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Mise à jour de l’article [J 2 756] de Christian LORRAIN paru en 12/1983 dans le présent traité
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés J 2 764 − 1
EXTRACTION LIQUIDE-LIQUIDE ___________________________________________________________________________________________________________
L’objet de ces trois articles est d’apporter au lecteur différents éléments lui per-
mettant d’appréhender la démarche qui conduit à la mise en œuvre d’un pro-
cédé d’extraction liquide-liquide :
Le fascicule [J 2 764] s’intéresse essentiellement à la description des princi-
paux appareils connus ;
Le fascicule [J 2 765] décrit les principaux modèles de dimensionnement des
appareils différentiels continus ;
Le fascicule [J 2 766] est centré sur les aspects liés au choix, au calcul et à
l’exploitation d’un équipement.
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L’émulsion en phase aqueuse continue produit, après décantation En pratique, les plages de stabilité correspondent à d’importantes
de l’émulsion primaire, une phase organique claire et une phase variations du rapport des débits de phases.
aqueuse entraînant des gouttelettes très fines (< 50 µm) d’une émul-
sion secondaire. L’émulsion en phase organique continue se com- Exemple : on peut, pour un système donné, obtenir une phase
porte de manière inverse. Il est ainsi souhaitable, dans un procédé aqueuse continue stable pour toutes les valeurs du rapport des débits
industriel, de maintenir, dans l’étage de sortie de l’extrait, un régime organique/aqueux inférieures ou égales à 3 et une phase organique
aqueux continu et, dans la phase de sortie du raffinat, un régime continue stable pour toutes les valeurs supérieures ou égales à 5.
organique continu. De plus, les émulsions du premier type coales- Il existe une vitesse minimale, pour un agitateur donné, corres-
cent généralement beaucoup plus vite que les secondes. pondant à une dispersion homogène, sans stratification de liquide.
Des corrélations relatives aux différents types de turbines (hélices,
turbines à aubes centrifuges, à pales droites ou inclinées) ont été
On contrôle leur nature par leurs différences de résistivité
proposées [4] [5].
électrolytique (quelques 10 Ω · cm pour les phases aqueuses
continues et 103 à 104 Ω · cm pour les phases organiques conti- Le réservoir agité est un mélangeur utilisable pour des systèmes
nues). pouvant atteindre de fortes viscosités (750 Pa · s) et ajustable à des
temps de contact très variables (30 s à 30 min), convenant pratique-
ment à toutes les cinétiques.
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l'émulsion
Entrée du
Sortie de
premier
fluide
1. coupe transversale
l'émulsion
Entrée du
Sortie de
premier
fluide
2. division des veines liquides (vue en coupe transversale)
1. coupe transversale
Entrée du second fluide
Sortie de
premier
fluide
3. division des veines liquides (vue de dessus)
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Sortie de
la phase légère Alimentation Alimentation
au débit
Entrée de volumique Qd
l'émulsion Écorcheur
au débit Front de périphérique
H coalescence
volumique Q
Sortie de
la phase lourde Émulsion Phase lourde Émulsion
au débit enrichie décantée enrichie
volumique Qc en phase en phase
lourde Écorcheurs lourde
Phase lourde Phase légère Émulsion axiaux
Phase légère décantée Phase légère décantée
Figure 3 – Caractéristique de la bande de dispersion
dans un décanteur gravitaire Alimentation Alimentation
Émulsion
enrichie
en phase
lourde
Sortie de Émulsion
la phase Phase lourde
enrichie décantée
Alimentation organique Sortie de la phase en phase
des électrodes clarifiée aqueuse coalescée lourde
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∆H1
Alimentation Alimentation
phase phase
h1 h2 h4 organique aqueuse
h3
∆H2 h5
a type boîte
Sortie de Sortie de
Sortie de la phase la phase la phase
Alimentation organique aqueuse organique
phase organique
c en batterie : schéma de circulation des fluides
Alimentation Sortie de
