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SENSIBILITÉ ET HYPERESTHÉSIE DENTINAIRE

DR OUARET.S; Maître assistante en OC/E


Introduction
• Parmi les douleurs dentaires les plus intenses, il y a celle
associée à l’hypersensibilité dentinaire.

• Cette affection relativement bénigne constitue une véritable


gène quotidienne pour les patients.

• L’explication appropriée de sa nature, de ses mécanismes et


ses voies de transmission révèle un grand intérêt à
l’égard du phénomène d’hypersensibilité dentinaire. 2
1. Définition
• L’hypersensibilité dentinaire a été définie comme une « douleur
brève, vive et aigue qui est ressentie au niveau de la dentine
exposée, généralement en réaction a des stimuli thermiques,
tactiles, osmotiques ou chimiques et qui ne peut être attribuée à
aucune autre forme d’anomalie ou de pathologie dentaire »

• Elle peut aussi être définie comme une réponse exagérée a des
stimuli qui, sur une dent saine, ne provoquent pas de douleur.
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2.Epidémiologie
• Selon GRAF et GALASSE :

⮚ Les femmes étant plus touchées que les hommes, ce syndrome affecte 10 à 20% de la
population adulte, environ une personne sur sept

⮚ La majorité des sujets atteints ont entre 20 et 50 ans avec un pic entre 30 et 40 ans.

⮚ Les canines et les premières prémolaires sont les dents les plus fréquemment touchées,
suivies par les incisives et les secondes prémolaires et enfin les molaires. Les régions
cervicales des faces vestibulaires sont à 93% le siège préférentiel de cette affection ; le
côté gauche étant plus atteint du fait que le brossage soit plus appuyer de ce côté,
chez les patients droitiers.
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3. Etiologies
• L’hypersensibilité dentinaire se produit sous l’action de divers stimuli, qui sont des facteurs
déclenchant. Cependant, cette affection n’a lieu qu’après association de deux phénomènes, à savoir la
mise à nue de la dentine et ouverture des tubuli dentinaires et leur communication avec la cavité
buccale ; provoquant une perméabilité dentinaire accrue.

• Cette dernière est conditionnée par deux facteurs le nombre de canalicules ouverts et leurs diamètre.

• Certains auteurs (ABSI et Coll) rapportent que le nombre des canalicules par unité de surface au
niveau des zones dentinaire des dents hypersensibles est huit fois plus important que celui des
zones dentinaires des dents non sensibles. De plus le diamètre de ces canalicules serait deux fois plus
important que celui des dents non sensibles .

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3.1.facteurs prédisposants

⮚ Exposition de la dentine: soit au niveau ou au niveau radiculaire qui fait suite à:

❖ Une abrasion dentaire ;

❖ Une érosion dentaire ;

❖ Une attrition dentaire ;

❖ Une récession gingivale.

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3.2.facteurs déclenchants

❖ Le stimuli thermique ;

❖ Le stimuli mécanique

❖ Le stimuli chimique, bacteriens ou osmotiques

o Selon ORCHARDSON et COLLINS le froid serait responsable de cette hypersensibilité à


74%, le stimuli mécaniques à 10%, chimiques à 06%, et enfin, osmotiques à 04% .

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4. LA PERCEPTION DOULOUREUSE
⮚ Les récepteurs pulpodentinaires :

• La douleur déclenchée après activation des fibres nerveuses pulpaires caractérisées par un seuil
d’excitabilité assez élevé, ne peut être obtenue que par des stimulations thermiques intenses ou des
stimulations chimiques nécessitant un contact direct entre la substance chimique et la fibre nerveuse.

• Cette douleur est de type Dull pain, elle traduit une douleur intense, irradiante et persistante,
associée à une libération in situ de différents médiateurs algogènes à l’origine d’une inflammation
pulpaire.

