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PLAN

INTRODUCTION
I. Définitions des concepts
II. Origine de la politique
III. Paradigme du monde sur la politique
IV.Les réactions sur le christianisme et
la politique
V. Ce que la Bible dit de la politique
VI.La position de l’Eglise sur la
politique
Conclusion
BIBLIOGRAPHIE

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Introduction
L’histoire du monde et des sociétés ont montré sans ambages que le christianisme et la
politique ont cohabite puis se sont dissocies. Car ils ont entretenu au fil des siècles des
relations ambivalentes, tour à tour proches, distants et conflictuels comme dirait le
politologue Ray (2019). Le christianisme et la politique est un thème au cœur de
l’actualité que nous parcourrons dans notre expose en nous articulant sur points à
savoir ; avant de conclure

I. Définitions des concepts


Le christianisme selon le Robert Dixel Mobile (2014) est une religion fondée sur
l’enseignement, la personne et la vie de Jésus Christ.
La politique selon le dictionnaire Français Complet (2000) se définit comme l’ensemble
des options prises collectivement ou individuellement par les gouvernants d’un Etat dans
quelque domaine ou s’exerce leur autorité législatif, économique ou social, relations
extérieures. C’est aussi une méthode particulière de gouvernement, manière de
gouverner. Tandis Aristote définit la politique comme la plus haute de toutes les
disciplines, elle est la « science souveraine entre toutes » car elle est capable de nous
diriger dans la connaissance du souverain bien, la fin en vue de laquelle s’exercent
toutes nos activités.
La politique se définit comme ce qui a rapport aux affaires publique, au gouvernement
d’un Etat, ou aux relations mutuelles des divers Etats. La politique se définit comme
l’art de bien gérer la cite.
POLITIQUE : le mot signifie à l'origine : qui concerne les affaires de la cité. II sert
aujourd'hui à désigner l'ensemble des fonctionnements permettant la cohabitation des
humains dans le village, la ville, l'état et la société en général »,(consistoire, Mars 1992)
II. Origine de la politique

Selon Platon (1966), c’est la nécessité de faire face à la vie et le besoin de se prêter
mutuellement de l’aide comme une obligation qui est la genèse de la cite. De là nait
l’association politique, d’abord rudimentaire, puis différenciée par la spécialisation des
fonctions. Cette spécialisation assure, dans tous les domaines, un rendement non
seulement meilleur en qualité mais plus important ; et par le fait même qu’elle permet de
satisfaire aisément les besoins primordiaux de l’existence, elle ouvre un nouveau champ
à l’activité humaine. La cite qui était à ses début compose des laboureurs et des artisans
a commencé à s’accroitre en population et en étendue avec des apparitions des besoins
inconnus et des domaines de fonctions et d’éducation variée. Dès lors le développement
s’empare avec des nouvelles exigences. Le bonheur de la cité est en outre conditionné
par son état économique. Selon (Platon ,1966), « La cite heureuse ne doit être ni trop
riche, ni trop pauvre. Car si la richesse engendre l’oisiveté et la mollesse, la pauvreté,

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fait naitre l’envie et les bas sentiments, qu’accompagne toujours un triste cortège de
désordre. Pour le territoire, la juste limite à ne pas dépasser est celle qui conserve a
l’Etat sa parfaite unité. Cette unité est en effet, un principe essentiel de durée et de force.
Et le meilleur moyen de l’unité et l’union est de sauvegarder les institutions établies et
surtout en ce qui concerne l’éducation » Pp.27-28). Si cette cite est parfaite selon lui,
elle doit comprendre quatre vertus : la sagesse, le courage, la tempérance et la justice.

III. Paradigme du monde sur la politique

Le rôle de la politique selon Platon consiste pour lui de créer l’unité et d’assurer
l’harmonie dans la cite, à travers notamment la vertu et l’éducation. Tandis pour
Machiavel le politique qui voudra conserver son Etat doit apprendre à être pas toujours
bon, mais il doit user de la bonté selon les circonstances. Pour lui il y a des avantages a
un politique de passer pour libéral même si cette qualité peut lui être nuisible, s’il en use
avec mesure et comme il le faut, elle restera discrète et il échappera à la réputation du
vice opposé. Il est donc plus sage de passer pour avare, ce qui engendra un mépris sans
haine, que de recueillir en désirant le nom de magnifique, celui de rapace, ce qui
engendre un mépris haineux. De la cruauté et de la clémence, il est plus avantageux à
un « politique d’être craint qu’aime. Car un politique n’a jamais dans sa bouche que ces
mots de paix et de fidélité, mais s’il était tenu à l’une et à l’autre, il y a longtemps qu’’il
aurait perdu son crédit et ses états » (1513, pp75-82)
Le docteur Ali Hangar disait dans une interview radiophonique il y’a dizaine d’année
que la politique n’est pas faite pour les gens sérieux autrement dit on peut s’engager
dans la politique en étant d’une culture sérieuse mais dans le labyrinthe du pouvoir, l’on
pourrait être métamorphose en un mauvais homme politique. Et Platon (1966) d’affirmer
« Au fond nul homme n’est juste volontairement. Dès qu’il a le pouvoir de mal sans
crainte, le sage lui-même ne résiste pas à la tentation. Qu’on lui licence o, comme Gyses
dont parle la fable, de se rendre invisible a son gré » Tandis que Adimante
s’interroge sur la raison qui pousse à louer la justice sans l’aimer. Pour lui on aime la
justice pour ses avantages pour soi et pour les siens et rarement pour le bien-être des
autres. « La justice a certes des avantages mais elle est dure et pénible. Il faut vaincre la
nature pour la pratiquer. Par contre l’injustice est aisée et naturelle. Au fond elle n’est
pas mauvais de la commettre si l’on est assez puissant pour se ménager une entière
impunité, car c’est cela seul qui importe : se soustraire aux châtiments prévus par les lois
humaines et divines. S’il est vrai qu’il existe des dieux, et qu’ils s’occupent des hommes,
on peut par des riches sacrifices et cérémonies expiatoires se rendre favorables et jouir
en paix des profits de l’injustice et du renom de l’injustice et du renom de la
justice » (Platon, 1966, p.22).
La politique selon le paradigme des hommes s’inscrive dans la perspective plus
intéressée que dans la recherche juste du bien-être de tous sans exception comme ce fut a
l’origine.
Les politiciens disait Raouart (2005), sont les grands fauves, mais il aimait cette
atmosphère chaude et lourde d’idéal et d’intérêt de grands desseins et de petites

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combines : il lui semblait que les personnalités qui y évoluent simplement comme des
spécimens des vivants aux appétits plus grands, et aux desseins plus vifs que les autres.
Dans le bien comme dans le mal. Il disait du président Français Sarkozy, qu’il est est
dense, pétillant, affable autant que Villepin est impressionnant, distant, énigmatique.
L’un aime le pouvoir sans complexe, d’une manière charnelle, et l’autre l’esthétise,
l’idéalise, le moralise (P.69).

