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Dysfonctionnement de Appareil Manducateur
Dysfonctionnement de Appareil Manducateur
Dysfonctionnements de l’appareil
manducateur
O Laplanche
P Pedeutour
G Duminil
Résumé. – Les dysfonctionnements de l’appareil manducateur (DAM) correspondent aux douleurs et
P Mahler
troubles du fonctionnement de l’appareil manducateur en rapport avec une anomalie musculosquelettique.
M Bolla
Ils englobent des anomalies anatomiques, histologiques et fonctionnelles du système musculaire et/ou
articulaire, et s’accompagnent de signes cliniques et de symptômes très variés (douleur au niveau de
l’articulation temporomandibulaire ou des muscles masticateurs, bruits articulaires, anomalies de la
cinématique mandibulaire…). Soixante-dix pour cent de la population générale présentant au moins un de
ces signes ou symptômes, il est essentiel de savoir les dépister.
Cet article propose une classification diagnostique des DAM et les différentes modalités de traitement
susceptibles d’être mises en œuvre.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Introduction Définition
Un dysfonctionnement de l’appareil manducateur est l’expression Un dysfonctionnement est l’expression de perturbation des activités
symptomatique d’une myoarthopathie de l’appareil manducateur [1]. fonctionnelles pouvant conduire à des comportements adaptatifs.
Ce terme englobe des anomalies anatomiques, histologiques et Les DAM correspondent aux douleurs et troubles du
fonctionnelles du système musculaire et/ou articulaire, qui fonctionnement de l’appareil manducateur en rapport avec une
s’accompagnent de signes cliniques et de symptômes très variés. anomalie musculosquelettique.
Leurs conséquences cliniques générales (algies, inconfort et Par référence au système atteint, nous parlons de DAM musculaire
perturbation des fonctions manducatrices) semblent similaires, ce ou articulaire, en gardant à l’esprit l’unicité de l’appareil
qui explique qu’elles soient réunies sous le terme général peu manducateur.
spécifique de DAM.
Une méthodologie diagnostique précise nécessite une nosologie
claire de ces dysfonctionnements qui permet de discerner des 1934 Costen : syndrome de Costen
différences fondamentales quant au pronostic et au traitement. 1955 Schwartz : syndrome musculotendineux
Les DAM sont caractérisés par les signes cliniques et symptômes 1959 Schore : syndrome dysfonctionnel de l’ATM
douloureux ou dysfonctionnels suivants : 1969 Myrhaug : syndrome otodentaire
1969 Laskin : syndrome algodysfonctionnel musculotendineux
– douleurs au niveau de l’articulation temporomandibulaire (ATM) ; 1970 Rozencweig : syndrome algodysfonctionnel de l’appareil
– myalgies des muscles masticateurs ; manducateur (SADAM)
1971 Gerber : troubles occlusomandibulaires
– bruits articulaires ;
1975 Drum : processus autodestructif
– anomalies de la cinématique mandibulaire ; 1983 Farrar et McCarthy : désordres craniomandibulaires
– signes et symptômes associés : douleurs orofaciales, troubles 1995 Rozencweig : algies et/ou dysfonctionnements de l’appareil
cervicoscapulaires… manducateur
À partir du syndrome décrit initialement par Costen en 1934, 2000 CNO : collège national d’occlusodontologie
concept et terminologie ont évolué progressivement, pour aboutir
au terme de Rozencweig en 1995 : algies et/ou dysfonctionnements
de l’appareil manducateur, puis de DAM. Épidémiologie des dysfonctionnements
de l’appareil manducateur
Olivier Laplanche : Assistant hospitalo-universitaire.
P Pedeutour : Assistant hospitalo-universitaire. L’incidence des DAM dans la population générale reste difficile à
Gérard Duminil : Docteur en sciences odontologiques, responsable du DU occlusodontologie de Nice. apprécier en raison de l’absence de consensus sur les critères
Patrick Mahler : Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Marc Bolla : Professeur des Universités, praticien hospitalier.
diagnostiques ; cependant, on peut synthétiser de la façon
Adresse Ville, France. suivante [14] :
Toute référence à cet article doit porter la mention : Laplanche O, Pedeutour P, Duminil G, Mahler P et Bolla M. Dysfonctionnements de l’appareil manducateur. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS,
Paris, tous droits réservés), Odontologie, 23-435-E-20, 2001, 15 p.
