Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
AYOUB ABZA
Introduction ........................................................................................... 3
2
Introduction
L'approche des contrats incomplets est en train de devenir un nouveau modèle en économie.
Elle découle d'une réflexion sur les droits de propriété, la nature de l'entreprise et son
organisation interne.
Aujourd'hui, la théorie des contrats incomplets est présente dans l'étude de la structure
financière des entreprises, en économie du travail, en économie de la santé, en économie
internationale, en économie politique, en économie réglementaire et même en
macroéconomie.
La plupart des économistes soutiennent que l'incomplétude devrait être considérée à la fois
comme un choix contractuel efficace et comme une contrainte simple lors de la rédaction
d'un contrat.
Deux résultats soutiennent cette idée : d'une part, les deux raisons classiques
avancées pour expliquer l'incomplétude des contrats – l'impossibilité de tout décrire
et l'asymétrie d'information entre les parties – ne sont pas nécessairement
pertinentes ; d'autre part, grâce à une combinaison entre l'hypothèse d'irrévocabilité
et celle de renégociation du contrat initial, la théorie des contrats incomplets établit
un choix endogène d'incomplétude montrant que les parties peuvent préférer signer
un contrat incomplet au lieud’un contrat complet.
3
Chapitre I
Les fondements des contrats incomplets
Arrow et Debreu ont tenté d'élargir cette conception du marché en suggérant d'y intégrer un
système complet de marchés pour des biens datés et contingents. Les parties utilisent des
contrats fermes et contingents sur ces marchés. Il est stipulé dans ces contrats fermes et
contingent que les paiements sont effectués à la date t0 à des prix spécifiques pour chaque
bien contingent, qui est défini comme la combinaison "bien-date-événement raté".
Dans le modèle d'Arrow-Debreu, l'ensemble des contrats fermes contingents (contingents
complets) sont soumis à des événements aléatoires externes et visibles à l'œil public.
Cependant, tous les contrats ne sont pas liés à des événements qui sont à la fois externes aux
agents et visibles publiquement.
Effectivement, il existe des contrats conclus entre des partenaires spécifiques où l'ensemble
des informations n'est pas visible publiquement car l'une des parties possède une information
privée.
Il peut s'agir non seulement de variables exogènes, mais également de variables endogènes
telles que les caractéristiques liées aux problèmes d'antisélection ou les actions liées aux
problèmes d'aléa moral.
4
Dans cette situation, il y a un souci de vérifiabilité car les contrats ne peuvent pas être sujets
à des événements dont la réalisation n'est observable que par une seule partie.
Effectivement, afin qu'un contrat puisse être exécuté, il est essentiel que ses termes ne
contiennent pas de variables qui ne peuvent pas être observées par la tierce partie (le juge)
responsable de son exécution. Or, s'il n'est pas conditionné par certaines variables
inobservables (antisélection ou aléa moral), ce type de contrat est toutefois complet s'il est
conditionné par toutes les variables vérifiables par un juge.
Enfin, il y a un genre de contrats que l'on désigne comme incomplets.
On peut définir l'incomplétude comme le fait que de nombreuses caractéristiques de la
relation contractuelle ne peuvent pas être contractualisées et doivent donc être négligées.
5
Chapitre II
Les origines des contrats incomplets
6
MacLeod (2000) développe un modèle multitâche12 où les parties sont
incapables de décrire l’allocation de l’effort de l’agent sur une tâche bien
spécifiée sans subir un coût de recherche de la combinaison [effort, tâche]. De ce
fait, les coûts de recherche nécessaires à l’écriture d’un contrat augmentent avec
le degré de complexité, c’est-à-dire avec le nombre de combinaisons [effort,
tâche] possibles.
Une solution alternative consiste à supposer que les parties ne subissent
pas de coûts exogènes liés à la description des contingences dans le contrat, mais
qu’elles ont une rationalité limitée. Anderlini et Felli (1994, 1998, 1999)
définissent la rationalité limitée comme le fait de se plier à une procédure
formelle dans la détermination des contingences à inclure dans le contrat.
Formellement, les contrats sont définis comme des correspondances
algorithmiques13 entre l’espace des états de nature et les actions que les parties
doivent prendre lorsqu’un état de nature survient. De ce fait, même si les parties
prévoient l’ensemble des contingences possibles, elles ne peuvent rédiger qu’un
contrat incomplet si certaines contingences ne sont pas descriptibles dans le cadre
de la procédure formelle, autrement dit, si la liste exhaustive des caractéristiques
des contingences n’est pas générée par un algorithme.
À l’image du caractère algorithmique du contrat, la contrainte de
complexité du contrat ne suffit pas à elle seule à fonder un choix endogène
d’incomplétude. La complexité à décrire les contingences pertinentes dans le
contrat ne constitue une contrainte qu’à la condition de supposer l’existence d’un
coût d’écriture exogène.
7
Le modèle de Mukerji (1998)
8
principal et la perte de rente informationnelle qu’elle induit qui détermine
l’ensemble optimal des contingences à inclure dans le contrat.
