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LE BILAN FER A L’HEGP

Tube vert : Fe, Trf (CS, CTF)


Tube jaune : Ferritine

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Précautions à respecter avant le prélèvement :

● Interrompre les supplémentations en fer 24 à 48 h avant le prélèvement.


● Les transfusions de GR ou l’administration de fer par IV doivent dater de + de 8 j.
● Prélèvement le matin à jeun car variations nycthémérales du fer. Peu d’impact voire pas
du tout pour Trf et ferritine.

Interpréter en fonction :
● de l’âge.
● du sexe.
● de la présence éventuelle d’une anémie.
● du contexte clinique…

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Le fer sérique = sidérémie. Mesure isolée : aucun intérêt.

Un peu de méthodologie : méthodes photométriques qui nécessitent toutes :


● la libération du fer de son transporteur par une acidification (HEGP : tampon glycine pH 1,7).
● la réduction du Fe3+ en Fe2+ (HEGP : vitamine C).
● la réaction du Fe2+ avec un chromogène (HEGP : TPTZ (tripyridyl-triazine) : bleu).
VU labo : 10-25 µmol/L
Refuser un prélèvement hémolysé.
Variations physiologiques :
● ≈ 10% + bas chez la F que chez l’H (enfant : valeurs de l’adulte à la puberté).
● Variations nycthémérales : max le matin, mini vers 20H (écart de 5 µmol/L jusqu’à 30%).
● Une fenêtre thérapeutique d’une semaine est nécessaire pour interpréter le résultat lors d’un
traitement martial.

↑ ↓
Surcharges en fer Carence martiale
Cytolyse hépatique Inflammation aiguë ou chronique

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Transferrine, Capacité totale de fixation (CTF), Coefficient de saturation de la Trf (CST)

Transferrine : protéine de transport du fer (Fe3+) dans la circulation. MM : 80 000 Da, β1 glycoprotéine,
riche en ac.sialique (9 isoformes, β1 = tétrasialylée, la + abondante), ½ vie ≈ 1 semaine.
Synthèse hépatique régulée par la quantité de fer intracellulaire : ↓ stocks ⇒ ↑ Σ.

Dosage immunoturbidimétrique (HEGP). Stable au moins 1 semaine (θ amb ou 4°C).

VU labo : Trf = 1,65-3,10 g/L

Variations physiologiques : pas d’influence du sexe, pas de cycle nycthéméral, pas de variation lors
du cycle menstruel.
↓ progressive après 60 ans.

↑de la Trf ↓ de la Trf


carences martiales (↑ de sa synthèse Malnutrition (↓ de sa synthèse hépatique)
hépatique) => ↑ CTF et ↓CST.
↑ oestrogènes : Atteinte hépatique grave (↓ de sa synthèse
- endogènes (grossesse) hépatique)
- iatrogènes : contraception, THS, K de la
prostate
Médicaments comme diurétiques thiazidiques syndrome néphrotique (perte urinaire)
syndrome inflammatoire chronique, aigu ou
aigu sévère (hypercatabolisme)

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CTF : 25 µmol de fer par g de Trf

CTF (µmol/L) = 25 x Trf (g/L) VU labo : 41-91 µmol/L

La CTF sert avant tout à calculer le CST qui est utilisé dans le diagnostic.

CST = (fer sérique / CTF) x 100 VU labo : 23-43 %

Principal intérêt : orienter vers une surcharge en fer, quelle qu’en soit l’étiologie quand > 45%.
Si < 16% : stade avancé de carence en fer.

Physiologiquement, la Trf n’est jamais saturée pour pouvoir prendre en charge le fer et ainsi
protéger les cellules de son action toxique à l’état libre.
Dans les surcharges en fer, la Trf peut être totalement saturée. D’autres protéines jouent alors
le rôle de transporteurs comme l’albumine ou la lactoferrine. Mais seule la Trf est capable
d’alimenter la moelle érythropoïétique en fer.

Sidérémie, Trf, CTF, CST ne reflètent pas les réserves en fer et sont peu sensibles aux variations
de ces réserves tant qu’elle ne sont pas épuisées.
Seule la Trf commence à augmenter avant l’épuisement complet des réserves : le CST devient
alors un indicateur fiable en diminuant.

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Ferritine : forme de stockage du fer (Fe3+) essentiellement dans foie et rate (macrophages).
70% sous forme de ferritine (fer rapide à mobiliser) et 30% sous forme d’hémosidérine.
Sa concentration circulante (très faible) est le reflet des réserves en fer de l’organisme.

Paramètre stable : 1 semaine à θ amb ou à 4°C.

Méthode de dosage : immunochimie (suivi dans le même labo préférable)


HEGP : technique immunoenzymatique chimioluminescente à particules paramagnétiques (waouh !).

VU labo : 20 – 280 µg/L

Variations physiologiques :
F < H, pas de variations sous oestroprogestatifs, ↑ après la ménopause.
F enceinte : Pb interprétation car hémodilution, nécessité d’apport en fer sinon ↓ ++ dès le 3ème mois.
Pas de variations circadiennes.

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Variations pathologiques :

Ferritine ↑ Ferritine ↓
Surcharges en fer Carence martiale (marqueur précoce)
Inflammation aiguë et chronique (si CRP > 30 mg/L
sinon peu d'influence de l'infl°)
Cytolyses hépatiques
Alcoolisme
IRC
K (sein, poumons, ovaires, testicules, leucémies…)

Ferritine < 15 µg/L ⇒ dg de carence martiale. Pathognomonique.

