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Dusautoir Laurane

TD HIPAM GP 12

« Le meilleur des régimes »

« Les régimes politiques sont comme des vêtements : aucun d’entre eux ne convient à
tous » 1 citation de John Stuart Mill, philosophe politique du XIXe siècle, il souligne ici que
chaque régime politique a ses propres avantages et inconvénients, et que ce qui convient à
une société ou à un pays peut ne pas convenir à un autre. D’après lui il n’existe alors aucun
régime absolument meilleur que les autres. Cette question de savoir quelle est l’essence du
meilleur régime politique est débattue depuis des milliers d’années. De Platon à Jean
Jacques Rousseau en passant par Aristote, les philosophes, les politiciens et les dirigeants
du monde entier se sont posé la question: quel est le meilleur des régimes politiques?
Le régime politique désigne l’organisation des pouvoirs et leur exercice au sein d’une entité
politique donnée. C’est un aspect crucial de la vie sociale car il détermine la manière dont la
société est gouvernée et la distribution du pouvoir. Au fil de l’histoire, de nombreux régimes
politiques différents ont été mis en place. La définition du meilleur régime politique peut alors
varier considérablement selon les auteurs et les époques. Pour les penseurs modernes il
faut inclure des facteurs comme la protection des droits de l’homme, la responsabilité du
gouvernement envers ses citoyens et la participation des citoyens. L’époque moderne prône
surtout la démocratie comme régime idéal. Alors que pour certains philosophes anciens tels
que Platon, Aristote, Cicéron, un régime politique est vu comme un système de
gouvernement qui détermine la manière dont le pouvoir est exercé dans une société, pour le
bien de la communauté en se basant sur la vertu. Il ne considère pas nécessairement la
démocratie comme le meilleur régime. A l’époque philosophique classique, la question était
alors, pour les philosophes, de trouver le meilleur système de gouvernance et d’organisation
sociale parmi les nombreux régimes existant. Quel est alors l’essence même de ce régime
idéal et en existe-t-il vraiment un ? En effet, alors qu’il existe une multitude de régime
politique, existe-t-il un unique régime absolument considéré comme le meilleur ?

Nous explorerons alors la question fondamentale de l'existence d'un meilleur régime


politique. Nous verrons tout d'abord comment la nature de l'Homme politique peut influencer
la définition du meilleur régime. Ensuite, nous aborderons la typologie des régimes et
comment elle peut nous aider à évaluer les différents systèmes politiques. Finalement, nous
examinerons l'idée de pluralité du meilleur régime, qui implique que plusieurs régimes
peuvent être considérés comme les meilleurs en fonction des contextes spécifiques.
I. Le meilleur régime selon la nature de l’Homme

« La politique doit posséder une certaine connaissance de ce qui a rapport à l’âme » 2, ainsi,
afin de trouver le régime idéal, il faut s'intéresser à la nature de l’Homme. Pour Aristote,
celle-ci peut influencer la définition du meilleur régime politique.

