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Aatc 167 0026
Aatc 167 0026
relation thérapeutique
Karine Danan
Dans Actualités en analyse transactionnelle 2019/3 (n° 167), pages 26 à 40
Éditions Institut français d'analyse transactionnelle
ISSN 1377-8935
DOI 10.3917/aatc.167.0026
© Institut français d'analyse transactionnelle | Téléchargé le 26/12/2023 sur www.cairn.info (IP: 41.158.190.144)
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La vulnérabilité du praticien est une réalité qu’il s’agit d’apprivoiser, pour la transformer en
ressource. Facile à dire ; mais encore faut-il être outillé pour le mettre en œuvre ! C’est sur ce point
que Karine Danan offre une contribution originale. Elle expose un protocole structuré et abouti pour
aider le praticien à identifier ses vulnérabilités, les accueillir, et les mettre au service de la relation
d’aide. Cet article se propose donc résolument en outil de guidance à la pratique. CL
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L a vulnérabilité est une fragilité qui risque de s’activer
et est inhérente à tout système sensible. Lorsque j’étais
étudiante, j’avais la croyance qu’un bon thérapeute
était nécessairement solide en toutes circonstances, sans failles,
ayant réglé la majeure partie des strates de son scénario. Je
n’avais pas pris en compte que la prédisposition psychique à se
trouver fragilisé par des événements dépend de notre niveau de
vulnérabilité et des événements passés qui ont contribué à cette
vulnérabilité. En d’autres termes, si vous vous balancez sur une
chaise, les pieds vont s’abîmer. À force de vous balancer, un pied
va probablement céder et vous, tomber. Fragilisé, mais résilient,
vous allez vite vous en remettre. Une nouvelle chute pourrait
réactiver l’ancienne douleur et s’associer à la nouvelle de manière
factorielle, renforçant votre vulnérabilité.
Selon les études menées sur la compréhension des troubles
psychopathologiques, il a été montré le rôle de l’interaction entre
la vulnérabilité et les facteurs de stress sur le développement
Karine Danan de la pathologie1 et des troubles psychiques2. Même sorti du
C.T.A-P scénario, des événements inattendus peuvent agir sur nos failles
Saint-Nazaire – colmatées comme quand on se blesse à l’endroit d’une ancienne
France fracture.
N
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ous ne pouvons attendre du thérapeute qu’il soit invulné- La relation
rable. Cela serait méconnaître l’humanité qui est la sienne. au cœur
D’ailleurs, s’il était invulnérable, comment pourrait-il avoir les
compétences d’intuition, d’empathie authentique, d’ajuste- du processus
ment… nécessaires au fondement de l’alliance thérapeutique. – Compétences
Comme le soulignent Hargaden & Sills, la relation d’empathie thérapeutiques
est le cœur et la pierre angulaire de la thérapie relationnelle5. La
relation thérapeutique nécessite un positionnement OK+/OK+
de la part du thérapeute. Berne insiste sur l’authenticité de ce
positionnement. Il distingue le fait de « jouer » au thérapeute et
d’être thérapeute. Il suggère là d’utiliser son moi au profit du rôle
et non simplement de manifester le rôle. Cela implique un travail
d’élaboration et de traitement sur lui-même et pour lui-même,
pour le patient et pour la réussite du contrat thérapeutique.
L’évaluation des compétences devient un travail multi-axial et
régulier qui prend en compte le patient, la relation thérapeutique
et le thérapeute dans sa globalité (moi + rôle).
La relation thérapeutique est un espace potentiel6 de créativité
propice à l’émergence de l’individualité. Chacun a ici quelque
chose à gagner à condition de savoir utiliser ce qui se passe pour
l’objectif fixé. Plusieurs recherches dont celles de Krupnick,
Sotcky et coll. en 1996 ou de Lambert7 (2002) ont montré
que la qualité de la relation thérapeutique était déterminante
dans la réussite de la thérapie quelle que soit la méthode Karine Danan
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en lumière des éléments Est-ce que je me sens capable de penser des interprétations
clefs du scénario et choisir de les partager ou non au patient ?
Stimulation émotionnelle : Suis-je apte à recevoir les émotions du patient dans l’objectif
Capacité de stimuler d’un travail de perlaboration ?
le patient sur ses émotions Suis-je prêt à choisir de partager ou non ce que je ressens
pour étayer le patient ?
Cadre : Capacité à gérer le Suis-je capable de gérer le temps de la séance, de poser des
cadre limites, de suggérer des procédures ?
