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23-435-E-20

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 23-435-E-20

Dysfonctionnements de l’appareil
manducateur
O Laplanche
P Pedeutour
G Duminil
Résumé. – Les dysfonctionnements de l’appareil manducateur (DAM) correspondent aux douleurs et
P Mahler
troubles du fonctionnement de l’appareil manducateur en rapport avec une anomalie musculosquelettique.
M Bolla
Ils englobent des anomalies anatomiques, histologiques et fonctionnelles du système musculaire et/ou
articulaire, et s’accompagnent de signes cliniques et de symptômes très variés (douleur au niveau de
l’articulation temporomandibulaire ou des muscles masticateurs, bruits articulaires, anomalies de la
cinématique mandibulaire…). Soixante-dix pour cent de la population générale présentant au moins un de
ces signes ou symptômes, il est essentiel de savoir les dépister.
Cet article propose une classification diagnostique des DAM et les différentes modalités de traitement
susceptibles d’être mises en œuvre.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : algies, dysfonctions de l’appareil manducateur, articulation temporomandibulaire, muscles


masticateurs, classification, thérapeutique.

Introduction Définition
Un dysfonctionnement de l’appareil manducateur est l’expression Un dysfonctionnement est l’expression de perturbation des activités
symptomatique d’une myoarthopathie de l’appareil manducateur [1]. fonctionnelles pouvant conduire à des comportements adaptatifs.
Ce terme englobe des anomalies anatomiques, histologiques et Les DAM correspondent aux douleurs et troubles du
fonctionnelles du système musculaire et/ou articulaire, qui fonctionnement de l’appareil manducateur en rapport avec une
s’accompagnent de signes cliniques et de symptômes très variés. anomalie musculosquelettique.
Leurs conséquences cliniques générales (algies, inconfort et Par référence au système atteint, nous parlons de DAM musculaire
perturbation des fonctions manducatrices) semblent similaires, ce ou articulaire, en gardant à l’esprit l’unicité de l’appareil
qui explique qu’elles soient réunies sous le terme général peu manducateur.
spécifique de DAM.
Une méthodologie diagnostique précise nécessite une nosologie
claire de ces dysfonctionnements qui permet de discerner des 1934 Costen : syndrome de Costen
différences fondamentales quant au pronostic et au traitement. 1955 Schwartz : syndrome musculotendineux
Les DAM sont caractérisés par les signes cliniques et symptômes 1959 Schore : syndrome dysfonctionnel de l’ATM
douloureux ou dysfonctionnels suivants : 1969 Myrhaug : syndrome otodentaire
1969 Laskin : syndrome algodysfonctionnel musculotendineux
– douleurs au niveau de l’articulation temporomandibulaire (ATM) ; 1970 Rozencweig : syndrome algodysfonctionnel de l’appareil
– myalgies des muscles masticateurs ; manducateur (SADAM)
1971 Gerber : troubles occlusomandibulaires
– bruits articulaires ;
1975 Drum : processus autodestructif
– anomalies de la cinématique mandibulaire ; 1983 Farrar et McCarthy : désordres craniomandibulaires
– signes et symptômes associés : douleurs orofaciales, troubles 1995 Rozencweig : algies et/ou dysfonctionnements de l’appareil
cervicoscapulaires… manducateur
À partir du syndrome décrit initialement par Costen en 1934, 2000 CNO : collège national d’occlusodontologie
concept et terminologie ont évolué progressivement, pour aboutir
au terme de Rozencweig en 1995 : algies et/ou dysfonctionnements
de l’appareil manducateur, puis de DAM. Épidémiologie des dysfonctionnements
de l’appareil manducateur
Olivier Laplanche : Assistant hospitalo-universitaire.
P Pedeutour : Assistant hospitalo-universitaire. L’incidence des DAM dans la population générale reste difficile à
Gérard Duminil : Docteur en sciences odontologiques, responsable du DU occlusodontologie de Nice. apprécier en raison de l’absence de consensus sur les critères
Patrick Mahler : Professeur des Universités, praticien hospitalier.
Marc Bolla : Professeur des Universités, praticien hospitalier.
diagnostiques ; cependant, on peut synthétiser de la façon
Adresse Ville, France. suivante [14] :

Toute référence à cet article doit porter la mention : Laplanche O, Pedeutour P, Duminil G, Mahler P et Bolla M. Dysfonctionnements de l’appareil manducateur. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS,
Paris, tous droits réservés), Odontologie, 23-435-E-20, 2001, 15 p.
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Tableau II. – Résultats de l’étude épidémiologique de Pullinger et


Seligman.
Facteurs somatiques généraux
Béance antérieure squelettique Arthrose ou myalgie

Surplomb horizontal supérieur à 7 mm Arthrose


Facteurs somatiques locaux Différentiel ORC-OIM supérieur à 2 mm Arthrose
Facteurs psychiques
Occlusion croisée unilatérale d’une 6 Désunion condylodiscale
maxillaire

Édentement postérieur supérieur à cinq dents Arthrose, désunion condylodiscale

OIM : occlusion d’intercuspidie maximale ; ORC : occlusion en relation centrée.

1 Concept d’étiopathogénie multifactorielle des algies et dysfonctionnements


de l’appareil manducateur, d’après Gola. Quelques auteurs, notamment européens (Orthlieb [19], Kirveskari [8],
Slaviceck [10]...), s’appuyant sur des constatations cliniques et une
Dans une population de sujets « non patients » : certaine logique biomécanique, estiment que les anomalies de
– 75 % ont au moins un signe de DAM (50 % présentent des bruits l’occlusion jouent un rôle plus important dans l’apparition des
et déviations à l’ouverture buccale, 5 à 10 % une limitation de DAM.
l’ouverture buccale) ; Cette polémique qui anime le débat occlusodontique de ces
– 41 % présentent un DAM musculaire ; dernières années et l’incapacité des scientifiques à déterminer le rôle
de l’occlusion dans l’apparition des DAM sont sans doute liées :
– 33 % présentent un DAM articulaire ;
– à la maladie elle-même : origine multifactorielle des DAM,
– 7 % seulement sont atteints de façon suffisamment sévère pour absence de parallèles anatomocliniques, variabilité interindividuelle
nécessiter un traitement. de la réponse adaptative ;
Population de patients : elle représente 3 à 7 % de la population
générale. – aux méthodes expérimentales utilisées : absence de
standardisation des protocoles diagnostiques.
Les DAM intéressent les deux sexes quel que soit l’âge, avec
cependant une nette augmentation de la prévalence chez la femme Cependant, devant la persistance du doute étiopathogénique et la
(rapport homme/femme 1/7 à 1/9), et dans la tranche d’âge nécessité de définir des règles de fonctionnement occlusal dans un
15-45 ans. but diagnostique et thérapeutique, les modèles théoriques de
participation du dysfonctionnement occlusal aux DAM doivent être
envisagés au minimum comme une précaution élémentaire.
Étiopathogénie (fig 1) (tableau I) Ces facteurs étiopathogéniques peuvent être classés selon Gola,
Chossegros et Orthlieb [7] en :
Il existe un consensus autour de l’étiologie multifactorielle des – facteurs prédisposants : naturels ou acquis, ils créent le lit de la
DAM, composée de : maladie :
– facteurs somatiques locaux ;
– anomalies des fonctions occlusales ;
– facteurs psychiques ;
– hyperlaxité ligamentaire ;
– facteurs somatiques généraux.
– parafonctions ;
Parmi les facteurs somatiques locaux, l’étiologie occlusale est
controversée. – terrain psychologique (anxiété, dépression, stress) ;
La théorie du caractère pathogène des malocclusions, considérée – facteurs déclenchants : ils perturbent brutalement l’homéostasie de
comme prépondérante pendant plusieurs années (1970-1990), a l’appareil manducateur. Une situation de déséquilibre, stabilisée du
conduit à des pratiques invasives et coûteuses sur le plan dentaire fait de son installation progressive ayant permis une adaptation
(meulages sélectifs, reconstructions prothétiques globales….), sans structurelle et fonctionnelle, peut être décompensée et provoquer
résultats concluants. l’apparition de symptômes et signes cliniques :
A contrario, depuis 1990, de nombreuses études épidémiologiques – choc émotionnel majorant les parafonctions ;
ont remis en cause, voire nié, le rôle de l’occlusion, ne retenant que
quelques situations occlusales comme pathogénie potentielle. – modification brutale de l’occlusion (orthodontie, prothèse
iatrogène) ;
Parmi les études les plus citées, celle de Pullinger et Seligman [22, 23]
aboutit à une corrélation faible entre certaines classes de DAM et les – modification comportementale (mastication de chewing-gum,
situations occlusales présentées dans le tableau II. parafonctions type serrement, bruxisme, onychophagie...) ;