23-435-E-20 Dysfonctionnements de l’appareil manducateur Odontologie
Troubles fonctionnels de la musculature craniofaciale Altérations vasculaires Expression somatique au niveau de l’appareil manduca-
teur (parafonctions)
Microtraumatismes
2
Odontologie Dysfonctionnements de l’appareil manducateur 23-435-E-20
DOULEURS
2 Trajets d’ouverture buc-
cale en vue frontale. Très variables, elles peuvent être localisées (musculaires ou
A. Déflexion. articulaires) ou référées (à distance).
B. Déviation.
– édentement postérieur (anomalie des fonctions occlusales de – Objectif : réduction des contraintes musculaires et articulaires,
calage) ; dans le but de favoriser l’adaptation.
– troubles du guide antérieur (afonctionnel ou dysfonctionnel) et – Modalités : mise au repos articulaire (diète, limitation volontaire
du guide antirétroposition (GAR) [7, 17]. de l’ouverture buccale…) et musculaire (prise de conscience et
évitement du serrement diurne).
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23-435-E-20 Dysfonctionnements de l’appareil manducateur Odontologie
Tableau III. – Classification diagnostique des dysfonctionnements de Tableau IV. – Dysfonctionnements musculaires.
l’appareil manducateur.
Aiguë Chronique
Musculaire Articulaire
Réflexe d’éclissage Douleur myofasciale (points gâchettes)
Réflexe d’éclissage Anomalies du complexe condylodiscal
Courbatures Myosite (inflammation)
Courbatures Incompatibilité des surfaces articulaires
Spasme Contracture (myostatique ou fibreuse)
Spasme Inflammation
4
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– Trauma : injection locale anesthésique, utilisation abusive d’un – Palpation très douloureuse, le muscle paraissant dur et très ferme.
groupe musculaire (mastication de chewing-gum, parafonctions…).
– Stress. Traitement
Il est important de traiter rapidement le spasme musculaire afin
Signes cliniques d’éviter l’apparition d’une contracture myostatique ou fibreuse (cf
infra).
– Dysfonction musculaire : légère diminution de l’amplitude des
mouvements actifs ; on peut cependant obtenir une amplitude – Kinésithérapie : chaleur, massages sont souvent efficaces en début
normale lors des mouvements passifs (sensation de jeu musculaire). de traitement ; puis, après une période de quelques jours, des
– Légère douleur au repos. étirements progressifs aident à rétablir la fonction.
– Éliminer la cause éventuelle du réflexe d’éclissage responsable du – Gouttière de reconditionnement neuromusculaire et de protection
cercle vicieux. nocturne si serrement ou bruxisme qui représentent des facteurs
d’entretien.
– Conseils comportementaux : diète, repos musculaire, techniques
Remarque : contrairement aux trois précédentes, les deux entités que
de relaxation musculaire, prise de conscience d’un serrement diurne
nous allons décrire maintenant représentent des troubles
éventuel ; le patient peut - et doit - toutefois utiliser ses muscles,
musculaires chroniques régionaux ; les symptômes périphériques
mais toujours en deçà du seuil de la douleur.
présents, fortement influencés par le SNC et le développement de la
– Relaxation psychique si nécessaire. chronicité (douleur continue présente depuis plus de 6 mois) rendent
– Gouttière occlusale de reconditionnement neuromusculaire et de le traitement local très aléatoire. La prise en charge de ces patients
protection nocturne en cas de bruxisme. par une équipe pluridisciplinaire est très souvent à considérer.
5
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Thérapeutique
Le traitement de la douleur myofasciale consiste en la suppression
des facteurs étiologiques et l’élimination des points gâchettes.
6
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7
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Courbatures Non - Réflexe d’éclissage prolongé - Diminution amplitude des mouvements - Étiologique
- Parafonctions - Douleur légère au repos - Gouttière occlusale
- Stress - Douleur légère à modérée à la fonction
- Douleur légère à modérée à la palpation
Douleur myofasciale Oui - Douleur profonde prolongée - Diminution amplitude des mouvements - Étiologique
(points gâchettes) - Facteurs psychologiques - Douleur fasciale diffuse au repos - Élimination des points gâchettes
- Troubles du sommeil - Douleur modérée à intense à la fonction - Pharmacothérapie
- Parafonctions - Points gâchettes
- Facteurs systémiques - Douleurs référées
Contracture Non - Restriction musculaire prolongée (myo- - Limitation non douloureuse de l’ampli- - Étiologique, kinésithérapie (myostatique)
(myostatique ou statique) tude de mouvement - Chirurgie éventuelle puis kinésithérapie
fibreuse) - Trauma, myosite (fibreuse) (fibreuse)
Parmi les désunions condylodiscales permanentes (DDP) nous Les examens complémentaires paracliniques habituels (imagerie,
distinguons : condylographie…) ne correspondant qu’à un instant donné, il est
important de relativiser leur impact sur le diagnostic et la
– les luxations condylodiscales permanentes aiguës ;
thérapeutique.
