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Article méthodologique

Rev Neuropsychol

2014 ; 6 (2) : 138-49


Évaluer la cognition sociale chez
l’adulte : validation préliminaire du
Protocole d’évaluation de la cognition
sociale de Bordeaux (PECS-B)
Assessing social cognition in adults:
preliminary validation of the Bordeaux
Social Cognition Assessment Protocol

Résumé La cognition sociale suscite un intérêt croissant dans de


Aurore Etchepare1 , Karine Merceron2 ,
nombreuses pathologies. Elle peut être mesurée par le biais
Hélène Amieva3 , Florian Cady5 ,
Solenne Roux1 , de nombreux tests, dont peu sont actuellement validés en langue française. L’objectif de cette
Antoinette Prouteau1,4 , étude était de construire une batterie d’évaluation de la cognition sociale chez l’adulte, et de
les membres du groupe réaliser une première étape de validation auprès de sujets sains. Le Protocole d’évaluation
« Neuropsychologie et Psychiatrie » de la cognition sociale de Bordeaux (PECS-B), composé de sept épreuves, a été administré à
1
Université de Bordeaux, Laboratoire 109 sujets adultes de 18 à 59 ans exempts de pathologie neurologique ou psychiatrique. Les
de psychologie « santé et qualité de vie », résultats montrent une validité concourante et de construit des tâches satisfaisante. L’analyse
EA4139, 3ter, place de la Victoire, 33076
Bordeaux cedex, France
factorielle exploratoire suggère que le PECS-B mesure diverses dimensions de la cognition
2
Centre de réhabilitation psychosociale de sociale : une dimension commune (le traitement de l’information émotionnelle) et trois plus
la Tour de Gassies, rue de la Tour-de-Gassies, spécifiques telles que la théorie de l’esprit cognitive, le lexique émotionnel et la reconnais-
33523 Bruges, France sance des émotions faciales. Les résultats sont en faveur de la distinction entre cognition
3
Université de Bordeaux,
Centre de recherche Inserm U897,
sociale « affective » et cognition sociale « cognitive ».
33 076 Bordeaux cedex, France
4
Mots clés : cognition sociale · adultes · évaluation · validité
Centre hospitalier de Jonzac,
Pôle de psychiatrie adulte, Domaine
des Fossés, 17500 Jonzac, France
<antoinette.prouteau@u-bordeaux2.fr> Abstract Social cognition has received a growing interest in many
5
Centre d’évaluation et de réhabilitation pathologies. This construct, which actually covers different
du CH Esquirol, rue du Docteur-Marcland,
87025 Limoges, France dimensions, can be measured by numerous tests of which few have been validated in
French. The aim of this study was to develop a protocol for social cognition assessment in
adults and to conduct a preliminary validation with healthy persons. The Bordeaux Social
Pour citer cet article : Etchepare A, Merceron Cognition Assessment Protocol (PECS-B) includes seven tests assessing recognition of facial
K, Amieva H, Cady F, Roux S, Prouteau A.
Évaluer la cognition sociale chez l’adulte :
emotions, theory of mind, emotional fluency, emotional awareness and alexithymia. The
validation préliminaire du Protocole PECS-B was administered to 109 adults aged 18 to 59 years and free of neurological or
d’évaluation de la cognition sociale de Bor- psychiatric disorders. The results show good construct and concurrent validity. Exploratory
deaux (PECS-B). Rev Neuropsychol 2014 ; factor analysis suggests that the PECS-B measures several dimensions of social cognition: a
6 (2) : 138-49 doi:10.1684/nrp.2014.0301
common dimension (emotional information processing) and three more specific ones, i.e.
cognitive theory of mind, emotional lexicon and facial emotion recognition. The results
doi:10.1684/nrp.2014.0301

support the distinction between “affective” and “cognitive” social cognition.