phase aqueuse la phase
aqueuse
Les débits variant en fonction des charges hydrostatiques, la pro- 2.2 Pompes-décanteurs
fondeur des appareils croît avec leur capacité. Pour pallier cet incon-
vénient majeur pour les batteries de capacité importante
(supérieure à quelques m3 · h−1), on a utilisé des turbines de
mélange capable d’assurer, par création de pertes de charge addi- Dans ce type d’appareil, le mélangeur est réduit à une pompe cen-
tionnelles, le pompage simultané des phases (figure 6 b). L’interdé- trifuge dans laquelle s’effectue le mélange des deux phases. Une
pendance des fonctions de mélange et de pompage, assurées par la batterie de pompes-décanteurs a été utilisée aux États-Unis pour le
turbine, rend ce type d’appareil très sensible aux variations relatives raffinage de l’uranium. Elle comporte des décanteurs cylindriques à
des débits de phases. On a donc été conduit à introduire des dispo- alimentation cyclonique, dont les deux derniers des cinq étages
sitifs pour rétablir l’indépendance hydraulique des différents étages, sont munis d’un contrôle automatique d’interface. Les trois autres
indispensable au fonctionnement satisfaisant des appareils de étages, équipés d’une cheminée centrale destinée à la réduction des
grande capacité (> 20 m3 · h−1). Cette indépendance est obtenue par remélanges de phases par court-circuit, fonctionnent en émulsion
compartimentage ou adjonction dans le mélangeur d’une cheminée fluidisée, sans interface définie. Cette batterie accepte des pulpes de
d’aspiration associée de trous de recyclage (équilibrage). Tout remé- dissolution de concentrés uranifères, à fort pourcentage de solides
lange résultant d’une fluctuation des débits ou du rapport des débits (5 à 10 %), pour des débits spécifiques de 3 à 3,5 m3 · h−1 · m−2.
de phase est ainsi supprimé et toute modification du régime hydrau-
lique s’y traduit par un simple ajustement à la nouvelle hauteur Un mode de réalisation intéressant empile les décanteurs vertica-
manométrique d’aspiration de la turbine du niveau liquide dans le lement pour constituer une tour le long de laquelle sont placées les
mélangeur.
pompes de mélange (extracteur tour de Lurgi) [14]. La tour, remplie
Pour réduire les entraînements dans le mélangeur, le mélange et de liquide, évite les entrées d’air dans les mélangeurs (causes
le pompage sont souvent assurés par des turbines indépendam- d’émulsions) et supporte des pressions de service importantes
ment optimisables, montées sur l’arbre de l’agitateur. (10 bar). Le réglage des interfaces individuelles des décanteurs est
Les firmes General Mills et Denver Equipment Co. fournissent des inutile pour des fluctuations des débits nominaux de moins de 15 à
batteries plus classiques constituées de bacs parallélépipédiques 20 %. De nombreux extracteurs de ce type, de tailles variées (0,3 à
compartimentés à étages tête-bêche. 8 m de diamètre) ou de grande capacité (jusqu’à 200 m3 · h−1), com-
portant jusqu’à 30 étages physiques sont en exploitation dans
Pour réduire la surface des décanteurs, les constructeurs IMI et
Lurgi ont adopté le principe du découpage de la bande de disper- l’industrie pétrochimique.
sion du décanteur par des plateaux parallèles horizontaux ou légè-
rement inclinés, réalisant ainsi un empilement de décanteurs Même avec un fort recyclage de l’une des phases (10 à 13 fois le
aplatis, à faible hauteur de bande de dispersion, caractérisés par des débit nominal dans le cas du système américain), des durées de
débits spécifiques plus élevés (§ 2.1.2.3). IMI propose des piles de mélange dans les pompes de moins de 1 s limitent l’application de
chicanes espacées de 20 à 30 mm, inclinées de 15˚ qui réduiraient ces appareils aux systèmes à cinétique rapide.
les surfaces des décanteurs d’un facteur 3 à 5 [13].
La firme Davy Powergas propose un appareil dont le décanteur
comporte huit segments circulaires disposés radialement autour du
mélangeur, remplis de matelas coalesceurs amovibles du type DC 2.3 Extracteurs centrifuges
KnitMesh.