Tableau I. – Étiologie multifactorielle des dysfonctionnements de l’appareil manducateur.

Somatiques locaux Somatiques généraux Psychiques


Altération des structures craniomandibulaires et/ou Altérations hormonales ou du système immunitaire Diminution du seuil d’adaptation et de résistance
scapulo-cervico-crâniennes

Troubles fonctionnels de la musculature craniofaciale Altérations vasculaires Expression somatique au niveau de l’appareil manduca-
teur (parafonctions)

Troubles neurologiques locaux ou régionaux Altérations du système nerveux (central, périphérique


et/ou autonome)

Dysfonctionnements occlusaux Âge

Traumatismes directs et indirects

Microtraumatismes

2
Odontologie Dysfonctionnements de l’appareil manducateur 23-435-E-20

DOULEURS
2 Trajets d’ouverture buc-
cale en vue frontale. Très variables, elles peuvent être localisées (musculaires ou
A. Déflexion. articulaires) ou référées (à distance).
B. Déviation.

SYMPTÔMES POTENTIELLEMENT ASSOCIÉS AUX DAM


– Auriculaires (acouphènes, sensation d’oreille bouchée, hypo- ou
*
A hyperacousie...).
*
B
– Oculaires (douleurs péri- ou rétro-orbitaires, troubles de
l’accommodation…).
– traumatisme : ouverture buccale forcée (soins dentaires ou – Céphalées de tension d’origine musculaire (frontales, temporales,
chirurgie maxillofaciale sous anesthésie générale), trauma suboccipitales...).
accidentel (« coup du lapin »…) ;
– Manifestations neurovégétatives (œdème, rhinorrhée,
– facteurs d’entretien : ils pérennisent la pathologie par des larmoiement….).
modifications structurelles, fonctionnelles ou neuropsychiques
secondaires :
– migrations dentaires secondaires ; Généralités sur la prise en charge
– remodelages alvéolaires ; thérapeutique
– remodelage articulaire ;
– occlusoconscience ; PRINCIPES GÉNÉRAUX
– propriodéficience acquise ; Le traitement des DAM vise plusieurs objectifs :
– hyperalgésie primaire ou secondaire ; – sédation des symptômes principaux ;
– fragilité psychologique. – amélioration des fonctions manducatrices ;
Les études épidémiologiques permettent ainsi de retenir comme
– favorisation d’une cicatrisation tissulaire (articulaire ou
candidats-types aux DAM les sujets associant les facteurs de risque
musculaire) ;
suivants :
– adaptation qui relève de la juste répartition entre les modalités
– sexe (femme) ; suivantes.
– âge (jeune) ;
– hyperlaxité ligamentaire ; PRISE DE CONSCIENCE DU DYSFONCTIONNEMENT
– parafonctions ; ET CONSEILS COMPORTEMENTAUX

– édentement postérieur (anomalie des fonctions occlusales de – Objectif : réduction des contraintes musculaires et articulaires,
calage) ; dans le but de favoriser l’adaptation.
– troubles du guide antérieur (afonctionnel ou dysfonctionnel) et – Modalités : mise au repos articulaire (diète, limitation volontaire
du guide antirétroposition (GAR) [7, 17]. de l’ouverture buccale…) et musculaire (prise de conscience et
évitement du serrement diurne).

Symptômes et signes cliniques PRISE EN CHARGE DU STRESS


des DAM ET TECHNIQUES DE RELAXATION
– Objectif : relaxation musculaire par relaxation psychique.
Les signes cliniques principalement rencontrés dans les DAM sont
les suivants. – Modalités : biofeedback, techniques de relaxation (Jacobson, training
autogène de Schultz…).

ANOMALIES DE LA CINÉMATIQUE MANDIBULAIRE


THÉRAPEUTIQUE MÉDICAMENTEUSE
– Limitation : obstacle intra-articulaire ou dysfonctionnement
musculaire (trismus). – Objectif : suppression de la douleur et/ou de l’inflammation,
– Exagération : absence de limitation ligamentaire au mouvement de relaxation musculaire.
translation et de rotation en présence d’hyperlaxité ligamentaire – Modalités : prescription d’antalgiques de niveau I ou II, d’anti-
acquise ou systémique [6]. inflammatoires non stéroïdiens ou stéroïdiens, de relaxants
– Déviation, déflexion : altérations du trajet mandibulaire lors de musculaires.
l’ouverture buccale (fig 2).
THÉRAPIE PHYSIQUE
BRUITS ARTICULAIRES – Objectif : rééducation musculaire et articulaire.
– Claquements : ils correspondent le plus souvent au franchissement – Modalités : physiothérapie (électrothérapie, ultrasons….) et
par le condyle mandibulaire du bourrelet postérieur du disque, mais gymnothérapie (kinésithérapie).
peuvent exister lors d’un frottement ligamentaire, ou du passage du
condyle en avant du tubercule articulaire, éminence temporale,
(subluxation ou hypertranslation). THÉRAPEUTIQUES OCCLUSALES
– Crépitations : à type de bruits de sable mouillé, elles sont le plus – Objectifs : élimination transitoire ou définitive d’un éventuel
souvent évocatrices de modifications morphologiques des surfaces facteur étiologique occlusal, création de nouvelles relations
articulaires. intermaxillaires dans une position de référence articulaire corrigée.