Key words: social cognition · adults · assessment · validity

Correspondance :
A. Prouteau

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Introduction s’avère donc nécessaire, afin de mieux cerner les difficultés
des personnes et d’adapter les prises en charge en consé-
La cognition sociale a connu un intérêt croissant dans quence.
la littérature internationale ces dernières années. De façon La cognition sociale n’apparaît cependant pas comme
générale, la cognition sociale fait référence à l’ensemble un construit homogène, mais semble plutôt comporter plu-
des processus cognitifs impliqués dans les relations inter- sieurs dimensions, dont les plus classiques sont la théorie
personnelles [1]. Les définitions varient cependant selon de l’esprit et la reconnaissance des émotions faciales. Ces
les auteurs. En effet, certains postulent que « la cognition dimensions ne seraient théoriquement pas cloisonnées,
sociale se réfère à la façon dont la personne conçoit, perçoit mais se recouperaient en partie [14]. Le nombre et la qua-
et réalise des inférences sur les états émotionnels et mentaux lité des dimensions propres à la cognition sociale diffèrent
d’autrui dans le monde social » [2]. D’autres expliquent que considérablement selon les auteurs. Speranza [1] considère
le terme de cognition sociale renvoie à un « cerveau social que la cognition sociale est composée de deux parties. Pre-
[. . .] qui interagit avec d’autres cerveaux, en analysant et se mièrement, le volet perceptif désigne la capacité du sujet
représentant des états mentaux. Nos actions ne s’inscrivent à lire les indices périphériques aux émotions, telles que les
plus seulement dans une interaction avec le monde phy- émotions faciales, la prosodie, la gestuelle. Deuxièmement,
sique, mais correspondent aussi et surtout à des actions le volet cognitif intègre les aspects perceptifs et fait référence
sociales, dirigées vers l’autre et ayant pour but de susci- à la compréhension des règles, des conventions sociales
ter ou modifier chez autrui ses actions, intentions et états ainsi qu’à la théorie de l’esprit.
mentaux » [3]. Dans le domaine du traumatisme crânien, McDonald
La cognition sociale désigne donc un ensemble de [15] postule qu’il existe trois grands processus de cognition
compétences indispensables à la régulation des conduites sociale communiquant entre eux : le premier concerne la
et des interactions sociales. Ces capacités s’avèrent dimi- perception des visages, du discours, des gestes ainsi que
nuées dans de nombreuses pathologies. Dans le cas du la représentation des mouvements sociaux pertinents. Le
traumatisme crânien, les déficits de cognition sociale sont deuxième englobe deux facettes de la cognition sociale :
majeurs, et ne sont pas corrélés ni attribuables aux autres d’une part, la cognition sociale « chaude », qui regroupe
déficits neurocognitifs. Ces troubles ne s’atténuent pas avec la perception des émotions et l’empathie émotionnelle
le temps et ont un impact très négatif dans la vie quo- et, d’autre part, la cognition sociale « froide », qui est
tidienne des personnes [4]. Dans certains cas de lésions constituée de la théorie de l’esprit, de l’empathie cog-
orbitofrontales, les sujets peuvent présenter des troubles nitive et de l’inférence pragmatique. Enfin, le troisième
spécifiques de la cognition sociale en l’absence de troubles processus correspond à tous les éléments ayant trait à
exécutifs [5]. En outre, il s’agit d’un trouble « trait » dans la régulation : conscience de soi, autoréflexion, contex-
l’autisme [6] comme dans la schizophrénie, souvent pré- tualisation, contrôle cognitif, surveillance, réévaluation,
sent avant même le début de la maladie [1]. Des déficits régulation émotionnelle.
de la cognition sociale sont également observés chez les Enfin, dans le domaine de la schizophrénie, la concep-
personnes souffrant de troubles bipolaires, quelle que soit tion de Green et al. [16, 17] est largement basée sur les
la phase dans laquelle ils se situent (pour méta-analyse, mesures les plus utilisées dans la littérature nord-américaine
voir Samamé et al. [7]). Enfin, la cognition sociale apparaît récente. Ceux-ci ont a priori fait le choix de retenir
plus largement étudiée dans diverses pathologies neuro- cinq dimensions pour caractériser la cognition sociale :
dégénératives comme la démence frontotemporale [8], la le traitement des émotions, le biais d’attribution, la théo-
maladie de Parkinson, les démences de type Alzheimer rie de l’esprit, la perception sociale et les connaissances
[9]. sociales. Ces cinq sous-dimensions sont issues des dis-
Ce déficit de cognition sociale contribue de façon signi- cussions d’experts et non d’analyses factorielles où une
ficative à une diminution de la qualité de vie des patients structure et des liens auraient pu être mis en évidence. À
[10] et impacterait tous les domaines de fonctionnement ce jour, aucune donnée statistique ne permet de définir de
(personnel, professionnel, social, etc.). Dans une méta- façon claire les dimensions de la cognition sociale, ce qui
analyse récente, Fett et al. [11] ont ainsi rapporté que, pourrait en partie expliquer cette absence de consensus.
dans la schizophrénie, les déficits de cognition sociale ont Récemment, Merceron et Prouteau [18] ont réalisé une
davantage de répercussions sur le fonctionnement social synthèse en recensant les instruments mesurant la cogni-
que les troubles neurocognitifs (i.e. en mémoire, attention, tion sociale disponibles en langue française. Il s’avère qu’à
fonctionnement exécutif, vitesse de traitement. etc.). Plu- ce jour, de nombreux tests mesurant la cognition sociale
sieurs auteurs postulent également que la cognition sociale existent, chacun présentant plusieurs limites spécifiques
joue un rôle de médiateur entre les fonctions neurocogni- [18]. De manière générale, beaucoup ne mesurent pas la
tives et le retentissement fonctionnel [12, 13]. Ces données cognition sociale de façon exhaustive et vont se limiter à
soulignent l’importance de la prise en compte de la cog- une seule de ses dimensions. L’hétérogénéité importante
nition sociale en pratique clinique. Dans une perspective des épreuves limite la comparabilité des données de la lit-
de réhabilitation psychosociale ou de réduction du handi- térature. De plus, rares sont les outils validés et étalonnés,
cap, l’évaluation clinique des capacités de cognition sociale en particulier en langue française. À notre connaissance, il

