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MASTER JURISTE D’AFFAIRES

« LA NULLITE DES SOCIETES »

Année universitaire : 2023/2024


Introduction
La nullité est une sanction civile de l'inobservation de l'une des conditions prescrites par la loi pour la formation du

contrat, de l'invalidité d'un acte juridique, ou d'une procédure. Soit que la cause de la nullité réside dans l'absence de

l'utilisation d'une forme précise qui est légalement imposée, soit qu'elle résulte de l'absence d'un élément

indispensable à son efficacité.

La nullité se distingue de la caducité qui sanctionne la disparition ultérieure d'un des éléments nécessaires à la survie

du contrat. En outre, cette dernière sanction n'a d'effet que pour l'avenir.

Dès l’antiquité, les différentes législations ont essayé de réglementer la notion de nullité, comme c’est le cas pour le

droit romain qui connaissait une distinction similaire entre les nullités de plein droit face aux nouveaux recours aux

nullités relatives introduits par les prêteurs sur le principe de l’équité.


Le législateur ayant voulu prendre en compte l'impératif de sécurité juridique et le fait que l'annulation d'une

société pouvait être dommageable pour les associés, et surtout pour les tiers qui ont contracté avec elle, il a

limité les cas de nullité, ainsi que, si celle-ci est prononcée, les conséquences attachées à celle-ci. Il distingue

la nullité de la société elle-même des actes et délibérations ne modifiant pas les statuts.

La nullité d'une société commerciale (et des actes modifiant les statuts) ne peut résulter que de la violation

d'une disposition expresse du livre II du code de commerce ou d'une disposition qui régit la nullité des contrats.

La nullité des sociétés est un sujet qui revet une importance capitale dans le domaine juridique dans la mesure

où il permet de garantir le respect des règles et des obligations légales qui régissent les sociétés. Ainsi elle

peut avoir des conséquences significatives sur les droits et les obligations des parties prenantes.

Vu que le sujet de nullité est un domaine de grande complexité, cet exposé va se limiter à l’étude des nullités

du droit commun notamment celles des contrats et des sociétés elles mêmes.
Problématique

Il parait judicieux de s’interroger sur les dispositifs législatifs mis en oeuvre par

le législateur marocain en matière des nullités du droit commun:plus

précisèment ceux des contrats et des sociétés.


Plan
Chapitre 1: le régime juridique de la nullité des contarts

Section 1: les causes de nullité des contrats.

Section 2: les effets de nullité des contrats.

Chapitre 2: le régime juridique de la nullité des sociétés

Section 1: les causes de nullité des sociétés.

Sectin 2: les effets de nullité des sociétés.

Conclusion
Chapitre 1: le régime juridique de la nullité des contarts

La nullité a pour effet de détruire rétroactivement le contrat, de manière à ce qu'il semble ne

jamais avoir existé. Ainsi, si elle a le même effet qu'une résolution, elle n'a pas la même origine

puisque la résolution est due à une circonstance postérieure à la conclusion du contrat.


Chapitre 1: le régime juridique de la nullité des contarts

Section 1: les causes de nullité des contrats.
Selon l’article 230 du D.O.C., les obligations contractuelles valablement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont
faites. Pour produire ses effets, le contrat doit donc être formé valablement et respecter les conditions légales inscrites
actuellement à l’article 2 du D.O.C.

Aux termes de ce texte, quatre conditions sont essentielles pour la validité d’une convention:

1° La capacité de s'obliger;

2° Une déclaration valable de volonté portant sur les éléments essentiels de l'obligation ;

3° Un objet certain pouvant former objet d’obligation;

4° Une cause licite de s’obliger.

En plus de la conformité aux éxigences de forme.

• Sanction des conditions de validité du contrat

Lorsque l’une des conditions posées par l’article 2 du D.O.C. manque, le contrat est annulable. La nullité du contrat
s’exerce en principe contre le contrat tout entier et le fait disparaît rétroactivement, mais il existe plusieurs sortes de
nullités. Par ailleurs, le contrat peut parfois être maintenu, mais une de ses clauses être « réputée non écrite».
Chapitre 1: le régime juridique de la nullité des contarts
SectionParagraphe1.
1: les causesDistinction
de nullité de
deslacontrats.
nullité et des autres mécanismes
d’anéantissement du contrat

