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L'Harmattan | « Savoirs »
2018/1 N° 46 | pages 47 à 69
ISSN 1763-4229
ISBN 9782343145648
DOI 10.3917/savo.046.0047
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-savoirs-2018-1-page-47.htm
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Toward co-op training for capability building
in Second Chance Schools
Co-op training is not simply a formal model, it is also a pedagogy in
itself—a particular pedagogy that aims to bring training and work together.
In reality, there are many different forms of co-op training, and a variety of
tools for the organization and support of groups or single learners in such
training. Their use and effectiveness can be assessed in terms that have been
suggested to us by the capabilities approach. We seek to demonstrate this
in our text by analyzing what it is that makes Second Chance School (E2C)
teachers capable of conducting mock interviews.
Keywords: co-op training, capability, mock interview, teacher, conver-
sion factors, choice factors.
Introduction
Étudier l’alternance ne peut se résumer à l’analyse des dispositifs juri-
diques (contrat d’apprentissage, contrat de professionnalisation), ni des
publics concernés (scolaires, étudiants, jeunes, moins jeunes), ni même à la
* Maîtresse de Conférences en Sciences de l’Éducation, équipe Apprenance et Formation
des Adultes, Université Paris Nanterre.
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Vers une alternance capacitante dans les Écoles de la deuxième chance (E2C)
lumière des aides financières qui lui permettent de croître de manière expo-
nentielle, ou des injonctions politiques en faveur de son développement…
Si l’on veut appréhender la valeur de l’alternance, il est important d’en évo-
quer les pédagogies et les dispositifs, et de souligner les formes d’interaction
qu’elle entretient entre les mondes de la formation et du travail. En lien étroit,
elle est intégrative (contenus du travail et contenus de formation s’articulent
selon une programmation prédéterminée). Sans lien, elle est juxtapositive (les
deux mondes se côtoient mais s’ignorent mutuellement). Elle est circonstan-
cielle lorsque le centre de formation se saisit ponctuellement des événements
des situations de production et les intègre dans les parcours de formation.
Dans les E2C, l’alternance qui se déploie n’a que peu à voir avec ces canons
traditionnels qui décrivent l’alternance. Ce qui caractérise les E2C n’est pas
dans la manière dont est appréhendée l’expérience de travail en tant qu’ap-
prentissage d’un métier, mais en tant qu’apprentissage de soi. L’alternance y
est socialisante. Nous allons en décrire les caractéristiques et tenter, à partir
de l’approche par les capabilités (Sen, 2001, 2004), de montrer que l’ingénie-
rie des parcours de formation qui prévaut, en étant centrée au plus près des
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apprenants, peut conduire l’alternance à être également capacitante.
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composent, mais aussi la place des apprentissages expérientiels, leur valori-
sation et leur prise en compte dans les parcours de formation.
1.1. Alternance organisationnelle
L’alternance est organisationnelle lorsqu’elle est une donnée fonction-
nelle voire logistique, sans intention pédagogique, sans volonté de réunir le
monde de la formation et le monde du travail. Chaque espace est distinct
de l’autre, et chacun pilote à sa manière la formation, dans une indifférence
mutuelle. Le parcours prend la forme d’un calendrier de l’alternance au sens
strict du terme. Dans la littérature, cette forme d’alternance est souvent as-
sociée à celle d’alternance juxtaposition. Le terrain est un lieu de socialisa-
tion et d’acculturation. Cette forme est prégnante car le système de travail
et le système de formation ont développé des logiques tellement différentes
et opposées qu’elles sont parfois devenues contradictoires, au sens où elles
se nient l’une et l’autre. Le système de travail poursuit une logique de pro-
duction subordonnant les savoirs à leur utilisation (logique de marché) ; le
système de formation poursuit quant à lui une logique dominante discipli-
naire et curriculaire sans la subordonner au système de travail (logique du
diplôme) dans laquelle la consommation du savoir renvoie sa justification
sociale à une application ultérieure dans le champ des pratiques (Geay, 2007).
1 Cf. notamment Bourgeon (1979) ; Lerbet (1981) ; Geay (1985) ; Pelpel (1989) ; Schwartz
(1994) ; Colasse Alves (1997) ; Malglaive (1999) ; Meirieu (2006) ; Girod de l’Ain (1974) ;
Houssaye (1997).
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Lorsque l’on adapte l’alternance à l’intention pédagogique, cette der-
nière est dialectique. En tentant d’articuler les espaces, monde du travail et
monde de la formation cherchent à cohabiter et à collaborer. La rencontre
d’un autrement, de l’altérité, est admise et acceptée et participe à la profes-
sionnalisation des apprenants. Dans cette forme d’alternance, la gestion des
apprentissages apparaît tout à la fois collective, individuelle et partenariale.