– les luxations condylodiscales permanentes chroniques
(tableau VII). Désunion condylodiscale (partielle, forcément réductible) : DDR1
Anatomiquement, le condyle ne se situe plus sur la zone
6 Schéma d’une articula-
intermédiaire du disque mais sur son bourrelet postérieur (fig 8A, B,
tion temporomandibulaire
normale (coupe sagittale). 9, 10).
Le déplacement discal est le plus souvent antéromédial, mais peut
également être antérieur ou antérolatéral [16].
• Étiologie
Les causes évoquées sont :
– une rétroposition condylienne liée à l’hyperlaxité et/ou la
surcharge articulaire (parafonctions ou dysfonctions occlusales) ;
– une hyperactivité musculaire (muscles tenseurs du disque :
masséter profond, chef supérieur du ptérygoïdien latéral et temporal
postérieur) ;
– idiopathiques.
R L 7 Condylographie et imagerie
par résonance magnétique d’une
articulation temporomandibu-
4 2
laire normale.
6 8 6
10 10 8 A. Condylographie : bilaté-
2 4 6 8 10 X X 10 8 6 4 2 rale ; normalité (ouverture-
fermeture).
B. Articulation temporo-
mandibulaire droite, nor-
malité, bouche fermée-
bouche ouverte.
" *
B
*
A
8
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Adhérences et adhésions
L
10 Condylographie : dés-
Subluxation (hypertranslation) union condylodiscale (ou-
verture-fermeture).
Luxation temporomandibulaire (blocage bouche
ouverte) 2 4 6 8 10
Inflammation Capsulite/synovite
2 4 6 8 10
Rétrodiscite
Secondaire
*
A *
B
9
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*
A
*
B
*
A *
B
11 Imagerie par résonance magnétique : luxation condylodiscale réductible.
A. Bouche fermée. 13 Imagerie par résonance magnétique : luxation condylodiscale permanente aiguë
B. Bouche ouverte. (ouverture-fermeture).
A. Bouche fermée.
B. Bouche ouverte.
R
10
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*
A *
B
15 Imagerie par résonance magnétique : luxation condylodiscale permanente chro-
nique.
A. Bouche fermée.
B. Bouche ouverte.
• DDP chronique
Étiologie. 16 Condylographie : lu-
Il fait toujours suite à un DDP aigu qui peut toutefois passer R xation condylodiscale per-
inaperçu. manente chronique (ou-
verture-fermeture, articula-
Signes cliniques. tion temporomandibulaire
– Douleur légère estompée en raison de l’adaptation des tissus droite).
rétrodiscaux.
– Normalisation de la cinématique mandibulaire par hyperrotation 2 4 6 8 10 X
compensatrice dans l’étage inférieur de l’ATM ou étirement
ligamentaire.
Il y a donc une forte réduction de la symptomatologie. 2 4 6 8 10 X
11
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X 10 8 6 4 2
X 10 8 6 4 2
Étiologie.
– Évolution éventuelle d’adhérences.
– Hémorragie intra-articulaire après traumatisme ou chirurgie.
Signes cliniques.
– Limitation d’amplitude d’un ou de plusieurs mouvements
mandibulaires, selon leur siège.
– Bruits articulaires.
Thérapeutique.
– Abstention.
– Kinésithérapie douce pour essayer d’augmenter la translation
condylienne (il convient d’être prudent : la rupture brutale des
– Conseils comportementaux (éviter l’altération morphologique). adhésions peut entraîner une hémorragie intra-articulaire et la
– Gouttière occlusale de protection nocturne si bruxisme. formation de nouvelles adhésions).
– Lavage articulaire.
• Du disque
La chirurgie est contre-indiquée en raison du risque de formation
– Épaississement du bourrelet postérieur. d’adhésions plus importantes postopératoires.
– Dégénérescence mucoïde chez l’adolescent.
Subluxation (hypertranslation)
– Calcifications discales (chondrocalcinose).
Étiologie. Dans les cas d’hyperlaxité ligamentaire acquise ou systémique, la
translation du condyle mandibulaire n’est plus limitée ; il peut
Microtraumatismes (parafonctions, surcharge articulaire) ou
franchir le tubercule articulaire du temporal, provoquant une
macrotraumatisme.
luxation temporomandibulaire.