IV. Les réactions sur le christianisme et la politique


L’Europe qui jadis chrétienne, continue à se percevoir comme telle, mais sa
sécularisation l’a profondément déchristianisée. Surtout à partir du XIX siècle, ou, une
autre conception anthropologique majeure a provoqué terriblement la scission entre les
valeurs de la société et celles du christianisme disait le politologue Roy (2021).
Cependant, la vraie déchristianisation n’est pas tant une chute de la pratique que la
référence a une nouvelle anthropologie centre sur le désir individuel, totalement
contraire au christianisme. La plupart des pays Européens dit chrétien a l’exception de
l’Angleterre les sont que de nom, pour la bonne raison qu’on constate au contraire une
ignorance totale des éléments de base du christianisme, Pour lui ceux qui se
revendiquent d’une identité chrétienne sans se référer aux valeurs chrétiennes accélèrent
la déchristianisation, ceux qui mêmes qui veulent promouvoir des racines chrétiennes ne
prêchent absolument pas un retour à la foi, ils ne sont eux-mêmes pas pratiquants.
Finalement on s’interroge s’il faut s’engager dans la politique en tant que chrétien,
militer ou rester à l’écart ? Cependant, on ne peut répondre à ces questions sans faire
référence aux premiers siècles du christianisme sous les empereurs Constantin et
Justinien aux pouvoir grandissant de la religion sur le politique mais également
l’influence du politique sur la religion, En effet, aux IVe siècle Constantin va donner une
dimension sociale au christianisme jusqu’à en faire le socle d’une nouvelle civilisation.
Et deux siècles plus tard, la relation entre le pouvoir impérial et religieux se détériore
sous le vocal de la domination ; le pape est-il soumis à l’empereur comme citoyen
romain ou l’empereur au pape en tant que chrétien ?
Le christianisme au premiers siècle était une religion d’Etat, imposée par la force au
risque d’une peine de mort. Roy (2021), d’ajouter Constantin en effet, a accordé la
légitimité à l’Eglise avec des faveurs matérielles ou honorifiques et l’hostilité croissante
envers les veilles organisations et institutions religieuses païennes, une main mise sur le
pouvoir qui va se développer très rapidement. Pour les Eglises disait-il, la paix, la
richesse, la grande générosité de Constantin qui fait construire les cites religieuses
affiche la suprématie christianisme et montre l’alliance providentielle de l’Église et de
l’Empire, sont les moyens d’édifier à une allure surprenante une position de force locale.
Autrement au nom de l’Eglise sans probablement la recherche aucune de la volonté de
Dieu mais au nom de Dieu a paradoxalement imposé une religion a tous sans exception
saut pour ceux qui veulent prendre le risque et péril de subir les prétendues punitions
divines au gré et désir impérial. Dieu pour les uns n’ont pas moins été glorifié qu’il le
devrait. Car on ne peut faire des omelettes sans vouloir casser les œufs. Comme tout a