L’apprenant est encadré et accompagné dans son parcours. Sa trajectoire
peut être chaotique mais il a la possibilité de trouver en chemin des repères,
des boussoles, des guides qui vont l’aider à orienter et réguler ses appren-
tissages. Dans la littérature, cette forme d’alternance est souvent associée
à celle d’alternance dialogique, complémentarité, articulation, intégrative.
Nous préférons parler d’alternance dialectique. L’idée d’échange entre deux
milieux de formation est ici la plus importante. Ce type d’alternance voit se
développer des outils comme les plans de formation, de professionnalisa-
tion ou d’expérience. Ils ont en commun de chercher à articuler les objectifs
de qualification (diplomation ou certification) avec ceux de la mission en
entreprise, de construire des parcours singuliers en lien avec le contexte
professionnel et ses opportunités. Dans cette forme d’alternance, les acteurs
se connaissent et se reconnaissent dans leurs capacités respectives à accom-
pagner l’alternant dans son parcours de formation et partagent, en partie, le
« pouvoir de former » (Clénet et Gérard, 1993).
Ainsi, cette forme d’alternance tente de concilier mondes du travail et de la
formation, objectifs de formation et objectifs du travail, savoirs curriculaires
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appliquée. Les espaces collaborent peut-être mais l’idée est ici de complé-
menter les espaces, de « combler les vides » laissés par l’un des espaces de
la formation à partir de l’analyse des écarts travail prescrit/travail réel afin
d’individualiser les parcours de formation. On part du postulat que tout ne
peut pas être acquis ou fait en entreprise, que l’environnement (matériel,
technique, humain) du travail n’offre pas toujours toutes les opportunités
d’apprentissages nécessaires à l’acquisition d’une compétence visée.
Ainsi, cette forme d’alternance part de l’idée que toute organisation n’est
pas également apprenante et que, même à mission identique, les appren-
tissages pourront être différents, articulés ou éloignés des objectifs acadé-
miques de la formation. On tente alors de consolider, d’étayer les parcours
par des apports individualisés et différenciés qui visent un égal accès aux
savoirs et aux compétences. Ce qui n’est pas acquis en entreprise pourra
l’être en formation grâce à une instrumentation spécifique (jeux de rôle,
simulations, étude de cas, échanges d’entreprises, projet industriel, etc.) re-
posant sur l’analyse des écarts entre curriculum prescrit et curriculum réel
(Fernagu Oudet, 2008c).
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–– circonstancielle lorsque le vécu des stagiaires en entreprise ou au sein
de l’école est repris au sein des temps de régulation collectifs ou indivi-
duels du dispositif par les formateurs pour aider les jeunes à « marcher
et se regarder marcher ». Les circonstances sont retravaillées, les événe-
ments analysés, l’expérience mise en lumière, au regard du projet de ces
jeunes (pertinence, faisabilité, accessibilité, etc.).
L’ingénierie de l’alternance qui prévaut est ainsi celle d’une ingénierie
sur mesure, flexible, qui va conduire le dispositif à s’adapter aux stagiaires
et non le contraire, construisant au fil de l’eau des parcours de formation
individualisés censés développer autonomie, estime de soi, sentiment de
compétence, responsabilité de soi, etc. L’apprenant y est un propre agent de
son développement. Ce n’est pas une erreur que de comparer la pédagogie
déployée à celle des Maisons Familiales Rurales où l’on cherche la « vérifica-
tion de désirs » et « la construction du libre arbitre qui vise à rendre l’appre-
nant acteur de sa formation » (Sanselme, 2015).
De facto, l’environnement et l’instrumentation pédagogique proposés
consistent à mettre les jeunes en capacité de se (re)dynamiser, d’échapper
aux « flammes de l’exclusion » (pour reprendre le titre d’un ouvrage dont
le titre évocateur nous semble correspondre à la philosophie des E2C 2),
pour s’intégrer/s’insérer dans notre société. Ils s’appuient pour cela sur un
2 Cf. Passevant, R. (1999). Les flammes de l’exclusion : insécurité urbaine… l’espérance citoyenne.
Montreuil : Le Temps des cerises.
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en agissant qu’il apprend. Il est accompagné afin d’être en mesure de
revenir sur les éléments factuels permettant de faire un travail d’expli-
citation sur ce qu’il a fait, pourquoi et comment il l’a fait, comment il
aurait pu le faire… L’équipe pédagogique facilite cette compréhension
lors des différents ateliers, lors des retours d’alternance, des entretiens
de suivi, etc. ;
2. que chaque moment important de la formation est contractualisé
entre l’E2C et le jeune. La contractualisation permet de poser des ob-
jectifs, d’engager les deux parties (le jeune et l’E2C), de responsabiliser
le jeune sur son projet professionnel, de faire le bilan d’un moment du
parcours (réussites, échecs). Il s’agit pour le jeune et l’E2C de rechercher
une articulation qui réponde à la fois à ses envies, ses capacités, à la réalité
du monde du travail mais aussi à celle des obligations de l’E2C. Cette
contractualisation peut être ajustée selon l’évolution du projet profes-
sionnel du jeune (des déceptions du métier choisi lors de la « rencontre »
sur le terrain, la découverte d’un nouveau métier intéressant ou encore la
prise de conscience d’acquis insuffisants pour prétendre à un métier…).
