 149-59.
possibilité d’exérèses larges susceptibles d’améliorer le contrôle [23] Dean A, Alamillos F, Garcia-Lopez A, Sanchez J, Penalba M. The
buccal fat pad flap in oral reconstruction. Head Neck 2001;23:
local postchirurgical.
383-8.
.
[24] Meyza JW, Towpik E. Surgical and cryosurgical salvage of oral and
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Y. Mallet (y-mallet@o-lambret.fr).
J.-L. Lefebvre.
Département de cancérologie cervicofaciale, Centre Oscar Lambret, 3, rue Combemale, 59020 Lille cedex, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Mallet Y., Lefebvre J.-L. Chirurgie de l’oropharynx (buccopharyngectomies). EMC (Elsevier Masson SAS,
Paris), Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-320, 2008.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Trotoux J. Chirurgie des diverticules pharyngo-œsophagiens. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques
chirurgicales - Tête et cou, 46-290, 2001, 9 p.
46-290 Chirurgie des diverticules pharyngo-œsophagiens Techniques chirurgicales
2
Techniques chirurgicales Chirurgie des diverticules pharyngo-œsophagiens 46-290
*
B
*
A
3
46-290 Chirurgie des diverticules pharyngo-œsophagiens Techniques chirurgicales
6 Position du malade.
Incision.
4
Techniques chirurgicales Chirurgie des diverticules pharyngo-œsophagiens 46-290
*
A
8 A. Identification du diverticule.
1 : Nerf récurrent ; 2 : plan préverté-
bral ; 3 : poche diverticulaire ; 4 :
7 Abord du diverticule. bord gauche de l’œsophage.
1. Lobe thyroïdien récliné ; 2. nerf récurrent ; 3. bord antérieur du sterno-cléido-
B. Diverticule de l’œsophage. Radio-
mastoïdien ; 4. veine thyroïdienne moyenne ; 5. veine jugulaire interne ; 6. artère caro-
graphie de profil.
tide primitive ; 7. artère thyroïdienne inférieure ; 8. muscle omohyoïdien.
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46-290 Chirurgie des diverticules pharyngo-œsophagiens Techniques chirurgicales
9 Myotomie du cricopharyngien.
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Techniques chirurgicales Chirurgie des diverticules pharyngo-œsophagiens 46-290
12 Suture de la brèche
œsophagienne.
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46-290 Chirurgie des diverticules pharyngo-œsophagiens Techniques chirurgicales
Techniques
La poche diverticulaire entièrement libérée est suspendue par
fixation du fond du diverticule au plan prévertébral, avec ou sans
suture du collet. Plusieurs points doivent être placés et
« l’accrochage » réalisé le plus haut possible, parfois à la pointe de
la mastoïde pour de grands diverticules, parfois au
sterno-cléido-mastoïdien.
La myotomie du cricopharyngien est considérée comme association
indispensable.
Il n’est pas nécessaire de mettre en place une sonde alimentaire.
Suites opératoires
La reprise alimentaire peut s’effectuer dès le premier jour
postopératoire.
Le temps d’hospitalisation peut être limité à l’ablation du drain de
Redon-Jost.
Complications
La persistance d’une image diverticulaire radiologique sans
traduction clinique ne saurait être considérée comme telle. Elle est
fréquente.
La récidive peut être en rapport avec un « lâchage » de la fixation.
Le problème du nerf récurrent est analogue à celui rencontré dans
les diverticulectomies.
¶ Invagination du diverticule
Pratiquement abandonnée par tous les auteurs à l’exception de
Bowdler et Stell [1] qui publient, en 1987, 20 cas d’invagination, cette
technique consiste à invaginer la poche dans la lumière
15 Suspension du diverticule : diverticulopexie. œsophagienne et à effectuer une suture séreuse de maintien en deux
plans.
¶ Diverticulopexie (fig 15)
Les auteurs, qui présentent par ailleurs un nombre de complications
La diverticulopexie présente l’avantage de ne pas nécessiter très important dans leur expérience de diverticulectomie, se félicitent
d’ouverture muqueuse, évitant ainsi tout risque d’infection, de de la simplicité des suites et ne notent que deux récidives sur 20, en
fistule ou de sténose [8, 10]. Elle paraît difficilement réalisable pour les soulignant l’absence de trouble de la déglutition, consécutif à
diverticules de très petite taille, qui ne se prêtent pas à une l’invagination muqueuse.
8
Techniques chirurgicales Chirurgie des diverticules pharyngo-œsophagiens 46-290
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9
¶ 46-305
Les pharyngostomes et les orostomes sont des complications assez fréquentes en chirurgie cervicofaciale
avec effraction muqueuse. De nombreux facteurs de risque, bien souvent cumulés, ont été identifiés dans
la survenue d’une fistule salivaire. Dans une première partie, les principaux facteurs de risques, liés soit à
l’état général du patient, soit à l’état local sont rappelés. Une attention particulière doit porter sur
l’évaluation de la dénutrition et sur l’importance des risques liés aux antécédents de radiothérapie et/ou
de chimiothérapie. Les possibilités de prévention sont évoquées dans une deuxième partie. L’accent sera
mis sur l’amélioration de l’état général, partie intégrante du projet chirurgical. Dans bien des cas, le
chirurgien est amené à réintervenir afin de contrôler cette brèche cutanéomuqueuse. Une stratégie de
reconstruction est développée à travers la description de différents lambeaux dans la dernière partie.
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majorées en cas de dénutrition, et que le risque est directement tation des complications postopératoires et des fistules si
corrélé à la perte pondérale. Si la perte pondérale est inférieure l’intervalle entre la radiothérapie et la chirurgie est inférieur à
à 10 %, évaluée entre 10 et 15 %, ou supérieure à 15 %, le 12 mois.
risque de complications graves est de respectivement 12,5 %, Il semble également clair que les fistules après chirurgie
50 % et près de 75 %. postradique apparaissent de façon plus précoce, sont de plus
grandes dimensions et ont une durée de résolution plus lon-
gue [12, 13].
Anémie Un des points clés de la chirurgie buccopharyngée est la prise
Deux séries récentes [4, 5] ont établi qu’un taux d’hémoglo- en charge des structures osseuses, notamment mandibulaires.
bine inférieur à 12,5 g/dl en postopératoire immédiat est Les effets de la radiothérapie à long terme entraînent des aspects
susceptible d’augmenter l’incidence des fistules pharyngées par histologiques d’artérite, d’hypoxie tissulaire, de fibroses secon-
un facteur 9. La nécessité de transfusion de culot globulaire en daires génératrices d’hypoxie, d’hypovascularisation et d’hypo-
peropératoire a été également un facteur de risque incriminé [6]. cellularité osseuses.
Ces deux facteurs, directement liés à la perte sanguine peropé- Toutes ces modifications tissulaires expliquent les possibilités
ratoire, sont cependant le reflet d’une exérèse tumorale large et d’ostéonécrose mandibulaire, soit spontanément, soit après un
complexe, qui est en elle-même un risque de fistule. geste chirurgical local, quelle que soit son agressivité. Le risque
d’apparition d’une ostéite est avéré avec parfois une évolution
vers un orostome.
Autres La radionécrose est peu fréquente pour des doses d’irradiation
D’autres facteurs liés au patient sont parfois évoqués ou inférieures à 60 Gy et plus fréquente en cas d’utilisation de
suspectés comme le diabète, les hépatopathies, les artériopa- curiethérapie. La mandibule est l’os le plus fréquemment atteint
thies, les bronchopneumopathies chroniques obstructives et les en comparaison aux maxillaires et autres os de la face ou du
hypothyroïdies [1]. cou [14].
Type de résection
■ Facteurs de risque liés à l’état Il est évident que l’étendue de l’exérèse tumorale demeure un
important facteur de risque. Cependant, l’apport de lambeaux
local vascularisés a permis de modifier la prise en charge des patients.
Les limites des exérèses ont pu être élargies grâce aux recons-
Terrain irradié tructions complexes. Par ailleurs, il est établi que l’utilisation
presque systématique d’un lambeau musculaire de couverture
La radiothérapie est largement utilisée dans le traitement des dans la chirurgie pharyngolaryngée permet une meilleure
cancers des voies aérodigestives supérieures. Au-delà de leur cicatrisation secondaire bien que le nombre de fistules soit peu
efficacité antitumorale, les radiations ionisantes entraînent modifié [15].
différents effets retardés sur les tissus normaux. On retrouve L’étendue de l’exérèse au niveau hypopharyngé semble un
notamment une atrophie des muqueuses, une fibrose des tissus, facteur de risque important. Les différentes séries publiées
une altération des cellules endothéliales au niveau des vais- associent le plus souvent les laryngectomies et les pharyngola-
seaux, une fibrose de la média, une athéromatose et une ryngectomies, sans qu’il soit possible de déterminer des taux de
thrombose. fistules liés à chaque intervention. Cependant Redaelli de Zinis
Certaines publications suggèrent un rôle important de la a publié une série de 246 laryngectomies consécutives. Il a
radiothérapie dans la genèse des fistules [1] . En revanche, trouvé des taux de fistules de 26 % pour les pharyngolaryngec-
d’autres séries portant sur un nombre conséquent de patients ne tomies totales et de 13 % pour les laryngectomies totales avec
confirment pas ce critère [7, 8]. une différence significative (p = 0,02) [4].
L’analyse de la dose totale reçue et le type de fractionnement Cette même série ne montrait pas que la réalisation, dans le
(classique, hyperfractionné, accéléré) ne sont que rarement même temps opératoire, d’un évidement cervical augmentait le
rapportés. L’étude de Johansen et al. [9] retrouve un taux de risque de fistule. Dans la série de Ganly, la réalisation d’un
fistule de 25 % pour une dose totale de 57 Gy et de 92 % si évidement cervical radical ou radical modifié n’est pas un
celle-ci atteint 72 Gy. Cette équipe a également montré que le facteur de risque mis en évidence [7]. Au contraire, Mc Combe a
taux de fistule augmentait avec la taille des champs trouvé un risque relatif de fistule de 2,2 en cas de réalisation
d’irradiation. d’un évidement radical [12].
Les deux dernières décennies ont vu apparaître les protocoles Dans notre expérience, il semble que l’importance du décol-
de préservation laryngée associant une chimiothérapie à la lement tissulaire ou de la dévascularisation du pharynx restant
radiothérapie. L’adjonction de chimiothérapie induit également augmente le taux, la taille et la précocité d’apparition des
des modifications tissulaires sur les tissus sains. L’association de fistules. Ainsi en cas de doute sur la vitalité d’une muqueuse
la chimiothérapie et de la radiothérapie entraîne une augmen- restante, nous préconisons le sacrifice de celle-ci et le recours à
tation des lésions tissulaires, avec des taux de complications et une reconstruction du fût pharyngé par l’utilisation de lambeau
notamment de pharyngostomes plus importants. (cf. infra).
Weber [10] a publié en 2003 l’analyse de la chirurgie de La problématique est identique dans la chirurgie de la cavité
rattrapage de l’essai de préservation laryngée du groupe améri- buccale et de l’oropharynx, avec une élasticité insuffisante en
cain du RTOG 91-11 ; 517 patients ont été randomisés en trois cas d’exérèse importante ne permettant pas une fermeture
groupes. Le groupe 1 a reçu une chimiothérapie néoadjuvante, directe bord à bord. Le recours aux lambeaux vascularisés
le groupe 2 une radiochimiothérapie concomitante et le groupe permet de combler les espaces morts et d’éviter les désunions
3 une radiothérapie exclusive. Le taux de laryngectomie totale liées à une fermeture en tension.
de rattrapage est respectivement de 28, 16 et 31 % pour les
groupes 1, 2 et 3. Le taux de fistule pharyngée est de 15 % dans
le groupe 3 et de 30 % dans le groupe 2. Ganly [7] retrouve les Reflux gastro-œsophagien (RGO) [16]
mêmes résultats sur une série de 183 laryngectomies, avec un Le RGO est fréquemment cité dans la liste des facteurs de
taux de fistules pharyngocutanées de 31 % chez les patients risque de fistules. Très succinctement, son rôle est directement
traités au préalable par une radiochimiothérapie et de 15 % lié à ses capacités d’induire une réaction inflammatoire sur les
après radiothérapie seule. Cette différence (chimiothérapie ou muqueuses des tractus digestif et respiratoire. Au niveau
non) reste le seul facteur retrouvé en étude multivariée. laryngé, son rôle semble clair concernant la survenue de
Au-delà de l’incidence, le délai entre la radiothérapie et la laryngite, de granulome ou d’ulcération laryngée. Des modèles
chirurgie de rattrapage en terrain irradié est également à prendre animaux ont montré que l’action de la pepsine, seule ou
en considération. Sassler [11] a montré qu’il existe une augmen- conjuguée à l’acide chlorhydrique, entraînait des ulcérations
5, 12].Cependant, certaines fistules surviennent très précocement restent les mêmes. Il s’agit de restaurer trois plans, l’un profond
après l’intervention (dans les 48 premières heures). Rares et pour la reconstruction de la muqueuse, le second intermédiaire
souvent liées à une faute technique, elles peuvent être à et le troisième au niveau cutané [26].
l’origine d’une infection cervicale majeure. En effet, elles
entraînent une contamination, en règle, de tout le champ Lambeaux locaux
opératoire avec un risque réel de rupture de l’un des gros Nous n’utilisons pas, en règle, de lambeaux locaux car ces
vaisseaux cervicaux. Ces fistules salivaires précoces nécessitent tissus ont été agressés par l’infection cervicale. Cependant
une reprise chirurgicale immédiate dans un double objectif : certains auteurs [27-29] proposent la réalisation d’un lambeau du
contrôler le flux salivaire en protégeant en particulier les gros muscle sterno-cléido-mastoïdien.
vaisseaux et laver abondamment la zone contaminée après Ces auteurs insistent sur l’importance du respect de l’artère
prélèvement à visée bactériologique. La mise en place d’un tube du sterno-cléido-mastoïdien, branche de l’artère occipitale,
de dérivation salivaire permet de mieux contrôler le flux pénétrant le muscle dans la partie antérieure de sa face pro-
salivaire [24]. Il tient une place primordiale dans la prise en fonde. Il est préférable, sur ces terrains difficiles, d’effectuer un
charge d’une fistule précoce hypopharyngée. La mise en place lambeau à charnière supérieure respectant cette artère. D’autre
de ce tube salivaire permet l’assèchement immédiat de la fistule part, il est intéressant de monter avec l’extrémité inférieure de
et semble indispensable lorsque les tissus ne se prêtent pas à ce muscle les fascias environnant les attaches sternoclaviculaires
une fermeture immédiate. Le tube étant mis en place, le afin d’obtenir un maximum de tissu disponible pour la recons-
traitement consiste ensuite en une prise en charge efficace de truction (Fig. 1).
l’infection cervicale. Après prélèvement à visée bactériologique, Le lambeau de platysma musculocutané a également été
un lavage cervical abondant et adapté au décollement souvent proposé pour ce type de reconstruction [30]. Bianchi propose une
important entretenu par la fistule salivaire précoce est effectué. greffe de peau sur la face profonde du platysma avant recons-
L’intervention se termine par la mise en place de lames de truction du pharyngostome dans un deuxième temps. Ainsi la
Delbet. En l’absence de tube de dérivation salivaire, il faut greffe de peau permet la reconstruction du plan muqueux, le
éloigner le flux salivaire des gros vaisseaux et du médiastin muscle platysma assure la couche intermédiaire et la palette
allant si nécessaire jusqu’à aboucher la muqueuse à la peau cutanée cervicale permet la fermeture cutanée (Fig. 2).
chirurgicalement [25]. Ce pharyngostome « chirurgical » sera
refermé dans un deuxième temps. Lambeaux régionaux pédiculés
L’intervention doit être encadrée par une prise en charge Le principal lambeau proposé dans ce type de reconstruction
médicale adaptée. L’alimentation entérale doit être poursuivie et est le lambeau musculocutané de grand pectoral [1, 31, 32]. C’est
un bilan nutritionnel doit être effectué régulièrement afin un lambeau très utile dans les larges defects pharyngocutanés et
d’éviter ou de corriger une éventuelle dénutrition. Dans un qui peut être aisément combiné avec une greffe de peau sur la
premier temps, une couverture antibiotique à spectre très large face musculaire profonde reconstruisant ainsi dans le même
est instaurée, relayée par une antibiothérapie plus ciblée après temps les defects cutanés cervicaux (Fig. 3).
retour de l’antibiogramme. Le pansement est refait deux fois par Dans cette indication, d’autres proposent un lambeau delto-
jour avec lavage abondant de la zone infectée. Sur certains pectoral ou grand dorsal [33, 34].
terrains (diabétiques, dénutris, irradiés) ou en cas d’infection
cervicale à anaérobie, la combinaison d’une antibiothérapie Place des lambeaux libres
adaptée à une série de séances d’oxygénothérapie hyperbare est Le transfert de lambeaux libres prélevés à distance du site
à préconiser. opéré et irradié permet d’apporter des tissus sains et bien
Patients et proches doivent être informés de cette complica- vascularisés, propices à une cicatrisation rapide. Comme
tion, de sa prise en charge et d’un éventuel risque hémorragique d’autres [35] nous privilégions cette technique lorsque le defect
malgré des soins appropriés. muqueux est très important. Sa principale limite reste la qualité
des vaisseaux receveurs, souvent très altérés dans ce contexte.
Prise en charge des fistules retardées De Vries [36] rapporte de très bons résultats sur une série de
18 patients traités par lambeaux libres de jéjunum.
Ces fistules surviennent au moins 1 semaine après l’interven- Nakatsuka [37] rapporte une expérience de fermeture de fistule
tion et sont nettement plus fréquentes (9-23 %) [1]. Le tableau pharyngo-œsophagienne complexe à l’aide de lambeaux libres
clinique est très différent du précédent. Évoluant à bas bruit, sur 15 patients. Leur taux de succès est de 93 %, avec un seul
elles s’organisent dans des tissus déjà en voie de cicatrisation. échec. Il utilise essentiellement un lambeau antébrachial qu’il
Elles peuvent être associées à une légère fébricule. Une poche de privilégie pour les reconstructions non circonférencielles et le
rétention est parfois palpable. Le plus souvent, le diagnostic est jéjunum pour les reconstructions circonférencielles.
porté à l’occasion d’un transit pharyngo-œsophagien aux Chun [38] présente une série de cinq cas reconstruits à l’aide
hydrosolubles réalisé 1 semaine à 10 jours après l’intervention. de lambeaux libres antébrachiaux ou de jéjunum. Son équipe
Une fistule borgne peut ainsi être objectivée. La reprise de met l’accent sur la qualité des reconstructions double palettes,
l’alimentation per os est alors différée. Le plus souvent la fistule ou plurisegmentaires pour le lambeau de jéjunum assurant ainsi
s’exprime dans les heures qui suivent le transit, sous la forme la reconstruction des différents plans. On retrouve cette
d’un jet de salive purulente. approche par d’autres auteurs [39, 40] (Fig. 4). Le segment de
Nous préconisons alors des soins locaux associés à la dégluti- jéjunum permettant la reconstruction cutanée est ouvert,
tion de Bétadine® diluée en petite quantité jusqu’à l’obtention désépithélialisé et recouvert par une greffe de peau.
d’un drainage propre. Entre les soins, un pansement compressif Dans notre expérience, l’utilisation de lambeaux libres dans
ajusté au trajet est appliqué sur la région cervicale. En général, un tel contexte reste tout à fait exceptionnelle. Compte tenu
les fistules retardées cicatrisent spontanément. des possibilités offertes, le projet de reconstruction doit être
adapté au cas par cas. Il doit prendre en compte une éventuelle
sténose sous-jacente en général à la charnière pharyngo-
Techniques de fermeture chirurgicale œsophagienne, justifiant la levée de cette sténose dans le même
Cinquante à 80 % des fistules ne nécessitent pas de fermeture temps chirurgical et une découpe du lambeau adaptée à cette
chirurgicale [4, 8, 13] . Cependant, dans le cas contraire, de éventualité. A fortiori, dans les defects très importants, la taille
nombreuses techniques ont été proposées à distance de l’infec- des lambeaux doit être suffisante pour éliminer tout risque de
tion et après bourgeonnement des tissus agressés. La réparation sténose postreconstruction.
tissulaire doit être adaptée à l’importance du defect cutanéomu-
queux. La prise en charge doit être adaptée à la qualité des
tissus, à l’état général du patient et enfin aux impératifs de la
■ Cas particulier des orostomes
mise en route d’une éventuelle radiothérapie complémentaire. La prise en charge des orostomes obéit aux mêmes règles que
Quel que soit le lambeau choisi, les principes de reconstruction celles des pharyngostomes. Il est nécessaire d’exciser la totalité
Figure 4.
A. Lambeau antébrachial double palettes. 1. Couverture muqueuse ; 2. couverture cutanée. Le
décollement mesuré du bord médian des deux palettes minimise la plicature du lambeau.
B. Lambeau de jéjunum plurisegmentaire. 1. Segment pour la reconstruction circonférentielle du
pharynx ; 2. segment ouvert, désépithélialisé, recouvert d’une greffe de peau. Il assure la fermeture
cutanée.
Figure 5.
A. Tracé du lambeau faciocutané temporal superfi-
ciel : orostome.
B. Mise en place d’un lambeau après tunnellisation
sous-cutanée et comblement de l’orostome.
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Y. Mallet (y-mallet@o-lambret.fr).
A. Kara.
Département de cancérologie cervicofaciale, centre Oscar-Lambret, 3, rue Combemale, B.P. 307, 59020 Lille cedex, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Mallet Y., Kara A. Chirurgie des orostomes et des pharyngostomes. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-305, 2007.
Pharyngectomies
et pharyngolaryngectomies
J.-L. Lefebvre, Y. Mallet
Les cancers de l’hypopharynx surviennent chez des patients souvent en mauvais état général et sont
habituellement diagnostiqués tardivement. Lorsqu’ils sont opérables, ils nécessitent le plus souvent une
chirurgie radicale. Les progrès de la chimiothérapie ont permis d’engager une recherche clinique visant à
éviter cette chirurgie mutilante, ce qui peut être réalisé dans un certain nombre de cas. La chirurgie
conserve toutefois de larges indications. La chirurgie endoscopique au laser CO2 permet dans des cas très
sélectionnés la résection de petites tumeurs haut situées. La pharyngectomie partielle latérale permet la
résection de tumeurs relativement limitées de la paroi externe de l’hypopharynx et les
hémilaryngopharyngectomies supraglottiques ou supracricoïdiennes celle de tumeur limitée du mur
pharyngolaryngé dans sa partie supérieure. La pharyngolaryngectomie totale reste, même si elle est
mutilante, un excellent traitement des tumeurs plus avancées ne pouvant faire l’objet d’une préservation
laryngée. Les pharyngolaryngectomies circulaires peuvent permettre l’exérèse de tumeurs plus évoluées
quand l’extension locorégionale et l’état du patient le permettent. Enfin, la chirurgie réparatrice a permis
d’effectuer de meilleures exérèses et a considérablement amélioré les suites de la chirurgie en terrain
irradié.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Hypopharynx ; Chirurgie partielle ; Laser ; Chirurgie radicale ; Chirurgie reconstructive
■ Introduction
Préparation du malade
Le traitement des cancers de l’hypopharynx a connu au cours
des deux dernières décennies de notables changements. La Le malade est installé sur la table opératoire en décubitus
chirurgie réparatrice est arrivée à maturité avec les lambeaux dorsal. Dans un premier temps il est intubé par voie classique
musculocutanés et les transplants libres permettant soit des (orotrachéale ou nasotrachéale) et l’anesthésie générale est
exérèses plus larges, soit des exérèses en terrains irradiés dans de conduite sous ventilation contrôlée. Une sonde nasogastrique
meilleures conditions. Sous l’influence de l’école allemande, la siliconée, de petit diamètre, est placée de façon systématique et
laissée en siphonage durant l’intervention. Elle est éventuelle- (PLT), ou pharyngolaryngectomie totale circulaire (PLTC). En
ment fixée au seuil narinaire à l’aide d’un fil. Elle sera mainte- général ces évidements sont effectués en monobloc avec la pièce
nue jusqu’à la reprise d’une alimentation orale. En fonction des opératoire. Les parathyroïdes sont conservées dans la mesure du
antécédents du patient et de la durée d’intervention une sonde possible.
urinaire peut être posée.
Les champs doivent être positionnés en fonction des gestes à Soins postopératoires
entreprendre. Ils doivent inclure les deux aires ganglionnaires
en cas de curage bilatéral. Ils doivent inclure l’hémithorax Le premier pansement est réalisé au deuxième jour (J2). Les
homolatéral en cas de reconstruction ou de couverture par un drains aspiratifs sont retirés s’ils ont donné moins de 50 cc au
lambeau grand pectoral. cours des 24 dernières heures. L’antibiothérapie à visée prophy-
lactique délivrée dès la prémédication est stoppée à J1 de
l’intervention.
Pour les chirurgies partielles, le premier change de canule
Trachéotomie s’effectue à 48 heures avec mise en place d’une canule fenêtrée.
Pour les chirurgies partielles pharyngées et pharyngolaryngées La canule est changée une fois par jour. Dès que le patient
nous débutons l’intervention par une trachéotomie. Nous tolère correctement la canule bouchée 24 heures d’affilée, il est
séparons ce temps opératoire du reste de l’intervention. L’inci- décanulé. La rééducation orthophonique est débutée à J5. La
sion cutanée elle-même est dissociée de l’incision principale reprise de l’alimentation a lieu aux alentours de J8.
nécessaire à l’exérèse tumorale et ganglionnaire. Nous considé- Pour les chirurgies radicales (PLT, PLTC) un transit pharyngo-
rons que les éléments compris dans l’aire de trachéotomie ne œsophagien aux hydrosolubles avant reprise de l’alimentation
sont pas concernés par les pharyngectomies partielles et est réalisé à J7. En l’absence de fistule décelable, la sonde
pharyngolaryngectomies partielles. Ceci permet de limiter nasogastrique est retirée et l’alimentation orale est reprise. La
considérablement les décollements autour de la trachéotomie et rééducation orthophonique (apprentissage de la voie œsopha-
donc les risques d’infection du lit cervical à partir de cet orifice. gienne ou de la voie trachéo-œsophagienne) débute dans le
La canule mise en place est systématiquement amarrée à la mois qui suit l’intervention.
peau. Un billot peut être positionné sous les épaules du malade.
Il n’est indispensable ni à la réalisation de la trachéotomie, ni Cas particulier de la chirurgie en terrain
au geste ultérieur, cela doit être adapté à la morphologie du irradié
patient.
En revanche, pour les chirurgies pharyngolaryngées radicales, Nous sommes amenés de plus en plus fréquemment à effec-
nous effectuons la trachéotomie en cours d’intervention, tuer des chirurgies de rattrapage après radiothérapie exclusive
profitant de l’incision cutanée de cervicotomie. Elle est réalisée ou radiochimiothérapie. L’ensemble des techniques proposées
après le ou les curages cervicaux et avant l’exérèse tumorale. dans cet article n’est pas contre-indiqué dans ce cadre-là.
Une sonde de type Montendon est positionnée par cet orifice Cependant, les suites opératoires des chirurgies partielles en
dans la trachée et est fixée à la peau. Cette trachéotomie particulier les chirurgies supracricoïdiennes sont plus délicates.
provisoire est modifiée en fin d’intervention par la réalisation En effet, les risques d’œdème sont accrus et générateurs des
d’un trachéostome, séparant de manière étanche et définitive difficultés de la reprise alimentaire. Il existe un réel risque
les voies respiratoires du lit cervical. d’échec fonctionnel dont il faut tenir compte. Dans un tel
contexte, le premier essai de reprise alimentaire orale ne doit
pas être retardé mais les patients doivent être prévenus du
risque d’une rééducation de la déglutition prolongée et d’un
Curages cervicaux risque de retrait de canule plus tardif après chirurgie partielle de
Les tumeurs pharyngolaryngées et hypopharyngées ont rattrapage. En cas de chirurgie radicale (PLT et PLTC) en terrain
comme caractéristique commune d’être très lymphophiles. [1, 2] irradié, le contrôle radiologique avant reprise de l’alimentation
Les différentes techniques d’exérèse tumorale proposées sont orale est effectué plus tardivement, vers le dixième jour. D’une
donc toujours associées à un curage cervical uni- ou bilatéral. manière générale le risque infectieux postopératoire immédiat
Si la lésion est bien latéralisée, nous réalisons systématique- est nettement plus élevé et justifie la montée d’un lambeau
ment le curage cervical homolatéral. Si la lésion rejoint ou grand pectoral musculaire pur de couverture pour doubler les
franchit une ligne médiane (paroi pharyngée postérieure, région sutures muqueuses, optimiser ainsi les délais de cicatrisation et
rétrocricoïdienne, vallécule et base de langue) nous effectuons pour protéger les axes vasculaires. Cette précaution a considé-
un évidement celluloganglionnaire cervical bilatéral dans le rablement diminué la morbidité postopératoire et, en particulier,
même temps opératoire. Les aires concernées sont : le risque de rupture carotidienne.
• l’aire sous-digastrique préspinale (région IIa de la classification
de l’American Academy of Otolaryngology-Head and Neck
Surgery) ; ■ Pharyngolaryngectomies
• l’aire sous-digastrique rétrospinale (région IIb) ; radicales
• l’aire sus-omohyoïdienne (région III) ;
• l’aire sous-omohyoïdienne (région IV) ; Elles ont en commun la réalisation systématique d’un tra-
• l’aire spinale (région V). chéostome définitif. Sauf dans le cas de la laryngectomie
En cas d’envahissement de la base de langue, la région sous- subtotale type Pearson, la totalité des structures endolaryngées
mandibulaire (région Ib) est emportée dans le curage concerné, sont sacrifiées. La résection pharyngée dépend de la localisation
plus pour permettre une protection des vaisseaux linguaux et du et de l’extension tumorale hypopharyngée.
nerf grand hypoglosse et assurer une section muqueuse à
distance des limites tumorales que pour réaliser l’évidement lui- Pharyngolaryngectomie totale classique
même qui est rarement envahi. (PLT)
Les curages sont effectués avant l’exérèse pharyngée ou
pharyngolaryngée. Parfois nous sommes amenés à effectuer des Il s’agit d’une laryngectomie totale avec une pharyngectomie
exérèses monoblocs emportant la pièce avec les adénopathies partielle.
qui sont en contiguïté immédiate.
On peut être amené à effectuer des curages récurrentiels et Indications
par conséquent des thyroïdectomies partielles ou totales en cas Les indications de la pharyngolaryngectomie totale sont
d’envahissement du fond des sinus piriformes et/ou de la région directement liées à la nécessité de préserver suffisamment de
sous-glottique. Il s’agit dans ces cadres-là d’interventions muqueuse pharyngée pour assurer une bonne alimentation à
radicales, laryngectomie totale avec pharyngectomie partielle l’issue du traitement. [1, 2]
2
3
La tumeur peut siéger dans l’un des deux sinus piriformes Le pédicule thyroïdien supérieur est repéré et préservé. Le
mais avec les limites suivantes : en bas elle n’atteint pas la pédicule laryngé supérieur est lié. Le muscle constricteur
bouche de l’œsophage, en arrière elle n’envahit pas de manière inférieur est sectionné très près de son attache sur le cartilage
massive la paroi pharyngée postérieure ou la région rétrocricoï- thyroïde libérant ainsi le bord externe de l’aile thyroïdienne sur
dienne, en haut et latéralement elle peut remonter vers une toute sa hauteur. Le geste poursuivi vers le haut permet de
loge amygdalienne à condition que l’infiltration ne soit pas libérer en totalité la corne supérieure de l’aile thyroïdienne puis
majeure. En haut et en avant la lésion peut envahir la base de son bord libre supérieur. Ce temps nécessite en particulier la
langue à condition que lors de la résection il soit possible de section de la membrane hyothyroïdienne à son attache thyroï-
préserver un des deux pédicules vasculaires linguaux. dienne. Ce temps préparatoire permet la libération du sinus
La deuxième grande indication de cette intervention est une piriforme sain dans sa portion rétrothyroïdienne. Elle nécessite
lésion du mur pharyngolaryngé. En bas, cette lésion peut l’utilisation d’un décolleur qui, de dehors en dedans et de haut
envahir le cricoïde vers l’étage sous-glottique, voire les premiers en bas, permet le décollement de toute la face externe du sinus
anneaux trachéaux (mais de manière limitée), et vers la bouche piriforme dans sa portion basse jusqu’à l’angle antérieur. Le plan
de l’œsophage. En haut, les limites sont les mêmes que pour la de clivage se fait entre périchondre interne et cartilage.
précédente indication. Latéralement la lésion peut envahir le Les muscles infrahyoïdiens peuvent être conservés. Ils sont
sinus piriforme homolatéral à condition de respecter les mêmes alors libérés de leurs attaches sur l’os hyoïde. Il faudra s’assurer
limites que pour la précédente indication. en fin d’intervention de la bonne vitalité de ces muscles,
Lorsque la tumeur atteint l’étage sous-glottique et/ou le fond nécessitant en particulier la préservation du pédicule thyroïdien
des sinus piriformes, il est nécessaire d’assurer dans le même supérieur, retour veineux compris, et l’absence de manipulation
temps opératoire un évidement ganglionnaire récurrentiel traumatique.
souvent bilatéral. Dans ce cadre, une hémithyroïdectomie, voire Du côté de la lésion
une thyroïdectomie totale, peut s’avérer nécessaire. Il faudra
s’efforcer de préserver les parathyroïdes. D’une manière générale la paroi latérale pharyngée de ce côté
Lorsque l’on est amené à traiter ce type de tumeur, il faut ne peut être conservée. On se contente, si cela est possible, de
toujours avoir présent à l’esprit le risque réel d’hypothyroïdie conserver le pédicule thyroïdien supérieur. La ligature du
même si la thyroïde est laissée en place. En effet, l’irradiation pédicule laryngé supérieur s’effectue de la même manière que
postopératoire quasi systématique, inclut l’aire thyroïdienne. du côté sain. Ce sont bien souvent les seuls temps préparatoires
nécessaires du côté lésionnel avant l’abord muqueux.
Préparation du bloc pharyngolaryngé
Ce temps opératoire suit le ou les curage(s) et la trachéotomie
Exérèse pharyngolaryngée (Fig. 2)
comme cela est précédemment décrit. Cette exérèse est en général effectuée de haut en bas, sauf
dans le cas d’un envahissement valléculaire ou basilingual.
Du côté sain (Fig. 1)
La section de la membrane hyoglosse étant déjà faite, la loge
Nous effectuons systématiquement l’incision des muscles préépiglottique est rabattue vers le bas progressivement au
suprahyoïdiens le long de l’os hyoïde, libérant celui-ci de ses bistouri électrique sans être pénétrée. Ce temps permet de
attaches supérieures. La membrane hyoglosse est également dégager largement la vallécule qui est systématiquement
sectionnée, sans entamer le contenu de la loge préépiglottique. franchie du côté sain. Après aspiration des mucosités, on
L’os hyoïde sera par la suite retiré en monobloc avec la pièce effectue un élargissement de cette section muqueuse en rejoi-
opératoire. Ce temps nécessite une attention particulière pour le gnant le repli aryépiglottique côté sain au bistouri électrique.
nerf grand hypoglosse (XII) et l’artère linguale qui de chaque Progressivement la muqueuse du sinus piriforme sain est libérée
côté doivent être préservés. Il est également nécessaire pour sur le mur pharyngolaryngé. Cette muqueuse avait déjà préala-
préserver le patient d’un risque d’ostéoradionécrose sur un os blement été libérée de ses attaches cartilagineuses au niveau de
hyoïde laissé en place mais fortement dévascularisé. [1] l’angle antérieur et de sa face latérale. Ce temps important
Fermeture du pharyngostome
Chaque fois que cela est possible (patient demandeur et
motivé, muqueuse de bonne qualité) une prothèse phonatoire
est mise en place. La fermeture pharyngée se fait par simple
rapprochement muqueux. [3] Nous pratiquons la fermeture de ce
pharyngostome par des points enfouissants essentiellement
sous-muqueux espacés d’environ 4 mm. Chaque extrémité de
cette fermeture en T peut nécessiter un point en bourse
enfouissant. Nous effectuons systématiquement un plan de
couverture à l’aide des muscles constricteurs du pharynx par un
surjet simple. Généralement les muscles infrahyoïdiens ont été
emportés dans la pièce opératoire du côté lésionnel. Leur
vascularisation est souvent compromise par l’importance du
curage effectué de ce côté, en particulier lorsqu’ils sont non
conservateurs de la jugulaire interne de ses branches. Du côté
sain, ces muscles sont en général préservés et peuvent participer
à la couverture.
Utilisation de lambeaux dans la fermeture
Il faut proscrire la « fermeture serrée sur sonde gastrique » une extension à la commissure postérieure, sur l’aryténoïde
consistant à créer un néofût pharyngé avec une surface insuffi- controlatérale sous-glottique ou présente un trouble de la
sante de muqueuse ce qui entraîne une sténose soit immédiate mobilité laryngée controlatérale. Pour les cancers à point de
soit à l’issue de la radiothérapie postopératoire. Afin d’avoir une départ du sinus piriforme, il n’est pas possible de réaliser cette
surface suffisante, on peut être amené à effectuer un lambeau intervention s’il y a une extension en région rétrocricoïdienne,
dorsal de langue. [2] Il est taillé aux dépens de la muqueuse en commissure postérieure, au sinus piriforme controlatéral ou
basilinguale préservant artère linguale et nerf grand hypoglosse. avec un trouble de la mobilité laryngée controlatérale. Elle
Il est ensuite rabattu vers le bas et suturé à la muqueuse restante conserve de plus les limites habituelles de la PLT.
hypopharyngée. Une reconstruction peut être également réalisée
avec un lambeau musculocutané grand pectoral. [4] La palette Trachéotomie
cutanée peut être conformée en fonction du defect muqueux, À l’issue du curage, une trachéotomie est systématiquement
prenant grossièrement un aspect en position anatomique effectuée sous le deuxième anneau trachéal. Cet orifice en fin
pectorale d’un triangle pointe en haut. Nous privilégions la d’intervention sera transformé en un trachéostome et les deux
réalisation d’une PLTC (cf. infra) avec reconstruction immédiate premiers anneaux trachéaux ainsi conservés serviront ultérieu-
plutôt que de tenter une fermeture à l’aide d’une bande rement d’appui lors de l’obturation du shunt au doigt.
muqueuse étroite dont la vitalité est compromise.
Exposition du pharyngolarynx
Fermeture de la cervicotomie
Elle est comparable aux premiers temps de la PLT. Les muscles
Après hémostase soigneuse et mise en place d’un ou deux infrahyoïdiens sont sectionnés et rabattus sur la pièce opéra-
drain(s) aspiratif(s), le trachéostome est créé fixant la trachée à toire. L’os hyoïde est libéré de ses attaches sus-hyoïdiennes, y
la peau. Le plan sous-cutané est fermé à l’aide d’un fil résorba- compris de la membrane hyoglosse, et rabattu sur la pièce
ble lent et le plan cutané en général aux agrafes. Nous n’effec- opératoire. On effectue une ligature du pédicule laryngé
tuons pas de pansement compressif, la simple aspiration des supérieur en le nerf laryngé supérieur du côté lésionnel. Du côté
drains bien positionnés suffisant à réappliquer les plans. Fils et sain l’hémilobe thyroïdien est préservé ainsi que sa vascularisa-
agrafes seront retirés à J10. tion, en particulier le pédicule thyroïdien supérieur. Le pédicule
laryngé supérieur est préservé avec le nerf laryngé supérieur.
Pharyngolaryngectomie totale avec shunt
Préparation du shunt
trachéo-laryngo-pharyngé
Ce temps débute par une thyrotomie antérieure sur toute la
Cette technique chirurgicale développée en 1980 par l’équipe hauteur au niveau de l’angle antérieur du cartilage thyroïde. Du
de Pearson [5] dérive de la PLT en maintenant le principe d’un côté sain, un décollement sous-périchondral interne de l’espace
trachéostome. Mais elle se distingue de la PLT par la possibilité paralaryngé est réalisé sur environ les deux tiers antérieurs de la
de reconstruire un shunt phonatoire avec une unité cricoaryté- surface interne de cette aile. Une section verticale de cette
noïdienne fonctionnelle. portion d’aile thyroïdienne côté sain est ensuite effectuée. Il
reste ainsi une baguette cartilagineuse postérieure sur laquelle
Indications
sont insérés les constricteurs et le sinus piriforme sain en
Les principales indications [5-8] sont très proches des indica- dedans (Fig. 3).
tions de la pharyngolaryngectomie totale. Cette technique n’est L’arc antérieur du cartilage cricoïde est libéré sur toute sa
pas réalisable si la lésion à point de départ endolaryngé présente largeur. L’espace muqueux sous-glottique est conservé et
Fermeture (Fig. 6)
participe à la partie basse du shunt immédiatement au-dessus
des deux premiers anneaux trachéaux. L’arche cricoïdienne est Pour le pharynx, il s’agit d’une fermeture en T classique de
sectionnée des deux côtés près du chaton cricoïdien, prenant bas en haut commune à toute pharyngolaryngectomie totale
soin de ne pas léser le nerf récurrent côté sain. mais en prenant soin bien sûr d’inclure dans ce néofût pha-
La muqueuse est ouverte au niveau de la vallécule et l’épi- ryngé le shunt ainsi reconstruit. La fermeture de la cervicotomie
glotte est tractée en avant. Tenant compte de l’extension s’effectue de la même manière que pour la PLT classique.
tumorale, on débute le geste de section muqueuse du côté sain
Soins postopératoires
en débutant de haut en bas la section sur le repli ary-
épiglottique la partie antérieure de la bande ventriculaire et Les soins sont également les mêmes que pour une PLT
l’extrémité antérieure de la corde vocale. Si la tumeur franchit classique. Le shunt peut être testé à partir du 8e jour. Il peut être
la ligne médiane en avant, ce geste est effectué de la même ultérieurement aménagé à l’aide d’un kit mains libres afin de ne
manière mais le ciseau doit être reculé pour rester à distance du plus avoir à appliquer le doigt sur le trachéostome pour
débordement de la tumeur côté sain. La muqueuse sous- s’exprimer. Dans notre expérience, [10] la confection d’un shunt
glottique peut être entamée de manière limitée. En arrière on phonatoire ne rallonge pas le séjour hospitalier ni ne retarde la
effectue une section interaryténoïdienne en prenant soin de reprise alimentaire. C’est le cas pour les principales équipes
bien préserver l’unité cricoaryténoïdienne côté sain. La ayant publié dans ce sens. [11-13]
muqueuse cricoïdienne est ensuite sectionnée en paramédian du Le contrôle vocal s’échelonne selon les équipes [7, 12-18] entre
côté lésionnel tout en restant à distance de la lésion pour 83 et 95 %. Selon ces mêmes auteurs, le shunt est fonctionnel
rejoindre en avant l’extrémité antérieure de la corde vocale par dans une fourchette allant de 76 à 93 %.
sa face inférieure. Le chaton cricoïdien est sectionné sur toute
sa hauteur en regard de la section muqueuse. Le larynx s’ouvre Pharyngolaryngectomie totale circulaire
alors comme un livre et la résection pharyngée muqueuse Il s’agit d’une intervention assez proche de la PLT associant
s’effectue à distance de la tumeur selon les mêmes principes que cette fois une laryngectomie totale avec une hypopharyngecto-
lors d’une pharyngolaryngectomie totale conventionnelle. En mie totale. La difficulté principale réside dans la reconstruction.
fin de résection il reste une unité cricoaryténoïdienne fonction-
nelle et un hémilarynx dont il convient de vérifier l’intégrité Indications
ventriculaire pour éviter toute fuite d’air lors de l’utilisation du
Cette chirurgie est indiquée lorsque l’étendue de la lésion ne
shunt et l’éventuelle formation d’une laryngocèle. (Fig. 4)
permet pas de conserver suffisamment de muqueuses hypopha-
ryngées pour la reconstruction pharyngée. [2, 19, 20] Il s’agit donc
Fermeture du shunt (Fig. 5)
d’une lésion hypopharyngée concernant les deux sinus pirifor-
Les structures muqueuses hémilaryngées conservées sont mes ou bien un sinus piriforme mais étendu largement à la
libérées de leurs attaches cartilagineuses afin d’être tubulisées paroi pharyngée postérieure. La limite inférieure est l’atteinte de
sur elles-mêmes depuis la trachée jusqu’au sinus piriforme sain. la bouche de l’œsophage sans la franchir. En haut, la lésion
Nous effectuons des sutures au Vicryl® 3.0 sous muqueuse en peut envahir de manière limitée la base de langue et les loges
points séparés, de bas en haut. Il est important de préserver la amygdaliennes. Il faut s’assurer sur l’imagerie de l’intégrité de
mobilité aryténoïdienne en partie haute de cette fermeture. l’aponévrose prévertébrale et de l’espace intertrachéo-
Celle-ci assurera l’étanchéité à la déglutition. œsophagien.
Certaines équipes [9] proposent une reconstruction par Au moindre risque d’être amené à effectuer une PLT avec
lambeau, libre ou non, permettant d’éviter le trachéostome. reconstruction sur sonde, nous préférons d’emblée effectuer une
Préparation du malade
Elle est conforme à celle présentée dans les généralités mais
doit comprendre dans les champs opératoires l’aire du lambeau
qui sera choisi pour la reconstruction.
Curages cervicaux
1
Nous effectuons dans cette intervention systématiquement un
évidement celluloganglionnaire cervical bilatéral des aires IIa,
IIb, III, IV, Va, Vb. Généralement un évidement non conserva-
teur de la veine jugulaire interne est effectué du côté du plus
gros ganglion. Systématiquement au minimum, un évidement 2
récurrentiel est effectué du côté de la lésion avec hémithyroï-
dectomie associée mais bien souvent, il s’agit d’une indication
de thyroïdectomie totale avec un évidement récurrentiel
bilatéral.
Reconstruction
Figure 8. Mise en place du lambeau selon la technique de Spriano.
Les techniques de reconstruction sont variées et le choix du
lambeau doit respecter l’expérience de chacune des équipes
amenées à effectuer ce type de geste. Fermeture
Lambeau antébrachial libre microanostomosé La confection du trachéostome et la fermeture des plans sous-
cutanés et cutanés satisfont aux mêmes exigences que pour une
Lorsque ce lambeau est réalisable, nous privilégions ce pharyngolaryngectomie totale.
lambeau. Les résultats fonctionnels pharyngés sont bons tant
pour la voie œsophagienne que pour la déglutition. [24] Les Soins postopératoires
séquelles fonctionnelles de l’avant-bras sont acceptables. Dans
notre expérience, il s’agit d’un lambeau très fiable, facile à Ceux-ci diffèrent peu de ceux préconisés dans la partie
prélever mais qui nécessite un travail en double équipe. Nos Généralités avec cependant un protocole d’anticoagulation à
principales contre-indications à ce lambeau sont une contre- dose isocoagulante en cas de lambeaux microanastomosés. La
indication à une anesthésie générale longue (6 heures), un site reprise de l’alimentation est effectuée entre J7 et J10 après
donneur impropre à ce type de prélèvement, un site receveur transit pharyngo-œsophagien aux hydrosolubles.
incompatible avec un geste d’anastomose microvasculaire, le
refus du patient.
■ Pharyngectomies
Transplant libre de jéjunum
et pharyngolaryngectomies
Il s’agit d’un lambeau libre choisi par de nombreuses équi-
pes. [20, 25-27] Prélevé sur le 3e jéjunum, ce lambeau présente un partielles
pédicule constant, les séquelles digestives sont nulles, la
Les interventions décrites ci-dessous ont en commun la
reconstruction est aisée et les résultats fonctionnels sont
confection première d’une trachéotomie sans trachéostome
excellents. [28] Dans notre expérience, nous avons abandonné
définitif. Les tissus conservés permettront au patient d’assurer
progressivement ce lambeau au profit du précédent, le temps de
une phonation correcte associée à une bonne déglutition sans
microanastomose nous semblant plus délicat (en particulier
fausses routes.
l’anastomose veineuse) comparé au lambeau antébrachial avec
Dans notre expérience, le premier geste réalisé est une
des résultats fonctionnels comparables. trachéotomie et nous nous efforçons d’effectuer un abord séparé
Ascensions digestives pédiculisées de l’incision principale (cf. infra).
Le curage est effectué ensuite, parfois en monobloc avec la
Elles ne sont indiquées que dans le cadre de la reconstruction pièce opératoire lorsque cela s’avère nécessaire. Il est très rare
d’une œso-PLTC. De nombreuses équipes privilégient l’ascen- dans ce type d’intervention d’être amené à effectuer une
sion de l’estomac tubulisé ou pas. [29] Cette technique est lobectomie thyroïdienne avec un évidement récurrentiel car il
limitée par la hauteur de la résection initiale. s’agit de lésions haut situées.
Lambeau musculocutané grand pectoral (Fig. 8) Elles ont en commun une préparation du larynx quasi
identique (Fig. 9). Nous débutons ce temps par la libération de
La technique de reconstruction dite en « fer à cheval » [30-32] la grande corne de l’os hyoïde côté lésionnel, de ses attaches
permet la reconstruction d’une PLTC dans le même temps musculaires infra- et suprahyoïdiennes. Celle-ci est sectionnée et
opératoire et par une seule équipe. C’est une intervention réséquée. Les muscles infrahyoïdiens sont soigneusement
intéressante pour les patients fragiles car la durée d’intervention rabattus de haut en bas emportant en monobloc le muscle
est nettement plus courte que pour les techniques précédem- thyrohyoïdien, la membrane thyrohyoïdienne et le périchondre
ment décrites. de l’aile thyroïdienne attenante sur sa face externe. C’est un
Le lambeau grand pectoral musculocutané est rabattu par temps qui doit être réalisé avec soin car de la qualité et de la
voie sous-cutanée peau en dedans et celle-ci est suturée sur le vitalité de ce lambeau dépend une bonne cicatrisation par la
plan aponévrotique prévertébral sur toute la hauteur selon la suite. Le pédicule laryngé supérieur est soigneusement disséqué
forme d’une gouttière verticale ouverte en arrière. Les extrémités et lié avec conservation du nerf laryngé supérieur. La vasculari-
cutanées supérieures et inférieures sont suturées aux berges sation des muscles infrahyoïdiens dépend en grande partie du
muqueuses adjacentes. Certaines équipes disposent avant la pédicule thyroïdien supérieur qui doit être conservé. Il faut
fermeture d’une greffe de peau remise sur le plan prévertébral. s’attacher à rabattre au mieux en bas et en arrière ce lambeau
1 Fermeture du pharyngostome
Le plus souvent la fermeture s’effectue par simple rapproche-
ment. Pour les résections plus importantes, il ne faut pas exercer
de traction trop importante en particulier en remontant
artificiellement la bouche de l’œsophage car cela peut entraîner
des troubles de la déglutition prononcés et prolongés. Dans ce
cas précis le lambeau précédemment réalisé peut être très utile
pour combler le defect muqueux. L’étanchéité dans ce cas-là
sera assurée par des points périchondromuqueux rapprochés
tournés vers la lumière pharyngée.
Figure 9. Hémilaryngopharyngectomie supraglottique. 1. Confection
du lambeau myopérichondral. Variante de l’exérèse
Si la lésion est plus étendue en particulier en paroi pharyngée
postérieure, le lambeau constitué précédemment peut ne pas
Figure 10. Pharyngec-
suffire pour la fermeture. Dans ce cas précis, [21, 34, 35] on peut
tomie partielle par voie la-
envisager une fermeture de cette pharyngectomie par un
térale. 1. Aryténoïde. 2.
lambeau adapté. Nous privilégions dans ce cas la réalisation
1 Corde vocale. --- Ligne de
d’un lambeau libre antébrachial microanastomosé. Lorsque
résection.
celui-ci n’est pas réalisable, cette fermeture peut être réalisée par
2 un lambeau de grand pectoral. [36] Il s’agit d’une intervention
beaucoup plus lourde que celle décrite précédemment qui bien
souvent nécessite un évidement celluloganglionnaire cervical
bilatéral.
Hémipharyngolaryngectomie horizontale
supraglottique
Indications
Cette intervention est adaptée pour les lésions situées sur le
en limitant au maximum la dissection de sa partie la plus carrefour des trois replis. En haut, elles peuvent déborder sur la
latérale. Il s’agit d’un lambeau myopérichondral qui pour les vallécule mais de manière limitée. En bas elles ne doivent pas
gestes les plus limités type pharyngectomie partielle constituera rejoindre le fond du sinus piriforme. Au niveau laryngé, elles
un simple plan de couverture mais qui pour les gestes plus doivent impérativement laisser libre la totalité de la muqueuse
étendus assurera la fermeture pharyngée. aryténoïdienne et le plan glottique. Le larynx doit rester mobile
L’aile thyroïdienne ainsi exposée peut être réséquée à la et l’imagerie préalablement effectuée révèle tout au plus un
demande en fonction de la localisation et de la taille de la envahissement limité de l’étage sus-glottique sans envahisse-
lésion. Cependant la limite inférieure de cette section cartilagi- ment paralaryngé glottique ou sous-glottique. [37] L’envahisse-
neuse ne doit pas être située plus basse que le plan glottique. ment de la loge préépiglottique est pour nous une contre-
Un bon repère est l’angle antérieur du bouclier thyroïdien. Le indication à la réalisation de cette intervention.
plan glottique se projette à mi-hauteur de cette verticale partant
du fond de l’échancrure thyroïdienne en haut au bord inférieur Exérèse (Fig. 11)
du cartilage.
Celle-ci s’effectue après réalisation du lambeau myopérichon-
dral (cf. supra). On effectue un abord muqueux via le lit de
Pharyngectomie partielle section de la grande corne de l’os hyoïde côté lésionnel. Dans
C’est l’intervention dite de Trotter. ce temps, on prête une attention particulière au respect de
l’artère linguale et du XII. Cet abord muqueux doit être
Indications suffisamment haut situé par rapport à la zone des trois replis
pour ne pas être à proximité de la tumeur qui l’envahit fré-
Il s’agit d’une intervention permettant la résection d’une quemment dans ce type d’indications. On élargit l’incision
tumeur située sur la paroi latérale du sinus piriforme atteint. muqueuse au niveau de la vallécule permettant d’avoir un accès
C’est une tumeur de taille variable mais en général inférieure à direct et une bonne visualisation de l’étendue tumorale. Puis on
2 cm ne rejoignant pas le fond du sinus piriforme et n’attei- effectue une exérèse des tissus à la demande avec au niveau
gnant pas l’angle antérieur (Fig. 10). [21, 33] pharyngé des marges muqueuses centimétriques dans toutes les
directions. Au niveau laryngé, l’exérèse peut nécessiter une
Pharyngectomie section de la moitié voire de la quasi-totalité de l’épiglotte.
La pharyngectomie débute par une incision muqueuse qui est Cette section exigera un respect scrupuleux de la commissure
effectuée dans le lit d’exérèse de la grande corne de l’os hyoïde antérieure ce qui garantit le maintien de l’attache antérieure des
avec en général une section muqueuse à hauteur de la vallécule deux cordes vocales. Elle se poursuit d’avant en arrière le long
juste au-dessus du repli pharyngoépiglottique. Ce geste nécessite de la face supérieure de la corde vocale, au fond du ventricule
d’être attentif à la conservation du XII et de l’artère linguale de Morgani, du côté lésionnel. On rejoint en arrière les reliefs
2
1
1 3
3 4
Hémipharyngolaryngectomie
Figure 12. Hémilaryngopharyngectomie horizontale supraglottique.
Rapports du laryngopharyngostome.
supracricoïdienne
C’est l’intervention dite de Paul André.
de l’aryténoïde qui sont préservés ainsi que sa muqueuse,
Indications
remontant ainsi verticalement sur le repli aryépiglottique. Le
temps laryngé précédemment décrit impose bien souvent des L’indication est rare dans notre expérience. Elle concerne les
marges de sécurité infracentimétriques dans une ou plusieurs tumeurs de la margelle laryngée latérale envahissant l’aryté-
directions. Cela impose un geste sûr parfaitement adapté à la noïde en arrière sans atteinte de la margelle postérieure. En
connaissance de la lésion et en particulier une bonne imagerie. endolaryngé, elles peuvent descendre sur le plan glottique sans
Des recoupes avec examen extemporané doivent être réalisées envahissement sous-glottique. En avant, elle n’envahit pas la
au moindre doute. L’espace pré-épiglottique est théoriquement loge préépiglottique et latéralement elle peut envahir le sinus
non concerné par l’envahissement tumoral. Toutefois s’il existe piriforme en laissant libre le fond du sinus piriforme et la paroi
un doute, il est préférable d’effectuer une épiglottectomie totale pharyngée postérieure. La mobilité pharyngée peut être dimi-
en prenant soin lors de ce temps de bien rabattre la totalité de nuée par effet de masse mais l’articulation cricoaryténoïdienne
la loge dans la pièce tumorale. doit être respectée. [2, 39] On doit s’assurer d’un envahissement
limité de l’espace paralaryngé en particulier de l’étage glottique
Fermeture du pharyngolaryngostome (Fig. 12) (imagerie).