• L’activation des fibres nerveuses présentes dans la dentine se traduit par une douleur de type Sharp
pain bien localisée, de courte durée et qui cesse à l’arrêt du stimulus.

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5. Les Théories de la perception douloureuse :

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5.1. La théorie de la conduction nerveuse

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5.2. La théorie hydrodynamique(BRANNSTRÖM )

Fluide dentinaire

Douleur

Stimulus Fibre nerveuse

Odontoblastes

Stimulation de la fibre nerveuse


Mouvement du fluide dentinaire

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5.3. La théorie de la transduction(TOMES)

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6. Mecanisme physiopathologique

• ADDY 2002 : la théorie hydrodynamique de


BRANSTROM est la plus fréquemment acceptée à ce
jour qui permet d’expliquer le phénomène
d’hypersensibilité dentinaire

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Thérapeutique de l’hypersensibilité dentinaire
Traitement préventif ou étiologique (de base)

• La prévention doit avoir pour objectif la réduction des risques des facteurs étiologiques de
l’hypersensibilité dentinaire.

• Des conseils réguliers en matière de brossage des dents et d’utilisation de produits


d’hygiène bucco-dentaire doivent être prodigués.

• Un traitement parodontal doit être envisagé, si nécessaire

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• Les patients doivent être encouragés à limiter la fréquence de consommation de
boissons sucrées acides

• Un bilan alimentaire sur trois jours non consécutifs doit être établi et consigné dans
le dossier médical en cas de suspicion d’érosion extrinsèque.

• Le port de gouttières pendant la nuit peut être envisagé pour limiter l’usure due à
des habitudes fonctionnelles

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Traitement symptomatique

⮚ Mécanismes d’action des agents désensibilisants :

• dénaturation des terminaisons nerveuses.

• Formation de dentine tertiaire.

• Dépôts de précipités plus ou moins insolubles (sels organiques)

• Inhibition de l’inflammation à l’intérieur de la pulpe.

• Occlusion de tubuli.
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• GROSSMAN (1935) a défini les critères auxquels doit répondre un agent
thérapeutique idéal de l’hypersensibilité dentinaire :

• il ne doit pas être irritant pour la pulpe, les tissus mous et le ligament parodontal.

• son application doit être aisée et indolore ;

• son action doit être rapide et durable ;

• enfin, il ne doit pas provoquer une coloration de la dent.

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Traitement symptomatique

Agents chimiques Agents physiques

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4.3.1.Traitement symptomatique à action chimique

• Le mécanisme pour la désensibilisation des dents peut être un blocage du flux


nerveux à partir des fibres nerveuses pulpaires, ou une réduction du mouvement du
liquide intra tubulaire, ou les deux à la fois.

• Plusieurs produits chimiques sont proposés, les plus utilisés sont:

• les produits à action anti-inflammatoire ;

• les produits à action caustique ;

• les produits à action minéralisante ;

• les produits à action neutralisante.


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⮚ Les agents chimiques à action anti-inflammatoire

• L’application topique de corticoïdes qui semblait présenter auparavant une arme


contre l’hypersensibilité dentinaire ne paraît pas aujourd’hui être réellement efficace.

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⮚ Les agents chimiques à action caustique

• L’action caustique provoque une coagulation dans le composant proteïnique des


prolongements odontoblastique et du fluide dentinaire intratubulaire.

• Cette coagulation va obturer le tubuli dentinaire. Plusieurs produits à action


caustique ont été proscrits tel que le nitrate d’argent qui provoque des colorations
dentaires et une irritation pulpaire, ou encore le chlorure de zinc abandonné
également en raison du préjudice vital qu’il engendre.

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• On retrouve également le Glutaraldehyde, employé pour ses caractères
désinfectant, bactéricide et caustique sur les protéines du fluide dentinaire formant
un bouchon à l’intérieur du canalicule dentinaire.

• Le formaldéhyde quant à lui, semble être le seul produit à action caustique


présentant une certaine efficacité avec un minimum d’effets indésirables.