La sanction de la nullité est la seule sanction prévue par le D.O.C. au titre de la formation

irrégulière du contrat. Elle présente essentiellement deux degrés : la nullité relative et la

nullité absolue. Elle se distingue de plusieurs autres sanctions parfois utilisées au stade de

la formation du contrat : la première, l’inopposabilité, est aussi une sanction de la formation

du contrat mais elle n’entraîne pas son anéantissement. Le contrat reste valable entre les

parties, mais son irrégularité empêche qu’il puisse produire effet à l’égard des tiers. Deux

autres sanctions se caractérisent comme la nullité, par l’anéantissement de l’acte :

l’inexistence et la caducité.
Chapitre 1: le régime juridique de la nullité des contarts
SectionParagraphe1.
1: les causesDistinction
de nullité de
deslacontrats.
nullité et des autres mécanismes
d’anéantissement du contrat
A. Nullité et inexistence

La théorie de l’inexistence comme sanction spécifique de la formation du contrat n’est pas unanimement admise, les cas

d’inexistence seraient ceux où il manque un élément essentiel à la formation de l’acte (l’absence de consentement, l’absence

d’objet, l’absence de cause et l’absence de formes pour les contrats solennels) mais de telle sorte que l’acte n’ait aucune

apparence formelle car, sans cela, il faudrait annuler cette apparence. Les cas de nullité seraient alors ceux où l’acte contient

apparemment tous ses éléments essentiels, mais où l’un d’eux manque en fait ou est atteint d’un vice, plus ou moins grave,

nécessitant la protection de plus ou moins des parties contractantes, ce qui entraîne une nullité absolue, ou relative.

B. Nullité et caducité

Comme la nullité, la caducité sanctionne les conditions de formation du contrat et elle entraîne son anéantissement.

Cependant, à la différence de la nullité, elle atteint un acte valablement formé et dont les conditions de formation ont été

correctement remplies mais qui perd ensuite un élément de sa validité par suite d’un événement postérieur. La disparition de
Chapitre 1: le régime juridique de la nullité des contarts
Section 1: les causes de nullité des contrats.
Paragraphe 2. Distinction des nullités relatives et absolues.

A. Nullités absolues
1. Conditions des nullités absolues

La nullité absolue est appelée « nullité » (par opposition à rescision) ou « nullité de plein droit» dans la

terminologie du D.O.C.

La différence essentielle entre les nullités absolues et relatives consiste en ce que les secondes sont des nullités

de protection, intervenant lorsque la règle violée a pour objet la sauvegarde d’un intérêt privé, alors que les

premières ont pour objet la sauvegarde d’un intérêt général et sanctionnent des atteintes à l’ordre public. Ces

dernières peuvent donc être invoquées par tout intéressé et ne peuvent être confirmées par qui que ce soit .
A. Nullités absolues

2. Domaines des nullités absolue

Le domaine de la nullité absolue est délimité par l’article 306 du D.O.C. qui considère que l'obligation est nulle de
plein droit :

1° Lorsqu'elle manque d'une des conditions substantielles de sa formation ;

2° Lorsque la loi en édicte la nullité dans un cas déterminé.


Ainsi, le domaine des nullités absolues est double : nullités virtuelles, lorsque la sanction découle forcément de
l’inobservation d’une condition essentielle, même si le texte prévoyant cette condition n’a pas prévu de sanction, et
nullités textuelles, lorsque la sanction est expressément prévue dans les textes.

La nullité absolue est en principe entraînée :


 Soit par l’absence d’un élément essentiel de validité du contrat : absence de consentement, c’est-à-dire
défaut total de volonté ou le défaut d’accord de volonté par suite d’une erreur-obstacle, et de façon beaucoup plus
incertaine, absence d’objet et absence de cause.

 Soit par une atteinte à l’ordre public : c’est le cas lorsque l’objet est impossible, indéterminable, illicite ou
immoral ; lorsque la cause est illicite ou immorale. Toutefois la doctrine dominante tend à distinguer entre l’ordre
public de direction, sanctionné par une nullité absolue, et l’ordre public de protection, justifiant une nullité
relative.
Chapitre 1: le régime juridique de la nullité des contarts
Section 1: les causes de nullité des contrats.
Paragraphe 2. Distinction des nullités relatives et absolues.

B.Nullités relatives.

1. Conditions des nullités relatives

Le D.O.C. ne parle pas de nullité relative mais de rescision (article 311 à 318 du D.O.C). Les nullités
relatives sanctionnent les irrégularités susceptibles de nuire particulièrement à l’un des contractants et qui
concernent essentiellement l’intérêt privé : ce sont des nullités de protection.

