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Examen cytobactériologique

des exsudats cervico-vaginaux


DES Bio 2024

MCA Stéphane KOFFI


Introduction

• ECB exsudats cervico-vaginaux = recherche étiologique des


écoulements vaginaux
• Agents des infections sexuellement transmissibles (IST)

• Agent d’écoulement non IST (vaginites et vaginoses)

• Plusieurs agents pathogènes, bactéries, virus, parasites

• Produit biologique polymicrobien (Flore vaginale complexe)

• Nécessité de respecter les étapes prélèvement et analyse


Objectifs

• Enumérer la pathogénèse des agents des écoulements cervico-


vaginaux

• Citer les différentes étiologies des écoulements cervico-vaginaux

• Décrire le prélèvement des sécrétions cervico-vaginaux

• Décrire les étapes de l’examen cytobactériologique des exsudats


cervico-vaginaux
Rappels anatomiques
Rappels

• Rappels
• Leucorrhées physiologiques proviennent :

• Desquamation vaginale, responsable de leucorrhée laiteuse, peu


abondante, opalescente, augmentant en période prémenstruelle ;
• Glaire cervicale secrétée par les cellules cylindriques de l'endocol
qui augmente du 8e au 15e jour du cycle, translucide, cristallisant
en feuille de fougère
Rappels
Epidémiologie

• Habitat :
• Agents des IST = strictement humain  réservoir humain

• Autres agents = germes commensaux, présent dans la flore vaginale

• Transmission (IST): directe interhumaine par voie sexuelle (rapports


sexuels non protégés)

• Répartition géographique : affections cosmopolites

• Prévalence IST syndromique : 17,2% en Côte d’Ivoire


Facteurs favorisants

• 1er rapport sexuel à un âge précoce

• Rapports sexuels non protégés

• Partenaires sexuels multiples

• Populations économiquement vulnérables (bidonville, camps de


réfugiés, …)

• Professionnelles du sexe
Pouvoir pathogène

• Infections sexuellement transmissibles


• Cervicites gonococciques : Neisseria gonorrhoeae

• Cervicites non gonococciques :

• Chlamydia trachomatis

• Mycoplasmes génitaux (M. genitalium, Ureaplasma spp)

• Trichomonas vaginalis
Aspects des leucorrhées

LEUCORRHÉES SIGNES LOCAUX SIGNES ASSOCIÉS

Candida sp Blanches, caséeuses Prurit (+++++) Vulvite (++) Anite (++)

Pyogènes Purulentes Brûlures

Trichomonas Vertes, spumeuses Prurit Brûlures Odeur de moisi


Urétrite

Gardenella Peu abondantes - Odeur de poisson


pourri
Etude bactériologique

Neisseria gonorrhoeae

• Taxonomie
• Famille : Neisseriaceae
• Genre : Neisseria
• Espèce : Neisseria gonorrhoeae, Neisseiria meningitidis

• Morphologie
• Diplocoques Gram négatif en « grain de café », intra et extra-
leucocytaires
Etude bactériologique

• Caractères culturaux
• Bactérie exigeante  Gélose chocolat ou gélose Thayer Martin
modifiée (gélose chocolat + antibiotiques V.C.N.)
• Incubation 24-48h à 35°C en atmosphère normale, humide, enrichie
en 5-10% CO2 (bactérie aérobie strict)  petites colonies grisâtres

• Caractères biochimiques
• Oxydase + / Catalase +

• Glucose + / Maltose - / Saccarose -


Etude bactériologique

Chlamydia trachomatis

• Taxonomie
• Famille : Chlamydiaceae
• Genre : Chlamydia
• Espèce : Chlamydia trachomatis
• Sérotypes : D, E, F, G, H, I, J, K (syndrome d’écoulement génital)

• Morphologie
• Corps élémentaire, sans métabolisme, particule infectieuse
• Corps réticulé, activités métaboliques, forme de multiplication, intracellulaire
Etude bactériologique

• Caractères culturaux
• Non cultivable sur les milieux artificiels

• Culture sur lignées cellulaires

• Cycle de multiplication
• CE CR  CE
Etude bactériologique

Mycoplasma, Ureaplasma

• Taxonomie
• Famille : Mycoplasmataceae
• Genre : Mycoplasma, Ureaplasma
• Espèce : Mycoplasma genitalium, Ureaplasma urealyticum