Cette contractualisation se concrétise notamment par le contrat de for-
mation et le plan de formation individualisé. Ce caractère négocié du pro-
jet entraîne une appropriation de celui-ci par les acteurs et participe ainsi
à la construction identitaire du jeune et à l’autorégulation de son devenir ;
3. que les situations d’apprentissages et les évaluations ont pour objectif
de renforcer les sentiments d’efficacité de chaque jeune en valorisant et
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2.1.1. Définition
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(Sen, 2004).
Nous allons utiliser l’approche par les capabilités pour analyser les poten-
tialités de la pédagogie mobilisée dans les E2C et leur contribution au déve-
loppement des compétences des jeunes qu’elles accueillent.
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Vers une alternance capacitante dans les Écoles de la deuxième chance (E2C)
Dans le premier cas, l’action porte sur l’environnement indépendamment des individus
le premier cas, l’action porte sur l’environnement indépendamment des indi-
qui s’y trouvent. Dans le second cas, l’individu est responsable de son développement
vidus indépendamment
qui s’y trouvent. Dans le second cas, l’individu est responsable de son
de l’environnement dans lequel il œuvre. Dans ces approches, peu ou
développement indépendamment de l’environnement dans lequel il œuvre.
pas de réflexion sur la manière dont l’individu va prendre possession des dites
Dans ressources
ces approches, peu ou pas de réflexion sur la manière dont l’indi-
et les convertir en capacités d’action, c’est pourquoi l’approche par les
vidu va prendre possession desdites intéressante
capabilités nous semble particulièrement ressourcesà mobiliser
et les convertir en capacités
: elle opère comme un
d’action, c’est pourquoi l’approche par les capabilités nous
trait d’union entre les approches dites « ressourcistes » et celles dites « délégataires ». semble particu-
lièrement intéressante
En faisant à mobiliser :
porter le regard elle opère
sur les interactions comme
qui lient un trait individus
dialectiquement d’unionetentre
les approches
organisationdites « ressourcistes »
lorsqu’il s’agit d’agir ouetd’apprendre,
celles diteselle« délégataires ».
déplace la question En faisant
du
porterdéveloppement
le regard sur des les interactions
compétences du côtéqui de lalient dialectiquement
coresponsabilité individus
et par là même, de et
organisation lorsqu’il s’agit d’agir ou d’apprendre, elle déplace la question
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l’analyse des processus conduisant ou non à ce développement. Trois processus peuvent
du développement
être étudiés (cf. Fig.des compétences
1) (Fernagu du côté de la coresponsabilité et par là
Oudet, 2016a).
même, de l’analyse des processus conduisant ou non à ce développement.
Figure 1 : Les processus de l’approche par les capabilités
Trois processus peuvent être étudiés (cf. Figure 1) (Fernagu Oudet, 2016a).
Internes Externes
Espace capabilités
Accomplissements Accomplissements
Ressources potentiels réalisés
Positifs Négatifs
Processus Capabilités
3
3 Il nemais
Ils’agit
ne s’agitpas icidede
pas ici renier
renier les tels
les travaux travaux
que ceuxtels que ceuxl’agentivité
sur l’apprenance, sur l’apprenance, l’agentivité
ou l’autodétermination, etc.
de s’interroger sur la capacité des environnements, qu’ils soient de travail ou de formation, à s’interroger sur
ou
l’autodétermination,
la capacité qu’ils ont etc., mais
à soutenir de s’interroger
ces attitudes d’apprenance, sur la capacité
agentiques des environnements, qu’ils
ou autodéterminées.
soient de travail ou de formation, à s’interroger sur la capacité qu’ils ont à soutenir ces
attitudes d’apprenance, agentiques ou autodéterminées. 10
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–– Sen (2001, 2004) a mis en lumière le fait que l’accessibilité d’une res-
source ne peut se résumer à une question de moyens et d’opportuni-
tés à disposition des personnes mais comprend également le rapport
que ces personnes entretiennent avec ces opportunités, leur marge de
manœuvre, et plus généralement leur liberté de choix. De la sorte, le
« processus liberté » consiste à analyser la manière dont l’individu construit
ses choix (ses alternatives, ses préférences) et s’autodétermine. Il porte
son attention sur les facteurs de choix et sur la manière dont l’individu
construit sa capacité de choix. Autrement dit, dans les espaces de réalisa-
tions qui sont les leurs, on s’intéresse à ce qui influence leur décision
de réaliser de telle ou telle manière (ou de choisir de ne pas réaliser), à
leurs espaces de choix (et donc de liberté). Si dans la plupart des situations
professionnelles, les choix sont souvent contraints, ils s’inscrivent dans des manières
d’agir singulières.
