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Mme BENMBAREK SES

Synthèse de fin de chapitre

Chapitre n°3 : Comment est structurée la société française ?

Qu’est-ce qu’une inégalité ?

Les inégalités sont des différences entre individus qui impliquent une hiérarchisation sociale
c'est-à-dire qu’on va les classer les uns par rapport aux autres en fonction de leur possession
ou non des ressources.

I. Quels sont les facteurs qui structurent et hiérarchisent l’espace social ?

Premièrement il existe des facteurs socio-économiques.

 Dès 1954, l’INSEE a essayé de structurer la société grâce aux PCS (professions et
catégories socioprofessionnelles). Il existe 8 groupes (6 actifs et 2 inactifs) construits
à partir de critères comme la profession, le statut, la qualification, le secteur
d’activité…
 De plus, le revenu est également un autre critère socio-économique qui permet de
structurer et hiérarchiser la société. D’autant plus que le revenu est une ressource
essentielle dans notre société et que les inégalités de revenus sont à l’origine d’autres
inégalités économiques (notamment de patrimoine) et des inégalités sociales (diplôme,
logement, santé...) Les inégalités sont en effet cumulatives.
 Le dernier facteur socio-économique est le niveau de diplôme. En effet le niveau de
diplôme conditionne l’accès à de nombreuses ressources valorisées dans notre société :
l’accès à l’emploi, la stabilité de l’emploi et le revenu.

Ensuite il existe d’autres facteurs sociaux qui hiérarchisent la société française actuelle.

 En effet, nous pouvons affirmer qu’être un homme est plus enviable qu’une femme si
l’on observe les inégalités économiques mais également sociales entre les sexes.
 De plus, selon la position dans le cycle de vie (nous pouvons mettre en évidence des
inégalités de patrimoine comme cela a été théorisé dans la théorie du cycle de vie de F.
Modigliani. Mais la position dans le cycle de vie permet aussi d’expliquer des
différences de pratiques culturelles (utilisation d’internet, visite des musées, sport…)

Enfin, il existe d’autres facteurs pouvant rendre compte de la structure sociale et qui
hiérarchisent la population.

 Nous pouvons voir l’exemple de la composition des ménages. D’un point de vue
économique, il est en effet plus enviable d’être un couple sans enfant qu’une famille
monoparentale car on a moins de chance d’être sous le seuil de pauvreté et de
connaitre des difficultés de logement et des restrictions de consommation.
 De plus, selon notre lieu de résidence nous n’aurons pas accès de la même manière à
certains équipement et à certaines ressources économiques comme l’accès à l’emploi.
 D’autres facteurs peuvent également être mobilisés comme l’origine ethnique ou les
situations de handicap.

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II. Comment a évolué la structure socioprofessionnelle en France depuis 1950 ?

Nous pouvons également nous intéresser plus particulièrement à l’évolution de la structure


socioprofessionnelle en montrant les 4 grandes évolutions qu’à connu l’emploi depuis 1950.

 Premièrement, depuis 1950, nous assistons au processus de salarisation. En effet le


statut de salarié, qui est un individu qui travaille, dans le cadre d’un contrat, pour un
employeur en échange d’un salaire est aujourd’hui dominant et concerne environ 90%
des actifs en France.
o La salarisation de l’économie s’explique par le recul du travail indépendant
et plus particulièrement le recul des exploitants agricoles, des artisans
indépendants et des commerçants indépendants.
 Deuxièmement, nous assistons au phénomène de tertiarisation de l’économie. Depuis
1950, le secteur primaire et le secteur secondaire sont en déclin alors que le secteur
tertiaire est en expansion. Ainsi le secteur tertiaire concerne environ 77% des emplois.
o Cette tertiarisation s’explique par deux éléments : la hausse des gains de
productivité en lien avec la théorie du déversement d’Alfred Sauvy et la
transformation de la demande qui se tourne davantage vers les services ( on
a donc davantage besoin de main d’œuvre dans les services d’autant plus que
certains ne sont automatisables comme l’aide à la personne)
o Il existe d’autres explications comme l’essor des délocalisations et de la sous-
traitance.
 Troisièmement nous pouvons remarquer l’élévation du niveau de qualification.
o Cette hausse de la qualification peut s’expliquer par la thèse du progrès
technique biaisé. En effet, le progrès technique est complémentaire aux
activités individuelles et ces dernières sont en expansion. Il faut donc de la
main d’œuvre qualifiée pour y répondre, cela explique la hausse des emplois
de cadre, de professions intermédiaires et d’ouvriers qualifiés.
 Enfin la quatrième et dernière évolution concerne la féminisation des emplois. Si les
femmes ont toujours travaillé, elles ont été longtemps invisibles dans les statistiques.
Mais depuis 1950, nous assistons au phénomène de féminisation avec une
augmentation de la part des emplois occupés par des femmes dans la population
active.
o Cette féminisation s’explique en partie par la salarisation, car une partie des
emplois des femmes auparavant invisible sont désormais pris en compte dans
la sphère marchande et sont organisés par des contrats de travail dans le cadre
du salariat et du droit du travail (domestique qui devient aide domestique). On
assiste alors à un meilleur recensement et donc in fine à une féminisation des
emplois.
o Cette féminisation s’explique également par la tertiarisation de l’économie.
En effet, les femmes ayant davantage occupé des emplois de services ont tiré
un grand bénéfice de l’augmentation des services ce qui a permis d’accentuer
la féminisation des emplois.
o Néanmoins cette féminisation est à nuancer.