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n’existe actuellement de normes que pour quelques tests : nombre variable de sujets traumatisés crâniens ou souffrant
la tâche de fausses croyances [19], la tâche des faux pas de schizophrénie (au moins 2) à l’occasion d’évaluations
[20] et la tâche de l’interprétation du regard [21]. neuropsychologiques courantes. Le but de ces prétests était
C’est dans ce contexte qu’a été créé le Protocole d’évaluer la clarté des consignes, le niveau de difficulté,
d’évaluation de la cognition sociale de Bordeaux (PECS-B), et le vécu du patient comme de l’évaluateur. Les modifi-
qui est destiné à l’évaluation de la cognition sociale chez cations et révisions ont été suivies par un groupe de cinq
l’adulte, aussi bien dans les populations neurologiques que experts composé de chercheurs et cliniciens en neuropsy-
psychiatriques. Le PECS-B propose notamment une éva- chologie. Les consignes ont été standardisées en partant des
luation de deux des dimensions de la cognition sociale consignes de base proposées dans les versions anglophones
postulées par Green et al. [16, 17]. La première est la théorie puis traduites, avec un ajout de points de clarification
de l’esprit qui est la « capacité à inférer des états mentaux à si le besoin avait été identifié dans les prétests. En effet,
autrui, comme des croyances, des désirs, ou des intentions. la plupart des tests inclus dans la batterie sont issus de
Elle permet ainsi d’interpréter, de prédire et d’anticiper procédures expérimentales, non destinées à la pratique
les comportements » [22]. On distingue habituellement clinique. Les administrations et les cotations ont égale-
deux versants dans la théorie de l’esprit [23, 24] (ou la ment fait l’objet d’une standardisation par ce même groupe
mentalisation pour reprendre les termes de Coricelli [25]). d’experts.
Celle-ci serait constituée d’une partie affective (ou chaude),
impliquant un rôle important des émotions et d’une partie
cognitive (ou froide) où la dimension émotionnelle n’est pas Objectifs
utilisée. Cette distinction a été clairement démontrée dans
les études lésionnelles comme en neuro-imagerie et psy- L’objectif principal de cette étude est de réaliser une
chophysiologie [23, 24, 26]. La seconde dimension évaluée validation préliminaire du PECS-B chez des sujets adultes
est le traitement des émotions, proche de ce qui est cou- sains âgés de 18 à 60 ans. L’objectif secondaire consiste à
ramment appelé reconnaissance des émotions faciales, et tenter de définir, à l’aide d’analyses statistiques, la cognition
qui renvoie à « la capacité à inférer des informations de sociale et ses sous-dimensions au sein du PECS-B.
nature émotionnelle à partir des expressions faciales et/ou
des inflexions vocales » [27]. La troisième dimension mesu-
rée par le PECS-B est la conscience émotionnelle qui est Méthode
la « capacité à décrire et à se représenter des états émo-
tionnels distincts sur soi et sur autrui » [28]. La quatrième
dimension est l’alexithymie, définie comme une difficulté Sujets
à identifier et décrire ses émotions, le sujet présente un Les participants témoins sains ont été recrutés par voie
style cognitif concret et orienté vers l’extérieur [29]. Dans d’affichage et « bouche-à-oreille ». Cent neuf participants
le cadre de la cognition sociale telle que précédemment sains, âgés de 18 à 59 ans (moyenne [M] = 36,16, écart-
définie, la capacité à identifier et à verbaliser ses émotions, type [ET] = 12,42) ont été inclus dans la présente étude.
déficitaire dans l’alexithymie, apparaît fondamentale, et ne L’échantillon était composé de 51 hommes (46,8 %) et
constitue pas seulement un prérequis. La dernière dimen- 58 femmes (53,2 %) avec un niveau d’éducation compris
sion évaluée est la fluence émotionnelle où l’intérêt est entre 5 et 20 années d’études (M = 12,95, ET = 2,66). Afin
porté à l’accès et à la richesse du lexique émotionnel du de garantir la représentativité de l’échantillon, les sujets
sujet. Dans le PECS-B, qui regroupe six épreuves et un ques- ont été répartis en trois groupes d’âge : 18-35 ans (n = 60),
tionnaire, la théorie de l’esprit est mesurée par les tâches 36-45 ans (n = 22) et 46-60 ans (n = 27), et trois niveaux
d’attribution d’intention, des faux pas, et d’interprétation d’études, catégorisés sur la base du nombre d’années
du regard, la capacité à reconnaître des émotions faciales d’études à partir de l’âge de 6 ans : inférieur à 12 ans
par l’épreuve du Faces Test, le lexique émotionnel du sujet (n = 30), égal à 12 ans – niveau bac – (n = 25) et égal ou
par la tâche de la fluence émotionnelle, la conscience supérieur à 13 ans (n = 54). La répartition des participants
émotionnelle par la LEAS et le niveau d’alexithymie par le selon l’âge, le sexe et le niveau d’études est présentée dans
BVAQ. le tableau 1.
La multi-dimensionnalité constitue un atout majeur du Les participants devaient répondre aux critères
PECS-B. La multiplication des tests permet également de d’inclusion suivants : être âgé d’au moins 18 ans et au
contrôler divers biais comme ceux liés aux difficultés maximum de 60 ans, avoir comme langue maternelle
de langage, grâce à des épreuves non verbales comme le français, avoir signé un formulaire de consentement
l’attribution d’intention. Enfin, le PECS-B permet d’évaluer éclairé. Les critères d’exclusion étaient : présenter des
des sujets avec différents niveaux de fonctionnement, en antécédents neurologiques et/ou psychiatriques, avoir
incluant des tests de difficulté variée. Certains tests existant étudié la psychologie à l’université et présenter un score
déjà ont été modifiés pour être adaptés à la pratique neuro- supérieur à 27 à la BDI-II, seuil correspondant à une
psychologique, et notamment à la fatigabilité de certaines dépression sévère. Les sujets ont perçu une indemnité
populations cliniques. Chaque test a été prétesté sur un financière pour leur participation à l’étude.