–– Le « processus capabilité » permet d’interroger la mise en capacité
d’action et la mise en capacité de choisir, et la manière dont ils intera-
gissent pour donner naissance à des capabilités, à du pouvoir d’agir. Il
permet de questionner la qualité, la disponibilité, l’accessibilité et l’utilisabilité des
ressources mais également ce qu’elles permettent de réaliser (accomplissements réali-
sés, réalisables, attendus). On pourrait parler ici de « facteurs d’interaction »
(Zimmermann, 2011). Ils sont le reflet de la manière dont l’individu est
mis en capacité de développer son pouvoir d’agir. Le pouvoir d’agir en
ce sens peut être défini comme la mesure du rayon d’action effectif
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Nous avons indiqué supra que les pédagogies mobilisées au sein des E2C
sont des pédagogies actives, du contrat, de la réussite et de l’immanence qui
permettent aux stagiaires de développer leur agentivité (Bandura, 1986), de
se maximiser (Dubar, 2000), de se défaire de leur passé pour fabriquer leur avenir.
Pour cela, les E2C ont développé une instrumentation des parcours de for-
mation qui permet aux jeunes de s’engager dans les choix qu’ils posent, de
contrôler et réguler leurs actes. Nous allons présenter ces outils de régula-
tion dans un premier temps, puis nous verrons comment ces derniers parti-
cipent à la construction des capabilités des jeunes accueillis dans les écoles.
Pour faire vivre les interfaces entre le jeune, l’E2C et l’entreprise d’une
part, entre le jeune et l’environnement pédagogique proposé d’autre part,
différents outils de pilotage instrumentent la construction des parcours,
régulent les dispositifs, organisent les progressions pédagogiques, individua-
lisent les parcours de formation et aident l’apprenant dans sa trajectoire.
Parmi les outils déployés à l’E2C, certains sont plus centrés sur le dis-
positif même de la formation et permettent de mettre en œuvre le suivi
de la formation (réunions pédagogiques, partenariats pédagogiques, éduca-
tifs, de recherche ou entreprises, etc.), d’autres sont centrés sur le groupe
d’apprenants et permettent de mettre en œuvre le suivi collectif de la for-
mation (retours d’alternance, projets pédagogiques, etc.), quand d’autres le
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Atelier technique d’élaboration du Il s’agit d’élaborer son projet professionnel en ouvrant le champ des possibles grâce à des techniques
projet professionnel sous forme de tests et d’évaluation des centres d’intérêt (ADVP, IRM), d’enquêtes métier, de simulation
d’entretiens de recrutement, de rencontre avec des professionnels, d’échanges entre stagiaires en fonction
des expériences des uns et des autres, etc.
Visite de stage Chaque stage donne lieu à un bilan établi par le tuteur en entreprise, le stagiaire et la chargée de mission
entreprise. La synthèse de ces bilans sur le comportement en entreprise et l’acquisition des savoirs
professionnels est intégrée dans le livret de compétences du stagiaire. Sur la totalité du parcours théorique
de formation, le stagiaire peut réaliser jusqu’à 8 périodes de 15 jours de stages en entreprise.
Entretien-référent Après avoir défendu ses motivations devant un jury et avoir intégré la formation à l’E2C, chaque stagiaire
se voit attribuer un référent de parcours. Celui-ci devient l’interlocuteur privilégié du jeune pendant toute la
durée de son parcours pour optimiser les chances de sorties positives du dispositif de formation. Il est en
charge de suivre ses démarches, de motiver l’avancée de son projet professionnel et de sa remise à niveau,
ou encore d’effectuer le suivi de ses stages en entreprise. Des entretiens individuels réguliers amènent les
référents de parcours et les formateurs à bien connaître les jeunes qu’ils accompagnent et à ajuster leur plan
de formation (objectifs, moyens, feuille de route). Tous les jeunes bénéficient ainsi d’un suivi personnel.
Entretien avec les chargés de Ils permettent de découvrir des métiers, des secteurs d’activités, des activités, des entreprises.
mission entreprise
Retour d’alternance À chaque retour de période en entreprise, le stagiaire rencontre son formateur référent afin de faire le point
sur le déroulement de cette période, et les motivations du jeune au regard de son projet et de son évolution.
Ces retours peuvent être travaillés en groupe afin de faciliter les échanges d’expériences et de bénéficier des
témoignages des autres stagiaires.