a. L’homme est un animal politique

L’Homme vit dans la polis, qui est la cité grecque qu’Aristote considère comme une
« réalité naturelle » car, pour lui, elle est le prolongement nécessaire des autres
communautés primordiales que sont la famille et le village. En effet, aucune de ces
communautés ne peut se suffire à elles-mêmes, ainsi, c’est dans la cité qu’elles
s’épanouissent. La politique dans la polis est vue comme un moyen pour les hommes de
coopérer et de réaliser leurs besoins et leurs désirs communs. Aristote soutient que la
politique est une forme supérieure de vie sociale par rapport à d'autres formes de vie en
communauté, car elle permet une plus grande coopération et une plus grande réalisation
des buts collectifs.
De plus, l’homme se distingue de l’animal car il possède le logos signifiant la raison,
le discours rationnel. La parole nous permet de porter des jugements moraux et de coopérer
avec les autres pour mener une vie conforme à ce que nous pensons être juste. L’Homme
est le seul animal capable de discerner le bien du mal, le juste de l’injuste, le vrai du faux, la
lâcheté de la vertu, c’est un être moral. L’utilisation de la parole ne pouvant se faire que
dans la cité et dans la vie politique, L’homme peut atteindre sa pleine réalisation dans les
lieux où il peut établir des échanges réciproques et une communication authentique. La polis
est alors la communauté permettant à chaque Homme de réaliser sa vie morale car elle est
le lieu où chacun peut rechercher le bien et vivre de la meilleure façon. L’Homme trouve
alors, dans la polis, les conditions de son épanouissement, de son bonheur qui est
considéré par Aristote comme le souverain bien, c'est-à-dire le bien ultime. Cicéron partage
la pensée d’Aristote, il pense que les hommes ont besoin de vivre ensemble pour satisfaire
leurs besoins fondamentaux et pour réaliser leur plein potentiel.
Par conséquent, L’Homme développe son potentiel et réalise sa fin naturelle dans un
contexte social, il n’a aucune existence propre et se réalise pleinement seulement dans un
ensemble social. Pour Aristote c'est « un être destiné à vivre en société » 3 . Il ne fait aucune
séparation entre la vie politique et la vie éthique. En plus d’être un animal pensant et un être
rationnel, « l’homme est par nature un animal politique » 4 (zoon politikon), c'est-à-dire un
être social qui ne peut survivre s’il ne fait pas partie de la communauté. La vie politique est
la place de l’Homme par nature, s’il ne vit pas en société, l’homme est un être incomplet et
fait face à une solitude insupportable. La vie « bonne » est le résultat de la vie de citoyen.
Comme le disait socrate « Le plus grand bien pour l'homme, c'est d'être membre d'une cité
bien gouvernée ».

b. La démocratie comme régime idéal ?

La démocratie est le régime le plus populaire, surtout à l’époque moderne, pour Jean
Jacques Rousseau « La démocratie est le régime le plus juste, car elle garantit à chacun
une égale participation au pouvoir », c’est d’ailleurs le régime politique de la cité Athénienne
du Ve siècle à l’époque des philosophes Platon, Aristote et Cicéron. Aristote considère
l'homme comme un animal politique, c'est-à-dire qu'il a naturellement la capacité et le désir
de vivre en société. La démocratie, en tant que régime politique qui permet la participation
directe ou indirecte de tous les citoyens dans les décisions politiques, peut alors être
considérée comme le meilleur régime pour l'homme en raison de son expression de sa
nature politique. En effet, la démocratie permet à l'homme de participer activement à la vie
politique ce qui leur permet d’atteindre le bonheur donc le souverain bien. De plus, en
permettant à tous les citoyens de participer aux décisions politiques, la démocratie peut
assurer que les intérêts de tous les parties concernées soient pris en compte, ce qui peut
garantir une justice plus grande pour tous les membres de la société.
Pour Aristote, la société se divise en deux, d’un côté les pauvres et d’un autre les
riches. Selon Aristote, les citoyens pauvres, étant en grand nombre, devraient être les
gouvernants car la conduite d'une cité nécessite une réflexion rationnelle, et en combinant
les rationalités individuelles on peut arriver à une rationalité collective. La démocratie, selon
lui, est donc un régime où la majorité des citoyens libres et modestes détiennent le pouvoir.
Contrairement à Platon, Aristote serait favorable à une démocratie car il prône un régime
politique accessible aux citoyens libres, qui est une condition essentielle pour celle-ci. Elle
repose sur un gouvernement de chacun par tous et de tous par chacun à tour de rôle,
c’est-a-dire que les citoyens doivent « tour à tour être gouverné et gouvernant » 6 . Chaque
citoyen doit avoir une part égale du pouvoir, c’est la notion de justice. C’est ici une des
formes de la liberté qui est le principe fondamental du régime démocratique. La démocratie
est alors considérée comme le régime idéal pour les Hommes, car elle permet leur
participation active à la vie politique et c’est dans cette constitution que les citoyens ont la
liberté.
Aristote distingue deux formes de démocratie : la démocratie directe où tous les
citoyens participent directement aux décisions politiques, et la démocratie représentative où
les citoyens élisent des représentants pour prendre des décisions en leur nom. Aristote
considère que la démocratie directe est préférable à la démocratie représentative, car elle
permet une plus grande participation des citoyens aux décisions politiques.