3
23-435-E-20 Dysfonctionnements de l’appareil manducateur Odontologie

Tableau III. – Classification diagnostique des dysfonctionnements de Tableau IV. – Dysfonctionnements musculaires.
l’appareil manducateur.
Aiguë Chronique
Musculaire Articulaire
Réflexe d’éclissage Douleur myofasciale (points gâchettes)
Réflexe d’éclissage Anomalies du complexe condylodiscal
Courbatures Myosite (inflammation)
Courbatures Incompatibilité des surfaces articulaires
Spasme Contracture (myostatique ou fibreuse)
Spasme Inflammation

Douleur myofasciale (points gâchettes) Maladie dégénérative ¶ Réflexe d’éclissage


Myosite (inflammation) Il s’agit d’une réponse réflexe de protection induite par le système
Contracture nerveux central (SNC), entraînant contraction musculaire et douleur,
- myostatique (isométrique) dans le but de protéger une région blessée d’un nouveau trauma. Le
- fibreuse SNC augmente l’activité d’un muscle antagoniste lorsque le muscle
agoniste se contracte (par exemple, contraction des masséters lors
de l’ouverture buccale).
– Modalités : Il est important de noter que le réflexe d’éclissage n’est pas une
condition pathologique, mais au contraire une réponse
– gouttières occlusales (de reconditionnement neuromusculaire,
physiologique normale du système neuromusculaire.
de stabilisation occlusale, de repositionnement mandibulaire) ;
– équilibration occlusale, orthodontie, prothèse (optimisation des Étiologie
fonctions occlusales). Le réflexe d’éclissage fait immédiatement suite à un des facteurs
étiologiques suivants :
THÉRAPEUTIQUES CHIRURGICALES – information proprioceptive ou sensitive altérée : coiffe en
surocclusion, ouverture buccale prolongée (long rendez-vous
– Objectifs : corrections anatomiques, essentiellement de l’ATM.
dentaire), serrement ou bruxisme, anesthésie locale traumatique,
– Modalités : arthrocentèse, arthroscopie, arthrotomie. dysfonctionnement articulaire ;
– douleur profonde continue : du muscle lui-même ou des
structures associées comme les tendons, les ligaments, les
Classification diagnostique articulations ou les dents ;
– stress : influence l’activité des muscles masticateurs par
La multiplicité des éléments de diagnostic à prendre en l’intermédiaire de la boucle efférente Gamma sur les fuseaux
considération rend nécessaire l’utilisation d’une classification précise neuromusculaires, pouvant entraîner serrement et bruxisme.
des dysfonctionnements de l’appareil manducateur, associant à
chaque type un ensemble de symptômes et de signes (cliniques ou Signes cliniques
paracliniques).
– Dysfonctionnement musculaire : c’est la douleur qui entraîne la
L’évolution vers une nosologie plus claire des dysfonctionnements restriction des mouvements mandibulaires ; on peut toutefois
participe ainsi à l’ébauche d’une standardisation diagnostique et obtenir du patient une amplitude normale lors des mouvements
thérapeutique. actifs.
La classification diagnostique des DAM différencie deux types : – Absence de douleur au repos.
musculaire et articulaire (tableau III).
– Douleur accentuée par la fonction.
– Sensation de faiblesse musculaire.
DYSFONCTIONNEMENTS MUSCULAIRES
Ils génèrent essentiellement des douleurs et des anomalies de la Traitement
cinématique mandibulaire (amplitude de mouvement, Le réflexe d’éclissage étant une réponse normale du SNC, le
dyskinésies….). traitement est essentiellement étiologique ; la cause éliminée, la
Les douleurs au niveau des muscles (myalgies), peuvent provenir contraction musculaire réflexe cède rapidement.
des faisceaux musculaires, des tendons ou des fascias. D’après De simples traitements palliatifs peuvent être prescrits en fonction
Bell [1], les douleurs d’origine musculaire sont les causes les plus de l’étiologie :
fréquentes d’inconfort au niveau de la tête et du cou. Pour cet
auteur, « une bonne règle à suivre dans le diagnostic des douleurs – conseils comportementaux (diète, repos musculaire) ;
orofaciales est de considérer que la douleur est d’origine dentaire, à – application de chaleur humide ;
preuve du contraire, puis musculaire, à preuve du contraire ». – pharmacothérapie de courte durée : antalgiques périphériques ;
Les douleurs musculaires font partie des douleurs somatiques – gouttière occlusale de reconditionnement neuromusculaire et de
profondes. Elles sont donc susceptibles d’être accompagnées d’effets protection nocturne si bruxisme.
secondaires centraux (sensitifs, moteurs, autonomes).
Il s’agit d’une douleur diffuse, décrite comme continue, profonde, ¶ Courbatures
sourde, à type de serrement ou de pression. Son intensité est
Il s’agit d’un trouble musculaire primaire non inflammatoire, qui
variable, sa localisation par le patient difficile.
représente généralement la première réponse du tissu musculaire à
La douleur est associée à la fonction et aggravée par la palpation un réflexe d’éclissage prolongé. Il s’agit donc d’une modification de
musculaire. Une restriction des mouvements mandibulaires est l’environnement local musculaire, dans laquelle le SNC ne joue plus
fréquente. aucun rôle.
En fonction de sa durée, elle peut être aiguë ou chronique.
Étiologie
La classification des dysfonctionnements musculaires proposée dans
cet article s’inspire de celle de l’Académie américaine des douleurs – Réflexe d’éclissage prolongé : un cercle vicieux peut se créer, les
orofaciales (tableau IV) [15]. courbatures pouvant elles-mêmes entraîner un réflexe d’éclissage.

4
Odontologie Dysfonctionnements de l’appareil manducateur 23-435-E-20

– Trauma : injection locale anesthésique, utilisation abusive d’un – Palpation très douloureuse, le muscle paraissant dur et très ferme.
groupe musculaire (mastication de chewing-gum, parafonctions…).
– Stress. Traitement
Il est important de traiter rapidement le spasme musculaire afin
Signes cliniques d’éviter l’apparition d’une contracture myostatique ou fibreuse (cf
infra).
– Dysfonction musculaire : légère diminution de l’amplitude des
mouvements actifs ; on peut cependant obtenir une amplitude – Kinésithérapie : chaleur, massages sont souvent efficaces en début
normale lors des mouvements passifs (sensation de jeu musculaire). de traitement ; puis, après une période de quelques jours, des
– Légère douleur au repos. étirements progressifs aident à rétablir la fonction.

– Douleur accentuée par la fonction. – Pharmacothérapie de courte durée : antalgiques périphériques,


relaxants musculaires.
– Faiblesse musculaire.
– Anesthésie locale possible du muscle si la contraction ne cède pas.
– Palpation douloureuse du ou des muscles incriminés.
– Élimination des facteurs étiologiques : facteurs occlusaux
Traitement éventuels, stress…

– Éliminer la cause éventuelle du réflexe d’éclissage responsable du – Gouttière de reconditionnement neuromusculaire et de protection
cercle vicieux. nocturne si serrement ou bruxisme qui représentent des facteurs
d’entretien.
– Conseils comportementaux : diète, repos musculaire, techniques
Remarque : contrairement aux trois précédentes, les deux entités que
de relaxation musculaire, prise de conscience d’un serrement diurne
nous allons décrire maintenant représentent des troubles
éventuel ; le patient peut - et doit - toutefois utiliser ses muscles,
musculaires chroniques régionaux ; les symptômes périphériques
mais toujours en deçà du seuil de la douleur.
présents, fortement influencés par le SNC et le développement de la
– Relaxation psychique si nécessaire. chronicité (douleur continue présente depuis plus de 6 mois) rendent
– Gouttière occlusale de reconditionnement neuromusculaire et de le traitement local très aléatoire. La prise en charge de ces patients
protection nocturne en cas de bruxisme. par une équipe pluridisciplinaire est très souvent à considérer.