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Livret de compétences Chaque stagiaire, tout au long de son parcours, construit son « portefeuille de compétences » qui retrace
l’ensemble de ses acquis, identifiés à l’entrée et durant son passage à l’E2C (acquis professionnels et
socio-professionnels, en termes d’expérience et de métier choisi, acquis relatifs aux compétences et savoirs
fondamentaux…).
Ce document est mis à jour régulièrement et retrace le parcours, les apprentissages et les compétences
acquises en centre et en entreprise par le jeune. Par la réflexion qu’elle induit, la constitution de ce portfolio
permet aussi une meilleure connaissance de ses centres d’intérêt et de ses priorités.
Positionnement et remise à niveau Un positionnement à l’entrée en formation permet d’évaluer les besoins d’apprentissages relatifs aux
des savoirs fondamentaux compétences de base déterminantes pour gagner en autonomie. Les ateliers de remise à niveau concernent
notamment les mathématiques, le raisonnement, le français, la communication, la bureautique.
Ils permettent notamment d’apprendre à lire des consignes de sécurité, écrire un mail, remplir un formulaire
administratif, utiliser un ordinateur, se repérer sur un plan… Ces aptitudes sont des compétences
« premières » indispensables pour s’insérer. Les pédagogies mobilisées sont actives.
Attestation de compétences Ce document synthétise le nombre d’heures de formation effectuées, les savoirs de base acquis et les
acquises compétences professionnelles validées en entreprise. Si elle n’a pas la valeur d’un diplôme, cette ACA peut
être utilisée par le stagiaire pour valoriser ses savoirs auprès d’un employeur potentiel.
Plan de formation Un Plan Individuel de Formation est défini en début de parcours. Des tests de positionnement en français,
mathématiques et informatique permettent de construire un programme de formation individualisé qui tient
compte du niveau, des objectifs et des capacités de chaque jeune.
Il peut courir sur 41 semaines. Les durées de formation sont variables d’un stagiaire à l’autre. Si le parcours
commence au même moment pour les jeunes, il peut prendre fin lorsque ces derniers ont trouvé un emploi
ou une formation qualifiante. Les sorties dites positives s’égrainent tout au long du parcours en fonction des
opportunités rencontrées.
Contrat d’engagement À la fin de la période d’essai (5 semaines), un bilan est effectué et restitué en entretien qui permet de valider
la période d’essai. L’école et le stagiaire signent alors un contrat d’engagement visant à respecter les règles de
vie de l’École et du dispositif de formation.
Tableau 1. Les outils de régulation centrés sur l’individu
Vers une alternance capacitante dans les Écoles de la deuxième chance (E2C)
(Recueil de données des étudiants de master 1 Ingénierie Pédagogique en formation des Adultes, Université Paris Nanterre, 2011)
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Savoirs 46 – 2018
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en confiance, du sentiment de compétence et des capacités à s’autodéter-
miner, s’autoréguler pour se maintenir dans le parcours via une sortie posi-
tive ? Comment permettent-ils à l’alternance proposée de se montrer ou de
devenir capacitante ? En quoi ces outils contribuent-ils à la mise en capacité
des jeunes accueillis de développer leurs capacités d’action et de choix, leurs
capabilités et leur pouvoir d’agir ? Mais sans doute peut-on également se
questionner sur la mise en œuvre de ces environnements pour les forma-
teurs et sur leur mise en capacité de ces derniers dans l’utilisation des outils
qu’ils ont à déployer. Il n’est pas possible dans le cadre de cet article de
réaliser une analyse aussi pointue et nous nous proposons d’en indiquer la
démarche, pour que chacun-e, chaque lecteur-trice, puisse s’approprier cette
dernière et la faire fonctionner dans son milieu.
Si, à première vue, chacun des outils déployés et les pédagogies auxquels
ils s’adossent permettent de penser qu’ils sont munis des attributs néces-
saires pour participer au développement de la capacité d’agir et de choisir
des stagiaires, c’est dans la mise en œuvre et le vécu de ces derniers que l’on
peut trouver la trace de ces capacités et de capabilités naissantes. Nous avons
choisi de nous appuyer sur l’entretien-référent pour mettre à l’épreuve la
grille d’analyse qu’il est possible de produire à partir de l’approche par les
capabilités (cf. figure 1). Les témoignages auxquels nous ferons référence
sont ceux des formateurs et non des apprenants. C’est à la mise en capacité
des formateurs d’accompagner le jeune dans sa progression, au travers des
entretiens-référents que nous nous intéressons ici (cf. figure 2).