Ferritine ↑ : causes nombreuses ⇒ ne peut à elle seule permettre le dg. Mais utile ++ pour
le suivi du traitement de la cause.
C’est souvent le dernier paramètre à se normaliser.

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Ferritine ↑

CS : N CS > 45 % CS >>> 45 %

CRP ↑ CRP N Transam ↑


Hémochromatose HFE ou non HFE

Cytolyse hépatique
- Inflammation avec Fe sérique ↓ Alcoolisme chronique
- Maladie de Still (rhumatisme infl rare) Cytolyse musculaire (+CK)
- Syndr. d’activation macrophagique (↑↑↑) Hémolyse

- Hyperferritinémie dysmétabolique Céruloplasmine : permet Fe2+ Fe3+ pour la sortie.


- Mutation ferroportine Si absence : accumulation du Fe dans les tissus.
- Acéruloplasmine Ferroportine : protéine d’exportation du Fe des cellules.
- Maladie de Gaucher (sphingolipidose) Si absence : accumulation du Fe dans les tissus.
- Hyperferritinémie-cataracte
90 % des causes d’↑ de la ferritine : alcoolisme, inflammation, cytolyses hépatique ou musculaire,
syndrome métabolique et hémochromatose
Alcool : ↑ dans 40 à 70% des cas avec CST : N ou ↑; le + souvent < 1000 µg/L.
Méca ? Action directe de l’alcool qui ↑ la Σ de ferritine et ↓ celle d’hepcidine + lésions hépatiques
+/- importantes induites par l’alcool.
Si arrêt alcool : ↓ ferritine de ≈ 50% en 15j, normalisation : > 6 semaines.
Inflammation : aiguë ou chronique ⇒ ↑ ferritine avec CST : N ou ↓ (fer sérique : ↓). 500-700 µg/L
Mais ↑↑↑ (10 000 µg/L ou + ) dans SAM, choc septique.
Ferritine ↑ 1 à 2 j après le début de l’inflammation, max en 8 j.
Méca ? Cytokines inflammatoires (IL6) ⇒ ↑ Σ ferritine et ↑ Σ hepcidine (d’où séquestration du fer
dans entérocytes et macrophages ⇒ ↑ Σ ferritine).
Cytolyses hépatique /musculaire ⇒ ↑ (++ dans hépatites aiguës et chroniques) avec CST N ou ↑
(surtout quand I. Hépatique associée).
Syndrome métabolique : ↑ modérée ( 500 µg/L) parfois > 1000 µg/L. CST et fer sérique : N.
CST ↑ dans 35 % des cas. Vraie surcharge hépatique en fer dans 15% des cas (transam ↑).
Hémochromatose : ↑ ferritine (modérée : 300-1000 µg/L)+ CST > 50% (souvent 80%). C282Y, H63D.

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Autres causes + rares :
Hyperthyroïdie : ↑ très modérée avec diminution de 50% après 1 mois de traitement.
Cancers : si localisés ↑ modérée (< 500 µg/L). Si métastatiques : souvent > 1000 µg/L
(car facteurs associés : inflammation, cytolyse etc…).
Toutes causes de dysérythropoïèse : ↑ variable selon son intensité, de l’importance de l’anémie
et de l’hypoxie (↓ Σ hepcidine). Ex : drépanocytoses, syndromes myélodysplasiques, anémies
hémolytiques corpusculaires.
Transfusions : 1 concentré globulaire apporte 200 mg de fer. Surcharge en fer peut apparaître
au-delà de 20 CG. CST souvent très ↑.

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Marqueurs du pool de fer fonctionnel (cad celui qui permet la Σ de l’Hb) ???
● Le contenu en Hb des réticulocytes (sur certains automates) (28-35 pg)
● Le % de GR hypochromes : < 2% chez le sujet sain et >6% quand le pool de fer fonctionnel est
diminué.

Et le récepteur soluble de la Trf ?


Forme tronquée du domaine extracellulaire du R-Trf .
Sa concentration plasmatique est corrélée au nombre de R-Trf donc au statut en fer.
Carence tissulaire en fer ⇒ ↑ de sa concentration.
Sa concentration n’est pas influencée par l’inflammation ou l’infection : intérêt dans les anémies
des maladies chroniques.

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Quelques compléments sur carence martiale et anémie :

Fer Trf Ferritine


Anémie latente N N 15-25 ug/L
Anémie débutante ↓+ ↑+ 5-10 ug/L
Anémie clinique* ↓++ ↑++ < 5 ug/L
* Anémie microcytaire hypochrome

Ferritine : marqueur le + sensible puisque ↓ dès la phase latente. Sous traitement, se normalise 1,5 à 2 mois
après l’Hb et la sidérémie mais est la preuve d’une bonne reconstitution des réserves.

Anémies inflammatoires : présentes dans inflammation sévère, inflammation chronique, néoplasies.


CRP souvent ↑.
Hémolyse physio = libération de Fe mal recyclé ⇒ reste piégé dans le SRE.
Trf ↓ car catabolisme ↑ (Σ : N ou ↑)
Anémie d’abord normochrome normocytaire puis hypochrome microcytaire.
Fe ↓ et CTF ↓ donc CST : N.
Ferritine : ↑ modérée sans rapport avec l’état des réserves : elle est sécrétée dans le contexte
infectieux ou inflammatoire ou par cytolyse (cancers).

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Lorcerie B 2015
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