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un prix à payer, la souffrance que les pouvoir ou le politique au nom de l’Eglise ont fait
subir aux autres refusant la soumission est une nécessité sans laquelle l’Eglise ne pouvait
s’épanouir agréablement et se développer.
Le christianisme comme religion d’Etat n’est pas restée entre les quatre murs de Rome
mais est exporte au-delà de ses frontières avec des telles violences qu’elle a donné raison
à l’Islam dans ses croisades contre l’Eglise. Ses violences justifiées au nom de Dieu ne
sont en réalités que l’expression des désirs égoïstes humains à assouvir ses besoins à
souhait. Ce que Dieu lui-même désapprouva, car cela ne s’inscrit guère dans sa volonté,
sinon dans celle de ces hommes aux appétits malsains mais caches sous le manteau du
Christianisme.
Au 15e siècle dans la cite d’Italie des principautés ecclésiastiques aux allures diverses et
complexes ont jalonné l’histoire de la politique. En effet, l’homme politique et
philosophe Italien Machiavel (1513), disait « car s’il est vrai que la fortune ou la valeur
procurent la conquête, il n’en pas moins vrai qu’on s’y maintient ensuite sans l’une ni
sans l’autre, à cause de la religion qui est enracinée de longue main dans l’esprit des
peuples, ce qui est un principe assez puissant pour maintenir ces gens-là, et de quelque
manière qu’ils se conduisent. » (P.54). La montée sur le trône pontifical d’Alexandre VI
a changé les données, car avec ses forces et son argent, il fit voir ce qu’un pape est de
faire, quand il sait bien s’en prévaloir. « Quoique le pape n’eut pas l’intention de rendre
l’Eglise puissante mais seulement d’élever son fils, tout ce qu’il fit néanmoins allé au
profit de l’Eglise. Après la mort d’Alexandre le pape Jules II étant élu trouva l’Eglise
fort élevée par l’augmentation de toute la Romagne et l’extinction des Barons de Rome,
aussi il a trouvé des moyens tous disposés pour amasser des finances, ce qu’Alexandre
n’a pu le faire, Mais Jules le fit fort bien et le faisant davantage en chassant les français
d’Italie, et cela lui réussit avec d’autant plus de gloire pour lui, qu’il en n’eut en vue la
gloire de l’Eglise. Sans penser à élever aucun particulier », (Machiavel, 1513, P.56) .
Lorsque sa sainteté le Pape Léon X monta au trône, i trouva le pontificat dans sa grande
puissance. Mais si ses prédécesseurs l’ont élevé par la force des armes, lui le rendra très
glorieux et vénérable par sa bonté, et par toutes les grandes qualités dont elle est ornée.
Le contexte historique précèdent du lien qu’avait le christianisme avec la politique avec
son corollaire de violence légitimée rend perplexes plus d’une personne à vouloir
réécrire une autre page de l’histoire qui risquera encore plus sombre qu’elle n’en était.
Ainsi a la question « Est-ce que le chrétien peut-il faire de la politique », les réactions
semblent vives par rapport à l’engagement de ce dernier en politique. Il est vrai qu’il y a
des versets qui parlent de la politique d’une certaine façon mais est-ce cela légitime-t-il
que le chrétien s’engage dans la politique. Il semble qu’il y a des principes que le
chrétien désirant s’engager dans la politique doit observer en tenant compte de la volonté
de Dieu. Cependant, il y a des pays ou les chrétiens sont l’objet de la haine des autres,
comment ces derniers s’engageront ils dans la politique ? comme nous l’avons dit ci-
haut, il leur suffit seulement de chercher la volonté de Dieu et les écluses de cieux
s’ouvriront pour les introduire dans l’univers politique même si c’est au péril de leur vie
qu’ils annonceront l’évangile de Jésus Christ. Mais il y a aussi des pays ou les chrétiens
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ont la liberté de s’engager librement sans aucun risque. Certes nos élites ont une grange
influence sur les libertés dont nous jouissons, ils ont le pouvoir de décider de protéger ou
restreindre le droit des citoyens à adorer Dieu et à annoncer l’Evangile. Ainsi ils ont la
responsabilité de mener le peuple vers la justice ou vers le désastre moral comme ce fut
le cas de l’institutionnalisation de l’homosexualité et du lesbianisme ou le droit d’avorter
ou encore l’euthanasie. Mais il plus de possibilités d’orienter la vie des citoyens dans le
bon sens, si beaucoup des chrétiens s’engagent dans la politique quelle que soit leur
niveau de responsabilité. Mais jusqu’à combien de temps ces derniers tiendront-ils dans
la crainte de Dieu en transformant positivement le monde avec leur vision du monde en
changeant le paradigme du monde.
La réussite multidimensionnelle du roi Salomon dont l’échos de sa réputation a retentit
le niveau international reste à la fois un bon et un mauvais exemple quand on considère
son égarement dans la débauche et ses ambitions démesurées qui ont opprime même son
peuple. Or son père, le roi David qui l’précède a été un homme politique selon le cœur
de Dieu même s’il est tombé très bas en portant atteinte à la vie conjugale de son soldat
Urie. L’histoire des chrétiens engages dans la politique qui ont amenés des changements
dont la culture a désespéramment besoin ne put être contée sans celle du politicien
anglais du XIX SIECLE William Wilber force qui a lutté pendant plusieurs décennies
pour l’abolition de l’épouvantable trafic des esclaves qui était à la mode de son
epoque.car sa campagne abolitionniste a finalement été couronnée de succès, si bien
qu’il est aujourd’hui couvert d’honneur pour son courage et son dévouement a la défense
des principes Humains. Le partisan de non-violence martin Luther King a également a
impacte le monde dans l’équité sociale en son temps comme en notre temps par son livre
prophétique « I have Dreams ». Cependant, la politique a toujours deux manches dont
celle de la corruption qui empoisonne la vie de ceux qui ont même les meilleures
intentions se sont engagés dans la politique. C’est dire que partout il y a de pouvoir et de
l’argent, la convoitise et la cupidité ne vont jamais en conge ni en vacances. Et cela met
en danger perpétuel les chrétiens impliques dans les systèmes politiques du monde. Pour
ce faire, ils doivent s’efforcer d’être dans le monde sans être du monde en jouant leur
rôle de sel et lumière.
4. 1. La réaction des théologiens Africains sur le christianisme et la
politique

Les évêques d’Afrique, toutes confessions confondues, ont joué des rôles
considérables dans l’émergence des processus démocratiques de leurs divers pays6. Il
convient de nommer en premier lieu l’engagement remarqué de Mgr Desmond Tutu,
évêque anglican de Johannesburg et prix Nobel de la paix. Il a été la cheville ouvrière
du démantèlement de l’apartheid en Afrique du Sud et du processus de réconciliation
qui s’en est suivi. Il livre sa théologie politique dans son testament, Il n’y a pas
d’avenir sans pardon.
Comment oublier les bons offices de Mgr Isidore De Souza au Bénin, de Mgr Laurent
Monsengwo au Zaïre et de Mgr Ernest Combo au Congo Brazzaville, qui ont dû, à un

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moment donné, assumer la plus haute fonction de Président du Conseil National pour
assurer la période de transition démocratique de leurs pays. Les deux derniers ont
moins réussi que le premier, il n’en demeure pas moins que leurs actions témoignent
de la volonté des Églises d’Afrique de prendre à bras-le-corps aussi bien une critique
sociopolitique de leurs sociétés que la tâche de faire advenir des institutions justes.
Ces engagements directs laissent-ils à l’Église la possibilité de servir d’institution
critique ? Notons, comme le souligne Metz(1968), que la critique sociale « ne signifie
nullement que les chrétiens aie nt à se retirer absolument de l’administration du
pouvoir politique. Ce retrait de principe serait le cas échéant un acte contraire à la
charité chrétienne à l’égard du prochain ».
Évoquons aussi les interventions indirectes mais tout aussi éloquentes des prélats
qui n’ont pas manqué en diverses occasions de critiquer des institutions politiques
injustes dans leurs pays. On a connu dans les années 1980-1990 les démêlés de Mgr
Peter K. Sarpong, l’archevêque de Kumasi avec la dictature de Jerry Rawlings au
Ghana.
Comment oublier les indignations répétées du cardinal Tumi au Cameroun ?
Soulignons aussi les interventions vigoureuses du cardinal Anthony Okogie8,
archevêque de Lagos et de Mgr John Onaiyekan9, l’archevêque d’Abuja. Ces deux
prélats ont maintenu une critique constante des dictatures que le Nigeria a connues
pendant trente ans et ne désarment pas vis-à-vis de la corruption à la base du présent
régime civil.
le régime de l’apartheid. Il critique les modèles théologiques qui se mettent au service
de l’État. Il propose un modèle biblique et théologique alternatif en vue de redonner
l’espérance à un pays abîmé. La théologie de l’État utilisait Rm 13,1-7 « pour donner
à l’État une autorité absolue divine12 ». Ensuite, la théologie de l’État employait
l’idée de « l’ordre public » pour définir et contrôler la liberté des gens. Enfin, la
théologie de l’État utilise le mot « communiste » pour stigmatiser quiconque rejette la
théologie de l’État. Tout cela est encadré par la domestication de Dieu au service de
l’État injuste et oppresseur. Kairos plaide pour le respect du texte biblique et de la
liberté radicale de Dieu. Il plaide pour une religion de la liberté de Dieu contre une
religion statique et étatique.
Le SCEAM (Symposium des Conférences Épiscopales d’Afrique et de Madagascar) a
aussi publié des documents qui témoignent d’une théologie politique constante
et réfléchie. Lors de son assemblée de Kinshasa, sous la présidence du cardinal
Malula, du 15 au 22 juillet 1984, le SCEAM publie « L’Église et la promotion
humaine en Afrique aujourd’hui13 ». Ce texte se place dans le sillage de la première
assemblée du SCEAM, à Kampala en 1969, qui lançait un cri d’angoisse :
Le problème prioritaire des temps actuels est la lutte pour le développement des
peuples et
pour la paix. L’Épiscopat d’Afrique et de Madagascar ne saurait ignorer, sans
manquer
gravement à sa mission, la misère, la faim, la maladie, l’ignorance, les atteintes à la
liberté, les conséquences tragiques de la discrimination raciale, les ravages de guerres