61
Nous avons indiqué que chaque stagiaire est suivi par un formateur référent durant tout
son parcours. Ce dernier accueille
Vers« une le capacitante
alternance jeune en dans
entretien individuel
les Écoles dès chance
de la deuxième sa première
(E2C)
semaine de présence et l'accompagne tout au long de son parcours. "Personne
Nous avons
ressources" indiqué
au sein queauprè
de l'E� cole, chaque
s desstagiaire est et
partenaires suivi par sociaux
acteurs un formateur réfé- il
si né cessaire,
rent durant tout son parcours. Ce dernier « accueille le jeune en entretien indivi-
soutient et motive la progression scolaire du jeune. Il procè de à des entretiens de
duel dès sa première semaine de présence et l’accompagne tout au long de son parcours.
ré gulation ou de recadrage en collaboration avec la responsable pé dagogique, veille à la
“Personne ressources” au sein de l’École, auprès des partenaires et acteurs sociaux si
progression du jeuneet en
nécessaire, il soutient adéquation
motive avec ses
la progression objectifs
scolaire professionnels.
du jeune. Il procède à Ildestransmet
entretiensles
de régulation
fiches de suiviou detrimestriel
recadrage enaucollaboration
conseiller-réavec la responsable
fé rent du jeune pédagogique,
en Missionveille à
Locale.
la progressionprivilé
Interlocuteur du jeune en tuteur
gié́ du adéquation avec ses ilobjectifs
en entreprise, effectueprofessionnels. Il mtransmet
une visite systé atique surles le
fichesdedechaque
lieu suivi trimestriel au conseiller-référent
stage » 4. C’est donc un formateur du jeune en Mission
qui procède à desLocale.
bilans Interlocuteur
réguliers avec
privilégié du tuteur en entreprise, il effectue une visite systématique sur le lieu de chaque
3F
le jeune et l’aide à repérer sa progression et les efforts à fournir pour atteindre les
stage 4. » C’est donc un formateur qui procède à des bilans réguliers avec le
objectifs qu’il s’est fixé. Il est en relation avec les autres formateurs et les autres
jeune et l’aide à repérer sa progression et les efforts à fournir pour atteindre
partenaires
les objectifsdequ’il la formation
s’est fixés.(entreprises, missions
Il est en relation aveclocales, psychologues,
les autres formateurs etc.) pour
et les
autres partenaires
assurer ce suivi. de la formation (entreprises, missions locales, psycholo-
gues,
Le etc.) pour assurer
fonctionnement de cesceentretiens-référent
suivi. (contenus, déroulement) a donc une
Le fonctionnement
incidence de cesdu
sur la mise en capacité entretiens-référents
stagiaire à repérer sa(contenus,
progressiondéroulement)
et à se prendreaen
main. Entre la ressource et la réalisation, des facteurs de conversionsa et
donc une incidence sur la mise en capacité du stagiaire à repérer progres-
de choix
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sion et à se prendre en main. Entre la ressource et la réalisation,
interviennent qu’il s’agit d’analyser pour s’assurer que la réalisation visée pourra être des facteurs
de conversion et de choix interviennent qu’il s’agit d’analyser pour s’assurer
atteinte (cf. Fig.2).
que la réalisation visée pourra être atteinte (cf. figure 2).
Ressources : Réalisation:
Entretien référent Accompagner le jeune
dans le repérage de sa
progression
Facteurs Facteurs
de conversion de choix
Figure 2.
Figure L’entretien-référent
2 : L’entretien référent auau prisme
prisme des
descapabilités
capabilités
4 Nos analyses s’appuient sur les échanges que nous avons réalisés avec
http://www.e2c94.com/telechargements/doc/plaquettes/livret-pour-les-tuteurs-en-entreprises_41.pdf
6 étudiants du Master Ingénierie Pédagogique en Formation des Adultes,
chargés en 2011, d’une étude sur les pédagogies de l’alternance dans les E2C16
4 http://www.e2c94.com/telechargements/doc/plaquettes/livret-pour-les-tuteurs-en-
entreprises_41.pdf
62
Savoirs 46 – 2018
Nos analyses s’appuient sur les échanges que nous avons réalisés avec 6 étudiants du
deMaster
ParisIngénierie
(19e et 18 ), de Villebon-sur-Yvette
Pédagogique
e
(91), des
en Formation des Adultes, Mureaux
chargés en 2011,(78),
d’unedu
étudeVal-
de-Marne et de Rosny-sous-Bois
sur les pédagogies de l’alternance dans (93). Leur
les E2C travail
de Paris (19 a donné
ème et 18 ),lieu
ème
à une resti-
de Villebon sur
tution
Yvette auprès
(91), desdes formateurs
Mureaux de de
(78), du Val cesMarne
écoles à l’occasion
et de Rosny sous Boisdes (93).
« 3esLeur
rencontres
travail
pédagogiques
a donné lieu à unedesrestitution
E2C Île-de-France »
auprès des formateursà Cergy
de cesPontoise (5 juillet
écoles à l’occasion des2011)
« 3ème .
