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Leila est une salariée. Son employeur a décidé de modifier ses horaires de travail à
l’exemple de ses collègues afin d’augmenter la rentabilité et la compétitivité de son
entreprise. Leila ne souhaite pas se conformer à la décision de son employeur en
considérant que ce dernier n’a pas le droit de toucher à l’un des éléments de son
contrat de travail.
Question de droit.
Majeure.
Mineure.
En l’espèce, Ali l’employeur de Leila a décidé de diviser les salariés en deux groupes,
chacun travaille un jour déterminé suite à un jour férié. Cette décision ne touche aucun
élément essentiel du travail. Elle rentre dans le pouvoir de direction de l’employeur. Il
est le plus à même en tant que chef d’entreprise de juger des mesures nécessaires pour
augmenter la rentabilité et réussir ses projets. Cette décision constitue par conséquent
un simple changement des conditions de travail que la salariée Leila ne peut pas
refuser sinon elle commet une faute grave qui peut valablement justifier un
licenciement puisque la salariée aura manqué à ses obligations contractuelles.
Solution.
Leila doit se soumettre à la volonté de son employeur car elle risque dans le cas
contraire un licenciement pour faute grave.
Le licenciement pour motif personnel est tout licenciement décidé par l’employeur
pour une raison liée à la personne du salarié que ce soit son comportement ou autre
(insuffisance professionnelle, inaptitude…). Par conséquent, le licenciement pour
motif personnel n’est pas nécessairement fondé sur une faute du salarié. S’il est fondé
sur une faute, il s’agit d’un licenciement disciplinaire puisque l’employeur va
sanctionner une faute commise par le salarié peu importe la gravité de celle-ci. S’il est
fondé sur un motif autre que la faute mais lié à la personne du salarié, il ne s’agira pas
d’un licenciement disciplinaire.
Le licenciement disciplinaire est tout licenciement décidé par l’employeur pour
sanctionner le comportement fautif du salarié. Cette faute peut revêtir des degrés
différents. Elle peut être grave ou non grave mais justifiant le licenciement. La
distinction a une influence sur la procédure de licenciement et sur les conséquences du
licenciement. La faute simple (légère) est une faute qui ne présente pas une gravité
importante mais peut donner lieu à un licenciement. Selon l’article 37 et 38 du Code
du travail, l’employeur doit d’abord sanctionner les fautes non graves par une sanction
moins sévère que le licenciement (avertissement, blâme, mise à pied, mutation…). Le
licenciement ne doit être que l’ultime remède au comportement fautif du salarié. Selon
l’article 38 « l’employeur applique les sanctions disciplinaires graduellement. Lorsque
les sanctions disciplinaires sont épuisées dans l’année, l’employeur peut procéder au
licenciement du salarié. Dans ce cas le licenciement est considéré comme justifié ».
Le Code du travail n’a pas défini la faute grave, mais il a donné dans son article 39 une
liste non limitative (indicative) des comportements pouvant constituer une faute grave.
Ainsi par exemple, la divulgation d’un secret professionnel, le vol, l’abus de
confiance, l’ivresse publique, la consommation de stupéfiants, l’agression corporelle,
l’insulte grave, détérioration grave des équipements, le refus délibéré d’exécuter son
travail…Cependant de manière générale la faute grave est la faute qui rend impossible
la poursuite du contrat de travail et le maintien du salarié dans l’entreprise.
Lorsque le salarié a commis une faute grave, l’employeur est exonéré de donner un
préavis. Selon l’article 61, en cas de faute grave, le salarié peut être licencié sans
préavis ni indemnité ni versement de dommages-intérêts.
Pour pouvoir prononcer un licenciement pour faute grave, l’employeur doit respecter
la procédure disciplinaire prévue par les articles 62 à 64 du code du travail.
Le Code du travail dans son article 62 alinéa premier prévoit l’obligation pour
l’employeur d’auditionner le salarié avant de prendre sa décision de sanction. Le
législateur permet au salarié menacé d’une sanction disciplinaire de se défendre et
d’exposer ses arguments lors d’un entretien préalable avec son employeur. Cet
entretien doit se faire dans un délai ne dépassant pas huit jours à compter de la date de
constatation de l’acte qui est imputé au salarié. Ce dernier peut choisir un délégué des
salariés ou un représentant syndical pour se faire assister. Au terme de l’entretien, un
procès-verbal est dressé par l’administration de l’entreprise et signé par les deux
parties. Le salarié reçoit une copie de ce dernier. Pour aider le salarié dans sa défense,
le législateur permet au salarié de choisir un délégué des salariés ou un représentant
syndical pour se faire assister.