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⮚ Les agents chimiques à action minéralisante

• Ces produits vont provoquer une déminéralisation de la trame minérale de la


dentine, libérant les ions calcium. Ces derniers vont interagir avec des anions en
solution provenant de ces produits pour former des cristaux de sels à l’intérieur des
tubules.

• Le but de cette thérapeutique est d’obtenir une diminution voire la fermeture du


canalicule par sclérose dentinaire.

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• Les principaux composants a base de fluor sont le fluorure d’étain (SnF), le fluorure
d’amines (AmF), le monofluorophosphate de sodium (NaMFP) et le fluorure de
sodium (NaF).

• D’un point de vue général, l’effet des fluorures en application topique sur la surface
dentinaire se caractérise par la précipitation de CaF2 qui se dépose dans les
régions péri- et intra tubulaires de la dentine. Ce faisant, le dépôt de sels de fluorure
de calcium entraine une réduction du diamètre des tubuli et par conséquent une
diminution de la sensibilité dentinaire. La réaction chimique est influencée par le pH

• Un autre effet des fluorures est la formation de fluoroapatite

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•  Le Fluorure de sodium (Na2F) : L’application de ce produit sur la dentine
permet la formation de dépôts sphériques de fluorure de calcium (CaF). En effet, le
faible PH de cet agent contribue à relarguer les ions Calcium dentinaire ; ces
derniers vont réagir avec les ions fluorures et assurer ainsi l’occlusion des
canalicules dentinaires.

• La solution de fluorure de sodium la plus utilisée est le Tubulicid Red Label (Dental
therapeutics AB).C’est une solution de Na2F à 1%, à laquelle est adjointe un
Chélatant (EDTA) ayant une action déminéralisante et un antiseptique (Chlorure de
Benzalkonium). Ce produit permet une diminution de la perméabilité dentinaire de
20%.
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✔ Le Fluorure de sodium (Na2F) : L’application de ce produit sur la dentine permet
la formation de dépôts sphériques de fluorure de calcium (CaF). En effet, le faible
PH de cet agent contribue à relarguer les ions Calcium dentinaire ; ces derniers vont
réagir avec les ions fluorures et assurer ainsi l’occlusion des canalicules dentinaires.

• La solution de fluorure de sodium la plus utilisée est le Tubulicid Red Label (Dental
therapeutics AB).C’est une solution de Na2F à 1%, à laquelle est adjointe un
Chélatant (EDTA) ayant une action déminéralisante et un antiseptique . Ce produit
permet une diminution de la perméabilité dentinaire de 20%.

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✔ Le Fluorure d’étain: Son application en gel permet de recouvrir les orifices des
canalicules dentinaires mis à nu en formant une couche dense de particules
globulaires.

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✔ Les solutions d’oxalates

• Leur mécanisme repose sur la formation de cristaux insolubles d’oxalates de


calcium, oblitérant les orifices des tubuli dentinaires.

• L’oxalate de sodium est considéré comme étant le plus performant des solutions
d’oxalates

✔ L’hydroxyde de calcium

• Son application doit être renouvelée fréquemment car sa persistance sur les
surfaces dentaire est assez courte.
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✔ Le chlorure de strontium

• Son mécanisme d’action désensibilisante s’expliquerait par une substitution du


calcium intracristallin de l’hydroxyapatite, créant ainsi une apatite de strontium et de
calcium et favorisant une minéralisation des canalicules dentinaires.

✔ Le citrate de sodium

• Cet agent permet de diminuer l’hypersensibilité thermique et tactile après une durée
d’utilisation de huit semaines.

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⮚ Les agents chimiques à action neutralisante

✔ Le nitrate et chlorure de potassium

• Parmi les agents neutralisants utilisés pour la désensibilisation des fibres


nerveuses, le Nitrate de Potassium et le chlorure de potassium sont les plus utilisés.