5
Nos échanges
rencontres ont eu lieu
pédagogiques des dans
E2C Ilelede
cadre de» la
France préparation
à Cergy Pontoise de cette2011)
(5 juillet restitution.
5. Nos
4F
Notre travail
échanges ont eud’analyse
lieu dans le s’appuie
cadre deégalement
la préparation surdelecette
retour d’expérience
restitution. d’un
Notre travail
formateur de l’E2C 93 6
.
d’analyse s’appuie également sur le retour d’expérience d’un formateur de l’E2C 93 6. 5F
AuAu cours
cours de nosdeéchanges
nos échanges avec lespour
avec les étudiants étudiants pourrestitution,
préparer cette préparerces cette resti-
derniers
tution,
nous ontcesfait
derniers
part d’unnous ont nombre
certain fait part de d’un
freinscertain nombre
et de leviers de freins
rencontrés paretlesde
leviers rencontrés par les formateurs dans la mise en œuvre des outils de
formateurs dans la mise en œuvre des outils de l’alternance et notamment concernant
l’alternance et notamment concernant les entretiens-référents (cf. figure 3).
les entretiens référents (cf. fig. 3).
RESSOURCES
RÉALISATION
Collègues
Réaliser des
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Organisation entretiens-référent
du travail
Facteurs Facteurs
Supports de conversion de choix
Figure 3.
Figure La conduite
3 : La conduite d’entretiens-référentset etsessesfacteurs
d’entretiens-référent facteursde
deconversion
conversion etetdedechoix
choix
(Capabilité= être
(Capabilité = être
mismis
enen capacitédederéaliser
capacité réaliserdes des entretiens-référent)
entretiens-référents)
IlsIls
ontont pu mettre
pu mettre en évidence
en évidence la diversitélades
diversité
manièresdes manières
de conduire cesde conduire
entretiens ces
et des
entretiens
objectifs quietsont despoursuivis
objectifsà cette
qui sont
occasion. poursuivis
Pour certainsà cette occasion.
formateurs, Pour est
l’entretien cer-
tains
un tempsformateurs,
au cours l’entretien est un temps
duquel on organise le « tempsau stagiaire
cours duquel
» ; pour on organise
d’autres, il est le
« temps stagiaire » ; pour d’autres, il est l’occasion de faire le
l’occasion de faire le point sur ses difficultés personnelles du stagiaire; quand pour les point sur ses
difficultés personnelles du stagiaire ; quand pour les derniers, il est un temps
5
http://www.e2c78.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=93:3emes-rencontres-pedagogiques-
déterminant pour faire évoluer le jeune dans ses représentations, la prise de
des-e2c-idf&catid=5:vie-de-lecole&Itemid=49
responsabilitétémoignages
6
On signalera les de ses deagissements
ce formateur de laetmanière
choix, l’orientation
suivante : (Témoignage, vers des voies
LB93, octobre 2016) plus
appropriées, etc., et dans ce cas, certains formateurs font part d’un manque
17
5 http://www.e2c78.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=93:3emes-
rencontres-pedagogiques-des-e2c-idf&catid=5:vie-de-lecole&Itemid=49
6 On signalera les témoignages de ce formateur de la manière suivante : (Témoignage,
LB93, octobre 2016).
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Vers une alternance capacitante dans les Écoles de la deuxième chance (E2C)
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regards sur ce qu’ils font (cf. figure 3).
Certains expriment une vraie difficulté à tenir l’ensemble des postures :
formateur référent, formateur disciplinaire, formateur recruteur, et à cloi-
sonner les espaces-temps tandis que d’autres apprécient de pouvoir naviguer
entre ces postures et avoir une approche plus globale du jeune. Certains
relatent le manque de temps dû à l’effectif stagiaires à suivre, qui les oblige à
aller à l’essentiel et donc à adopter parfois des attitudes prescriptives (conseil,
contrôle) ou à s’attarder sur le suivi administratif du jeune au détriment des
aspects plus pédagogiques, réflexifs ou agentiques. D’autres prennent par-
fois la place des partenaires de la formation dans l’accompagnement social
jusqu’à accompagner les jeunes chez le médecin ou l’assistante sociale, ou
font office de psychologue « parce que le jeune refuse de parler de ses difficultés
à d’autres personnes que son référent » (Témoignage LB93, octobre 2016). Les
conditions de réalisation de l’entretien peuvent venir également freiner le bon
déroulement de celui-ci, lorsque ces contributions ne sont pas adéquates :
« Les formateurs et les stagiaires sont très sensibles aux conditions dans lesquelles se
déroule l’entretien. Si celui-ci a lieu dans une salle où sont présents d’autres formateurs ou
d’autres stagiaires, il est difficile d’entamer une discussion avec le jeune sur des sujets rele-
vant de la vie personnelle qui peuvent freiner l’avancement du projet. Cela impacte aussi
la qualité de l’échange et de l’écoute » (Témoignage LB93, octobre 2016).