– Pharmacothérapie de courte durée : antalgiques périphériques, ¶ Douleur myofasciale (points gâchettes)


relaxants musculaires.
La douleur myofasciale est caractérisée par une douleur musculaire
¶ Spasme régionale sourde et par la présence de points musculaires gâchettes
(trigger points) qui, à la palpation, produisent des douleurs référées
Le spasme musculaire est une violente contraction musculaire aiguë, dans des zones très caractéristiques (zones de référence), ou des
soudaine et involontaire, induite par le SNC ; un muscle spasmé est manifestations du système nerveux autonome ; ces points gâchettes
donc raccourci et douloureux. La contraction est continue (fasciculation), peuvent être localisés au niveau d’un faisceau musculaire, d’un
et peut être objectivée par une électromyographie de surface (EMG), qui tendon ou du fascia associé.
montre une activité musculaire importante au repos (contrairement aux
Il s’agit, selon certains auteurs [26], de la cause la plus fréquente de dou-
autres troubles musculaires). Un spasme musculaire peut durer de
leur musculaire au niveau de la tête, du cou et de la sphère orofaciale.
quelques minutes (crampes très douloureuses) à plusieurs jours.
Considérés il y a quelques années comme une des causes les plus Étiologie
communes de myalgies des muscles masticateurs, les spasmes
apparaîtraient rarement au niveau de l’appareil manducateur. Les La douleur myofasciale a été essentiellement décrite par Travell et
études récentes concluent que les spasmes musculaires apparaissent Simons [26], qui proposent plusieurs facteurs étiologiques :
rarement au niveau de la sphère orofaciale. – courbatures prolongées non traitées ;
Étiologie – douleur profonde continue : peut entraîner des effets secondaires
centraux au niveau de motoneurones efférents, dont les points
Elle n’est pas parfaitement connue ; plusieurs facteurs semblent gâchettes ; ceux-ci, à leur tour, peuvent entraîner un réflexe
entrer en jeu : d’éclissage musculaire (cercle vicieux) ;
– conditions locales (fatigue musculaire, déséquilibre – stress ;
électrolytique) : la contraction semble répondre à une excitation
exagérée des motoneurones alpha, créant un cycle douleur-spasme. – troubles du sommeil : particulièrement perturbation des phases
L’ischémie qui en résulte entretient la contraction, entraînant fatigue 3-4 du sommeil (sommeil lent profond) ;
musculaire, formation d’acide lactique et libération de bradykinines ; – facteurs locaux : habitudes nocives (serrement, bruxisme),
– facteurs systémiques : il semble exister une susceptibilité aux mauvaise posture ou position de sommeil… ;
spasmes musculaires, variable selon les individus, peut-être due à – facteurs systémiques : fatigue, faible condition physique,
d’éventuels facteurs systémiques. infections virales, mauvaise alimentation… ;
– douleur myofasciale idiopathique.
Signes cliniques
– Importante limitation de l’amplitude de mouvement déterminé Signes cliniques
par le muscle spasmé (par exemple de l’ouverture buccale quand
– Dysfonctionnement musculaire : amplitude de mouvement
les masséters sont concernés).
légèrement limitée.
– Malocclusion aiguë : le spasme du chef inférieur du ptérygoïdien
– Douleur légère au repos.
latéral d’un côté entraîne par exemple, en occlusion d’intercuspidie
maximale (OIM), des contacts antérieurs controlatéraux et une – Douleur accentuée par la fonction.
désocclusion postérieure ipsilatérale. – Présence de points gâchettes : un point gâchette est un point
– Douleur importante au repos et durant la fonction : elle peut être douloureux, ferme et circonscrit à la palpation, situé au niveau de
aiguë et lancinante, irradiant vers l’oreille, la tempe ou la face. fibres musculaires, tendon ou fascia ; ce point est douloureux à la

5
23-435-E-20 Dysfonctionnements de l’appareil manducateur Odontologie

3 Douleurs référées : points gâchettes, ptérygoïdien latéral (d’après Travell


et Simons).

5 Douleurs référées : points gâchettes, temporal (d’après Travell et Simons).

Thérapeutique
Le traitement de la douleur myofasciale consiste en la suppression
des facteurs étiologiques et l’élimination des points gâchettes.

• Suppression des facteurs étiologiques présents


– Correction de la posture.
– Traitement du stress.
– Traitement des troubles du sommeil.
– Correction de l’alimentation.
– Exercices physiques.
– Gouttière de reconditionnement neuromusculaire et de protection
nocturne si serrement ou bruxisme.
4 Douleurs référées : points gâchettes, masséter (d’après Travell et Simons). – Pharmacothérapie de courte durée : antalgiques périphériques et
relaxants musculaires.
compression, et peut entraîner des douleurs à distance que l’on peut
reproduire (douleurs référées), ou des manifestations du système • Élimination des points gâchettes
nerveux autonome (par exemple, un point gâchette au niveau du
chef claviculaire du sterno-cléido-mastoïdien peut donner des – Cryothérapie suivie de l’étirement musculaire : la vaporisation d’un
céphalées frontales). Il faut donc différencier le site de la douleur de spray froid (fluorométhane) réduit la perception musculaire, permettant
sa source, sur laquelle doit s’orienter le traitement. un étirement progressif du muscle jusqu’à sa longueur normale.
Les nombreux signes cliniques rencontrés sont très variés, selon que – Injection anesthésique locale au niveau du point gâchette : le
les effets secondaires centraux intéressent les neurones sensitifs, produit utilisé (un tiers de carpule de procaïne à 1 % ou de lidocaïne
moteurs ou autonomes ; douleur au niveau du cuir chevelu, otalgies, à 2 % sans adrénaline) élimine la douleur et sert de diagnostic, la
sensibilité dentaire anormale (neurones sensitifs), réflexe d’éclissage douleur référée devant disparaître.
musculaire à distance (neurones moteurs), pâleur, rougeur, sudation,
salivation, rhinorrhée, larmoiement, œdème…(neurones autonomes). – Kinésithérapie : massages, chaleur humide, ultrasons,
électrothérapie.
Ces points gâchettes peuvent être latents ; ils sont alors non
douloureux, entraînant seulement une légère faiblesse musculaire et
¶ Myosite (inflammation)
une faible restriction du mouvement. Ils peuvent être réactivés par
la fatigue, le stress, une infection virale ou même le froid. La myosite, par définition, représente un phénomène inflammatoire
La topographie des douleurs référées, en fonction de la localisation au sein du tissu musculaire ; en fait, il s’agit d’un trouble musculaire
musculaire des points gâchettes, a été parfaitement décrite par périphérique chronique, résultat de la présence dans le tissu
Travell et Simons ; sa connaissance est très importante, le clinicien musculaire de substances algogènes induites par le SNC
devant toujours chercher la source de la douleur afin de la traiter (inflammation neurogène). Les symptômes présentés sont similaires
efficacement (fig 3, 4, 5). à ceux d’une inflammation, d’où la dénomination de myosite

