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ECOLE NATIONALE
D’ADMINISTRATION ET DE
MAGISTRATURE
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DEVOIR DE RECHERCHE
FILIERE : IMPOTS / CYCLE II
SUJET : L’EQUILIBRE
BUDGETAIRE.
Sous la supervision de : M.
PLAN DU TRAVAIL
A/ INTRODUCTION
B/ DEVELOPPEMENT
C/ Conclusion
Bibliographie
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A/ Introduction :
L’équilibre a accompagné l’évolution des mouvements humains en tant que vecteur de
stabilité. C’est pourquoi, les gouvernants ont toujours développé des stratégies de quête
de l’équilibre qui est devenu un mythe mobilisateur autour du pouvoir politique pour
asseoir ou conforter sa cohésion et sa stabilité. Cet équilibre trouve naturellement son
prolongement dans les finances publiques. Alors, ses vertus s’amplifient dès lors que
s’affirment les enjeux liés à la question de l’allocation des ressources aux différents agents
économiques. Les enjeux liés à l’équilibre justifient son érection en principe autour
duquel s’articulent les opérations de nature budgétaire. L'équilibre budgétaire est au
cœur des préoccupations en finances publiques et renvoie à l'équilibre entre les recettes
et les dépenses publiques, formant ainsi la base d'une gestion financière saine. Aujourd’hui,
l’équilibre budgétaire apparaît comme un impératif des finances de l’Etat. La question
qui se pose, alors, est celle de savoir si celui-ci peut être regardé comme un principe du
droit budgétaire au même titre que, par exemple, les principes d’annualité et d’unité.
Pour certains, la réponse doit être affirmative dans la mesure où différents textes sont
venus imposer à l’Etat des obligations en termes de trajectoire de retour vers l’équilibre
budgétaire. Pour d’autres, au contraire, la portée normative du principe d’équilibre
budgétaire demeure limitée, de sorte que cet impératif n’apparaît comme rien d’autre
qu’un objectif de saine gestion financière (pour l’heure, en tout cas). Il convient, donc,
d’étudier, dans une première partie, la notion du principe d’équilibre budgétaire ainsi
que les différentes conceptions dudit principe (I), dans une seconde partie, nous verrons
la portée normative limitée de ce principe (II).
B/ Développement :
En 1910, dans son Traité de science des finances, le professeur Gaston Jèze a montré
qu’il est difficile de donner une définition précise et valable dans tous les pays du budget.
Pour reprendre la définition du professeur Paul Leroy-Beaulieu dans son Traité de
science des finances paru en 1906, le budget est un « état de prévoyance des recettes et
des dépenses pendant une période déterminée : c’est un tableau évaluatif et comparatif
des recettes à réaliser, des dépenses à effectuer ; c’est, en outre une autorisation ou une
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injonction donnée par les pouvoirs compétents de faire ces dépenses et de recueillir des
recettes ». Le budget public est un acte de prévision et d’autorisation des recettes et des
dépenses d’une personne publique pour une année donnée. En outre, c’est aussi un
document à valeur politique et nécessaire à une bonne gestion publique.
Si le principe de l’équilibre est affirmé à l’époque classique c’est pour deux raisons :
Si le budget doit être en équilibre cela signifie qu’il ne doit pas y avoir plus de dépenses
que de recettes : c’est l’interdiction du déficit. Mais cela signifie aussi qu’il ne doit pas y
avoir plus de recettes que de dépenses : c’est l’interdiction de l’excédent.
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générations futures les dépenses d’une génération. Il ne peut être admis que pour
des dépenses tout à fait exceptionnelles.
- L’interdiction de l’excédent : Pas plus que le déficit, l’excédent n’est admis, ce qui
peut étonner a priori. Or, comme le rappelle la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen, l’impôt ne sert qu’à l'entretien de la force publique et à
la couverture des dépenses d'administration. Dans ces conditions, on ne peut pas
exiger plus d’impôt que cela n’est nécessaire.
2) Les conceptions modernes de l’équilibre budgétaire :
Les économistes classiques voyaient en le principe d’équilibre une stricte égalité entre les
recettes et les dépenses, sans déficit ni excédent. La pensée de Keynes a remis en cause
le dogme de l’équilibre budgétaire en période de crise en introduisant la notion
d’équilibre économique global : à moyen terme, la relance doit permettre au déficit
d’être remboursé par l’excédent budgétaire. À partir des années 1960, ce raisonnement
va faire l’objet de critiques. Pour les monétaristes, le déficit budgétaire constitue soit un
impôt différé, soit une source d’inflation. Alors, le passage des finances publiques
classiques aux finances publiques modernes va entraîner un élargissement de la notion
d’équilibre, puis un dépassement de celle-ci.