On le voit, au travers ces quelques témoignages d’expérience que la
conduite d’entretien-référent n’est pas une chose facile, selon la manière par
laquelle ils sont appréhendés par les formateurs, ils vont ou non fonctionner
64
Savoirs 46 – 2018
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en termes de projet et d’objectifs lorsque la question des repères n’a pas fait partie de leur
quotidien jusque-là ? etc. » (Témoignage LB93, octobre 2016).
Utilisabilité
des supports d’entretien
65
Vers une alternance capacitante dans les Écoles de la deuxième chance (E2C)
L’analyse qui vient d’être faite est loin d’être exhaustive et serait à conduire
dans chaque école pour offrir une vraie grille de lecture des situations ; elle
permet néanmoins de repérer quelques facteurs de conversion qui facilitent
ou entravent la conduite de ces entretiens et en retour les facteurs de choix
(cf. figure 4). Leur intelligibilité permet à l’institution d’avoir un éclairage
sur ses moyens d’action et de créer des opportunités pour les faire évoluer
vers plus de capacité d’action et de choix à la fois pour les formateurs et les
stagiaires qu’ils accompagnent.
3. En conclusion
Que serait une alternance capacitante ? Sans doute une alternance qui ap-
prend à mettre en capacité de mobiliser, articuler, transférer des ressources
au regard de mises en capacité données (telles que conduire un entretien-
référent, animer un retour d’alternance, accompagner un jeune dans ses
démarches de recherche d’emploi, etc.). Pour cela, la mise à disposition de
ressources reste largement insuffisante. Ce n’est pas, en effet, parce que des
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ressources sont disponibles qu’elles sont repérables, utilisables et utiles. La
perception d’utilité d’une ressource par son utilisateur potentiel reste, en ef-
fet, à la base de toute utilisation. Trop de ressources sont malheureusement
pensées à la fois indépendamment des conditions d’usage, de leurs usages
et de leurs usagers. Elles transforment bien souvent un collectif d’acteurs
en acteur collectif ou un collectif d’apprenant en apprenant collectif. De
nombreux exemples de gaspillage de ces ressources dites « hors sol » pour-
raient ici être déclinés. Un tableau blanc dans une salle de cours qui ne sert
à personne, un écran de vidéoconférence qui ne sert qu’à projeter des trans-
parents, un ordinateur qui n’a pas été équipé des logiciels ou des applications
pour lesquels on a été formé, des communautés de pratiques sur lesquelles
on n’ose pas s’exprimer, etc.
Si les recherches conduites jusqu’à aujourd’hui sur les environnements
capacitants permettent d’identifier des indicateurs caractéristiques de ce
type d’environnement, ils n’apportent que peu d’éclairage sur les conditions
de leur étayage en termes de ressources, de facteurs de conversion, de choix,
de fonctionnements et de capabilités. Et l’on a même tendance à associer le
terme d’environnement capacitant à celui d’environnement apprenant. Or,
si les seconds peuvent permettre d’apprendre, ils ne disent rien ni des condi-
tions à réunir pour que ces apprentissages soient possibles ni des processus
à l’œuvre. Les premiers, en revanche, permettent de travailler sur ces condi-
tions et processus et de dynamiser les environnements de travail ou de for-
mation en ce sens. Nous avons pu ainsi donner quelques pistes de réflexion
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Savoirs 46 – 2018
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dans ces entretiens.
Pour conclure, nous aimerions souligner le fait que l’approche par les
capabilités dispose d’un atout non négligeable au regard d’autres approches
susceptibles d’éclairer les problématiques d’action et de formation par, pour
et dans le travail, comme celles par exemple du work place learning ou de
la didactique professionnelle. Elle permet en effet d’aborder les conduites
humaines en termes de coresponsabilité individus-organisation.
En cela, c’est une approche décloisonnante :
–– elle nous éloigne des approches qui se voudraient trop centrées sur les
aménagements des environnements de travail (ou de formation) comme
levier de développement ;
–– ou celles qui voudraient que l’individu puisse apprendre indépendam-
ment des environnements dans lesquels il est immergé.
C’est au creux de cette relation individus-organisation que se jouent les
possibilités de fonctionner et de se réaliser, de manière située et circonstan-
cielle. C’est de leur dialectique que naît un champ de possibles. On peut, au
travers des formes d’alternance présentées au début de ce texte, envisager
que chacune d’elles peut être capacitante… mais pas à n’importe quelles
conditions… et conversions.
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Vers une alternance capacitante dans les Écoles de la deuxième chance (E2C)
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