phénomènes psychiques par l’étude de la localisation des fonctions cérébra-
les (la phrénologie). Par contre, Brentano fait des emprunts manifestes au Système de politique positive ou Traité de sociologie instituant la Religion de l’Humanité (1851-1854) de Comte, où celui-ci cherche à intégrer la psychologie dans la sociologie. Toujours hostile à la méthode de l’observa- tion interne, Comte y insiste sur l’importance de la méthode historique, de la psycho-pathologie et de la psychologie animale. La Psychologie vom empi- rischen Standpunkt de Brentano reprend ces trois thèmes. Non seulement la psychologie doit étudier les psychismes élémentaires de l’enfant et de l’ani- mal, mais aussi les maladies mentales. En plus, la psychologie ne saurait renoncer à l’étude historique, l’histoire des individus comme des collectivi- tés étant riche en leçons de psychologie 23. Cependant, l’apport fondamental de Brentano à la psychologie ne réside pas dans ces investigations génétiques, mais dans sa conception de la psycho- logie descriptive. Bien que celle-ci soit déjà annoncée dans la Psychologie
21. C, 1968, p. 29-30.
22. B, 1955, p. 40-46 et 180-183. 23. B, 1955, p. 56-60. 300 R. SCHMIT
vom empirischen Standpunkt, la distinction explicite entre la psychologie
descriptive (Psychognosie) et la psychologie génétique n’apparaît que vers 1887. Contrairement à la seconde, la première est considérée comme capable de s’élever à des lois universelles à caractère apodictique. De telles lois s’expriment sous forme négative et apparaissent déjà au niveau de la Psycho- logie vom empirischen Standpunkt. Qui plus est, Brentano estime que la psychologie descriptive est plus fondamentale que la psychologie génétique puisque l’explication causale des phénomènes psychiques présuppose néces- sairement leur distinction et leur description adéquates.
Un chapitre oublié dans l’histoire de la réception du positivisme
l’auteur d’une série d’ouvrages philosophiques, dont Philosophie et lois de
l’histoire (Paris,1859) 25. Ses préférences philosophiques vont manifeste- ment à l’éclectisme, alors en vogue en France et fustigé par Brentano. Il est à présumer qu’au cours de ses études de médecine à Paris, Théophile Funck a pris goût à la philosophie et qu’à la même occasion il est aussi entré en contact avec les idées de Comte. La question se pose dès lors si Funck-Brentano a pu faire découvrir le positivisme à Brentano. À ce propos, il convient de souligner que l’opuscule La pensée exacte en philosophie porte en exergue à la deuxième partie une dédicace à Brentano : « À Monsieur Franz Brentano. La philosophie et les mathématiques sont des sciences sœurs ; c’est votre conviction, cher beau- frère, comme la mienne. Aussi je vous dédie ce petit traité en forme exacte, avec d’autant plus de plaisir que vous en serez le meilleur juge. » D’autre
24. Un résumé de la lettre se trouve reproduit dans M, 1972, p. 1875-1876.
25. Médecin et homme de lettres, Théophile Funck-Brentano enseignera, à partir de 1873, le droit civil à l’Ecole libre des sciences politiques, nouvellement créée à Paris. Carl Stumpf, qui l’a rencontré au Luxembourg en 1874 à l’occasion d’un voyage fait en compagnie de Brentano, dresse son portrait dans S, 1919 : « ...Funck-Brentano war ein allgemeingebildeter, auch philosophisch belesener Mann und eleganter Schriftsteller... » (p. 137-138).