Dans un premier temps, on prend soin de couvrir la tranche
Hémipharyngolaryngectomie (Fig. 13)
de section cartilagineuse épiglottique par simple rapprochement
muqueux sur la tranche. Cela s’effectue avec des points séparés. Celle-ci s’effectue après réalisation du lambeau myopérichon-
Si le cartilage aryténoïde est amené à être exposé voire sec- dral (cf. supra). Dans l’aire de résection de la grande corne de
tionné dans sa partie supérieure, cette mise à nu cartilagineuse l’os hyoïde, on effectue un abord valléculaire en prenant soin
de bien préserver l’artère linguale et le XII. Cette section photocoagulés mais au-delà il faut utiliser des microclamps
muqueuse est élargie afin de bien exposer la lésion. De haut en vasculaires. Inévitablement les tumeurs assez volumineuses
bas, on effectue une section emportant en général en avant la doivent être fragmentées.
totalité de l’épiglotte et rabattant soigneusement sur la pièce
d’exérèse la loge préépiglottique en cas de doute sur son
envahissement. En bas, la section se prolonge dans la commis-
sure antérieure en prenant soin de ne pas désinsérer la corde du ■ Conclusion
côté sain. On rejoint ainsi le bord supérieur de l’anneau
cricoïdien. En arrière on effectue une section démarrant dans Les cancers de l’hypopharynx sont le plus souvent diagnosti-
l’échancrure interaryténoïdienne en prenant soin de ne pas léser qués tardivement et surviennent fréquemment chez des patients
l’aryténoïde du côté sain rejoignant ainsi le bord supérieur du en mauvais état général. La chirurgie ne concerne donc qu’un
chaton cricoïdien. On effectue alors côté lésionnel une désin- nombre restreint de cas mais reste, même à l’aune de la
sertion de l’aryténoïde rejoignant ainsi d’arrière en avant préservation laryngée, un traitement efficace. La chirurgie
l’incision antérieure. Au niveau pharyngé, la résection est tumorale est indissociable du traitement des aires ganglionnai-
effectuée à la demande prenant soin d’emporter des marges res, le curage ganglionnaire uni- ou bilatéral étant réalisé dans
muqueuses saines centimétriques dans toutes les directions. Au le même temps opératoire. La chirurgie partielle est dans ce
moindre doute, des recoupes sont effectuées avec examen contexte réservée à des patients très sélectionnés. La chirurgie
extemporané. Lors de la résection de la lésion, on doit en endoscopique au laser CO2 n’a que de rares indications tandis
permanence rester attentif au respect du nerf laryngé supérieur. que la chirurgie partielle par voie externe permet l’exérèse, sous
couvert d’une trachéotomie provisoire, de tumeurs limitées de
Fermeture du pharyngolaryngostome la paroi externe hypopharyngée (pharyngectomie partielle) ou
de la partie haute du mur pharyngolaryngé (hémilaryngopha-
Dans un premier temps, si l’aryténoïde restante est exposée
on effectue un capitonnage muqueux soigneux. Si l’épiglotte a ryngectomie supraglottique ou supracricoïdienne). La pharyn-
été sectionnée, cette tranche de section cartilagineuse est golaryngectomie totale permet un bon contrôle local des cas
soigneusement recouverte par la muqueuse adjacente à l’aide de non éligibles pour les stratégies de préservation laryngées. Les
points séparés. On réapplique le lambeau myopérichondral en pharyngolaryngectomies circulaires avec œsophagectomie totale
prenant soin tout comme dans l’intervention précédente de ou partielle permettent dans des cas très sélectionnés l’ablation
laisser libre le moignon épiglottique éventuellement restant et de tumeurs plus évoluées mais dont le pronostic reste sombre.
de ne pas tracter la bouche de l’œsophage vers le haut. La
surface périchondrale du lambeau doit être exploitée au mieux
lors de cette fermeture pharyngée en particulier pour la ferme-
ture de la partie basse car elle assurera une très bonne étan-
■ Références
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glottiques ou glottiques, elle est préconisée par certaines équipes
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doivent être bien visibles et que l’exérèse doit passer à un Doctorat en Médecine], Faculté de Médecine Saint-Antoine, Paris,
centimètre de ces limites. En revanche, apparemment la majo- 1998.
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Lefebvre J.-L., Mallet Y. Pharyngectomies et pharyngolaryngectomies. EMC (Elsevier SAS, Paris),
Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-280, 2005.
Reconstruction pharyngo-œsophagienne
P. Marandas, M.-A. Germain, D. Hartl
Les cancers du sinus piriforme sont des cancers fréquents en France. Lorsqu’ils atteignent un certain stade
de développement, ils envahissent largement la paroi postérieure de l’hypopharynx et la bouche
œsophagienne. La seule chirurgie possible est alors la pharyngo-laryngectomie totale circulaire qui
nécessite la reconstruction d’un tube pharyngé. Il en est de même pour les cancers de la région rétro-crico-
aryténoïdienne et les cancers de la bouche œsophagienne. Depuis 35 ans des techniques nombreuses
sont apparues. Aujourd’hui, quatre sont surtout utilisées : le lambeau musculocutané en U, le transplant
libre antébrachial tubulisé, la gastroplastie et le transplant libre de jéjunum. L’objectif est d’obtenir un
tube pharyngé autorisant une reprise rapide de la déglutition sans risque de sténose tardive et avec un
minimum de mortalité et de morbidité. Le choix de la technique de réparation dépend en très grande
partie des habitudes de chaque équipe qui dispose facilement ou pas d’un chirurgien rompu à la
technique des microanastomoses. L’important étant de permettre un retour à la maison rapide car il
s’agit d’un cancer dont le pronostic est réservé et qui doit ensuite être irradié dans un délai assez rapide.
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■ Différentes techniques
de réparation
Lambeau deltopectoral
Après l’ère des lambeaux cutanés de voisinage et l’ère des
lambeaux en « poignée de valise », un pas important a été
réalisé par le lambeau deltopectoral (LDP) dans la fermeture des
pharyngo-laryngectomie totales circulaires (PLTC). Sa technique
est simple. C’est un lambeau thoracique à pédicule médian tracé Figure 2. Lambeau deltopectoral tubulisé et ascensionné dans le cou.
au bord inférieur de la clavicule, diffusé en France par
Soussaline. [3]
Désépidermisation de la partie proximale
Description de la technique du lambeau
Une vaste partie proximale est désépidermisée, elle corres-
deltopectoral (Fig. 1)
pond à la zone secondairement enfouie du lambeau. On prend
Tracé et levée du lambeau deltopectoral soin de tracer la section externe de la désépidermisation selon
Il s’agit d’un lambeau rectangulaire à pédicule interne dont le un V ouvert en dedans.
bord supérieur est tracé parallèlement au bord inférieur de la Le tracé de désépidermisation en V permet d’obtenir un trajet
clavicule et à 2 cm sous elle et dont le tracé inférieur se situe digestif en S allongé favorisant le passage alimentaire.
au 3e espace intercostal. Le bord externe est à 4 cm en dehors
de l’acromion. Le lambeau est levé en commençant par la partie Tubulisation (Fig. 1)
externe, en passant au ras du muscle deltoïde et en prenant soin Elle est réalisée dans le sens de la longueur, le revêtement
de laisser l’aponévrose dans le lambeau. cutané créant la néomuqueuse.
La suture est réalisée en un plan soit par des points séparés,
soit par un surjet de façon à ce que le segment CB soit suturé
sur C’B’ et la partie AD sur A’D. On obtient un conduit à
bouche supérieure circulaire terminale BB’ et à bouche inférieure
latérale AA’-CC’.
Suites opératoires
Précoces
Elles sont en règle simples. Parfois peut survenir un pharyn-
gostome traduisant un lâchage au niveau de la suture supé-
rieure. Des pansements compressifs sont nécessaires pendant
plusieurs jours jusqu’à tarissement de la fistule.
Tardives
Le gros écueil est la survenue d’une sténose soit au niveau de
la suture supérieure, soit au niveau de la suture inférieure. Le
traitement de cette sténose nécessite des séances de dilatation
prudente de préférence en radiologie interventionnelle.
Avantages et inconvénients
C’est un lambeau mince se modelant bien en tube ; la zone
de prélèvement est proche et d’accès aisé dans le même champ
opératoire que le geste d’exérèse. C’est un lambeau dont la
réalisation est rapide, peu hémorragique, bien tolérée, n’expo-
sant à aucune complication abdominale ou médiastinale.
Ce lambeau néanmoins ne permet pas une réparation pha-
ryngée lorsque celle-ci remonte haut et surtout il n’est pas
souhaitable de l’utiliser en chirurgie de rattrapage ou alors dans Figure 3. Tracé de la palette cutanée du lambeau musculocutané de
un second temps après avoir utilisé la classique technique des grand pectoral.
« trois trous ».
Lambeaux musculocutanés
Lambeau musculocutané de grand pectoral
Il utilise le muscle grand pectoral qui est le muscle le plus
superficiel de la paroi thoracique antérieure et la palette cutanée
adjacente. Il est vascularisé par un pédicule principal : l’artère
du grand pectoral toujours dépendante de l’artère acromiotho-
racique. L’artère du grand pectoral est toujours accompagnée
d’une ou de deux veines et de branches nerveuses, sa longueur
est de 10 à 11 cm. Au pédicule principal s’ajoute deux pédicules
accessoires : la branche acromiale ou artère deltopectorale et la
branche pectorale de la mammaire externe.
Technique chirurgicale du lambeau musculocutané de grand
pectoral tubulisé
Tracé du lambeau (Fig. 3). La palette cutanée est tracée
parallèlement à la ligne acromioxyphoïdienne d’Ariyan. Elle a
de 7 à 8 cm de largeur. La partie basse est tracée de façon à ce
qu’elle atteigne la section de l’oropharynx. Il ne faut pas
dépasser en bas la 6e côte car, au-delà, la palette cutanée se
comporte comme un lambeau au hasard.
Il ne faut pas tracer de trait de refend allant jusqu’à la
clavicule mais un court trait de refend allant vers le creux
axillaire de façon à ne pas se priver de l’utilisation d’un
éventuel lambeau deltopectoral associé ou ultérieur. Figure 4. Levée de la palette myocutanée du lambeau musculocutané
Incision de la palette et sa levée (Fig. 4). L’incision intéresse de grand pectoral.
la peau et le tissu cellulaire sous-cutané, plus ou moins épais
jusqu’au plan du muscle grand pectoral.
Une fois le plan du grand pectoral atteint, on décolle de ce À la partie du thorax, là où il n’y a plus de palette cutanée,
muscle les berges cutanées situées en dehors et en dedans de la le muscle grand pectoral est sectionné à 2 cm de chaque côté
palette de façon à dégager l’ensemble de la face superficielle du du pédicule de façon à ce qu’il réalise un « manchon » de
grand pectoral. Ensuite : protection pour le pédicule. Cette section est réalisée jusqu’à
• repérage du bord inférieur du grand pectoral ; 1 cm environ de la clavicule.
• dissection de la face profonde du grand pectoral dans sa Réalisation du tube « digestif » (Fig. 5,6). Le lambeau est
moitié inférieure ; réappliqué sur le thorax.
• libération des attaches les plus inférieures du grand pectoral ; La tubulisation de la palette myocutanée est réalisée en
• section du muscle grand pectoral à 2 cm du tracé du lambeau suturant A sur A’ puis en remontant progressivement la suture
cutané de façon à ce que la palette musculaire soit nettement jusqu’à BB’.
plus large que la palette cutanée. Cette section se fait de bas Cette tubulisation n’offre pas de difficulté sauf lorsque le
en haut. pannicule adipeux est épais, rendant impossible cette tubulisa-
Ainsi le lambeau musculocutané est levé progressivement tion. Cette suture se fait à points séparés ou par un surjet, au
avec le pédicule vasculaire à sa face profonde. vicryl 00 ou même avec un fil non résorbable type Ethicrin®.
B'
A'
B
A
Dessin du lambeau
La palette cutanée est rectangulaire, centrée sur l’artère radiale
repérée au doppler. Sa longueur est de 10 cm en moyenne. Sa
largeur est de 10 cm à la partie haute et de 8 cm à la partie
basse. La palette cutanée à son incision distale se situe à au
moins 1 cm au-dessus de l’interligne du poignet pour éviter une
gêne à la flexion radiale due à la cicatrice.
Temps opératoires du levée du lambeau Figure 11. Levée de la palette cutanée antébrachiale après ligature de
Les temps opératoires se décomposent comme suit : l’artère radiale et des veines satellites.
• incision du bord radial (ou latéral) comprenant la peau, le
tissu cellulaire sous-cutané et le fascia ;
• décollement cutanéoaponévrotique en veillant à passer de coaguler de nombreuses petites branches à destinée
au-dessous de l’artère radiale dans la vallée entre le long musculaire. L’artère, solidaire de la palette cutanée, est ainsi
supinateur et le grand palmaire ; relevée ;
• incision distale : celle-ci doit être très superficielle tant que • incision proximale limitée à la peau, ce qui permet de
l’on n’a pas repéré les branches sensitives du nerf radical et détacher la palette cutanée ;
la veine céphalique ; • incision à la face antérieure de l’avant-bras de la palette
• dissection précautionneuse aux ciseaux afin d’isoler les cutanée au pli du coude et décollement des berges en laissant
branches du nerf (en règle deux ou trois) et la veine ; un manchon graisseux autour du réseau veineux ;
• ligature et section de la veine céphalique à sa partie basse ; • dissection de ce manchon graisseux du plan musculaire :
• dissection au-dessus des branches du nerf pour décoller le muscle brachioradial et muscle fléchisseur radial du carpe ;
lambeau ; • dissection vers le haut de l’artère radiale après avoir écarté ces
• abord de l’artère radiale : dans un plan plus profond, dissec- deux muscles et en prenant soin à la branche sensitive du
tion entre le tendon du brachioradial et le fléchisseur radial nerf radial ;
du carpe au niveau de la gouttière du pouls : abord de l’artère • la dissection de l’artère et de la veine sera poursuivie vers le
et des deux veines qui sont liées et sectionnées (Fig. 11) ; haut selon la longueur du pédicule nécessaire (Fig. 12,13).
• incision cubitale (ou médiale) ; Si le réseau veineux superficiel est de mauvaise qualité, il faut
• dissection dans le plan situé immédiatement sous le fascia et poursuivre la dissection jusqu’à l’origine de la radiale car, à ce
décollement du lambeau des tendons et des muscles fléchis- niveau, on trouve la veine communicante du coude qui anas-
seur radial du carpe et du long palmaire. Le périmysium des tomose les réseaux superficiels et profonds.
tendons doit être respecté pour la prise de greffe ultérieure ;
• décollement de la palette cutanée de bas en haut en poursui- Tubulisation du lambeau à la face antérieure de l’avant-bras
vant la dissection sous le fascia et la dissection à la superficie La suture se fait en deux plans : un plan cutané profond aux
du nerf radial jusqu’à ce que celui-ci s’insinue derrière le points séparés éversants noués dans la lumière et un plan
muscle brachioradial ; superficiel aponévrotique réalisé à l’aide d’un surjet.
• poursuite du décollement du bord cubital jusqu’au médial du
fléchisseur radical du carpe, ce qui amène au septum inter- Libération du lambeau
musculaire. L’artère radiale est disséquée progressivement La libération du lambeau est effectuée après section le plus
dans l’interstice séparant ces deux muscles, ce qui nécessite haut possible de l’artère radiale et des veines.
n’est pas facile. Le premier test au bleu est réalisé au 15e jour
de façon à s’assurer de l’absence de fistule. Si le test est négatif,
on autorise une reprise progressive de l’alimentation orale.
terminolatérale et, par sécurité, une seconde anastomose en suturer le lambeau antébrachial selon la technique du U.
terminoterminale se branche sur le tronc veineux de Faraboeuf.
Sutures digestives Gastroplastie
Après mise en place de la SNO à travers le greffon radial
tubulé, on réalise la suture haute pharyngocutanée puis la
Gastroplastie pédiculée sans thoracotomie [32-35]
suture basse cutanéo-œsophagienne. Ces deux sutures digestives C’est une plastie isopéristaltique de l’estomac ascensionné au
se font aux points séparés avec du vicryl 3/0 ou 2/0 en prenant cou. Il est essentiel de tubuliser l’estomac pour permettre son
soin de commencer par la berge postérieure. passage dans le médiastin postérieur.
Mise en place d’une greffe La plastie gastrique pédiculée ou gastric pull up des auteurs
anglo-saxons est la technique la plus utilisée. Cette technique
On met en place une greffe de peau mince sur la zone de
pour réparer l’hypopharynx est dérivée de la technique utilisée
prélèvement de l’avant-bras et on effectue une suture cutanée et
un pansement bien appliqué pour favoriser la prise de greffe. par les chirurgiens digestifs pour réparer les lésions œsopha-
giennes seules qui anastomose l’estomac à la partie basse du cou
Suites opératoires (Akiyama).
Les suites sont habituellement simples. On tente de surveiller La reconstruction de l’œsophage et de l’hypopharynx est plus
la vitalité du lambeau en utilisant un nasofibroscope mais cela délicate en raison de la longueur à reconstruire, ce qui explique
Sutures vasculaires
Figure 19. Jéjunum anastomosé avec l’oropharynx en haut, l’œso-
La revascularisation du greffon débute par l’anastomose
phage en bas après avoir réalisé les microanastomoses vasculaires. 1.
veineuse ; la veine jéjunale est anastomosée de façon termino-
jéjunum ; 2. œsophage ; 3. oropharynx ; 4. carotide externe ; 5. jugulaire
latérale sur la veine jugulaire interne ou de façon terminotermi- interne.
nale sur le tronc veineux de Faraboeuf. La suture est réalisée au
fil de nylon 9/0 ou 10/0 sous microscope opératoire. Certains
auteurs préfèrent les lunettes loupes. Une fois réalisée, l’anasto-
avoir taillé en biseau le jéjunum de façon à ce que son calibre
mose veineuse est immédiatement déclampée.
s’adapte à la brèche pharyngée supérieure : on commence par
La branche de l’artère carotide externe prévue pour la suturer la paroi postérieure de l’oropharynx à la paroi posté-
revascularisation est sectionnée après clampage. Après l’avoir rieure du jéjunum. Il est conseillé de faire des points extramu-
irrigué au sérum hépariné, l’artère jéjunale est anastomosée en queux rapprochés, ensuite la paroi antérieure est suturée de
terminoterminale par points séparés de nylon 9/0 ; la suture dehors en dedans.
vasculaire doit être faite de dedans en dehors pour être sûr de Après avoir réduit la taille du jéjunum de façon à ce qu’il soit
prendre l’intima. Le déclampage artériel est effectué. Ce strictement rectiligne, sans coudure, on réalise la suture
déclampage est suivi de la reprise rapide de la coloration rosée inférieure entre le jéjunum et l’œsophage (Fig. 20) ; la réduction
du greffon, du péristaltisme et de la sécrétion intestinale. Les de la dimension du jéjunum est rendue plus rapide par l’utili-
battements artériels sont perçus dans le mésentère. sation de pince automatique.
Anastomoses digestives (Fig. 19) Mésentère
Après avoir pris grand soin de respecter le sens du péristal- Le mésentère est attaché par quelques points aux structures
tisme intestinal, on met en place la sonde d’alimentation à de voisinage de façon à ce qu’il ne migre pas en position déclive
travers le tube jéjunal et on réalise la suture supérieure après et qu’il recouvre bien le greffon jéjunal et l’axe carotidien.
Tableau 3.
Avantages et inconvénients principaux du lambeau libre de jéjunum et du lambeau libre antébrachial.
Avantages Inconvénients
Transplant libre de jéjunum – Suites simples – Temps abdominal
– Excellente qualité de déglutition – Voix mauvaise
– Hospitalisation 15 j
Transplant libre antébrachial – Suites plus longues – Cicatrice à l’avant-bras
– Déglutition ± – Fistule fréquente (Nakatsuka)
– Hospitalisation 20 j
Tableau 4.
Avantages et inconvénients des différentes techniques de réparation dans l’expérience des auteurs.
Mortalité Inconvénient Reprise de la Qualité de la Voix
déglutition déglutition
LMC de GP tubulisé – Fistule fréquente 20 j Médiocre Médiocre
Sténose
LMC de GP en U – Fistule fréquente 20 j Bonne Médiocre
Lambeau antébrachial 0,5-1 % Fistule 18 j Médiocre Médiocre
Sténose
Lambeau libre de jéjunum 2% Temps abdominal 10 j Excellente Mauvaise
Gastric Pull Up 7% Temps abdominal 14 j Excellente Bonne
Œsophagectomie
Coloplastie 20 % – 14 j Bonne Médiocre
LMC : lambeau musculocutané ; GP : grand pectoral.
abdominale, le transplant de jéjunum. Elles nécessitent donc [10] David JM, Bachaud JM, Cevreau CH, Vignaux JC. Pharyngo-
d’avoir été programmées à l’avance et de disposer au minimum laryngectomie totale circulaire reconstruite par le lambeau musculocutané
d’un doppler des vaisseaux du cou. de grand pectoral : à propos de 13 cas. In: Bataini JB, Leroux-Robert,
Pour ces raisons, la technique du lambeau musculocutané de editors. Cancers de l’hypopharynx. Paris: Masson; 1989. p. 202-8.
grand pectoral en U est utilisée du fait de sa facilité et de sa [11] Guedon C, Moisy N, Soussy T, Attal P, Depondt, Hay JM, Gehanno P.
rapidité d’exécution toujours possible lorsqu’on est face à une Pharyngo-laryngectomie totale circulaire. Analyse d’une série de 53
extension peropératoire imprévue. cas. In: Cancers de l’hypopharynx. Paris: Masson; 1989. p. 173-5.
Malgré l’absence de nécessité carcinologique de sacrifier [12] Fabian RL. Pectoralis major myocutaneous flap reconstruction of the
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Gastric Pull Up pour assurer la continuité pharyngée. À l’Institut [13] Spriano G, Pelleni R, Roselli R. Pectoralis major myocutaneous flap for
Gustave-Roussy, nous avons réalisé en 5 ans 92 pharyngo- hypoharyngeal reconstruction. Plast Reconstr Surg 2002;110:1408-13.
laryngectomies totales circulaires ; la procédure de réparation a [14] Yang G, Chen B, Gao Y. Forearm free skin flap transplantation. Natio-
utilisé un transplant libre de jéjunum 53 fois, un lambeau libre nal Med J China 1981;61:139.
antébrachial dans quatre cas, la technique du Gastric Pull Up [15] Pech A, Cannoni M, Zannaret M, Collignon G, Thomassin JM,
chez 18 patients, une colonoplastie dans cinq cas et un lambeau Goubert JL, et al. Pharyngo-laryngectomie totale circulaire. Méthode
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12 cas, ces lambeaux étaient tubulisés ou suturés selon la Otolaryngol Chir Cervicofac 1984;101:535-40.
technique du U. À partir de cette expérience, nous pouvons [16] Germain MA, Avci C, Roux M. L’œsophago-jéjunostomie au cou pour
donner les avantages et les inconvénients de ces différentes le rétablissement de la continuité dans le cancer de l’œsophage (après
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Marandas P., Germain M.-A., Hartl D. Reconstruction pharyngo-œsophagienne. EMC (Elsevier SAS, Paris),
Techniques chirurgicales - Tête et Cou, 46-300, 2005.
Frédéric Chabolle : Professeur des Universités, chef de service ORL et chirurgie de la face et du cou
Xavier Lachiver : Chef de clinique-assistant
Service ORL et chirurgie de la face et du cou, centre médicochirurgical Foch, 92151 Suresnes
cedex France
Résumé
Mais le traitement chirurgical d'un ronflement est différent tant d'un point de vue
technique chirurgicale que des résultats quand il s'agit d'une rhonchopathie simple ou d'un
syndrome d'apnée du sommeil.
La chirurgie de la rhonchopathie a été publiée dès 1964 par lkemasu ; elle a pour but
essentiellement de raccourcir le voile, élargir l'oropharynx et mettre en tension les tissus
musculomuqueux sous-jacents.
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UVULO-PALATO-PHARYNGOPLASTIE OU PHARYNGOTOMIE
POUR RONFLEMENT SIMPLE
[9]
L'uvulo-palato-pharyngoplastie (UPPP) peut se réaliser sous anesthésie locale
ou sous anesthésie générale [3].
Installation
Matériel spécifique
Abaisse langue-aspirateur.
Seringue montée sur aiguille fine de 7 à 10 cm.
Bleu de méthylène.
Xylocaïne® 1 % adrénalinée 0,20 mg, bistouri électrique et matériel de
dissection d'amygdalectomie (ciseaux de Metzenbaum, pince sans griffe,
porte-aiguille long).
Variations techniques
Indications
Installation
Matériel spécifique
Technique opératoire
Variations techniques
Indications
Suites opératoires
Complications
Hémorragie postopératoire
Une insuffisance vélaire passagère est parfois constatée dans les jours suivant
l'intervention, elle se corrige avec l'assouplissement progressif du voile.
Exceptionnellement cette insuffisance vélaire est définitive, elle correspond à une
faute chirurgicale par excès d'exérèse du voile. Seules des techniques
chirurgicales de vélopharyngoplastie associant recul du voile et lambeau de paroi
pharyngée postérieure à charnière supérieure peuvent corriger ce trouble.
Sténose du voile
Résultats
Les résultats des pharyngoplasties chez les ronfleurs ne présentant pas d'apnée
du sommeil sont bons et durables.
Selon Chabolle et coll., sur un groupe de 70 patients traités par cette méthode 78
% s'estiment satisfait de cette intervention. Sur le ronflement 5 % des patients
ont vu leur bruit inchangé, 51 % disparaître totalement.
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Particularités anesthésiques
Installation et matériel
Technique opératoire
Indications
Résultats
LASER DU VOILE
Installation et matériel
Technique opératoire
Résultats
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L'obstacle nasal est secondaire dans la majorité des cas à des cornets inférieurs
hypertrophiques ou à une déviation septale.
Sous anesthésie locale, une rétraction des cornets peut être obtenue par
cautérisation électrique ou chimique, ou par laser.
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Basiglossectomies
Matériel
Installation
Technique
Suites opératoires
Matériel
Installation
Technique opératoire
Repérage des muscles sous-hyoïdiens (fig. 9 C), libération des ventres antérieurs
des digastriques qui sont réclinés latéralement. Ouverture de la ligne médiane
mylohyoïdienne, les muscles étant réclinés latéralement et repérés sur fil.
Même technique pour le pédicule artériel qui est en position plus postérieure (fig.
9 E).
Les suites opératoires nécessitent une décanulation à J3, avec ablation de sonde
d'alimentation à J9 et sortie à J10.
Matériel
Installation
Technique opératoire
Disjonction ptérygomaxillaire.
Ostéotomie d'Obwegeser
Incision vestibulaire. Libération des faces interne et externe de la branche
montante de la mandibule.
Suites opératoires
Hospitalisation : 8 jours.
Transposition génienne
Matériel
Installation
Technique opératoire
Anesthésie générale, plus une anesthésie locale.
Création d'un volet osseux à la scie oscillante prenant l'os basilaire, de forme
trapézoïdale, à petite base antérieure et grande base postérieure.
Transposition antérieure.
Suites opératoires
Elles sont simples, avec ablation du drain à J2, sortie à J4, alimentation pâteuse
ou liquide pendant 10 jours.
Hyoïdoplastie
Il est possible d'utiliser des fils d'acier, avec cependant des risques de rupture ou
de détachement. Il semble préférable d'utiliser des fils tressés plus élastiques, de
type nylon.
Matériel
Installation
Technique opératoire
Anesthésie générale, renforcée par une anesthésie locale.
Suspension de l'os hyoïde qui doit venir s'inscrire dans le bord inférieur de la
mandibule.
Suites opératoires
Index d'apnée
Analyse céphalométrique
Très schématiquement :
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CONCLUSION
Le but de la chirurgie est de guérir ces patients en un seul temps chirurgical, car
il s'agit souvent de terrain fragile porteur de facteurs de risque cardiovasculaires
importants. Les progrès futurs dans la détermination du site obstructif devraient
permettre d'approcher un taux de succès important permettant de traiter ces
patients de manière définitive et moins coûteuse que la ventilation à pression
positive.
Références
Fig 1 :
Fig 1 :
6. Muscle constricteur.
7. Choanes.
8. Amygdales.
9. Base de langue.
Fig 2 :
Fig 2 :
Fig 3 :
Fig 3 :
Fig 4 :
Fig 4 :
1. Spatule « ronflement ».
2. Base de langue.
3. Pièce opératoire.
4. Zone cruentée.
Fig 5 :
Fig 5 :
1. Spatule « ronflement ».
2. Sonde d'intubation.
3. Muscle pharyngostaphylin.
4. Muscle constricteur.
Fig 6 :
Fig 6 :
2. Muscle constricteur.
6. Point d'angle en X.
Fig 7 :
Fig 7 :
Laser du voile.
1. Palais osseux.
Fig 8 :
Fig 8 :
A. Tracé de l'exérèse.
Fig 9 :
Fig 9 :
A. Principes.
2. Zone d'exérèse.
1. Muscle digastrique.
2. Muscle mylohyoïdien.
3. Glande sous-maxillaire.
4. Os hyoïde.
D. Voie d'abord : la voie d'abord médiane permet de récliner l'ensemble des muscles du
plancher buccal, puis de repérer les pédicules linguaux.
2. Glande sublinguale.
4. Muscle géniohyoïdien.
5. Muscle mylohyoïdien.
2. Muscle hypoglosse.
4. Artère linguale.
5. Muscle génioglosse.
7. Os hyoïde.
Fig 9 :
Fig 9 :
Fig 10 :
Fig 10 :
Transposition génienne.
A. Ostéotomie pyramidale.
C. Fraisage du fragment.
Fermeture
Remarquablement simple au niveau du vestibule buccal après
repositionnement du septum nasal et méchage hémostatique de
la cavité.
Les indications de cette voie d’abord sont analogues aux voies
précédentes. Son choix est largement affaire d’écoles.
Cet accès est limité, suffisant pour des petits fibromes purement
choanaux (stade Ia de Sessions) [18].
Fermeture
En deux temps :
• fermeture des lambeaux nasaux ;
• suture de la fibromuqueuse palatine par des points espacés.
Figure 6. Voie transpalatine de Wilson. Position opératoire et tracé de
l’incision muqueuse.
Voies d’accès aux parois latérale
et postérieure du rhinopharynx [19]
Ces voies transbuccales ou basicrâniennes sont d’un usage
moins courant et réservées moins au rattrapage de certaines
petites lésions carcinomateuses du cavum qu’au traitement des
expansions, surtout latérales, des fibromes nasopharyngiens à la
fosse infratemporale lorsqu’elles ne paraissent plus accessibles
en sécurité vasculaire à des voies moins délabrantes telles que
le degloving. Certaines tumeurs, essentiellement basicrâniennes,
étendues secondairement à la paroi latérale du rhinopharynx ou
encore certaines récidives infratemporales des tumeurs paroti-
diennes peuvent justifier ces voies.
Figure 9. Voie transmandibulaire médiane : mandibulotomie selon Figure 10. Coupe de l’espace para-amygdalotubaire et de la paroi
Biller et exposition du péripharynx. Variante : prolongation de l’incision latérale du cavum. Application à la voie de Biller (d’après Rouvière). 1. Nerf
sur la fibromuqueuse palatine. trijumeau ; 2. trompe d’Eustache ; 3. ligament ptérygoépineux de Civi-
mini ; 4. muscle péristaphylin latéral ; 5. muscle péristaphylin médial ;
• section de l’insertion hyoïdienne du muscle mylohyoïdien, 6. amygdale palatine ; 7. muscle constricteur supérieur du pharynx ;
puis du raphé médian qui l’unit à l’opposé. 8. muscle styloglosse ; 9. faisceau sphénoïdal du ptérygoïdien latéral ;
L’axe vasculonerveux du cou et ses efférents (nerf accessoire 10. aponévrose ptérygo-temporo-mandibulaire ; 11. faisceau ptérygoï-
et hypoglosse) sont repérés. dien latéral ; 12. artère dentaire inférieure ; 13. nerf dentaire inférieur ;
Section du plancher buccal sagittalement entre les caroncules 14. muscle ptérygoïdien médial ; 15. glande sous-maxillaire ; A : espace
salivaires, puis l’incision transfixiante s’incline pour courir dans para-amygdalotubaire ; B : espace para-amygdalien ; C : loge sous-
le plancher buccal jusqu’à la base du pilier antérieur, en laissant, maxillaire.
en dedans le nerf lingual, en dehors le canal de Wharton.
L’hémimandibule est alors écartée en dehors, au prorata de la
laxité du muscle ptérygoïdien médial. Après ligature de la Voie préauriculaire sous-temporale [22-25]
carotide externe qui gêne l’écartement, l’espace para-amygdalien
Décrite par Sekhar et reprise par Samy, il s’agit d’une voie
est ouvert et vidé de son contenu graisseux, découvrant en
d’abord utilisable en rattrapage de petites lésions carcinomateu-
dedans le péripharynx recouvert par le muscle stylopharyngien
ses de la paroi latérale du cavum et pour traiter les extensions
en arrière, le styloglosse en avant (Fig. 9).
infratemporales de certains fibromes nasopharyngiens. De
L’incision est poursuivie le long du pilier antérieur, jusqu’en
nombreux obstacles s’opposent à la pénétration vers le cavum
arrière de la dernière molaire, permettant d’ouvrir l’espace para-
qui, de la superficie à la profondeur, sont :
amygdalien en continuité avec l’espace para-amygdalotubaire.
• les branches supérieures du nerf facial ;
On individualise sur le ptérygoïdien médial le nerf lingual que
• les complexes musculo-osseux cervicocondyliens, coronoï-
l’on suit et qui indique, par définition, la fosse infratemporale
daux et zygomatiques ;
avec le foramen ovale (Fig. 10). La section du ptérygoïdien
• le surplomb du plancher de la fosse temporale ;
médial ouvre l’espace, donne accès à la paroi latérale du cavum,
• les branches du nerf mandibulaire, voire du nerf maxillaire.
tapissé par le muscle tenseur du voile au-dessus du constricteur
supérieur. La section du muscle tenseur, élévateur du voile et de Incision
la trompe permet de mobiliser le pharynx vers le côté opposé.
Le rapport avec la partie haute de l’espace rétrostylien, soit Le patient est en décubitus dorsal, tête tournée du côté
essentiellement avec la carotide interne, doit toujours être gardé opposé, d’environ 30° par rapport au plan sagittal. Il s’agit
à l’esprit. d’une incision classique de parotidectomie, prolongée en haut
et en avant vers la ligne médiane à la jonction des régions
Fermeture frontales et temporales (Fig. 11).
Elle s’apparente, dans son principe, à celle d’une voie de Exposition
Trotter (plancher et synthèse mandibulaire à l’aide d’une plaque
vissée). Le lambeau inférieur est celui d’une parotidectomie. À la
partie supérieure, il s’agit d’un lambeau cutané levé au ras du
Variantes fascia temporal, puis en sous-périosté à la limite antérieure de
La plus courante est la prolongation de l’incision du pilier ce fascia.
antérieur de l’amygdale en dedans et le long des collets dentai- Le paquet vasculonerveux est repéré et laqué. Le tronc du
res sur la fibromuqueuse palatine et jusqu’à la ligne médiane ; nerf facial puis ses branches supérieures sont isolées. Dès lors,
elle permet de décoller le lambeau palatin, en sectionnant rugination sous-périostée puis section de l’arcade zygomatique
l’artère palatine postérieure et, selon le procédé à os perdu décrit le plus loin possible en avant ; en arrière, en avant de l’articu-
à propos de la voie de Wilson, d’accéder aux choanes (Fig. 9). lation temporomandibulaire. Pédiculisation sur le masséter de
l’arcade qui est rabattue vers le bas. Section du coroné et du
Inconvénients muscle temporal qui s’y attache, le tout étant rabattu vers le
L’inconvénient cicatriciel labial n’est pas négligeable. Par haut. Éventuelle résection du condyle, toujours nécessaire pour
ailleurs, la section du muscle tenseur, élévateur du voile et de exposer la partie haute de l’espace rétrostylien, et donc le
la trompe entraîne une otite séreuse définitive, nécessitant la paquet vasculonerveux (et dégageant l’obstacle du ptérygoïdien
mise en place d’un aérateur transtympanique. latéral que l’on peut supprimer).
Définition anatomique
Communiquant en avant avec la cavité buccale par l’arche
Figure 11. Voie de Sekhar. Incision cutanée. des piliers antérieurs du voile du palais, qui constitue l’isthme
du gosier, il surplombe en arrière l’hypopharynx dont le sépare
un plan théorique horizontal passant par les grandes cornes de
l’os hyoïde. Il est, en outre, séparé du cavum par un plan tout
aussi théorique passant par le bord supérieur de l’arc antérieur
de la première vertèbre cervicale. Sur un plan pratique, cette
région comporte la région amygdalienne proprement dite, la
base de la langue, les vallécules et l’épiglotte sus-hyoïdienne. Les
voies d’abord afférentes permettent ou non un geste aux régions
immédiatement adjacentes et seront donc classées en accès
limités et en accès larges.
Fermeture
En deux plans, musculaire et muqueux pour la paroi pharyn-
gée. Mise en place d’un drain aspiratif de Redon, fermeture du
platysma coli et de la peau en deux plans séparés.
l’extérioriser, d’y introduire la sonde gastrique que l’on fixe, que l’on ouvre. Le lobe thyroïdien est récliné vers l’avant, après
l’ensemble étant retiré dans le pharynx. La sonde d’alimenta- section de la veine thyroïdienne moyenne, tandis que l’écarteur
tion est alors poussée sous contrôle pharyngoscopique dans protège l’axe jugulocarotidien en arrière. La région trachéo-
l’œsophage et dans l’estomac [35]. œsophagienne est facilement repérée, éventuellement le nerf
récurrent gauche, dans l’angle trachéo-œsophagien, le muscle
Voies chirurgicales [36] cricopharyngien est reconnu facilement à ses insertions cricoï-
diennes et ses fibres étalées en éventail à grande base vers
L’accès à l’hypopharynx est dans la plupart des cas médié par l’arrière. La myotomie se fait au bistouri dans le sens craniocau-
le larynx dans le cadre de la laryngectomie partielle ou totale. dal jusqu’à obtention du plan sous-muqueux.
Les voies d’accès limitées au pharyngolarynx sont en pratique .
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D. Stoll (dominique.stoll@chu-bordeaux.fr).
V. Darrouzet.
L. de Gabory.
Hôpital Pellegrin, service d’ORL, place Amélie-Raba-Léon, 33076 Bordeaux cedex, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Stoll D., Darrouzet V., de Gabory L. Voies d’abord du pharynx. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-270, 2006.
Introduction
qu’elles sont complètes ou non, confrontent le praticien à un
Les paralysies laryngées posent des problèmes différents selon problème d’ordre respiratoire. Le traitement est donc différent selon
qu’elles sont unilatérales ou bilatérales. Dans le cas de paralysie ces deux cas, mais les problèmes occasionnés sont toujours difficiles
unilatérale, il s’agit de la prise en charge d’un trouble fonctionnel à résoudre, même si le développement de la chirurgie endoscopique
responsable de dysphonie, alors que les paralysies bilatérales, selon a beaucoup fait progresser les traitements.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Makeieff M, Garrel R et Guerrier B. Chirurgie des paralysies laryngées. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques
chirurgicales – Tête et cou, 46-380, 2001, 15 p.
46-380 Chirurgie des paralysies laryngées Techniques chirurgicales
2
Techniques chirurgicales Chirurgie des paralysies laryngées 46-380
3
46-380 Chirurgie des paralysies laryngées Techniques chirurgicales
*
*
A
1 *
B *
C
1
4
5
2 6
*
D *
E *
F
l’articulation cricothyroïdienne, surtout si l’on pratique la section de maintenir durablement l’aryténoïde [ 2 4 , 7 1 ] . Si la béance est
la petite corne du cartilage thyroïde, car c’est un bon repère pour importante, on peut être amené à ouvrir largement la partie
localiser le processus musculaire. postérieure de l’articulation cricoaryténoïdienne pour accentuer la
médialisation [ 4 ] . La correction du déplacement vertical de
Localisation du processus musculaire de l’aryténoïde l’aryténoïde est difficile à apprécier mais semble être un facteur
important de la réussite fonctionnelle de l’intervention. Aussi, pour
Son repérage est difficile et Isshiki décrit quatre repères qui peuvent
favoriser la bascule de l’aryténoïde, il a été proposé un deuxième fil
aider à sa découverte [4, 27] :
de maintien, passé à la partie postérieure de l’aryténoïde et serré
– la projection de la corde vocale sur l’aile thyroïdienne, qui est au sur le cricoïde ou la corne inférieure du cartilage thyroïde [70, 71].
même niveau ;
Suture et traction
– l’articulation cricothyroïdienne, qui est située à moins de 1 cm ;
– le bord supérieur du cartilage cricoïde, qui indique son niveau ; Ces deux actions déterminent la position de l’aryténoïde. Il faut
déterminer au mieux la direction des fils et l’emplacement des deux
– la proéminence du processus musculaire, qui est palpable. Les orifices à faire dans le cartilage thyroïde. Il faut que l’un soit au tiers
fibres musculaires du cricoaryténoïdien postérieur et du antérieur et l’autre à la moitié de l’aile thyroïdienne (5 et 10 mm de
thyroaryténoïdien latéral, que l’on voit bien, convergent vers la ligne médiane), à 1 ou 2 mm en dessous du niveau de la corde
l’articulation cricoaryténoïdienne et aident ainsi au repérage [4]. vocale [64]. On doit veiller, lors du placement des pertuis à effectuer
Durant ce temps, il faut veiller à maintenir vers le haut le sinus dans le cartilage thyroïde, à ce qu’ils n’interfèrent pas avec une
piriforme qui peut recouvrir l’articulation. possible thyroplastie de type I.
L’aile thyroïdienne est remise en place médialement, un fibroscope
Ouverture de l’articulation cricoaryténoïdienne
est introduit par la narine, et la traction à exercer sur les fils est
L’ouverture de l’articulation met en évidence une structure d’aspect réglée au cours de la phonation, jusqu’à limiter la fuite glottique et
brillant et blanc. L’ouverture de l’articulation facilite le passage du améliorer la voix. On peut aider à la mobilisation en comprimant
fil au travers du muscle et du cartilage ; elle entraîne une ankylose l’aile thyroïdienne latéralement et en avant, ou en faisant une
de l’articulation qui maintient la position du cartilage après approximation cricothyroïdienne. Une tension excessive est
mobilisation. On utilise un fil de 3-0 ou 4-0, non résorbable, qui doit décelable en fibroscopie car la corde devient arquée, l’apophyse
être passé assez profondément dans le muscle et le cartilage pour vocale dépassant la ligne médiane.
4
Techniques chirurgicales Chirurgie des paralysies laryngées 46-380
¶ Complications
Le repérage du processus musculaire de l’aryténoïde peut entraîner
quelques complications, en particulier l’ouverture du sinus
piriforme. Celui-ci peut recouvrir l’articulation cricoaryténoïdienne.
On doit donc veiller, avant d’ouvrir l’articulation, à bien palper le Les complications de cette technique sont rares, mais il a été
plan dur qui indique son emplacement. Le sinus piriforme doit, le rapporté des détresses respiratoires par obstruction laryngée due à
cas échéant, être maintenu récliné vers le haut. un œdème glottique ou à des volumes injectés trop importants, des
La qualité du cartilage thyroïde qui va assurer le maintien des fils granulomes qui semblent être la conséquence d’une injection trop
de traction est un élément important à prendre en compte. Une superficielle.
dislocation du cartilage thyroïde pendant son maintien en avant La voix, immédiatement après l’injection, retrouve une certaine
compromet l’intervention. Si le cartilage est trop large, il ne faut pas puissance, la fuite glottique est beaucoup moins importante. Ces
hésiter à le sectionner en avant de son bord postérieur. Cette résultats ont tendance à se dégrader ultérieurement par la résorption
manœuvre donne un accès suffisant à l’articulation crico- de la glycérine constituant la pâte du produit. Il est aussi reproché
aryténoïdienne et limite l’écartement. au Téflont de rendre la corde vocale rigide et de ne pas permettre
Il est important de ne pas surcorriger en amenant le processus vocal de bonnes vibrations en phonation.
au-delà de la ligne médiane, car le résultat vocal est alors mauvais.
Si l’on n’arrive pas à obtenir une voix satisfaisante en réglant la ¶ Injection de collagène (fig 4)
tension sur les fils, on peut avoir recours à trois méthodes : une
approximation aryténoïdienne qui médialise légèrement la corde Ce produit a suscité beaucoup d’intérêt. Il a été ces dernières années
vocale, une ouverture plus importante de l’articulation le produit de référence des injections intracordales. Les produits
cricoaryténoïdienne, ou la combinaison avec une thyroplastie [24]. commercialisés en France, d’origine bovine, ont été retirés en partie
à cause des risques liés aux injections de produits allogènes.
¶ Résultats Certains, d’origine bovine, restent commercialisés mais n’ont pas
Il existe peu de travaux rapportant des résultats sur des séries d’autorisation de mise sur le marché pour les injections
conséquentes. Il s’agit d’une intervention dont les indications sont intracordales. Ces restrictions peuvent être contournées en
assez rares, et elle est peu proposée en première intention. Mais les pratiquant des injections de collagène autologue obtenu à partir de
résultats rapportés semblent excellents pour des cas bien choisis la graisse du patient [54]. Mais le coût d’une telle mesure semble
[24, 27, 64, 70]
. Elle peut être couplée ou complétée avec des techniques interdire son utilisation en pratique courante. Les résultats rapportés
d’injection, surtout pour les cas où il existe une rétraction de la étaient bons, tous les patients étant améliorés, la plupart
partie membraneuse de la corde vocale [70]. considérablement [56]. Il pouvait exister des réactions allergiques qui
obligeaient à la pratique préalable de tests sous-cutanés, mais le
produit était en général bien toléré.
MÉDIALISATION PAR VOIE ENDOSCOPIQUE :
INJECTIONS INTRALARYNGÉES
¶ Injection de bioplastique
L’idée de médialiser la corde vocale paralysée est ancienne, datant
du début du XXe siècle. Bruning, en 1911, met au point une seringue Ce sont des particules solides de silicone élastomère
spéciale pour l’injection de paraffine. Cette méthode fut ensuite (polydiméthylsiloxane), en suspension dans un gel vecteur. Le
abandonnée à cause des effets secondaires, en particulier les produit s’emploie avec un pistolet adapté sur lequel on monte la
paraffinomes et les embolies qui survinrent. Différents produits seringue de 1,3 mL. L’injection se fait à la jonction du tiers postérieur
furent testés ensuite, en particulier le Gelfoamt qui a l’inconvénient et du tiers moyen de la corde vocale, en sous-muqueux et
d’être résorbé assez rapidement. On attend trois caractéristiques du éventuellement en intramusculaire à la partie antérieure de la corde,
produit à injecter : qu’il soit bien toléré par le tissu qui le reçoit, jusqu’à obtenir un bombement suffisant. Les résultats phonatoires
qu’il ne soit pas résorbé, qu’il soit suffisamment malléable pour être de ce produit sont identiques à ceux du collagène. Le produit est
injecté [43]. très bien toléré et devrait faire prochainement l’objet de publication
de résultats.
¶ Injection de Téflont
C’est le Téflont qui, à partir de 1960, fut utilisé. Ce produit composé ¶ Injection de graisse autologue [30]
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La pression ne doit pas être trop importante pour ne pas puisqu’il est rapporté 88 % de remobilisation, soit complète avec une
endommager les cellules, mais malgré ces précautions, environ la adduction et une abduction, soit partielle avec une adduction
moitié des adipocytes prélevés sont endommagés [6]. On peut constante [67, 68].
estimer à 90 % la viabilité des adipocytes prélevés non
traumatisés [6]. Il est nécessaire de prélever environ 4 cm3. La
graisse est placée ensuite dans le fût d’un pistolet à injection muni Indications
d’un piston cranté. On peut également prélever la graisse par
excision. Aucune étude n’a montré une meilleure conservation des Le traitement dépend du degré d’abduction de la corde vocale et de
cellules par l’une ou l’autre méthode [59]. l’étiologie. L’importance de la dysphonie est fonction de la fuite
L’injection est effectuée sous microlaryngoscopie en suspension, phonatoire et de l’atrophie cordale. En cas de dénervation, la corde
patient sous anesthésie générale et intubé ou sous anesthésie locale va progressivement s’atrophier et la dysphonie sera d’autant
avec sédation. L’injection est pratiquée en trois points dans le muscle augmentée. Il faut attendre au moins 6 mois avant d’envisager un
traitement chirurgical, que l’on n’entreprend qu’après une
vocal (thyroaryténoïdien) [42], jusqu’à obtenir un aspect concave du
rééducation.
bord libre de la corde qui est le témoin de la surcorrection [6]. Une
antibiothérapie peropératoire est prescrite. Aucune restriction vocale Il faut insister dans tous les cas sur la difficulté à évaluer le problème
postopératoire ne semble nécessaire. vocal, souvent multifactoriel lors du bilan préopératoire, et à prédire
les résultats d’une intervention. [64] . L’œdème postopératoire,
La qualité vocale obtenue est le plus souvent excellente, la corde l’atrophie ultérieure par la cicatrisation, la résorption des matériaux
vocale conservant de bonnes qualités vibratoires. La graisse, même implantés ou du cartilage de maintien rendent le résultat longtemps
si une quantité non négligeable est résorbée, peut être mise en incertain.
évidence histologiquement plusieurs mois après l’injection [1].
Le collagène, qui avait donné de bons résultats [56], ne peut plus être
utilisé. Le Téflont, malgré certains inconvénients (résultats vocaux
¶ Limitations des injections intracordales irréguliers, problèmes de migration, doutes sur une oncogénicité du
matériau) reste utilisé [11]. D’Antonio, lors d’une analyse objective
Ces méthodes rapides, simples, pratiquées sous laryngoscopie en
postopératoire des fonctions laryngées, compare la thyroplastie de
suspension, nécessitent cependant une exposition suffisante du
type I et l’injection de Téflont : une meilleure qualité vocale et des
larynx. Il existe quelques limites à leur emploi. La principale est données aérodynamiques plus proches de la normale après
l’impossibilité d’arriver à obtenir une fermeture postérieure thyroplastie sont rapportées [10]. Depuis quelques années, l’injection
suffisante. Même dans le cas d’injection satisfaisante, il persiste de graisse autologue est utilisée avec succès. Actuellement, c’est
toujours une béance postérieure due à la position en abduction de probablement la méthode la plus utilisée en première intention. Elle
l’aryténoïde. Elle peut être la cause d’une détérioration vocale bénéficie d’une technique de prélèvement simple, est bien tolérée,
ultérieure. Cette béance est éventuellement compensée par la bascule donne des résultats durables et la graisse, en permettant les
de l’aryténoïde saine, mais seule une technique d’adduction vibrations normales de la corde vocale, procure une bonne qualité
aryténoïdiennne peut complètement améliorer la configuration de vocale. Elle permet une résolution rapide et simple du problème
la glotte postérieure. vocal, elle peut être reconduite et la pratique de thyroplastie en cas
L’autre problème est la difficulté d’injecter le produit exactement d’échec ou d’insuffisance reste possible. D’autres techniques, en
dans l’espace voulu, surtout en cas d’atrophie cordale ou de perte particulier les injections de macroplastique, devraient se développer
dans l’avenir.
de substance due à une chirurgie. Dans ces cas, le tissu cicatriciel
peut empêcher la médialisation correcte, empêcher la répartition du La thyroplastie de type I est donc actuellement préconisée dans le
produit injecté dans la corde qui s’agglutine au point d’injection, traitement de la paralysie laryngée unilatérale non régressive, après
donnant un aspect bosselé au bord libre de la corde vocale. 6 mois de rééducation et après échec des techniques d’injection [24].
La thyroplastie est une technique idéale en cas de sacrifice nerveux
obligatoire, car elle peut être réalisée dans le même temps opératoire
RÉINNERVATIONS et minimise au mieux les inconvénients de la section nerveuse. Cette
technique reste peu efficace en cas d’atrophie cordale et de béance
¶ Anastomoses nerveuses postérieure importante. L’atrophie cordale entraîne une différence
de niveau des cordes vocales. Or, la thyroplastie corrige peu ce
Elles sont du domaine de la chirurgie expérimentale et n’ont pas défaut et les vibrations vocales ne sont pas améliorées. Une béance
pour l’instant d’implications cliniques en dehors de cas très postérieure importante est la limite principale des thyroplasties de
particuliers. type I. Même en plaçant la fenêtre le plus en arrière possible sur le
cartilage thyroïde, on agit mal sur l’espace interaryténoïdien. Dans
¶ Lambeau neuromusculaire ces cas, on est amené à proposer une adduction aryténoïdienne qui
est une technique assez spécifique de correction des béances
Dérivée de la description de Tucker, cette technique est surtout postérieures. En dehors de la remise en tension de la partie
utilisée pour les paralysies bilatérales, mais a été utilisée pour les membraneuse de la corde vocale, elle agit peu sur la partie
paralysies unilatérales en implantant le pédicule neuromusculaire antérieure des cordes vocales. Il peut être nécessaire de compléter
dans le muscle thyroaryténoïdien latéral. l’intervention par une injection intracordale ou une thyroplastie.
C’est plus particulièrement le cas s’il existe une atrophie cordale
Technique avec un aspect arqué [70]. Dans les paralysies anciennes, il a été bien
constaté que la correction de la béance postérieure n’amène pas
On repère le tendon du muscle omohyoïdien et sa branche motrice obligatoirement d’amélioration vocale, car il est difficile d’agir sur la
provenant de la branche descendante du XII. On peut effectuer un longueur de la corde atrophiée [70]. Mais l’adduction aryténoïdienne
test de stimulation du nerf à 1 mA pour vérifier la contraction est une intervention d’exécution délicate, à pratiquer sous anesthésie
musculaire. On prélève un fragment de muscle d’environ 2-3 cm, locale pour obtenir un réglage précis de la tension à appliquer sur
l’aile thyroïdienne est exposée et un fragment de cartilage et son les fils de rappel.
périchondre interne sont retirés en regard de la corde vocale. Le Les réinnervations, compte tenu des techniques à disposition et de
muscle thyroaryténoïdien latéral ainsi exposé, on suture le fragment leurs résultats (injection, thyroplastie et adduction) ne peuvent
neuromusculaire. Il a été montré par des prélèvements histologiques trouver d’indication en pratique courante, hormis des cas très
la réalité de la réinnervation. D’après Tucker, les résultats sont bons particuliers.
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• Aryténoïdectomie médiale
L’indication s’applique à des cas de dyspnée moins sévère et donc à
3 des patients non trachéotomisés. Ce geste est supposé diminuer la
1 2 1 rançon phonatoire de l’aryténoïdectomie totale. Le principe est
4 d’élargir sélectivement la glotte respiratoire sans modifier la glotte
phonatoire ni les insertions musculoligamentaires des cordes
3 vocales.
Après vaporisation du mucopérichondre aryténoïdien, la résection
est menée entre, en avant le processus vocal, et en arrière l’angle
6 Aryténoïdectomie subtotale (d’après Remacle). Limites de résection. postéromédial du cartilage aryténoïde. La résection prend une forme
semi-circulaire concave en dedans, de 1 à 2 mm de profondeur. La
postérieure (type Ossoff). Nous utilisons un laryngoscope durée opératoire est brève.
conventionnel de type Bouchayer, positionné pour exposer un Un geste controlatéral peut être réalisé 3 mois plus tard si le résultat
cartilage aryténoïde, la commissure postérieure, la fente respiratoire est insuffisant. Cependant, les suites fonctionnelles à
interaryténoïdienne et au moins la moitié de l’autre cartilage long terme sur des séries de patients conséquentes ne sont pas
aryténoïde. Pour ce faire, la sonde endotrachéale en caoutchouc, de documentées. Enfin, un geste d’aryténoïdectomie partielle après
5 ou 5,5 mm, est chargée par le laryngoscope et repoussée en avant. radiothérapie cervicale n’est pas recommandé, en raison du risque
Ceci permet de libérer le champ opératoire et d’avoir une bonne de chondronécrose aryténoïdienne [9].
vision de l’aryténoïde à opérer. Le microscope opératoire, couplé au
laser CO2, est équipé d’une focale de 400 mm, focalisé pour obtenir • Aryténoïdectomie subtotale (fig 6)
un microspot de 0,8 mm. Les cartilages corniculé et aryténoïde sont
En raison d’un risque de fausses routes définitives en cas
diminués progressivement de haut en bas. Deux modes de réglages
d’aryténoïdectomie totale, Remacle préconise la conservation du
laser sont utilisés alternativement : mode intermittent de 0,1 s, avec
versant pharyngé du cartilage aryténoïde [55]. L’exérèse débute par
une puissance approximative de 2 W/cm2 pour la vaporisation du
la section de la corde vocale au raz du processus vocal et se poursuit
mucopérichondre ; mode continu avec une puissance de plus de
en dehors et en arrière dans le plancher ventriculaire jusqu’à
3 W/cm2 pour la vaporisation du cartilage lui-même. Ce temps est
atteindre la face latérale du cartilage aryténoïde. La section passe
mené jusqu’à ne laisser que la base du cartilage aryténoïde. Puis, de
par le versant laryngé du cartilage aryténoïde, ce qui préserve un
dehors en dedans, le ligament latéral est sectionné et le restant du
versant pharyngé de 2 à 3 mm. La commissure postérieure est
cartilage aryténoïde est vaporisé jusqu’à atteindre le rebord du
épargnée, habituellement protégée par la sonde d’intubation
cartilage cricoïde en profondeur, mais le processus musculaire, ainsi
trachéale. La section du corps du cartilage aryténoïde laisse un mur
que l’insertion du muscle interaryténoïdien, sont préservés. Durant
postérieur de 2 mm et épargne le processus musculaire. Le geste
ce temps opératoire, il est pris soin de ne pas léser la muqueuse de
dure entre 25 et 30 minutes.
la fente interaryténoïdienne. En avant, le processus vocal, ainsi que
la partie adjacente du muscle vocal, sont vaporisés. La résection La survenue de synéchies postérieures est possible. Des fausses
muqueuse débute 2 à 3 mm en avant du processus vocal et prend routes liquidiennes sont courantes durant les premiers jours
une direction postérieure et latérale, ce qui produit une encoche dans postopératoires et sont rapidement compensées.
la corde vocale et l’espace paraglottique de forme triangulaire dont
la base répond à la fente glottique. Enfin, une encoche est réalisée • Variantes chirurgicales
dans la partie postérieure du plancher ventriculaire, procurant une Certains auteurs [12, 15] ont développé des techniques endoscopiques
cicatrisation favorable au maintien de l’ouverture néoglottique. de lambeaux muqueux pour traiter les synéchies glottiques
De rares cas de synéchies postérieures sténosantes ou de granulomes postérieures et les sténoses laryngées (fig 7). Ainsi, il a été proposé
ont été rapportés et la qualité vocale semble relativement altérée [50]. un lambeau à charnière antérieure afin de procéder à l’aryté-
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D’une manière générale, et particulièrement dans le cas de la La trachéotomie permet le traitement rapide et de façon sûre d’une
musculature laryngée intrinsèque, le transplant d’un nerf dyspnée importante. Mais le côté invasif, la nécessité de soins
directement au contact des fibres musculaires ne permet pas la quotidiens de cette thérapeutique, l’inconfort provoqué à long terme,
constitution d’un nombre suffisant de plaques motrices [8]. Ainsi, ce incitent à envisager d’autres procédés chirurgicaux pour permettre
genre de technique n’est pour l’instant pas utilisé en clinique. son ablation, et ce d’autant plus que l’espérance de vie est grande.