La société Krebs propose un mélangeur muni d’une pompe (bre-
vetée) à pales radiales trapézoïdales qui, par effet centrifuge, initie la Dans un extracteur centrifuge sont intégrés, en une seule machine
séparation des phases dès la sortie du mélangeur et réduit de 50 à monoétage ou multiétage, le mélangeur (à turbulence ou à turbine)
75 % la surface nécessaire du décanteur. et le décanteur centrifuge (hydrocyclone ou bol centrifuge).
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Alimentation en phase
centrifuge
Alimentation en
phase légère
Cuverie Cuverie
fixe fixe
lourde
Sortie de la phase
légère
Sortie de la
phase lourde
Alimentation en phase légère Alimentation en phase lourde Chambre Chambre
Sortie de la phase lourde Chambre Sortie de la phase légère de mélange de mélange
de mélange
Phase lourde (aqueuse) Phase légère (organique) Émulsion
2.3.1 Hydrocyclones
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Alimentation en émulsion
Alimentation en Alimentation en
phase légère phase lourde
Sortie de la phase légère Sortie de la phase légère Sortie de la phase lourde
Sortie de
Alimentation en
l'émulsion
phase légère
Écope de phase lourde
et mélangeur
Écope de phase
légère
Assiette conique
Assiette conique II
I
Phase dispersée
sommet vers le fond du bol est reprise entre les étages par des éco- lourde lourde
coalescente
Sections
pes centrifuges qui assurent le mélange et le contre-courant. La Grille de garnies
position de l’interface, fixée par celle des perforations des assiettes, maintien du
est commune à tous les étages. Les appareils de série couvrent la garnissage Redistributeur
plage des débits de 1,25 à 120 m3 · h−1 et conduisent à des temps Phase de garnissage
d’étage de 4 à 25 s. légère
Phase
légère Phase
légère
L’optimisation économique d’un appareil d’extraction liquide- Les principales causes de ce remélange, auxquelles on s’efforce
liquide, outre de forts débits spécifiques, demande une agitation de remédier dans les appareils industriels, résident dans l’hétérogé-
mécanique créant l’aire interfaciale d’échange maximale compatible néité des vitesses relatives de déplacement des phases, résultant de
avec la séparation et la circulation des phases. De plus, en ce qui l’agitation et d’une distribution non uniforme des tailles de gouttes
concerne les contacteurs différentiels, elle suppose un écoulement à de phase dispersée.
contre-courant du type piston, régime idéal que les constructeurs
d’appareils visent à approcher. On a utilisé initialement des colonnes sans apport extérieur
d’énergie, les phases circulant à contre-courant sous l’action de la
Contrairement aux contacteurs étagés où les gradients de con- pesanteur (figure 10). Leur dispersion y était réalisée par divers
centration sont ajustables à chaque étage par adaptation de son effi- dispositifs statiques :
cacité individuelle, on peut observer dans les colonnes
d’importantes déviations par rapport à l’idéalité, causées par — dispositif de pulvérisation (ou atomisation) d’une phase dans
l’hydrodynamique, qui en réduisent considérablement les perfor- l’autre ;
mances. — garnissage (anneaux Raschig, selles de Berl, garnissage
orienté Sulzer, etc.) ;
— plateaux perforés variés.
On désigne globalement sous le terme de remélange (axial ou Malgré leur simplicité de construction et d’exploitation, ces appa-
radial) tous les phénomènes hydrodynamiques qui aboutissent, reils à fonctionnement gravitaire sont supplantés dans la grande
en pratique, à une distribution non homogène des temps de majorité des applications industrielles par des appareils à apport
séjour des deux phases dans le contacteur et à des gradients de extérieur d’énergie, plus sophistiqués, mais beaucoup plus effica-
concentrations affaiblis ([J 2 765] § 3). ces. Cet apport d’énergie accroît l’aire interfaciale d’échange.