Elles obéissent donc à des règles beaucoup plus souples et ne sont mises en œuvre que par l’intéressé.
En effet, seule la personne protégée (ou son représentant) peut exercer une action en nullité relative, mais
non son cocontractant. De plus, l’intéressé peut confirmer l’acte irrégulier s’il le désire.

Lorsque la nullité est relative, l’intérêt général n’exige pas la nullité de l’acte : il suffit que les personnes
protégées aient la faculté de se prévaloir de l’inefficacité de l’acte.
B.Nullités,relatives.

2. Domaines des nullités relatives

Ces nullités de protection concernent soit les contractants dont le consentement aurait été vicié,

c’est-à-dire qui auraient été victimes de l’un des trois vices de consentement: erreur, dol, violence,

certaines personnes, en particulier les incapables, c’est-à-dire les mineurs et les personnes qui ne

sont pas saines d’esprit ou qui auraient été victimes d’une lésion en contractant ; ou enfin, dans

certains contrats et sous certaines conditions, les personnes victimes de lésion.

Toutefois, dans certains cas au lieu de l’annulation, il peut y avoir réduction ou révision, par

exemple, en cas de lésion.


Chapitre 1: le régime juridique de la nullité des contarts
Section Paragraphe
1: les causes de nullité
3. Nullités des contrats.
controversées

Pour la doctrine moderne, la distinction entre nullité absolue et relative repose sur l’idée qu’il existe deux

catégories bien distinctes de règles constitutives susceptibles d’être transgressées lors de la formation du contrat

: les règles qui tendent à assurer la défense de l’intérêt général et celles qui tendent à protéger des intérêts

particuliers. Or, en fait, la frontière n’est pas toujours bien nette entre les règles d’intérêt privé. D’où d’inévitables

difficultés de mise en œuvre de cette distinction qui, du reste, n’a pas été systématisée ni par les rédacteurs du

D.O.C. (qui ont préféré une démarche pragmatique) ni par la jurisprudence marocaine, plutôt rare dans ce

domaine.

On peut comprendre donc qu’il ne soit pas facile de déterminer la nature de la nullité dans certains cas tels la

nullité pour absence ou insuffisance de cause, la nullité pour absence de consentement, la nullité pour

inobservation de l’ordre public de protection, la nullité pour inobservation du formalisme de validité...


Chapitre 1: le régime juridique de la nullité des contarts
Section Paragraphe
1: les causes de nullité
3. Nullités des contrats.
controversées

A. Nullité pour absence ou insuffisance de cause

Il s’agit ici de la cause objective et l’absence de cause désigne l’absence de contrepartie. La mesure vise donc

à protéger le contractant qui s’est engagé sans rien recevoir en échange et la théorie de la cause joue ici

comme un mécanisme de protection des intérêts privés. Dés lors, si l’on s’en tient au critère de distinction entre

nullité absolue et relative, la nullité sanctionnant l’absence de cause devrait être une nullité relative.

Or, l’article 311 qui détermine le domaine de la nullité relative ne fait aucune allusion à l’absence de cause pas

plus qu’il ne renvoie à l’article 62 du D.O.C. ; alors que l’article 306, qui définit le domaine de la nullité absolue,

intègre expressément le défaut d’une condition substantielle de formation du contrat et la cause constitue bien

une condition substantielle. Il en résulte donc que la nullité pour absence de cause sera une nullité absolue

même si cette solution contrarie, quelque peu, le fondement et la logique de la distinction entre nullité relative et

absolue.
Chapitre 1: le régime juridique de la nullité des contarts
Section Paragraphe
1: les causes de nullité
3. Nullités des contrats.
controversées

B. Nullité pour absence de consentement

La nullité pour absence de consentement est une nullité relative qui protège la partie dont le consentement a été

vicié et qui est prévue à l’article 311 D.O.C. Le consentement étant une condition substantielle de formation du

contrat, on pourrait pencher pour l’article 306 et donc pour la nullité absolue.