Signes cliniques.
Autoréductible, celle-ci est qualifiée de subluxation.
– Craquements parfois perceptibles liés à la présence d’obstacles à
la translation condylienne. Généralement bilatérale, on peut toutefois la rencontrer
unilatéralement.
– Mouvements condyliens aberrants ou inconstants.
Étiologie.
Thérapeutique.
– Anatomie défavorable du tubercule articulaire du temporal
– Abstention ou chirurgie. (versant postérieur court et incliné, versant antérieur long).
– Conseils comportementaux.
– Hyperlaxité ligamentaire.
– Gouttière occlusale de protection nocturne si bruxisme. Signes cliniques.
Adhérences et adhésions – Bruit sourd d’ouverture buccale maximale.
– Amplitude d’ouverture buccale exagérée avec ressaut en fin de
• Adhérences mouvement.
Surfaces articulaires temporairement adhérentes par la synoviale. – Trajet de fermeture non rectiligne.
Étiologie. Thérapeutique.
Surpression articulaire par microtraumatismes (serrement, – Conseils comportementaux (éviter l’ouverture buccale maximale
bruxisme). comme lors des bâillements…).
Signes cliniques.
– Exercices de renforcement musculaire de façon à limiter la
Difficulté d’ouverture buccale matinale, suivie généralement d’un translation condylienne (muscles élévateurs).
seul bruit (décollement de la synoviale), puis mouvements
mandibulaires normaux. Remarque : l’hyperlaxité verticale est représentée en condylographie
par une dissociation nette des tracés aller et retour, bien visible lors
Thérapeutique. du mouvement d’ouverture-fermeture (fig 19, 20).
– Étiologique de la surpression.
– Gouttière occlusale de protection nocturne. Luxation temporomandibulaire (blocage bouche ouverte)
Lorsqu’elle ne se réduit pas spontanément, la luxation
• Adhésions temporomandibulaire provoque un blocage en fin de translation du
Formation d’adhérences intra-articulaires fibreuses irréversibles ; condyle mandibulaire, au-delà du tubercule articulaire du temporal ;
elles peuvent être condylodiscales ou temporodiscales (fig 18). le patient ne peut plus refermer la bouche.
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Signes cliniques.
– Douleur dans les mouvements mandibulaires extrêmes (ouverture
et diduction controlatérale maximale).
– Absence de douleur en OIM ou à la mastication.
– Douleur à la palpation latérale.
Thérapeutique.
– Conseils comportementaux (mise au repos de l’articulation).
*
A
*
B
– Anti-inflammatoires (non stéroïdiens, ou corticoïdes en cure
19 Imagerie par résonance magnétique : subluxation courte).
A. Bouche fermée.
B. Bouche ouverte. Rétrodiscite
C’est une inflammation des tissus rétrodiscaux liée à la surpression
articulaire et à la rétroposition condylienne fonctionnelle ou
R L
traumatique.
Signes cliniques.
– Douleur en OIM ou à la mastication.
2 4 6 – Douleur exacerbée lors de la diduction homolatérale ou de la
8 10 X X 10 8 6 4 2
pression mentonnière.
2 4 6 8 10 X X 10 8 6 4 2
– Douleur à la palpation rétrocondylienne.
Thérapeutique.
– Conseils comportementaux.
– Anti-inflammatoires (non stéroïdiens ou corticoïdes en cure
courte).
– Gouttière occlusale en légère antéposition (quelques jours).
Arthrite
C’est une composante inflammatoire de la maladie dégénérative des
ATM (cf infra).
Signes cliniques.
20 Condylographie : subluxation bilatérale (ouverture-fermeture) (noter l’hyper- – Douleur lors des mouvements mandibulaires.
laxité verticale de l’articulation temporomandibulaire gauche).
Thérapeutique.
Les muscles ptérygoïdiens latéraux et masséters se spasment, – Conseils comportementaux.
empêchant le retour du condyle mandibulaire et accentuant le – Anti-inflammatoires (non stéroïdiens ou corticoïdes en cure
blocage. courte).
Étiologie. – Gouttière occlusale de décompression.
Les mêmes que celles de la subluxation.
Signes cliniques. ¶ Maladie dégénérative des articulations
– Blocage bouche ouverte. temporomandibulaires (arthrose)
– Douleur modérée à très intense. Elle représente un processus de destruction par lequel les surfaces
articulaires du condyle ou le tubercule articulaire du temporal
Thérapeutique.
s’altèrent ; c’est la réponse à une surcharge au niveau d’une ou des
– En urgence, manœuvre de « réduction en tiroir » de Nelaton. deux ATM (macro- ou microtraumatismes).