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β (%)
V1d > V2d > V3d
100
Baffles verticales
Domaine du lit dense
V2d V3d
V1d
Courbe
d'engorgement
Domaine du lit lâche
0 0,5 1 1,5 2
Vc (cm · s–1)
a Scheibel b RDC c Karr d Oldshue-Rushton e Kühni
β taux de rétention de la phase dispersée (%)
Figure 11 – Colonnes agitées mécaniquement Vc vitesse superficielle de la phase continue (cm · s–1)
Vd vitesse superficielle de la phase dispersée (cm · s–1)
(0)
Tableau 2 – Capacités et tailles maximales des colonnes a hydrodynamique de la colonne à pulvérisation
d’extraction industrielles
0,4
Débit total Diamètre
ϕ=4
Type d’extracteur maximal maximal V d /U o
(m3 · h−1 · m−2) (m)
2
β
ϕ=
0,3 =
50
Colonnes : % =
1
40 ϕ
– à pulvérisation .......................... 20 0,1 %
En
– à garnissage .............................. 30 1,0 0,2
go
0, 5
rg
em
– à plateaux perforés................... 40 3,0 30 % en ϕ=
t
– à garnissage orienté Sulzer ..... 100 0,6
0,1 2
– pulsée à garnissage.................. 40 2,7 20 % ϕ = 0,
– pulsée à plateaux perforés ...... 80 2,5 10 %
– pulsée à plateaux alternatifs.... 80 à 100 1,8 0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
– Graesser .................................... 10 1,8
V c /U o
– Scheibel ..................................... 25 2,5
– Oldshue-Rushton ...................... 22,5 2,75 Uo vitesse caractéristique des gouttes de phase dispersée (cm · s–1)
∆ρ différence de masse volumique des phases (kg · m–3)
– à disques rotatifs ...................... 40 8,0
σ tension superficielle des phases (mN · m–1)
– asymétrique Luwa .................... 25 7,0 ϕ = V d /V c
– Kühni ......................................... 50 4,95
Valeurs de Uo
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La hauteur d’un étage théorique dans les appareils industriels Leur capacité dépend donc de la différence de masse volumique
atteint généralement 6 à 10 m pour des débits spécifiques totaux de des phases, des hauteurs de phase coalescée autour des plateaux et
10 à 30 m3 · h−1 · m−2. des caractéristiques géométriques du garnissage. Par suite, ces con-
tacteurs possèdent une très mauvaise souplesse d’emploi.
Pour accroître l’aire interfaciale et réduire le remélange axial, on a La mise en œuvre d’un garnissage orienté type SMV de Sulzer
utilisé des garnissages très variés (figure 12 b), le plus souvent des (figure 2 a), à faible perte de charge, permet des débits spécifiques
anneaux Raschig, mouillables préférentiellement par la phase conti- élevés (jusqu’à 100 m3 · h−1 · m−2), une réduction du remélange
nue. Quelle que soit la taille des colonnes, les anneaux ont un dia- axial et une grande homogénéité radiale, facilitant l’extrapolation
mètre de 15 à 25 mm, totalisant une hauteur garnie de 6 à 15 m des résultats pilotes aux colonnes industrielles. Comme toutes les
constituée par des couches de 1 à 2 m d’épaisseur, séparées par des colonnes gravitaires, la capacité maximale de ces appareils dépend
espaces vides ou équipés de redistributeurs. Ces contacteurs, adap- essentiellement de la tension interfaciale et des densités de phase
tés à des phases dont les propriétés physiques restent sensiblement (figure 10 b). Leur efficacité serait supérieure à celles d’autres appa-
constantes durant l’échange, ont une capacité du même ordre que reils gravitaires.
les colonnes à pulvérisation (10 à 30 m3 · h−1 · m−2) et conduisent à
des hauteurs d’étages théoriques de 1,5 à 6 m.
3.2 Appareils à agitation mécanique
3.1.3 Colonnes à plateaux perforés
3.2.1 Colonnes agitées
Dans ces contacteurs semi-étagés, la phase dispersée est redistri-
buée à chaque étage physique par passage à travers des plateaux L’énergie destinée à améliorer l’aire interfaciale d’échange par for-
perforés qui sont munis de déversoirs pour faciliter l’écoulement de mation de gouttes plus fines est fournie par des mobiles d’agitation
la phase continue. La phase dispersée s’accumule, selon la phase montés sur un arbre rotatif central. Cependant, pour minimiser le
continue choisie, au-dessus ou au-dessous de chaque plateau, remélange axial important qui apparaît, les constructeurs ont conçu
jusqu’à ce qu’une pression hydrostatique suffisante soit atteinte divers types de chicanage. Les principaux appareils industriels de ce
pour permettre au liquide de passer à travers les trous du plateau. type, qui diffèrent par le type de mobile d’agitation, sont décrits ci-
Les jets de liquide donnent naissance à des gouttelettes qui recoa- après.
lescent au plateau suivant.