EDM : Capacité à ajuster Si je fais mon égogramme, est-ce qu’il ressort que l’Adulte
ses états du moi est au premier plan, suivi du Parent nourricier et de l’Enfant
libre ?
Est-ce que je peux choisir quel état du moi accompagne le
patient ?
Puissance : capacité à être Est-ce que je me manifeste clairement, avec puissance pour
puissant faire aboutir mes confrontations ?
Conscience claire : capacité Est-ce que je peux utiliser mon intuition en m’appuyant sur
de prendre la distance des hypothèses partageables avec le patient ?
nécessaire à un retour sur Est-ce que je peux choisir mes interventions thérapeutiques ?
soi et d’utiliser en conscience Est-ce que je suis conscient des liens et des différences entre
des outils thérapeutiques moi et mon patient ?
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L a vulnérabilité corrélée aux facteurs de stress a un impact sur
la Triade (patient, thérapeute, relation thérapeutique). Cet
impact peut être évalué et élaboré sur plusieurs niveaux (existence,
Les risques de
la vulnérabilité
importance, sens…) et dans plusieurs zones (le thérapeute : soi – Méconnais-
+ rôle ; l’autre : le patient ; la situation thérapeutique : la relation sances
thérapeutique).
Selon Ken Mellor & Éric Schiff : « les manifestations externes
de la méconnaissance sont les comportements passifs, le double-
fond dans les transactions et les jeux.10 » Le risque de ne pas
prendre en compte la vulnérabilité du thérapeute est comme pour
toute méconnaissance le risque d’un parasitage, de la passivité
qui débouchera probablement à un instant sur des transactions
à double-fond, des jeux et des malheureuses confirmations de
scénario. Si le traitement consiste à aider le patient à l’autonomie,
comment le thérapeute pourrait l’y aider si lui-même se trouve
dans la passivité (ne rien faire avec sa vulnérabilité, s’y suradapter,
s’incapaciter, se faire violence, être violent avec l’autre) ?
À l’aide du tableau des méconnaissances11 (Ken Mellor & Eric
Schiff), j’ai répertorié quatre niveaux de risques, dans les trois
zones de la triade afin de montrer l’importance de ces risques sur la
réussite du traitement et dynamiser la motivation des thérapeutes
à traiter leurs vulnérabilités en prenant en compte la triade. Karine Danan
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le thérapeute le thérapeute l’empêchent de les voir actifs chez le patient
pour le guider vers la redécision.
-- Le thérapeute méconnaît la signification de la vulnérabilité du
patient.
Risque : Le thérapeute ne cherche pas à comprendre ce
qui a provoqué cette vulnérabilité. Il ne se distancie pas du
vécu émotionnel du patient. N’aidant pas le patient à sortir
de la passivité.
-- Le thérapeute méconnaît l’impact des constituants relationnels :
transfert, contre-transfert, type d’attachement, scénario... sur le
processus thérapeutique
Risque : Participer à l’échec d’une bonne alliance
thérapeutique. La relation est rigide, le patient abandonne,
arrête la thérapie ou accroche le thérapeute dans un jeu
psychologique.
Méconnaissance -- Le thérapeute part du principe que la vulnérabilité est inhérente
des actions possibles à tout être humain et que c’est comme ça. Il méconnaît ici la
sur le niveau de possibilité d’agir sur son niveau de vulnérabilité.
vulnérabilité Risque : Il ne fait rien pour se solidifier et finit par
développer un trouble psychique. Le thérapeute n’est pas
immunisé contre le burn-out, la dépression...
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-- Le thérapeute pense que le patient ne peut pas changer son
niveau de vulnérabilité, il méconnaît les capacités de changement
du patient.
Risque : Renoncer, rester dans un contrat flou, se perdre.
-- Le thérapeute pense que l’action sur la vulnérabilité ne
changera pas la relation thérapeutique, il méconnaît ici l’impact
de la relation sur la vulnérabilité.
Risque : Le thérapeute n’utilise pas ce qui se passe dans
la relation au profit du diagnostic ou du traitement. Il ne
choisit pas ses interventions thérapeutiques et navigue au
hasard provoquant confusion et passivité.
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S’il semble évident que tout thérapeute reconnaît sa vulnérabilité,
il l’est moins qu’elle soit toujours reconnue et sur tous les sujets
qu’il va rencontrer dans sa pratique et dans sa vie. Il arrive que
nous soyons aveugles à notre souffrance répondant à un driver
« Sois fort » ou encore « Sois parfait ».