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III. Quelles sont les théories des classes sociales et de la stratification sociale ?

La stratification sociale désigne le fait que toute société est composée de groupes sociaux et
hiérarchisés. En France, la stratification sociale a longtemps étudiés sous l’angle des classes
sociales.

Premièrement nous pouvons évoquer l’analyse de K. Marx (1818-1883).

 Il présente deux classes sociales dans le mode de production capitaliste : la


bourgeoisie (les capitalistes) et le prolétariat (les ouvriers).
o La distinction entre les deux se faut par rapport à la place dans le processus
de production ; soit on produit en possédant les moyens de production soit on
produit en vendant sa force de travail.
 Il montre qu’il existe une exploitation avec des bourgeois qui accaparent la plus-
value alors source de profit.
o Ces deux classes sont alors en conflits car elles ont des intérêts divergents :
accentuer l’exploitation pour augmenter son profit ou avoir de meilleures
conditions de travail (plus de salaire).
 Chez K. Marx, la conscience de classe est importante et c’est ce qui permet de passer
d’une classe en soi à une classe pour soi. Une véritable classe sociale est une classe
en soi qui a réussi à faire émerger une conscience collective et à devenir une classe
pour soi qui peut alors défendre ses intérêts communs.

Ensuite, nous pouvons voir l’analyse de M. Weber (1864-1920).

 M. Weber n’a pas une vision purement économique de la stratification sociale.


o En effet, il montre que la stratification sociale s’articule autour de 3 ordres :
l’ordre économique autour de la situation de classe (probabilité d’accès aux
biens) qui permet de mettre en évidence des classes sociales, l’ordre social
autour de la notion de prestige qui permet de mettre en évidence des groupes
de statut et enfin l’ordre politique avec les partis politiques fondés autour de
la notion de pouvoir.
 Ainsi contrairement à K. Marx, Weber a une approche multidimensionnelle de la
stratification sociale, il a vision nominaliste et non réaliste des classes sociales, il a une
approche plus large des classes sociales et il a une vision non conflictuelle (pas
forcément de conscience de classe ni de conflit).

Enfin, P. Bourdieu (1930-2002) a proposé une analyse des classes sociales qui est une
tentative de synthèse entre les visions de K. Marx et de M. Weber.

 Il classe les individus en fonction de leur capital culturel et économique.


o Il emprunte donc une vision multidimensionnelle et non purement économique
comme M. Weber.
 P. Bourdieu s’inscrit également dans le prolongement de K. Marx lorsqu’il parle de
classe réelle et classe virtuelle.

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En conclusion, ces 3 auteurs ont forgé la notion de classe sociale. On peut donc donner une
définition synthétique de la notion de classe sociale : groupe social dont les membres
partagent des positions similaires dans le processus production et qui ont des conditions de
vie, des comportements et des valeurs proches.

IV. Peut-on encore parler de classe sociale aujourd’hui ?

La notion de classe sociale a été une notion fondamentale lors de l’étude de la stratification
sociale française. Cependant cette notion est-elle toujours pertinente ? Les classes sociales
existent-elles toujours en France ?

Premièrement nous pouvons démontrer que la notion de classe sociale ne semble plus être
pertinente pour décrire la société française.

 En effet, pendant les Trente glorieuses, la France a traversé ce que H. Mendras


appelle la moyennisation.
o Il montre que les distances inter-classes se sont réduites et qu’une vaste
classe moyenne a émergée. On ne retrouve alors plus deux grandes classes
sociales distinctes.
o Cela s’explique par la baisse des inégalités, la transformation de l’emploi
(féminisation, tertiarisation), l’homogénéisation des modes de vie, la
massification scolaire.
 De plus l’identification subjective à un groupe social est en baisse.
o En effet le sentiment d’appartenance aux classes sociales est en baisse, et les
individus s’identifient de plus en plus à la classe moyenne.
 Enfin, on assiste au phénomène d’individualisation avec des individus qui ne se
définissent plus uniquement par rapport à leur classe sociale mais ils vont se détacher
de leur appartenance pour se construire en fonction de plusieurs critères comme l’âge,
le sexe, l’origine ethnique…
o De nouvelles inégalités plus uniquement liées aux classes sociales se
développent ce qui provoque une hausse des distances intra-classe

Deuxièmement, nous pouvons montrer que la notion de classe sociale reste cependant un outil
incontournable pour analyser la société française

 En effet, les distances inter-classes continuent d’exister. On a encore des inégalités


en France qu’elles soient économiques ou sociales.
 De plus, la bourgeoise, telle qu’elle a été décrite par K. Marx, continue d’exister.
C’est une classe en soi (envolée des revenus des 1% les plus riches) mais également
une classe pour soi qui développe une grande conscience de classe de nombreuses
stratégies d’entre-soi (rallyes, ségrégation spatiale…)
 Les classes sociales restent pertinentes pour analyser la stratification sociale mais il est
nécessaire de les coupler avec d’autres formes de domination. Les rapports sociaux
de genre permettent de comprendre que les inégalités hommes femmes se superposent
avec celles entre les classes sociales. On ne peut donc pas dire qu’elles n’existent plus
mais qu’elles ont évoluées.

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