3.2.1.1 Colonne Scheibel
De nombreux modèles de plateaux perforés ont été brevetés [19].
Ils sont espacés de 100 à 600 mm, percés de trous de 2 à 10 mm, Cette colonne comporte des turbines à deux pales montées à
avec une transparence (c’est-à-dire un taux de perforation) de 2,5 à intervalles réguliers et séparées par des zones de coalescence [20]
5 %. Les colonnes industrielles, d’un diamètre de 2 à 3 m et d’une qui simulent une série de mélangeurs-décanteurs. Des coalesceurs
hauteur de 10 à 12 m, comportent généralement 20 plateaux d’effi- à toiles métalliques peuvent être intégrés entre chaque étage de
cacité comprise entre 20 et 50 % pour des capacités de 30 à contact (figure 14).
40 m3 · h−1 · m−2.
Leur domaine opératoire est limité par quatre débits (figure 13) :
— le débit d’engorgement ;
— le débit minimal de submersion du plateau ; Arbre rotatif
Vc
Courbe d'engorgement
Turbines
Domaine des débits correspondant à
la hauteur maximale de phase
coalescée autour des plateaux
(hauteur des déversoirs)
0 Vd
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Rotor
Phase Phase
Phase lourde lourde
légère Phase
légère
Arbre
Phase lourde
Couronne
fixe
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Rotor
Disques
d'agitation Rotor
Disques
Cellule de Stator
d'agitation
décantation
Godets déversoirs Disques supports
Cellule des godets
Rotor
verticale
Cellule de
décantation
Chicane
horizontale
Dans les colonnes pulsées, l’énergie peut être fournie par pulsa-
tion directe de la masse de liquide à travers des garnissages variés
(anneaux, plateaux perforés, chicanes) ou par le mouvement pério-
dique alterné des plateaux perforés. Les conditions opératoires sont
influencées par les mêmes facteurs que les contacteurs gravitaires
(propriétés physiques, géométrie des garnissages, rapport des
débits de phases), mais aussi par l’énergie de pulsation injectée
Phase lourde (amplitude et fréquence de la pulsation).
Phase légère
Émulsion 3.2.2.1 Colonnes pulsées à garnissages
Elles sont constituées d’une enveloppe cylindrique remplie
Figure 17 – Colonne asymétrique Luwa d’anneaux immobilisés entre des grilles, munie à sa partie infé-
rieure d’un dispositif de pulsation du liquide de la colonne. La pulsa-
tion améliore la répartition des flux et leur dispersion. Le matériau
La colonne asymétrique, qui accepte de larges variations de mas- du garnissage ne doit pas être mouillé par la phase dispersée qui
ses volumiques, de tensions interfaciales et de rapport des débits de aurait tendance à coalescer. La capacité optimale de ce contacteur
phases compense sa réduction de capacité et son coût relativement se situerait entre 20 et 30 m3 · h−1 · m−2. Il requiert une différence de
élevé par une meilleure efficacité (1 à 3 étages théoriques par mètre masse volumique minimale des phases de 80 kg · m−3. Son effica-
de hauteur) [26]. cité est faible bien que supérieure à celle des colonnes à garnissage
non pulsées [27]. Des colonnes de 2,7 m de diamètre et de 10 m de
hauteur sont en exploitation [28].