La non-reconnaissance de la part du thérapeute de sa propre
vulnérabilité peut être un risque pour la thérapie du patient, mais
elle peut également être un potentiel à la réussite du traitement.
Pour cela, le thérapeute a intérêt à se mettre à l’écoute de ses
sensations internes, des pensées et émotions qui le traversent
pendant qu’il écoute le patient. Vulnérable ou fragilisé par ce que
le patient lui renvoie de sa propre fragilité, il va pouvoir se saisir
de son vécu ici et maintenant pour reconnaître sa vulnérabilité et
l’utiliser à son profit et au profit du traitement.
Quelles sont mes sensations ici et maintenant, à quelle
émotion cela me fait penser ?
-- Thérapeute : Je sens une boule au ventre. Cela me fait penser
à la peur.
Est-ce que ce que je sens ou pense appartient au passé du
patient ou à mon propre passé ?
-- Thérapeute : Cela me renvoie à cet événement qui m’a fait
mal. J’ai peur que le patient s’aperçoive de la douleur que cela fait
naître en moi et qu’il pense que je ne le soutiens pas.
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veux grandir ! Apprendre à me détacher de la peur de l’autre.
Apprendre à me soutenir moi-même ! Je peux me sentir soutenu
même s’il y a de la peur.
Le patient renvoie au thérapeute un sentiment qu’ils connaissent
tous les deux. Grâce à la prise en compte de sa vulnérabilité,
le thérapeute utilise celle-ci au profit du patient. Celui-ci peut
réparer ici quelque chose qu’il n’a pu réparer dans le passé
en prenant conscience de son ambivalente impuissance/
omnipotence, de sa volonté de faire autrement et de la possibilité
de le faire.
Reconnaître sa vulnérabilité ne signifie pas savoir pourquoi nous Étape 2 :
sommes vulnérables. Reconnaître le sens de notre vulnérabilité, Reconnaissance
c’est se remémorer ce qui nous a faits et nous fait encore souffrir. du sens de sa
C’est faire face à nos besoins déchus, aux manques et aux vulnérabilité
manquements. C’est reconnaître ce qui n’a pas été et ce que nous
aurions eu besoin qu’il soit en osant se laisser à nouveau sentir ce
qui nous a rendus vulnérables.
-- Ai-je souffert ?
-- Puis-je faire une liste de ce qui m’a fait souffrir ?
-- Qu’est-ce qui se passe ici et maintenant en contact du
patient qui me renvoie à des éléments de cette liste ?
-- Est-ce que mon expérience peut servir au patient ou à
l’alliance thérapeutique ? Karine Danan
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propice aux prises de conscience.
-- Qu’est-ce qui fait que (je me sens vulnérable) ?
-- Comment cela se passe (quand je suis vulnérable) ?
-- Quand est-ce que cela a commencé (cette vulnérabilité) ?
Vis-à-vis du patient :
-- En quoi ma vulnérabilité peut aider le patient ?
-- Qu’est-ce que j’ai besoin de savoir du patient pour comprendre
ce qu’il vit ?
-- Mon expérience peut-elle être un agent modélisant pour le
patient ?
Vis-à-vis de la relation :
-- Notre vécu commun peut-il amener une certaine complicité
dans la relation propice au traitement ?
-- Le fait que je ne sache pas peut-il être bénéfique au patient ?
Étape 3 : À ce stade, « Les objectifs des prises en charge peuvent notamment consister
Action possible à tenter de travailler sur des paramètres tels que : l’estime de soi, la confiance,
sur son niveau l’optimisme, le sentiment d’espoir, la sociabilité. Ou encore, l’autonomie et
de vulnérabilité l’indépendance, l’endurance, la capacité à combattre les stress. Il peut s’agir
d’accompagner l’émergence des attitudes positives pour faire face à des
problèmes, les résoudre, prévoir leurs conséquences…15 »
En proie à sa vulnérabilité, fragilisé, le thérapeute a tendance à
se dévaloriser, méconnaître ses compétences, dans une position
-/+ vis-à-vis de ses pairs parce qu’il sent le décalage entre ce qu’il
présente à voir et l’archétype du thérapeute qu’il voudrait être. Il
cherche souvent des solutions dans la raison discursive au lieu de
déployer son intuition au profit de la créativité imaginative. Il peut
également prendre une position + /- en pensant qu’il sait ce qu’il
faut faire. Le risque étant qu’il ne prenne plus en compte la réalité
du patient et qu’il le presse provoquant une suradaptation néfaste
à l’autonomie. Quel que soit son positionnement, le thérapeute
ne peut oublier qu’il ne peut savoir pour l’autre, mais qu’il peut
savoir avec l’autre.