L’approche endoscopique a grandement simplifié la prise en charge.
Indications et synthèse Que ce soit une aryténoïdectomie complète ou partielle, une
cordectomie ou une cordotomie, une cordopexie, les suites
Les paralysies laryngées bilatérales surviennent le plus souvent dans fonctionnelles sont simples dans la majorité des cas. Certaines
un contexte clinique particulier. Les cas de paralysies bilatérales techniques, en particulier l’aryténoïdectomie totale, sont plus
postchirurgicales sont rares mais peuvent se rencontrer dans les volontiers envisagées si le patient est trachéotomisé. Un geste réalisé
suites de chirurgie du tronc brachiocéphalique. Mais dans la majorité d’un côté peut se révéler insuffisant. Si l’on a effectué une
des cas, il existe un contexte de pathologie neurologique souvent cordotomie ou une cordectomie partielle, on peut étendre le geste
complexe où la paralysie laryngée est intriquée à d’autres atteintes ou l’effectuer sur le côté controlatéral. Plus la résolution du
des paires crâniennes, rendant la résolution du problème d’autant problème respiratoire nécessite une exérèse étendue de façon
plus difficile. Afin d’adapter la thérapeutique à chaque cas, il faut unilatérale ou bilatérale, plus la sanction vocale va s’avérer
mettre en balance d’un côté l’espérance de vie du patient, les importante.
comorbidités, la nécessité de conserver une phonation, et d’un autre
côté le caractère plus ou moins invasif de la technique et ses Les études comparant les résultats fonctionnels entre
conséquences anatomiques et fonctionnelles. Le bilan préopératoire aryténoïdectomie totale [ 1 6 ] ou subtotale [ 3 5 ] et cordectomie
doit être le plus précis possible. postérieure concluent que l’efficacité respiratoire des deux
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12 Intervention de De Graaf-Woodman.
A, B. Le bord postérieur de l’aile thyroïdienne est libéré, conduisant sur l’aryténoïde.
C. La corne inférieure du cartilage thyroïde est désarticulée. L’incision du périchondre laisse apparaître le cartilage
aryténoïde.
D. L’aryténoïde est disséqué et attiré en dehors.
E, F. Mise en place d’un fil de fixation sur l’apophyse vocale restante et amarrage à la corne inférieure du cartilage
thyroïde.
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techniques est comparable. Ces deux techniques entraînent des PROBLÈMES PROPRES À LA PÉDIATRIE
troubles de déglutition, peut-être plus importants en cas La paralysie laryngée bilatérale, bien que rare chez l’enfant,
d’aryténoïdectomie totale. En ce qui concerne la voix, il n’a pas été représente néanmoins la deuxième cause de stridor. La récupération
mis en évidence de différence entre les deux techniques. Les autres spontanée survient dans 65 % des cas ; 90 % des récupérations
méthodes (cordotomies, cordectomies partielles et latérofixation par spontanées se font dans les 6 mois suivant le déficit, mais deux cas
voie combinée) apportent des résultats sensiblement équivalents du sont rapportés de récupération après 10 et 36 mois [66]. L’association
point de vue respiratoire, avec une attitude peut-être plus à un déficit neurologique central aggrave le pronostic vital et grève
conservatrice vis-à-vis de la voix. les chances de récupération spontanée [47]. Si la symptomatologie
Les cas où l’on ne parvient pas à résoudre le problème respiratoire reste modérée et qu’il y a des chances de récupération, une attitude
et à retirer la trachéotomie sont rares à l’heure actuelle où l’on attentiste doit être envisagée. Jusqu’à 35 % des cas sont traités
dispose des procédés endoscopiques. C’est ce qui fait que les autres ainsi [66]. Mais si l’obstruction respiratoire est sévère, une intervention
techniques par voie cervicale sont rarement pratiquées. On les est nécessaire. La prise en charge immédiate passe par une
réserve plus volontiers aux cas où la paralysie laryngée est associée intubation endotrachéale plus ou moins prolongée, puis une
à une sténose glotto-sous-glottique. trachéotomie ou une intervention de latéralisation. Il persiste des
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controverses sur la durée de l’attente d’une récupération avant sur l’apophyse vocale. Les sutures sont juste serrées pour maintenir
d’envisager une intervention de latéralisation, mais la trachéotomie le cartilage aryténoïde en position, sans trop de traction. Toutes ces
n’est pas dénuée de risques chez l’enfant [5, 47]. Les techniques de interventions peuvent entraîner des troubles phonatoires et de
latéralisation comprennent, concernant l’enfant : l’aryténoïdectomie déglutition si l’ouverture glottique est trop importante. Le taux
laser, la latérofixation endoscopique et par voie cervicale. d’échec à long terme rapporté est de 30 % [47, 48].
L’aryténoïdopexie de King modifiée est préférée à l’intervention de
Les techniques d’aryténoïdectomie chirurgicale par laryngofissure et
Woodman [47, 48, 66]. La particularité de cette intervention chez l’enfant
par laser CO2 ont été évaluées [1]. La technique de Scheer par
doit être la conservation de l’articulation cricoaryténoïdienne, car le
laryngofissure paraît apporter un meilleur taux de succès
cartilage thyroïde est trop souple pour soutenir la pexie
respiratoire (84 % contre 56 % respectivement), avec des résultats
aryténoïdienne. L’aryténoïde est abordée de la même manière,
l’articulation cricoaryténoïdienne visualisée après avoir refoulé des vocaux comparables [1].
fibres du muscle cricoaryténoïdien. Il est aussi recommandé Enfin, la cordotomie laser semble être une alternative intéressante
d’effectuer l’intervention sous intubation endotrachéale, ce qui du traitement des paralysies en adduction. Ses résultats sont en
permet de positionner l’aryténoïde en bonne position [48]. Trois fils cours d’évaluation et devraient prochainement faire l’objet de
sont placés : deux autour du corps de l’aryténoïde et un troisième publications.
Figure 14 et Références ➤
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15
46-420
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 46-420 (2004)
précédée de la mise en place d’un tube rigide de – la fermeture de la thyrotomie est réalisée de façon la plus étanche
trachéobronchoscopie et être réalisée sur celui-ci. [32] La trachéotomie possible, par rapprochement à l’aide de points au niveau du
permet ensuite de réaliser une anesthésie générale et le bilan périchondre externe ;
endoscopique. – en cas de délabrement laryngé important, la chirurgie s’apparente
à la chirurgie partielle carcinologique.
¶ Dans certains traumatismes ouverts
L’introduction d’une sonde d’intubation ou d’une canule de
INDICATIONS
trachéotomie à ballonnet, directement au travers de la plaie, permet
la ventilation et évite l’inondation bronchique. Elle est suivie d’une Il s’agit de traumatismes laryngés importants avec lésions
trachéotomie réglée. muqueuses, dénudations cartilagineuses, fractures thyroïdiennes
multiples, instables, ou déplacées, fractures cricoïdiennes,
désinsertions ou luxations aryténoïdiennes, lésions même minimes
Principes et indications de la commissure antérieure. L’indication sera posée après bilan
endoscopique sous couvert d’une trachéotomie et/ou imagerie
du traitement chirurgical TDM.
2
Techniques chirurgicales Chirurgie des plaies et traumatismes du larynx et de la trachée cervicale 46-420
Figure 1 Thyrotomie médiane réalisée à la scie Figure 2 Amarrage de la bande ventriculaire et de la corde
oscillante. vocale au cartilage thyroïde.
S’il est découvert, ce cartilage doit être recouvert par une plastie
muqueuse locale à partir du sinus piriforme qui permet en plus
d’assurer sa stabilité.
L’isthme thyroïdien doit être lié afin de bien exposer les structures Si l’aryténoïde est instable avec tendance à basculer dans le larynx,
laryngées. il faut réaliser une aryténoïdopexie fixant l’apophyse vocale à la
partie postérieure de la bande ventriculaire.
EXPOSITION DES LÉSIONS ENDOLARYNGÉES En cas de fracture comminutive d’un aryténoïde rendant impossible
une reconstruction satisfaisante, une aryténoïdectomie peut être la
– Incision verticale médiane du périchondre s’il est intact, sans seule solution, avec confection d’un bourrelet muqueux postérieur.
rugination latérale.
– Incision verticale de la membrane cricothyroïdienne. ¶ Lésion des cordes vocales et des bandes ventriculaires
L’ouverture du larynx se fait par laryngofissure suivant un trait de Il est capital de remettre en tension ces structures si elles sont
fracture médian ou paramédian en cas de fracture du cartilage désinsérées.
thyroïde, à condition que ce trait de fracture ne soit pas à plus de 2
Ainsi, les bandes ventriculaires et les cordes vocales désinsérées sont
à 3 mm de la ligne médiane, [3, 42] ou bien par thyrotomie qui
amarrées par des points en U au Vicrylt 3/0, soit au périchondre
sectionne verticalement le cartilage thyroïde sur la ligne médiane.
externe s’il est intact, sinon à la face profonde des muscles sous-
La section cartilagineuse est effectuée : hyoïdiens ou aux ailes latérales du cartilage thyroïde (Fig. 2).
– soit à la cisaille crantée de bas en haut, un mors étant passé dans En cas de désinsertion antérieure de la corde vocale, celle-ci est
la lumière laryngée par l’incision de la membrane cricothyroïdienne, suspendue. [45]
l’autre appuyé sur la carène du cartilage thyroïde. La cisaille
sectionne ensemble les parties molles de la région commissurale ¶ Lésion de la commissure antérieure
antérieure et le cartilage thyroïde ;
En cas de perte de substance de la commissure antérieure, on peut
– soit à la scie oscillante (Fig. 1), la section des parties molles mettre en place un calibrage endolaryngé classique ou un tuteur de
endolaryngées étant réalisée aux ciseaux dans un second temps. cicatrisation type quille laryngée, afin d’éviter la formation de
Si la voie d’abord est un peu étroite vers le haut, il faut sectionner la synéchies, [45] de manière similaire à celle utilisée pour le traitement
partie basse de la loge hyo-thyro-épiglottique en suivant le bord des sténoses glottiques antérieures. [33]
latéral de l’épiglotte de façon à conserver cette structure
cartilagineuse qui pourra servir de matériau de reconstruction. ¶ Lésion de l’épiglotte
Le pied de l’épiglotte doit être amarré par un point en U à la
RÉPARATION DES LÉSIONS ENDOLARYNGÉES membrane thyrohyoïdienne.
Si le pied de l’épiglotte ne peut être fixé, il faut le réséquer et
¶ Réparation des tissus mous amarrer l’épiglotte sus-jacente à l’os hyoïde (Fig. 3) plutôt que de
prendre le risque de laisser une épiglotte flottante. [5, 8, 32]
Le traitement des lésions débute par la restauration de l’intégrité du
plan muqueux endolaryngé de l’arrière vers l’avant.
La suture des plaies muqueuses doit être réalisée sans tension au fil RÉPARATION DE L’OS HYOÏDE
fin résorbable 4/0 ou 5/0 type Vicrylt, à l’aide de points Le frottement des berges osseuses de la fracture peut être à l’origine
extramuqueux inversés afin d’éviter une surinfection locale source de douleurs locales, voire d’odynophagie.
de chondrite et de granulomes. [32, 34]
Le traitement consiste alors simplement à enlever un fragment
En cas de perte de substance, il faut recourir à des lambeaux osseux adjacent au site de la fracture.
muqueux de glissement ou à des greffes muqueuses prélevées au
Cependant, Kaufmann a publié trois cas de traumatisme cervical
niveau de l’hypopharynx ou de la cavité buccale. Des greffes libres
avec fracture de l’os hyoïde : si une trachéotomie a dû être réalisée
dermoépidermiques ont également été utilisées, mais plutôt en
dans les trois cas, les suites ont été simples, sans la nécessité de
deuxième intention, d’où l’importance d’un délai de réparation
réaliser un traitement chirurgical complémentaire. [22]
inférieur à 24 heures pour les éviter.
Il est important de recouvrir de muqueuse tout cartilage dénudé
afin de prévenir la formation de granulomes, source de fibrose et de RÉPARATION DU CARTILAGE THYROÏDE
sténose laryngée mais aussi de périchondrite.
¶ Traumatismes sans perte de substance :
¶ Déplacement aryténoïdien [32]
chondrosynthèses
Un aryténoïde luxé doit être repositionné : pour certains auteurs, Tout d’abord, le squelette laryngé doit être reconstitué par une
cette réduction peut être tentée par voie endoscopique si elle est réduction des fragments déplacés en ménageant le périchondre
isolée, mais pour d’autres, la thyrotomie s’impose dans tous les cas. externe qui assure la cohésion des fragments.
3
46-420 Chirurgie des plaies et traumatismes du larynx et de la trachée cervicale Techniques chirurgicales
Figure 3 Amarrage de l’épiglotte à l’os hyoïde Figure 5 Contention d’une fracture du car-
et à la membrane thyrohyoïdienne. tilage thyroïde par miniplaque métallique.
4
Techniques chirurgicales Chirurgie des plaies et traumatismes du larynx et de la trachée cervicale 46-420
Figure 7 Technique de
Friedmann. Suture du lam-
beau myopériosté. Cali-
brage par tube en T.
5
46-420 Chirurgie des plaies et traumatismes du larynx et de la trachée cervicale Techniques chirurgicales
Elles associent systématiquement une lésion des nerfs laryngés de la lame du cartilage cricoïde (support des cartilages aryténoïdes).
inférieurs, une rétraction distale de la trachée vers le médiastin. À Pour cela, il faut réaliser une plicature trachéale dont le diamètre est
brève échéance, elles seront la source de chondrite et/ou d’une plus grand que le diamètre de la filière cricotrachéale. La suture de
cicatrice rétractile au niveau du hiatus laryngotrachéal. [24] la pars membranacea par deux ou trois points donne un aspect
triangulaire à sommet postérieur. L’anastomose est ensuite réalisée,
les points postérieurs fixent le cricoïde au premier anneau trachéal,
DÉSINSERTIONS PARTIELLES les points antérieurs et latéraux transfixient le cartilage thyroïde en
Elles sont traitées par la technique de la double suture : au fil tressé haut et passent sous le bord inférieur du premier anneau trachéal
résorbable 3/0, type Vicrylt. La suture intercartilagineuse est en bas.
réalisée par des points séparés noués en dehors et passant sous
l’anneau trachéal et au niveau du bord supérieur de l’arc cricoïde. ¶ Anastomose thyrotrachéale
Le périchondre du premier anneau peut être suturé au muscle Elle est indiquée en cas d’ablation subtotale de l’anneau cricoïdien.
cricothyroïdien. La résection cartilagineuse doit laisser un pont cartilagineux entre
les cartilages aryténoïdes, et la suture thyrotrachéale est réalisée
DÉSINSERTION CRICOTRACHÉALE COMPLÈTE
comme dans l’intervention de Pearson. [36]
peut alors être mise en place. un patient qui a pu survivre jusqu’à la structure hospitalière ou, le
plus souvent, lorsque la rupture s’est complétée secondairement.
Il est nécessaire de mettre en place une contention endolaryngée
avec un tube en T de Montgomery en cas de : La recherche du segment distal est l’impératif primordial. Celui-ci
est identifié au doigt, et ramené dans le champ opératoire à l’aide
– mobilité laryngée anormale ou douteuse avant anastomose d’une pince. Il est rapidement amarré par un fil tracteur à la peau
cricotrachéale ; pour permettre une ventilation adaptée tout en réalisant, idéalement,
– anastomose thyro-crico-trachéale. une suture terminoterminale, analogue à celle d’une résection-
anastomose de trachée.
¶ Anastomose cricotrachéale Il est impératif que les extrémités distale et proximale de la trachée
soient saines, sinon il faut réséquer un à deux anneaux.
Le premier anneau trachéal, qui est le segment distal, est tracté par
deux fils prenant le premier anneau sur ses faces latérales. Des
points transfixiants passent par le chaton cricoïdien en haut, la pars RUPTURES TRACHÉALES INCOMPLÈTES
membranacea en bas. ¶ Plaie de la pars membranacea
Les sutures des faces antérieures et latérales sont réalisées avec du
fil tressé résorbable de taille 2/0, fils noués à l’extérieur, placés sur Si elle n’excède pas 1 cm, elle peut être traitée par de la colle
pinces et noués secondairement. biologique, [21] sinon une suture par un fil résorbable s’impose, fil
tressé type Vicrylt ou monofil type PDSt dont les nœuds sont
La vérification de l’étanchéité se réalise en mettant du sérum éversants, en cas de granulome, ils sont ôtés lors d’une
physiologique tiédi dans le champ opératoire et en faisant dégonfler bronchoscopie au tube rigide.
le ballonnet ; l’absence de bulle est le témoin d’une bonne étanchéité.
Pour diminuer la tension au niveau des sutures, la suspension ¶ Lésions cartilagineuses (fracture, enfoncement)
trachéale consiste à suturer le périchondre trachéal aux muscles
La suture est réalisée au fil tressé résorbable, périannulaire,
cricothyroïdiens ou entre les anneaux trachéaux et les muscles sous-
idéalement en sous-muqueux, en points séparés.
hyoïdiens et le muscle sterno-cléido-mastoïdien.
Une contention interne par un tube en T de Montgomery réalise un
¶ Anastomose thyro-crico-trachéale guide pour la cicatrisation ; elle doit être largement utilisée, laissée
en place pour une durée d’au moins 2 mois.
Lorsque la muqueuse endolaryngée est rétractée laissant à nu le Un conformateur résorbable a été étudié sur un modèle animal, afin
cartilage cricoïde, le recouvrement est impératif. de guider la réparation des fractures de la partie antérieure de la
On peut réaliser une résection sous-périchondrale circulaire de trachée. [38]
l’anneau cricoïdien et réaliser une anastomose cricotrachéale comme
indiqué précédemment ; les fils sont noués prudemment pour ne ¶ En cas de perte de substance
pas scier l’anneau cricoïdien restant. Différents procédés ont été décrits, mais il convient dans un contexte
On peut réaliser une anastomose thyro-crico-trachéale s’il existe une traumatique de réaliser les techniques les plus fiables tout en
perte de substance large de l’arc avec conservation de la partie haute s’adaptant à la situation clinique.
6
Techniques chirurgicales Chirurgie des plaies et traumatismes du larynx et de la trachée cervicale 46-420
– Les defects muqueux sont l’objets de plastie locale. En cas – Pour certains auteurs, si la perte de substance ne peut être
d’exérèse d’anneau trachéal, on est économe de sa muqueuse si comblée, il est possible de préparer une réparation en deux
celle-ci est viable. temps, [ 2 0 ] en utilisant un lambeau musculaire du muscle
– Lorsque la perte de substance est plus importante, on utilise des sternohyoïdien qui apporte un tissu vascularisé avant la mise en
greffons composites, muqueuse et cartilage septal, pour des place d’une armature cartilagineuse obtenue par culture de
réparations limitées [7] et comportant systématiquement un calibrage chondrocytes ou par matériau synthétique. [1, 30] Ce procédé doit être
par tube en T de Montgomery. préféré à la simple cicatrisation dirigée sur tube de Montgomery.
– Le lambeau de Friedman [15] est une alternative à ce procédé. Il
peut être utilisé si la perte de substance est antérieure ou si elle Traitement des lésions associées
dépasse 30 % de la circonférence trachéale. Ce lambeau doit être
suturé sur un conformateur : un tube en T de Montgomery.
PLAIES PHARYNGÉES ET ŒSOPHAGIENNES
– En l’absence d’armature cartilagineuse suffisante, une résection-
anastomose est réalisée. Lorsque celle-ci est impossible (plus de Elles sont suturées avec ou sans lambeau musculaire d’interposition.
quatre anneaux ou plus de 6 cm de perte de substance), on peut L’alimentation est assurée par mise en place d’une sonde
employer des techniques d’abaissement du larynx : [24] nasogastrique.
– procédé de Dedo : celui-ci libère le larynx de l’os hyoïde avec
une section des muscles sous-hyoïdiens, de la membrane PLAIES DES NERFS LARYNGÉS INFÉRIEURS
thyrohyoïdienne et des cornes supérieures du cartilage thyroïde ; Une suture aidée par des lunettes-loupes ou un microscope
– procédé de Laccourreye : moins délabrant, il consiste à libérer opératoire doit être tentée, même si le résultat est constamment
le plus parfaitement possible la face postérieure du muscle sterno- décevant. Il a été décrit une réimplantation directe dans le muscle
cléido-hyoïdien, en l’associant à une libération trachéale analogue cricoaryténoïdien postérieur.
à celle réalisée prélablement aux pexies des laryngectomies
partielles. Cette technique peut être associée à la section du PLAIES VASCULAIRES ASSOCIÉES
cricopharyngien et du faisceau inférieur du constricteur inférieur Elles sont associées aux plaies du cou dans un tiers des cas. Elles
du pharynx. sont à rechercher de principe. Elles sont le plus souvent rencontrées
Ces techniques, qui visent à abaisser l’extrémité proximale de la dans la zone cervicale I qui va du rebord de la clavicule au cartilage
trachée, peuvent être utilement complétées par une libération de cricoïde.
l’extrémité distale de la trachée. Cette libération comporte, d’une
part une dissection prudente de la trachée au doigt dans le
LÉSIONS DU RACHIS CERVICAL
médiastin, d’autre part un clivage postérieur de la trachée d’avec
l’œsophage. Elles sont de principe recherchées lors de la prise en charge
préhospitalière. Le bilan d’imagerie systématique les confirme ou
– La greffe trachéale totale est un sujet actuel d’étude chez l’animal, non. Si une trachéotomie est indispensable, celle-ci précède le
et de réflexion éthique chez l’homme. [19] Les homogreffes aortiques traitement d’une éventuelle fracture.
ont été étudiées sur le chien et le mouton, [17, 18, 29] les allogreffes
trachéales complètes chez le singe et le lapin. [14] Le tissu aortique
provient de greffons cryogénisés. [27, 31] Le tissu aortique subit une LÉSIONS DE LA FACE
métaplasie en tissu trachéal ; [9, 26, 28] ce greffon est toujours bien Les données de l’examen clinique initial et de l’imagerie guident la
vascularisé en 1 semaine. [46] Cette greffe semble être une voie réparation des éventuelles fractures. Celle-ci intervient après
d’avenir. stabilisation et réparation des lésions aérodigestives. [2]
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46-420 Chirurgie des plaies et traumatismes du larynx et de la trachée cervicale Techniques chirurgicales
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8
46-400
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 46-400 (2004)
La grande majorité des sténoses laryngées chez l’enfant peut POSITION DE L’ENFANT
maintenant bénéficier d’une correction chirurgicale sans Le patient est placé en décubitus dorsal, la colonne cervicale en
trachéotomie ou avec une trachéotomie de courte durée, ce qui légère extension grâce à un billot placé sous les épaules, la tête fixée
permet non seulement de raccourcir les durées d’hospitalisation, en position sagittale pour faciliter le repérage strict de la ligne
mais aussi et surtout de minimiser les complications souvent médiane. Le champ opératoire doit laisser accessible la région
dramatiques (accidents anoxiques mortels ou grevés de lourdes cervicale jusqu’au menton et, lorsqu’une prise de greffon costal est
séquelles neurologiques) [1] liées à la trachéotomie prolongée chez prévue, la paroi thoracique au moins d’un côté, jusqu’à l’appendice
l’enfant. Mais il s’agit d’une chirurgie difficile et dangereuse, pour xiphoïde. La disposition des champs opératoires doit permettre une
laquelle un certain nombre de conditions sont indispensables : laryngoscopie en cours d’intervention pour une intubation ou pour
contrôler la position du pôle supérieur du dispositif de calibrage.
– maîtrise parfaite de l’endoscopie laryngotrachéale chez l’enfant, y
compris le nouveau-né et le prématuré ;
VENTILATION PEROPÉRATOIRE
– collaboration étroite avec des équipes d’anesthésie et de soins Elle est parfois assurée par une intubation laryngotrachéale et ne
intensifs parfaitement rodées aux techniques de réanimation pose alors pas de problème particulier. Mais souvent l’enfant est déjà
pédiatrique. trachéotomisé ou nécessite de l’être en cours d’intervention, et la
Plusieurs techniques sont utilisables, en fonction de l’importance de meilleure solution est alors de remplacer la canule de trachéotomie
la sténose, de la mobilité aryténoïdienne et de l’âge de l’enfant. On par une sonde d’intubation à ballonnet, si possible armée pour
peut les classer en deux catégories : [2–4] pouvoir la recourber et la faire sortir sous les champs, vers le bas.
Les sondes coudées préformées sont souvent trop longues et
– les techniques de laryngotrachéoplastie, où l’élargissement de la
risquent d’entraîner une intubation sélective de la bronche souche
région sténosée est réalisé par des incisions du cartilage cricoïde
droite. Quoiqu’il en soit, la position de l’extrémité de la sonde doit
combinées à des greffons cartilagineux et divers procédés de
être soigneusement vérifiée par auscultation avant de la fixer par un
calibrage ; fil solide noué le plus près possible de l’orifice de trachéotomie.
– la résection cricotrachéale, qui consiste en une excision du
segment rétréci suivie d’une anastomose thyrotrachéale. INCISION CUTANÉE
Mais pour toutes ces interventions, les premiers temps opératoires
Elle doit toujours être horizontale, basicervicale, un travers de doigt
sont identiques.
au-dessus du manubrium sternal ou circonscrivant l’orifice de
trachéotomie chez un enfant déjà trachéotomisé. Plus rarement
(laryngotomie antérieure de décompression), elle est plus haut
située, en regard du cartilage cricoïde.
T. Van Den Abbeele (Professeur des Universités, Praticien hospitalier) EXPOSITION DU SQUELETTE LARYNGOTRACHÉAL
V. Couloigner (Praticien hospitalier)
P. Narcy (Professeur des Universités, Praticien hospitalier) Le lambeau superficiel, comportant le peaucier, est décollé jusqu’au
Adresse e-mail: philippe.narcy@rdb.ap-hop-paris.fr
Service d’ORL et de chirurgie cervicofaciale pédiatrique, Hôpital Robert Debré, AP-HP, Université Paris VII,
corps de l’os hyoïde en haut, jusqu’au troisième ou quatrième
48, boulevard Sérurier, 75939 Paris cedex 19, France. anneau trachéal en bas, sans aller trop loin latéralement.
46-400 Chirurgie des sténoses laryngées chez l’enfant Techniques Chirurgicales
Techniques de laryngotrachéoplastie
[5, 6]
LARYNGOTRACHÉOPLASTIE EN CRÉNEAUX
Décrite par Evans en 1974 pour des sténoses sous-glottiques pures
avec mobilité glottique normale, cette intervention comporte une
thyrotomie médiane verticale puis, après incision horizontale de la
membrane cricothyroïdienne, incision en créneaux de l’anneau
antérieur du cricoïde et des premiers anneaux de la trachée : chacun
de ces anneaux est sectionné horizontalement à mi-hauteur, ces
incisions horizontales étant ensuite réunies par des incisions
verticales alternativement à droite et à gauche, ce qui réalise une
série de languettes horizontales à pédicule alternativement droit et
gauche, chacune d’entre elles comportant la moitié de la hauteur de Figure 2 Laryngotrachéoplastie en créneaux : confection du tube de calibrage.
deux anneaux adjacents et une membrane interannulaire (Fig. 1A).
La fermeture de l’incision laryngotrachéale s’effectue en suturant
supérieure pour calibrer la commissure glottique antérieure. Ce
bout à bout les languettes horizontales (Fig. 1B), ce qui procure un
cylindre est maintenu en place par un fil monobrin non résorbable
agrandissement de la circonférence cricotrachéale, la thyrotomie
transfixiant la trachée et le cylindre de Silastict, et noué soit
étant refermée minutieusement pour éviter tout décalage en hauteur
transcutané sur des boutons de chaque côté, soit sous-cutané, devant
des deux hémi-larynx. Le plan cutané est fermé sur un drain non
les muscles sous-hyoïdiens (pour pouvoir le repérer facilement lors
aspiratif à laisser en place 48 heures.
de son ablation, il est prudent de le faire passer à travers un
Cette technique n’est plus utilisée actuellement, car difficile et grevée fragment de cathéter en polythène que l’on peut palper à travers la
d’un certain nombre d’échecs dus au bourgeonnement consécutif peau et qui guide l’incision cutanée).
aux zones cruentées créées par le procédé de fermeture.
Mais le mode de calibrage (Fig. 2) décrit par cet auteur reste
utilisable dans les autres techniques de laryngoplastie : il est LARYNGOTOMIE ANTÉRIEURE DE DÉCOMPRESSION
constitué d’une lame de Silastict mince (0,125 ou 0,250 mm) ou plus (« ANTERIOR CRICOID SPLIT ») [7–11]
épais, enroulée sur elle-même et taillée en bivalve à son extrémité Cette intervention est préconisée chez des nouveau-nés porteurs
d’une sonde d’intubation nasotrachéale, inextubables du fait d’une
sténose sous-glottique souvent inflammatoire, l’intervention visant
à éviter la trachéotomie.
Une incision médiane verticale est pratiquée à travers l’anneau
antérieur du cricoïde et la muqueuse sous-glottique pour exposer la
sonde endotrachéale. Cette incision est poursuivie vers le bas, à
travers les deux premiers anneaux trachéaux, puis vers le haut,
toujours strictement médiane, à travers le cartilage thyroïde et la
commissure glottique antérieure, jusqu’à 2 mm de l’échancrure
thyroïdienne (Fig. 3). Les berges de l’incision cricoïdienne sont
tranfixiées par deux fils qui sont passés à travers l’incision cutanée
et fixés sur le thorax, afin de permettre en urgence la mise en place
d’une canule de trachéotomie en cas d’extubation accidentelle et de
difficultés lors des tentatives de réintubation. Pour éviter ces
difficultés, certains préconisent la mise en place d’un greffon de
cartilage costal dans l’ouverture cricotrachéale. [12] L’incision cutanée
est alors fermée sur un drain non aspiratif. La sonde d’intubation
est laissée en place pour une durée de 7 à 15 jours, l’enfant étant
hospitalisé en unité de réanimation pédiatrique.
2
Techniques Chirurgicales Chirurgie des sténoses laryngées chez l’enfant 46-400
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46-400 Chirurgie des sténoses laryngées chez l’enfant Techniques Chirurgicales
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Techniques Chirurgicales Chirurgie des sténoses laryngées chez l’enfant 46-400
5
46-400 Chirurgie des sténoses laryngées chez l’enfant Techniques Chirurgicales
Classification de à
Grade I
Grade II
obstruction à 51 % obstruction à 70 %
Grade III
Figure 11 Résection cricotrachéale : anastomose thyrotrachéale après élargisse- obstruction à 71 % obstruction à 99 %
ment du calibre sous-glottique.
6
Techniques Chirurgicales Chirurgie des sténoses laryngées chez l’enfant 46-400
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7
46-390
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 46-390
Mots-clés : sténose laryngée, sténose trachéale, traitement chirurgical des sténoses laryngotrachéales.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Menard M, Laccourreye O et Brasnu D. Chirurgie des sténoses laryngotrachéales de l’adulte. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et), Techniques chirurgicales - Tête et cou,
46-390, 2002, 15 p.
46-390 Chirurgie des sténoses laryngotrachéales de l’adulte Techniques chirurgicales
– stade 2 : des ulcérations macroscopiques se voient dès la 7e heure un respirateur ce qui permet de les laisser en place plus longtemps
d’intubation, pouvant intéresser la muqueuse et la sous-muqueuse ; avec potentiellement un résultat plus durable.
– stade 3 : atteinte du cartilage (chondrite). – Les bronchoscopes ont l’avantage d’être rigides. Leur extrémité
inférieure est biseautée et mousse, permettant une introduction plus
Toute ulcération muqueuse, toute dénudation du cartilage entraîne
facile. Ils sont largement ouverts à leur extrémité inférieure. Seuls
la formation d’un tissu granulomateux dont la cicatrisation peut
les bronchoscopes dotés d’un système permettant leur raccordement
d’autant plus aboutir à une sténose qu’il existe une surinfection.
à un respirateur par un canal latéral doivent être utilisés. Ils
Réduire l’infection est donc essentiel dans le traitement préventif de
permettent la ventilation du patient sous anesthésie générale et
la sténose.
laissent à l’opérateur la possibilité de poursuivre parallèlement son
Une atteinte muqueuse isolée peut évoluer vers une sténose examen. On utilise habituellement des bronchoscopes de diamètre
cicatricielle réduisant la filière respiratoire, mais elle est en général croissant jusqu’au 6,5 ou 7. Celui-ci peut alors être laissé en place.
limitée et de traitement facile, réversible sous traitement médical ou La durée de la dilatation ne dépasse en général pas 30 à 45 minutes.
accessible aux traitements endoscopiques.
L’atteinte cartilagineuse, lyse ou nécrose purulente, est à l’origine • Résultats
des sténoses sévères liées à la perte de l’armature laryngotrachéale, Ces dilatations ne constituent habituellement qu’un traitement
permettant aux tissus inflammatoires endoluminaux et pariétaux palliatif ou d’attente, la sténose se reconstituant plus ou moins
d’évoluer en quelques semaines à quelques mois vers une sténose rapidement [17, 61, 82].
rétractile plus ou moins serrée et étendue, relevant le plus souvent Elles sont largement utilisées dans le cadre de l’urgence. Elles
d’un traitement chirurgical. permettent d’une part chez un patient dyspnéique, d’obtenir une
Au niveau trachéal, la perte de la charpente cartilagineuse peut respiration satisfaisante et d’autre part, un bilan plus complet avant
aboutir à une sténose fibreuse ou à une trachéomalacie par de choisir une indication thérapeutique curatrice. Elles évitent dans
aplatissement des anneaux trachéaux. ce cas une trachéotomie en urgence, source de surinfection trachéale,
de péritrachéite et de chondrite compliquant un éventuel geste
Cependant, si les lésions anatomiques sont constantes après
ultérieur [73, 82, 108].
intubation, leur évolution vers la sténose reste rare [76].
Dans certaines sténoses inflammatoires granulomateuses, les
dilatations, isolées ou associées à d’autres traitements
endoscopiques, permettent d’attendre l’heure d’un éventuel
Méthodes traitement chirurgical.
Parfois, le calibre laryngotrachéal est satisfaisant, autorisant la mise
L’agrandissement, le calibrage, la résection-anastomose sont les trois en place d’un tube de calibrage : tube en T de Montgomery [18, 82, 100,
grands moyens utilisés dans le traitement chirurgical des sténoses 101, 102]
ou encore prothèse endotrachéale largable [13, 35, 114].
laryngotrachéales. Rarement, elles peuvent avoir un effet curatif dans les sténoses
limitées en diaphragme muqueux sans altération de la structure
cartilagineuse sous-jacente.
TECHNIQUES D’AGRANDISSEMENT
Elles sont de deux types : Laser et microchirurgie par voie endoscopique
Deux sources de laser (CO2 et YAG) sont couramment utilisées dans
– l’agrandissement par voie endoscopique utilisant les dilatations, le traitement des sténoses laryngotrachéales [124, 125].
le laser, la microchirurgie endolaryngée ;
Le laser CO2 est un laser à gaz qui émet dans l’infrarouge. Son
– l’agrandissement chirurgical par voie externe. rayonnement est invisible et n’est pas transmis par des fibres
Ces techniques sont fréquemment associées à un calibrage optiques. Cette absence de transmission par des fibres optiques rend
endolaryngé. son utilisation délicate dès lors que la sténose siège sous le plan des
cordes vocales.
¶ Agrandissement par voie endoscopique La laser YAG (ytrium-aluminium-néodyme) a un rayonnement
invisible. Sa transmission par fibre optique à quartz ou en silice
Dilatations [17, 59, 82, 130] permet de l’utiliser dans un bronchoscope ou dans un fibroscope.
Quel que soit le laser utilisé, l’effet thermique obtenu dépend de la
L’examen endoscopique est une étape importante du bilan des puissance utilisée, du mode d’utilisation (continu ou pulsé), de la
sténoses laryngotrachéales. Il constitue également un moyen durée d’émission et de la focalisation du rayon au point d’impact [82,
thérapeutique : en présence d’une sténose serrée ou inflammatoire, 124, 125]
.
les dilatations constituent souvent le premier geste réalisé [60, 82]. Elles
Les lasers permettent l’exérèse de granulomes, la vaporisation des
doivent toujours être pratiquées sous anesthésie générale. Elles
œdèmes, l’agrandissement de la sténose par incisions radiaires
peuvent être associées à d’autres techniques endoscopiques :
endoluminales [124, 125], l’aryténoïdectomie [26, 106], la cordotomie
microchirurgie aux instruments froids ou au laser, mise en place
partielle postérieure initialement proposée dans le traitement des
d’un calibrage endolaryngé.
paralysies récurrentielles bilatérales et proposée aussi dans les
sténoses glottiques postérieures [32, 53, 97] , l’épiglottectomie, la
• Moyens [82] vestibulectomie, la section de brides cicatricielles [14].
– Les bougies en gomme. Elles dérivent de celles mises au point Les lasers sont associés à la microchirurgie lors de la confection de
par Schroetter. Il en existe de différents calibres. Elles sont lambeaux muqueux de recouvrement au niveau des sténoses
introduites dans la sténose en utilisant des diamètres croissants. glottiques postérieures interaryténoïdiennes [30, 40], au niveau des
Elles sont pleines et ne peuvent donc être laissées en place que synéchies glottiques antérieures [96].
quelques secondes. Elles permettent cependant une dilatation rapide Les lasers peuvent intervenir à différents stades du traitement des
de la filière laryngée, éventuellement avant dilatation par d’autres sténoses laryngotrachéales de l’adulte [82]. Ils ne compromettent pas
moyens. un traitement ultérieur [95]. Il n’existe malheureusement pas de
– Les sondes dilatatrices creuses. Ce sont des sondes en matière résultats publiés à long terme sur un nombre suffisant de patients.
plastique, creuses, percées d’orifices latéraux à l’extrémité inférieure. L’effet curatif du laser peut être envisagé :
L’extrémité inférieure est conique afin de faciliter la mise en place. – dans les sténoses glottiques postérieures avec immobilité
Les dilatations s’effectuent par passages successifs de sondes de aryténoïdienne bilatérale où la cordotomie partielle postérieure
diamètre croissant. Elles ont l’avantage de permettre leur raccord à semble être la technique la plus simple et la plus séduisante ;
2
Techniques chirurgicales Chirurgie des sténoses laryngotrachéales de l’adulte 46-390
3
46-390 Chirurgie des sténoses laryngotrachéales de l’adulte Techniques chirurgicales
4
Techniques chirurgicales Chirurgie des sténoses laryngotrachéales de l’adulte 46-390
3 Différentes possibilités
d’interpositions antérieures
dans les interventions
d’agrandissement laryngé.
A. Interposition d’un
fragment de cartilage
taillé en navette.
B. Interposition du
corps de l’os hyoïde pé-
diculé sur les muscles
sous-hyoïdiens.
C. Interposition d’un
montage utilisant les
différentes parties de
l’os hyoïde.
D. Interposition d’un
lambeau myocartilagi-
neux de cartilage thy-
roïde.
E. Interposition d’un
lambeau myopériosté
de muscle sterno-
cléido-mastoïdien.
F. Interposition d’un
lambeau ostéo-myo-
cutané de muscle
sterno-cléido-masto-
ïdien.
G. Interposition de car-
tilage épiglottique.
d’abord en silicone et plus récemment métalliques. Elles permettent réalisables du fait des caractéristiques de la sténose, de l’état général
un calibrage endotrachéal sans trachéotomie [13, 19, 35, 117]. du patient, de l’existence de facteurs de comorbidité [12].
Les prothèses métalliques, type Ultraflex ou Ducic présentent
l’avantage d’être incluses dans la paroi trachéale, d’être recouvertes
par un épithélium respiratoire fonctionnel ce qui évite la constitution RÉSECTIONS-ANASTOMOSES TRACHÉALES
ET CRICOTRACHÉALES
de bouchons muqueux et le risque d’obstruction aiguë. Ce risque
était important avec les prothèses en silicone. De plus, à cause de Les résections-anastomoses trachéales consistent en une résection
leur paroi pleine, elles avaient l’inconvénient de pouvoir entraîner circulaire d’un fragment de trachée cervicale avec anastomose
une obstruction aiguë des voies respiratoires en cas de migration. terminoterminale. Elles s’adressent aux sténoses trachéales pures,
Ces prothèses sont utilisées dans les sténoses trachéales lorsque la sans atteinte du bord inférieur du cricoïde, situées au-dessus du tiers
laryngotrachéoplastie et/ou la résection-anastomose ne sont pas inférieur de la trachée.
5
46-390 Chirurgie des sténoses laryngotrachéales de l’adulte Techniques chirurgicales
*
A *
B
5 Résection cricotra-
chéale antérieure avec lam-
*
A *
B beau de translation trachéal
(c : cricoïde).
4 Laryngotrachéoplastie d’agrandissement selon la technique d’Evans. A. Ligne de résection
A. Thyrotomie médiane, incision en créneaux du cricoïde et des trois premiers an- cricotrachéale.
neaux trachéaux. B. Création du lam-
B. Suture. beau de translation.
C. Suture.
La résection peut être plus ou moins importante et plus ou moins
basse, selon la configuration anatomique cervicale des patients [23].
Elle peut intéresser deux à huit anneaux sans entraîner de
retentissement important sur la vascularisation pulmonaire [77, 104].
Si la sténose est étendue au cricoïde, il est possible de réséquer le
cricoïde partiellement ou en totalité. L’anastomose peut être
trachéotrachéale, cricotrachéale ou thyrotrachéale [6, 7, 8, 12, 21, 22, 23, 24, 25,
26, 27, 28, 31, 37, 44, 54, 58, 60, 64, 65, 66, 67, 72, 77, 78, 79, 81, 82, 83, 85, 86, 87, 89, 90, 93, 98, 99, 104, 109,
¶ Techniques opératoires
6
Techniques chirurgicales Chirurgie des sténoses laryngotrachéales de l’adulte 46-390
6 Techniques de mise en
place d’un tube de Montgo-
meryt.
7 Résection-anastomose 8 Résection-anastomose
trachéotrachéale. Libération trachéotrachéale. Ouver-
large des muscles sterno- ture trachéale au bord infé-
cléido-hyoïdiens du plan rieur de la sténose. Ventila-
des muscles sternothyroï- tion sur sonde de
diens et thyrohyoïdiens. Montandon. Résection de la
sténose de bas en haut.
effondrée. Dans certains cas, l’aspect extérieur de la trachée n’est Le niveau de la section trachéale inférieure doit être évalué avec
pas déterminant, on utilise les éléments fournis par les données de précision afin d’éviter toute exérèse inutile de trachée saine. Il vaut
l’endoscopie et de l’imagerie. mieux faire une recoupe plutôt que de réséquer d’emblée trop de
On peut également s’aider de la palpation transtrachéale de la sonde trachée. Un fil est passé au niveau de la trachée saine pour éviter
d’intubation qui bute sur la limite supérieure de la sténose. La qu’elle ne descende dans le médiastin. La libération des angles
libération de la zone sténotique au bistouri ou aux ciseaux se fait au postérolatéraux de la trachée est le temps délicat, surtout à gauche,
contact de la zone sténosée en libérant progressivement les deux pour éviter une blessure du nerf récurrent. Il vaut mieux libérer la
lobes thyroïdiens et/ou le tissu péritrachéal pour arriver sténose de bas en haut et de droite à gauche. On libère en premier
progressivement aux angles postérolatéraux de la trachée. Cette l’angle postérolatéral droit, loin du récurrent droit, on sectionne la
libération peut être rendue difficile par la péritrachéite, surtout chez face postérieure membraneuse de la trachée, puis on libère l’espace
le patient trachéotomisé ou ayant été trachéotomisé. L’utilisation du trachéoœsophagien (ce qui est en général facile) et on termine par
bistouri électrique facilite ce temps de libération. l’angle postérolatéral gauche de la trachée.
– Ouverture de la trachée : elle se fait au bistouri lame n° 11,
habituellement au bord inférieur de la sténose. La ventilation du • Anastomose
patient se poursuit en ventilation haute fréquence à l’aide d’une La suture trachéotrachéale, réalisée sans tension, commence par le
sonde descendue en transsténotique au travers de la sonde plan postérieur, après la mise en place de points d’angle
d’intubation ou à l’aide d’une sonde de Montandon (fig 8) [63, 69, 82, 94]. extramuqueux à droite et à gauche, à la jonction entre la pars
7
46-390 Chirurgie des sténoses laryngotrachéales de l’adulte Techniques chirurgicales
8
Techniques chirurgicales Chirurgie des sténoses laryngotrachéales de l’adulte 46-390
10 Résection-anastomose cricotra-
chéale. Libération sous-périchondrale ex-
terne du cricoïde après libération sous-
périchondrale du muscle cricothyroïdien.
*
A
• Sténoses à trachée ouverte [23, 82] ¶ Suites opératoires [12, 22, 23, 34, 60, 63, 82, 85, 89, 94, 114, 132]
L’intervention comporte une résection de la zone sténosée et de Un simple pansement non compressif est mis en place pour certains
l’orifice de trachéotomie, imposant une résection plus étendue et une sur la cicatrice cutanée jusqu’à cicatrisation. Le drain aspiratif est
anastomose plus délicate en tissu inflammatoire. La péritrachéite habituellement retiré au troisième jour postopératoire ou dès que la
associée gêne en effet la mobilisation de l’axe laryngotrachéal. quantité de liquide aspiré est inférieure à 10 mL/24 h. Il est conseillé
9
46-390 Chirurgie des sténoses laryngotrachéales de l’adulte Techniques chirurgicales
Indications thérapeutiques
Les indications thérapeutiques des sténoses laryngotrachéales de
l’adulte dépendent schématiquement de quatre paramètres :
l’évolutivité de la sténose, le degré d’obstruction de la sténose, le
siège de la sténose (qui conditionne la mobilité laryngée), la
complexité de la sténose [95].
L’âge, l’état général, l’état pulmonaire et neurologique (état de la
conscience, agitation, coopération, autonomie), l’étiologie entrent
toujours en ligne de compte [14, 23, 82, 84].
ÉVOLUTIVITÉ DE LA STÉNOSE
Une sténose laryngotrachéale évolutive ne relève pas d’un
traitement chirurgical curatif. L’existence d’une sténose
inflammatoire, granulomateuse doit faire différer l’intervention avec
mise en œuvre de procédés d’attente, permettant une ventilation
correcte. L’intervention chirurgicale doit, selon nous, être réalisée au
stade de sténose constituée, fibreuse, non évolutive, à distance de la
phase aiguë [14, 17, 78, 79, 82]. L’indication d’une résection-anastomose de
trachée est rarement posée en urgence.
10
Techniques chirurgicales Chirurgie des sténoses laryngotrachéales de l’adulte 46-390
11
46-390 Chirurgie des sténoses laryngotrachéales de l’adulte Techniques chirurgicales
– type I : fibrose glottique et interaryténoïdienne avec commissure les suites sont beaucoup plus longues, avec risque d’échec si les
postérieure normale ; lésions cartilagineuses sont importantes. Les résections-anastomoses
– type II : fibrose interaryténoïdienne et commissurale postérieure ; trachéales s’adressent aux sténoses trachéales à cordes vocales
mobiles, limitées en hauteur. Quatre à cinq anneaux peuvent
– type III : fibrose commissurale postérieure étendue à une habituellement être réséqués. Sept à huit anneaux apparaissent un
articulation cricoaryténoïdienne ; maximum réalisable [17, 23, 77, 104].
– type IV : fibrose bilatérale de l’articulation cricoaryténoïdienne [11]. Dans les sténoses trop étendues, il faut se contenter selon l’âge, l’état
Le traitement des sténoses glottiques postérieures bilatérales par général, soit d’un calibrage, soit d’une canule parlante trans-
voie endoscopique doit être selon nous entrepris en première sténotique, soit d’une trachéoplastie avec interposition de
intention. cartilage [13, 18, 19, 35, 60, 100, 101, 102, 117].
Ce n’est qu’en cas d’échec que l’on réalise un traitement par voie ¶ Sténoses associées [78, 79, 82]
externe [14, 55, 71, 120, 135].
La simple section au laser CO2 d’une synéchie interaryténoïdienne, Elles atteignent plusieurs étages de l’axe laryngotrachéal. Elles sont
sans calibrage endolaryngé, permet d’obtenir une récupération cricoïdiennes et glottiques postérieures, cricoïdiennes et trachéales,
complète de la mobilité aryténoïdienne et cordale en l’absence de cricotrachéales et glottiques postérieures ou glottiques postérieures
fibrose associée de l’articulation cricoaryténoïdienne. Si la synéchie et trachéales.
n’est pas isolée, la section simple de la bride conduit habituellement Sténoses cricoïdiennes et glottiques postérieures
à la récidive de la synéchie.
La sténose cricoïdienne s’accompagne d’une immobilité
La cordotomie transverse postérieure (CTP) par voie endoscopique
aryténoïdienne. L’indication est une laryngoplastie
au laser CO2, décrite par Dennis et Kashima dans le traitement des
d’agrandissement par voie externe avec calibrage. Le laser peut être
paralysies laryngées bilatérales en fermeture [32], est pour nous la
utilisé à titre palliatif pour élargir la filière laryngée et mettre en
technique à utiliser de première intention [53] . La CTP permet
place un calibrage [14].
d’augmenter la surface de la glotte respiratoire, « préserve » la
qualité de la voix et ne génère pas de fausses routes à la déglutition. Sténoses cricotrachéales
Il s’agit d’un acte simple, facile à réaliser, rapide, ne nécessitant pas
de calibrage laryngé. En cas d’échec, la réalisation d’une autre Les aryténoïdes sont mobiles. Si l’atteinte trachéale n’excède pas
technique par voie endoscopique ou par voie externe reste toujours deux anneaux trachéaux, une laryngotrachéoplastie peut être
possible. réalisée, avec éventuellement résection-anastomose secondaire en
cas d’échec [14, 23, 57].
D’autres techniques ont été décrites.
Dans les sténoses laryngotrachéales étendues au-delà des deux
– Par voie endoscopique : premiers anneaux trachéaux, la seule solution chirurgicale curative
– résection de la fibrose par incision interaryténoïdienne au laser est une résection-anastomose cricotrachéale (si la sténose atteint
CO2, dissection sous-muqueuse et couverture par un lambeau partiellement la partie inférieure du cricoïde). Elle peut parfois être
muqueux [9, 30] ; réalisée en deux temps après laryngotrachéoplastie. L’indication
dépend de l’âge, l’état général, l’étendue des lésions, la taille et la
– aryténoïdectomie au laser CO2 dont l’inconvénient est de conformation cervicale du patient.
réséquer le processus vocal [14, 106] ;
– aryténoïdectomie médiale pour Crumley [26] qui préserve le Sténoses cricotrachéales et glottiques postérieures
processus vocal évitant ainsi une altération de la qualité vocale. Les aryténoïdes sont fixés. La fixité des cordes vocales est secondaire
– Les traitements par voie externe ne sont entrepris qu’en cas à la sténose glottique postérieure. Le traitement repose sur une
d’échec des traitements par voie endoscopique. Plusieurs techniques laryngotrachéoplastie d’agrandissement avec calibrage complétée
ont été proposées : éventuellement dans un deuxième temps par une résection-
anastomose cricotrachéale.
– incision de la commisssure postérieure et résection de la fibrose
jusqu’à obtenir une remobilisation des aryténoïdes par thyrotomie Sténoses trachéales et glottiques postérieures
médiane [55, 71] qui permet de bien visualiser la commissure
Elles sont exceptionnelles et associent, à une immobilité
postérieure et la sous-glotte initiale postérieure et latérale.
aryténoïdienne, une sténose trachéale. Quelle que soit l’importance
Récemment, un abord translaryngé antérieur par une « fenêtre »
des lésions, il faut traiter en premier l’immobilité aryténoïdienne. Si
créée au bord inférieur du cartilage thyroïde a été proposé [135]. La
un calibrage est nécessaire, la trachéotomie est faite au niveau de la
couverture par un lambeau muqueux est nécessaire, de même
zone sténosée de la trachée. Secondairement, la sténose trachéale
que, le plus souvent, un calibrage endolaryngé ;
pourra éventuellement être traitée par résection-anastomose.
– laryngotrachéoplastie type Réthi avec section du chaton
cricoïdien, du muscle interaryténoïdien et calibrage
CAS PARTICULIERS
endolaryngé [118].
¶ Sténoses totales [78, 79, 82]
12
Techniques chirurgicales Chirurgie des sténoses laryngotrachéales de l’adulte 46-390
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15
¶ 46-410
La chirurgie des tumeurs bénignes du larynx fait appel à deux types de voies d’abord, la voie
endoscopique et la voie cervicale latérale. Par la voie endoscopique, l’exérèse tumorale peut être réalisée
en utilisant soit le laser, soit les micro-instruments laryngés. Le choix d’une technique par rapport à l’autre
dépend essentiellement de la pratique de l’opérateur mais aussi de la facilité d’exposition de l’endolarynx,
ce dernier point étant fondamental pour l’utilisation du laser. La voie endoscopique permet ainsi de traiter
la majeure partie des tumeurs bénignes du larynx ; cependant, dans certains cas, elle s’avère insuffisante
et l’abord cervical s’impose. L’abord cervical latéral permet d’accéder au larynx en passant à travers la
membrane thyrohyoïdienne ou en passant à travers la lame du cartilage thyroïde par thyrotomie. La
connaissance de ces techniques d’abord latéral du larynx permet de réaliser le traitement des tumeurs
bénignes qui n’ont pu l’être par voie endoscopique. Le chirurgien doit donc bien connaître toutes ces
techniques, afin de traiter au mieux ce type de pathologie.
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et du larynx, ainsi que des contusions pulmonaires. [9] La En arrière de la ligne oblique du cartilage thyroïde et sur la
prévention de cet accident dramatique passe par la protection face postérolatérale du cricoïde se trouvent les insertions des
de la sonde d’intubation à l’aide d’aluminium et de compresses faisceaux du muscle constricteur inférieur du pharynx.
humides, par le remplissage à l’eau du ballonnet de la sonde C’est en dedans de ces différents plans que se situe la face
d’intubation et par l’utilisation d’une FiO2 de 40 % au maxi- latérale du larynx, dont la description retrouve de haut en bas :
mum. [10] En cas d’administration d’oxygène pur, celui-ci ne la membrane thyrohyoïdienne, le cartilage thyroïde, la mem-
doit pas être administré avant un laps de temps d’une dizaine brane cricothyroïdienne et le cartilage cricoïde.
de secondes après la fin du tir laser. L’abord chirurgical de la région présente comme principal
rapport dangereux le passage de la branche interne du nerf
laryngé supérieur et du pédicule vasculaire homonyme.
Indications Le nerf laryngé supérieur, né du ganglion inférieur du nerf
vague, passe tout d’abord en dedans des vaisseaux carotidiens
Le laser tend à supplanter la chirurgie aux micro- avant de pénétrer dans la région, et de se diviser en arrière et
instruments dans la prise en charge chirurgicale des tumeurs en dessous du tubercule de la corne supérieure de l’os hyoïde.
du larynx, notamment bénignes. Cependant, Benninger, [11] Il donne alors une branche inférieure qui descend le long et
dans une étude randomisée prospective sur une série de en avant du bord supérieur du constricteur inférieur et innerve
37 patients porteurs de polypes, de nodules et de kystes le muscle cricothyroïdien, et une branche supérieure dont
mucoïdes des plis vocaux, n’a montré aucune différence dépend la sensibilité de l’étage sus-glottique du larynx, ce qui
significative en termes de cicatrisation et de résultats fonc- fait toute son importance et la nécessité de le préserver dans
tionnels entre la microdissection et la chirurgie au laser. Le cette chirurgie.
choix entre ces deux techniques dépend donc des habitudes et Son trajet au sein de l’espace thyrohyoïdien et surtout la
du matériel dont chacun dispose. localisation précise de sa pénétration sont très différemment
décrits selon les auteurs.
