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La prise en charge de

l’halitose
Pr EL HOUARI Bouchra
Département de parodontologie Casablanca
bouchraelhouari27@gmail.com
1. Qu’est ce que l’halitose ?

2. Quelles sont les causes de l’halitose?

3. Comment prendre en charge l’halitose ?


Définition de l’halitose
Qu’est-ce que l’halitose ?

■ L’halitose ou « Halitosis » est un terme médical


proposé pour la première fois en 1921 afin de décrire
la mauvaise haleine ou l’odeur désagréable et
offensive en provenance de la cavité buccale.
Prévalence de l’halitose
■ La prévalence de l’halitose est relativement élevée et
varie selon les pays.

– En Italie, une étude transversale (Aimetti ,2015) a montré que


la prévalence de l’halitose est de 53,5% .
– Une autre étude épidémiologique a objectivé que 32% des
individus suisses rapportent une halitose (Bornstein, 2009)
– En France 50 à 60% des individus souffrent d’une halitose
chronique (Menningaud ,1999).
L’halitose constitue un problème majeur et un motif de
consultation assez fréquent puisqu’elle se voit à
l’origine d’une gêne relationnelle et affecte ainsi la
communication et l’intégration sociale.
Aspect étiopathogénique
Aspect étiopathogénique de l’halitose

!!! La mauvaise haleine n’est pas pathognomonique


d’une situation clinique précise, c’est seulement un
signe fonctionnel qui peut s’ajouter aux critères
cliniques caractéristiques.
Aspect étiopathogénique de l’halitose

Il existe des halitoses « vraies », identifiables et


mesurables et des pseudo-halitoses ou halitophobies,
situations où aucune mauvaise haleine n’est
objectivement détectable.

Parmi, les halitoses « vraies » se distinguent:


• Les halitoses d’origine buccale
• Les halitoses d’origine extra buccale.
Aspect étiopathogénique de l’halitose

L’ halitose « vraies » est réellement ressentie par


le praticien et l’entourage du patient.


L’ halitoses psycho-somatique
Les halitoses d’origine buccale

80-90 % des cas sont d’origine buccale


?
Les halitoses d’origine buccale

L’accumulation des dépôts bactériens

Libération de composés sulfurés


volatils malodorants (CSV)
Il s’agit principalement du sulfure d’hydrogène, du
méthyl mercaptan et de diamines qui sont produits par
de nombreuses bactéries surtout à Gram-anaérobies qui
hydrolysent des protéines en acides aminés présentant
des groupements soufrés.

Les protéines soumises à ces processus


métaboliques proviennent des débris alimentaires,
des cellules épithéliales desquamées, du sang, de
la salive et du fluide gingival.
Les halitoses d’origine buccale
Les principales situations cliniques pouvant induire l’halitose
sont les suivantes:

- Les maladies parodontales


- L’enduit lingual: à l’origine de 30-36 % des halitoses d’origine buccale
- La période postopératoire
- L’hyposialie
- L’ulcération ou la nécrose des muqueuses buccales ou de l’os
- Les caries
- L’ absence de point de contact favorisant le bourrage alimentaire
- Les prothèses anciennes et défectueuses
- Le tabagisme: haleine caractéristique du fumeur
Les halitoses d’origine non buccale
üLes habitudes alimentaires:
- L’alcool provoque une odeur d’aldéhyde
- L’ ail libère des substances odoriférantes 30 minutes après
l’ingestion et qui peuvent être ressenties pendant 72 h !
üUn jeûne prolongé donne également mauvaise haleine à cause du
métabolisme des protéines, des graisses et de la baisse du flux
salivaire.
üLes médicaments par exhalation de métabolites malodorants ou
action négative sur la production salivaire (anticholinergiques,
antiparkisoniens, andidépresseurs, neuroleptiques…).
Les halitoses d’origine non buccale
üLes pathologies suivantes peuvent induire une mauvaise haleine :
- Les infections de la sphère ORL : amygdalite chronique, sinusite
chronique (l’écoulement postérieur enrichie l’enduit lingual)...
- Les pathologies gastro-intestinales : une gastrite peut entraîner la
formation de gaz et être à l’origine d’un reflux acide,
- Les pathologies hépatiques (odeur de terre argileuse),
- L’insuffisance rénale induit une haleine urémique (odeur
poisson/urine) due à une accumulation de produits
métaboliques dans l’organisme,
- Les maladies générales tel que le diabète non équilibré avec
hypoglycémie (l’haleine chargée d’acétone provoque une odeur de
fruits en fermentation),
Aspect étiopathogénique de l’halitose

L’ halitose « vraies » est réellement ressentie par


le praticien et l’entourage du patient.