Pour agir sur sa vulnérabilité, le thérapeute a besoin de développer
ou redynamiser le processus de résilience. Cela implique une
capacité à sentir et mettre du sens tout en se laissant imaginer des
solutions. Il s’agit alors de mobiliser l’Adulte, mais aussi l’Enfant
libre pour qu’ils s’associent le temps d’une re-création.
Issue de l’analyse régressive, j’utilise avec mes patients un exercice
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dans lequel il s’agit, grâce aux techniques de pleine conscience de
créer à partir d’un souvenir, un scénario secondaire dans lequel la
personne se sort de la situation avec brio. Comme dans le rêve,
j’invite le patient à recréer les moindres détails du scénario initial
puis à imaginer des actions différentes pour une autre fin.
-- Vous êtes dans cette forêt, il fait nuit, vous avez peur et envie
de vous enfuir. Imaginez maintenant que vous ayez toutes les
ressources possibles, même les plus magiques, ésotériques,
divines, farfelues… Vous pouvez imaginer ce que vous voulez,
comme le font les enfants quand ils jouent à faire semblant.
Qu’est-ce qui pourrait vous aider à surmonter cette peur ?
-- Je pourrais avoir une armure qui éclaire mon passage, une
armure infranchissable.
-- Ok, imaginez ça. Vous marchez dans cette forêt dans cette
armure lumineuse infranchissable. Sentez ce que ça fait de
marcher dans cette armure dans cette forêt. Prenez le temps de
sentir. Comment c’est maintenant ?
-- Je me sens rassuré, fort. Je n’ai plus peur.
-- Gardez ça. Vous allez reprendre la machine à voyager dans
le temps en emportant cette sensation avec vous. Revenez à la
scène qui vous a rendu vulnérable. Comment vous vous sentez
quand vous y repensez ?
-- Je me sens mieux, je me sens plus fort. Je veux dire que je peux
avoir cette image en moi sans que cela me détruise. Karine Danan
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à sentir ce que notre esprit fabrique pour l’actionner ensuite.
Étape 4 : Se sentir apte à mettre en place les solutions imaginées est un
Aptitude à mettre travail difficile qui nécessite de se dégager des enjeux relationnels
en place les options présents et passés et d’oser apprendre et utiliser ses nouvelles
connaissances. Le changement bouleverse la dynamique
relationnelle et pose un risque relationnel. Quand je change,
j’induis un changement dans la relation. Ce qui était en équilibre
se rompt. La posture du thérapeute peut changer en fonction
de la vulnérabilité dans laquelle il se trouve. Affaibli, fatigué, en
proie au stress ou aux angoisses, il peut perdre certaines de ses
compétences pour un temps. C’est le temps du changement
relationnel qui va faire émerger la glaise du transfert. Le thérapeute
va pouvoir en tirer profit peut-être après coup, une fois qu’il aura
retrouvé sa solidité psychique pour mener une réflexion autour
des enjeux liés au changement.
« Le recours à des ressources internes et externes peut (lui)
donner l’occasion d’expérimenter ses capacités à rebondir,
les exercer, les consolider et les améliorer. Ils peuvent
aussi révéler une insuffisance fondamentale à les mettre
en œuvre et (lui) faire prendre conscience d’une nécessité
d’en faire l’apprentissage.16 »
La méconnaissance du thérapeute de sa faculté à mettre en place
les options envisagées peut trouver un écho dans les craintes du
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Engager le patient vers l’autonomie et la responsabilité de lui-
même est une priorité pour moi. Je garde en tête qu’à chaque
instant, s’il m’arrive de me trouver vulnérable, mon objectif reste
toujours que le patient sente qu’il est dans un lieu où il peut être
lui-même avec ses besoins et ses désirs tout en lui apprenant à
exporter cela dans son monde social, en lui montrant que ses actes
ont des conséquences sur la relation qui sont des boomerangs
qui reviennent inévitablement à celui qui les a lancés. La thérapie
peut alors devenir un lieu de collaboration gagnant/gagnant où
patient et thérapeute grandissent ensemble vers le meilleur de
chacun.
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renseigne sur le patient et son vécu, sur nos limites et nos zones
d’ombre tout autant que sur nos compétences. Ce travail nous
aide à nous positionner et nous repositionner sans cesse dans une
juste distance propice à l’alliance et au processus thérapeutique.
