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CHAPITRE 2 : Le paradigme romain (Saint Augustin et Cicéron)

I. Une source romaine dans la pensée chrétienne : Saint-Augustin

 Saint-Augustin (SA) : Penseur du 4ème siècle-début 5ème siècle.


 Disciple de Platon, a été manichéen.
 Moine, vivait en Afrique du Nord (Algérie de nos jours) où il est devenu évêque.
 Citoyen romain d’Algérie, converti au christianisme.
 Contexte : déclin Empire Romain et avènement futur de la Chrétienté.
 Œuvre majeure : Cité de Dieu :
Théologie de l’histoire, à travers laquelle il explique que l’H est tendu entre 2 cités.
Les H sont appelés à s’accomplir comme H dans la cité de Dieu mais sur Terre, ils sont
encore en situation de pérégrination. L’H est marqué par un mal qui le dépasse : péché
originel. H foncièrement habité par le mal mais aspire
C’est dans cet entre-deux que les H ont pour vocation à habiter la cité politique.

 Empire romain : expression même de la tendance naturelle de l’H à préférer les vices
aux vertus (décadence romaine).
 Il veut démontrer que le christianisme n’est pas une foi qui vise à ne s’intéresser
qu’aux activités du ciel, mais que l’aspiration au bien céleste conduit les chrétiens à
s’intéresser à la cité politique.
 Dvlp théorie politique, concept de justice : la justice pour SA, n’est accompli que dans
la justice de Dieu. Mais c’est cette dernière qui doit se réaliser dans la cité politique
par la pratique de l’amour du prochain.
L’H est tendu entre 2 amours : attiré égoïstement à l’amour de soi mais également à l’amour
de Dieu et donc l’amour des autres. => concept spirituel de justice, qui appelle à préférer
l’amour des autres à l’amour de soi. Suppose instauration d’un pouvoir politique qualifié de
ministériel (càd au service de la justice). Parce que le pouvoir vient de Dieu, il doit servir les
H, et ces derniers lui obéiront.
Le pouvoir a un statut théologique : il vise à corriger le péché originel pour conduire les H
vers leur Salut.
Il défend une théorie qui fait référence à un certain droit naturel. Le pouvoir politique
s’inscrit dans sa théorie de l’histoire. La vie politique n’est que conséquence du péché, du
mal, il faut donc faire avec : c’est avec cette réalité que l’H peut surmonter la faillibilité
morale qui l’habite, mais vie politique n’est qu’un état transitoire lié au temps de la
pérégrination de l’H. Temps définitif : accomplissement de la Cité de Dieu.
=>conception providentialiste.
=> SA, vision pessimiste : l’H est en attente de régénération, d’accomplissement. Mais à la ≠
de Platon, ce n’est pas le politique qui permettra aux H de se régénérer mais c’est une foi
religieuse, reconnu dans la personne du Christ. La cité idéale n’a rien de politique, elle est
foncièrement spirituelle : elle est métahistorique.

 Ce qui manque à la Rome antique c’est une vertu spirituelle (seul le Christianisme
peut l’apporter), qui permet de donner du poids à la vertu civique.
 Utopie Augustinienne de la cité de Dieu.
Augustin : théologien de l’utopie chrétienne. Elle permet au politique de ne plus se considérer
comme étant la fin de tout, il est simplement un moment de l’histoire qui a besoin, pour se
féconder, de vertus spirituelles pour lui donner toute son énergie.
Il est à la fois novateur et héritier de Platon.
=>SA, dynamique théologique et politique de l’Occident.

II. Une autre source romaine : Cicéron

 Source romaine importante : C reprend des thèmes de la philosophie grecque mais


réapproprié dans une théorie typiquement romaine de la loi et du droit.

 C : penseur romain, républicain (droit romain est né sous la République), C très


attaché à l’idée d’une république romaine.
Œuvres : Des offices, Traité de la loi.
Question de la justice centrale dans la pensée de C.
Le romain est au droit ce que le grec est à la philosophie.
Science du Romain : droit.
Justice ne peut ê créée ni par l’Etat ni par les H eux-mêmes, ni par le droit civil : la
justice est reçue de la nature. Il y a fatalement un droit naturel : le juste n’est pas d’abord
dans le droit civil mais dans le droit naturel. Le droit jaillit, donc justice jaillit de cette source
qui est la nature. C’est elle qui nous donne l’inclination à penser et à découvrir ce qu’est la
justice. Nous désirons le bien.
Pour le romain latin, la justice jaillit de la source de la nature, dont nous sommes habités.
Le droit positif n’a besoin de rien d’autre que de lui-même. C : le droit positif n’a jamais
produit sa propre norme, elle lui vient d’une transcendance qui est la nature. La droit est
d’abord naturel, la justice est d’abord naturelle. La loi positive dépend complètement de la loi
naturelle. Cette loi naturelle est une loi universelle : commune à toute l’humanité. Sentiment
commun de la justice. Cette loi universelle est éternelle.
C : lie l’idée de nature et de divinité. Nature et Dieu= transcendance. Eternelle : si elle meurt,
l’humanité tout entière mourrait avec. L’idée même de tyrannie est contre nature. La question
du régime politique va se poser : lequel est conforme à la loi naturelle ? Pour les Romains, la
dictature n’est qu’une mission exceptionnelle pour rétablir l’ordre, mais n’est pas une
tyrannie.
Pour Cicéron, la loi naturelle c’est la loi des lois, la loi fondamentale : les lois positives
doivent se conformer aux lois naturelles, sinon lois positives arbitraires.
Loi naturelle apporte aux H critère fondamental qui est celui de la stabilité.