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– la fluence émotionnelle évalue l’accès et la richesse du
Tableau 1. Répartition des participants selon l’âge, le sexe
lexique émotionnel. Le sujet doit donner le plus de noms
et le niveau d’études.
d’émotions ou de sentiments possibles en deux minutes.
Notre objectif était ici de créer un test de l’accès et de
Nombre d’années d’études la richesse du lexique émotionnel, sur la base du test des
6 à 11 ans 12 ans Plus de 12 ans fluences verbales. En effet, le lexique émotionnel appa-
raît cliniquement comme un aspect essentiel de plusieurs
18-35 ans Hommes 8 8 19 épreuves de cognition sociale ;
Femmes 6 6 14 – la tâche d’interprétation du regard [30] évalue la capacité
à reconnaître des états mentaux au travers de photographies
36-45 ans Hommes 1 3 3
de regards. Le sujet doit choisir sa réponse parmi quatre
Femmes 5 1 8
propositions. La version utilisée dans ce protocole a été tra-
46-60 ans Hommes 4 3 4 duite en français par Simion [37] et révisée par le groupe
Femmes 6 4 6 d’experts ;
– l’échelle des niveaux de conscience émotionnelle (Levels
of Emotional Awareness Scale [LEAS]) [38] évalue le degré
de conscience émotionnelle se référant à soi et à autrui. La
Évaluations tâche a été validée en français par Bydlowski et al. [39] et
Les participants étaient interrogés au téléphone sur leurs étalonnée dans la population française par Nandrino et al.
antécédents et leurs pathologies actuelles. Pour les parti- [40] ;
cipants inclus, les évaluations ont été conduites par une – le Bermond-Vorst Alexithymia Questionnaire (BVAQ) [41]
psychologue spécialisée en neuropsychologie ou une étu- évalue la présence ou non d’alexithymie chez le participant,
diante en neuropsychologie de niveau M2. Les participants mesurée par cinq dimensions différentes (pensée opéra-
ont tous été évalués sur l’ensemble des épreuves du PECS- toire, appauvrissement de la vie fantasmatique, réactivité
B, dont l’administration complète dure environ 1 heure émotionnelle, difficultés à reconnaître un état émotionnel
30 minutes. Le PECS-B est composé de six tâches et d’un et à exprimer ses émotions à autrui). Le questionnaire a été
questionnaire : traduit et validé en français par Zech et al. [42].
– la tâche d’attribution d’intention [31] mesure la capacité Seules les deux dernières tâches disposent d’une vali-
du participant à inférer une intention chez un personnage. dation et d’un étalonnage complets en langue française.
Sous forme de bandes dessinées, le test est divisé en trois Néanmoins, des travaux antérieurs ont été réalisés sur plu-
conditions : la condition expérimentale où on mesure la sieurs des autres tâches. Ainsi, la tâche d’interprétation
capacité du sujet à attribuer une intention à autrui et deux du regard n’a été validée que de façon partielle. Baron-
conditions témoins où seule une cause physique impliquant Cohen et al. [30] ont mené une première étude sur
des personnes ou des objets doit être déduite ; 122 sujets témoins anglais et ont obtenu une moyenne de
– le Faces Test [34] évalue la capacité à reconnaître les 26,2 bonnes réponses (ET = 3,7). Thomassin-Havet [21] a
émotions primaires et secondaires sur le visage d’autrui. mesuré les performances de 115 sujets témoins français et
Dans la tâche originale, le sujet avait le choix entre deux a obtenu une moyenne globale de 24,2 (ET = 3,8). Pour la
adjectifs pour qualifier l’expression faciale de la personne tâche des faux pas, Boutantin et al. [20] ont produit des
sur la photographie. La tâche utilisée dans ce protocole normes sur 169 sujets sains français. Ceux-ci ont obtenu
est différente de la version originale dans le sens où elle une moyenne globale de 44,82 (ET = 8,55) aux histoires
est composée d’une condition « évocation libre » où le avec faux pas. Cependant, ces normes sont relatives à la
sujet doit dénommer l’émotion faciale sans indice, et d’une version originale de la tâche, composée de 20 histoires.
condition « choix forcé » où le sujet doit choisir sa réponse Concernant la tâche d’attribution d’intention, une étude
parmi quatre propositions. Le test a été modifié et traduit en préliminaire sur 25 sujets témoins français a été menée par
français [32] puis révisé par le groupe d’experts ; Brunet et al. [31]. Ceux-ci ont obtenu une moyenne de
– la tâche des faux pas [35] évalue la théorie de l’esprit via 13 réponses justes (ET = 1,2). Le Floch [32] et Merceron [33]
l’identification de maladresses sociales au sein d’histoires ont testé de manière préliminaire le Faces Test sur 20 sujets
fictives impliquant des personnages. La version utilisée français blessés médullaires et ont obtenu une moyenne de
dans ce protocole a été réduite aux dix premières histoires 8,2 (ET = 2) dans la partie « évocation libre » et de 16,1
des faux pas. Celles-ci ont été sélectionnées sur la base (ET = 1,6) dans la partie « choix forcé ».
de données collectées auprès de participants souffrant de Entre une et deux variables ont été retenues pour chaque
schizophrénie ou de traumatisme crânien [36]. Les perfor- tâche dans le but de rester conforme aux versions expé-
mances à la tâche complète sur 15 participants montraient rimentales de base ainsi que pour éviter de complexifier
qu’il n’existait pas de différence entre la performance aux l’interprétation et la cotation des tests. Dans certains cas,
dix premières histoires et aux dix dernières. La traduction des scores combinés ont été proposés (i.e. faux pas), qui
française de Simion [37] a été initialement utilisée dans ce tiennent compte des conditions témoins et de l’interférence
travail de recherche, puis révisée par le groupe d’experts ; potentielle de dysfonctionnements cognitifs élémentaires

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Tableau 2. Description des variables retenues pour les épreuves du PECS-B.

Tâche Variable(s) retenue(s) Description

Interprétation du regard Nombre total de réponses correctes Évalue la capacité à reconnaître


en condition « choix forcé » la bonne émotion parmi 4 propositions

Nombre de réponses correctes Évalue la capacité à évoquer


dans la condition « évocation libre » spontanément l’émotion faciale
Faces Test du personnage
Nombre de réponses correctes Évalue la capacité à reconnaître
dans la condition « choix forcé » la bonne émotion parmi 4 propositions

Nombre total de bonnes réponses Évalue la capacité du sujet à attribuer


Attribution d’intention dans la condition une intention à un personnage
expérimentale (attribution
d’une intention au personnage)
Pourcentage de bonnes réponses Mesure si le sujet est parvenu
obtenu dans les histoires faux pas à détecter une maladresse sociale
Faux pas seulement si les questions de
compréhension sont toutes deux
réussies

Pourcentage de mots « émotionnels » Évalue la capacité du sujet à citer un


donnés par le sujet en 2 minutes maximum d’émotions en temps limité
sur le nombre total de mots cités
Fluence émotionnelle Pourcentage de mots émotionnels Évalue la richesse du lexique
correspondant au niveau 3 du lexique émotionnel accessible à la personne
émotionnel de cotation de la LEAS
parmi le nombre total de mots
« émotionnels » cités

Score total de conscience Évalue le niveau de conscience


LEAS émotionnelle obtenu émotionnelle total (c’est-à-dire
renvoyant à soi et à autrui)

Score total obtenu pour l’échelle Évalue le degré d’alexithymie du sujet


BVAQ évaluant l’alexithymie

LEAS : Level of Emotional Awareness Scale ; BVAQ : Bermond-Vorst Alexithymia Questionnaire.

dans la performance de cognition sociale. Le tableau 2 pré- au regard de la LEAS, déjà validée et étalonnée. Dans
sente la description détaillée des variables pour chacune un second temps, une analyse factorielle exploratoire a
des épreuves. été effectuée sur l’ensemble des tâches du PECS-B. Elle
permet, d’une part, de vérifier la validité de construit et,
d’autre part, de savoir s’il existait différentes dimensions
Analyses statistiques dans l’évaluation de la cognition sociale avec le PECS-
Dans un premier temps, un test de Shapiro a été réa- B. La méthode d’extraction choisie était le maximum de
lisé afin de vérifier la normalité de la distribution des scores vraisemblance. Pour une meilleure lisibilité des résultats et
et le pouvoir discriminant des épreuves. Des régressions en l’absence d’hypothèse a priori sur les corrélations entre
linéaires multiples ont ensuite été effectuées afin d’explorer facteurs, une rotation varimax a été appliquée. L’ordre de
l’effet potentiel de l’âge, du niveau d’études et du sexe passation des tâches ayant été contrebalancé, l’effet d’ordre
sur les performances obtenues par les participants. Les a été exploré par des analyses de variance (Anova) ou des
effets croisés de ces variables ont également été étudiés. tests de Kruskal-Wallis. Enfin, le nombre de participants
Une matrice de corrélation explorant les liens entre les obtenant des scores dits déficitaires (c’est-à-dire inférieurs
performances obtenues aux différentes épreuves a permis ou égaux au 5e percentile) a été relevé pour chaque
d’explorer la validité concourante des tâches non validées épreuve afin de savoir si la diminution de performance était

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occasionnelle ou avait tendance à se répéter pour plusieurs
Tableau 3. Résultats des régressions explorant l’effet des
tâches. L’ensemble de ces analyses statistiques a été réalisé
variables sociodémographiques sur les scores au PECS-B.
sur le logiciel SPSS version 20 [43].