3.2.1.6 Contacteur Graesser
3.2.2.2 Colonnes pulsées à plateaux perforés
C’est un contacteur cylindrique compartimenté à l’aide de disques
verticaux solidaires de l’axe central (figure 18). Des godets disposés Ces extracteurs, développés surtout dans l’industrie nucléaire,
entre chaque paire de disques assurent la dispersion de la phase sont constitués d’une colonne cylindrique équipée de plateaux hori-
lourde dans la phase légère en partie supérieure et inversement en zontaux perforés sur toute la section, sans déversoirs (figure 19).
partie inférieure, au cours de la rotation de l’arbre (1 à 40 tr · min−1). Les plateaux à perforations cylindriques ou en forme de buses sont
Le temps d’étage (temps de séjour correspondant à un étage théori- espacés de 50 à 200 mm et percés de trous de 2 à 10 mm, qui repré-
que) est de 3 à 15 min. Cet appareil est particulièrement adapté aux sentent au total une surface de passage (transparence) de 15 à 40 %
systèmes émulsifs (faibles tension superficielle et différence de de la section de la colonne. Lorsque l’on fait varier l’énergie de pul-
masse volumique). L’efficacité décroît rapidement avec les débits sation et les débits, cinq régimes hydrauliques peuvent s’établir
qui restent faibles (10 m3 · h−1 · m−2). Dans un appareil de diamètre (figure 20) [29] :
1,5 m, à compartiments de 20 cm de large sur une longueur de — un régime d’engorgement par défaut de pulsation pour forcer
5,5 m, on a mesuré 6 étages théoriques. le passage du liquide à travers les perforations ;
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___________________________________________________________________________________________________________ EXTRACTION LIQUIDE-LIQUIDE
Plateau α
KRIMZ Sortie de la phase lourde Sortie de la phase lourde
b détail d'un plateau type KRIMZ c pulsateur pneumatique de type KRIMZ, d pulsateur pneumatique de type Éries,
à distributeur rotatif (I) à robinet trois voies (II) ou à cames (III)
Régime d'engorgement par défaut déterminant le volume du contacteur pour une séparation donnée,
l
de pulsation
Pu
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Corps du propulseur
hydraulique
Ib
de niveau
Groupe
40
30
IIb
20 Ia
IIIb Contact de fin de course
10
IIIa IIa Arrivée
0 Positionneur du piston oscillant
d'azote
0 500 1 000 1 500
AF (mm · min) Contact de fin de course
HEPT/DST (10–3 h)
70
60 Ce pulsateur (Wepuko Hydraulik) fonctionne avec des cylindrées
de 0,6 à 200 L (correspondant à des colonnes de diamètre 0,5 à 5 m),
50 avec une amplitude maximale de 10 mm et des fréquences de 0,5 à
Ib
40 2,5 Hz [30] (figure 22).
Ia
30
IIa ■ Dans le dispositif Stamicarbon (Bronswerk), utilisé pour la pulsa-
20 IIb tion des colonnes à garnissages, la pulsation est obtenue par souti-
IIIb rage et injection périodique de liquide au pied de la colonne, à l’aide
10
IIIa d’une pompe centrifuge dont le débit est contrôlé par une vanne
0 rotative.
0 500 1 000 1 500
AF (mm · min)
3.2.2.4 Colonnes à plateaux pulsés
b variation du temps moyen d'étage en fonction de la pulsation AF
I système à tension superficielle élevée (30 10–3 N/m) Le contacteur du type Karr (figure 23 a) comprend des empile-
ments de plateaux perforés construits sous forme de cartouches
II système à tension superficielle moyennee (10 10–3 N/m)
rigides et montés sur un même arbre central soumis à un mouve-
III système à faible tension superficielle (2 10–3 N/m) ment vertical alternatif par un mécanisme situé au sommet de la
a plateaux perforés à faible transparence (23 %) colonne. Les plateaux possèdent toujours une transparence élevée
b plateaux perforés à forte transparence (60 %) (40 à 60 %) ; ils sont mus à des fréquences de 2 à 10 Hz et des ampli-
A amplitude tudes de 10 à 50 mm. Les débits spécifiques sont élevés (30 à
F fréquence 75 m3 · h−1 · m−2) et la puissance de pulsation relativement réduite
(1,5 kW pour une colonne de diamètre 760 mm et de hauteur 6 m).
Les plus gros appareils atteignent 1,8 m de diamètre [35] [36] [37].