Lors de son trajet, il décrit une courbe à concavité supérieure,
Traitement postopératoire parallèle à la corne supérieure de l’os hyoïde et pénètre, avec les
vaisseaux laryngés supérieurs, dans le larynx à travers la
Le traitement postopératoire est débuté immédiatement après
membrane thyrohyoïdienne. L’orifice de pénétration se situe
l’intervention. Il comprend :
verticalement à la jonction tiers moyen/tiers inférieur et
• une antibiothérapie par voie générale à large spectre (type horizontalement en regard du bord postéro-interne du muscle
amoxicilline/acide clavulanique), lorsque la résection a été thyrohyoïdien.
large ou lorsque l’on a traité une mucocèle ;
L’artère laryngée supérieure naît précocement de l’artère
• une corticothérapie générale en cure courte (méthylpredniso- thyroïdienne supérieure. Elle entre dans la région thyrohyoï-
lone : 1 mg/kg/24 heures durant quelques jours) ; dienne en regard de l’extrémité supérieure de la corne supé-
• une corticothérapie locale en aérosol ou en pulvérisations rieure du cartilage thyroïde et, après un trajet sensiblement
laryngées (Bécotide Spray®) durant une semaine ; horizontal, pénètre dans le foramen thyrohyoïdien, toujours en
• un repos vocal d’une semaine, en recommandant de ne pas dessous de la branche interne du nerf laryngé supérieur.
chuchoter, car la voix chuchotée nécessite une voix laryngée
pour être audible ;
• une rééducation orthophonique ensuite, jusqu’à récupération
d’une voix de bonne qualité.
Techniques opératoires
Le larynx peut s’aborder par voie antérieure ou par voie
latérale. Les interventions proposées vont de l’intervention la
plus simple, qui consiste en l’ouverture de la membrane
thyrohyoïdienne, à la laryngectomie totale, en passant par
“ Point fort toutes les chirurgies partielles laryngées réalisées dans la
pathologie maligne et qui sont parfois indiquées devant des
tumeurs bénignes récidivantes ou volumineuses. Notre but n’est
La chirurgie endoscopique peut être réalisée soit aux pas de décrire toutes ces interventions dont la plupart sont déjà
micro-instruments soit au laser, essentiellement CO2. Le parfaitement exposées dans le traitement des tumeurs malignes
choix entre ces deux techniques repose essentiellement du larynx. Nous nous limiterons donc à la description des voies
sur la pratique de l’opérateur. Par cette voie d’abord latérales du larynx qui permettent de réaliser l’exérèse
endoscopique, il est possible de traiter la majeure partie de la plupart des tumeurs bénignes développées dans l’espace
des tumeurs bénignes du larynx. paraglottique.
Deux techniques chirurgicales vont être décrites, l’abord
latéral du larynx par la membrane thyrohyoïdienne et par
thyrotomie.
Anesthésie
■ Abord cervical de la paroi
Elle est générale avec intubation orotrachéale si cela est
latérale du larynx possible. Sinon, une trachéotomie première est effectuée sous
anesthésie locale. Cette trachéotomie est réalisée devant des
Rappel anatomique [12, 13]
difficultés d’intubation, en particulier devant des tumeurs
volumineuses et solides, ou lorsque la résection tumorale risque
L’exérèse d’une tumeur bénigne du larynx par voie cervicale d’entraîner une détresse respiratoire postopératoire par œdème
nécessite l’exposition et l’ouverture du larynx. ou hémorragie.
Nous nous limitons dans ce rappel à décrire l’anatomie telle
qu’on la rencontre lors de l’abord de la face latérale du larynx.
Position opératoire
Nous trouvons ainsi de dehors en dedans : la peau, le tissu
cellulaire sous-cutané et le platysma, puis deux plans musculoa- Le patient est placé en décubitus dorsal, la tête légèrement en
ponévrotiques formés des muscles sous-hyoïdiens enveloppés hyperextension et tournée du côté opposé à la lésion. L’opéra-
par les feuillets de la lame moyenne du fascia cervical. Sterno- teur se place du côté de la lésion et l’aide en face. Avant de
hyoïdien et omohyoïdien forment le plan superficiel, le plan commencer l’intervention, une désinfection cutanée est réalisée
profond comprenant thyrohyoïdien en haut et sternothyroïdien et quatre champs opératoires sont positionnés afin de laisser
en bas. visible la région antérolatérale du cou.
Interventions d’abord latéral du larynx Pour obtenir une meilleure exposition de cette région, les
muscles sternohyoïdien, omohyoïdien et thyrohyoïdien peuvent
Par la membrane thyrohyoïdienne (Fig. 3) être sectionnés sous le bord inférieur de l’os hyoïde et réclinés
L’intervention comporte quatre temps opératoires. vers le bas. Toute la partie antérieure et latérale de la membrane
Incision. Le tracé de l’incision est préalablement dessiné sur thyrohyoïdienne est ainsi exposée. La branche interne du nerf
la peau au crayon dermographique. laryngé supérieur doit être bien visualisée pour ne pas la léser.
L’incision est effectuée de préférence dans un pli naturel du La membrane thyrohyoïdienne est ouverte en regard de la
cou, légèrement arciforme allant du bord antérieur du muscle tumeur si celle-ci fait bomber la membrane, sinon on réalise
une incision horizontale au bord supérieur du cartilage
sterno-cléido-mastoïdien jusqu’à la ligne médiane en avant
thyroïde.
qu’elle dépasse légèrement. L’incision est située en regard de la
Exérèse tumorale. Un écarteur est placé à la partie supérieure
moitié supérieure de la lame thyroïdienne.
de l’incision de la membrane et un autre à la partie inférieure,
L’incision concerne la peau, le tissu cellulaire sous-cutané, le
permettant de soulever l’os hyoïde et d’abaisser la lame thyroï-
muscle platysma homolatéral, jusqu’aux aponévroses des dienne. On ouvre ainsi largement l’espace paraglottique,
muscles sternohyoïdien et omohyoïdien. La dissection est rendant l’exérèse de la tumeur plus aisée.
ensuite menée au-dessus du plan de ces muscles, permettant La dissection se poursuit ensuite le long de la face médiale du
d’exposer la région thyrohyoïdienne. cartilage thyroïde et médialement dans l’espace paraglottique. Il
Exposition de la région opératoire. Les tissus conjonctifs et s’agit d’une dissection prudente pour ne pas ouvrir la muqueuse
graisseux situés en avant de la veine jugulaire interne sont laryngée.
libérés, puis le muscle sterno-cléido-mastoïdien est récliné en Devant un kyste, on réalise sa ponction une fois les deux tiers
dehors, ainsi que de l’axe jugulocarotidien. Ce geste permet de du kyste libérés afin de le décomprimer et de permettre une
dégager la paroi pharyngolaryngée latérale. dissection plus aisée de son tiers médial. Par cette technique, on
Le tronc thyro-linguo-facial et le pédicule thyroïdien supé- évite l’ouverture de la muqueuse laryngée. [14] Cette partie
rieur sont repérés, puis en profondeur le nerf laryngé supérieur. médiale est sectionnée après ligature ou coagulation à la pince
Variantes
D’autres techniques de thyrotomie ont été décrites et nous
avons rapporté les plus fréquentes sur la Figure 5. [18-21]
Suites opératoires
Le suites opératoires sont habituellement simples. Le drain
aspiratif est enlevé au premier ou au deuxième jour postopéra-
toire. L’orifice de trachéotomie peut être fermé au troisième ou
quatrième jour postopératoire. Le traitement postopératoire est
débuté immédiatement après l’intervention. Il comprend,
lorsque la muqueuse laryngée a été ouverte :
• une antibiothérapie par voie générale à large spectre (type
Figure 4. Abord latéral du larynx. Thyrotomie latérale avec résection de amoxicilline/acide clavulanique) ;
la partie supérieure de l’aile thyroïdienne. • une corticothérapie générale en cure courte (méthylpredniso-
lone : 1 mg/kg/24 heures durant quelques jours).
Traitements médicaux
Ils sont de réalisation difficile : interféron ; immunothérapie
par autovaccin préparé à partir d’un extrait protéique obtenu à
partir de fragments de papillomes prélevés sous laryngoscopie
directe.
Traitement chirurgical
Il repose sur l’exérèse des lésions par voie endoscopique.
L’anesthésie générale est parfois délicate en cas d’obstruction
des voies aériennes chez l’enfant. La jet-ventilation tend à
remplacer l’intubation endotrachéale car elle permet une bonne
visibilité du champ opératoire, mais elle n’est pas dénuée de
risques, en particulier de barotraumatisme. [29] Certains réalisent
le geste en ventilation spontanée ou lors d’apnées. [29] L’éplu-
chage (exérèse à la pince) des lésions laryngées est la méthode
la plus simple. Elle permet le diagnostic histologique mais elle
n’est pas la plus efficace pour éviter la récidive. La technique est
hémorragique, gênant l’appréciation des limites exactes des
lésions. L’exérèse doit concerner le tissu tumoral friable sans
léser les tissus normaux avoisinants. Le ligament vocal est
menacé et il existe un risque de constitution de cicatrices
fibreuses : synéchies cordales antérieure ou postérieure ; sténose
laryngée.
Le traitement au laser CO2 est intéressant car moins hémor-
ragique que l’exérèse à la pince et moins pourvoyeur
d’œdème. [30] Le laser réalise une destruction sur place des
tissus, évitant leur dissémination vers l’arbre respiratoire. Il est
conseillé d’utiliser un système d’aspiration des fumées et des
produits de destruction dus au laser, afin de conserver un
champ de vision exempt de fumées et de prévenir l’infection
par les particules virales du personnel présent au bloc opéra-
toire, aussi bien que des tissus sains avoisinants. Le laser CO2
est utilisé à la puissance de 10 à 15 W en tir continu ou de 50
à 80 W en impulsions de 8 à 10 secondes. [31] L’utilisation de
microspots et d’énergies inférieures à 5 W, de modes de tir
fractionnés, permettrait de diminuer les séquelles et d’obtenir de
meilleurs résultats. La cicatrisation serait moins fibreuse, moins
pourvoyeuse de synéchies ou de sténoses. Certains utilisent le
laser véhiculé par une fibre orientable (lasers Nd-YAG ou KTP,
ou lasers à diode). [32]
Certaines équipes ont remplacé l’usage du laser par l’usage du
microdébrideur pour l’ablation des lésions papillomateuses chez
l’enfant. [29, 33]
L’emploi de substances antimitotiques, soit en badigeonnage
local, soit plutôt en injection sur le site d’exérèse après exérèse
laser ou exérèse instrumentale, peut être intéressant pour les
papillomatoses très récidivantes. [34-36] Les injections intracor-
dales de cidofovir augmenteraient le taux de réponse complète
ou l’intervalle entre les interventions chirurgicales (dans 61 %
de ces cas pour Schraff et al. [29] et 76,9 % des cas pour Lee et
Rosen [37]).
La trachéotomie peut être évoquée en cas de dyspnée : elle
doit être évitée à tout prix. Elle comporte un risque de diffusion
de la papillomatose à l’arbre respiratoire, au trajet de la
trachéotomie et à la peau, et un risque de sténose laryngée ou
trachéale. Il est préférable de réaliser une intubation et une
désobstruction, sachant que l’intubation peut également
favoriser une migration tumorale à l’arbre respiratoire.
Figure 5. Variantes des thyrotomies.
A. Selon Lewis, section verticale de la lame thyroïdienne. Indications
B. Selon Thome, résection d’un triangle cartilagineux à sommet inférieur.
C. Selon Malis, réalisation d’un volet cartilagineux à charnière inférieure. Papillomatose bénigne
D. Selon Netterville, réalisation d’un volet à charnière supérieure. L’exérèse au laser CO2 est la meilleure méthode.
Papillomatose extensive ou récidivante
du personnel par des masques adaptés à l’usage du laser, dotés
Un traitement médical adjuvant est nécessaire à l’exérèse
de pores extrêmement petits. [28]
endoscopique. L’exérèse endoscopique est réalisée à la pince
pour le prélèvement des formations papillomateuses bourgeon-
Traitement
nantes, et au laser pour la base d’implantation des papillomes,
Le but du traitement est double : désobstruction laryngée et en évitant une exérèse trop large pour éviter les séquelles
éradication du papillome. cicatricielles. La mitomycine C pourrait diminuer la fréquence
Les moyens thérapeutiques sont chirurgicaux (instrumentaux) des synéchies antérieures. [38] Il convient d’éviter la multiplica-
et médicaux. tion des exérèses au larynx, quitte à supporter une dysphonie
Résultats
Ils sont très variables : guérison totale dans 43 % des cas ;
amélioration significative dans 40 % des cas ; échecs dans 17 %
des cas, mais avec une disparition des lésions à l’âge de la
puberté pour un très grand nombre de ces échecs, et en parti-
culier sevrage de la trachéotomie chez 80 % des enfants
trachéotomisés.
Neurofibrome
Rhabdomyomes Encore plus rare (0,5 %), à la différence du schwannome
Pour ce type de tumeur, le traitement consiste en une exérèse solitaire il survient dans le cadre d’une neurofibromatose de
complète, tout en étant le plus conservateur possible. La voie type I. Il s’agit d’une tumeur non encapsulée pouvant adhérer
cervicale est la voie la plus adaptée. aux muscles, avec risque de récidive. Dans 10 % des cas, une
transformation maligne en neurosarcome est observée. Une
.1
Léiomyomes et léiomyoblastomes (Fig. 7) chirurgie laryngée partielle s’impose et le type d’intervention
dépend de la localisation tumorale dans le larynx.
Ce sont des tumeurs exceptionnelles. Leur traitement repose
sur une exérèse complète par voie endoscopique ou externe. Tumeurs à cellules granuleuses d’Abrikossoff
Lipomes L’atteinte laryngée correspond à 0,4 % des tumeurs bénignes
du larynx. Ce sont des tumeurs d’origine schwannienne dont
Ils se développent essentiellement sur l’épilarynx et l’épiglotte l’aspect macroscopique est celui d’une masse polypoïde, sessile,
pour les tumeurs à développement extrinsèque, plus préféren- molle, à muqueuse normale. Le traitement repose sur l’exérèse
tiellement dans les bandes ventriculaires pour les tumeurs à locale, par voie endoscopique ou par voie cervicale selon la
développement intrinsèque. Le traitement chirurgical se fait soit localisation et la taille de la tumeur. Le taux de récidive locale
par voie cervicale, soit par voie endoscopique par résection au est de 2 à 8 % et impose une exérèse la plus complète possible.
laser CO2, [60] le but étant d’enlever la totalité du lipome afin
d’éviter la récidive. Paragangliomes [69, 70]
Ce sont des tumeurs neuroendocriniennes bénignes du
Tumeurs glandulaires [61, 62]
système parasympathique dérivant de la crête neurale.
Adénome pléomorphe Le traitement chirurgical de ces tumeurs par voie cervicale
s’impose, car c’est la seule voie qui permette l’exérèse complète
Seulement une trentaine de cas ont été décrits dans la et le contrôle du saignement par ligature première de l’artère
littérature. Ces tumeurs sont développées à partir des glandes laryngée supérieure. La résection par voie endoscopique ne
salivaires accessoires présentes dans le larynx. Le problème de ce permet pas un contrôle du saignement et la récidive est
type de tumeur est représenté par le risque de récidive lors de fréquente.
l’ouverture de la capsule et la transformation maligne sur le
long terme. Il faut réaliser une chirurgie large par voie externe,
impliquant de pratiquer des interventions type laryngectomie
Tumeurs cartilagineuses [71-74]
partielle. Le siège habituel de ces tumeurs (200 cas décrits dans la
littérature) se situe dans 70 % des cas sur le chaton cricoïdien
Oncocytome (Fig. 8), dans 20 % à l’épiglotte et le reste sur l’aryténoïde. Le
Du fait de l’absence de malignité et de son aspect kystique, traitement est chirurgical par excision complète du chondrome.
le traitement consiste en une simple exérèse, soit par voie L’abord classique est représenté par un abord antérieur avec
endoscopique, soit par voie cervicale. ouverture de l’arc antérieur du cricoïde et des premiers anneaux
trachéaux (Fig. 9). Après incision de la muqueuse en regard du
chondrome, celui-ci est enlevé par énucléation associée à un
Tumeurs nerveuses [16, 63-68]
curetage jusqu’en zone saine en conservant le périchondre et
l’armature du cricoïde. Un calibrage endolaryngé est nécessaire
Schwannome solitaire pour appliquer la muqueuse et le périchondre afin d’éviter une
Estimé à 1,5 % des tumeurs bénignes, son traitement est sténose. Si une résection du cricoïde est nécessaire, celle-ci ne
chirurgical par résection sous-muqueuse et extracapsulaire. La doit pas dépasser la moitié de l’anneau cricoïdien. Au-delà, une
clef du succès thérapeutique repose sur la résection complète de laryngectomie totale est la seule solution thérapeutique envisa-
la tumeur tout en préservant les fonctions du larynx. C’est geable. L’exérèse par voie endoscopique est possible pour les
l’abord cervical qui s’impose. Celui-ci est fonction du siège petits chondromes limités.
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d’abord cervicale avec ouverture du larynx par voie latérale est [28] Kashima HK, Kessis T, Mounts P, Shah K. Polymerase chain reaction
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Conessa C., Hervé S., Roguet E., Gauthier J., Poncet J.-L. Chirurgie des tumeurs bénignes du larynx. EMC
(Elsevier SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-410, 2005.
Les différentes options thérapeutiques d’une tumeur obstructive du larynx comprennent la trachéotomie
pratiquée à distance de la tumeur, l’intubation orotrachéale par une petite sonde ou au bronchoscope
précédant la laryngectomie totale en urgence, la désobstruction au laser par voie endoscopique. La
trachéotomie d’attente avait plusieurs inconvénients : elle augmentait la fréquence de survenue des
récidives péristomales et aggravait la morbidité de la laryngectomie réalisée secondairement
(complications infectieuses et désunion pharyngée). La laryngectomie totale en urgence était en général
pratiquée après un bilan d’extension locorégional et métastatique limité, ainsi qu’un bilan préopératoire
insuffisant. L’utilisation du laser CO2 en laryngologie, dès la fin des années 70, a permis le développement
de la désobstruction laryngée. Cette technique est maintenant bien codifiée et d’utilisation courante. La
désobstruction laryngée au laser CO2 permet de rétablir une filière respiratoire satisfaisante et d’éviter
dans bon nombre de cas la trachéotomie. Elle peut être répétée si nécessaire et ne compromet pas le
traitement ultérieur. Elle peut être réalisée avant tout traitement, permettant alors la réalisation d’une
chimiothérapie, une meilleure préparation nutritionnelle et psychologique avant chirurgie et/ou
radiothérapie, mais aussi en palliatif avec une meilleure qualité de vie.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
■ Technique anesthésique
L’anesthésie générale avec curarisation est indispensable. [11]
■ Introduction On utilise des hypnotiques, curares et analgésiques morphino-
mimétiques à cinétique courte, pour obtenir un réveil le plus
Avant l’utilisation du laser CO 2 , les seules possibilités rapide possible.
thérapeutiques devant une dyspnée laryngée par cancer obs- Un abord trachéal est toujours nécessaire. Plusieurs solutions
tructif du larynx étaient la trachéotomie en urgence pratiquée de ventilation peuvent être adoptées : l’intubation orotrachéale
à distance de la tumeur ou la laryngectomie totale en et la ventilation classique ou des techniques faisant intervenir
urgence. [1] La trachéotomie d’attente avait plusieurs inconvé- des méthodes de ventilation par injection à haute fréquence.
nients : elle augmentait la fréquence de survenue des récidives Chaque technique a ses avantages et ses inconvénients. Elles
péristomales [2] et aggravait la morbidité de la laryngectomie doivent être discutées entre l’anesthésiste et le chirurgien avant
réalisée secondairement (complications infectieuses et désunion l’intervention pour que la meilleure technique de ventilation
pharyngée). [3] Certains cancers sous-glottiques étendus à la soit utilisée en fonction du calibre de la filière glottique, de la
ou des structures laryngées à exposer (plan glottique, vestibule Actuellement, une sonde métallique flexible sans ballonnet doit
laryngé, épilarynx), de l’état pulmonaire du patient et des être préférentiellement utilisée (type sonde d’Oswal). [12] Il est
habitudes de chacun. [4, 12] également possible d’utiliser une canule d’aspiration métallique
Une anesthésie locale préalable du larynx et de la trachée fine et longue, glissée dans le larynx, sous le plan glottique, à
cervicale est toujours souhaitable. [4, 13, 14] travers la spatule de laryngoscopie et solidarisée au
laryngoscope.
Méthodes Voie intercricothyroïdienne
Intubation orotrachéale [1, 4, 8, 15] L’importance de l’obstruction glottique peut conduire à
utiliser la jet ventilation par voie intercrico-thyroïdienne. [13, 24]
La ventilation classique nécessite la mise en place d’une La membrane inter-crico-thyroïdienne doit être saine pour que
sonde d’intubation de petite taille dans la filière glottique : n° la ponction ne soit pas réalisée en transtumoral afin d’éviter
6,5, [11, 13] voire n° 5, 5,5 ou 6. [4] toute dissémination des cellules cancéreuses. Un cathéter en
Dès 1973, Strong et Jako soulignaient la nécessité de protéger Téflon® 14G est mis en place, sous anesthésie locale, après
la sonde d’intubation en cas d’utilisation du laser CO2. [7, 8] Par repérage des structures anatomiques (cartilages cricoïde et
le passé, une sonde classique (par exemple, Portex® n° 6,5) était thyroïde, membrane intercricothyroïdienne). Cette technique de
enrobée d’une feuille d’aluminium. [1, 8, 15-17] Actuellement, ventilation est en pratique peu utilisée, car d’une part le
cette technique ne doit plus être utilisée. Différents modèles de cathéter de ventilation est en Téflon® et comporte un risque
sondes adaptées au laser sont disponibles sur le marché. [8, 15-18] d’ignition et, d’autre part, la ventilation alvéolaire est toujours
D’après l’étude de Sesterhenn et al., [15] les plus utilisées sont : insuffisante, [13] l’hypercapnie est fréquente dans les tumeurs
la sonde Laser Flex de Mallinckrodt, la sonde Laser Schield II de obstructives avec un retour de l’air injecté insuffisant au moins
Xomed, la sonde Laser Rüsch. Elles garantissent une sécurité tant que la désobstruction laryngée n’est pas efficace. [14] Il
supplémentaire mais au prix d’un coût supérieur. [15, 19] Aucune s’agit plus d’une méthode d’oxygénation à utiliser en prépara-
n’est garantie ininflammable et des complications sont encore tion en salle d’opération qu’un mode de ventilation sous
rapportées. [20-22] Cependant, la fabrication artisanale d’une anesthésie générale.
sonde « laser » ne répond pas aux normes actuelles de sécurité
et de traçabilité ; des blessures muqueuses peuvent survenir par Ventilation par injection préglottique
arrachage d’un fragment d’aluminium lors de la mobilisation de La ventilation par injection préglottique repose sur le principe
la sonde ; [15] des obstructions aiguës des voies respiratoires d’une jet ventilation par injection d’air pulsé en prélaryngé grâce
peropératoires ont été décrites par migration de fragments à un système d’injection fixé à la spatule de laryngoscopie.
d’aluminium. [23] L’avantage principal de la méthode réside dans l’absence de
Pour notre part, nous utilisons la sonde métallique flexible de sonde transglottique, mais le système d’injection obstrue
Mallinckrodt (Laser Flex). [1, 12] La sonde de Mallinckrodt (Laser partiellement le champ opératoire. [4] Cette méthode est en
Flex) possède de plus deux ballonnets de protection étagés, ce réalité peu employée car l’air pulsé bute sur la tumeur, entraî-
qui assure une sécurité supplémentaire. Le ballonnet supérieur nant une hypoventilation. Certains utilisent toutefois ce
est gonflé au sérum physiologique tandis que le ballonnet procédé en seconde intention, quand la filière laryngée obtenue
inférieur est gonflé à l’air pour certains, mais d’autres préfèrent après le premier temps de la désobstruction au laser permet
gonfler les deux ballonnets au sérum physiologique. [8, 15] Ossof l’ablation de la sonde endotrachéale et la ventilation prélaryn-
a proposé l’adjonction de bleu de méthylène au sérum physio- gée avec une filière et un retour gazeux satisfaisants. [4, 27, 28]
logique afin de visualiser immédiatement la perforation du
Contre-indication à la « jet ventilation »
ballonnet par le laser CO2. [8]
Il est d’autre part conseillé de placer le ballonnet de la sonde La jet ventilation à haute fréquence comporte de plus un
d’intubation loin dans la trachée afin de limiter le risque certain nombre de contre-indications : syndrome pulmonaire
d’impact laser et de le protéger par des cotonoïdes mouillés. [8, obstructif important, emphysème, cardiopathie sensible à
16] l’hypoxie, obésité. Elle est également contre-indiquée dans les
Dans les cas d’intubation difficile, une bronchoscopie préala- cas où l’exposition du larynx est difficile, voire impossible. [13]
ble permet la mise en place d’une bougie fine dans la trachée ; Elle comporte de toute façon un certain nombre de risques :
celle-ci sert ensuite de guide pour l’intubation. [1] Un hypopha- hypoventilation, pneumothorax, pneumomédiastin, emphy-
ryngoscope peut également être utilisé ; il est plus court et plus sème sous-cutané. [4, 8, 15, 26] Dans les tumeurs très obstructives,
maniable que le bronchoscope mais ne permet pas de franchir ces risques sont encore majorés par la gêne au retour gazeux
le plan glottique. imposant une désobstruction rapide.
boîte de trachéotomie. [6, 31] Il ne faut pas hésiter à demander l’effet de la vaporisation sur les tissus. [16] La puissance est
au chirurgien d’intuber le patient soit à l’aide d’un bronchos- ensuite augmentée selon les besoins. Elle ne dépasse pas, en
cope, soit à l’aide d’un hypopharyngoscope. L’examen préalable règle, 20 W. [1] Elle peut atteindre 30 à 40 W si l’obstruction
en laryngoscopie indirecte ou à l’aide d’un nasofibroscope aide laryngée doit être levée rapidement pour faciliter le retour
considérablement à la représentation dans l’espace de la filière gazeux ou pour permettre de changer le mode de ventilation.
respiratoire. L’utilisation de puissances élevées nécessite une vigilance
Les défenseurs de chaque méthode s’opposent en fonction de particulière pour éviter le risque de complications. [31] On utilise
leurs préférences et de leur expérience. [1, 6, 8, 10, 13, 15, 16, 24] habituellement le mode continu pour ne pas allonger le temps
Certains utilisent successivement les deux méthodes. [5] Les de l’intervention.
difficultés potentielles d’exposition, d’intubation et de ventila- Les instruments sont ceux de toute microchirurgie laryngée
tion chez les patients porteurs d’une tumeur obstructive des au laser CO2. Spatule de laryngoscopie, micro-instruments,
voies aérodigestives supérieures expliquent la multiplicité des canules d’aspiration, doivent être de couleur noire ou
techniques proposées pour l’abord trachéal. sablées pour éviter la diffraction du rayon laser et ne pas
L’avantage majeur de la VJHF réside sûrement dans l’absence absorber la lumière du microscope. [8, 10, 16, 34] L’utilisation
de sonde d’intubation ou le faible encombrement du système de d’aspirations puissantes et de filtres spécifiques est conseillée. [8]
ventilation, ce qui apparaît particulièrement appréciable pour Il est indispensable d’avoir à portée de main un bistouri
les tumeurs glottiques ou glotto-sous-glottiques, beaucoup électrique monopolaire avec des micropinces coagulantes
moins dans les tumeurs supraglottiques. [6, 13, 31] protégées ainsi que des porte-clips avec microclips.
Installation du patient
■ Technique opératoire L’installation du patient par le chirurgien est essentielle. Le
La désobstruction laryngée au laser CO2 doit toujours être patient est placé en décubitus dorsal, la tête ne doit pas être
réalisée par un opérateur entraîné, possédant une grande immobilisée mais placée sur un rond de tête. La table d’opéra-
expérience de la chirurgie endoscopique au laser, afin de réduire tion est installée en position légèrement déclive. La têtière de la
au maximum le risque de complications. Chaque membre de table d’opération doit être fléchie par rapport à l’axe du corps
l’équipe doit avoir reçu une formation spécifique et doit avoir et non pas en hyperextension (sniffing position). [35, 36]
une connaissance approfondie de la chirurgie laser et de ses Le chirurgien est assis à la tête du patient, au mieux dans un
complications potentielles. fauteuil avec accoudoirs ce qui permet de poser les avant-bras
lors de l’intervention.
L’utilisation d’un protège-dents est indispensable.
Instrumentation Quand une sonde d’intubation a été mise en place, elle est
L’instrumentation est celle de toute microchirurgie laryngée placée latéralement dans un sillon glossoamygdalien et calée au
en suspension au laser. niveau de la commissure labiale.
On utilise un microscope opératoire avec une focale de Le choix de la spatule de laryngoscopie est essentiel et
400 mm. La vision binoculaire est absolument indispensable. [6, fonction du degré d’ouverture buccale, de la position du larynx
8, 12, 16] au niveau cervical, de la région à exposer, de la rigidité du
Le laser (light amplificated by stimulated emission of radiation) pharyngolarynx. [12] La spatule de laryngoscopie doit posséder
utilisé pour la désobstruction laryngée est un laser CO2. [16, 32] une extrémité proximale la plus large possible pour faciliter le
Il correspond à une source de lumière particulière ayant pour passage des instruments. L’extrémité distale doit également être
propriétés d’être cohérente, monochromatique ; son faisceau aussi large que possible pour permettre une meilleure exposition
peut être transporté par de simples miroirs. Sa longueur d’onde et augmenter le champ de vision. Certaines spatules de laryn-
est de 10,6 µm, située dans le spectre des infrarouges. Son goscopie à valves mobiles permettent d’adapter l’ouverture du
faisceau est invisible, nécessitant sa matérialisation par un laser laryngoscope au patient et à la région à exposer. [10] Il en existe
coaxial hélium-néon de longueur d’onde 0,63 µm, situé dans le plusieurs modèles sur le marché : Steiner, Werda, Abitbol.
spectre visible (rouge). L’effet du laser CO 2 dans les tissus La spatule doit être introduite en douceur, par la bouche, en
correspond à une transformation de l’énergie véhiculée en restant strictement médiane et en veillant à ne traumatiser ni
énergie thermique (évaporation ou vaporisation) d’autant plus la langue, ni les lèvres, ni la muqueuse pharyngée ou laryngée.
importante que la concentration en eau est plus importante. Le repère essentiel est habituellement l’épiglotte suprahyoï-
Le bras optique du laser est branché sur le microscope dienne, qui doit être contournée par la spatule du côté opposé
opératoire. L’utilisation du laser CO2 fait appel à un microma- à la sonde d’intubation (quand une intubation a été réalisée),
nipulateur fixé au microscope. [10] Actuellement, on utilise un puis chargée de bas en haut.
réducteur de spot (micropoint ou acuspot) qui augmente la L’existence d’une tumeur obstructive peut modifier les repères
puissance au point d’impact. Le chirurgien doit choisir la anatomiques. Il est indispensable d’avoir examiné le patient en
puissance du tir, le mode continu ou discontinu, et la focalisa- laryngoscopie indirecte ou à l’aide d’un nasofibroscope souple
tion du spot du rayon laser. La puissance est habituellement avant d’entreprendre une désobstruction laser afin d’avoir une
affichée sur l’appareil en watts ou en joules. Elle est calculée à bonne représentation de la tumeur dans l’espace, des différents
la sortie du tube laser et non pas au point d’impact. La puis- repères anatomiques et de la région à désobstruer. La spatule de
sance effective sur les tissus dépend de plusieurs paramètres laryngoscopie ne doit jamais être introduite en force.
dont la surface du spot ; elle peut être réduite en utilisant une La mise en suspension est indispensable. Cependant, dans les
focale inférieure à 400 mm ou en défocalisant le microscope cas où l’exposition de l’endolarynx est insuffisante, il est inutile
opératoire. Les appareils récents possèdent une molette de d’espérer une meilleure exposition en augmentant la mise en
défocalisation sur l’adaptateur relié au microscope. Il est tension de la suspension. Celle-ci ne permet pas de mieux
indispensable avant toute utilisation du laser de vérifier que le exposer le larynx mais permet de libérer les deux mains de
laser coaxial est bien aligné avec le laser CO2 (un tir sur un l’opérateur. Dans ce cas, il est préférable d’accentuer la flexion
abaisse-langue en bois est une excellente méthode). de la tête du patient ou d’exercer une pression sur l’arc anté-
La désobstruction laryngée au laser se pratique en vaporisa- rieur du cricoïde. [35] Si l’exposition reste malgré tout insuffi-
tion et non pas en section. La vaporisation est effectuée à une sante, il faut savoir changer de spatule de laryngoscopie, et
puissance élevée avec un spot défocalisé [5, 33] pour augmenter utiliser des spatules de laryngoscopie de longueur et d’inclinai-
l’effet de vaporisation. son différentes.
Le choix de la puissance dépend aussi du degré de l’obstruc- Une fois l’exposition obtenue, on met en place le matériel de
tion laryngée. Une tumeur volumineuse obstruant massivement suspension raccordé à une tablette fixée à la table d’opération.
la filière nécessite une puissance plus élevée qu’une tumeur peu L’appui thoracique est, selon nous, à proscrire : il compromet
obstructive. Il est recommandé de commencer par des puissan- l’expansion thoracique lors de la ventilation et gêne l’abord du
ces relativement faibles, de l’ordre de 5 à 10 W, pour évaluer thorax par les anesthésistes en cas de nécessité. [12]
Dès que l’exposition du larynx est satisfaisante, la désobstruc- Hémorragies per- et postopératoires
tion au laser peut commencer, après avoir prévenu l’anesthésiste
Une hémorragie peropératoire survient couramment dans les
qui doit modifier la composition des gaz de ventilation. [12, 13]
désobstructions importantes ; le sang masque le champ opéra-
L’opérateur doit définir les structures anatomiques devant être
toire et diminue la luminosité. L’aspiration permanente du sang
vaporisées en premier lieu pour agrandir le plus rapidement
est de toute façon indispensable car le laser CO2 est absorbé par
possible la filière laryngée (la désobstruction se fait le plus
la couleur rouge et devient alors inefficace. On utilise alors des
souvent aux dépens de la glotte postérieure).
aspirateurs de tailles différentes pour localiser l’artériole en
Le spot du laser coaxial doit être placé au centre du champ
cause. Le laser peut être employé pour la coagulation, mais il
opératoire pour éviter toute perte de puissance par déflexion du
faut en connaître les limites. Le laser CO2 sur le mode de la
rayon laser sur les parois de l’endoscope et augmenter ainsi la
section (focalisation maximale) coagule les artérioles jusqu’à
précision du tir. [37] Quand l’exposition du champ opératoire
0,5 mm de diamètre. [5, 14, 16, 33] Utilisé selon un mode défoca-
devient insuffisante, il faut arrêter momentanément la vapori-
lisé, il est possible de coaguler des artères jusqu’à 2 mm de
sation au laser et ne pas hésiter à modifier la position de la
diamètre en déplaçant rapidement le spot de part et d’autre du
spatule de laryngoscopie. Ceci évite la survenue de complica-
vaisseau avec une puissance faible. [44] Il faut souligner que seule
tions : brûlures de la face, des lèvres, des dents et ignition de la
une coagulation superficielle peut être obtenue ; les coagulations
sonde de ventilation endotrachéale. [38]
plus profondes ne sont pas accessibles au laser. Si l’hémostase
Le chirurgien doit reconnaître le tissu tumoral dont les
n’est pas satisfaisante avec le laser, il faut utiliser la coagulation
aspects sont très différents des tissus normaux. La muqueuse
monopolaire à l’aide d’une pince endolaryngée protégée couplée
saine et les muscles intrinsèques sains du larynx doivent être
avec un aspirateur [10, 16, 34] ou des microclips chirurgicaux. [16,
préservés. Il doit aussi à tout moment évaluer la profondeur de 40]
la pénétration du rayon laser et le siège précis de la
Des hémorragies postopératoires ont été décrites jusqu’au
vaporisation. [37]
dixième jour postopératoire ; [40] elles sont probablement
Le but de la désobstruction laryngée au laser est de rétablir
favorisées par l’utilisation du laser à forte puissance et l’infec-
une filière respiratoire suffisante pour éviter une trachéotomie
tion postopératoire.
ou une intubation prolongée. Il ne s’agit en aucun cas d’un
traitement carcinologique. Il est donc inutile de pratiquer une
Ignition de la sonde d’intubation
« désobstruction complète » (même si l’efficacité du laser est
telle que l’on a spontanément tendance à pratiquer une des- L’ignition de la sonde d’intubation constitue la complication
truction tissulaire trop importante pour obtenir un résultat la plus sérieuse. [16, 38] Elle est directement en rapport avec
anatomique « parfait ») et de dénuder les cartilages thyroïde ou l’impact du laser sur un « combustible » : sonde d’intubation
cricoïde afin d’éviter la survenue d’une chondrite ou d’une non protégée, ballonnet, etc. Elle est connue depuis les années
sténose laryngée secondaires. [14] 70, favorisée par l’utilisation de concentrations d’oxygène
La quantité de laser Plume (fumée) libérée par la vaporisation élevées dans les gaz de ventilation et des mesures préventives
au laser est très importante. Elle est secondaire à l’effet de ont été définies dès cette époque. [7, 8, 15, 38] En cas d’ignition
carbonisation et impose le plus souvent l’emploi d’au moins de la sonde d’intubation, il faut immédiatement pratiquer
deux aspirateurs puissants : un aspirateur pour la fumée et la l’ablation de cette dernière, et irriguer le larynx et la trachée au
vapeur, généralement intégré à la spatule de laryngoscopie, [1, 10] sérum physiologique. [8, 40] L’utilisation de matériel d’intubation
un autre pour le sang et le mucus, utilisé manuellement. Il est spécifique garantit une sécurité supplémentaire pour le patient,
indispensable de maintenir le champ opératoire sec pour que même si aucun tube spécifique laser n’est garanti inin-
l’effet de vaporisation n’ait pas lieu uniquement en surface mais flammable. [15]
puisse atteindre les tissus concernés. [16]
Les débris carbonisés doivent être constamment aspirés et Brûlures accidentelles
enlevés en utilisant des cotonoïdes imbibés de sérum ; ils Des brûlures accidentelles des yeux (brûlures cornéennes), des
élèvent la température des tissus, augmentent la dissipation de lèvres, du visage du patient ont été rapportées, de même que la
l’énergie dans les structures de voisinage, compromettant la brûlure des doigts du chirurgien. [1, 8, 16, 40]
cicatrisation ultérieure ; enfin, ils obscurcissent le champ
opératoire. [1, 8, 14, 16, 27, 39] Bronchospasme
Pendant toute la durée de l’intervention au laser, le chirur-
gien doit vérifier en permanence la sonde d’intubation ou le Un bronchospasme peut survenir en périopératoire. [1, 31]
cathéter de ventilation, surtout si la sonde est mobilisée à Rappelons à ce propos la nécessité d’une hémostase peropéra-
plusieurs reprises ou si la position du laryngoscope a été toire parfaite et de l’aspiration permanente de la fumée (laser
modifiée. En cas d’intubation, la protection du ballonnet par un Plume) et de la vapeur en cours de désobstruction. Robson et al.
cotonoïde mouillé est indispensable et sa position doit égale- recommandent une toilette bronchique par la réalisation d’une
ment être régulièrement contrôlée ; le chirurgien doit le changer bronchoscopie systématique au tube rigide en fin de désobs-
régulièrement ou le remouiller au sérum physiologique pour truction afin d’éliminer le sang, la fumée et les débris tumoraux
éviter la combustion d’un cotonoïde desséché par l’effet qui auraient pu malgré tout atteindre les bronches. [31]
thermique du laser. [29]
Pneumopathies d’inhalation
Une fois la désobstruction terminée avec une filière laryngée
évaluée comme suffisante, le patient est réveillé et, en règle, Des pneumopathies d’inhalation ont été rapportées. [1, 16, 31,
extubé en salle de réveil ou au plus tard le lendemain après un 40] L’élargissement de la filière laryngée peut favoriser les
séjour de moins de 24 heures en unité de soins intensifs. [40] troubles de déglutition en postopératoire par incompétence
glottique, d’autant plus que des troubles de déglutition exis-
Complications taient déjà auparavant.
Elles sont rares, comme l’ont souligné la plupart des
auteurs ; [1, 2, 6, 9, 25, 31, 40-43] cependant, l’incidence exacte des
Complications liées au mode de ventilation
complications n’apparaît pas clairement. Il ressort de l’analyse Les complications liées au mode de ventilation, surtout si une
d’un questionnaire envoyé par Fried aux praticiens ayant utilisé VJHF est utilisée, comprennent : hypercapnie, bradycardie,
le laser que seulement 49 % d’entre eux l’avaient utilisé sans hypotension artérielle, pneumothorax, etc. La survenue d’une
complications. [1, 38] complication impose de pouvoir interrompre à tout moment la
La plupart des complications peropératoires peuvent être vaporisation laser et de pouvoir recourir si nécessaire à un autre
évitées si les mesures préventives sont respectées. [16] Elles sont mode de ventilation.
dominées par les hémorragies (complication la plus fréquente) Des bronchoscopes de diamètres différents et la boîte de
et l’ignition de la sonde d’intubation (complication la plus trachéotomie doivent toujours être à proximité pour assurer une
grave). ventilation efficace en urgence. [6, 8, 31]
“ Règles de sécurité
• Port de lunettes obligatoire pour le personnel médical (le chirurgien n’est pas obligé de porter des lunettes s’il travaille avec un
microscope opératoire) et paramédical.
• Protection du visage et des yeux du patient par de larges champs imbibés de sérum physiologique installés par le chirurgien une fois
la spatule de laryngoscopie en suspension et le microscope opératoire mis en place.
• Pendant toute la durée de l’intervention, il faut contrôler le maintien de l’humidification des champs protecteurs et des cotonoïdes
protégeant le ballonnet de la sonde d’intubation (humidification des combustibles). [29]
• L’infirmière de bloc opératoire doit vérifier en permanence que le rayon laser est parfaitement centré dans l’endoscope pour éviter
la brûlure des lèvres ou du visage du patient.
• Débuter le laser avec de faibles puissances et une durée de tir courte à adapter ensuite en fonction de l’effet sur les tissus.
• Changer la position de l’endoscope et du laser aussi souvent que nécessaire.
• Utilisation d’aspirations puissantes et de filtres spécifiques.
• Tout le personnel de la salle d’opération doit porter un masque chirurgical de protection spécial filtrant le laser Plume. Il a été
démontré que le laser Plume est à l’origine d’effets secondaires sur la fonction respiratoire avec limitation des échanges gazeux et
diminution de la fonction mucociliaire. [27]
• Lors de l’utilisation du laser, la ventilation doit se faire à l’air avec un enrichissement à l’oxygène de 30 % sans dépasser 40 % pour
limiter le risque d’ignition de la sonde de ventilation orotrachéale. Certains ont proposé l’emploi d’un mélange gazeux
associant hélium et oxygène. La concentration en oxygène doit rester inférieure à 40 %.
Mais la dyspnée peut également apparaître secondairement : réalisation du traitement carcinologique. Elle a pour avantage de
• soit en cours de chimiothérapie néoadjuvante mise en œuvre permettre la réalisation d’un bilan d’extension complet avec
dans le cadre d’un protocole de préservation d’organe, une fonction respiratoire satisfaisante. Elle ne compromet pas le
témoignant alors d’une aggravation et devant faire remettre traitement ultérieur et a en outre pour avantage de pouvoir être
en cause la poursuite de la chimiothérapie au profit de la répétée si nécessaire. En effet, la trachéotomie d’attente aggrave
mise en œuvre du traitement curatif prévu initialement ; la morbidité de la laryngectomie réalisée secondairement : elle
• soit dans le cadre d’un échec après traitement préalable d’un favorise l’infection du site opératoire, augmente le risque de
carcinome épidermoïde du larynx et/ou de l’hypopharynx ; désunion de la suture pharyngée et augmente la fréquence de
dans les situations palliatives, la désobstruction laryngée au survenue des récidives péristomales. Elle permet en outre une
laser CO2 permet de préserver au mieux la notion de qualité meilleure préparation du patient tant sur le plan nutritionnel
de vie. que sur le plan psychologique, et une meilleure information du
Au plan général, la désobstruction laryngée au laser CO2 patient des modalités thérapeutiques et de ses conséquences
permet de compléter le bilan préthérapeutique (bilan métasta- potentielles. La désobstruction laryngée au laser CO 2 est
tique et préopératoire) avec une filière respiratoire satisfaisante. également intéressante après échec du traitement initial, dans le
Elle peut être facilement répétée si la première désobstruction cadre d’un traitement palliatif, offrant une meilleure qualité de
a été insuffisante [1, 14, 53] et ne compromet pas le traitement vie que la trachéotomie.
ultérieur. La (pharyngo-)laryngectomie totale est réalisée .
[21] Woo P, Vaughan CW. A safe, non-inflammable, all-metal, cuffless [39] Fried MP. Limitations of laser laryngoscopy. Otolaryngol Clin North
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Résumé
Haut de page
Les tumeurs des cordes vocales qui représentent 95 % des cas. Elles sont
longtemps strictement unilatérales, envahissent assez tardivement le cartilage et
sont peu lymphophiles. Elles seront donc facilement traitées par une laryngectomie
partielle.
Les tumeurs de la commissure antérieure, représentent 5 % de cas. Elles sont
beaucoup plus graves car elles infiltrent très vite le cartilage thyroïde en avant, ce
qui compromet la chirurgie partielle.
Le bilan d'un cancer glottique doit toujours comporter une biopsie et une endoscopie sous
anesthésie générale avec optique droite et à 70° de façon à bien préciser les extensions de
la tumeur vers la commissure antérieure, la sous-glotte, le ventricule. La palpation de la
corde décèlera une éventuelle infiltration musculaire profonde latente qui peut entraîner un
changement d'indication opératoire.
Dès que la mobilité cordale est diminuée ou qu'il existe une atteinte de la commissure
antérieure, un scanner sera demandé.
Toutes les interventions que nous allons décrire sont proposées chez l'homme. Il faut être
beaucoup plus prudent chez la femme dont le larynx est petit. Il n'autorise pas de
résection cartilagineuse étendue sous peine de sténose.
Cordectomie
Elle correspond, après une thyrotomie médiane par voie externe, à l'exérèse de la corde
vocale muqueuse, membraneuse et musculaire.
Elle s'adresse essentiellement aux tumeurs strictement limitées au tiers moyen de la corde
parfaitement mobile.
Elle peut être effectuée sous anesthésie locale ou sous anesthésie générale avec une sonde
de 6,5 mm de calibre qui vient se bloquer entre les aryténoïdes. Elle n'est donc pas
gênante.
Incision (fig. 1 A)
Abord du larynx
Le tissu celluloadipeux situé entre les muscles prélaryngés est réséqué avec la
pyramide de Lalouette de façon à bien exposer le cricoïde, la membrane
cricothyroïdienne, l'angle antérieur du cartilage thyroïde. On réalise ensuite
l'hémostase de l'arcade laryngée antérieure et le prélèvement du ganglion
delphien.
Exérèse
de Moure crantée, à la scie de Gigli ou à la scie oscillante. Une moucheture au
bistouri dans la membrane cricothyroïdienne et dans l'échancrure thyroïdienne
permet l'introduction de la cisaille ou de la scie.
L'écartement des ailes thyroïdiennes donne une bonne vue sur la tumeur. A la
spatule, on rugine dans le plan sous-périchondral la corde vocale de la
commissure antérieure vers l'aryténoïde. On sectionne ensuite la face inférieure
de la corde horizontalement puis le plancher du ventricule jusqu'à l'apophyse
vocale de l'aryténoïde. La section postérieure de la corde, au ras de l'aryténoïde,
est réalisée au ciseau courbe (fig. 1 B).
Le pied de l'épiglotte sera refixé aux parties molles prélaryngées par un point
transfixiant au fil résorbable.
La corde controlatérale sera fixée à l'aile thyroïdienne si elle a été désinsérée par
erreur.
Il n'est pas nécessaire de reconstruire la corde vocale car une néocorde fibreuse
se reconstitue en quelques mois.
Fermeture
Le cartilage thyroïde est refermé par deux points transfixiants au fil résorbable.
Les muscles prélaryngés sont rapprochés et la peau est suturée de façon non
hermétique sur un faisceau de crins afin d'éviter un emphysème sous-cutané.
C'est une intervention peu fréquente. Elle est indiquée en cas ce cancer du tiers
moyen de la corde développé sur une laryngite chronique avec dysplasie
atteignant l'autre corde [28].
Incision
Elle est identique à celle de la cordectomie, avec en plus une incision horizontale
basse pour réaliser une trachéotomie après résection de l'isthme du corps
thyroïde.
Abord du larynx
Les ailes thyroïdiennes sont ruginées dans le plan sous-périchondral interne puis
écartées permettant ainsi d'exposer le fût laryngé.
Exérèse
Fermeture
Incision
Elle est identique à celle de la cordectomie mais comporte une incision basse
pour réaliser une trachéotomie.
Abord du larynx
Exérèse
Le larynx est ouvert de haut en bas par section du côté sain à quelques
millimètres de la commissure antérieure. Le triangle cartilagineux et la corde
sont basculés en dehors. L'exérèse de la corde est effectuée aux ciseaux, par
section au fond du ventricule en haut et au ras du cricoïde en bas. La section
postérieure ampute l'apophyse vocale de l'aryténoïde (fig. 3 B). L'arcade
vasculaire profonde du larynx est souvent sectionnée à ce moment. Son
hémostase en coagulation bipolaire doit être méticuleuse.
Fermeture
Hémilaryngectomie
Son but est de réaliser une exérèse de la corde vocale avec son support
cartilagineux en monobloc comme le conseillait Saint Clair Thomson. Elle ampute
souvent l'arythénoïde en arrière pour avoir une meilleure marge de sécurité à ce
niveau. Cette intervention est cependant beaucoup moins utilisée qu'autrefois du
fait de l'apparition des laryngectomies subtotales.
[11]
Hémiglottectomie de Guerrier
Le cartilage thyroïde est incisé sur la ligne médiane puis du côté de la tumeur à la
hauteur de la ligne oblique (fig. 4 A). Le larynx est alors ouvert sur la ligne
médiane.
Exérèse
Fermeture
Elle est assurée par les muscles prélaryngés doublés du périchondre externe qui
sont suturés sur la ligne médiane. La peau est fermée en 2 plans. La
trachéotomie est laissée une dizaine de jours, une sonde oesophagienne sera
mise en place car l'exérèse d'un aryténoïde entraîne des fausses routes durant
une quinzaine de jours.
Variantes
Certaines variantes ont été décrites :
Reconstruction glottique
Exposition du larynx
Elle est assurée par un large lambeau en U en charnière supérieure. Les muscles
prélaryngés sont sectionnés au ras de l'os hyoïde et rabattus vers le bas. Le
cartilage thyroïde est largement exposé après section des muscles s'insérant sur
la crête oblique. Les grandes et les petites cornes du cartilage thyroïde sont
sectionnées.
Exérèse
Fermeture
Elle est assurée par 4 points de catgut chromé no 3 qui passent sous le cricoïde et
à travers le cartilage thyroïde rapprochant ainsi ces deux éléments (fig. 6 D). La
trachéotomie est laissée entre 6 et 20 jours et la sonde oesophagienne entre 6 et
13 jours.
Cette intervention a été vulgarisée en France par Pech [21] après les publications
de Kambic [13] et de Tucker [29]. Elle s'adresse aux cancers glottiques unilatéraux
mobiles atteignant la commissure antérieure ou aux cancers bilatéraux
superficiels. Un aryténoïde peut être enlevé si nécessaire pour améliorer la
marge de sécurité postérieure.
Incision
Exérèse
Les ailes thyroïdiennes sont coupées verticalement sur toute leur hauteur avec
une scie oscillante ou une cisaille. Cette section est située à environ 2 cm de
chaque côté de la ligne médiane (fig. 7 A). L'angle antérieur du cartilage thyroïde
est donc libéré.
Fermeture
Elle est assurée par la descente de l'épiglotte. Son pied est saisi dans une pince à
griffe et attiré vers le bas. Aux ciseaux, le puissant ligament hyoépiglottique est
progressivement sectionné. La dissection de l'épiglotte est poursuivie
latéralement puis vers le haut jusqu'à la muqueuse de la face linguale de
l'épiglotte qui doit être identifiée. L'épiglotte descend alors sans effort jusqu'à
l'anneau cricoïdien. Elle est suturée en bas à celui-ci et latéralement aux ailes
thyroïdiennes par 6 à 8 points de fil résorbable (fig. 7 C, D). La fermeture cutanée
est assurée en 2 plans. La trachéotomie est laissée en place une dizaine de jours.
La sonde oesophagienne est enlevée entre le 12e et le 20e jour. Une rééducation
orthophonique est nécessaire pour obtenir une voix grave et puissante.
Laryngectomie subtotale avec crico-hyoïdo-épiglotto-pexie (CHEP)
Décrite par Piquet [23] en s'inspirant de Majer [18], cette intervention s'adresse
aux cancers glottiques étendus à toute la corde avec diminution de sa mobilité,
sans fixation de l'aryténoïde. La tumeur peut envahir la commissure antérieure,
le plancher du ventricule, la muqueuse aryténoïdienne. La sous-glotte doit être
libre. On peut néanmoins admettre une extension tumorale de 5 mm sous le plan
glottique. Un curage ganglionnaire de principe sera réalisé si la tumeur dépasse
le plan glottique.
Incision
Exérèse
Fermeture
Elle est assurée par 3 points de catgut chromé passés sous le cricoïde dans le
bord inférieur de l'épiglotte, au-dessus de l'os hyoïde. Lors du rapprochement, il
faut apposer très précisément le cricoïde à l'os hyoïde afin d'éviter un recul du
cricoïde qui majore les troubles de déglutition.
Les muscles prélaryngés sont rapprochés et la peau est fermée en 2 plans. Du fait
de l'ascension de la trachée, l'orifice de trachéotomie se trouve juste en face de
l'orifice cutané. Cette intervention assure une grande sécurité carcinologique car
elle n'ouvre pas le cartilage thyroïde et réalise une exérèse très large de l'espace
paraglottique [15].
Variantes
[12]
On peut conserver, comme le conseille Guerrier, la partie toute postérieure
des ailes thyroïdiennes (fig. 8 A).
Etage sus-glottique
Tumeurs du ventricule
Elles naissent sous la bande ventriculaire parfois dans une laryngocèle. Elles
évoluent en profondeur avec atteinte du cartilage thyroïde et infiltration sous-
muqueuse de la corde. C'est souvent un cancer des 3 étages, aussi la chirurgie
partielle est-elle rarement possible.
Incision cutanée
Il faut réaliser une incision en U large dépassant légèrement vers le bas le bord
bilatéral ou radical d'un côté et fonctionnel de l'autre suivant l'état ganglionnaire
du patient.
L'abord du larynx est effectué par voie antérieure après section de l'isthme
thyroïdien, trachéotomie basse et exérèse du tissu celluloadipeux prélaryngé.
L'os hyoïde est progressivement libéré de ses attaches et enlevé sur les trois
quarts de sa longueur. Il faut éviter au cours de ce temps de blesser l'artère
linguale ou le XII qui sont proches. La membrane thyrohyoïdienne est
soigneusement palpée. Latéralement les pédicules laryngés supérieurs sont
découverts. On ligature et on sectionne les pédicules artériels et veineux. On
isole soigneusement le nerf dont on conservera le plus possible de branche lors
de l'exérèse. La projection de la commissure antérieure des cordes vocales est
située à l'union du tiers supérieur et des deux tiers inférieurs du cartilage
thyroïde (fig. 10 A). Après rugination du périchondre externe, on sectionne le
cartilage à la cisaille ou à la scie. Cette section, taillée en V plus ou moins
oblique, doit être située en avant juste au niveau de la commissure antérieure au
bord supérieur des cordes. Il peut être utile de conserver une mince attelle de
cartilage thyroïde au niveau de cette commissure antérieure. Celle-ci sera coupée
au dernier moment lors de la vue des cordes vocales.
Exérèse
Le larynx est ouvert au niveau de la vallécule. Cette ouverture doit être très
progressive et méthodique. Il existe de nombreuses veines qui joignent la base
de la langue et l'épiglotte. Il faut les coaguler à la pince bipolaire afin d'éviter
une hémorragie gênante. La vallécule est ouverte. L'épiglotte est attirée par une
pince en avant. Aux ciseaux, on longe les replis aryépiglottiques. En arrière, on
sectionne la bande ventriculaire au contact de l'aryténoïde. Le ventricule est
repéré.
Les ciseaux changent alors de direction pour remonter vers le haut le long du
fond du ventricule au-dessus des cordes jusqu'à la commissure antérieure (fig.
10 B).
Fermeture
La fermeture cutanée est assurée en 2 plans sur drainage aspiratif des aires de
curage.
Variante
sus-glottique et une laryngectomie subtotale avec crico-hyoïdo-pexie (CHP).
C'est la laryngectomie des trois quarts qui s'adresse aux tumeurs vestibulaires
étendues à l'aryténoïde ou aux cancers ventriculaires au début. Décrite par Ogura
[19]
, elle est surtout utilisée en Italie à la suite des publications de Bocca [5].
Incision
Elle est identique à celle d'une laryngectomie subtotale avec CHEP mais
l'évidement ganglionnaire est systématique.
Abord du larynx
Exérèse
Fermeture
Les bords de la brèche pharyngée sont suturés par 3 à 4 points pour assurer
l'absence de fuite latérale. La suture crico-hyoïdo-basilinguale est réalisée par 3
points de catgut chromé qui passent sous le cricoïde et traversent largement la
base de la langue. Il est indispensable que l'os hyoïde et le cricoïde soient dans le
prolongement l'un de l'autre. Si l'os hyoïde recouvre le cricoïde, le néolarynx est
trop large et ne peut se fermer lors de la déglutition. L'occlusion du larynx est
assurée par la bascule en avant de l'aryténoïde et le recul de la base de langue
(fig. 14 D). Il est donc indispensable de conserver une unité aryténoïdienne
parfaitement mobile et donc de ménager du côté sain le récurrent, le posticus et
le cricoaryténoïdien latéral. La fermeture cutanée est réalisée en 2 plans.