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A partir du moment où l’équilibre change de sens, il sera dépassé. Autrement dit, comme
l’on prône un équilibre économique, l’équilibre comptable est secondaire. Deux théories
fonderont ce dépassement.
- La théorie du déficit systématique : C’est John Maynard Keynes qui est à l’origine
de cette théorie. Pour cet auteur, le budget n’est qu’un instrument au service de
l’économie. Il faut donc utiliser « l’effet multiplicateur de la dépense » pour
rétablir l’équilibre économique. En d’autres termes, l’augmentation des dépenses
publiques - et donc le déficit provoqué - va permettre de relancer l’économie, et
lorsque l’équilibre économique sera rétabli l’équilibre budgétaire suivra. Cette
théorie va être appliquée avec plus ou moins de succès ici et là. Selon la
conception Keynésienne, l’Etat a le droit voire même le devoir d’intervenir dans
la vie économique. A partir de la crise de 1929, on s’aperçoit que le marché ne
s’autorégule pas, la main invisible des libéraux ne marchent pas correctement. Il
est bon que l’Etat mette en place des politiques interventionnistes. L’Etat est
obligé de réguler et de relancer l’économie en temps de crise. Pour relancer
l’économie, le pouvoir d’achat, l’Etat doit accepter des budgets en déficit pour
un moment. Dans cette conception de l’équilibre budgétaire qui n’est plus un
équilibre comptable mais un équilibre économique et financier, ce n’est pas
seulement le budget qui doit être équilibré mais l’ensemble de l’économie. Le
déficit n’est donc justifié que parce qu’il sert à relancer une économie en difficulté.
- La théorie de l’impasse ou du découvert budgétaire : En France, on préconisera
une théorie particulière. On distinguera l’impasse - que l’on baptisera découvert
sous la Ve République - du déficit. Le découvert est un solde négatif des
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opérations temporaires que l’on juge admissible, alors que le déficit c’est un solde
négatif des opérations définitives. Ce qui est bien plus grave et qui par conséquent
est interdit. Pour bien distinguer ces deux sortes de solde, on fait apparaître les
opérations temporaires « en dessous de la ligne » et les opérations définitives «
au-dessus de la ligne » dans la première partie de la loi de finances
La portée normative du principe d’équilibre budgétaire apparaît limitée. Elle l’est du fait
des limites qui caractérisent les textes qui le promeuvent (1), de sorte que se pose la
question de savoir si l’équilibre budgétaire n’est pas, en somme, qu’un simple objectif
(2).
L’autorité du principe d’équilibre budgétaire apparaît toute relative eu égard aux limites
que connaissent les textes qui viennent le promouvoir, soit que la conception de
l’équilibre qu’ils consacrent est éloignée de ce qu’il convient d’entendre par principe
d’équilibre budgétaire, soit que ces textes sont dénués de force contraignante.
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montre bien que la réalisation de l’équilibre budgétaire ne dépend pas que d’une
volonté politique et d’une stratégie juridique, mais est, en partie, la résultante de la
conjoncture économique. Enfin, la portée normative limitée de cet impératif peut,
également, s’avérer être volontaire. Le statu quo peut, en effet, être ne façon pour le
pouvoir politique de conserver une marge de manœuvre dans la mise en œuvre de
politiques publiques, notamment des politiques de relance keynésiennes. La question de
l’équilibre budgétaire apparaît, ainsi, comme un enjeu politique sensible. Ainsi,
s’explique que le TSCG prévoit des possibilités de dérogation à la « règle d’or » qu’il
consacre.
C/ Conclusion :
A l’époque classique des finances publiques, dans un système largement influencé par le
libéralisme politique et économique, l’équilibre des finances publiques est un équilibre
comptable, une égalité arithmétique entre les dépenses et les recettes. L’équilibre
comptable est a la fois un principe moral car l’Etat comme l’entreprise ou une famille
traditionnelle, ne peut dépenser plus qu’il ne gagne et un principe économique en
adéquation avec le périmètre rétréci de l’Etat libéral.
L’évolution du principe d’équilibre des finances ne se retrouve pas que dans la pratique,
elle est aussi théorique. A l’époque moderne des finances publiques, le principe
d’équilibre n’a plus le même sens qu’a l’époque libérale. La conception du principe de
l’équilibre budgétaire change car les finances publiques se transforment. Elles ne relèvent
plus seulement du droit financier, mais de l’économie financière. Tous les grands
principes budgétaires de l’époque classique évoluent, et le principe de l’équilibre
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budgétaire n’échappe pas au processus. L’équilibre comptable des libéraux est dénaturé
par les modernes. Somme toute, l’Etat ne doit plus chercher à équilibrer son budget
comme un objectif en soi, mais doit ajuster son budget selon les besoins de l’économie
nationale. Pour les modernes, le budget a un impact sur l’économie, donc l’Etat doit
utiliser le budget comme un instrument à des fins économiques.
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