L’ halitoses psycho-somatique
L’halitose d’origine psychosomatique

= Pseudohalitose ou halitophobie

ü L’hallucination olfactive est le principal diagnostic différentiel de


l’halitose « vraie »
ü Dans ce cas, soit il est possible de rassurer le patient en lui
donnant des conseils d’hygiène buccodentaire et nutritionnel,
ü Ou encore, le patient est obsédé et doit être dirigé vers un
psychologue ou un psychiatre
La démarche diagnostique
La démarche diagnostique

üLe test organoleptique est simple et accessible à tous les praticiens.


üIl permet d’évaluer la présence et le degré d’halitose du patient.
üLe praticien doit se placer à différentes distances de celui-ci et lui
demander de prononcer la lettre « A ».
üUne odeur plus ou moins déplaisante peut ainsi être détectée.
La démarche diagnostique

OralChroma® : Halimeter®:
pour l’identification pour la quantification des
composés malodorants.
L’entretien médical est essentiel :
- Anamnèse médicale : pathologies générales, antécédents médicaux et
chirurgicaux, prise de médicaments
- Tabagisme, consommation excessive d’alcool
- Les habitudes alimentaires : l’instauration d’un régime amaigrissant
déséquilibré riche en protéines
- Les habitudes d’hygiène (le nombre de brossages, l’hygiène inter-
dentaire)
- Les circonstances d’apparition de l’halitose (la mauvaise haleine du
matin est considérée comme physiologique), le mode d’évolution
intermittent ou continu
- Si l’halitose est ressentie par un proche et se manifeste bouche ouverte
(origine buccale) ou bouche fermée (origine non buccale).
L’examen clinique intrabuccal vient compléter l’entretien
clinique et permet de rechercher:

üPathologies dentaires (tout ce qui provoque une rétention de


plaque : caries, couronnes et soins débordants, absence de point
de contact, dents nécrosées…),
üLésions parodontales : gingivite et/ou parodontite, lésions
muqueuses associées,
üUne ostéite,
üUne langue chargée, noire, villeuse…,
üDes signes évocateurs d’une sécheresse buccale,
üDes prothèses insuffisamment entretenues.
Prise en charge de l’halitose
Prise en charge de l’halitose

Le traitement de l’halitose d’origine intra-orale est


étiologique, il est axé sur les bactéries causales,
leurs substrats et l’expression des composés
sulfurés volatiles.
Prise en charge de l’halitose
Elle combine des approches mécaniques et chimiques à savoir:
- La réduction mécanique des micro-organismes et de leurs
substrats ;
- La réduction chimique de la charge bactérienne ;
- La réduction de l’expression des composés sulfurés volatiles et
leur conversion en non volatiles;
- La dissimulation ou le « masquage » de l’halitose qui demeure
une approche palliative et non pas thérapeutique.
La réduction mécanique des micro-
organismes et de leurs substrats

Le praticien accompagne son patient dans


l’apprentissage d’une hygiène optimale.

ü Brossage dentaire efficace


ü Hygiène interdentaire
ü Brossage de la langue
ü Brossage des prothèses amovibles
ü Le brossage du soir est très important pour éviter l’halitose du matin
L’hygiène inter-dentaire :

40% de la surface des dents ne


peut être atteinte et nettoyée par
une brosse à dents
L’hygiène de la langue :

Le brossage des dents associé un nettoyage de la langue permet une réduction


de 73% du taux des composés sulfurés volatiles comparé au brossage des
dents seul qui a abouti à une réduction de 30% de ces composés
La réduction mécanique des micro-
organismes et de leurs substrats
Réalisation des soins nécessaires:
- Traitement des maladies parodontales : peut réduire l’halitose de 90 %
- Traitements des caries
- Réfection des prothèses défectueuses favorisant la rétention de la plaque
dentaire
- En cas d’hyposialie, le praticien peut prescrire un substitut salivaire en spray
(Syaline®, Artisial®, Aequasyal®) ou en gel (Oral balance®, BioXtra®) voire un
sialogogue (teinture de Jaborandi).