Cependant, même si la démocratie pourrait être le régime idéal, Aristote met en


garde contre les défauts de la démocratie car l'efficacité de ce régime politique dépend de la
vertu du peuple, la tendance à l’égalité absolue peut conduire à l’injustice et la plupart des
citoyens confondent leur liberté démocratique avec une liberté absolue de suivre leurs
propres désirs. Pour Aristote, la démocratie peut être considérée comme le meilleur régime
pour l'homme en tant qu'animal politique, mais elle doit être pratiquée de manière équilibrée
et juste. C’est pourquoi il considère la démocratie comme un régime déviant, dans sa
classification des régimes politiques. C’est ce que nous verrons dans cette deuxième partie
sur la typologie des régimes politiques.

II. La typologie des régimes politiques

Aristote est considéré comme l'un des premiers philosophes à avoir proposé une
classification des régimes politiques avec la distinction entre les formes déviées et les
formes droites. Cicéron reprend également cette thèse d’Aristote.

a. Les formes déviées et les formes droites.

Pour Aristote, le bien commun est la fin en soi, c’est la finalité de la société. Il
soutient que le but de tout individu et de toute communauté est de travailler ensemble pour
le bien commun et pour permettre à chaque citoyen de mener une vie vertueuse. Comme il
le dit « c’est en vue de l’avantage de ses membres, pense-t-on généralement, que la
communauté politique s’est constituée à l’origine et continue à se maintenir. ».
Selon le critère de l'intérêt commun, Aristote apporte une classification des régimes
politiques. Selon Aristote, la classification des régimes politiques repose sur la base du
nombre de personnes exerçant le pouvoir, ce qui est similaire à la typologie de Platon.
Aristote distingue 2 formes de constitutions, les constitutions « droites » qui ont pour principe
la recherche de l'intérêt commun et les constitutions « déviées » où le pouvoir est exercé
dans l’intérêt des dirigeants. Il obtient alors 6 formes de régimes différents, qui se rapproche
d’ailleurs de celles exposées par Platon. Les formes droites étant la Monarchie comme
gouvernement d’un seul homme, l’Aristocratie comme gouvernement d’une minorité étant
considérée comme la meilleure et la Politie comme gouvernement du peuple. Chacune de
ses formes à un risque de dévier si elles poursuivent l’intérêt des dirigeants.
La monarchie est un régime politique où le pouvoir est détenu par un seul individu,
le monarque. Aristote considère que la monarchie peut être juste lorsque le monarque est
sage et vertueux, mais qu'elle peut aussi devenir tyrannique si le monarque est corrompu ou
malveillant. L'aristocratie est un régime politique où le pouvoir est détenu par une élite
sociale ou politique, généralement définie par la naissance, la richesse ou la formation.
Aristote considère que l'aristocratie peut être juste si les membres de l'élite sont vertueux et
qualifiés, mais qu'elle peut aussi devenir oligarchique si les membres de l'élite sont égoïstes
et ne considèrent pas les intérêts de la majorité. Tandis que la Politie, la République,
dégénère en démocratie si la majorité commande un conduite irrationnelle des affaires
publiques et opprime les minorités. Aristote considère que la démocratie peut être juste si
elle est pratiquée de manière équilibrée et que les citoyens sont responsables et vertueux,
mais qu'elle peut aussi devenir injuste si les citoyens sont égoïstes et ne considèrent pas les
intérêts de toutes les parties concernées. Les constitutions droites peuvent alors devenir une
forme déviée lorsque la recherche de l’avantage commun se transforme en intérêt privé.