– Puis traitement identique à celui de la subluxation. L’équilibre entre la synthèse et la dégradation des composants
extracellulaires matriciels, contrôlé par les chondrocytes, est
¶ Inflammation perturbé, provoquant une dégradation du cartilage qui se traduit
biologiquement par :
Un processus inflammatoire siégeant au sein de l’ATM peut être la
conséquence : – le gonflement et le ramollissement du cartilage (chondromalacie) ;
– d’anomalies du complexe condylodiscal ; – la détérioration localisée des fibrilles de collagène à l’intérieur de
– de micro- ou macrotraumatismes ; la matrice (fibrillation), et une réponse inflammatoire associée par
libérations d’enzymes protéolytiques ;
– d’infection (rare).
– la perte de l’intégrité du cartilage (boursouflures, fissures
L’inflammation intéresse la capsule de l’articulation (capsulite), la horizontales, amincissement, adhérences…) ;
membrane synoviale (synovite), la zone bilaminaire responsable de
la vascularisation et de l’innervation de l’ATM (rétrodiscite) ou les – la destruction complète du cartilage et l’exposition du tissu osseux
tissus osseux (arthrite). sous-chondral ;
– la formation de tissu osseux sclérotique (remodelage).
Capsulite/synovite
La maladie dégénérative des ATM représente donc la perturbation
C’est une inflammation de la capsule ou de la synoviale (impossible de l’équilibre entre les processus dégénératifs et de réparation au
à différencier cliniquement), liée à un macro- ou des niveau du cartilage, de l’os et du liquide synovial. Cette perturbation
microtraumatismes et à la surpression articulaire associée. s’accompagne de phénomènes inflammatoires secondaires.
13
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*
B
*
A
21 Imagerie par résonance magnétique : maladie dégénérative (articulation temporo-
mandibulaire gauche).
A. Bouche fermée.
B. Bouche ouverte.
Signes cliniques.
– Douleur en phase inflammatoire, accentuée par les mouvements
mandibulaires (arthrite).
– Crépitations.
Signes radiologiques.
Le diagnostic précoce de la maladie dégénérative des ATM est
difficile ; cependant, quand les changements radiographiques sont
observés, ils sont considérés comme typiques :
– pincement de l’interligne articulaire ;
L
23 Condylographie : ma-
– aplatissement des composants articulaires (condyle surtout, mais
ladie dégénérative (articula-
tion temporomandibulaire aussi parfois le tubercule articulaire du temporal) ;
gauche). D’après Okeson. – érosions subarticulaires ;
– sclérose sous-chondrale (lacunes, encoches, géodes) ;
X 10 8 6 4 2 – ostéophytes (« bec de perroquet ») (fig 21, 22, 23).
Thérapeutique.
– Symptomatique (rassurer le patient, pharmacothérapie si
X 10 8 6 4 2 inflammation, physiothérapie, gouttière occlusale de
décompression).
– Contrôle ou réduction des facteurs prédisposants.
– Traitement des séquelles pathologiques (béance postérieure
controlatérale par perte osseuse et déplacement mandibulaire
ipsilatéral) (fig 24).
Conclusion
Les DAM regroupent un grand nombre de pathologies différentes
accompagnés de signes et symptômes parfois similaires.
Leur diagnostic, solidement étayé par une nosologie claire, ouvre la voie
de choix thérapeutiques adaptés, optimisés en fonction du contexte.
Dans l’état actuel des connaissances, il semble que la prudence
thérapeutique soit de mise. L’évolution spontanée vers la rémission des
symptômes principaux (malgré une aggravation structurelle), la
faiblesse et l’inconstance des résultats des thérapeutiques invasives
La théorie selon laquelle les anomalies du complexe condylodiscal (occlusales ou chirurgicales) conduisent à limiter les interventions
aboutiraient inéluctablement à l’arthrose des ATM est abandonnée, thérapeutiques irréversibles.
pour laisser place à cette nouvelle étiopathogénie. Nos thérapeutiques doivent contrôler les phases aiguës sources de
On distingue : douleur et favoriser l’adaptation tissulaire (articulaire et musculaire) à
long terme.
– l’arthrose primaire, idiopathique, sans cause répertoriée ;
En cas de besoins de traitement odontologique, l’optimisation des
– l’arthrose secondaire, consécutive à un trauma, une infection, une fonctions occlusales doit être considérée comme un facteur favorable
maladie systémique ou une anomalie du complexe condylodiscal. supplémentaire.
14
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