Variante
Les suites opératoires sont souvent assez longues. La reprise de la déglutition est
favorisée par une rééducation précoce et intensive. Si la déglutition n'est pas
rétablie entre le 30e et le 40e jour, une gastrostomie s'impose (10 % des cas).
Elle ne sera que transitoire. Elle permet le retour du malade au domicile et
améliore la qualité de la rééducation qui est toujours difficile si le malade est
nourri par sonde.
Haut de page
La margelle est située à cheval entre le larynx et l'hypopharynx dans une zone
qui n'entraîne que peu de gêne fonctionnelle pour le patient. Le diagnostic est
donc souvent tardif chez un malade en mauvais état général du fait de tares
viscérales multiples.
Hyo-subglosso-épiglottectomie
Une incision en U est indispensable, le lambeau cutané est relevé en avant très
haut pour dégager les 2 triangles sous-maxillaires. On réalise un évidement
ganglionnaire bilatéral enlevant les 2 glandes sous-maxillaires et les chaînes
jugulocarotidiennes. Une trachéotomie basse est réalisée.
Abord du larynx
Vers le bas les muscles sous-hyoïdiens sont coupés au niveau des ailes
thyroïdiennes. Le paquet vasculonerveux laryngé supérieur est conservé avec
soin.
Exérèse
Fermeture
Elle dérive de l'opération d'Alonso [1] qui enlève, par voie latérale l'épiglotte, le
mur pharyngolaryngé sus-glottique et le carrefour des 3 replis (fig. 16 et 17 A).
Elle est très voisine de l'hémipharyngo-laryngectomie d'André si l'on conserve les
cordes vocales (fig. 16 et 17 B). Elle s'adresse donc aux cas suivants :
Incision cutanée
L'incision en L d'André peut être utilisée. Elle présente l'inconvénient de faire
communiquer la cicatrice de curage avec l'orifice de trachéotomie. Nous lui
préférons une incision verticale pour la trachéotomie et une incision arciforme à
convexité antérieure qui dépasse largement le bord du SCM en avant.
Abord du larynx
Exérèse
Fermeture
Vers le bas par contre, il ne faut pas remonter la muqueuse du sinus piriforme car
elle attire avec elle la bouche de l'oesophage créant une sténose. Le lambeau
musculopérichondral précédemment décrit est donc suturé au bord de la brèche
laryngée. Il assure la fermeture de la partie antérieure et basse du triangle.
LARYNGECTOMIE TOTALE
Lorsque l'extension tumorale est trop importante pour que le chirurgien puisse
reconstruire un sphincter laryngé efficace, il faut recourir à la laryngectomie
totale qui sépare définitivement la voie aérienne de la voie digestive. Cette
intervention est le plus souvent associée à un curage ganglionnaire uni- ou
bilatéral suivant le siège de la tumeur et son volume.
Incision
Le lambeau cutané antérieur est relevé. L'isthme thyroïdien est réséqué pour
permettre d'aborder la trachée. Le tissu celluloaponévrotique antérieur est
enlevé.
Abord du larynx
Les muscles prélaryngés superficiels sont écartés. Le plan musculaire profond est
sectionné au contact de la ligne oblique du cartilage thyroïde.
Exérèse
Fermeture
Les plans musculaires des constricteurs sont ensuite rapprochés sur la ligne
médiane pour faire un second plan et les muscles prélaryngés un troisième.
Variante
Chez les sujets à cou court, l'os hyoïde peut être sectionné sur la ligne médiane
pour donner un meilleur jour vers le haut.
Dans le cas d'une myotomie pharyngée, il peut être utile, si l'on doit mettre une
prothèse phonatoire, de faire une section postérieure des constricteurs et du
cricopharyngé depuis l'os hyoïde jusqu'à l'oesophage. Cette section doit aller
jusqu'à la muqueuse pour éviter les contractures musculaires qui gênent
l'émission vocale.
Incision
Abord du larynx
Les muscles sus-hyoïdiens sont sectionnés au ras de l'os hyoïde et les muscles
prélaryngés ne sont pas disséqués du fût laryngé. On réalise l'hémostase des
pédicules laryngés et une section des constricteurs en longeant le bord
postérieur du larynx.
Exérèse
Elle est souvent réalisée de bas en haut puisque l'atteinte du plan glottique est
exceptionnelle. La pince de Museux saisit le larynx juste au-dessus de l'orifice de
trachéotomie et le tire vers le haut. La trachée postérieure est sectionnée. On
sépare la trachée de l'oesophage puis progressivement la paroi interne du sinus
piriforme de l'aile thyroïdienne. L'incision muqueuse se fait au niveau de
l'incisure interaryténoïdienne puis suit les replis aryépiglottiques de chaque côté
pour se rejoindre au niveau de la vallécule.
Fermeture
Elle doit être pratiquée pour les cancers des 3 étages avec fixité de l'hémilarynx.
L'extension à l'espace paraglottique de la tumeur l'amène au contact du corps
thyroïde qui sera enlevé pour avoir une bonne marge de sécurité.
On réalise donc une laryngectomie totale étendue à la loge HTE avec une lobo-
isthmectomie thyroïdienne. Il est nécessaire de palper avec soin la région inter-
trachéo-oesophagienne rétrosternale afin de percevoir les ganglions suspects de
la chaîne récurrentielle dont il faudra faire l'exérèse.
Laryngectomie carrée
Abord du larynx
Exérèse
Fermeture
La pharynx est fermé en 2 plans après hémostase soigneuse. La trachée est fixée
à la peau et la fermeture cutanée est réalisée verticalement par rapprochement.
La perte de substance cutanée étant compensée par la diminution de l'épaisseur
du cou.
Références
Fig 1 :
Fig 1 :
Cordectomie.
A. Incision cutanée arciforme : elle est utilisée pour la cordectomie mais aussi pour les autres
laryngectomies partielles verticales.
Fig 2 :
Fig 2 :
Glottectomie extracartilagineuse.
Fig 3 :
Fig 3 :
Laryngectomie frontolatérale.
Fig 4 :
Fig 4 :
Hémiglottectomie.
A. Résection cartilagineuse.
Fig 5 :
Fig 5 :
B. Reconstruction par un greffon d'aile thyroïdienne pédiculée sur les muscles constricteurs.
Fig 6 :
Fig 6 :
Fig 7 :
Fig 7 :
A. Résection cartilagineuse.
C. Descente de l'épiglotte.
D. Suture de l'épiglotte.
Fig 8 :
Fig 8 :
Laryngectomie subtotale avec CHEP.
Fig 9 :
Fig 9 :
Fig 10 :
Fig 10 :
Laryngectomie sus-glottique.
A. Résection cartilagineuse. Hémostase des pédicules laryngés, conservation des nerfs laryngés
supérieurs.
B. Résection tumorale.
Fig 11 :
Fig 11 :
Fig 12 :
Fig 12 :
Fig 13 :
Fig 14 :
Fig 14 :
A. Résection antérieure.
Fig 15 :
Fig 15 :
Fig 16 :
Fig 16 :
B. Hémi-pharyngo-laryngectomie supraglottique.
Fig 17 :
Fig 17 :
B. Hémi-pharyngo-laryngectomie supraglottique.
Fig 18 :
Fig 18 :
Fig 19 :
Fig 19 :
Laryngectomie élargie.
Fig 20 :
Fig 20 :
Lambeau lingual.
2. Lambeau lingual.
3. Muqueuse pharyngée.
Fig 21 :
Fig 21 :
A, B. Laryngectomie carrée.
Techniques chirurgicales - Tête et cou
[46-360]
Résumé
Le laser CO2 est reconnu et utilisé largement pour le traitement des cancers limités de la
corde vocale. Il nécessite des laryngoscopes adaptés afin d'avoir une parfaite exposition
du plan glottique. L'indication principale est le cancer T1a de la corde vocale limité au tiers
moyen sans extension à la commissure antérieure ni à l'aryténoïde et avec conservation
d'une mobilité parfaite.
Les cancers de l'étage sus-glottique peuvent également être accessibles au laser CO2 dans
des cas particulièrement sélectionnés, âgés ou en mauvais état général, et sans extension
à la loge pré-épiglottique.
Haut de page
INTRODUCTION
Le traitement endoscopique de cancers des cordes vocales est très ancien. Dès 1886,
Fränkel l'avait utilisé avec succès en cas de tumeur très limitée de la glotte. Cette
technique d'exérèse aux ciseaux et au bistouri froid est encore largement utilisée par
Kleinsasser en Allemagne. L'apparition du laser a rendu cette chirurgie beaucoup plus
facile. Elle permet de réséquer la corde avec la tumeur sous microscope. On peut utiliser le
laser CO2 ou KTP, ce dernier a un meilleur pouvoir hémostatique.
Haut de page
MATÉ RIEL
Ces instruments sont équipés d'une aspiration de fumée permettant une excellente vision
permanente. Le laser n'ayant pas toujours un pouvoir hémostatique suffisant, il est
indispensable de posséder des pinces à mors fins coudés à droite et à gauche pour
pratiquer si nécessaire, l'électrocoagulation d'une artériole.
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CANCER GLOTTIQUE
L'indication classique est représentée par le cancer du tiers moyen de la corde vocale
mobile respectant en arrière l'apophyse vocale de l'aryténoïde et restant à distance de la
commissure antérieure.
La cordectomie endoscopique doit être aussi large qu'une cordectomie par voie externe.
Elle comporte une section perpendiculaire à la corde en arrière de la commissure
antérieure, puis une section musculaire profonde en passant au ras du périchondre interne
et enfin une section postérieure contre l'apophyse vocale libère la pièce opératoire.
L'hémostase est soigneuse. Un traitement antibiotique durant 10 jours est nécessaire.
Les résultats carcinologiques obtenus dans cette indication sont équivalents à ceux des
autres techniques de traitement .
Le laser peut aussi être utilisé en rattrapage après irradiation d'un cancer glottique limité
[3]
.
L'exérèse de l'épiglotte et des bandes ventriculaires par voie endoscopique nécessite une
parfaite exposition rendue possible par l'utilisation d'un laryngoscope à valve mobile.
Celui-ci est d'abord placé dans l'endolarynx, ses valves sont ouvertes pour bien dégager
les aryténoïdes. La section débute au sommet du repli aryépiglottique et descend en avant
sur les bandes ventriculaires pour libérer les aryténoïdes juste au-dessus des cordes
vocales.
Le laryngoscope est alors remonté dans la vallécule. Il est ouvert le plus largement
possible. On sectionne la muqueuse au fond de la vallécule. Après hémostase des
vaisseaux en électrocoagulation, on refoule l'épiglotte en arrière en ouvrant
progressivement la loge hyo-thyro-épiglottique (HTE). Ce temps est habituellement
avasculaire. L'épiglotte est alors versée latéralement et la section passe le long du repli
pour rejoindre la section postérieure en avant de l'aryténoïde à droite et à gauche.
L'avantage de cette technique est de réaliser une exérèse voisine de celle d'une
laryngectomie horizontale sus-glottique sans faire de trachéotomie et avec des troubles de
déglutition très brefs (5 à 7 jours).
Les inconvénients sont représentés par l'ouverture de la loge HTE, l'absence de traitement
des aires ganglionnaires, une résection chirurgicale délicate en particulier dans la région
postérieure.
Cette intervention ne peut donc être proposée qu'en cas de tumeur limitée de la face
laryngée de l'épiglotte sans extension à la loge HTE, vérifiée au scanner (T1 T2 No) chez
des sujets âgés de plus de 70 ans ou particulièrement fragiles présentant une contre-
indication à une opération par voie externe. Le traitement des aires ganglionnaires se fera
par radiothérapie après cicatrisation du larynx. Les résultats obtenus par Zeitels [7] et
Rudert [6] semblent intéressants mais n'ont pas encore de recul très important.
Notons enfin la possibilité de faire des résections plus limitées de l'épiglotte sus-hyoïdienne
dans les petits cancers du bord libre. Là encore, un traitement prophylactique des aires
ganglionnaires devra être prévu.
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CONCLUSION
Le laser est donc utile pour le traitement endoscopique des cancers du tiers moyen de la
corde mobile où il a remplacé la cordectomie par voie externe. Au niveau de l'étage sus-
glottique, son utilité est encore discutée. Complété par une radiothérapie postopératoire, il
peut apparaître comme une alternative pour les cancers T1 T2 No sans atteinte de la loge
HTE au scanner chez les malades âgés ou fragiles.
Références
[1] Davis RK, Kelly SM, Parkin JL, Stevens MH, Johnson LP Selective management of early glottic
cancer. Laryngoscope 1990 ; 100 : 1306-1309
[2] Eckel HE, Thumfart WD Laser surgery for the treatment of larynx carcinoma. Ann Otol Rhinol
Laryngol 1992 ; 101 : 113-118
[3] Kerrebijn JD, De Boer MF, Knegt PP CO2 laser treatment of recurrent glottic carcinoma. Clin
Otolaryngol 1992 ; 17 : 430-432
[4] Myers EN, Wagner RL, Johnson JT Microlaryngoscopic surgery for T1 glottic lesions. A cost-
effective option. Ann Otol Rhinol Laryngol 1994 ; 103 : 28-30
[5] Piquet JJ, Chevalier D Laser et exérèse glottique. Ann Otolaryngol 1993 ; 110 : 227-229
[6] Rudert HH, Werner JA Endoscopic resections of glottic and supraglottic carcinomas with the
CO2 laser. Eur Arch Otorhinolaryngol 1995 ; 252 : 146-148
[7] Zeitels SM, Koufman JA, Davis RK, Vaughan W Endoscopic treatment of supraglottic and
hypopharyngeal cancer. Laryngoscope 1994 ; 104 : 71-77
Toute référence à cet article doit porter la mention : Giovanni A, Remacle M et Robert D. Phonochirurgie des tumeurs bénignes des cordes vocales. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits
réservés), Techniques chirurgicales – Tête et cou, 46-350, 2000, 16 p.
46-350 Phonochirurgie des tumeurs bénignes des cordes vocales Techniques chirurgicales
panoplie d’instruments chirurgicaux comme un simple instrument, de l’étirement longitudinal. La couche intermédiaire est également
à la fois tranchant et coagulant. C’est dans cet esprit que les travaux constituée de fibres d’élastine mais les fibres sont préférentiellement
récents ont été présentés [28] et, actuellement, ces polémiques tendent orientées dans le sens antéropostérieur et elle contient également
à disparaître, la plupart des phonochirurgiens pratiquant les deux des fibres de collagène. La couche profonde est surtout constituée
techniques suivant les cas. de fibres de collagène enchevêtrées dont la structure protéique est
Dans de rares cas, concernant surtout les patients présentant une moins favorable à l’élongation. Ces deux dernières couches
contre-indication à l’anesthésie générale, il est possible de réaliser correspondent à ce qu’il est habituel d’appeler le ligament vocal [14].
l’exérèse de petites lésions à la pince sous anesthésie locale et On voit donc qu’il existe une sorte de chevauchement entre le
laryngoscopie indirecte. Ces techniques connaissent encore quelques concept histologique de lamina propria et le concept « chirurgical »
partisans mais leur usage tend indéniablement à se marginaliser. de ligament vocal. En réalité, la notion d’espace de Reinke vide doit
Dans de très rares autres cas, il est nécessaire de recourir à la voie être abandonnée au profit de la notion d’un tissu « fluide » d’une
externe cervicale pour réaliser l’exérèse de certaines lésions bénignes importance vibratoire capitale car c’est lui qui permet le glissement
difficiles d’accès en raison de la conformation particulière du patient. de la muqueuse grâce aux modifications structurales progressives.
De même, le chirurgien doit connaître cette différenciation
progressive entre les différentes couches : il est préférable d’éviter
Notions de base d’anatomie et de dénuder de façon extensive la couche la plus résistante identifiée
comme le ligament vocal car la structure vibrante correspond en
de physiologie « phonochirurgicales » réalité à l’ensemble complexe des couches de la corde vocale.
Le chirurgien doit connaître également, pour ne pas les confondre
avec des formations kystiques, l’existence des macula flava. Il s’agit
ANATOMIE FONCTIONNELLE DES CORDES
de renforcements du ligament vocal responsables d’épaississements
La partie ligamentaire de la corde vocale est responsable de la localisés aux extrémités de celui-ci, là où s’exerce le maximum de
vibration de la muqueuse cordale grâce à une structure feuilletée [14] tension sur les fibres. Au cours de la croissance puis du
tout à fait particulière et que le phonochirurgien doit apprendre à vieillissement, ces zones sont modifiées par les contraintes
respecter. Il s’agit d’une sorte de feuilletage dont la superposition mécaniques qui s’exercent sur elles [30].
est à la base des caractéristiques vibratoires des cordes. Sur une
coupe frontale de la corde (fig 1), on peut voir les différentes
VIBRATION GLOTTIQUE
couches. La couche la plus superficielle est constituée par un
épithélium pavimenteux stratifié non kératinisé, d’une épaisseur de Après la mise en position phonatoire, lorsque les cordes vocales sont
0,05 à 0,1 mm qui encapsule le tissu plus fluide de la sous-muqueuse accolées, la vibration glottique est un phénomène cyclique caractérisé
à la manière d’un « ballon rempli d’eau » [34]. Cette zone correspond par un écartement et un rapprochement du bord libre de la partie
chirurgicalement à l’espace décollable de Reinke qui recouvre le ligamentaire des cordes vocales. La théorie myoélastique offre
muscle vocal. actuellement le modèle le plus pertinent de la vibration. Le principe
général repose sur la mise en vibration passive des cordes vocales
La sous-muqueuse ou lamina propria est constituée de plusieurs
sous l’influence de l’air expiratoire qui constitue la source d’énergie
couches de tissu : on distingue habituellement trois couches :
du système. La vibration glottique entraîne la vibration de l’air
superficielle, intermédiaire, et profonde. La couche superficielle a
transglottique et génère ainsi le son laryngé.
0,5 mm d’épaisseur et consiste en un enchevêtrement de fibres
d’élastine peu organisées dans une sorte de fluide interstitiel. Les L’image classique est une sorte de valve disposée dans le courant
fibres d’élastine ont une structure protéique adaptée aux contraintes aérien expiratoire. Lors de l’installation du phénomène vibratoire,
une impulsion sous-glottique met en branle le vibrateur : le
déséquilibre entre la pression sous-glottique et la tension de
1 Structure feuilletée de la corde fermeture donnerait l’impulsion pour la première oscillation. Les
1 vocale (d’après Hirano). films à grande vitesse ont montré que la muqueuse présentait en
1. Muqueuse ; 2. espace de Reinke ;
2 3. ligament vocal (partie superfi-
phonation un mouvement de vague se propageant à partir de la
cielle) ; 4. ligament vocal (partie sous-glotte et gagnant progressivement le bord libre puis la face
3 profonde) ; 5. muscle thyroaryténoï- supérieure de la corde vocale. Sur le plan phonochirurgical, on
dien. comprend l’importance cruciale à la fois de la souplesse de la
4 muqueuse du bord libre et de la structure en couche qui autorise un
certain degré de découplage entre muqueuse et ligament. On
5 comprend également que c’est la muqueuse du bord inférieur et du
bord libre de la corde vocale qui a le plus d’importance sur le plan
vibratoire (fig 2).
La voix est donc une vibration aérienne produite par la vibration du
bord libre des cordes vocales et il s’agit d’un phénomène périodique
théoriquement parfaitement stable. En réalité, même avec un larynx
strictement normal, certaines perturbations peuvent être observées
*
A
*
B
2
Techniques chirurgicales Phonochirurgie des tumeurs bénignes des cordes vocales 46-350
3
46-350 Phonochirurgie des tumeurs bénignes des cordes vocales Techniques chirurgicales
Microtraumatisme vocal
Infection VADS
Allergie Polype
œdémateux hémorragie Polype
Irritants respiratoires angiomateux
pseudokyste ectasie vasculaire
Déséquilibre hormonal
dépôts de fibrine
fibrose
Œdème de Œdème de
Tabac Laryngite Œdème de
Reinke type I Reinke type III
Alcool exsudative Reinke type II
Œdème en «fuseau»
fibrose Œdème Œdème
œdème fibrose fibrose
dépôt de fibrine dépôt de fibrine
étiologiques ainsi que les formes de passage. Cette classification est ces lésions sont particularisées par leur situation en regard de
d’importance décisive pour le chirurgien car l’existence de formes l’apophyse vocale : à leur niveau, le ligament vocal est remplacé par
intermédiaires entre deux pathologies classiques va l’obliger à le cartilage de l’apophyse vocale. Leur situation aryténoïdienne
adapter ses techniques et à sortir des schémas préétablis de façon explique également les difficultés rencontrées parfois du fait de la
trop simple. D’autre part, la prise en charge thérapeutique de ces présence de la sonde d’intubation. Ces patients représentent les
lésions dépasse manifestement la simple exérèse chirurgicale et les meilleures indications d’anesthésie sans intubation (cf infra).
facteurs étiologiques et favorisants doivent être connus et traités, en
particulier le forçage vocal. Nous reprenons ici le schéma de Remacle
(fig 7) [27]. LÉSIONS KYSTIQUES
Pour toutes ces lésions, le mécanisme de la dysphonie est dominé Il est d’usage de leur associer les sulcus glottidis qui sont considérés
par l’existence d’une lésion muqueuse et sous-muqueuse limitant comme des kystes épidermiques ouverts et les vergetures des cordes
les possibilités de vibration de la muqueuse et responsable d’une (ou sulcus larges). La nosologie de ces lésions a été clarifiée par
fuite glottique. Le ligament vocal est toujours intact et il n’existe pas Cornut et Bouchayer [2, 3, 4] à qui nous faisons de larges emprunts.
vraiment d’adhérence en dehors éventuellement des épisodes Les kystes épidermiques sont des formations plus ou moins arrondies,
inflammatoires les plus aigus. Au niveau de la sous-muqueuse, il situées dans le chorion sous-muqueux, infiltrant parfois les fibres
n’est pas rare que les phénomènes inflammatoires soient conjonctivoélastiques du ligament vocal qui peuvent être dilacérées
responsables d’une petite hémorragie en « nappe » au moment de la ou atrophiées au contact du kyste (fig 9). Le contenu du kyste est en
section chirurgicale. Dans la très grande majorité des cas, la général liquide ou caséeux, blanc nacré, correspondant à une
muqueuse de recouvrement est pathologique, atrophique ou au accumulation de squames et de cristaux de cholestérol dans la cavité
contraire hyperplasique, voire dysplasique et ne peut pas être mais il peut également être solide ou mixte, lui donnant une
conservée. consistance mollasse ou ferme. Sur le plan histologique, le kyste
Il faut également citer les lésions réactionnelles postérieures comme épidermique comporte une cavité bordée par un épithélium
les granulomes des cordes (fig 8) qui ont des mécanismes pluristratifié plus ou moins kératinisant, d’épaisseur variable,
pathologiques voisins mais prédominant au niveau du tiers croissant de façon centripète et reposant sur une membrane basale.
postérieur du larynx. Parmi ces facteurs, l’existence d’un reflux Le chorion autour du kyste est parfois le siège d’une réaction
gastro-œsophagien, parfois infraclinique, est le plus classique, de inflammatoire responsable d’adhérences, en particulier avec le
même que les antécédents de traumatisme de la corde vocale par ligament vocal. C’est souvent au niveau d’une telle zone
une sonde d’intubation, ainsi que le tabac [37]. Sur le plan technique, d’adhérence que, pendant l’intervention, la poche du kyste est
4
Techniques chirurgicales Phonochirurgie des tumeurs bénignes des cordes vocales 46-350
10 Kyste rétentionnel.
11 Sulcus.
rompue. La dissection entre le plan du kyste et le ligament vocal
peut être extrêmement difficile et expose à des résections abusives
de fibres ligamentaires.
Certains kystes épidermiques présentent une ouverture située le
plus souvent un peu en dessous du bord libre de la corde vocale, ce
qui peut permettre au contenu du kyste de se vider spontanément.
Ces formes sont à rapprocher des sulcus (cf infra). Ces kystes
s’observent à tout âge, y compris chez les enfants.
L’unicité des kystes est la règle mais Cornut et Bouchayer [3] ont
décrit des kystes multiples sur la même corde ou sur chaque corde.
Il est donc nécessaire d’explorer par la palpation la totalité des deux
cordes pour ne pas laisser en place un kyste méconnu. De même, un
kyste est associé dans 14 % des cas à un sulcus controlatéral.
Les kystes muqueux rétentionnels sont complètement différents
(fig 10). Il s’agit également de kystes vrais mais leur paroi est
constituée par un épithélium glandulaire avec un contenu
typiquement muqueux. Ici aussi, les réactions inflammatoires dans
le chorion sont fréquentes. Lors de la dissection, la paroi des kystes
muqueux est très fragile et se rompt aisément.
Les pseudokystes muqueux font en réalité partie des lésions
exsudatives et ne sont pas des kystes vrais. Ils ne correspondent 12 Vergeture.
qu’à une imbibition séreuse du chorion sans formation de
prolifération cellulaire ou kystique et, donc, sans réelle paroi. Les vergetures correspondent à un aspect de sillon atrophique plus
Le terme de sulcus a été utilisé dès le début du siècle pour définir ou moins étendu à la surface de la corde, en général un peu en
une lésion qui apparaissait en laryngoscopie indirecte sous la forme dessous du bord libre (fig 12). La corde vocale prend en phonation
d’un sillon blanchâtre courant parallèlement au bord libre de la un aspect arqué. La berge inférieure du sillon comporte souvent une
corde vocale et donnant un aspect de glotte ovalaire. En réalité, pour bride fibreuse, tendue et rigide alors que la berge supérieure est plus
Bouchayer et Cornut, le sulcus correspond à deux aspects souple. La muqueuse qui tapisse le fond de la poche est très mince,
anatomiques bien différents : les sulcus glottidis (ou kystes ouverts) atrophique et adhère intimement en profondeur au ligament cordal
et les vergetures. sur lequel elle ne peut plus coulisser [2].
Le sulcus glottidis proprement dit se présente sous la forme d’une Les ponts muqueux se présentent comme une bride muqueuse
invagination de l’épithélium de revêtement, réalisant une poche plus parallèle au bord libre, dont elle peut être détachée par une pince,
ou moins profonde située sous le chorion et qui s’enfonce en bas et avec une attache antérieure et une attache postérieure. Elle est
en dehors jusqu’au contact du ligament vocal. À ce niveau, la poche constituée par un épithélium pluristratifié croissant de façon
peut être très adhérente au ligament mais elle est le plus souvent centrifuge. Le pont muqueux est toujours associé à un sulcus, une
décollable, même si les fibres ligamentaires sont dilacérées ou vergeture ou un kyste épidermique et sa pathogénie est également
atrophiques. Sur le plan histologique, le sulcus réalise un véritable vraisemblablement congénitale. Pour Cornut, son explication serait
cul-de-sac dont les parois sont constituées par un épithélium l’ouverture d’une poche kystique en deux points, individualisant
pluristratifié d’épaisseur variable avec hyperkératose. Pour Cornut, entre l’ouverture supérieure et l’ouverture inférieure une bande
ces formes correspondent à des kystes ouverts dont ils partagent muqueuse saine plus ou moins large qui détermine le pont muqueux
vraisemblablement l’origine congénitale et l’essentiel des (fig 13).
caractéristiques histologiques. Sur le plan de la biomécanique de la
dysphonie, ces lésions se rapprochent également beaucoup des
kystes avec une dysphonie liée à la présence du kyste (hétérogénéité CICATRICES DES CORDES VOCALES
intracordale) ainsi qu’aux adhérences avec le ligament vocal en cas Il ne s’agit pas à proprement parler de tumeur bénigne des cordes
de réaction inflammatoire. Sur le plan de la technique d’exérèse vocales. Néanmoins, les indications thérapeutiques qui en découlent
chirurgicale, il n’existe pas de différence avec les kystes (fig 11). sont souvent la conséquence d’une chirurgie réalisée pour une
5
46-350 Phonochirurgie des tumeurs bénignes des cordes vocales Techniques chirurgicales
13 Pont muqueux.
6
Techniques chirurgicales Phonochirurgie des tumeurs bénignes des cordes vocales 46-350
¶ Égarement du rayon
Indications
Il peut être dû à une réflexion du rayon laser sur des surfaces
réfléchissantes. Il peut alors atteindre le personnel ou le malade si le L’examen des cordes vocales est le préliminaire à toute discussion
rayon n’est pas renvoyé dans le champ du laryngoscope. La thérapeutique. Si les cordes vocales sont mal vues ou s’il n’est pas
réflexion peut également se faire à l’intérieur du laryngoscope et possible d’éliminer formellement une lésion suspecte ou maligne,
réaliser des impacts intempestifs sur l’axe aérien du patient. Parfois, un bilan sous anesthésie générale doit être prévu.
il s’agit d’un découplement des lasers hélium-néon et CO2. Dans ce Dans les cas de lésions parfaitement identifiées comme bénignes et
cas, la cible est éclairée au bon endroit par le faisceau de visée mais relevant de la phonochirurgie, il faut construire avec le patient un
le rayon actif n’est pas correctement collimaté et l’impact CO2 se fait véritable projet thérapeutique tenant compte des possibilités
à un autre endroit. Cet incident est généralement sans gravité, techniques chirurgicales mais aussi du caractère fonctionnel et bénin
surtout lorsque de faibles puissances sont utilisées. De même, la de ces lésions. L’objectif n’est pas de réaliser l’exérèse d’une lésion
coaxialité de l’axe optique du microscope et de l’axe du faisceau mais bien de prendre en charge un problème fonctionnel parfois
laser (objectivé par le laser hélium-néon) doit être vérifiée avant complexe. Dans ces conditions, la chirurgie doit rester en retrait par
toute intervention (fig 16). Ce défaut est plus grave que le précédent. rapport aux traitements rééducatifs, même en cas de lésion
En effet, une partie du faisceau laser peut être réfléchie en dehors parfaitement organique comme les kystes et les sulcus. En
du laryngoscope, sans que l’opérateur ne s’en aperçoive particulier, pour ce qui concerne les lésions nodulaires et assimilées,
immédiatement. la première place revient à la rééducation orthophonique. On voit
Les lésions chez le patient intéressent principalement la peau du donc que la rééducation orthophonique fait partie intégrante du
visage et en particulier la peau de la lèvre supérieure. Elles peuvent projet thérapeutique et qu’elle ne doit pas être proposée au patient
également intéresser les yeux. Pour ces raisons, le patient doit avoir après l’intervention pour tenter de corriger les cas dont la voix
les yeux fermés par un sparadrap et recouverts par des compresses postopératoire est médiocre.
humides. De même, le visage du patient doit être protégé par des L’interrogatoire permet de cerner la demande du sujet, personnelle
champs (type compresses intestinales) humides. On veille avec un ou professionnelle, de rechercher une demande implicite et de faire
soin particulier à bien plaquer ces protections contre le la part de ce qui revient à l’inquiétude quant à la nature de la lésion
laryngoscope, par exemple avec du ruban adhésif. et à la pression de l’entourage. Dans certains cas, le patient est en
effet parfaitement indifférent à son problème de voix et demande
Les lésions chez le personnel peuvent être des brûlures légères de la
simplement à être rassuré sur la nature de sa lésion. Il n’est pas rare
peau mais aussi des lésions oculaires [32] . Le port de lunettes
de voir des patients qui n’avaient même pas conscience d’une
spéciales doit donc rester une règle absolue, de même que le
anomalie de leur voix (cas des examens réalisés systématiquement à
maintien des portes fermées avec un avertissement spécial
l’occasion d’une autre affection). Dans la plupart des cas cependant,
concernant l’usage du laser dans cette salle opératoire.
il existe une véritable souffrance due à la dysphonie. Le fait est
évident chez les chanteurs et les comédiens mais il est également
¶ Trop grande puissance
réel chez tous les patients lorsque l’usage de leur voix est
Dans ce cas, la vaporisation est excessive et dépasse en profondeur indispensable pour leur profession ou leur activité principale. Il est
le site à détruire. Surtout, la zone de coagulation protéique (zone important, lors du bilan préopératoire, de chercher à mettre en
des dégâts « thermiques ») est plus étendue en profondeur et risque évidence et éventuellement à quantifier cette gêne, ce qui permet de
de contribuer à « solidariser » la muqueuse et le ligament vocal ou à mieux cerner le résultat [11, 31].
entraîner une zone de rigidité muqueuse trop importante. Le moyen Si la personne n’est pas motivée par sa dysphonie, ce qui est par
de prévention le plus efficace consiste à utiliser de faibles puissances, exemple le cas des enfants trop jeunes ou des personnes âgées, il
7
46-350 Phonochirurgie des tumeurs bénignes des cordes vocales Techniques chirurgicales
peut être préférable de proposer une simple surveillance. Du fait de 5 ans. L’usage de la vidéo permet d’interpréter plus aisément les
la bénignité de ces lésions, une surveillance annuelle est suffisante. examens, surtout en cas d’image fugace, chez les patients
Dans certains cas, quelques conseils d’hygiène vocale sont prodigués pusillanimes ou nauséeux. Le recours à l’examen sous anesthésie
afin de diminuer l’importance du forçage vocal. Si, à l’inverse, la générale à visée diagnostique doit être exceptionnel.
personne est motivée, nous proposons une attitude qui dépend du L’examen stroboscopique permet d’avoir une image artificiellement
diagnostic de la lésion présente sur les cordes vocales. ralentie du mouvement vibratoire des cordes et d’observer
En cas de lésions nodulaires, nous jugeons de l’évolution de la voix l’amplitude et la symétrie de la vibration ainsi que la qualité de
après une dizaine de séances de rééducation. Si l’amélioration vocale l’affrontement des cordes vocales. Cet examen nécessite quelques
est jugée faible après une rééducation bien suivie et bien comprise, secondes de phonation stable et il n’est pas toujours réalisable.
nous proposons une intervention de phonochirurgie suivie d’une L’examen retrouve des aspects variés correspondant aux lésions
nouvelle rééducation (12 à 20 séances). La taille de la lésion n’est cordales (nodules typiques, épaississements muqueux, etc) et aux
donc pas un élément déterminant de l’indication : chez les manifestations laryngées du forçage vocal (défaut d’affrontement
chanteurs, par exemple, on peut être amené à proposer parfois des postérieur des cordes, bascule antérieure des aryténoïdes, hypertonie
interventions pour des nodules de petite taille qui entraînent des et serrage des bandes ventriculaires).
modifications importantes de la voix chantée alors que la voix parlée Le bilan de la fonction vocale est idéalement réalisé par le médecin-
peut être normale. Si, au contraire, l’amélioration de la voix est jugée phoniatre mais le phonochirurgien doit en connaître les principales
satisfaisante, même avec des lésions persistantes sur les cordes étapes et être capable de la réaliser en l’absence de phoniatre. Cet
vocales, nous reposons le problème avec l’orthophoniste pour choisir examen est capital du fait que la phonochirurgie est une chirurgie
entre la poursuite des séances et une simple surveillance. fonctionnelle et que l’objectif thérapeutique du phonochirurgien
En ce qui concerne les polypes, on peut considérer que tout polype n’est pas l’aspect des cordes vocales mais l’amélioration de la
est justiciable d’une intervention de phonochirurgie car il est fonction vocale.
extrêmement rare qu’un polype disparaisse avec une rééducation L’écoute directe, à l’oreille, reste la plus précise et la plus fiable pour
orthophonique. Cependant, la rééducation orthophonique doit être un opérateur entraîné. La voix doit être enregistrée dans de bonnes
proposée et si possible commencée avant l’intervention. Enfin, conditions techniques (magnétophone de qualité, microphone
l’hypothèse d’une lésion de type kyste doit être évoquée : 15 % des électrostatique) et doit obéir à un minimum de standardisation
polypes, pour Bouchayer et Cornut, seraient la complication d’une (listes de mots et/ou phrases types) pour permettre des
lésion intracordale qu’il n’est pas toujours facile de mettre en comparaisons avant et après intervention [23]. La voix est altérée par
évidence lors de l’examen préopératoire. Cette hypothèse doit être la présence de la lésion et n’est que rarement spécifique d’une
évoquée au moment de l’indication de manière à décider avec le affection particulière. Elle est le plus souvent grave, rauque, plus ou
patient de la conduite à tenir en cas d’une telle découverte pendant moins voilée. Il existe souvent de brèves extinctions ou
l’intervention. La règle générale est, bien sûr, l’exérèse de ces lésions « désonorisations ». La dysphonie est la plupart du temps
associées. Mais elle peut être nuancée en cas de polype volumineux, permanente chez les patients justiciables d’un traitement
manifestement récent associé à un tout petit sulcus controlatéral. phonochirurgical. Elle est cependant souvent variable dans la
Dans ces cas, il est possible d’avertir le patient de l’existence de la journée avec un démarrage matinal difficile, une amélioration dans
lésion et de ne proposer qu’une simple surveillance. la matinée, puis une nouvelle aggravation en fin de journée, surtout
Les kystes et les sulcus (kystes ouverts) sont également des après le travail. Une dysodie (trouble du chant) est presque toujours
indications formelles de chirurgie mais il est important d’évoquer présente, avec amputation de la partie la plus aiguë de la tessiture.
avec le patient la possibilité d’une simple surveillance. Lorsque le L’observation du sujet en situation phonatoire doit accompagner
patient est suffisamment motivé et qu’une intervention chirurgicale l’écoute de la voix : état de crispation des muscles du cou, type
est prévue, la rééducation orthophonique préopératoire doit être respiratoire employé (thoracique, abdominal, mixte), posture
proposée car elle peut permettre une diminution du forçage vocal et générale. Ces renseignements font référence à la notion d’effort vocal
favoriser la reprise d’une bonne voix postopératoire. et doivent être surveillés lors de l’évolution. Si cela est possible, un
Les vergetures et les encoches doivent, en revanche, être opérées document vidéo est encore plus explicite et facile à comparer.
avec beaucoup de parcimonie car les résultats sont souvent Les mesures objectives concernant la voix sont plus rarement
décevants si la dysphonie préopératoire et l’inconfort vocal ne sont réalisées en pratique quotidienne mais sont appelées à se développer
pas assez importants. Dans tous les cas, la rééducation préopératoire rapidement, qu’il s’agisse de mesures acoustiques « classiques » ou
doit être longtemps poursuivie pour ne proposer une intervention de mesures aérodynamiques [11].
qu’après avoir épuisé tous les autres moyens thérapeutiques. En ce
qui concerne les encoches postopératoires, il est prudent de ne
jamais opérer moins de 1 an après l’intervention initiale. Anesthésie
De même, le caractère extrêmement récidivant des granulomes doit
être expliqué au patient avant l’intervention et l’indication ne doit La phonochirurgie est une chirurgie fonctionnelle à la limite de la
être posée qu’en cas de gêne très importante et uniquement après chirurgie esthétique, le risque opératoire doit donc être minimal et
échec de la rééducation orthophonique et des traitements à visée les contre-indications à l’anesthésie générale doivent être
étiologique (traitement médical du reflux gastroœsophagien en impérativement respectées [9, 10].
particulier) et dans tous les cas après suppression des facteurs de
risque [37].
RÈGLES GÉNÉRALES
En phonochirurgie, chirurgien et anesthésiste doivent se partager le
Bilan pré- et post-thérapeutique même champ opératoire mais les impératifs de l’un et de l’autre
doivent être respectés.
Le bilan oto-rhino-laryngologique doit toujours être complet lors du Pour l’anesthésiste, la préoccupation essentielle est le maintien d’une
bilan préopératoire, à la recherche de signes d’inflammation au hématose satisfaisante malgré une anesthésie générale qui doit être
niveau des muqueuses rhinopharyngées. L’examen des cordes profonde du fait du caractère très réflexogène du larynx. Une autre
vocales a bénéficié des progrès technologiques. La démarche préoccupation, compte tenu d’interventions généralement brèves
diagnostique initiale est facilitée par l’utilisation du fibroscope mais (< 20 min) est la rapide réversibilité de l’anesthésie. Pour le
l’épipharyngoscope offre une image plus grande et une meilleure chirurgien, la visibilité du plan glottique et son immobilité sont les
appréciation de la tumeur. Son utilisation ne pose pas de problème impératifs les plus importants. Si le patient est intubé, le calibre de
habituellement, y compris chez l’enfant « raisonnable » à partir de la sonde doit être suffisamment petit pour ne pas gêner l’acte
8
Techniques chirurgicales Phonochirurgie des tumeurs bénignes des cordes vocales 46-350
9
46-350 Phonochirurgie des tumeurs bénignes des cordes vocales Techniques chirurgicales
Techniques opératoires
Quelles qu’elles soient, ces méthodes doivent préserver absolument
le ligament vocal et la commissure antérieure. Elles doivent de plus
respecter autant que possible la muqueuse du bord libre et de la
face inférieure de la corde ainsi que les tissus constitutifs de l’espace
de Reinke qui doit rester l’espace de glissement nécessaire à la
vibration de la corde vocale lors de la phonation.
INSPECTION
On commence par vérifier l’ensemble du larynx et en particulier du
plan glottique. On prête attention à la vascularisation superficielle
des cordes : des vaisseaux dilatés convergeant en un point précis de
la muqueuse font suspecter une lésion sous-jacente comme un kyste.
Convergeant vers la commissure antérieure, ils font évoquer une
micropalmure. Il peut être utile de vérifier la région de la
commissure antérieure ou certaines zones difficiles avec des optiques
droites et à 30°.
PALPATION
Elle complète l’inspection en écartant les bandes ventriculaires pour 19 Préhension du polype.
visualiser toute la face supérieure de la corde. Il est possible de faire
ou sans microvascularisation. La muqueuse de surface ne peut pas
légèrement tourner la corde vocale sur son axe antéropostérieur
être conservée car elle est, soit atrophique, indissociable du polype,
pour bien visualiser son bord libre et inspecter sa face inférieure. Il
soit au contraire hyperplasique, voire légèrement dysplasique. Le
est surtout possible de palper soigneusement la corde vocale à l’aide
geste chirurgical consiste donc à enlever la lésion en totalité sans
d’une pince fine pour vérifier l’absence d’induration en profondeur
léser le ligament vocal ni, de façon excessive, le tissu de l’espace de
qui pourrait faire évoquer un kyste intracordal.
Reinke au voisinage de la lésion (fig 18).
10
Techniques chirurgicales Phonochirurgie des tumeurs bénignes des cordes vocales 46-350
*
A
*
B
23 Principe de résection de l’œdème de Reinke.
pulsé n’est pas utilisé puisqu’il ne s’agit pas d’obtenir une section
20 Section du polype. mais un simple « blanchiment » des vaisseaux superficiels.
¶ Suites
Les suites sont généralement simples, surtout lorsque l’intervention
a été unilatérale comme dans le cas des polypes. Après le repos
vocal de 6 jours, la récupération vocale est en général déjà assez
satisfaisante, parfois de façon spectaculaire. Le résultat vocal définitif
n’est cependant obtenu qu’au bout de 1 mois environ. La
rééducation orthophonique n’est pas toujours facile à faire accepter,
surtout lorsque le résultat vocal a été obtenu rapidement. Il reste
cependant utile de la proposer dans tous les cas, surtout dans le cas
d’une dysfonction vocale importante risquant d’être responsable
*
A *
B d’une récidive.
21 Exérèse au laser du polype.
A. Polype. ŒDÈMES DE REINKE
B. Après résection.
¶ Principe
22 Pièce histologique Il s’agit ici d’une lésion siégeant principalement au niveau du
après résection au laser (col- chorion qui est envahi par un œdème généralement assez « fluide »
lection docteur Remacle). n’adhérant pas, ni au niveau du ligament vocal, ni au niveau de la
muqueuse qui est « soufflée ». En cas de dysplasie de surface, la
muqueuse doit bien sûr être réséquée pour analyse histologique,
mais elle peut être le plus souvent conservée. Le principe chirurgical
est alors l’aspiration de l’œdème à travers une section muqueuse
réalisée au niveau du bord supérieur de la corde (technique de
Gould-Hirano). La résection de la muqueuse en excès après cette
aspiration doit être parcimonieuse et permettre si possible de
recouvrir la zone cruentée de la corde vocale après redrapage
(fig 23).
¶ Technique
Il est possible de réaliser une coagulation des microvaisseaux avec
le laser pour diminuer le saignement souvent assez gênant
petit saignement en « nappe » parfois observé en microchirurgie
(cf supra chapitre Polypes et nodules).
conventionnelle. Le mode de travail que nous préconisons avec
Remacle [28] est : faisceau focalisé à 300 µm pour une focale de On réalise ensuite une section de la muqueuse au niveau du bord
350 mm, mode pulsé, 2 à 3 W, impacts de 0,1 seconde. La pince attire supérieur de la corde vocale, à la jonction du plancher ventriculaire.
la lésion vers la ligne médiane de manière à ce que les impacts laser La section est réalisée de façon indifférente avec des microciseaux,
agissent en quelque sorte tangentiellement par rapport à la corde un bistouri lancéolé ou le laser. Dans ce cas, le laser est réglé comme
vocale (fig 21). pour la résection d’un polype (faisceau focalisé à 300 µm pour une
focale de 350 mm, mode pulsé, 2 à 3 W, impacts de 0,1 seconde).
Le polype comme le nodule est ensuite adressé systématiquement Puis le bord libre de la muqueuse est attiré vers la ligne médiane
pour une analyse histologique. L’utilisation du laser ne contre- par une pince en « cœur » et l’œdème est aspiré. Enfin, la muqueuse
indique en rien l’analyse histologique des lésions, y compris au est redrapée sur le ligament vocal et la muqueuse en excès est
niveau de leurs limites (fig 22) [28]. réséquée. Certains préconisent de fixer le microlambeau ainsi défini
Dans certains cas, il existe une ectasie vasculaire associée qui peut par quelques gouttes de colle biologique. Suivant les habitudes de
bénéficier d’une cautérisation au bistouri électrique ou, mieux, au l’opérateur, la colle est préparée pour une prise rapide ou une prise
laser. Les microvaisseaux sont coagulés au coup par coup à une lente, cette dernière facilitant le positionnement précis du lambeau
puissance de 1 W, avec un temps d’impact de 0,1 seconde. Le mode (fig 24).
11
46-350 Phonochirurgie des tumeurs bénignes des cordes vocales Techniques chirurgicales
*
A
12
Techniques chirurgicales Phonochirurgie des tumeurs bénignes des cordes vocales 46-350
*
A *
B
28 Sulcus complexe.
A. Sulcus remanié difficile à distinguer des fibres liga-
mentaires.
B. Après intervention, le bord libre est rectiligne.
*
A *
B
13
46-350 Phonochirurgie des tumeurs bénignes des cordes vocales Techniques chirurgicales
¶ Suites
Lors du premier contrôle postopératoire, l’aspect de sillon reste
souvent présent et la vibration stroboscopique reste faible. La voix
reste médiocre, parfois un peu plus grave qu’avant l’intervention
mais très souvent désonorisée, voilée. Ce n’est que progressivement
au cours de la rééducation que l’on voit apparaître une amélioration
31 Augmentation de volume de la corde de la fermeture glottique et de la souplesse des cordes vocales.
vocale. Cependant, le résultat n’est qu’exceptionnellement parfait. Au fur et
à mesure de la rééducation qui doit être longtemps poursuivie, la
voix devient plus grave, plus forte et plus « confortable », même si
le timbre garde souvent un aspect voilé. La majorité des patients,
lorsque l’indication est bien posée, sont très satisfaits car l’ensemble
du schéma thérapeutique (rééducation et chirurgie) diminue la
fatigabilité et augmente le volume sonore, diminue le forçage vocal
et les paresthésies associées.
De même, dans les cas de lésions cicatricielles, les examens
stroboscopiques postopératoires assez tardifs (deuxième ou
troisième mois) montrent dans les meilleurs cas une reprise de
l’ondulation muqueuse avec une amélioration de la fermeture
glottique, témoignant de l’efficacité du geste chirurgical. Le confort
vocal et l’intensité vocale sont améliorés. Il est cependant
exceptionnel d’obtenir le retour à une voix normale.
GRANULOMES
¶ Principe
ou de l’encoche. Puis, à l’aide du bistouri lancéolé ou du laser, on
Le trouble de la voix est en rapport avec le volume du granulome
cherche un plan de décollement entre la muqueuse et le ligament.
qui empêche l’accolement des apophyses vocales et qui est
Cette dissection est toujours difficile car la muqueuse adhère très
responsable d’une voix soufflée. Le geste chirurgical doit permettre
intimement au plan ligamentaire et ne peut pas toujours être
de régulariser le bord libre des apophyses vocales et de limiter les
conservée. Il est possible de s’aider d’une injection (hydrotomie),
risques de récidive par une cautérisation laser des berges et fond de
soit de corticoïdes [2], soit de vasoconstricteurs [5] dans le plan de la
la zone d’exérèse (fig 33).
lamina propria. Au niveau de la berge inférieure, le danger est de
réséquer abusivement des fibres conjonctives et musculaires et le
¶ Technique
décollement doit être particulièrement prudent. Comme pour les
sulcus, il peut être utile de décoller la muqueuse de la région sous- Le premier problème à régler est celui de la visibilité de la lésion
glottique pour éviter de laisser une zone cruentée au niveau de la qui peut être masquée par la sonde d’intubation et il est possible de
*
A *
B
14
Techniques chirurgicales Phonochirurgie des tumeurs bénignes des cordes vocales 46-350
¶ Suites
33 Résection du granu-
lome. Les suites peuvent être marquées par quelques douleurs pharyngées
A. Granulome cicatri- le soir de l’intervention, nécessitant la prescription d’antalgiques.
ciel.
B. Après résection la- Lors du contrôle postopératoire, il n’est pas rare que la région opérée
ser. montre, soit un enduit blanchâtre du type pseudomembranes, soit
même une réaction granulomateuse. Un traitement anti-
inflammatoire associé au traitement du reflux gastro-œsophagien
doit être prescrit. En cas de récidive, la réintervention ne doit pas
être trop précoce (cf chapitre Indications).
*
A
Traitement postopératoire
Il n’est pas systématique. Il est possible de prescrire une association
antibiotique à large spectre et corticoïdes ainsi que des aérosols
et/ou des sprays de corticoïdes. Dans certains cas, il peut être
nécessaire d’associer des antitussifs par voie générale.
Le repos vocal est habituellement prescrit pendant 6 jours environ.
Une durée plus importante n’a pas fait la preuve d’une efficacité
plus grande et peut être pénible pour le patient. Dans certains cas,
on peut autoriser le patient à parler mais en sonorisant faiblement
plutôt qu’en voix chuchotée qui est génératrice de tensions laryngées
et cervicales. Le contrôle postopératoire doit être effectué à 7 jours
*
B pour rassurer le patient dont la voix est souvent médiocre au
moment de la reprise vocale et pour l’inciter à entreprendre la
recourir à une anesthésie sans intubation. Nous préférons repousser rééducation orthophonique postopératoire qui doit avoir été prévue
la sonde d’intubation en avant, avec le bec du laryngoscope. Cette avant l’intervention. Lors de cette consultation, il est inutile de
méthode a l’avantage de garder les cordes vocales écartées, ce qui réaliser des examens sophistiqués de la voix, sauf cas particulier,
permet de bien voir la face interne des apophyses vocales. mais il est utile de réaliser une laryngoscopie associée à une
stroboscopie pour éliminer un éventuel granulome au niveau de la
Puis l’exérèse est effectuée au laser, en utilisant des constantes de
zone d’exérèse. Dans ce cas, il est indispensable d’avertir le patient
type « coagulation » : spot légèrement défocalisé, mode non pulsé,
mais des puissances toujours faibles de 1 à 3 W. La pièce d’exérèse que la cicatrisation sera plus longue que prévu, de poursuivre le
ne doit pas être vaporisée au laser mais découpée de manière à repos vocal et d’administrer un traitement corticoïde par voie
pouvoir être analysée en histologie. En fin d’intervention, il est générale et par voie locale.
possible d’injecter des corticoïdes au niveau de la zone d’exérèse Si l’aspect des cordes vocales est convenable, il est possible de
afin de limiter la réaction inflammatoire postopératoire et de limiter commencer la rééducation orthophonique postopératoire aux
ainsi l’incidence des récidives. environs du 15e jour.
Références ➤
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46-350 Phonochirurgie des tumeurs bénignes des cordes vocales Techniques chirurgicales
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16
¶ 46-370
Techniques chirurgicales
de réhabilitation vocale
après laryngectomie totale
O. Choussy, K. Elmakhloufi, D. Dehesdin
La laryngectomie totale reste encore indiquée dans le traitement des carcinomes épidermoïdes
pharyngolaryngés étendus. Elle entraîne une mutilation importante, celle de la parole. Depuis plus de
20 ans, de nombreux spécialistes se sont intéressés à la réhabilitation vocale après laryngectomie totale.
Deux types de réhabilitation chirurgicale doivent être évoqués : soit prothétique, plus simple mais plus
onéreux, soit chirurgical, plus complexe, auquel nous rattacherons la technique de Pearson. Ils
comportent des risques propres et nécessitent de discuter les indications en fonction de l’extension
tumorale mais aussi en fonction du terrain, tant sur le plan physiologique que psychologique. Cette
réhabilitation vocale est d’une importance capitale pour ces malades dont le traitement passe par une
mutilation car elle a pour but de contribuer à une réinsertion sociale, voire parfois professionnelle,
nécessaire à la qualité de vie.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Rétrécissement du trachéostome
Complication fréquente secondaire à l’obstruction digitale et
au processus de cicatrisation, elle est favorisée par la radiothé-
rapie. La conduite à tenir repose sur l’instauration d’un traite-
ment antibiotique et anti-inflammatoire, ainsi que sur le
calibrage par canule de trachéotomie. Ultérieurement, une
plastie d’élargissement du trachéostome pourra être proposée. Le
meilleur traitement repose sur la prévention : trachéostome
primaire large, utilisation d’un « nez » artificiel, bonne adapta-
tion de l’implant phonatoire. [16]
Fuite prothétique
La valve est endommagée, responsable de fausses routes à la
déglutition. Cette complication est la plus fréquente et provient
d’une dégradation de la prothèse. Cette dégradation est reliée,
pour de nombreux auteurs, [14-16] à une colonisation mycotique
dont Candida albicans serait le plus fréquent. [17] Cette coloni-
sation est favorisée par le reflux pharyngo-œsophagien qu’il
convient de traiter efficacement. Elle nécessite le remplacement
de celle-ci.
La prothèse Blom-Singer propose un kit de changement de
prothèse comportant une gélule dans laquelle on glisse la
prothèse ; la prothèse est glissée dans la fistule œsotrachéale à
partir de la trachée à l’aide d’un introducteur spécifique ; la
portion œsophagienne de la gélule se délite spontanément en
quelques secondes, on retire la capsule trachéale, si la prothèse
tourne sur 360°, cette dernière est en place.
La Provox 2 comporte un stylo introducteur. Après mise en
place de la prothèse dans le stylo, celui-ci est positionné au
niveau de l’orifice trachéal de la fistule œsotrachéale et la
prothèse poussée en place. Après vérification du bon position-
nement de la collerette trachéale, la prothèse est libérée.
Pour les prothèses Provox 1, Traissac-Vygon et Groningen,
après ablation de la prothèse, un guide spécifique est introduit
par l’orifice trachéal dans la fistule œsotrachéale et remonté
jusqu’à la bouche où il est récupéré, son extrémité distale étant
maintenue au niveau du trachéostome. La prothèse est fixée au Figure 1.
niveau buccal, la prothèse est ensuite descendue par traction sur A, B, C. Remplacement d’une prothèse de Traissac-Vygon. [4]
Figure 2.
A, B. Technique d’Asaï : temps cutané (selon
Portmann et Guerrier).
Résultats
Ces trois techniques permettent d’excellents résultats vocaux
dans 60 à 90 % des cas rapportés mais de nombreuses fuites
salivaires chroniques sont à relever. [31, 32] Par ailleurs, pour les
patients nécessitant de la radiothérapie, des fistulisations et des
sténoses du shunt phonatoire sont à signaler.
Une étude fonctionnelle de la néoglotte de Staffieri a été
réalisée par Lecluse. [33] Cette étude retrouve une fonction
« cordale » à cette néoglotte qui ne se contente pas de régler le
débit d’air mais vibre également.
Complications
Si le shunt est trop large, des fausses routes vont apparaître ;
à l’inverse, celui-ci peut se sténoser, empêchant toute émission
vocale. Il peut se produire un prolapsus de la muqueuse
œsophagienne dans la trachée avec formation de polype
Figure 3. Néoglotte phonatoire de Staffieri (selon Portmann et entraînant une faiblesse de la fonction phonatoire et des fausses
Guerrier). routes.
le doigt dans l’œsophage, les bords de la fente doivent rester Technique de Strome [34-36]
jointifs. Si la fente s’ouvre, la fistule devra être modifiée en
complétant par des points musculaires aux extrémités. Les Technique
fermetures du pharyngostome et de la voie d’abord cervicale se
Dans cette technique décrite en 1986, l’objectif est d’assurer
font de manière classique.
la protection des voies aériennes par un mécanisme actif, la
DITES contraction du mur œsophagien.
Le principe est identique mais la technique différente puisque Laryngectomie
le patient est un laryngectomisé ancien.
Préparation de la fistule. Incision cutanée et sous-cutanée de La laryngectomie est réalisée de façon traditionnelle. La
2 cm au bord supérieur du trachéostome. Dissection de l’espace résection trachéale ne doit pas dépasser trois anneaux trachéaux
trachéo-œsophagien sur 1 cm vers le bas. afin que les sutures ne soient pas réalisées sous tension.