• Son mécanisme d’action repose sur le blocage de la réponse nerveuse


intradentinaire par altération de l’excitabilité des terminaisons nerveuses.

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• L’application de nitrate de potassium sur la dentine entraine une augmentation de la
concentration en ions K+ à l’intérieur des tubuli dentinaires.

• Cette concentration en ions potassium extracellulaire provoque la dépolarisation des


fibres nerveuses et une activation intense de celles-ci durant un bref laps de temps;
par la suite, cette phase de surexcitation est suivie par une phase prolongée de
désactivation des fibres nerveuses (MARKOWITZ 1992). Ce qui implique la
réduction des symptômes douloureux de l’hypersensibilité dentinaire.

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• En pratique quotidienne, l’utilisation appropriée de gels au moyen de gouttières ou
de dentifrice désensibilisant à base de Nitrate de Potassium deux fois par jour
pendant 3 à 5 semaines semble être très efficace.

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4.3.2.Traitement symptomatique à action physique

⮚ Les vernis

• Dans le cas d’une hypersensibilité dentinaire, leur application sur le collet sensible permet
d’obturer les canalicules dentinaires ouverts. Ce sont des solutions de résine naturelle (Copal
Colophane) ou synthétique (Polystyrène) dans des solvants organiques (chloroforme,
acétone, alcool).

• Après application du vernis sur la surface dentinaire, le solvant s’évapore laissant un mince
film de résine obturant les tubuli dentinaires.

• L’action du vernis a été améliorée par l’adjonction de fluor. Ce dernier permet en effet le
dépôt de minéraux favorisant l’obturation des tubuli et une meilleure pénétration du vernis
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dans ces orifices.
⮚ Les adhésifs

Leur emploi est recommandé lorsque l’hypersensibilité dentinaire n’est pas associée à
une perte de substance. Leur principe repose sur l’application d’un système adhésif
amélo dentinaire sur la surface dentinaire exposée.

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4.3.3.Obturation adhésive par résine composite et verres ionomères
▪ L’obturation adhésive est impliquée chaque fois que l’hypersensibilité dentinaire est
due à une perte de substance assez importante.

▪ On privilégie les ciments aux verres ionomères libérant des fluorures lorsqu’il existe
un risque carieux associé, alors que les résines composites seraient plutôt
indiquées lorsque les performances esthétiques et mécaniques doivent être mises
en avant.

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4.3.4.La chirurgie mucogingivale
▪ Pour évoquer le recouvrement chirurgical des zones de la dentine radiculaire
exposée.Plusieurs techniques chirurgicales ont été proposées pour corriger les
défauts mucogingivaux responsables de la dénudation radiculaire

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4.3.5.La thérapie laser
▪ A un effet analgésique immédiat et tardif Basée sur son action physique de
photobiomodulation, la thérapie laser permet une oblitération des tubuli dentinaires
tout en préservant l’intégrité du complexe pulpodentinaire.

▪ Deux types de laser trouvent largement leur indication thérapeutique dans le


traitement de l’hypersensibilité dentinaire : le laser ayant une longueur d’onde rouge
de 660 nm et le laser dont la longueur d’onde est infrarouge de 830 nm.

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4.3.6.Ionophoreses de NAF
Le procéder consiste à faire pénètre des ions à l’intérieur du tissu dentaire sou l’effet
d’un potentiel électrique

- Le fluor de sodium à 2% est le plus utiliser pour cette technique.

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Conclusion

• L’hyperesthésie dentinaire est une affection bénigne mais néanmoins


fréquente qui touche un nombre non négligeable de patient.

• Elle doit devenir une préoccupation grandissante pour les cliniciens


En premier lieu, car elle est une source d’inconfort notoire pour le
patient.

• En second lieu, car les premiers symptômes d’hypersensibilité sont le


siège précoce de l’initiation d’une lésion cervicale d’usure nécessitant la
mise en place d’une planification préventive. 39

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