Tâches R2 ajusté
Résultats Interprétation du regard 0,14***
Pour explorer la normalité de la distribution des scores, Faces Test « choix forcé » 0,08**
un test de Shapiro a été réalisé pour l’ensemble des tâches.
Les tests effectués montrent une normalité de la distribu- Faces Test « évocation libre » -0,002
tion du score d’interprétation du regard (W = 0,98, p = 0,09), Faux pas -0,009
de la LEAS (W = 0,99, p = 0,57), et du BVAQ (W = 0,98,
p = 0,17). Cela n’est pas le cas pour les scores d’attribution Fluence émotionnelle pourcentage 0,16***
d’intention (W = 0,70, p < 0,001), du Faces Test pour la par- total de mots émotionnels
tie « évocation libre » (W = 0,97, p < 0,05) comme pour
Fluence émotionnelle pourcentage 0,03
celle du « choix forcé » (W = 0,96, p < 0,01), des faux
de mots émotionnels de niveau 3
pas (W = 0,77, p < 0,001) et de la fluence émotionnelle
pour le pourcentage de mots émotionnels total (W = 0,79, Attribution d’intention 0,07*
p < 0,001) comme de niveau 3 (W = 0,95, p < 0,01). Les
tâches d’attribution d’intention, des faux pas et de fluence LEAS 0,21***
émotionnelle (pour le pourcentage de mots émotionnels BVAQ 0,01
total) présentent un effet plafond. Les performances de la
fluence émotionnelle – pourcentage de mots émotionnels *p < 0,05 ; **p < 0,01 ; ***p < 0,001 ; LEAS : Level of Emotional Awa-
de niveau 3 – et du Faces Test apparaissent relativement reness Scale ; BVAQ : Bermond-Vorst Alexithymia Questionnaire.
bien distribuées selon l’interprétation graphique.
Les analyses de régressions linéaires multiples mettent
en évidence un effet significatif de l’âge, du genre ou du type et le percentile 5 sont précisés pour chaque groupe de
niveau d’études sur certaines tâches. En revanche, aucun résultats.
effet croisé de ces différentes variables n’est observé. En Une matrice de corrélation des épreuves évaluant la
ce qui concerne l’âge, un effet significatif est observé dans cognition sociale a ensuite été réalisée. La LEAS a été vali-
les tests d’interprétation du regard (␤ = -0,35, p < 0,001), dée en français par Bydlowski et al. [39] et étalonnée auprès
d’attribution d’intention (␤ = -0,22, p < 0,05) et de fluence de 750 sujets français par Nandrino et al. [40]. Elle a donc
émotionnelle – pourcentage de mots émotionnels – (␤ = été utilisée comme critère de référence et les corrélations
-0,38, p < 0,001). Plus le participant est âgé et plus les de Spearman avec les autres tâches non validées ont été
scores obtenus aux tâches sont faibles. Concernant le niveau calculées (cf. tableau 4). Les résultats montrent que la LEAS
d’études, un effet significatif est observé dans le Faces Test, est corrélée de façon significative à la grande majorité des
partie « choix forcé » (␤ = 0,31, p < 0,01). Plus les partici- épreuves évaluant la cognition sociale, exception faite du
pants ont un niveau d’étude élevé et plus ils obtiennent Faces Test en condition « évocation libre ». Cependant,
de bonnes réponses à la tâche. Seule la tâche de la lorsque l’on applique une correction de Bonferroni, le seuil
LEAS présente à la fois un effet significatif de l’âge (␤ = de significativité est abaissé à 0,0006 (i.e. pour 81 analyses
-0,30, p < 0,01), du niveau d’études (␤ = 0,24, p < 0,01), effectuées, ␣ = 0,05/81). Aucune des corrélations initiale-
et du genre (␤ = -0,20, p < 0,05). Pour ce dernier point, ment relevées n’est donc plus significative. Ces données
les hommes ont de façon significative une meilleure montrent clairement que les tests de cognition sociale ne
conscience émotionnelle que les femmes. Plus le partici- sont pas équivalents les uns aux autres. Ce type de résultats
pant est âgé et plus sa conscience émotionnelle est faible. a été rapporté dans le domaine des fonctions exécutives,
Enfin, plus son niveau d’études est élevé et meilleure est reflétant la nature diverse et hétérogène de ce domaine
sa conscience émotionnelle. Enfin, aucun effet significa- [44].
tif de l’âge, du niveau d’études ou du genre n’est observé Dans le cadre de l’analyse factorielle, un test de sphé-
pour les tests du Faces Test, partie « évocation libre », ricité de Bartlett et un test de Kaiser-Meyer-Olkin (KMO)
F(3,107) = 0,94, p = 0,42, des faux pas, F(3,108) = 0,68, ont été réalisés. Le premier test est significatif (p < 0,001)
p = 0,56, de la fluence émotionnelle – pourcentage de mots et le KMO est égal à 0,63, les données recueillies sont
émotionnels de niveau 3 –, F(3,108) = 2,18, p = 0,094 et du donc factorisables. L’analyse factorielle exploratoire montre
BVAQ, F(3,108) = 1,39, p = 0,25. Le tableau 3 présente les que 65 % de la variance est expliquée par quatre fac-
valeurs des R2 ajustés pour chaque régression. Le tableau 7, teurs. Le premier facteur rend compte de 25,7 % de la
en annexe 1, présente les résultats obtenus à l’ensemble de variance. Il est composé des tâches suivantes : la LEAS
ces épreuves en fonction de l’âge, du niveau d’études ou du (saturation = 0,65), le Faces Test « choix forcé » (0,56), les
genre selon l’effet significatif observé. La moyenne, l’écart- faux pas (0,43), le BVAQ (-0,40) et l’interprétation du

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144
Tableau 4. Matrice de corrélation des tâches évaluant la cognition sociale.