Si malgré tous ces traitements l’halitose persiste, une


origine extra-buccale peut être envisagée.
La réduction chimique de la charge bactérienne

L’approche chimique du traitement de l’halitose a pour but de


réduire la charge microbienne et d’inhiber le processus de
formation de l’halitose, elle fait donc appel à des agents actifs
antibactériens et antioxydants utilisés principalement en forme
de bain de bouche

üLa chlorhexidine +++


üLe triclosan +
üLe chlorure de cétylperidinium +++
üLes huiles essentiels +
üLe peroxyde d’hydrogène +
La réduction chimique de la charge bactérienne

ü La combinaison du cétylperidinium et du zinc présente la meilleure efficacité dans


le traitement de l’halitose.

ü Le fluorure d’amine / fluorure stanneux comme composant des pâtes dentifrices,


est efficace dans le traitement de l’halitose, surtout si on y adjoint du Zinc.

ü Quant au rinçage avec du peroxyde d’hydrogène à 3% , il entraine une réduction de


± 90% du taux des composés sulfurés volatiles et qui persiste pendant 8 heures.
Cependant des effets secondaires tels que les ulcérations orales et l’effet
carcinogénique potentiel du peroxyde d’hydrogène limitent son utilisation.
La conversion des composés sulfurés
volatiles en non volatiles

Cette approche fait appel aux sels métalliques qui sont des agents
actifs capturant et neutralisant des composés sulfurés volatiles.
ü Le zinc reste l’ion métallique le plus utilisé aussi bien en bain de bouche, en pâte
dentifrice qu’en gomme à mâcher. L’ion Zn++ fixe doublement les radicaux soufrés
chargés négativement et réduit de ce fait leur expression.
ü Le rinçage avec des solutions à base de chlorure de zinc est à l’origine d’une
réduction d’environ 80% du taux des composés sulfurés volatiles.
ü Comparé aux autres ions métalliques, le zinc est relativement non toxique, a un
effet non cumulatif et n’entraine pas des colorations visibles, de même que le zinc
semble agir en synergie avec la Chlorhexidine tout comme le Chlorure de
Cétylpéridinium.

Exemple : Halita® à base de 0,05% de Chlorhexidine, 0,05% de Chlorure de


Cétylperidinium et 0,14% de Lactate de Zinc est la plus efficace en terme de réduction
du taux des composés sulfurés volatiles qu’une Chlorhexidine à 0,2 %.
La dissimulation ou le « masquage » de l’halitose

ü Les agents masquant sont fréquemment utilisés pour couvrir


ou masquer l’halitose en raison de leur effet instantané et leur
accessibilité commerciale.
ü En forme de bains de bouche mais préférentiellement des
gommes à mâcher et des pastilles à sucer, ces produits sont à
base d’agents aromatisants comme la menthe et ne
contiennent aucun agent antibactérien.
Traitements préventifs de l’halitose d’origine buccale

Plusieurs conseils peuvent être délivrés au patient:

ü Maintien d’une technique d’hygiène orale efficace


ü Entretien des prothèses amovibles au long cours
ü Brossage de la langue intermittant
ü Deux consultations dentaires/an
ü Apport en eau réparti dans la journée, au moins 1,5 l/jour
ü Sevrage tabagique
ü Réduction de la consommation de café
ü Réduction importante de la consommation d’alcool
ü Éviter de consommer des aliments difficilement digérables
ü Prendre 3 repas équilibrés
Conclusion
La prise en charge de l’halitose intrabuccale repose
essentiellement sur la détermination de l’étiologie,
la mise en place de toutes les mesures précitées et
de redonner confiance au patient.

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