Mais l’intérêt général n’étant pas directement en cause, on pourrait aussi songer à la nullité relative d’autant que

le D.O.C. assimile l’erreur obstacle à l’erreur vice de consentement et que l’article 41 D.O.C. considère que «

l’erreur donne ouverture à rescision lorsqu’elle tombe sur l’identité de la chose ». C’est d’ailleurs ce que décide

la jurisprudence française qui sanctionne, par la même nullité relative, l’erreur obstacle et l’erreur sur la

substance.
Chapitre 1: le régime juridique de la nullité des contarts
Section Paragraphe
1: les causes de nullité
3. Nullités des contrats.
controversées

C. Nullité pour violation de l’ordre public de protection

L’ordre public social ou ordre public de protection tend à assurer la protection de certains contractants contre les
abus pouvant être commis par la partie en position dominante. La finalité étant de protéger un contractant contre
l’autre, on pourrait être tenté de sanctionner l’inobservation des règles d’ordre public social par la nullité relative .

D. Nullité pour inobservation des règles de forme

Quelle est la sanction de l’inobservation des formalités exigées pour la validité du contrat ?

La réponse est délicate car les règles de forme peuvent poursuivre une finalité d’intérêt privé (formalisme protecteur
du consentement, mentions obligatoires...) comme elles peuvent poursuivre une finalité d’intérêt général (la
rédaction, la conservation et la publicité des actes servent d’intérêt des tiers et donc de la société). Dès lors, on
devrait procéder au coup par coup pour déterminer la nature de la nullité. Mais ce pragmatisme n’a pas la faveur de
la doctrine et de la jurisprudence françaises qui préfèrent une solution uniforme valable pour toute violation du
formalisme de validité. Le choix de cette solution ne fait d’ailleurs pas l’unanimité : la doctrine pencherait plutôt pour
la nullité absolue alors que la jurisprudence pencherait plutôt pour la nullité relative.
Chapitre 1: le régime juridique de la nullité des contarts
Section 1: les causes de nullité des contrats.

 Selon l’article 1034 du D.O.C,Est nulle, et rend nul le contrat de société, toute stipulation qui attribuerait à un

associé une part dans les bénéfices, ou dans les pertes, supérieure à la part proportionnelle à sa mise. L'associé lésé

par une clause de ce genre a recours contre la société, jusqu'à concurrence de ce qu'il a touché en moins, ou payé en

plus, de sa part contributive.

 Selon l’article 1035 du D.O.C, Lorsque le contrat attribue à l'un des associés la totalité des gains, la société

est nulle, et le contrat constitue une libéralité de la part de celui qui a renoncé aux bénéfices. La clause qui

affranchirait l'un des associés de toute contribution aux pertes est nulle, mais n'annule pas le contrat.
Chapitre 1: le régime juridique de la nullité des contarts
Section 2: les effets de nullités des contrats
Les quatre éléments essentiels, qui composent le contrat, constituent sa structure minimale, incontournable, quel que

soit le contrat conclu. Si l’une de ces conditions fait défaut, le contrat sera sanctionné, en principe par la nullité, ce qui

entrainera sa disparition pure et simple, comme s’il n’avait jamais existé.

La nullité du contrat, qu’il s’agisse d’une nullité absolue ou relative, emporte l’anéantissement rétroactif du contrat.

Le contrat est alors considéré comme n’ayant jamais existé de sorte que les parties doivent être remises dans l’état

dans lequel elles se trouvaient avant sa conclusion.

Cette remise en état entraine nécessairement des conséquences, que ce soit entre les parties au contrat (1), ou au

regard des tiers à celui-ci (2).

Il convient toutefois de souligner que le jeu de la remise en état est soumis à quelques spécificités dans le cadre de

certains contrats dits « à exécution successive ».