• Morphologie
• Bactéries pléiomorphe, sans paroi
Etude bactériologique

• Caractères culturaux
• Bactéries exigeantes  milieux enrichies

• Culture en milieux liquides +++ ou solides

• Bactéries anaérobies facultatives

• Caractères biochimiques
• Production d’énergie à partir de:

• Glucose : M. genitalium

• Urée : U. urealyticum
• Agents des vaginoses bactériennes : Gardnerella vaginalis

• Taxonomie
• Famille : Bifidobacteriaceae
• Genre : Gardnerella
• Espèce : Gardnerella vaginalis

• Morphologie
• Cocco-bacilles à Gram variable (paroi de Gram + mais de faible
épaisseur, facilement décolorée, pouvant apparaitre Gram + ou
Gram -)
• Agents des vaginoses bactériennes : Mobiluncus sp

• Taxonomie
• Famille : Actinomycetaceae
• Genre : Mobiluncus
• Espèce : M. curtisii, M. Holmesii, M. mulieris, M. porci

• Morphologie
• Cocco-bacilles à Gram variable (paroi de Gram + mais de faible
épaisseur, facilement décolorée, pouvant apparaitre Gram + ou
Gram -)
Indications

• Plusieurs situations :
• Symptômes évocateurs = leucorrhées pathologiques

• Symptômes peu évocateurs

• Complications (infection génitale haute)

• Investigation chez un cas contact

• Echec thérapeutique

• Leucorrhées récidivantes
Conditions pré-analytiques

• Avant toute antibiothérapie

• Après abstinence sexuelle de 4h

• Pas de toilette vaginale le jour du prélèvement


Prélèvements

• Qualité des prélèvements  qualité des résultats

• Prélèvements effectués au laboratoire +++

• A défaut:
• Acheminement rapide au laboratoire : 2h

• Utilisation de milieux de transport

• Milieu de Transport Universel

• Amies avec ou sans charbon, stuart, …


Prélèvements

• Prélèvement cervico-vaginal au spéculum


• Après examen région périnéale: lésions de grattage, érythème, œdème,
vésicules, verrues, condylomes
• Examen sous spéculum: (spéculum stérile de taille adaptée et sans lubrifiant)

• Description des leucorrhées: couleur, odeur, abondance, consistance


(épaisses, fluides, crémeuses, caillebottées, spumeuses)
• Aspect du col: cervicite, aspect de glaire, ulcération, œdème, vésicules,
condylomes
• Mesure du pH vaginal
Prélèvements

• Cul-de-sac postérieur :
• Frottis à colorer au Gram

• Décharger dans du sérum physiologique pour examen à l’état frais

• Sniff-test (test à la potasse) avec une solution de KOH

• Endocol
• Après nettoyage de la glaire

• Ecouvillon abrasif (pour récupérer des cellules)

• Alginate, Dacron, sur tige fine métallique, écouvillon Bacto-Pick®


Prélèvements
Prélèvement

• Alternative : auto-prélèvement vaginal

• Seulement pour le diagnostic moléculaire

• Possibilité de diagnostic syndromique par


PCR multiplex
• N. gonorrhoeoae
• C. trachomatis
• M. genitalium
• T. vaginalis
Transport

• Les prélèvement doivent être réalisés au laboratoire


+++

• Si les prélèvements ne sont pas effectués au


laboratoire, ils doivent être transportés rapidement
(< 2h), à température ambiante, dans des milieux
de transport appropriés

• Amies avec ou sans charbon, Stuart, UTM, TGV,


Portagem, …
Interrogatoire

• Date de début

• Nature et intensité des symptômes

• Respect des conditions pré-analytiques

• Antécédents

• Traitement de la flore (fréquence des toilettes vaginales,


produits utilisés, …)
Conduite de l’analyse

• Examen macroscopique
• En salle de prélèvement +++

• Région périnéale: lésions de grattage, érythème, œdème, vésicules, verrues,


condylomes
• Cavité vaginale :