Cependant, ces deux modèles ne parviennent pas à mettre en évidence la
pertinence de la contrainte d’imprévisibilité pour fonder l’incomplétude. Chez
Mukerji, ce qui caractérise le contrat incomplet, et ce qui assure son efficacité,
c’est avant tout la détermination des gains des parties via une règle fixe de
partage du surplus ex post. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’un contrat
complet ne spécifie pas une telle règle de partage. Ainsi, si ce modèle explique
pourquoi il est rationnel de faire le choix d’un contrat incomplet au lieu d’un
contrat complet, il ne permet pas d’expliquer pourquoi les contrats sont
incomplets. Chez Lipman, la contrainte d’imprévisibilité ne joue pas directement
sur le choix d’incomplétude. En effet, si la capacité des parties à décrire les
contingences futures est effectivement bornée par la contrainte d’imprévisibilité,
le choix du nombre de contingences à inclure est déterminé par l’importance
stratégique qu’il y a, pour le principal, à révéler un contrat incluant un grand
nombre de contingences. On peut alors se demander s’il n’est pas possible de
répliquer ce même choix de degré d’incomplétude dans un cadre bayésien avec
asymétrie d’information.
Le contrat doit également être renégociable. Avec cette double contrainte, à savoir la non
vérifiabilité et la renégociabilité du contrat, il est possible de définir l'option de
l'incomplétude endogène dans le cadre de la théorie des contrats incomplets.
Invérifiabilité et renégociation
Le contrat peut être incomplet parce que le juge ne peut pas vérifier les variables ou les
termes du contrat que les parties souhaitaient inclure. Supposons que les termes d'un contrat
dépendent d'états de nature multidimensionnelle.
9
Décrire tous les aspects de cet état de nature avec suffisamment de clarté et de précision
pour permettre à un juge de faire respecter les termes du contrat.
Même si toutes les parties connaissent la vérité et peuvent la comprendre, cela pourrait
s’avérer impossible.
Pour Hart, cette situation dans laquelle une information est observable par les parties mais
pas par le juge est appelée invérifiable. Elle crée une asymétrie d’information entre les
cocontractants et le juge, source d’incomplétude du contrat.
L’existence de cette invérifiable n’a rien à voir avec des limitations des capacités cognitives
ou des asymétries d’information entre les parties. Elle correspond uniquement à la difficulté
de transmettre ces informations à un juge, puisque celui-ci ne dispose pas des compétences
nécessaires pour connaître les informations privées des parties.
Ainsi, si une clause risque d’être inapplicable par un juge parce qu’elle est trop complexe à
décrire dans son état naturel, les parties n’auront aucun intérêt à inclure cette clause dans le
contrat. En fin de compte, ils peuvent signer un contrat qui ne stipule aucune condition ni
obligation, un contrat nul ou un contrat avec des obligations incomplètes.
S’il n’y avait pas de problèmes d’impossibilité de test, les parties et les juges observeraient
les mêmes informations. Le juge peut donc compléter directement un contrat incomplet ou,
également, permettre aux parties de compléter le contrat par une renégociation sous sa
direction. L'allocation reçue est similaire à celle d'un contrat conditionnel. Par conséquent,
en l’absence de problèmes de vérifiabilité, une seule paire de contraintes
d’indescriptibilité/renégociabilité ne crée aucune inefficacité, puisque la renégociation peut
combler les lacunes entre les parties liées par l’indescriptibilité au moment de la conclusion
du contrat. Contrats, rédaction d
10
Paragraphe 2 : La renégociation des contrats
Afin de s’obliger à ne pas renégocier leur contrat initial, on peut supposer que
les parties procèdent à son enregistrement devant un juge ou un arbitre, en
demandant à ce dernier de faire appliquer la lettre du contrat et d’ignorer toute
modification ultérieure15. Un tel système d’enregistrement n’existe
malheureusement pas dans la réalité. Cependant, même s’il existait, il
n’empêcherait pas la renégociation. En effet, les parties peuvent toujours
renégocier le contrat initial, et cela de manière informelle, en recourant à une
tierce partie qui jouerait le rôle d’intermédiaire des échanges. Cette manière
subtile de renégocier le contrat est difficilement détectable par le juge16.
Il n’est pas non plus certain que le juge souhaite interdire la libre
renégociation du contrat. Ainsi, selon Jolls (1997), la loi américaine des contrats
permet aux parties de modifier les termes de leur contrat sur la base d’un
commun accord puisque les engagements des deux parties ne sont contraignants
que tant qu’elles souhaitent conserver leur sens originel. La loi ne donne pas
seulement le droit de renégocier le contrat initial, elle garantit aussi une très
grande liberté dans la renégociation. Ainsi, lorsque les parties ne définissent pas
leur propre loi de renégociation, le juge n’impose pas aux parties de donner des
raisons objectives à leur choix de renégociation. Il impose seulement que la
renégociation se produise de bonne foi et d’offre juste.
11
L’apport de Hart et Moore (1988)
12
prix que doit payer l’acheteur pour inciter le vendeur à exercer son option de
livraison. La condition (2) est alors remplie. En outre, le contrat d’option alloue
l’ensemble du pouvoir de marchandage, la condition (1) est alors satisfaite.
13
Conclusion
14
Bibliographie
15