Chapitre 1: le régime juridique de la nullité des contarts
Section 2: les effets de nullités des contrats
1) Les conséquences de la nullité entre les parties au contrat.
La première conséquence réside en ce que la nullité du contrat entraine un jeu de restitutions réciproques entre les
parties aux fins de les remplacer dans leur état d’origine.
Cela consiste donc à restituer à l’autre le bien reçu initialement par lui en échange pour ce dernier de restituer ce
qu’il a lui-même perçu en contrepartie dans le contrat.
En conséquence de la règle selon laquelle la nullité du contrat emporte de remplacer les parties dans l’état dans
lequel elles se trouvaient avant la signature de celui-ci, le vendeur aura le droit, outre la restitution du bien, à une
indemnisation compensant l’usure ou la dégradation de celui-ci. C’est dans ce sens que la Cour de cassation a jugé
que le coût de la remise en état du bien devait être mis à la charge de l’acquéreur et que les juges du fond n’avaient
pas à relever une faute à l’encontre de celui-ci.
Elle a néanmoins retenu qu’il n’y avait pas lieu à une indemnisation pour compenser l’usage fait de la chose objet du
contrat, antérieurement à sa restitution puisque « le vendeur n’est pas fondé à obtenir une indemnité correspondant
au profit qu’a retiré l’acquéreur de l’utilisation » de la chose.
La restitution en nature n’est toutefois pas toujours possible, ce qui est le cas dans les contrats dits « à exécution
successive », mais aussi dans les contrats comportant une obligation de faire.
La jurisprudence est alors constante sur le fait que « les restitutions réciproques (…) peuvent être exécutées en
nature ou en valeur » ,mais que « lorsque la remise en état se révèle impossible, la partie qui a bénéficié d’une
prestation qu’elle ne peut restituer doit s’acquitter du prix correspondant à cette prestation ».
Chapitre 1: le régime juridique de la nullité des contarts
Section 2: les effets de nullités des contrats
2) Les conséquences de la nullité à l’égard des tiers.

• Dans la mesure où le contrat est censé n’avoir jamais existé en cas de nullité, cette dernière est donc opposable

aux tiers. Il est à noter que cette conséquence se comprend au regard de la règle selon laquelle (personne ne

peut transférer à autrui plus de droits qu’il n’en a lui-même).

Ainsi, par exemple, si le bien objet d’un contrat de vente nul a été revendu ensuite à un tiers, cette dernière vente est

également nulle par principe. Dans ce cas, le jeu des restitutions aura alors également vocation à s’appliquer entre

les cocontractants.

• Si elles sont différentes du point de vue des conditions de l’exercice de l’action et de l’extinction, les nullit és

absolue et relative produisent exactement les mêmes effets. Une fois prononc ées par le juge, les nullités, relative

et absolue, produisent donc des effets identiques qui résident dans la destruction totale ou partielle mais toujours

rétroactive du contrat.
Chapitre 1: le régime juridique de la nullité des contarts
Section 2: les effets de nullités des contrats

 l’article 984 stipule que la société ne peut être contractée:

1. Entre le père et le fils soumis à la puissance paternelle ;

2. Entre le tuteur et le mineur, jusqu'à la majorité de ce dernier et à la reddition et à l'approbation définitive des

comptes de tutelle ;

3. Entre le curateur d'un incapable ou l'administrateur d'une institution pieuse et la personne dont ils administrent

les biens

L'autorisation d'exercer le commerce accordée au mineur ou à l’incapable par son père ou curateur ne suffit pas à

le rendre habile à contracter société avec l'un deux.


Chapitre 2: le régime juridique de la nullité des sociétés

Tant qu’elle constitue un acte juridique, la société devrait, en théorie, encourir la nullité toutes
les fois que l’un de ses éléments constitutifs fait défaut.
Dès lors, dans l’hypothèse où la société ferait l’objet d’une annulation, il y‘a un risque que ses
créanciers se retrouvent sans débiteurs. Les recours dont ils disposent contre les associés
sont, en effet, par nature, pour le moins aléatoires et limités.
Aussi, afin de procurer aux tiers de bonne foi la sécurité juridique qu’ils sont légitimement en
droit d’attendre dans leurs rapports avec une société, le législateur européen a
considérablement restreint les causes de nullité.
Chapitre 2: le régime juridique de la nullité des sociétés
Section 1: les causes de nullité des sociétés

 Pour le législateur français les causes de la nullité sont déterminées par la loi(C. com.art.L.235-

1) en fonction d’une distinction fondamentale entre, d’une part, l’acte constitutif de la société et les

modifications des statuts, et d’autre part, les autres actes ou délibérations.<<La nullité d’une société…ne

peut résulter que d’une disposition express du (code de commerce) ou de celles qui régissent la nullité des

contrats.>>

Mais en ce qui concerne les sociétés à responsabilité limitée, les sociétés par action (sa, sca, sas), la

nullité de la société ne peut résulter ni d’un vice de consentement, ni de l’incapacité, à moins que celle-ci

n’atteigne tous les associés fondateurs.

La nullité de la société ne peut non plus résulter de la nullité des clauses dites léonines, c’est-à-dire des

clauses par lesquelles un associé prend la totalité des bénéfices ou est totalement exonéré des pertes (C.
Chapitre 2: le régime juridique de la nullité des sociétés
Section 1: les causes de nullité des sociétés

Il convient d’apporter ici quelques explications en ce qui concerne les nullités résultant des dispositions <<qui régissent la nullité
des contrats>>.