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ou d’oppressions qui accablent tant d’êtres humains du Tiers-Monde14.
Ce document se fait aussi l’écho de multiples déclarations du SCEAM15, notamment
sur la violation des droits de l’homme en 1978 et sur la promotion de la vie humaine
en 1981. Dans tous ces documents, les évêques critiquent la politique d’exploitation
de l’homme et appellent au travail commun pour la paix et la justice en Afrique
et dans le monde. Ils encouragent les chrétiens à s’engager dans la politique au service
des hommes et pour la transformation du monde.
Les évêques ne manquent pas de critiques à l’égard de l’Église elle-même. C’est
tout l’enjeu du texte intitulé L’Église famille de Dieu
Un lieu de théologie politique, qui mériterait une plus ample élaboration que j’en
donne ici, est la liturgie. La liturgie en Afrique a toujours été un lieu de contestation
politique de manière subtile. Les dictatures ont toujours redouté la force subversive
de la liturgie chrétienne. Mobutu Sesse Sekou du Zaïre se méfiait de la fête du Christ
Roi qui laissait entendre que les Zaïrois reconnaîtraient un roi en dehors de lui. C’est
pourquoi il s’est efforcé de s’approprier des symboles de l’Église pour le prestige de
son propre pouvoir. Il faudrait rassembler et analyser diverses prières composées par
des évêques et par des théologiens africains à divers moments critiques des pays
respectifs. Je me contente de donner la traduction d’une prière de la Conférence
Épiscopale du Nigeria.
Pendant la dictature de Sani Abacha, dans les années 1990, la Conférence Épiscopale
du Nigeria a proposé cette prière à tous les chrétiens. Dans les assemblées
eucharistiques, elle est dite en chœur après la communion.
Prière pour le Nigeria en détresse.
Père, Tout Puissant et Miséricordieux, Tu es le Dieu de Justice, d’Amour et de Paix.
Tu gouvernes toutes les nations de la terre. Le pouvoir et la force sont entre tes mains
et personne ne peut te les ravir.
Nous te présentons notre Pays, le Nigeria. Nous te louons et te bénissons, car tu es la
Source de ce que nous sommes et de tout ce que nous avons. Nous demandons pardon
pour tous nos péchés et pour tous nos manquements. Dans ton pardon aimant, épargne
nous les punitions que nous méritons.
Seigneur, non seulement nous peinons sous le poids des incertitudes, mais aussi,
nousportons le poids de nos problèmes moraux, économiques et politiques.
Écoute les cris de ton peuple qui se tourne vers toi avec confiance.
Dieu d’infinie bonté, notre force dans l’adversité, notre santé dans la pauvreté, notre
confort dans la peine, sois miséricordieux à notre égard, nous ton peuple.
Garde cette nation nigériane du chaos, de l’anarchie et de l’abîme.
Accorde-nous ton royaume de Justice, d’Amour et de Paix.
Nous te le demandons par Jésus-Christ notre Seigneur.
Remarquons tout simplement, que les évêques ne se sont pas contentés de publier
des déclarations contre un gouvernement qui réellement conduisait le Nigeria vers le
chaos, ils ont voulu mobiliser tous les chrétiens. L’arme de la prière était la plus
appropriée, car, au fur et à mesure que cette prière était dite, dans tout le pays
s’élevaient des plaintes et des révoltes contre un gouvernement indigne. I

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La question est toujours de savoir ajuster une prise de position nécessaire de la
part de l’Église ou de ses représentants en matière politique et une prise de distance
tout aussi nécessaire par rapport à la politique partisane. Interrogé sur ses prises de
position, Mgr Onaiyekan explique qu’en tant qu’archevêque, il a le droit de faire
savoir sa position, non seulement comme citoyen, mais surtout comme leader de
référence dans la société. De plus, l’Église se doit de prendre une position claire quant
à certains principes non négociables — la bonne gouvernance, la démocratie, la
justice —, qui
sont constamment réaffirmés dans la doctrine sociale de l’Église.

Il importe de souligner le rôle joué par l’EATWOT (Ecumenical Association of


Third World Theologians), ou pour les francophones, ASETT (Association œcumé-
nique des théologiens du Tiers-Monde), dans la fédération de tous ces courants
théologiques. C’est lors de son premier congrès à Dar Es-Salaam (Tanzanie) en 1976,
que ces courants théologiques se sont fixé une ligne commune :
En vérité, pour être fidèles à l’Évangile et à nos peuples, nous devons réfléchir sur les
réalités de nos propres situations et interpréter la parole de Dieu en relation avec ces
réalités.
Nous rejetons comme insignifiant un type académique de théologie séparée de
l’action.
Nous sommes prêts pour une radicale rupture épistémologique qui fasse de
l’engagement
un premier acte théologique introduisant dans une réflexion critique sur la praxis
historique du Tiers-Monde.
Ainsi trouve-t-on dans ces théologies les traits suivants : une critique à l’égard de
la théologie européenne classique, une affirmation de la primauté de l’action (praxis)
sur la théorie (l’engagement radical en faveur des pauvres et des opprimés comme lieu
de connaissance de Dieu, de Jésus-Christ, de la vérité), une concentration sur la croix
du Christ comme fondement de toute connaissance.
C’est dans le sillage de ces théologies que la théologie africaine de la libération
affirme que le pauvre déshumanisé et dépossédé est un lieu théologique et cherche à
accentuer le motif du « Dieu qui libère » dans le discours théologique.