Confection de la fistule. Incision verticale au milieu du mur
postérieur trachéal à 1,5 cm de l’orifice du trachéostome. Confection du shunt (Fig. 5)
Ouverture antérieure de l’œsophage en regard de cette incision Décollement de l’espace intertrachéo-œsophagien sur 1 cm et
et confection de la fistule selon la même technique que celle
incision verticale de la musculeuse de l’œsophage sur 3 cm.
décrite ci-dessus. La muqueuse œsophagienne est attirée au
Décollement sous-muqueux des berges de cette incision sur
travers de la fistule et suturée à la muqueuse trachéale. Un
1 cm. Ce temps peut être facilité en plaçant une sonde d’intu-
calibrage (gros fil, fin cathéter) est placé dans le shunt.
bation, ballonnet gonflé dans l’œsophage afin de distendre
RITES l’œsophage.
La technique est identique à celle du DITES mais l’ouverture En regard de cette incision, confection d’un lambeau
œsophagienne se fait 2 cm en dessous de l’ouverture trachéale. muqueux œsophagien à pédicule inférieur de 2 cm de long et
Le trajet est couvert par la paroi œsophagienne, créant une 1,5 cm de large. Ce lambeau est tubulé sur lui-même. Un tube
fistule un peu plus longue pour diminuer le risque d’inhalation. de silicone peut être utilisé comme tuteur.
Figure 4.
A, B. Néoglotte phonatoire de Staffieri : brèche pharyngée (selon Portmann et Guerrier).
Figure 5.
A, B, C. Technique de Strome : lambeau œsophagien et
confection du shunt. [35]
Figure 6.
A, B. Technique de Pearson : laryngectomie. [37]
nence avec retentissement pulmonaire du shunt. Ces deux sectionné en avant, cette section est oblique en bas et latérale-
complications sont traitées par mise en place d’une prothèse ment du côté de la lésion tumorale, elle prolonge la laryngoto-
phonatoire à l’intérieur du shunt. mie et rejoint la ligne médiane à la partie inférieure de l’arche
antérieure du cricoïde. Cette incision est prolongée suivant le
même axe pour emporter le tiers latéral homolatéral du premier
■ Technique de Pearson [37-40]
anneau trachéal. La résection endolaryngée doit conserver
l’aryténoïde controlatéral et une partie de la corde vocale. La
Cette technique n’est pas à proprement parler une réhabili- section postérieure est interaryténoïdienne ; elle peut être
tation vocale après laryngectomie totale mais une laryngectomie étendue en fonction de la tumeur à la muqueuse pharyngée ; en
subtotale avec shunt trachéo-laryngo-pharyngé préservant une
sous-glottique, elle sera parallèle à la section antérieure empor-
partie de l’anneau cricoïdien. Ne seront pas discutées ici ses
tant la moitié du cricoïde (jusqu’à l’aplomb de l’apophyse
indications, seule la technique chirurgicale est rapportée. Les
vocale controlatérale) et le tiers externe du premier anneau
contre-indications à la réalisation de ce shunt sont l’atteinte de
trachéal, homolatéraux à la lésion.
la région rétrocricoïdienne, de la commissure postérieure, du
En fin d’exérèse, il persiste :
sinus piriforme controlatéral et les troubles de la mobilité
laryngée controlatérale. • l’aryténoïde controlatéral ;
• une portion plus ou moins importante de corde vocale
controlatérale ;
Technique • la bande ventriculaire ;
Laryngectomie (Fig. 6) • le repli aryépiglottique ;
• la partie postérieure de l’aile controlatérale du cartilage
Trachéotomie thyroïde ;
Une trachéotomie première et définitive sera réalisée, basse, • la moitié du cartilage cricoïde.
entre le 3e et le 4e anneau trachéal.
Reconstruction
Exposition
Elle comporte deux temps, le shunt phonatoire trachéopha-
Au travers d’une incision cervicale traditionnelle basse, le
larynx est exposé, de l’os hyoïde en haut à la trachéotomie en ryngé et la fermeture pharyngée.
bas. Les muscles sus-hyoïdiens sont sectionnés au ras de l’os Shunt phonatoire trachéopharyngé
hyoïde ; l’attitude vis-à-vis des muscles sous-hyoïdiens rejoint
l’attitude vis-à-vis de ceux-ci lors de laryngectomie totale et Décollement sous-périchondral thyroïdien et cricoïdien de l’espace
dépend de la lésion tumorale et de son extension. paraglottique. Confection d’un lambeau muqueux pharyngé à
charnière inférieure, prélevé du côté de la résection tumorale sur
Exérèse tumorale le mur pharyngé latéral (Fig. 7). Ce prélèvement est facilité si le
La laryngectomie est dictée par la lésion. L’os hyoïde est mur latéral du sinus piriforme a été conservé. Ce lambeau
sectionné au ras de la petite corne controlatérale ; cette incision permet un élargissement de la lumière du néolarynx ; il s’étend
se prolonge vers le bas, verticalement au travers de la membrane en hauteur de la bande ventriculaire en haut au bord supérieur
thyrohyoïdienne en respectant le pédicule laryngé controlatéral du cricoïde en bas. Pour certains auteurs, il ne serait indispen-
à la tumeur. La laryngotomie est réalisée par incision paramé- sable que lorsque la résection emporte plus de la moitié de
diane du cartilage thyroïde. Cette incision rejoint l’incision de l’étage glottique et de l’espace paraglottique controlatéral. [13] Le
la membrane thyrohyoïdienne en haut et passe en avant de lambeau et les structures endolaryngées conservées sont tubulés
l’insertion du muscle cricothyroïdien en bas. Le cricoïde est sur un tuteur (sonde nasogastrique de taille 12 F à 14 F)
Figure 7.
A, B. Technique de Pearson : lambeau pha-
ryngé. [37]
Figure 8.
A, B. Technique de Pearson : shunt phonatoire trachéo-
pharyngé. [37]
afin que la lumière du shunt soit d’environ 6 mm, et suturés à Soins postopératoires
la membrane précricoïdienne et au muscle interaryténoïdien. [41]
La suture s’étend en haut jusqu’au sommet du cartilage aryté- Ablation du calibrage du shunt laryngé trachéopharyngé au
noïde (Fig. 8). 10e jour et de la sonde nasogastrique au 12e jour postopératoire.
Des sténoses du shunt et du trachéostome peuvent être leur coût élevé. Les techniques chirurgicales sont séduisantes
constatées dans de faibles proportions (0 à 10 %) et traitées par mais leur faible diffusion est probablement liée à des techni-
soins locaux et recalibrage. ques compliquées, difficilement reproductibles et dont les
L’incontinence du shunt avec fuites salivaires est rapportée résultats vocaux sont souvent assez éloignés des résultats de la
dans 9 à 25 % des cas ou non rapportée. voie prothétique.
[25] Guerrier Y, Galy G. Les procédés de réhabilitation vocale après [35] Lacau St Guily J, Laccoureye H. Fistule trachéo-œsophagienne conti-
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Choussy O., Elmakhloufi K., Dehesdin D. Techniques chirurgicales de réhabilitation vocale après
laryngectomie totale. EMC (Elsevier SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-370, 2005.
Trachéotomie
L Laccourreye
J Dubin
Résumé. – La trachéotomie est destinée à créer un court-circuit des voies aériennes supérieures. La technique
chirurgicale chez l’adulte et l’enfant est codifiée depuis le début du siècle. Les progrès de l’endoscopie ont
permis le développement des techniques moins invasives : trachéotomies percutanées. Les techniques, leur
complication et leurs indications sont étudiées.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Laccourreye L et Dubin J. Trachéotomie. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés), Techniques chirurgicales - Tête et cou,
46-430, 2001, 9 p.
46-430 Trachéotomie Techniques chirurgicales
3 Repérage et dissection
de l’isthme thyroïdien.
4 Section et ligature
de l’isthme thyroïdien.
2
Techniques chirurgicales Trachéotomie 46-430
Anesthésie
• Artifices d’intubation
L’intubation est presque toujours réalisable si l’équipe anesthésique
est entraînée et si l’on dispose d’un fibroscope bronchique, ou dans
certains cas, d’un bronchoscope rigide (tumeur laryngée ou
trachéale). En l’absence de ces deux éléments favorables, la
trachéotomie peut être réalisée sous anesthésie locale.
• Anesthésie locale
L’anesthésie locale a pour but d’éviter toute réaction liée à la
douleur. Deux zones sont douloureuses : la peau et le corps thyroïde.
Plusieurs boutons cutanés sont pratiqués : deux médians (cricoïde,
région sus-sternale), deux latéraux (à mi-chemin de la ligne cricoïde-
manubrium sternal et au niveau des bords antérieurs des muscles
sterno-cléido-mastoïdiens). Lorsque la dissection atteint l’isthme du
corps thyroïde, une nouvelle injection est pratiquée. Enfin, avant
l’ouverture de la trachée, et afin d’éviter un violent accès de toux,
une injection intratrachéale de 1 à 2 cm3 est nécessaire. Dans tous
les cas, la présence de l’anesthésiste est indispensable : il surveille le
malade (monitorage) et il peut l’oxygéner.
Temps chirurgical
• Règles
L’intervention obéit aux même règles que pour la trachéotomie
classique. Cependant, le caractère de l’urgence (asphyxie), les
anomalies acquises (antécédents d’irradiation) ou congénitales
(anomalie vasculaire, tronc brachiocéphalique barrant la trachée)
peuvent conduire à pratiquer une ouverture très haute, sous-
cricoïdienne. Dans ces cas, si la trachéotomie doit être laissée en
place pendant une période assez longue, il faut reprendre
l’intervention pour placer la canule dans une position correcte qui
évite les complications. Cette nécessaire reprise est discutée par
certains.
[12, 19]
TRACHÉOTOMIE DE L’ENFANT
Le faible diamètre de la trachée, sa mollesse et sa mobilité latérale
rendent l’intervention délicate.
¶ Anesthésie
Le geste chirurgical est presque toujours réalisé chez un enfant
intubé, soit par une sonde d’intubation, soit par un tube
bronchoscopique qui rigidifie la trachée et l’immobilise.
¶ Incision et dissection
L’enfant doit avoir la tête parfaitement immobile en position
médiane et en hyperextension légère. L’incision est verticale le plus
souvent. Après dissection des plans superficiels, plus épais que chez
l’adulte, commence la dissection des plans musculaires. Il faut dans
tous les cas rester strictement médian et pour ce faire éviter le
recours aux écarteurs qui entraînent une latéralisation. Ils sont
remplacés par une paire de pinces de type Kocher, qui soulève et
écarte chaque plan une fois qu’il a été repéré. Le repérage au doigt
de la trachée est indispensable tout au long de la dissection afin de
7 Mise en place de la canule de trachéotomie.
ne pas prendre un axe carotidien pour la trachée.
Ce type de trachéotomie, chez un patient longiligne, intubé, est un Chez l’enfant, l’isthme thyroïdien de petite taille peut être facilement
geste simple. Il n’en est malheureusement pas toujours ainsi. refoulé vers le haut ou vers le bas.
3
46-430 Trachéotomie Techniques chirurgicales
11 Canule parlante
acrylique.
A. Canule fenêtrée.
B. Chemise interne +
clapet.
C. Mandrin.
4
Techniques chirurgicales Trachéotomie 46-430
TECHNIQUE DE CIAGLIA :
DILATATION PROGRESSIVE (fig 14)
Ciaglia réalise une incision cutanée verticale et un repérage trachéal.
Après passage du fil guide, les tubes dilatateurs sont utilisés jusqu’à
ce que le diamètre de l’ouverture trachéale permette la mise en place
13 Canule parlante pour de la canule qui est alors insérée. Un kit prêt à l’emploi est
enfant : argent. commercialisé par Cook France.
TECHNIQUE DE GRIGGS :
DILATATION PAR FORCEPS (fig 15)
Une pince de Kelly, spécialement usinée, coulisse le long du fil
guide. L’ouverture de la pince permet de dilater les tissus sous-
cutanés et l’orifice trachéal. Une canule montée sur un obturateur
est passée dans la trachée. Le fil guide et l’obturateur sont retirés
Chez l’enfant (fig 12, 13) lorsque la canule est en place. Un kit est commercialisé par Portex
France.
Les canules souples en silicone ou en PVC sont utilisées de
préférence aux canules en argent. Du fait du faible diamètre de la Pour ces deux techniques, l’utilisation d’un contrôle fibroscopique
trachée, elles ne possèdent pas de chemise interne, ce qui implique au cours de l’intervention est devenue la règle [15]. Il permet de
une surveillance et des soins de canule très réguliers. vérifier le caractère médian de la puncture trachéale, sa position par
rapport au cricoïde, l’absence de traumatisme de la paroi postérieure
de la trachée.
Trachéotomie percutanée
TECHNIQUE DE FANCONI :
Shelden [18], en 1957, fut le premier à décrire une technique de
TRACHÉOTOMIE TRANSLARYNGÉE (fig 16)
dilatation progressive de la trachée à partir d’une puncture cutanée
et trachéale. Comme pour les autres techniques, un fil guide est inséré dans la
Ciaglia [1] en 1985, Griggs [7] en 1990, Fantoni [5] en 1985, reprenant le trachée. Celui-ci, après avoir été repéré par le fibroscope ou un
principe de la technique de Schelden, apportèrent des modifications bronchoscope, est extériorisé par la cavité buccale. Une canule de
que les fabricants de dispositifs médicaux commercialisèrent sous la trachéotomie avec dilatateur intégré conique est nouée au fil guide.
forme de kits. Toutes ces techniques ont en commun un repérage Une traction est exercée sur le fil au niveau cervical, un contre-
cutané des anneaux trachéaux, une puncture ou une incision appui permet d’extérioriser le dilatateur conique, un mandrin
cutanée, une puncture trachéale à l’aide d’une aiguille montée sur obturateur permet de positionner la canule de trachéotomie qui est
un cathéter, une vérification à l’aide d’une seringue de la pénétration alors fixée.
*
B *
D
*
A *
C
5
46-430 Trachéotomie Techniques chirurgicales
15 Trachéotomie percutanée.
Technique par dilatation for-
ceps : technique de Griggs.
*
A
*
B
*
D
*
C
*
A
*
B
16 Trachéotomie percutanée. Voie translaryngée : technique de Fanconi.
Incidents et accidents complications qui, pour certaines, peuvent mettre en jeu le pronostic
vital.
postopératoires [6, 16, 20]
¶ Hémorragie
PÉRIODE PÉRIOPÉRATOIRE L’hémorragie postopératoire est le plus souvent veineuse, le
Au décours de la trachéotomie et dans les 24 premières heures, une saignement étant favorisé par la toux. Une compression en cas de
surveillance rapprochée est indispensable afin de dépister des trachéotomie percutanée ou un méchage en cas de trachéotomie
6
Techniques chirurgicales Trachéotomie 46-430
*
C *
D
*
E
chirurgicale est le plus souvent suffisant. En cas d’échec, une reprise place doit se faire dans d’excellentes conditions d’éclairage afin de
chirurgicale pour hémostase est indispensable. visualiser l’orifice trachéal. On peut s’aider d’un fibroscope qui
permet de voir la lumière trachéale et sert de mandrin à la canule.
¶ Emphysème sous-cutané cervical
Obturation de la canule
En cas de trachéotomie chirurgicale, il est provoqué par une
dissection trop large des tissus cervicaux, associée à une fermeture La canule est en place mais elle est obturée. Un bouchon est
hermétique. En cas de trachéotomie percutanée, il peut être vraisemblablement responsable de la dyspnée. Il peut siéger à
révélateur d’un faux trajet. l’intérieur de la canule. L’ablation de la canule interne permet de
lever l’obstacle. Il peut être trachéal et le diagnostic se fait lors d’une
¶ Reprise rapide de la dyspnée endoscopie à travers la canule. L’aspiration et la toilette trachéale
sont nécessaires.
Problème mécanique
Pneumothorax
La canule ne remplit pas sa fonction car elle n’est plus en place. Ce
fait n’est pas rare chez le sujet obèse au cou épais. La canule un peu Lorsque tout facteur mécanique a été éliminé, il faut évoquer un
courte s’est déplacée lors des mouvements cervicaux. Le diagnostic pneumothorax. Celui-ci est plus fréquent chez l’enfant que chez
repose sur des signes simples : le patient retrouve sa voix, l’adulte. Son incidence a beaucoup diminué depuis que le geste
l’aspiration est impossible, l’emphysème cutané se développe, la chirurgical a été pratiqué sous intubation.
dyspnée se majore. Il faut enlever la canule et la remettre en place Deux facteurs essentiels sont responsables : une ventilation à haute
en prenant soin d’utiliser une canule plus longue. Cette remise en pression, source de rupture alvéolaire, et la dépression médiastinale
7
46-430 Trachéotomie Techniques chirurgicales
importante liée à la dyspnée qui favorise la pénétration de l’air dans en période postopératoire, le taux de complications était plus
le médiastin lors de la dissection des plans trachéaux. Le diagnostic important pour les techniques percutanées [ 9 ] . Il s’agissait
repose sur l’auscultation pulmonaire et la radiographie ; une essentiellement de complications minimes. Dans tous les cas, la
exsufflation est nécessaire. morbidité est très faible dans les deux techniques.
PL MacCallum [13] a réalisé une comparaison des techniques
Dysphagie percutanées, chirurgicales et translaryngées. Il conclut à une plus
Une dysphagie est fréquente dans les premières heures. Elle régresse grande sécurité et un coût moins élevé en faveur des techniques
rapidement. percutanées ou translaryngées, ce qui est confirmé par M Heik-
kinen [11].
En l’absence de complication, si le patient est porteur d’une canule
à ballonnet, celui-ci doit être rapidement dégonflé afin d’éviter des
phénomènes ischémiques de la muqueuse trachéale, sources de
sténose ultérieure, mais aussi afin d’éviter une compression Soins postinterventionnels
œsophagienne qui aggrave la dysphagie.
Des soins infirmiers précis, tout particulièrement chez l’enfant, sont
le meilleur garant de l’absence de complication. L’ouverture de la
PÉRIODE POSTOPÉRATOIRE trachée entraîne une modification de la muqueuse trachéale
Pendant toute la période où le patient demeure trachéotomisé, des (destruction des cils vibratiles, métaplasie malpighienne) et une
complications peuvent se manifester. infection de la trachée. Ces deux phénomènes favorisent la
suppuration locale et la stagnation des sécrétions, sources de
bouchons trachéaux. Les soins locaux visent à minimiser les effets
¶ Hémorragie
de ces modifications.
Un saignement artériel rouge doit impérativement faire évoquer une
ulcération du tronc artériel brachiocéphalique par la canule. Le
HUMIDIFICATION
diagnostic est évoqué sur une expectoration sanglante par la canule
et la constatation de mouvements pulsatiles de cette canule. Elle est indispensable. Elle est assurée par des aérosols réguliers, le
L’association de ces deux signes est un facteur prémonitoire de recours éventuel à un nez artificiel, fourni avec certaines canules,
rupture. Il faut éviter l’inondation bronchique par la mise en place voire l’instillation de sérum physiologique.
d’une sonde à ballonnet, et discuter avec le chirurgien vasculaire
d’un geste chirurgical précédé d’une exploration radiologique. ORIFICE CUTANÉ DE LA TRACHÉOTOMIE
Il est nettoyé tous les jours, voire deux fois par jour, afin d’éviter la
¶ Reprise de la dyspnée
macération et la stagnation périorificielle des sécrétions.
La constatation de troubles respiratoires caractérisés par une
dyspnée aux deux temps traduit un obstacle trachéal. Un bouchon
ASPIRATION TRACHÉALE
est souvent responsable de ce phénomène. Plus rarement, la
formation de tissus de granulation vient obstruer le bec de la canule, Elle est indispensable. Elle est pratiquée avec le maximum d’asepsie,
ce qui justifie une ablation de ces granulations et le changement de en ayant recours à des sondes souples, non traumatiques. La
la canule. pression d’aspiration ne doit pas être trop élevée pour éviter de
traumatiser la muqueuse.
¶ Fistule œsotrachéale
Une toux lors de la déglutition, des épisodes infectieux bronchiques CHANGEMENT DE CANULE
à répétition, font évoquer une fistule. Cette complication est devenue Il est effectué à un rythme variable selon la technique utilisée : à la
rare. Liée à une nécrose ischémique de la paroi trachéale, elle 48e heure pour la technique chirurgicale, à une date plus tardive
apparaît chez des sujets qui ont été pendant une longue période pour les autres techniques, environ 7 jours pour la technique
porteurs d’une sonde à ballonnet gonflé. Le diagnostic est confirmé percutanée. Le rythme ultérieur de changement est fonction de
par la trachéoscopie et l’œsophagoscopie. Les fistules de petite taille l’importance des sécrétions et des épisodes infectieux. Ce
sont difficiles à mettre en évidence. L’utilisation de colorants peut changement doit être effectué la première fois par le chirurgien, dans
être d’un appoint certain. de bonnes conditions de visibilité. En cas de difficulté, il peut avoir
recours aux artifices précédemment décrits.
¶ Infection
Pendant toute la durée de la période où le patient est trachéotomisé,
des infections bronchiques peuvent apparaître, avec fièvre et opacité
Décanulation
pulmonaire à la radiographie. Des soins réguliers dispensés avec
une asepsie rigoureuse permettent de diminuer la fréquence des Celle-ci intervient lorsque tout obstacle sur les voies respiratoires a
infections qui relèvent d’un traitement antibiotique adapté. été levé et lorsque la ventilation peut être assurée par le patient.
Une canule fenêtrée avec clapet mise en place pendant 24 heures,
permet de s’assurer que la canule peut être enlevée. L’ablation est
INCIDENCE DES COMPLICATIONS SELON LES réalisée en début de journée, ce qui permet une meilleure
TECHNIQUES UTILISÉES surveillance. Un simple pansement sec est placé sur l’orifice. La
P Dulguerov et al ont réalisé en 1999 une méta-analyse comparant fermeture intervient en quelques jours. Dans les rares cas où il
les complications des trachéotomies chirurgicales et des persiste une fistule cutanéotrachéale, un geste chirurgical ultérieur
trachéotomies percutanées [4]. Dans la mesure où les groupes étaient permet de fermer cette fistule.
hétérogènes, les conclusions sont très nuancées : les techniques Chez l’enfant qui a été porteur d’une canule pendant de longs mois,
percutanées n’entraînent pas moins de complications opératoires et l’ablation de celle-ci est parfois responsable de syndrome
postopératoires que la technique chirurgicale. Cette méta-analyse a asphyxique, dit de panique. Il faut préparer l’enfant à la
été complétée par les mêmes auteurs, par une étude en double décanulation, grâce à une canule fenêtrée, et ne parler de panique
aveugle, comparant à nouveau la technique percutanée à la que lorsque l’on s’est assuré qu’il n’y a aucun obstacle
trachéotomie chirurgicale : que ce soit en période périopératoire ou laryngotrachéal.
8
Techniques chirurgicales Trachéotomie 46-430
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9
46-440
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 46-440
Introduction Étiologies
Perforations instrumentales
C’est un accident exceptionnel qui survient volontiers sur un
œsophage pathologique : sténose postradique, sténose caustique,
diverticule. La fistule se fait habituellement en deux temps.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Lallemant JG, Lallemant B, Girard B, Chapon C, El Sioufi I et Bonin P. Traitement des fistules œsotrachéales acquises. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier
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46-440 Traitement des fistules œsotrachéales acquises Techniques chirurgicales
Bactériennes
1 Pathogénie des fistules
secondaires à la réanima- Ce sont :
tion : les facteurs d’attri-
tion. – la tuberculose : la fistule est générée par la détersion simultanée
dans l’œsophage et la trachée d’une adénopathie médiastinale au
stade de nécrose caséeuse [32] ;
– la syphilis.
Mycosiques
Ce sont : l’aspergillose et la candidose [47, 51].
Autres causes
Des cas de FOT ont été rapportés lors d’histoplasmose,
d’actinomycose, de toxoplasmose, d’abcès thyroïdien, d’herpès de
l’œsophage [40].
Il s’agit de corps étrangers vulnérants. La fistule peut être immédiate – L’altération de l’état général est rapide.
ou plus souvent secondaire.
¶ Patient sous assistance respiratoire
¶ Infectieuses Chez ce malade souvent inconscient, une triade aérodigestive est
hautement significative, elle comprend :
Secondaires à des lésions œsotrachéales d’origine bactérienne,
mycosique ou virale, elles surviennent quasi exclusivement chez des – une désadaptation au respirateur, avec fuite aérienne par la
sujets immunodéprimés, et tout particulièrement dans le cadre du bouche et/ou autour de l’orifice de trachéotomie, ceci malgré un
syndrome de l’immunodéficience acquise (sida), où les agents surgonflage du ballonnet et une augmentation des pressions du
infectieux en cause sont souvent associés [45, 52, 56]. respirateur ;
2
Techniques chirurgicales Traitement des fistules œsotrachéales acquises 46-440
3
46-440 Traitement des fistules œsotrachéales acquises Techniques chirurgicales
*
C
*
B
*
A
2 Technique chirurgicale.
A. Voie d’abord. Exposition des lésions.
B. Suture de l’œsophage en deux plans. Suture de la trachée par lambeau musculaire sous-hyoïdien. Mise à distance des sutures : rotation axiale de l’œsophage.
C. Interposition d’un lambeau musculaire sous-hyoïdien.
4
Techniques chirurgicales Traitement des fistules œsotrachéales acquises 46-440
Fermeture
Après rinçage antiseptique, une fermeture classique en deux plans
sur drain aspiratif est réalisée.
L’utilisation, dans un champ opératoire exsangue, de colle
biologique à la seringue ou en vaporisation, nous paraît
recommandable, tant pour parfaire l’étanchéité des sutures que pour
exclure les espaces morts liés aux importants décollements.
En postopératoire
L’antibiothérapie par voie générale est maintenue pendant 10 jours,
parallèlement à l’aérosolthérapie et à la kinésithérapie. Un transit
pharyngoœsophagien réalisé au 10e jour, décide de la reprise de
l’alimentation. Celle-ci sera encadrée par l’orthophoniste, après
contrôle systématique de la mobilité laryngée.
*
A *
B ¶ Fermeture directe avec résection-anastomose
3 Suture de l’œsophage. trachéale
A. La perte de substance est importante dans l’axe transversal.
Cette méthode, largement utilisée [20, 22, 26, 38], a pour avantages :
B. Suture horizontale en deux plans (muqueux et musculaire).
– une exposition directe et large des lésions ;
– La suture directe est possible. Elle est effectuée en un plan par des – une moindre dévascularisation des zones de suture ;
points séparés (Vicrylt). L’exposition est facilitée par la rotation – le traitement concomitant de lésions trachéales associées
axiale droite de la trachée. Si l’accès postérieur s’avère insuffisant, fréquentes [48] ;
on peut recourir à la voie antérieure transtrachéale, sous la forme
d’une large incision horizontale pratiquée entre deux anneaux à – la disparition, de fait, de la perte de substance tissulaire par un
l’aplomb de la brèche [21]. Un refend vertical intéressant un ou deux simple effet de raccourcissement, tant au niveau de la trachée que
anneaux peut être nécessaire dans une brèche particulièrement de l’œsophage.
étendue.
Voie d’abord (fig 4A)
– La suture directe est impossible. De nombreux artifices ont été
décrits pour faire face à cette situation : – Cervicotomie en U de type Hautant circonscrivant, s’il existe,
l’orifice de trachéotomie.
– une collerette périfistulaire taillée aux dépens de l’œsophage
– Ouverture de la ligne blanche, les muscles sous-hyoïdiens sont
apporte une étoffe supplémentaire [16, 38] ;
réclinés, l’isthme thyroïdien est réséqué, la trachée cervicale est
– les lambeaux pédiculés musculaires sous-hyoïdiens retiennent largement dégagée à l’aplomb et au-delà de la zone fistulaire, en
l’attention de la plupart [54]. En effet, ces muscles sont dans le gardant un contact étroit avec le plan cartilagineux, afin d’éviter tout
champ opératoire, facilement disponibles, bien vascularisés, traumatisme des nerfs laryngés inférieurs.
rubanés [53] (fig 2B) ;
Résection de la trachée (fig 4B)
– l’utilisation d’un lambeau deltopectoral désépithélialisé [29], d’un
lambeau musculopériosté de sterno-cléido-mastoïdien [18], d’un Elle débute par une ouverture sagittale en regard de la fistule. Les
lambeau myocutané de grand pectoral [49] ou de grand dorsal limites horizontales supérieure et inférieure de la résection sont
moins épais, comme nous l’avons pratiqué. fixées en fonction des dimensions de la zone fistulaire, en prenant
Cependant, si la perte de substance trachéale n’a pu être garde que les berges de la future pexie soient de trophicité
suffisamment réduite, une surface importante de tissu musculaire convenable. Ainsi, la résection peut intéresser un éventuel orifice de
tient lieu de paroi postérieure, faisant alors courir un risque trachéotomie contigu. Il faut souligner qu’au cours de ce temps
sténotique [16, 21]. Pour éviter cet écueil, un calibrage systématique chirurgical, la sonde orotrachéale doit être reculée pour dégager la
par tube de Montgomery est alors licite. En fait, en cas de perte de zone incriminée. Une fois fixées les limites de la résection,
substance plus importante que prévue et qui nécessite un apport l’intubation se fait directement par l’orifice trachéal distal.
tissulaire conséquent, le risque sténotique est important. Il est alors
préférable d’opter, à ciel ouvert, pour une fermeture avec résection- Fermeture de la brèche œsophagienne (fig 4C, D)
anastomose trachéale. Un débridement des tissus œsotrachéaux de la fistule est réalisé,
avant fermeture plan par plan. On peut utiliser la pars membranacea
Mise à distance des sutures de la zone réséquée pour assurer la fermeture de l’œsophage [21, 24].
Elle nous paraît, comme à beaucoup, indispensable. En effet, laisser Interposition musculaire (fig 4E)
en regard les tissus fragilisés de deux organes creux avec, du côté
trachéal une surinfection constante, du côté œsophagien la présence Un lambeau musculaire peut matelasser la suture œsophagienne, il
de salive, expose à un risque important de récidive. est amarré au plan prévertébral, et produit de fait une rotation
œsophagienne et une mise à distance de la suture trachéale.
Cette mise à distance peut se faire dans deux plans :
– rotation axiale de l’œsophage. Deux points prenant appui sur la Anastomose trachéotrachéale (fig 4F)
musculeuse œsophagienne antérieure, de part et d’autre de la Elle débute par la suture de la pars membranacea, puis, la sonde
suture, seront noués sur le plan prévertébral (fig 2B). Seule une d’intubation orotrachéale précédemment reculée ayant été
fistule très haut située peut interdire une telle manœuvre [14] ; repositionnée, la suture de la trachée cartilagineuse est effectuée.
– interposition. Un tissu de bonne trophicité entre les sutures, même En cas de FOT très étendue verticalement et nécessitant une
si elles sont décalées, apporte indiscutablement une sécurité résection trachéale démesurée, on peut limiter la résection en deçà
supplémentaire. L’utilisation des muscles sous-hyoïdiens ou sterno- des dimensions de la fistule, la perte de substance postérieure
cléido-mastoïdiens est toujours possible, même lorsqu’on a eu résiduelle est suturée en T directement [26], ou en utilisant le tissu
recours à l’un d’eux pour réaliser l’étanchéité trachéale (fig 2C). œsophagien contigu [38].
5
46-440 Traitement des fistules œsotrachéales acquises Techniques chirurgicales
*
D
*
C
*
A
*
B
*
F
*
E
En cas de fistule très haut située et de lésions laryngotrachéales d’alimentation et de drainage gastrique selon la technique de
immédiatement sous-glottiques, il est possible de réséquer l’arc Marzelle [36] est systématiquement associée. La persistance d’un
antérieur du cricoïde et la partie basse du châton cricoïdien, et de reflux gastroœsophagien alimentant la fistule, avec ses conséquences
réaliser une anastomose thyro-crico-trachéale préservant la fonction et ses risques sur le plan local et bronchopulmonaire, reste malgré
laryngée [41]. tout l’inconvénient majeur de cette technique [33]. Son avantage est
de permettre secondairement un rétablissement de la continuité
¶ Chirurgie d’exclusion relativement aisé, sous la forme d’une anastomose
Son principe est de tarir la communication œsotrachéale, en œsoœsophagienne facilitée par une résection-anastomose trachéale
interrompant son alimentation en amont (exclusion unipolaire combinée [26].
haute), ou en amont et en aval (exclusion bipolaire haute et basse).
Bipolaire
Unipolaire Elle associe à l’exclusion haute par voie cervicale une exclusion basse
C’est l’exclusion haute de l’œsophage. Elle se fait par voie cervicale. par voie abdominale : la section avec suture des deux moignons se
L’œsophage est extériorisé et sectionné au-dessus du niveau de la fait au-dessus du cardia par médiane sus-ombilicale. Gastrostomie
fistule. L’extrémité proximale est mise à la peau en pré- ou trans- et/ou jéjunostomie sont de mise. Un drainage aspiratif de la cavité
sterno-cléido-mastoïdien, l’extrémité distale est suturée en deux œsophagienne évite l’effet de poche, se déversant dans les voies
plans, et est abandonnée dans le médiastin. Une jéjunostomie aériennes lors des changements de position du patient [33].
6
Techniques chirurgicales Traitement des fistules œsotrachéales acquises 46-440
PATIENT VENTILÉ ?
OUI NON
Le rétablissement de la continuité par œsophagoplastie colique ou Ces attitudes, qu’apparemment tout oppose, démontrent bien qu’il
gastrique et la cure éventuelle de la fistule œsotrachéale sont remis s’agit de cas d’espèce, difficiles à schématiser, ce que cependant nous
à plus tard. tentons de faire.
L’exclusion temporaire de l’œsophage par agrafage sans section, à
la pince T A 55, est une solution élégante, non délabrante, dans le L’état local et général est-il satisfaisant ?
cas où un délai supplémentaire sous traitement médical est Pour que la réponse soit affirmative, il faut que trois conditions
susceptible d’améliorer les conditions avant une réparation directe. soient remplies :
Cette exclusion, qui peut être uni- ou bipolaire, est spontanément
– l’état local de la fistule et des tissus avoisinants est stabilisé ;
réversible en 3 ou 4 semaines.
La technique adoptée est dépendante du devenir présumé du – la surinfection pulmonaire est maîtrisée ;
patient, selon que la perspective est curative ou palliative. – l’état nutritionnel et biologique est correct.
Lorsque ces conditions ne sont pas remplies, un taux d’échec trop
¶ Chirurgie endoluminale élevé doit faire écarter un geste curateur d’emblée, et mettre ou
Ses objectifs sont de rendre la déglutition possible, tout en évitant remettre en œuvre une préparation médicale performante. Si, malgré
les complications de l’inhalation par la mise en place d’une prothèse tout, ces conditions ne peuvent être réunies, il faut s’adresser à des
endoluminale œsophagienne étanche, éventuellement associée à une méthodes palliatives ou d’attente de type « exclusion ». Dans cette
endoprothèse trachéale. Ses avantages sont de ne comporter qu’un situation, une réparation en deux temps, œsophagienne puis
risque relativement faible (0 à 20 % de mortalité), et d’être une trachéale, a été proposée [48].
méthode peu invasive puisqu’elle peut être réalisée dans le cadre
d’une hospitalisation de courte durée [2, 50]. Existe-t-il des lésions trachéales associées ?
L’existence de lésions sténotiques ou malaciques associées à une
FOT est fréquente [48]. Ces lésions sont à traiter dans le même temps
INDICATIONS
que la FOT, et indiquent une réparation avec résection-anastomose
¶ Indications générales (fig 5) trachéale.
La prise en charge thérapeutique peut être menée suivant un Quelle est la taille de la fistule ?
algorithme répondant successivement à quatre questions. Les deux
premières permettent d’appréhender le délai et le type de prise en • Fistule de petite taille
charge avant le geste chirurgical. Les deux suivantes précisent la Elle correspond à une brèche, dont la fermeture directe peut se faire
technique chirurgicale à employer. sans tension ni risque sténotique
Le patient est-il sous ventilation assistée ?
• Fistule de taille moyenne
Il s’agit d’un cas de figure non exceptionnel particulièrement délicat, Les dimensions de la perte de substance sont telles, qu’une
et qui reste extrêmement discuté. fermeture directe se ferait sous tension et avec un risque sténotique
– Pour les uns, le sevrage du respirateur est la condition sine qua avéré. C’est l’indication d’une fermeture avec apport tissulaire de
non d’une réparation directe [4, 21, 55]. Les tenants d’une telle attitude voisinage.
prônent alors l’abstention chirurgicale, en prolongeant le traitement
dit conservateur (cf supra) dans l’attente du sevrage. Si le traitement • Fistule de grande taille
conservateur est inopérant (étanchéité des voies aériennes sous- La perte de substance notamment trachéale postérieure est telle,
fistulaires impossible) ou si la possibilité d’un sevrage dans un délai qu’un apport tissulaire de voisinage fait courir un risque important
raisonnable est exclue, ils optent systématiquement pour les de sténose secondaire. C’est l’indication d’une réparation avec
méthodes chirurgicales palliatives d’exclusion, remettant à plus tard résection-anatosmose trachéale.
le rétablissement de la continuité.
– Pour les autres, la dépendance au respirateur n’exclut pas une • Fistule géante
réparation directe, après une préparation intensive qui ne saurait L’indication est posée en fonction, d’une part des conditions locales
être prolongée sans risque majeur. et générales, d’autre part de l’étiologie. Si l’exclusion bipolaire de
7
46-440 Traitement des fistules œsotrachéales acquises Techniques chirurgicales
l’œsophage par voie double [55] ou par voie cervicale seule [30] paraît • FOT et cancer de l’œsophage
la méthode la plus raisonnable, la réparation primaire avec
Pour une telle étiologie, le traitement n’a de prétention que
résection-anastomose trachéale associée peut être envisagée dans les
palliative. Dans ce cadre, hormis l’abstention sous traitement
cas les plus favorables, chez un patient sevré du respirateur [20, 21, 26].
médical, ce qui aboutit au décès dans un délai inférieur à un
mois [12], deux solutions peuvent être envisagées :
¶ Indications particulières en fonction de l’étiologie
– le traitement endoscopique : il existe plusieurs types de prothèses,
FOT délibérées dans le cadre de la réhabilitation vocale les prothèses traditionnelles en plastique avec récemment
des laryngectomisés l’apparition de prothèses en mousse, gonflables, et les prothèses
Des méthodes conservatrices sont le plus souvent suffisantes : métalliques expansibles couvertes [11, 19, 27]. La survie est prolongée,
elle atteint 4 mois, et les conditions de fin de vie sont améliorées.
– en cas de shunt, c’est la mise en place d’une prothèse phonatoire [9, Des complications peuvent survenir : migration de la prothèse dans
;
28]
10 % des cas, perforation œsophagienne, agrandissement de la
– en cas de puncture avec prothèse, c’est l’ablation temporaire de la fistule, hémorragies peropératoire ou secondaire par ulcération de
prothèse avec éventuellement mise en place d’un cathéter l’œsophage, dysphagie, douleurs, et compression trachéale [19].
« calibrant » de plus petite taille [28] ; Celles-ci sont significativement diminuées par l’utilisation des
nouvelles prothèses métalliques, qui cependant restent plus
– dans les cas plus rebelles, une cautérisation du trajet fistuleux au
onéreuses [46] ;
nitrate d’argent ou électrique peut être proposée [1].
En cas d’échec des méthodes conservatrices, il faut réaliser, après – le traitement chirurgical palliatif : il est indiqué chez des patients
excision du trajet fistuleux, une fermeture soigneuse de la trachée et en état général convenable, et pouvant bénéficier d’un traitement
de l’œsophage. médical de la tumeur. Il s’agit soit d’une exclusion uni- ou bipolaire
En cas de cou irradié, il faut soit interposer un lambeau musculaire de l’œsophage, soit d’un pontage par gastroplastie ou coloplastie
local d’emblée ou un greffon libre cutané [8], soit réaliser une rétrosternale qui exclut la fistule, permet l’alimentation orale mais
ascension trachéale avec reposition du trachéostome [7]. aussi un traitement par radiothérapie et chimiothérapie.
La durée de vie est améliorée (3 à 9 mois), mais la mortalité
Caustiques périopératoire est élevée (25 à 40 %) [15].
Les FOT secondaires surviennent le plus souvent au décours de
manœuvres de dilatation. C’est l’indication d’une œsophagoplastie • FOT et cancer trachéobronchique
colique ou gastrique rétrosternale en un ou deux temps sans Dans ces cas, la survie excédant rarement 1 mois, on opte pour un
œsophagectomie [39]. traitement médical exclusif purement symptomatique, ou pour un
traitement endoluminal par endoprothèse trachéale éventuellement
FOT et sida associée à une prothèse œsophagienne [2].
Il s’agit toujours de patients à un stade avancé de leur affection,
pour lesquels, sur le plan chirurgical, on se limite à la mise en place • Lymphomes
d’un stent œsophagien visant à maîtriser l’inondation Il s’agit le plus souvent d’un lymphome hodgkinien en évolution,
bronchopulmonaire. dont le pronostic est bien meilleur que celui des FOT
carcinomateuses [43]. Une méthode conservatrice est donc de mise
FOT et tumeurs malignes puisqu’une fermeture sous traitement, radiothérapique et/ou
Il faut distinguer : les FOT secondaires à un carcinome à point de chimiothérapique, peut être attendue. Dans les cas de FOT
départ œsophagien, beaucoup plus rarement trachéal, et les FOT compliquant le traitement, une réparation directe est recommandée
secondaires à un lymphome. lorsque la tumeur est contrôlée [42].
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9
46-450
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 46-450
Résumé. – Les tumeurs trachéales représentent une pathologie rare. Le traitement des tumeurs malignes est
avant tout chirurgical. Le développement de l’endoscopie thérapeutique, avec notamment l’apport récent du
laser et des prothèses endotrachéales largables, a permis la prise en charge de ces patients.
Le traitement des tumeurs bénignes repose essentiellement sur le laser. La chirurgie reste possible dans
certains cas particuliers.
La prise en charge des traumatismes trachéaux à traduction non sténosante dépend de la gravité de la lésion
elle-même et du retentissement de celle-ci sur une des fonctions vitales.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
TUMEURS PRIMITIVES
Il s’agit le plus fréquemment de carcinomes épidermoïdes, de
carcinomes adénoïdes kystiques, d’adénocarcinomes, et plus
rarement de lymphomes, de chondrosarcomes ou de
plasmocytomes... (fig 1, 2).
Le traitement doit être chirurgical. En cas de contre-indication, la
prise en charge de ces malades est effectuée par endoscopie à l’aide
du laser (YAG...) et des prothèses largables endotrachéales.
¶ Chirurgie
Moyens
2 Tumeur pédiculée trachéale.
Le traitement chirurgical des tumeurs malignes de la trachée
cervicale repose sur l’ablation de la tumeur [11]. La technique la plus
utilisée est la résection-anastomose trachéale. La technique est
décrite dans l’article « Sténose laryngée », tout comme les différents
procédés de libération du larynx utilisés dans les résections
étendues.
Certains auteurs [7, 13, 21] préconisent des reconstructions prothétiques
de la trachée.
Il s’agit de prothèse en Dacront. La technique de mise en place de
cette prothèse [7, 21] est la suivante : après avoir libéré la trachée et
pratiqué la résection de la tumeur suivant la technique classique, la
prothèse est mise en place, celle-ci étant cathétérisée par la sonde de
ventilation afin d’assurer la suture dans de bonnes conditions
ventilatoires.
La suture est réalisée au Prolènet 3/0, par points séparés, en
utilisant la même technique que celle employée pour les valves
Jean Christian Pignat : Professeur des Universités, praticien hospitalier, chef de service.
cardiaques. La prothèse se retrouve invaginée dans la trachée. Il faut
Marc Poupart : Praticien hospitalier. prévenir l’érosion du tronc innominé : une pièce de Dacront,
Alain Cosmidis : Praticien hospitalier.
Service d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervicofaciale, hôpital de la Croix Rousse, 93, Grand-Rue,
doublée par du péricarde ou du muscle, est interposée entre la
69317 Lyon cedex 04, France. prothèse et le tronc. Lorsque seule la partie antérieure de la trachée
Toute référence à cet article doit porter la mention : Pignat JC, Poupart M et Cosmidis A. Traitement endoscopique et chirurgical des tumeurs de la trachée cervicale. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS,
Paris, tous droits réservés), Techniques chirurgicales – Tête et cou, 46-450, 2001, 5 p.
46-450 Traitement endoscopique et chirurgical des tumeurs de la trachée cervicale Techniques chirurgicales
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Techniques chirurgicales Traitement endoscopique et chirurgical des tumeurs de la trachée cervicale 46-450
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Techniques chirurgicales Traitement endoscopique et chirurgical des tumeurs de la trachée cervicale 46-450
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46-490
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 46-490
Mots-clés : espace parapharyngé, espace rétropharyngé, espace préstylien, espace rétrostylien, tumeur
parapharyngée, abord chirurgical de l’espace parapharyngé, abcès parapharyngé.
RÉGION RÉTROPHARYNGÉE
Elle est limitée :
– en arrière, par la lame prévertébrale du fascia cervical ;
– en avant, par le fascia pharyngobasilaire ;
– en haut, la limite supérieure est constituée par la partie basilaire
de l’occipital ; latéropharyngés. Ces cloisons sont absentes chez l’enfant et leur
existence est discutée chez l’adulte ;
– latéralement, classiquement, les septums sagittaux tendus entre
– en bas, cet espace ne présente aucune limite inférieure et il se
les deux aponévroses séparent l’espace rétropharyngé des espaces
continue par un espace rétropharyngé cervical et par l’espace
rétroviscéral.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Beauvillain de Montreuil C, Bordure P et Ferri-Launay ML. Chirurgie de l’espace parapharyngé. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits
réservés), Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-490, 2001, 8 p.
46-490 Chirurgie de l’espace parapharyngé Techniques chirurgicales
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Techniques chirurgicales Chirurgie de l’espace parapharyngé 46-490
La meilleure solution comporte l’exérèse chirurgicale de la tumeur – une électrocoagulation monopolaire et bipolaire ;
avec examen extemporané.
– un aspirateur.
ÉTIOLOGIES DES TUMEURS PARAPHARYNGÉES En cas d’abord endobuccal, on utilise un ouvre-bouche de Boyle-
[1, 16, 20, 24, 25, 29]
Davis, le patient étant en position de Rose.
Afin de faciliter l’hémostase par coagulation lors de l’abord
¶ Tumeurs rétropharyngées transoral, on utilise une pince à disséquer de Debakey que nous
– Les chordomes sont des tumeurs exceptionnelles, développées aux avons fait isoler dans sa partie intermédiaire et des ciseaux longs à
dépens de la notocorde. bout mousse.
Sur le plan histologique, ces tumeurs sont bénignes. Elles présentent
toutefois une malignité locale et leur exérèse complète est quasi ¶ Abord transoral [11, 13]
impossible.
Il est proposé principalement dans les tumeurs bénignes
– Les adénopathies rétropharyngées peuvent être bénignes, mais
rétropharyngées et dans certaines tumeurs ectopiques de la parotide,
souvent malignes et métastatiques d’un cancer des voies
contrôlées par l’IRM (à distinguer des tumeurs du lobe profond).
aérodigestives supérieures (VADS), cavum en particulier ; leur
présence est toujours d’un pronostic très médiocre du fait de leur Le patient est installé en position de Rose : l’ouvre-bouche de Boyle-
inextirpabilité ou de leur exérèse incomplète. Davis est suspendu à un cerceau fixé sur les parties latérales de la
table. On marque le tracé de l’incision muqueuse située au sommet
– D’autres adénopathies métastatiques ont été décrites (cancer
papillaire thyroïdien) [31] ou des tumeurs très rares (lipome, de la convexité tumorale à l’aide de trois ou quatre applications
liposarcome). d’électrocoagulation de faible intensité. Une incision verticale est le
plus souvent préférée à une incision horizontale.
¶ Tumeurs de l’espace rétrostylien On incise la muqueuse au bistouri électrique monopolaire.
– Les chémodectomes : ils sont développés aux dépens du À l’aide de ciseaux à bout rond, on incise le muscle et on arrive au
corpuscule carotidien ou du X ; l’artériographie est indispensable contact de la paroi tumorale ; la dissection est souvent complétée à
pour en faire le diagnostic et guider le geste chirurgical. l’aide du doigt, les brides d’adhérence étant sectionnées aux ciseaux
après éventuelle électrocoagulation bipolaire.
– Les tumeurs nerveuses [15] : il s’agit le plus souvent de
schwannomes [18] , plus rarement de neurofibromes s’intégrant Il faut toujours prendre garde, au cours de tous ces temps, de ne pas
éventuellement dans le cadre d’une maladie de Recklinghausen. réaliser d’effraction tumorale.
Elles peuvent être évoquées sur l’existence d’un hypersignal en T1 L’hémostase est complétée au bistouri électrique à la fin de
et en T2 à l’IRM. l’intervention en électrocoagulation si possible bipolaire, ou
– Deux cas de kystes épidermoïdes ont été rapportés [10]. monopolaire mais alors avec la plus grande précision afin d’éviter
des nécroses tissulaires.
¶ Tumeurs de l’espace préstylien Le plan muqueux est fermé à l’aide d’un fil résorbable (type
Ce sont des tumeurs parotidiennes et, le plus souvent, des adénomes Monocrylt) sans drainage.
pléomorphes. En cas de tumeur vasculaire ou de tumeur maligne, si une indication
Ces tumeurs sont, soit développées aux dépens du prolongement opératoire est justifiée, l’abord de cette région parapharyngée se fait
pharyngé de la parotide, soit des tumeurs ectopiques indépendantes par une cervicotomie, habituellement unilatérale, du côté le plus
du lobe profond parotidien ; l’IRM retrouvant alors un plan séparant proche de la tumeur si celle-ci est latéralisée.
la tumeur de la parotide permet d’en évoquer le diagnostic.
Si la tumeur est haute, on fait une incision médiane verticale du
Au total, la plupart des tumeurs parapharyngées sont bénignes. Les voile qui sera reconstitué à la fin de l’intervention.
seules tumeurs malignes sont des adénomes pléomorphes
parotidiens dégénérés ou des tumeurs malignes primitives de la Il faut être prudent lors de la dissection latérale car l’axe carotidien
parotide ; plus rarement, des métastases ganglionnaires des cancers peut être en position très interne.
des VADS et exceptionnellement un chémodectome malin.
Dans ces trois sous-régions, des tumeurs rares, conjonctives bénignes ¶ Abord de parotidectomie [1, 12, 13, 27, 35, 36]
ou malignes, peuvent être rencontrées (lipome, liposarcome, Il est habituellement réservé aux tumeurs de l’espace préstylien qui
synovialosarcome, tumeurs nerveuses). sont le plus souvent des adénomes pléomorphes développés aux
dépens du prolongement pharyngé de la parotide.
VOIES D’ABORD CHIRURGICALES DES TUMEURS
Elles peuvent être schématisées selon quatre chapitres [4, 13] : Un abord externe est souvent suffisant dans ce type de tumeur.
On réalise tout d’abord une parotidectomie superficielle
– la voie transorale ; conservatrice.
– la voie de parotidectomie avec ou sans un abord transoral ; Le nerf facial est ensuite totalement libéré du lobe profond. L’artère
– la cervicotomie ; carotide externe est liée avant sa pénétration dans la glande.
– la voie transmandibulaire. C’est alors que la mandibule étant propulsée en avant, le doigt
parvient habituellement à disséquer sans difficulté la tumeur du
¶ Matériel chirurgical pilier antérieur de l’amygdale et de la muqueuse vélaire.
Le matériel utilisé dans ce type de chirurgie est le suivant : En cas de tumeur volumineuse, le nerf facial risque d’être soumis à
des tractions excessives et c’est dans ces cas qu’une incision du pilier
– pinces à disséquer : antérieur de l’amygdale est réalisée afin d’extraire le lobe profond et
– trois pinces d’Adson à griffe, sans griffe et à « dent de souris » ; la tumeur par la cavité buccale.
– une pince de Debakey ; Cet abord mixte est indispensable en cas de tumeur maligne ou
d’adénome pléomorphe récidivé.
– ciseaux fins de longueur moyenne à bout mousse ;
Som [32] propose dans les tumeurs volumineuses une ostéotomie de
– pinces hémostatiques de Kilner ; l’angle mandibulaire en arrière de la zone dentée et une dissection
– deux écarteurs de Farabeuf et un de Portmann ; au doigt du pôle inférieur de la tumeur ; cet abord complémentaire
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46-490 Chirurgie de l’espace parapharyngé Techniques chirurgicales
*
A
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Techniques chirurgicales Chirurgie de l’espace parapharyngé 46-490
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46-490 Chirurgie de l’espace parapharyngé Techniques chirurgicales
La voie d’abord est unique si possible mais, dans les cas difficiles, la thermique à 39 ou 40 °C. Dès l’ouverture de la bouche, le diagnostic
voie combinée est indispensable pour disséquer la portion est évident devant le bombement de la paroi postérieure du
juxtapharyngée de la tumeur. pharynx, témoin de la collection suppurée. Très rapidement, la
dysphagie douloureuse s’aggrave, le bombement s’accentue et une
¶ Tumeur rétropharyngée contracture des muscles paravertébraux apparaît.
– Voie transorale : tumeur bénigne rétropharyngée bien limitée et À un stade précoce, un traitement antibiotique à large spectre peut
tumeur ectopique de la parotide (à distinguer des tumeurs du lobe venir à bout de cette suppuration.
profond). Mais c’est plus souvent au stade de collection confirmée qu’un geste
chirurgical s’impose, associé à un traitement antibiotique à large
– Abord cervical externe éventuellement associé à une voie
spectre.
transorale : tumeur volumineuse, mal limitée ou suspecte de
malignité. L’incision est habituellement faite sous analgésie ou sous anesthésie
générale (mais l’intubation peut y être hasardeuse) ; l’enfant est
– Abord cervical bilatéral pour les chordomes cervicaux. solidement immobilisé en position de Rose ; l’incision, après
ponction, est faite ; un aspirateur prévient le risque d’une inondation
¶ Tumeur de l’espace préstylien bronchique (un prélèvement bactériologique aura été réalisé dès le
– Abord cervical externe de parotidectomie dans les tumeurs départ).
bénignes développées aux dépens du prolongement pharyngé du L’incision de l’abcès est complétée par l’introduction d’un doigt qui
lobe profond de la parotide. permet d’effondrer les logettes et d’assurer un drainage satisfaisant.
– Abord externe plus abord direct dans les tumeurs volumineuses Un contrôle est réalisé les jours suivants afin de vérifier que la
récidivées ou suspectes de malignité. brèche muqueuse ne s’est pas fermée trop précocement et que
l’abcès ne récidive pas.
– Voie transorale (pilier antérieur) : tumeur ectopique de la parotide.
Ces abcès rétropharyngés de l’enfant peuvent prendre un caractère
¶ Tumeur de l’espace rétrostylien plus trompeur lorsqu’ils se situent derrière l’hypopharynx.
Le tableau clinique est évoqué par une attitude de torticolis fébrile
Penser à une tumeur vasculaire (chémodectome) et faire pratiquer avec dysphagie.
un examen angiographique.
C’est la radiographie de profil du pharynx qui retrouve le
– Abord cervical externe le plus souvent. bombement de la paroi postérieure pharyngée, parfois avec un
– Abord externe et transoral pour des tumeurs d’extériorisation niveau liquide.
juxtapharyngée. C’est sous anesthésie générale, avec une intubation qui ne pose alors
aucun problème, le larynx étant simplement refoulé en avant, que la
– Voie transmandibulaire parasymphysaire pour les tumeurs
tuméfaction est visualisée. L’incision est faite après ponction,
étendues et/ou suspectes de malignité (associée à une éventuelle
suffisamment large et suffisamment basse pour assurer un drainage
voie cervicale).
déclive et prévenir le risque de récidive de cet abcès.
Certains auteurs [2] préconisent un abord externe des abcès
rétropharyngés : cet abord peut être antérieur après une incision au
Abcès des espaces pharyngés bord antérieur du sterno-cléido-mastoïdien, ou postérieur après une
incision cervicale postérieure de 2 cm, à un travers de doigt sous la
Les causes de ces suppurations sont essentiellement dentaires ou pointe mastoïdienne et une dissection à l’aide d’un instrument
amygdaliennes. mousse en direction de l’apophyse latérale de C2 en arrière de l’axe
Ces suppurations peuvent être dues à des bactéries de rencontre non vasculaire. Bernard [2] rapporte 73 observations d’abcès traités avec
commensales habituelles ou être déterminées également par un succès selon cette méthode.
germe saprophyte de la cavité buccale devenu pathogène à L’avantage de l’abord latéral (fig 7) est d’éviter une communication
l’occasion d’une infection dentaire, d’un traumatisme, d’une entre le pharynx et les espaces parapharyngés ; l’inconvénient en est
exploration chirurgicale [8].
Ces suppurations péripharyngées sont dominées par des
streptocoques aérobies ; plus rarement, Staphylococcus aureus ou
Klebsiella [30] sont en cause.
Des anaérobies peuvent être associés aux germes aérobies
précédents ou même être isolés et sont responsables alors de
cellulites gangréneuses du cou particulièrement redoutables.
Un traitement antibiotique à large spectre (actif sur les germes à
Gram positif, à Gram négatif et sur les anaérobies) est mis en route
rapidement. À un stade précoce, ce traitement peut être suffisant ;
au stade de collection, il est nécessaire mais non suffisant et
n’empêche pas le drainage de cette collection suppurée.