6
Odontologie Dysfonctionnements de l’appareil manducateur 23-435-E-20

(malgré l’absence de certains signes cliniques caractéristiques tels Contracture fibreuse


que rougeur, chaleur ou tuméfaction). De plus, ces symptômes
répondent au traitement anti-inflammatoire. • Étiologie
Étiologie Fait suite en général à un trauma ou à une myosite, avec formation
d’adhésions au sein du muscle ou de son aponévrose.
– Courbatures prolongées ou douleur myofasciale non traitée (cause
la plus commune). • Signes cliniques
– Infection virale ou bactérienne produisant une myosite infectieuse Limitation non douloureuse de l’ouverture buccale.
(rare).
– Trauma. • Traitement
Dans ces deux derniers cas, rencontrés rarement, la myosite est un – Chirurgie pour éliminer les adhésions.
phénomène aigu.
– Kinésithérapie.
Signes cliniques La restriction musculaire étant non douloureuse, le traitement
– Dysfonction musculaire : diminution de l’amplitude de chirurgical, qui n’est jamais sans risques (il peut lui-même entraîner
mouvement. adhésions et contracture fibreuse), n’est indiqué que si la gêne
fonctionnelle est très importante (tableau V).
– Douleur au repos : due aux nocicepteurs libérés par
l’inflammation neurogène (clé du diagnostic).
– Douleur accentuée à la fonction. DYSFONCTIONS ARTICULAIRES

– Douleur intense à la palpation. Les connaissances actuelles de l’anatomophysiologie de l’ATM


incitent à penser que le fonctionnement optimal de l’ATM
– Tendinite lorsque le siège de l’inflammation est un tendon. correspond à une situation de coaptation condylo-disco-temporale,
soutenue par un fonctionnement musculaire harmonieux, et un
Traitement appareil discal maintenant l’intégrité de cette situation, tant statique
Le SNC jouant un rôle prépondérant dans la survenue de (en OIM), que dynamique (lors des mouvements mandibulaires).
l’inflammation musculaire, le patient doit être averti que En coupe sagittale, la normalité articulaire est conçue de la façon
l’élimination des symptômes n’est pas immédiate. Le traitement a suivante : le condyle mandibulaire est en contact avec la zone
pour but de diminuer l’inflammation, puis de redonner au muscle intermédiaire du disque et les deux bourrelets discaux, l’ensemble
une longueur normale : s’appuyant sur la paroi postérieure de l’éminence temporale.
– alimentation molle, restriction des mouvements en deçà de la La normalité articulaire est validée cliniquement ou
douleur ; condylographiquement, révélant une translation condylienne ample,
– pas d’étirement ni d’injection locale anesthésique qui symétrique, régulière, sans ressaut, superposable lors des différents
aggraveraient l’inflammation ; mouvements mandibulaires (fig 6, 7).
Les dysfonctionnements articulaires de l’appareil manducateur
– gouttière de reconditionnement neuromusculaire en cas de
correspondent aux anomalies citées dans le tableau VI.
serrement ou bruxisme ;
– prescription d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (3 semaines) ou ¶ Dysfonctionnements du complexe condylodiscal
de corticoïdes (cure courte de 6 jours) ;
Les dysfonctionnements du complexe condylodiscal correspondent
– application de froid, qui possède une action anti-inflammatoire ;
à des anomalies de position relative de ces deux éléments
– les symptômes de l’inflammation disparus, massages, ultrasons, constitutifs de l’ATM.
légers étirements, chaleur humide… peuvent être entrepris.
Le complexe condylodiscal peut être plus ou moins désuni pour des
raisons :
¶ Contracture
– fonctionnelles ;
La contracture est le raccourcissement non douloureux d’un muscle,
que l’on ne peut étirer à sa longueur normale ; elle fait généralement – anatomiques ;
suite à un trouble musculaire prolongé, qui a entraîné la diminution
– traumatiques.
de l’amplitude de mouvement afin d’éviter la douleur.
Par rapport à la situation anatomique décrite ci-dessus, la désunion
On distingue la contracture myostatique réversible de la contracture
condylodiscale correspond à une perte des rapports normaux entre
fibreuse irréversible ; leur diagnostic différentiel est difficile ; seule
disque et condyle mandibulaire.
la réponse au traitement permet de les différencier.
Cette désunion peut être :
Contracture myostatique (isométrique)
– partielle ou totale (luxation) en OIM ;
• Étiologie – avec réduction ou permanente lors des différents mouvements
Restriction musculaire prolongée. mandibulaires.
Parmi les désunions avec réduction, nous distinguons donc :
• Signes cliniques
– les désunions condylodiscales partielles avec réduction ;
Limitation non douloureuse de l’ouverture buccale.
– les désunions condylodiscales totales (luxations condylodiscales
avec réduction).
• Traitement
Le diagnostic différentiel des désunions condylodiscales avec
– Élimination des facteurs étiologiques. réduction ne pouvant se faire qu’avec l’aide d’examens
– Kinésithérapie : étirement musculaire progressif enseigné par le paracliniques (avec de surcroît des risques d’erreurs), nous les
praticien, puis effectué par le patient à domicile (étirement passif, réunissons sous le terme général de désunions condylodiscales avec
ouverture contre résistance), chaleur humide, ultrasons. réduction (DDR).

7
23-435-E-20 Dysfonctionnements de l’appareil manducateur Odontologie

Tableau V. – Tableau récapitulatif des dysfonctionnements de l’appareil manducateur musculaires.


Dysfonctionnements Participation
Étiologie Signes cliniques Traitement
musculaires du SNC

Réflexe d’éclissage Oui - Proprioception - Diminution amplitude des mouvements - Étiologique


- Stress - Pas de douleur au repos
- Douleur légère à la fonction

Courbatures Non - Réflexe d’éclissage prolongé - Diminution amplitude des mouvements - Étiologique
- Parafonctions - Douleur légère au repos - Gouttière occlusale
- Stress - Douleur légère à modérée à la fonction
- Douleur légère à modérée à la palpation

Spasme Oui - Douleur profonde prolongée - Malocclusion aiguë possible - Étiologique


- Facteurs métaboliques locaux - Muscle ferme à la palpation - Kinésithérapie
- Facteurs systémiques éventuels - Douleur modérée à intense au repos - Injection locale anesthésique sans adréna-
- Douleur intense à la fonction line
- Douleur intense à la palpation

Douleur myofasciale Oui - Douleur profonde prolongée - Diminution amplitude des mouvements - Étiologique
(points gâchettes) - Facteurs psychologiques - Douleur fasciale diffuse au repos - Élimination des points gâchettes
- Troubles du sommeil - Douleur modérée à intense à la fonction - Pharmacothérapie
- Parafonctions - Points gâchettes
- Facteurs systémiques - Douleurs référées

Myosite Oui - Inflammation neurogène - Diminution importante de l’amplitude de - Étiologique


(inflammation) - Courbatures ou douleur myofasciale mouvement - Gouttière occlusale
prolongée - Douleur intense au repos - Pharmacothérapie
- Trauma - Douleur intense à la fonction - Kinésithérapie dans un second temps
- Infection - Douleur intense à la palpation

Contracture Non - Restriction musculaire prolongée (myo- - Limitation non douloureuse de l’ampli- - Étiologique, kinésithérapie (myostatique)
(myostatique ou statique) tude de mouvement - Chirurgie éventuelle puis kinésithérapie
fibreuse) - Trauma, myosite (fibreuse) (fibreuse)

SNC : système nerveux central.

Parmi les désunions condylodiscales permanentes (DDP) nous Les examens complémentaires paracliniques habituels (imagerie,
distinguons : condylographie…) ne correspondant qu’à un instant donné, il est
important de relativiser leur impact sur le diagnostic et la
– les luxations condylodiscales permanentes aiguës ;
thérapeutique.
– les luxations condylodiscales permanentes chroniques
(tableau VII). Désunion condylodiscale (partielle, forcément réductible) : DDR1
Anatomiquement, le condyle ne se situe plus sur la zone
6 Schéma d’une articula-
intermédiaire du disque mais sur son bourrelet postérieur (fig 8A, B,
tion temporomandibulaire
normale (coupe sagittale). 9, 10).
Le déplacement discal est le plus souvent antéromédial, mais peut
également être antérieur ou antérolatéral [16].