Il s’agit de reconnaître la déshumanisation subie par les Africains à travers les


expériences douloureuses de l’histoire, surtout celles de l’esclavage et de la
colonisation. Celles-ci ont détruit les cultures africaines et ont sapé la créativité
africaine. Comment redevenir homme après que l’on ait été dépouillé de ses capacités
créatrices ? Il faut alors retrouver le pouvoir de créativité culturelle. Tout le travail de
créativité culturelle du théologien camerounais Engelbert Mveng annonçait le même
message.
Dans ce combat contre la pauvreté anthropologique, combat radical entre la vie et la
mort, Christ est l’incarnation de toutes les forces de vie contre les puissances de mort.
Il est le libérateur qui réinstaure l’homme dans sa capacité de vaincre les pouvoirs de

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la mort pour le triomphe de la vraie vie, celle que Christ lui-même représente et donne
dans la perspective du projet de Dieu19.
Un autre lieu visible de cette lutte est tout le champ de la guérison qui foisonne en
Afrique. Le fondement du ministère de guérison est toujours le Christ qui, lui-même,
est Guérisseur. La guérison doit être comprise dans son sens global. Il faut guérir
l’homme des maladies médicalement identifiables, mais aussi, de la désorientation
psychique, des puissances maléfiques, de la sorcellerie, etc. L’homme en question vit
dans l’histoire. Il cherche à mieux vivre, dans un contexte où s’affrontent les peuples
dominants et les dominés, où la majorité de la population est exclue de la croissance
économique. « Car non seulement un fossé se creuse entre la ville et la campagne,
mais au sein de la société globale, des distorsions s’aggravent entre les couches
sociales différenciées ». Les jeunes vivent dans l’incertitude, sans emploi, sans projet
d’avenir. Les projets de développement ne font que rendre l’Africain dépendant vis-à-
vis de l’extérieur. La solution ne se trouve pas dans la rhétorique cléricale sur
l’indigénisation, ni dans les cathédrales et les grosses structures. « Il nous
faut donc nous orienter vers une expérience de la foi dans une situation historique,
dans le concret de la situation de l’homme d’Afrique ».
L’urgence est de guérir le christianisme de la tentation de se désintéresser du
monde et de la société. L’Église ne peut éviter d’intervenir dans la cité quand
l’homme est menacé dans sa vie et sa dignité. La libération doit mobiliser tout le
projet de vie chrétien : la réflexion chrétienne, la célébration des mystères du culte.
Le libérateur c’est le Christ, visage du Dieu d’Israël. C’est celui qui a fait siens
les combats des prophètes contre les fausses répartitions des biens et contre l’inégalité
des droits dans la société de leur temps. C’est celui qui a annoncé le Règne de Dieu,la
fin de la souffrance des pauvres et la libération des opprimés.
Enfin souligne Jean-Marc Ela, « si la gloire de Dieu ne demande jamais une
mutilation de l’homme, il s’agit pour les chrétiens de découvrir et de manifester une
foi au Christ qui ne dispense pas l’homme d’être un sujet libre et responsable». Ainsi
sera mise en relief, l’originalité du christianisme qui n’est pas une doctrine mais un
mouvement transformateur de l’homme et de l’histoire.
La théologie de la reconstruction est davantage une synthèse qu’un nouveau courant
théologique. Le concept de reconstruction a été forgé par la Conférence des Églises de
Toute l’Afrique (CETA). Il s’agit d’une tentative de dépasser les tiraillements entre
les courants de l’inculturation et de la libération, pour rendre compte, en théologie, de
tous les besoins et de toutes les attentes des Africains aux niveaux social, culturel,
économique, politique. C’est le théologien luthérien congolais, Kä Mana, qui a le
mieux systématisé le concept de théologie de la reconstruction. Profondément, Kä
Mana veut agir sur l’imaginaire de l’Africain comme lieu de créativité. C’est pourquoi
il demande de sortir d’une revendication stérile de l’identité pour penser l’être humain
comme tâche et don, en ayant le Christ, mesure de l’amour, comme modèle. Ce
Christ-à-venir, mystère de Dieu, n’est pas donné par nos cultures et nos Églises. Au
contraire, il demeure une question permanente posée à chaque culture,
à chaque Église, une invitation constante à aller vers plus d’humanité.

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Pour Kä Mana, le Christ est la mesure de l’humain. « En Christ, l’humanité a fait
un bond éthique considérable, en deçà duquel l’humain comme projet et comme
pratique est impensable ». Le Christ s’impose comme mesure de tout projet humain. Il
est le pivot éthique du monde. Par la cohérence concrète entre son être et sa vie, sa
pensée et ses paroles, son destin et la cause pour laquelle il a voulu vivre et mourir, le
Christ s’impose dans notre existence humaine comme une interrogation capitale. La
responsabilité du christianisme n’est pas de disserter sur la divinité du Christ ou sur
son humanité, sur sa conscience messianique ou sur sa filiation divine. Il est du rôle
du christianisme de lui donner une figure à face humaine telle que le Christ lui-même
l’a façonnée.
La valeur fondamentale de cet humain c’est l’amour. C’est en tant que cohérence
parfaite de l’amour qui se donne comme création nouvelle de l’humanité que le Christ
engage chaque être humain dans un processus de transformation de lui-même et du
monde. Ce Christ n’est plus derrière nous, il est en nous et devant nous.
Le Christ nouveau qu’il s’agit d’inventer ne peut pas être un Christ structuré par notre
passé de défaite ou par nos valeurs désintégrées, mais vraiment le Christ inventé
comme celui qui doit venir, c’est-à-dire un souffle de lucidité, de courage et de
créativité pour Pour porter le projet de la reconstruction de l’Afrique, Kä Mana
demande de construire une Église qui soit capable de se tenir sur tous les fronts, dans
tous les combats de l’homme. De quels fronts s’agit-il ?
Du front politique d’abord. Sans être un parti politique, l’Église doit être au cœur
des luttes pour la démocratie. Porteuse de la Parole de Dieu, l’Église doit inviter les
gens à dépasser les frontières tribales et nationales pour construire des États
pluralistes. Le front économique ensuite. Il s’agit d’aller au-delà de l’institution de
charité pour vivre l’Église comme « mouvement de production de richesses ». Une
Église capable de mettre sur pied des structures d’investissement et de production à
grande échelle. Sur le front social, l’Église doit aider à structurer les sociétés autour
des valeurs telles que la solidarité, le travail, la liberté, la justice, la vérité. Sur le front
culturel enfin, l’Église doit faire retentir cette parole de Dieu : « Voici que je fais
toutes choses nouvelles ». Il s’agit de réveiller le sens de la créativité pour que
l’Africain ne s’enferme pas dans des cultures fossilisées. Le destinataire de la Bonne
Nouvelle de Jésus-Christ c’est l’ensemble du continent africain dans l’aujourd’hui de
ses souffrances et de ses espérances.