b. Le régime mixte

Aristote recherche le meilleur type de gouvernement pour le plus grand nombre de


cités. Il commence par rejeter la monarchie en raison de sa nature barbare et se concentre
alors sur l’oligarchie et la démocratie afin de trouver le meilleur régime politique. Mais aucun
ne lui convient. L’oligarchie a le défaut de donner le pouvoir au petit nombre des riches qui
se focalisent sur l’accumulation de richesses et ne se soucient pas du bien commun. Ils ne
possèdent donc pas la compétence nécessaire pour diriger la cité. La démocratie, quant à
elle, a pour défaut de donner le pouvoir au peuple, qui s’en sert pour prendre leur biens aux
riches, ce qui la rend injuste.
Il défend alors le principe de « régime mixte » qu’il appelle aussi la « Politie » ou la
« République ». Pour lui, elle est le juste équilibre entre les deux extrêmes : l’oligarchie, le
pouvoir exercé par la classe des riches, et la démocratie, le pouvoir contrôlé par les
pauvres. Selon lui, fusionner 2 constitutions « déviées » amènerait à la création d’une
constitution droite car cela permet de neutraliser les rivalités sociales en réalisant un
équilibre politique. Elle est la condition de la stabilité politique.
Selon Aristote, le régime mixte est alors le régime politique idéal, qui combine les éléments
les plus vertueux des différents régimes politiques. « Le régime mixte est celui qui tire parti
des avantages des autres formes de gouvernement, sans en subir les inconvénients"
Cicéron s'accorde avec Aristote, il considère également le régime mixte comme le meilleur
gouvernement car il associe les forces des différents régimes, tels que la monarchie,
l'aristocratie et la démocratie, pour créer une forme équilibrée et juste de gouvernement. Les
2 philosophes considèrent que le régime mixte permet d'éviter les défauts des différents
régimes politiques en créant un équilibre entre les différentes forces politiques. Il est, selon
eux, le plus stable et le plus juste.
Selon Aristote, le pouvoir politique ne peut être confié ni aux riches (oligarchie) ni aux
pauvres (démocratie), car chacun poursuit des objectifs différents qui peuvent être néfastes
pour la cité. Les riches exercent le pouvoir d’une façon autoritaire en écartant la plupart des
citoyens. Les pauvres, eux, attaquent les intérêts des familles les plus riches car ils ont un
sentiment de déshonneur. Au lieu de cela, il préconise de donner le pouvoir à la classe
moyenne, qui a un jugement impartial et peut gouverner sans se laisser aveugler par les
passions. Cependant, Aristote reconnaît également l'importance du rôle du peuple dans la
cité, en particulier pour surveiller les actions des dirigeants. Il est donc important de donner
au peuple une participation active dans les délibérations et les décisions judiciaires.

Cependant, malgré le fait qu’Aristote, Cicéron ou bien Platon nous apporte une
classification et nous donne une réponse sur le régime qu’ils considèrent comme le meilleur,
tous savent qu’il n’existe en réalité aucun régime absolument meilleur, qu’il n’y a en réalité
aucun régime « bon » ou « mauvais ». Ainsi, ils pluralisent la question du meilleur régime
politique. Nous aborderons alors dans cette dernière partie, cette idée de pluralité du
meilleur régime.

III. Une pluralité du meilleur régime.

La philosophie politique classique se basait sur la recherche du meilleur régime politique qui
devait être le plus favorable à la vertu et au mode de vie des Hommes. Cependant, selon
cette même philosophie, le meilleur régime dépend nécessairement des circonstances.
L’idée est que plusieurs régimes peuvent être considérés comme les meilleurs en fonction
des contextes spécifiques et s'ils respectent certains principes.