Cette catégorie comprend:

• La violation des règles générales de validité des contrats: consentement, capacité, objet, cause (C. civ.art. 1108);

• La violation des règles spécifiques au contrat de société:

- Absence d’au moins deux associés, sauf s’il s’agit d’une SARL unipersonnelle(EURL) ou d’une SASU,

- Absence ou fictivité d’un apport (dont la valeur n’est pas réelle),

- Défaut d’affectio societatis,

Les causes de nullité ci-dessus énoncées ne sont applicables en totalité qu’aux sociétés en nom collectif et aux sociétés en
commandite simple.

En revanche, elles doivent être écartées pour les SARL ou les sociétés par action (SA, SCA, SAS).
Chapitre 2: le régime juridique de la nullité des sociétés
Section 1: les causes de nullité des sociétés

La nullité d’une société peut être prononcée s’il y a fraude (acte de mauvaise foi). Cependant, la fraude ne peut

être retenue que pour les SNC et les SCS.

La fraude corrompt tout, y compris les délibérations d’assemblée générale, même à défaut de disposition

expresse de la loi. Il peut s'agir de la fraude à la loi, c’est-à-dire le fait de se placer artificiellement en dehors du

domaine d’une loi impérative. Il peut s'agir encore de la fraude aux droits des tiers, par exemple une fraude

paulienne, ainsi d’une augmentation de capital par apport en nature motivée par le désir de l’apporteur d'éviter

une saisie. L'abus de majorité peut également vicier une délibération d’assemblée extraordinaire; en revanche ni

l’abus de minorité ni l'abus d'égalité ne peuvent anéantir la décision pour la simple et bonne raison qu'aucune

décision n’a pu être prise.


Chapitre 2: le régime juridique de la nullité des sociétés
Section 1: les causes de nullité des sociétés

Lorsque l’apporteur est marié sous le régime de la communauté, il doit, à peine de nullité, obtenir le

consentement de son conjoint en cas d'apport d'un immeuble, d’un fonds de commerce ou d’une exploitation, de

droits sociaux non négociables ou de meubles corporels dont l’aliénation est soumise à publicité.

Ajoutons que, lorsque le fonds est un bien commun, l'accord des deux époux est exigé à peine de nullité

 Ainsi le législateur marocain a intoduit des réformes aux lois régissant les sociétés marocaines pour

cerner le domaine des nullités afin de pouvoir garantir les droits des créanciers et réduire tout fait pouvant

compromettre la continuité des sociétés.


Chapitre 2: le régime juridique de la nullité des sociétés
Section 1: les causes de nullité des sociétés
 Selon l‘article 337 de la loi 17-95 : La nullité d’une société ou celle d’actes ou délibérations modifiant les statuts,

ne peut résulter que d’une disposition expresse de la présente loi, du caractère illicite ou contraire à l’ordre public

de l’objet de la société ou de l' incapacité de tous les fondateurs.

Toute clause statutaire contraire à une disposition impérative de la présente loi, dont la violation n'est pas sanctionnée

par la nullité de la société, est réputée non écrite.

 Article 347: Ni la société, ni les actionnaires ne peuvent se prévaloir d' une nullité à l' égard des tiers de bonne foi.

 Selon l’article 985 du D.O.C, Toute société doit avoir un but licite. Est nulle de plein droit toute société ayant un but

contraire aux bonnes mœurs, à la loi ou à l'ordre public.

 Selon l’article 986 du D.O.C, Est nulle de plein droit, entre musulmans, toute société ayant pour objet des choses

prohibées par la loi religieuse, et, entre toutes personnes, celle ayant pour objet des choses qui ne sont pas dans
Chapitre 2: le régime juridique de la nullité des sociétés
Section 1: les causes de nullité des sociétés

 Selon l‘rticle 16 de la loi 5-96: La cession des parts sociales doit être constatée par écrit, à peine de

nullité. Elle est rendue opposable à la société dans les formes prévues à l'article 195 du dahir précité

formant code des obligations et contrats. Toutefois, la signification peut être remplacée par le dépôt d'une

copie de l'acte de cession au siège social, contre remise par le gérant d'une attestation de ce dépôt au

déposant.

Elle n'est opposable aux tiers qu'après accomplissement de ces formalités et, en outre, après publicité au

registre du commerce.