V. Ce que la Bible dit de la politique

Les chrétiens étant les ambassadeurs pleni-potentiels de Christ dans le monde afin
que les hommes ne soient reconquis avec Dieu par Jésus comme Dieu l’a bien
ordonné doivent assumes leur rôle dans le monde quel soit leur environnement social
et politique. La Bible parle sinon donne des informations claires sur la gestion de la
cite pour ne pas parler de la politique. L’epitre de Paul aux romains dans les chapitres
13.1-7 et 13 nous exhortent a l’obéissance aux autorités sans exception saut quand

11
cela s’oppose à la volonté de Dieu, ce fut le cas de Daniel et ses compagnons
(Daniel.3.16-18 ;6.7-10) ou des apôtres (Actes.19). Les autorités qu’elles soient
bonnes ou mauvaises viennent de Dieu voilà pourquoi Dieu exige soumission
(1Pierres 3.13-17.) Néhémie a un moment clé de la restauration de Juda. Dieu l’a
susciter et lui occuper l’un des plus grands postes de confiance dans l’Empire Perse,
celui de l’échanson et confident du roi La vie même comme gouverner au retour de la
déportation (Néhémie 1.1-13.1 ss ). La vie à la cour d’Artaxerxés présentait un
certain nombre d’avantages pour Néhémie Il se vit attribuer un rôle important pour
diriger la reconstruction des murailles de Jérusalem et ensuite il a assumé le rôle du
gouverneur. Comme quoi Dieu peut mettre ses enfants ou serviteurs dans des
positions stratégiques pour des actions stratégiques comme pour parler a la manière
du pasteur Bako. Joseph aussi à assumer la responsabilité en étant premier Ministère
mais Dieu l’a préparé avec soin quoique sa formation a été si pénible pour assumer
une noble responsabilité. Joseph a marqué la société tant avec sa sagesse qu’avec son
art de bien gérer la cite Egyptienne(Genese41-50). Les exemples sont légions et nous
rassure bien que nous dirons sans hésiter que le christianisme ne peut empêcher les
chrétiens de s’engager dans la politique, d’ailleurs si ce sont les chrétiens pieux qui
gèrent la société, ils le feront davantage mieux que les non chrétiens, parce que Dieu
est un politique par excellence. Les dix commandements (Exode 20) nous donne des
principes non seulement pour développer la nécessité de l’intimité avec Dieu dans la
première partie mais aussi la notion de justice dans la société n’est-ce pas là le désir
de la politique pour une cite. Sans la notion de la justice on ne parlera pas de la
politique dans le bon sens du terme. Dieu a donné a son peuple la loi pour régir son
comportement pour faire régner l’ordre en son sein N’est-ce pas la notion de la
politique ? La notion du droit de l’Homme n’a-t-elle pas pour base le décalogue ?
L’obéissance aux dix commandement de façon implicite ou explicite fera régner
l’harmonie dans n’importe quelle cite humaine. Ce qui suppose que le chrétien
engage dans la politique a déjà le sens de la politique dans sa relation avec Dieu et s’il
s’agit de faire régner l’ordre dans sa société, il a toutes les dispositions pouvant
l’aider à bien gérer la société mieux que quiconque.

VI. La Position de l’Eglise sur la politique

La résolution conséquente du Consistoire supérieur de l’Eglise de D’Alsace(Juin


2019) me semble salutaire pour l’Eglise de Jésus Christ à travers le monde pour
rechercher plus de paix, plus de justice et une meilleure sauvegarde de la création
menacée.
Les chrétiens de toutes les régions du monde doivent être encouragés à prendre des
responsabilités politiques. Une formation biblique et théologique appropriée leur
permet de vivre la dimension politique de l'Evangile en prenant des engagements
socio-politiques significatifs. Les orientations qui suivent permettent de concrétiser

12
cette conviction.
Quelques principes qui doivent guider l'engagement politique dans une démocratie.

6. 1. Fondements théologiques de l'engagement politique de l'Eglise

L'Evangile est source de liberté et créateur d'une communauté renouvelée.

Le renouveau de l'Eglise et de l'humanité toute entière est l’œuvre de


Dieu. Il n'est pas le fruit d'un manifeste, d'un programme ou d'un ensemble de
réformes mais conséquence et œuvre de la Parole créatrice et recréatrice de Dieu.
L'Eglise vit de cet Evangile de Jésus-Christ et met tout en œuvre pour le percevoir,
le transmettre et en témoigner en vérité. Dans la pluralité des voix de ce monde, elle
se laisse conduire par la voix de Dieu.
La Réforme du XVIe siècle a réaffirmé la priorité de l'Evangile en insistant sur le
message de la justification par la foi. Ce message proclame le parti pris de Dieu pour
l'humanité. Prisonniers de nos fautes et de nos culpabilités, nous pouvons faire
confiance à Dieu et compter sur son pardon. Unis à Dieu, nous ne craignons plus les
pouvoirs de la destruction et de la mort. Dieu nous libère de tout ce qui nous aliène,
il nous libère de nous-mêmes, il nous ouvre l'avenir. Le message de la justification
nous délivre du poids du passé et de la peur de l'avenir. Il crée une communion
portée par l'espérance et la confiance et nous encourage à œuvrer en faveur de la vie.
Le message de la justification est le fondement de tout véritable renouveau de la
communauté humaine.
6.2. La liberté que Dieu nous donne est liberté pour les autres.
En nous libérant de nous-mêmes, Christ nous libère les uns pour les autres : liberté
et amour deviennent synonymes. La communion avec Christ donne sens à toute vie,
les dons et les possibilités de chacun trouvent leur épanouissement. Dans une société
où la rentabilité et la croissance économique effrénée risquent sans cesse
d'engendrer l'exclusion, où la politique régionale, nationale et internationale risque
de n'être qu'une course au pouvoir, le message du parti pris de Dieu pour toute
l'humanité donne sens et dignité à toute vie humaine. Personne ne saurait être exclu,
qu'il soit riche ou pauvre, productif ou non-productif, proche ou étranger, homme ou
femme, innocent ou coupable, ami ou ennemi. Là où est l'Esprit du Seigneur, là est
la liberté" (2 Co 3, 17). Fidèle à l'affirmation de ce texte, on pourrait ajouter : Là où
est la liberté, là se développe la responsabilité. Dans une société où
l'homme risque de pervertir sa liberté par un usage irresponsable de son savoir et de
son pouvoir au détriment des autres et de la création toute entière, l'Evangile nous
appelle à une gestion responsable soucieuse d'un nouvel ordre économique et
écologique régional, national et international.

