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LA GARANTIE LEGALE DE CONFORMITE

DEPUIS L’ORDONNANCE DU 17 FEVRIER 2005

L’Ordonnance du 17 février 2005, qui a intégré en droit français (d’ailleurs avec


beaucoup de retard) les directives du 25 mai 1999, a fortement modifié le Code de la
Consommation, et offre notamment aux consommateurs une nouvelle possibilité
d’action contre le vendeur professionnel.

Celui-ci dispose en effet d’une nouvelle action qui s’est ajoutée à celles déjà existantes, fondée sur
« la garantie légale de conformité ».

Cette action doit être intentée dans un délai de deux ans à compter de la délivrance du bien, avec
la précision suivante et très importante :

« Les défauts qui apparaissent dans un délai de six mois sont présumés exister au moment de la délivrance, sauf
preuve contraire » (cf. article L.211-7 du Code de la Consommation).

Ce point est fondamental puisque pendant les six premiers mois, la charge de la preuve se trouve
renversée au profit du consommateur, le vendeur professionnel devant alors combattre cette
présomption de non-conformité.

A priori, pendant cette période de six mois, le demandeur n’a pas à justifier d’une expertise
amiable voire judiciaire, ni d’élément de preuve particulier, son allégation suffisant.

Pour la deuxième période de 18 mois, on revient à l’application des règles de preuve habituelles.

Il convient aussi de noter que cette action quant à la garantie légale de délivrance conforme
s’ajoute à celles qui continuent d’exister au titre de la garantie du vice caché.

Là aussi, et pour uniformiser les textes, la notion de bref délai de l’article 1648 du Code Civil a
été transformée en un délai de deux ans à compter de la découverte du vice.

En effet, tous les praticiens le savent, la jurisprudence est restée toujours très fluctuante sur ce
qu’on entendait par « bref délai ».

Les distinctions subtiles et parfois byzantines étaient faites selon les matières et selon le type de
vice.

Uniformiser l’ensemble des recours au vice caché à un délai de deux ans semble une bonne chose
afin d’éviter des débats infinis de pure procédure.

Enfin, ainsi que le rappellent les textes, le consommateur continue toujours de bénéficier de
toutes les actions contractuelles habituelles.

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Ces actions concernent non seulement le vendeur final mais aussi, par voie d’action directe, l’un
ou l’autre des intervenants à la chaîne contractuelle, c'est-à-dire le fabriquant ou le vendeur initial.

Cette modification des textes étendant le pouvoir des consommateurs, leur recours a bien
entendu pour corollaire une évolution quant à la notion de clause limitative de responsabilité.

En effet, le vendeur final à qui incombe la garantie légale de conformité, peut pour sa part se
retourner contre les différents intervenants de la chaîne contractuelle, et notamment agir
directement contre le fabriquant pour mettre en jeu sa responsabilité.

L’existence d’éventuelles clauses limitatives de responsabilité aura là son importance pour décider
de l’imputation des différentes responsabilités, étant entendu que le fabriquant ne peut être tenu
à plus que ce à quoi il s’est engagé envers son cocontractant direct.

Ainsi, la possibilité d’action récursoire n’a pas pour effet de faire remonter automatiquement les
obligations issues de la garantie légale de conformité jusqu’au fabriquant.

Le vendeur final reste donc incontestablement surexposé par rapport aux autres intervenants de
la chaîne initiale, ne serait-ce parce qu’il est le seul professionnel en contact avec un non
professionnel et qu’il subit les conséquences de la protection du consommateur.

Il convient malgré tout de préciser que l’ensemble de ces actions évoquées supra concerne
uniquement les contrats conclus postérieurement à l’entrée en vigueur de l’Ordonnance pour les
biens meubles corporels, ou pour les contrats de fournitures de biens meubles à fabriquer ou à
produire, et ce dans les relations entre le vendeur agissant à titre professionnel et l’acheteur
agissant en qualité de consommateur.

Il est intéressant d’ailleurs de noter quelques exceptions comme les cas des biens vendus aux
enchères ou par autorité de justice et surtout, cas plus étonnant, celui de l’électricité.

Il semblerait que le consommateur d’électricité soit un consommateur à part, particulièrement


plus averti ou que son vendeur, qui est aussi le producteur, fasse l’objet d’une protection toute
particulière, peut-être liée au statut d’EDF en France.

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