Majeure :
Le contrat de travail a pour objet la mise à disposition d’une personne (le salarié) sous
la subordination juridique d’une autre personne (l’employeur) dans le but d’exercer
une activité moyennant le versement d’un salaire. La conclusion du contrat de travail
peut être précédée d’une période d’essai qui permet d’une part à l’employeur d’évaluer
les aptitudes professionnelles du salarié et sa capacité d’adaptation à l’activité
convenue et d’autre part au salarié de vérifier si celle-ci convient à ses attentes et à ses
capacités.
La période d’essai est définie par l’article 13 du Code du travail : « la période d’essai
est la période pendant laquelle chacune des parties peut rompre volontairement le
contrat de travail, sans préavis ni indemnité ».
Cet article définit la période d’essai par ses effets. Elle se caractérise par une certaine
liberté réciproque. Chaque partie peut rompre cette période sans préavis ni indemnité.
La rupture peut intervenir à tout moment sans avoir à être justifiée.
Le salarié doit être informé de l’existence d’une période d’essai. Elle ne se présume
pas. En l’absence d’information, le salarié peut se considérer comme embauché de
manière définitive. C’est le contrat de travail qui en fixe généralement les conditions et
la durée. Il s’ensuit que les parties gardent une liberté dans la fixation de la durée de la
période d’essai. Cela dit, elle ne doit pas dépasser les durées maximales fixées par la
loi.
En effet, l’article 14 du Code de travail les détermine selon le type du contrat conclu et
selon la catégorie dont relève le salarié. En ce qui concerne les contrats à durée
indéterminée, la période d’essai est fixée à trois mois pour les cadres et assimilés ; un
mois et demi pour les employés, quinze jours pour les ouvriers. Lorsqu’il s’agit d’un
contrat à durée déterminée, la période d’essai ne peut dépasser une journée au titre de
chaque semaine de travail dans la limite de deux semaines s’agissant d’un contrat
d’une durée inférieure à six mois et un mois lorsqu’il s’agit de contrats d’une durée
supérieure à six mois. Lorsqu’il s’agit d’un contrat de travail temporaire, l’article 502
dispose que la période d’essai ne peut pas dépasser deux jours si le contrat est conclu
pour une durée de moins d’un mois ; trois jours si le contrat est conclu pour une durée
variant entre un et deux mois et cinq jours si la durée du contrat dépasse deux mois.
La période d’essai peut être renouvelée une seule fois pour les contrats à durée
indéterminée d’une durée égale ou inférieure à la période d’essai initiale. Le
renouvellement doit être expressément prévu dans le contrat de travail pour que le
salarié en soit informé.
Le contrat de travail, la convention collective ou le règlement intérieur peuvent prévoir
des périodes d’essai inférieures à celles prévues par la loi.
Pendant la période d’essai le contrat de travail peut être rompu par l’une ou l’autre des
parties sans préavis ni indemnité conformément à l’article 13 du Code du travail.
Toutefois, ce même article prévoit l’obligation de respecter un délai de préavis lorsque
la rupture de la période d’essai n’est pas motivée par la faute grave du salarié et après
au moins une semaine de travail. Ce délai de préavis est de deux jours avant la rupture
si le salarié est payé à la journée, à la semaine ou à la quinzaine et de huit jours avant
la rupture s’il est payé au mois.
En l’absence de rupture, le contrat de travail devient définitif. Aucune formalité n’est
nécessaire à cet effet. Le salarié est considéré comme embauché définitivement de
manière rétroactive (dès le premier jour d’activité). Toute rupture du contrat après la
fin de la période d’essai peut être considérée soit comme un licenciement (lorsque la
rupture est à l’initiative de l’employeur) ou comme une démission (lorsque c’est le
salarié qui choisit de mettre fin à son contrat).