a. Le relativisme d’Aristote

Le premier philosophe à avoir théorisé cette idée de pluralité des meilleurs régimes
est Platon dans La république. En effet, pour lui, il n’existe pas un seul et unique meilleur
régime politique mais un meilleur régime pour une société donnée. Dans la république il dit
« Le régime politique dépend des circonstances et de la manière dont les Hommes vivent
ensemble ». Aristote s’accorde avec Platon, il adopte une perspective relativiste. Il défend
alors une forme de relativisme moral, selon laquelle les valeurs et les principes moraux ne
sont pas absolus, mais varient selon les individus et les circonstances.
Le meilleur régime politique dépend des circonstances. Il considère que les différents
régimes politiques ont leurs forces et leurs faiblesses et que le choix du meilleur régime
dépend de la situation politique, économique et sociale dans laquelle se trouve une société.
Aristote considère que la monarchie est appropriée dans les circonstances où il est
nécessaire de maintenir l'unité et l'ordre dans les temps difficiles. Dans les circonstances où
il est nécessaire de fournir une élite qualifiée et responsable pour gouverner, l'aristocratie
peut être le meilleur choix. Enfin, dans les circonstances où il est nécessaire de garantir la
participation directe ou indirecte du peuple dans les décisions politiques, la démocratie peut
être le meilleur régime. Aristote considère également que le meilleur régime peut varier au
cours du temps, selon les évolutions politiques, économiques et sociales. Il considère que le
meilleur régime peut être le régime mixte, qui combine les éléments les plus vertueux des
différents régimes politiques. Le régime mixte peut être supérieur aux autres régimes
politiques, car il permet de maintenir un équilibre entre les différents intérêts et de garantir la
justice pour tous.
D’autres auteurs d’autres époques s’accordent également avec les deux
philosophes. On peut prendre l’exemple de Machiavel. En effet, comme il le dit dans son
livre Le Prince « Il n'y a pas de régime constant qui convienne toujours à toutes les
circonstances.», chaque régime est « bon » en fonction des circonstances auxquelles il
s’applique. L’action politique doit être adaptée en regard de la communauté des citoyens
concerné, dans ce cas, selon les circonstances données, différents types de régime peuvent
être les meilleurs. De plus, un bon régime dans une société ne le sera pas nécessairement
dans une autre, c'est le cas de la constitution démocratique qui s’équilibre différemment
selon les cités. Dans les zones rurales, le gouvernement est stable et équilibré avec une
autorité entre les mains des riches. Dans les villes, la démocratie peut causer des excès
politiques avec une assemblée du peuple souvent ingouvernable, dominée par des
démagogues et où la loi est souvent bafouée. En période d'instabilité, il est plus judicieux de
choisir un régime politique qui peut gérer ces conditions incertaines plutôt que de rechercher
le meilleur régime en termes absolus. La qualité d'un régime dépend de la société dans
laquelle il est appliqué et des circonstances précises. Comme l'a souligné Platon, « les
régimes politiques sont comme les médecins, ils doivent être adaptés aux maladies de la
société et aux caractéristiques de chaque individu. »
Ainsi, s'il n’existe pas de régime absolument meilleur, il existe certaines caractéristiques
qu’un régime doit avoir pour s’approcher du régime idéal selon les circonstances de la
société donnée.

b. Les caractéristiques du « bon » régime

Même si le régime idéal dépend des circonstances, il y a certaines caractéristiques