Le travail avec nos pairs, en supervision, la formation sont autant
d’éléments qui nous aident à nous ouvrir à d’autres possibilités,
d’autres points de vue pour ne pas rester seul face au miroir
dans cette difficulté ou cette souffrance qui nous traverse. La
collaboration autour du sens par la curiosité, la recherche de
connaissance, l’investigation permettent d’ouvrir de nouvelles
perspectives et créer une dynamique que le thérapeute peut
réinjecter dans la thérapie du patient.
Notre capacité à regarder notre propre vulnérabilité va catalyser
le transfert et le contre-transfert et nous permettre de travailler à
la différenciation avec finesse pour faire émerger des potentiels.
C’est en observant ma vulnérabilité personnelle qui influence
mon état d’être face au patient que je peux me distinguer de son
vécu. Partager le sens qu’a pour moi ce que je vis du problème
du patient (forme collaboratrice d’interprétation) permet au
patient de ne pas rester dans le silence propice aux projections,
au renforcement des sentiments parasites et de ses décisions de
scénario. Je peux dire au patient mon émotion en la replaçant
dans le contexte de son scénario. La collaboration consiste à
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thérapeutique vers l’autonomie. Cela nécessite un soutien autour
du thérapeute qui ne peut s’asseoir sur ses compétences et ses
connaissances au risque de rigidifier le processus thérapeutique.
En reconnaissant sa vulnérabilité et ses fragilités, il devient un
agent modélisant parce qu’il se place dans son statut d’humain
face à l’univers si vaste qui nous rappelle à notre fragilité et notre
finitude. Il montre au patient sa responsabilité à regarder avec
bienveillance ce qu’il est dans cet univers pour développer ses
compétences.
Cette alliance autour de la reconnaissance des potentiels de
notre vulnérabilité permet à mon sens la construction du soi, la
confiance en soi, l’affirmation de soi. C’est en travaillant notre
vulnérabilité et en sachant l’utiliser que nous permettons à notre
patient de l’envisager, de l’élaborer et de l’agir en se construisant
une identité d’humain vulnérable et résilient qui a la capacité
d’œuvrer pour ce qu’il veut et vers ce qu’il veut malgré sa
condition humaine.
Si le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre (Nelson
Mandela), la résilience n’est pas l’absence de vulnérabilité, mais la
capacité de la transformer en force.
Karine Danan
notes
1
Ingram, R.E & Luxton D.D, Vulnerability-stress models. In B.L Hankin & J.R.Z, Abela (Eds.), Development
of psychopathology: A vulnerabilité-stress perspective. New-York : Sage
2
Colliez, A., Thèse de Doctorat : De l’importance de « traiter » la stigmatisation des troubles psychiques : aspects
théoriques et pratiques, Université de Lille, Faculté de médecine Henri Warembourg, 2018
3
Mellor, K. & Schiff, E., Méconnaissance, C.A.T. 2 page 151
4
Benoit, M., Eureka : Le tableau des prises de conscience, A.A.T n°73, Janvier 1995, p. 27
5
Hargaden, H., & Sills, C., Transactional Analysis: A relational perspective, Routledge, 2014, p. 31
6
Winnicott, D., Jeu et réalité, ed. Gallimard, reed. 2002
7
Lambert A. et Barley D. (2002), Research summary on the therapeutic relationship and psychotherapy outcome,
in Psychotherapy Relationships that Work: Therapist Contributions and Responsiveness to Patients, Norcross, J.,
New York, Oxford University Press
8
De Roten, Yves, Ce qui agit effectivement en psychothérapie : facteurs communs ou agents spécifiques, Bulletin de
psychologie, vol. numéro 486, no. 6, 2006, pp. 585-590
9
Steere, D.,A., La compétence thérapeutique, C.A.T 4, p. 179-183
10
Mellor, K. & Schiff, E., Méconnaissance, C.A.T. 2, p. 151
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11
Mellor, K. & Schiff, E., Méconnaissance, C.A.T. 2, p. 151
12
Valadier, P., Apologie de la vulnérabilité. Etudes 2011/12 (Tome 4/4), p. 199-210
13
Debroca, Alain, Vulnérabilité, éditorial Éthique & santé (2013) 10, p. 1-2
14
Steiler, D., Conférence force et vulnérabilité, TEDX, Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=pILPBc-YsyE
15
Anaut, Marie, Le concept de résilience et ses applications cliniques, Recherche en soins infirmiers 2005/3 (n° 82),
p. 4-11
16
Richard, J., Résilience et vulnérabilité, De l’ajustement des concepts en psychogérontologie, Gérontologie & société
2004/2 (vol.27/109), p. 109-125
17
Valadier, loc. cit.