La TDM constitue un examen de choix pour préciser la topographie
de l’abcès et son extension. Bien que non systématique (dans les
abcès rétropharyngés par exemple), il est souvent utile, voire
indispensable, en particulier dans les abcès rétrostyliens, pour
préciser les connexions de l’abcès avec l’axe jugulocarotidien.
[9]
ABCÈS RÉTROPHARYNGÉS
6
Techniques chirurgicales Chirurgie de l’espace parapharyngé 46-490
un trajet de drainage long, peu ou non déclive, avec un Lorsqu’il existe un bombement pharyngé rétroamygdalien, une
ensemencement possible des tissus sains et une fermeture ponction trouvant du pus guidera une incision prudente de la
prématurée favorisant la récidive. muqueuse et l’agrandissement de la collection à l’aide d’instrument
à extrémité mousse ou d’un doigt. En effet, la proximité de la
¶ Abcès rétropharyngés de l’adulte carotide interne incite la plus grande prudence dans l’abord de cette
Ils sont très rares. Rarement spontanés, ils sont le plus souvent région d’autant que ces phlegmons sont susceptibles de
consécutifs à une inoculation directe lors d’une fausse route complications hémorragiques.
instrumentale par exemple. L’abord externe est préféré par de nombreux auteurs [25] : il comporte
Nous ne faisons qu’évoquer ici les suppurations froides une incision cutanée, au-dessous de l’angle mandibulaire, à 1 ou
rétropharyngées qui s’intègrent dans le cadre du mal de Pott 2 cm de celui-ci de façon à préserver le rameau mentionnier. Un
occipital ou cervical supérieur. écarteur refoule le sterno-cléido-mastoïdien et l’écarte de la glande
sous-maxillaire en avant ; l’axe jugulocarotidien est repéré. Le
ABCÈS LATÉROPHARYNGIENS décollement est ensuite réalisé à l’aide d’un instrument non coupant
ou du doigt pour aboutir à la collection qui est incisée puis drainée
¶ Abcès préstylien ou para-amygdalien
par une lame.
Il complique habituellement une angine et représente souvent le
Les complications des collections parapharyngées sont maintenant
terme évolutif d’un phlegmon périamygdalien.
exceptionnelles mais viennent sanctionner un traitement insuffisant
Le tableau clinique est dominé par une odynophagie avec ou un diagnostic trop tardif.
hypersalivation et élévation thermique à 39-40 °C. Le trismus est
important mais il n’y a pas d’œdème de la luette ni de voussure de Ce sont les érosions carotidiennes [18], les thrombophlébites jugulaires
la partie haute du pilier antérieur ; c’est la paroi pharyngée tout avec foyer pulmonaire septique [14], les médiastinites suppurées
entière qui est refoulée en masse, refoulant l’amygdale en dedans et descendantes [7].
en bas. Les cellulites à anaérobies de la région cervicale sortent du domaine
La ponction exploratrice sous anesthésie locale, faite à l’aide d’une de notre exposé : le plus souvent d’origine dentaire, elles se
grosse aiguille sur une seringue étanche à usage unique, permet de caractérisent par un empâtement cervical diffus, une crépitation
confirmer la suppuration et d’évacuer l’abcès. Certains se contentent neigeuse et un syndrome infectieux sévère.
de ce geste éventuellement renouvelé les jours suivants ; d’autres
réalisent une incision en regard de la zone collectée sous anesthésie
locale ou générale, à l’aide d’un bistouri protégé, l’ouverture par
une pince de Lubet-Barbon assurant un drainage satisfaisant. Conclusion
¶ Abcès rétrostyliens La chirurgie des espaces parapharyngés s’adresse essentiellement aux
Ce sont en fait des adénophlegmons développés aux dépens des tumeurs et aux suppurations.
ganglions de la région sous-digastrique. Dans ces deux cas, les données de l’imagerie moderne (TDM et IRM)
Les signes cervicaux sont habituellement les premiers, la tuméfaction permettent de situer parfaitement la topographie de la tumeur et d’en
haute étant située juste au-dessous de la région parotidienne mais préciser les rapports avec le pharynx, la base du crâne et l’axe
refoulant parfois celle-ci. jugulocarotidien. L’abord des tumeurs cervicales dépend de leur
La température est élevée, la dysphagie importante, l’attitude de topographie exacte et de leur histologie présumée : abord transoral des
torticolis souvent évocatrice. Il existe un empâtement de la région tumeurs rétropharyngées, voie de parotidectomie des tumeurs de
jugulocarotidienne haute comblant l’espace rétromandibulaire. l’espace préstylien, cervicotomie des tumeurs de l’espace rétrostylien.
L’examen de l’oropharynx retrouve une voussure latérale et En fait, des voies combinées sont souvent nécessaires et l’abord
postérieure en arrière de l’amygdale. C’est dans ces cas que le transmandibulaire facilite la dissection et l’exérèse des tumeurs
recours à la TDM apparaît indispensable de façon à préciser la étendues ou malignes.
topographie de la collection, son importance et ses rapports de Les abscès des espaces parapharyngés dépistées par le scanner sont
voisinage. Un traitement antibiotique est mis en route le plus drainés, soit par voie transorale, soit par voie cervicale : le choix de la
précocement possible. voie d’abord dépend notamment de la topographie de l’abcès. Même
En cas d’une collection évoquée par les données de l’examen dans les abcès rétropharyngés, certains auteurs préfèrent l’abord
clinique et confirmée par la TDM, un drainage est réalisé le plus cervical à l’abord transoral, alors que dans les abscès latérocervicaux
souvent sous anesthésie générale avec intubation. l’abord cervical est toujours nécessaire.
Références ➤
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46-490 Chirurgie de l’espace parapharyngé Techniques chirurgicales
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8
46-520
Encyclopédie Médico-Chirurgicale 46-520
Résumé. – La glande sous-mandibulaire et la glande sublinguale sont, avec la parotide, les trois glandes
salivaires principales. Leur pathologie est infectieuse, inflammatoire ou tumorale. Si la pathologie tumorale
prédomine au niveau des parotides (63 %), à l’opposé les processus infectieux, lithiasiques ou non, et
inflammatoires sont l’apanage avant tout des glandes sous-mandibulaires et sublinguales dans 85 % des
cas [12]. Si la pathologie tumorale relève d’un acte chirurgical, d’autres techniques, non invasives, font partie
de l’arsenal thérapeutique à l’heure actuelle. La chirurgie des glandes sous-mandibulaires et sublinguales est
indiquée dans les pathologies lithiasiques, les plus fréquentes, et pour les tumeurs bénignes ou malignes. Si la
technique chirurgicale est bien codifiée, cette chirurgie n’est pas exempte de complications et nécessite de ce
fait une bonne connaissance de l’anatomie chirurgicale. D’autres techniques, telles que l’endoscopie et la
lithotripsie, doivent être discutées devant une lithiase sous-mandibulaire.
© 2000 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Dehesdin D et Vinel V. Chirurgie de la glande sous-mandibulaire. Chirurgie de la glande sublinguale. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous
droits réservés), Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46 520, 2000, 9 p.
Chirurgie de la glande sous-mandibulaire
46-520 Techniques chirurgicales
Chirurgie de la glande sublinguale
cependant souvent laborieuse et hémorragique, du fait des
remaniements inflammatoires puis cicatriciels provoqués par chaque
poussée infectieuse.
Si les calculs siègent uniquement sur le trajet du canal de Wharton
et si la glande reste fonctionnelle, seul un geste sur le canal de
Wharton est proposé. Si la lithiase intéresse uniquement la glande
sous-mandibulaire, une sous-mandibulectomie est réalisée. S’il s’y
associe un ou plusieurs calculs sur la voie excrétoire, peu accessible
par voie cervicale, un geste endobuccal est conjointement réalisé.
La technique d’endoscopie peut être proposée pour une lithiase
intracanalaire.
La lithotripsie intra- ou extracanalaire doit être discutée pour les
lithiases non accessibles par la seule voie intrabuccale, et ce, quelle
que soit la taille du calcul [19] . Elle est réalisée sous contrôle
échographique [1, 16, 29]
¶ Pathologie tumorale
Elle est nettement moins fréquente : selon les auteurs, elle représente
5 à 25 % des indications de sous-mandibulectomie. Il s’agit avant
tout de tumeurs primitives de la glande, bénignes ou malignes. Par
rapport aux tumeurs parotidiennes, les tumeurs de la glande sous-
mandibulaire sont plus souvent malignes dans 40 à 60 % des cas
selon les séries [13, 14, 30, 31, 35] . Parmi les tumeurs bénignes, les
adénomes pléomorphes ou tumeurs mixtes représentent plus de la
moitié des cas ; on rencontre également des adénomes, des kystes,
des cystadénolymphomes papillaires.
Les tumeurs malignes sont avant tout des cylindromes, ou
2 Glande sous-mandibulaire, vue inféroexterne, d’après Carpentier [6]. carcinomes adénoïdes kystiques, et des tumeurs mucoépidermoïdes.
1. Parotide ; 2. veine jugulaire externe ; 3. axe carotidien ; 4. ventre postérieur Les adénocarcinomes, les épithéliomas, les lymphomes, les
du muscle digastrique ; 5. nerf grand hypoglosse ; 6. veine faciale ; 7. artère faciale ;
8. glande sous-mandibulaire sectionnée ; 9. muscle mylohyoïdien ; 10. aponévrose cer- sarcomes, les carcinomes anaplasiques sont plus rares.
vicale superficielle sectionnée réclinée. Quant aux métastases sous-mandibulaires, elles s’observent
essentiellement dans le cadre de tumeurs locorégionales qu’elles
soient mandibulaires, labiales, buccales ou pharyngées, par
extension de proche en proche, ou par voie lymphatique ou
hématogène.
2
Chirurgie de la glande sous-mandibulaire
Techniques chirurgicales 46-520
Chirurgie de la glande sublinguale
haute, voire de la base du crâne. Une sous-mandibulectomie peut
être alors nécessaire pour faciliter l’abord de la lésion. 4 Technique de la sous-
mandibulectomie. Incision
cutanée.
¶ Hypersialorrhée
Certaines pathologies neurologiques, intéressant l’enfant comme
l’adulte, entraînent une hypersialorrhée très invalidante sur le plan
sociofamilial. Elles sont dues non pas à une hypersécrétion salivaire
mais à une incompétence de la musculature linguale et vélopalatine
entravant la déglutition. La glande sous-maxillaire produit à elle
seule 70 % des sécrétions salivaires.
Outre les thérapeutiques médicales, radiothérapiques habituellement
proposées, plusieurs procédés chirurgicaux ont été décrits pour
lutter contre l’hypersialorrhée, parmi lesquels la sous-maxillectomie
et la dérivation de son canal excréteur.
¶ Nerf lingual
Il est exposé lors de la dissection de la face profonde de la glande
sous-mandibulaire, ou encore lors de l’abord du canal de Wharton 5 Technique de la sous-mandibulectomie.
par voie endobuccale. Dans les pathologies inflammatoires 1. Veine faciale sous le plan aponévrotique ; 2. berges cutanées ; 3. muscle peaucier in-
chroniques, les remaniements fibreux cicatriciels peuvent rendre son cisé.
repérage difficile et sa dissection délicate.
moins sous le bord inférieur de la branche horizontale de la
¶ Nerf grand hypoglosse mandibule (fig 4). Elle mesure environ 5 à 6 cm en moyenne,
s’étendant depuis la petite corne de l’os hyoïde en avant jusqu’au
La XIIe paire crânienne peut être exposée au cours de l’intervention
bord antérieur du muscle sterno-cléido-mastoïdien en arrière.
au pôle inférieur de la glande, à son bord antérieur et lors de la
L’incision au bistouri intéresse d’emblée la peau, le tissu sous-
dissection de son canal excréteur, dans le plancher buccal.
cutané, le muscle peaucier du cou, sans décoller ce dernier du plan
profond (fig 5). On visualise alors l’aponévrose cervicale superficielle
TECHNIQUE CHIRURGICALE sous laquelle la glande apparaît nettement ainsi que la veine faciale.
Hémostase des berges de l’incision par électrocoagulation. La face
¶ Sous-mandibulectomie (fig 4 à 11) superficielle de la glande est exposée après ouverture de
l’aponévrose cervicale superficielle, en avant de la veine faciale qui
L’intervention est réalisée sous anesthésie générale et intubation, par sera sectionnée après ligature au fil résorbable (fig 6). On récline en
voie nasale de préférence, pour permettre une éventuelle palpation haut et en arrière le lambeau cutanéopeaucier, en disséquant la face
endobuccale associée. Le malade est placé en décubitus dorsal, la superficielle de la glande au ras de sa capsule, sous l’aponévrose
tête en hyperextension, soit en abaissant la têtière, soit en plaçant un cervicale superficielle et la veine faciale : ceci est essentiel à la
billot sous les épaules, légèrement tournée vers le côté sain. préservation du rameau mentonnier du VII (fig 7). En avant et en
Le champ opératoire va de la pointe du menton et la commissure bas, la glande est libérée du ventre antérieur du digastrique en
labiale en avant au lobule de l’oreille en arrière, pour dégager toute ouvrant la gaine du muscle ; en avant et en haut, la glande est
la région cervicale antérieure et latérale. L’incision est tracée dans libérée dans la région sous-mentale puis séparée du bord postérieur
un pli naturel du cou si possible ; elle est curviligne, à concavité du muscle mylohyoïdien plus en profondeur, progressivement après
supérieure ; située à hauteur du corps de l’os hyoïde, à 4 cm au avoir électrocoagulé ou lié les pédicules artérioveineux
3
Chirurgie de la glande sous-mandibulaire
46-520 Techniques chirurgicales
Chirurgie de la glande sublinguale
8 Technique de la sous-mandibulectomie.
6 Technique de la sous-mandibulectomie. Ligature de la veine faciale. Incision 1. Pince de traction ; 2. muscle mylohyoïdien ; 3. section des adhérences vasculaires
de l’aponévrose sur la face externe de la glande sous-mandibulaire. du muscle mylohyoïdien.
1. Veine faciale ; 2. muscle mylohyoïdien ; 3. glande sous-mandibulaire (face superfi-
cielle).
9 Technique de la sous-mandibulectomie.
1. Nerf lingual ; 2. ganglion sous-mandibulaire ; 3. pince tractrice sur la glande sous-
mandibulaire ; 4. canal de Wharton ; 5. muscle mylohyoïdien récliné par l’écarteur ;
6. nerf grand hypoglosse sous l’aponévrose de la loge.
4
Chirurgie de la glande sous-mandibulaire
Techniques chirurgicales 46-520
Chirurgie de la glande sublinguale
12 Coupe du plancher
buccal, d’après Guerrier
[15]
.
1. Muscle hyoglosse ; 2.
muscle mylohyoïdien ; 3.
nerf lingual ; 4. artère fa-
ciale ; 5. bassinet ; 6. nerf
hypoglosse ; 7. veine lin-
guale ; 8. glande sous-
mandibulaire.
10 Technique de la sous-mandibulectomie.
1. Nerf lingual ; 2. pince tractrice ; 3. canal de Wharton ; 4. muscle mylohyoïdien ;
5. nerf grand hypoglosse.
11 Technique de la sous-mandibu-
lectomie. Fermeture cutanée. Points sépa-
rés en surjet intradermique. Drain de
Redon.
13 Chirurgie du canal de
Wharton.
5
Chirurgie de la glande sous-mandibulaire
46-520 Techniques chirurgicales
Chirurgie de la glande sublinguale
Il se place tout d’abord à la tête du malade puis latéralement du
14 Chirurgie du canal de Wharton.
côté de l’intervention. Une incision fusiforme de 3 cm sur 1 cm
Incision du canal.
circonscrit au niveau du plancher buccal antérieur les deux
caroncules salivaires (fig 15A). On soulève le lambeau muqueux qui
est ensuite sectionné sur la ligne médiane de façon a obtenir deux
triangles muqueux identiques, centrés sur une caroncule salivaire.
Chaque lambeau est chargé par un fil tracteur. On procède d’un côté
puis de l’autre selon la même technique (fig 15B) : le canal de
Wharton est disséqué petit à petit de la pointe des ciseaux, d’avant
en arrière, jusqu’à exposer le nerf lingual, soit sur une longueur de
3 à 4 cm. Un tunnel sous-muqueux est créé dans le plancher buccal
postérieur en direction de la base du pilier antérieur de l’amygdale
où le lambeau muqueux et la caroncule sont réimplantés (fig 15C,
D).
Le drainage de la glande sous-mandibulaire est ainsi dérouté
directement vers l’oropharynx. Il est parfois nécessaire de réaliser
en même temps l’amygdalectomie pour éviter tout sepsis de
contiguïté. Les berges du lambeau muqueux sont suturées au fil
résorbable à la muqueuse du pilier antérieur de l’amygdale. On
termine en suturant l’incision du plancher buccal antérieur. Une
antibiothérapie per-et postopératoire est conseillée pour prévenir
une sous-maxillite postopératoire.
Certains opérateurs abouchent le canal de Wharton dans la loge
amygdalienne, c’est-à-dire en arrière du pilier antérieur, parfois
L’hémostase des berges est réalisée. La voie d’abord n’est pas après avoir réalisé au préalable une amygdalectomie.
suturée. Des soins de bouche sont prescrits pour quelques jours.
L’antibiothérapie peut être préconisée si la salive est puriforme.
TECHNIQUES NON INVASIVES
¶ Chirurgie de la lithiase du bassinet de la glande ¶ Microendoscopie
sous-mandibulaire
Préconisée par certains auteurs, elle est réalisée à l’aide
Cette intervention est indiquée quasi exclusivement pour de d’endoscopes de 2 à 2,7 mm de diamètre ; certains utilisent le
volumineux calculs uniques. matériel d’arthroscopie temporomandibulaire [ 3 6 ] . Certains
Rendue difficile par des adhérences postinfection ou du fait du endoscopes possèdent un canal opérateur de 1 mm [2].
repérage délicat du calcul, elle n’est pas dénuée de risques : L’endoscope est introduit après avoir réalisé une sphinctérotomie
hémorragie, blessure du nerf lingual. Il est ainsi parfois nécessaire de l’orifice du canal de Wharton. Le calcul peut ainsi être visualisé
de reculer pour envisager une sous-mandibulectomie par voie puis extrait par succion ou à l’aide d’une micropince « pannier »
externe. [19, 25]
.
Le patient est placé en décubitus dorsal, tête en légère extension ; le L’endoscopie permet également de réaliser un contrôle après
cathétérisme du canal de Wharton est indispensable, poussé avec lithotripsie pour rechercher des calculs résiduels, évaluer le calibre
prudence jusqu’au bassinet pour éviter toute fausse route. de la voie excrétrice ou déceler des anomalies de la muqueuse
L’anesthésie locale, inconfortable, rend le repérage délicat ; elle doit canalaire ou des polypes [25].
être menée loin en arrière dans le plancher lingual, jusqu’au contact Cet acte, atraumatique et sans complication, ne soulève guère de
du calcul. difficultés techniques ; il reste rarement irréalisable : cinq cas sur 46
L’anesthésie générale est préférable pour le confort du patient et du pour Nahlieli, 12 cas sur 39 pour Arzoz [2, 25].
chirurgien, avec intubation nasotrachéale.
¶ Lithotripsie
On incise la muqueuse du plancher buccal latéral, puis la dissection
s’effectue prudemment, par discision des fibres musculaires entre Cette technique peut être proposée quelle que soit la composition
muscles mylohyoïdien et hypoglosse ; l’hémostase des veines chimique des calculs.
linguales, profondes, s’effectue au mieux en électrocoagulation La lithotripsie intracorporelle est réalisée au laser pulsé, d’une
bipolaire pour préserver le nerf grand hypoglosse à leur contact. longueur d’onde de 504 nm ou par énergie pneumobalistique qui
Progressivement, la dissection douce, au contact de la face profonde serait plus efficace [2]. Elle nécessite un contrôle endoscopique
de la glande, aboutit au bassinet qui est incisé selon son grand axe, permanent [17]. Elle est indiquée dans les lithiases du bassinet où elle
après avoir repéré le canal de Wharton cathétérisé au préalable et le permet un traitement définitif et complet dans 50 % des cas ; dans
nerf lingual qui le contourne par en dessous. Le calcul est expulsé les autres cas, la fragmentation des calculs est telle qu’une expulsion
par la pression salivaire ou à la curette. spontanée est possible, rendant ainsi la lithiase asymptomatique [17].
La suture muqueuse, au fil résorbable, est partielle, volontairement La lithotripsie extracorporelle, utilisée pour la première fois en 1989
non étanche, en prenant garde de ne pas enserrer le canal de sur une lithiase parotidienne, doit être effectuée avec un matériel
Wharton dont le cathétérisme n’est retiré qu’en fin d’intervention. dédié aux glandes salivaires pour des raisons de puissance, de
focalisation, de positionnement du patient pendant la séance, pour
Les soins locaux par bains de bouche sont nécessaires en éviter d’endommager les tissus avoisinants [19]. Le lithotripteur
postopératoire ; l’antibiothérapie de principe est discutable en piézoélectrique semble le plus adapté [36] ; certains utilisent un
dehors d’une surinfection salivaire manifeste. générateur électromagnétique miniaturisé [19].
Un repérage est effectué par échographie à l’aide de sondes de 7,5 à
¶ Dérivation des canaux de Wharton [3, 4, 5, 8, 20, 28, 34]
10 MHz. La séance s’effectue en ambulatoire, sans anesthésie ;
L’intervention se déroule sous anesthésie générale et intubation certains auteurs préconisent une anesthésie locale du nerf dentaire
nasale, tête en position de Rose. Un packing est placé dans le fond inférieur pour améliorer la tolérance [1].
de la cavité buccale pour éviter toute inhalation de sang pendant le Un test préalable avec une gomme à mâcher permet d’évaluer
geste chirurgical. Le chirurgien peut se munir d’une lampe frontale. sécrétion et excrétion salivaires [36]. La mise en place de protections
6
Chirurgie de la glande sous-mandibulaire
Techniques chirurgicales 46-520
Chirurgie de la glande sublinguale
15 Dérivation du canal de Wharton.
*
A *
B
*
C *
D
dentaire et auditive est recommandée [29]. Grossesse et troubles de Paralysie du nerf lingual
l’hémostase sont des contre-indications au même titre que Elle entraîne une anesthésie gustative et sensitive de l’hémilangue
l’impossibilité du repérage échographique de la lithiase. La mobile correspondante et des paresthésies parfois douloureuses. Il
lithotripsie doit être réalisée à distance d’un épisode infectieux ou s’ensuit des brûlures et des morsures de langue. Elle est rapportée
inflammatoire. La source utilisée, de forme cylindrique ou conique, dans 3 à 6 % des cas [23, 32].
a une focale de 2,4 à 3 mm ; 1 200 tirs, en moyenne, sont réalisés par
séance sous une énergie moyenne de 12 kV, à raison de 0,5 à 2 tirs/s. Paralysie du nerf grand hypoglosse
Plusieurs séances sont en règle nécessaires.
Elle est responsable d’une paralysie motrice de l’hémilangue
Ses indications sont les lithiases non accessibles par la seule voie homolatérale. Elle est peu fréquente (0 à 6 %) [23, 32] et entraîne une
orale, quels que soient le siège et le volume du calcul [1, 19]. D’autres déviation de la langue du côté paralysé avec fasciculations et
auteurs réservent la lithotripsie aux lithiases de petite taille, de siège atrophie.
intracanalaire [29] ; pour Iro, une lithiase supérieure à 12 mm doit
bénéficier d’une exérèse chirurgicale. Hémorragie postopératoire
Selon les auteurs, 80 à 97 % des patients sont asymptomatiques ; D’importance variable, elle est redoutable lorsqu’elle provient de
dans 33 à 67 % des cas, le contrôle échographique et l’endoscopie l’artère faciale et nécessite une réintervention immédiate.
confirment l’absence de lithiase résiduelle [1, 19, 29]. L’hématome postopératoire, plus fréquent, doit être prévenu par une
hémostase soigneuse de la loge avant fermeture.
COMPLICATIONS POSTOPÉRATOIRES
Infection postopératoire
¶ Après chirurgie de la glande sous-mandibulaire [24]
Elle est peut-être plus fréquente dans le cadre d’une pathologie
Paralysie du rameau mentonnier infectieuse chronique. L’idéal est d’intervenir à distance d’un
épisode aigu ; une antibiothérapie prophylactique systématique doit
Transitoire, elle est fréquente et se manifeste par une paralysie de la dans ce cas être proposée.
commissure labiale, de l’hémilèvre inférieure et des muscles
peauciers du cou homolatéraux. Elle entraîne une gêne à l’élocution ¶ Après chirurgie du canal de Wharton
et à l’alimentation, et est responsable d’une asymétrie inesthétique à
l’ouverture de la bouche ou du sourire. Selon les auteurs, elle Sous-mandibulite aiguë précoce
s’observe dans 7 à 18 % des cas [23, 32]. Elle est traitée par antibiothérapie et soins locaux ; le passage à la
Rappelons que son traitement est préventif, lors de l’abord chronicité amène à réaliser une sous-mandibulectomie
chirurgical de la glande. secondairement.
7
Chirurgie de la glande sous-mandibulaire
46-520 Techniques chirurgicales
Chirurgie de la glande sublinguale
Grenouillette sublinguale
16 Chirurgie de la grenouillette.
C’est une complication clinique observée dans 5 à 20 % des cas. Elle
se développe dans les 6 mois qui suivent l’intervention.
Elle s’explique du fait du drainage multiple de la glande
sublinguale : en partie dans le Wharton et en partie directement au
niveau de la muqueuse buccale. Compte tenu de sa fréquence
relative, certains opérateurs réalisent d’emblée la dérivation du canal
de Wharton et l’ablation de la glande sublinguale.
RAPPEL ANATOMIQUE
La glande sublinguale est la plus petite des trois glandes salivaires
principales. Elle est située au niveau du plancher buccal latéral, juste
sous la muqueuse, dans la fossette sublinguale qui marque son
empreinte à la face interne de la branche horizontale de la
mandibule. La glande reste en rapport avec le prolongement antéro-
interne de la glande sous-mandibulaire en arrière, son homologue
controlatéral en avant, le muscle mylohyoïdien au niveau de son
insertion mandibulaire en bas, la face interne de la mandibule en
dehors et le muscle génioglosse en dedans, dont elle est séparée de
haut en bas par le nerf lingual, le canal de Wharton et le nerf grand
hypoglosse. Le drainage de la glande se fait par de multiples canaux
excréteurs qui s’abouchent pour une part dans le canal de Wharton 17 Marsupialisation du kyste et suture
aux berges de la muqueuse.
et pour une autre part directement au niveau de la muqueuse
gingivolinguale. On individualise parfois un canal excréteur plus
important, le canal de Bartholin, qui se termine soit dans le canal de
Wharton, soit à proximité de son abouchement au niveau de la
caroncule salivaire.
INDICATIONS CHIRURGICALES
La pathologie de la glande sublinguale est beaucoup moins courante
que celle des deux autres glandes salivaires principales et se résume
aux grenouillettes et aux tumeurs bénignes et malignes. Ces
dernières ne sont pas évoquées car leur traitement est identique à
celui des tumeurs malignes du plancher buccal.
¶ Grenouillette
C’est un kyste rétentionnel mucoïde acquis dont le contenu
muqueux est extraglandulaire. Le kyste se localise au niveau du
plancher buccal, mais peut s’étendre vers la région cervicale. Il est
en règle unilatéral. Ces kystes résultent soit de traumatismes locaux,
en particulier dentaires ou chirurgicaux, soit encore de l’obstruction
partielle des canaux excréteurs de la glande. Sur le plan
histologique, il est important de distinguer les kystes épidermiques
ou kystes simples, les moins fréquents des pseudokystes développés
à partir d’une extravasation muqueuse. Les premiers peuvent TECHNIQUE CHIRURGICALE
relever d’une simple marsupialisation alors que les seconds L’intervention est en règle réalisée sous anesthésie générale avec
imposent la résection de la glande sublinguale sous peine de intubation nasale, parfois sous anesthésie locale. Le patient est
récidiver. Dans les plus petits kystes (inférieurs à 1 cm) apparus en installé en position de Rose, avec un écarteur à bouche et un fil
dehors de tout contexte traumatique, il est conseillé une exérèse du tracteur sur la pointe de langue (fig 16).
kyste plutôt qu’une marsupialisation et une exérèse de la glande en
cas de récidive. Pour les kystes plus volumineux (supérieurs à 1 cm) ¶ Marsupialisation du kyste (fig 17)
ou à développement cervical ou favorisés par des traumatismes, on
préconise plutôt d’emblée l’exérèse du kyste et de la glande [8, 9]. On incise la muqueuse du plancher buccal puis du kyste selon son
Les grenouillettes à extension cervicale, c’est-à-dire à localisation grand axe avec un bistouri. Son contenu mucoïde s’évacue et permet
sublinguale et sus-hyoïdienne, forment des lésions en « bissac » dont alors de réséquer la partie superficielle du kyste ; si cette paroi est
l’isthme se situe au niveau du muscle mylohyoïdien. Les kystes sont fine, une résection simultanée en « quartier d’orange » de la paroi
parfois complètement contrôlés par voie cervicale après du kyste et de la muqueuse peut être réalisée. On suture ensuite les
élargissement de l’isthme. Sinon, il faut associer au temps cervical berges du kyste à la muqueuse du plancher buccal au fil résorbable.
un temps endobuccal pour l’exérèse du contingent buccal. Des soins de bouche sont conseillés pendant quelques jours.
8
Chirurgie de la glande sous-mandibulaire
Techniques chirurgicales 46-520
Chirurgie de la glande sublinguale
Le nerf lingual et le canal de Wharton situés en dedans de la glande
18 Dissection sous-muqueuse des parois
sont progressivement refoulés à l’aide d’un instrument mousse ou
du kyste.
d’un tampon monté.
On termine en vérifiant l’hémostase de la loge, notamment des
vaisseaux sublinguaux ; une suture muqueuse non hermétique est
réalisée au fil résorbable.
Les bains de bouche sont nécessaires après l’intervention.
COMPLICATIONS
¶ Hémorragie
Aux dépens de l’artère sublinguale ou de l’hématome, l’hémorragie
est exceptionnelle.
Références
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9
Techniques chirurgicales - Tête et cou
[46-535]
Résumé
Après lavage, un large drainage est institué, le lambeau cutané étant juste posé sur la
région cervicale. Le pansement est systématiquement refait sous anesthésie générale le
lendemain de l'intervention, la poursuite des nécroses tissulaires justifiant de nouvelles
résections itératives, l'amélioration de l'état local permettant la réalisation de pansements
simples en réanimation. La décision de fermeture hermétique de la peau cervicale sera
prise en fonction de l'amélioration de l'état local et général. Il faudra toujours garder à
l'esprit la nécessité d'une thoracotomie en cas d'apparition d'une complication
médiastinale septique.
INTRODUCTION
Les cellulites cervicomédiastionales sont des affections fort heureusement rares, mais
d'une extrême gravité potentielle ; cette gravité dépend en partie du retard à la mise en
oeuvre du traitement dont la chirurgie reste un point essentiel.
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Investigations bactériologiques
Elles montrent que ces infections sont habituellement mixtes aéro- et anaérobies. Toutes
les variétés de germes anaérobies à Gram positif et à Gram négatif y sont représentées
sans prédominance, mais le germe aérobie le plus fréquemment retrouvé est
Streptococcus pyogenes . Dans certains contextes, chez des patients alcoolotabagiques
notamment, il peut y avoir une surinfection secondaire par des bactéries à Gram négatif
qui sont devenues, sur ce terrain, des commensaux de la cavité buccale.
Propagation de l'infection
Le gîte infectieux extramuqueux primitif est péribuccal (région sous-mentale, loge sous-
maxillaire) ou péripharyngé (région parapharyngée préstylienne ou parapharyngée
rétrostylienne). La zone primitivement infectée peut être également rétropharyngée, elle
succède alors souvent à une inoculation septique vulnérante. à partir de points de
faiblesses anatomiques, les loges contiguës sont envahies, la gouttière jugulocarotidienne
est précocement concernée à partir des régions péribuccales et péripharyngées.
Finalement, l'infection va gagner toutes les loges anatomiques du cou, y compris les loges
glandulaires thyroïdiennes, parotidiennes et sous-maxillaires [1].
Il est apparu, dans notre expérience, que deux situations cliniques devaient être
distinguées [4] : la forme avec myonécrose massive réalisant une gangrène gazeuse, et la
forme plus torpide, sans myonécrose importante, d'aspect pseudophlegmoneux. Dans les
deux cas il existe un état général infectieux sévère avec une fièvre aux alentours de 40°C,
souvent des troubles hémodynamiques faisant craindre un choc septique et des
manifestations fonctionnelles aérodigestives supérieures : dyspnée plus ou moins sévère
ayant pu nécessiter une intubation en urgence, trismus parfois, douleurs cervicales
toujours.
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L'oxygénothérapie hyperbare est discutée dans ces indications. Son rôle n'a pas été
clairement établi, elle est de toutes façons très rarement réalisable, compte tenu des
problèmes de transport et de mise en place en caisson de patients à l'hémodynamique
instable, intubés et ventilés .
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INDICATION OPÉ RATOIRE
L'indication opératoire est une grande urgence s'il s'agit d'une forme gangreneuse compte
tenu de la rapidité évolutive de cette variété et surtout de sa possibilité d'extension plus
particulière vers le médiastin. Le moment du drainage d'une forme pseudophlegmoneuse
dépendra plus des signes de gravité générale du patient, et notamment de l'existence
d'une intolérance hémodynamique, qui est toujours un signe de gravité et doit inciter à
une intervention précoce.
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L'incision est rarement limitée à une cervicotomie unilatérale si la lésion est très
limitée ; dans la grande majorité des cas il s'agit d'une incision bimastoïdienne
permettant d'exposer toute la région cervicale. Le geste opératoire doit avoir
trois buts :
Les excisions réalisées, tous les tissus cervicaux sont lavés à l'eau oxygénée
bétadinée, les tissus étant frottés à la compresse, les espaces celluleux sont
rincés largement à l'aide de seringues de 50 cm3.
Ces espaces sont drainés par mise en place de lames multitubulées passant de
part et d'autre de l'espace rétropharyngé, d'autres lames étant glissées sous le
sterno-cléido-mastoïdien, contre l'axe vasculaire, drainant éventuellement la
région sous-maxillaire. Enfin, deux gros drains thoraciques sont placés, en «
canon de fusil », dans le défilé cervicothoracique en prétrachéal et
éventuellement en rétroviscéral.
Il n'est pas réalisé de suture des plans cutanés et sous-cutanés ; quatre fils de
type Mersuture sont placés sur le lambeau cervical, ils faciliteront les
manipulations opératoires ultérieures. Ce lambeau cervical est rabattu sur des
compresses imbibées d'eau oxygénée bétadinée. La peau cervicale étant elle-
même recouverte par des compresses imbibées d'eau oxygénée bétadinée, des
compresses sèches et des champs Tétra. Ce pansement est recouvert d'un champ
jetable stérile collé à la peau cervicale et thoracique.
Références
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Fig 1 :
Fig 1 :
Vue préopératoire.
Fig 2 :
Fig 2
Fig 3 :
Fig 3
Fig 4 :
Fig 4 :
Fig 5 :
Fig 5
Fig 6 :
Fig 6 :
Fig 7 :
Fig 7 :
Excision.
Fig 8 :
Fig 8 :
Lavage.
Fig 9 :
Fig 9 :
Lames multitubulaires : mise en place.
Fig 10 :
Fig 10 :
• médiastinales : dans le médiastin antérieur et moyen, elles se • la parathyroïde inférieure en situation basse peut être
dispersent jusqu’à la limite de la face antérieure de la crosse vascularisée par une branche venant de la crosse de l’aorte
de l’aorte, en arrière du plan veineux (exceptionnelles). (artère thyroïdienne moyenne), du tronc artériel bra-
chiocéphalique ou de l’artère mammaire interne homo-
Vascularisation des parathyroïdes (Fig. 3) latérale [16].
Vascularisation artérielle [2, 13] Drainage veineux
De façon synthétique et dans une optique chirurgicale, elle Il est assuré par un réseau superficiel sous-capsulaire qui
présente les particularités suivantes : conflue vers le hile et un réseau profond de distribution plus
• elle est de type terminal unique, l’artère glandulaire pénètre variable, non systématisé.
la glande au niveau d’un hile, où elle peut se bifurquer ou se Les parathyroïdes supérieures se drainent vers les veines
trifurquer ; thyroïdiennes moyennes, ou vers le corps thyroïde.
• la longueur de l’artère glandulaire est variable : courte ou Les parathyroïdes inférieures se drainent le plus souvent dans
flexueuse (1 à 40 mm) ce qui favorise sa dissection ; les veines thyroïdiennes inférieures.
• le système de l’ATI est prépondérant dans la majorité des cas
(80 à 90 %), l’artère glandulaire provient de l’ATI ou de
l’arcade marginale postérieure d’Halsted et Evans, tendue au
Histopathologie (Fig. 4)
bord postéro-interne du lobe thyroïdien, entre l’ATI et la
Hyperparathyroïdies primaires [17-20]
branche de trifurcation postérieure de l’ATS, dans ce cas
l’artère glandulaire naît de cette arcade près du tronc de Les trois lésions fondamentales responsables des hyperpara-
l’ATI [14, 15]; thyroïdies primaires (adénomes, hyperplasies et carcinomes)
• le plus souvent, l’artère glandulaire naît d’une branche de peuvent être parfois difficiles à caractériser du fait du manque
division de l’ATI, quelquefois directement du tronc de l’ATI, de spécificité des lésions anatomopathologiques qui permettent
elle est alors courte ; de les distinguer les unes des autres.
• la parathyroïde supérieure peut être vascularisée par la
Adénomes
branche de division la plus postérieure de l’artère thyroï-
dienne supérieure (5 à 10 %), l’artère glandulaire dans ce cas Ce sont des tumeurs bénignes, composées de cellules princi-
est toujours très courte ; pales, de cellules oncocytaires, et de cellules claires, un type
cellulaire prédominant le plus souvent ; l’adénome à cellules asymétrique ; on en décrit trois types : l’hyperplasie à cellules
principales est le plus fréquent [21, 22]. claires, l’hyperplasie à cellules principales, l’hyperplasie
lipomateuse [23].
Hyperplasies primitives
Carcinomes
Pour la majorité des auteurs elles représentent 5 à 10 % des
hyperparathyroïdies primaires et peuvent être définies par Entité rare, ils représentent environ 1 % des tumeurs para-
l’existence de quatre glandes augmentées de volume. Selon thyroïdiennes et doivent être suspectés devant un syndrome
certains auteurs, la plupart des lésions des parathyroïdes d’hyperparathyroïdie clinique et biologique sévère. Le diagnostic
étiquetées adénomes seraient en réalité des lésions d’hyperplasie histopathologique, difficile, est toujours évoqué sur des critères
macroscopiques : consistance dure, aspect nodulaire, contours unilatérale ou chirurgie minimale invasive). En effet, nous
irréguliers, taille supérieure à 3 cm, poids supérieur à 12 g [24]. rappelons que l’hyperparathyroïdie primaire est liée à la
présence d’un adénome unique, d’une hyperplasie diffuse des
Kystes parathyroïdiens glandes parathyroïdes, d’un double adénome ou d’un adénocar-
Ce sont des lésions bénignes très rares et exceptionnellement cinome parathyroïdien dans, respectivement, 88,9 %, 5,74 %,
à l’origine d’une hyperparathyroïdie primaire. Il pourrait s’agir 4,14 % et 0,74 % des cas [33].
d’adénomes parathyroïdiens nécrosés [25].
Échographie
Hyperparathyroïdies secondaires Simple, peu agressive et peu coûteuse, elle est à proposer en
Le degré d’hyperplasie est très variable d’un patient à l’autre première intention, malgré sa faible spécificité et ses insuffisan-
et les glandes, souvent volumineuses, peuvent présenter dans les ces dans l’exploration de certains sites anatomiques (médiastin,
cas évolués un aspect nodulaire ou nécrotique pseudokystique. région rétrotrachéale et rétro-œsophagienne) ; sa sensibilité varie
Il s’agit en règle d’hyperplasie à cellule principale. de 50 à 90 % selon l’équipement, l’opérateur, la localisation et
le volume tumoral [34] ; le seuil de détection actuel est de
3 mm ; en cas d’hyperplasie, sa sensibilité est moindre (40 à
■ Diagnostic et indication 60 %) [35-38].
En explorant la pathologie nodulaire thyroïdienne éventuel-
opératoire lement associée, l’échographie permet de prévoir un geste
chirurgical thyroïdien alors nécessaire ; de plus, elle aide à
Diagnostic positif d’hyperparathyroïdie l’interprétation du MIBI : nodule thyroïdien donnant une fausse
image pathologique, goitre multinodulaire rencontré dans
primaire [26] certains cas de scintigraphie non contributive [35].
L’hyperparathyroïdie primaire est singulière par son poly-
morphisme clinique, sans spécificité de la plupart des symptô- Scintigraphies
mes. Les signes cliniques révélateurs de l’hyperparathyroïdie Elles sont basées sur le caractère hyperfonctionnel des glandes
primaire sont très fréquemment ceux de l’hypercalcémie [27], ce pathologiques, et sont particulièrement indiquées pour la
qui justifie un dosage de la calcémie complété par le dosage de recherche des lésions ectopiques, notamment médiastinales.
la parathormone (PTH) intacte au moindre doute, chez tous La scintigraphie de soustraction au 201Tl- 99mTc est remplacée
patients présentant des signes même frustes compatibles avec aujourd’hui par la scintigraphie au 99mTc-Sestamibi, plus fiable,
une hyperparathyroïdie primaire. Les formes asymptomatiques plus simple et plus sensible. Le MIBI est l’examen le plus
ne sont pas rares : 10 à 20 % des cas selon les séries [28, 29]. efficace pour la localisation préopératoire de l’adénome para-
Certaines formes asymptomatiques d’hyperparathyroïdie thyroïdien, devant les autres techniques d’imageries : échogra-
primaire sont caractérisées par une calcémie normale associée à phie, autres types de scintigraphie, tomodensitométrie (TDM) et
une PTH élevée. Ce diagnostic est retenu lorsqu’il n’existe pas imagerie par résonance magnétique (IRM). La performance des
de cause d’élévation secondaire de la PTH et que le dosage scintigraphies est nettement moins bonne pour la localisation
sanguin de 25-OH vitamine D n’est pas inférieur à la limite des glandes hyperplasiques que pour celle d’un adénome [39].
physiologique (20 ng/ml). Cette variante normocalcique peut L’association MIBI et échographie apparaît comme la plus
représenter la manifestation précoce d’une hyperparathyroïdie rentable pour la plupart des études, notamment en termes de
primaire. rapport bénéfices/coûts [35].
Les diagnostics différentiels comprennent les hyperparathy-
roïdies provoquées par les diurétiques thiazidiques ou le lithium Autres examens
et l’hypercalcémie hypocalciurique familiale [30]. Ils sont à réserver au cas de récidive après une première
L’indication opératoire est formelle devant tout patient chirurgie. En cas d’hyperparathyroïdie persistante ou récidi-
symptomatique (lithiase rénale, manifestations osseuses, vante, il faut chercher à obtenir deux examens positifs, en
fatigabilité musculaire proximale). Néanmoins, 80 % des commençant par le binôme MIBI et échographie, et en réalisant
patients sont asymptomatiques. Un guide de recommandations si nécessaire une TDM ou une IRM.
publié en 2002 a proposé certains critères cliniques et paracli-
niques d’indication chirurgicale [31]. Ces critères sont synthétisés Tomodensitométrie
dans le Tableau 1. Le scanner de la loge thyroïdienne pour hyperparathyroïdie
primaire nécessite des coupes jointives de 5 mm et une injec-
Diagnostic de localisation tion iodée. La sensibilité est de 54 à 81 % selon les auteurs,
dans l’hyperparathyroïdie primaire [32] l’interprétation restant difficile pour des glandes de poids
inférieur à 500 mg.
L’échographie et la scintigraphie au 99mTc-Sestamibi (MIBI :
méthoxy-isobutyl-isonitrile) sont les deux examens d’imagerie Imagerie par résonance magnétique
systématiquement réalisés dans le diagnostic de localisation Elle permet une bonne exploration de la région basicervicale
d’une hyperparathyroïdie primaire. Ces examens vont orienter et du médiastin ; le seuil de détection est de 5 mm, et son
le type de chirurgie employé (exploration cervicale bilatérale, interprétation nécessite une grande expérience [40].
Tableau 1.
Conclusion
Indication opératoire et hyperparathyroïdie primaire asymptomatique. La stratégie chirurgicale est actuellement guidée par les
résultats de l’échographie et du MIBI [41]. Le but recherché est :
Critères d’indication opératoire devant une hyperparathyroïdie
• l’exérèse de la glande pathologique dans la chirurgie ciblée
primaire asymptomatique
minimale invasive ;
Calcémie totale > 1,0 mg/dl au-dessus de la normale • l’exérèse de la glande pathologique et la biopsie de la
(> 2,8 mmol/l) deuxième glande homolatérale dans l’abord unilatéral ;
Calciurie des 24 heures > 400 mg • l’exploration des quatre glandes dans l’abord bilatéral.
Diminution de la clai- 30 % Cette stratégie est synthétisée dans la Figure 5.
rance de la créatinine
Densité osseuse Score T < - 2,5 (vertèbre lombaire ou hanche Hyperparathyroïdie secondaire
ou 1/3 inférieur du radius)
Elle est le résultat d’une stimulation parathyroïdienne
Âge < 50 ans
chronique chez des sujets atteints d’insuffisance rénale au stade
de la dialyse. L’importance de la masse glandulaire hyperplasi- placé sous les épaules, de manière à défléchir le cou, alors que
que explique que les taux de PTH observés sont de 20 à 30 fois la tête sera discrètement surélevée par un anneau en
supérieurs à la normale. caoutchouc.
L’échographie est le seul examen de localisation réalisé de Le premier aide fait face au chirurgien et le second se met à
façon systématique, permettant dans le même temps une la tête de l’opéré.
évaluation thyroïdienne. L’instrumentation nécessaire est celle utilisée pour toute
chirurgie cervicale, complétée par un écarteur autostatique de
■ Techniques chirurgicales Joll et une coagulation bipolaire.
Figure 11. Adénome inférieur droit (A), ectopie acquise (P4), vue opératoire latérale droite (B, C). 1. Thyroïde ; 2. nerf récurrent ; 3. artère thyroïdienne
inférieure ; 4. œsophage ; 5. plan vertébral ; 6. adénome extériorisé.
Figure 12. Hyperplasie, vues opératoires. 1. Thyroïde ; 2. parathyroïde ; 3. trachée ; 4. œsophage ; 5. nerf récurrent.
A. Parathyroïde inférieure gauche.
B. Deux glandes en position moyenne.
Les glandes parathyroïdes pathologiques sont, de façon qui permet le plus souvent de porter, dès l’examen macroscopi-
logique, plus facilement reconnues que les glandes normales du que réalisé par le chirurgien, le diagnostic d’adénome
fait de leur augmentation de volume. Cependant, l’existence de parathyroïdien.
suffusions hémorragiques sous-capsulaires ou de phénomènes de
nécrose, qui accompagnent souvent les adénomes quand ils Recherche des glandes parathyroïdes « récurrentielles »
augmentent rapidement de volume, leur donne quelquefois une
coloration proche de celle du corps thyroïde, ce qui peut Dans les cas où l’on n’a pas reconnu de glandes parathyroïdes
compliquer leur discernement ; lorsque le doute persiste pour lors de l’exploration de la face postérieure du corps thyroïde, il
ces lésions juxtathyroïdiennes, c’est l’existence d’un plan de faut engager la dissection de l’espace cellulograisseux qui
clivage entre la formation nodulaire et le reste du corps thyroïde entoure le trajet du nerf récurrent, cette dissection est balisée
par la découverte et la reconnaissance de deux éléments éléments ganglionnaires des chaînes lymphatiques récurrentiel-
anatomiques essentiels (ATI, nerf récurrent lui-même). les, et est traversé par les veines thyroïdiennes inférieures et de
L’ATI est habituellement très facilement retrouvée, se présen- façon inconstante par l’artère thyroïdienne moyenne.
tant sous la forme d’un élément transversal, globalement Les deux nerfs récurrents représentent les limites à la fois
perpendiculaire au tronc artériel carotidien primitif, qu’elle postérieures et latérales de cet espace au niveau duquel se
croise à sa face profonde. L’identification de l’ATI amène au retrouvent des reliquats thymiques. On prendra un grand soin
chirurgien deux types d’informations : elle permet d’une part de à isoler et à identifier d’éventuelles cornes thymiques, car c’est
découper, dans un but de systématisation de l’exploration, à leur contact que sont retrouvées les glandes parathyroïdes
l’espace rétrothyroïdien en un étage sus-artériel et un étage ectopiques les plus fréquentes. L’examen doit être attentif et le
sous-artériel ; elle peut d’autre part être utilisée comme un fil chirurgien doit prendre un soin particulier à ne pas traumatiser
conducteur menant aux glandes parathyroïdes qu’elle vascula- les tissus afin de ne pas gêner l’identification d’une éventuelle
rise dans l’immense majorité des cas. glande parathyroïde qui se fait par la reconnaissance d’une
L’exploration complète et attentive de l’espace cellulograis- petite zone de coloration différente, orangée pour la glande
seux latérotrachéal ne peut se faire sans le repérage du nerf parathyroïde qui tranche sur un aspect grisâtre ou rosé pâle du
récurrent, aussi est-il hautement recommandé de réaliser, dès le thymus ; la parathyroïde est également individualisée grâce à
début de cette dissection, l’identification et la découverte de ce l’existence d’une capsule qui permet de la mobiliser et de la
nerf ; sa recherche est tout à fait classique, et le plus simple est séparer du tissu avoisinant, thymique ou graisseux ; on peut
de reproduire la méthode utilisée dans toute chirurgie thyroï- souvent reconnaître à sa surface son réseau vasculaire superficiel
dienne qui consiste à découvrir le nerf au niveau de la partie en forme de nervures de feuille.
basse de la loge, en arrière du pôle inférieur du corps thyroïde, Exérèse parathyroïdienne
dans l’angle ouvert en bas et en dehors que forme l’ATI et le
bord latéral de la trachée ; de façon schématique, mais très L’exérèse d’une ou de plusieurs glandes parathyroïdes ne peut
souvent vérifiée en pratique, le nerf récurrent est dans la démarrer qu’au terme d’une exploration complète qui aura
position de la bissectrice de cet angle du côté droit, alors qu’il permis de réaliser un bilan précis des lésions, et de faire autant
est beaucoup plus vertical à gauche, globalement parallèle au que possible le diagnostic de la forme d’hyperparathyroïdie à
bord latéral de la trachée. laquelle on est confronté : adénome ou hyperplasie primaire.
L’exploration de l’espace latérotrachéal va se poursuivre de Dans les cas les plus simples qui sont aussi heureusement les
façon progressive, du bas vers le haut avec la découverte du nerf plus fréquents, l’adénome parathyroïdien a été reconnu, nous
récurrent comme fil d’Ariane. en réalisons alors l’exérèse pour une étude histopathologique
extemporanée (BE). Le principal piège à éviter est celui d’une
À la partie basse, sous-artérielle, il est fréquent de retrouver
exérèse partielle qu’entraînerait la poursuite de la dissection
une glande parathyroïde au bord postérieur du nerf venant se
dans un faux plan de clivage ; il est donc particulièrement
mouler sur elle et qui doit donc en être séparée avec beaucoup
important de ne pas traumatiser cette glande pathologique, et
de précaution, il s’agit là d’un site privilégié pour les glandes
d’identifier sa capsule au contact de laquelle se fait la dissection
parathyroïdes supérieures (P4) qui, alourdies par l’existence d’un
qui doit être particulièrement prudente au niveau des zones de
adénome, viennent se ptoser dans cet espace celluleux qui offre
contact entre l’adénome et le nerf récurrent.
peu de résistance. En l’absence de glande reconnaissable à ce
Cette libération de proche en proche aboutit à la mobilisation
niveau, il est utile de réaliser un palper digital explorant à la
de l’adénome qui reste pédiculé sur son hile vasculaire qui sera
fois le bord latéral de l’œsophage et la face postérieure de
sectionné ; lors de cette libération il est nécessaire de réaliser la
l’artère carotide primitive.
coagulation des veines parathyroïdiennes qui se drainent
La poursuite vers le haut de la découverte du nerf récurrent souvent vers des veines capsulaires thyroïdiennes. Outre cette
amène à disséquer la zone de croisement du nerf et de l’ATI ; glande nous adressons au laboratoire un fragment ou la totalité
pour bien mener ce temps, souvent plus difficile en raison des d’une deuxième glande homolatérale dans le but de discerner
risques hémorragiques, il est indispensable de visualiser et adénome et hyperplasie primaire. L’association d’une glande
d’identifier les branches de division de l’ATI, avant de réaliser, macroscopiquement tumorale à une glande macroscopiquement
si cela s’avère indispensable à la dissection, des ligatures normale autorise, de façon très simple, le chirurgien à porter le
ultrasélectives de ses branches. Lorsqu’elle est située à ce niveau diagnostic d’adénome ; il est des cas douteux, ne serait-ce que
la glande parathyroïde, le plus souvent une glande P3, se trouve parce que le volume de l’adénome est modéré, où seule l’ana-
à la face profonde du plan artériel, il faudra donc très progres- lyse histopathologique confirmant la coexistence de tissu
sivement l’accoucher et l’extérioriser, ce qui se fait soit en pathologique et de tissu normal, permet le diagnostic. La mise
l’amenant à contourner les branches artérielles par le bas, soit en évidence du tissu normal pourra se faire au niveau de la
en l’extériorisant progressivement entre deux branches de glande malade où une collerette de glandes normale a pu être
l’artère. préservée, c’est ce que l’on appelle le « clocheton » ; en
La dissection de la partie supra-artérielle du trajet du récur- l’absence de ce dernier au niveau de la glande pathologique,
rent se fait en dernier ; dans cette portion, le nerf se rapproche c’est au niveau de l’autre glande parathyroïde qu’il faudra
habituellement de la capsule thyroïdienne à laquelle il peut rechercher du tissu parathyroïdien normal.
adhérer, il est très souvent longé par l’arcade artérielle qui, du
fait des manœuvres d’exposition réalisées, vient se placer Fermeture et drainage
au-dessus de l’élément nerveux. Les éléments anatomiques à Le temps d’exploration et d’exérèse étant terminé, la plaie
identifier à ce moment de la dissection sont : la corne inférieure opératoire va être largement lavée au sérum tiède afin de
du cartilage thyroïde et le muscle cricothyroïdien, et en arrière pouvoir vérifier la qualité de l’hémostase qui doit être parfaite.
d’eux, l’œsophage et le muscle constricteur inférieur du pha- Un ou deux drains de Redon-Jost® sont mis en place dans la
rynx. Une glande parathyroïde supérieure (P4) est souvent loge thyroïdienne, sortis dans la région supraclaviculaire latérale
retrouvée à ce niveau, se projetant à la face latérale du muscle après une courte tunnellisation sous-cutanée, assurant un
constricteur inférieur du pharynx, représenté ici par son faisceau drainage aspiratif. Les muscles sous-hyoïdiens sont suturés sur la
cricopharyngien, au-dessus et/ou en arrière de la pénétration ligne médiane par un fil résorbable de monobrin de diamètre
laryngée du nerf récurrent. 3/0. Cette suture est menée de haut en haut et respecte une
zone triangulaire, d’environ 3 cm de hauteur, dite triangle de
Recherche des glandes parathyroïdes « thymiques »
sécurité qui fait donc communiquer la loge thyroïdienne avec
L’absence de découverte des deux glandes parathyroïdes au le plan de décollement sous-cutané ; l’intérêt de cette commu-
niveau des zones que nous venons de décrire amène le chirur- nication est d’éviter d’enfermer un hématome dans la loge
gien à explorer la partie basse de la loge thyroïdienne et son profonde. La fermeture cutanée se fait en deux plans : profond
prolongement vers le médiastin supérieur ; cet espace péritra- au fil résorbable et superficiel par un surjet intradermique avec
chéal est occupé par du tissu graisseux, contient de nombreux un fil nylon de diamètre 4/0, qui sera retiré le cinquième jour
Figure 14. Stratégie de recherche de la parathyroïde inférieure (P3) (A, B, C) et (P4) (D, E).
A. Aire habituelle (80 % des glandes).
B. Aire incluant les ectopies classiques (98 % des glandes).
C. Aire incluant les ectopies exceptionnelles (100 % des glandes).
D. Aire habituelle.
E. Aire incluant les localisations ectopiques.
Toutes les informations recueillies au cours de ce geste double, d’autre part la méconnaissance des formes de passage
chirurgical doivent être notées dans le compte-rendu opératoire, entre adénome et hyperplasie. La réintervention est dans cette
et nous avons l’habitude d’y associer un schéma synthétique pathologie toujours précédée par un bilan extrêmement complet
qui facilite l’interprétation de cette première intervention dans avec réalisation d’une imagerie spécifique qui, lorsqu’elle a été
l’optique d’une éventuelle reprise chirurgicale. contributive, est particulièrement décisive pour guider le
L’absence de découverte des quatre glandes ne fait jamais chirurgien qui s’orientera d’emblée vers la loge thyroïdienne
pratiquer pour nous une sternotomie ou une médiastinoscopie marquée. Nous recommandons de ne réaliser, sauf cas particu-
dans le même temps, son indication est toujours remise à plus lier, qu’une exploration unilatérale afin de prévenir tout risque
tard et ne sera posée qu’après confirmation de l’hyperparathy-
de iatrogénie grave, récurrentielle ou parathyroïdienne. La
roïdie résiduelle (certains patients peuvent ne posséder que trois
situation la plus facile est celle où l’on intervient du côté
glandes parathyroïdes) et la réalisation de nouvelles explorations
opposé à la loge déjà explorée et où l’on retrouve un adénome
d’imagerie.
ou deux glandes hyperplasiques. La résection glandulaire sera,
Chirurgie des récidives d’hyperparathyroïdies de plus, adaptée aux constatations peropératoires et aux gestes
La situation est ici fort différente ; en fonction du contexte et précédemment réalisés : ablation de l’adénome seul si l’autre
du geste initialement réalisé, deux cas de figures peuvent être glande homolatérale est normale et si l’on avait déjà exploré
distingués. complètement le côté opposé, ablation des deux glandes
hyperplasiques si l’on a la notion de conservation d’au moins
Récidive après traitement d’un adénome parathyroïdien une glande de l’autre côté. Dans les cas où l’information
C’est une situation relativement rare et il y a deux grandes manque, il est utile de prévoir la conservation de tissu parathy-
causes d’échec : d’une part la méconnaissance d’un adénome roïdien par cryopréservation.