• Étiologie
Les causes évoquées sont :
– une rétroposition condylienne liée à l’hyperlaxité et/ou la
surcharge articulaire (parafonctions ou dysfonctions occlusales) ;
– une hyperactivité musculaire (muscles tenseurs du disque :
masséter profond, chef supérieur du ptérygoïdien latéral et temporal
postérieur) ;
– idiopathiques.

R L 7 Condylographie et imagerie
par résonance magnétique d’une
articulation temporomandibu-
4 2
laire normale.
6 8 6
10 10 8 A. Condylographie : bilaté-
2 4 6 8 10 X X 10 8 6 4 2 rale ; normalité (ouverture-
fermeture).
B. Articulation temporo-
mandibulaire droite, nor-
malité, bouche fermée-
bouche ouverte.
" *
B

*
A

8
Odontologie Dysfonctionnements de l’appareil manducateur 23-435-E-20

Tableau VI. – Dysfonctionnements articulaires de l’appareil


manducateur.
Anomalies du complexe DDR (terme générique regroupant
condylodiscal les déplacements discaux réductibles)
- Désunion condylodiscale (partielle, forcément
avec réduction [DDR1])
- Luxation condylodiscale réductible (avec réduc-
tion [DDR2])

DDP (terme générique regroupant les déplace-


ments discaux permanents)
Luxation condylodiscale permanente : *
A *
B
- aiguë (blocage bouche fermée)
- chronique (au-delà de 4 mois) 9 Imagerie par résonance magnétique : désunion condylodiscale.
A. Bouche fermée.
Incompatibilité des surfaces Anomalies de forme B. Bouche ouverte.
articulaires

Adhérences et adhésions
L
10 Condylographie : dés-
Subluxation (hypertranslation) union condylodiscale (ou-
verture-fermeture).
Luxation temporomandibulaire (blocage bouche
ouverte) 2 4 6 8 10

Inflammation Capsulite/synovite
2 4 6 8 10
Rétrodiscite

Arthrite (composante inflammatoire de la maladie


dégénérative)

Maladie dégénérative Primaire

Secondaire

Tableau VII. – Dysfonctionnements du complexe condylodiscal.

Signe clinique majeur

Claquement (DDR) Désunion condylodiscale avec réduc- Partielle


tion

Luxation condylodiscale avec réduc- Totale


tion Le traitement conservateur est donc de rigueur, et peut faire
intervenir :
Absence de claquement Luxation condylodiscale permanente Aiguë
(DDP) Chronique – conseils comportementaux ;
DDR : déplacements discaux réductibles ; DDP : déplacements discaux permanents. – pharmacothérapie : antalgiques périphériques ou anti-
inflammatoires ;
• Signes cliniques – gouttière occlusale de reconditionnement neuromusculaire ;
– Claquement unique à l’ouverture, faiblement perceptible, très – kinésithérapie de renforcement (traitement de l’hyperlaxité).
proche de l’OIM.
– Douleur possible (compression de la zone bilaminaire ou Luxation condylodiscale avec réduction (ou non permanente) :
étirement des ligaments collatéraux). DDR2
– Très légère déviation mandibulaire sans restriction de l’ouverture Anatomiquement, le condyle se situe derrière le bourrelet postérieur
buccale. du disque en OIM.
Lors des mouvements de translation condylienne, le condyle
• Thérapeutique franchit le bourrelet postérieur (recoaptation discale avec
L’objectif thérapeutique est la sédation des symptômes douloureux claquement), puis continue sa course coapté au disque jusqu’à la
et non la « recapture » discale. translation maximale.

8 A. Situation de compression postérieure de l’articulation


temporomandibulaire.
B. Situation physiologique.
D’après Gola Chossegros et Orthlieb.

*
A *
B

9
23-435-E-20 Dysfonctionnements de l’appareil manducateur Odontologie

*
A
*
B
*
A *
B
11 Imagerie par résonance magnétique : luxation condylodiscale réductible.
A. Bouche fermée. 13 Imagerie par résonance magnétique : luxation condylodiscale permanente aiguë
B. Bouche ouverte. (ouverture-fermeture).
A. Bouche fermée.
B. Bouche ouverte.
R

Le traitement conservateur est donc de rigueur et peut faire


intervenir :
2 4 6 8 10 X
– conseils comportementaux ;
2 4 6 8 10 X – pharmacothérapie : antalgiques périphériques ou
anti-inflammatoires ;
– gouttière occlusale de reconditionnement neuromusculaire ou de
décompression ;
– kinésithérapie de renforcement (traitement de l’hyperlaxité) ;
– optimisation des fonctions occlusales.

Luxation condylodiscale permanente : DDP


En OIM, le condyle est en arrière du bourrelet postérieur, et y reste
lors des mouvements de translation condylienne ; il n’y a pas de
recoaptation discale.
12 Condylographie : luxation condylodiscale réductible (ouverture-ferme-
ture). Deux situations peuvent être différenciées, selon que la luxation est
d’apparition récente ou ancienne :
Lors du mouvement de retour, le claquement correspond à la
– DDP aigu ;
décoaptation condylodiscale, dans une position plus proche de
l’OIM (fig 11, 12). – DDP chronique.
(On considère la chronicisation à partir de 3 à 4 mois).
• Étiologie
Elle est identique à celle de la désunion condylodiscale partielle. • DDP aigu
• Signes cliniques Étiologie.
Généralement, les douleurs diminuent en raison de l’adaptation des – Évolution d’un DDR (même étiologie).
tissus (chronicisation) ; la rétrodiscite qui accompagne la désunion
partielle s’estompe, mais les claquements deviennent plus – Apparition brutale (traumatisme : soins dentaires sous anesthésie
perceptibles et plus brutaux. générale, « coup du lapin » …).
Dans les mouvements excursifs d’ouverture, de propulsion ou de Signes cliniques.
diduction controlatérale, le claquement plus ou moins sonore – Douleur modérée à intense.
correspond à un ressaut condylien, recoaptation condylodiscale
accompagnée d’un changement brutal de direction au cours du – Importante limitation de l’ouverture buccale avec déflexion du
mouvement mandibulaire. Ce ressaut est perceptible cliniquement côté atteint, et de la diduction controlatérale (blocage bouche fermée)
et condylographiquement : (fig 13, 14).

– claquement réciproque perceptible, plus ou moins éloigné de – Absence de claquement.


l’OIM lors de mouvements excursifs, toujours plus proche de l’OIM Traitement.
lors de mouvements incursifs ; – Pharmacothérapie : antalgiques périphériques ou centraux de
– douleur légère (compression de la zone bilaminaire ou étirement niveau II, anti-inflammatoires.
des ligaments collatéraux) ;
– Si le DDP est très récent (quelques jours), une recoaptation
– déviation mandibulaire importante sans restriction de l’ouverture condylodiscale peut être tentée par la manœuvre de Farrar, le
buccale. traitement devenant alors celui d’un DDR.
• Thérapeutique – Si le DDP est plus ancien, l’objectif thérapeutique est conservateur,
et réside dans l’aménagement orthopédique d’un espace de
L’objectif thérapeutique n’est pas la recapture discale mais la
cicatrisation articulaire et dans l’amélioration du potentiel trophique
sédation des symptômes douloureux en favorisant la formation d’un
tissu fibreux de cicatrisation entre le condyle et la fosse mandibulaire articulaire (néodiscisation) par gouttière de décompression.
(néodisque). Mêmes modalités de traitement que le DDP chronique (cf infra).