Tâches
LEAS Faux Faces Test Faces Test Attribution Interprétation Fluence émotionnelle : Fluence émotionnelle : BVAQ
pas « évocation « choix d’intention du regard mots émotionnels mots émotionnels
libre » forcé » total de niveau 3
LEAS 1,000 0,274** 0,017 0,389*** 0,182* 0,271** 0,247** 0,202* -0,178*
Article méthodologique

Faux pas 0,274** 1,000 0,021 0,256** 0,044 0,140 0,031 -0,035 -0,147
Faces Test 0,017 0,021 1,000 0,353*** 0,039 0,192* 0,182* 0,093 -0,143
« évocation
libre »
Faces Test 0,389*** 0,256** 0,353*** 1,000 0,218* 0,259** 0,194* 0,066 -0,269**
« choix forcé »
Attribution 0,182* 0,044 0,039 0,218* 1,000 0,201* 0,019 0,000 0,007
d’intention
Interprétation 0,239 0,164* 0,199* 0,262** 0,192* 1,000 0,250** 0,017 -0,189*
du regard

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Fluence 0,247** 0,031 0,182* 0,194* 0,019 0,274** 1,000 0,389*** 0,095
émotionnelle :

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mots
émotionnels
total
Fluence 0,202* -0,035 0,093 0,066 0,000 0,052 0,389*** 1,000 0,106
émotionnelle :
mots
émotionnels
de niveau 3
BVAQ -0,178* -0,147 -0,143 -0,269** 0,007 -0,156 0,095 0,106 1,000

*p < 0,05 ; **p < 0,01 ; ***p < 0,001 ; LEAS : Level of Emotional Awareness Scale ; BVAQ : Bermond-Vorst Alexithymia Questionnaire.
Article méthodologique
regard (0,30). Le deuxième facteur explique 15,9 % de la 25 % des sujets ayant un seul score déficitaire). Les autres
variance totale et est composé uniquement de la tâche tâches sont à chaque fois échouées par deux ou trois parti-
d’attribution d’intention (0,99). Le troisième facteur rend cipants.
compte de 12,1 % de la variance et se compose de la tâche Neuf participants (soit 8 % de l’échantillon total) ont
de fluence émotionnelle, regroupant le pourcentage total de obtenu deux performances déficitaires. Ceux-ci ont un âge
mots émotionnels donnés (0,74) et le pourcentage de mots et un niveau d’études variables, aucun groupe n’est surre-
émotionnels de haut niveau (0,53). Enfin, le quatrième fac- présenté en termes de performances déficitaires. Les tâches
teur explique 11,3 % de la variance totale et est composé les plus fréquemment déficitaires sont la LEAS (n = 4) et le
de la tâche du Faces Test (« choix forcé » : 0,40, « évocation Faces Test, partie « évocation libre » (n = 4). Enfin, chez les
libre » : 0,74). sujets ayant au moins trois scores déficitaires (n = 3, soit
L’ordre d’administration des tâches du PECS-B a été 2,8 % des participants), la LEAS est la seule tâche échouée
contrebalancé selon quatre ordres différents. Ces effets dans tous les cas. Les sujets concernés ont un niveau infé-
d’ordre ont donc été vérifiés par des analyses de variance rieur ou égal au bac et moins de 46 ans (cf. tableau 6).
(Anova) ou des tests de Kruskal-Wallis. Aucun effet dû à
l’ordre d’administration des tâches n’est relevé.
Enfin, le pourcentage de sujets ayant obtenu des Discussion
performances dites déficitaires (c’est-à-dire ayant une per-
formance inférieure ou égale au 5e percentile) sur les L’analyse de la distribution des scores suggère que
différentes épreuves est présenté dans le tableau 5. Les résul- les tâches d’interprétation du regard, du BVAQ, de la
tats montrent que 40 sujets, soit 36,7 % de l’échantillon LEAS, et dans une moindre mesure, de la fluence émo-
total, présentent au moins un score considéré comme défi- tionnelle – pourcentage de mots émotionnels de niveau
citaire. Parmi eux, 28 sujets, soit 26 % de l’échantillon total, 3 – et du Faces Test, suivent une loi normale et peuvent
présentent une performance déficitaire sur une seule tâche. assez bien discriminer les sujets entre eux. À l’inverse,
Ainsi, le Faces Test, partie « évocation libre », est l’exercice la tâche d’attribution d’intention et de fluence émotion-
le plus fréquemment échoué par les participants (n = 7, soit nelle – pourcentage de mots émotionnels total – peuvent

Tableau 5. Pourcentage de sujets ayant un score inférieur ou égal au 5e percentile sur une ou plusieurs épreuve(s) évaluant
la cognition sociale.

À aucun test 63 %

Pourcentage de sujets ayant obtenu un score À 1 test 26 %


inférieur ou égal au 5e percentile
À 2 tests 8%

À 3 tests 2%

À 4 tests 1%

Tableau 6. Caractéristiques sociodémographiques des sujets présentant au moins 2 scores déficitaires (n = 12).

Nombre de sujets avec Nombre de sujets avec


2 scores déficitaires au moins 3 scores déficitaires
18-35 ans 2 2
Âge 36-45 ans 4 1
46-60 ans 3 0
5-11 ans 4 2