 L‘article 50 de la loi 5-96 stipule que: (modifié par l'article 1er de la loi n° 21-05 promulguée par le dahir n°

1-06-21 du 14 février 2006 – 15 moharrem 1427; B.O. du 2 mars 2006). Tous les associés doivent
Chapitre 2: le régime juridique de la nullité des sociétés
Section 2: les effets de nullité des sociétés

Lorsque la nullité de la société est prononcée, celle-ci se trouve de plein droit dissoute sans rétroactivité et il est

procédé a sa liquidation (L 17-95,art 346 applicable à toutes les sociétés commerciales).

Ni la société. Ni les associés ne peuvent se prévaloir d’une nullité à l’égard des tiers de bonne foi

(C.com.art.l.235-12).il s’ensuit que même si une cause de nullité existe. Cette cause de nullité ne peut pas être

mise en œuvre à un tiers qui a contracté dans l’ignorance de ladite.

La nullité d’une société annulée ne produit pas d’effet rétroactif. contrairement aux nullités de droit commun.la

société annulée doit donc exécuter ses engagements.de même .les tiers ne peuvent pas invoquer la nullité de la

société pour se soustraire à leurs engagement à l’égard de la société.


Chapitre 2: le régime juridique de la nullité des sociétés
Section 2: les effets de nullité des sociétés

L’annulation de la société ou des acte de délibération peut engager la responsabilité de leurs auteurs.

De même, le défaut d'immatriculation au registre du commerce n'entraîne pas la nullité de la société.

Simplement, tant qu'elle n'est pas immatriculée, la société ne peut pas jouir de la personnalité

juridique et se prévaloir des droits attachés à la qualité de commerçant (statut des baux commerciaux,

etc.). Il s'agit là d'une puissante incitation à une immatriculation rapide.

 L’article 350 de la loi 17-95 stipule que : Les fondateurs de la société auxquels la nullité est

imputable et les administrateurs, les membres du directoire ou du conseil de surveillance en

fonction au moment où elle a été encourue peuvent être déclarés solidairement responsables des

dommages résultant, pour les actionnaires ou pour les tiers, de l' annulation de la société.
Chapitre 2: le régime juridique de la nullité des sociétés
Section 2: les effets de nullité des sociétés

 Selon l‘article 351 de la loi 17-95 : L' action en responsabilité fondée sur l' annulation de la société ou des actes ou délibérations

postérieurs à sa constitution se prescrit par cinq ans à compter du jour où la décision d' annulation est devenue irrévocable.

La disparition de la cause de nullité ne met pas obstacle à l' exercice de l' action en dommages-intérêts tendant à la réparation du

préjudice causé par le vice dont la société, l' acte ou la délibération était entaché.

Cette action se prescrit par cinq ans à compter du jour où la nullité a été couverte.

 Selon l‘article 345 de la loi 17-95 : Les actions en nullité de la société ou d’actes ou délibérations postérieurs à sa constitution se

prescrivent par trois ans à compter du jour où la nullité est encourue, sous réserve de la forclusion prévue à l' article 342.

Toutefois, l' action en nullité d' une fusion ou d' une scission se prescrit par six mois à compter de la date de la dernière inscription au

registre du commerce rendue nécessaire par l' opération.


Chapitre 2: le régime juridique de la nullité des sociétés
Section 2: les effets de nullité des sociétés

 Selon l‘article 92 de la loi 5-96 : Les premiers gérants et les associés auxquels la nullité de la société

ou de l'une de ses décisions est imputable, sont solidairement responsables, envers les autres

associés et les tiers du dommage résultant de la nullité. L'action se prescrit par cinq ans à compter du

jour où la décision d'annulation est passée en force de chose jugée .


Bibliographie:
Ouvrages spéciaux:
 Traité marocain de droit des sociétés.Mohammed El Mernissi LexisNexis.Edition 2019.
 Droit des sociétés Maurice Cozian Viandier LexisNexis Litec.
Thèses:
 Mémoire sur la théorie moderne des nullités.Par Jean Baptiste LAFITTE, sous la direction du professeur M. Lionel
ANDREU.
Textes de lois:
 La loi 17-95 relative aux sociétés anonymes.
 La loi 05-96 sur la société en nom collectif, la société en commandite simple, la société en commandite par actions, la
société à responsabilité limitée et la société en participation
 Dahir formant code des obligations et contrats.
 Le Code de commerce français.
 Le code civil français
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