10
Odontologie Dysfonctionnements de l’appareil manducateur 23-435-E-20

14 Condylographie : lu- Tableau VIII. – Signes cliniques des désunions condylodiscales.


L xation condylodiscale per-
manente aiguë (ouverture- Signes cliniques DDR DDP aigus DDP chroniques
fermeture).
Amplitude de Normale Très limitée Subnormale
l’ouverture buccale

Trajet de Déviation Déflexion Subnormal


X 10 8 6 4 2 l’ouverture buccale à normal

Translation Normale Très limitée Limitée à subnor-


condylienne male
X 10 8 6 4 2
Douleur Absente à légère Modérée à intense Absente à légère

DDR : déplacements discaux réductibles ; DDP : déplacements discaux permanents.

*
A *
B
15 Imagerie par résonance magnétique : luxation condylodiscale permanente chro-
nique.
A. Bouche fermée.
B. Bouche ouverte.
• DDP chronique
Étiologie. 16 Condylographie : lu-
Il fait toujours suite à un DDP aigu qui peut toutefois passer R xation condylodiscale per-
inaperçu. manente chronique (ou-
verture-fermeture, articula-
Signes cliniques. tion temporomandibulaire
– Douleur légère estompée en raison de l’adaptation des tissus droite).
rétrodiscaux.
– Normalisation de la cinématique mandibulaire par hyperrotation 2 4 6 8 10 X
compensatrice dans l’étage inférieur de l’ATM ou étirement
ligamentaire.
Il y a donc une forte réduction de la symptomatologie. 2 4 6 8 10 X

Vingt pour cent des sujets asymptomatiques seraient dans cette


situation clinique (Marguelles-Bonnet [11]).
Traitement.
L’objectif thérapeutique est conservateur et réside dans
l’aménagement orthopédique d’un espace de cicatrisation articulaire
et dans l’amélioration du potentiel trophique articulaire
(néodiscisation) :
– conseils comportementaux ;
– gouttière de décompression ;
– réévaluations périodiques ;
– précautions particulières en cas de traitement occlusal de grande
importance (traitement prothétique ou orthodontique), la relation
articulaire restant défavorable et le potentiel adaptatif a priori
amoindri après signes cliniques (tableau VIII) (fig 15, 16).
¶ Incompatibilité des surfaces articulaires • Des surfaces articulaires
Elles peuvent être classées en quatre catégories : (Condyle mandibulaire ou tubercule articulaire).
– anomalies de forme des surfaces articulaires ; Étiologie.
– adhérences et adhésions ; Microtraumatismes (parafonctions, surcharge articulaire) ou
– subluxation temporomandibulaire (hypertranslation) ; macrotraumatisme.
Signes cliniques.
– luxation temporomandibulaire (blocage bouche ouverte).
Claquement à la même position à l’aller et au retour, douloureux ou
Anomalies de forme non, avec altération ou non du mouvement mandibulaire lors des
Elles représentent les troubles occasionnés par des altérations mouvements incursifs et excursifs (fig 17).
morphologiques au niveau des surfaces articulaires de l’ATM ou du Thérapeutique.
disque. – Abstention ou chirurgie.

11
23-435-E-20 Dysfonctionnements de l’appareil manducateur Odontologie

17 Condylographie : ano- 18 Pièce de nécropsie :


L malie de forme (ouverture- adhésions temporodiscales
fermeture, articulation tem- (d’après Tanaka, dans Oke-
poromandibulaire gauche). son).

X 10 8 6 4 2

X 10 8 6 4 2

Étiologie.
– Évolution éventuelle d’adhérences.
– Hémorragie intra-articulaire après traumatisme ou chirurgie.
Signes cliniques.
– Limitation d’amplitude d’un ou de plusieurs mouvements
mandibulaires, selon leur siège.
– Bruits articulaires.
Thérapeutique.
– Abstention.
– Kinésithérapie douce pour essayer d’augmenter la translation
condylienne (il convient d’être prudent : la rupture brutale des
– Conseils comportementaux (éviter l’altération morphologique). adhésions peut entraîner une hémorragie intra-articulaire et la
– Gouttière occlusale de protection nocturne si bruxisme. formation de nouvelles adhésions).
– Lavage articulaire.
• Du disque
La chirurgie est contre-indiquée en raison du risque de formation
– Épaississement du bourrelet postérieur. d’adhésions plus importantes postopératoires.
– Dégénérescence mucoïde chez l’adolescent.
Subluxation (hypertranslation)
– Calcifications discales (chondrocalcinose).
Étiologie. Dans les cas d’hyperlaxité ligamentaire acquise ou systémique, la
translation du condyle mandibulaire n’est plus limitée ; il peut
Microtraumatismes (parafonctions, surcharge articulaire) ou
franchir le tubercule articulaire du temporal, provoquant une
macrotraumatisme.
luxation temporomandibulaire.
Signes cliniques.
Autoréductible, celle-ci est qualifiée de subluxation.
– Craquements parfois perceptibles liés à la présence d’obstacles à
la translation condylienne. Généralement bilatérale, on peut toutefois la rencontrer
unilatéralement.
– Mouvements condyliens aberrants ou inconstants.
Étiologie.
Thérapeutique.
– Anatomie défavorable du tubercule articulaire du temporal
– Abstention ou chirurgie. (versant postérieur court et incliné, versant antérieur long).
– Conseils comportementaux.
– Hyperlaxité ligamentaire.
– Gouttière occlusale de protection nocturne si bruxisme. Signes cliniques.
Adhérences et adhésions – Bruit sourd d’ouverture buccale maximale.
– Amplitude d’ouverture buccale exagérée avec ressaut en fin de
• Adhérences mouvement.
Surfaces articulaires temporairement adhérentes par la synoviale. – Trajet de fermeture non rectiligne.
Étiologie. Thérapeutique.
Surpression articulaire par microtraumatismes (serrement, – Conseils comportementaux (éviter l’ouverture buccale maximale
bruxisme). comme lors des bâillements…).
Signes cliniques.
– Exercices de renforcement musculaire de façon à limiter la
Difficulté d’ouverture buccale matinale, suivie généralement d’un translation condylienne (muscles élévateurs).
seul bruit (décollement de la synoviale), puis mouvements
mandibulaires normaux. Remarque : l’hyperlaxité verticale est représentée en condylographie
par une dissociation nette des tracés aller et retour, bien visible lors
Thérapeutique. du mouvement d’ouverture-fermeture (fig 19, 20).
– Étiologique de la surpression.
– Gouttière occlusale de protection nocturne. Luxation temporomandibulaire (blocage bouche ouverte)
Lorsqu’elle ne se réduit pas spontanément, la luxation
• Adhésions temporomandibulaire provoque un blocage en fin de translation du
Formation d’adhérences intra-articulaires fibreuses irréversibles ; condyle mandibulaire, au-delà du tubercule articulaire du temporal ;
elles peuvent être condylodiscales ou temporodiscales (fig 18). le patient ne peut plus refermer la bouche.