importantes à prendre en compte pour le régime, en plus de prendre en compte les
circonstances, soit idéal pour la communauté. Aristote s’appuie notamment sur un critère :
un bon régime politique doit être fondé sur la stabilité. La stabilité est un critère important
pour évaluer la qualité d'un régime politique. Les lois qui durent plus longtemps sont
considérées comme plus efficaces car elles ont le temps de produire des effets durables à la
fois sur les citoyens et sur la société dans son ensemble. On ne cherche plus à déterminer
le meilleur régime en termes d'excellence, mais plutôt celui qui convient le mieux aux
circonstances précises. Il faut donc adapter le régime politique en fonction des
circonstances pour préserver la paix et la stabilité de l’Etat. La stabilité dans les lois et les
institutions est un critère déterminant pour évaluer cette convenance. Selon Aristote, la
meilleure constitution est donc celle qui reçoit le plus large soutien de la population car elle
est la plus susceptible de survivre. Les législateurs et les politiques doivent donc avoir une
connaissance approfondie des constitutions et des lois afin de choisir celle qui sera la mieux
acceptée par tous les citoyens. La bonne constitution est celle qui permet aux institutions de
s'adapter et de perdurer, car c’est seulement dans un environnement stable que les
individus peuvent montrer leur vertu éthique et politique.
Pour maintenir cette stabilité, le régime doit s’appuyer sur la vertu, la justice et la
dissuasion à la corruption. La vertu désigne les qualités morales qui permettent à une
personne de vivre de manière éthique. Selon lui, la vertu est alors la qualité la plus
importante pour le bon fonctionnement d'une société. En effet, les citoyens qui composent
une société doivent être vertueux pour qu'elle soit juste et stable, ainsi que les dirigeants.
Aristote considère que la vertu consiste en un juste milieu entre deux excès. Par exemple, la
générosité est un juste milieu entre la prodigalité et l'avarice. Pour Aristote, la vertu est un
élément clé pour garantir la stabilité d'une société, car elle permet de maintenir un équilibre
entre les différents intérêts. Les politiques mises en place doivent également être justes et
équitables et que les intérêts de la société dans son ensemble doivent être protégés. Ainsi,
une société stable doit également être fondée sur la justice. La justice consiste en un
équilibre entre les différents intérêts et droits des citoyens. Pour Aristote, la justice est
nécessaire pour maintenir la stabilité d'une société, car elle permet de garantir la protection
des droits de chaque citoyen et de prévenir les conflits. La Justice est une forme de juste
mesure, c’est une vertu qui organise chacun, chaque citoyen de vivre selon les vertus qui
servent l’intérêt commun. De plus, afin que le régime reste stable et donc idéal, il est
important de dissuader la corruption. Si le peuple est corrompu, le régime s’effondrera car il
perdra de sa justice et sa moralité. Par exemple, la démocratie peut être appropriée dans
certaines circonstances et donc être le régime idéal pour cette société, mais si les citoyens
ne sont pas suffisamment vertueux, le régime deviendra corrompu. Machiavel a déclaré que
l’on ne peut établir l’ordre politique désirable si le peuple est corrompu, en effet dans Le
Prince il dit « Si le peuple est corrompu, il est impossible d’instaurer un ordre politique
stable ».

En conclusion, l’homme étant un animal politique, le meilleur régime pourrait être la


démocratie. Celle-ci offre une participation importante des citoyens à la vie politique et
permet donc, à chaque individu, son épanouissement. Cependant, celui-ci à des limites et
est considéré, par Aristote, comme un régime dévié qui peut devenir injuste. Selon les
penseurs politiques, face à la typologie des régimes politiques, le régime mixte serait le
meilleur car le plus juste et le plus stable. Malgré la pertinence de leur propos, la plupart des
individus arrivent finalement à la même conclusion : le meilleur des régimes n’existe pas
réellement. En effet, aucun régime n'est absolument meilleur que les autres, comme le dit
Cicéron "Il n'y a pas de régime politique qui convienne à tous les peuples". Aucun régime
n'est absolument bon et juste, tout dépend des circonstances, d’après Aristote "Le régime
politique idéal est celui qui convient le mieux aux circonstances et aux caractéristiques des
citoyens". Par conséquent, selon la société donnée, un régime peut être considéré comme
« bon » alors qu’il ne le sera pas nécessairement dans d’autres circonstances. Il n'existe pas
un seul et unique modèle idéal de constitution qui peut être appliqué à tous les peuples mais
il revient à chaque cité de choisir les règles qui conviennent le mieux pour atteindre le
bonheur de tous ses citoyens. Il y a quand même certains critères à un régime considéré
comme idéal, même s’il dépend des circonstances. Le principal étant la stabilité.

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