Pareille gestion exige une imagination créatrice recherchant les formes les plus
appropriées pour que plus de justice, plus de paix, une gestion plus saine de la
création et une meilleure répartition des richesses deviennent enfin réalité.
L'Evangile nous engage à une liberté responsable et créatrice.

6.3. La liberté que Dieu nous donne est liberté avec les autres.
13
En nous appelant à être l'Eglise de Dieu, l'Esprit Saint nous assemble en une
communauté nouvelle où les différences de sexe, de culture, de religion, de tradition
et de richesse ne séparent plus les êtres humains. Cette communauté nouvelle est
marquée du sceau de la solidarité de Dieu qui fonde la solidarité entre les habitants
de cette terre.
Dans une société où la privatisation de la liberté et l'individualisme exacerbé
conduisent à une indifférence généralisée, où le pouvoir de l'argent sert souvent de
seule référence, où l'égoïsme individuel ou collectif menace la survie même de la
création, le message libérateur de l'Evangile crée une solidarité nouvelle. Liberté et
service mutuel ne se contredisent pas, mais sont deux faces d'une même réalité.
La tâche missionnaire de l'Eglise dans une société pluraliste et sécularisée consiste
en une présence aussi large que possible. Il faut à nos Eglises ce courage de la
présence : il s'agit de tout mettre en œuvre pour rappeler la Parole de Dieu à temps
et à contretemps et témoigner par la qualité de notre communion en Eglise, de la vie
nouvelle à laquelle toute l'humanité est appelée. Cette présence interpelle, car elle
refuse le statu quo et s'obstine à rechercher et à poser des signes du parti pris de
Dieu pour l'humanité sachant que dans toute situation, aussi désespérée
soit elle, tous sont et demeurent aimés de Dieu. Cette présence est critique car elle
sait que la liberté peut se transformer en autoglorification et devenir destructrice. La
liberté donnée en Christ dénonce toute autosuffisance ou idolâtrie d'un ordre
politique, économique ou culturel.
L'Evangile nous invite à une présence critique et courageuse.

6.4. La liberté que Dieu nous donne est liberté pour l'avenir.

En nous libérant de la peur, Dieu nous donne l'espérance. Nous vivons de la


certitude que ce monde, création de Dieu et son avenir sont entre les mains de ce
Dieu créateur.
Nous ne pouvons pas rendre ce monde parfait, mais nous avons la liberté et la
responsabilité de témoigner de l'amour de Dieu là où règne le mal et la souffrance,
et de nous opposer aux pouvoirs de destruction et à la mort.
Dans un monde où le fatalisme et l'indifférence s'installent, où le cadre de vie est
menacé, où l'espérance s'éteint, l'Evangile s'oppose à toute résignation et suscite des
signes du Royaume de Dieu. Cette conviction centrale de notre foi n'a rien d'une
rêverie futuriste. Il serait cependant faux de vouloir en tirer le programme d'une
"politique chrétienne" qui réduirait l'Evangile à une idéologie (une loi). Les
chrétiens ne s'engagent pas dans la politique pour y réaliser un système de valeurs
chrétiennes dont ils auraient découvert les principes dans l'Ancien et le Nouveau
Testament. La fidélité aux textes bibliques ne consiste pas dans leur simple
répétition, mais dans l'effort de les traduire et de les vivre dans des situations
nouvelles. Christ lui-même étant la vérité (Jean 14, 6), nous sommes témoins et non
propriétaires de celle-ci. Pour cette raison une "déclaration d'Eglise" sur un
problème socio-politique est l'indication d'une direction, une information, une
invitation au dialogue qu'il s'agit de traduire dans l'originalité d'une situation
concrète et particulière.
L'Evangile nous demande une parole nouvelle et authentique.
14
6.5. La recherche de la justice et ses conséquences

Même s'ils ne veulent pas instaurer un "état chrétien", les chrétiens et les Eglises
ont des convictions et des objectifs politiques. Ils luttent pour l'établissement d'une
justice équitable et humaine au sein d'un état de droit et pour un système politique
démocratique soucieux du pauvre et du riche, du petit et du puissant. Ils s'engagent
pour une structure politique qui renonçant à monopoliser toute la vie sociale,
économique, culturelle et spirituelle, fait place à d'autres sources de vie, à
la critique, voire à la contestation et à l'existence de contrepouvoirs en son propre
sein, s'oppose à l'exclusion des minorités et des étrangers et instaure une véritable
communauté de femmes et d'hommes, de races et de cultures en ayant un réel souci
des pauvres, des marginalisés, des opprimés et des sans-voix, privilégie l'expression
de chacun et permet la participation du plus grand nombre aux processus de
réflexion, de discussion et de décision en ne se laissant pas accaparer par quelques-
uns, favorise un juste partage dans un souci réel du respect de la nature et ne tolère
pas qu'un petit groupe accumule toutes les richesses, s'érige contre la violence
aveugle et tente de la contrôler selon l'esprit et la lettre de la loi.

6.6. Certaines situations de systèmes politiques totalitaires ou


d'idéologies perverses pourront exiger une attitude plus
radicale.

Cette situation intervient lorsque des états ou des groupes humains développent des
thèses et prônent des attitudes en contradiction flagrante avec les exigences de la foi.
L'engagement des chrétiens ne saurait alors être ambigu tout en étant soucieux de
discerner, dans l'écoute de l'Evangile et la prière, les circonstances et leurs enjeux.
Ainsi l’ « Eglise confessant" a été amenée à s'opposer à la dictature hitlérienne
et à proclamer le "statuts confessions" c'est-à-dire son opposition à ce régime au
nom de sa confession de foi(Déclaration de Barmen en 1934). Cette opposition peut
même aller jusqu'à la rupture entre Eglises. Il en fut ainsi lorsqu’en 1984, la
Fédération luthérienne mondiale fut contrainte de “suspendre" de leur qualité de
membres des Eglises blanches d'Afrique du Sud qui pratiquaient l'apartheid en leur
propre sein en interdisant à des chrétiens noirs l'accès à la Sainte Cène.\