Mineure :
En l’espèce, Amina a été recrutée sous contrat à durée indéterminée pour occuper un
poste de cadre dans l’entreprise. Elle est conseillère juridique. Par conséquent, la
période d’essai ne peut pas dépasser la durée maximale de trois mois renouvelable une
seule fois. L’employeur a respecté cette condition dans la mesure où il lui a proposé
une période d’essai d’un mois renouvelable une seule fois à partir du 1er octobre qui
est la date de son recrutement. Autrement dit, la période d’essai renouvellement
compris s’achève le 1er décembre. Or, le contrat prévoit par ailleurs une période de
formation d’un mois à laquelle sera soumise la salariée dès la fin de la période d’essai
c'est-à-dire à partir du 1er décembre jusqu’au 1er janvier. Conformément à l’article 13
du Code du travail, la période d’essai peut être rompue à l’initiative de l’une des
parties sans préavis ni indemnités. En l’occurrence, la période d’essai est achevée le 1er
décembre tandis que l’employeur a exprimé son mécontentement et sa volonté de
mettre fin au contrat de travail le 15 décembre c'est-à-dire après l’expiration de l’essai
et pendant la période de formation. Or, la période d’essai ne peut pas être confondue
avec la période de formation avant titularisation. La finalité de la période d’essai étant
de permettre à l’employeur d’évaluer les compétences du salarié et ses aptitudes
professionnelles et non pas de le former. La rupture du contrat d’Amina est intervenue
14 jours après la fin de la période d’essai. Nonobstant qu’elle soit encore en période de
formation, le contrat de travail d’Amina est définitif. Par conséquent, cette rupture
s’analyse en un licenciement.
Solution :
En conclusion, la décision de l’employeur de mettre fin au contrat à durée
indéterminée d’Amina s’analyse en un licenciement personnel motivé par
l’insuffisance professionnelle de la salariée. Ce licenciement peut être considéré
comme abusif puisque l’employeur a violé les règles de forme requises par le Code du
travail pour procéder à un tel licenciement. Il s’agit en particulier du respect du délai
de préavis conformément aux articles 43 et suivants du Code du travail.
Cas pratique 4 : le CDD
Mohamed est un salarié. Il a conclu un contrat écrit non légalisé à durée déterminée
pour une période de 6 mois afin d’occuper le poste d’assistant administratif. Son
contrat à durée déterminée n’a pas été renouvelé.
Question de droit :
Majeure :
Selon l’article 16 du Code de travail, « le contrat de travail est conclu pour une durée
indéterminée, pour une durée déterminée ou pour accomplir un travail déterminé ».
Donc, le contrat le travail peut être à durée indéterminée ou comporter un terme précis
ou encore résulter de la réalisation de l’objet pour lequel il a été conclu. L’employeur
ne doit pas pouvoir conclure un CDD pour occuper un emploi lié à l’activité normale
et permanente de l’entreprise. Il s’ensuit qu’en principe, le CDI est la forme normale
de l’emploi. D’ailleurs le législateur a limité les cas de recours au CDD. Ce qui montre
que le CDI est le principe.
Le CDD est une forme du travail précaire. Il n’offre pas au salarié la stabilité et la
sécurité de l’emploi. Il ne peut être conclu que dans les cas suivants :
L’article 17 du Code du travail semble ajouter deux cas de recours au CDD. D’une
part, dans le cas d’ouverture d’une entreprise pour la première fois ou d’un nouvel
établissement au sein de l’entreprise ou lors du lancement d’un nouveau produit pour
la première fois dans les secteurs autres que l’agriculture. Dans ce cas, un CDD peut
être conclu pour une durée maximum d’une année renouvelable une seule fois. Le
CDD peut devenir un CDI après le renouvellement ou lorsqu’il est maintenu au-delà
de sa durée. Le même article dispose dans son dernier alinéa que « dans le secteur
agricole, le contrat de travail à durée déterminée peut être conclu pour une durée de
six mois renouvelables à condition que la durée des contrats conclus ne dépasse pas
deux ans. Le contrat devient par la suite à durée indéterminée ».
Mineure :
Solution :
Lorsque la modification porte sur un élément essentiel du contrat. Il s’agit dans ce cas
d’une véritable modification du contrat et non d’un changement des conditions de
travail. Le contrat de travail est formé d’un certain nombre d’éléments substantiels
comme la fonction, la rémunération, le lieu du travail et la durée du travail. Toute
modification qui touche l’un de ces éléments nécessite l’accord du salarié. Celui-ci
garde sa liberté d’accepter ou de refuser. En cas de refus, le salarié n’est pas considéré
comme démissionnaire. C’est l’employeur qui tire les conséquences de ce refus. Il
dispose d’une option. Soit il retire son offre de modification du contrat et il le
maintient alors dans sa forme initiale. Soit il engage une procédure de licenciement qui
ne sera pas disciplinaire puisqu’aucune faute n’est imputable au salarié. Le refus du
salarié ne constitue pas une faute puisqu’il garde toujours le droit d’accepter ou de
refuser. Dans cette situation, pour que le licenciement ne soit pas considéré comme
abusif, il faut que le motif de la modification du contrat soit valable et justifié. Dans le
cas contraire, lorsque la modification n’est pas justifiée, le licenciement sera considéré
comme abusif, l’employeur sera redevable du paiement des indemnités de
licenciement et du respect du préavis.