 Chez C, il y a une aristocratie.

 Rapport loi naturelle et raison :


Tous les H ont une raison, ils sont capables de saisir loi naturelle.
C n’est pas non plus un rationaliste. Il refuse le rationalisme platonicien.
La norme : de nature rationnelle, qui n’abolit jamais l’acte de la raison critique.
Il tient compte, par une tradition vivante évolutive, que la vie humaine n’est pas figée.
La loi positive tient compte des évolutions de la société. Qui dit tradition ne dit pas
conservatisme figé. La loi naturelle sert toujours d’aiguillon critique naturel.
3 pôles :
-loi des lois : loi naturelle, que la raison humaine, selon capacité de chacun, peut découvrir.
-pôle de la tradition : se transmet par expérience.
-lois positives : lois que législateur élabore. Si elles sont encadrées par la loi naturelle, c’est
parce que les lois positives prendraient le risque d’ê injustes. Toute société a besoin de lois
positives, qui sanctionnent la manière de vivre en société. C’est l’explicitation de la loi
naturelle par les hommes qui gouvernent.

Pour C, il y a la loi naturelle, dans sa rationalité pure. Puis, la loi positive, qui elle, est
variable : elle évolue dans le temps et l’esprit, elle n’est pas figée, mais toujours respectueuse
de la loi naturelle.
On retrouve cette idée dans le monde chrétien chez Augustin, dans le droit romain.

 Dernier type de droit, chez C : le droit des gens


Apporte gestion des rapports entre cités ou communautés politiques. Ces communautés sont
appelées à se rencontrer (pour faire du cô). Mais peut y avoir des hostilités, conflits, guerres :
c’est le droit des gens qui règle ces rapports. Il y a donc une législation de la guerre. Il revient
au droit des gens de légiférer sur la guerre possible entre peuples voisins. Peuples voisins : ≠
droit civil. Mais même droit des gens.
SA marqué par C.

 Question du régime politique se pose chez C :


Il s’intéresse à la monarchie, aristocratie, démocratie, cycle des révolutions.
-La monarchie devrait ê le régime par excellence : ce régime a quelque chose de quasi
théologique (Zeus est lui-même le roi). Dans l’expérience romaine, il y avait une royauté.
Mais, comme pas de Dieu qui nous gouverne directement, la monarchie risque fort de se
retourner en tyrannie.
-L’aristocratie : il en fait des louanges. L’aristocratie c’est le gouvernement de quelques-uns
et est le juste milieu entre l’insuffisance d’un homme seul (monarchie) et l’aveuglement de la
foule (la démocratie).
-Il n’écarte pas la démocratie : elle a toujours ce risque de s’imaginer que les H seraient
égaux en eux (égaux en fortune, en talent, en qualités…), or ce n’est jamais vrai. Donc
démocratie à l’état pur conduit toujours à une certaine forme d’anarchie puisque c’est la foule
qui finit par gouverner et non pas des hommes éclairés.

Cicéron, théoricien du régime mixte : monarchie/aristocratie/démocratie.


Le régime mixte c’est le gouvernement par des magistrats qui ont suffisamment de pouvoir,
suffisamment nombreux mais pas trop, suffisamment d’autorité et peuple connaît sa liberté.

 Saint Augustin : cité de Dieu


Il n’y a pas une fin terrestre. Il y a 2 fins, 2 aspirations : une fin temporelle et politique et une
fin spirituelle qui est son salut.
L’Homme ne s’accomplira jamais sur Terre.

 Cicéron : il y a plusieurs lois (lois naturelles qui ont un caractère éternel, lois
positives).

2 sources romaines et théologiques qui ont marqué la pensée politique du 13ème siècle.
La chrétienté du Moyen-Age va redécouvrir la pensée d’Aristote depuis 12ème siècle.
La source chrétienne va s’éloigner de la source platonicienne.

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