Niveau d’études 12 ans 2 1


13 ans et plus 3 0

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NEUROSCIENCES COGNITIVES ET CLINIQUES
145
Article méthodologique
rapidement présenter un effet plafond chez les sujets qui serait insuffisamment long pour mettre en évidence un
sains. Des études supplémentaires auprès de populations effet de ce type.
cliniques sont nécessaires pour explorer plus avant leur De façon générale, cette absence d’effet de l’âge, du
capacité de discrimination. niveau d’études ou d’effet croisé sur plusieurs performances
Les analyses de régression linéaire ont mis en évidence en cognition sociale doit être soulignée. On ne peut exclure
un effet de l’âge sur certaines tâches (interprétation du qu’elle soit due à un manque de puissance statistique étant
regard, attribution d’intention, fluence émotionnelle – pour- donné la taille du présent échantillon, ou encore à la répar-
centage de mots émotionnels total –, LEAS). Cet effet de tition des sujets par groupe d’âge et de niveau d’études,
l’âge a précédemment été rapporté dans la littérature pour légèrement hétérogène.
l’interprétation du regard par Thomassin-Havet [21], et pour Les corrélations significatives relevées entre la LEAS et la
la LEAS par Nandrino et al. [40]. Néanmoins, les explica- grande majorité des épreuves évaluant la cognition sociale
tions face à ce phénomène divergent. Ainsi, les sujets plus vont dans le sens d’une validité concourante satisfaisante.
âgés décoderaient plus difficilement les indices informatifs En effet, la LEAS est présentée par ses auteurs comme une
sur autrui à partir d’un matériel statique, comme des pho- mesure de la conscience émotionnelle, ce qui constitue un
tographies [45]. L’effet de l’âge a également été attribué concept assez large, intégrant potentiellement plusieurs des
à la diminution des capacités inhibitrices des sujets plus compétences mesurées dans les autres épreuves. Cepen-
âgés [46]. En outre, pour les tâches demandant au sujet dant, l’étude de ces corrélations est à répliquer dans un
une réponse directe sans qu’il puisse bénéficier d’indices, échantillon plus important. En effet, lorsqu’une correction
des facteurs culturels interviendraient, les générations pré- de Bonferroni est appliquée, la significativité des corréla-
cédentes ayant baigné dans une culture où ils n’avaient pas tions disparaît. La correction de Bonferroni est cependant
pour habitude d’exprimer leurs émotions [40]. Il faut enfin controversée (par exemple : Greeland et Rothman [47],
noter que les tâches du PECS-B impliquent une charge atten- Michels et Rosner [48]), eu égard à sa grande sévérité
tionnelle, mnésique et/ou exécutive, charge qui pourrait notamment dans les études exploratoires telles que la nôtre.
également participer à la baisse de performance liée à l’âge. L’étude des performances de l’échantillon à la LEAS a
Un effet du niveau d’études a été mis en évidence dans mis en évidence que cette tâche était quasiment toujours
la tâche du Faces Test partie « choix forcé » et la LEAS. échouée chez les sujets ayant deux scores déficitaires ou
Dans l’étude de validation de la LEAS, Nandrino et al. [40] plus. Ces résultats suggèrent que la LEAS constituerait un
observent un effet similaire. En revanche, aucune recherche bon test de première intention, mais pas suffisamment pré-
à ce jour n’avait étudié l’effet du niveau d’études dans le cis pour qualifier la nature de la difficulté. Cette hypothèse
Faces Test chez des sujets sains. Ce type d’effet pourrait cor- doit être explorée plus avant par des études sur des groupes
respondre à un biais éducationnel. En effet, les personnes cliniques.
ayant réalisé des études supérieures verraient l’ensemble de L’analyse factorielle exploratoire montre que le PECS-
leurs capacités expressives renforcées, contrairement aux B se structure en quatre grands facteurs expliquant 65 %
sujets ayant développé des compétences particulières via de la variance totale, ce qui est en faveur d’une validité
l’apprentissage d’un métier spécifique par exemple [40]. de construit correcte. Le facteur 1, regroupant les tâches
La seule tâche présentant un effet significatif du genre de la LEAS, du Faces Test « choix forcé », des faux pas,
est la LEAS, mais le sens de l’effet diffère des résultats de l’interprétation du regard et du BVAQ, suggère qu’il
précédents. En effet, dans l’étude de validation de l’outil, existe un facteur commun dans les tâches de cognition
Nandrino et al. [40] ont constaté que les femmes présen- sociale, que l’on nommera « traitement de l’information
taient de meilleurs scores que les hommes. Cette divergence émotionnelle ». En effet, les scores regroupés dans ce
peut cependant être due à un biais d’échantillonnage de facteur renvoient notamment à la capacité du sujet à
notre population. En effet, celle-ci compte plus d’hommes identifier une information émotionnelle, venant de soi ou
jeunes (âgés de 18 à 35 ans) que de femmes de la même d’autrui, et à la capacité d’utiliser cette information dans
tranche d’âge (n = 36 versus n = 26). Or, plus un sujet est le cadre des relations interpersonnelles (à l’image de la
jeune et plus sa conscience émotionnelle est bonne. Ces LEAS ou des faux pas). Le facteur 2, nommé « théorie de
résultats pourraient donc être biaisés par l’effet d’âge pré- l’esprit cognitive », est composé uniquement de la tâche
cédemment discuté. d’attribution d’intention. Il se distingue du précédent dans
Enfin, aucun effet de l’âge, du niveau d’études et du le sens où, dans la tâche désignée, le sujet a à traiter une
genre n’a été mis en évidence pour les tâches du Faces intention et non plus une émotion. Ce facteur renverrait
Test, partie « évocation libre », de la fluence émotionnelle donc plus particulièrement à la théorie de l’esprit cogni-
– nombre de mots de niveau 3 –, du BVAQ et des faux pas. tive. Le facteur 3, nommé « lexique émotionnel », regroupe
Il est à noter que dans la version originale des faux pas les deux scores de fluence émotionnelle, et suggère quant
(version à 20 histoires), les sujets ayant un niveau d’études à lui que le vocabulaire du sujet relatif aux émotions doit
supérieur réalisaient de meilleures performances que ceux être considéré de manière distincte dans les évaluations de
ayant un niveau d’études plus faible. On ne retrouve pas la cognition sociale. Enfin, le facteur 4, que l’on nommera
cet effet dans notre échantillon. Cependant, notre version « reconnaissance des émotions faciales », est composé des
de la tâche des faux pas ne comporte que dix histoires, ce deux scores du Faces Test. Ce facteur suggère que l’aptitude