• Description des leucorrhées: couleur, odeur, abondance, consistance


(épaisses, fluides, crémeuses, caillebottées, spumeuses)
• Aspect du col: cervicite, aspect de glaire, ulcération, œdème, vésicules,
condylomes
Conduite de l’analyse

• Examen microscopique
• Examen à l’état frais
• Recherche des leucocytes (inflammation)
• Cellules épithéliales (abondance)
• Levures, filaments mycéliens
• Parasites : T. vaginalis
Conduite de l’analyse

• Examen microscopique
• Coloration de Gram
• Frottis vaginal : évaluation de la flore

• Frottis cervical: diplocoques Gram négatif en


« grain de café » intra et extra-leucocytaires
• Difficile à observer

• Nécessite un technicien exercé


Etat de la flore vaginale

Flore vaginale normale

• Présence exclusive de lactobacilles +++


Etat de la flore vaginale

Flore vaginale déséquilibrée

• Absence de lactobacilles +++

• Présence de nombreuses bactéries à Gram variable, cellules cloutées (clue-cells)


Etat de la flore vaginale

Flore vaginale déséquilibrée

• Absence de lactobacilles +++

• Présence de nombreuses bactéries à Gram négatif


Score de Nugent

• Score 0-3 : Flore normale


• Score 4-6: Flore intermédiaire
• Absence de cellules épithéliales = absence de vaginose bactérienne
• Présence de cellules épithéliales = vaginose bactérienne

• Score 7-10: Flore déséquilibrée (vaginose bactérienne)


Conduite de l’analyse

• Examen microscopique
• Coloration au Giemsa (non systématique)
• Met en évidence T. vaginalis (parasite flagelé)

• Peut retrouver des cellules à inclusion (évoquant


Chlamydia sp)
• Leucocytes

• Cellules épithéliales
Conduite de l’analyse

• Culture
• Permet de retrouver les bactéries cultivables

• Utilise des milieux sélectifs (flore polymicrobienne)

• Gélose Thayer Martin modifié et gélose sabouraud-chloramphénicol

• Autres milieux sélectifs selon le contexte (Drigalski, MacConkey, EMB, …)

• Selon la demande spécifique

• Mycoplasma : milieu liquide (PPLO), solide (A7), notion de seuil ≥104UCC/ml

• Chlamydia : culture cellulaire lignée MacCoy (laboratoire spécialisé)

• T. vaginalis : milieux Roiron, inPouch, Diamond, … (laboratoire de parasitologie)


Conduite de l’analyse

• Identification
• Aisée pour N. gonorrhoeae

• Oxydase +, Catalase +, Glucose +, Maltose -, Saccharose -

• Mycoplasma

• M. genitalium (Glucose +, Urée -, Arginine -),

• U. uréalyticum (Glucose -, Urée +, Arginine -)

• Candida albicans : test de blastèse

• Non réalisée pour C. trachomatis


Conduite de l’analyse

• Antibiogramme
• N. gonorrhoeae : résistance élevée

• diffusion gélose chocolat +++ (pas de MH) : disques


ou e-test
• dilution sur gélose chocolat +++

• Mycoplasma : dilution en bouillon (galeries commerciales)

• C. trachomatis : non réalisé en routine

• Antifongigramme (laboratoire de mycologie)


Conduite de l’analyse

• Autres méthodes
• Détection d’antigènes : C. trachomatis +++

• Immunofluorescence Directe, tests rapides +++ : Sensibilité faible

• Biologie moléculaire : PCR +++

• Bonne sensibilité

• Techniques multiplex (N. gonorrhoeae, C. trachomatis, Mycoplasma, T. vaginalis)

• Diagnostic indirect : détection d’anticorps (C. trachomatis, Mycoplasma sp)

• Interprétation difficile, IgG, IgM, IgA


Conclusion

• Pathologie fréquente

• Plus fréquente dans certaines populations clés

• Augmentation de la résistance (N. gonorrhoeae +++)

• Nécessité d’investiguer les autres agents d’IST (HIV, HBV, …)

• Nécessité de diagnostiquer les cas contacts +++ (partenaire(s)


sexuel(s) régulier(s) et occasionnel(s))
MERCI

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