Figure 16. Chirurgie sur loge thyroïdienne déjà opérée, abord latéral de
Figure 15. Chirurgie du cancer parathyroïdien. 1. Abord latéral de la l’espace rétrothyroïdien (la flèche montre le bon plan de dissection à
région rétrothyroïdienne ; 2. abord paramédian, transisthmique, du nerf suivre).
récurrent ; 3. cancer parathyroïdien.
limites sont celles que l’on donne à l’évidement médiastinoré- Plusieurs méta-analyses récentes ont démontré une efficacité
currentiel réalisé dans le cadre du traitement des cancers de la certaine. La première publiée en 2005 [33] proposait une revue
thyroïde. On explore systématiquement en progressant du haut de la littérature concernant 225 références et 20 225 parathyroï-
vers le bas, un côté après l’autre, la gouttière située entre, en dectomies. Seules 30 études concernant le rôle de la PTH rapide
dedans l’axe trachéo-œsophagien, et en dehors le tronc caroti- étaient analysables. Les résultats ont montré une hypercalcémie
dien primitif ; la dissection est menée vers le bas jusqu’à la face persistante après chirurgie dans 1,34 % des cas utilisant la PTH
antérieure de la crosse de l’aorte ; la reconnaissance du nerf rapide contre 5 à 8 % des cas sans utilisation.
récurrent et son contrôle visuel permanent sont bien entendu La stratégie d’exploration unilatérale n’a pas été modifiée par
essentiels lors de cette exploration qui va permettre de découvrir cette technique dans 94,5 % des cas. Cependant, elle a permis
les reliquats thymiques, remontant plus ou moins haut dans le dans 5,46 % des cas de convertir une chirurgie unilatérale a
priori satisfaisante (lésion localisée en préopératoire, adénome
cou. Un adénome éventuel est progressivement remonté avec le
ou hyperplasie découverte en peropératoire) en une exploration
thymus, sous la capsule duquel on peut l’individualiser. Chemin
bilatérale avec une efficacité de 60 % (chute du taux de PTH de
faisant, on aura lié les veines thyroïdiennes inférieures et, si
plus de 50 %) pour les patients « convertis ». L’utilisation de la
nécessaire, l’inconstante artère thyroïdienne moyenne. PTH rapide a permis de retrouver 98,4 % de vrais positifs,
Un doigt passé dans la loge de dissection, reconnaît la crosse 3,37 % de faux positifs (chute du taux de PTH de plus de 50 %
de l’aorte et confirme l’absence de masse palpable, susceptible mais persistance d’une hypercalcémie en postopératoire) et
de correspondre à un adénome situé plus bas. 1,94 % de faux négatifs (patients guéris mais PTH rapide
L’exploration médiastinale postérieure se fait en suivant la n’ayant pas diminué de 50 %).
direction du nerf récurrent, le long du bord externe de l’œso- Aucune étude ne compare la PTH rapide versus l’analyse
phage ; à ce niveau, le tissu celluleux se laisse aisément effon- extemporanée afin de dépister une éventuelle hyperplasie
drer et l’exploration au doigt permet quelquefois d’isoler le pôle parathyroïdienne. L’avantage théorique de la PTH rapide
supérieur d’un adénome qui peut être volumineux, mais qui ne concernerait la présence d’un double adénome où l’analyse
pose habituellement pas de difficulté à son extériorisation vers extemporanée serait dans tous les cas prise en défaut.
le haut. Une seconde méta-analyse [48] a proposé un algorithme
La nécessité de réaliser une sternotomie est une situation rare décisionnel intégrant la PTH rapide dans la chirurgie ciblée
et dont la fréquence diminue avec l’expérience du chirurgien. minimale invasive (Fig. 17).
La sternotomie peut être limitée en hauteur au niveau du
troisième espace intercostal, ce qui autorise un jour suffisant Rôle de la gamma-caméra peropératoire
tout en simplifiant la fermeture et les suites opératoires. Après De nombreuses équipes utilisent de façon régulière la gamma-
séparation des culs-de-sac pleuraux, l’exploration du médiastin caméra pour localiser en peropératoire la glande pathologique.
antérieur est extrêmement facile, et il n’y a le plus souvent Cette technique est réalisable si l’adénome fixe à la scintigraphie
aucune difficulté à reconnaître un adénome en position intra- Sestamibi. L’injection du produit radioactif est pratiquée
thymique médiastinale ; dans les cas où l’on ne retrouve pas 2 heures avant la chirurgie et une sonde portable est utilisée en
aisément la glande parathyroïde, il faut reprendre la dissection peropératoire pour guider le chirurgien. Les principaux avanta-
qui aboutit à l’exérèse du thymus et du tissu celluloganglion- ges de son utilisation sont de détecter rapidement en peropéra-
naire qui l’entoure, jusqu’au niveau du bord inférieur du corps toire l’adénome, notamment ceux qui sont localisés dans une
thyroïde. Actuellement la sternotomie est remplacée par une position ectopique ou dans une région profonde du cou, de
médiastinoscopie permettant des suites opératoires identiques à permettre le contrôle de l’exérèse complète de l’adénome par
celle obtenues après cervicotomie. L’abord est réalisé par une l’absence de radioactivité résiduelle et de mesurer directement
incision cervicale sus-sternale pouvant correspondre à l’incision ex vivo sur la pièce opératoire la radioactivité [49]. Bien que
de cervicotomie. Après avoir dissocié les muscles sous-hyoïdiens, certaines équipes utilisent cette technique de façon systémati-
l’espace prétrachéal est abordé et disséqué au doigt avant d’y que, la plupart des chirurgiens de la loge thyroïdienne considè-
plonger le médiastinoscope (valve métallique et optique 20 mm rent que ce procédé apporte peu d’informations par rapport à
une scintigraphie MIBI préopératoire de qualité. Elle pourrait,
de diamètre sur 15 cm de longueur). La trachée est ensuite
en revanche, présenter un intérêt qui reste à évaluer en cas
disséquée sur sa face antérieure en refoulant les gros vaisseaux
d’échec d’une première chirurgie.
en avant. Cette exploration chirurgicale de l’espace péritrachéal
peut être poussée jusqu’à l’origine des deux bronches souches,
ainsi que dans l’espace sous-carénaire. Gestes complémentaires
Autotransplantation des parathyroïdes [10]
Techniques complémentaires
L’autotransplantation de tissu parathyroïdien est une inter-
Rôle du dosage peropératoire de PTH vention simple et séduisante qui est habituellement associée à
une parathyroïdectomie totale ; le principe en est de greffer des
La PTH rapide est la mesure rapide du taux sanguin de PTH. fragments de glande parathyroïde dans du muscle ; le site
Cette technique est réalisable pour deux raisons : receveur le plus souvent utilisé est le muscle long supinateur de
• l’existence de tests fiables et rapides de mesure ; l’avant-bras qui ne porte pas de fistule. Le tissu parathyroïdien
• la très courte demi-vie de la PTH sanguine (entre 3 et à autotransplanter est choisi au niveau d’une glande hyperpla-
10 minutes selon les séries). sique dont la nature aura préalablement été vérifiée histopatho-
Son utilisation a été développée en parallèle des nouvelles logiquement et que l’on aura choisi du fait de l’absence de
remaniement nodulaire ou hémorragique ; une dizaine de petits
approches chirurgicales dans le traitement des hyperparathyroï-
fragments, d’environ 2 mm de côté, sont enfouis dans des
dies primaires. Elle est considérée notamment par certains
logettes musculaires réalisées par simple séparation des fibres
auteurs anglo-saxons comme une technique indispensable pour
musculaires ; une hémostase soigneuse est indispensable pour
réaliser une chirurgie ciblée. C’est l’unique manière de savoir s’il éviter des suffusions hémorragiques qui empêcheraient la prise
existe encore, après l’exérèse d’une lésion, du tissu parathyroï- du greffon ; les logettes sont ensuite refermées par un fil de
dien hyperfonctionnel (hyperplasie asymétrique, double adé- couleur non résorbable qui pourrait être repéré en cas de
nome). Le temps nécessaire pour obtenir une réponse du nécessité de réintervention pour récidive de l’hyperparathyroï-
laboratoire est compatible avec le protocole chirurgical, sans die. La masse totale transplantée correspond à celle de deux
rallonger l’intervention de façon inadaptée (sous réserve de la glandes parathyroïdes normales, soit environ 60 mg. D’autres
disponibilité d’un laboratoire à proximité réalisant cette sites musculaires peuvent être utilisés, notamment au niveau de
technique de dosage rapide). la paroi abdominale ou du cou.
Induction
Dosage
de base PTH
Exérèse de la glande
Attendre 10 min
Dosage de la PTH
Résultats
Recherche de la
parathyroïde
homolatérale
Résultat
de la PTH
STOP Exploration
cervicale
bilatérale
Les drains sont enlevés le deuxième jour postopératoire. réduction globale du tissu sécrétant, indiqués dans les
Une laryngoscopie est systématiquement réalisée en postopé- hyperplasies primaires et les hyperparathyroïdies primaires
ratoire pour confirmer la bonne motricité laryngée. entrant dans le cadre des néoplasies endocriniennes multi-
La surveillance biologique comporte un dosage quotidien de ples ;
la calcémie durant les 3 ou 4 jours que va durer l’hospitalisa- • les gestes chirurgicaux élargis à la glande thyroïde et aux aires
tion ; en cas de chute importante et rapide, et dès l’apparition ganglionnaires cervicales latérotrachéales et éventuellement
des premières manifestations cliniques, à type de fourmille- jugulocarotidiennes indiqués dans les carcinomes para-
ments de la face et des extrémités et d’un signe de Chvostek, thyroïdiens.
une thérapeutique vitaminocalcique est mise en place. La mortalité opératoire est extrêmement faible, moins de 1 %
dans toutes les grandes séries de la littérature [10, 12].
Complications La morbidité opératoire est essentiellement représentée par
On distingue les complications locales, inhérentes à toute l’hypocalcémie et, dans une moindre proportion, par les
chirurgie de la loge thyroïdienne, et les complications générales paralysies laryngées, les hématomes et les abcès cervicaux.
en rapport avec l’hypocalcémie. L’hypocalcémie est la complication la plus fréquente, et son
risque de survenue augmente avec :
Complications locales • l’état de déminéralisation du squelette du malade ;
L’hématome de la loge thyroïdienne est une complication • le type d’exploration chirurgical (un abord unilatéral diminue
rare après chirurgie de l’hyperparathyroïdie, mais qui peut le risque d’hypoparathyroïdie séquellaire) ;
survenir ; les situations particulièrement à risque sont celles où • la pathologie en cause (le risque d’hypoparathyroïdie est plus
l’on a effectué une large dissection pour une hyperparathyroïdie important pour les hyperplasies) ;
par hyperplasie, et tout particulièrement chez les patients • la réalisation, dans le même temps, d’une thyroïdectomie ;
dialysés. L’intervention doit être décidée rapidement, sans • des biopsies parathyroïdiennes multiples.
attendre les signes de détresse respiratoire, sur la surveillance de Le risque récurrentiel est faible, mais ne doit jamais être sous-
l’état cervical et des flacons de drainage ; des drains de Redon® estimé (moins de 1 % pour des opérateurs entraînés), celui de
ramenant plus de 100 ml/h font poser l’indication d’une la survenue d’un abcès ou d’un hématome cervical est égale-
réintervention immédiate. ment faible (de l’ordre de 0,5 % des cas).
La paralysie laryngée par atteinte du nerf récurrent est une Les échecs se présentent selon deux tableaux différents qu’il
complication rare des cervicotomies premières. Le contrôle importe d’analyser :
systématique de la motricité laryngée permet de porter le • l’hyperparathyroïdie résiduelle, définie par la persistance
diagnostic. Le plus souvent ce trouble est transitoire avec une d’une hypercalcémie et d’une altération de la parathormoné-
récupération qui se fait presque toujours dans les deux premiers mie, dans les 6 mois qui suivent le geste opératoire ;
mois qui suivent l’intervention ; dans tous les cas, il faut • l’hyperparathyroïdie récidivante, définie par la récidive d’une
démarrer une rééducation orthophonique précoce, afin de hyperparathyroïdie après 6 mois de calcémie et de parathor-
limiter les conséquences de cette paralysie. monémie normalisées.
La fréquence des hyperparathyroïdies persistantes est mal
Hypoparathyroïdie postopératoire connue, elle est directement corrélée à l’expérience de l’opéra-
La tétanie est la complication la plus fréquente de la chirurgie teur et à sa connaissance des différents aspects de la pathologie
des hyperparathyroïdies ; elle se limite souvent aux manifesta- des parathyroïdes (dans la plupart des cas les échecs sont dus à
tions discrètes de fourmillements déjà décrites, mais peut aller un adénome parathyroïdien passé inaperçu lors de la
jusqu’aux crampes musculaires périphériques et abdominales cervicotomie).
qu’il faut prévenir par un traitement substitutif énergique. Nous
proposons de traiter, dès l’apparition des premiers signes
cliniques, chaque fois que la calcémie descend au-dessous de Hyperparathyroïdies secondaires
80 mg/l (soit 1,9 mmol/l). Le traitement associe la prise de
calcium par voie orale (6 sachets de phosphate neutre de L’exploration complète de la loge thyroïdienne avec décou-
carbonate de calcium) associée à 1 à 3 mg d’alphacalciférol (Un- verte des quatre glandes parathyroïdes est la règle.
Alpha®). Dans les formes les plus sévères annoncées par une Deux types d’intervention peuvent être réalisés : la parathy-
chute très rapide de la calcémie, il faut administrer le calcium roïdectomie subtotale et la parathyroïdectomie totale avec
intraveineux sous forme de glubionate de calcium (2 à autotransplantation ; dans les deux cas la cryopréservation
3 ampoules/j). d’une partie du tissu parathyroïdien est systématique.
Cette thérapeutique associant calcium per os et Un-Alpha® L’importance de la morbidité liée à l’hypocalcémie postopé-
est instituée pour 15 jours, et est éventuellement prolongée en ratoire après parathyroïdectomie totale fait préférer à nombre
fonction des données de la surveillance biologique. d’auteurs la parathyroïdectomie subtotale, sauf en cas de geste
Les hypoparathyroïdies vraies et définitives sont exception- large et bilatéral associé sur la glande thyroïde, ou dans les cas
nelles, et viennent habituellement compliquer les interventions de récidive cervicale de l’hyperparathyroïdie. L’exploration
difficiles et les réinterventions pour hyperplasie. chirurgicale antébrachiale sous anesthésie locale d’une récidive
d’hyperparathyroïdie sur greffon représente un avantage
■ Conclusion théorique de la parathyroïdectomie totale avec autotransplanta-
tion [42, 57, 58].
La surveillance cervicale postopératoire doit être particulière-
Hyperparathyroïdies primaires ment stricte car le risque d’hématome cervical chez ces patients
La stratégie opératoire a varié au cours de ces dernières insuffisants rénaux hémodialysés est élevé.
années, la technique classique d’exploration systématique de En cas de persistance ou de récidive de l’hyperparathyroïdie
tous les sites parathyroïdiens, et de vérification histopathologi- secondaire, la stratégie chirurgicale et la qualité de l’exploration
que de toutes les glandes parathyroïdes, a laissé la place à une lors de la première intervention sont déterminantes (découverte
stratégie opératoire adaptée aux données du bilan de localisa- des quatre glandes, exploration de tous les sites ectopiques,
tion et à la pathologie rencontrée [12, 50-56]. thymectomie bilatérale et repérage du moignon restant).
On distingue : Les récidives rapides sont dues à l’oubli d’une glande volumi-
• les gestes a minima unilatéraux, éventuellement uniglandu- neuse (environ 10 % des cas selon les séries) alors que les
laires (chirurgie ciblée minimale invasive), indiqués dans les rechutes à distance, plus ou moins sévères, s’expliquent par la
adénomes solitaires ; persistance du mécanisme causal : l’insuffisance rénale ; l’indi-
• les gestes chirurgicaux « traditionnels » avec exploration cation d’une réintervention, difficile mais curatrice, est fonction
systématique bilatérale de tous les sites parathyroïdiens et du terrain et de la tolérance clinique.
■ Références
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Guevara N., Castillo L., Santini J. Chirurgie des glandes parathyroïdes. EMC (Elsevier SAS, Paris),
Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-465, 2006.
Les malformations congénitales du cou peuvent être séparées en malformations de la ligne médiane
(kystes du tractus thyréoglosse, kystes dermoïdes et fissures mentosternales), et malformations
latérocervicales. Ces dernières peuvent être, soit d’origine branchiale (première et deuxième fentes,
troisième et quatrième poches, kystes thymiques) soit non (lymphangiomes kystiques). À part, les fistules
préauriculaires. Exception faite des lymphangiomes kystiques et du traitement endoscopique des
quatrièmes poches, l’exérèse doit impérativement être complète afin d’éviter la récidive.
© 2006 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
“ À retenir
Concepts généraux.
• Retentissement de la malformation sur l’airway :
concertation anesthésiste-opérateur.
• Distinction entre les gros lymphangiomes kystiques et
les autres malformations.
• Nécessité de commande de sang dans le cas de masses
volumineuses ou présentant un risque vasculaire.
• Prévoir une surveillance postopératoire en soins
intensifs pédiatriques pour les gros lymphangiomes
kystiques.
Figure 2. Forme fistuleuse d’une malformation de la première fente
gauche. L’incision est dessinée sur la peau au feutre dermographique.
L’orifice de la fistule est circonscrit dans le « quartier d’orange » inclus à la
partie distale de l’incision.
■ Malformations de l’appareil
branchial l’enfant : au plus l’enfant est jeune, au moins la pointe de sa
mastoïde est développée, donc au plus le nerf facial sortira vite
Malformations de la première fente et tôt. Ces deux écueils peuvent donc se résumer en une
phrase : attention au caractère plus superficiel du nerf facial
Techniques dans la chirurgie des malformations de la première fente.
Kystes thymiques
Ce sont des anomalies de la troisième poche branchiale. De
ce fait et du fait de la migration du thymus au cours de la vie
intra-utérine, ces kystes sont localisés dans une région latérocer-
vicale et/ou dans le médiastin [11] . On semble noter, dans
certaines grandes séries, une légère prédominance à gauche [12].
Le diagnostic étant le plus souvent histologique, il est excep-
tionnel que l’opérateur se trouve dans la situation d’opérer un Figure 10. Malformation de la quatrième poche gauche s’étant abcé-
« kyste thymique » ; il est habituellement dans celle d’opérer dée. La fistule acquise est bien visible.
« une masse cervicale ou cervicomédiastinale de l’enfant ou de
l’adolescent ».
L’enfant est installé en décubitus dorsal, billot sous les Malformations de la région du sinus
épaules, tête en extension et rotation vers la droite (en cas de piriforme
kyste localisé à gauche). Ces lésions, contrairement aux autres
malformations congénitales du cou, ne sont habituellement pas Situées dans la région thyroïdienne et du sinus piriforme, à
l’objet de surinfections. Leur dissection par rapport aux diffé- gauche dans 90 % des cas, on leur reconnaît deux formes
rents éléments alentour est donc aisée, un plan de clivage étant anatomiques : kystiques pures et avec fistule. Les premières ne
sont accessibles que par voie de cervicotomie, les autres (celles
facilement retrouvé [12]. Comme toujours chez l’enfant, les
avec une fistule) sont également accessibles à un traitement
incisions horizontales sont privilégiées, une deuxième incision
endoscopique.
étagée pouvant être réalisée. Les régions abordées étant identi-
ques, au plan cervical, à celles qui le sont dans les kystes Voie externe
branchiaux et dans les lymphangiomes kystiques, elles ne sont
Elle est utilisable quelle que soit la forme anatomique de la
pas détaillées à nouveau. Il faut toutefois souligner la possibilité
malformation. Nous décrivons la technique du côté gauche du
d’adhérences aux nerfs pneumogastrique, récurrent ou phréni-
fait de la prédominance gauche de ces lésions (90 %) [8, 15] mais
que ainsi qu’à l’axe carotidien et à la thyroïde [11]. Les kystes une localisation à droite est toujours possible, et la technique
thymiques sont également connus pour les compressions de serait alors transposée de l’autre côté. L’enfant est installé en
voisinage qu’ils occasionnent, en particulier de l’œsophage et de décubitus dorsal, billot sous les épaules, tête en extension et
l’axe aérien. rotation vers la droite de façon à dégager la région cervicale
À sa partie basse, le kyste peut passer en arrière de la clavicule gauche. Si l’opérateur en dispose et s’il le juge utile, il peut
et du sternum. La dissection par rapport aux vaisseaux sous- mettre en place un monitorage du nerf récurrent par un
claviers doit être très prudente. Dans ces cas, lorsque la pièce est dispositif inclus dans une sonde d’intubation. L’incision cutanée
enlevée, on y note l’empreinte de la clavicule (Fig. 9). En cas est cervicale antérieure, horizontale réalisant quasiment la partie
d’extension médiastinale importante, une thoracotomie ou une gauche d’une incision de thyroïdectomie pouvant circonscrire
sternotomie peut être proposée d’emblée [13]. Selon nos habitu- une fistulisation secondaire postinfectieuse (Fig. 10). La dissec-
des, si un tel abord est nécessaire, la chirurgie est réalisée en tion se fait ensuite de la même façon que pour une thyroïdec-
double équipe avec des chirurgiens thoraciques. Aucune récidive tomie, en réclinant les muscles sous-hyoïdiens. Arrivé au
contact de la masse, le premier souci est la sécurisation du nerf
n’a à ce jour été rapportée.
récurrent. Dans les formes très inflammatoires, une lobectomie
Au plan des conséquences d’une thymectomie avant l’âge de thyroïdienne gauche peut être nécessaire afin de repérer et
1 an, il est noté une diminution de la population des lympho- préserver le récurrent. En effet, le clivage entre le kyste et la
cytes [14] T sans, semble-t-il, aucune conséquence clinique glande est quelquefois impossible. Dans certaines formes où
retrouvée en termes d’infections secondaires [12] . Certains l’errance diagnostique a été particulièrement longue, la fibrose
auteurs proposent donc, sans qu’il y ait là un caractère formel, qui englobe toute la zone périlésionnelle est telle que la
une résection partielle de la masse après examen histologique dissection y est impossible ainsi que l’identification du nerf
extemporané quand cela est possible [11, 12]. récurrent dans ce bloc fibreux [8]. La fistule, si elle existe, est
ensuite suivie vers la région du sinus piriforme où elle est Fistules préauriculaires
sectionnée au ras de la muqueuse sur un nœud de meunier. La
différence de trajet permet théoriquement de différencier les Il s’agit en fait d’une fistule se poursuivant par un kyste. Ce
malformations de la troisième poche où la fistule est superfi- dernier peut être le siège d’une abcédation et dans ce cas, du
cielle par rapport aux nerfs laryngé supérieur et récurrent, des fait de la souffrance cutanée, la réalisation d’un lambeau peut
fistules de la quatrième poche qui passent entre les nerfs laryngé être justifiée.
supérieur et récurrent [16]. Pour atteindre le sinus piriforme, il
est nécessaire, dans les malformations de la troisième poche, de Fistule simple
passer au travers de la membrane thyrohyoïdienne [16]. Dans les Cette technique peut, chez l’adolescent, être réalisée sous
malformations de la quatrième poche, il faut ruginer le muscle anesthésie locale. Chez le plus petit, l’intervention est menée
constricteur inférieur du pharynx à son insertion sur le bord sous anesthésie générale.
postérieur de l’aile thyroïdienne. Il arrive que le trajet fistuleux Tout commence par une incision en croissant circonscrivant
passe à travers la petite corne du cartilage thyroïde ; celle-ci doit l’orifice cutané de la fistule. La berge postérieure de l’incision est
alors être sectionnée afin de permettre la dissection de la fistule parallèle au bord antérieur de l’hélix. La fistule est disséquée de
jusqu’à la muqueuse du sinus piriforme. Il est conseillé de proche en proche et on la pédiculise sur l’hélix. On poursuit en
suspendre l’alimentation orale pendant 4 à 5 jours sous couvert disséquant le kyste qui est au contact de la fistule. On recherche
d’une sonde nasogastrique. Une antibiothérapie à large spectre le repère de profondeur qui est le plan de l’aponévrose tempo-
active sur la flore pharyngée peut être prescrite du fait du rale superficielle et on ramène en monobloc le kyste vers la
caractère septique de la lésion et de sa communication avec le fistule. Afin de terminer l’exérèse, on emporte la zone du
pharynx. cartilage hélicéen qui est adhérente à la fistule. Après une
hémostase soigneuse, on procède à la fermeture. Un point
Voie endoscopique résorbable peut plaquer la sous-peau au plan profond afin de
diminuer le risque de collection secondaire. Des crins de
Dans les formes avec une fistule dans le fond du sinus Florence peuvent être mis en place pour une durée de 48 heures
piriforme, il a été proposé de cautériser l’orifice fistuleux [17]. Le afin d’assurer un drainage. La fermeture cutanée est facilitée par
postulat est qu’un épithélium malpighien non kératinisé n’est la forme de l’incision en croissant, laissant une cicatrice dans le
pas sécrétant. Une fois la lésion refroidie par un traitement sillon préhélicéen.
antibiotique, l’enfant est installé pour une laryngoscopie en
suspension. La lame du laryngoscope est introduite dans le Fistule avec kyste abcédé et réalisation d’un
sinus piriforme de façon à exposer nettement l’orifice fistuleux lambeau
(Fig. 11). Une pointe coagulante est alors introduite dans
l’orifice qui est ainsi cautérisé. D’autres moyens de cautérisation En cas de souffrance cutanée importante en regard du kyste,
ont également été proposés et ont fait l’objet de publications, la fermeture par rapprochement peut s’avérer impossible. Un
notamment l’acide trichloracétique [18]. Les auteurs rapportent procédé de reconstruction est donc nécessaire. Dans notre
expérience, un lambeau musculocutané mastoïdien à pédicule
toutefois quatre échecs sur 16 patients traités (25 %), ce qui est
musculaire temporal est une technique simple et fiable. La
largement supérieur aux autres modalités, aucun cas de récidive
palette cutanée est prélevée en rétroauriculaire et un pédicule
n’étant rapporté dans la majorité des séries lorsque le diagnostic
musculaire sous-cutané est réalisé comme indiqué sur la
et le traitement étaient adaptés [8-16, 18].
Figure 12. Des points de fil résorbable type Vicryl® 4/0 solida-
risent la peau de la palette au plan musculaire afin d’éviter les
cisaillements. Le pédicule doit être le plus large possible pour
éviter la nécrose secondaire du lambeau. Une fois le pédicule
réalisé, la palette cutanée est en place. Elle est ensuite suturée à
“ À retenir la périphérie du site d’exérèse par de nombreux points rappro-
chés d’un fil monobrin non résorbable 5/0 (Fig. 13). Le site de
prélèvement est refermé en points séparés avec un fil monobrin
Malformations de la quatrième poche. non résorbable 3/0. De la vaseline pommade sous un Tulle Gras
• Risque récurrentiel dans les abords externes. est mise sur le lambeau pour le pansement. Celui-ci est refait
• Lobo-isthmectomie de nécessité. tous les jours avec du gras sur la zone du lambeau. Les points
• Traitement endoscopique par cautérisation de l’orifice sont enlevés au 7e jour sur le lambeau et entre le 10e et le
dans le sinus piriforme. 15e jours sur le site de prélèvement et la cicatrice d’exérèse de
la fistule.
“ Fistules préauriculaires
menée au contact de la masse en prenant garde de ne pas la
percer à ce stade de l’intervention, ce qui aurait pour effet de
compliquer la dissection. Les éléments nobles (nerf spinal, axe
• Résection de la partie de cartilage hélicéen adhérente à jugulocarotidien, pneumogastrique, hypoglosse) doivent être
la fistule. repérés le plus tôt possible. La masse continue à être disséquée
• Utilisation d’un lambeau musculocutané pédiculisé en en ayant à l’esprit que si elle a fait l’objet de réactions inflam-
cas de souffrance cutanée. matoires, tant par infection que par tentatives de sclérose, elle
colle davantage aux éléments de voisinage et la dissection peut
• Pansement très gras sur le lambeau.
s’avérer plus difficile. La particularité des lymphangiomes
kystiques cervicaux est le branchement de ces lésions sur la
veine jugulaire interne ou sur le tronc de Farabeuf. Il est donc
logique de pédiculiser la lésion sur cette communication
■ Lymphangiomes kystiques lymphangioveineuse (Fig. 15). À ce niveau, la séparation du
lymphangiome et de l’axe veineux s’avère impossible et la
Deux grandes formes topographiques sont à distinguer : les ligature vasculaire est la seule solution. Il ne faut prendre aucun
lymphangiomes cervicoparotidiens et les lymphangiomes risque fonctionnel au cours de la chirurgie, quitte à laisser des
“ À retenir
Lymphangiomes kystiques.
• Formes macrokystiques sous-hyoïdiennes : branche-
ment sur la veine jugulaire interne ou le tronc de Farabeuf.
• Refoulement laryngotrachéal possible.
• Trachéotomie parfois nécessaire.
• Formes sus-hyoïdiennes infiltrantes, parfois inextir-
pables.
• Attention aux plaies de la muqueuse buccale.
• Attention aux détresses respiratoires postopératoires.
• Savoir être incomplet pour éviter des séquelles.
• Fréquentes séquelles nerveuses.
• Attention aux troubles ioniques potentiellement
mortels dans les formes volumineuses chez les nouveau-
Figure 17. Vue opératoire après exérèse d’un lymphangiome kystique nés.
de la région parotidienne qui occupait toute la parotide.
“ À retenir
.
■ Références
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Ce sont des tumeurs touchant essentiellement la ligne
médiane bien que des cas latérocervicaux aient été rapportés [29]. [5] Makaeieff M, Venail F, Cartier C, Garrel R, Crampette L, Guerrier B.
La forme typique est une tuméfaction cervicale de la région Continuous facial nerve monitoring during pleomorphic adenoma
médiane. Elle est prise comme technique de référence. Les recurrence surgery. Laryngoscope 2005;115:1310-4.
kystes dermoïdes du dos du nez ne sont pas abordés car sortant [6] Gaillard C, Perie S, Susini B, St Guily JL. Facial nerve dysfunction
du cadre de la région cervicale. after parotidectomy: the role of local factors. Laryngoscope 2005;115:
L’enfant est installé en décubitus dorsal, tête en extension, 287-91.
billot sous les épaules. Une incision horizontale est pratiquée au [7] Kerawala CJ, McAloney N, Stassen LF. Prospective randomised trial
pôle inférieur de la tuméfaction. Une dissection au contact est of the benefits of a sternocleidomastoid flap after superficial
réalisée, et la tuméfaction peut être enlevée en totalité sans être parotidectomy. Br J Oral Maxillofac Surg 2002;40:468-72.
rompue. En cas de kyste en situation préhyoïdienne pouvant [8] Nicollas R, Guelfucci B, Roman S, Triglia JM. Congenital cysts and
faire évoquer un KTT, il nous paraît plus raisonnable de réaliser fistulas of the neck. Int J Pediatr Otorhinolaryngol 2000;55:117-24.
une technique de Sistrunk plutôt que de laisser en place un [9] Guerrier Y. Chirurgie des maladies malformatives du cou. In: Traité de
reliquat de KTT. Hormis ces cas, la fermeture est réalisée en technique chirurgicale ORL et cervico-faciale. Tome 4. Paris: Masson;
deux plans et après une vérification soigneuse de l’hémostase, 1988. p. 285-320.
aucun drainage n’est en règle nécessaire. [10] Bailey H. The clinical aspects of branchial cysts. Br J Surg 1922;10:
Après une exérèse complète, les récidives sont généralement 565-72.
absentes [30]. [11] Kelley D, Gerber ME, Willging JP. Cervicomediastinal thymic cysts.
Int J Pediatr Otorhinolaryngol 1997;39:139-46.
[12] Khariwala SS, Nicollas R, Triglia JM, Garabédian EN, Marianowski R,
Fissures mentosternales Van DenAbbeele T, et al. Cervical presentations of thymic anomalies in
children. Int J Pediatr Otorhinolaryngol 2004;68:909-14.
La longueur et la largeur de la fissure sont variables. La [13] Hendrickson M,Azarow K, Ein S, Shandling B, Thorner P, DanemanA.
plupart des auteurs décrivent une absence de recouvrement Congenital thymic cysts in children – Mostly Misdiagnosed. J Pediatr
cutané cervical médian, pouvant être étendu à des niveaux Surg 1998;33:821-5.
variables entre la pointe du menton et le manubrium sternal.
[14] Ramos SB, Barcia AB, Viana SR, Voltarelli JC, Falcaõ RP. Phenotypic
Dans les cas les plus sévères, une corde fibreuse située sous la
and functional evaluation of natural killer cells in thymectomized
fissure est décrite, pouvant limiter l’extension cervicale [31].
children. Clin Immunol Immunopathol 1996;81:277-81.
Le traitement chirurgical consiste en l’exérèse complète des
[15] Nicollas R, Ducroz V, Triglia JM, Garabédian EN. Fourth branchial
tissus pathologiques. La fissure cervicale, le trajet fistuleux, le
pouch anomalies. Int J Pediatr Otorhinolaryngol 1998;44:5-10.
bourgeon cutané, ainsi que la corde fibreuse sur toute sa
longueur doivent être réséqués. Le defect tissulaire cervical [16] Pereira KD, Losh GG, Oliver D, Poole MD. Management of anomalies
médian est aisément comblé par les tissus cervicaux adjacents à of the third and fourth branchial pouches. Int J Pediatr
la résection et la fermeture cutanée ne présente généralement Otorhinolaryngol 2004;68:43-50.
pas de difficulté. Plusieurs auteurs [31-33] utilisent une plastie en [17] Jordan JA, Graves JE, Manning SC, McClay JE, Biavati MJ.
Z pour la fermeture du plan cutané cervical médian. Celle-ci Endoscopic cauterization for treatment of fourth branchial cleft sinuses.
prévient la formation d’une bride cicatricielle fibreuse pouvant Arch Otolaryngol Head Neck Surg 1998;124:1021-4.
limiter l’extension du cou. [18] Kim KH, Sung MW, Koh TY, Oh SH, Kim IS. Pyriform sinus fistula:
En fonction de l’étendue et du type des lésions, des variantes management with chemocauterization of the internal opening. Ann Otol
peuvent être adoptées, par exemple telles que : Rhinol Laryngol 2000;109:452-6.
• en cas de peau normale sur une malformation allant du [19] Gehanno P, Pessey JJ. Tumeurs congénitales cervicales. In:
menton au sternum, deux incisions horizontales étagées Tuméfactions cervicales de l’adulte et de l’enfant (parotide et thyroïde
permettent d’accéder à l’ensemble de la lésion en limitant la exclues). Rapport de la Société Française d’ORL et de pathologie
rançon cicatricielle ; cervico-faciale. 1998. p. 97-135.
• en cas de fistule avec une peau de recouvrement saine sur [20] Hartl DM, Roger G, Denoyelle F, Nicollas R, Triglia JM,
une malformation peu étendue, une exérèse de l’orifice en Garabédian EN. Extensive lymphangioma presenting with upper
« quartier d’orange » avec dissection et exérèse de la lésion airway obstruction. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 2000;126:
peut suffire. 1378-82.
[21] Triglia JM, Lombard B, Castro F, Richard-Vitton T. Les [27] Ducic Y, Chou S, Drkulec J, Ouelette H, Lamothe A. Recurrent
lymphangiomes kystiques cervico-faciaux chez l’enfant. Cah ORL thyroglossal duct cysts: a clinical and pathological analysis. Int
1995;30:221-7. J Pediatr Otorhinolaryngol 1998;44:47-50.
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subtotal, and partial surgical removal of cervicofacial lymphangiomas. duct cysts: presentation and management in children versus adults. Int
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[23] Belnoue A, Poupart M, Pignat JC. Intérêt de la thyroïdectomie dans la [29] Rosen D, Wirtschafter A, Rao VM, Wilcox Jr. TO. Dermoid cyst of the
prise en charge des kystes du tractus thyréoglosse dégénérés. Ann Chir lateral neck: a case report and literature review. Ear Nose Throat J
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Nicollas R., Roman S., Triglia J.-M. Chirurgie des malformations congénitales du cou chez l’enfant. EMC
(Elsevier SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-480, 2006.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Thomassin JM, Deveze A, Laurent P, Esteve A et Branchereau A. Chirurgie des paragangliomes cervicaux. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris,
tous droits réservés), Techniques chirurgicales - Tête et cou, 46-500, 2002, 14 p.
46-500 Chirurgie des paragangliomes cervicaux Techniques chirurgicales
– les paraganglions tympanojugulaires dont la prise en charge n’est – la chaîne sympathique cervicale et son ganglion cervical supérieur,
pas développée ici. responsable, en cas de lésion (tumorale ou chirurgicale), du
En pathologie, toutes ces localisations peuvent devenir des sites de syndrome de Claude Bernard-Horner.
développement tumoral.
CLASSIFICATION DES PARAGANGLIOMES
PHYSIOPATHOLOGIE DES PARAGANGLIONS
Leur fonction précise est longtemps restée méconnue. Ils ¶ Classification des tumeurs du corpuscule carotidien
fonctionneraient comme des chémorécepteurs, sensibles aux La principale classification utilisée reste celle décrite et modifiée par
variations de pression partielle artérielle en oxygène, en CO2 ainsi Shamblin en 1971. Elle distingue trois stades anatomocliniques [34] :
qu’au pH artériel [27]. La conséquence de leur stimulation (hypoxie,
hypercapnie, acidose) est une augmentation de la fréquence – les tumeurs du stade I sont de petite taille, facilement extirpables
respiratoire via les afférences glossopharyngiennes. Certaines sans lésion artérielle ;
situations cliniques ou pathologiques corroborent le rôle des – les tumeurs du stade II engainent tout ou partie de l’artère
paraganglions carotidiens, isolément ou en relation avec les carotide interne mais elles sont clivables par le biais de la dissection
barorécepteurs : sous-adventicielle ;
– une plus forte prévalence de paragangliomes carotidiens chez des – les tumeurs du stade III sont volumineuses, enserrant globalement
populations soumises à une hypoxie chronique : sujet vivant à de l’axe carotidien et nécessitent une résection carotidienne avec
hautes altitudes, insuffisants respiratoires chroniques [27, 29, 33] ; pontage dans le même temps.
– un dysfonctionnement des paraganglions a été avancé pour Le stade III a été divisé en stades IIIa et IIIb en distinguant les
expliquer les conséquences hémodynamiques des sujets souffrant de tumeurs sans contact avec la base du crâne (IIIa) et en contact avec
syndrome d’apnées du sommeil ; la base du crâne (IIIb), ne laissant pas de segment de carotide
– des anomalies histologiques du paraganglion carotidien accessible [10].
(hypoplasie ou défaut du nombre de cellules de type I) ont été
relevées lors d’autopsies d’enfants victimes du syndrome de mort ¶ Classification des tumeurs d’origine vagale
subite du nourrisson [15]. Les paragangliomes vagaux ont une plus forte propension à
l’extension basicrânienne que leurs homologues carotidiens [42].
RAPPEL ANATOMIQUE - RAPPORTS CHIRURGICAUX Netterville et Glasscock rapportent une classification en trois stades
Les paragangliomes latérocervicaux se développent initialement selon l’extension vers la base du crâne [26] (fig 1) :
dans la gouttière jugulocarotidienne et les espaces parapharyngés. – stade A : tumeur localisée à la région cervicale ;
Ils s’étendent ensuite vers la base du crâne en haut en traversant les
espaces sous-parotidien postérieur et rétrostylien. Ces zones riches – stade B : tumeur en contact avec la base du crâne et le foramen
en éléments vasculonerveux expliquent d’une part la présentation jugulaire, responsable d’un déplacement antérieur et/ou d’un
clinique des tumeurs latérocervicales mais aussi les risques et enveloppement de l’artère carotide interne ;
séquelles attendus ou éventuels de leur exérèse. – stade C : tumeur pénétrant dans le foramen jugulaire, avec
Au niveau de ces espaces latéraux du cou, les principaux éléments fréquemment extension intracrânienne.
en rapport avec la tumeur sont : Fisch [8] propose une classification sensiblement identique en trois
– des éléments artériels : l’artère carotide primitive en bas et les stades également :
artères carotides internes et externes. Les tumeurs issues du – stade I : tumeur essentiellement parapharyngée, sans invasion du
corpuscule carotidien, se développant entre les deux branches, foramen jugulaire ;
refoulent de part et d’autre les deux artères carotides. À l’inverse,
les tumeurs issues du vague se situent plus médialement dans les – stade II : tumeur parapharyngée avec invasion du foramen
espaces parapharyngés ; elles repoussent la bifurcation carotidienne jugulaire sans lyse osseuse ;
en avant et en dehors. Les principales branches de la carotide – stade III : tumeur parapharyngée envahissant le rocher, l’oreille
externe en rapport sont l’artère occipitale qui précroise la veine moyenne et s’associant éventuellement à une atteinte de la carotide
jugulaire interne, l’artère auriculaire postérieure et l’artère interne.
pharyngienne ascendante ; Ces classifications sont importantes car les stades I et II réclament
– des éléments veineux : la veine jugulaire interne qui sort du un abord purement cervical alors que le stade III doit être abordé
foramen jugulaire, et dont l’hémostase est délicate en cas de brèche par une voie infratemporale.
haut située ;
– des éléments nerveux : le nerf vague (X) en arrière de l’axe HÉRÉDITÉ DES PARAGANGLIOMES
vasculaire, la branche descendante du grand hypoglosse (XII), les
rameaux du glossopharyngien (IX) et la chaîne sympathique Les recherches les plus récentes en matière de développement
cervicale. tumoral expliquent la transformation des paraganglions
physiologiques en tumeurs par l’inactivation d’un gène suppresseur
L’espace sous-parotidien postérieur prolonge la région sterno-cléido- de tumeur (PGL1) situé sur le bras long du chromosome 11 au
mastoïdienne à hauteur de l’angle de la mandibule jusqu’à la base niveau du locus 11q22-q23 [4, 40]. Chez un sujet normal, une double
du crâne. Au niveau de cette région, les tumeurs glomiques sont en mutation est donc indispensable afin d’initier le développement
rapports avec : tumoral. En revanche, si un sujet est déjà porteur d’une anomalie au
– les quatre derniers nerfs crâniens : le nerf glossopharyngien (IX), niveau d’un de ses allèles (hétérozygotie), il suffit d’une mutation
issu du trou déchiré postérieur, le nerf pneumogastrique (X) avec sur l’allèle sain restant pour que la tumeur se développe : c’est la
son ganglion plexiforme, le nerf spinal (XI) se divisant en deux « perte de l’hétérozygotie ». La prédisposition génétique de certains
branches, une externe traversant le muscle sterno-cléido-mastoïdien, sujets à développer des paragangliomes ou d’autres types de cancers
l’autre interne s’anastomosant au nerf vague dans le ganglion par double mutation succède à la perte de l’hétérozygotie pour
plexiforme. Enfin, le nerf grand hypoglosse (XII), issu du canal l’antioncogène PGL1. Le mode de transmission particulier des
condylien antérieur, restant en arrière de l’artère carotide interne paragangliomes se fait de façon dominante (toutes les générations
pour se diriger en bas et en dedans, vers le plancher buccal en peuvent être atteintes) avec inactivation génomique maternelle
passant médialement à la veine jugulaire interne ; (seuls les descendants d’hommes atteints développent la maladie).
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Techniques chirurgicales Chirurgie des paragangliomes cervicaux 46-500
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¶ Tomodensitométrie
La tomodensitométrie assure une analyse précise de la tumeur en
définissant des caractéristiques morphologiques et topographiques.
Le paragangliome apparaît comme une masse tissulaire homogène,
à contours nets, de densité tissulaire moyenne. Lors de l’injection
iodée, la prise de contraste est rapide, intense et fugace du fait de par un liseré graisseux, il est parfois difficile d’individualiser les
phénomènes de lavage vasculaire. C’est l’analyse topographique, en artères carotidiennes d’une tumeur du corpuscule.
localisant la tumeur par rapport aux espaces parapharyngés et à la L’examen tomodensitométrique précise l’extension tumorale vers la
bifurcation carotidienne, qui est l’élément fondamental de l’étude base du crâne et le foramen jugulaire, et recherche des adénopathies
tomodensitométrique. Toutefois, les tumeurs du corpuscule de plus ou d’autres tumeurs cervicales synchrones.
de 5 cm ont fréquemment un prolongement parapharyngé. Les principaux diagnostics différentiels seront les tumeurs
Le paragangliome est une tumeur vascularisée de l’espace vascularisées de l’espace rétrostylien :
rétrostylien. Les tumeurs du corpuscule se situent entre le sterno-
– les anévrismes artériels dont les parois sont épaisses et calcifiées
cléido-mastoïdien en avant et en dehors, et le scalène en arrière
et dont la cinétique de prise de contraste est similaire à celle des
(fig 2). Les tumeurs vagales sont plus hautes et plus médiales,
paragangliomes ;
jouxtant les espaces parapharyngés. Celles-ci refoulent la bifurcation
et l’artère carotide interne vers l’avant (fig 3) alors que les – les schwannomes qui miment volontiers un paragangliome vagal,
paragangliomes carotidiens, se développant au niveau de la mais dont la prise de contraste est moins intense et surtout
bifurcation, écartent celle-ci en déplaçant la carotide externe vers prolongée ;
l’avant et l’interne vers l’arrière (fig 4). De plus, alors que les – les adénopathies inflammatoires qui prennent le contraste en
paragangliomes vagaux restent séparés des vaisseaux carotidiens périphérie ;
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Traitement
TRAITEMENT CHIRURGICAL
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– Le plan vasculaire (fig 11) : la dissection proprement dite artérielle Sa rétraction vers le haut par une valve permet de voir les éléments
débute par la libération de l’artère carotide commune qui est du rideau stylien. Cette rétraction est indispensable mais doit être
aisément disséquée dans la partie basse de l’incision en dedans de prudente pour éviter de traumatiser le rameau cervicofacial du nerf
la veine jugulaire interne, en prenant soin d’identifier, sans le facial. Il est ainsi possible de gagner 1 à 2 cm d’exposition vers le
traumatiser, le nerf pneumogastrique et la partie basse de l’anse de haut en dégageant les éléments du rideau stylien, en réséquant avec
l’hypoglosse. Vers le haut, on isole une artère carotide interne et ses une petite pince-gouge la pointe de l’apophyse styloïde et les
branches en dedans ; on effectue une libération de l’artère carotide muscles qui s’y rattachent (bouquet de Riolan). Le nerf grand
interne en aval de la zone pathologique, ce qui nécessite le plus hypoglosse est mobilisé ; il faut sectionner avec prudence les
souvent la dissection et la ligature de l’artère occipitale ou de l’une adhérences qui le relient au gangliome plexiforme du X, cette
de ses branches. libération pouvant être à l’origine de paralysie des cordes vocales.
À la fin du temps d’exposition : les lacs sont mis en place sur l’artère Afin de ne pas traumatiser le tronc nerveux du XII lui-même, on
carotide commune, l’artère carotide interne en aval de la lésion et de sectionne sa branche descendante à 1 cm au-delà de son origine et
l’artère carotide externe après identification des différents éléments on utilise le moignon de branche descendante comme tracteur. On
nerveux X, XI, XII et le sympathique. arrive ainsi, de proche en proche, à isoler l’artère carotide interne
au-dessus de ce dernier (fig 12).
Variantes techniques [17] Lorsque l’on a affaire à des tumeurs du corpuscule carotidien de
stade III enfouies sur la base du crâne, il faut utiliser un abord
Dans les tumeurs corpusculaires de stade II et celles à expression
infratemporal antérieur permettant le contrôle de la carotide interne
parapharyngée, il est nécessaire d’étendre vers le haut la dissection
à son entrée au niveau du canal carotidien [35, 36].
de l’artère carotide interne dans l’espace sous-parotidien postérieur.
Cette extension nécessite vers le haut de prolonger en La technique est décrite avec l’abord des paragangliomes vagaux.
cervicoparotidectomie l’incision cutanée qui doit s’infléchir en L’exposition de l’artère carotide interne dans son segment
arrière le long du bord postérieur de l’apophyse mastoïde. intrapétreux peut se faire par d’autres approches ; il existe deux
Le ventre intermédiaire du muscle digastrique est sectionné, sa variantes : les voies infratemporales de Fisch [8] :
partie postérieure est libérée puis récliné en arrière par un fil – la voie de type A permet l’abord de la portion verticale et du
tracteur. coude de l’artère carotide interne intrapétreuse ; elle comporte le
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Techniques chirurgicales Chirurgie des paragangliomes cervicaux 46-500
déroutement de la deuxième et de la troisième portion du nerf facial tumorale et devant son volume, on peut effectuer une section entre
et le sacrifice de l’oreille moyenne. Malgré cela, elle ne donne qu’un deux ligatures de la carotide externe au-dessus de l’artère
jour limité en avant au niveau de l’artère carotide interne ; thyroïdienne supérieure [9] ; cet artifice permet de mobiliser la
– la voie de type B expose la portion horizontale de l’artère carotide tumeur et d’aborder plus facilement la face postérieure de la
interne intrapétreuse. Elle comporte l’abaissement du condyle bifurcation.
mandibulaire après désinsertion du muscle temporal, le fraisage de
¶ Chirurgie du paragangliome du vague
l’oreille moyenne et le déplacement du nerf facial. Le fraisage par
rapport à la voie A est poursuivi au niveau de la fosse mandibulaire Les paragangliomes vagaux peuvent naître de trois paraganglions
et de la grande aile du sphénoïde. La section de l’artère méningée décrits sur le vague (supérieur moyen ou inférieur). Ils sont moins
moyenne et du nerf mandibulaire rend possible l’abaissement fréquents et ne représentent que 5 % de paragangliomes
supplémentaire du condyle à l’aide d’un écarteur afin de gagner de cervicocéphaliques. En fonction de leur orientation supérieure ou
l’espace. Il faut veiller à ne pas trop tendre le tronc rétroparotidien inférieure, se pose le problème de l’envahissement de la base du
du nerf facial. Le fraisage ainsi terminé, on visualise la portion crâne, soit de l’atteinte de la carotide interne cervicale.
horizontale de l’artère carotide interne jusqu’au niveau du foramen C’est pourquoi, compte tenu de la situation de la tumeur, presque
lacerum (trou déchiré antérieur). toujours incarcérée sous la base du crâne, l’abord que nous
conseillons est celui utilisé dans l’exposition du segment vertical
Dissection de la tumeur corpusculaire intrapétreux de la carotide interne [36].
• Principe Installation
L’exérèse d’une tumeur du corpuscule carotidien repose sur le Le patient doit subir un shampooing avec de la Bétadinet avant de
principe d’une dissection sous-adventicielle avec contrôle de procéder à un rasage soigneux, périauriculaire, large de 4 cm au-
l’hémostase à la pince bipolaire [22]. L’intervention, quel que soit le dessus et en arrière de l’oreille. En salle d’opération, un nouveau
volume tumoral, est menée de façon concentrique en terminant shampooing à la Bétadinet est nécessaire. Les mèches de cheveux
l’exérèse de la tumeur par la région rétrobulbaire qui constitue une sont rabattues en dehors du champ opératoire et gominées. Le
zone à risque d’effraction de la paroi artérielle [23]. En effet, les malade est couché en décubitus dorsal de préférence, la tête dans
ruptures surviennent presque toujours à ce niveau et il faut, dans une têtière ou plus simplement sur le plan de la table d’opération.
tous les cas, que l’exérèse soit pratiquement terminée pour que le Compte tenu de la durée moyenne de l’intervention, il est capital de
temps de clampage des axes vasculaires se limite au temps de la protéger tous les points d’appui avec des sacs d’eau ou de gel de
réparation. silicone. Un matelas chauffant peut être utile. La tête est tournée
vers le côté opposé. La région mastoïdienne est directement placée
• Technique (fig 13, 14, 15, 16, 17) sour le regard du chirurgien qui est assis à la tête du patient, du
Afin d’éviter des réactions neurovégétatives délétères, on injecte côté à opérer. Le champ opératoire est temporal et
quelques centimètres cubes de Xylocaïnet en arrière de l’origine de cervicomastoïdien.
la carotide interne, à proximité du nerf pneumogastrique. L’artère
carotide commune est aisément disséquée en commençant 2 cm sous Incision cutanée (fig 18)
la tumeur ; la dissection est menée en sous-adventiciel, en s’aidant Elle suit un tracé à double courbure de la région temporale jusqu’au
de la coagulation bipolaire. Le dégagement est concentrique de bas cou (fig 18A). La partie essentielle de l’incision est sus- et
en haut à la pointe des ciseaux courbes mousses en mettant à nu la rétroauriculaire ; elle descend en bas dans le cou pour atteindre le
média. Le cheminement va de proche en proche pour remonter bord antérieur du muscle sterno-cléido-mastoïdien jusqu’en regard
jusqu’au niveau de la bifurcation carotidienne. On effectue cette de la grande corne de l’os hyoïde ; vers le haut, elle suit à 3 cm
même dissection à partir des branches, à savoir : en amont de la au-dessus et en arrière le sillon sus- et rétroauriculaire. Au niveau
tumeur au niveau de la carotide interne, dissection toujours menée temporal, le décollement se fait d’emblée jusqu’à l’os pour récliner
en sous-adventiciel qui est effectuée du haut vers le bas, de même en bloc les parties molles en direction du méat auditif externe. Ce
au niveau de la carotide externe de façon à terminer l’exérèse au dernier est sectionné et le décollement est poursuivi vers l’avant
niveau de la bifurcation. Parfois, devant la consistance dure jusqu’à l’aplomb du condyle mandibulaire. Ainsi, l’opérateur
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dispose d’une large voie d’abord. Les parties molles libérées sont rainure et refoulé vers l’avant. La glande parotide, au niveau de son
maintenues vers l’avant par des fils de traction et sont couvertes pôle inférieur, est libérée tout en contrôlant le rameau mentonnier
d’une compresse humidifiée. du nerf facial qui est mobilisé vers le haut. L’apophyse styloïde est
Il existe une variante à ce type d’abord cutané qui consiste à réaliser sectionnée après avoir été ruginée à la pince-gouge. Le rideau des
une voie préauriculaire qui rejoint ensuite le bord antérieur du muscles styliens est dégagé en faisant attention de ne pas
sterno-cléido-mastoïdien (fig 18B). traumatiser le nerf glossopharyngien. On réalise ensuite la luxation
de l’articulation temporomandibulaire. Cette manœuvre commence
Exposition des vaisseaux par le dégagement de la face antérieure du méat auditif externe et
de l’arcade zygomatique. À l’aide d’une rugine de Tessier, on
Le dégagement du bord antérieur du sterno-cléido-mastoïdien ouvre
la gouttière carotidienne. Au préalable, on pratique sa désinsertion effectue une dissection sous-périostée de la cavité glénoïde au-
de l’extrémité de l’apophyse mastoïde, après avoir réalisé un dessus et en arrière du ménisque de l’articulation
lambeau musculopériosté mastoïdien à pédicule postérosupérieur temporomandibulaire. Ce temps chirurgical est parfois
permettant, en fin d’intervention, son réamarrage. L’identification hémorragique ; il est cependant essentiel si on veut obtenir une
des gros vaisseaux se fait en amont de la zone pathologique en luxation maximale ouvrant au mieux l’accès à l’espace interjugulo-
même temps que les nerfs crâniens X, XI, et XII sont repérés. carotidien. Pour maintenir cet écart, on met en place un écarteur
spécial à crémaillère (XOMED). Au cours de cette manœuvre, il faut
Le tronc rétroparotidien du nerf facial est mis en évidence dans
faire très attention à ne pas étirer le tronc du nerf facial (fig 19).
l’angle dièdre qui se dessine entre la face antérieure de la mastoïde
et la face inférieure du méat auditif externe. Il est disséqué dans la On peut ensuite commencer l’exposition de la fosse infratemporale.
parotide jusqu’à sa bifurcation. On poursuit de même cette Le tronc du nerf facial est dégagé jusqu’à sa sortie du trou
dissection au niveau de sa branche inférieure cervicofaciale. La veine stylomastoïdien. La partie sous-faciale de la glande parotide est
intraparotidienne est sectionnée. On aborde ensuite l’espace sous- enlevée. La dissection dégage la partie inférieure du méat auditif
parotidien postérieur. Le muscle digastrique est désinséré dans sa externe puis se porte au niveau de l’apophyse vaginale en avant qui
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Techniques chirurgicales Chirurgie des paragangliomes cervicaux 46-500
17 Aspect peropératoire
après exérèse de la tumeur
de la bifurcation caroti-
dienne.
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15 Dissection rétrograde un