146 REVUE DE NEUROPSYCHOLOGIE


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Article méthodologique
du sujet à reconnaître correctement les émotions expri- lité de l’interprétation d’un déficit en cognition sociale, en
mées par un visage constitue une aptitude singulière dans diminuant notamment le risque de faux positifs [49].
l’ensemble des capacités en jeu dans la cognition sociale. Cette étude comporte enfin plusieurs limites, outre celles
En résumé, les données issues de l’analyse factorielle, sug- évoquées plus haut. Une limite importante du PECS-B est
gèrent que la cognition sociale dans le PECS-B est composée qu’il ne constitue pas une batterie de mesure exhaustive
de quatre grands facteurs. Le « traitement de l’information de la cognition sociale. Ainsi, il n’inclut pas de mesure
émotionnelle » semble être un facteur commun à la majo- de l’empathie, par ailleurs bien documentée en langue
rité des épreuves évaluant la cognition sociale, alors que la française (voir Carré et al. [50]) et ne mesure pas cer-
« théorie de l’esprit cognitive », le « lexique émotionnel » et taines dimensions ayant été rattachées à la cognition sociale
la « reconnaissance des émotions faciales » devraient être comme le biais d’attribution, la perception ou les connais-
considérés comme des dimensions distinctes. sances sociales. De plus, le protocole n’a été administré
L’analyse factorielle fait par ailleurs apparaître deux qu’à un nombre limité de sujets, ce qui peut conduire à un
facteurs séparés dans les performances des sujets sains : manque de puissance statistique pour mettre en évidence
un facteur correspondant au versant « affectif » du PECS-B certains effets. Il a également été difficile de constituer
(évalué par les tâches du Faces Test, de la LEAS, du BVAQ, de des groupes homogènes de participants, surtout en ce qui
l’interprétation du regard, des faux pas et de la fluence émo- concerne le niveau d’études, puisque les sujets avec un
tionnelle) et un autre correspondant au versant « cognitif » faible niveau d’études sont légèrement sous-représentés. Ce
(mesuré par la tâche d’attribution d’intention). En effet, le biais d’échantillonnage limite la généralisabilité des résul-
test d’attribution d’intention n’implique pas de traitement de tats à l’ensemble de la population générale.
l’information émotionnelle chez les personnages, alors que
c’est le cas des autres tâches. Cette distinction correspond
en outre aux données rapportées en neuro-imagerie et chez Conclusion
des sujets cérébrolésés par Shamay-Tsoory et al. [18, 19],
qui considèrent que la théorie de l’esprit est composée Le PECS-B, développé pour mesurer de manière
d’une partie affective et d’une partie cognitive. Nos résul- détaillée la cognition sociale chez l’adulte, présente donc
tats, issus d’analyses factorielles portant sur des sujets sains, des qualités psychométriques satisfaisantes. Le PECS-B est
valident de manière complémentaire cette distinction au composé de quatre grands facteurs que sont le traitement de
sein de la théorie de l’esprit. l’information émotionnelle, la théorie de l’esprit cognitive,
Enfin, 36,7 % des participants obtiennent un score le lexique émotionnel et la reconnaissance des émotions
considéré comme déficitaire dans au moins une tâche du faciales. Les résultats recueillis étayent l’existence de deux
PECS-B. Ce pourcentage élevé suggère qu’un score défici- dimensions au sein de la cognition sociale : une dimen-
taire isolé ne permet pas de conclure de manière fiable à sion affective et une dimension cognitive. L’ensemble de
un déficit de cognition sociale. Celui-ci est davantage pro- ces résultats souligne donc l’importance de considérer
bable si le sujet présente un score déficitaire à au moins l’aspect multidimensionnel de la cognition sociale dans
trois tests (seulement 3 % de l’échantillon). Ce résultat peut son évaluation en pratique clinique. Des études supplé-
être interprété à la lumière du principe classique de la mentaires auprès de populations cliniques sont nécessaires
multidétermination des tests en neuropsychologie. En effet, pour préciser plus avant les caractéristiques du PECS-B et
une mauvaise performance à une tâche peut être due à les conditions de l’interprétation des scores auprès de sujets
un manque d’attention, une mauvaise compréhension du pathologiques.
sujet, un stress trop important et mal maîtrisé lors de la pas-
sation. Ces résultats confirment l’intérêt d’administrer une Liens d’intérêts
batterie pour évaluer la cognition sociale en pratique neu-
ropsychologique. Le calcul de la fréquence des déficits sur les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt en rap-
plusieurs tâches de la batterie permet d’augmenter la fiabi- port avec cet article.

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Annexe 1. Tableau des scores de l’échantillon (n = 109) aux épreuves du PECS-B


Tableau 7. Scores aux épreuves du PECS-B.
LEAS
NE 5 à 11 ans 12 ans 13 ans et plus Total
M(ET) Pc 5 M(ET) Pc 5 M(ET) Pc 5 M (ET) Pc 5
18-35 ans 60,2 (8,3) 45 61,9 (6) 45 63,2 (6,6) 52,3 62,2 (6,9) 50,1
36-45 ans 57,3 (6,4) 47 57,8 (8,7) 48 58,5 (6,5) 48 58,1 (6,6) 47,2
46-60 ans 47,7 (7,8) 40 57,4 (6,4) 50 59,6 (5,4) 50 56,7 (7) 41,6
Total 57,3 (8,1) 42,2 60 (6,6) 45,9 61,5 (6,6) 50,8 60 (7,2) 46
Interprétation du regard

Âge 18-35 ans 36-45 ans 46-60 ans Total


M(ET) Pc 5 M(ET) Pc 5 M(ET) Pc 5 M (ET) Pc 5
25,8 (2,6) 21,1 23,9 (3,2) 19,3 23 (3,2) 15,8 24,7 (3,2) 19,5
Attribution d’intention

Âge 18-35 ans 36-45 ans 46-60 ans Total


M(ET) Pc 5 M(ET) Pc 5 M(ET) Pc 5 M(ET) Pc 5
13,3 (1,2) 10,1 12,6 (1,7) 8,3 12,3 (2,2) 6,1 12,9 (1,6) 9,5
Fluence émotionnelle (pourcentage de mots émotionnels donnés)

Âge 18-35 ans 36-45 ans 46-60 ans Total


M(ET) Pc 5 M(ET) Pc 5 M(ET) Pc 5 M(ET) Pc 5
91,6 (9,3) 74,1 91,3 (10,3) 59,1 76,2 (20,1) 30,2 87,7 (14,5) 57
Faces Test « choix forcé »
NE 5 à 11 ans 12 ans 13 ans et plus Total
M(ET) Pc 5 M(ET) Pc 5 M(ET) Pc 5 M(ET) Pc 5
15,3 (1,7) 12,6 16,5 (2,2) 12,3 16,7 (1,7) 13,8 16,3 (1,9) 13
Faces Test Faux pas Fluence émotionnelle BVAQ
« évocation libre » (pourcentage de mots de niveau 3)
M(ET) Pc 5 M(ET) Pc 5 M(ET) Pc 5 M(ET) Pc 95
8,5 (2,1) 5 84,8 (19,3) 36,7 68,7 (16,4) 38 45,17 (8,3) 60

NE : niveau d’études

REVUE DE NEUROPSYCHOLOGIE
NEUROSCIENCES COGNITIVES ET CLINIQUES
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