Figure 21 – Performances des colonnes pulsées à plateaux perforés
pour différents systèmes
Pour les colonnes de faible diamètre (< 200 mm), l’énergie de pul-
sation est transmise par une pompe alternative à piston, sans cla- Dans ce type de contacteur différentiel, les phases circulent à
pets, munis de segments d’étanchéité, ou à membrane ou soufflet contre-courant dans des garnissages variés, grâce à un champ
(acier inoxydable ou PTFE), si l’on veut éviter le contact direct du centrifuge, ce dernier assurant leur séparation, après contact aux
liquide pulsé avec les organes mécaniques de la pompe. deux extrémités de l’appareil. Le contre-courant peut être axial,
c’est-à-dire parallèle à l’axe de rotation (décanteuse Westfalia),
Pour les colonnes de plus grande taille, on préfère les dispositifs radial (Podbielnak et Quadronic) ou hélicoïdal (Alfa-Laval).
pneumatiques, à piston oscillant ou à soutirage et injection.
L’application de la force centrifuge permet des débits spécifiques
■ Dans les dispositifs pneumatiques (figure 19), la pulsation est élevés avec des systèmes émulsifs ou de faible différence de masse
obtenue par admission et échappement d’air comprimé dans un volumique (20 à 50 kg · m−3) et des entraînements très réduits (5 à
tube communiquant avec la colonne (jambe de pulsation), le débit 10 × 10−6 en volume), au prix d’une dépense supplémentaire d’éner-
d’air étant piloté par une vanne trois voies ou un distributeur, action- gie due aux pertes de charge élevées engendrées par les garnissa-
nés par une horloge ou un distributeur rotatif [34]. ges en rotation.
■ Dans les dispositifs à piston oscillant, un vérin, commandé Dans ces appareils, les fortes pressions centrifuges créées locale-
hydrauliquement par une pompe radiale, commande les mouve- ment (5 à 10 MPa) peuvent modifier, d’une manière sensible, les dia-
ments d’un piston à corps creux à l’intérieur duquel un gaz équilibre grammes d’équilibre du système et, en particulier, ses lacunes de
la pression du liquide dans le corps de la colonne. miscibilité.
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___________________________________________________________________________________________________________ EXTRACTION LIQUIDE-LIQUIDE
Mécanisme Mécanisme
de pulsion de pulsion
Plateau
Arbre support perforé Arbre support
des plateaux segmenté des plateaux
Cartouche de
plateaux empilés Arbre support
des plateaux
Plateau perforé
segmenté
Mécanisme
de pulsion
∆P = 0,76 × 104Q1,5 + 1,21 × 106NQ Son bol à axe vertical est garni de cylindres concentriques en tôle
perforée, munis d’ailettes qui imposent une longue trajectoire
Cette corrélation conduit à des valeurs de ∆P de l’ordre de 106 Pa
hélicoïdale (figure 25) [44]. L’arbre creux du contacteur reçoit les
pour un débit de 1,9 × 10−3 m3 · s−1 dans l’appareil considéré.
deux alimentations à sa partie inférieure. Des disques disposés à sa
Pour les applications pratiques, les paramètres du garnissage à base et une turbine fixée à sa partie supérieure envoient à la
optimiser sont les mêmes que ceux des colonnes à plateaux périphérie du bol la phase légère et injectent axialement la phase
perforés : diamètre et espacement des trous, taux de perforation lourde. La position de l’interface est réglée par ajustage des pres-
des tôles cylindriques. sions dans les circuits d’évacuation des deux phases.
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EXTRACTION LIQUIDE-LIQUIDE ___________________________________________________________________________________________________________
Phase lourde Phase légère Pour les applications hydrométallurgiques (uranium, nickel,
cobalt), on a construit des appareils totalisant 5 à 10 étages théori-
Figure 25 – Appareil centrifuge différentiel Alfa-Laval ques et acceptant des rapports de débits de phases de 1/100.
Interface
Sortie de la Sortie de la
phase légère phase lourde
Alimentation en Alimentation
phase lourde en phase légère
Cloison cylindrique
Tube de rinçage
Rotor
Canal d'injection de
la phase légère
b garnissage
Figure 26 – Contacteur centrifuge Quadronic
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