Mineure :
Solution :
Le salarié qui ne respecte pas ses obligations engage sa responsabilité. Selon l’article
20 du Code du travail, « le salarié est responsable dans le cadre de son travail de son
acte, de sa négligence, de son impéritie, ou de son imprudence ».
Mineure :
En l’espèce, Ahmed considère que la décision de rompre le contrat de travail est un
licenciement abusif de la part de son employeur. Or, ce dernier a respecté tous ses
engagements à son égard. Suite à l’absence prolongée du salarié, un avertissement lui
a été envoyé à son ancienne adresse pour une reprise immédiate du travail. En
l’occurrence, le salarié ne peut se prévaloir d’un changement de son adresse pour
justifier la non-réception des correspondances envoyées par son employeur pour
regagner rapidement son poste ou au moins pour justifier son absence sous peine de
sanction. L’article 22 du Code du travail met à la charge du salarié le devoir
d’informer l’employeur du changement d’adresse soit en main propre soit par lettre
recommandée avec accusé de réception. Dans ce cas, le salarié est rendu responsable
des conséquences de la non-réception du courrier. Il ne peut pas se prévaloir du fait
que l’employeur a pris connaissance de sa nouvelle adresse du moment où ce dernier
l’avait déposé dans son nouveau lieu de résidence. L’article 22 du Code oblige le
salarié de procéder à cette information par voie écrite pour que ce changement
d’adresse soit enregistré et noté par l’employeur notamment dans le dossier
professionnel du salarié. Donc, Ahmed n’a pas respecté son obligation d’information.
Il faut souligner par ailleurs qu’Ahmed a manqué à son obligation principale
d’exécuter sa prestation de travail. Son absence est injustifiée puisqu’il n’a fourni à
son employeur aucune justification et il n’a donné aucune nouvelle ou réponse au
courrier de l’employeur. Cette situation peut caractériser une volonté de la part du
salarié de ne pas revenir au travail.
Solution :
La décision de l’employeur ne peut pas être considérée comme un licenciement abusif.
Ahmed est responsable de la rupture du contrat. Son absence prolongée et injustifiée
peut caractériser un abandon de poste insusceptible d’indemnisation.
Majeure.
Selon l’article 34 alinéa 2, « le contrat de travail à durée indéterminée peut cesser par
la volonté du salarié au moyen d’une démission portant la signature légalisée par
l’autorité compétente. Le salarié n’est tenu à cet effet que par les dispositions prévues
à la section III ci-après relatives au délai de préavis ». Ce texte pose certaines règles :
L’obligation d’un écrit signé et légalisé par l’autorité compétente : se pose ici le
problème des personnes illettrées. En principe, selon l’article 427 du DOC, « les
obligations portant l’obligation des personnes illettrées ne valent que si elles ont été
reçues par notaires ou par officiers public à ce autorisés ».
Le respect d’un délai de préavis : le salarié ne peut pas mettre fin immédiatement à son
contrat de travail, il doit respecter un préavis. En cas de rupture brutale ou non respect
intégral du délai de préavis, l’employeur peut demander une indemnité de préavis
égale à la rémunération qu’aurait perçue le salarié s’il était demeuré à son poste sauf si
l’absence de préavis ou son inobservation est motivée par la faute grave de ce dernier
(article 51). Donc, le préavis est une obligation du salarié. Pendant le délai de préavis,
les parties sont tenues de respecter leurs obligations réciproques. Le salarié est exonéré
du préavis en cas de faute grave de l’employeur et en cas de force majeure.
La durée du préavis est fixée par les textes législatifs et réglementaires, le contrat de
travail, la convention collective, le règlement intérieur ou les usages. Les durées
diffèrent selon deux critères : la qualification professionnelle et l’ancienneté. Selon le
décret n° 2-04-469 du 29 décembre 2004, le délai de préavis pour la rupture unilatérale
du contrat de travail à durée indéterminée est fixé comme suit :
o Un an à 5 ans : 1 mois
Mineure.
En l’occurrence, Amina souhaite démissionner suite au comportement abusif de son
employeur à son égard. Non seulement il la sous-estime devant tous ses collègues mais
également Amina a dû subir une insulte grave de sa part. Par conséquent, la volonté de
démissionner d’Amina n’est pas libre. C’est son employeur qui l’amène à vouloir
démissionner suite à une faute grave commise par lui à savoir l’insulte grave ainsi que
la pratique d’une agression morale à son égard conformément à l’article 40 du Code
du travail.
Solution.
La décision d’Amina de ne plus revenir à son travail est considérée comme un
licenciement abusif. Par conséquent, Amina n’a pas besoin de démissionner.