12
Odontologie Dysfonctionnements de l’appareil manducateur 23-435-E-20

Signes cliniques.
– Douleur dans les mouvements mandibulaires extrêmes (ouverture
et diduction controlatérale maximale).
– Absence de douleur en OIM ou à la mastication.
– Douleur à la palpation latérale.
Thérapeutique.
– Conseils comportementaux (mise au repos de l’articulation).
*
A
*
B
– Anti-inflammatoires (non stéroïdiens, ou corticoïdes en cure
19 Imagerie par résonance magnétique : subluxation courte).
A. Bouche fermée.
B. Bouche ouverte. Rétrodiscite
C’est une inflammation des tissus rétrodiscaux liée à la surpression
articulaire et à la rétroposition condylienne fonctionnelle ou
R L
traumatique.
Signes cliniques.
– Douleur en OIM ou à la mastication.
2 4 6 – Douleur exacerbée lors de la diduction homolatérale ou de la
8 10 X X 10 8 6 4 2
pression mentonnière.
2 4 6 8 10 X X 10 8 6 4 2
– Douleur à la palpation rétrocondylienne.
Thérapeutique.
– Conseils comportementaux.
– Anti-inflammatoires (non stéroïdiens ou corticoïdes en cure
courte).
– Gouttière occlusale en légère antéposition (quelques jours).

Arthrite
C’est une composante inflammatoire de la maladie dégénérative des
ATM (cf infra).
Signes cliniques.
20 Condylographie : subluxation bilatérale (ouverture-fermeture) (noter l’hyper- – Douleur lors des mouvements mandibulaires.
laxité verticale de l’articulation temporomandibulaire gauche).
Thérapeutique.
Les muscles ptérygoïdiens latéraux et masséters se spasment, – Conseils comportementaux.
empêchant le retour du condyle mandibulaire et accentuant le – Anti-inflammatoires (non stéroïdiens ou corticoïdes en cure
blocage. courte).
Étiologie. – Gouttière occlusale de décompression.
Les mêmes que celles de la subluxation.
Signes cliniques. ¶ Maladie dégénérative des articulations
– Blocage bouche ouverte. temporomandibulaires (arthrose)
– Douleur modérée à très intense. Elle représente un processus de destruction par lequel les surfaces
articulaires du condyle ou le tubercule articulaire du temporal
Thérapeutique.
s’altèrent ; c’est la réponse à une surcharge au niveau d’une ou des
– En urgence, manœuvre de « réduction en tiroir » de Nelaton. deux ATM (macro- ou microtraumatismes).
– Puis traitement identique à celui de la subluxation. L’équilibre entre la synthèse et la dégradation des composants
extracellulaires matriciels, contrôlé par les chondrocytes, est
¶ Inflammation perturbé, provoquant une dégradation du cartilage qui se traduit
biologiquement par :
Un processus inflammatoire siégeant au sein de l’ATM peut être la
conséquence : – le gonflement et le ramollissement du cartilage (chondromalacie) ;
– d’anomalies du complexe condylodiscal ; – la détérioration localisée des fibrilles de collagène à l’intérieur de
– de micro- ou macrotraumatismes ; la matrice (fibrillation), et une réponse inflammatoire associée par
libérations d’enzymes protéolytiques ;
– d’infection (rare).
– la perte de l’intégrité du cartilage (boursouflures, fissures
L’inflammation intéresse la capsule de l’articulation (capsulite), la horizontales, amincissement, adhérences…) ;
membrane synoviale (synovite), la zone bilaminaire responsable de
la vascularisation et de l’innervation de l’ATM (rétrodiscite) ou les – la destruction complète du cartilage et l’exposition du tissu osseux
tissus osseux (arthrite). sous-chondral ;
– la formation de tissu osseux sclérotique (remodelage).
Capsulite/synovite
La maladie dégénérative des ATM représente donc la perturbation
C’est une inflammation de la capsule ou de la synoviale (impossible de l’équilibre entre les processus dégénératifs et de réparation au
à différencier cliniquement), liée à un macro- ou des niveau du cartilage, de l’os et du liquide synovial. Cette perturbation
microtraumatismes et à la surpression articulaire associée. s’accompagne de phénomènes inflammatoires secondaires.

13
23-435-E-20 Dysfonctionnements de l’appareil manducateur Odontologie

24 Apparition d’une béance ispilatérale


dans un cas de maladie dégénérative.
D’après Okeson.

*
B

*
A
21 Imagerie par résonance magnétique : maladie dégénérative (articulation temporo-
mandibulaire gauche).
A. Bouche fermée.
B. Bouche ouverte.

22 Scanner : maladie dégénérative (os-


téophyte : « bec de perroquet »).

Signes cliniques.
– Douleur en phase inflammatoire, accentuée par les mouvements
mandibulaires (arthrite).
– Crépitations.
Signes radiologiques.
Le diagnostic précoce de la maladie dégénérative des ATM est
difficile ; cependant, quand les changements radiographiques sont
observés, ils sont considérés comme typiques :
– pincement de l’interligne articulaire ;
L
23 Condylographie : ma-
– aplatissement des composants articulaires (condyle surtout, mais
ladie dégénérative (articula-
tion temporomandibulaire aussi parfois le tubercule articulaire du temporal) ;
gauche). D’après Okeson. – érosions subarticulaires ;
– sclérose sous-chondrale (lacunes, encoches, géodes) ;
X 10 8 6 4 2 – ostéophytes (« bec de perroquet ») (fig 21, 22, 23).
Thérapeutique.
– Symptomatique (rassurer le patient, pharmacothérapie si
X 10 8 6 4 2 inflammation, physiothérapie, gouttière occlusale de
décompression).
– Contrôle ou réduction des facteurs prédisposants.
– Traitement des séquelles pathologiques (béance postérieure
controlatérale par perte osseuse et déplacement mandibulaire
ipsilatéral) (fig 24).

Conclusion
Les DAM regroupent un grand nombre de pathologies différentes
accompagnés de signes et symptômes parfois similaires.
Leur diagnostic, solidement étayé par une nosologie claire, ouvre la voie
de choix thérapeutiques adaptés, optimisés en fonction du contexte.
Dans l’état actuel des connaissances, il semble que la prudence
thérapeutique soit de mise. L’évolution spontanée vers la rémission des
symptômes principaux (malgré une aggravation structurelle), la
faiblesse et l’inconstance des résultats des thérapeutiques invasives
La théorie selon laquelle les anomalies du complexe condylodiscal (occlusales ou chirurgicales) conduisent à limiter les interventions
aboutiraient inéluctablement à l’arthrose des ATM est abandonnée, thérapeutiques irréversibles.
pour laisser place à cette nouvelle étiopathogénie. Nos thérapeutiques doivent contrôler les phases aiguës sources de
On distingue : douleur et favoriser l’adaptation tissulaire (articulaire et musculaire) à
long terme.
– l’arthrose primaire, idiopathique, sans cause répertoriée ;
En cas de besoins de traitement odontologique, l’optimisation des
– l’arthrose secondaire, consécutive à un trauma, une infection, une fonctions occlusales doit être considérée comme un facteur favorable
maladie systémique ou une anomalie du complexe condylodiscal. supplémentaire.

14
Odontologie Dysfonctionnements de l’appareil manducateur 23-435-E-20

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