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1) Introduction :

Le tableau intitulé L'Annonciation, provenant de l'atelier de Verrocchio (artiste florencien de la


seconde moitié du Quattrocento) et généralement attribué à Léonard de Vinci, est actuellement
exposé à la galerie des Offices de Florence. Il dépeint l'ange Gabriel saluant la Vierge Marie
(Mère de dieu) et l'interrompant pendant sa lecture de la Bible pour lui annoncer qu'elle est
destinée à donner naissance au fils de Dieu. Cette œuvre, considérée comme une œuvre de
jeunesse de Léonard de Vinci, est datée des années 1472-1475.
En tant que maître de la Renaissance italienne, Léonard de Vinci a laissé une empreinte
indélébile dans l'histoire de l'art.
Composée de cinq planches collées d'une épaisseur de 3,5 cm, la face arrière de cette œuvre
a été rabotée au XIXe siècle. Ses dimensions sont de 98 × 217 cm, et elle a été restaurée en
l'an 2000.

2) Description et analyse :
La scène se déroule dans un "hortus conclusus" (thème iconographique de l'art religieux européen qui
joue un rôle prééminent dans la poésie mystique et la représentation artistique de la Vierge Marie), un jardin
clos qui symbolise la virginité de la Vierge depuis le Moyen Âge. Cependant, ce jardin n'est
plus entouré de murs élevés, mais d'un simple muret bordé d'arbres plantés de manière
contrôlée et régulière, tels que des pins et des cyprès, un motif fréquent dans la peinture
florentine du Quattrocento (Première Renaissance).

Au niveau de la main de l'ange, le jardin s'ouvre sur un paysage fluvial, avec la particularité
d'un port, une première dans la représentation d'une Annonciation (annonce faite par l'Ange à
Marie de sa maternité : elle donnera naissance au Sauveur du monde, Jésus). Selon Daniel Arasse (historien
de l’art français), cela peut être interprété comme une illustration de la symbolique mariale
(vénération porté à Marie), représentant Marie comme la guide vers le port du salut éternel pour
ceux qui se sont égarés.

Le "pré fleuri" dans le tableau fait référence à la ville de Nazareth. Saint Jérôme (moine,
traducteur de la bible) avait proposé l'étymologie hébraïque de Nazareth, signifiant "fleur", une
explication que saint Bernard avait commentée, et la Légende dorée (ouvrage religieux) de
Jacques de Voragine (chroniqueur italien du Moyen Age) avait popularisée.

L'ange Gabriel salue la Vierge Marie, tenant un lys blanc dans sa main gauche, un symbole de
la pureté de Marie. Entre l'ange et la Vierge, un lutrin (meuble pour lire ou écrire) est inspiré du
sarcophage en porphyre et en marbre de Pierre Ier de Médicis (dirigeant des affaires de la
république de florence) et de son frère Giovanni dans la Vieille Sacristie de l'église San Lorenzo à
Florence, œuvre de Verrocchio, le mentor de Léonard de Vinci.

La Vierge, surprise en train de lire la Bible, fait face à l'ange. Son geste de la main gauche
peut être interprété comme une expression de trouble, indiquant qu'elle est étonnée par la
salutation magnifique de l'Ange.

La construction derrière la Vierge, avec son intérieur ouvert sur le jardin, évoque la peinture
flamande. Le port, peint en arrière-plan montagneux, représente l'un des premiers exemples
de la poétique des lointains dans la peinture de Léonard de Vinci. Ernst Gombrich (historien de
l’art autrichien) souligne que Léonard s'attache à rendre les variations de couleur dans la nature
à travers l'air et la lumière.

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