6.7. Un problème particulier est posé par l'usage de la force.

La non-violence est un idéal vers lequel il s'agit de tendre – tant individuellement


que communautairement - conformément aux exhortations du Sermon sur la
Montagne (Mt 5 à7).Au nom de leur foi, certains chrétiens refusent en toutes
circonstances le recours à la force. Pareille attitude est une option chrétienne
légitime. D'autres chrétiens, tout aussi convaincus et engagés, peuvent accepter que
dans des situations extrêmes, la protection et le respect du droit et de la dignité de
tous et de chacun appellent comme recours ultime (ultima ratio) l'usage de la force.
La seule légitimité de pareil recours est de limiter la violence pour instaurer ou
rétablir le droit et la justice pour tous (Droits de l'homme). Pareil recours est
15
toujours un échec, signe de l'impossibilité de parvenir à une solution par d'autres
chemins. Il peut cependant être nécessaire comme seul et dernier moyen pour mettre
un terme à une situation inhumaine et violente antérieure. Dans des situations
exceptionnelles, pareille attitude peut, elle aussi, être une option chrétienne légitime

. Dans ce domaine, les chrétiens ne sont pas seulement appelés au discernement des
situations mais aussi à ne pas se résigner à ce qui, souvent, se présente trop
facilement et est présenté trop rapidement comme inéluctable.

6 .8. Quelques pièges à éviter

Souhaitant confesser sa foi et persuadé du bien-fondé de son engagement, le


chrétien s'expose à un certain nombre de tentations qu'il convient de nommer
- il ne s'agit pas d'imposer un nouveau pouvoir.
Tout en essayant de convaincre et de montrer la pertinence de ses options, le
chrétien est appelé à pratiquer l'autocritique et à se soumettre à la critique
fraternelle ;
- il ne saurait être question de « profiter » de relations
privilégiées.
La tentation du pouvoir peut être très grande lorsque l'engagement politique met en
relation avec des personnes exerçant des responsabilités politiques et détenant
pouvoir et autorité. Soucieux d'un engagement évangélique authentique, le chrétien
doit éviter d'en tirer profit et de se faire « récupérer » à des fins politiciennes ;
- il faut éviter de succomber à toute forme d'intégrisme et de fanatisme.
Une grande prudence est de rigueur face à tous les motifs « idéalistes ». A aucun
moment il ne saurait être question, au nom d'un idéalisme ou pour une autre
raison, de « démonisé l’adversaire » qui ne partage pas les convictions chrétiennes.
Il est nécessaire de se laisser porter par l'esprit du Christ qui aime aussi «l’adversaire
politique »;
- il est important de savoir qu'aucun moyen pour
atteindre un but n'est innocent, indifférent ou neutre.
Le choix des moyens exige une grande vigilance. Le chrétien doit faire preuve
d'intégrité et refuser tout chemin inadéquat, n’oubliant jamais que «la fin ne justifie
pas les moyens ». Il ne s'agit pas non plus de tomber dans un certain « angélisme »
qui ferait l'économie de la vérité (par exemple dans les conflits sociaux où il faut
parvenir à une véritable réconciliation).

- La prédication doit permettre à l'Evangile de s'incarner


dans la vie quotidienne.
Elle a, pour cette raison, une dimension politique dont le but est de libérer et
d'encourager les membres de l'Eglise en vue de leur engagement socio-politique.
Des tentations particulières guettent cependant le prédicateur dans
sa mission :
- la prédication ne saurait être discours de propagande.
Le prédicateur tombe dans ce piège lorsque son propos vise à faire adhérer les
auditeurs à ses propres opinions et choix politiques ;
16
- la prédication ne saurait être discours électoral.
Elle le devient, lorsque sous un prétexte évangélique, elle propose une apologie d'un
courant et d'un engagement politiques donnés au détriment de toutes les autres
options qui pourraient, elles aussi, exprimer des choix chrétiens légitimes;
- la prédication ne saurait prôner l'autojustification de la
personne humaine par l'engagement politique.
Nous ne sommes et ne devenons pas enfants de Dieu à cause de notre
engagement politique mais nous nous engageons politiquement parce que nous
sommes enfants de Dieu.
L'action politique n'est pas une « bonne œuvre » qui nous rend justes devant Dieu.
Elle est une conséquence de l'œuvre prévenante de Dieu qui nous pardonne, nous
offre sa vie et s'engage à bénir notre témoignage. Une prédication authentique
s'efforcera d'indiquer les interpellations politiques découlant de l’Evangile et
d’inviter des fidèles à s’engager en références à ces exigences et a ces promesses.

Conclusion

Il y a donc en réalité selon Martin LUTHER King, rien qui empêchent aux
chrétiens de s’impliquer résolument dans la politique dans le bon sens de bien
gère la société. Cependant, l’Eglise doit enseigner aux chrétiens à savoir
s’assumer dans leur engagement politique et non à rester à la marge de la société
pour ensuite se plaindre et rester les autres détruire la société. Seulement ils
doivent s’assumer de sorte à rester fidèle à Dieu leur taches diverses quelle que
soit leur responsabilité dans le milieu politique. Les chrétiens sont certes citoyens
du ciel mais étant encore dans ce monde, ils sont citoyens de la terre a qui Dieu a
confié à Adam et Eve la responsabilité de la cultiver et la garder, par conséquent
les chrétiens se doivent de participer à la gestion de la société pour l’harmonie et
la quiétude en étant vigilant à cause de la métamorphose dont est capable la
politique de peur de s’égarer et de déshonorer Dieu.
Le christianisme et la politique peut avoir un lien de conflits ou de
complémentarité selon les contextes, sinon leur apport selon leur définition
conceptuelle il n’apparait aucunement un conflit de fait. Cependant, tout dépend
du genre des chrétiens qui s’engagent dans la politique. Mais en principe un bon
chrétien ou un croyant pieu cernant le christianisme comme une religion de paix
selon la vision du monde selon la Bible ne peut que bien gérer la cite selon le
paradigme divin, et s’il s’efforce de glorifier en tout et dans tout, il ne peut que
contribuer pour le bonheur multidimensionnel de tous les hommes dans la
société.

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La bibliographie

Machiavel, N. (1513). Le Prince. Paris :Librio.


METZ, J.B. (juin 1968). « Théologie politique et liberté critico-sociale »,
Concilie, 36,
Platon (1966), La République. Paris : Garnier-Flammarion.
Rouart, J.M. (2005). Mes Fauves. Paris : Bernard Grasset
Ukwuije, B. (2007). Existe-t-il une théologie
politique en afrique ? Attakwu, Enugu, (Nigeria) :
Spiritan International School of Theology

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